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Celivreestunouvragedefiction.Lesnoms,personnages,lieuxetévénementssontleproduitdel’imaginationdel’auteurouutilisésdefaçonfictive.Touteressemblanceavecdesfaitsréels,deslieuxoudespersonnagesexistantsouayantexistéserait

totalementfortuite.

Titredel’éditionoriginaleDrivendeK.Bromberg

Copyright©2013K.Bromberg

DrivendeK.Bromberg

Tousdroitsréservésycomprisledroitdereproduction,totaleoupartielle,sousquelqueformequecesoit,sansleconsentementpréalabledel’éditeuroudel’auteur.

ToutereproductionconstitueraituneviolationduCodedelapropriétéintellectuelle.

Misàpartletexteoriginalécritparl’auteur,toutesleschansons,titresetparolesmentionnésdansleromanDrivensontlapropriétédeleursauteursrespectifsetdesdétenteursdesdroitsd’auteur.

Photographiedecouverture:©A.Green/Corbis

OuvragedirigéparIsabelleSolal

CollectionNewRomancedirigéeparHuguesdeSaintVincent

©2015,ÉditionsHugoRoman

DépartementdeHugo&Cie38,rueLaCondamine

75017Pariswwwhugoetcie.fr

ISBN:9782755625127

CedocumentnumériqueaétéréaliséparNordCompo.

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7

Jejetteuncoupd’œilàlapenduletoutenaidantRickyàfinirsesexercicesd’orthographe.

Quand nous avons terminé, je lui fais signe d’aller jouer avec les autres. Dans une demi-heure, ma permanence touchera à sa fin et j’aurai deux jours complets devant moi.Magnifique ! J’ai réellementunweek-endentierdecongé, cequiestextrêmement rare,etmêmesi j’aiacceptéd’accompagnerHaddieà lasoiréede lancementdudernierrhumquesaboîtecommercialise,jesuisvraimentcontented’avoirtoutcetempspourmoi.

Lajournéeaétémémorable,c’estlemoinsqu’onpuissedire.Unpeuplus tôtdans l’aprèsmidi, l’écoleaappelépourque jeviennechercherAiden

quis’étaitbattuunefoisdeplus.J’aieudroitàunsermonduprincipaldisantquesicelasereproduisait, il serait sans doute nécessaire de prendre d’autres dispositions pour sascolarité.Quand je lui ai demandé si les autres garçons, ceuxqui passent leur temps à leharceler,étaientmenacésdelamêmepunition,ils’estcontentédepousserungrognementévasifenguisederéponse.

J’aiprisplaisirà travailleren têteà têteavecZanderpendantque lesautresgarçonsétaientàl’école.Notreéquipederéférentspensequec’estmieuxpourluiqu’ilsoitscolariséà domicile tant qu’il ne recommence pas à communiquer verbalement. C’est très frustrantd’essayer d’enseigner à quelqu’un qui n’a pratiquement aucune réaction. Mais je mecontenteraide lamoindre formed’avancée, quelle qu’elle soit.Quelque chosemedit qu’ilsait à quel point je m’intéresse à lui. Que je voudrais que sa mère soit toujours là pourl’apaiser!Pourleprendredanssesbras.Pourluidirequ’ellel’aime.

Lesgarçons s’occupentpendantque je contrôle lesdevoirsdeShane.Lapermanencede Jackson a pris fin il y a une heure et son remplaçant,Mike, a emmené Connor à sonrendez-vousaveclepsy.

Je suis très impressionnée par les progrès de Shane, qui a su tirer profit de nosnombreux cours particuliers. Je jette un coup d’œil à la partie salon oùKyle et Ricky ontapportéleurboîted’imagesdebase-ball.Assisparterreàcôtédelatablebasse,ilssesont

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retournés,attirésparunmatchdebasketàlatélé.Zanderestàsaplacehabituelle,serrantsa peluche contre sa poitrine, le regard perdu dans le vide. Allongé sur le tapis, Scootercolorie un album de Spiderman. J’entends lamusique dans les chambres du fond, ce quiprouvequeShaneestdanssachambre.Jefinisd’écriremescommentairessurledevoirdeShaneetjevaisvérifierleplanningdesrepasetdesactivitésextra-scolairespourlasemaineprochaine.

Onfrappeàlaported’entréeetavantquej’aieposémonstylo,j’entendsShanehurlerdepuissachambre.

–J’yvais!Jesouris,jesaisqu’ilespèrequec’est«lafillequiestsonamie».Elleestpasséelasemainedernièreet,depuis,Shanen’estpasredescendudesonpetit

nuage.–Regardequic’estavantd’ouvrir.Jemelèveetmedirigevers lehalld’entrée.Quandj’arriveaucoinducouloir,Shane

passedevantmoi,déçu.–C’estpourtoi.Ilselaissetombersurlecanapé.Je contourne l’angle du couloir en me disant que c’est un coursier. Nous recevons

toujoursaufoyerdesdocumentsadministratifsenrapportaveclasituationdenosgamins.J’arrive à la porte et quand je sors, jeme retrouve face à face avec Colton. Bien qu’il secachederrièreseslunettesdesoleil,jesaisqu’ilmeregardedelatêteauxpieds.Unsourirenonchalantéclairesonvisageencreusantsafossette.

Jem’endéfends,maisj’ailesoufflecoupéenlevoyant.J’aibeaunepasvouloirdeluiici,nepasvouloirlescomplicationsqu’ila,detouteévidence,àm’offrir,àsavoirunplanculd’un soir, aussitôt oublié, j’ai la tête qui tourne. Et cette réaction ne présage rien de bonpourmoi.

Jem’arrêteà laporteensouriantmalgrétout.Nousrestonsplantés làunmoment,ànous dévisager. Il porte un jean usagé et un t-shirt noir qui moule son torse musclé. Lasimplicité de ses vêtements ne fait que renforcer son look dévastateur. Ses cheveux noirsébourifféssonthypersexy.Toutchezluim’avertitqu’ilestsynonymedeproblèmesàvenir.Etmoijemetrouvelà,sursaroute,commeunebicheprisedanslalumièredesesphares,incapabledefaireunmouvement.Laforcedemavolonténevapasrésisterbienlongtemps,jesuisfichue,j’enaipeur.

–Bonsoir,Rylee.Lesimplesondesavoixrauqueprononçantmonnommerenvoieaussitôtausouvenir

de sa bouche sur lamienne. De sesmains surmoi. De ses vibrations envoyant des ondesdanstoutmoncorps.

Surmesgardes,j’inclinelatêtesurlecôtépourleregarder:

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–SalutAce.Depuisquandavez-vousajouté«harcèlement»àlalistedevostalents?Je glisse les mains dans les poches arrière de mon jean et je m’appuie contre le

chambranledelaporte.Quandilôteseslunettesdesoleil,sesyeuxémeraudefusillentlesmiens,puisilaccrocheunebranchedeseslunettesdansl’encoluredesont-shirt.Leurpoidstiresurlabandeducol,révélantunelégèretoisonnoireetondulée.Jedétacheavecpeinelesyeuxdecettevisionpourlesramenersurlessiens.

Ilmedécocheunsourireéclair.–Jenedemandepasmieuxquedevousmontrermestalents,chérie.Jelèvelesyeuxauciel.–Dragueurinvétéré,cen’estpascequ’onappelleuntalent.–Vousavez raison,maisvousn’avezpasencoreeu le tempsd’apprécier l’étenduede

tousceuxquejepossède.Ilhochelatêtetandisqu’unsourireespièglerelèvelescoinsdesabouche.–Etcommevouspassezvotretempsàvousenfuir,jenepeuxpasvouslesmontreret

nousnepouvonspas régler lepetitproblèmequinousopposeausujetdece rencardquevousmedevez.

Il avanced’unpas, l’air amusé. Je reculed’unpasdans l’entrée,meméfiantde cettepetitedansedanslaquellenousnousengageons.

–Vousnem’invitezpasàentrer,Ryles?–Jenepensepasquecesoitunebonne idée,Donavan.Onm’aditdememéfierdes

mecsdansvotregenre.Ilsouritd’unairsuffisantsansmequitterdesyeux.–C’estunsageconseil.Son ton condescendant me met en rage. Il avance encore d’un pas, affolant les

battementsdemoncœur–Qu’est-cequevousvoulez?Quefaites-vousici?–Jeveuxmonrencardavecvous.Iladitçaenséparantchaquesyllabe.–Et j’obtiens toujoursceque jeveux,poursuit-il enposant lesdeuxmainsdechaque

côtédel’encadrementdelaporteetensepenchantenavant.Sa silhouette cache les rayons du soleil de l’après-midi, les traits de son visage sont

auréolésd’unhalodelumièrevive.Jesecouelatête,méduséeparsonculotetsaprétentionsanslimites.

–Ehbien,pascettefois!Je repousse laported’entrée et je tourne les talons.Enmoinsde tempsqu’il ne faut

pour ledire,Coltonattrapemonbras,me faitpivoter surmoi-mêmeetmecollecontre lechambranledelaporte.

–Continuezcommeça,chérie.Plusvousmerésistez,plusjebande.

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Il y a dans sa voix un ton à la fois amusé et dangereux qui me hérisse le poil etaiguillonnemessens.

Etmerde!Commentfait-ilpourtransformercesmotsenunepromesseséduisante?Ilpresseseslèvressurlesmiennesenm’immobilisantcontrelemontantenbois,duret

inconfortable.Jenesauraisdiresinotrerespirationhaletanteestdueàl’effortphysiqueouaufaitd’êtresiprochesl’undel’autre.

Coltonme lâche le bras et prendmon visage entre sesmains, effleurant de ses deuxpoucesleborddemamâchoire.Sesyeuxtranslucidesbrûlentlesmienset,àlatensiondesamâchoire,jedevinelalutteintérieurequil’agite.

–J’aibeauvouloirvousteniràdistance,pourvotrebien,Rylee,jesuistorturéparuneenvieirrésistibledevousposséder.

Duboutdudoigt,iltraceunelignelelongdemoncou,cequiembrasemapeau.–Tropdetempss’estécoulédepuisque jemesuisdélectédevotrebouche.Vousêtes

enivrante.Ledébitsaccadédesesparolescorrespondàl’accélérationdemoncœur.Ohputain!Cecommentairesuffità faireéclore ledésirsurchaquecentimètredema

peau. Cet homme arrive à me séduire par la seule magie des mots. Il m’attire vers lui,testantlaforcedemavolontéetm’amenantàledésirerau-delàdetouteraison.Nousnousrespirons l’un l’autreunmoment,pendant lequel j’essaied’alignerdesmotsdansma tête.Deregagnerunsemblantdecohérence.Sasimpleprésencefaitdisjonctermessynapses.Jesuiscomplètementparalyséeparl’intensitédesonregard.

– À quoi bon me prévenir puisque de toute façon vous allez prendre ce que vousvoulez?

Un sourire fugace passe sur ses lèvres, qu’il pose sur lesmiennes, sesmains surmoi,commepourmedonnerraisonetmêmeplus.Cebaisern’ariendedoux.Quandnosdentsse heurtent, il témoigne de sa faim et de son désir farouche. Ses lèvres et sa langues’activentfrénétiquementsurlesmiennestandisqu’ilsaisitmaqueuedechevaletlatireenarrière pourm’immobiliser. Je savoure ce baiser autant que lui, et toutesmes frustrationsrefoulées le concernant explosent enmoi. Je suis embarquéedansunouraganqui a nomColton. Je prends autant qu’il prend. J’enroulemes bras autour de son torse, je parcourssondosdemesmains, jeme régalede la fermetéde sesmusclesquandnousbougeonsàl’unisson.Jemordillesa lèvre inférieure,excitéepar leprofondgémissementquimontedufond de sa gorge. Nous nous pressons l’un contre l’autre, avec un désir effréné de noustoucherencoreplus–laseulechoseàlaquellej’arriveàpenser,c’estquej’enveuxplus.

Jesuisbrutalementrappeléeàlaréalité,commeunangequiperdsesailes,parlescrisenthousiastes des garçons qui dans le salon regardent la partie de basket. Je repousseColtondesdeuxmains. J’essaiede reprendrema respirationetmesesprits enposantunemaincontrelemurpourmestabiliser.Àquoiest-cequejepense,putain!Jesuislà,àme

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fairepeloterdans lecouloir,auboulot !Pour ladeuxième fois !Qu’est-cequ’ilme fait, cemec?Quandilestdanslesparages,c’estcommesi jeperdaistoutsensdesréalités.Jenepeuxpasfaireça!Jenepeuxpas,unpointc’esttout.Jesuistroublée.Vraimenttroublée.Personnen’ajamaissuscitéuneréactionaussicharnellechezmoi,etçamefaitpeur.Coltonsetientenfacedemoi,aussicalmequ’onpeutl’être,m’observantavecattention.Pourquoiest-cequej’ai l’impressiond’avoircouruunmarathonalorsqu’ilressembleàunspectateurindifférent?

Jefinisparretrouvermavoix.–Vousavezraison.Ilestindéniablequejeferaismieuxdemeteniràdistancedevous.Jemeretourneverslefondducouloirennotantaupassageunepetitegrimacesurson

visage.–Ilfautquej’aillevoircequefontlesgarçons.Jenevousraccompagnepas.Jetournelestalonsbrusquementetjeretourneàmesresponsabilités.Àmaréalité.Je pénètre dans la grande salle en essayant d’afficher un sourire dégagé. J’échoue

lamentablement.Tous lesgarçonssont làoù je lesai laisséset jesuiscontente–heureusevraiment, que personne ne se soit aventuré dans le couloir où ils auraient pu voir leurtutricesecomportercommeuneadotravailléeparseshormones.

Quelque chosem’attire l’œil. Jeme retourne, Colton se tient au bord du couloir, lespoucesdans lespochesde son jean, l’épaulenonchalammentappuyéecontre lemur.Sonvisageestimpassible,maissesyeuxauxpupillesiriséesn’endisentpasmoins.Qu’est-cequ’ilveutencore?Ilnepourraitpasmelaissertranquilletoutsimplement?

Je le fusille du regard en espérant que ma colère se voie dans mes yeux. Shane aremarqué la présence de cet étranger dans sa maison. Il le jauge des pieds à la tête. Ilobservel’inconnuenfronçantlessourcils,ill’adéjàvuquelquepart,maisoù?

–Qu’est-cequevousvoulez?Je fronce les sourcils en essayant de ne pas avoir l’air trop méprisante. Les garçons

n’ont vraiment pas besoin d’être témoins d’un affrontement en ce moment. Kyle et Rickyredressent brusquement la tête pour regarder par-dessus la table, on dirait une paire desuricates.

Coltonregarde lesgaminsensouriantpoliment,mais jevoisdanssonregardqu’ilesttendu.

–Jevousl’aidit,Rylee,jesuisvenurécupérermesgains.Jevienscherchermondû.Ilmedécocheunsourireinsolent,guettantmaréaction.–Jevousdemandepardon?–Vousmedevezunrendez-vous,Ryles.Lesgarçonssonttoustournésversnous,maintenant.Oubliélematchdebasket.Shane

souritencoin,ilestassezgrandpoursentirlatensionsexuelleentrenous,mêmes’ilnelacomprendpasvraiment.

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Colton vient vers moi en tournant délibérément le dos à notre auditoire. Il se placedans leur champ de vison pour les empêcher de voir notre échange. Je lui sais gré des’arrêteràunedistancerespectueuse.

–Navrée,Ace(jeparleàvoixbassepourqu’ilsoitseulàm’entendre),maislespoulesn’ontpasencorededents.Jevouspréviendraiquandçachangera.

Ilfaitunpasenavant,savoixguèreplusaudiblequ’unmurmure.–Ondiraitquevousvousingéniezàparaîtretrèsfroide,Rylee.Pourquoivousévertuer

àresterfrigidequandvoussavezquejepeuxvousréchauffer?Ses mots sont un coup direct porté à ma fierté. La colère me prend devant tant

d’arrogance,mais jesaisque jedoisgardermoncalmeetéviterde faireunescènedevantlesenfants.Soudain,quelquechosepar-delàsonépauleattiremonattention.Jefaisunpasdecôtépourvoircequec’est.Etjeretiensuncridesurprise:Zander,sapeluchetoujoursserrée contre lui, contourne lentement le canapé pour venir vers nous. Lui d’ordinaire siimpassible,aunedrôled’expressionsurlevisage.

Coltonseretourne,intriguéparmaréaction.Ils’apprêteàmeposerunequestion,maisjelèvelamainavecautoritépourlefairetaire.Heureusement,ils’exécute.Touslesautresgarçons se sont retournés, l’air surpris.C’est lapremière foisqueZanderprend l’initiative,volontairement,d’interagiravecquelqu’un.

Ilvientversnous,lesyeuxrivéssurColton,etouvreetrefermelaboucheplusieursfois.Ila lesyeuxcommedes soucoupes. Jem’agenouillepourmemettreà sahauteur. Je sensqueColton,àcôtédemoi,essaiedecomprendrecequisepasse.

–Salut,dit-ilalors,d’unevoixdouce.Zanders’arrêteetsecontentedeleregarder.Jecrainsquequelquechosedanslelook

deColton,oudanssesvêtements,n’aitprovoquécetteréactionchezlui.Unsouvenirnégatifquilepousseàvenirvoirdeplusprèssic’estréel.Jemeprépareàlacrise–leshurlements,lalutte,laterreurdanssesyeux.

–Zander,toutvabien,monbébé.Je parle tendrement pour le faire sortir de sa transe, d’une voix volontairement

familièreetréconfortante.JetournelatêteversColtonetleregardedroitdanslesyeux.–Partez,maintenant!J’aipeurdecequeZandervoitenlui.Mais, sansm’écouter,Coltons’avanceet s’accroupit lentementàcôtédemoi. Il règne

untelsilencedanslamaisonquej’entendssesbottescrissersurlecarrelage.Undesgarçonsadûcouperlesondelatélé.

–Hé,monpote.Commenttuvas?Bien?Zanderavanced’unpasetseslèvresesquissentunpâlesourire.J’écarquillelesyeux.Il

n’a pas peur. Il aime bien Colton. Je lance un coup d’œil rapide en direction de celui-ci,craignant de rater lemoindremouvement de Zander. Il soutientmon regard et hoche la

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tête. Il comprendqu’il sepassequelquechose.Quelquechosed’important.Quelquechosequidemandedudoigté.

–Zander,c’estça?Un regard hanté croise celui de Colton, et soudain il bouge la tête pour un petit

hochement,timide,maisbienvisible.Jeretiensmarespiration,auborddeslarmesàlavuedecetteavancéespectaculaire.

–Dis-moi,Zander,tuaimeslescoursesdevoitures?Unmurmured’excitation circuleparmi les garçonsde la famille qui réalisent soudain

quiestColton.Letonmontejusqu’àcequejelesregardesévèrementpourlesfairetaire.ColtontendlamainàZander.–Ravideterencontrer,Zander.Moi,c’estColton.Pourladeuxièmefoisdelajournée,jerestesansvoix,stupéfaite:lepetitZandervient

detendrelamainpourserrercelledel’hommequisetrouveàcôtédemoi.J’assiste aux premiers pas d’un petit garçon se libérant de l’emprise d’un violent

traumatisme. C’est la première fois en trois mois qu’il initie un contact physique avecquelqu’un.

ColtongardelapetitemaindeZanderdanslasienneetlaserregentiment.Quandilsont fini de se saluer, Zander semble ne pas vouloir retirer sa main. Colton comprend etgardelamainminusculedanslasienneensouriantavecdouceur.

Jeluttepourretenirleslarmesquimebrûlentlesyeux.J’aienviedesauteretdecrierd’excitationdevantuntelprogrès.J’aienvied’attraperZanderpourleserrerdansmesbraset lui dire à quel point je suis fière de lui. Je n’en fais rien. L’intensité de cemoment esttellementplussignificativequesijefaisaistoutça.

– Je vais te dire un truc, Zander. Si Rylee est d’accord pour m’accorder ce rencardqu’elle fait tout pour éviter, alors je t’inviterai personnellement sur le circuit la prochainefoisquenousferonsdesessais.Qu’est-cequetuendis?

IladitçasansquitterZanderdesyeux.Unpâlesourirerevientsur les lèvresdupetitgarçondontlesyeuxs’éclairentpourlapremièrefoisenmêmetempsqu’ilfaitouidelatête.

Unejoieprofondem’envahitetjeportelamainàmapoitrine.Enfin!EttoutçaparcequeColtonm’asuiviedanslamaison.Toutçaparcequ’ilnem’apasécoutée.Toutçaparcequ’ilsesertd’undemesgaminspourmefaireduchantageetm’obligeràsortiraveclui.Jepourraisl’embrasser,àcetinstantmême!Enfin,jecroisquejel’aidéjàfait,maisjepourraisrecommencer. À cemoment précis, je ferais tout ce que Coltonme demanderait rien quepourrevoirunsouriresurlevisagedeZander.

ColtonserrelamaindeZanderencoreunefois.–Marchéconclu,monpote!Illuilâchelamainets’approcheunpeuplus.–Jetelepromets.

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Zanderaungrandsourirequi faitapparaîtredespetites fossettessurses joues.Jenesavaismêmepasqu’ilenavait.IlretirelentementsamainmaiscontinueàregarderColtonavec espoir, comme pour lui demander quand cela va se faire. Des yeux, Colton medemandemonaide,alorsj’interviens.

–Zander,monchéri?IldétachesonregarddeColtonetsetourneversmoi.–Coltonetmoinousallonsnousasseoirdanslacuisinepourorganisertoutça,tuveux

veniravecnousoutupréfèresallervoirlafindumatchdebasketaveclesautres?Zandernousregardel’unaprèsl’autre,maisColtonsepencheverslui.–J’aiuneidée,monpote,jevaisparlerquelquesinstantsavecRyleedanslacuisine.Tu

veuxbienallervoirlematchpourmoipendantcetemps-làetaprès,tumeraconterastoutcequis’estpassé?

Zander acquiesce d’un petit mouvement de tête, les yeux toujours rivés sur ceux deColton, essayant cette fois encore de deviner s’il est sincère. Il doit décider que oui parcequ’ilserreunpeuplusfortsonchienenpeluchecontreluietrepartverslecanapé.Shanecherchemonregardavecincrédulité,puisilramasselatélécommandeetremonteleson.

Quandjemerelève, jeremarquequetouslesgarçons,àpartZander,ontencoreleurattention fixée sur Colton. Ce n’est pas tous les jours qu’une célébrité vient chez nous.Toutescespairesd’yeuxfixéessurluin’échappentpasàColtonquileuradresseunsourirechaleureux.

–Pasdeproblème, lesgars,vouspourrez tousveniraussiquand j’emmèneraiZandersurlecircuit.

Cettepropositionestaccueillieparunconcertdecrisdejoieetd’excitation.–Ok,ok.Vousavezeucequevousvouliez.Maintenant,vousregardezlematchetvous

melaissezdiscuteravecColton.Ilsobéissentdans l’ensemble,etnousnousdirigeonsvers les tabouretsdebardans la

cuisine.JeproposeunsiègeàColtonet jefaisletourdel’îlotcentralpourêtreenfacedelui. Shane continueànousobserver, l’air protecteur. Il doit sedemander cequeColtonafait pour me contrarier. De toute la myriade de sentiments que Colton m’a fait ressentirdepuis une semaine que je le connais, la gratitude que j’éprouve pour lui en cemomentl’emporte,etdeloin.Jelèvelesyeuxetnosregardssecroisent,alorsquej’essaievainementderetenirmeslarmes.

–Merci.Cen’estqu’unmot,maisl’expressionsursonvisagemeditqu’ilcomprendtoutcequ’il

yaderrière.Ilhochelatête.–C’estlemoinsquejepuissefaire.Nousavonstousunehistoire.–Eneffet.

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Encorebouleverséepar cequivientde sepasser, je regardeZanderet je souris. Il l’afait. Il l’a vraiment fait, aujourd’hui. Il a franchi une étape pour sortir du brouillard. Etsoudain,jesensl’espoirm’envahir.Lespossibilitésquis’offrentàmoimerendentimpulsive.

–Colton!Jeletirebrutalementdesespensées.Ilrelèvebrusquementlatête,surprisparmonton

impérieux. Je saisque je vais le regretter,mais je choisisde suivremon instinct. Jedécided’agirsansréfléchir.

–Jeterminedansdixminutes.Ilmeregardesanscomprendre.–Jevousdoisunrencard,ehbienallons-y.Ilsecouelatêtecommes’iln’étaitpassûrd’avoirbienentendu.–Oh…d’accord.J’adorel’avoirprisparsurprise.Ilhésiteàselever,seslèvresdessinentunsourire.–Jen’airienréservé…– On s’en fiche. Je ne suis pas difficile. La simplicité, moi ça me va très bien. Un

hamburger,oun’importequoi.Sesyeuxs’arrondissent.– De plus, vous avez déjà déboursé assez d’argent pour ce rencard. Quel intérêt de

claquerunmaxdefricpourdelanourriturequenousallonsmangerdetoutefaçon?Ilme regarde, incrédule, et je sens qu’il se demande si je suis sérieuse. Je le regarde

fixementcommes’ilétaitbouché.–Vousêtesincroyable.Vouslesavez,hein?Cessimplesmotsmevontdroitaucœur,jesuissûrequ’ilestsincère.Jeluilanceunsourirepar-dessusmonépauleenallantdansmachambrecherchermes

affairesetmerafraîchirunpeu.–Jerevienstoutdesuite.Àmonretour,jeletrouvedanslacuisineentraindeserrerlamaind’unMikeébahi.Ilsetourneversmoiquandilm’entendentrer.–Prête?Jelèvel’indexpourluidemanderuneseconde.–Lesgars,jem’envais.Lesgarçonsse lèventpourmedireaurevoir.LaprésencedeColtonetmafamiliarité

avec luim’ontsoudainélevéeaurangdestar, si j’en jugeà lavigueurde leursaccolades.Pendant nos embrassades, je vois Colton se diriger vers le divan et s’accroupir devantZander.Illuiditquelquechosequejen’entendspas.

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Tandisquenoussortonsdelamaison,unétrangesentimentdecalmes’emparedemoi.Je

medis que c’est peut-être lameilleure approchepourun rendez-vous avecColton. Je l’aipris au dépourvu, comme ça il n’a pas eu le temps de planifier. Trop de préparationpourrait se traduire par trop d’autosatisfaction et de séduction programmée.Deux chosesdontjepeuxvraimentmepasser.C’estdéjàbienassezdifficilecommeçadeluirésister.

–Onvaprendremavoiture.Il pose dans mon dos une main chaude et rassurante pour me conduire vers une

élégante décapotable noire garée le long du trottoir. L’Aston Martin est magnifique etsembleméticuleusemententretenue.Ondiraitqu’ellepeutvoler,etl’espaced’uninstant,jem’imaginememettreauvolant, appuyer sur lapédaleetdisparaîtreen laissant tousmesfantômesderrièremoi.

–Chouettebagnole.Je le reconnaismême si jem’efforcedenepasparaître intéressée. Je suis convaincue

qu’ilesthabituéàcequetouteslesfemmessepâmentdevantluietsavoiture.Pasmoi.Quelapartiecommence!

–Merci.Il m’ouvre la portière du côté passager et je me glisse sur le siège de cuir noir en

admirant l’intérieur personnalisé de façon luxueuse. Il fait le tour de la voiture et vients’installeràcôtédemoi.

–J’aipenséquec’était lejouridéalpourrouleravecletoitouvert,maisjen’avaispaspenséquej’allaisvousenfaireprofiter.C’estunbonussupplémentaire.

Ilmefaitsonsourirelepluséclatantenchaussantseslunettesdesoleil.Jenepeuxpasm’empêcherdeluisourireàmontour.

–Quesontdevenuslesbonsvieuxpick-up?Ilsepencheenavantpourouvrirlaboîteàgants,eneffleurantmacuisseaupassage,

et il éclate de rire. Son contact est électrisantmême quand il est involontaire. Il sort une

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casquettedebase-ballusagée,aveclelogoFirestoneau-dessusdelavisière,etselametsurla tête, laissant ses boucles brunes dépasser sur la nuque. Il abaisse la visière jusqu’à seslunettes. Je suppose que c’est son look « incognito », en tout cas je le trouve hyper sexy.Toutsoncôtébadboycouvantsouslacendre,enveloppédansuncorpsderêve.Jenevoispascommentjepourraisavoirassezdevolontépourluirésister,quoiqu’ilmedemande.Iltendlamainetmedonneunepetitepressionsurlacuisseavantd’appuyersurunboutonsurletableaudebord.

–Nevousenfaitespas,j’aiaussiunpick-up.Il rigole juste quand lemoteur semet à rugir, transmettant des vibrations excitantes

danstoutmoncorps.–Accrochez-vous!Ilfilecommeuneflècheavecl’airexcitéd’unpetitgarçon.Les mecs et leurs jouets ! Je le regarde à travers mes verres fumés. Il n’y a rien

d’étonnantàcequ’ilsoitexpertdanslemaniementd’unevoiture,c’estcequ’il faitdanslavie, pourtant je suis bluffée. Je ne devrais pas être excitée par la totale maîtrise aveclaquelle il évolue entre les voitures, en accélérant sans donner d’à-coups, mais cela medonne envie de le toucher. De communiquer avec lui,même si je sais que c’est une lignerouge à ne pas franchir. Le rugissement dumoteur et le bruit du vent sont suffisammentforts pour rendre toute communication impossible. Jeme laisse aller contre le dossier dusiègeetjeprofitedusentimentdelibertéalorsqueleventdansedansmescheveuxetquelesoleilmechauffe lapeau. Jepenche la têteenarrièreet je cèdeàmonenviede lever lesmainsau-dessusdematêtealorsquenousentronssurl’autorouteno10quivaversl’ouest.Je lui lance un coup d’œil et je vois qu’il m’observe avec un drôle d’air. Il secoueimperceptiblement la tête, une ébauche de sourire sur les lèvres, avant de reporter sonattentionsurlaroute.Toutdesuiteaprès,ilpresseunboutonetlamusiquesortdeshaut-parleurs. Dès que la chanson se termine, une autre prend le relais. Je rejette la tête enarrièreenriant.C’estunpetitairpopentêtantquej’aientendumaintesetmaintesfoissurla radiodeShane.Ducoinde l’œil, je voisqueColtonme lanceun regard intrigué, alorsmalgrémespiètres talentsdechanteuse, j’entonne le refrainenespérantqu’il entende lesparoles.

Jemesensbienavectoi,Mêmesij’aitort.J’aienviedecrier,mec,Maisjememordsleslèvres.Je lève les bras au-dessus dema tête encore une fois,me laissant aller au plaisir de

penser que je suis en train de dire à Colton ce que je ressens sans le lui dire. Cela meressemblesipeu,dechanteràtue-tête,demelaisseraller–maisilsepassequelquechosequand je suis avec lui, assise à côté de lui dans cette voiture de sport clinquante, quime

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débarrassedemesinhibitions.Commenoussortonsdel’autoroute,jeterminelerefrainavecentrain.

Jemesenstropbien,mêmesituestropmauvaispourmoi!Coltonentendlesparolesetritdeboncœur.Jecontinueàchanter,maisenbaissantletonparcequelebruitdumoteurestplusbas

maintenantquenoussommessurlaQuatrièmeRue.Ildonneunbrusquecoupdevolantetgarelavoitureavecdextéritélelongdutrottoir.

Jeregardeautourdemoipouressayerdesavoiroùnoussommes.Ilpresseunboutonsuletableaudebord,etleronronnementsexydumoteurs’éteint.

–Vousvoulezbienm’attendreici?J’enaipouruneminute.Ilmelanceunsouriredésarmantquim’atteintplusquejeneveuxbienl’admettre.–Pasdeproblème.Je sais immédiatement que je viens de dire oui à beaucoup plus que simplement

attendrepatiemmentdanslavoiture.Jerepousselapeurquiseprésenteàmonespritetmeprometsd’accepterl’idéed’avoirdenouveaudessentiments.Oudevouloirenavoir.Quandjedétachemonregarddesesyeuxpourdescendresursaboucheetremonter,despenséescoquinesmeviennentàl’esprit.Sonsourires’élargit.

–Jerevienstoutdesuite!

Il sedéplieavecgrâceen sortantde savoitureetmedonneàcemoment-làunevueimpressionnantesursoncul.Jememordsleslèvrespourréprimerlaréactionimpérieusedemon corps. Il me jette un coup d’œil par-dessus son épaule et se met à rire, tout à faitconscientdel’effetqu’ilproduit.

–Hé,Ryles?–Ouais,Ace?–Jevousavaisprévenuequevousnepourriezpasmerésister.Ce sourire encore, avant de sauter sur le trottoir et de longer rapidement le pâté de

maisonssansseretourner.Je ne peux m’empêcher de sourire en le regardant s’éloigner. Cet homme est

absolument fascinant et irrésistiblement sexy. De ce sourire de gamin quime désarme enunesecondeàcettedémarchesexyquimontrequ’ilsaitexactementoùilvaetquellessontsesintentions.Ilémanedeluiunetellevirilitéquisusciteledésiretattirel’attentionenunsimple regardde sesyeux incroyables. Il est tenduet intrépide,etvousdonneenviede lesuivredanssacourseenespérantobtenirunaperçudesoncôtétendrequitransparaîtdetempsentemps.Lebadboyavecunsoupçondevulnérabilitéquivouslaissehorsd’haleineetvolevotrecœur.

Jem’extrais demes pensées et j’admire ses larges épaules, et sa façon de rouler desmécaniques enmarchant sur le trottoir. Il tire sur la visière de sa casquette de base-ball

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avant de croiser deux passantes. Elles se retournent sur lui pour l’admirer avant de seregarderengloussant:

–Waouh!Jesaiscequ’ellesressentent,àlapuissancemille.Colton s’arrête et disparaît dansune entrée. Jen’arrivepas à lire ce qui est écrit au-

dessusdelaportedubâtimentdécrépit.Pourpasserletemps,jedétaillel’intérieurélégantdelavoitureetj’observelesgensqui

l’admirent en passant. Soudain, la sonnerie du téléphonedeColton retentit dans le vide-pocheenmefaisantsursauter.Enbaissantlesyeux,jevoislenom«Tawny»s’affichersurl’écran. Une pointe d’agacement me traverse l’esprit, mais je contiens ma jalousie. Riend’étonnantàcequedesfemmesl’appellent.Çaarriveprobablementtoutletemps.

–C’estbon,onpeutyaller.Coltonmefaitsursauterenposantunsacenpapierderrièremonsiège. Il fait le tour

de la voiture et se glisse derrière le volant. En attachant sa ceinture, il remarque l’appelmanquésurl’écran.Ilfaitglissersonpoucedessusetuneexpressionénigmatiquepassesurson visage quand il voit le nom qui s’affiche. Je m’en veux d’avoir espéré qu’il fasse lagrimaceenlevoyant.

Onpeuttoujoursrêver.En peu de temps, nous revoilà sur l’autoroute de la côte Pacifique. Je contemple les

vagues qui déferlent sur la plage avec, en arrière-plan, le soleil qui baisse lentement surl’horizon,avantdem’apercevoirquenousnousarrêtonssurunparkingpratiquementvide.Celamesurprendqu’ilyaitsipeudemondeicisil’onpenseautempsétonnammentchaudpourcetteépoquedel’année.

–Etvoilà.Avant de couper le moteur, Colton appuie sur un bouton et le toit de la voiture se

soulèveetserefermeau-dessusdenostêtes.Jeleregarde,surprise.Jenem’attendaispasàunrencard« romantique»,etpourtant ilm’emmèneà l’endroitque jepréfèresurTerre–uneplagepresquedésertejusteavantlecoucherdusoleil.Ilnejouepasfranc-jeu,maisilestvraiqu’ilnemeconnaîtpasdepuisassez longtempspour savoirceque j’aime,alors jemetsçasurlecomptedelachance.Ilattrapelesacenpapierderrièremonsiègeetdescendde la voiture. Puis il prend une couverture dans le coffre avant de venir demon côté. Ilouvrelaportièreavecpanacheenmetendantlamainpourm’aideràdescendre.

–Venez.Ilmetireparlamainetunefouledesensationsmesubmergenttandisqu’ilm’entraîne

verslaplage.Jesuisgriséeparlefaitqu’ilcontinueàmetenirlamainalorsquejel’aisuivisansrésister.J’apprécielasensationdesapaumecalleusesurmapeaudouce,commesionmepinçaitpourm’assurerquejenerêvepas.

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Enmarchant sur le sable,nouspassonsdevantunepiledeserviettesetdevêtementsquiappartiennentprobablementauxdeuxsurfeursquisontdansl’eau.Nousmarchonsensilence, regardant le spectacle qui nous entoure, et je cherche quelque chose à dire.Pourquoisuis-jesoudainsinerveuse?Est-cel’intensitédeColton?Notreproximité?

Quandnousarrivonsàenvirontroismètresdusablemouillé,ilromptlesilence.–Là,c’estbien,vousnetrouvezpas?–C’estparfait,maisj’auraisapportémonmaillotsij’avaissuqu’oniraitàlaplage.Ma nervosité me fait dire des âneries, comme toujours. Si je pouvais me faire une

grimace,jeleferais.–Quiparledemaillots?Jesuisunferventdéfenseurdubaindeminuit.Jemefige,lesyeuxécarquillés,etjedéglutisavecdifficulté.C’estcurieuxcommel’idée

demedéshabillerdevantcethommeàlabeautéfarouchemetrouble,endépitdufaitqu’iladéjàposésesmainssurmoi.

Luisiparfait,àcôtédemoi,siquelconque.Coltontendlebrasetposeleboutdudoigtsousmonmentonpourmereleverlatête

afinquejeleregardedanslesyeux.–Détendez-vous,Rylee.Jenevaispasvousmangertoutecrue.Vousavezditquevous

vouliezquelquechosedesimple,jevousoffrequelquechosedesimple.J’aipenséquenousdevrionsprofiterdecetempsexceptionnellementchaud.

Il lâche mon menton et me tend le sac en papier, le temps d’étaler la grandecouvertureindiennesurlesable.

–Enoutre,quandjevousdéshabillerai,ceseradansunendroitbeaucoupplusintimeafin de faire durer chaque seconde, lente et excitante. Je prendraimon temps pour vousmontreràquoicecorpssexyquiestlevôtreestdestiné.

Il lèveversmoidesyeuxbrûlantsdedésiretunsourirepleindesous-entendusrelèvelescoinsdesabouche.

Jesecouelatêteensoupirant.Jenesaispascommentréagirnicequejedoisfaire.Cethommeestcapabledemeséduirerienqu’enparlant.Cen’estdécidémentpasbonsigne.S’ilcontinuecommeça,jenevaispastarderàcraquer.

L’intensité de son regard et la direction qu’ont prise mes pensées memettent mal àl’aise.

–Asseyez-vous,Rylee.Jevousprometsquejenemordspas.Ilmefaitunsouriremoqueur.–Celaresteàvoir.Mais je m’exécute et je m’assieds sur la couverture. Je retire mes bottines pour me

donnerunecontenance.J’enlèvemeschaussetteset j’agitemesdoigtsdepiedsauxonglesvernisd’un rouge vif. Je remonte les genouxet je les entouredemesbraspour les serrercontremapoitrine.

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–C’estmagnifiqueici.Jesuissicontentequelecielsoitrestédégagétoutelajournée.–Hum.IlplongelamaindanslesacenpapierprovenantdeFourthStreet.–Vousavezfaim?Ilsortdeuxpaquetsemballésdansdupapierblanc,puisunebaguettedepainfrançais,

unebouteilledevinetdeuxgobeletsencarton.–Voilà 1.Unrepasonnepeutplussophistiqué:salami,provolone,dupainfrançaiset

duvin.Il fait un petit sourire en coin comme s’ilme testait. Comme s’il voulait voir si je vais

vraimentmecontenterd’unrepasordinaireetsanschichis, iciàHollywood,villedu faste,duglamouretdelaprétention.

Je le regarde avecméfiance. Je n’aime pas ces petits jeux ni qu’onme teste,mais jesupposequequelqu’uncommeluiseméfieprobablementdetoutlemonde.Encoreunefois,cen’estpasmoiquil’aisuppliédesortiravecmoi,mêmesijemedemandebienpourquoiill’afait.

Jelèvelesyeuxauciel.–Bon,cen’estpasleRitz,maisilvabienfalloirs’encontenter.Il éclate de rire en débouchant la bouteille de vin. Il le verse dans les gobelets en

carton,m’entendunetporteuntoast.–Àlasimplicité!–Àlasimplicité!Jetrinqueavecluietboisunegorgéedecevindouxetparfumé.–Waouh!Çanedoitpasêtredifficiledes’habitueràtoutça.Ilmeregarde,l’airincrédule.–Quedemanderdeplus?Lesoleil,lesable,lanourriture…–Unrencardavecunbeaumec?Ilromptunmorceaudepain,lenappedeprovolonesurlequelilposeunefinetranche

de salami etme tend le tout surune serviette enpapier. Je l’accepte sansbroncher,monestomacréclame,j’avaisoubliéquej’avaisaussifaim.

–Merci.Pourcerepas,pourladonation,pourZander…–C’estquoi,l’histoiredecegarçon?Sonvisagedemeureimpassiblependantquejeluirelatelesfaitsàgrandstraits.–Et aujourd’hui, avec vous, c’est la première fois qu’il a interagi volontairement avec

quelqu’un, alors merci. Je vous suis plus reconnaissante que vous ne pourrez jamaisl’imaginer.

Soudain,denouveaumalàl’aise,jebaisselesyeuxtimidement,etlerougememonteauxjoues.Jemordsdanslesandwichqu’ilaimproviséetjepousseunpetitgrognementdeplaisirengoûtantlemélangedepainfraisetdecharcuterie.

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–C’estvraimentbon!Ilacquiesce.–CelafaitdesannéesquejemesersdansceDelicatessen.C’estdécidémentmeilleuret

bienplusmontrucquelecaviar.Ilhausselesépaulescommepours’excuser.–Alors,racontez-moi,pourquoiCorporateCares?Ilentrouvreleslèvresenmeregardantsavourermonsandwich.– Pour un tas de raisons. La possibilité de faire changer les choses, la chance de

prendre part à un progrès comme celui de Zander aujourd’hui, ou ce que j’éprouvelorsqu’ondonneàunenfantabandonnélesentimentqu’ilcomptedenouveau…

Jesoupire,incapabledetrouverlesmotspourexprimercequejeressens.–Ilyatellementdechosesquejen’arrivepasàexpliquer.–Vousêtestrèspassionnée.Jevousadmirepourcela.Ilsemblesincère.Jeboisuneautregorgéedevinetjeleregardedanslesyeux.–Merci.Vous-même,vousavezététrèsimpressionnant,aujourd’hui.Presquecommesi

voussaviezquoifaire,bienquejevousaieditdepartir.VousavezétésuperavecZander.–Non.Ilsaisituneautretranchedefromagequ’ilpliedansunmorceaudepain.–Jenesaispasdutoutyfaireaveclesenfants.C’estpourquoijen’enauraijamais.Sontondéterminéetsonexpressioninsondablemeprennentdecourt.–Celamesembleunpeuradicaldedireçaàvotreâge.Jesuissûrquevouschangerez

d’avisunjour.Je l’observe en plissant les yeux. J’aimerais bien, moi aussi, pouvoir encore avoir le

choix.–Certainementpas.Ilaréponduavecemphaseetilbaisselesyeuxpoursesoustraireàmonregardpourla

première fois depuis que je le connais. Je sens que ce sujet lemetmal à l’aise, ce qui estsurprenant chez un homme aussi sûr de lui habituellement. Il tourne la tête vers l’océantumultueuxetrestesilencieuxunmoment,unmasqueindéchiffrablesursestraitsrudes.

Aumoment où je pense qu’il va en rester là, il rompt le silence. Il y a dans sa voixcommeunetristesserésignée.

–Non,vraiment,Rylee. Je suis sûrquevous rencontrezça tous les jours.Lesadultesutilisentlesenfantscommedespions,danscemonde.Ilyatropdefemmesquiseserventdesenfantspourpiégerunhomme,etensuiteelleslesdétestentquandl’hommelesquitte.Des familles accueillent des gamins uniquement pour toucher les allocations dugouvernement.Etcelacontinueencoreetencore.

Il hausse les épaules avec une nonchalance destinée à masquer à quel point il estaffectéparlavéritéquisecachederrièresesparoles.

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–Celaseproduittouslesjours.Desenfantsbousillésetabandonnésàcausedeschoixégoïstesdeleurmère.Jeneprendraijamaislerisquedemettreunenfantdanscegenredesituation.

Ilsecouelatêteénergiquement,refusanttoujoursdecroisermonregard,lesyeuxrivéssurlesurfeurquiévoluesurunevagueauloin.

– En tout cas, moi, je les bousillerais probablement autant que je l’ai été dans monenfance.

Ilinspireprofondémentetôtesacasquettepourpasserlamaindanssescheveux.–Quevoulez-vousdire?Jenecomprendspas.Brusquement, cette conversation a pris un tour pesant.Une lueur d’agacement passe

sursonvisage,qu’ilcontrôlerapidementenlisantl’incompréhensionsurmonfrontplissé.–Monhistoireestdenotoriétépublique.C’est larançonde lacélébrité.Desfouineurs

secroientautorisésàdéterrerdesvéritéssordides.–Jesuisdésolée.Jen’aipaspourhabituded’enquêtersurmesrencards.Je cache le malaise que me procure cette conversation sous un ton sarcastique. Ses

yeuxvertsplongentdanslesmiens,unmuscletressaillesursamâchoireserrée.–C’estuntort.Vousdevriez le faire,Rylee.Vousnesavez jamaissurquivouspouvez

tomber.Niquivavousfairedumalaumomentoùvousvousyattendrezlemoins.Jen’enrevienspas.Est-ilentraindem’avertirdememéfierdelui?Dem’éloignerde

lui ? Je n’y comprends rien. Il me poursuit de ses assiduités pour mieux me repousseraprès?C’estladeuxièmefoisdelajournéequ’ilmesortuntruccommeça.Qu’est-cequejedoiscomprendre?

Etàquoifait-ilallusionquandilditqu’ilaétébousillédanssonenfance?Sesparentsfontpartiedel’aristocratied’Hollywood.Veut-ildirequ’ilsl’ontmaltraité?Lasoignanteenmoiveutchercheràensavoirplus,maisjesensbienqueceseraitmalvenu.

Jeluijetteuncoupd’œilendouce.Ilestdenouveauplongédanslacontemplationdesvagues.Etc’estàcemoment-làquejelevoistelquelesmédiaslereprésentent.Sombreetombrageux,l’airfaroucheavecsabarbenaissantequiassombritsamâchoireetuneintensitédans le regard qui lui donne l’air inaccessible. Imprévisible. Les épaules larges et ladémarche sexy. Le mélange de bad boy, trop beau pour être honnête, avec un goûtprononcépourlesconduitesàrisque.Lerebelledevantquilesfemmessepâmentenjurantqu’ellespourraientl’apprivoisers’illeslaissaitfaire.

Etc’estcethommequiestassislà.Àcôtédemoi.Incroyable.Je m’éclaircis la gorge pour essayer de dissiper le malaise qui plane maintenant sur

notrepique-nique.–Etaufait,quepensez-vousdecesfameuxLakers?Jedisçaleplussérieusementdumonde.Ilrejettelatêteenarrièreetpartd’ungrand

rireavantdesetournerversmoi.ToutetraceduColtonOmbrageuxadisparu,remplacée

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parleColtonDétendu,auxyeuxpleinsd’humouretaumaxi-sourireéclatant.–Çadevenaitunpeutroppesant?Jehochelatêteenfaisantlamoueetjeprendsunnouveaumorceaudefromage.Ilest

tempsdechangerdesujet.–Jemedoutequemaquestionn’ariend’original,maisqu’est-cequivousapoussévers

lacourseautomobile?Jeveuxdire,pourquoivouslancersuruncircuitàprèsdetroiscentskilomètresàl’heurepourleplaisir?

Ilboitunegorgéedevin.–Mesparentscherchaientunmoyendecanalisermarébellionadolescente.Ilssesont

ditqu’ilvalaitmieuxme laisser faireavec tout l’équipementsécurisénécessairepouréviterquejefasselacoursedanslarue,aurisquedemetueroudetuerquelqu’un,oulesdeux.Heureusementpourmoi,ilsavaientlesmoyensdelefaire.

–Vousavezcommencéquandvousétiezado?–Àdix-huitans.Ilritenyrepensant.–Qu’ya-t-ildesidrôle?–J’aieuuneamendepourconduitedangereuse.Jefonçais…àtouteallurevraiment…

jefaisaislacourseavecuneespècedepunkBCBG.Ilme jetteuncoupd’œilencoinpourvoir si je réagis. Jemecontentedehausser les

sourcilspourl’inciteràm’endireplus.–C’estlenomdemonpèrequim’aévitéletribunalpourenfants.Ilétaitfurax,putain!

Le lendemain, il a décidé deme donner une leçon. Il m’a emmené sur un circuit et m’aconfiéàuncascadeurqu’ilconnaissait.Ils’imaginaitquelemecallaitmefairefaireletourducircuitàMachdixetmeflanquerlatrouilledemavie.

–Detouteévidenceçan’apasmarché!– Non, j’ai eu un peu peur bien sûr, mais après je lui ai demandé de me montrer

quelquescascades.Ilhausselesépaules,undemi-souriresurleslèvresenregardantlamer.–Ilafinipardireouietm’alaisséfairedeuxoutroistoursdecircuitavecsavoiture.Il

se trouve qu’un de ses copains l’avait accompagné sur le circuit ce jour-là. Il s’appelaitBeckett. Il travaillait pour une écurie de course locale qui venait justement de perdre sonpilote. Ilm’a demandé si j’avais déjà pensé à piloter. Je lui ai ri au nez. Premièrement, ilavait mon âge, alors comment pouvait-il faire partie d’une écurie de course, etdeuxièmement,commentpouvait-ilmejugercapabledepiloteraprèsm’avoirvuseulementfaireunoudeuxtoursdecircuit?Quandjeluiaiposélaquestion,iladitqu’iltrouvaitquejemedébrouillaistrèsbienavecunvolantetm’ademandésij’aimeraisrevenirlelendemainpourqu’onendiscute.

–C’estcequis’appelleêtreaubonendroitaubonmoment!

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Jesuiscontented’apprendrequelquechoseàsonsujetquejenepourraispastrouversurInternet.

–Commevousdites !Alors je suis revenu. J’ai faitunessai sur le circuit, jem’en suisbien tiré et jeme suis bien entendu avec les types. Ils m’ont demandé de participer à lacoursesuivante.Jen’étaispasmauvais,alors j’ai continué.Onm’a remarqué.J’aiévité lesennuis.

Ilsouritd’unairmalicieuxenhaussantlessourcils.–Laplupartdutemps.–Etaprèstoutcetemps,çavousplaîttoujours?–Jesuisbon.–Cen’étaitpasmaquestion.Ilmastiquesonsandwichenréfléchissant.– Je suppose que oui. C’est une sensation particulière. Je fais partie d’une équipe et

pourtantjesuisseulsurlapiste.Jenedépendsdepersonne,jenepeuxm’enprendrequ’àmoi-mêmesiquelquechosesepassemal.

La passion est perceptible dans sa voix. La vénération qu’il éprouve toujours pour cesport.

–Surlapiste,jepeuxéchapperauxpaparazzi,auxgroupies…àmesdémons.Laseulepeurque j’éprouve,c’estcelleque jemefaisàmoi-mêmeetque jepeuxcontrôleravecuncoupdevolant,unepressionsurlapédale…pascellequipeutm’êtreinfligéeparquelqu’und’autre.

Sonairétonnémeditqu’il s’estdévoiléplusqu’iln’avaitpensé le faireenrépondant.Qu’ilestlui-mêmesurprisdecettefranchiseinattendueavecmoi.Pourluiéviterlemalaisedesesentirvulnérable,jerejettelesbrasenarrière,latêtelevéeversleciel.

–C’estsibeauici.Jerespirel’airfraisenenfonçantmesdoigtsdepieddanslesabledoux.–Encoreunpeudevin?Enposantlaquestion,ilvients’asseoirplusprèsdemoi.Aufrôlementdesonbrasnu

surlemien,messenssemettentàvibrer.Jemurmureunpetitouitandisquedessonnettesd’alarmesemettentenbranledansmatête.Jesaisquejedoismettredeladistanceentrenous, mais il est vraiment trop attirant. Irrésistible. Totalement différent de ce quej’imaginais, mais exactement comme je l’espérais. Je sais qu’il faut que jem’éclaircisse lesidéesparcequ’ilobscurcitmonjugement.

–Alorsdites-moi,Ace,est-ceainsiquevousaviez imaginé leschosesquandvousavezdépensétoutcetargentpourunrencardavecmoi?

Jetournelatêteetmetrouvefaceàlui–sescheveuxébouriffés,seslèvrespleines,sonregardardent.Jeretiensmarespiration, figéedans l’instant,parcequ’ilsuffiraitque jeme

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penchepour sentir ses lèvres sur lesmiennes ànouveau. Pour goûter à sondésir charnelcommejel’aifaitunpeuplustôtsousleporchedelamaison.

Ilmedécocheunsourire.–Pasexactement.Il l’admet, mais je sens que notre proximité l’affecte autant que moi. Je vois

l’accélérationdesonpoulssursagorge.Sapommed’Adamquimonteetquidescendquandil déglutit. Je replonge les yeuxdans les siens et un flot de paroles nondites passe entrenous.

–Vousavezvraimentlesyeuxlesplusextraordinairementmagnifiques.Cen’estpaslapremièrefoisqu’onmeditquemesyeuxvioletssontuniques,maispour

une raison que j’ignore, l’entendre de sa bouche fait jaillir le désir enmoi. Les sonnettesd’alarmesedéchaînentdansmatête.

–Rylee?Jeleregarde,lecœurbattant.–Jenevousposerailaquestionqu’unefois.Avez-vousunpetitami?Lagravitédutondesavoix,ainsiquelaquestionelle-même,meprennentdecourt.Je

nem’attendais pas à ça. Je pensais qu’il aurait une petite idée de la réponse après notreséance dans les coulisses l’autre soir. Et ce quime surprend encore plus que la question,c’estlafaçondontillapose.C’estcetonexigeant.

Jesecouelatêteenavalantbruyammentmasalive.–Non.–Personneavecquivoussortez,justecommeça?–Vousvousrépétez.Jeplaisantepouressayerdedissipermanervosité.Commeilnesouritpasmaiscontinueàsoutenirmonregardd’unairinterrogateur, je

secouelatêtedenouveau.–Non,pourquoi?–Parcequej’aibesoindesavoirquisetrouvesurmonchemin.Il incline la tête enme regardant fixement, et j’entrouvre les lèvres par réaction. J’ai

soudainlabouchetrès,très,sèche.–Desavoirquijedoisvireràcoupsdepiedavantdepouvoirofficialiser.–Officialiserquoi?Ilyaquelquechosequim’échappe,là.–Quevousêtesàmoi.LesouffledeColtonpassesurmonvisagetandisqu’ilmedévoreduregard.–Unefoisquejevousauraibaisée,Rylee,ceseraofficiel,vousserezàmoietrienqu’à

moi.

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Oh,putain!Rienqueça!Commentundiscoursaussipossessif,aussi«mâledominant»peut-ilmedonnerencoreplusenviedelui?Jesuisunefemmeindépendante,autonome,etpourtantentendrecethomme–ColtonDonavanlui-même,s’ilvousplaît–m’informerqu’ilvameprendresansriendemander,sansmelaisserlechoix,melaissepantelante.

–Peut-êtrepascesoir,Rylee.Nimêmedemainsoir.Maisçaarrivera.Letimbrevibrantdesavoixsetransmetdansmoncorpstoutentier.Marespirationse

bloquetandisqu’ilmarqueunepausepourquesesparoless’imprimentdansmoncerveau,avantdepoursuivre.

–Vousnelesentezpas,Rylee?Ça…Ilfaitungestedelamainentrenous.–Ce courantquipasse entrenous ? La charge électriquequinous relie lorsquenous

sommesensembleestbeaucouptroppuissantepourquenousl’ignorions.Je baisse les yeux, gênée par l’outrecuidance dont il fait preuve,mais excitée par ses

paroles. Il lève la main, et l’étincelle dont il parle s’allume quand son index se fraie unchemindepuismoncoujusqu’àmonmentonqu’ilsoulèvepourmeforceràplongerdanslaprofondeurdesonregard.

–Vousn’avezpas,neserait-cequ’unpeu,enviedesavoiràquelpointçavaêtrebon?Sicesimple frôlementdenospeaux l’unecontre l’autreestaussiélectrisant, jevous laisseimaginercequeceseraunefoisquejevousauraipénétrée.

Sonassuranceetl’intensitédesonregardmedéconcertent.Jebaisselesyeuxunefoisdeplussurlabaguequejeporteàl’annulairedroit.Moncôtérationnelmeditqu’unefoisqueColtonauraobtenucequ’ilveutdemoi, ilpasseraàautrechose.Etque,quandbienmêmejeleferaisentouteconscience,celanem’empêcheraitpasd’êtredévastéeàlafin.Jeneveuxpasrepasserparlà.J’aipeurd’avoirdenouveaudessentiments.J’aipeurdecourircerisque,peurquelesconséquencesnemesoientfatalesànouveau.Jemesersdemapeurpourboostermarésistance.Mêmesilacourseestfolle,sonarrivéeinévitablen’envautpaslapeine.

–Vousêtes si sûrdevousque jemedemandemêmesimaprésenceest requisepourl’événement.

J’ai parlé sur un ton hautain en espérant que mes paroles masqueront le désirdouloureux qu’il provoque dans mon corps. Il se contente de répondre par un sourireirrésistible.Jesecouelatête.

–Mercipourl’avertissement,Ace,maissansfaçon.Ilrit.–Ah,quandmême!Enfinjeretrouvecesarcasmequejetrouvesiintrigantetsisexy.Il

avaitdisparuunmomentavecvotreimpertinence.Jecommençaisàm’inquiéter.Iltendunemainpourpresserlamienne.

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–Oh,etpourvotregouverne,Rylee,cen’étaitpasunavertissement,chérie.C’étaitunepromesse.

Etaprèsça,ils’appuiesursoncoudeavecunsourirearrogantetuneexpressiondedéfidans les yeux en me regardant fixement. Je parcours son corps mince du regard. Je medemande comment je pourrais résister à cet homme excessif, intrépide, perturbé etimprévisible dont l’assaut verbal continu me met mal à l’aise. Provoque mon désir. Faitrenaîtreenmoidessentimentsetdespenséesquisontmortscejourfuneste,ilyadeuxans.Et pourtant, au lieude tourner la têtede l’autre côté comme jedevrais, je nepense qu’àune chose, le chevaucher là tout de suite sur cette couverture, passer la main sur lesmusclesfermesdesapoitrine,enroulermesdoigtsdanssescheveuxetprofiterdumomentjusqu’àoubliertoutepenséerationnelle.

Jem’aventureàbraver son regardànouveauparceque je sais qu’ilm’a vueadmirersoncorps.Jem’arrangepourquemesyeuxnereflètentpasledésirquej’éprouve.

– Parlons de vous,Colton !Vous avezdit que vousne vouliez pas depetite amie et,pourtant,vousaveztoujoursunefemmeaccrochéeàvotrebras.

Ilhausselessourcils.–Etcommentvoussavezça,vous?Comment je le sais ? Est-ce que j’ose lui avouer qu’ilm’arrive de temps en temps de

feuilleterlemagazinePeopleauquelHaddieestabonnéeetdontlesreportagesridiculesmefont lever les yeux au ciel. Est-ce que je lui dis que, parfois, quand je suis au bureau, jem’amuseàconsulterlesitePerzhilton.cometquejelislesragotsquiconcernentlesjeunesloupsd’Hollywoodcommelui,quisecroientsupérieursàtoutlemonde?

–Ehbien, jefais laqueueà lacaissedusupermarché,biensûr.Etvoussavezcommetouscestabloïdsdisentlavérité.

–D’aprèseux,jesorsavecunalienàtroistêtesetmaphotoretouchéeavecphotoshopapparaît accompagnéed’une légendequi affirmequ’ona aperçuunChupacabradansuncinémaàNorman,dansl’Oklahoma.

Ilparlesuruntonanimé,lesyeuxarrondisparunehorreurjouée.J’éclatederire.Sincèrement.Jesuisraviequ’ils’enprenneauxmédias.Contentequ’il

amèneunpeudelégèretédansnossujetsdeconversationpesants.–Bienessayé,maisçanemarchepas.Répondezàlaquestion,Ace.–Oh,Rylee,toujoursaussisérieuse.Qu’ya-t-ilàdire?Jedétestelesconflits,lesystème

àpointspour savoir quipaie, et combien?L’attentede laprochaine étapeà franchir, enessayantdedevinersiellesontuneidéederrièrelatêteensortantavecmoi…

Ilhausselesépaules.– Plutôt que d’avoir à gérer ces conneries, je passe un accord avec quelqu’un, nous

définissonslesrèglesetlesattentes,nousnégocionslesdétailsetnouslimitonslesexigences

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bien avant qu’elles aient la moindre velléité de commencer à devenir ingérables. Celasimplifieleschoses.

Quoi?Desnégociations?Ilmepassetantdechosesparlatêtequejesaisquejevaisdevoiryréfléchirplustard.Maissousceregardscrutateurquiguettemaréaction,jedécidequel’humourestleseulmoyendenepasmontrerquesaréponsem’étonne.

–Ahd’accord!Unmecavecdesdifficultésàs’engager…riendebienoriginal!Ilneditrienmaiscontinueàm’observertandisquejepenseàlui,àceci,àtout.– Vous espériez quoi ? Que j’allais plonger dans vos superbes yeux verts, baisserma

culotteetécarterlesjambesquandvousadmettriezquevousaimezmettrelesfemmesdansvotrelitmaispasdansvotrecœur?

Montonestsarcastiquemais,aufond,jesuisabsolumentsincère.Ilcroitvraimentqueparcequ’ilestquiilest,jevaisreniermesprincipesmoraux?

–Quiaditqueleromantismen’existaitplus?Ilchangedeposition,s’allongesurlecôté,latêteposéesursoncoude.Unpetitsourire

calculépassesursonvisage.–Vousmaniez rudement bien le langage, chérie. Je vous assure, le romantismen’est

pasuntrucauquelj’adhère.L’amourquirimeavectoujours,çan’existepas.Laromantiqueinvétéréequejesuispousseunprofondsoupirquimepermetd’éviterde

répondreàcecommentaireetausouriremoqueursursonvisage.Celuiquimefaitoubliertoutesmespenséesparcequ’ilestsiséduisantavecsonregardhypnotique.

– Vous n’êtes pas sérieux ? Pourquoi cette apparence si détachée ? Vous avez l’air sipassionnéparailleurs.

Ils’allongesurledosenposantlesmainsderrièresatête.–Pourquoilesgenssont-ilscommeilssont?Illaisseplanerunpetitmomentdesilenceentrenous.– Je suis peut-être né comme ça, ou alors c’est ce que j’ai retenu demes années de

formation…Commentsavoir?Ilyabeaucoupdechosesàmonsujetqu’ilvautmieuxpourvousquevousnesachiezpas,Rylee,jevousjure.

Je le regardeenessayantdedéchiffrer sesexplicationsénigmatiques tandisqu’il restesilencieuxunmomentavantdetendrelamainetdelaposersur lamienne.Jesavourecerare signe d’affection. La plupart du temps, quand nous nous touchons, c’est explosif,charnelmême.C’estrarementsimple.Facile.C’estpeut-êtrepourquoi j’apprécielachaleurdesamainsurlamienne.

Malgréça,jecontinueàm’interrogersurlesensdesesparoles.–Jenesuispasd’accord.Commentpouvez-vous…Il m’interrompt au milieu de ma phrase en me tirant par le bras. En moins d’une

minute,jemeretrouveallongéesurlacouverture,sonvisagejusteau-dessusdumien.Jenesaispas comment c’estpossible,maisma respiration s’accélèreet s’arrêteenmême temps.

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Très lentement, très délibérément, il repousse de lamain unemèche folle qui barremonvisage tandisque sonautremain repose sur labasedemoncou, juste sous leplidemonmenton.

–Essaieriez-vousdechangerdeconversation,MonsieurDonavan?Mon cœur s’affole et la chaleur du désirmonte dansmon ventre. Son contact laisse

danssonsillagedesdéchargesélectriquessurmapeau.–Etçamarche?Jefaislamoueetjeplisselesyeuxenréfléchissant.–Hum…non.Jen’aipasoubliémaquestion.Jesourisenleregardantmeregarder.–Alorsjepourraispeut-êtreremédieràça.Avecuneinfinielenteur,ilbaisselatêtejusqu’àcequeseslèvresnesoientplusqu’àun

souffle des miennes. Je lutte contre mon envie de m’arc-bouter pour presser mon corpscontrelesien.

–Pourquoipastoutdesuite?Comment expliquer quebienquenous soyons au grand air, j’ai l’impressionque tout

oxygène a disparu ? Comment peut-il avoir cet effet sur moi ? J’inspire lentement et jerespire son odeur – boisée, propre etmâle – unmélange enivrant qui est cent pour centColton.Lavoixmemanquepourrépondreàsaquestion.

–Mmmm…Tout disparaît autour de nous, le cri desmouettes, le reflux des vagues, le soleil qui

descendlentementversl’océanàl’horizon.Noussommestropprèsl’undel’autrepourquejevoieseslèvres,maisquandlecoinde

sesyeuxseplisse,jesaisqu’ilsourit.–Est-cequejedoisprendreçapourunouioupourunnon?Il soutient mon regard avec défi. Quand rien d’autre ne sort de ma bouche qu’une

respirationsaccadée,ildit:–Jepensequejevaisdoncmeservir.Aveccesmots,saboucheestsurlamienne.Il choisit un rythme lent et hypnotique, en effleurant mes lèvres de légers baisers.

Chaque fois que je pense qu’il va me donner ce que je veux – des baisers longs etpassionnés–, il recule. Il s’appuiesursoncoudeetpose lamainsurmanuque.Sonautremaindescendlelongdemoncorpsets’arrêtesurmahanche.Ilprendpositionlà,saisissantunepoignéedemachairàtraversmonjeanetpressantmoncorpscontrelesien.

–Voscourbessonttellementsexy,bordel.Letumultedesensationsqu’ilstimuleenmoiestàlafoisjubilatoireetunetorture.Je

passelesmainssoussont-shirt,lelongdesontorseetdesondospendantqu’ilpoursuitsesassautslangoureuxsurmeslèvres.

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Si j’étaisaussi intelligenteque jeme targuede l’être, jeprendraisunpeude recul, letempsd’évaluer lasituationrationnellement.Jeprendraisencompte lefaitqueColtonestlegenredetypehabituéàobtenircequ’ilveutsanspréambulesetsansprécautions.Et,encemoment,c’estmoiqu’ilveut.Ilaessayél’approchedirecte,droitaubut,etenmoinsdedix minutes, il m’avait collée contre un mur. Il a essayé la coercition, le contrat, leharcèlementetmêmereconnuqu’ilneveutpasdepetiteamie régulière,d’engagementnide relation stable. La partie rationnelle chez moi devrait reconnaître ces faits et voirqu’ayant perdu le défi jusqu’ici, il passe maintenant à la séduction. J’argumenterais qu’ilchangedetactiqueetqu’ilprendsontempspourquecesoitmoiquiledésire.Pourmefairecroirequ’àprésentc’estmoiquidominelasituation.Jemerendraiscomptequetoutcecin’arienàvoiraveclessentimentsniavecunpossiblefuturavecmoi,maisplutôtqu’ilessaiedememettredanssonlitsansattendreetden’importequellefaçon.

Maisjen’écoutepasmaraisonnilesdoutessarcastiquesquecelui-ciessaied’instillerenmoi. Je repousse le sentiment persistant qu’il tente de faire entrer de force dans moninconscient. Oublié mon sens des réalités. Dépassé, submergé, effacé par ma nouvelleaddiction,jeveuxdirelabouchedeColton.Unebouchequirendgrâceàlamiennepardelentsmouvementsdesalangue,frôlementsdesesdentsetcaressesdeseslèvres.

–Tss…tss…Ilmetaquinedeslèvresalorsquej’entrelacemesdoigtsdanssescheveuxsursanuque

en essayant de l’attirer plus près demoi pour donner libre cours au désir brûlant qu’il adéclenchéenmoietallerplusloin.

–Vousêtesfrustrant.Jesoupireparcequeseslèvressedéplacentlelongdemoncouetviennentmordillerle

lobedemonoreilleenallumantdespetitesétincellesdansleursillage.Pourtouteréponse,ilsouritdanslecreux,sousmonoreille.–Maintenant,voussavezcequeçafaitdedésirerquelquechose…Il s’écarte de mon cou si bien que son visage n’est qu’à un centimètre au-dessus du

mien.Ledésirquivoilesonregardquandilcroiselemiennefaitaucundoute.–Dedésirerquelquechosequ’onvousrefuse.J’ai à peine le temps d’enregistrer ses paroles que déjà il écrase ses lèvres sur les

miennes.Cettefois-ci,ilneseretientpas.Seslèvrespossèdentlesmiennesàl’instantmêmeoùnosbouchesentrent en contact. Il contrôle cebaiser avecunepassion sauvagequimefaittournerlatêteetmerendfollededésir.Ilsemblelui-mêmecraindrededevenirfous’ilnecèdepasàsonbesoin impérieuxdemedévorer.Jen’aipasd’autrechoixquedesurfersurlavaguequ’ilmaîtriseparcequejenesuispasmoinspriseaupiègequelui.

Sa langues’insinueentremes lèvres,ellea legoûtduvin,puis ilmordilledoucementma lèvre inférieure. Je tends le cou,m’offrantdavantage,désirantqu’ilprennedavantageparceque jeneme lassepasdecettesaveurenivrante. Il seplieàmondésir,déposeune

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kyrielle de baisers légers comme des plumes tout le long demon visage avant de revenirdans ma bouche. Sa langue s’enroule autour de la mienne, caressante, possessive etallumeuse.

Jemedélectedes sensations quemeprocurent sesmains qui prennent possessiondemeshanches,lepoidsdesajambepliéeposéesurlamienne,sonexcitationévidentequisepressecontremoi.Sabouchequigarde lecontrôle,prenantetdonnant toutà la fois.Lesgémissementsprofondsdedésirquiémanentdufonddesagorgeetmeconfirmentque jel’excite.Qu’ilmedésire.

Jepourraisresterdanscetétatd’excitationtoutelajournéeavecColton,maisdesriresqui se rapprochentme ramènent à la réalité. Nous sommes dans un lieu public, on peutnous voir. Colton effleure mes lèvres délicatement encore une fois alors que les surfeursarriventàquelquespasdenous,surleursserviettes.Maissamainrestesurmonvisageetilposesonfrontcontrelemientandisquenousessayonsl’unetautredereprendrehaleine.Ilfermelesyeuxuninstantetjesensl’effortqu’ilfaitpoursemaîtriser.Ilpasseetrepassesespoucessurmesjouesenunedoucecaressequimecalme.

–Ah,Rylee.Tuterendscomptedel’effetquetumefais?Ilsoupireetposeunbaisersurleboutdemonnez.–Qu’est-cequejevaisfairedetoi?Tuesunetelleboufféed’airfrais.Moncœurs’arrêtedebattreetmoncorpssetend.Jemeretrouvetroisansenarrière.

Max, un genou à terre, une bague à lamain,me couvant d’un regard plein d’espoir. Sesparoles,chargéesd’émotion,résonnentdansmatêtecommesic’étaithier.

Rylee,tuesmameilleureamie,monvoyagedanslecouchant,maboufféed’airfrais.Veux-tum’épouser?

Je pense à Max – brillant, ouvert, insouciant –, mais je regarde Colton, réservé,inaccessiblemaisinévitable.Unsanglots’échappedemagorgequandlesouvenirs’emparedemoi,souvenirdecejour-là,deceuxquiontsuivi,etlaculpabilitémesubmerge.

Colton sursaute, interdit. Il recule vivement sans écarter les mains de mon visagecependant.L’inquiétudeselitdanssonregard.

–Rylee,quesepasse-t-il?Toutvabien?Je pose lesmains sur sa poitrine et je le repousse pourm’asseoir, les genoux repliés

contre ma poitrine. Je les entoure de mes bras. Je secoue la tête pour lui demander dem’accorderuneminuteetj’inspireprofondément.JemerendscomptequeColtonm’observeavecattention,curieuxdesavoircequiaprovoquécetteréaction.

Je m’efforce de bloquer ma mémoire. Sa mère hurlant que je l’ai tué, son pèreregrettantquejenesoispasmorteàsaplaceetsonfrèrem’accusantd’êtreresponsable.Etaffirmantquejeneméritepasderencontrerànouveauunamourcommecelui-là.

Cespenséesmefont frissonner,mais jemereprendsetmepréparepour lesquestionsqueColtonnevapasmanquerdeposer.Maisnon,riennevient.Jeluijetteuncoupd’œil.

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Levisagesombre,ilm’observe.Jetournelesyeuxverslamer.Ilpasselamainsurmesreins,leseulsignederéconfortqu’ilmetémoigne.

J’écartemes pensées d’unmouvement de tête, contrariée qu’elles soient venues nousinterrompre.Pourquoiest-cequejenepeuxpas,toutsimplement,melaisserallerauplaisird’être avec cet homme – cet homme viril à portée demain – qui, pour une raison, aussiincongruesoit-elle,medésire?Pourquoiest-cequejen’arrivepasàcéderàsapropositionsordide de plan cul sans lendemain juste pour me sortir de ce cauchemar récurrent ?L’utiliser,toutcommeluiveutm’utiliser.

Parcequetun’espascommeça.Tuesuneboufféed’airfrais.Je suis reconnaissante à Colton de garder le silence. Je ne sais pas si c’est par

sympathieouparindifférenceauxdramesd’autrui,maisentoutcas,encetinstant, jesuisraviequ’ilnemedemandepasd’explications.

Je tends lamain derrièremoi pour saisirmon gobelet de vin. Coltonme le passe enprenantlesienetilboitunegorgée.

–Ehbien,heureusementqu’onestdehors.J’essaiededissiperlemalaiseenprenantuntonléger.–Pourquoiça?Jeprendsunelonguegorgéeavantdepoursuivre.–Pournouséviterdeperdrelecontrôleenpublic.Jetournelatêtepourluisourire.–Qu’est-cequivouspermetdecroirequeçamegênerait?Ilmedécocheunsourirediaboliqueetéclatederireenrejetantlatêteenarrièrequand

ilvoitmonairchoqué.–Ledangerdese faireprendrenefaitqu’exacerber lessensations,Rylee.Celadonne

plusd’intensitéàl’excitation.Àlajouissance.Savoixdeséducteurm’enveloppeetm’emmêledanssatoile.Jeleregardefixementen

essayantdemedégagerde cepiège. Jem’efforcede retrouvermesesprits assezvitepourréagirsansluimontreràquelpointjesuisaffectéeparsondiscourshypnotique.

–Jecroyaisquevousvouliezunendroitintimepourlapremièrefois?Jesourisironiquementenhaussantunsourcil.Ilsepencheversmoi,sonsoufflepassesurmonvisageetl’amusementdansedansson

regard.–Ehbien,aumoinsj’airéussiàvousfaireadmettrequ’ilyauraitunepremièrefois.Mes yeux s’arrondissent quand jeme rends compte que je suis tombée demoi-même

danssesfilets.Jenepeuxretenirunsourireenvoyantlesienmalicieusementimpudent.Ilsecouelatêteetdétournelesyeux.

–Regardez.

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Il montre du doigt l’horizon où le soleil tombe dans l’eau, une boule brillante quisombreenfaisantgiclerdescouleurspasteldansleciel.

Contentedechangerdesujet,jetournelatêtepouradmirerlespectacle.–Comment ça se fait que le soleil semblemettreuneéternité àatteindre l’horizonet

que,àl’instantoùilyest,ildisparaisseaussivite?–C’estàl’imagedelavie,vousnecroyezpas?–Commentça?–Parfoisnosparcoursdans laviesemblentdureruneéternitépouratteindre lepoint

culminant de nos efforts, pour atteindre notre but. Et une fois que nous y sommes, touts’accélèreetc’estdéjàfini.

Ilhausselesépaules.Jesuisétonnéedecetteintrospection.– Nous oublions que lemeilleurmoment, c’est le parcours lui-même. La raison pour

laquellenousl’entreprenons.C’estlàquenousapprenonsleplus.–Est-ceunefaçondétournéedemedirequelquechose,Colton?Unsourireéclairesonvisage.–Non.Unesimpleremarque,voilàtout.Je leregardeavecméfiance, jenecomprendspascequ’ilessaiedemedire,bienqu’il

s’endéfende. J’enfoncemesorteilsdans le sableencore chauddes rayonsdu soleil. Je lesplieetlesdéplie,lasensationestmerveilleuse.

Colton bouge à côté de moi et j’entends le bruissement du sac en papier. Je meretourne.Allongédetoutsonlongsurlacouverture,ilsortdusacdeuxcarrésenveloppésdefilmétirable.Ilserassiedàcôtédemoi, les jambesentailleurcommeungamind’écoleprimaire.Iltientuncarréentrenous.

–Leremèdeàtouslesmaux,dit-ilenmeletendant.Nosdoigtssefrôlentquandjeprendslebrownie,etj’aimececontact.–Vousavezpenséàtoutpourcerencardàvingt-cinqmilledollars,ondirait.Ilnemefautpaslongtempspourveniràboutdel’emballage.Ilm’observetandisqueje

prends la première bouchée, le chocolat est un délice et je lève les yeux de plaisir enpoussantungémissementextatique.C’estleplussûrcheminpouratteindremoncœur.

JeregardeColtonquisemblefasciné.–Vousrendez-vouscompteàquelpointvousêtessexy,làmaintenant?Savoixestenrouée,douloureusemême.Jem’arrêtedemâcher.Comment fait-ilpour

quedesmotsaussisimplesdeviennentsienvoûtantsauxmomentslesplusimprobables?Jesuis déconcertée par la candeur de son expression. Nous sommes assis là, à quelquescentimètresl’undel’autresurunecouverture,suruneplage,etnousnousregardonssansriendire. Sans faux-semblants. Sanspublic. Sans attentes. Lesmotsnondits qui circulententre nous sont si puissants que j’ai peur de cligner des yeux, peur de bouger, peur deparler, de crainte de ruiner cemoment. Je vois le vrai ColtonDonavan – la version sans

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masque, un être si vulnérable que j’ai envie de tendre la main pour faire disparaître lablessure qui transparaît si souvent dans ses yeux verts. Pour lui prouver que l’amour etl’engagement sont possibles sans complications. Que c’est réel et pur et beaucoup pluspuissantqu’onpeutl’imaginerquandc’estconstruitetpartagépardeuxpersonnes.

Je sens une douleur fantôme dans mon cœur quand un morceau minuscule s’endétache,perduàjamaisauprofitdeColtonàcemomentprécis.

Jefinisparbaisserlesyeuxversmonbrowniequejetripoteduboutdesdoigts.Jesaisquejeneréussiraijamaisàleluidire.Jen’enauraijamaisl’occasion.Àunmoment,pastrèslointain,jem’offriraiàlui,demonpleingré,mêmesimatêtemeditquec’estuneerreur.Jesavoureraicemomentpasséavecluiquiseraremplidesoupirsardentsetdecorpsenlacés,etjeseraidévastéequandilmequittera,unefoisqu’ilenauraassez.Jeclignedespaupièrespourdissiperleslarmesquimebrûlentlesyeux.

C’est sûrement à cause de la date anniversaire qui approche. Je ne suis jamais aussisensible,remplied’émotionetinstabled’habitude.

Jecasseuncoindubrownieetmele fourredans labouche.Quandjerelève lesyeuxvers lui, un timide sourire flotte sur son visage qui me dit que, lui aussi, il a ressenti cemomentdecommunionentrenous.Jefrissonne.

–Froid?Dupouce, ilessuieunemiettedechocolatàlacommissuredemeslèvres.Ilapproche

sonpoucedemabouche.J’ouvreleslèvresetjelèchelechocolat.Ungrognements’échappedu fondde sagorgeet il entrouvre les lèvresenme regardantavec intensité.Si j’avais suque ce serait si érotique d’observer sa réaction, j’aurais disposé des lignes de miettes debrowniesurtoutmoncorpspourleplaisirdeleregarderlesramasser.

Jefrissonnedenouveaumalgrélachaleurquim’embrase.–Cettesoiréeétantimprovisée,jen’aipasprisdevesteetjen’aipasd’autrecouverture

àvousproposer.Jelesensdéçu.–Onpeutallerailleurssivousvoulez.–MerciColton.J’aipasséunmomentdélicieux…–Malgrélagravitédenotreconversation?Jeris.– Oui,malgré les sujets graves.Mais la semaine a été très longue et je suis épuisée,

alorsjepensequ’ilvautmieuxrentrer.Jen’enaipasdutoutenvie,maisj’essaiedésespérémentdegarderlatêtefroide.–Ouille,levent!Ilportelamainàsoncœurblessé.–C’estrude,maisjecomprends.Ilrit.

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Je l’aide à remballer les restes de notre pique-nique et à les ranger dans le sac. Jeremetsmeschaussettesetmeschaussures,quandilmeditsoudain:

–TeddyasignéavecCDEaujourd’hui.–C’estsuper!Jesuissincère.Excitéeparcetteopportunitémaisperplexe:êtreobligéedepasserdu

tempsavecluivaforcémentavoirdesconséquencessurmaviepersonnelle.–Jenesaiscommentvousexprimermagratitude…–Rylee,cetruc,cettedonation,çan’arienàvoiravecceci.Il faitungestede lamainentrenous.Tuparles ! Jene seraispas ici avec lui s’il n’y

avaitpascetarrangement.–Biensûrquenon.Maisjesaisquejenel’aipasconvaincu.

***

–Lavoilà.JemontremaMini Cooper rouge et blanche garée dans la rue devant le foyer. Il se

gare derrière et appuie sur le bouton qui coupe le ronronnement sexy du moteur. Lesréverbèressontallumésetceluiquisetrouveleplusprèsdemavoitureclignotesansarrêt.Unchienaboieunpeuplusloindanslarueetuneodeurdebarbecueflottedansl’air.Celarespire lamaison, lanormalité,exactementcequ’il fautauxseptgarçonsquisontdans lamaisonenfacedemoi.

Colton fait le tour de la voiture pour venir ouvrirma portière etme tend unemainpourm’aideràdescendre.Enallantversmavoiture, je tiensmonsacàmainserrécontremapoitrine,jemesensmalàl’aise,toutàcoup,aveclamaindeColtonsurmesreins.

Je me tourne pour lui faire face en m’adossant à ma voiture. Je mordille ma lèvreinférieurecoincéeentremesdentstandisquemanervositésemblegagnerduterrain.

–Ehbien,encoremercipourcettesoirée,Colton.C’étaittrèssympa.Jeparcourslaruedesyeux,incapabledesoutenirsonregard.Est-cequej’aipeurque

ça s’arrête là?Bien sûrquenon, je saisque jevaisêtreamenéeà le revoir régulièrementpour le boulot. Alors pourquoi, au moment de nous séparer, est-ce que j’éprouve cemélange demalaise et de tristesse ? Pourquoi est-ce que jeme donne des coups de piedmentalementpournepasavoirditouiquandilm’aproposéd’allerailleurs?

Coltonvientposerundoigtsousmonmentonetmerelève latêtepourm’obligerà leregarderdanslesyeux.

–Qu’est-cequi sepasse,Rylee?Pourquoiavez-vouspeurdevos sentiments?Chaquefois que vous commencez à vous laisser aller à profiter de l’instant et de vos sensations,quelque chose passe sur votre visage et vous vous refermez. Vous devenez inaccessible.

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Quelquechosequivouspousseàverrouilleren l’espaced’une seconde toutecettepassionenvous.

Enmetenant lementond’unemainfermepourm’empêcherdedétourner lesyeux, ilsondemonregardàlarecherchederéponses.

–Quivousafaitça,chérie?Quivousablesséeàcepoint?Jene suispasdisposéeà luiapporter les réponsesqu’il cherche. Il semble frustrépar

mon silence. Ses traits assombris par le ciel nocturne se crispent dans l’attente de maréponse.Leréverbèrequiclignotereflètedefaçonsaisissantesesémotionscontradictoires.

Jesensmamurailledeprotectionsehérisserenréactionàcetteattentionenvahissante.Leseulmoyenquejeconnaisdelagéreretdelemainteniràdistance,c’estdeluiretournerlaquestion.

–Jepourraisvousdemanderlamêmechose,Colton.Quivousafaitdumal?Qu’est-cequirevientsisouventhantervotreregard?

Ilhausselessourcilsendécouvrantmonstratagème,maissonregardnefaiblitpas.–Jenesuispastrèspatient,Rylee.Jevouspréviensque jen’attendraipas longtemps

avant…Jel’interromps.–Ilestparfoisplussagedenepaschercheràtoutsavoir.Mavoixestàpeineplusaudiblequ’unmurmure,etma respirationest saccadée.Son

poucequittemonmentonpourvenirseposersurmalèvre.–Ça,c’estunechosequejepeuxentendre.Saréponsemesurprend,confirmantmonidéequ’enfaitila,luiaussi,quelquechoseà

cacher.Ouàfuir.Ilsepenchelentementetdéposeunbaiserrespectueuxquis’attardesurmes lèvres, et toutes mes pensées s’évaporent. Sa tendresse est inattendue et je veuxcapturer ce moment. Le savourer. Je soupire contre ses lèvres et nos fronts se touchentbrièvement.

–Bonnenuit,Colton.–Bonnenuit,Rylee.Ilsepencheenarrière,lamainsurlapoignéedemaportière,ill’ouvrepourmoietme

pousseàl’intérieur.–Àlaprochaine.Dès qu’il a refermé la portière, je démarre et jem’éloigne du trottoir. Instinctivement

j’allume le lecteurdeCD. Je jetteuncoupd’œildans le rétroviseurendescendant la rue,alorsquelamusiqueemplitl’habitacle.Jevoissasilhouettequisebalance,lesmainsdansles poches, sous le réverbère qui clignote. Un ange combattant l’obscurité ou un démonjaillissantdanslalumière?Jenesaispas.Entoutcas, ilest là,monparadisetmonenferpersonnels,quimeregardejusqu’àcequejetournelecoindelarueavantdedisparaître.

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1.Enfrançaisdansletexte.(NdT)

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9

Jemegaredansl’alléeet jerestedansmavoiturequelquesminutesenfredonnantsurla

musique qui sort des haut-parleurs. Je repense à cette soirée avec Colton. Je chante enmême temps que la chanson que je connais par cœur. Les paroles et le rythme sontréconfortants. Les mains sur le volant, je pose la tête dessus. Je n’ai pas beaucoupd’éléments de comparaison, mais ce rencard a été un des plus intenses, passionnés etréconfortantsdemavie.Jesecouelatêteenmerepassantlefilmdelasoirée.

Incroyable!C’esttoutcequejetrouveàendire.Ycomprisdel’insistancedeColton.Lediablesurmonépaulemerépètequetoutestdemafaute.Quesij’avaisétévraimentmoi-même, je n’aurais jamais été la victime consentante de ses mains expertes dans l’alcôve,dans les coulisses du théâtre. Je ne me serais jamais retrouvée en position de lui dire«merci,mais nonmerci », ce qui a déclenché toute la poursuite – le défi –, unediversionbienvenuedanssonuniversdefemmestropavides,tropfaciles.

Je pousse un cri, brusquement tirée dema rêverie par des coups sur la vitre demaportière. J’étais si absorbée parmes pensées que je n’ai pas vu Haddie approcher demavoiture.Moncœurreprendsonrythmenormalquandj’ouvrelaportière.

–SalutHad.Uneseconde.Jeme penche par-dessusmon siège pour attrapermes affaires. Je la sens qui bouge

devantlaporteetsoncorpsbloquelalumièredugarage,sonombreseprojettesurlesiègeavant.

–C’estMatchboxTwenty?Elletendl’oreillepourentendrelamusiquequipasseensourdine.Ohoh,elleasentiqu’ilsepassequelquechose.Ellesaitquej’écouteMatchboxTwenty

chaquefoisquejesuisperturbée.Ellenelesaitquetrop,depuismapériodesombre.Jelaregarde,lespoingssurleshanches,lacontrariétéémaned’elleenvaguesetjeme

demandecequ’ellesaitexactement.Et,enfonctiondecequ’ellesait,àquelpointelleseravexéedesavoircequejeluiaicaché.

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C’est impossibledediscuter avecHaddiequandelle est en colère.Quandelle se senttrompée.Jegrognesilencieusementenmedisantquema journée, si richeenévénements,nesemblepasprèsdeseterminer.Haddienelâchejamais lemorceautantqu’ellen’apasobtenu les réponses qu’elle veut. Elle peut tromper tout le monde parce que derrière sabeautéinnocentesecacheunespritaiguisécommeunrasoir–maispasmoi.

Jelaconnaistropbien.Je coupe le moteur rapidement avant qu’elle n’entende la chanson que j’écoute en

boucle, « Bent ». Au moins ce n’est pas « Unwell ». J’ai mon sac à la main, mais ellem’empêchededescendredelavoiture.

–Ilseraittempsquenousayonsunepetitediscussiontouteslesdeux,tunecroispas?Elles’écarteengardantlesmainssurleshanches.Ilsuffiraitqu’elletapedupiedpour

quejemeretrouvedanslebureaudeladirectriceàl’écoleprimaire.Jemeforceàsourire.–Quandtuveux,Had.Qu’est-cequisepasse?Tuasl’airfurax.–C’esttoi.–Quoi,moi?Jemedirigeverslaported’entréeenlevantlesyeuxauciel.–Nemefaispasça,enplus,Ry.Quandnousentrons,jejettemesaffairessurlaconsoledansl’entréeetmedirigesans

attendreversleséjouroùjem’affaledanslecanapé.Jen’aiqu’uneenvie,fermerlesyeuxetsombrerdans lesommeil.MaisHaddievients’asseoirà l’autreboutducanapéenrepliantsouselleseslonguesjambesfuselées.

–Quandvas-tutedécideràmeraconter?Savoixestcalmeetglaciale,cequin’estpasbonsigne.Pluselleestencolère,pluselle

estcalme.–Raconterquoi?Jemedisquesiellemeditcequ’ellesait,ellemeserapeut-êtrereconnaissantedelui

direlereste.–ColtonDonavan,carrément?Les yeux écarquillés, elle s’efforce de réprimer le sourire quimenace de lézarder son

masqueimplacable.–Turigolesouquoi?Ettunem’asriendit?Letondesavoixmonted’undegrédanslesaigusàchaquemot.Ellesaisitsonverrede

vinsurlapetitetableetboitunegorgéesansmequitterdesyeuxuninstant.–Pourquoi?Elleparlecalmementmais,visiblement,elleestvexée.–Oh,Haddie.

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Jemepasse lesmains sur le visageenessayantde retenirmes larmes.Peineperdue,unesimplelarmeglisselelongdemajoue.

–Jenesaisplusoùj’ensuis.Je soupire en fermant les yeux pour essayer de maîtriser mes émotions. Le visage

d’Haddieseradoucit.–Jesuisdésolée,Ry…c’estjusteque…çam’ablesséequetunem’enaiespasparlé…

jenevoulaispas…–Cen’estrien.Quandj’enlèvemeschaussures,desgrainsdesablecolléssousmespiedsmerappellent

que j’ai vraiment passé la soirée avecColton.Comme si j’avais besoind’unpense-bête. Leparfumdesoneaudetoilettemélangéàsonodeurpersonnelleesttoujoursprésentàmonesprit.

–Jenevoulaispastefairedelapeine.Commentl’as-tu…–Tunerépondaispasautéléphone…jeveuxdire,jamais.J’étaistoutexcitée,ilfallait

quejetediseàproposdequelqu’unquiaconfirmépourlaréceptiondelancementdemain.Je t’ai envoyé des textos et je t’ai appelée plusieurs fois sans obtenir de réponse. Jem’inquiétais. Ça ne te ressemble pas.D’habitude, tu réponds toujours,mêmequand tu esoccupée,neserait-cequ’unmot.J’aidoncappeléDane.

Jehausselessourcils.–J’imaginequ’ilasimplementfaitlerapprochement.Ellehausselesépaules.–Alors,qu’est-cequisepasse,Rylee?Qu’est-cequetumecaches?–C’estjusteque…jesuiscomplètementdépassée.Jeluiracontetoutel’histoire,danslesmoindresdétails,mêmelesplussordidesmalgré

ma gêne au début. Son visage demeure impassible pendant que je rejoue le film desévénements. Quand j’ai fini, elle reste silencieuse pendant quelques instants en meregardantavecuneaffectioninconditionnelle.Puiselleselèvepourallerrechercherduvinetrevientavecunverrepourmoi.

–Ehbien,ilyauntasdechosesàdireetàdiscuter,maisenpremierlieu…Ellesaisitmongenou,vibranted’excitation.–Putain,Rylee!ColtonDonavan?Danslescoulissesduthéâtre!Waouh!Ellelèvelesbrasau-dessusdesatêteetjemecrispementalement,espérantqu’ellene

vapasrenversersonvin.–Jesuissifièredetoi,tudeviensunpeufofolle,finalement.Qu’est-cequit’arrive?Lerougememonteauxjouesetjebaisselatêteentournantlabagueautourdemon

doigt.–Jesais.Jen’enrevienspas,moinonplus.–Quoi?Dequoituparles,putain?

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Ellemepousselegenouvigoureusement.–C’était unWaouh admiratif, pas unWaouhdu genre pourquoi t ‘a-t-il choisie, toi ?

Sors-toicetteidéedelatête,Ry.Elleclaquelesdoigtsdevantmonvisagepourm’obligeràlaregarder.–Ilestsupergaulé,putain!Letypemêmedubadboyrebelleetbrûlant…Commesijenelesavaispas!Ellereportesonregardsurmoi,jevoisquesonexcitationremonteàlasurface.–Etilestaussibeauenvraiqu’àlatélé?J’essaiedetrouverlemotjuste,maisjedislepremierquimevientàl’esprit.–Àcouperlesouffle,etsexyaussi,etdominateuretfrustrant,etsesyeuxsontjuste…

etseslèvres…ahlàlà!Jesuisperduedansmonsouvenir,monespritdérivantd’unebribeàl’autre.Quandje

reviensaumomentprésent,Haddiemefixeavecunlégersouriresurleslèvres.–Ilteplaîtvraiment,hein?Ellesentbiencequej’éprouvemaisquejerefused’admettre.Leslarmesmemontentauxyeuxquandj’ypensemalgrémonsouriredefaçade.– Qu’est-ce que ça change qu’il me plaise ou non, il m’a clairement fait comprendre

qu’iln’yaqu’unechosequil’intéresse.Jehausselesépaulesenbuvantunegorgéedevin.–Enplus,jenepeuxpasfaireçaàM…–Hoho!Ellehurleenagitantlebraspourm’arrêter.–Jevaisreprendrecettediscussionendeuxpartiesdistinctes…lacompartimenterpour

toietteshabitudesrégressivessituveuxbien…parcequelesdeuxméritentqu’ons’yarrête.Elleserapprochedemoietadopteunairplusgrave.–Ryleechérie…qu’est-cequ’onenaàfairedel’avenirencequiconcerneColton?S’il

nes’intéresseàtoiquepourtoncorpsetpouruneexpériencesexuelledécoiffante,oùestleproblème?Vas-y.Cen’estpeut-êtrepascequetuespérais,maisçaneveutpasdirequeçanepourraitpastefairedubien.Etquiseraitlemieuxplacépourçaqu’unputaind’Adoniscommelui?

Ellesesertunautreverre,amusée.–Putain,moijediraisouisansuneseconded’hésitation.Elleretrousseleslèvresenimaginantlascène.J’éclatederire.–Jen’endoutepas.Jesensmoncorpsselibérerdesatension.–Cegenredechoses,c’estfacilepourtoi.Ellemedonneuncoupdepoing.–Hé,çava!Jenesuispasuneputenonplus!Enfin,saufsij’enaienvie.

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Ellerigole.–Non,jeveuxdirequetuestellementlibreetsûredetoi.Tunedoutesjamais.Tun’as

pasderegrets.Etilestclairquetuesattiréeparlesbadboys.Jepenchelatêteensouriant.–Hum,c’estvraiquejelesaimeunpeucoquins.Ellerigoleets’abîmeuninstantdanssespensées.–Maisrevenonsàtoi.Inutiledemefairedesidéesàproposd’unmecquis’intéresseà

toi.Jelèvelesyeuxauciel.–Rylee,cetypepeutavoirtouteslesfemmesqu’ilveut,orilpassesontempsàtecourir

après.Ildépensedesmilliersdedollarspourunrencard,desmillionspourréalisertonrêveetilt’invitesurlaplagepourunesortieromantiqueimprovisée.Aucoucherdusoleil.

–Lui,ilditqu’ilnedonnepasdansleromantisme.Ellerenâclebruyamment.– Il a peut-être besoin de relire la définition de romantisme, alors. Parce que tout ce

qu’ilfaitdécritunhommeenquêtedequelquechose.JesecouelatêteàcettefranchisepropreàHaddie.–Ilmeveutpour lasimpleraisonque je luiaiditnon.Jereprésenteundéfipour lui

quibaignedansununiversdefemmesconsentantes.–Tuparlesd’undéfiquandilteplaquaitcontrelemurdanslescoulisses!Elleretrousseleslèvresenmeprovoquant.–Tu sais trèsbienque jene suispas commeça,Haddie !Onnem’avaitpas touchée

depuis…Le silence tombe lourdement et je secoue la tête pour écarter les souvenirs qui

m’emprisonnent.– En plus, j’ai tout de suite repris mes esprits. C’était juste l’adrénaline après m’être

retrouvéeenfermée…–Continueàtedireça,poulette,maisjenesaispassic’esttoioumoiquetuessaiesde

convaincrequec’étaitsimplementunécartdeconduite.Ellehausselesépaulesenmeregardantdroitdanslesyeux.–Tun’aspasàavoirhonte.Tuasledroitderecommenceràéprouverdessentiments,

Rylee.Derecommenceràvivre.Meslarmesmenacentdenouveaudecouleretjelesenempêchedureversdelamain.– Et même si nous n’en avons pas fini avec la première partie de notre discussion,

passonsàladeuxième.Je la regarde,pleined’appréhension.Toutà coup, sonexpressionchangedu toutau

toutquandellecomprend.

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–C’estpourçaquetunevoulaispasm’enparler,c’estça?Tunevoulaispasquejetedisequetuasledroitderecommenceràvivre.Quetuasledroitdepasseràautrechose.

Elle pose la question d’une voix douce et réconfortante. J’acquiesce lentement enavalantl’énormenœudcoincédansmagorge.Ellesepencheversmoietmeprenddanssesbras pourmebercer doucement en faisant des petits bruits apaisants.Un énorme sanglotm’échappe et je m’abandonne aux larmes qui menacent depuis plusieurs jours. C’esttellementbondeleslaissercouler,cathartiqueenfait.

Auboutd’unmoment,jefinisparretrouverunsemblantdecontrôledemoi-mêmeetjeréussisàparler.

–J’ai…j’ail’impressiondetrahirMax.J’ail’impressionquejeneméritepas…Jesanglote.–…jemesenscoupable…–Rylee,chérie…Ellerepousseuneboucledemescheveuxderrièremonoreille.– … c’est normal. Mais il arrive un moment où tu dois recommencer à vivre. C’est

horrible,tragique,cequivousestarrivé.Àlui.Àtoi.Maiscelafaitplusdedeuxans,Ry…etjesaisquetun’aspasenvied’entendreça,maisàunmomentdonné,ilfautquetutourneslapage.Ilnes’agitpasd’oublier,maistoi–lafemmemerveilleuse,belle,quetues–cettefemmedoit recommenceràvivre.Toiaussi, tuétais insoucianteàuneépoque. Iln’estpastroptardpourretrouvercetteinsouciance.

Je la regarde fixement, lesyeuxembuésde larmes,craignantquemonprochainaveune luimontrequellehorriblepersonne je suis. Jedétourne les yeux, craignant son regardpendantquejeluiparle.

– Une raison pour laquelle je me sens coupable… c’est que… l’intensité, le besoindésespéré, le je-ne-sais-quoi que Colton provoque enmoime semble plus, beaucoup plusfort,quecequej’aijamaisressentiavecMax.

Jeprendslerisquedelaregarderetcequejelissursonvisageesttotalementopposéàce que je croyais y trouver. J’y vois de la compassion plutôt que du dégoût et de ladéception.

–Max,quejem’apprêtaisàépouser.Je ressens un profond soulagement maintenant que j’ai réussi à soulever ce poids

immensedemapoitrineetdemaconscience.–C’eststupide,jesais,maisjenepeuxpasm’enempêcher.Jenepeuxpasl’empêcher

desurgirdansmatêteencemomentoùtoutcequejeressens,cequejerespireetcequejeveux,c’estColton.

–Oh,Ry…pourquoiest-cequetugardaistoutçaentoi?Elleverseunelarmeavantdem’attireretdemeserrercontreelleencoreunefois.Elle

poselajouesurmatête.

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– Rylee, tu n’es plus celle que tu étais à cette époque-là. Ta vie est différentemaintenant.Àl’époque,ilsuffisaitdevousvoirensemble,Maxettoi,poursavoirquevousétiezfaitsl’unpourl’autre,etvouslesaviezvousaussi.

J’entendscommeunsouriredanssavoixàl’évocationdecessouvenirs.Ellesoupire.–Etmaintenanttuasvécul’enferettuenesrevenueenunpeuplusdedeuxans.Tu

n’espluslamême.C’estnormalderessentirleschosesautrement–d’aimerd’unamourplusprofond,d’éprouverdes sentimentsplus forts –,personneneva te le reprocher.Personnenet’atouchéeendeuxans,Rylee.Turéagisautomatiquementavecplusd’intensité.

Nous restons assises en silence tandis que je digère la vérité de ce qu’elle dit. Je saisqu’elle a raison, et j’espère continuer à y croire le moment venu. Haddie se met à rirebrusquement, interrompant ma méditation silencieuse. Elle relâche son étreinte et je mepencheenarrièrepourlaregarder,perplexe.Qu’ya-t-ildesidrôle,bonsang?

–Quoi?Quandellemeregarde,unéclatcoquinbrilledanssesyeux.–Ildoitêtresuperaulit.Ellemedécocheunsouriresalace.– Je parie qu’il baise comme il pilote – un poil téméraire, repoussant les limites et

concentréjusqu’auderniertour.Elle hausse un sourcil avec un sourire insolent. Je me mords la lèvre inférieure en

imaginant Colton penché surmoi,me pénétrant profondément. Je repense au contact deses lèvres sur les miennes, à ses muscles fermes sous ses vêtements, épousant monmouvement,etàsavoixrauquemedisantqu’ilmedésire.Lecœurdemonintimitédevientmoitequandjepenseàlui,etjerepoussecespensées.JeregardeHaddieetjel’observeentrain dem’observer, les sourcils haussés comme si elleme demandait si je pense que sonjugementestpertinent.

Tuparlesqueoui!Etmêmeplusqueça.J’essaiededétournerlaconversation.– Depuis quand tu t’intéresses à la course automobile ? Comment sais-tu lamanière

dontilpilote?–C’estBrodyquiregarde.JeprêteattentionquandilsmentionnentlenomdeColton.

Çavautvraimentlecoupderegarderquandilsfontdesgrosplanssursonvisage.Brodyestsonfrère.Ellemefaitunsouriredémoniaque.–Cethommesaitembrasser,çac’estsûr.Ilembrassevraimentbien.Jesouriscommeunedébileenhochantlatête.– Arrête de te prendre la tête, Rylee… vas-y, fonce ! Oublie la prudence. Lâche tes

chevaux.T’as vraiment enviede te retrouverdans vingt ansmenantune vieparfaitement

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ordonnéeoùchaquechoseestàsaplace,maissansavoirjamaisvraimentvécu?Sansêtrejamaisvraimentsortiedesrails?

–Ehbienj’aimeassezl’idéed’unevieordonnée.–Biensûr.C’estbiendetoidet’arrêteràça!Maispenseauxhistoiresquetupourrais

raconteràtespetits-enfantsunjour–àproposdel’aventuresordidequetuaseueavecleplay-boysexyquipilotaitdesvoituresdecourse.

Jeboisunegorgéedevinenréfléchissantàsespropos.–Jesaiscequetuveuxdire,Haddie,jetejure,maislesexesansl’engagement,sansla

relation…commenttufaisça?–Ehbien,tucolleslevoletAdanslafenteB.–C’étaitunequestionpurementrhétorique,espècedegarce!Jeluilanceuncoussinàlafigureenriant.–Ahquandmême!J’aicruuninstantqueçafaisaitsilongtempsquej’allaisdevoirte

donneruncoursd’éducationsexuelle.Elle prend une autre bouteille de vin sur la table et la débouche pour remplir nos

verres.Elleserassiedsurlecanapéetjevoisqu’ellechoisitsesmotsavecprécautionavantdepoursuivre.

–C’estpeut-êtremieuxcommeça?Devantmonairinterrogateur,elles’explique.–Peut-êtrequepourtonpremiermecdepuisMax,c’estmieuxqu’ilnesoitpasportésur

les relations stables. Tu va sûrement avoir des ratés – après tout ce que tu as traversé –alorsc’estpeut-êtremieuxd’envoyerbaladerlesprécautionsetdelaissers’exprimerlaputequiestentoipendantunpetitmoment.Prendstoutcequiseprésente,leplaisiretlesexejubilatoire.

Ellesoulèvelessourcilsetjeglousse,l’excèsdevinfaitlentementsoneffetetcalmemesnerfsàvif.

–Laputequiestenmoi?L’idéemeplaît,maisjecrainsqu’ellenesesoitperdue.– T’inquiète, on va la retrouver,ma petite. Elle est probablement cachée derrière les

toilesd’araignéequiencombrenttonentrejambe.Nouspartonsd’unrirequinetardepasàsetransformerenunfourire incontrôlable.

Mes émotions, à cran après la semaine que je viens de passer, accueillent cette libérationavecgratitude.Jeristellementquedeslarmesperlentaucoindemesyeux.Justequandjepensequejevaismecalmer,Haddiesecouelatête.

–Tudoisbienreconnaître,Ry,quecethommeestsacrémentsexy!Jerecommenceàrire.–Chaudbouillant,jeconfirme!Putain,jemeursd’impatiencedelevoirnu!Les mots m’ont échappé avant que mon cerveau embrumé n’ait eu le temps de les

filtrer.Haddie s’arrêtenet,un sourireentendu flottant sur ses lèvres.Ellepointeundoigt

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accusateurversmonvisage.–Jelesavais!Jesavaisquetuavaisenviedecoucheraveclui!–Ouais,etalors?Nousnousécroulonsenriantdeplusbelle.–Demain,au cocktail, tuvasprendreuneautre cuiteetquand tu seras fin soûle,on

composerasonnumérodetéléphoneetonluiproposeraunplancul.–Oh,monDieu,non!Dansquellegalèresuis-jealléemefourrer?

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10

La lumière qui inondema chambre est bien trop forte. J’ai unmarteau-piqueur dans la

tête.J’attrapemonoreillerengrognantet jeme lecollesur lesyeux.Toutenmaudissantlesnombreuxverresdevinque j’aibusavecHaddiehiersoir, jesourisenrepensantànoslarmesetnosfousrires.

EtColton.SexyetdélicieuxColton.Mmm, je soupire en repensant à hier, et à lui. Il va devoir faire quelque chose pour

s’occuperdecedésirqu’ilaalluméenmoi.Jepressemescuisses l’unecontre l’autrepourl’éteindre,envain.

Rien à faire, je ne peux pas me le sortir de la tête, inutile donc d’essayer de merendormir.Jetendslebrassansouvrirlesyeuxetjechercheàtâtonsmontéléphonesurmatabledenuitenrenversantunebouteilled’eau,heureusementvide.Elletombeavecfracassurleplancher.Lebruitmefaitgrimacer.Jesoulèveuncoindel’oreillerpourjeteruncoupd’œilàl’écrandemontéléphoneetregarderl’heure.Jesoulèveunpeuplusl’oreillerquandje vois que j’ai un tas d’appels manqués et de textos reçus hier soir. En les parcourantrapidement, je remarque que les textos d’Haddie deviennent de plus en plus angoissés àmesurequeletempspasse.IlyenaplusieursdeDaneet,enpassantsurl’écransuivant,ladernière alerte me montre qu’il y a un message venant d’un numéro inconnu. Il a étéenvoyé après mon retour à la maison hier soir, pendant ma discussion avec Haddie. Jel’ouvreetunsourireéclairemonvisage.LetextovientdeColton:

Ryles,mercipourcepique-niquesurprise.Puisquevoussemblezplusàl’aisepourmedire vos pensées au travers de lamusique, je vais faire lamême chose. LukeBryan,«IDon’tWantThisNighttoEnd».Vousenfaitescequevousvoulez.Ace

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Jesourisenconstatantqu’ilaentendulesparolesde lachansonque j’aichantéehierdans la voiture. Je ne connais pas celle dont il parle, alors je me précipite, oubliant magueuledebois,pourattrapermonMacBookProsurmacommodeetjeretournedansmonlitenattendantimpatiemmentqu’ilcharge.JevaisimmédiatementregardersurGoogleetjesuisétonnéededécouvrirquec’estdelacountry.Coltonnem’apassembléêtredugenreàécouterdelacountry,j’auraisplutôtpenséàduhardrock,ouuntrucavecunerythmiqueplusagressive.Jecliquesurlelienetenquelquessecondesjetrouvelachanson.

Jemerallongesurmonlit,lesyeuxfermés,etj’écoutelesparoles.Unsourirepassesurmeslèvrestandisquelachansonsedéversesurmoi.MapremièreintrusiondanslatêtedeColton–biensûrilmeditclairementqu’ilmeveut,maislesensglobaldesparolesestqu’ilaappréciéletempspasséavecmoihiersoir.Qu’ilauraitvouluquelasoiréenefinissepas.Cela fait du bien àmon ego et j’ai un petit flottement dans l’estomac à l’idée queColtonvoudraits’enivrerdemesbaisers.

Ne te réjouispas tropvite. Jememets engardemoi-même.C’est lemêmehommequim’a prévenue contre lui. Qui me dit que je dois prendre des renseignements sur mesrencardspoursavoirquiestdangereuxetquivamefairesouffrirquandjem’yattendrailemoins.

Jemeredresseetj’attrapemonordi.Jerepasseaussitôtlachansonetj’ouvreuneautrefenêtre pour chercher « Colton Donavan » sur Google. La recherche me proposeimmédiatementunmaximumdeliens:dessitesdecourseautomobile,deschaînesdetéléspécialisées,dessitesdefansetainsidesuite.

Jeréduislarechercheentapant«ColtonDonavanEntreprise».Jecliquesurlesitedelasociété.Lapaged’accueilafficheunephotodecequejesupposeêtrelavoituredecoursedeColton à côté d’une autre de leurs bureaux. Je clique sur lemenu et je vois défiler laprofessiondefoidelasociété,sonhistorique,sesproduits,sesmediaetdesrenseignementssurl’écuriedecourse.Toutçaesttrèsimpressionnant,maisjecliquesurl’onglet«pilotes»etlevisagedeColtonvientoccupertoutl’écran.C’estunclichéengrosplandeluidanssacombinaisondepilote.Ilregardequelquechosehorschamp,uneexpressionintriguéedanssesyeuxverts.Ilaundemi-sourire,commes’ilserappelaitunmomentagréable,quicreuselafossettedanssajouedroite.Sescheveuxontbesoind’unecoupeetbouclentsurlecoldesacombi.

J’avalemasalive.Bonsang,cemecestlesexepersonnifié.J’enregistre la photo dans ma liste de favoris pour faire bonne mesure avant de

m’obligeràchangerdepageetd’allersurGoogleImages.Jetapesonnomavechésitation,j’ai un peu peur de ce que je vais trouver. La nouvelle page s’ouvre et des dizaines dephotosdeluiapparaissentsurl’écran.Lamajeurepartied’entreelleslemontrentavecunefemmesublimependueàsonbras,ouquileregardeavecunaird’adorationévident.Jesaisquejen’aiaucuneraisond’êtrejalouse–cesphotossontanciennes–,maisjefaisroulermes

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épaulesenarrièrepourcalmermanervosité.Jesaisque jedevrais fermer lapage,mais jefais tout le contraire et je clique sur chaque photo. Je scrute. Je compare. Aucune deslégendes quimentionnent ces femmes ne parle de petite amie, juste des rencards ou desconnaissances.

Je remarque que la plupart de ses compagnes sont des grandes blondes aux jambesinterminables,mincescommedesfils,avecaumoinsuneoudeuxretouchescosmétiques.Ettoutes sont hyper canon. À mon grand dam, je trouve qu’elles ressemblent beaucoup àHaddie, sauf qu’elle n’est pas refaite, elle. Ironiquement, leurs cheveux pâles à côté de sestraitssombreslefontparaîtreencoreplusdistantetpluscrispé,d’unecertainefaçon.

Jevoisquechacunedecesfillessemblen’êtrepasséedanssaviequepourunecourtepériode, sauf une. Je me demande pourquoi. Est-ce une « escorte » ? Celle qu’il prendquandlesautresblondesinterchangeablesn’ontpasdonnésatisfactionetqu’ilabesoind’êtreaccompagné?Oubienest-ellecelleverslaquelleilrevienttoujoursparcequ’ilyavraimentquelquechoseentreeux?Aprèsavoircliquésurplusieursphotosoùonlesvoitensemble,jefinispartrouverunelégendequimentionnesonnom.TawnyTaylor.Cellequil’aappelésurson portable hier. Qu’est-elle pour Colton ? Je sais que je suis capable de ressasser cettequestion pendant des heures, alors je m’oblige à la mettre de côté pour y repenser plustard,mêmesij’aibienpeurdeconnaîtrelaréponse.

Jeneressembleàaucunedeces femmes.Jesuisgrande,mais je suis loind’êtreaussimenuequ’elles.Jesuismince,maisj’aidesrondeurslàoùilfaut,pascommecesplanchesàpain.Jesuisfièredemonphysiqueathlétique–jemedonnedumalpourlegarder–alorsqu’ellesont l’airden’avoirpasmêmebesoind’ypenser. J’aides cheveuxépaisetbouclés,d’une chaude nuance châtain, qui m’arrivent au milieu du dos. Ils sont indisciplinés etimpossibles à coiffer, mais ça ne me dérange pas. Je continue les comparaisons jusqu’aumomentoù jemedisqu’il fautque jequittecettepageavantdedéprimer.Quemahainepourellesn’arienàvoiravecellesenparticulier.

Je retourne sur Google et je tape « Colton Donavan enfance ». Les premières pagesdonnentlesadressesd’associationspourl’enfancedanslesquellesilestimpliqué.Jeregarderapidement les liens, à la recherche d’un titre en rapport avec son enfance. Je finis partomber sur un article qui date de cinq ans. C’est une interview au sujet d’une œuvre decharitéàlaquelleilaapportésonsoutienetquipromouvaitdenouvellesdispositionspouraccélérerlesformalitésd’adoption.

Q:Ilestdenotoriétépubliquequevousavezétéadoptévous-même,Colton.Quelâgeaviez-vous?

CD:Huitans.Q:Commentcelas’est-ilpassépourvous?Qu’est-cequecesnouvellesdispositionsquevotre

fondationsoutientauraientchangépourvous?

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CD:J’aieudelachance.Monpèrem’alittéralementtrouvédevantsaporteet ilm’afaitentrer, si je puis dire. J’ai été adopté peude temps après. Je n’ai pas eu à subir les formalitésinterminablesquisontlanormeaujourd’hui.Unprocessusquiobligecesenfants,quimanquentdésespérémentd’un foyer etde lanotionmêmed’apparteniràune famille, àattendrependantdesmoispoursavoirsileurdemandevaaboutir.Lesystèmedoitcesserdeconsidérercesenfantscomme des cas, comme des dossiers sur lesquels il faut apposer un tampon après des mois detracasserie administrative, et commencer à voir en eux des enfants fragiles qui ont besoin defairepartied’unestructure.D’unefamille.

Q:Quelleétaitvotresituation,avantd’êtreadopté?CD:Sionparlaitmoinsdemoietplusdel’adoptiondecesnouvellesmesures?

Est-cequ’ilsouhaitenepasdétournerl’attentiondel’œuvredecharitéoubienc’étaitsi

terrible qu’il préfère ne pas en parler ? Je parcours le reste de l’article,mais il n’y a riend’autre sur son enfance. Donc, il avait huit ans. C’est assez long pour être sérieusementabîmé,conditionnécommeildit,parcequ’ilavécu.

Je fixe l’écranunmoment enpensant àun tas de choses, enparticulier à l’évolutiondesenfantsdontjemesuisoccupée,etjefrémis.

Je décide de me renseigner sur ses parents, Andy et Dorothea Westin. Les pagesfourmillent dedétails sur les filmsd’Andy, ses nominations et récompenses auxOscars, etceuxquiontfaitbeaucoupd’entrées,entreautres.Saviedefamilleestmentionnéeicietlà.IlarencontréDorotheaalorsqu’elleavaitunpetitrôledansundesesfilms.Àcetteépoque,elles’appelaitDorotheaDonavan.Uneautrepiècedupuzzlesemetalorsenplace.Jemedemandepourquoiilaprislenomdesamèreetpasceluidesonpère.Enpoursuivantmalecture, j’en découvre davantage sur le monde du nabab hollywoodien de base, leurshistoiresdontlestabloïdssontfriands,etleursincontournablesséjoursendésintoxpourtantnonmentionnés ici, sur lesite. Ilyaquelquesréférencesàsesenfants,un filsetune fille,maisrienquimedonnelesréponsesquejecherche.

Je retourne à la page d’accueil et je parcours les différents liens qui mentionnent lenomdeColton.Ilyadestrucsàproposd’unebagarredansunclub,d’altercationsavecdesacteurs de la nouvelle génération de sales gosses, de donations généreuses, et descommentaires dithyrambiques d’autres pilotes de F1 sur ses talents et le charisme qu’ilapporteàcesportquiavaitpâtidelascissionentreCARTetIRLilyadesannées.

Jepousseunprofondsoupir, j’ai la tête farcied’unemassed’informations inutiles.Auboutd’uneheurederecherche,jen’ensaispasbeaucoupplussurColton.Jenevoisrienquijustifielesmisesengardequ’ilnecessedemeprodiguer.Incapablederésister, jeretournesurlapagedeCDEetjecliquesursaphoto.Jelaregardeavecattention,étudiantchaqueangleetchaquenuancedesonvisage.Jelèvelesyeuxdemonordietlatristessepèsesurmon cœur quandmon regard tombe sur la photo deMax surma commode. Son sourire

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franc et ses yeux bleus irradient dans le cadre. Je soupire en pressant unemain sur mapoitrine,oùladouleurdemeureintacte.

–Oh,Max. Tumemanqueras toujours. Je t’aimerai toujours.Mais le temps est venuquej’essaiedemeretrouver.

Jeregardesaphotofixement,jemesouviensdujouroùelleaétéprise,del’amourquej’éprouvaisàcemoment-là.Plusieursminutess‘écoulentavantquejeretourneàmonécrand’ordinateur.

Jefermelesyeuxetjerespireprofondément,renforçantmadétermination,tandisquelachansonsurmonordi,lachansondeColton,serépètepourlaénièmefois.Lemomentestvenu.Haddie apeut-être raison. Il n’est pas impossible queColton soit lapersonne idéalepourm’aideràmeretrouver.Çadureracequeçadurera.

Je regarde mon téléphone, réprimant l’envie impérieuse de répondre à son SMS.D’entrer en contact avec lui. Si je dois faire ça, autant m’assurer que ce sera selon mesproprestermes,pourdeuxoutroischosesdumoins.

Etluicouriraprèsnevacertainementpasmepermettred’yparvenir.

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11

J’aidumalàmereconnaîtredanslafillequimeregardedanslemiroir.Unefoisdeplus,

Haddie s’est surpassée pourme préparer à aller la soirée de lancement organisée par lasociétéderelationspubliquespourlaquelleelletravaille.Elleapasséprèsd’uneheureàmefaireunbrushing, si bienquemaintenantmes cheveux tombentdansmondos commeunépais rideau raide. Je n’arrive pas à détacher mon regard de mon reflet, essayant dem’habituer à cette nouvelle personne. L’ombre surmes paupières leur donne une nuanceopalescentequi rappelle le violetdemes iris. Le traitde crayonet le glossqui soulignentmeslèvresfontressortirladiscrètetouchedeblushsurmespommettes.

Ellem’aconvaincuedeporterunepetiterobenoirequimontreplusdepeauquejenevoudrais. Le haut de la robe forme un V profond, découvrant juste ce qu’il faut demondécolletégénéreux,misenvaleurparmonpushup.Lesbretellesrejoignentdefineschaînesdoréesquipendentsurmondosnuetvonts’attachersurmesreins.Jetiresurl’ourletquim’arriveàmi-cuisse,unelongueuràlaquellejenesuispasvraimenthabituée.

Jeme regarde de nouveau dans la glace. Ce n’est pasmoi, cette fille. Je pousse unsoupirhésitantenajoutantdesbouclesd’oreillespendantespourcompléterlelook.Cen’estpeut-être pasmoi,mais c’est la fille sûre d’elle-même que je veux redevenir. La nouvellemoi,quivasortircesoir,quivasedétendreets’amuser.Lafillequiadécidédepasserunesoiréederigoladeetderegagnerunpeudeconfianceenelle,avantd’affrontertoutcequereprésenteColtonetl’ambiguïtédesapoursuiteponctuéedemisesengarde.

–Putain!Haddiepousseunsifflementenentrantdansmasalledebains.–Maistueshypersexy!Jeveuxdire…Jesuissoufflée,là.Jenecroispast’avoirdéjà

vueaussisexy,Ry.Soncomplimentmetireunlargesourire.–Ilsvonttousfairelaqueuepourtoi,cesoir,mapuce.BonDieu,çavaêtremarrantde

voirça.

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Jerisdesaréactionquiboostemonego.–Merci.Tun’espasmalnonplus.Elle porte une robe rouge pétard qui révèle lemeilleur de ses attributs. J’enfilemes

hautstalonsengrimaçantetjesourisquandjerepenseàladernièrefoisoùjelesaiportés.–Jesuisprêtedansuneseconde.J’attrapemapochetteetj’yfourremonpermis,delamonnaieetmesclés.Enprenant

mon téléphone je me rends compte que j’ai oublié de demander à Haddie de quoi elleparlaitdanssonmessagequej’aiécoutétoutàl’heure.

–Had?J’aioubliédetedemandercequ’ilyavaitdesiexcitantàproposdelasoirée.Quellevedettesexyvousavezréussiàfairevenir?

Ellesouritdefaçonénigmatique.–Oh,c’esttombéàl’eau,finalement.Malgrésontondétaché,j’ailanetteimpressionqu’ellemebaratine.Jepenchelatête,

maisellesedétourne.–Allons-y!

***

L’entréedececlubàlamode,encentre-ville,estunspectacleensoi.Lesfaisceauxdesprojecteurs qui s’entrecroisent, les cordesde velours et le tapis rougequi n’attendque lespeople,eten toilede fondune immensepublicitépour lerhumMerit, lenouveauproduitlancécesoir.

Nous nous garons sur un des emplacements réservés pour Haddie et les autresemployés de PRXdans le parkingde l’hôtel haut de gammequi possède le clubmitoyen.Haddiemontresonaccréditation,cequinouspermetdepasserdevanttoutlemondeetenunclind’œilnoussommesà l’intérieurduclubbondé.Lerythmelancinantde lamusiquemetransmetsesvibrationsdanstoutlecorps.

Ilyadesannéesquejenesuispasalléedansunclubcommecelui-ci,etilmefautunmoment pourm’habituer à la pénombre et à lamusique forte et pour ne plusme sentirintimidée. Je pense qu’Haddie s’aperçoit que je suis à cran et que ma confiance en moidiminue à vue d’œil malgré mon look sexy. Elle me pousse dans la foule jusqu’au bar.Ignorant les nombreuses bouteilles de Merit alignées sur le comptoir rutilant, ellecommandepourchacunedeuxshotsdetequila.

–Unpourlachance!Ellemesourit.–Etunpourlecourage!Je termine la phrase rituelle par laquellenousportionsdes toasts quandnous étions

étudiantes. Nous trinquons avant de vider nos verres cul sec. L’alcoolme brûle la gorge.

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Celafaituntempsfouquejen’aipasbuunshotdetequila.Jefaislagrimaceenportantlamainàmabouchepourtenterd’enapaiserlabrûlure.

–Allez,Ryles,crieHaddiequel’alcoolneperturbepaslemoinsdumonde.Ilnousenresteunàboire!

Jelèvemonverre,unsourireintrépidesurleslèvres, jetrinqueavecelleetculsecdenouveau.Labrûluredusecondshotn’estpasaussiviveetlachaleurduliquideserépanddansoncorps,maissongoûtesttoujoursaussidégueu.

Haddiemelanceunregardentenduetcommenceàrigoler.–Onvas’éclatercesoir!Ellepasseunbrasautourdemoietmeserre.–Enfinjeretrouvemavieillecomplice,aprèstoutcetemps!Jeluisourisenm’imprégnantdel’ambianceduclub.Lapiècespacieuseestentouréede

boxesrecouvertsdevelourspourpre.Unbarrutilantoccupetoutunmuretungrandmiroirplacé derrière crée l’illusion que l’espace est encore plus grand. Aumilieu se trouve uneimmensepistededanse,etdesprojecteursmobilesproduisentunemyriadeétourdissantedecouleurs.UnescaliermèneàunezoneVIPsituéeenhauteuroùdesboxesbleussontdiviséspar des poteaux recouverts de velours. Dans une section de la zone VIP, une cloison deplexiglasspermetàtousdevoir leDJquibalancelamusiquerésonnantdanstout leclub.Des serveuses auphysiquedemannequins, vêtuesdeminishorts et dedébardeurs ajustés,avecdesfleurspourpresdanslescheveux,virevoltententrelesboxes.C’estunclubhuppéavecunepointedesophistication,malgrélespubspourlerhumMeritquidécorentlapièce.

Ilestprèsdeonzeheures,maislafoulenediminuepasetjesenslapulsationd’énergiequienémane.Dans lazoneVIP,ungroupedepersonnesestrassemblédansuncoinet jemedemandequellecélébritéenvoguel’équiped’Haddiearéussiàfairevenirpourassurerlapromode leurdernierproduit. Je l’aiaccompagnéeà suffisammentd’événementsdecegenrepourconnaîtrel’exercice.Despeopletrèsenvues’affichantavecleproduitsontaussirentables qu’une campagne de presse, non seulement pour le produitmais aussi pour laboîted’Haddie.

Jeprendsleverrequ’Haddiemetend,unTomCollinscommed’habitude,etjeboisàlapaille toutenmontrantdudoigt la zone surélevée. Je lèvedesyeux interrogateursplutôtqued’essayerde couvrirde la voix lamusiquedont le volumeaugmenteàmesureque leclub se remplit. Si cela continue comme ça, dans moins d’une demi-heure les décibelsrendronttoutecommunicationverbaleimpossible.

Ellesepencheversmoipourmeparleràl’oreille.–Jenesaispas.Plusieurspersonnesontconfirméleurvenue.Ellehausselesépaules.–Onpourraitaussiavoirdessurprises.

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Jelaregardeenplissantlesyeux,medemandantpourquoiellerestesiévasive.Ellesecontentedeme sourire etme tire par lamain.Nousnaviguons à travers la foule, serréesl’une contre l’autre. Sous l’effet de l’alcool, je commence à me réchauffer, ma tension serelâche et ma nervosité diminue. Pour la première fois depuis le plus loin que je mesouvienne,jemesenssexy.Jemesensbelleetsensuelleetàl’aiseaveccessensations.

Jeserre lamaind’Haddiequisefraieuncheminjusqu’àunboxvioletréservéaustaffdePRX.Elletournelatêteetmesouritsincèrementens’apercevantquejecommenceàmedétendre.Quandnousparvenonsenfinaubox,nousy trouvonsdeuxde ses collègues. Jeleur sourisen lançantunbref salut, je lesaidéjà rencontrésdansdes soirées. Je remercieceluiquimecomplimente surmon look.Aumomentoùnousnousasseyons,uneclameurnousparvientdepuisl’autrecôtédelapièceoùlegroupeétaitrassembléaupremierétage.Je lève les yeux pour savoir ce qui se passe et je ne vois qu’un groupe de femmes trèsdéshabillées qui font tout leur possible pour se faire remarquer de la vedette invitée parPRX.

Jelèvelesyeuxauciel,dégoûtée.–Unebandedeputesattiréesparlanotoriété.J’aiparléàvoixbasseàHaddiequiéclatederire.Je finis mon cocktail tandis que le rythme entraînant d’une chanson des Black Eyed

Peas emplit le club. Je commence à bouger les hanches sur le tempo et, sans réfléchir, jesaisis lamaind’Haddie et l’entraîneà travers la foule jusqu’audancefloor.Sonair surprismefaitrireetjefermelesyeuxenmelaissantemporterparlamusique.Nouschantonslesparolesensemble«Igottafeeling,thattonight’sgonnabeagoodnight»ennouslaissantallersurlapistededanse.

Il y a si longtemps que je ne me suis pas sentie aussi libre que je voudrais que cemoment dure toujours. Je veux le graver dansmamémoire pour que ce sentiment puissem’aideràmeraccrocheràlalumièrelaprochainefoisquejebroieraidunoir.

Haddie et moi bougeons sur la musique, au fil de plusieurs chansons, et à chacuned’entre elles je gagne en assurance et en fluidité sur la piste. Certains de ses collègues,Grant, Tamara et Jacob, viennent nous rejoindre au moment où « Too Close », une deschansonsque jepréfère,même si elle est vieille, démarre. JedanseavecGrant en flirtantsansmalice, tout enmimant la chanson avec lui.Nous rions en nous frottant l’un contrel’autresansarrière-pensée.

Je lève lesbras au-dessusdema tête, en croisant lespoignets, et jemedéhancheenrythme, désinhibée par l’alcool qui se diffuse dansmon corps. Je ferme les yeux et jemelaissepénétrerparl’atmosphèrequim’entoure.Unesensationdepicotementslelongdemacolonnevertébralemefaitouvrirlesyeuxbrusquement.

Je lève lesyeuxet,malgré lemouvement synchroniséde lamassededanseurs sur lapiste,jem’arrête,figéesurplace.Colton.Ilestdeboutsurundesescaliersquidescenddela

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zoneVIP. Il tientunverredansunemainet sonautrebrasestposénégligemmentsur lesépaulesd’uneblonde sculpturale.Elleestappuyéecontre lui etpassedoucement lamaindanslehautdesachemisedéboutonnée.Sonvisageesttournéversluiet,mêmeàdistance,jepeuxvoiravecquelleadorationelleleregarde.Luil’ignoreetritavecunhommevulgairedeboutàsagauche.Unautrehomme,àlacarrureimposante,setientderrièrelui,scrutantlafouledesyeux.Saprotectionrapprochée,peut-être?

Colton adresse à son acolyte un sourire naturel et sans retenue qui me permetd’apprécier enpassant sabeautéabsolumentdévastatrice. Lablondeditquelque choseetColton reporte son attention sur elle. Elle déplace lamain de sa poitrine vers sa joue etrelèvelatêtepourallerposersurseslèvresunlongbaiserséducteuretpossessif.

Mon estomac se serre etma vision se brouille tellement que je ne vois pas si Coltonl’encourage en lui rendant son baiser ou s’il le tolère simplement. Soudain, j’ai la bouchesèche et je suis paralysée en le voyant avec elle. Comme engourdie. Nous ne sortons pasensembleetmesrefussuccessifsconfirmentquejenetienspasàcequ’ilensoitautrement.Etbienquejesoisprofondémentblesséeencemoment,mêmesicen’estenrienjustifié,toutcequejedésire,c’estquecesoitmoiqu’iltiennecontrelui.Moiqu’ilembrasse.Pendantquecespenséess’agitentdansmatête,madouleurse transformeencolère.Commentai-jepuêtre assez stupidepour croirequ’un type comme lui pouvait réellement vouloird’une fillecommemoi,quandilpouvaitl’avoir,elle?

Ducoindel’œil,jeremarquequ’Haddieavulamêmechosequemoi.Aumomentoùjevaistourner latêtepourluiparler,Coltonécartesonvisagedeceluidesa joliecompagneet,enlevantlesyeux,croisemonregard.Moncœurs’arrêtedebattreetvientselogerdansmagorge.Malgréladistancequinoussépare,jelisdelasurprisedanssesyeux.

Undanseurmebouscule,mais jenedétournepas lesyeux. Jeme rendsbiencompteque je devrais quitter la piste avant que mes émotions ne prennent le dessus et que leslarmes quimemontent aux yeux ne commencent à couler,mais je suis clouée sur place,incapabledemesoustraireàl’attiranceextraordinairequ’ilexercesurmoi.Immédiatement,illâchel’épauledelablondeetlarepoussesansménagement.Sansunregard,iltendsonverreàsoncompagnonetdescendl’escalieràgrandesenjambées.Sesyeuxvertémeraudebrûlentlesmienssansjamaisromprenotreconnexion.

Quandilarrivesur ledancefloor, lamusique laisse laplaceàunepulsationprofondequienveloppelavoixhypnotiquedeTrentReznor.Sansunmotniunregard,lafouledesdanseurssembles’écarterpourle laissers’avancerversmoisur lapiste.Sonexpressionestinsondable,unmuscletressaillesursamâchoire,l’ombredesprojecteursjouesursonvisageanguleux. Ilparcourt ladistance rapidement.Ungrandnombredepersonnes tournent latête sur son passage en le reconnaissant, mais l’intensité de son regard les maintient àdistance.Malgré le volume de la musique, je sens qu’Haddie retient son souffle quand ilarriveàmahauteur.

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Toutesleschosesquej’aienviedehurler,toutelarancœurquejevoudraisluijeterauvisage,touts’évanouitquandilvientversmoietmesaisitpar leshanchessanspréambulepourmeplaquerde force contre lui. Ilme tient ferme, pressée contre lui, et son corps semet enmouvement, ses hanches se frottant contre lesmiennes en suivant le tempode lachanson.Jen’aipasd’autrechoixqued’accordermonmouvementausienetderépondreau rythme animal de son corps. Je glisse les mains sur les siennes, sur mes hanches, etj’entremêlemesdoigtsaveclessienspourm’accrocheràlui.

M’accrocherpourlacoursequinevapasmanquerdesuivre.Nosregardrivésl’unàl’autre,jepenchelatêteenarrièrepourmieuxlevoir.Seslèvres

s’entrouvrent légèrement et j’entends sa respiration s’accélérer quand mes hanchesrépondentauxsiennes.Sesyeuxs’assombrissent,brûlantsdedésiretd’unbesoinprédateur.Lapointedemesseinsdurcitet toutmoncorpsn’estplusqu’uneboulededésirenfusiondansl’anticipationdesescaresses.Decemoment,annoncéaveccertitude,oùilmepossèdera.

Jememords la lèvre inférieurequand il déplacenosmains enlacéesdemeshanchesderrièremondos,pétrissant lebasdemondosà traversmarobe,metenantcommeavecdesmenottes.Nous continuonsnotremouvement synchroniséen suivant lamusique, et jesenssescuissesfermesetbiendessinéessepressercontrelesmiennes.

Sonérectionsefrottesur lebasdemonventre. Ilbaisse latêteetnosvisagesnesontplus qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. Je sens l’alcool dans son haleine quand ilsoupire.

C’est de loin l’un desmoments les plus sensuels et érotiques dema vie. Le reste dumondeadisparu.Leseffetsenivrantsqu’ilproduitsurmoncorpséliminentlafoulequinousentoure, lesdanseursqui regardent tousdansnotredirection,quimeremarquentgrâceàl’homme qui est avec moi. Il n’y a plus que lui et moi. Bougeant. Réagissant. S’excitant.Anticipant.

Lachansonsetermine,maisnousrestonsenvoûtés,souslecharmel’undel’autre.J’ail’impressionderecommenceràrespirerpourlapremièrefoisdepuisquenousnoussommestouchés, une longue respiration saccadée. Je n’entends même pas que la musique s’estarrêtéeetquelemaîtredecérémonieparledanslemicropourvanterlesméritesdeproduitvedette de la soirée. Et que,mis à part le petit groupe de personnes qui nous entourent,l’attentiondelafouleestmaintenantconcentréesurlascène.

Coltonetmoi restons surplace, immobiles,avec la sensationd’êtreàboutde souffle,bienquenospoitrinessesoulèvent,absorbésl’unparl’autreetparlesétincellesdetensionsexuellequis’allumententrenous.

–Colton,héColton!Une voix qui vient rompre notre connexion me sort brutalement de cet état second.

Coltontournelatêteets’aperçoitquec’estunemployédePRXquil’appelle.–C’estl’heure.Onabesoindevoussurlascène.Toutdesuite.

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Il fait un petit signe de tête avant de me regarder, les yeux brûlant d’un besoinimpérieuxquimefaitfrémird’excitation.Ildémêlesesdoigtsdesmiensetmelâchelamainen s’écartant légèrement de moi. Immédiatement, la chaleur de son corps disparaît maislaisselemienencorevibrantdesoncontact,souffrantdéjàdumanque.Ilm’adresseunlentsouriresuggestifetsecouelentementlatête.Àmonintention?Àsesproprespensées?Jen’aiaucunecertitude.

Iltendlamainetmetirelescheveux,haussantlessourcilscommepourmedemanderpourquoij’aichangédecoiffure.Jehausselesépaulestimidement,incapabledetrouverlesmots.Onl’appelleencoreunefois.Ilseretournepouryaller,maisj’ailetempsd’observerla transition sur son visage, du Colton Donavan que je connais au personnage public.Distantetinsaisissable.Sexyetindomptable.

Nousn’avonspasprononcéunseulmot,mais j’ai l’impressionquenousnoussommesdittantdechoses.

Jeregardeseslargesépaulestandisqu’ilsedirigeverslascèneentraversantlafoule.Son garde du corpsmarche à côté de lui en écartant la foule. Je regarde le spectacle ensouriantintérieurementparceque,moi,j’aivulevraiColton.Dumoins,j’espèrequec’estlecas.

Jen’ai pas le tempsde le voir arriver sur la scène fabriquéepour l’occasionquedéjàHaddiem’attrape par le bras etme fait sortir de la piste de danse. Tout tentative de luirésisterseraitinutilequandellemetraînedanslecouloir,devantlesfilesdepersonnesquiattendent pour aller aux lavabos, vers une petite alcôve près de la sortie. Elle pivote surelle-mêmepourmefaireface,l’airtotalementéberluée.

-Hé,tumefaismal!Je dégage mon bras brusquement, Je n’apprécie pas vraiment qu’elle m’empêche de

regarderColton.–C’étaitquoiça,bordel?Elledétache tous lesmots enun staccato. Jene saismêmepasquoi lui répondre. Je

suissansdouteencoresouslecharme.–BonDieu,Rylee !Vousétiezpratiquementen traindebaiseravec lesyeux.Jeveux

dire,j’étaishypermalàl’aiseenvousregardant.Unpeucommesijeregardaisparletroudelaserruredevotrechambre,ettumeconnais,jenesuisjamaismalàl’aise.

Elles’adossecontrelemuretlèvelatêteversleplafond,l’airtotalementincrédule.Jelaregardefixement.Jenesaispasquoiluidire,alorsellecontinueàdéblatérer.–Jesavaisquevousvousétiezpelotéstouslesdeux(ellecontinuemalgrélepetitrire

enfantin qui s’échappe de ma bouche), mais tu ne m’as jamais dit qu’il y avait… cetteétincelle…cettealchimie…cetteintensité…Seigneur!Jeveuxdire,j’espéraisquequandtuleverraiscommeça…

–Quoi?

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Sadernièrephraseremetmoncerveauenmarche.–Queveux-tudire,tuespérais?Ellesouritd’unairpenaud.–Ehbien…C’estquoicebordel?–Arrêtedelouvoyer,Montgomery!– Tu vois, je t’appelais hier soir pour te dire que nous avions réussi à l’avoir comme

invité…Meritestl’undesesnouveauxsponsors.Enfait, jet’appelaisparcequej’étaistropexcitée.Jemedisaisquenouspourrionspasserlasoiréeàbaverdevantlui–jen’avaispaslamoindreidéedecequis’étaitpasséentrevous.J’aieuDaneautéléphoneetc’estcommeçaquej’aidécouvertquetuétaissortieaveclui.

Sesmots sebousculentmaintenant. Je lui fais signedecontinuer, lesyeuxplissés, leslèvresretroussées.

–Etpuistuesrentrée,etdefilenaiguille…–Oui,quoi?Tuasdécidédenerienmedireparceque…–Ehbien…Aprèsque tum’as tout raconté, jenemerendaispascomptequevous…

votreconnexion…c’esttellementmagnétique.Tellementcaptivant.Jepensaisquepeut-êtresitulevoyaisici,jepourraist’aider…faireavancerleschoses.T’aideràt’éclaterunpeu.

Je pousse un profond soupir en la regardant fixement, sans rien dire. Je sais qu’ellecroitbienfaire,maisenmêmetempsjenesuisplusuneenfant,jen’aipasbesoinqu’onmetiennelamain.Jesuisfurieuse.Contreelle.ContreColtonquiestvenuiciaveccettebimbo,etquidéboulejusqu’àmoietprendpossessiondemoicommesijeluiappartenais.Furieuseparcequ’ilprovoquechezmoiundésirquiestcommeunfeuquimedévore.

Lesilences’installeentrenous.–Nem’enveuxpas,Ry.Jesuisdésolée.Jepensaisbienfaire.Ellesemordlalèvreenmefaisantunepetitemoue.Ellesaitquejenepeuxpasrester

encolèrecontreelletrèslongtemps.Jeluisourisdoucement,elleestpardonnée.Jemelaisseallercontrelemuretjefermelesyeuxenentendantlesacclamationsdela

fouleàquelquechosequeleMCadit.Laquestionquimetarauderevientàlasurface.–C’estquilafilleaveclui?Cetteblondefait-ellepartiedesaréservederencardsquisaventqu’iln’yaaucunespoirde

relationsérieuse?Unefillequ’iladraguéedansleclub?Pourquoil’embrasse-t-ilalorsqu’ilmeditquec’estmoiqu’ilveut?Est-cequecen’estpasparcequejenesuispasassez–pasassezjolie,pasassezsexy,pasassezglamour–qu’ilnem’apasdemandédeparaîtreàsonbrasenpublic?

–Qu’est-cequeçapeutfaire?Jeveuxdire,bonsang,Rylee,vousêtes…–Quic’est?

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– Je ne sais pas. Son staff a juste demandéde réserver pour dix.Aucunnomn’a étécité.

Jelâcheunebordéedejuronsquin’ontaucunsens,c’estjustequelquechosequejefaisquandjesuisencolère.Haddiemeregarded’unairinquiet.

–Parle-moi,Ryles.Qu’est-cequisepassedanscettepetitetête?–Tucroisquejememensàmoi-même?Ellemeregardesanscomprendre.–Jeveuxdire,tucroisquejemefaisdesidées?Surl’alchimie?Colton?–Tuesdingue?Ellem’attrapeparl’épauleetmesecoue.–J’aibiencruquevousalliezvousconsumerspontanémentlà-bas!Commentpeux-tu

endouter?Lescrisdelafoulerepartentdeplusbelleetrésonnentdanslehall.J’entendslavoix

rocailleuse de Colton dans lemicro. Cette voixme transporte. La foule applaudit encoreunefoisàquelquechosequ’iladitetj’attendsquelebruitdiminuepourpouvoircontinuer.

–Si je lui plais tant que ça, si cette alchimiedont tuparles existe entrenous…alorsqu’est-cequ’ilfaitaveccetteblonde?Pourquoiill’embrasse?Pourquoiilnem’apasinvitée,moi?Àmoinsque jene soisque la fillequ’il gardeen réservepourbaiser sansqueça sesache?

Ilyadelaperplexitéetdel’humiliationdansmavoix.Haddietordleslèvresenréfléchissant.–Jenepeuxpasterépondre,Rylee.Ilyatantdescénariospossibles.Jehausselessourcils,incrédule.–Ilsortaitpeut-êtredéjàavecelleavantdeterencontrer.Oualors, ilsepourraitque

cesoittoiqu’ilveutréellementetqu’ellenesoitqu’unepiècederechangejusqu’àcequetudisesoui.

–Non,maistul’asvue?– Et toi, tu t’es vue ? Regarde-toi dans une glace, Ry. Tu es déjà superbe en temps

normal,mais ce soir tu es incroyablement belle ! Je commence à en avoirmarre de te lerépéter.Quandest-cequetuvastedécideràlecroire?

Jelèvelesyeuxaucielcommeunegamine.Ellen’entientpascompte.– C’est peut-être un de sesarrangements ? Où une groupie qu’il a rencontrée ici ? À

moinsquecenesoituneamie.–C’estquandladernièrefoisquetuasembrasséunamicommeça?Ellesecontentedemeregarder,lesbrascroiséssurlapoitrine.–Qu’est-cequejesuiscenséefaire?–Jedirais,continueàfairecequetufais.Ilestclairquetuluiplais,toi,toncôtétêtuet

tagrandegueule.

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–Maisjefaisquoi?Comment?–Rylee,si tues furieusecontre lui,sois furieusecontre lui.Tunet’espasgênéepour

luidirecequetupensais,déjà,etilteveuttoujours.Lefaitquetuaiesdécidédecoucheravecluine…

–Commenttusaisquej’aidécidéça?–Oh,chérie,c’estécritentouteslettressurtonvisage,etsurtoncorpsenl’occurrence.

Deplus,quiconquevousavustoutàl’heurepensequec’estdéjàfait.Ellerigoleaveccompassionquandj’écarquillelesyeux.–Écoute,Ry, toutes les fillesprésentesdansceclubseprécipiteraients’il claquaitdes

doigts.Toutessauftoi,biensûr.C’estluiquitecourtaprès.Combiendefemmesluiontditnon,àtonavis?Combienl’ontlaisséenplan?Peut-êtrequ’ilaimeça.Etsic’estlecas,nechangeriensimplementparcequetuasdécidédepasseràl’acteaveclui.

Elleremuelessourcils.–Maisc’estjustementçaleproblème.Est-cequejereprésenteunchallengepourluiou

bienest-cequ’ilveutsincèrementdemoi?Sionlefait,ledéfiserarelevé,etalorsilenaurafiniavecmoi.

–Sérieusement,qu’est-cequ’onenaàfaire?Tugambergestrop,commetoujours,Ry.Oublietatêtepourunefois,netienspascomptedesesmisesengarde,aussiraisonnablessoient-elles,etfaiscequetoncorpstedicte.FaiscommeColton,bonsang!

Jepousseunpetitsoupirhaché,sensibleàsesarguments.–Soistoi-même,Rylee.C’estcequiluiplaîtdepuisledébut.Je hoche la tête plusieurs fois en la regardant. Un sourire timide se forme sur mon

visage.–Tuaspeut-êtreraison.–Alléluia!Enfin,tum’écoutes.Ellemeprendparlamainetentreprenddemetraînerauboutduhall.–Onvaterafraîchirunpeu,boostertoncourageavecencoreunpeudeliquide,etvoir

oùcettesoiréeetMonsieurSexyColtontemèneront.

***

Çafaitbienuneheurequ’Haddiem’aprodiguésesencouragements,etmonassurance,gonfléeparmonabsorptionrégulièred’alcool,estderetourenforce.Aprèsavoirdanséetbavardé avec ses collègues, nous restons assises dans le box violet pour souffler un peuavant de retourner sur le dancefloor. Je fais tout ce que je peux pour ne pas chercherColton des yeux. Pour ne pas penser qu’il est probablement en train de l’embrasser, elle,quelquepartdansuncoin.Maisjemesurprendsàregarderdeplusprèsdèsquejevoisungroupes’agglutinerquelquepart. Je remarqueaussiqu’Haddiem’observe,alors j’essaiede

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lefairediscrètement.Ellem’assurequ’ilestprobablementoccupéaveclespatronsdurhumMerit. Je lui sais gréde cette explicationetde ses effortspourm’aideràme sentirmieux,alorsjepenseàautrechose.Dumoinsj’essaie,avecl’aidedeTomCollins.

Les verres d’Haddie ont disparu beaucoup moins vite que les miens parce que,techniquement,elle«bosse»etveutgarderlatêtefroide.Moi,jesuisunpeupartie,maisjenesuispasivre.Jedétestelapertedecontrôlequ’entraîneunabusd’alcool.Ellesemoquedemoiquandjeluidemandepourlatroisièmefoisdem’expliquerleproblèmequ’elleaeuàrégleravecunestarprétentieuseendébutdesemaine.

–Rylee,mapuce,tues…– Pardon, Mesdames, verriez-vous un inconvénient à ce que nous nous joignions à

vous?Jemetourneetjevoisdeuxséduisantsmessieursderrièremoi.Haddiemeregardeenhaussantlessourcilsd’unairinterrogateur.Puiselleregardele

plusgranddesdeux,celuiquiaparlé.–Maisfaitesdonc,Messieurs.Unlargesouriresexys’affichesursonvisage.–Jem’appelleHaddie,etvoicimonamie,Rylee.Ellemedésignedelatêtetandisqu’ilsseglissentdansleboxavecnous.Legrandbrun

s’assiedàcôtéd’Haddieetl’autre,unblondaulookdesurfeur,s’assiedàcôtédemoidansleboxouvertdesdeuxcôtés.Ilboitunelonguegorgéeavecungentilsourirenerveux.

–SalutRylee,moic’estSam.Ilme tend lamain et je la serre en lui adressant un sourire timide. Je jette un coup

d’œilversHaddieet jevoisqu’elleestdéjàenpleineconversationavec lecopain,avecquielleflirteenrigolant.

–Je…heu…jevousauraisbienoffertunverre,maisjevoisquelevôtreestdéjàplein.–Merci.Jebaisselesyeuxetjelèvemonverrepourboireunegorgéetimideàlapaille.–Ilyaunmondefou,cesoir.–C’estsûr.J’ai dû crier pour couvrir le bruit. Je ne saisis pas ce qu’ilmedit ensuite à causedes

acclamationsquimontentduboxvoisin.Jeportelamainàmonoreillepourluisignifierqueje ne l’entends pas. Il se rapproche demoi en posant le bras derrièremes épaules sur ledossierdelabanquetteetsepencheenavant.

–Jedisaisquevousaviezl’airdevouséclater,jevousairemarquéeunpeuplustôtetjesuiscontentque…

–Cettedameestavecmoi.JerestebouchebéeenentendantlavoixmétalliquedeColton.Onyperçoitclairement

un ton de menace. Je tourne la tête brusquement et, quand mon regard croise celui

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d’Haddie, j’y vois un éclair de jubilation juste avant qu’elleme fasse des yeux rassurants.Mon cœur semet à battre la chamade,ma peau se couvre de chair de poule et tout çaparcequejeréagisauquartdetourdèsquesoncorpss’approchedumien.

Je me tourne lentement pour lui faire face, mais dans ce mouvement, mon dos sepresse contre la poitrine de Sam, son bras posé sur le dossier de la banquette frôlemonépaule.JelèvelesyeuxpourcroiserleregarddeColtonenessayantdenepastenircomptedel’accèsdedésirquivadroitàlajonctiondemescuisses.Sescheveuxsontenbataille,sesmanches de chemise remontées sur ses avant-bras, ce muscle si sexy tressaille sur samâchoire, et ses yeux étincellent d’agacement. J’ai bu juste ce qu’il faut d’alcool pourmesentird’humeuràleprovoquer,pourvoiràquelpointilestvraimenténervé.

–Moi?Jesuisavecvous?Le sarcasme est perceptible dansma voix. Je sens queSam se tenddansmondos et

s’agite avec nervosité, ignorant tout de la partie d’échecs dans lequel il n’est qu’un pion,tandisqueColtonmeregardeenplissantlesyeux.

–Vraiment?Pourtant,jepensaisquevousétiezavecelle…Jemepenchesurlecôtépourlachercherdesyeuxderrièrelui.Jehausselessourcils.–Voussavez,lablondedetoutàl’heure?–Çava,Rylee.SesyeuxsedéplacentversceuxdeSam.Lemessageestclair:«Baslespattes!»Ça faituneheureetdemiequ’il sebaladedans leclub, faisant jenesaisquoiavec la

blonde,etilcroitqu’ilpeutdéboulercommeçaetrevendiquerdesdroitssurmoi?C’estcequ’onvavoir.JetendslebrasderrièremoietposelamainsurlegenoudeSam,quejeserrelégèrement.

–NevousinquiétezpasSam,jenesuispasaveclui.Lesyeuxd’Haddies’arrondissentetungrognementsourdémanedeColton.Sams’agite

contremoi.JefaisdenouveaufaceàColton,avecunsourireprovocateur,enledéfiantduregard.

–Nemepoussezpas,Rylee.Jenesuispaspartageur.Ilserreetdesserrelespoings.–Vousêtesàmoi.Jefroncelessourcils,moninsolenceestàsoncomble.–Commentça,Ace?Jeremarquequ’ilalesyeuxfixéssurlamainquej’ailaisséesurlegenoudeSam.–Hiersoirvousétiezavecmoi,etcesoirvousêtesavecelle.Jehausselesépaulesd’unairdégagémaisaufonddemoi, jesuistoutsaufça–mon

cœurbatàserompreetmarespirations’accélère.–Moi,ilmesemblequec’estellequiestàvous.Jereprendssesparolesdefaçonpuérile.

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Coltonsepasseunemaindanslescheveuxetpousseunsoupirexaspéréenparcourantdu regard les autres personnes dans le box. Il est clair qu’il s’efforce de dominer safrustrationdedevoirtenircetteconversationdevantunauditoire.

–Rylee…Ilsoupireencoreunefois.–Vous…vous…Ilregardeautourdelui,danslafoule,puissesyeuxreviennentsurmoi.–Vousmemettezàl’épreuvesurtouslesplans.Vousmerepoussez.Ilgrogneenserendantcomptequ’ilaprononcécesparolesàvoixhaute.–Jenesaispluscequejedoispenser.Je le regarde de la tête aux pieds, la bouche pincée par la réflexion. Ce n’est pas

déplaisantdelefairemarcher,d’obligercethommesisûrdelui,sihabituéàavoirtoutcequ’ilveut,del’obligeràserendrecomptequetoutneluiestpasdû.

–Jenesaispasencoresijeveuxdevous.Haddieretientsarespirationenentendantmonimpertinence,etlesglaçonscliquettent

dansleverredeSamquandillevidenerveusement.–Iln’estpasinterditdechangerd’avis.Jeledéfieduregardenpenchantlatête.–Nouslesfemmes,noussommesconnuespourça.–Entreautreschoses.Ilboitenm’observantpar-dessusleborddesonverre.–Onpeutêtredeuxàjouercepetit jeu,Ryles,et ilmesemblequej’aibeaucoupplus

d’expériencequevousdanscedomaine.L’avertissementquejelisdanssesyeuxentamemadétermination.Jeretirelamaindu

genou de Sam et jeme rapproche du bord demon siège, sans le quitter des yeux. Nousrestonscommeçaunmoment.

–Vousvouslajouez,Ryles.Jejetteuncoupd’œilendirectiond’Haddie,sonvisageestimpénétrable,maissesyeux

medisentqu’ellen’enrevientpasdecequisepasse.Jeme lèvepouraffronterColton,enredressantlesépaulesetenlevantlementonavecdéfi.

–Etalors?Ilhochelatêteetavanced’unpas.–J’espèrequevousvousamusezbienparcequevousvousdonnezenspectacle,là.Ilposeundoigtsousmonmentonetlesoulèvepourquejeleregardedanslesyeux.–Jenejouepasàcespetitsjeux,Rylee.Etjenetolèrepasqu’onyjoueàmesdépens.Il parle à voix assez basse pour que je sois la seule à l’entendre. La tension sexuelle

irradieentrenous,alourdissantl’atmosphèrequinousentoure.

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Je prends une inspiration avec une lenteur calculée pour me donner le temps detrouver une réplique intelligente,mais sa proximité embrumemon esprit enmême tempsqu’elleaffolemessens.

–Ehbien,mercipourcettemiseaupoint.Jeclaqueunemainsursapoitrineet jemepencheunpeuplusprès,mes lèvressont

contresonoreille.–Jevaisvousrévélerunpetittrucmoiaussi,Ace.Jen’aimepasêtretraitéecommeune

doubluresansvaleurquipasseaprèstoutevotrebandedebombassesblondes.Jereculed’unpas,m’obligeantàsourireavecassurance.–Çadevientunehabitudechezvousd’avoirenviedemoi justeaprèsque jedécouvre

que vous avez été avec une autre. Il va falloir que ça change si ne voulez pas qu’on s’entiennelà.Ensupposant,biensûr,quej’aieenviequecesoitlecas.

Ilpinceleslèvres.Bon Dieu, il est superbe ! Même quand il fulmine de rage, il émane de lui une

sensualité brute que mon corps ne peut pas ignorer. Au moment où je me tourne versHaddiepourchercherunencouragement,j’entendsunevoixcajoleusequil’appelle.

–Colt,monbébé?Cesmotsmedonnentenviedevomir.Jemeretourneversluiquandjevoisunemainparfaitementmanucuréeseglisserentre

sonbrasetsontorse,pourvenirsedéployersursapoitrine.Jevoisbienqu’ilsetendàcecontact. Sur ses gardes, il avaled’un trait le restede son verre, en faisant la grimace, lesdentsserrées.Jecontinueàregarderlablondedetoutàl’heurequis’insinuecontreluienmeregardantdelatêteauxpiedsd’unairapitoyéetenessayantdefairevaloirsesdroits.Jevois l’étincellequi s’allumedans son regardquandellemereconnaît commecellepourlaquelleill’aabandonnéesurlesmarches.Sisesyeuxpouvaienttuer,jeseraismorte.Mais,indifférentàcetéchange,Coltongardelesyeuxrésolumentrivésauxmiens.

J’ai lanauséeenvoyant sesmains sur luietà l’idéequ’ilpuisse luiprêter lamoindreattention.Jesecouelatêteavecréprobationenfaisantclaquermalangue.

–Qu’est-cequejedisais!JemetourneversHaddieetlesdeuxhommesassisavecnous.–Sivousvoulezbienm’excuser.Haddieramassesonsac, l’air inquiet,mais je lui faisunpetitsignede la têtepour lui

direderester.JemeretournepourregarderColtonunedernièrefois,enespérantquelemessageque

je luienvoieest lisibledansmesyeux.C’estelleoumoi.Àvousdechoisir. Immédiatement.C’estvotredernièrechance.

Jebaisselesyeux,brisantnotreconnexion.Ilresteimmobileaveclablondeaccrochéeàsonbrascommeunevestebonmarché.Jesupposequ’ilaprissadécision.J’essaiedegarder

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moncalmeensortantdubox.Pouressayerdefuirlecheminqu’ilvaimmanquablementmefaireprendre.

Une foishorsdesavue, jeme fraieunchemindans la foule sans regarderautourdemoi.L’humiliationbouillonneenmoi. Jemedisque jeneserai jamaiscapablede rivaliseravec une femme comme celle-là. Jamais. J’essaie de retenir la douleur qui m’accable entraversant la foule en direction du bar. J’ai besoin d’annihiler les sentiments que j’ai crupouvoirm’autoriseràressentir.Je lescroyaisréciproques.Jecroyaisqu’ilsétaientpossiblesdenouveau.

Et merde ! Je ravale mes larmes et je réussis à m’immiscer entre les personnes quis’agglutinentdevantlebaroù,commeparmiracle,lebarmanestjusteenfacedemoi.

–Qu’est-cequejevoussers?Je le regarde un instant en réfléchissant. Mon choix se porte sur un anesthésiant

rapide.–Unshotdetequila,s’ilvousplaît.Celamevautl’attentiondel’hommedeboutàcôtédemoi.Jesensqu’ilmeregardede

latêteauxpiedsetjeroulelesépaules,agacéeparcetintérêtimportun.Lebarmanfaitglisserunshotdetequilaversmoietjeregardemonverreuninstanten

portantsilencieusementnotretoastrituel.Pourl’instant,c’estsurtout lecôtécouragedontj’ai besoin.Même si c’est un courage factice. Je vide mon verre d’un trait sans la moindrehésitationet labrûluremefaitgrimacer.Je ferme lesyeuxquand lachaleurde l’alcoolserépanddansmagorgeet s’installedansmonestomac.Jepousseunprofondsoupiravantdelesrouvrir,sansrépondreàlapropositiondemonvoisindem’offrirunautreverre.

Jeprendsmontéléphonedansmonsacetj’envoieuntextoàHaddieluidisantquejerentre,quetoutvabienetqu’ellepeuts’amuser.Jesaisquesiellen’étaitpas icipoursonboulot,elleseprécipiteraitpourmeraccompagner.

Je cherche lebarmandesyeux. Ilme fautunautre shot.Un trucpouranesthésier lesentimentderejetquim’accable.C’estalorsque jevoisColtons’avancerversmoid’unpasdécidé.

–Putain!Enfaisanttairel’espoirquisurgitenmoi,jejettequelquespiècesdemonnaiesurlebar

avant de tourner les talons et demediriger vers la sortie la plus proche. En poussant laporte, je me retrouve dans un couloir sombre et désert, soulagée quand elle se refermederrièremoienétouffantlamusiqueassourdissante.Maiscemomentderépitestdecourtedurée.Quelquesinstantsaprès,laportes’ouvrebrutalement.Coltonapparaît.Nosregardsse croisent, je vois la colère qui obscurcit le sien et j’espère qu’il voit dans lemien à quelpointjesuisblessée.Jetournelestalonsetjem’éloignerapidement.

Unpetitcridefrustrationm’échappequandColtonmerattrapeetsaisitmonbraspourme faire pivoter, face à lui. On n’entend que notre respiration saccadée tandis que nous

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échangeonsdesregardsfurieux.–Qu’est-cequevousfaites,bordel?Ilmetientfermementparlebras.–Pardon?–C’esttrèsagaçant,cettemaniedetoujoursmefuir,Rylee.–Qu’est-cequeçapeutvousfaire,Monsieur-j’envoie-dessignaux-contradictoires?Jedégagemonbrasd’ungestebrusque.–Vouspouvezparler,chérie!Cemec,c’estvraimentcequevousvoulez,Rylee?Ilprononcemonnomcommeunjuron.–UnpetitcouprapideavecJoeleSurfeur?Vousvoulezbaiseravecluiplutôtqu’avec

moi?J’entends la tension dans sa voix. La menace. Dans ce couloir sombre, ses traits

dissimulésparl’obscurité,sesyeuxbrillants,ilatoutdubadboyinquiétantquelestabloïdsdécrivent.

– Parce que ce n’est pas ce que vous, vous attendez demoi, Colton ? Une partie dejambesenl’air,vitefait,pourboostervotreegofragile?J’ail’impressionquevouspassezunmaxdetempsàessayerdesatisfairecettefaiblesseenvous.Deplus,qu’est-cequeçapeutvousfairecequejefais?Sijemesouviensbien,vousétiezplutôtoccupéaveclablondequivousaccompagne.

Il me fusille du regard en serrant les mâchoires, et hoche la tête d’avant en arrièreavantdemerépondre.

–Raquel?Ellenecomptepas.Ilditçacommesiçaallaitdesoi.Il y a plusieurs façons de prendre cette réponse et toutesmontrent la piètre opinion

qu’iladesfemmes.Jemeplantedevantluienredressantlesépaules.–Elle ne compte pas ? C’est ce que vous diriez demoi aprèsm’avoir baisée ? Elle ne

comptepas?Ilmeregarde,furieux.Contremoi?Àcausedemaréaction?Ilfaitunpasenavantet

jebatsenretraite,ledosappuyécontrelemurderrièremoi.Jenepeuxpasm’échapper.Iltendlamainetlareprendenungesteindécis,lemuscledesamâchoiresecrispe,sonpoulsbatsursagorge.Ilpenchelatêtesurlecôté,fermelesyeux,jurantsilencieusement.Quandil me regarde de nouveau, la frustration, la colère, le désir et beaucoup d’autres chosesbrûlentaufonddesesprunelles.Leurintensitéestdéroutante,commes’ilmedemandaitlapermission. Je hoche légèrement la tête, pour la lui donner. Cette fois quand il tend lamain,toutehésitationadisparu.

Enunriendetemps,seslèvressontsurlesmiennes.Toutelafrustration,l’irritationetl’antagonismeaccumulésdurantcettesoiréeexplosentquandnoslèvresserencontrent,nospoingsseserrentetnosâmess’embrasent. Iln’yaaucunedouceurdansnotreunion.Une

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aviditérapacem’enflammequandunedesesmainss’insinuelelongdemondospourvenirserrer ma nuque et qu’il me serre contre lui pour que sa bouche puisse s’emparer de lamienne.Sonautremainseglisseentrelemuretmondosarc-bouté,dansungestepossessif.Lesgestesdélicatsetlestendrescaressesd’hiersontloin.

Ses lèvres s’écartent sur les miennes et sa langue pénètre ma bouche, enlaçant lamienne, l’excitantet la tourmentant.Sesmainsglissentsur lesmiennesquiempoignentsachemise. Ilme saisit lespoignets et les soulèveau-dessusdema tête, les appuie contre lemuret lesenserredansunemain. Il interromptnotrebaiseretpose samain libre surmajoue.Ilreculelatêteetsonregard,assombrietvibrantdedésir,bloquelemien.

–Vousn’êtespassansimportance,Rylee.Vousnepourrezjamaisl’être.Il secoue la tête, savoixvibrante résonneenmoi. Ilpose son front contre lemien, le

boutdesonnezfrôlelemien.–Non–vousetmoi–ensemble,celavoudraitdirequevousseriezàmoi.Sesmotspassentdansunsoufflesurmonvisage,pénètrentmonâmeets’yinstallent.–Àmoi,répète-t-ilpours’assurerquejecomprendssesintentions.Jefermelesyeuxpoursavourersesparoles.Pourmedélecterdel’idéequeColtonveut

que je sois à lui. Nos fronts continuent de se toucher tandis que je me laisse aller à cemoment,àcesentiment,etquemesdoutess’apaisent.Ils’écartedemoietlibèredoucementmesmainsqu’iltenaittoujoursau-dessusdematête.Nosregardrestentconnectésetjevoisbrillerdanslesiencequejepenseêtreunfugaceéclairdecrainte.

Jem’approche timidementde lui et je frôle seshanches enpassant lesmains sous sachemise pour pouvoir toucher sa peau. Afin de sentir cet homme vibrant, viril, sous mesdoigts. Jusqu’ici, cela a toujours été sesmains surma peau.Toujours sur son initiative. Jen’aiencorejamaiseul’occasiond’apprécierlasensationdesapeausousmesmains.

Jetrouvemonchemin,caressantduboutdesdoigts lachaudefermetédesesmusclesbien dessinés qui se contractent à ce contact. Je remonte lentement le long de son torse,sensibleàchaquecontour,àchaquerespirationqu’ilprendenréactionàmacaresse.C’estune sensation grisante d’entendre sa réaction, de voir ses pupilles dilatées par le désirquandjeglisselesmainssursespectoraux,par-dessussescôtesetsoussesbras,pouralleréraflerdemesongleslesmusclesdesondos.

Dansunmomentde ravissement, il ferme les yeux, appréciantvisiblement cette lenteexcitation de ses sens. Je monte sur la pointe des pieds pour m’appuyer avec hésitationcontre luieteffleurer ses lèvresdesmiennes. J’appuie sur sesépaulespour l’attirer contremoietj’entrouvreleslèvrespourpasserleboutdemalanguesursalèvreinférieure.

Du bout des doigts, il me caresse doucement les joues, ses paumes encadrent monvisage tandis qu’il augmente tendrement la pression de ce baiser. Sa langue s’insèredoucemententremeslèvresetvientsemêleràlamienne.Cegesteaffectueuxmetoucheauplusprofonddemoi-même,medénouantlentementpourmeréduireàuneboulededésir.

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Chacune de ses caressesme coupe le souffle. Je soupire en plantantmes doigts dans sesépaules,seulsignedemonimpatiencegrandissante.J’enveuxplus.J’aibesoindeplus.

Je sens queColton lutte pour contrôler sondésir, son corps se tend sousmesmains,son érection impressionnante se presse contre mon ventre. Il maintient son tendre etimplacable assaut sur mes sens en se concentrant uniquement sur ma bouche. Ens’emparantdemeslèvres.Sonsouffleestmonsouffle.Sonactionmaréaction.

Brusquement, il s’arrête, pose les deux mains sur le mur de part et d’autre de mesépaules et se redresse, laisse tomber son front sur mon épaule et enfouit son nez et sabouchedansmon cou. Je sens sa poitrine se soulever pour reprendre son souffle, commemoi,etjesuissoulagéedevoirqu’ilal’airaussiaffectéquemoi.Sesactionsmerendentunpeuperplexemaisjeprofitedecetteaccalmiepourpermettreauxbattementsdemoncœurdesecalmer. Inconsciemment jeserre lesgenouxpouressayerdecalmeraussi lapressioncontinuellequis’exercesurledeltaentremescuisses.

Je sens la chaleur de son souffle haletant dans mon cou, je sens qu’il lutte pourreprendrelecontrôle.

–DouxJésus,Rylee.Il secoue la tête contre mon épaule avant de poser une kyrielle de petits baisers

innocentslelongdemaclavicule.–Ilfautqu’onsorted’iciavantquetunemefassesperdrelatêtedanscecouloir.Ilrelèvelatêteetmeregarde,jemefige.Ilestindéniablequec’estcequejeveux.Qu’il

estceluiquejeveux.Maisjenepeuxpasniernonplusquejesuisnerveuse.J’ailetrac.J’aipeurdeledécevoirparmonmanqued’expériencedanscedomaine.

–Viens.Sansme laisser le tempsdeprotester, ilmeprend lamain,passe sonbrasautourde

mesépaules,meserrecontreluiets’enfoncedanslecouloir.–J’aiunechambreàmonnomicipourlanuit.Ilmesoutientavecfermetéetmeconduitversmapommedujardind’Eden.Je le suis avecdocilité,m’efforçant de calmer le doute et la voix dansma tête qui se

déchaînemaintenantque sabouchen’est plus sur lamienne, étouffantma capacité àmeraisonner.

Nous trouvons rapidement l’ascenseur au bout du couloir et nous montons dedans.Colton sort une carte de sa poche et l’insère dans le panneau, ce qui a pour effet dedébloquerl’accèsaudernierétage.Lepenthouse.

Tandis que l’ascenseur gravit les étages, il se rapproche de moi et pose la main aucreux de mes reins. Le silence qui s’installe entre nous est assourdissant et ne faitqu’amplifierlenœudquimeserrel’estomac.

–Pourquoicechangement??Coltontiresurmescheveuxlissésenessayantdefairediversion.

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–C’étaitjustepouressayerdemefondredanslemoule.Je fais référence aux nombreuses photos trouvées sur Internet où on le voit en

compagnie de femmes aux cheveux raides. Il fronce les sourcils, essayant visiblement decomprendrecequejeveuxdire.

–Parfois,çaadubondechanger.Desamainposéedansmondos,ilmeforceàmetournerverslui.Ilbaisselatêtepour

quenosyeuxsoientaumêmeniveau.–J’aimetesboucles.Ellestevontbien.Monegoestflattédececompliment.Illèvelamainpourrepousserdemonvisageune

mèche rebelle. Puis il pose le bout de ses doigts sur le côté demamâchoire et me tientcommeça,scrutantmonregard.L’ascenseurs’arrêteàsonétage.

–C’esttadernièrechancedet’enfuir.Lesonrauquedesavoixanéantittotalementmavolonté.Moncœurs’affole.Jehoche

la tête en signed’acceptation, sansgrande conviction, incapablede trouver lesmotspourluirépondre.

Sans tenir comptede laportede l’ascenseurqui s’ouvrederrière lui, il continueàmeregarderdroitdanslesyeuxavecintensité.

–Moi,jeneseraipascapabledepartir,Rylee.Il fronce les sourcils comme s’il lui était douloureux de l’admettre. Avec un profond

soupir, ilme lâcheet sepasse lamaindans lescheveux. Ilme tourne ledos, tend lebraspour appuyer sur le bouton qui maintient l’ouverture de la porte et pose lamain sur laparoi de l’ascenseur. Ses larges épaules occupent tout l’espace. Il baisse la tête enréfléchissantàcequ’ilvadire.

– Je veux prendre mon temps avec toi, Rylee. Je veux te faire monter gentiment,lentement et doucement comme tu en as besoin. Te pousser pour te faire dépasser teslimites.Etensuite jeveuxtebaisercommetulemérites.Viteetfort jusqu’àcequetucriesmonnom.Commej’enaienviedepuisquetuesentréedansmavieentombantdececagibi.

Jedoismemordreleslèvrespourréprimerungémissement.Jeluttecontrelatentationdemelaisserglisserlelongdumurpourtrouveruneformedesoulagement.

–Unefoisquenousseronssortisdecetascenseur,jenepensepasquej’auraiassezdemaîtrisedemoipourarrêter…pourm’éloignerdetoi,Rylee.Jenepeuxpasterésister.

Savoixestdouloureuse, calmeetdébordantedeconviction. Il se tourneversmoi, lesyeuxpleinsd’émotion.Desyeuxquirévèlentunhommeauborddelapertedecontrôle.

–Àtoidedécider,Rylee.Ouiounon?

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12

Jeleregardeàtraversmescils,malèvreinférieurecoincéeentremesdents,etj’acquiesce

d’un petit signe de tête. Comme il continue à me regarder, je retrouve ma voix et jem’efforced’enévacuertoutetracedenervosité.

–Oui,Colton.Instantanément,sabouches’écrasesurlamienneetsondésirestpalpabletandisqu’il

me traîne hors de l’ascenseur vers le penthouse. Je ris de bon cœur quand il essaie demettresaclédanslaserruretoutengardantseslèvressurlesmiennes.Ilfinitparyarriver,laportes’ouvreetnousfaisonsuneentréemaladroite,nosbouchestoujourssoudéesl’uneàl’autre. Il referme laporteavec lepiedetmeplaque contre elle, sesmains coincées entremon derrière et la porte. Il agrippe ma chair avec ferveur et me presse contre samusculatureimposante.

Jem’abandonneàsescaresses,àsachaleuretauxcomplimentsqu’ilchuchotetoutendéversantunepluiedebaiserssurmeslèvres,surmoncouetsurmapeaudénudéeparleprofonddécolletéenVdemarobe. Jeme remetsàcemomenten retrouvantcequec’estd’éprouverdenouveaudessentiments.Etdudésir.

J’entreprendsmaladroitementdedéboutonnersachemise,j’aibesoindesentirsapeaucontrelamienne,maisjesuisgênéeparlemouvementconstantdesesbrasalorsqu’ilessaiefrénétiquement de caresser chaque centimètre carré de lamienne du bout des doigts. Seslèvrestrouventmonpointsensiblejusteau-dessousdemamâchoire,j’oublietotalementlesboutons de sa chemise et mes mains se crispent quand la sensation me submerge. Meconsume. Un cri étranglé s’échappe de ma bouche et une série de petites explosions sepropagentdepuismoncoudirectementaucreuxdemonventre.

Coltonattrapedenouveaumesfessesdanssesmainsetjepassemesjambesautourdeses hanches en même temps qu’il me soulève. D’une main, il me soutient le dos, l’autreplongesousletissudemarobepourprendremonseindanssapaume.Jemeplaquecontre

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luiquandilenfrottelapointedresséeentresonpouceetsonindex.Lechocélectriquedesoncontactpropagelachaleurversmonsexeetmetlefeuàmessens.

Coltoncommenceàbougertoutenmetenant,seslèvresserepaissentdelalignehypersensibledemonépaule,sonérectionsepresseentremescuisses.Àchaquemouvementilsefrottecontremoi,provoquantunefrictionfabuleusecontremonclitoris.Jemepressecontrelui, la tensionmonte,dépassetouteautresensationetsedirigevers lepointculminantdemondésir.

Nouspénétronsdans lachambrede lasuite,etmalgré lamultitudedesensationsquise bousculent enmoi, je suis toujours nerveuse. Il s’arrête au bord du lit et j’abaissemesjambes, reposant les pieds sur le sol. Je reprends ma tentative de le débarrasser de sachemiseet,cettefois,jeréussis.Ilmelâchemomentanément,letempsdesortirlesbrasdesmanches,etillaissetomberlachemisesurlesol.

C’est lapremière foisque je levois le torsenu, ilestabsolumentmagnifique.Sapeaudoréemetenvaleurlesmusclesparfaitementdessinésdesonabdomen.SesépauleslargescontrastentavecunetailleétroitequisurmonteceVsexyquiplongesouslaceinturedesonpantalon.Sursoncôtégauchesetrouveuntatouagequejeneparvienspasàdéchiffrer.Unléger duvet couvre sa poitrine et sous son nombril, aumilieu de ses abdos contractés, onvoit une petite trainée sexy de poils qui va se perdre sous sa taille. Si mes hormonesn’étaient pas déjà en ébullition, cette vision aurait suffi à mettre tout mon organisme ensurchauffe.

Avecdifficulté,monregardremontelelongdesontorsepourvenircroiserlesien.Sesyeuxbrûlentdedésiretsetroublentenmeregardant.Unsouriresexys’affichesurseslèvrestandis qu’il enlève ses chaussures et ses chaussettes avant de revenir versmoi. Il lève lesmainspourencadrermonvisageetpose sabouchesur lamiennepourun lentbaiser,unvrai supplice quime pousse àme coller contre lui. Sesmains délaissentmon visage pourdescendresurmesépauleset, lentement, le longdemontorse jusqu’à l’endroitoù letissulaisseplaceàlapeaunuedemescuisses.

–BonDieu,Rylee,jeveuxsentirtapeausurlamienne.Ses doigts jouent un instant avec l’ourlet de ma robe avant de s’en saisir pour la

souleverlentement.–Sentirtoncorpssouslemien.Sesmotssontuneinvitationhypnotique.–Maqueueentoi.Ilmurmurecontremeslèvresavantdesepencherenarrièreunefractiondeseconde,

lesyeuxtoujoursrivéssurlesmiens,pourpassermarobepar-dessusmatête.Jem’apprêteàretirermeshautstalons,maisColtonm’arrête.–Tsstss…garde-les.

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Jeretiensmarespiration,mesangoissesrefaisantsurfacetandisquejemetiensdevantluiavecpourtoutvêtementunsoutien-gorge,unchiffondedentelleenguisedeculotteetmesstilettos.

–Jepense…–Chuuut.Nepensepas,Rylee.Cen’estpluslemomentdepenser.Ilnousentraîneunpasenarrière, le creuxdemesgenouxheurte leborddu lit et il

m’allongelentementencontinuantàmepicorerdebaisers.–Contente-toidetelaisseralleràtessensations.Unedesesmainssousmanuque,l’autrepasselentementsurladentellenoiredemon

soutien-gorgeetsurmescôtesavantreprendrelecheminensensinverse.Ungémissements’échappedemeslèvres.Sacaressem’estaussinécessairequemarespirationsuivante.

Ils’appuiesuruncoude.–Laisse-moiteregarder.BonDieu,cequetuesbelle!Je me fige. Je voudrais dissimuler les cicatrices qui défigurent mon abdomen. Je

voudraismeretournerpourqu’ilneposepasdequestions,pournepasmesouvenir.Jen’enfaisrien,cependant.Àlaplace,jemeforceàrespirerdenouveautandisqu’ilparcourtmoncorpsduregard.Jesaisàquelmomentillesvoit.Lechocpassebrièvementsursonvisageavantquesesyeuxnereviennentsurlesmiens,lasollicitudeplissantsonfront.

–Rylee?Qu’est-ceque…–Pasmaintenant.Je tends lebraset l’attrapepar lecou, l’attirantbrutalementversmoipourunbaiser

exigeant qui annihile tout sens du contrôle. Qui fait taire les questions avant qu’elles nesoient posées. Une passion charnelle m’embrase quand je m’empare de lui – enl’embrassant, le caressant, plantant mes ongles dans sa peau burinée. Il pousse ungrognement sauvage venu des profondeurs de son être tandis que sa langue se fraie uncheminlelongdemoncou.Ilprendundemesseinsdanslapaumedesamain,glisseundoigtsousladentelledemonsoutien-gorgeetledégagedesonbonnet.Ilmemordilledubout des lèvres en descendant avant de refermer les lèvres sur le bouton serré de montéton.

Jepousseunpetitcrideplaisirquandildévoremonsein,qu’ill’aspiredanssabouchebrûlanteetavide.Delamain,ils’emparedemonautreseinenroulantmontétonentresonpouce et son index – brouillant la frontière entre plaisir et douleur. L’attention soutenuequ’il accorde à mes bourgeons sensibles canalise le feu vers mon sexe qui se contracte,palpiteet s’humecte, le suppliant silencieusementd’allerplus loin,demepousserau-delàdemeslimites.Jemedéplacesousluipouressayerdesoulagerlatensionquimonteenmoi,maislesvolutesdemondésirsontsiintensesquejeperdslecontrôledemonsouffle.

J’emmêlemesdoigtsdanssescheveuxtandisqu’ils’éloignedemapoitrineetdescendlelong de mon ventre en léchant, embrassant, mordillant. Mes doigts se crispent dans sa

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chevelureetj’inspireavecdifficultéquandilposedélibérémentunesuitedebaiserslelongdelaplusaffreusedemescicatrices.

–Sibelle,répète-t-ilenpoursuivantsadescenteinexorable.Il s’immobilise auborddema culotte et je sens le sourire qui se forme sur sabouche

plaquéesurmapeau.Illèvelesyeuxversmoi,unsourireespiègleéclairantsonvisage.–J’espèrequetun’yespasdémesurémentattachée.Sansmelaisserletempsderéagir, il ladéchired’uncoupsec.Unlongronronnement

desatisfactionsortdufonddesagorgequandilpasseundoigtsurl’étroitebandeboucléeendessousdutissu.

–Ça,çameplaît.Avecungrognementsourd,ilpasseledoigtau-dessousdecettebandeàl’endroitoùil

n’yapasdepoils.–Etçaencoreplus.Ilglisseundoigtentremesplisetmecaresseenunlentmouvementdehautenbasqui

mecoupelesouffle.–Oh,monDieu.Jegémisenm’accrochantauxdrapsdulit,desétincellesdeplaisirformentdeséclairs

blancssousmespaupièrescloses.Colton retient sa respiration en glissant extrêmement lentement un doigt dans ma

fente.–Rylee…Savoixsebriseendisantmonnom,trahissantunepertedecontrôleimminente.– Vois comme tu es trempée pour moi, bébé. Tu sens comme tu es serrée pour

m’agripper?Jem’arc-boute,mesépaules s’enfoncentdans lematelas tandisque sondoigt faitdes

petits cercles enmoi en prenant son temps, frôlant ce point sensible tout au fonddemoiavantdeseretirerpourreprendretoutceprocessusexquisdepuisledébut.

–Tun’imaginespastoutesleschosesquejeveuxfaireàcettepetitechatteétroite.Sonmurmure accompagne lemouvementde sonautremainquim’écarte les jambes.

Son langagecrum’excite.Éveilledes sensationsque jen’imaginaispas. Jeme tortille sousluiquandl’airfraisdelachambrepassesurlesplisgonflésdemonsexe.

–Regardemoi,Rylee.Ouvrelesyeuxpourquejevoietonregardquandmaboucheteprendra.

Jedois faireuneffortpoursortirdusemi-comaoù leplaisirm’aplongéeetouvrir lesyeux.Latêteentremescuisses,illèveversmoisesyeuxauxpaupièreslourdes.

–C’estça,bébé.

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Satêtereplongejusqu’àcequejesenteladoucechaleurdesabouchequis’emparedemonbouton gonflé de terminaisons nerveuses, enmême temps qu’il glisse deux doigts enmoi.

Jejettelatêteenarrièreenpoussantuncritandisqu’unfeuinfernalembraselecentredemoncorps–prenant,possédant,s’étalant.

–Regarde-moi!Il grogne encoreune fois. J’ouvre les yeux, la charge érotiquede le voirme regarder

pendantqu’ilmedonneduplaisirdépassetoutcequej’aiconnujusque-là.Sa langue me lèche paresseusement d’avant en arrière, au-dessus et autour, et ses

doigtspoursuivent leurdélicieuxmassage interne. Il les sortet lesenfoncedenouveauenmoi, frottantà loisirmesparois intérieures.Jepoussemeshanchescontre lui, lesuppliantdemedonnerplusdepression,auborddeperdrelaraison.

–Ah,Rylee,tuessiréactive.Tellementsexy,putain!Quandilremplacelachaleurdesaboucheparladouceurdesonpouce,letempoetla

frictiondesapeausurlamiennecomblentmesattentes.Ilglissesurmoncorpssansarrêterle supplicemerveilleux que ses doigts infligent àmon sexe, enm’embrassant,me léchant,me mordillant jusqu’à ce qu’il atteigne mon visage. Me plongeant dans un état de désircommejen’enaijamaisconnuauparavant.

–Lâche-toi,Rylee.Jesensavecdélicesonérectionquisepressecontremoi.–Laisse-toialleràtessensations,chérie.Jel’attrapeparlesépaulesenmarquantdemesonglessapeautrempéedesueur.La

boule de tension monte en moi, suppliant d’être soulagée. Je presse brutalement meshanchescontreluiquandsesdoigtsaccélèrentleurcadence,mefrottent,mepénètrent,memenantdirectementauravissementdel’oubli.

–Jouispourmoi,Rylee.Il gronde et j’atteins mon point culminant en criant de soulagement quand mon

orgasme explose enmoi, se fracasse autour demoi et se transmet à toutmon corps parchacun de mes nerfs et de mes tendons. Mes muscles se contractent sur ses doigts et lasensationluiarracheungémissement.

–C’estça,bébé,c’estça,murmure-t-ilenm’aidantàsurfersurlesondulationsdemonextase.

J’ouvrelesyeuxensentantlelits’abaisserquandilselève.Ilmeregardel’airsatisfaitet les yeux emplis de désir en déboutonnant son pantalon. Je le regarde en luttant pourreprendremonsouffle.

–Tuesincroyablementbelle.Jen’arrivepasàdécidercequiestleplussexy,Rylee,teregarderjouiroutefairejouir.

Sesyeuxétincellentdepenséeségrillardes.

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–Jesupposequejevaisdevoirrecommencerpourlesavoir.Ilm’adresseunsourirecoquinetpleindedéfi.Sessimplesmotssuffisentpourquemes

muscles intimes se contractent. Et je suis étonnée de constater qu’ilm’a tellement excitéequetoutmoncorpsréclamedejouirdenouveau.Jememordsleslèvresquandildescendsonpantalonetsonboxerd’unseulgeste,libérantainsiuneérectionimpressionnante.

Putain!Ilmesouritavec ironiecommes’ilpouvait liredansmespenséesets’agenouillesur le

lit.Ilsaisitundesmespiedsparletalondemachaussureetdéposeunesériedebaiserslelong demonmollet puis fait une pause àmon genou pour en caresser le creux sensibleavantdereprendrel’ascensionenivrantedesabouchelelongdel’intérieurdemacuisse.Ils’arrêtepourposerun légerbaiser surmonapex,promène sondoigtdoucement surmonsexe,etl’excitepardeschatouilles,testantmesréactions.

Jeplongelesdoigtsdanssescheveux.–Colton.Marespirationesthaletante,cesimplecontactsurmapeausensibiliséeestà la limite

dusupportable.Illèvelesyeuxversmoienposantunnouveaubaisersurmabandedepoils.–Jeveuxjustem’assurerquetuesprête,bébé.Ilressortundoigthumide.–Jeneveuxpastefairemal.Despenséesmultiplesme traversent l’espritquand je le voisglisser sondoigtdans sa

bouche avant de me décocher un sourire sardonique et de pousser un murmureapprobateur. Il recouvre tout le reste de mon corps en un mouvement prédateur, sansjamais détourner ses yeux des miens, et pose sa bouche sur la mienne, la paume de sesmainsenveloppantmesseinsdressés,saqueuesepressantdansleVentremescuisses.

Lessentimentstourbillonnentenmoiquandleplaisirgrisantjaillitdenouveau.Desesgenoux,ilséparemesjambesets’écartedemoipours’asseoirentremescuisses.Ilsepenchepar-dessusleborddulitetsortunsachetenaluminium.Moncerveausemetenroute.J’aiétépréoccupéepartellementdechoseslasemainepasséequejenemesuismêmepasposélaquestiondelaprotection.Etmêmes’ilignoretoutdemonincapacitéàtomberenceinte,jesuisheureusequ’ilsoitassezraisonnablepouryavoirpensé.

Jemedresse surmes coudesalorsqu’ildéchire lepaquetet je le regardedérouler lepréservatifsursonmembredurcommedel’acier.Ilmelanceunregardétincelant,dedésir,deconcupiscenceetdebeaucoupplusencore.

–Dis-moicequetuveux,Rylee.J’écarquillelesyeuxetmonregardestattiréparsesdoigtsquicourentsurmondeltaet

m’écartentprogressivement.Jeretiensmarespiration.–Dis-lemoi,Rylee.Demande-moidetebaiser.Jeveuxt’entendreledire.

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Je me mords la lèvre inférieure, l’observant poser sa longueur contre ma fente. Ils’immobilise et je lève les yeux pour rencontrer les siens. Je vois qu’il s’efforce de secontrôler,laveinesursoncousegonfletandisqu’ilmeregardefixementenattendantquejeledise.

–Baise-moi,Colton.Ilpresse lentement leboutdesaqueueà l’entréedemonpassage.Jemecontracteà

l’idée de le laisser me pénétrer, j’ai l’impression qu’il va m’étirer au maximum, et je meréjouisde la légèredouleurque je vais ressentir etquimediraque je suis vivante,que jesuisici,àcetinstantaveccethommesublime.

–BonDieu,Rylee.Tuessibonne.Siétroite,putain!Duboutdesdoigts,ilmassedoucement,dehautenbas,l’intérieurdemescuisses.–Détends-toipourmoi,bébé.Laisse-moientrer,chérie.Jefermelesyeuxuninstanttandisquelabrûlureinitialelaissepetitàpetitplaceàla

plénitude de la sensation. Il me pénètre plus profondément, lentement, délibérément,jusqu’àcequesabitedisparaisseentièrement,delaracineàlapointe,dansmonfourreauauxparoisdevelours.Ilresteimmobilepourpermettreàmoncorpsdes’adapteràlui,sanscesserdem’observer.Ilserrelesmâchoiresenessayantdetoutessesforcesderestermaîtredelui,etjetrouvecelarassurantdesavoirquejesuiscapabledelepousserau-delàdeseslimites.

Je contractemesmuscles autourde son sexe et jem’accroche à lui enme redressantpourvoirlepointoùnoscorpssontmaintenantréunispourn’enfaireplusqu’un.

–Bontédivine,Rylee,siturefaisça,jevaisjouirimmédiatement.Jeluifaisunsouriresuggestifetilcommenceàbouger.Ilseretirepresqueentièrement,

jusqu’àlapointe,puislentement,ilmepénètredenouveaudetoutesalongueurdélicieuse.La sensation est exquise et je me laisse retomber sur le lit, pour en profiter pleinement.J’enveloppe ses hanches de mes cuisses quand il commence à prendre le rythme. Sesmuscles ondulent sous sa peau halée tandis qu’il bouge avec moi. Ses yeux observentalternativementlesmiensetnotreunion.

Une sensation de chaleur commence à se répandre dansmon corps qui se contractesousl’effetdelafrictiondesonmembresurmesterminaisonsnerveusesinternes.Mesparoispèsentsurluiensecontractantetenpressantsaqueuetandisqu’ilaccélèrelerythme.

Ilsepencheau-dessusdemoi,équilibrantsonpoidssursesavant-brasdechaquecôtédema tête, et s’empare dema bouche en un baiser charnel et sans entraves. Nos dentsmordillent,noslèvressucent,noslanguessemêlent.Jecroiselesbrassoussesépaulesetjeresserrelaprisedemesjambesautourdeseshanches,ennouantmeschevilles.Jeressensle besoin d’être le plus près possible de lui. J’ai besoin qu’il soit aussi profondément quepossibleenmoi.J’aibesoindesentirsapeauluisantedesueursefrottersurlamienne.

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Lapressionenmoimonteàunpoint telque jenepeuxplus l’embrasserparceque jesuisentièrementconcentréesurlavagueinsurmontablequivas’écrasertoutautourdemoi.Il perçoitma tension, le point culminant qui s’approche,mais ne ralentit pas son rythmeinexorable. Il descend un bras et passe la main sous mes fesses, pressant davantage sonpelviscontrelemien,sefrottantcontremoi,provoquantsurmonclitoriscettelégèrefrictionquejedésire.Enuninstant,lemondes’embraseautourdemoi.

Jem’arc-boutesur le lit,avecdesmouvements incontrôlésdemeshanchessous l’effetdel’orgasmeleplusvoluptueuxquej’aie jamaisconnu.Jesuiscommejetéeduhautd’unefalaisedansunechutelibresansfin.Leplaisirestsiintense,àlalimitedeladouleur,quejeplantelesdentsdanssonépaulepouressayerdelecontenird’unecertainefaçon.LavaguesebriseautourdemoiquandColtondonneencoreplusieurscoupsdeboutoiravantdecriermonnom.Ilsetend,saqueuepalpiteenmoiparsaccadesetilatteintl’orgasmeàsontour.Ses muscles bandés tressaillent quand le plaisir se répand en lui, puis se détendentlentement.Alorsilenfouitsatêtedanslecreuxdemoncou,haletantcommemoi,lessourdsbattementsdesoncœurrépondantauxmiens.

Monorgasme seprolonge,mesmusclespalpitent autourde son érectionquidiminueenmoi.Àchaquesecousse, jelesensquisecrispeet j’entendslegémissementgutturalquiremontedufonddesagorge.Lepoidsdesoncorpssurmoiestréconfortant,rassurant,etj’oubliequellesensationapaisantecelapeutêtre.

Jen’ai jamais connu le sexe commeça.Aussi stupéfiant. Leplaisir si hédoniste.Aussiincroyable.

Nousrestonsallongésunmoment,redescendantsilencieusement.Ilseblottitdansmoncou, posant des baisers encore et encore, toujours au même endroit, son corps assouviincapabledumoindremouvement.Jefermelesyeux,stupéfaitedemetrouverlà.Etquecethommemagnifiques’ytrouveavecmoi.

Duboutdesonglesjeluigratteledosparesseusement,enrespirantsonodeurterreusedemâle.Quandilpousseunpetitgrognementetseretirelentement,jegrimace,dépitéedecettesoudainesensationdevide.Ilnouelepréservatifetlejetteparterreàcôtédulitavantdereveniràcôtédemoi.Allongésurlecôté,latêteappuyéesurunemain,ilmeregardeenpassant nonchalamment un doigt surma poitrine, ce quime fait pousser un petit soupirmesuré.

Je lui jette un coup d’œil et nos yeux se croisent un instant tandis que nousréfléchissons en silence à l’expérience que nous venons de partager. Je n’arrive pas àdéchiffrerl’expressiondesonregard.Ilesttropsurlaréserve.Jedétournelesyeuxversleplafondtandisquelapaniquecommenceàs’installer.Quesepasse-t-il?Cotonaobtenucequ’ilvoulaitdemoiet,maintenant,iln’yaplusdedéfiàrelever.Merde.Jen’avaisjamaiseuderelationssexuellesqu’avecMax.Nousétionsensemble.Nousfaisions l’amour.Cen’étaitpasunechosebanale.Etbienquecequivientdesepasserreprésentepeut-êtrebeaucoup

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pluspourmoiquepourColton,qu’est-cequejesuiscenséefairemaintenant?AvecMax,jen’avaispasbesoindemedemander si jedevaispartiraprès.Ouquelleétait la conduiteàtenir si je restais. Est-ce que Colton veut que je reste ?Qu’est-ce que je suis censée faire,putain?Alors,c’estçaunehistoiresanslendemain?Etmerde.

–Arrêtedegamberger,Ryles,murmureColton.Je sens ses yeux sur moi. Je me fige instantanément, surprise qu’il puisse être si en

phaseavecmoialorsqu’ilnemeconnaîtquedepuistrèspeudetemps.Commentlesait-il?– Tout ton corps se tend quand tu gamberges, répond-il à ma question silencieuse.

Débrancheunpeu,sinonjevaisêtreforcédet’ycontraindre.Ilm’attrapeparlahancheetm’attirecontrelui.J’entendslesouriredanssavoixetje

memetsàrire.–Ahoui?Vraiment?–Jepeuxêtretrèspersuasif.Ilpromènesamainlibrelelongdemescôtes,faisantunepausepourprendremonsein

danslapaumedesamainetbaladersonpoucesurmontétondressé.–Tunepensespas?–Neviens-tupasdemedirequejenesuispasautoriséeàpenser?Jepousseunpetitgémissementen levant lementonquand il sepenchesurmoipour

déposerdesbaisersàdifférentsendroitsdemoncorps.–Çameplaîtbien,unefemmequiobéit.Je le sensredevenirdurcontremoi.Sansme laisser le tempsd’analysersacapacitéà

récupérer aussi rapidement, Colton nous fait rouler sur nous-mêmes pour intervertir nospositionsetjemeretrouveassisesurlui.

Je le chevaucheen le regardant fixement, lui et son sourire insolent. Ilme rendmonregardetbaladelesyeuxdehautenbasdemonbuste.Jesenssonmembrequicontinueàdurcircontrelafenteentremesfesses.

–BonDieu,Rylee,tuascequ’ilfautpourrendreunmeccomplètementdingue.Il se redresse et passe les mains dans mon dos pour dégrafer mon soutien-gorge,

libérantmesseins,lourdsetgonflésparledésir.Coltonpousseungrognementappréciateuravantdesesouleverpourensucerun,etmescuissesréagissentensecontractantautourdelui.

Jelèvelatêteetcreuseledospourqu’ilpuisseprofiterpleinementdemapoitrine.Lespensées quim’ont traversé l’esprit il y a quelques instants sont repoussées au loin par unassaut nourri de baisers. Il m’entoure de ses bras et il farfouille derrière moi avant quej’entendelebruitrévélateurdel’aluqu’ondéchire.Ilfinitdesecouvrirtoutenpoursuivantsonchemindebaisersjusqu’àmeslèvres.Ilentrouvreleslèvrespouraspirerlesmiennesenpetitessuccionsfrénétiquestoutensaisissantmescheveuxdanssonpoing.Ilmurmuredesgentilscomplimentsentrechaquebaiser,quiexcitentmondésirinsatiable.

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–Soulève-toipourmoi.Ilporteunemainàmahanchepourm’aideràmesouleveretde l’autre ilpositionne

sousmoisaqueuedressée.Jememordsleslèvresd’avance,sesyeuxrivésauxmiens,etjemeposedoucementsur

la pointe de son sexe. Je restemomentanément en suspens pour laissermon humidité lerecouvrirafindeluifaciliterl’entrée.C’estgrisantd’observerledésirembrumerlesyeuxdeColton alors que je descends progressivement sur lui jusqu’à ce qu’il soit entièrementrecouvert.Jegémisdoucementtandisqu’ilm’étireversleplusincroyabledessentimentsdeplénitude.Jesuisforcéederesterimmobilequelquesinstants,pourm’ajusteràsatailledanssa totalité. Colton ferme les yeux et rejette la tête en arrière, ses lèvres s’entrouvrentlégèrementpourlaisseréchapperungrognementsourdvenudufonddesagorge.

Ilposelesmainssurmeshanchesetjecommenceàmebalancersurlui.Jemesoulève,remonte jusqu’à la pointe de son sexe puis je redescends en glissant, enme penchant enarrièrepourqu’ilfrottesurlesterminaisonsnerveusesàl’intérieurdemesparois.

–Putain!Tuvasmefaireperdrelatête,Rylee.Il pousse un gémissement, prenant possession de ma bouche avant de se laisser

retomber sur le lit. Il commence à bouger régulièrement les hanches à l’unisson de mesmouvements, et très vite nous nous balançons sur un tempo frénétique. Chacun de nousveutencoreplusde l’autre.Chacunmène,pousse,attire l’autrevers leprécipice.JebaisselesyeuxversColton,lestendonsdesoncousaillent, leboutdesalanguepointeentresesdents, ses yeux sont voilés par le désir – il est hyper sexy. Il agrippe mes hanches, sesmusclessebandentquandilmetient,mesoulèveetmepénètre.Jemonte,étourdieparleplaisirquim’inonde.Jem’accrocheàunemaindeColtonposéesurmahanche,nosdoigtss’emmêlent.Ildéplacesonautremainversnotrepointdejonction,dupouceilcaressemonclitorisetlemanipuleavecexpertise.

Moncorps s’affole,mesmuscles se contractentautourdeColtonetune fois encore jesuisprojetéedansunoublistupéfiant.Jecriesonnomaumomentoùunechaleurextatiquemesubmerge,m’enveloppeetmefaitdisparaîtredanssonbrouillardquiabsorbetout.

–BonDieu,Rylee.Il jureens’asseyant,sansralentirsontempodévorant,reprenant lecontrôlepourme

permettredemeperdrepleinementdansmonorgasme.Ilm’entouredesesbras,sesbicepscostaudsme tenant serrée contre lui, et il pose ses lèvres sur lesmiennes pour un baiserdévorant.Lessensationsquim’assaillent,bombardéesparlamoindreterminaisonnerveusedansmoncorps,sontsifracassantesquetoutcequejesais,c’estquejemenoieenColtonDonavan.

Je sens son corps qui se tend, ses hanches poussent plus violemment et ses brasresserrent leur étreinte en étalant largement ses mains sur mon dos. Colton enfouit son

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visagedansmoncouavantdehurlermonnom,unebénédictionsurleslèvres,franchissantlabarrièredeseslimites.Jelesenspalpiteravecfrénésieenmoiquandilprendsonpied.

Nousrestonsdanscetteposition,moiàchevalsurlui,danslesbrasl’undel’autre,nostêtesserréesl’unecontrel’autre,sansparler.Jedéborded’émotion.

Etmerde ! Comment est-ce que j’ai pu être assez stupide pour croire que je pouvaisvraimentfaireça,lesexepourlesexe!Dessentimentsbouillonnentenmoi,dessentimentsdontjesaispertinemmentqu’ilsneserontjamaispartagés,etjebataillepournerienlaisserparaître.Jemedisquejenedoispascraquer,quej’auraitoutletempsdem’effondrerunefoisquejeseraiseule.

Colton déplace ses jambes et se penche en arrière pour prendre ma tête entre sesmains.Ilmetranspercedesonregardenivrant.

–Çava?Jehochelatêteenessayantdedissimulermoninquiétude.Il se penche vers moi pourm’embrasser. Un baiser si tendre et si affectueux que les

larmesmemontentauxyeuxparcequesa tendressemedésarmeetmevadroitaucœur.Quand il rouvre les yeux, il me regarde fixement, l’espace d’un moment. Quelque chosepassebrièvementdanssonregard,quelquechosequejen’arrivepasàdéchiffrer.

Ilsecouelatêteetmesoulèveavantdeseglisserhorsdulitsansunmot.Ilselèveàlahâteenévitantmonregardinterrogateuretsepasseunemaindanslescheveux.

–Bordel.Je suisdesyeux ses largesépauleshaléeset soncul sexy tandisqu’il sedirigevers la

salledebains.J’entendslebruitdel’eauquicouleetundeuxièmejuronétouffé.Jem’enveloppedansledrap,toutàcoupjemesensseuleetmalàl’aise.Auboutd’un

moment, Colton ressort de la salle de bains, vêtu d’un boxer noir. Il s’arrête dansl’embrasuredelaporteetmeregarde.Toutetracedel’émotionetdelachaleurquiétaientdanssesyeuxquelquesminutesplustôtadisparu,remplacéeparuneappréciationdistanteet froidequand ilmeregardedans son lit. Iln’estplusdétendu.La tensionautourdesesyeuxetlacrispationdesamâchoiresontvisibles.

–J’aibesoind’unverre.Tuveuxquelquechose?Jefaisnondelatête,craignant,sijeparle,quelatristessequejeressensenlevoyant

sidétachénefassequ’empirerleschoses.Iltournelestalonsetvadanslapièceprincipaledelasuite.Jesupposequej’aimaréponse.Jen’étaisqu’unchallengepourlui.

Ledéfirelevé,maintenantjen’aiplusd’utilité.Je porte la main à mon sternum pour tenter de dissiper la douleur logée dans ma

poitrine.Dediminuerlesentimentd’avoirétéutilisée.JepenseàMaxetà lafaçondontilmetraitaitaprèsquenousavions fait l’amour.Commesi j’étaissi fragileque jerisquaisdemebriser.Ilmecaressaitetmetenaitdanssesbrasetmefaisaitrire.Aveclui,jemesentais

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aimée.Mon beau Max, idéalisé. Qu’est-ce que je lui ai fait, à lui et à notre souvenir, encouchantavecquelqu’und’autre,alorsquetechniquementnoussommestoujoursfiancés?

Leshurlementsdesamèrerésonnentàmesoreilles,ellemeditquec’estdemafautes’il a perdu la vie – que je l’ai tué ainsi que tous les espoirs et les rêves que nous avionsensemble.Laculpabilité, lahonteet l’humiliationm’inondent.Il fautquejesorted’ici.Cespenséesplein la tête, je repousse lescouvertureset je ramassemesvêtementséparsavantdemeprécipiterdanslasalledebains.

Le poids sur ma poitrine est insupportable et j’essaie désespérément de retenir meslarmes en essayant maladroitement d’agrafer mon soutien-gorge. J’enfile ma robe enbataillantpourpasserlesbrasdanslesbretelles.Jen’aipasdeculotte.Elleestdéchiréeetsebaladequelquepartsurlesol,etnevautpaslapeinequejemetracasseàlaretrouver.J’ai perdu une boucle d’oreille, mais je m’en fiche. Je retire brusquement l’autre enregardantmonrefletdanslemiroir.Latristesseetleregretalourdissentmonregard.Moneyelineracoulé,jel’essuieavecunmouchoirenpapieretjem’armedecouragepourquitterles lieux. Après un effort pour dissimulermes sentiments et rassemblermes idées, je suisprête.

J’ouvrelaportedelasalledebainsetjejetteuncoupd’œilàl’extérieur,toutàlafoissoulagéeetattristéequeColtonne soitpasassis lààm’attendre.Maisune foisdeplus,àquoipouvais-jem’attendreaprèslafaçondontilvientdesecomporter?Àletrouverassissurlelit,attendantpourmejurersonamouréternel?

« On les baise et on les jette » je murmure en passant de la chambre à la pièceprincipale.

Colton se tient debout dans la kitchenette, les mains appuyées sur le bar, la têtebaissée. Je m’arrête un instant pour admirer les contours de son corps athlétique et jeregrette tout ce qu’il ne peut pas me donner. Colton boit une longue rasade du liquideambréquisetrouvedanssonverre,qu’ilreposeviolemmentenfaisantcliqueterlesglaçonsavantdeseretourner.Ilsursauteenmevoyanthabillée,prêteàpartir.

–Qu’est-cequetu…–ÉcouteColton…J’essaiedeprendrelasituationenmainavantd’êtrehumiliéedavantage.–Jesuisunegrandefille.J’aicompris.Jehausselesépaules,m’efforçantd’empêchermavoixdesebriser.Ilmeregardeetje

vois les rouages tourner dans sa tête alors qu’il essaie de comprendre pourquoi je sembleprêteàm’enaller.

–Regardonsleschosesenface.Tun’espasdugenreàpasserlanuitetmoijenesuispasdugenreàmecontenterd’unehistoiresanslendemain.

–Rylee…

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Il s’avance vers moi, mais je lève la main pour l’arrêter. Il me regarde fixement ensecouantlégèrementlatête,essayantd’intégrercequejeviensdedire.

–Arrête,cen’étaitprobablementriendepluspourtoi…tuasl’habitude.J’avancedequelquespas,fièredemafaussebravade.–Alorsjevaism’épargnerl’humiliationdet’entendremedemanderdepartiretjevais

sortirlatêtebassetoutdesuiteplutôtquedemainmatin.Colton ne me quitte pas des yeux, les mâchoires serrées, en proie à une émotion

inavouée.Ilfermelesyeuxunefractiondeseconde.–Rylee,jet’enprie,écoute-moi.Net’envapas.C’estjusteque…Il se passe la main sur la nuque, la confusion et le doute creusant son visage

magnifique,visiblementincapabledetrouverlesmotspourallerauboutdesonmensonge.Moncœurvoudrait lecroirequandilmeditderester,maismaraisonestpluslucide.

Madignité,c’esttoutcequimeresteétantdonnéquemonespritaétélittéralementdétruit,explosé,abandonnésurlelit.

–Écoute,Colton.Noussavonstoietmoiquetunelepensespas.Tuneveuxpasquejereste.Tuasréservéunechambreicicesoirdansl’espoirdebaiser.Tupensaisprobablementquece seraitavecRaquel.Unechouettepetite suite, sanshistoireset sanscomplications–unendroitque tupourraisquitteraumatin sansun regardpourcellequi serait toujoursendormiedanslelit.Bon,jesuisentréedemonpleingré.

Je l’admets enme rapprochant de lui, ses yeux toujours rivés sur lesmiens quand jeposelamainsursapoitrinenue.

– C’était super, Ace, mais cette fille-là (je fais un geste qui me désigne et ensuite jemontrelachambre)cettefille,cen’estpasmoi.

Ilmeregardeavecunetelleintensitéquejebaisselesyeux.–Tuasraison,cen’estpastoi.Il lèvesonverreet levide, sonregardémeraude toujoursposésurmoi,par-dessus le

bord de son verre. Quand il a fini, il passe la langue sur ses lèvres en inclinant la têtecommes’ilpensaitàquelquechose.

–Jeprendsmesclésetjeteramènecheztoi.–Cen’estpaslapeine.Je secoue la tête, en dansant d’un pied sur l’autre, tout enmedemandant comment

sauverlafacealorsquel’humiliationserépandenmoi.–Jevaisprendreuntaxi,ceseramieuxcommeça,pourtoicommepourmoi.Celame demande un effort considérable dememettre sur la pointe des pieds pour

l’embrassernaturellementsurlajoue.Quandjecroisesonregard,jefeinsl’indifférence.– Ne t’en fais pas, Colton, tu as franchi la ligne d’arrivée et remporté le drapeau à

damierdelavictoire.Jeprendsjustemesprécautionspournepasrisquerledrapeaunoir.

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Jemedirigeverslasortie,latêtehautemalgréletremblementdemalèvreinférieure.Jesorsetjemontedansl’ascenseur.Quandjemeretournepourappuyersurleboutondurez-de-chaussée, Colton se tient dans l’embrasure de la porte du penthouse. La bouchepincée,ilmeregardefroidement,levisagedur.

Jenelequittepasdesyeuxquandlaportecommenceàserefermer,unelarmeroulesurmajoue,leseulsignedematristesseetdemonhumiliationquemoncorpstrahisse.Jemeretrouveenfinseule.Jemelaisseallercontrelaparoi,laissantmesémotionsm’envahir,maiscontinuantàlutterpourretenirmeslarmes.Ilmeresteencoreàtrouverlemoyenderentrerchezmoi.

***

Lacourseentaxiestrapidemaisdouloureuse.Messanglotssilencieuxàl’arrièredelavoiturenefontrienpouradoucirlabrutaleréalitédecequivientdesepasser.Quandnousnousarrêtonsdevantlamaison,unpeuaprèstroisheuresdumatin,jesuiscontentedevoirqu’Haddieestrentréemaisqu’elledort,commeça jen’auraipasàsubirsesquestions toutdesuite.

Jemeglissedansmachambreetjerègleleshaut-parleursdemonIpodsurunvolumeàpeine audible, je fais dérouler la liste pour trouver «Unwell » et j’appuie sur le bouton«répétition».EnentendantlesparolesfamilièresdeRobThomas,jemedébarrassedemesvêtements et j’entre dans la douche. L’odeur deColton et de sexe flotte surmoi et jemefrictionnedemanièreobsessionnellepourm’endébarrasser.Maisçanesertàrien.Quoiquejefasse,jecontinueàsentirsonodeur,songoût,sontoucher.Jelaissel’eauemportermontorrentdelarmesennoyantmessanglotsdanslebruitdeladouche.

Quand je suis détrempée et quemes larmes se sont taries, je sors et je vais dansmachambre. J’enfile un caraco et une culotte avant de m’écrouler dans la chaleurréconfortantedemonlit,etjeplongedanslesommeil.

ÀSUIVRE…

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