tissot constitution des organismes vol2num 1936[1]

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J. TISSOTProfesseur de Physiologie Gnrale au Musum national d'Histoire Naturelle

CONSTITUTION DES ORGANISMESANIMAUX ET VGTAUX

CAUSES DES MALADIESQUI LES ATTEIGNENT 2 VOLUMEe

CAUSE ET NATURE DE LA TUBERCULOSEOrigine et nature du bacille de Koch Source originelle des virus Constitution lmentaire des tissus

PARISAU LABORATOIRE DE PHYSIOLOGIE GNRALE DU MUSUM D'HISTOIRE NATURELLE7, RUE CUVIER

1936

DU MEME AUTEUR

Constitution des organismes animaux et vgtaux. Causes des maladies qui les atteignent. 1 er volume. Ouvrage comprenant un volume de 679 pages et un album de 333 planches en phototypie. Cet ouvrage comprend des tudes nouvelles relatives : 1 A la constitution et l'volution des cultures bactriennes. 2 A l'tude de la transformation des cultures bactriennes en cultures de moisissures et rciproquement. 3 A l'volution des moisissures parasites vgtant dans l'organisme animal. 4 A l'tude de la constitution des tissus de l'organisme animal, tissu conjonctif, cerveau, fibres nerveuses myline, muscles, foie, rate, testicule, ovaire et des lments figurs du sang. 5 A l'tude de la constitution des tissus vgtaux. 6 A l'tude de la nature et de la constitution des ferments, des toxines et antitoxines, des virus filtrants. 7 A l'tude de la constitution du complment ou alexine. 8 A l'tude du mcanisme des phnomnes d'hmolyse, d'agglutination, de prcipitation, de fixation du complment. 9 A la dtermination du mcanisme de l'anaphylaxie. 10 A l'tude de la nature et du mcanisme de l'immunit contre les maladies infectieuses. 11 A l'tude des causes des maladies des vgtaux, notamment des maladies de la pomme de terre, de la vigne, des crales et notamment des maladies attribues des urdines parasites. 12 A l'tude des agents pathognes des maladies de l'homme, et la recherche de la source originelle de ces agents pathognes. Toutes ces tudes ont eu pour rsultat, tout en rectifiant de nombreuses connaissances erronnes, d'en apporter de nouvelles d'une importance capitale pour les progrs de la lutte contre les maladies. Elles ouvrent une voie nouvelle l'activit des chercheurs. C'est l'application des principes nouveaux tablis dans cet ouvrage qui a rendu possible la dcouverte de la nature et de l'origine de la tuberculose et du bacille de Koch qui font l'objet du 2e volume actuel et d'autres rsultats aussi importants qui feront l'objet d'un troisime volume en prparation. Cet ouvrage se trouve au laboratoire de Physiologie gnrale du Musum d'Histoire naturelle, 7, rue Cuvier, Paris.

J. TISSOTProfesseur de Physiologie Gnrale au Musum national d'Histoire Naturelle

CONSTITUTION DES ORGANISMESANIMAUX ET VGTAUX

CAUSES DES MALADIESQUI LES ATTEIGNENT2e V O L U M E

CAUSE ET NATURE DE LA TUBERCULOSEOrigine et nature du bacille de Koch Source originelle des virus Constitution lmentaire des tissus

PARISAU LABORATOIRE DE PHYSIOLOGIE GNRALE DU MUSUM D'HISTOIRE NATURELLE7, RUE CUVIER

1936

TABLE DES MATIRES

Pages

Introduction .. . 5 Expos historique et critique 13 Mthode applique aux recherches 21 Examen des lments du tissu tuberculeux 27 Origine et nature des cellules embryonnaires 30 Rle de la cloison interalvolaire dans la formation des cellules embryonnaires 37 Vgtation de la carcasse de soutnement des cloisons interalvolaires 43 tude du contenu des alvoles pulmonaires............... 47 tude de la cellule gante . . 59 Formes et volution du tissu tuberculeux 72 Causes de la forme nodulaire du tissu t u b e r c u l e u x . ...... 85 Constitution et volution des cellules embryonnaires 89 Nature et origine du bacille de Koch 97 Signification des faits observs. Cause et nature de la tuberculose. 115 Le dveloppement de la tuberculose est spontan ; en rgle gnrale sa cause initiale n'est pas la contagion 121 Source originelle des virus 124 Consquence des faits au point de vue du diagnostic de la tuberculose. 130 Constitution lmentaire de la matire vivante et organise 134

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaption rservs. Copyright by Tissot 1936.

INTRODUCTION

Les tudes qui font l'objet de cet ouvrage sont la continuation de celles qui ont t publies en 1926 sous le titre : Constitution des organismes animaux et vgtaux ; causes des maladies qui les atteignent ; elles constituent le deuxime volume de cet ouvrage. Je dois rappeler que ce premier volume contenait exclusivement des faits dont l'existence, la matrialit et la forme exacte sous laquelle ils se prsentent ont t fixs par la photographie. Les faits principaux qui ont t mis en lumire par ces premires tudes sont les suivants : 1 La constitution histologique des tissus des organismes animaux et vgtaux est trs diffrente de celle qui est admise actuellement. J'ai indiqu et fix par des photographies ce qu'est, en ralit, la constitution histologique du tissu conjonctif, du tissu musculaire, des lments principaux du systme nerveux central, des fibres nerveuses myline, du foie, de la rate, des lments constituants du sang..., etc. 2 La forme vgtative de ces divers tissus ou lments de tissus est en ralit identique la forme vgtative de champignons infrieurs, les hyphomyctes. 3 Pour complter cette identit, j'ai dmontr, de la faon la plus formelle, aprs avoir tabli le cycle du dveloppement qui dtermine la reproduction et la pullulation des bactries, que les cultures bactriennes se transforment en hyphomyctes, c'est--dire en culture de moisissures quand on les met dans des conditions favorables cette transformation. J'ai donn des preuves multiples et formelles de ce phnomne en ralisant la transformation en hyphomyctes de toutes les cultures bactriennes pures qui sont les virus des maladies contagieuses connues. Le phnomne inverse se ralise galement. Non seulement les cultures d'hyphomyctes peuvent tre transformes en culture bactrienne ; mais, presque toujours, elles donnent naissance en mme temps, la sur-

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INTRODUCTION

face mme du milieu de culture, des lments bactriens trs nombreux c'est--dire une culture bactrienne. 4 Des fragments de tissus, prlevs dans les conditions les plus rigoureuses d'asepsie sur des organismes animaux et vgtaux sains, donnent naissance des cultures bactriennes et des cultures mycliennes de diverses formes. Ici encore la dmonstration a t des plus formelles et elle n'a rien d'tonnant puisque la forme vgtative des lments des tissus est la forme myclienne et puisqu'une culture myclienne donne naissance une culture bactrienne et rciproquement. 5 Ces faits expliquent comment, sans qu'interviennent des cultures bactriennes htrognes, les corps animaux et vgtaux se dcomposent, pourrissent, aprs la mort de leur organisation et se transforment en cultures bactriennes et mycliennes qui, ds ce moment, deviennent des virus pouvant contaminer les animaux vivants. Ceci prouvait que tous les virus pathognes proviennent, obligatoirement, d'un organisme vivant animal ou vgtal qui en est la source originelle. 6 D'autres recherches trs tendues ont eu pour but de dterminer le mcanisme de l'immunit contre les maladies infectieuses et ont mis en lumire les faits qui expliquent en quoi elle consiste quand elle existe et la raison pour laquelle elle n'existe pas l'gard de certaines maladies. 7 Toute une srie de recherches a eu pour but le dterminisme des phnomnes de fixation du complment, de prcipitation, d'hmolyse et l'tude des corps lis ces phnomnes, alexine, hmolysines, prcipitines, anticorps en gnral, des toxines et des antitoxines. Les dmonstrations que j'ai donnes tablissaient ds 1926, la nature et la constitution physique des toxines et des ultra-virus qui sont constitus, non pas par des produits solubles, mais par des granulations trs fines, lments figurs forms par la culture bactrienne. Dans ce volume dj, il tait galement montr qu'il se forme dans l'organisme animal des virus autognes et que toute une catgorie de maladies des animaux, qu'on attribuait des virus bactriens htrognes, sont, en ralit, des maladies autognes accompagnes de la formation de cultures bactriennes par l'organisme lui-mme. Le volume premier exposait encore d'autres recherches relatives de nombreux autres sujets ; mais il n'en sera pas question ici parce que les rsultats que je viens d'exposer sont seuls lis aux recherches actuelles.

INTRODUCTION

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On sait, par des exemples nombreux, quelle difficult il y a faire admettre des connaissances nouvelles surtout quand elles sont en opposition avec des faits errons, mais admis depuis plus d'un demi-sicle. Les rsultats que je faisais connatre, dans le premier volume de cet ouvrage, taient en opposition avec de nombreuses connaissances admises. Je savais bien que de nombreuses objections me seraient faites, mais ce que je ne prvoyais pas, c'est que des socits savantes jugeraient, tel que cela se pratiquait il y a plusieurs sicles, que mes recherches dsintresses et qui, de toute vidence n'avaient en vue que le progrs de la science, mritaient d'tre interdites, mises l'index, et cela sans mme qu'aucune raison valable m'ait t donne pour justifier cette interdiction. Des socits savantes ont en effet jug qu'elles se compromettraient en acceptant la publication des rsultats de mes recherches et cela la requte de savants officiels. Comment aurais-je pu prvoir que les faits tablis avec autant de soins que j'en avais pris pour leur dmonstration, seraient jugs avec tant de svrit que personne, dans ces socits savantes, ne se trouva qui demanda, au moins, qu'un examen, mme superficiel, fut dcid avant de conclure l'interdiction de la publication. Par ce fait, c'est la diffusion des principes nouveaux que je cherchais introduire dans la science qui a t gne et retarde par l'action des socits savantes que j'avais cru tre cres, jusque-l, pour favoriser et mme provoquer les progrs de la science. Heureusement que quelques esprits libres, clairs et levs se sont trouvs qui ont cherch raliser cette diffusion, en dehors de moi-mme et sans y avoir t sollicits. Ces incidents, si regrettables qu'ils soient pour celui qui cherche, en ce sens qu'ils apportent une gne son uvre, ne m'ont cependant pas empch de continuer tendre et dvelopper les rsultats acquis. J'tais convaincu que les faits nouveaux que je faisais connatre, en 1926, dans le premier volume de cet ouvrage et dont les socits savantes avaient refus de publier les rsultats, taient de nature provoquer la ralisation de nouvelles dcouvertes et de nouveaux progrs scientifiques importants dans le domaine de la physiologie gnrale qui est galement celui de la Mdecine exprimentale. Aussi est-ce avec une grande satisfaction que je viens opposer, aujourd'hui, la rponse des faits l'interdiction prononce. Cette rponse des faits, expose dans ce volume, est la dcouverte de la cause relle de la

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INTRODUCTION

tuberculose, celle de son volution spontane qui, par elle-mme, fait tomber la notion de contagiosit, celle de la nature et de l'origine du bacille de Koch, mitochondrie normale des lments anatomiques, la dmonstration dfinitive de la source originelle des virus, qui est l'organisme des animaux et des vgtaux, et enfin, la dmonstration de la forme relle des mitochondries et du rle principal qu'elles jouent dans l'organisme.

Ces nouvelles acquisitions de la science, rendues possibles par la connaissance des principes exposs dans le premier volume de cet ouvrage, constituent la preuve clatante, dfinitive, de l'exactitude de ces principes et des faits qui les tablissent. Ces principes ne constituent pas seulement la solution des problmes qui ont t tudis pour les tablir, ils constituent une voie nouvelle ouverte l'activit scientifique des chercheurs dans tous les domaines de la biologie gnrale, dans ceux de l'histologie, de la physiologie gnrale et dans celui de toutes les parties de la mdecine. Ce deuxime volume de l'ouvrage Constitution des organismes animaux et vgtaux ; causes des maladies qui les atteignent , doit tre considr comme un exemple de l'influence que peut exercer l'application de ces principes dans l'tude d'une question de biologie gnrale, quand on met leur service, intgralement, la mthode du dterminisme qui s'teint progressivement, depuis les mmorables travaux et enseignements de Cl. Bernard.

L'un des rsultats les plus importants, au point de vue pratique et immdiat, auquel j'tais parvenu dans mes premires recherches, tait la dtermination de la source originelle des virus ; cette source tant connue dans le principe gnral, il restait la rechercher pour chaque virus pathogne en particulier et dterminer quelle tait exactement, pour chacun de ceux-ci, l'espce animale ou vgtale qui lui donnait naissance. J'avais dj pu tablir que le trichophyton cratriforme drive d'une volution du tissu normal de la pomme de terre et reproduire, coup sr, cette trichophytie chez le lapin par inoculation de diverses moisissures obtenues par culture de la pulpe aseptique de la pomme de terre saine. Ce premier succs me faisait croire que je dterminerais aussi rapi-

INTRODUCTION

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dement la source originelle de certains virus, tels que ceux de la fivre typhode, de la diphtrie, de la fivre de Malte... etc. Prenant comme point de dpart des recherches le fait que ces virus, cultivs dans certaines conditions, donnent naissance des moisissures qui peuvent se distinguer entre elles par certains caractres lis la spcificit de leur origine, j'ai cherch obtenir les moisissures caractristiques des principales substances alimentaires animales et vgtales ou des espces animales et vgtales en contact avec l'homme. Sachant que chaque espce animale ou vgtale peut tre la source originelle d'un virus, j'ai compar entre elles les moisissures obtenues par transformation des virus connus avec celles que fournissent les tissus des diverses espces animales et vgtales tudies. Dans ces comparaisons, j'ai vu des analogies frappantes qui m'avaient amen penser que le virus de la fivre de Malte, par exemple, provenait de la substance des citrons ou oranges, ceux-ci, comme les cultures de Micrococcus mlittensis, donnant naissance une mme espce d'hyphomycte, le Penicilium italieum, facilement reconnaissable. Par le mme procd, j'avais t amen conclure que le virus diphtrique devait provenir de l'orge, celui du paratyphus A du bl, celui du paratyphus B du seigle, celui de la fivre typhode du mas..., etc. Je n'ai pas continu cette recherche dans le mme sens, parce que je ne pouvais pas fournir la preuve formelle que mes conclusions taient exactes ni m'en convaincre de faon absolue moi-mme ; j'ai jug qu'avant de les continuer dans la mme voie, je devais m'adresser un virus qui permet de fournir cette preuve formelle, la vaccine, par exemple. Le virus obtenu de sa source originelle fournira la preuve, sans doute possible, qu'il est celui de la vaccine s'il provoque la formation de pustules analogues la pustule vaccinale et s'il ralise l'immunit contre une inoculation ultrieure de vaccin de gnisse habituel. J'ai poursuivi mes recherches dans ce sens pendant deux annes sans succs et je les poursuis encore. J'ai pens que, si j'chouais ainsi, c'est parce que mes connaissances sur la cration des virus par leur source originelle, et sur leur culture en dehors de l'organisme qui est cette source taient insuffisantes et qu'il fallait auparavant les complter. Convaincu que la tuberculose pulmonaire de l'homme tait due une transformation de la forme de la moisissure organique qui constitue ses tissus normaux, transformation dont le bacille de Koch serait le rsultat ou le tmoin, j'avais l un cas de formation d'un virus dans sa source originelle elle-mme, si toutefois je ne me trompais pas. J'ai donc choisi ce sujet pour chercher tablir, soit le mcanisme de cette transformation

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INTRODUCTION

de la substance normale des tissus en virus tuberculisant, soit la preuve de mon erreur et de l'origine htrogne du bacille de Koch. J'ai fait cette tude sur le poumon de l'homme et ai cherch tablir aussi compltement que possible le dterminisme de l'volution des lsions tuberculeuses. Au cours de cette tude, j'ai pu parvenir la connaissance des faits qui donnent, par eux-mmes, la dmonstration et l'explication claire et simple : 1 De la cause de la tuberculose et de l'extension de ses lsions. 2 De la cause de la destruction du tissu pulmonaire. 3 De l'origine et de la nature du bacille de Koch. Ces acquisitions nouvelles sont d'une importance capitale au point de vue pratique car, en premier lieu, elles dmontrent que la tuberculose est une maladie qui nat spontanment chez l'homme et non pas par contagion. En second lieu, elles permettent de prciser le rle que joue le bacille . de Koch dans l'volution de la tuberculose ; enfin, elles permettront galement, comme consquence, d'liminer dfinitivement et avec sret, toutes les mthodes de traitement inutiles qui avaient pour but, soit de dtruire le bacille de Koch, rsultat impossible obtenir sans dtruire l'individu lui-mme, soit d'immuniser l'homme contre la contagion par ce bacille, immunisation qui est sans objet, en raison de l'origine du bacille de Koch et puisque la tuberculose est une maladie spontane, endogne et non une maladie contracte par contagion, tout au moins en rgle gnrale. Mais, si ces acquisitions sont importantes aux divers points de vue que je viens d'indiquer, elles en ont une encore plus grande un point de vue plus gnral : la connaissance du mcanisme de la transformation des lments constitutifs normaux des lments anatomiques en une culture bactrienne, c'est--dire en un virus pathogne ; ce fait constitue la premire dmonstration de la naissance d'un virus dans l'organisme vivant qui en est la source originelle et la premire dmonstration complte et directe de ce fait que la source originelle des virus est la substance de l'organisme des tres vivants.

L'tude qui suit a t faite en poussant le dterminisme jusqu' la solution de tous les problmes poss par le dveloppement des lsions tuberculeuses. Ces problmes taient : 1 La dtermination des lments qui constituent le tissu tuberculeux.

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2 La dtermination de l'origine, de la nature et de l'volution de ces lments. 3 La dtermination des rapports qui existent entre le dveloppement de ces lments et le bacille de Koch. 4 La dtermination de la nature et de l'origine du bacille de Koch. 5 La dtermination finale de la cause relle, immdiate, de la tuberculose pulmonaire naturelle de l'homme.

EXPOS HISTORIQUE ET CRITIQUE

La tuberculose tait considre, avant Lannec, comme la consquence d'inflammations chroniques du poumon. Laennec le premier a, en 1811, expos que la tuberculose se prsente sous deux formes, la granulation tuberculeuse produisant un petit nodule et l'infiltration tuberculeuse qui envahit progressivement le tissu pulmonaire sans produire de nodule. Vers 1850, Virchow1 la suite de ses tudes d'anatomie pathologique, conclut que seule la granulation tuberculeuse se rapporte vritablement la tuberculose et il considre que l'infiltration tuberculeuse, ainsi que toute lsion qui n'a pas la forme de nodule est un produit inflammatoire et n'a aucun rapport avec le tubercule. Jusqu' 1865, de nombreux travaux sont publis dont une partie appuient les conclusions de Laennec et une autre partie, celles de Virchow. En 1865-1866, Villemin 2 dmontre que l'inoculation sous la peau du lapin de la matire tuberculeuse prise sur l'homme, une vache ou un lapin dj rendus tuberculeux, reproduit la tuberculose ; il dduit de ce fait sa doctrine de la contagiosit de la maladie ; cette doctrine fut considrablement renforce par les expriences de mon illustre et regrett matre A. Chauveau 3 qui, en 1868, russit infecter trois gnisses par ingestion de matire tuberculeuse provenant d'une vache phtisique. Ainsi tait introduite dans la science la grave erreur qui devait diriger toutes les recherches futures dans une voie fatalement strile. Les expriences de Villemin ne comportaient nullement la conclusion qu'il en a tire. Cette conclusion aurait d tre strictement limite la signification du rsultat de ses expriences qui tait la suivante :1. Virchow, Pathologie cellulaire. 2. Villemin, Cause et nature de la tuberculose. Bull. de l'Ac. de md., t. X X X I I , 1866, p. 152, et tudes sur ta tuberculose, 1 vol., 1868. 3. A. Chauveau, Application de la connaissance des conditions de l'infection l'tude de la contagion de la phtisie pulmonaire, Bull. de l'Ac. de md., t. X X X I I I , 1868.

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CAUSE ET NATURE DE LA TUBERCULOSE

l'inoculation sous-cutane de matire tuberculeuse aux animaux leur confre la tuberculose. Il n'y avait pas, dans ces expriences, la preuve que la contagion d'homme homme tait toujours la cause dterminante et ncessaire au dveloppement de la maladie dans les conditions de vie habituelles, qui n'ont rien de commun avec les conditions de la transmission par inoculation sous-cutane. Quant aux expriences de Chauveau sur l'ingestion de matire tuberculeuse, elles signifiaient seulement que l'infection des gnisses peut se produire dans les conditions spciales qu'il a ralises pour l'obtenir. Elles ne signifiaient pas non plus que l'homme contracte la tuberculose pulmonaire dans des conditions de vie qui sont totalement diffrentes de celles de ses expriences. Malgr l'appui des expriences de Chauveau, les conclusions de Villemin relativement la contagiosit de la tuberculose furent trs combattues parce qu'elles ne s'accordaient nullement avec les faits cliniques observs ce moment par une pliade de cliniciens qui nous ont laiss les preuves qu'ils taient des observateurs de tout premier ordre. Il est intressant, au point de vue historique, de rappeler avec quel pressentiment de la ralit Pidoux exposait l'Acadmie de Mdecine les arguments qu'il opposait aux conclusions de Villemin : Des expriences sur les animaux vous donnent tel ou tel rsultat, et, au lieu de les contrler par l'exprience clinique et par toutes les donnes de la physiologie humaine, vous chafaudez sur elles une doctrine gnrale de la tuberculose humaine et de toutes les maladies. Pour cela, vous renversez toutes les notions acquises. Il faut que nous acceptions, du jour au lendemain, que la phtisie tombe des nues et que, dans sa pathognie, le sujet, la constitution, les conditions hyginiques, l'hrdit, les diathses, ne sont rien, et que tout est sur la lame d'une lancette charge d'un virus tuberculeux impossible, provenant sans doute d'un tuberculeux qui le tenait d'un autre, ainsi de suite jusqu'au premier homme, qui ne le tenait pourtant de personne et devait l'avoir form de toutes pices . Pidoux appuyait son argumentation en demandant qu'on lui fasse connatre un seul cas de tuberculose rsultant d'une contagion avre. Six ans aprs, pas un seul cas n'avait encore pu lui tre oppos. De tels arguments ont une valeur si considrable qu'ils ont laiss un doute et que la notion de contagiosit a continu tre trs conteste jusqu'en 1882. La dcouverte et la culture du bacille de Koch 1 en 1882, donnrent1. Koch, Die Oeliologie der Tuberkulose, Berliner. Klin, Wocheuschr., 10 avril 1882, p. 221.

EXPOS HISTORIQUE ET CRITIQUE

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une conscration dcisive aux conclusions de Villemin et firent tomber, ds ce moment, toutes les objections opposes la contagiosit ; celle-ci fut admise peu prs par tous. Ultrieurement, la lutte contre la tuberculose devait se diriger contre le bacille qu'on croyait ncessairement tre l'agent de la tuberculose, puisqu'on l'obtenait en culture pure et que l'inoculation de cette culture pure confrait la tuberculose. Il faut reconnatre que personne n'aurait os contester ces conclusions et qu' ce moment les faits paraissaient bien concluants. Cependant, cette dcouverte n'enlevait rien la valeur des faits cliniques observs au cours du sicle dernier et qui s'opposaient la doctrine de la contagiosit. L'infection bacillaire tant peu prs universellement admise, comme cause de la tuberculose, la lutte contre cette maladie se trouvait, par ce fait, engage dans une voie dont elle pouvait difficilement sortir. L'tude de la tuberculose se borna peu prs, ds ce moment, des travaux d'anatomie pathologique en vue de prciser des points particuliers de l'volution de la maladie. Les tudes nouvelles sur les toxines, ne firent qu'aggraver l'obscurit en faisant admettre que l'volution des lsions tuberculeuses tait commande par l'action des toxines du bacille de Koch. Tous les essais faits, ds ce moment, en vue de la gurison de la tuberculose par les procds les plus divers dirigs contre le bacille de Koch ont chou ; la tuberculine de Koch, les essais de Behring l'aide des bacilles virulence attnue ou par injection de substances extraites de bacilles, tous les essais de srothrapie, se sont rvls entirement inefficaces. Seule la clinique a russi raliser des progrs sensibles dans le traitement de la tuberculose. Actuellement, la tuberculose est considre peu prs par tous comme due au bacille de Koch et de nature contagieuse. A peu prs l'un des seuls, A. Lumire a, depuis quelques annes, combattu cette notion de contagiosit de la tuberculose chez l'adulte, cela en reprenant les faits tablis par les cliniciens du sicle dernier et leurs arguments. Je reviendrai ultrieurement sur ce point que je dvelopperai plus amplement.

En dehors des faits que je viens d'exposer, les recherches d'anatomie pathologique sont d'une importance capitale dans l'tude du dveloppe-

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CAUSE ET NATURE DE LA TUBERCULOSE

ment de la tuberculose. Nous examinerons donc spcialement, ici, l'volution des connaissances relatives ce dveloppement. Aprs les travaux de Virchow, il faut citer ceux de Grancher 1 dont voici la conclusion la plus importante que je cite textuellement : La dfinition de Virchow est trop troite, puisqu'elle ne comprend que la granulation tuberculeuse adulte. Il faut ajouter cette forme typique les jeunes nodules visibles au microscope seulement et les amas irrguliers de tissu cellulo-embryonnaire qui ont la mme structure et la mme destine que le tubercule et qu'on rencontre, soit dans la granulie aigu, soit dans les pneumonies caseuses sans granulation. La forme n'est pas un caractre absolu puisque le tubercule peut se prsenter sous la forme infiltre. Baumgarten 2 qui tudia la tuberculose pulmonaire exprimentale en injectant une mulsion bacillaire dans la chambre antrieure de l'il et en examinant les lsions pulmonaires leurs diffrents stades et intervalles rguliers, a constat que des bacilles viennent se fixer dans les cloisons interalvolaires et qu'ils y dterminent un processus inflammatoire provoquant lui-mme la desquammation de l'pithlium alvolaire qui tombe dans la cavit de l'alvole. Par la suite, se forment les tubercules dont les plus volumineux sont constitus par un rseau d'alvoles dont la cavit est remplie de cellules pithliodes. Cette conception de Baumgarten n'est pas admise par Borel qui la critique en ces termes 3 : Comment des cellules d'origine si diverses (cellules alvolaires, pithlium pulmonaire, endothlium des vaisseaux, cellules des follicules lymphatiques, pithlium des bronches) arrivent-elles former les cellules pithliodes des granulations ? On ne le voit pas trs bien. En ralit, nous verrons combien la tuberculose pulmonaire est diffrente et combien une mthode d'inoculation (intraveineuse), qui aura pour but de mettre en contact immdiat bacilles et lments des tissus du poumon, nous permettra de suivre avec la plus grande rigueur et jour par jour, l'enchanement des faits qui surviennent dans la tuberculose pulmonaire. L'infection du poumon par la voie veineuse aura l'avantage de nous montrer, coup sr et sans traumatisme, les premiers termes de l'infection, la raction immdiate de l'organisme, la formation rapide de vritables granulations tuberculeuses dans les vaisseaux mmes. Ces granulations1. Grancher, De l'unit de la phtisie. Thse de Paris, 1873. 2. Baumgarten, Uber Tuberkel und Tuberkulose. 3. A. Borel, Ann. de l'Inst. Past., p. 597, 1893.

EXPOS HISTORIQUE ET CRITIQUE

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initiales, vritables tubercules d'inoculation, volueront pendant un certain temps sans provoquer d'autre raction apparente et aboutiront la casification vers le vingtime jour environ. A ce moment-l, et sans transition aucune, nous assisterons la gnralisation rapide du processus tuberculeux. De ses observations, Borel conclut : La cellule tuberculeuse est toujours une cellule lymphatique . Ds le premier jour de l'injection, et mme dj aussitt aprs l'injection, Borel constate que1 : Tous les capillaires et vaisseaux du poumon montrent une leucocytose polynuclaire intense. Le groupement des leucocytes est surtout vident dans les endroits o se trouvent les bacilles. A un fort grossissement, il est facile de voir que la plupart contiennent des bacilles. Quelquefois, un petit amas bacillaire se trouve arrt dans un capillaire du poumon; la masse des leucocytes disposs autour de lui est souvent trs considrable et ceux-ci forment une barrire plusieurs rangs : ils contiennent presque tous des bacilles... tant donne la constance du phnomne, je considre comme parfaitement tabli ce fait que les bacilles introduits dans la circulation sont immdiatement apprhends par les leucocytes polynuclaires . Cette leucocytose polynuclaire avait dj t observe par Kostenich et Volkow 2 qui ont constat que ces leucocytes sont disposs en foyers dans lesquels on trouve presque toujours des bacilles, mais qui n'affectent avec ces derniers que des rapports de voisinage. Ils n'ont pas vu de leucocytes contenant des bacilles ; mais ils constatent qu'o il y a des bacilles, il y a presque toujours des leucocytes polynuclaires et que ces derniers sont de bons indicateurs de la prsence des premiers. Borel constate qu'au troisime jour, les leucocytes commencent subir un processus de dgnration et disparaissent totalement au cinquime jour, ce qui l'amne cette conclusion (loc. cit. p. 606) : Les leucocytes polynuclaires sont donc impuissants dans la lutte contre le bacille et sont tus par lui ; mais il n'en est pas moins vident qu'ils incorporent les bacilles ds la premire heure et je ne puis, en aucune faon, souscrire aux ides mises par MM. Kostenich et Volkow . Aux endroits o se trouvent runis bacilles et leucocytes polynuclaires, Borel constate l'arrive, au troisime jour, de grandes cellules noyau unique, prsentant de nombreuses expansions et qui sont, d'aprs1. A. Borel, loc. cit., p. 604. 2. Kostenich et Volkow, Dveloppement du tubercule exprimental. Arch. de md. exp., 1892, p. 741.

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CAUSE ET NATURE DE LA TUBERCULOSE

lui, de grands leucocytes mononuclaires. Ils sigent la priphrie des vaisseaux. Il constate ensuite que : Ds le troisime jour, les coupes montrent, dans l'intrieur mme des vaisseaux, de nombreuses cellules gantes et on les voit pour ainsi dire se constituer autour des amas bacillaires. Ici, leur origine n'est pas douteuse, c'est par la fusion des leucocytes mononuclaires qu'elles prennent naissance. Par ailleurs, Borel constate la formation de pareilles cellules gantes, par le mme processus, dans les alvoles, ds les premiers jours de l'inoculation . Mais dans ce cas, cette formation s'opre, non par fusion de leucocytes mononuclaires, mais par fusion de cellules dites cellules poussires (que certains auteurs considrent comme des cellules pithliales). Un dessin reprsentant ces cellules est annex au mmoire de Borel. Elles semblent bien tre des cellules pithliales et leur aspect diffre totalement de celui de leucocytes mononuclaires. Aussi Borel s'efforcet-il de dmontrer, en vue de conserver l'unit de sa dmonstration, que ces cellules doivent tre considres comme des cellules d'origine lymphatique. Quoiqu'il en soit, ces observations amnent Borel conclure que la cellule tuberculeuse est toujours une cellule lymphatique . C'est galement la conclusion de Calmette 1 qui considre que, dans tous les cas, le tubercule est une production lymphatique et que les cellules fixes des diffrents organes, dans lesquels il est susceptible de se dvelopper, ne jouent aucun rle actif dans son histognse . M. et M me Hollande 2 ont conclu, de leurs tudes de cytologie sur la tuberculose exprimentale des poumons du lapin et du cobaye : L'histognse du follicule tuberculeux s'effectue aux dpens d'une seule cellule : la cellule embryonnaire. Celle-ci n'est qu'une cellule lymphatique diapdse qui se transformera successivement en plasmocyte, en cellule pithliode et finalement en cellule gante. Cette transformation est le rsultat des processus morbides que subissent les cellules sous l'influence des toxines microbiennes et de l'endoparasitisme du virus tuberculeux .

Ainsi, nous sommes en prsence de trois conceptions diffrentes pour expliquer le dveloppement de la tuberculose pulmonaire.1. A. Calmette, L'infection bacillaire et la tuberculose, Masson, 1920, p. 104. 2. M. et M me Hollande, Histognse et cytologie du follicule tuberculeux, Arch. de md. exp., 1931, m. 149.

EXPOS HISTORIQUE ET CRITIQUE

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La premire, remontant l'poque qui prcde la dcouverte du bacille de Koch, fait de la tuberculose pulmonaire une consquence des inflammations chroniques du poumon. La deuxime et la troisime attribuent la tuberculose une infection de l'organisme par le bacille de Koch, mais diffrent quant au mode de dveloppement de la matire tuberculeuse. La deuxime avec Grancher, Baumgarten, etc., admet que le tubercule rsulte de la desquammation, dans l'alvole pulmonaire, de la paroi pithliale alvolaire irrite par le virus tuberculeux, c'est--dire d'un phnomne pneumonique pralable. La troisime avec Koch, Cornil, Metschnikow, Yersin, Borel, Gilbert et Girode, Hollande... etc., conteste cette origine et considre que le tissu tuberculeux nat toujours exclusivement de cellules lymphatiques venues la rencontre des bacilles pour les englober et les dtruire. Aux deuxime et troisime conceptions, on peut opposer les objections suivantes : La deuxime conception expose bien comment la prsence du bacille de Koch dans les parois alvolaires peut, par inflammation, produire la chute de l'pithlium alvolaire dans la cavit de l'alvole et explique comment le tubercule se forme au dbut. Elle n'explique pas comment ce tubercule s'accrot ni comment voluent les cellules pithliales et encore moins quoi correspondent les petites cellules rondes ou cellules embryonnaires qui ne rpondent aucun lment pithlial de la paroi alvolaire et qui, cependant, constituent la zone d'accroissement des tubercules et sont visiblement lies cet accroissement. A la troisime conception, d'aprs laquelle la cellule tuberculeuse est toujours une cellule lymphatique, on peut opposer ce qui suit : 1 Si, au dbut de l'infection tuberculeuse, il se produit une leucocytose polynuclaire de dfense destine englober et dtruire les bacilles, la nature emploie un singulier procd de dfense puisque ces leucocytes sont tus par le bacille. 2 Comme, aprs le cinquime jour, il reste des bacilles dans le sang et galement des leucocytes polynuclaires dans l'organisme, ceux-ci tant au surplus indfiniment remplaables par d'autres de nouvelle formation, il est inadmissible que, s'il y a rellement appel des leucocytes par les bacilles, la leucocytose polynuclaire ne se continue pas. Il y a donc l un fait de grosse importance qui reste inconnu dans le phnomne. 3 Si la leucocytose polynuclaire est un procd de dfense, la leucocytose mononuclaire qui la suit en est un aussi ; il est incomprhensible et mme inadmissible que le bacille tuberculeux tue les premiers leuco-

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cytes, les polynuclaires, et qu'au lieu de tuer les seconds, il exerce au contraire sur eux une action excitatrice et hypertrophique qui les amne se muer en cellules pithliodes ou en cellules gantes. 4 La destruction du tissu pulmonaire rsulte de la formation du tissu tuberculeux, c'est--dire du tubercule. Or le tubercule serait constitu uniquement par des cellules lymphatiques. Comment admettre que le bacille tuberculeux, au lieu d'oprer lui-mme directement la destruction du tissu pulmonaire, puisse la raliser indirectement en communiquant aux cellules lymphatiques cette proprit destructive qu'elles ne possdent pas normalement. Or, c'est bien l'action qu'exercerait le bacille d'aprs la conclusion de Borel : la cellule tuberculeuse est toujours une cellule lymphatique. 5 Une preuve de l'inexactitude de la troisime conception est fournie par ce fait, qu'aprs la mise en jeu d'un premier procd de dfense qui aboutirait la mort des leucocytes polynuclaires, puis aprs la mise en jeu d'un deuxime procd de dfense qui, au contraire, pousserait les leucocytes mononuclaires une volution hypertrophique, la tuberculose se dveloppe aussi bien et mme mieux que si aucun procd de dfense n'tait intervenu, puisque ce sont prcisment les leucocytes mononuclaires qui viendraient constituer les cellules tuberculeuses. On se rend compte que de telles affirmations sont bases sur des faits dont l'interprtation n'est pas exacte et qu'elles ne rpondent qu' de multiples hypothses invoques chaque fois pour les besoins d'une thse, pour suppler des faits inconnus et un dterminisme insuffisant. En rsum, ni l'une ni l'autre des trois conceptions en prsence n'explique l'volution de la tuberculose pulmonaire, ni la nature de cette maladie.

MTHODE APPLIQUE AUX RECHERCHES

Depuis 1882, date de la dcouverte du bacille de Koch, l'tude de la tuberculose n'a pas fait de progrs bien sensibles. Elle ne pouvait en faire aucun parce qu'une barrire infranchissable pour les observateurs a t dresse devant eux par une srie de faits passs l'tat de principes intangibles ; elle ne pouvait pas en faire sans que cette barrire soit dtruite par l'laboration de principes nouveaux correspondant la ralit des faits. J'ai indiqu ces principes la page 5. C'est grce eux et en soumettant toute question un dterminisme rigoureux, que j'ai pu raliser fructueusement cette tude actuelle de l'volution des lsions tuberculeuses. C'est grce eux que j'ai t libr des principes faux et que j'ai pu voir la formation des cellules pithliales du poumon par un rameau man de la carcasse de la cloison interalvolaire, la constitution de ces cellules, la naissance des cellules embryonnaires sur la carcasse de la cloison interalvolaire ou sur des faisceaux de fibrilles qu'elle met, la nature relle de ces cellules embryonnaires et enfin la naissance du bacille de Koch sur les granulations formes par des cellules embryonnaires compltement volues. Sans les connaissances nouvelles dcrites dans ma publication de 1926, je n'aurais rien vu, car les connaissances anciennes m'auraient interdit de croire qu'une cellule embryonnaire peut natre par un petit filament provenant lui-mme d'un autre, ou de croire que le bacille de Koch, ou tout autre bacille, peut natre sur une granulation et ceci surtout parce que, n'ayant pas pu leur trouver une autre origine, on admet gnralement que les cellules embryonnaires sont des cellules lymphatiques provenant du sang par le phnomne hypothtique et vraisemblablement inexistant de la diapdse. Comment croire, et encore mieux oser crire, en prsence des principes

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actuels, qu'une granulation appartenant une cellule qu'elle soit ou non d'origine lymphatique, peut donner naissance un bacille de Koch !

Du dterminisme qui a t fait dans cette tude, l'hypothse a t exclue. J'ai cherch tablir les faits avec le maximum possible de prcision et de telle faon qu'ils puissent tre contrls, apprcis, jugs, directement par le lecteur sans avoir tenir compte de l'opinion de l'auteur. Un tel jugement n'est possible que sur des documents photographiques de grande nettet, non retouchs, c'est--dire sur des documents qui reproduisent intgralement, nettement, dans les moindres dtails, les points des prparations qui ont servi l'tude et la dtermination des conclusions. Cette prcision ne peut pas tre obtenue par des dessins et il faut de toute ncessit, pour l'obtenir, abandonner ce procd de reproduction pour le remplacer par la photographie, seul procd capable de fidlit et qui a l'avantage d'viter les erreurs d'interprtation de l'il et du cerveau, les oublis et erreurs de dessin, ainsi que les erreurs qui peuvent provenir du fait que, par son dessin, l'auteur cherche donner une dmonstration et qu'il y reproduit surtout les points qui, suivant sa conception, sont de nature faire la dmonstration qu'il recherche. Une telle reproduction faite avec les yeux et la main, toujours induits plus ou moins en erreur par le raisonnement, est forcment inexacte et sujette caution ; elle est incapable de servir de tmoin fidle aux observations et de preuve aux affirmations. Si le dessin est excut par la main et l'il ignorant d'un dessinateur, c'est l'inexactitude invitable. On en trouvera une preuve clatante dans les pages qui suivront, en comparant les photographies de tubercules du poumon, de cellules embryonnaires, pithliodes ou gantes, de cellules pithliales de la paroi alvolaire du poumon avec les dessins qui ont t publis sur le mme sujet. On se rendra mme compte, par cet examen, que la reproduction exacte d'une prparation microscopique par un dessin est impossible, quelle que soit l'habilet du dessinateur. Les dtails les plus tnus sont quelquefois les plus importants d'une prparation, et un trait plac inexactement suffit modifier le rapport qui existe entre deux lments. Ceci rsulte, de toute vidence, de la comparaison entre les dessins et les photographies. Mais la reproduction photographique prsente encore d'autres avan-

MTHODE A P P L I Q U E AUX RECHERCHES

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tages. J'ai depuis longtemps constat que l'examen la loupe des photographies des prparations microscopiques permet de faire des observations plus fructueuses mmes que celles ralises par l'examen direct au microscope. Souvent l'examen d'une photographie m'a permis de rectifier une conclusion errone tire de l'examen direct au microscope, ou de constater un fait important qui m'avait chapp avec cet examen. Quand on examine une prparation, il passe devant l'il une quantit d'images les plus varies dont la plupart sont incomprhensibles pour lui, ce moment, mais qu'il sera peut-tre en mesure de comprendre par la suite ds qu'une image comprise aura ouvert le champ une voie nouvelle dans la dcouverte, Le seul examen ultrieur de ces images, fixes par la photographie et conserves, permet souvent de raliser une dcouverte qui avait chapp avec l'examen microscopique direct. Aussi ai-je t amen, depuis longtemps, fixer dfinitivement par des clichs tout ce que montre d'intressant une prparation. J'obtiens ainsi et je conserve une grande quantit de documents fidles, prcis, qui, par leur comparaison et leur tude ultrieure permettent une analyse extrmement serre des phnomnes. Une mme rgion est souvent photographie plusieurs grossissements diffrents (100, 300, 600 1200), pour faciliter l'tude ultrieure. Si on ajoute ces avantages qu'un dessin demande des heures, quelquefois une journe entire pour son excution, qu'il est coteux quand on le fait excuter par un dessinateur, tandis que l'obtention d'un clich photographique demande trois cinq minutes au plus et que son prix de revient est minime (0,80 1 franc au plus), il ne peut y avoir aucune hsitation sur la mthode choisir. Mais, pour appliquer la mthode photographique, et lui conserver son caractre de prcision parfaite, il faut ne reproduire que des prparations microscopiques trs nettes, compltes, o les lments sont visibles avec une grande nettet et clart. La technique histologique permet d'obtenir des prparations trs belles dans lesquelles on peut colorer diffremment les divers lments pour les diffrencier. Bien souvent, dans ces prparations, certains lments sont peu visibles et certaines particularits, souvent de haute importance, restent insivibles. De telles prparations sont utiles dans certains cas, mais, en gnral, elles ne sont pas favorables l'tude.. L'exprience m'a montr que, s'il est fort important de rendre visibles les dtails intrieurs d'un lment, il est encore plus important de rendre trs visibles les rapports que les lments ont entre eux. Aussi, l'exprience m'a conduit utiliser presque exclusivement

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des prparations colores de telle faon que les lments deviennent tous visibles, nets et photographiables. La coloration doit tre assez intense pour que tous les lments, quels qu'ils soient, deviennent visibles et pas trop intense pour masquer les dtails intrieurs des lments les plus massifs. La question d'paisseur de la coupe a aussi une importance toute particulire ; il y a une paisseur qui convient chaque genre d'tude ; les coupes trs minces prsentent souvent plus de nettet, mais une certaine paisseur est souvent ncessaire pour pouvoir observer les rapports que les lments prsentent entre eux. Dans ce deuxime volume, j ' a i employ un procd que j ' a v a i s trs peu utilis dans le premier, pour exposer au lecteur les rsultats des observations et les preuves des faits; dans la plupart des cas, j ' a i ralis l'agrandissement photographique des clichs originaux dans la proportion de 1,7 2,5. Ce procd prsente l'avantage : 1 D'viter au lecteur d'tre oblig, dans la plupart des cas, de prendre une loupe pour bien distinguer les dtails ; ceci n'empche pas qu'il aura encore avantage ajouter la recherche la loupe dans certains cas, malgr l'agrandissement. 2 D'exposer avec nettet, au lecteur, les dtails les plus fins de la constitution des tissus un grossissement total de 2000, par exemple. 3 De pouvoir prsenter, avec une parfaite nettet de mise au point, de trs larges champs d'observation, la photographie originale a y a n t t faite avec un faible grossissement. J'ajoute que j ' a i utilis ce procd d'agrandissement mme pour mes observations personnelles.

L'tude du dveloppement de la tuberculose pulmonaire, aprs injection de virus tuberculeux dans le systme veineux, ne peut pas montrer des phnomnes identiques ceux du dveloppement normal de la tuberculose habituelle de l'homme. Le fait d'inoculer la tuberculose par la voie veineuse, rend obligatoire son dveloppement partir des vaisseaux. La constatation, dans ce cas, que les cellules tuberculeuses se dveloppent d'abord dans les capillaires du poumon, n'entrane nullement la conclusion que le dbut du dveloppement de la tuberculose pulmonaire de l'homme doit se produire par un processus identique. Quand on tudie la tuberculose exprimentale provoque, soit par

MTHODE APPLIQUE AUX RECHERCHES

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la voie veineuse, soit par une inoculation dans un organe, il, foie, rein, pritoine, on peut tre certain d'observer un mode de dveloppement qui ne correspond ni celui de la tuberculose pulmonaire de l'homme, ni la tuberculose clinique et naturelle du buf. Il est donc ncessaire, indispensable, pour observer le dveloppement normal ou habituel de la tuberculose pulmonaire, de ne pas tudier la tuberculose exprimentale, qui ne se produit pas par les voies naturelles, et d'tudier plutt la tuberculose naturelle et habituelle de l'homme. On a reconnu l'existence d'un bacille tuberculeux humain, d'un bacille d'origine bovine et d'un bacille d'origine aviaire. On sait que, mme dvelopp chez l'homme, le bacille bovin garde son type qu'on peut encore dceler par certains caractres ; il en est de mme pour le bacille d'origine aviaire. Ceci permet tout au moins de penser que l'origine de ces virus est autogne, c'est--dire que le virus bovin, par exemple, est issu de l'organisme mme du buf, puisqu'il garde les caractres spcifiques de son origine. Le virus humain ne possde donc son dveloppement normal que chez l'homme, le virus bovin que chez les bovids... etc. . Si la source originelle du bacille humain est l'homme, c'est donc une erreur d'tudier son dveloppement chez le lapin ou le cobaye. Seule l'tude exprimentale du dveloppement du bacille bovin chez le buf, ou du bacille aviaire chez les gallinacs serait exempte de cette critique, mais l'introduction exprimentale du virus, par quelle voie que ce soit, constituerait encore une cause d'erreur pour l'observation. Seule, l'observation de la tuberculose clinique ou accidentelle est exempte de ces causes d'erreurs et peut permettre une analyse exacte des phnomnes. C'est pour toutes ces raisons que, dans mes tudes, je me suis adress la tuberculose pulmonaire de l'homme. Les pices anatomiques ncessaires de telles tudes sont obtenues volont au cours des autopsies, dans les cas de tuberculose pulmonaire suivie de mort. Il est bien rare qu'on ne puisse pas trouver dans le poumon une zone dans laquelle existent les lsions tuberculeuses tous les stades de leur dveloppement, et sous toutes leurs formes. Un morceau de cette rgion est trait par le formol 10 % pendant trois jours, ou par le liquide de Bouin, puis lav, dshydrat par l'alcool, puis plong dans le tolune et enfin inclus dans la paraffine. Les coupes, colles et dparaffines, sont ensuite colores, froid, pendant 2 10 minutes, par de la fuchsine acide de Ziehl laquelle on ajoute un tiers, la moiti, ou les trois cinquimes de son volume d'alcool suivant les cas ;

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l'alcool remplit ici le rle de limiter le degr de coloration. On lave ensuite l'eau distille froide. Dans d'autres cas, les coupes sont d'abord colores l'hmatoxyline ferrique, puis ensuite la fuchsine de Ziehl, Ces colorations suffisent pour obtenir des prparations dans lesquelles tous les lments sont visibles. Les observations que je vais dcrire consisteront, d'abord, examiner un tubercule typique et analyser les divers lments qui le constituent.

EXAMEN DES LMENTS DU TISSU TUBERCULEUX ET DES POINTS SUR LESQUELS DOIVENT PORTER LES RECHERCHES

D'aprs A.-Ch. Hollande et M me G. Hollande1, qui ont tudi longuement la cytologie du tissu tuberculeux, le tubercule serait constitu comme il suit : Le follicule tuberculeux comprend trois zones : le centre est occup par les premires cellules embryonnaires diapdses, transformes en cellules pithliodes, plus rarement en cellules gantes ; la zone externe renferme les cellules embryonnaires types, rcemment diapdses ; la zone moyenne comprend les plasmocytes et les cellules pithliodes en formation. Il n'existe aucune gangue intermdiaire entre les cellules du follicule (p. 217)... Dans la mme publication (p. 166), les mmes auteurs crivent : Le follicule tuberculeux apparat ds lors comme ayant une formation trs simple : il est le rsultat d'une production lymphatique issue de la runion de cellules mobiles, diapdses qui, toutes, ont pour origine une mme sorte de cellules : la cellule embryonnaire, elle-mme, cellule lymphode. En d'autres termes, dans un mme follicule tuberculeux, les cellules embryonnaires se trouvent simplement, divers degrs, des stades diffrents de leur volution morbide Entre ces diverses cellules, appartenant en propre au follicule tuberculeux et surtout la priphrie de ce follicule, s'infiltreront, suivant l'tat de virulence du microbe, des cellules conjonctives, des fibroplastes, et des leucocytes polynucls 1. A.-CH. Hollande et Mme G. Hollande, Histognse et cytologie du follicule tuberculeux, Arch. d'anal, microsc, 1931.

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Dans un follicule tuberculeux non casifi, les bacilles de Koch ne se trouvent jamais l'tat libre ; ils ne sont, en d'autres termes, jamais situs entre les cellules et en dehors d'elles ; ils sont obligatoirement incorpors dans le protoplasme des cellules pithliodes et des cellules gantes, ou dans le protoplasme des cellules pithliodes ou gantes pour y prlever les bacilles . Notons enfin qu'il n'existe pas de gangue intermdiaire, de fibrilles spciales, de tissu rticul reliant les diverses cellules d'un follicule tuberculeux . Examinons m a i n t e n a n t nous-mmes une rgion de tissu tuberculeux telle que celle que reprsente la pl. 1. Cette figure reprsente une coupe de poumon tuberculeux de l'homme; elle montre au centre un nodule tuberculeux en voie de formation. Celui-ci comprend lui-mme, une masse centrale b b b, de tissu compact qui se colore peine par la fuchsine de Ziehl et dans lequel on ne remarque que quelques lments globuleux pars dont on ne peroit plus, le plus souvent, que la silhouette. Autour de cette masse, on remarque, dans la rgion f f une large zone o pullulent les cellules embryonnaires et d'autres plus grosses qu'on a dsignes plasmocytes. Sur un autre ct du jeune nodule, en c c, on ne voit plus ou presque plus de cellules, et toute cette rgion est occupe par des fibres longues, rameuses, anastomoses, qui constituent une t r a m e dont les fibres vont se perdre dans la masse compacte centrale du nodule, disposition n o t a m m e n t visible dans la rgion a a. En k k, puis en i i, se t r o u v e n t deux autres rgions dans lesquelles on trouve la fois des cellules embryonnaires, des plasmocytes et une t r a m e de fibres rameuses. En d et e, en dehors du follicule, on remarque deux cellules gantes avec leurs noyaux et leurs expansions protoplasmiques. Enfin en y et j, on voit des lments plus gros qui sont les cellules pithliales des parois alvolaires ; en g persiste encore une faible partie de la cavit alvolaire. Si nous examinons d'autres rgions de la mme prparation, celles o l'on ne remarque que du tissu d'infiltration, sans formes nodulaires, nous constatons que le tissu tuberculeux y est constitu par les mmes lments. La planche 1 bis montre un autre follicule tuberculeux plus complt e m e n t dvelopp et de forme arrondie, la priphrie duquel on remarque,Pl. 1. Coupe de poumon tuberculeux. Gross. 110. Agrand. 200.

EXAMEN DES LMENTS DU TISSU TUBERCULEUX

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en d, e, f, les mmes tractus ou fibres rameuses, anastomoses dj vues la priphrie du follicule de la planche 1. Ici, ces fibres se dveloppent paralllement la circonfrence extrieure du follicule et paraissent lui constituer comme une gaine ou enveloppe fibreuse qu'on a considre, pour cette raison, comme une raction fibreuse destine enkyster le tubercule ; ces fibres n'ont pas, en ralit, cette destination. On remarque que, plus elles sont rapproches de la masse centrale du tubercule, plus elles sont paisses et moins elles ont le pouvoir de fixer la fuchsine de Ziehl. En effet, ces fibres ou tractus, voluent, augmentent d'paisseur par multiplication des lments qui les constituent et elles finissent par former une substance compacte analogue celle qui forme le centre du tubercule, les espaces vides, arolaires, qui existent entre les fibres s'efaant progressivement. Cette transformation s'observe nettement dans la rgion b, b, b, o elle s'est opre plus rapidement que dans les rgions d, e, f. En g, h, on voit ces tractus se diriger dans une autre direction, ce qui montre qu'ils n'ont pas pour fonction d'enkyster le nodule. En l, m, on voit une cloison interalvolaire considrablement paissie par du tissu tuberculeux qui s'y est infiltr. En k la priphrie du nodule, on voit une rgion riche en cellules embryonnaires. Dans les deux grosses cavits qui existent au bas de la figure, on remarque de gros lments globuleux qui sont des cellules pithliales des parois alvolaires tombes dans les cavits. Ces deux planches 1 et 1 bis nous montrent donc nettement que les lments principaux qui constituent le tissu tuberculeux, qu'il soit sous la forme nodulaire ou sous la forme diffuse, sont les suivants : 1 Les cellules embryonnaires et plasmocytes. 2 Les cellules pithliales de la paroi alvolaire. 3 La gangue intermdiaire entre les cellules gantes, formes par les tractus ou fibres ramifies et anastomoses. 4 Les cellules gantes. Nous allons tudier successivement, la nature, l'origine et l'volution de chacun de ces lments.Pl. 1 bis. Coupe de poumon tuberculeux. Gross. 110. Agr. 200.

ORIGINE ET NATURE DES CELLULES EMBRYONNAIRES

On ignore actuellement la nature et l'origine des cellules embryonnaires. On les a le plus souvent considres comme des cellules lymphatiques sorties des vaisseaux par diapdse par ce qu'on n'a pas pu leur trouver d'autre origine, et on a expliqu ce phnomne par une action spciale des toxines du bacille de Koch sur ces cellules ; elles sortiraient des vaisseaux par diapdse pour venir dtruire sur place le bacille de Koch ; ce serait un phnomne de dfense de l'organisme. J'ai recherch l'origine de ces cellules embryonnaires dans les rgions o elles existent ou apparaissent en plus grand nombre c'est--dire la limite d'extension de l'infiltration tuberculeuse et la priphrie des tubercules en voie de croissance. Cette tude a t faite sur des coupes de fragments de poumon tuberculeux humain prlevs autant que possible la limite des lsions tuberculeuses et dans des rgions riches en tubercules miliaires. Ces fragments taient fixs dans une solution de formol 10 % ou dans du liquide de Bouin, inclus dans la paraffine par les procds ordinaires et dbits en coupes de 1 /200 1 /400. Les coupes ont t traites d'abord par l'hmalun, puis ensuite colores avec plus ou moins d'intensit, suivant les cas, par la fuchsine phnique de Ziehl. Pour modrer le pouvoir colorant de ce ractif, on y ajoute un peu d'alcool 95 dans la proportion d'un quart un tiers. Dans certains cas, la coloration des coupes a t faite par la fuchsine phnique seule. En tudiant longuement les cellules embryonnaires une une, dans les rgions o elles foisonnent, j'ai constat : 1 Que beaucoup de cellules embryonnaires ne sont pas rondes, comme on les dcrit, mais qu'elles sont ovales ou pyriformes car elles prsentent gnralement un ct plus pointu que l'autre. 2 Qu' ce ct plus pointu est adhrente une tige de grosseur et longueur variables.

ORIGINE ET NATURE DES CELLULES EMBRYONNAIRES

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3 Que cette tige, qui est le pdicule de la cellule, part ou semble souvent partir d'un rameau voisin assez long dont il mane. En multipliant des centaines de fois cette observation et photographiant chaque fois les dispositions observes, j'ai eu en mains une masse de faits qui prouvaient d'une faon certaine, indiscutable, que les cellules embryonnaires sont des cellules formes l'extrmit d'un pdicule n lui-mme sur un rameau provenant d'une rgion indtermine. La formation d'une cellule embryonnaire peut tre compare celle d'une prune ou d'une cerise dont la queue ou pdoncule nat sur un petit rameau. Quand on s'est livr pendant trs peu de temps cette observation, on arrive percevoir le pdicule de la plupart des cellules embryonnaires d'une rgion, si toutefois la coloration de la coupe a t convenable cet effet. La planche 2 reprsente un point d'une rgion de poumon en voie d'infiltration. Cette rgion a t photographie un grossissement de 1100 et le clich agrandi pour donner un grossissement de 2000 environ. Un faisceau xxx compos de fibrilles donne naissance aux cellules embryonnaires : b peu colore, dont le pdicule est en b' ; c dont le pdicule est en c', puis aux autres cellules j, k, l, M, K, L, u, q, r, v', s, x', relies galement au faisceau x x par des pdicules assez nettement apparents. Notons que les pdicules b', c', G des cellules embryonnaires b, c, F naissent trs nettement d'une grosse granulation rfringente b", c", H place dans le faisceau x. Le pdicule j' de la cellule j, nat galement sur une grosse granulation j''. En e d, g, i, se trouve un groupe de cellules embryonnaires tasses dont les pdicules sont dirigs, l'un vers le haut de la figure, les autres vers le bas et dont quatre, f, f', g, i, partent du faisceau xx. Un groupe de 7 ou 8 cellules embryonnaires existe en y, N, P, D, R, a, tasses les unes contre les autres. Le pdicule de la grosse cellule y existe en S. Le pdicule de la grosse cellule a se trouve en a' et part d'un petit faisceau A au mme point que quatre autres branches B, C, D, E, qui forment galement les pdicules d'autres cellules dont deux sont marques d'une croix. Une autre cellule embryonnaire se voit en m avec son pdicule m', une autres grosse en n avec son pdicule n' qui est une ramification du rameau n" n" partant du faisceau de fibrilles x x. D'autres cellules trs petites et de diffrentes grosseurs, pourvues d'un pdicule assez net, se voient dans les rgions z z, notamment tout au bas de la figure, et il est remarquer, notamment pour les quatre

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CAUSE ET NATURE DE LA TUBERCULOSE

trs jeunes cellules z' et s", au bas de la figure, qu'elles naissent par un court filament sur une grosse granulation et que l'ensemble des deux granulations et du btonnet qui les relie a l'aspect d'un haltre. A droite et en bas de la figure, on verra une jeune cellule embryonnaire q naissant par le btonnet b, sur une petite granulation 10. La planche 2 montre, en outre, qu'entre les cellules embryonnaires s'est dvelopp un rseau de fibres ramifies telles que xxx et ses branches latrales, ceux des rgions z, et ceux sur lesquelles naissent les jeunes cellules embryonnaires z' z"... etc. La figure contient d'autres particularits fort intressantes, mais pour le moment, nous nous bornerons faire ressortir qu'elle dmontre : 1 Que les cellules embryonnaires ne sont pas des cellules isoles, libres. 2 Que ces cellules naissent l'extrmit de pdicules plus ou moins longs manant de faisceaux de fibrilles ramifis, et que ces pdicules naissent eux-mmes sur une ou plusieurs granulations incluses dans les faisceaux. 3 Qu'elles restent lies ces faisceaux pendant toute la dure de leur dveloppement puisqu'on les voit l'tat de grosses cellules adultes telles que y, a, b, n, de cellules de grosseur moyenne comme C, j, k, m, ou plus petites, comme V, puis T, T', et enfin de cellules minuscules qui ne sont encore qu'une grosse granulation comme z', z". 4 Que, par consquent, tant nes et dveloppes sur place, elles ne proviennent pas du sang par diapdse et n'ont rien de commun avec les cellules lymphatiques. Cette dmonstration est ralise de nombreuses fois dans la plupart des planches de cet ouvrage, sans y avoir t spcialement recherche. Dans la figure 1, pl. 3, on verra, principalement, un groupe de cellules embryonnaires a, b, c, naissant sur un rameau ramifi d, ainsi que d'autres cellules embryonnaires parses et pourvues de pdicules dont certains e, f, g, sont caractristiques, leur extrmit tant termine par une petite boule sphrique. On verra ultrieurement que cette petite boule est l'une des deux granulations d'un btonnet en haltre qui a donn naissance la cellule; la deuxime boule de ce btonnet en haltre est situe dans la cellule et la priphrie. Dans la figure 2, planche 3, on distingue un rameau b, divariqu, mettant des rameaux secondaires c, f, g, h, i, j. Une cellule embryonnairePl. 2. Coupe de poumon tubercuelux. Gross t 1.100. Agrand. 2.000. Pl. 3. Coupe de poumon tuberculeux. Fig. 1. Gross t 550. Agrand. 1.000. Fig. 2. Gross t 1.100. Agr. 2.000.

ORIGINE E T NATURE DES CELLULES EMBRYONNAIRES

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presque sessile n nat en e ; d'autres naissent sur les rameaux en l, m, A, k ; d'autres cellules embryonnaires dont on voit le pdicule ou son point d'attache, se voient en r, w, v, y, z. Notons galement ici que les rameaux tels que a, d, b, t', p, u, et leurs ramifications constituent la gangue ou trame intermdiaire dont il sera parl plus loin. Cette figure dmontre nettement l'existence de cette gangue et la formation, par elle, de cellules embryonnaires. Les planches 4 et 5 montrent dans deux autres cas de tuberculose pulmonaire, deux aspects diffrents que prennent les fins rameaux ramifis qui donnent naissance aux cellules embryonnaires, dans les rgions o ces dernires foisonnent en larges plages, c'est--dire dans la zone d'extension de l'infiltration tuberculeuse. Dans la planche 4, la figure 1 montre : en a, b, c, e, f, u, r, s, t, z, des cellules embryonnaires munies de leur pdicule; en g, une cellule embryonnaire sessile sur un rameau ; en h, un rameau donnant naissance huit cellules embryonnaires ; en i, un autre rameau donnant galement naissance huit cellules courtement pdicules ; en j, un autre rameau donnant naissance une grosse grappe de cellules. On remarque galement d'autres grosses grappes de cellules embryonnaires, en f, v, x, y. La grappe x nat sur une branche mane d'un rameau plus gros m ; on voit en p, un gros rameau qui montre la naissance des petites branches latrales, trs rameuses, telles que q et qui donnent naissance aux cellules embryonnaires. C'est une srie de petites branches latrales analogues q et rapproches sur un rameau, ou le terminant, qui donnent naissance aux grappes telles que celles des rgions f, v, j. En n, on voit un rameau divariqu,de mme destination que le rameau b, figure 2, planche 3, qui donnait naissance, chaque saillie anguleuse, un court pdoncule portant une cellule embryonnaire. La figure 2, planche 4 reprsente une rgion immdiatement voisine de la prcdente. Elle montre, comme la figure 1, par des filaments partout visibles, les premiers lments qui forment la gangue ou trame intermdiaire. Ce sont ces filaments qui donnent naissance aux cellules embryonnaires qui foisonnent en plages trs tendues. On verra dans cette figure des cellules embryonnaires pdicules, en a, b, g, h, i, j, k, l, m. La planche 5 montre une rgion d'un poumon tuberculeux o le tissu tuberculeux comprend dj une gangue de filaments a, b, c, d, e, etc... plus dveloppe que dans les figures prcdentes ; ces filaments donPl. 4. Coupe de poumon tuberculeux. Gross' 335. Agr. 600. PI. 5. Coupe de poumon tuberculeux. Gross' 335. Agr. 600. 3

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nnt naissance de trs nombreuses cellules embryonnaires de toutes tailles, depuis les plus petites. Comme exemple, on verra en A et en B, des cellules embryonnaires runies par leur pdicule leur filament formateur ; on verra des cellules pdicules plus petites en K, E ; d'autres cellules embryonnaires pdicules et de diverses tailles sont visibles aux points marqus d'une croix. Dans le bas de la figure, se voit une cellule gante qui sera dcrite ultrieurement. En haut, existent encore les cavits, rduites, des alvoles pulmonaires, et l'on remarque, fait de la plus haute importance, la pntration, en f, par exemple, des filaments de la gangue ou trame intermdiaire dans les cloisons interalvolaires qu'elles paississent et o elles forment galement des cellules embryonnaires. C'est l le tableau et le mcanisme de l'infiltration du tissu tuberculeux dans les rgions encore saines et de la progression des lsions tuberculeuses de proche en proche. En examinant avec soin et la loupe, dans la pl. 6, les cellules embryonnaires les unes aprs les autres on peut apercevoir pour la plupart d'entre elles le pdicule qui les a formes et, quelquefois, le point d'attache de celui-ci sur la trame de filaments qui couvre la figure. On examinera spcialement, ce point de vue, les cellules a, b, c, f, g, j, m, n, o, q, s, t, u, v, x, ainsi que toutes les cellules marques d'une croix ; en r, on verra trois cellules plus petites, pdicules, en voie de croissance ; dans tous les points marqus de la lettre i, on verra de jeunes cellules pdicules de diverses grosseurs en voie de formation. Les filaments qui forment la trame sur laquelle naissent les cellules embryonnaires se colorent beaucoup moins facilement que celles-ci et ne sont plus acido-rsistants, en gnral. Cette planche 6 contient, elle seule, la dmonstration de la nature et de l'origine des cellules embryonnaires ; elle dmontre que ces cellules naissent l'extrmit d'un filament, par une petite granulation qui se dveloppe sur place jusqu' l'tat adulte de la cellule. La planche 6 donne lieu, en plus, une remarque intressante. Les planches 4 et 6 prsentent une diffrence d'aspect caractristique qui correspond l'ge, c'est--dire au degr d'volution du tissu tuberculeux ; dans la planche 4, les rameaux peu nombreux donnent naissance un nombre considrable de cellules embryonnaires qui sont de toute nouvelle formation et dont aucune n'est encore en voie de germination. Dans la planche 6, les rameaux sont excessivement nombreux, trs ramifis et portent un nombre considrable de jeunes cellules embryonnaires minuscules et pdicules, quelques-unes trs colores, la plupart

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trs lgrement ; cette trame de fins filaments rameux provient de la germination des cellules embryonnaires les plus vieilles ; la dmonstration de cette origine sera faite plusieurs fois par la suite.

La preuve est donc faite par les figures des planches 2, 3, 4, 5, 6, que, dans les rgions o pullulent les cellules embryonnaires, elles naissent l'extrmit d'un pdicule formateur, mince filament qui, lui-mme, prend naissance sur un autre filament. Je n'insisterai plus davantage sur cette dmonstration, car elle sera rpte et visible dans la plupart des planches qui suivent. L'origine et la nature des cellules embryonnaires est donc prouve la fois : 1 Par le fait qu'elles sont situes l'extrmit d'un pdicule formateur, manant lui-mme d'un long filament qui donne naissance une srie de cellules. 2 Par le fait qu'elles naissent par une petite granulation pdicule (ou sessile) et grossissent sur place pour parvenir progressivement la grosseur des cellules embryonnaires adultes. Ce mode de naissance et de dveloppement qui fixe l'origine des cellules embryonnaires, dmontre donc qu'elles ne proviennent pas du sang par diapdse et qu'elles ne sont pas et ne peuvent pas tre des cellules lymphatiques. Cependant pour que la dmonstration que je viens de donner soit complte, il reste dterminer l'origine, le point de dpart, et la nature des filaments qui forment les cellules embryonnaires dans les rgions o elles pullulent. II est facile de se rendre compte, par l'examen du tissu pulmonaire, dans la rgion intermdiaire entre le tissu sain et le tissu tuberculeux, que le premier signe qui apparat dans les cloisons interalvolaires peine atteintes, est la formation de cellules embryonnaires. J'ai donc cherch dterminer d'o proviennent ces cellules embryonnaires, soit dans les cloisons interalvolaires peine touches, soit dans les cloisons en voie de destruction et qui perdent ou ont perdu leur pithlium. Cette tude m'a permis de dcouvrir : 1 La nature, l'origine et le rle rel des cellules embryonnaires. Nous venons de dmontrer qu'elles ne sont pas des cellules lymphatiques

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et qu'elles sont formes sur place par certains filaments ; mais leur nature, leur rle nous restent encore inconnus. 2 Que les cellules embryonnaires germent et mettent elles-mmes les filaments qui forment les larges plages o foisonnent des cellules embryonnaires. J'ai t amen ncessairement, au cours de ces recherches, tudier la nature et l'volution des cellules desquammes dans les cavits interalvolaire. Les recherches qui suivent auront donc pour objet : 1 L'origine des premires cellules embryonnaires formes dans les cloisons interalvolaires et le rle de ces cloisons dans leur formation. 2 L'mission de fibres et faisceaux de fibres par la cloison interalvolaire. 3 La nature et l'volution des cellules desquammes dans les alvoles pulmonaires. Ultrieurement, notre tude se continuera par celle des cellules gantes, puis par celle de la gangue ou trame intermdiaire.Pl. 6. Coupe de poumon tuberculeux. Grosst 535. Agr. 600.

ROLE DE LA CLOISON INTERALVOLAIRE DANS LA FORMATION DES CELLULES EMBRYONNAIRES

L'exposition de cette tude ne sera pas longue, car les dmonstrations consistent en des faits qui sont fixs matriellement par la photographie et, la conviction du lecteur devant tre entrane rapidement par le seul examen des photographies, il suffira de quelques mots d'explication pour chaque planche. La planche 7 reprsente une coupe de poumon tuberculeux au voisinage immdiat de lsions d'infiltration tendues ; elle montre un groupe d'alvoles pulmonaires et de cloisons interalvolaires dsorganises. La coupe a atteint certaines cloisons perpendiculairement leur direction et d'autres plus ou moins obliquement. Les cellules pithliales ont desquamm l'exception d'une seule A, encore relie une paroi ; il ne reste que deux ou trois cellules B, G, D, dans les cavits alvolaires qui sont vides. On remarque ici qu'il ne reste, de la cloison interalvolaire, qu'une carcasse totalement vide la fois de son pithlium et des vaisseaux capillaires. Le mot carcasse rpond trs exactement, en fait, ce qui reste de la cloison ; d'autre part, ces cloisons alvolaires sont totalement exemptes d'lments trangers elles, notamment de ceux du tissu d'infiltration tuberculeux voisin. Cependant, elles sont dj riches en cellules embryonnaires. En examinant avec attention tous les points des cloisons, on constate que toutes ces cellules embryonnaires sont nes sur la carcasse de la paroi. Certaines sont sessiles, d'autres pourvues de pdicules caractristiques. On pourra les examiner tous les points marqus par des lettresPl. 7. Coupe de poumon tuberculeux. Grosst 335. Agr. 600.

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et il en est d'autres non dsigns. On verra des cellules embryonnaires sessiles en h, p, r, t, u, g, i, j, k, s, o, v. Ici, la naissance des cellules embryonnaires sur la paroi est vidente, certaine. Ainsi, nous constatons, en fait : 1 Que la cloison interalvolaire est atteinte, a perdu son pithlium et ses capillaires sanguins. 2 Qu'elle s'est couverte de cellules embryonnaires nes sur ses lments propres. 3 Que ces cloisons ne sont pas malades parce qu'elles ont t envahies ou infiltres par du tissu tuberculeux voisin. Ces faits sont facilement explicables par la disparition du systme capillaire sanguin. L'arrt total de la circulation dans une rgion doit videmment dterminer sa dsorganisation et sa ncrose ultrieure. Quant la formation des cellules embryonnaires sur la paroi, elle apparat comme l'expression d'un phnomne physiologique normal : la rparation de l'pithlium pulmonaire quand il a t altr. Ce sont vraisemblablement les cellules embryonnaires qui sont le point de dpart de la rgnration des cellules pithliales, quand cette rparation doit avoir lieu, comme dans les affections pulmonaires congestives, la pneumonie par exemple La planche 7 montre que, mme quand cette rparation pithliale ne se ralise pas, elle est quand mme amorce par la formation des cellules embryonnaires. Dans ce cas, il y a dterminer quelle est l'volution ultrieure de ces cellules qui ne remplissent pas leur rle de rgnratrices de l'pithlium. Cette volution est videmment celle des cellules embryonnaires, en gnral, quel que soit le lieu de leur formation. Rsumant les observations qui prcdent, nous voyons que, quand une rgion du tissu pulmonaire doit tre dtruite pour tre remplace par du tissu tuberculeux, elle est le sige de trois phnomnes : 1 la destruction du rseau de capillaires sanguins ; 2 la destruction de l'pithlium dont les cellules tombent dans les cavits alvolaires ; 3 la formation de cellules embryonnaires sur ce qui reste de la cloison interalvolaire et que j'appelle la carcasse de cette cloison. Il est probable que la destruction du rseau des capillaires est le premier phnomne qui apparat dans l'ordre chronologique et qui dtermine la dissociation et la chute de l'pithlium. Compltons encore la dmonstration dj faite par d'autres documents.Pl. 8. Coupe de poumon tuberculeux, Gross. 335. Agr. 600.

FORMATION DES CELLULES EMBRYONNAIRES

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La planche 8 montre une cloison interalvolaire A, B, C, D, en coupe trs lgrement oblique, laquelle venait se joindre une autre cloison E, F, G, qui parat avoir t coupe peu prs dans son plan mme; deux cavits alvolaires, H et K, contiennent diverses catgories d'lments. tudions d'abord la cloison interalvolaire A, B, C, D. Elle montre encore en G une cellule pithliale non encore limine et une carcasse en voie de dsorganisation qui parat bien indemne d'lments trangers venus des rgions dj tuberculises. Cependant, l'pithlium ni les capillaires n'existent plus et cela, videmment pour une raison trangre l'action des lments d'infiltration tuberculeux puisqu'on n'en voit pas. Nanmoins et malgr l'absence de ces lments d'infiltration, la carcasse de la cloison donne naissance de nombreuses cellules embryonnaires, les unes sessiles en b, h, o, p, z, d'autres courtement pdicules en i, j, m, n, q, u, s. Ces faits comportent donc les mmes conclusions que pour la planche 7. La planche 8 montre, en outre, un autre fait important ; c'est, en K, un groupe de filaments trs fins, ramifis qui proviennent du groupe de cellules embryonnaires L, L, N et sont forms par elles. Il s'agit l de filaments mis par le phnomne de germination des cellules embryonnaires ; ces dernires voluent et, au terme de leur volution, ont form des granulations qui germent et mettent chacune un filament. La constitution, l'volution et la germination des cellules embryonnaires sont tudies plus loin et les phnomnes que j'indique ici sommairement, puisqu'ils se prsentent devant les yeux, feront l'objet de dmonstrations trs compltes. La planche 9 donne une troisime et dernire dmonstration de l'existence de la carcasse alvolaire qui reste aprs limination de l'pithlium et des capillaires sanguins1 et de la naissance de cellules embryonnaires sur cette carcasse. La figure 1 de cette planche reprsente la photographie d'une rgion voisine de celle qui est reprsente planche 7 et appartient, par consquent, au mme cas de tuberculose ; elle montre plusieurs cloisons interalvolaires A, B, G, coupes plus ou moins obliquement et une autre D coupe perpendiculairement son plan.1. Ou plutt peut-tre de l'pithlium des capillaires, car la paroi de ceux-ci ne parat constitue que par l'pithlium qui sera dcrit plus loin. Pl. 9. Coupe de poumon tuberculeux. Fig. 1. Gross t 335. Agr. 600. Fig. 2. Gross t 1100, Agr. 2.000.

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Les cloisons A, B, C, D, ne sont plus formes que par la carcasse qui reste aprs limination des cellules pithliales et des capillaires. Cette carcasse donne naissance de nombreuses cellules embryonnaires, dont un certain nombre sont marques et dsignes par des lettres sur la figure. La cloison interalvolaire D montre, dans l'espace compris entre les lettres p et s, la carcasse rsiduelle dans un de ses aspects les plus caractristiques avec les faisceaux de fibrilles qui la forment et limitent les cavits qui seront occupes par des capillaires ou des cellules pithliales ; sur cette carcasse DD, on voit, comme sur celle des autres cloisons, la formation de cellules embryonnaires m, n, o, p, s. La figure 2 de la planche 9 reprsente un fragment de cloison interalvolaire dsagrge, montrant la naissance sur la carcasse rsiduelle de cette cloison, de rameaux vgtatifs tels que m, n, et de jeunes cellules embryonnaires minuscules en o, x, y, q, w, e..., etc. La planche 10 montre une cloison interalvolaire infiltre et paissie A, B, G, D, E, F, coupe obliquement et une autre portion T, R, S, H, K, coupe au moins en partie dans le plan de la surface pithliale, car on voit, encore en place, les dbris d'un certain nombre de ces cellules en K, H, L, k, P, par exemple. En examinant avec soin la loupe toute la rgion gauche de la figure, on y verra la formation de cellules embryonnaires de toutes tailles en l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, et on remarquera qu'un certain nombre naissent sur la carcasse rsiduelle des cellules pithliales. On verra galement des cellules embryonnaires pourvues de leur pdicule en massue dans la cloison interalvolaire A, D, E, en a et c, par exemple. Ainsi les cellules embryonnaires qu'on observe dans les cloisons interalvolaires peuvent avoir deux origines ; elles peuvent tre formes directement par la carcasse de soutnement des cloisons interalvolaires, ou par des filaments trangers cette cloison et provenant des rgions d'infiltration voisines. Il n'y a que tout au dbut de la tuberculose, que ces cellules n'ont qu'une seule origine : la carcasse de soutnement de la cloison interalvolaire. Ainsi, voil dmontr ce fait d'une importance capitale : la cloison interalvolaire, en voie de dgnrescence, et qui a perdu son pithlium et son systme circulatoire, donne naissance sur la carcasse qui persiste encore, un grand nombre de cellules pithliales. Cette carcasse constitue, bien probablement, l'organe de soutnement de la cloison interalvolaire et, de plus, la partie gnratrice de l'pithlium (le fait sera dmontrPl. 10. Coupe de poumon tuberculeux. Grosst 335. Agr. 600.

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plus loin). Il apparat avec vidence que cette formation de cellules embryonnaires a pour but la rgnration de l'pithlium. A la suite des lsions congestives du poumon, deux cas peuvent se prsenter : 1 dans une lsion pneumonique ordinaire suivie de gurison, les lsions de l'pithlium, accompagnes de lsions des capillaires, se rparent par bourgeonnement de la carcasse de soutnement et formation de cellules embryonnaires qui reconstituent les lments dtruits ; 2 dans une lsion pneumonique qui ne se gurit pas, le bourgeonnement de la carcasse de soutnement se produit galement, mais les cellules embryonnaires ainsi formes, n'ayant pas rempli leur rle de remplacement des cellules dtruites, suivent une autre volution. Disons de suite que c'est cette volution qui constitue la tuberculose pulmonaire et qui en est le point de dpart. Avant d'tudier cette volution, nous avons encore complter notre dterminisme qui est insuffisant. Je viens de dmontrer que des cellules embryonnaires naissent et se forment sur la carcasse de soutnement de la cloison interalvolaire. C'est videmment par ce procd que se forment les toutes premires cellules embryonnaires du dbut de la tuberculose. Mais j'ai galement dmontr auparavant que, autour des formations nodulaires et dans le tissu d'infiltration, les cellules embryonnaires, qui se forment en quantits considrables, prennent naissance sur des filaments dont l'origine et la nature sont indtermines. C'est cette nature et cette origine qu'il nous faut rechercher. Nous avons vu plus haut, propos de l'explication de la planche 8, que les cellules embryonnaires germent et donnent naissance des filaments trs fins. Je ne veux pas dvelopper ce point ici, car il doit l'tre sa place et propos de l'volution des cellules embryonnaires. Disons seulement ici que plusieurs de ces filaments runis ensemble donnent naissance ceux plus gros sur lesquels se formeront de nouvelles cellules embryonnaires. Un seul de ces filaments trs fins peut aussi bien donner naissance une cellule. Ce sont donc les premires cellules embryonnaires formes sur la cloison interalvolaire qui, par leur germination, donnent naissance aux premiers filaments dont la runion forme les rameaux ou faisceaux sur lesquels se dvelopperont de nouvelles cellules embryonnaires. C'est l l'origine de la formation des filaments qui, soit dans les formations nodulaires, soit dans le tissu d'infiltration diffus, constituentPl. 11. Coupe de poumon tuberculeux. Gross t 335. Agr. 600.

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un rseau trs dvelopp qui est la gangue ou trame intermdiaire et sur lequel se forment de nouvelles cellules embryonnaires. Cette origine n'est pas la seule. Il en existe une autre qui est la carcasse de soutnement des cloisons interalvolaires ; celle-ci, de mme qu'elle forme des cellules embryonnaires, met des fibres et fibrilles qui vont se ramifier au loin ; nous allons en donner la dmonstration.

VGTATION DE LA CARCASSE DE SOUTNEMENTDES CLOISONS INTERALVOLAIRES EN VOIE DE DESTRUCTION. MISSION DE FIBRES ET FAISCEAUX.

On verra plus loin, propos de l'organisation des cellules de l'pithlium alvolaire et notamment dans les planches 17, 18, 19, que ces cellules sont formes par des rameaux mis par la carcasse de soutnement de la cloison interalvolaire. Ceci nous fait comprendre que les cellules embryonnaires qui naissent sur la carcasse de soutnement de la cloison interalvolaire en voie de destruction ont pour fonction de reconstituer les cellules de l'pithlium dtruit. En effet, on voit que, quand elles se dsorganisent, elles sont formes par un ou plusieurs rameaux manant de la carcasse de soutnement. En examinant avec soin les vestiges des cloisons interalvolaires que l'on rencontre assez frquemment dans le tissu d'infiltration ou la priphrie des formations nodulaires, on peut constater que ces vestiges mettent des rameaux qui contribuent la formation du tissu d'infiltration. La planche 11 reprsente la photographie d'une coupe de poumon prise dans une rgion d'infiltration tuberculeuse, dans un cas de tuberculose pulmonaire de l'homme. Elle montre en A, A, A, un dbris de cloison interalvolaire mettant les rameaux Q, M, M, R, L, K, B, C, D, E, P, G, qui viennent s'anastomoser avec d'autres filaments et constituer le tissu d'infiltration voisin. Ces rameaux donnent naissance des cellules embryonnaires ; en a, on en verra une de forme trs caractristique, munie de son pdicule en massue. La planche 11 fournit, en outre, une belle dmonstration de l'origine des cellules embryonnaires. On verra des cellules pdicules toutes les places marques par une croix ; les unes sont sessiles ou presque, d'autres sont munies d'un pdicule plus ou moins long et qui prend, pour certaines, les formes caractristiques en massue (g, h, i, j, k).

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On remarquera, en de nombreux points, de petites cellules embryonnaires pdicules et de diverses tailles en voie de formation ; on en voit trois cte cte en b, d'autres au voisinage en d, e, f, puis plus haut en o, p, q. La planche 12 reprsente une photographie prise dans une rgion d'infiltration de la mme prparation. Elle est galement trs dmonstrative. Elle montre une cavit alvolaire contenant des dbris de cellules pithliales desquammes et dgnres, O, P, Q, R, S, T, U, V ; cette cavit est encore limite assez nettement par un reste de la carcasse de la cloison interalvolaire coupe obliquement en A, B, E, et dont il ne reste que des dbris en J, M, N. En certains points, ce reste de carcasse A, B, C, met des branches latrales telles que D, E, F, qui vont se ramifier au del. La rgion Q, Q, tait adhrente au bord G de la cloison interalvolaire, comme elle l'est encore en B, mais elle a t dcolle par les manuvres de prparation et probablement par le rasoir. De la cloison partaient des rameaux, tels que a, par exemple, qui sont ramifis dans l'intrieur de la cavit alvolaire o ils forment un lascis dans lequel sont emprisonnes quelques cellules pithliales. Sur ce lascis de ramifications naissent de nombreuses cellules embryonnaires de taille variable en voie de formation, b, c, d, e, f, g, h, i, j ; on en verra une grosse et de forme typique, en k, avec son pdicule naissant sur un morceau du cadre k' encore non dtruit d'une cellule pithliale. Une autre cellule pithliale M qui est encore adhrente la carcasse alvolaire L, a form sa priphrie une cellule embryonnaire l'. On voit de nombreuses autres cellules embryonnaires formes sur les rameaux rsiduels de la carcasse, ou sur les rameaux mis par sa vgtation et, dans ce cas, les cellules embryonnaires y sont sessiles ou trs nettement pdicules. On en verra en m, n, o, q, s, t, v, x, et toutes les places marques par une croix. Une jeune cellule embryonnaire, y, nat trs nettement par un pdicule de forme caractristique sur le cadre de la cellule en voie de dgnrescence R. D'autres cellules embryonnaires minuscules en voie de formation, pdicules et trs nettes, existent dans les places marques par les lettres p, r, u, y, z, et en de nombreuses places non marques. Cette photographie montre donc avec une grande nettet ce que deviennent la carcasse de soutnement des cloisons des alvoles pulmonaires et les cellules pithliales en dgnrescence ; elle montre que cette carPl. 12. Coupe de poumon tuberculeux. Grosst 335. Agr. 600.

VGTATION DES CLOISONS INTERALVOLAIRES

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casse vgte et met des branches qui se ramifient ; elle montre, en outre, que tous ces lments, carcasse de soutnement et dbris de cellules pithliales donnent naissance des cellules embryonnaires, c'est--dire que, bien que perdant leur forme organise caractristique, ils restent vivants et que la matire vivante qui les constitue continue de manifester son activit par la formation de rameaux et de cellules embryonnaires. Il en est de mme des lments qui constituent la paroi des vaisseaux. La planche 13 reprsente la photographie d'une coupe de poumon tuberculeux faite dans le plan mme d'une cloison. Plusieurs vaisseaux capillaires, BC, EFG, y sont coups dans le sens longitudinal ; la paroi de l'un d'eux B, remonte jusqu'en m o elle donne naissance deux cellules embryonnaires pdoncules k' et f. La paroi du vaisseau A met galement, un court rameau a' qui se divise en deux autres donnant naissance chacun une cellule embryonnaire a et b. Remarquons galement dans cette figure 1, d'autres cellules embryonnaires pdicules, d, e, g, l, o, p, t, u, v. Il pourra paratre surprenant au lecteur que des morceaux de cloison alvolaire et des cellules pithliales dgnres, fragmentes, mortes au point de vue anatomique, continuent vgter et puissent donner naissance des cellules embryonnaires. Si l'on examine, un trs fort grossissement, la constitution lmentaire de la carcasse de la cloison interalvolaire, ainsi que celle des cellules pithliales desquammes et en voie de dgnrescence, on voit qu'elles paraissent constitues principalement par deux espces d'lments : 1 De courts btonnets portant une boule chaque extrmit, les btonnets en haltre, qui forment la presque totalit des lments. 2 Des granulations mettant un filament divariqu portant 3 ou 4 granulations de 2 3m trs courtement pdicules. Ce sont ces lments qui restent vivants et qui continuent voluer ; l'organisation de