l'ecole primaire, 15 décembre 1936

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SION, .6 Décembre 1 936 No f3 65 l11e Année ORQJ\lfJll '#' IJ .1i Df lA SO(l;Jete d Yedu€atïof! L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire ABONNEMENT ANNUEL:' Fr. 6.izm. Les abonnements se règ lent par chèque postal II c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement. ce qui concerne la pUblication doit être adressé dIrectement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au Département de l'Instruction publique à Sion. Les annonces sont reçues ex' clusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité Sion Ave-nue de la GaTe - Téléphone 2.36 '

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Page 1: L'Ecole primaire, 15 décembre 1936

CHAMPERY

J h · t 'Chanlp '~ ' Yr. 1~1i-chelet Jean- osep , ms .

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Chaque série complète de dix billets contient au moins un billet gagnant. Prix du billet Fr. 20.- La série de 10 billets Fr. 200.-

Tirage 15 mars 1937 au plus tard EMISSION: 50,000 BILLETS SEULEMENT

Commandez vos billets au bureau de la loterie de l'Hàpital de Monthey à Monthey, par versement au compte de chèque postal No II c. 695, ou contre remboursement. Les expéditions sont. a'ssurées de 'façon discrète, sous pli recommandé et sans frais.

Billets en vente égalem.ent dans de nombreux dépôts. ATTENTION 1 Carculez et appréciez vos chances d'après le nombre restreint des billets émis.

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SION, .6 Décembre 1936 No f3 65l11e Année

~tmalve ORQJ\lfJll

'#' IJ ~ .1i Df lA

SO(l;Jete valaj~a1)lJ€ d Yedu€atïof!

L'ECOLE PRIMAIRE paraît 14 fois pendant le cours scolaire

ABONNEMENT ANNUEL:' Fr. 6.izm.

Les abonnements se règlent par chèque postal II c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement.

To~t ce qui concerne la pUblication doit être adressé dIrectement à M. LOUIS DELALOYE, Secrétaire au

Département de l'Instruction publique à Sion.

Les annonces sont reçues ex'clusivement par PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité Sion

A ve-nue de la GaTe - Téléphone 2.36 '

Page 2: L'Ecole primaire, 15 décembre 1936

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Suisse avec l'étranger et l'influcnce de,s pays qui l'entourent SUI' son évolution; ce commentaire philosophique de premier ordrE' complète l'œuvre de Dierauer.

SION, 15 Décenlbre 1936. No 13. 55me Année.

L'ÉCOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA SOCIËTË VALAISANNE D'ËDUCATION

$OMMAIRE: PARTIE OFFICIE[)LE: Pour les chômeurs et les in­digents. - Circulaires du Département. - « Sou de Géronde». -Liste du personnel enseignant. - PARTIE THEORIQUE: La 'Crèche de l'Almour. -- ne la délicatesse. ~ Examen 'pédagogique rIes recrues. - Lettre de mon école. - NotrE' élève: jeune catho­lique. - Sur la pente. '- Les modes et les 'costumes nationaux. - A propos de grammai'l"e. - Protection des passereaux. - Chro nique de l'Union. - PARTIE P ,RATIQUE: Langue française. -En glanant. - L'histoiTe suisse. - (' NOS P AlGEIS». - Bibliogra·· phie.

PARTIE OFFICIELLE

Pour Iës chômeurs et les indigents 1

Aux membres du Personnel enseignant,

ill esdames, ill essieul's,

,CO'Imne vous l'aurez certainement appris piarr ,la voie de la presse, une action de secours ,en faveur des Clhôllneurs hesogneux et des indigents a été ou s·era organisé dans la Suiss,e entière.

E n Valais, un IConl ité cormpos'é de S'On rExcellenc,e (Monsei­gneur Bieler, évêque de Sion, d 'un délégué du iÜonseil d'Etat et d'ul.n représeIll1:ant de toutes les la,s'sodati'Ûns de bienfais-ance, de tous les groupem,ents sociaux, politiques et économjques, vient de se i'éull'ir et de prendr,e des décisions qui !prévoient une exécution très prochaine.

Dans la s'emaine aHant du 13 au 20 décenl[br·e prochain, il sera en efrfet procédé dans tourtes ,les 'CO'lllllllUnes du canton, à une vente d'insignes du mlême .genre de ceux qui sont vendus, chaque lannée ,à l'occasion du 1er août ainsi ,qu'à des 'qwêtes eili argent, denrées, habits, etc.

Nous croyons de notlr,e devoir d 'intéresser le IPersonnel ensei­gnantet par 'lui, tous les écoliers du canton à c,ette ŒlU:vre de charité!

Nous avons, en effet, la convictioili que pour un hon nombre de nos conci:toyens, cet rhiv,er sera particulièrement dur et que l'acti'Ûn ,entrepTise en leur farveur aTrive tout à flarit à son heure.

Page 3: L'Ecole primaire, 15 décembre 1936

. - 386-

Nous vous invitons ,dès lors de 'bien vouloir 'la s1gnaler à vos élèves' '3Jfin d'intéresser, par -leur intemnédiaire, Tes oJ11-enl'bres de leurs faillülles au sort de tant de malheureux qui sourffTent et qui m,éritent d',être secourus.

:La -semaine qui précède ,celle .de Noël, ,époque de joiè et d e réjouissances farnHiales pour <C<8UX que le _sor,t a épargnés , doit êtn' l'occasion d~un élan de 'charité et de solidarité de 1a pad de ceux qui Jouissent d'un peu de superflu à l'égard des .sans-travail , victim,es de la misère.

!Rappeler à vos élèves le gTand deVloir de ,la chla'rité ,éhré­tiEmlIle est ,en IIDJême temps former leur cœur dans l'esprit de Gelu,i qui a dit: « Ainle ton prochain' COlnlln.e toi-mlênle » .

C'-est faire leur éducation illlorale -et sücial'e qu'il iilllporte aujourd'hui plv.,s que ja!lnais, de ne pas perdre de vue.

'Dans l'espoir que vous rvoudr-ez bien faire tout votre possible pour intéresser vos élèves ,et, par ~ux, leurs parents, à l'action de secours que nolis venons de yons signaler, nous vous prions- d'a­gréer, !vles<d'am-es ,et IMessieurs, l'assurance de notre considération distinguée.

Dl' R. -LüRET AN,

<Chef du Département de l'Instruction publique.

' iJépartement de l'Instruction Publique du Canton du \lalais

Sion, le 14 d'écemlbl'e 1936.

Aux -Comm.issions scolail'e$,

Au Personnel enseignant,

Tit.,

Le Valais tout ' ,entier vient de trav-erser des heures de joie, à l'occasion de la InJOm'Ïnation de IMonsieur <le Conseiller d'Et~t Afaurice Troillet, à ,la' plus 4aute charrge du pays.

Vendredi dernier, au 1nŒ,nent où le nouveau IPrésident du Cons.eil national} après -avoir été .fêté à Fribourg ,et à Lausanne à 'été .ovationné sur tout le paTcours par une lioule ,enthousiaste, la capitale a réservé au distin.gué lnagistrat, là cet ,enfant du peuple qui a déj1à tant liait pour son lClanton, une réc-eption grandiose. Nous ,avons appris av-ec 'Plaisir que la jeunesse scolaire s'est as­sociée à l'allégresse généra'le, elle a compris que ,cet honneur 'et cette marque de oonrfi1arnce onJt 1'ejailli SUT la population valais~nnc toute -entièr,e. -

- 387 ' -

Pour Ibien souligner ,cet érvénmnent, ,le ,Personnel ,en~'C]gnant -est prié d '-exposer brièvem·ent aux élèv-es 'qp.elles sont les attribu­tions des ICha'l11!bres fédérales ainsi que ses préoccupart~6n& _ ac­tueI.les.

Tenant à c'Û'ln1lné1norer üe ,fait qui ne s'-est produit, prour le 'Valais, que trois fois depuis 1848, 'les- da,sses pr:Î1l11larires auront congé le lendeunain ode Noël.

A ve'c n.os ifem-ercie'l11ents pour votr,e coHaJboration, nous V10US

prions d 'agpéer, Tit., notre salut patriotique.

Le Chef du Dépal'teme,,nJt de l'1nstru.cNon publique.

"Sou de Géronde" Liste pour novembre

EcO'le des garçons, Chermignon 5.-:-; EC,ole protestân'te, ' Sa~. , xon 2.15'; I~,cole des g'1arçons lIrnle dasse, St-IMaurice 12:20'; gcplè des filles, Finhaut 6._80; Ecole préparatoire des .filles) Sierre _ B.GO: : Ecole protestante, ISaxOn 1.10; Eco'le industriehle, -Chilile :20.-; E,eole TI.ol"male des fines, Sion 7.-; Ecole des fi'lles, Hérénlencc 3.5.0; Ecole prlmaire, 'B.ourg-St-Pierre 32-.-;, Ecote primaire, St­Léonard 29.75; Ecole des filles, EvoueUes 3.-'; Ecoles enfantines. SiolI1t 6'1.----; E000le des filles, SieITe 37.65; 4m-e class:e des garçQns, Sierre 6.-; Ecole des Valettes, Bov-ernier 8,-; Ecole' 'de Bo~ ,iernier ViHa!g-e ' 8.50; E ,cole d'Ulrichen 10.-; Institut d~ Îla: Ste- , F aÎllÎlle, Sierre 51.80; :Ecole ,~es glaçons, Montana 3.60; Ecole des 'filles 1er degré, Vétroz 7.05; Ecole mix:te, IEvouettes '3,.-; ECÇ}le des f~Hes, Vétroz 7.15; IEcol,es üomJnunales) IMartigny-;Yil1e ' 62: 10;, Eüole des fiUes, ChennÎ'gnon 2.-; rEcole cOiffiIIuerciale des fines, Sierre 2h45; tClas'Ses des Srs Institutrices, IChippis 15.5.0;' E,cûlés des Srs IMassongex 11.-; Classe inférieure des garçons, ' Vouvty 7.3'5; Knabenklasse, Visp 7.76; Ecole des garçons, Chippis 15.-; Clas~-e ' Uldry, Vernayaz 7.80; Ecole -lnixte, Salrvan 6.-; Kna'ben- , schüle, Münster 8.-; Ecole des filles, ILiddes 4.---<; ' Ecole des gar­<;ons, Mase 9.-; Ecol,e des ga1r çons, Evouettes 3.85; 'EüO'le rmixte; Trient 20.-; Ecole élé111entaire, Hérénlence 5.5'0; Ecole de Dranse, L]drdes 5.50; lMittelschüle, Ried-Brigue 6.50; ,C:Lasse des filles, ,CO'l­lornbey' 25.-; IClasse~ primaires et conlmerda'les, Mali1g'1Thy-Vin~' 56 . ..-; Kna'bens'chule, Term-en 5.-; Classe des fiNes, ILes lHaudères 2.10.; Famille oSchaëfer, Bouver,et 2.75; ,Pensionnat de la Ste Fa­Juine, iLoèche-Ville 40.-; Knabenklasse, Visp 4.-; Ecoles de Vou­vry et personnes charitahl,e'Y ,50.; Classe -é'léIIJlI. -et SUIP. des rgar­ç~ns, Vouv1ry 37.-.

Page 4: L'Ecole primaire, 15 décembre 1936

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Liste du personnel enseignant nans le présent num·éro est ençaTtée la liste du Personnel

enseigna'Dt ·en activité.

PARTIE THËORIQUE

La crèche de l'amour Les cloches sonnent Noël. Pal' les chëmins verglacés, les

groupes sombres avancent vers l'église. Les falots clignotent en se balançant comme des étoiles to,mbées du ciel.

L"église est pleine de lZNnière et d'encens. Dans la .crèche, l' Enfant Jésus, soun'ant tend ses petits bras ITt'enus vers tous.

Et tous viennent. Personne n'a peur du Fils de Dieu, si petit, tout tremblant. Il attire, et personne ne résiste. Plus tard, il pourra effrayer le pécheur quand sa voix se fera forte et son geste menaçant. Les cœurs endu-rcis ne compl'endront pas le mys­tère de la Cène. Les indifférents regw'dCI'ont sans s'émouvoir la tl'agédie sanglante 'du Calv'OZ"l'e. lt! ais à la Crèche, tous viennent; devant la Crèche, tous s'arrêtent, et si tous ne s'incli'nent pas, tous, du ,moins sourient, cal' la Crèche c'est la manzTestation la plus délioate et la plus suave de l'Amour.

C'est pour cela que les petits aiment la Crèche, cal' ils y voient un elJllfant, petit comme eux, plus petit même qu'eux. Ils lui font de glorieuses salutations ou Lui envoient {le gros baisel's sonores ... Et qua'nd il faut repartir, les petits ne vewlent pas; c'est si beau la Crèche, 'avec ses personnages, et ses moutons, et les étoi-les, et les flo·cons de neige qui tombent. Les maart-ans doivent al'racher à leur ai!mable contemiplation leurs chers petits qui de­mandent tout de suite,' ({ On viendra, hein? dis, 'm'a:m'Cftn ».

L'Enfant de la Crèche leur a plzz. Ils veulent Le revoiJ', Ils l'aiment. Pourquoi? Pa'rce que tout, dans son attitude et dans ce qu'on leur a dit, leur a montré que Lui aussi les aim'ait. L'amour appelle l'amour ...

Les grands aussi viennent à la Crèche et sont un peu surpris, Le Christ) ils sont habitués à le voir SUl' sa croix) et le signe, pal' lui-même a perdu un peu de son sens. Mais le Christ de la Crè­che? C'est co·mme du nouveau. Il paraît plus accessible. Il paraît surtout plus mtsértcol'I(}ieux. Chaque goutte du sang qui Dlacule son corps déchiré au Ca'Zvaire est un reproche, souvent. pour le pécheur, et du ciel assombri de l'orage qui gronde, la voix du Père se.mble tonner: « Qu'as-tu foU) pécheUl', de tOln Dieu, de mon Fils? Son sang crie vengeance jusqu'à moi!» Malis ici, la

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nuit est sel'eine et le ciel étoilé. Les Anges circulent pal' la cam'" pagne, et leurs voix mélodieuses l'épètent sans se lasser,' ({ Paix! Paix SUl' la terre, aux hommes de bonne volonté! »

Aussi, tous les grands s'approchent de la Crèche, même ceux qu'un 10Ulia: passé a fait dévier du dl'oit -che.min. Ici ils n'ont" plw; peur. Ils viennent, peut-être com'me çà, sans avoir l',air de rien, seulement parce que le ({ gosse a dit qu'~l voulaz't aUer à l'église. )} Et puis, devant la douce scène qui leur r~ppelle, malgré eux, les plus doux souvenirs de leur enfance, ils se prennent quand même à regarder. C'est pourtant V1~ai que c'est le Bon Dieu, ce petit ga.rs­là ? Hum! hum! les sentiments se brouillent, le cœur chavire un peu. Parfois, en ayant l'ail' de rien, bien sûr, une lemme est essuyée fUl~tivement au coin de l'œil. Ah ! c'est qu'il est éloquent,' l'Enfant de la Crèche, éloquent dans son silence, éloquent dans son sou­rire. Tous, même les plus e.ndurcis, le sentent bien,' Il les aime! Combien de temps faudra-t-il pour la. réciprO'cité ? Noël aura-t-il passé en vain, sans voir le retour du pécheur? A Noël prochain Î

sera-t-il encore temps ? Oh! oui, sonnez, sonnez bien fort, sonnez longtemps, clo­

ches bénies de -Noël. Appelez-les tous à la Crèche, les grands et les petits; amenez-les tous à la Crèche de l'amour, les édu·cateurs de la jeunesse surtout, pour qu'ils prennent modèle SUl' leur adorable M:aître.

De la délicatesse Ge 'D'est centainenl'ent pas une calomnie ,d'affifilller que notre

jeunesse vallaisanne est, en Igénéral, rude et 1J1lanque de dé~icatess~, Ce défaut ne lui est pa III pI"opr·e ·et ,se constate .partout aJi}lleurs a un degflé plus ou lJuoins J'Ort.

lBien rares sont .les jeunes .gens polis, prévenants, pIeins d'é­gards envers les grandes persones-, .surtout envers celles que l'âge ou les fonlcHons recümll11:andent au res-peet.

Nous v{)udrions aujourd'hui ,attirer l'laUention du personnel enseignant sur un point impor,tant dans l'es relations s-ocÎales. Quand il s'agit de fair'e prendre une bonne hahitude, i,l faut COIJll­

anencer par 'la jeunesse. ILe gr.and secret pour être ,aimalble, déli­cat, c'est d'avoir de l'intelhgence et du cœur. L'intellig'enee 'nous fait v{)ir IproIlliptem'ent les rapports des Ichoseset des- p·eflSonnes entre elles, ce dont les autres peuvent avoir' hesoin, ce qui leur plaît, ce qui leur cause quelque ,déplais1.'r ou chagri'D, ' donc .ce qu'il convient de faire ou de ne pas ,;f1aire" .

EUe trouve aussi avec adres'se loecas'lOn de rendre ser'VIce, de consoler, d'enc-oura1g·er, 'hrcl de faire plaisir,. ILe Ciœu: ou , ~a sensibilité pl"ovO'que le désir d'exécuter ce que l'on crOIt dev'0l1~ -être utile ou agréahleet cela avec un certain empressement, qUI

Page 5: L'Ecole primaire, 15 décembre 1936

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auglnente le -l11'érité de l'action. ISans doute 'Ou. rencontre Ibiendes gens intelligent':Y ·et au cœur hon qui nlanquell1it ,souvent l'oocaslon de se 'Inonh~er délicats. II ,faut a,rors 'en attribuer lia' cal1s'e à l'irré­flexion, à la 'lé:gè.reté, là 'l'insouciance, là l'i.gnorance de la ,manièr.e de s'y lwendre, parfois aussi à une certaine thnidité qui paralyse les iIneiHeures volontés.

iC',ec;;.t ici précisè11'ent que l'éducation doit inrtervenir ,et un m.aî:tre consciencieux ne rpeut pas s'e désintéresser d'une 'question qu·e beaucoup c.onsidèrent conl'llle a,ccessoire, une ,s'orle de >luxe, m .ais qui; néarlilnoins, fait juger .souvent de la va'leur de toute l'éducati~o~ .qu'une peI:sonne a reçue. ~ass.ons Inaint,enant à quel­ques pI~ecIsIons et IndIquons un certaIn nombre de cas où la dé­lkatesse peut avoir lieu de s'ex·el"cer.

Sabier lesl personnes 'qui 'mér,itent le respect, leur céder le pas ·dauly un passage étroit, leur laissŒ' le trottoir dans une rue. ra:rnRsser un objet que que'1qu'uIDr vient de lai'5s·er tomber, offrÎl~ une Heur, conlposer ,et pr·ésenter un :bouquet à l'occasion d'une fête ou d'un lanniversaire, aider à 'lu.onter en voiture 'ou à en des'cendr-e, .ouvrir une p.orte, aldres'ser au InlD1Inent opportun un mot de compliment, d'excus'e de 'relueriCÏelnent de oondoléance d ' '" encouragement, parler :à quelqu'on de son pay~· , Il'appeler -adr.oi-ter~l'ent une bonne a'CHOIl1i qu 'il a a'oc0111'plie, éviter de parler d'un fa'lt désagréalble pour celui là rqui on s'adr,esse, r'endre visite à un am-i ou .Ià un bienfaiteur quand on passe dans .sa localité, à plus forte raIson quand .on a affaire dans Ile bâtinlent ullê'me où il ha­bite, ,3,e souvenir de lui dans certaines occasions, con1Jlue au nou­vel an, 'ete. , ·etc., vo"ilrà des a ,dions très ürdinai'l',es qui n'ex'1genl pas UIIll grand s'a,crif'Ïee, lJ.uais qui dmuandent 'ce qu'on appelle du tact ,et -de la délilCatess'e. !Mais ici, 'ÛCYlll'm·e en tout, les recOlnll1lan­dations ne suffis·ent pas; il faut y joindre .J'-exemple. Que le lJ.uaître lui-Iulêll1e soit d 'abord un hOlnlnle -de taet et de déliclatesS'e et alors il saura -et voudI'ta ~·es 'enseigner aux autres. lE.st-ee ~ou­jours le cas? Nous pourri'Onc;;. citer bon nCYInbre de drrconshlnües où des éducateurs -ont -Iuanqué totalenlent de déHcatesse, ,et poqr­tanrt ,ce sont -des hOl1lllneS qui ne ,J,nanqueut ni d"inte'lligence ni de CŒur. tC.e sont p1utôt des habitudes du 'lnilioeu da1nlS lequel ilcy vi­ve~t qUI, sont .J~ oause ·de .ces oublis. Ne .serait-il pas utile pour ~rrn"er 'a UI~ resultat tangIlble quant aux !bonnes habitudes que Ion veut Jau"e -cDntracter laux élèves, de dres,ser une Este de ,ces habitudes; d'en fP'r,endre d'ahord une, puis une autre et -de faire chaque soir, ou, .si e'est trup, chaque semaine un -petit exa'lnen sur les 1J.1l0yens qu'on a eruployés et 'les résultas qu'on a obtenus..

,Cet eXal1len üontribuerait certaÏ'neIllent IRit.l.ssi à l'aIlioéHoration Ilnorale du Inaître lui-m.ème.

Sans un e'fifor1l m'éthodique et persév·éI~ant, on arrive à peu de ,chose, nl'a~gr-é toute la bonne volonté qu 'on appOlie à l'aüco­plisserrn-ent de se~ fonctions.

- 391-

Examen pédagogique des recrues Le No 12 de l' « E,coIe rPTi'maire » i:nlvite le personnel en~ei­

gnant à donner ' SDn .avis sur la question du rétablisseHlent de l'e­xanlen pédagogique lors ,du recrutenlent. Nous a('ceptons volon­ti,ers cette invÏtatÎ'on, et nous nous permeUons quelques r·é.flexion~, doIlt on J'era le cas qu'on voudr,a.

,Les ·examens pédagogiques des recrues Isupprüu.és depuis en­viron une qui'nzailnle d'années par déci~jon des IChamlbres fédé­rales étaient-ils de quelque utilité? Nous n'hésitons · pas à r épon­dr,e pla'l' 'l'affinnative, hien que nous ayons ,entendu di,re ou lu que dans la pensée de ceux qui les lavaient établis ils· devaient servir à ·dérrnontf'er la pl"étendue i'n'frériorité ,des 'cantons catholiques ·en Iua· tière -d'instruction. Du reste, on a 1)rotes,té plus d'une fois contre le il11alnque d'équité -dans le claSlSel1lent des Etats en raison de l'i ·· négalité nlanirfeste des eon:ditions -de la Iutte. n 'était, ,en effet, ri· , dicule de cOll11'parer IGenève, Bâle, Zurkh, ek. avec des régi'Ün~ 'llloontagneuses tCOmnl·e le Vahl'is, ,les 'Grisons, Tessin, etc. Néan­m'Oins c-es exmucns ont secoué l'apathie de certains cantons en 1l11atière d'in ~truotiÜ'n; ils ont été Icomlue le coup -de fouet qui les a fait süIiir de l'ornière de la ,routine. 'C'-est à eux que 'le Valais, en parti,culier, doit partieUelum1Ï "les progrès I~éjouissants qu'ü a faits daillis le donlaine de l'instrudion populaire. Nous diSIOns pal'­tielle(ment, car c-es IprogTès. sünt dus surtout à l'étabHssement d'une E,cüle nOrInale bien organisée; à la IfOlmlation sérieuse d'un per­sonnel d'élite, dussions-nous ki contredire un ex-avocat devenu journaliste d'élite. et au dévouenl,ent splendide dont l'humel1s,J. 'l11.ajorité des instituteurs valaisans. s'est toujours honorée.

Après la ·guerre Ies eXla'l1lens pédagogiques ont 'été 'supprimés, et 'nous 'Hi()US rappelons que I~. P.errier, andell ,conseiller natio­nal, leur a donné le coup de grâce ·dans une intervention reten­tis~'a'Thte.

Aujourd'l1.ui on songe ù les ressus-citer . PourquO'i? Nous l'ignorons. Nous · ademeUons qu'au 'lUOnleIlt du recrutement , un (~xamen physique s'in1.pose, oar le pays la' besüin de soldat~, soli­des, endurants, souples, agiles. Les Spartiates, en partÎtculier, se rendaient déjà conlpte de >cette nécessité quand ih éliminaient les enfants chétifs, IUa} venus et qu'ils sOlLlueUiai'ent les jeunes gens à une éducatîon polly,sique très rude. \Mlais nous affilïllons qu'on peut être hon .soldat, avoir t'olÜes. les 'qualit,és 'l1lÎlitaires sans être un fin lettré, sans connaître les slibtiIités d'une langue, slans savoir ré­soudre .mlème ;des problèmes d'arithInétique fa'ciles, s'ans 'l1lême être au courant des principaux .faits. historiques, ,etc. Et puis, dans ces examens pédagogiques pouVia-it-on -discerner les qualités m.~­l'ales tout aussi néce.ss,aires au hon soldat que les qualités phy~I­ques ? Comment se rendait-on COl1lpte du caractère de la recrue,

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de son lCoura.g,e, de son ,esprit de décision et de suite, de .;;on ohéis­sance ,et de son respoct ,envers 'les supérieurs ?

'C'est au service qu'on pouvait s'en apercevoir, mais pao;;. à l'opération du reeruteJ.nent.

Et à quoi servaient les notes de ,ces 'exailnens là üeux qui ne faisaient pas leur ' service? Les carnets scolaires, leo;;. certi'fiCiats, les diplônles divers délivrés par les autorités scolair,es ou auh'es ne .;;uffisaient-ils pais? '

\Aujourd"hui la crainte que tel 'Ou tel Clanton ne fa'sse pas en­tièrelnent son devoir en 'm'atière ,d'insh'uction ou id'éducation n'a plus sa raison d'Iêtre, 'Dous les Etats iconlfédérés sont, ISOUS 'Ce rap­port, lani'm'és d'un louable zèle; il ne s,e passe guère d'anlnées slans que dans chacun d'eux on ne 'signale qu'elque anlélioratio'll plus ou ln oins importante.

Si un ·exa'lnen pédagogi,que s'Iavère utile, nécessaire I1lllê'lne, c'est quand il s'agit d'éta:blir des :listes de pronlotion aux grades. Il 'est naturel qu'un gr'a'dé, quel qu'il soit, d'Oit faire preuve d'une certaine ,culture générale. (Mlais c"es.t au service, à la fin de l'école de recrues, par ex'enlple, qu'on pourrait procéder là un ex'alnen pédagogique, ILes notes obtenues pourraient être co:Illbinées avec c.elles que le calnididat là Pavanc,ement laurait 'l11'éritées au point ide vue professionnel et ,lllopal. Tl nous semb'le qu'il serait hien plus urgent, bien plus utile, au lieu de rétablir des eX3Jnl'enS qu'on croyait définitivelnent enterrés, d'enlp'êcher l'infiltration dans les !lllaSSeS populaires, les nülieux ouvriers des idées holchévistes- ou com,munistes, ,d'Iêtre plus exilgeant dans le T,espect de la lnüralité publique et de l'autorité tant ,civile que religieuse, d'aider plus ef­ficacem'ent à Il'ob.;;'ervation des règles d'hygiène, de renfor,cer l'en­seignmn8lllit religieux, pla triotique et müraL Une àme saine dans un corps sain; voilà la devise à appliquer :à la préparation du futur défenseur de la patrie et du futur 'Citoyen en ,général.

Lettre de mon école 6me LETTRE.

''I1out ,est plong,é dans le 'P'lus gr,and ,calnle. ,On dirait que le sHenlCe de la lnort a passé sur Iles êtres ,et sur les choses, qu'il n'y a plus, .;;ur la te17e, 1a chanson des jours heureux ni lia' plainite des 10UTds ,cauchemars. Tout se tait, tout s',enveloppe de mystère, tout rentr,e dans .J'ornbr'e de ,La nuit et se c'Ünf'ÜTt a vee ,elle. iMiême les voix des grandes forces de la nartur'e se sont tues, oét'Üurfées par 'lia dans<e des /flocons IInlœlleux .. ,

Et pourtant, c'est la .grande nuit de Noël. IC'est le soir lUlnl­neux qui nous a donné un Hédelnpteur, le soir où le chant des an-

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'ges des,cendit en suaves han.11<onies ,dall1!s le cœur des hergers de Beth1ée'l1l.

Bethléem ! .. , Minuit! ... Heur,e solennelle 'Où l'Enfant-Dieu s'es-t rev1êtu de notre hu-

manité ! ... .0 f'ête sUlblhne, jour ll11Îlle fois l'empli d'allég,resse ,et d'inten­

se éJ.notion, tu viens rappeler à notre sens chrétien la :filansuétude d'un Dieu né sur ~ar paille, dans le dénuenlent et la pauvreté!

ILevons-nous avec les pasrteurs de Juda, tress1aillons à notre tour car void 1a ,bonne nouvel'le des,cenldue 'en 'Hots joyeux sur les plailIlies et sur les l1l·onts Ï111!maculés.

Sonnez, cloches de nos ég,lises, dites-nous le chant de la paix, le ,chant de l'al}1l0Ur et du sacrifice, Qar il nous ,est né un ISauv,eur 'et nous voulons suivre son ,ens,eignement! Et les petites 'c'loches >­

au timbre al'glentin, celles- des chaipelles lézardées ,et celles des églises bLotties' autour des toits joints COllllme des 'll~ains en ~rière, les cloches du Valais de saint Théodule et de saInt M)a'uTloe se s'Ont ,ébranlées dans 'le~ 'antiques .clochers à flèch,es pour ,égrener en sons parlés ,et dairs leur luessage de joie. ILes CJœurs ont tres­'sauté 'à l'appel des voix ai'mées, Ulnle prière ,est montée sur 1es lèvres des ilnécréJants : le llnystè're de Noël a toujours le don d'é­Inouvoir illl1ême les plus 'Orgueilleux. Puis, des ha'lneaux ens,evelis 'Sous ,la 10urde naJpp'e -blanche, les 'longues 'et obscures théories de fidèles s'e ,dirigent vers la ,crèche paroissiale. Des 'cantiques s'é­lèvent aériens avec l',encens et la prière mlêlés dans les mêmes volute~. Le GI~rÎla, nl'Ünte dans la nuit étoilée, pm'té sur 'les aHes roses et bleues des séraphins, et sur toutes ües têtes inclinées pour l'adoration, la paix du Fils fait hOlnnl'e coule abondante et sincère. Aux quatre c'Üins du 'm'Onde, ües scènes se roépèteront ce soir différentes de cérèllonia,l 'lnais paTeilles toutes' par le sens profOlll1d qui s'y rattache. La paix) .J'all1~our de l'Enliant-Dieu se révèlent là nous, nous enveloppent de leur chal~nl'e pénétrant; l'onction sainte nous t,rlansf'Ürnle en d'autr,es rêtres :moins durs et nlieux préoecupés de notre destinée éternelle.

IMaîtres chrétiens qui voulons faire rayonner autour de nous -en auréole sa'crée le bien, le beau, le vrai et le bon, pensons à la leçon de 'paix 'et d'Ialmour donnée par :Thotl"e (Modèle. AlLons à la ,crèche réchau:f.fer nos énergies lll'Üurantes; I}'egardons cet ·enfant -qui 'nous ap'PTend ù aÎ'lner ,et :à ltellldTe les bras. I~ sourit, nlalgr~ l'albandon des hO!llunes, pour nous dire: « ,s'Ounez, vous laUSSl, dans vos peines, au ll1Îlieu de vos fat1gues incessantes; au stQÎl~ d'une journée de dur labeur, souriez en levant les yeux vers mOl qui vous .appr,ends à souriT,e. » •

Le regard de J.ésus là ~a crèche est pur C'Ü'l1lme Ic~elul Ide l,a source à peine échappée du rocher. Il est pur comlIll:e Il faudraIt

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que s'Oit .le nôtre et paTee qu'il ,est ipur, il ,eslb ,cDnquéTa1nt, if attire 'à lui, H ,fait que den ne lui r,ésiste, que le charn1'e gra'ndif à s<on ,cDntact.

'Il est humble 'Pour nous faire conlprendr,e la j'Oie intérieure d'une âlme .simple et r-ecueillie.

IPaix! Amour! Sacrifice! Tout ,cela est prêché dans ce geste du Sauveur à la crèche a\fin que sla' paix caIn1e n'Os angüisses de chaque jour, les SDUcÏS de 'l'avenir et des 'hesDins- ,matériels:. afin que son a'lu'Üur r échauf,fe notr,e Jall110Ur et transfDrnle nos oœurs en vases brûlants Ide 'charité, afin qu'·en m'Üntrant ,cDl11lmenf on se .sacrifie, nous Sla'chions dire aussi: « J 'unis nl·es pei'llies, m,es fatigues, 'Il1Dn d évouement, In1es j'Oies et nl·es lal"'m'es, m,es prières 'et mes ,bonnes actions de 'cha1que j'Our au sacrifi,ce du lNI,aître. » Hon .

notre élève: aeune Catholique Depuis plusieurs ,années. déj'à, le 'Vatican a vu sUDgir du sein

de villages de ,la p13,-Ïne et de la lllOntalgne, CDn11lUe des nünu~­cules étoiles qui se s<ont agitées de toutes façons ·et s'agi,tent plus que jall11ais. pour éclaker un 'peu le voisinalge, pour faire un peu de 'lumière dans la nuit 'lia 'Plus horrible, 'la nuit des âllues,. Ces petits 'foyers , n<ous les avons appelés les sociétés de Jeunesse 'ca­tholique.

Sus'Pectes .au IdJébut dans teUes ou telles :l'OcaliMs, ces aS S'Ü'cÎla­tiüns 'Ont p eu là peu a'cquis plùs: de 'confia'nlCe, et on s'est plu à les laiss·er se dévelOlpper. \EUes n'ont !pas assez de f'Ol~ce ·en,cüre pour réaHser Ileur idéal. Il ,leur faut de nouve'lles unités, il leur flaut de nOUlveaux jeunes, il' leur ,faut davantage de ces âlm es ar­dentes toujours prêt'es au sacrifice.

Il est 'cudeux d 'Jassis-ter à la naissance de üertains lu'Ouve­\lnents, de 'certaines jeunesses politiques, et quelquef'Ois plus curieux. encore d 'assister tôt à leur agoni,e. La flan1llue l3.'v'ec laquêlle les: jeunes se jettent ·1Jà dedans est souvent t'Ouchante; ces êtres cher­chent n1ieux; ils veulent une s'Üluti'Ün là la question sodale. Cette recherche n'est que la t,raduction du peIipétuel et du plus üO'Il1nlUn désir des homm·es : -être heureux une fois ici-bas.

COll1Jbien d'en-tre nous, au contraire, se s'Ont rendus cüilnpte' des' difficultés qu'i'l y a dans- c,ertaill1:es ckconstances d'arrnener à la. J. C. une unité nouve'lle qui s'Oit elle-llnlêlUe une unHé 'cünqué-· l'ante?

:La pédagogie nous 'a enseigné que l'eTIfant a;vait tendance' à rester ce que le 'l11-aî-t-re en · avait fait. Or, ,les instituteurs ·et ins­titutrices. de notr,e cantün sont couva'incus de ,la nécess-ité d'es:

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s'odéMs J. C. H iU1p'Orterait dünc que, dès l 'école, ils dirigent « leurs enfants » vers ces nOyJaux de c'Onquête.

Et canlluent y al"river ? Les moyens s'Ont infinill11ent v,ariés. A. chac.un de voir ,ce qui

convient le unieux à s'On H1Ii'lieu. ICette direction à donner aux élèves, C'Olll1JIU,e !füut l'enseigne­

il11erit religieux, n'est pas une aflfair,e d 'un instant, de. queLques heures par année. Et. c 'est encore ·moins, à plus f'Orte l1alÎsün, l'af.faire d'un petit discours, d'un petit '111üt d 'encourage'I).1ent à -ceux 'qui VOlllrt s'en :aBer, là ceux qui ,y,ont quiUer .l',école.

ILes Iluaîtr,es ·et n1aîtresses devraient -av<oir là 'O:Eur de faire l3. i'l11er la J. 'G. à leurs élèves dès le bas âge. l'ls devraient pr'Dfi­ter de toutes les occasions. pour y arriver. Que chac.un s'Oit per­suadé qu'il n 'est Iplus suffisant là l'heure a,ctuelle de fürmer des â'l11eS qui font le bien dans Je silence ·et ne s'-occupent pas de tant d'êtres qui soufifrent pal' le 'flait unique que 'leur foi la failbli <ou .J1l)ên1e disparu. Il faut aujourd'hui forn1,er des apôtres. Faire le bi,en SOi-il11Iê1lne 'd 'ab'Ord , luais aussi le f,ai,r,e 'alcooanjplir aux autres-; ai'luer, se sacrifer, 'V'Oir les blessures qui saignent dans des c\œurs­voisins, y 'luettre un p'eu de Ibaurrne et, si poss·ible, les p'anser, p-our qu'elles se cioatrisent rapiden1·ent,. Cela s'appelle se dévouer; -être apôtr·es... Nütre tâche n ',est ·faite que ,d"apostolat. PourquOI ne la tranSln1ettrions--nous pas là Inos élèves ;pour en faire des piün­niers- dès l' écüle, de la plus noihle des causes: l\Action catholique.

X. Etre apôtre, ce1a veut dire s'oublier à tout instCl1nt, ne comp­

ter Sl.lr soi que pOUl' faire du bien .aux autres .

Sur la pente IOn ,glisse rapidement sur lia' pente du laï.cÏs'lue. Oyez plutôt

'et tir'ez vos condusion's : IEn 19213, le nlÏnistre de l'Instruction publique ,français, (Léün IBérard, rappelant les Instructions de 1887 relatives là 'l 'ü'bjet ,et à la '111'éthode de l'ens·eignell1ent n10ral l:aïque .à l'école primaire, définit ainsi 'le rôle ·dle l"instituteur :

« [L'instituteur In'a pas à enseigner de toutes pièces une 0111:0-

l'ale rthéori,que suivie d'une n10rale pr:atique, CO'l11'lue s'il ,s'·adr'essait à des enfants dépourvus de toute notion préalable du bien e t du mal; l'i111lluense 'luaJO'l~ité Ilui arrive, au co ntr:a,ir,e , ayant déjà Teçu 'Ou recevan!f un ens-eÏtgnen1ent religieux -qui ,les lfa1niliarise avec l'idée d'un 'Dieu auteuT ,die l'univeTs et père de.s hOIJ.11lllles, la'V-ec ies traditions, Iles crüyances, les pratiques d'un culte chrétien 'ou is­raélite. Il 'pr,end ces erufa'Ilts tels qu'ils Ilui 'Vi,ennent, avec leurs idées ,et leur langage, laiV'ec :les croyances qu'üs tiennenlt de leur

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fanül1e, et i,l n'a d'autr-e souci que de ,leur apprendre là en tir-el' ce qu'elles contiennent de plus précieux au point de vue social, ,c'est­à-dir-e les préceptes d 'une haute ,moriaHté. IL'enseignement nloral 'laïqu,e se distingue d'Onc de J'.enseignem-.ent religieux sans le contredire, l'instituteur ne se substitue ni -au pr'être ni au père de fa'rniUe. »

La méth'Üde à eluployer, selon le ,m1mue Léon ,Bérard: « Le nlaître devra éviter comme une ,mauvaise action tout ce qui , dans son lantgaJge ou dans s'Ün -attitude, :blesserait ,les croyanc-es

Ir-eHgieu~-es !d'es enfants confiés à ses soins ... Il devra faire C'Û'lU­pr-enrn .. e 'et sentir ià l'-enfant que le premier hOl11l1uwge qu'il d'Üit là la divinité, c'est l'obéissance aux lois de Dieu telles que les lui révèlent -sa eOllltsCÎence et sa raison. »

Ces instructions s'Ont 'COnfOil"lUeS d'ailleurs là la doctrine du « père de l'école laïque », lM. Ferdinant IBui~son, 'lequel, dans ses « Leçons de luorale », dit: « Ne Im-anquez jamais de r,espect à une ,r-eHgiolTh, m/êlue si ee n'est pas La vôtr:e .. . !Rappelez-v'Üus que l'idée de Dieu sous des for,mes si diverses, repr-és'ente les Ic'Üncepti'Üns- -et les e.sp'éranees les plus haut.es de 'l'esprit hUluain; c'e9t le sY'lu­'baIe de son éternel idéal. »

Et, m'Üins de dix ans après, le 'PalJ'ti communiste ,français (lisez le persol1nel enseignant « avancé ») déclare que '« l'école hourgeoilYe -est un instrument de ilwurIia'ge de crâne », que 1« l'école primaire actuelle .( ceHe de Léon Bérard et Ferdinand ,Buiss'Ün) devient de plus en plus une école d'abrutissement p'Üur les en­fa/ruts. »

T'rès suggestif, n',est-c.e pas? N. inst.

Les modes et les costumes nationaux

,Parler de cela dans une revue péda,gogique ? .. . QueUe drôle d'idée! Je 'l'Iadrmets, lJuais je veux continuer quand mtême, ne serait-ce que pour diversifier.

ICe -matin, 8 déc eIubr,e , quand je voya'is- -en lue ,rendant à l'ég1ise, d 'inn'Ûln1./brables petits pieds ,chaussés Ide fins souliers bas (pas tous protégés pa'r des snow-bo'Üts) trottiner dans 'la neige gla­cée, je songeais avec n1.élancolie iaux robustes 'et ,confortahle~ S'ou­liers de nOs man1alIliS et grand''ll1.Muans et je Ime pr-enais à l~egretteT t avec ces chaussur-es Tustiques, ce.;;. vieux üostumes ües costumes. si seyants que j'avais vu.;;. à cerrta'Ïns cortècres et qui 'iaisaient l, d . t' d ' 0 a mIra l'On es -etria!Jligers.

Qu'eH.es sont heureuses, lue d'Ïsais-j-e, les jeunes filles du Haut-Valal'i', du IGend:r-e, de la Nohle contrée ,et de la vawlé-e d'nUez qui ont su .}',ésister a~x Ia;sipocts tromp'eurs de la -mode :étralllgèr~. p'Our le plus grand bIen de leur santé, de leur beauté naturelle

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'et .aussi de ... leur porte-lmiOnnaie 1 Quelle « héroïne » (car c'en -serait une) os-erait 'faire 'g'l'ève av-oc la n1.ode et repl~endre :le vieux 'cosrtu1ne abandonné de sa chère vallée? ;Hélas 1 il faudlia bien 'que l'in I;)ltirtutrke caulpa,gnarde se contente d'être, dans son village, un nlodële de bon goût, de n1.'Üdestie et de si,mplicité en fait de toilE1tte, car üela -entre aussi dans le cadre des questions pédago-giques. M.

R propos de grammaire

Rien n 'est plus monotone que la récitation pure et simple rd 'une leçon de ,glrau1.I11.1.aire, nécessaire pourtant 'Pour ,le contrôle de la préparation là donücile : les- ;luêmes n1.'Üts viennent et revien­nent paflfois an.achinaleluen't, sur les lèvr-es :de dix ou douz·e bam­J)jns Iqui pensent prdbahle'luent à autre chose qu'à la gra1mlluiarre.

ICOllllIll,ent s'y pr-endre? Un 11.1.'oyen qui donne de bons :résul­tats pour intéres~'er l'élè'Ve et rO'll1.pre .Ia n1.on'Ütonie, c'Ünsiste à -donner d'albord J'.exemp.Ie -et à le varier pour en déduire la règle. Au lieu, par ,exeluple, de poser la question: Quand un verbe est-i,l à ,la Vioix ,prOllOln1..inale? 'Ün dira: Dans- la phrase: '«' André se vante », là quelle voix -est le verhe ? puis on exÏJg,era lia' justifiea­tion de 'la réponS'e, 'et enfin le tout résUlné en une règ'le eXipri,mée correctement.

Quelquefo'is, au fur et à luesure qu'un petitf: g,roupe a pass-é, -on peut lui pern1.ettre d'ouvrir le livre et de préparer oralem-ent un ex-erciiCe d'application répété de <lia 1ll1.lên1_e 'maniè:re ensuite et à tour de Tôle par tous les élèves. Bref,_ il faut là tout prix éviter -que l'enfant s'ennuie pendant ,la leçon; un n1.aître ingénieux et ;a'ctif y réussit toujours-. L. P., inst.

Protection des Passereaux: Famille des Corvidés Dans l'œ'dre des passer-eaux Olllt a classé non s-eulen1.ent les

petits ois,eaux, n1.ais .aussi de grandes espèces qui for-mie nt ,la famille des Corvidés; voici les principales:

Le grand co,rbeau : on le distingue pail' sa grande -taiHe, s'On vol plané, son cri rauque, assez semblable ,au japement d'un ~hien. Il vit -en m'Üntagne, isolé ou par couples. -En Va'liais, il es't rare; on dev.rait l,e p'r'Otég-er, 'illM,gré quelques petirts dOlllllnages -qu'il peut causer.

La corneille noire, connue chez nous< sous le 11'01U ,die cor-beau ordinaire. Espèce répandue qui Imange surtourt des Igraines, <les v'ers, des laT'ves, des insectes, des mollusques, des tgœnoui'Ues-,

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des reptiles, n'lais auss-i des œufs et des petits loiseaux. Quarntd les corbeaux Id!eviennent trop nom1br,eux, il ,est donc indiqué de les. restreindre.

Le freuxl ,' se distingue fadlell11.ent de l',espèce (pr·écédente par l'absence de plun1.,es 'v,ers ,la base du bec. Il ·est rm'e en Valais,.

Le chou'cas,' espèc.e plus petite, ·avec le be1c ·et les pattes noiT,es, ill1.uis ·dont les plu'mes du cou sont grise's. ISon régi,me ali-· m·entaire r'essemhle à celui des cor'beaux. Il est fréquent clans le Ba.s-Valais.

Le chocard alpin,' ,est cet oiseau noir avec .Je !bec j;aune et les, patrtes jaunes ou rouges qui se tient -généra'leluent en troupeau. On lui donne aussi le 11.'011n de corneille à bec jaune 'et , par confu­sion, il en ·est qui le désignent, en Vallais, sous le nom. de 'chou­cas.

ILe chocard vit en J.nontagne pendant l'.été; on loe voit jusque' sur les plus hauts SOln'l11.ets -où il aiInè à rendre visite aux toOu­rist,es pendant leurs pique-niques. H se nourrit de baies sauv:a1ge.s, d 'insectes , de vers, de n1.oOllusques, de lézards. En hiver, il des ­cend dans les vallées; à Sion, à Montreux,on le v'oit tout l'hiver ; il devient f'an1.ilier depuis qu'on le nourdt.

ICet oiseau, au vol plainé si soutple ·et si beau, exécute souvent àes ,toOurs d ';aerobatie aérienne fort intéressants, surtout en -11.1.on­ta'gne. H sait utiliser les courants d'a'Ïr chaud qui r eInontent le long ,dies parois de rnohers pour s'élever sans efifort. Arriv·é au somlmet, il ferme les ailes, se jette dans le vide, pour Il.'ecommen­cel' son ascension.

Le chocard est protégé poar la loi de 1926 CO'lnIne oiseau utHe; 'Îl i,mporte de bien le :faire connaître, 'Parce que,. iwctuelle­n'lent encore, il est oertaines personnes qui les tuent ,croyant 'qu 'il cause des dégâts C01Jnme les> corbeaux. Protégeoll1is cet ois·eau si' Ï'ntér,essant et si 'beau, qui aniïTië- 'joyeusen1.ent la solitude de la 'l110nrfJalgne. .

Le geai ol''CNnaire " a'Vec de petites pluln:es bleues ·sur Iles ailes . Sa nourriture est variée, végéta'le ou ani'l11.ale: gland,,·, faînes , fruits divers, insectes, v,ers, 'reptiles, souTis, jeunes oiseaux. 'Les g.eais oaus·ent p;aTfois certain~ don'llmag·es; la 'loi pern1.·et de les tuer.

Le geai de montagne ou casse-noix,' bruIli lalVOC de petits points b1ancs sur la 'poitrine, une bordure blanche à .}',extrén1.ité des· plu­mes de la queue. Il est peu carniv'Ûre et se nourrit surtout de fruits div,ers>, en particulier des graines des conifères et surtout des aroles. En tran:spoliant les cônes pour ,les défair,e 'dlans des. ,endr'Ûits :fav'Ü'rables, COIl1llille les troncs d'arbr;els, .les blocs" ou ·encore pour les cacher dans queloque trou comme réserve, il ,en 'laisse tOlllllber et c'ÛntTibue 'ainsi à la diss.éInination des alibres-::

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:d 'ol). son utilité. Le fait qu'il mange les graines d 'laToles n'·est pas 'grave, ces atbres produis'ent des- fruits eIli si gTande quantité.

La pie comm.une,' au plumage blanc ··et noir, avec ·sa 'grande queue, ·est ·assez répandue ·en. Vial ai SI. Elle ,Inange des insectes, des 'vers, des lmollus'que.s, des graines et aussi des œufs et des petits .oiseaux dans les nids . On ,donne une priu1.e po url' encounuger sa -destruction; toutefois on a supprin1.·é, avec rais'Ûn, la prÎ111.'e ·pour les (œufs de pie, 'Parce que ces œufs ress,mniblenrt à ceux d 'autr,es ·oiseaux protégés et 'PaliCe que ,leur I~echerClhe pair .les enfants ,falVo­.risait l'habitude du dénkhage des ois,eaux.

Les pies-grièches cO'l11.prennent 'plusieurs- espè,ces assez peu répandues ,chez nous .. ILa distinction entre celles qui 'caus,enrt des ,dégâts et Icelles qui sont utiles étant difficile, 'Ûn a pensé qu'il valait 'lnieux les ppotég.er toutes .

En ,général, les oiseaux de 'l:al fan1.iHe des Gorvidés peuvent 'causer certains dOlnlJ.na'g,es, n1.ais-il nous rendent aussi des ser­·vices .

COlTI'mission canto pOUl' la protection .de la Nature.

·CHRONIQUE DE L'UNION

Séance du comité de l'Union 'Le .cOlnité de rUnion du ,P. E. V. a tenu à IS ion, le 29 no­

~vemilJre , sa preInière séance ,sous la présidenc-e de M. Brouchoud. Nous relevons id quelques ·extraits seulen1.,ent du pl'o.cès ver­

baI de cette séalnlce. Presse. - 'L'entrefilet de LVf.lle 11\{. ,Co publié dans quelques

journaux du canton à propos de notre assemblée g.énérale la fait l'ohjet d 'ull' échanlge de vues d''Ûù nous tirons la conclusion sui­vante:

Les u1:en1.:bres de l'-ens·eignen1..ent n 'ont point avantage :à éta­ler aux yeux du pulbJoi,c leurs af1faires 'prof.essionnelles. MUe M. C., 'mieux que qukonque, doit se souvenir qu'elle dispose dans n01re « Ecole Primaire » de quelques pag'es où il lui ,est lois-ible de fonmuler tous 's'es repll.'o.ches<.

Résolution volée en Cllssemblée générale. - Le ICoInité entend la lecture d'une 'réponse du IDépaTten1.ent à la roés'Ûlution votée à ·l\1:lrt:Ûgny. -Nos por·Q1po.siHons seront 'étudiées avelC l'aUention qu'.eUes lUoéritent! Nous savons fOTt b,ien 'ce que cela signifie. C'est la raison pour ~aqueHe, SUir la proposition de iM. JaqueInet, l'Pnion revien-

. dra à 'chaTtge pour r·écla'm·er la réduction ,des entrées à l''E,cole norn1.ale, le contrôle dans la délivrance des autoris·ations d'ensei-

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gner sur la hase des besoins du canton et, alfin de permettre laux:. candidats sans emploi dans l'ensei,gnenl'eJllit d-e postuler d'autres. occupation~, la modification du progranl11TLe des Ecoles nornlales , en vue d'une orientati'Ün plus cOln'm'erciale.

Enquête SUl' la pléthore. - ,Cette enquête sera organisée pa,}" région, ·s'üus le contrôle de chaque 1nellnibre du COtlnité. Les résul·, tats additionnés ensuite au secr·étariat seront publié dans notre chronique.

Les régions en VUe de cette ·enqUlête s'Ülnrt: ainsi Tépia'rties : l\fonthey, par Il\tL 'Défa:go, Illiez. - SHMauTÏtc·e, par M. Brou-·

choud. - 1~9xHgny, par M. Gilloz . ~ Entre1nont, par fM,. Dar­bellay, à Orsières. - iGonthey, nl'oins la COlln!l11Une de Nendaz, par 1~1. J aoque1net, à Sensine. - Sion, les district la'VBC les 00111-l11'UneS de Nendaz et -d'lAyent, pal' \.YI. !~11eytaillli, là Sion. - H-érens" 11TI1oins Ayent, par M. Pitteloud, .aux A,gettes. - ,Sierre, par lM,. lMonnier, à :Sierre. - ILe Haut-Valais, Ipar Mlle Zen-tRuffinen -et J'Association des institutrÏ>c·es du Haut. Un instituteur ou une ins­titutrice pal' ICOllllilnune sera dlaTlgé de relever sur un fOr'111Ulaire' les n01ns du personnel sans ·enlploi. Les ruhriques de ces- fornTu-­la il' es conlportent -enlOore, avec les nO'nlS et prénO'ms, la date de' naisStance, celles de l'autorisation d'·enseigner, le Idlegré du chô-1nage ·et ses tl110tifs. IL 'enquêt'e sera terJ.llFnlée si possih1e pour le-20 décemlbre et seIwira de ilJase pour les revendications futures.

AnnLwire. - Les nlaîtres et maîtresses regreUenrt en géné­ra-l la suppr,ession de cet annuaire . .Le con1Ïté de l'Union propo­s-era à 'la Société valaisla'nne d'éducation de publier en lieu el plac-e d'un nUIlléro de l'Ecole pri-maire, l'état n'Ülll1inatif oOllnplet -du IPersonnel enseignant valaisan.

Assurance au décès. - En raison du rprix prübablenlent assez élevé d'une assuralllice sans limite d'âge, le GOlnité de l'Union attendra d'autres propositi'Üns des -cO'lnpagnies, pour une autre' fornle d'assulianlCe se terminant à 50, 55 ou 60 ans.

La prochaine séance ·est pr·évue pour 'le nlois de janvier.

Note de la Rédaction. - En raison des éconO'lnies là réalis,er,_ le DépaI1e'll1ent -a suspendu pendant deux ans .J'impression de l'AnnUla'Îr-e. ,Cet opuscule a été réédité pour le présent cours .süo-­laiTe sous un fOrInat plus réduit. Ainsi le Départenl·ent est allé­au devant du ,désir du IColnité d:e l'Union.

Grains de sénevé Un enfant ! .. . dans un si petit réservoir, il ne faut rien mettr~

que d'exquis. (Fénelon.)

Je n'instruis pas; j'évE·ille. (Villiers de l'Isle-Adam.)

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PARTIE PRATIQUE

COURS ÉLÉMENTAIRE

Centre d'intérêt: Le te-mps.

Le jour, 'la nuit. La journée -du bon éüolier

EXERCICE DE LANGAGE

A. Le jour, la semaine, le mois, l'année

Comibi,en y a-t-il d'heures da-ns un jour? (2'4 heures). Voit­on clair pendJamrt: les 214 heures? IComllnent ·expliquez-\vouS le j'Our et la rnuit? Gombien une senllaine a -t-ell~ de jours ? ,COJIl­ment s'appellent les sept jours de la s-emaine? Quel jour 'est--ce aUijourd'hui? demain? après-denlain? Quel jour était-ce hier? AVlant-hier? Quel jour pl"écède -le jeudi? Comililent s'appelle la veine du dinlanche? le !Surlendenlain du dÎlna'11'che -? Quels sont les jours où vous n 'allez pas en classe? IGŒnlbien y a-t-il de jours dan~ Un nlois ? Et de -Inois ,dans un an? Quels sont les douze l11'ois de l'année? Dans quel nloi,s S0l111Jl11·es-nous '1naintenant? COnl(ment s'Iappelle le preInier nl-ois de l'année? le sixiè-lne? le dixiènl,e? le dernier? :Quels -s-ont les nlois qui ont trente jours? ceux qui ont trente ,et un jours? (les faire -trouver ave,c la m·étho­de habituelle, le pO'Îng -fermé). Y a-t-il un ,mois· qui a Tl10ins de trente jours? IC0'l11!bien y a-t-il de jours, dans l 'alnlnée? Et dans une année bissextüe? Quel est le '1110is -où les écoliers !ba'varlCls parlent le 1111loins ? 1(IC'est en f évrier, par-ce ,qu'il est le plus p etit).

,Quel jour du nlo~s ·est-'ce aujourd'hui? ou .c'est le 'Üonl'bien aujourd'hui? E-n lquelle a'lùnée S0111'meS-ll'ous? En 'quel siède? Ce s-eDa le c01nibien d'auj'Ourd 'hui en huit? D'aujourd'hui en quin­ze ? Apprendre aux enfccnts cl se servir du calendriel'. IDans quel trÏInestre süm'ln-es-nous ? Dans quel Sel1l·estre ? Quels sont le!S m-ois de chaque trimestre? De cbaque s·mllestre ?

B. La mesure du temps.

Avec quoi 111esur·e-t-on le tenll])s? (Avec les pendules, les h'Ürloges, les lnontres .) Apprendre ClUX enfants cl lire l' heure en se servant du cadrccn en bois ou à défaut de la pendule de l'école. -CÜIllllbien y a-t-il de minutes dans une heure? De quarts- -d'heur·e ? Combien y a-t-il Ide 'lninut-es dans une demi-heure? Dans un quart d'heure? 'Puisque le temps passe si vite, devons-nous lJien l'em­ployer? Y a-t-il des écoliers- qui houv'ent le temps long à l'école? Lesquels? iLe tenlps perdu se retrouv,e-t-il ?

C. Exercices d'observation.

Proposer aux -élèves d'obser'Ver le ciel ~Jar un beau jour, par

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un tmn:ps nuageux. ,observez le deI étoHé, la lune là ses diffé­rentes phas·es, la lune selTIblant ,courir dans les nua.g·es.

VOCABULAIRE

a) Les noms.

ILe jour, lia nuit, le soleil, la lune, les étoiles, le fil'ill1ament, les astres. ILe 'n1.atin, Ja luatinée, 'lTIidi, l'après-midi ; le soir, la soirée, l'aulbe, l'auror·e, le crépus'cule. Le déclin. fLa chute du jour. IL'onl­bre, l'oibs'curité, les ténèbres.. La l)leine lune, Je prenlÏer quartier , le def/nier quartier, la nouvelle lune.

b) Les adjectifs.

Le deI pur, bleu, nuageux, couvert, brumeux, terne, bas, étoilé. :La lumière, magnifi'que, éclatante. ILes rayons. solaires . La nuit peut être claire, noire, profollde. lLes étoiles sont brillan­tes, scintillantes, nonlbl'euses ; une étoile filante; une prolllenade nocturne, Un soleil superbe, éclatant, l'adieux.

c) Les verbes.

Le soleil se lève, lllonte, BlnpOUl'pl'e, brille, éclaire, l'échauffe, baisse, décline, se couche; la nuit tOlmbe. ILa lune éclaire, brille, luit. Les ét'Üiles. apparaissent, dispr1l'ais selflll, iUulminent le deI. On obse11've, on admire, on conte,mple le [beau ciel étoilé. 'La lune vaga­bon.de s'e oach~ dans les nuages. 'L'astr'Üuonle observe les étoiles à 11'aide d'un téles~'Ûpe.

d) La phrase.

Flaire cons-truire de petites phrases avec les ternles ci-dessus.

ORTHOGRAPHE

Le lever du soleil.

Un léger nuage pourpre in:d'ique ià l'orient \que le soleil va paraître :La ferlme est déj1à pleine de ·bruit ; dans ,la ,cour, le oC'oq, les poules, le -chien, tout va, vient, caquète, alboie. ILes portes s'ou­vrent et se refernlent.

Puis, tout là eoup, tout devient \blanc ... ILe soleil est là, rouge, étincelant; il jette sur la rivière une poussière d'or qui éblouit.

El'ckmamn-Chatl'ian. Questions. - 1. i~ettr,e au pluriel la prC1nière phrase 'du texte.

-- 2. :Mettez une erüix s'Üus les verlbes. de icette nlême !phrase et un trait sous les sujets. - 3. IConjuguer jeter ,au présent et à l'impar­fait en ,e~ployant la Iforul·e ,négative et ,en y ajoutant un ou plu­sieurs com'P'lément~ : Ex. : je ne jette pas de papiel~ sous les table., .

Une nuit froide.

U 11. froid aigu piquait le visage, faisait pleurer les yeux. L'ail' C-l'll saissait les P OU'lTI ons , des~·échait la gürge. Le ciel profond, net

f

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r.t dur, était criblé d'étoi'les qu on eût dites pâlies par }la gelée; .elles scintillaient, non point comme de'i feux, Jnais con1!me des .astres dG glace. Guy de Mmlpassant.

Questions. - 1. Expliquer: Un froid aigu, l'air Cl'u. - 2. IMettre lau féminin plurielles adjectifs qualificatif.:; de la dictée. ---3. IColljuguer: je ne dois pas faire ple,ul'er lnon petit frère (ou nlCl petite sœur) et ·au 'futur, je ne le ferai pas pleurer.

REDACTION

Composer de petites phras·es dans. lesquelles entrer'Ünt les nom:s suivants: le .soleil, la lune, les étoiles; le jour, la sem'aine, le mois, l'année.

La journée du bon écolier.

DEVELOPPEMENT

1. Pierre est un jeune écolier. 2. Sept heures sonnent ·à l'horloge; Pierre se lèv,e. Idit à ge­

noux sa prière du InatÎ'n , dit bon jour à son père et là s'a mère, fait sa toilette, déjeune. Il range s,es Hvr,es et ses ~ahiers , repasse ses­leçons 'et va à l'ocüle.

3. Il est exad, il arrive là l'heure. En ,classe, il é·c'Ûute atten­tivmTIent son 11liaître, il soi~~ne ses .devoirs. En r écréation il Ine ta ­quine pas ses ca'luarades..

4 . .A (midi, il quitte l 'école, ne traîne pa,s' dans les, rues , il revient à la nl,aison, se n'let à table et 11Tl,ange de /bon ,appétit.

5. A deux heures il est rentr,é en classe et tra,;aille laussi bien l'après-nlidi 'que le ·matin. Il y l'este jus-qu'à quatre heures, il Te­tourne à 'la lnaislon.

6. Il prend .son goûter, s 3'll1use avec .sa petite srœul', puis pr,é­p:a're ses devoirs et étudie s-es leç.ons pour le lendenlain.

7. Il est s·ept heures du süir, il Tegar,de son album d'images, Et une petite Ihistoire. Il ,est Ibientôt neuf heures. ,P.ierre est fatigué, il a s'Ûmimeil. Après avoir dit bonsoir à ses parents et les avoir eIll!brass·és, il lTIOnte dans sa ehiaJ.1lbre, Ise couche et dort d'un: pro­fond somllueil après avoir prié et retDIIlUll'andé SOn â.l1lie à Dieu,

9. IPierre est un hon. éc-olier; il ·est l'un des pr·eI1.l'Îers de ~[t c1a!sse. Son Inaître est content ;d'e lui et ses parents sont heureux d'a,voir un si hon tfils .

ICom!lue IPierre, je veux, 'lTIoi lau<;·si , être un bon écolier; je veux apprendre, ul'instruire, et bien réussir dans la vie.

COURS MOYEN ET SUPÉRIEUR Le chauffage. Au coin du feu.

VOCABULAIRE

a) Les no'ms. - La clarté, ron1\hre, la noh'ccur, unE' silhouèt-

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te; le .calm,e, la rêverie, la sécurité, la tiédeur du foyer. b) Les adjectifs. - L'ombre ,est épaisse, mystérieuse; la Ju­

mière ,est douce} 'Ou vive; une silhouette fantastique, bizarre. - ­Un passe-ternlps agréable, une histoire drôle, effrayante.

e) Les verbes. - iLa lum.ière brille, illumine, éblouit; - une sihou~tte se détache, se dessine) s'allonge, se découpe, joue sur le ,Inur; - somnoler) sommeiller.

d) FaJmille dlu mot bois. - Boiser, Ibohell1ent, !boiserie, dé­boiser, déboisement, reboiser" reboisement, bosquet, hocage, bù­che, 'bûcher, hûcheron, Ibûohette, buiss'Ün, débusquer, em\buscade, 's'embusquer, embûche.

e) Expliquer les lo'cutions usuelle.s suivClntes dans lesquelles entre le 'mot feu. - IPièee à feu - arlJ.ne ,à feu - 'fair·e feu - le feu du -regard - latlête ,en feu - n'y ,voir que du feu ~ être pris entre deux feux -- jeter .feu ,et flamlrrie - feu de paille -ne pas faire long feu. Il n'y a pas de funlée sans feu.

f) La phrase. - IFa-ire entrer ces 1110ts ou expressions dans :de petites phras'es.

ORTHOGRAPHE

Les bienfaits du feu.

Ne vous êtes-Vlous ja'lllais delnandé 'lnes cheDs enfants, l'hi­ver, en 'chauffrant ' ;08 pieds à la cheminée, 'ce que c'est que le feu, Ce -grand bienfaiteur des homllll,es; :le feu s·ans lequellnous ne pour­rions pas faire un nlürceau de pain; le ,f.eu qui nous éclaire la nuit; le ,feu, qui dompte les 'm,étaux et sans lequel nous n'aurions ni le fer, ni le cuivre, ni 'l'argent, ni rien de :tout ce qui se fabri­que avec eux; le feu, sans lequel, en un Inot, l'industrie humaine ne serait pas beaucoup au-dessus de celle :du singe et du castor? Le feu n'est qu'une décomposition du bois ou du chla'rhon, par ce grand roi du monde, 1'0xnèlne. C'est ce qu'on nOl.lll\me la com-bus-tion. Jean Macé.

Questions. - 1. DécOlll'pOSer la pr,emière phrase en '.Ses pré­.positions. -< 2. Souligner Iles p ·ron. relatifs du texte. - ,3. Pour:.. quoi sans le feu, ne pourrions--nous pas avoir un ·müflceau de pain? (Parce qu'i'! faut -du feu pour faire cuire Je pain).

Chez la mère Barberin.

Au-dessus de nous descendait le vallon que nous venions ·Je remonter, puis tout au bas se dres",ait isolée la I1wisOl1 Inaternelle. celle où j'avais été élevé.

Elle éta-it d'autant plus Ifacile à trouver au n1Îlieu des ar­bres qu',en ce lnonu'nt m 'ême une petite colonne de fUll1é-e jaune sorbait de sa cheminée, et, ll10ntant droit .dans l'air tranquille, S'f;­levait jusqu'à noucy.

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Soit illusion du 'souvenir, soit réalité, cette fUlnée Ilu'apportait l'odeur des feuilles de chêne qui avaient séchés sur les branches des bourrées avec les'quelles nous avions fait du feu pendant tout l'hiver: il me senllhle que j'étais encore au ooin du foyer, sur 'Inon petit banc, 'les pieds .dans les Ic,endres, quand le vent, s'engouffrant dans ~a cheminée, IlliOUS rabattait la fUInée au vis-age. Hector Malot.

Questions. - 1. [)écomposer la première phrase en proposi­tions. - 2. Dans cette ilnÊmle phrase trouver les- sujets -des veT­bes descendait et se dressai,t. - 3. Qu'est-ce qu'est le I11'Ot vallon par r,apport ,à vallée (diminutif). Trouver les. din1Ïnutifs de mai­son, arbre.

COMPOSITION FRANÇAISE

A. Su1j.ets proposés:

a) Les petits l"amoneurs. - Faites le portrait des petits ra­n10neurs, et 'l11ontrez-Ies aIhnt de porte en porte pour oiffrir leurs services. iL'iautre jo.ur, 'l'un d ',eux est venu là la maisün, dit'es ce qu'il a fait, tenninez par quelques réflexions.

b) .Songez à une de VOIS veillées de cet hiver où -la ,maison a été padiculièrem.'ent animée. [I)écri'Vez-Ia de manière 'à ,r-endre l'ill1-pression de g'aîté que vous et votre ,famille avec ,éprouvée.

B. Sujet traité:

IDécrivez la !{mnille réunie au coin du 'feu.

DEVELOPPEMENT

1. Bru hi'ver, quand il if'ait froid, n'est-üe 'pas qu'on aime un bon :feu? Et le soir, après une journée de tra'vaÏ'l 'bien remplie, ~:l.' falnille se r·éunit autour du foyer.

2. Grand'lnère, maman, papa, ll1110n petit frère et 'Inoi, nous nous rapprochons .du poêle; ,c'est gDand'mère qui a lia flneiUeur<e place.

3. ,Grand'mère, dans un fauteuil -d'Ü1sier, nous raconte sou­vent des histoires du hon yieux tenlps; .J.es 'pincettes- dans les !J.llains eHe aime 'à tisonner le feu; elle n'oublie pas de lnettre un lnorce'au de Ibois dans le ,fourneau, quand :la chaleur tœ1l1be. IMai's elle ne bouge pas -en ce mOIllelnt, dIe ,fait son petit SQmme. Ma­man :raocommode no~ vêtements, tricote 'Ou reprise deS' bas; elle nous redit les nouvelles du villalge. Papa, tout en funlant g,a pipe, la 'vieille pipe qu'il ia ralpportée de -la nl0bilisation, lit son journal. De temps 'en tel~ps, il fait part à mal1l1an des passages les plus intéres'sants. ,Mon petit frère, dans sa petite chaise, .est là côté de illlOi le nez d·ans un album d'hnlages. Il ne sait pas lire, 'Inais il est ~ontent de ,regarder les gravures. De tenlps en :temps, il -Ine tire par la :manche pour lne ill10ntrer avec s'On idloigt les « IIU.~S­sieur~et :les belles dalines »'. Quant là moi, aocoudé .sur ma ipetIt~

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table de tr'a'Vail, je lis un livre ,de la 'bibliothèque. 'car Ines devoÎl'ls s'Cyrut finis.

·4. Qu'il f,ait bon dans cette Cha'lllbre (bien clos.e et bien chau­de 1 J'entends le .feu qui pétille, l'horloge avec son tic-tac régu­lier. (Dehors, il fait froid, le 'Vent soU/ilHe, la pluie fouette les volets hien tirécs'. Je 'lne replonge ·avec joie ,dans Iflla -lecture, tout en pen­sant aux pauvres' Igens sans aJbri, sans feu. Nous }es !plaignons bien, mais ce n'·est pas suffics·ant, nous devons aussi les secourir.

Nove'111bre) ·déceilnbl'e: dies mois emplis du souvenir doulou­l'eux des défunts, f1mpreints de la tristesse du tem'ps qui fuit, mais aussi marqués et réjouis du retour de Noël qui se l'enouvelle en sa divine réalité et du nouvel (11Jl qui l'C~mène l' expression de souhaits touchants. Voici, appropriés à chacun de ces thèmes des lYlOrCeaux à cNre ou à lire: '

Complainte

l ~lli, do, ré, (mi; sol, fa , ·mi... Je sui's auprès de ma S z1lTI'one, SUl' le clavier sa main ' tâto11JIlJe, Cherchant et trouvant à demi, Tl'iOlDl'phcmt quand la note est bonne: IVIi, do, ré, .mi ) :l11i, sol, fa, mi 1

Fa, fa, n1Ï, ré; mi, Iflli, ré, do ... La note est trop longue ou trop bl'ève, Le doigt retoimbe et se soulève ... Soudain la voix va cl'escendo, E.t la petite main achève: Fa, fla" mi, ré; ·mi, lni, ré, do 1 ...

(MJi, -do, ré, mi; lui, sol, fa, nl'Î... Glaviel' m.uet et voix éteinte Dans une .donloureuse plainte, Tout s'est tu, tout s'est enldol1mi Et j'entends cŒrune un glas qui tinte: IMi, do, Œ'é, /mi; nu ... , soL., fa ... , 'mi...

'Louis TIEHCEiLIN" le poète breton, pleurant ,sa p€.tite fille Simone, morte .a deux /ans,

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Décembre

Viens poser sul' mon cœur ton front lourd de pensées, Décenlbre, ô bon vieillard mélancolique et las, Dont les doigts ont gardé la couleur des lilQ1S Et les yeux le reflet des tendresses passées.

Puisque l'ail' nous fut tiède où nos nlains SOlJrt glacées, Et qu' eJYtbaumait la l'ose où s'étend le verglas, Ecoutons, d"un esprit serein, sonner le glas Des fave,urs que le sort ne nous a point laisseés.

Rien ne peut Q1rrê.ter le pas du temps qui fuit, Et chacun, tôt ou tard, doit, quand lui vient sa nuit, Rejoindre ses aïeux dans la paix de la tombe.

Sans nous plaindre, ô Déce'mbre, acceptons le destin Du cheveu qui blanchit, de la neige qui tombe, Et d'une Cllmée encor qui doU'cBment s'éteint...

Adolphe HABDY (Le Cortège des mois.)

noël ... Noël est une fête précieuse parce qu'on y célèbre la nlesse

dIe minuit. Messe 1 et ll1inuit 1 ... Ca.ln,me ces deux 'mots, brodés .enlselnb:le, associés, appuyés l'un SUl' l'autre, si puîssants et si l'iches de visions, font un beau ·mariage chrétien 1 Voilà qu'aussi­tôt, dans les a.micales ténèbres, s'ouvre un pOl'ta1il fleuri de buis­.sons d'or. A l'appel que font ces flots de clarté, tous les passants, tmêlme ceux qui n'entrent pas, s-avelnt que c'est « la m:esse de lYt·inuit...» une messe où les hymnes sont entowés pal' des âmes meiUeul'es, où l'orgue trouve des voix réellement célestes, où la prière, longtenlps perdue, revient toule seule au bercail de la mé­moire, où le Christ en haut de l'autel ne se.mble plus cru'Cifié. Bras ouverts, il sourit à tous, et chaque clou de sa main percée ne pal'aî,t que le grain de myrrhe déposé dans ses 'mignonnes pau­mes pal' les l'ois d'Afrique à genoux . . Ah 1 quel plaisir grave et chaJ"jlnant c" Jétait 1 la profonde fête que d',aller autrefois, quand nous avions si peu d'années ... entendre cette messe aux flatmbeaux ·du village 1 D'y songer le c,œUl' me lYrcmque et mes doigts essuient mes yeux. Aussi c'est un rêve faîttoujours et .toujours irréalisé que -de partir à l'extrémité de déce111bJ'e, et de fuir la bestiale ville, pour arriver, aux tâtonne.ments du S'oir, loin, bien loin d'ici, dans que,lque hameau de vieille ,provînce, où 11 n'y a, au milie.u de douze ma/sures, se1'1'ées en apôtres contre elle, Iqu'une pauvre petÏ'te gJ'ange

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qui s',appelle une église. Une fois là, l'on attendrait la nuit qui s"allongerait et pêserait bientôt, calme et mystérteuse, sur le monde aux aguets qui fait semblant de sommeiller, et quaI1J.(~ elle aurait déroulé 'tous les tapis de son silence et tous les velours de sa paix, une cloche alors, dou'ce, tinterait. Une pal' une l'O!TIJ ven'ait sortir des maisons les leJntes ombres des fidèles... pal' les f,lancs du cofeau, dans le lit tdes v'Cllllées serpenterait la pl'ocessiofnl des coiffes, des sabots et de la laine, le clignotcmt pèlerinage des frileuses lan­ternes. La neige ,lâcherait ses essalÎlTt'S de blancs papillons, l'orme en fourrure affecterait d'avoir les gestes du sapin, l'arbrisseau serait scandinave ... et, guidés par le son troublant de l'a cornemlusc, des chalIlts naïfs s''élèveraient, d'un jet si dz'vz'n danlS le ciel, qu'ils feraient croire) en y montant, qu'ils en descendent.

Henri LAVEDAN, de l'Académie française.

IlHistoire Suisse M. le Chanoine Dévaud, recteur et professeur de pédagogie

de l'Université de Fribourg, publie clans le « Bulletin pédagogique » de ce cernton une étude renlal'quable SUl' l'enseignement cle l'His­toire nationale.

Ecrite pOUl' le canton cle Fribourg, cette étude s'actalpte pal'­laitelnent alu Valais) et nous somJmes sûr que notre Personnel enseignant en ,tirel~a profit (N. cl.I.R.)

Le jeune homme qui ,sort de récole sait qu'il va bientôt être appelé par l'autorité militaire; il devra quittE'r les siens, int3rrompre le tra·· vail de son métier, sacr1fier le gain qu'il aurait pu recevoir. Dans peu d'années, il devra l'impôt de l'argent, ,qui lui semblera pénible et fort élevé, à lui qui est pauvre. Qui sait s'il ne devra pas quelque .iOUJ~

l'impôt du sang ·? Tout cela, il ne l'offrira de bon cœur que s'il (~st

convaincu qu'il doit l'offrir et que, par cette offrande, il .grandit sa pE'rsonnalité et son mérite.

Ni le service militaire ni l 'impôt ne sont le tout de la vie civique, encore Iffiloins le vote. En travaillant avec conscience de sa profession, en menant une conduite irréprochable, en sachant utiliser l'influence­que tout homme honnête ne manque pas d'exercer autour dE' lui en faveur de la: moralité et du bien commun, en élevant sa famille sel011

les traditions s·aines du pays et les préceptes de la religion chré­tienne, un citoyen sert excellemment :sa patrie, ·contribue là stabilis('l~

l'OTdre et la paix, assure 'sa prospérité présente et future, bien mieux. et plus efficacement que par sa contribution momentanée et précaire ~t l'équilibre du budget, aux Inanœuvres bisannuelles de l'armée,' à l'élE'Ction des députés les meilleurs. Et, servant son pays en son vil­lage, dans son milieu, c'est l'humanité qu'il ,sert et la chrétienté~

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Vouloir rendre imeilleur le monde par le Christ, . mais dans le lieU' natq,l autour duquel 'rayonne la patrie historique, voilà, selon moi" la vraie mentalité ({ civique », celle qui convient à la jeune fille autant qu'au jeune homme. C'est pourquoi l'un et l'autrE' doivent s'instruire ­à l'école de notre patrie suisse qui réclame d'eux des devoirs de, piété filiale à l'instar de leurs parents et de Dieu lui-même.

Pourquoi le jeune Fribourgeois appar'tient-il ,à -la Confédération helvétique, voilà bien une réalité qui demande E'xplicat.ion. Pourquoi ' doit-il se considérer concitoyen,solidaire jusqu'au débours de 'som­mes lourdes, jusqu'à la mort volontairement offerte, des gens de Steoborn, de Zernez', de rOnsE'rnone, ,qui sont d'une autre race, qui parlent une autre langue, alors que ses cousins, les Savoyards du Chablais, n'ont droit qu'au traitement commun de la charité entre humains? Pourquoi les premiers seuls sont-ils nos frères ? p.ourquoi avons-nous à leur égard des devoirs effectifs? Entre eux et nous, il y a un lien commun qUE' ,nous avons l'obligation grave de sauvegarder et de promouvoir. Pourquoi?

Notez-le, ce n'est point le passé qu'il s 'agit d'expliquer, c'est ]e présent. lVIais le présent n'est expliqué que par le passé. Il est donc nécessaire de décrire le concours des circonstances qui ont fait notre pays ce qu'il est, qui ont attribué tel villagE' à la Suisse et non à une autre nation.

N'accordons pas à l'enseignement de l'histoire plus de pOllvoir qu'il n'en a; ce n'est pas -lui qui portera le jeune citoyen à vouer sa vie pour sa patrie, ni à faire passer son intérêt particulier, si évident, si urgent, après l'intérêt général, toujours plus abstrait, paraissant moins pressant, auquel tant d'autres sont miE'ux à même de pourvoir. Des millions de jeunes soldats tombés au cours de la guerre mondiale, combien se sont sacrifiés sous l'unique ou du moins prépondérante action de leur manuel d'histoire? Aucun, vraisemblablement. De nom­breux marxistes s'acharnent à saper les institutions fondamentales de leUll pays; ils n'ignorE'nt point son histoire; ils la connaissent sùren'lent bien mieux que ne la connaissaient les obscurs héros de :Morgarten, de Sempach, de Morat, qui sont morts pour la patri e.

Quand il s'agit de remplir véridiquement une feuille d'évaluation de l'impôt, de remettre à l'intendance militai'rE' un cheval dont on a besoin pour les labours, d'élire le citoyen le plus digne en dépit d'avan­tages qu'on attendait d'un autre bulletin, de voter en faveur d'une loi qui prive de quelque notable bénéfice, c'est la conscience ·qui parle, c'est le patriotisme-vertu qui se traduit en acte. Quoique l'holnme soit, de nature, un être social, il n'entre pas dans la collectivité nationale comme la fourmi dans la fOUl~milière, sous l'empire d'une irrésistible , tendancE' instinctive; il ,s'intègre dans la nation par un acte de volonté. Sans doute, la naissance l'incorpore à un Etat: nation vient de « nasci». Mais, arrivé à un âge où l'intelligence sait comprendre, où la conscience se convainc des obligations qui incombent la la personne '

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-humaine, il accepte pour sa patrie, pa'l' raison et volonté, cette nation ,où il est né, avec ses frontières et ses institutions, .on ,aurait tort, néanmoins, de croire que c'est l'histoire qui convainc la conscience ,à es obligations de la piété patriotique; c'est la morale et c'est la reli­'gion. L'histoire montre comment il est advenu que le lieu d'I)ù l'élève est originaire appartient à telle nation, comment les frontiè'l"es se sont fixées, comment les institutions politiques ont été crées, com­mE'nt le présent du pays commande certaines décisions, dont la prd­mière est d'adhérer volontairement, générE'usement, à la communauté, nationale, d'en vouloir le bien le mfülleur, d'y contribuer par l'en­semble de sa conduite et de son travail.

Il est loisible ,à chacun, en effet, de contrecarrer le j eu des orga­'11es, sociaux, si l'intérêt individuE·l le ,sollicite, et la tentation est grande d'asservir à son profit, ·à celui de sa classe ou de son parti, les institutions nationales, les places dont dispose le gouvernement. Il ne suffit pas que le jeune homme, au sO'1' tir de l'école primair\~,

préfère son pays aux autres; il faut ,qu'il le serve et non pas qu'il s'en serve. Les connaissancE's juridiques et administratives ne S21'­viront qu'à mieux tourner les lois et les règlements pour éviter les péllalités, tant que, derrière l'intelligence qui comprend, on n'a pas gagné la volonté qui corrunande. La volonté elle-même ne résiste que mollement à la sollicitation d'un bénéfice possible et alléchant, si, a.u fond de la conscience, la notion du péché grave et de responsa­bilité devant Dieu ne rappelle concrètement, impérieusement, que l'obligation de remplir le devoir civique est une obligatiJll de salut.

Le patriotisme est une vertu morale; il relève de l'éducation de la volonté et, comme telle, E'St le fruit de la fOT'mation de la personne totale inspirée et animée de reli.gion. En quoi l'instruction religieuse, qui prescrit au nom de Dieu de rendre là ,César ce qui est à César, est la: première assise et la véritable base de l'éducation civique.

Il appartient à l'enseignement de l'histoire de dire il. l'écolier ·quelle est sa patrie, jusqu'à 'quelles frontières elle s'étend, quels homo mes, de ce fait, lui sont plus proches que les autres, dans cet amOilr

'que nous devons porter à tous, mais selon un ordre. Le but spécifi­,que de l'enseignemEnt de l'histoire, chez nous, me paraît être celui-ci: expliquer aux jeunes de nos villages, ga'l'çons et filles, .comment il se fait que nous sommes devenus Fribourgeois et conséquemment Suis­'ses, pourquoi nous devons étendre a la: Suisse ces devoirs civicIiles ..que .J'histoire religieuse nous apprend être ceux d 'un citoy'en 801.],­

.cieux de son salut. Voilà l'exacte signification de l'enseignement de l'histoire et sa justification. Quand on s'avisera que l'histoire n'a pas à ' renseigner sur le passé, mais à expliquer la !réalité présente du pays, beaucoup d'événements et · de leçons disparaîtront sans inconvé­nients du programmE'.

Le citoyen de l'Helvétie ne saurait se désintéresser du vaste _monde, dont il est citoyen aussi. Il suffit qu'il sache qu'il ne servira

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jamais mieux l"humanité qu'en bon citoyen chez lui, qu 'il n'en él èV>3l' a' jan/.ais plus ,efficacement le niveau culturel et_ m.oral qu'en étant, chez lui, de culture plus intelligente et de conduite plus morale. Il' servira le tffionde en aidant son pays à remplir sa mission providen­tiellE' dans le monde, à enrichir le monde de ses qualités de race ou de tradition, à rendre au monde les offices que semblent indiquer :;<1'

position et sa: composition. Le rôle de notre Suisse, au centre de l'Eu ­rope, est de servÏ'1' la cause de la paix dans notre continent, d'être un trait d'union, un élément de bonne entente, entre les nations de· l'aces et de civilisations diverses qui nous entourent. Le rôle de Fri­bourg dans la Suisse, de la Suisse en Europe. Il est possible de le faire ­comprendre aux élèves de notre canton, si nous m'enons quelqu '~

peine pour l'explique'l'. Il est une douzaine de méthodes pour enseigner l'histoire, que

les pédagogues énumèrent en les affublant de dénominations grec­ques impressionnantes. CE'ci n'est point une méthode, mais un eS3ai de programme, d'un programme qui me paraît pouvoir s'adapter-' facilmnent ,à la méthode en usage chez nous, qui s'est révélée bonne,. si bien que nous n'avons aucun Iill·otif de changer. Fidèle au p'l"incipe d'utiliser ce que nous avons sous la main, j'accepte méthode et ma­nuel, me contentant d'indiquer commE'nt on en peut tirer le meil­leur parti.

L 'histoire est enseignée comme branche particulière au cours supérieur seulement. N'ennuyons pas nos enfants de moins de clou:œ ans de faits et de dates. Des récits historiques suffisent, lus ou contés comme des histoires. J'introduirais unE' dizaine de lectures historiques dans le programme des lectures obligatoires pour le cours moyen. Où les prendre? Tout simplement dans le manuel du cour& SUpl3-rieur, que les élèves du degl'é inter,médiaire emprunteront à leurs . camarades du 'cours supérieur pour la circonstance. Introduction, lecture, E'xplication, compte rendu, on suivrait la méthode de lecture en usage à ce cours. On pourrait insérer une dizaine de ces chapitres historiques dans notre livre de lecture du second degré, là l'occasion d'un nouveau tirage. Que le m.aître sache en sus conter de beaux récits qui seront entendus avec profit par toute l'école, qu'il en fa&se faire par les élèves eux-mêmes comn1e causeries, comme compte ren­dus de lectur,es libres, qu'il les autorise à en fairE' d'eux-mêmes, à

les dramatiser. ,Ces récits préparent l'imagination là la reconstruction du passé;

l'intelligencE', à sa compréhension. L'enfant n'a: pas le sens du passé; le vieillard l'a, parce qu'il l'a vécu et qu'il peut le mesurer :à la mesure de son existence. Les (1 histoires» aident l'écolier à s'imaginer ' le passé; les images qu'ils s'en forment l'inclinent à l'aimer. Or, il faut amener le futur citoyen à aimer sa patriE'. Il l'aimera dans les images qu'il se fait de son passé. On ne saurait l'obliger là aimer ce qui est ennuyeux. Il est donc de tout importance que l'heure

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··d'histoire suisse soit attendue avec désir, soit entendue avec plaisir. -Les leçons affectives imprE'ssionnent davantage que les leçons cogni--tives, orientent dans le sens du cœur les forces obscures du sous-,conscient qui ont une si puissante influence sur nos déterminations. l':antipatriotisme de plusieurs a peut-être trouvé son point de dépar-t 'dans le dégoût suscité par des leçons d'histoire et surtout d'instruc­-tion civique mornes E·t rebutantes.

Selon notre tradition scolaire, les leçons systématiquE's d'histoire ··sont réservées au cours supérieur. Je m'en tiens au manuel, qui est (récent et 'bon. Puis que les enfants de nos campagnes ne restent, de 'fait, que trois ans au cours supérieur, dans leur très grande majorité, nous sommes obligés de ramener à trois les quatre parties dE' notre livre d'histoire. Voici la division que j'ose suggérer à la sa,gesse de Messieurs les inspecteurs, selon la division en trois ( 1 Plans » qui m'est

. chère, un par année scolaire.

Plan 1. - De la 1re à la 21me leçon, soit des origines là: la forma­-tion stable de la ·Confédération des SE'pt premiers cantons, noyau de -notre .suisse.

IPlan 2. - De la 22me à la 36me leçon, période de l'ancien 1'égim~ -des treize cantons, déchirements à l'intérieur, triomphes militaires à l'extérieur.

!Plan 3. - De la 37me à la 56me leçon, soit de cette première ten­-tative de révolution qUE' fut la ,Guerre des Paysans à la ·Suisse dé­mocratique et fédérative des vingt-deux cantons d'aujourd'hui.

'Toutes ces leçons ne sont pas également i'mpo:rtantes. On ne de­-vrait, à mon avis, exiger l'effort d'explication de la part du maître, l'effort de mémorisation de la part de l'élève que pour celles ,qui rela~ tent une modification essentiE'lle des frontières ou du statut politique

·de notre pays. Cette modification serai retenue en une formule rigi­de, composée d'une date, du bref énoncé de l'événement et de sa si­

;gnification. Cette formule devrait être apprise par eœur, régulière-ment répétée, récitée aVE'C la même inexorable littéralité que la table

. de multiplication et la règle des participes passés. L'intelligence de ·ces fOI'lffi-ules serait prépa;rée par des leçons claires et vivantes. Les 'formules elles-mêmes seront peu nombreuses, moins de quinze par an . . Les écoliers, qui à cet âgE' ont la mémoire ,la plus facile dont ils jouiront jamais, les apprendront en se jouant. Ils situeront les autres ,événement dans le temps par rapport à ces dates-l,à, avant ou ap1'ès, celles-ci restant comme des points fixes où les rattacher. Naturelle­

' ment, on donnera d'autres leçons que celles qui sont résumées en une formulE'; on les fera rédter;; mais en liaison avec la leçon-formule

:la plus proche dans le temp.s ou ·sous le rappo:rt de la cause à l'effet.

Voici les trois plans que ;j'établirais, si j'avais l'honneur d'êtr~

maître d'école, les dates que je choisirais, les formules que je leur ad­joindrais comme indiss.e>lUble explication.

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PLAN l

58 avant Jésus-Christ. Les Helvêtes sont vaincus là Sibracte par Jules César et, de barbares, dE'viennent des civilisés sous la domina-­tion Iromaine.

450 après Jésus-Christ. ·Les Burgondes pénètrent dans notre pays, se mêlent aux anciennes 'populations, en gardent la langue populaire ' ou romane, tandis que les Allémanes s'installent ,à l'est de la Sarin8 et sont les ancêtres des Suisses allemands.

888. Fondation du deuxième royaume dE' Bourgogne, essai, qui ne­dura que deux ·siècles et demi, d'un Etat autonome romand.

1157. Fondation de Fribourg par Be-rthold IV de Zahringen, ville qui devient bientôt un Etat avec. sa constitution, ses franchis'es et son autonomie.

1291. Alliance perpétuelle entre l,es pay's d'Uri, de ,Schwytz et d'Un-· terwald; les Confédérés commandent le passagE' du St-Gothard.

1315. Première victoire des ISuisse.s sur les Autrichiens ,à :Morgar-' ten; la lutte et le succès aSSUIl"ent la solidité de la jeune ,Confédération.,

1332. Entrée de Lucerne dans la ·Confédération, tête ouest de la. route du iGothard.

1351. Entrée de Zurich dans la Confédération, tête nord de la route' du St-Gothard.

1352. Entrée de Glaris E·t de Zoug dans la IConfédération; le ter­ritoiœe confédéré constitue une masse compacte sur la route du St­Gothard.

1353. Entrée de Berne dans la Confédération, ·qui atteint la fron­tière de la langue et de la race allemande .a l'ouest.

1386 et 13-88. Les victoires de Sempach et de Nœfels affranchissent de fait les Confédéré,s du joug de l'AutrichE'.

1415. Conquête de l'Argovie, premiel' baillage commun des Suisses.

PLAN II

1476. Victoires de Grandson et de Morat sur Charles le Téméraire ~ la ,Suisse se révèle aux étrangers comme une puissance militaire d'im­portance au centre de l'Europe.

1481. Diète de Stans. Grâce au bienheurE'ux Nicolas de Flue, Fri­bourg et Soleure entrent dans la Confédération; première expansion de la Suisse en pays romand.

1499. 'Guerre de Souabe contre l'empereur Maximilien; la Suisse se détache de fait de l'Empire d'Allemagne.

1501. Entrée de Bâle E·t de 'Schaffhouse et en 1513 d'Appenzell dans­la Confédération; la Suisse atteint ses limites sur le Rhin, à l'est et au nord.

1512. A la suite des campagnes d 'Italie, la majeure partie du Tes-

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'sin devient baillage comlffiun à divers cantons sui.sses, introduisant ·dans la Confédération l 'élément italien.

1515. A Marignan, glorieuse défaite des Suisses, qui vont désor­mais rester neutres dans les conflits européE·ns.

1519. ZViringli prêche lé!, Réformation à Zurich, rompant l'unité religieu~.e de notre patrie.

1536. ,Berne conquiert le Pays de Vaud et y introduit la Réform0 protestante, tandis que Fribourg s'opproprie les districts de la Broye, ,de la Glâne et de la Veveyse, qui restE'nt catholiques.

1555. La Gruyère devient fribourgeoise.

1597. Saint Pierre Canisius meurt à Fribourg, après y a voir fondé le Collège St-Michel et sauvegardé la fidélité de la ville et du canton à la foi catholique.

1648. La Suisse est reconnue comme nation indépendante par les 'grandes puissancE's au traité de Westphalie, ft la suite de la guerre ,de Trente Ans.

PILAN III

1653, 'Le majo:r· Davel est décapité à Lausanne; dans divers can· tons, les paysans, durement éprouvés par la crise économique, se révol­tent contre les gouvernements aristocratiques, sont vaincus et punis.

1792. ILes révolutionnaires français massacrent les soldats de la Garde suisse à Paris, victimes de la fidélité au serment qu 'ils ont prêté au :roi Louis XVI.

1798. Les arméE's révolutionnaires françaises envahissent la Suisse, renversent les gouvernements de tous les cantons, créent une Répu­blique unitaire, si contraire au caractère et aux traditions de notre pays qu'elle ne dure .que quatre ans.

1803. Napoléon 1er ilffi'Pose une constitution nouvelle, l 'Acte de Médiation, rétablit les treize anciE'ns cantons et encrée six nouveaux: Argovie, Thurgovie, St-Gall, Grisons, Tessin et Vaud, ce qui constitue la Confédération des 19 cantons.

1815. Après la chute de Napoléon, le Congrès de Vienne réunit à la 'Confédération les trois cantons du Valais, de Neuchâtel et de Genève; il reconnaît et garantit la neutralité suisse.

1830. ,Dans la plupa-rt des cantons, en particulier à Fribourg, le régime démocratique remplace lE' système aristocratique.

1848. A la suite ·de la guerre du Sonderbund, une nouvelle cons­titution est votée qui fait de la Suisse non plus une ligue d'Etats alliés, mais un Etat fédératif avec Berne pour capitale.

1864. Henri Dunand fonde la Croix,-Rouge ·à Genève, suggérant à la .suisse d'exercer une mission de paix et de charité E'ntre les nations.

1871. La Suisse inaugure son r61e de paix et de charité en accueil­lant les réfugiés de l'armée française de Bourbaki.

1889. Georges Python, en fondant l'Université, assigne à Fribourg la mission de contribuer ·à la paix inte-rnationale par le contact entre professeurs E·t étudiants des nations les plus diverses et pal' la diffu­sion de la science dans l'esprit catholique.

De 1914 à 1918, la Suisse continue sa mission de paix et de charité en servant d 'intermédiaire entre les nations belligérantes.

1920. La Suisse, entrée dans la: Société des Nations établie à Ge­nève, y travaille au maintien de la paix en Europe E·t dans le monde.

Je ne tiens avec obstination ni à ces dates-là ni .à leur rédaction. Je tiens à ce qu'un petit nombre de dates essentielles, rà ce que quelques faits capitaux soient solidement fichés en la mémoire, où ils joueront le rôlE' d'ossature pour soutenir la substance des autres leçons. Presque toutes les dates que je propose sont de nature politi­que et militaire. Si on les omettait, les jeunes ne comprendraient pas cOlmment la Suisse est devenue ce qu'elle est; CE' sont des événements dont les conséquences demeurent et continuent d 'être du pl'ésent.

Notre enseignement fribourgeois de l'histoire comprend des leçons et des lectur€'s. Les leçons expliquent plutôt les faits d'ordre politique et militaire. Les lecture exposent plutôt des événements d'ordre éco­nomique et culturel. Elles ,sont moins sèches ·que les leçons. Elles ser­vent aussi à bouch8'l' les trous qui apparaissent entre les dates, encore qu'en histoirE' comme en géographie, comme en sciences naturelles,. on ne saurait être nécessairement complet ni continu. ILes lectures du manuel doivent être considérées comme des lectures; on ne saurait les transformer en leçons proprement dites d'histoire. Elles sont trai­tées, selon les convenances du maître et lE's capacités des élèves, d'après les procédés de la lecture à haute voix ou selon ceux de la lecture silencieuse.

Les répétitions d 'histoire porteront surtout sur les leçons, aux­quelles il sera nécessaire d'ajoutE'!' quelques chapitres de lecture importants, mais non pas tous; le maître doit être laissé juge du plus. ou du moins.

La fiche est un excellent moyen de répétition personnelle. Un cer­tain nombre de fiches contiennent des questions mélangées portant sur l'ensemble des faits expliqués ou lus au cours des annéE's scolaires. du cours supérieur. Les élèves, à certains moments libres (il faut

8&voir en ménager), vont prendre une fiche, y répondent par écrit de' mémoire, puis vérifient leurs réponsea dans leur manuel. Afin d'obli­ger les négUgents eux-mêmes · à répéter leur histo1TE', on pourrait « daltoniser» ces répétitions: tous seraient astreints à répéter leur' histoire, moyennant tant de fiches par mois; un contrôle très siiffiiplifié' vérifierait cette tâche personnelle.

Pour l'histoire surtout, il est vivement recommandé au maître' de rE'cueillir avec diligence les gravures et les récits historiques, de·

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-les découper, de les coller dans des fardes. Celles-ci sont distribuées selon les trois plans dans des boîtes ou des casiers; celles qui corres­pondent au plan de l'année sont mises là la disposition ·des élèves. Je sais ,qu'on y va puiser avec empres·semE·nt et que, pour plusieurs, le ·casier n'est jamais assez' fourni. Il faut encourager les écoliers qui se constituent une collection d'images historiques, une « bibliothèque» individuelle de fardes; il s'en rencontre plus ,qu'on ne pense. La bi­bliothèque contiendra dE's livres historiques; des fiches devraient indi­'quer où l'on peut lire (titre du livre, numéro du classement, page) tel récit correspondant oà telle période ou à tel événement que l'on vient d'étudier dans l'enseignement systématiquE'. Il se trouvera toujours ·des curieux pour y aller voir.

'Les leçons bâtissent dans l'esp:rit des enfants COiilllme une struc­ture rigide, dont les lectures et les récits remplissent petit fi petit les interstices. Les leçons feront comprendre aux jeunE'3 comment ils sont devenus citoyens de la nation suisse et comment la nation suisse est devenue ce qu'elle est. Les lectures collectives ou personnelles l'initie­ront aux particularités de civilisation, dE' mœurs, d'existence, aux di­verse·s époques, la manière de ,se nourrir, de se loger, de se vêtir, de ,cultiver les champs, de voyager, de rendre la justice, de se défendre contre les ennemis, les créations artistiques, les découvertes scientifi­'quE'S, les manifestations de la vie religieuse. Le,s leçons exigent quel­que tension d'esprit pour écouter, réfléchir, app:rendre et réciter. Les lectures se'mbl,ent plus aimables et s'ad'ressent davantéùge à l 'imagina­tion et là la .sensibilité.

Et l'histoire du canton? Au fur et .à mesure que ,se déroulent les 'événements, les maîtres renseignE'nt alors leurs enfants sur ce qu'é­tait alors Fribourg et aussi la région où est située l'école; car tous les Fribourgeois ne se trouvaient pas du côté des Suisses oà Laupen ni à Morat. La Broye, la 'Glâne et la Veveyse n'ont lié leur destinées à celle de Fribourg, que depuis 1536; la Gruyère E'st demeurée cOillté sauve­rain jusqu'en 1555. On soulignera le rôle de Fribourg, dès son entrée ,dans la Confédération, dans les événements dont on conte l'histoire on parlera des hOlumes importants, des jours de gloire et de deuil, des mœurs et de la civilisation de jadis. Par ailleurs, en même temps qu'on étudiE' la .géograp'hie du canton de Fribourg, au moins deux mois par an, on signale les monuments du passé qui restent un peu partout et, à ce propos, on narre les faits qu 'ils nous, rappellent. Qu'on apprenne là connaître ,sur les monuments eux-mêmes, si on le peut, sur des gravures, des cartes postales, les arts de la guerre et de la paix, lEIS costumes, les outils du travail, les Imoyens de transport, les légendes du pays aussi, soit par récits, soit par lectures silencieuses, les proverbes, le folklore . Cette histoire-lià s'adresse au ' cœur plutôt ·qu'au cerveau; elle se conte; on ne la fait pas répéter ni réciter. Il est 'possible d'y intéresser l'école entiere E'n la présentant en une causerie jngénieuse et vivante qui la rende accessible aux petits sans être fa'sti-

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dieuse aux grands. ,L'histoire .qui ,forme la Inentalité patriotique est plutôt celle-là que narrent les récits et les lectures, qui n'ElSt ni répé­tée ni récitée. ,Les leçons en fo:rme sont nécessaires; elles sont comme la structure solide d'une instruction que notre temps exige de tous. Elles ne sont pas nécessaiT81Thent les plus efficaces d'action ,et de dé­vouement. L'élégance du chapeau d'une coquette est en étroite dépen­dance de l'échafaudage des fils de fer et des tissus rigides qui le gar­nissent ,à l'intérieur. Qui donc prétendrait que le sentiment d'admira­tion ou de jalousiE' que produit le ravissant couv;r'e-chef n'est l'effet que de son armature?

L'attitude agissante du maître en face de ses élèves ne doit pas corre·spondre ,à ce souci: Comment leur faiT'e apprendre le plus d'his­toire? mais biE'n plutôt à celui-ci : Comment, par l'lüs,toire que j'en­seig'ne, ferai-je de cet enfant un homme qui comprendra mieux son pays, le servira avec plus de cœur, dans le village où il est, où vrai-semblaJblement il restera? E. Devaud.

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NOS PAGES ~ ~ COURRIER DES INSTITUTRICES

0:=============================0 SOMMAIRE: Noël. - Rappelée à Dieu. - Fin d'année. - ILa pléthore .

,-()--

Le rêve d'un hôtelier J"aurais voulu tenir l'auberge De Bethléem, au temps jadis, Afin d'y recevoir la Vierge Et le Ma.îtl'e Idu Paradis.

SUl' le seuil de l' hôtellerie, Accueillant la Divinité, J'aurais ailmé que l'on sourie A ma franche 11Ospitafi.té.

Il lu'eût été fol't' agréable Que la n1ère de m011 Jésus Dît à son époux vénérable,' « Cet homme nous a bten l'eçus .»

Si InBn1e à la Reine rmmortelle La foule eût' causé quelque ennui, J'aurais prié m'al clientèle D'aller ailleurs passel' la nuit.

J'aurais dit aux Inol'chcmds, aux [scribes,'

« Vous allez partir à l'instant; « Je veux bi~TlJ essuyer les bribes « De vos injures en SOl'ta11t.

«Allez coucher SUl' la UtièJ'e,' « 1110i, je suis libre, en vérité, «D'offrir mla maison tout entière « A kl divine pctJuvl'eté ... »

Paul Harel.

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t RAPPELÉE A D IEU

La 'Illort a 'étendu, une :fois encor-e, s{}n voile de deuil sur la famille du pers'Ûnnel enseignant.

Une jeune institutri'ce, rM:ademoiselle. (I),enise Darbellay, de Liddes, nous a quittés p{}ur un monde meIlleur.

Après av'Ûir sulbi une douloureus'e opération, eUe ,étaH r,epar­tie c{}urageusenlent à Lausanne dans l'espoir de T,établir sa sa11té, et c "est ,]à que la 'nlort -est VeJDlue ,l,a surpT'endre le 2 octobre.

IMlle DaTbellay arv:ait débuté dans l'.ens,eignen1.ent en 1925 à Orsièr,es et tenu l'école Ipar la suite à IF 'lantey, à ILens.

\Maîtresse capable ,et dév{}uée, elle s'est saürilfiée à sa tâche, et a laissé ,sur .s'On passlage un s{}uv,enir éllllU, tout parfumé de craieté rayonnante ·et ûOll1munkatÏ've. Les- 111auvais jours d e la ~lat}adie n'avaient poini ,abattu ni mtême ,altéré 'cette lbelle ,con­fiance dans la vie. La m{}rt l'a surprise ldisant des houtades , fai­sant des projets, eSp'éTlant sa prochaine guérison.

En ,ce te'ITlJPs où chacul1i se plaint - là t()lrt ou là ~aison n "est-ce pas là un hel ,exeIllple là méditer?

Gentil grillon du f{}yer, nous n'entendrons p}us ta voix, mais tu veilleras sur ceux que tu aillue,s .

Que tous c.eux qui {}nt eu le plaisir ~,e la ,c'Ûnnaître, q:ue. t{}US ses petits élèves quelle 'aimlait et à qui elle a donné le nl,eIlleur d'elle-nllêll1'e, aient pour elle une prière.

A sa fa'mille s,i douloureusenlenl ,éprouvée, nous p,ré sentons nos cOll'doMances oéIuu·es'. . A.

Pin d'année Je n'ai certainement pas besoin, amies lectrices, de vous conviE't'

à jeter un regard en arrière SUT' l'année qui s'achève·; toutes noUts: le faisŒ1S spontanément, toutes nous revoyons ce que fut notre existence au cours de.s moi,s ·révolus.

Mais, .clans cet examen, ce qui retient l'e plus notre attE·ntion, c',est la série de nos déceptions, de nos efforts infructueux, de nos info'l"­tunes; nous comptons avec une âpre minutie tout ce que nous espé­rions recevoir pour le comparer au peu crue nous avons reçu .. . 1936,. dont nou<s attendions tant d·e faveurs, a trompé nos' ,espoirs: E'lle nous. lajsse un déficit é:q.orme, dont la constatation nous Irend moroses.,

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Aussi accueillons-nous 1937 en réclamant d'elle les dédomma.gE'ments auxquels nous e'8timons ,avoir droit.

Un tel état d'esprit est dangereux.

Nel nous entêtons pas :à tenir la: décevante comptabilité de notre activité Iillondaine, sociale, elle nous réservE'ra toujours d,e,s déboires. D'ailleurs, succès ou écheos dans ces domaines sont de p.eu d'impor­ta.nce, notT'e vanité et notre égoïsme seuls lui attachent du prix. Ce qui importe avant tout et par de&sus tout, c'est le bilan moral de l'année finissante.

Quelles étaient no,s sages résolutions, quand nous l'avons abor­dée, et comment les av'Ûns-nous exécutéE'S? Quel bien avons-nous fait et quelle,s œuvr·es utiles avons-nous accomplies? De quelle manière avons-nous rempli notre mission? Avons-nous secouru nos frères? avons-nous répandu la bonne parole et propagé fe bon exempl,e? En un m-ot, avons-nous g~'lavi en ces douze mois un degré de l'échelle de la perfection?

Examinée sous cet ,angle, l'année 1936 ne nous paraîtra peut-être pas plus brillante, du moins elle nous montrera nos fautes; oe n'est plus le ,sort que nous aurons à blâmer nltais nous-ml!êmes, le remords remplacera l'amertume. Nous comprendrons .que nos malchances sont moins déplorable,s que nos erreurs ,et que le déficit vraiment désolant est le déficit moral.

Quand nous ·aurons bi·en étudié cHtte vérité essenti€·lle ,et ,quand nous en ,serons bien pénétrés, notre examen réti"osp'ectif prendra une tout autre orientation: au lieu de nous remémorer nolS dépits, nous .songer-ons à nos défaillances; au lieu de nous attarder à déplorer de n'être pas devenus plus puissants, plus 'riches, plus fêtés, nous dé­plorerons de ne pas êtr·e devE'nus plus vertueux.

Et alors, .tournés veT'S 1937, nous songerons moins à la vie agréa­ble qu'elle peut nous réserver qu'aux actes méritoires que nous pOUr'­l'ons accomplir au cours de sa révolution; nos projets d'aven.ir vise.­l'ont moins les avantages :à gagner que la valeur morale à acquérir.

1* :1: * Ne dites pas, amies leciric·es, que ,mes conseils risquent trop de

-vous détacher de.s préoccupations terre à terre, si absorbantes au te-mps actuel. Non. Je me rends bien compte qu'elles doivent 'retenir votre attention; mais je v,ous demande de les 'embrassE'r d'un 1'e­,gard élevé, de les voir conune un des éléments de votr,e mission, d'en­visager plutôt leur éVspect moral que leur aspect ,terre là . terre, afin ·qu'en vous a.ppliquant ,à ces choses matérielles, en cherdhant dE'3 ré­,sultats prati.ques, ce soit toujours et en tout l'-accomplissement de votre .devoir que vous poursuiviez.

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Encore la pléthore ,Chères c'OHègues le sarviez-vous ? Il s,erait sérieuselnent qnes­

tion ,d'exdur·e dés'Üf'lnlais de l'enseignem.ent toute nouvelle institu­tric.e fondant un f.oyer.

Cette décision, envisagée pour re'lnédier à 1a pléthore du IP. E. a d'abord été déclarée sans appel.

Or, un hasard fortuit Iln'apprend que cette question sera s.oulmse prochainement au Grland Conseil.

Aussi, chèTes collègues, 'C·andidates au n~ariage surtout, qui av.ez dans votreentourag.e des représentants à la Haute Ass·em­blé.e, priez-les de bien vouloir s·ervifl' ,au nl'i,eux l'es intérlêh de vo­tre cause. 'C'est l'unique chance qui T·esTe.

IPour 11llOn compte, je IThe puis cDmprendre pourquoi les furt:u­res malmans institutrices ,seraient désoT,mais privées- des arvantarges que 'Ieurs aînées possèdent. A.

Pour le maintien de l'autorité et de la dignité ,Pas plus tard que hi.er, à la sortie d'une c1asse~ j'ai entE'ndu

des élèves discuter entre eux et !dire notamiInent: « ,ASo-tu 'VU com­me 'l1otre régent était furieux) il n'Iaurait 'Pas fait hon ibDuger, on Hurait été arTang)é. » ICes ·emportements ~ont-ils dans l'intérêt de l'école et vont-ils c.onsolider l'autorité du maître? Ce n'·est pas non plus ·en apostrophant les élèves ·tilevant leurs camlarades qu'on corrig.e leuT,s' ,tr'avers; au cO'ntraire, ,en agissant de la sorte, on les aigrit, on :fait 111aîtr·e ·en eux un s·entim.ent d'hostÎ'lité et le dégoût pour toui ce qui touche à l'école.

Il est aussi des Inaîtres qlli ont la manie de donner toutes sor­tes de sobriquets à leur~ élèves, quand ce ne s'ont pas des ·mots grossiers qui peinent Iprof.ondément l'ânle sensible des enfants. Qui s.ort le p'lus alm'Oindri du 'lnaître .ou de l'enfant? J'ai l'inl­pres:sion que ce ne sera pas l'écoHer que rOll a 'Voulu humüier 'mai~ "le Ilnaîtrequi perdra :de sa dignité aux yeux de la classe qui syIn.pathise presque toujours avec la pauvre vicHme.

\F,énelon clans son « Educati.on des filles» s'élève avec forcC' c.ontre -ces ·éducateurs qui .s'.oulblient, qui dépa'ss.ent 'la mesure. Il conseille mlênl,e de ne pa~ reprendre les enfants à propos de t'Out et de rien; il esHnle préférable par:f.ois de tolérer les choses qui auraie.nt besoÏlni ,d'êtr·e corrigées et d'attendre le monlent où l'es­'prit de l'enfant Is·era 'disposé là reoevoir la cürrection.

Il est aussi reconnu qu'il ne faut ja-mais le reprendre dans, son premier m.ouvement) ni dans le vôtre. iL'écolier ne doit pas s'a-

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p~rcevoir que vous agiss·ez par pl'Œl1.ptitude ·ou par humeur ·mais bIen par Ir,a,is?~\ et p~r a ,miNé. Si v'?,us' l'interpelez au premier !J.nüuvenlent, l.elev'e n est pais' ass·ez lIbre pour avüuer ei recon­naître sa faute comme aussi p.our sentir l'impoTtance de votre avis. Ne dites point à l'enlfant son défaut sans' y aj'Outer quelques nl.o~ens pour }e surmonter et l'encourager à s'anl€lnld;er. Une cor­rectIon ,trop s·eche 'eng'endre le chagrin et le décour,agement.

Nul n''ignore qu'il est des natures indociles auxquelles· seule la <:rai,nte. ~st efficace, Blais il ne faut y a.voir Tecours qu'après avou' epUIse tous les lautres Inoyens; la crainte est selTIlblalble aux remèdes vio'lents que l'on utilise qu'à .}"extrémirté, ils' us,ent les. organes comlBle la crainte affaiblit le ca'l'actère.

Fénelo~ ~~nseineen~ore de châtier moins qu'ün ne m .eJnace; sans. doute ICI Il faut IUigu' avec sage' ,mesure sin.on le maître qui remet souvent les puniti'Üns infligéeses,t vite déjugé. .

~La peine proporti'onnée 'à la :faute doit être aussi légère que p'OssIrble, ·eHe sera alccOlnpagnée de toutes les circünslances qui peuvent amener l'enf.ant au remord~; le maître paraîtra arffli.o'é d'avoir été obligé d'arriver à cette extrem.e obligation de punir. n

Quand faut-il rendre la punition poolique ? c'est ]à UlIl !S·eeret· le .·maître dev~'a juger s'il est plus utile de lui fair'e honte en pu~ bhc .ou de lUI nl.onrtrer qu'on la 'lui ,a épargnée; à notre vis la répn'mande ;pulblique ne doit intervenir que comlffie dernier' re­!mède. Il peut 'arriver que l'enfant s'ouvre plus fadl€lm\ent à une autr·e personne qu~à son régent, ' dans ce 'cas :recourez là cet inter-111:édiail'e et n'a'busez pas de ces s.ol~es de sou~issions hUlIIliHantes' le mieux est que le fautif se conda!1,nne Jui-lIIlêrne. S'il: fait preu,,;e de bonne volonté, il est reC'Olnma'lldé d'adoucir un peu la peme.

Ce sont là des cünsidérations d'.ordre ·<Y.énéral 'le 'ITIlaître de-• • 0 ,

vr~ agu' SUIvant les carafctères et les besoins< particuliers. On ne ln 'en voudra pas d'avoir soulevé à nouv,eau cette question si im­portante, d'avoir mis en garde l'éducateur c'Ontre ce récif où viennent Se ;briser l'autori:té et la dignité de ta'l1t id'éducateurs qui Iuanquent de m\esure. D.

BIBLIOGRAPHIE

flnnuaire de l'Instruction Publique en Suisse 27me année 193B - L. Jaccard : Annuaire de l'Instruction publique en

Sui.sse. 1 vol. in-go broché fr. '3.50, au Dépôt scolaire, Sion.

L'édition 1936 de cet annuaire, publié sous les auspices de la Conférance intercantonale des Chefs de départements dE' l'Instruction

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Page 21: L'Ecole primaire, 15 décembre 1936

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publique de la ,Suisse romande avec l'appui de la Confédér'ation, sc , présente BOUS la forme d'un volume de 2·24 pages.

Des études de portée générale composent, comme chaque année, la . 1re partie de l'ouvrage. L'une dE' lM. le Directeur Chevallaz sur {( .l'Education des enfants difficiles », la seconde de M. le Professeur Jean Piaget sur une question relative au développement psychologi- . que de l'enfant, la 3me {( Le respect et la protection de la: natul'e» pal' M. le professE'ur M. Baumgartner, de Délémont.

La 2me partie est consacrée a des questions d'intér,êt plus spé·· cial telles que (l ,La gratuité des fo~rnitures scolaires en 'Suisse », le ' « Congrès de la Société pédagogique romande» à la ·Chaux-de-Fonds, le {( Camp des éducateurs à Vauma'pcus », et les « Auberges de ' -la jeu ~

n8SS ».

La didactique spéciale est représE·ntée par un travail de 'M. le Pl~ofesseur E. Dévaud sur {( La lecture silencieuse à l'école primaire» e.t (lIa réforme de l'écriture et de l'enseignement de l'écriture» paor M. Dottrens. iSuivent les chroniques romandes et de ,la Suisse aléma­nique. La 4mEI partie donne le texte des lois et règlements entrés: en vigueur en Suisse romande au cours des deux dernière années. Le vo­lume se te-r'mine par l'ana'lyse bibliographique de quel,ques ouvra­ges récemment parus.

L'annuaire de 1936 est une source de documentation qui rendra les plus grands services aux éducateurs E·t à tous ceux qu'intéressent le.s problèmes de :l'éducation.

La graphie du patois (.cou11In.) L'hésitation qu'on éprouv,e la prenüère fois qu'on

veut écrire le 'patois a certa'inel11ent 'priVié notre littérature 'natio­na,le d ~œuvres intéres·santes. IMlêl11e des instihlteurs sont ,rebutés par ces difficultés ,apparent.es. ,A'fin de conserver au 'l11or,ceau tou­te son originalité ·et ne ,rien Iperdre de ,sa saveur, il faut poss,éder sa composition presque «piaT ClœUr » ,et la transcrire ensuite en n'écrivant que ,ce qui s·e prononce et rf,el qU'Ol1i ,le pl'onbnce. :Les -dé-: butallit~ , feront abstra,ctiOin ,dies sitgnes d 'intonation, nasalisation, ·etc. POlN" 'le.s sons qui n'existent pas dans re français, on e'l11-

p10ier'a ~a' J.ettTe de l'aLphalbet qui s'y rappro'che le p,lus· en y 'ajou­tant un signe paTticulier; Ip8T 'exeiJ.11'ple le s-on intennédiaire entr,e ,c et i p-ourra s· écrire i. Ger·bins n1-ots patois se tenninent par une d1phtolligue l'réduite, peu aücenluée lalCümnpagnant une voyelle ~onOTe; ,elles s'écriv,ent ainsi: le g et -le c s-ont toujours durs. Le'i­ou, in, on, ·an, 11, üOl1111111e ·en français.

L'homme médiocre 1:e premier . mot de l'homme médiocrE' qui juge porte 'toujour,s sur

un détail: Et çe détail est toujours .f,aux, fû.t-il vrai. Il est faux par la

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place qu'il occupe, faux par l'importance qui lui est donnée, faux par l'isolement ·où il reste ... Il ·a l'ai'r de compter pour tout ce qui. n'est rien, et pour rien ce qui est tout. (Hello.) .

La moitié d'un

Ma:man intenoge Toto sur l'arithmétique. Toto a six ans; pas très fort, mais il ne manque ,pas d'esprit d'la-propos.

Vautre jour, maman lui de,mande: ~ Quelle est la Imoitié dE' huit? - Quatre! répond Toto sans hésiter. - La moitié de six? - Trois. - ,La moitié de dix?

il n'est

. --: Cinq. - Très bien, mon enfant! Et maintenant, 'Peux-tu me dire quell~

est ra moitié d'un? . - Deux, réplique Toto. - Comment, deux? s',exclama maman avec stupéfaction. _ Eh ! quoi. Si je coupe une chos.e par la moitié, j'en ai· ensuit~

deux, répond triomphalement Toto.

oël sans cFècQ€ T .. Non, cela ne se conç nit pas.

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Page 22: L'Ecole primaire, 15 décembre 1936

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