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  • THOLOGIEDOGMATIQUE

    DU

    R. P. PERRONE

  • PABIS. IMPRIMERIE Ve P. LAROUSSE ET C49, &0E NOTRE-DAME-DES-CHAUPS, t9

  • THOLOGIEDOGMATIQUE

    DU

    R. P. PERRONERECTEUR DU COLLGE ROMAIN DES JSUITES

    TRADUITE SUR L'DITION MIGNE

    AUGMENTE DU TRAIT SUR L'IMMACULE CONCEPTION

    Par MM. VDRINE, BANDEL et FOURNET

    TOME QUATRIME

    CINQUIME DITION

    PARISLOUIS VIVES, LIBRAIRE-DITEUR

    13, RUE DELAMBRE, 13

    1877

  • THE INSTITIiIf V SiUUlES

    jc ^ '-'^

    '2

  • TRAIT

    DES SACREMENTSEN GNRAL.

    PRFACE.

    L'homme tant un compos de corps et d'me, il ne peut sepasser de rites sensibles, au moyen desquels il puisse nourrirsa pit et rendre ses hommages Dieu par l'institution duculte divin. Toutes les religions, ainsi que l'a dj fait observersaint Augustin (1), ont eu des rites symboliques tabhs ceteffet. Mais dans la vraie religion, les crmonies tablies deDieu sont comme des canaux par o la grce et la saintetdoivent tre communiques nos mes. On leur donne diff-rentes dnominations, telles que, signes, sceaux, mystres,symboles (2); la plus usite, chez les Latins, est celle desacrement, et chez les Grecs, celle de mijstre. Quoi qu'il ensoit de ces deux expressions, elles n'ont qu'un mme sens, etsignifient une chose secrte ou cache (3) . Les crivains pro-fanes

    ,aussi bien que les auteurs sacrs et ecclsiastiques, ont

    (1) Liv. XIX, contre Fauste le manichen, chap. 11 : Il est impossible aux hommes de se runir en corps de religion, vraie ou fausse, sans le secours de signes sensibles ou de sacrements. L'auteur tablit sa thse trs aulong dans cet ouvrage.

    (2) Tertullien, Apolog., chap. 47 ; de la Prescription contre les hrtiques,chap. 40; Trait de l'me, chap. 9. Wegscheider, 166, n. h, pense que c'estTertullien qui, le premier, a employ le mot de sacrement en parlant dubaptme et de la sainte Cne, dans le sens qu'on lui donne maintenant. Maiscet auteur n'est pas sincre, ou il n'a pas lu Tertullien. En effet, il parle dessacrements, en gnral, dans son Apologtique ; dans son Trait de l'me, ildonne videmment un autre sens cette expression ; dans ses Prescriptions,liv. cit., il numre trs-explicitement les trois sacrements de baptme, deconfirmation et d'eucharistie.

    (3) Or, cette chose secrte peut tout aussi bien tre contenue dans desparoles que dans une action. Si c'est dans les mots, on appellera sacrementou mystre toute expression obscure ou allgorique ; si c'est dans l'action,on donnera ce nom un fait consacr d'une certaine faon et qui se rattache une promesse solennelle.

    IV. 1

  • 2 PRFACE.employ diversement cette expression. Nous lui faisons si^-ni-fier maintenant, d'abord une chose sacre ; secondement, unechose sacre et cache j troisimement, le signe sensible d'unechose sacre.

    Puiscpie les sacrements, comme nous venons de le dire,sont comme les vhicules, ou les instruments au moyen des-quels la misricorde de Dieu, par gard pour l'infirmit

    humaine, nous donne la grce sanctifiante, et, par elle, la justi-fication de nos mes, il est vident qu'il y a un rapport intimeet ncessaire entre nos dissertations sur la grce sanctifiante,la justification et les sacrements, dont nous nous proposons dediscourir dans ce volume. Assurment il doit rsulter des voiescontraires qu'ont suivies, d'une part l'Eglise catholique, tou-jours fidle la foi de ses devanciers, et de l'autre les no-vateurs, qui ont boulevers toute ide et tout sens de justifica-tion, une opposition doctrinale entre la foi catholique et lesrveries des novateurs touchant les sacrements.En effet, l'Eglise catholique tire cette conclusion du principe

    de l'identit de la justification et de la grce sanctifiante, que lessacrements sont des signes pratiques de la grce , c'est--dire dessignes qui renferment et confrent la grce qu'ils signifient. Del cette dfinition des sacrements reue chez les cathohques, etque donne le Catchisme romain : ce Un sacrement est une chose qui tombe sous les sens, et qui a, par son institution divine, le pouvoir de signifier et de donner la saintet et la justice (II partie, chap. 1, n 9). Un sacrement est appel unechose sensible ou un signe, parce qu'elle conduit l'esprit del'homme la connaissance d'une autre chose ; sensible , parcequ'elle imprime son ide dans les sens; 'institution divine,pour nous apprendre que Dieu seul, ou Notre-Seigneur Jsus-Christ, est l'auteur des sacrements, puisque hii seul a la puis-sance de donner des signes sensibles ou symboliques la forceproductive de la grce ; enfin, qui a le pouvoir de signifier etdeproduire la saintet et la justice, pour nous montrer que lessacrements ne peuvent exprimer qu'une chose sacre, et fairece qu'ils signifient. Si on veut ne pas tenir compte de la difi-

    rence des termes, il est facile de voir que toutes les lifinitions

    du sacrement, donnes par les docteurs catholiiiues, n'en fontqu'une quant au fond.

    Les novateurs, au contraire, [ui ont spar la grce sancti-

    fiante de la justification, de telle faon quelle ue se ti'ouvo

  • PRFACE. 3

    plus que dans la rmission extrieure des pchs, ou mieuxencore dans la non imputation des peines dues au pch, en-/ertu de la foi, qui est le mode d'application de la justice deDieu ou de Notre-Seigneur Jsus-Christ, impute d'une ma-nire sensible , ont d ncessairement changer la vritablenotion des sacrements. D'aprs eux, en effet, ils ne sont plusque des signes sans valeur , ou qui ne font qu'veiller la foi,afin de Texciter s'approprier les mrites de Jsus-Christ ouun tmoignage de justification dj obtenue par la foi, ou desmarques extrieures qui dmontrent quelle socit religieuseon appartient. Leurs dfinitions des sacrements n'en laissent

    aucune autre ide que celles-l. D'aprs Luther, les sacrementsne sont que de simples signes ou des marques des promessesdivines faites pour exciter la foi, par laquelle nous croyonsque nos pchs nous sont remis par Notre-Seigneur Jsus-Christ (1). D'aprs Zwingle et Calvin, les sacrements sont lessignes de la grce de Dieu, par lesquels, selon Zwingle,l'homme prouve qu'il est ou l'lu de l'Eglise ou le soldat deJsus-Christ, et qui donnent l'Eglise une certitude plus com-plte de votre foi que vous-mme, comme il le dit (2) ; selonCalvin, elles rendent un lu plus certain de la foi qu'il a reue

    (1) uvres de Luther, dit. d'ina, tome III, iol. 266, b : Tous les sacre- ments, dit-il, sont tablis poiir alimenter la foi; Mlanchtlion, Lieuxthologiques, page 46 : Il est vident que les sacrements ne sont que des souvenirs tablis pour veiller la foi; et ibid., page 141 et suiv. : Notre faiblesse est soutenue par des signes, de peur qu'au milieu de tant de plaies qui nous sont faites par le pch, nous ne venions dsesprer de la mi- sricorde de Dieu. S'il daignait vous faire la grce de converser avec vous et qu'il vous accordt un gage tout particulier de sa misricorde, quelcpie prodige qu'il oprt vos yeux, vous ne le regarderiez que comme un signe de la faveur divine. De mme devez-vous penser de ces signes, et croire avec certitude que Dieu a eu piti de vous, lorsque vous en recevez une faveur, lorsque vous participez la table du Seigneur Ces signes ont t tablis pour exciter la foi Ceux qui ont compar ces signes des sj'mboles et des mots d'ordre, ont eu raison de dire qu'ils n'taient que des marques qui servaient faire connatre ceux qui appartenaientI) les promesses divines.

    (2) Dans ses Confessions l'empereiu" Charles, tome II de ses uvres,page 477, et il ajoute encore la page 541 du mme vol. : Je crois, bienB plus, je sais que tous les sacrements sont si loin de confrer la grce, qu'ils ne la contiennent pas, qu'ils n'en sont pas mme les dispensateurs. Car, comme la grce est donne par l'Esprit-Sahat, de mme ce don n'arrive qu' lui seul. En effet, l'Esprit n'a besoin ni de conducteur, ni de vhi- cule..... J'admets volontiers que les sacrements sont donns en tmoignage public de la grce, qui existait antrieurement dans l'me de chacun en particulier. P^ ^'T

    5 01

  • i PRFACE.et des promesses divines (1). Les anabaptistes prtendent queles sacrements ne sont que des signes allgoriques de la viespirituelle (2). Pour les arminiens, les mennonites, les soci-nieus, les sacrements ne sont que des crmonies ou de simplesrites extrieurs qui servent distinguer les chrtiens dessectateurs des autres religions (3). Les quakers tiennent lessacrements pour des actes spirituels et des affections intrieuresde la lumire cleste (voy. Mliler, op. cit.^ tom. II, p. 255).Les schwendemborgiens, pour des symboles qui unissent Dieuaux hommes et les hommes Dieu (ibid., p. 330 et suiv.).Enfin les rationalistes, qui avouent que les sacrements sontdes rites infiniment suprieurs ceux des paens, par le senssymbolique et par le but moral (Wegsch., 165).

    Il suit de ces dfinitions ou de ces notions des sacrements,1

    . qu'elles dcoulrent du principe fondamental du protestan-tisme primitif, tel que l'imaginrent Luther et Mlanchthon

    ,

    au point de vue de la justification; 2. que les sectes issues duprotestantisme se formulrent individuellement des notionsparticulires des sacrements, par le dveloppement du principedu protestantisme primitif; 3 . que ces notions se sont loignesde plus en plus de la vritable notion du sacrement, jusqu'perdre toute relation la grce et la justification , et n'treplus qu'une ombre et quelques vestiges de sacrement.Nous dirons , en traitant ces erreurs chacune en particulier,

    de quelle manire ce mme principe des novateurs a influ surle nombre des sacrements, leur ministre et leurs rites. Enattendant, il sera clair pour tout lecteur, d'aprs l'expositionque nous avons faite de la doctrine catholique et des systmes

    (1) Calvin n'a pas qu'une dfinition au rsao/'^ment ; Institution, liv. IV, c. 14,il appelle le sacrement, au 1 : Un symbole extrieur par lequel le Seigneur imprime, dans nos consciences, les promesses de sa bienveillance envers nous, pour soutenir la faiblesse de notre foi; et par un juste retour, de notre ct, nous donnons un tmoignage de notre pit son gard, tant lui qu'aux anges et aux hommes; 17, il dit que Dieu n'a donn d'autre fin aux sacrements, que de nous assurer de la bienveillance de Dieu envers nous et de la sanctionner en nous; il aUirme, au 18,que ce sont des signes que Dieu a donns aux hommes poiur leur donnerB plus de certitude de la vrit des promesses divines, et pour les engagt-r y avoir confiance. Cela ne s'applique qu'aux lus, parce que, d'aprs son

    systme, les rprouvs n'en reoivent (pie le symbole extrieur.

    (2) Car, d'aprs Munster, les sacrements ne sont que des actions symbo-liques et des emblmes de la ncessit des soutl'rances.

    (3) De muie des snciuirns, Calch. Racov., tome VI, 3; les armiuieus,Conf. Ueniuns

    ,XXll, 3, sur les meunonilea; Comment, do Ueck, page TTi.

  • CIIAP. I. nu NOMBRE DES SACREMENTS. 5

    des hrtiques l'gard des sacrements, que l'on peut ramener quatre chefs principaux la controverse que nous entreprenons,savoir, leur nombre , leur efficacit , leur ministre et les cr-monies en usage dans l'administration des sacrements. Pourtre bref et clair, nous distribuerons ce trait en autant dechapitres. Apres avoir tabli et prouv chaque thse en parti-culier, nous en dduirons facilement les autres corollaires , oudfinis , ou admis sur preuves , du commun consentement del'Eghse et des thologiens. Nous les ferons suivre ensuite dequelques notes, afin d'exposer et d'lucider les controversesthologiques.

    CHAPITRE PREmER.

    DU NOMBRE DES SACREMENTS.

    La justification et la sanctification s'identifiant de telle sorte,d'aprs la doctrine catholique, que la premire dpende de laseconde, il en rsulte qu'il y a un certain nombre de sacrementsqui en sont les signes pratiques et les instruments l'aidedesquels nous participons la grce et la justice, qui non-seulement nous la rendent aprs que nous l'avons perdue,mais encore la conservent et l'augmentent en nous. C'est pour-quoi on en compte sept, qui ont une certaine analogie et commeun rapport ncessaire avec ce qui a lieu dans la vie organique,comme le dit parfaitement saint Thomas (1). De mme quel'homme nat

    ,

    grandit et se fortifie , et puise la sant dans lesremdes, en cas de maladie, et, aprs avoir dtruit tous lesvestiges du mal, reprend son premier tat de sant, se multiplieet vit en socit avec ses concitoyens, sous l'autorit des lois,ainsi en est-il dans la vie spirituelle de l'homme, par l'effet dessacrements. En effet, une fois qu'il y est tabli, les sacrementf-ne lui font jamais dfaut, ils l'accompagnent dan les diff-rentes conditions et quelles que soient les vicissitudes de lavie; et lorsqu'il quitte ce monde infrieur, leurs grces le fontpasser dans le monde suprieur et invisible pour lequel il estcr.

    Mais les novateurs ont t obligs de diminuer le nombre

    (1) III part., quest. 65, a. 1. Yoy. aussi Bellarmin, t^es Sacrements, li"re II,hap. 26,

  • 6 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL.des sacrements et de supprimer ceux qui n'ont aucune relationavec la rmission des pchs, puisqu'ils prtendent que lajustification n'est autre chose qu'une immunit des peines duesau pch, que donne la foi la parole divine. Or, bien que lesprotestants aient montr ds l'origine une grande incertitudeet une mobilit dshonorante dans le nombre des sacrementsqu'on devait conserver, et qu'ils en aient admis tantt plustantt moins (1), ils convinrent pourtant, la fin, de retenir lebaptme et l'eucharistie. Toutes les sectes, ou mieux, les dbriset les fragments du protestantisme primitif, malgr leur dis-sentiment l'gard du prmcipe de lu justification, convinrentd'en admettre deux, ou mieux, pour tre plus consquentsavec eux-mmes, ils les rejetrent tous (2).

    (1) Luther, de la Captivit de Barnjrone, fol. 276, 6 dit. d'Ina, 1680, etMlancLthon, Apol., V, 167, VII, 200, dit : Le baptme, la cne et l'abso- lution, qui est le sacrement de pnitence, sont donc de vritubles sacrc- ments. Car ces rites ont l'institution divine et la promesse de la grce. Zwingle a admis le mariage au nombre des sacrements, pris dans un senstrs-large, et Calvin aussi quelquefois l'ordre. Celui-l n'en compte cependantque deux principaux, Instit., liv. IV, 18. Mlanchthon dit encore, Apol.,VII, 200 : Nous ne regardons pas comme une chose trs-grave que d'autres, mme dans leur enseignement, en admettent plus ou moins, poiu-vu qu'ils s'en tiennent ce qije dit l'Ecriture. Nos Pres ne comptaient pas ainsi, etc., etc., ce qui montre quelle tait l'hsitation des novateurs surle nombre des sacrements! Mais Luther se distingue, en ce sens, par dessustous les autres. Selon Bellarmin, loc. cit., chap. 23; Starkius, dans le Festinde The'odule, ou Entretiens philosophiques, Paris, 1818, pag. 16 et suiv., etle docteur Christophe Berthold, Motifs de sa conversion l'Eglise romaine,traduits et publis par P.-W.-Auguste Vindel, 1828, 2e append., p. 319 et suiv.

    (2) Moehler fait observer trs propos, ouv. cit., tome I, pag. 303 et suiv.,que, d'aprs les principes des novateurs, les sacrements deviennent tout--l'ditinutiles, ce qui n'chappa pas la sagacit des premiers abruviateurs desacrements. Aussi, ds le commencement de la rforme, crit l'autour que nous avons cit, remarquons-nous une indilfrence commune pour les sa- crements; et plusieurs, tels que Carlostadt ot Schwenkfeld allrent mme jusqu' les nier d'une manire forraellc. Dj plusieurs fois Luther et Mlanchthon avaient dit que l'homme forme dans la foi aux promosses divines, n'a pas besoin de ces moyens de salut. Les sacrements, d'aprs cela, ne sont ncessaires qu'autant qu'ils sont le gage du pardon dea pchs. Mais bientt Carlostadt fit cette observation : Celui qui a la me- moire du Sauveur a la paix avec Dieu par le Sauveur; si le Christ est notre paix et notre assurance, comment des choses cres et sans me pour-B raiont-elles nous donner la paix et l'assurance? Et Mlanehthou dit gale-ment fort propos. Lieux the'olog., p. 142 : Ezchias pouvait recouvrer la saut, s'il et voulu s'en rapporter ime siuiple promesse, et (ldoon et t victorieux sans aucun signe, s'il et cru. Do mme, vous pouvez lre justiti sans signe extrieur, pourvu que vous ayez la foi. Luther, Cnpt.de Babiilunc, fol. 280 : En oll'et, dit-il. Dieu ne truite et n'a jamais tniil avec riiommo que par promessos. Et nous no pouvons agir aulrouiout avec Dieu que par la foi en ses itromcsses. Ciur il ne regarde pas aux uvres el

  • CHAP. I. DU NOMBRE DES SACREMENTS. 7

    Nous avons donc entrepris de venger la foi de nos presaux sept sacrements de l'Eglise catholique , en numrant despreuves irrcusables, sur lesquelles repose ce dogme sacr,contre les novateurs qui ont rompu avec elle.

    PROPOSITION.

    Les sacrements de la nouvelle loi, tablis par Notre-SeigneiirJsus- Christ, sont au nombre de se2:)t, ni jdus ni moins,savoir, le baptme, etc.

    Cette proposition du concile de Trente, session VI, canon 1

    ,

    dfinie en ces termes , est de foi : Si quekpi'un prtend que les sacrements de la nouvelle loi n'ont pas t tous tablis par Notre-Seigneur Jsus-Christ, ou qu'il y en a plus ou mohis de sept, savoir, le baptme, la confirmation, l'eucha- ristie, la pnitence, l'extrme-onction, l'ordre et le mariage, ou que l'un d'eux n'est pas en ralit et purement un sacrement, qu'il soit anathme. Ce canon, ainsi qu'onl'aperoit de suite, contient deux affirmations, savoir, l'insti-tution divine des sacrements par Notre-Seigneur Jsus-Christ,et leur nombre de sept. Les preuves que nous en donneronstabliront cette proposition.

    Nous prouverons en son lieu, quand nous traiterons dessacrements en particulier, la vrit de chacun d'eux; il suffira,pour le moment , de dire comment il est tabli que les sacre-ments sont au nombre de sept, et les preuves qui dmontrentle mieux cette proposition.

    L'antique sacramentaire des Latins, dans Martne (1),l'euchologie des Grecs, dans Allatius (2), celle des Armniens,

    il n'en a pas besoin; cela est bon pour nous envers les hommes, avec les hommes et avec nous-mmes. Ibid., fol. 280, b : Celui qui croit aux uvres, les accomplit quaud mme il ne ferait rien.

    Calvin devait bien moins admettre les sacrements, puisque, dans son hyjthse, la foi est inamissible. A quoi bon raffermir ou exciter la foi, qui nepeut ni diminuer ni se perdre ?

    Gela nous fait comprendre pourquoi Zwin'^le a dit que les sacrements ontt tablis plutt pour donner l'Eglise qu' nous-mmes un certitude plusparfaite de la foi de chacun de nous. Car si, dit-il daus son Commentaire de la vraie et fausse religion, t. II, fol. 197-199, votre foi n'est pas telle-s meut absolue qu'il lui faille im signe crmonial pour la confirmer, votre foi n'est rien. Voyez encore Moehler, loc. cit.

    (1) Quatre livres sur les anciens rites de l'Eglise.(2) Trois livres sur l'accord non interrompu de l'glise d'Occident avec

    l'glise d'Orient, soit dans la Grce orthodoxe, soit en d'autres lieux.

  • 8 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL.dans Serpos (1), et des autres peuples orientaux, dansAssmani (2), bien que spares de l'Ej^lise romaine depuisdes sicles, comptent sept signes tablis de Dieu pour donner lagrce. On ne peut donner d'autre raison d'un concert si unanimeque la tradition apostolique, d'aprs la rgle si connue de saintAugustin; ce que croit l'Eglise universelle, et qui n'a point tdtermin par les conciles , mais qui a toujours t un articlede foi, doit tre regard juste titre comme une traditionde l'autorit apostolique (3). ertullien avait devanc saintAugustin, quand il crivait : Ce que l'on trouve tre toujours uniforme, dans un grand nombre d'auteurs, n'est point le fruit de l'erreur, mais le fait de la tradition (4), surtout quand il s'agit d'une chose pratique journellement, telle que l'administration des sacrements (5). La foi des Pres grecs et latins est unanime, puisque, quand

    l'occasion s'en prsente, ils numrent tous les sacrements,tantt l'un , tantt l'autre. Nos adversaires conviennent qu'ilscitent et l, dans leurs ouvrages, le sacrement de baptmeet celui d'eucharistie; mais ils ne parlent pas moins clairementde la confirmation comme d'un sacrement distinct du baptme,entre autres, Tertullien, le pape Corneille, saint Cyprien,Origne. Tertullien et tous les docteurs qui, aprs eux, prou-vrent, contre les montanistes ou les novatiens, que Notre-Seigneur Jsus-Christ a donn son Eglise le pouvoir deremettre les pchs, parlent de la pnitence. On trouve lesacrement de l'ordre dans les crits de saint Jean Chrysostme,d'Epiphane, de saint Jrme, d'Optat de Milve, de saintAugustin en particulier, et de tous ceux qui, par la suite,s'levrent contre Arius et les donatistes. Origne rappellel'extrme-onction , ainsi que saint Chrysostme, Victor d'An-tioche et une foule d'crits d'autres auteurs. Enfin saint Ignace,martyr, Tertulhen, Justin, Athnagore et les crivains post-rieurs parlent du mariage comme d'un sacrement et d'unechose sainte. Nous rappellerons leur tmoignage et nous ous

    (1) Compendiura historique des Mmoires chronologiques conceruaut laToligion et la morale de la nation armnienne, vol. III, Venise, 173C.

    (2) Dans la Dibliolhque orientale.

    (3) Livre IV, du Baptme, contre les donatistes, chap. 24, n. 31.

    (4) Trait de la prescription, chap. 28, d. de Rig.

    (5) Voy. Ronaudot, la Perptuit de la foi d(? l'Eglise catholique sur lesNicrouicits, tome V, liv. 1, chap. 1, o les preuves de ce ruisouuemeut soutparfaiteuieut dveloppes.

  • CHP, I. DU NOMBRE DES SACREMENTS. 9

    appuierons sur leur autorit, en traitant de chaque sacrementen particulier.

    Nous avons encore l'invincible argument de prescription,puisque nos adversaires ne peuvent signaler aucune poque laquelle l'un des sacrements a pris naissance dans l'Eglise;puisque les Pres et tous les monuments ecclsiastiques enparlent comme d'un usage gnral, reu de tout le monde, ainsique nous le prouverons clairement par nos dmonstrations.

    Ainsi donc, comme l'Eglise romaine a toujours reconnusept sacrements

    ,

    que toutes les autres glises rpandues dans^'univers en administrrent sept, de ce que toutes les sectes,mme les plus anciennes, en admirent sept, et rappelrent,avec un soin scrupuleux , leurs rites et les crmonies propres chacun d'eux

    ;puisque les Pres et tous les monuments de

    l'antiquit sacre en comptrent sept tablis parNotre-SeigneurJsus-Christ, il faut conclure qu'il est indubitable qu'il y aitsept sacrements tablis par Notre-Seigneur Jsus-Christ, niplus ni moins, comme nous avons entrepris de le prouver.

    Si on demande s'il est vrai que tous les sacrements de lanouvelle loi aient t tablis immdiatement parNotre-SeigneurJsus-Christ, et s'il y en a qui ont t institus mdiatement,nous rpondrons qu'il est bien plus vraisemblable qu'ils l'onttous t immdiatement. Car on aurait pu lever un doute l'gard seulement du sacrement de l'extrme-onction; mais leconcile de Trente , session XIV, canon 1 , a tabli assez claire-ment qu'il avait t institu par Notre-Seigneur Jsus-Christlui-mme, et promulgu par l'aptre saint Jacques, quoique leconcile ne l'ait pas dliai.

    Objections.

    I. Ohj. 1. Ni les saintes Ecritures, 2. m les saints Pres, nedisent nulle part que Notre-Seigneur Jsus-Christ a institusept sacrements. Donc :

    Rponse la premire objection. Je distingue : C'est--direque les saintes Ecritures ne rapportent pas numriquementsept sacrements, par la raison qu'elles n'en numrent ni deux,m trois, je l'accojxle ; mais si on prtend qu'elles ne parlentpas de chacun des sept sacrements, je le tiie. Les protestantscommencent d'abord par expliquer les saintes Ecritures par lesens priv, et dduisent uniquement, par les lumires de laraison, tout ce qu'elles contiennent sur les sacrements; ensuite

  • 10 TRAIT DES SACREMEISTTS EN GNRAL.ils nient qu'ils se trouvent dans les saintes Ecritures. Maiscomme il s'aj^it ici d'un point pratique, qui a toujours t dansl'usage habituel de l'Eglise , mme avant que les saintes Ecri-tures aient t publies, la vritable interprtation des passages

    de l'Ecriture sainte, o nous affirmons qu'il est fait mentiondes sacrements, doit se tirer du sens et de la pratique del'Eglise. Ainsi donc, puisque l'Eglise a toujours administr septsacrements , et que les textes des Ecritures sur les sacrementspasss en usage ont t cits d'ge en ge, comme preuve desa foi, il n'est pas possible d'lever aucun doute sur cettematire (1).Nous ferons la mme distinction pour la seconde objection.

    En effet, les Pres n'ont trait de tel ou tel sacrement, ou detous en gnral

    ,

    que par occasion , et seulement alors que lesattaques des hrtiques les y ont contraints; or, si on compareles crits o ils tablissent l'institution divine de quelquessacrements, ou bien o ils dfendent quelques-uns de leurseffets contre les attaques des hrtiques , on reconnat videm-ment qu'ils en admettent sept, ainsi que nous le prouveronsplus tard.

    Instance. Les Pres n'en admettent pas sept. En effet,1. quand ils parlent de l'institution des sacrements, ils disentque Notre-Seigneur Jsus-Christ n'en a institu que deux outrois. Aussi saint Julien, dans son Apologie I, ne cite que lebaptme et l'eucharistie (2) . De mme , saint Cyrille de Jru-salem, dans ses Catchses mystagogiques, aussi bien que saintAmbroise

    ,

    qui a pourtant crit six traits sur les sacrements,et qui, dans le sixime livre, affirma n'avoir rien omis en cettematire, en disant de son livre : Vous y avez appris sur les sacrements tout ce que vous devez en savoir (3). Saint

    Grgoire, martyr, en compte seulement trois dans son Sacra-mentaire, savoir : le baptme, l'onction, le corps et le sany du

    (1) Quand il y a doute sur le sens d'un passage de Dmosthne, ou de Citt usage est constant etuniversel, il dcidera nettement la dilHcult. Cette critique est celle que suiventnos adversaires dans l'iuterprtatiou des anciens auteurs; mais, eulraius parune opinion jirconue, ils n'ont pas suivi cette voie. La faute en est bien plu* l'hrsie (ju'uu dfaut de critique.

    (2) N. (J3 et 06.

    (3) Cliap. 2, n. 5.

  • CHAP. I. DU NOMBRE DES SACREME?;tS. HSeigneur (1). Saint Augustin a toujours parl de deux sacre-ments, soit dans son premier commentaire sur le Ps. 1 03, n. 1 4,o, rappelant les sacrements tenus cachs aux profanes, causede la recommandation du secret, n'en compte que deux, endisant : Qu'y a-t-il de cach et de non rendu public dans l'Eglise? Le sacrement de baptme, le sacrement d'eucha- ristie. Les paens voient bien nos bonnes uvres, mais nous leur cachons nos sacrements ; soit dans le livre III de sonTrait de la doctrine chrtienne, cli. 9, o, faisant le parallledes sacrements de la nouvelle loi avec ceux de l'ancienne, ildit : Le Seigneur lui-mme et la tradition apostolique nous ont laiss un abrg de toute la doctrine, trs-facile accomplir, admirable mditer, trs-saint observer, tel que le sacrement du baptme et la clbration du corps et du sang du Seigneur. 2. Si le saint docteur cite parfoisplusieurs sacrements , il prend ce terme dans un sens trs-large et emploie des expressions peu rigoureuses, comnie leprouvent ces paroles du second livre du Trait de la peine dueaux pchs, chap. 26 : Je crois que les catchumnes sont purifis d'une certaine manire qui leur convient, par le signe de la croix et la prire de l'imposition des mains , et bien que ce qu'ils reoivent ne soit point le corps de Jsus- Christ, cela est divin malgr tout, et plus saint que les aliments que nous prenons, parce que c'est un sacrement. 3 . De l l'usage, dans diffrents passages des Pres, d'entendredans un sens mystique, de deux sacrements, c'est--dire dubaptme et d'eucharistie, ce qui sortit du ct de Jsus-Christ,d'aprs ces paroles de saint Jean, chap. 19, verset 34 : Un des soldats ouvrit son ct d'un coup de lance, et il en sortit aussitt de l'eau et du sang; par exemple, saint Chrysos-tme, saint Cyrille d'Alexandrie et saint Augustin. 4. D'oapprirent-ils encore qu'il y avait sept sacrements, sinon de lavision de la femme de fornication, assise sur la bte sept tteset dix cornes, ainsi que l'Ange de l'Apocalypse donne l'expli-cation de ce mystre, chap. 17, versets 7 et suiv. (2), ou dessept infirmits de la femme gurie par Notre-Seigneur Jsus-Christ (3). Donc :

    (1) DaDS Gratien, au chap. Un grid nomre cte sculiers. Voy. dans PierrePithou, Corps de droit canon, etc., Paris, 1687, toiTi. I, pag. 13j.

    (2) De mme Cheinnitz, Examen du concile de Trente.(3) Wegscli., lG6,u. e.

  • 12 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL.Rponse. Je nie la tnineure , et quand la premire preuve,

    je distinyitc : Les Pres parlent de deux ou trois sacrementspour le dessein cpi'ils ont en vue, je l'accorde; dans le sensappel exclusif, je le nie. Comme, en effet, les Pres n'ontjamais trait des sacrements ex professa, il s'est fait qu'ilsn'ont parl que de quelques-uns quand l'occasion s'en pr-sentait, sans cependant nier les autres, ainsi que nous l'avonsdj fait observer, d'autant plus que la recommandation dusecret, alors en usage, l'exigeait ainsi (1).

    Press par une sorte de ncessit, saint Justin fait bienmention des sacrements de baptme et d'eucbaristie, parce queles paens avaient calomni les chrtiens au sujet de leurscrmonies , en les accusant de renouveler l'horrible festin deThyeste , et de se livrer d'abominables pratiques dans leursassembles secrtes. Ce furent la mahce des Juifs et la crimi-nelle conduite des gnostiques qui donnrent lieu ces calom-nies (2).

    Saint Cyrille de Jrusalem et saint Ambroise ne prtendirentpoint donner, dans les ouvrages dont nous avons parl, untrait complet de tous les sacrements ; leur but tait seulementd'instruire les cathcumnes de ce qui concerne les trois sacre-ments qu'on leur enseignait, savoir, le baptme, la confirma-tion et l'eucharistie. Saint Ambroise, au rapport de sonbiographe Paulin, tait trs-occup du ministre de la con-fession, et dfendit avec vigueur le pouvoir des clefs contre lesnovatiens (3 .

    Saint Grgoire a particulirement trait de ce qui a trait la liturgie de la messe solennelle; il y parle nanmoins dusacrement de l'extrme-onction et expose la manire dont on

    (1) Emmanuel de Schelestadt, Dissertation apologtique de la discipline dusecret, o il prouve qu'anciennement on avait l'habitude de cacher aux infi-dles et aux catchumnes, non-seulement les sacrements de baptme etd'eucharistie, mais encore tous les autres; ce qu'il aUrme eu particulier pourles sacrements de l'ordre, de l'extrmc-onction, sur les tmoignages qu'ilrapporte des Pres et des autres ecclsiastiques. Il cite encore Teutzel, Al-bert! et Casaubon, qui disent avoir trouv la mme doctrine dans les ouvragedes hrtiques.

    (2) Quant aux principales incriminations imputes au nom chrtien, et leurorigine, voy. Maran, Prface des uvres de saint Justin, Il partie , chap. 4, 1 et suiv.

    (3J Vie di! sauit Ambroise, par Paulin, adresse i\ saint Aucusfin, u. 39, t\ laBn des uHivrcs de saint Ambroise, dit. iMaur. Voy. ciuorr l'.Wi rtissemeutdes mmes diteurs, dans les Traites du la puiloucu duuiiuti 6uiul dutauTfloui. 11.

  • CHAP. I. DU NOJIBRE DES SACREMENTS. 13

    doit l'administrer. Mais le texte cit par Gralien est apo-cryphe (1).

    Saint Augustin traite galement du mme sujet. Il avait ditdj : Faites attention aux dons de l'Eglise; celui des sacre- ments du baptme, de l'eucharistie et des autres (n. 9); donc il insinue qu'il y a d'autres sacrements proprement dits,outre ceux-l. Malgr qu'il affirme qu'il y avait plus de sacre-ments dans l'ancienne loi que dans la nouvelle, il ne s'ensuitpas qu'il n'en admette que deux; mais il cite seulement lebaptme et l'eucharistie pour montrer la supriorit de nossacrements sur ceux de l'ancienne loi, selon le but qu'il s'taitpropos.

    Rponse la deuxime preuve. Le saint docteur se sertquelquefois du mot de sacrement dans un sens trs large, jetaccorde; mais ordinairement et surtout en parlant de ceuxque nous prtendons tre de vrais et rels sacrements, je lenie. Car, dans le second livre de son Trait contre l'ptre deParmenian, il tient ce langage du sacrement du baptme et del'ordre : L'un et l'autre est un sacrement, et tous deux donnent l'homme une espce de conscration. Celui-ci en le baptisant, celui-l en l'ordonnant; c'est ce qui fait que l'Eglise (catholique) ne les administre qu'une fois (chap. 10, n. 98); et livre II contre la lettre de Ptilien : Le sacre- ment de l'ordre, dit-il, est trs-saint parmi les signes sen- sibles; mais, de mme que le baptme, il peut se trouver dans de trs-mchants hommes (chap. 104, n. 239), c'est--dire cause du caractre qu'il imprime. Outre le baptme,il y a , selon saint Augustin , deux autres sacrements propre-ment dits. Il dit de la pnitence, livre II, des mariages adul-tres : Elle est , ainsi que le baptme , un moyen de rconci- liation (chap. 28, n. 35). Il appelle du nom de sacrementle mariage, dans plusieurs passages de son Trait du bonmariage, et conclut ainsi : Car, dans nos unions chrtiennes, la saintet du sacrement est prfrable la fcondit de la femme (chap. 18, n. 21). Enfin il numre l'extrme-onction, dans le Trait du baptme, Hvre V, chap. 20, parmi lessacrements qui sont administrs vahdement, par des ministresindignes, et il l'appelle la bndiction de l'huile (n. 27, 28).

    (1) Ces paroles ne sont pas de saint Grgoire, mais de saint Isidore deSville, liv. VI, chap. 19, des Origines ou des tymologies qui ne sont pointen sens exclusif, car il cite ailleurs les autres sacrements.

  • 14 TRAIT TES SACREMENTS EN GNRAL.En y ajoutant reucharistie , vous compterez, avec saint Au-gustin, sept sacrements.

    Rpo7ise la troisime preuve. Quelques Pres ont donncette explication mystique sans entendre nier les autres sacre-ments, je l'accorde; tous les Pres, et dans un sens exclusifdes autres, je le nie. Quelques-uns, acceptant cette explicationmystique, crivirent que ces deux sacrements avaient tfigurs, soit cause de l'analogie du baptme avec l'eau, etl'eucharistie avec le sang qui sortirent de la plaie faite dans lect de Jsus-Christ , soit cause de la primaut de ces sacre-ments et de leur importance, du baptme d'abord, puisqu'il estncessaire au salut, et ensuite de l'eucharistie, par son excel-

    lence et sa dignit. Ce qui prouve encore surabondamment queles saints Pres que nous venons de citer n'ont point voulunier les autres sacrements, c'est qu'ils les ont cits dans d'autrespassages comme ayant t institus par Notre-Seigneur Jsus-Christ. Au reste, d'autres Pres ont galement admis cessignifications mystiques de l'eau et du sang, et ceax-l mmesne s'accordrent pas toujours dans l'explication de ce sens (1).

    Rponse la quatrime preuve. Ces purilits et ces mi-sres sont tout--fait dplaces dans un sujet aussi grave etd'une si haute importance que celui que nous traitons en cemoment. Ceux qui veulent nous faire accepter ces explicationsne font pas attention qu'ils comptent le baptme et l'eucharistieparmi les ttes de la bte. Dans quel abme ne prcipite pas ledmon de l'hrsie !

    II. 01)j. C'est tort que les catholicpies se flattent de l'accorddes glises d'Orient. Car ce n'est qu'aprs le XIP sicle, comme

    (1) De mme saint Ambroise, qui crit dans le X" livre de son commentairede saint Luc, n. 135 : Il en sortit du sang et de l'eau; celle-ci qui purifie, celui-l qui rachte. Saint Augustin lui-mme, trait 120, sur saint Ji-an,n. 2, dit aussi de l'eau mle avec le vin, dans la clbration des sacrilicesde la sainte Eucharistie : Cette eau salutaire adoucit ce breuvage. Ter-tuUien, dans son Trait du baptme, cbap. 6, interprte ces paroles des deuxbaptmes de l'eau et du sang, ou du martyre : Il fil sortir ces deux bap- ternes, dit-il, de la blessure de son cot ouvert. Ou voy. not. Kigali saintCyrille de Jrusalem, catchse 3, n. 10, l'entend galement d'un doublebaptme, quand il dit : Le Sauveur, qui racheta le luoiidc par la croix , fit sortir de l'eau et du sang de la plaie de son ct, afin que les mis fussent baptiss dans l'eau en temps de paix, et les autres dans leur propre saug,

    dans les temps de perscutions. Car le Sauveur avait coutume d.- donner au martyre le nom de baptme. D'autres auteurs out douiif diUVrentesexilieations. Voy. Corm-ille Lapierre, coiumeulaire sm- siiiul .If.ui, iliap. iO,

    V. 34. Voy. encore lieiiurmiu, uu ti'ait que uoiu avons cil, cbap. 27, u. 3,

  • CHAP. I. DU NOMBRE DES SACREBIENTS. 15

    il est notoire, qu'ils ont os soutenir la doctrine des sept sacre-ments. 2. A cette poque, les Latins organisrent les exp-ditions appeles croisades, s'emparrent de Constantinople

    ,

    de la Palestine et mme de la Syrie ; et ce fut des peuples del'Occident que les Grecs et les Orientaux empruntreni; cettedoctrine. 3. De plus, ils ne s'accordrent pas tous dans cetteprofession de foi, comme plusieurs missionnaires accusrentles Grecs de ne pas admettre tous les sacrements; Thomasde Jsus, le carme Guido et Job Ludolphe font le mmereproche aux Ethiopiens et aux A>yssiniens (1), MathurinVeissire-Lacroix aux nestoriens et aux Malabares (2). Il n'estdonc pas tonnant que ces nations nient un ou plusieurs sacre-ments, puisque, dans le temps o les Latins arrivrent enAsie, le nombre de sept sacrements n'tait pas encore assezdfinitivement arrt. 4. En effet, le Matre des Sentences,Hugues de Saint-Victor, saint Bonaventure affirmrent queles sacrements de confirmation et d'eucharistie taient d'insti-tution apostolique, ou dfinis par le concUe de Meaux, auIX* sicle, ainsi que le prtend Alexandre de Haies, du sacre-ment de la confirmation; Jacques de Yeyrac, Durand, etquelques autres de ses adhrents retranchent le mariage dunombre des sacrements. 5. C'est donc avec raison, dans cettat de choses, que Cyrille Lucarie

    ,

    patriarche de Constanti-nople, affirme dans sa profession de foi, article 16, qu'il ay> t un point de foi constant et perptuel, chez les Grecs, que) le souverain lgislateur Jsus-Christ a seulement tabli deux sacrements, savoir, le baptme et l'eucharistie. Donc :

    Rp. lapremire objection. Je distinyue ."Les scholastiquesne commencrent noncer en termes exprs les sept sacre-ments qu'aprs le XIP sicle

    ,

    je l'accorde, mais je nie qu'ilsintroduisirent , cette poque , le nombre de sacrements dansl'Eglise. Il est arriv, pour ce qui est de foi touchant lessacrements, ce qui avait eu lieu pour les autres articles denotre foi, qui furent classs mthodiquement et rdigs, puis

    (1) Job Ludolphe, Histoire d'Ethiopie, Francfort, chez Mnou, 1681,ol. I, fol., liv. m, chap. 5, n. 44, o il dit: Nous frquentons des sacre- meuts dont ils (les Abyssiniens) n'admettent ni le mme nom, ni le mme nombre; ils ne connaissent ni la confirmation, ni rextrme-onction. Etaussi dans l'omTage intitul Commentaire de l'histoire d'Ethiopie, dit. ibid.,1693, liv. III, chap. 1, il s'efforce de s'tayer de l'autorit des Pres jsuitesGodinho etTellez.

    (2) Histoire du christianisme dans l'Inde, Ea/ comitum, 1724.

  • 16 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL.publis. Mais il y a bien de la dilFrence entre l'adoption d'iinenouvelle mthode de rdaction et d'nonciation de la doctrinecatholique, et l'introduction d'une nouvelle doctrine. En effet,comment aurait-il t possible que les scholastiques eussentt les premiers introduire dans rEfj;lise les sept sacrements,si les Latins avaient leurs livres liturgiques, et les Grecs et lesOrientaux leurs liturgies, o sont inscrits les sept sacrements,et o se trouve dcrit le rite pour les administrer, longtempsavant l'poque des scholastiques?

    Je nie la deuxime objection. D'abord 1. parce que l'eu-chologie des Grecs est antrieure de plusieurs sicles l'exp-dition des Latins (1) ; 2, parce qu'il y a une grande diversitdans la manire d'administrer les sacrements, laquelle fut lacause d'une foule de discussions entre les glises d'Orient etcelles d'Occident; 3. parce que si l'on tient compte du carac-tre des Orientaux, de leur rivalit et de leur haine contreceux d'Occident, il fut impossible ces derniers de tentermme une pareille entreprise (2)

    .

    Je nie galement la troisime objection, parce que, la plu-part du temps, les missionnaires furent jets dans l'erreur,soit par l'incertitude des tmoignages, soit par la diversit desrites; et Ludolphe, aussi bien que Lacroix, entachs d'hrsie,usrent de mauvaise foi. D'ailleurs, des monuments publics,qui ne laissent place aucun doute, protestent contre lesassertions de tous ces crivains (3).

    Quant la quatrime, je distingue : Ces scholastiques pen-saient que les deux sacrements dont nous avons parl n'avaientpas t institus immdiatement par Notre-Seigneur Jsus-Christ, mais mdiatement par les aptres, je l'accorde; mais

    (1) Il suffit de jeter un coup d'il sur la table des rituels que le Pre Mar-tne a mise en tte de son Trait des anciens rites de i'Eylise, pour se con-vaincre qu'un grand nombre de manuscrits en ce genre sont bien antrieurs l'expdition de la Palestine, sous Urbain II, qui ne commena qu'aprsl'anne 1088. Voy. encore Renaudot, de la Perptuit de la foi, liv. I, ch. 7.

    (2) S'il y existait autrefois d'anciennes rivalits entre les Grecs et les Latins,elles se rveillrent surtout dans le temps o les Latins taient mai'res deConstantinople , poque laquelle les Latins traitrent un peu diiremeiit leGrecs, cause de leur caractre tourbe et dissimul. Voy Henaudot, loc. cit.

    (3) Voy. Lon AUatius, Accord perptuel des glises d'Orient et d'Occidint,liv. III, dans sa discussion avec Antoine Caucus, archevque de l'.orcyre,ainsi que Renaudot, dans l'ouvrage dont nous avons fait mention, ch. 1 elsuiv.Ludolphe fait tous ses efforts pour attribuer aux .\byssiuit'ns et aux Klhiopieusplusieurs points de foi propres aux lullirieus. Ce qui duioutre louibieu cetauteur est enclin favoriser la secte hrtique laquelle il appiulicut.

  • CHAP. I. DU NOMBRE DES SACREMENTS. il

    qiie les aptres les aient tablis de leur autorit prive , c'estce que Je nie. Cette opinion, qui est encore suivie par quelquesthologiens, n'est nullement oppose la foi et ne dtruitaucun sacrement. Alexandre de llales convient, avec quelquesautres, que la confirmation est un sacrement, et cela noussuffit. Son opinion, qui du reste ne fit point cole

    ,

    puisqu'elle

    avait t institue au concile de Meaux, ne fut de sa partqu'une grossire hallucination (1).

    Jacques de Veyrac et Durand ne prtendirent jamais que lemariage ne ft point rellement et en vrit un sacrement,ainsi que nous le prouverons plus tard ; mais ils soutenaientqu'il avait t institu spcialement comme remde la con-cupiscence (2). Durand modifia plus tard son opinion, ainsique nous le dmontrerons galement une autre fois , en trai-tant de ce sacrement.

    Mep. la cinquime objectioti. Cyrille Lucaris, qui s'taitvendu la Hollande , a menti impudemment en cachant sonhrsie sous le manteau de la confession de l'glise grecque.Aussi est-ce bon droit qu'il est dit au concile de Jrusalem,tenu en 1672 : Anathme Cyrille, fabricateur de nouveaux dogmes , et qui ne croit pas qu'il y ait

    ,

    par l'institution de Notre-Seigneur Jsus-Christ, et par tradition apostolique etI) par la pratique constante de l'Eglise, sept sacrements, savoir, le baptme, etc., mais qui ose affirmer faussement qu'il n'y en a que deux, c'est--dire le baptme et l'eucha- ristie. Jrmie, patriarche de Constantinople , avait djprvenu la dcision du concile (3) . Maintenant que la fraude a

    (1) Quelques-uns s'efforcent de dlouruer, de changer ou de modifier l'opi-nion d'Alexandre de Haies, mais inutilement. Ses paroles sont expliques dansla Somme thologique, part. IV, quest. 9, memb. 1; il dit : Ce sacrement (la confirmation) fut institu par l'inspiration du Saint-Esprit, au concile de Meaux, quant la forme des paroles et la matire des lments , auquel le Saint-Esprit donna encore la grce sanctifiante. Voy. dit. de Venise,1575. On doit excuser les thologiens qui crivirent cette poque, o l'ontait entirement dpourvu des monuments que nous avons aujourd'hui enabondance.

    (2) Voy. Estius, au liv. IV, Sent, distinct., 26, 9.(3) Pour ce qui concerne ce Cyrille Lucaris, patriarche, intrus, simoniaque,

    hrtique de Constantinople, voy. Lon AUacci, op. cit., liv. III, chapitre quitraite au long de ce personnage, dcouvre les fourberies des calvinistes, etqui fait mention de sommes normes donnes ce mchant archevque pourlui faire faire une profession de foi hrtique, ou d'autres, pour obtenir sonrappel de l'exil, auquel il avait t condamn la suite de troubles etd'meutes soulevs par ses partisans, et cause de l'hrsie dont il tait lehef et le fauteur. Voyez encore Renaudot, op. cit., liv. I, chap. 5, 6 et 7.

    IV 2

  • 18 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL.t mise au jour, les protestants, forcs par l'vidence, ontrenonc un tel fauteur.

    III. Obj. Si on devait s'en rapporter aux saints Pres etaux scholasliques , on serait oblig d'admettre plus de septsacrements. Car 1. les uns mettent au nombre des sacrementsl'acte de profession religieuse et les prires pour les morts;ainsi les auteurs grecs, dans diffrents passages de leurs crits;d'autres, la viginit et le martyre; quelques-uns, l'eau bnite,les cendres que l'on met sur le front des chrtiens au premierjour du carme, le cierge paschal, etc., comme le fait Huguesde Saint-Yictor. 2. Ceux-ci, le lavement des pieds, commesaint Ambroise et saint Bernard; 3. cette crmonie estd'institution divine , elle est un rite sensible et la promesse dela grce, ainsi qu'on peut l'induire de ces paroles de Notre-Seigneur saint Pierre, saint Jean, ch. 13, v. 8 : Si je ne telave pas les pieds, tu n auras pas de part avec moi. 4. De lcet usage adopt dans l'Eglise avant de confrer le baptme.5. De plus, les thologiens ont coutume de distinguer troissortes de baptmes : ceux de l'eau, du sang et du feu; ilstiennent encore les sept ordi*es comme autant de sacrements.Donc :

    Rp. Je nie l'antcdent. Et quant la premire preuve, jedistingue : Par analogie et par rapport l'effet , compar aveccelui du baptme et de la pnitence, vu les dispositions despersonnes qui font les vux de religion, de virginit, ou quisubissent le martyre, je l'accorde; mais qu'ils regardent toutce que nous venons d'numrer comme de vrais sacrements,je le nie (1). Quant Hugues de Saint-Victor, il emploiele terme de sacrements au lieu de celui de sacramentaux

    ,

    en tant que ceux-l facilitent les voies du salut par un ac-croissement de dvotion, comme il l'explique lui-mme trsau long (2).

    (1) Voy. aussi Renandot, ibid., chap. 8, o il rpond robjeetion tire deDenis l'Aropagite, que quelques-ans croyaient admettre d'aiUre? sacri'Uieut,et o il dmontre qu'il s'agit, dans cet auteur, dos dillerentei l'oucticias exer-ces par les vques, aux grandes solennits; puis il rfute encore l'objcctioud'Allacci, loc. cit.

    (2) Voy. ce mme Hugues de Saint-Victor, tom. III de ses uvres, Venise,1588, ou encore son Trait des crmonies, des sacrements, des o/fices, etc.,liv. I, ebap. 12, o il dit formeUenieut qu'il y a sept sacrean'uls eu usassedans rKglise, et dont il traite cusuite en particulier; ou son Diatoi/ue destacremaits, de la loi uatuiclle et de la loi crite, o il distingue, page 184, b.

  • CHAP. I. DU NOMBRE DES SACREMENTS. 19

    A l'gard de la seconde preuve, je disti7igiie : Saint Ambroiseet saint Bernard admettent cet acte d'humilit comme un signe,mais non comme un signe productif de la grce. En effet, cessaints docteurs donnent le nom de sacrement au lavement despieds, en tant qu'il signifie la rmission des pchs vniels etla rpression de l'orgueil et de la concupiscence par cet acted'humilit; mais ni l'un ni l'autre n'a afii'm que le lavementdes pieds remettait les pchs par sa propre vertu. Car s'ilavait eu cette institution, l'Eglise en ferait usage; or, cela ne

    se pratique qu'une fois l'anne, au jeudi-saint, et n'est mmepas d'un usage gnral.

    C'est dans ce sens qu'on entend ce qu'crit saint Ambroise,dans son Trait des mystres : On lui lave les pieds pour la rmission de ses pchs originels (1), c'est--dire l'orgueilet la concupiscence, etc., ainsi que l'expliquent les diteurs deSaint-Maur, ainsi que ce qu'il crit au IIP livre de son Traitdes sacrements, chap. 1, n. 5 : C'est un mystre et ime sanctification (2), c'est--dire une disposition les recevoir.

    les vrais sacrements de ce qu'on appelle improprement de ce nom. Il ditque ceux-l ont le signe, et ceux-ci ont le signe et la vertu de la grce. Or,comme il avait enseign que les sacrements consistaient en trois choses,Yohjet, les paroles et les faits, en examinant ce qui peut avoir la raison dusigne, il dit que c'est l'eau, le pain, le vin, le sel, la cendre, l'h'jile, le feu, etc. Ce qui explique comment il appelle ceci des sacrements, c'est--dire en raison du signe et de la signification d'une chose sacre

    ,

    pour la-quelle on les emploie. Il dit la mme chose au trait 4, des Sacrements engnral, ibid., chap. 1, pag. 203.

    (1) Chap. 6, n. 32, o les diteurs de Saint-Maur, aprs avoir cit les parolesde saint Ambroise, font remarquer qu'elles ne veulent point dire le pchoriginel, mais la concupiscence ; laquelle, en tant que sortie du pch, inclineau pch, ce qui la fait appeler pch par l'Aptre. Le saint vque a donccru que le lavement des pieds donnait une grce particulire contre ce pen-chant au mal, cette facilit de tomber, cette faiblesse que nous tenons denos premiers parents, comme il parle dans un autre endroit, en tant qu'unpareil acte de foi et de dvotion donne l'me un secours plus puissant desanctification.

    (2) Voy. encore les remarques des mmes diteurs sur ce passage. D'ailleurssaint Amljroise, ou quel que soit l'auteur de ces commentaires sur les sacre-ments, duquel il est fait mention dans la prface des diteurs de Saint-Maur,o il avoue que jamais l'usage du lavement des pieds , dans l'administrationdu baptme, n'a t permis dans l'Eglise romaine. Le mme auteur ajouteencore an n. 7 : Le Seigneur lui rpondit : Celui qui a lav, etc. Pourquoi cela? Parce que tous les pchs sont effacs par le baptme. 11 n'y a donc plus de faute; mais parce que, Adam, tu as-t supplant par le diable, et que lu as reu sur tes pieds le venin du serpent infernal; ou fait le lave- ment des pieds, pour donner un plus puissant moyeu de sanctification l'endroit mme de la chute, pour viter la rcidive. On lave donc les pieds

  • 20 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL.Ainsi, lorsque saint Bernard dit dans son sermon de la

    Cne , n. 2 : M C'est pour cela que le Seigjneur, tant prs de suliir la mort , voulut investir de sa grce ses aptres bien- aims, aln de leur donner un signe sensible de sa grce)) invisible, tel que le lavement des pieds, tel enfin que leli baptme, qui est le commencement de tous les sacrements; et au n. 4 : Nous avons son lavement des pieds, pour qu'il ne vous reste aucun doute sur la rmission de nos pchs de chaque jour. Ainsi donc le saint docteur ne se sert detoutes ses similitudes qu'en sens impropre , et pour montrerqu'elles signifiaient les sacrements, de mme que le faitobserver le Pre Mabillon; on doit galement l'entendre dansce sens, quand il compare le lavement des pieds avec le bap-tme et l'eucharistie, auxquels il donne, dans ce mme sermon,une tout autre vertu qu'au lavement des pieds (1).On doit entendre, dans le mme sens, ce qu'a dit Arnould,

    abb de Bonval , auteur du sermon du Lavement des pieds,

    afin de laver le venm du serpent. Cette crmonie est encore utile pour inspirer l'humilit, puisqu'elle nous apprend y honorer ce que nous avons honte pratiquer. Ce passage explique mieux la pense del'auteur.

    (1) On doit donc tenir pour certain que saint Bernard n'a pas eu l'intentiond'admettre d'autres sacrements que ceux admis et administrs dans l'Egliseromaine, et qu'il ne regardadt pas comme un vritable sacrement l'ablutionmatrielle des pieds. Cette controverse est donc rduite une question decritique et d'exgse, que s'est pose ce dlicieux docteur au milieu desobservations q\i'il a crites sur le lavement des pieds. D'autres crivainsadoptent diflreutes ides, eu commentant les paroles du saiut docteur.Charles Duplessis d'Argentr, dans le trait qu'il a fait pour examiner fondcette question, pense que saiut Bernard a voulu dsigner, par le lavementmatriel des pieds, l'ablution spirituelle de nos pchs de chaque jour, parle moyen de la confession. Ce qu'il prouve i par l'iutention de saint Bernard amener ses frres la confession des pchs vniels; 2o cai' la coutumeusite encore du temps de saint Bernard

    ,

    qu'avaient les fidles de con-fesser les pchs les plus graves, au commencement du carme, et lesfautes vnielles qu'ils pouvaient commettre, pendant tout le cours du carme,le jour du jeudi-saiut; 3o par le texte mme, o l'on voit que le saiut docteurentend, par la tte et les maius, ou les bras, les pchs mortels, et par lespieds, les pchs vniels ; 4 par son exhortation pratiquer cet usage J-'iur-nalier du lavement des pieds, ce qu'il n'entend certainement, eu aucune faon,du lavement matriel. Notre auteur conclut de l que saint Bernard a consi-dr le lavement matriel des pieds, iuslitu pcU- Noire-Seigneur, le jeudi-saint, comme la tigure de l'ablution spirituelle des pchs journaliers, aumoyen de la confession. Que si le saint docteiu- a voulu piu-ler de la confes-einu sacramentelle, il est vident que ses paroles ne renferment plus aucunedillicult. Mais il faut consulter l'auteur lui-mme, dans son ouvrage intitulItim: tissions thologiques sur les ouvrayes de Martin Graudiu, Poi'i, 171*,pag. 208.

  • DE l'efficacit DES SACREMENTS DE LA NOUVELLE LOI. 21

    que l'on donnait autrefois, sous le nom de saint Cyprien (1).Quant la troisime distinction : Vous n'aurez pas de part

    avec moi, cause de la dsobissance, je Haccorde; cause dudfaut du lavement des pieds considr en lui-mme, je le nie.A la qiiatiime : Cette coutume a t adopte dans une glise

    particulire, je l'accorde, dans toute l'Eglise, je le nie. En effet,de l'aveu mme de saint Ambroise , l'Eglise romaine n'obser-vait point ce rite , et mme celles d'Afrique et un trs-grandnombre d'autres. Et par l mme que ceci tait d'usage dansquelques glises, avant de confrer le baptme, on aurait dl'inscrire au nombre des sacrements, puisque le baptme atoujours t regard comme le sacrement initiateur.A la cinquime distinction, je rponds : Improprement, oui,

    rigoureusement, non. Car les baptmes de feu et de sang nefurent appels ainsi que par analogie, au lieu que les septordres furent quelquefois appels sacrements, comme partiesd'un tout potentiel, comme dit saint Thomas (2); mais on ne lesregarda jamais comme autant de sacrements distincts et spars.

    CHAPITRE IL

    DE l'efficacit DES SACREMENTS DE LA NOUVELLE LOI,OU DE LEURS EFFETS.

    Les effets des sacrements de la nouvelle loi sont la grcesanctifiante et le caractre. Tous produisent la grce sancti-

    (1) Pamelius crit sur ce passage de l'abb Arnould : La dernire espced'ablution tablie pour les pche's vniels : Il entend, n'en pas douter, la pnitence, c'est--dire celle (ainsi qu'il le dit un peu plus bas) qui remet, par la satisfaction de tous les jours, les souillures inhrentes l'me.

    (2) Dans le supplment, quest. 37, a. 1, ac? 2 : La division de l'ordre, dit-il, ne consiste pas dans celle du tout en ses diffrentes parties, ni du tout universel , ni du tout potentiel , dont la nature consiste en ce que le tout est dans l'un, dans toute sa raison d'tre complte et parfaite, et dans les autres, il n'y a plus qu'une certaine participation de lui-mme; deu mme en est-il ainsi pour le cas dont nous traitons. Car toute la plnitude de ce sacrement est dans un ordre, c'est--dire le sacerdoce, tandis que dans les autres, il n'y a qu'une participation de l'ordre c'est ainsi qu3 tous les ordres ne font qu'un sacrement. Si Calvin avait pes ses paroles,il n'aurait point crit que ce sacrement tait le fruit de l'imagination dejcatholiques, et qu'il tait tellement fcond, qu'il avait fait sortir de lui seplpetits sacrements (Institut., liv. IV, chap. 19, 22). Nous traiterons cettoquestion en son lieu et place.

  • 22 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL. CHAP. II.fiante; trois seulement impriment un caractre, savoir, lebaptme, la confirmation et l'ordre. En outre, l'me souillede pch mortel reoit d'abord la grce dans le baptme et lapnitence, que les autres sacrements augmentent d'une ma-

    nire merveilleuse. Or, il est tabli par l'usage d'appeler

    grce "premire celle qui nous rend justes par la vertu de cesdeux sacrements, et grce seconde celle qui accrot en nous lagrce sanctifiante, aprs que nous avons t justifis par lessacrements. Et comme ceux par lesquels nous recevons la

    justification sont appels sacrements des morts , les autres, qui

    l'augmentent dans nos mes, sont nomms sacrements desvivants. Outre la grce commune tous les sacrements, il en

    est une propre chacun, ordinairement appele grce sacra-

    mentelle, afin d'exprimer l'effet particulier de chaque sacre-ment. Elle ne diffre aucunement, en elle-mme, de la grcesanctifiante ou habituelle; mais elle ajoute par ses effets, lagrce sanctifiante, le secours qui est ncessaire pour obtenir lafin du sacrement.On a coutume de dfinir le caractre, un signe spirituel et

    ineffaable imprim dans l'me, qui fait que ceux qui en sontmarqus sont destins recevoir et communiquer aux autrestout ce qui a rapport au culte de Dieu, ainsi que s'exprimesaint Thomas (III part., quest. 63, a. 3).

    Les novateurs nient ces deux effets des sacrements. Car,premirement, d'aprs le systme que nous avons expos plushaut, ils attribuent le pouvoir de confrer la grce la foiseule, que les sacrements veillent ou alimentent, unique finde l'institution des sacrements. Secondement, ils ne mettent,par cette cause, aucune diffrence entre les sacrements de l'an-cienne et ceux de la nouvelle loi. Troisimement, ils pr-tendent que les paroles sacramentelles, productrices des sa-crements, ne font qu'noncer ce qui se fait sans le produire.Quatrimement, ils condamnent cette formule consacre parles Pres du concile de Trente, savoir, cpie les sacrementsde la nouvelle loi donnent la grce [ex opre operato)comme un prodigieux abus de mots et insultent aux catho-liques, comme s'ils prtendaient que les sacrements dt)nnontla grce aux adultes, sans coopration de leur piu*t, ou siuisdisposition aucune. Cinquimement, enfin, ils tournent endrision le caractre comme une chose inconnue aux an-ciens, et plus convenable aux oprations magiques des en-

  • DE l'efficacit DES SACREMENTS DE LA NOUVELLE LOI. 23

    chanteurs cfu' la saine doctrine de l'Evangile, ainsi que le ditCalvin (1).

    Les catliolicpes , au contraire, en vertu de ce principe, quela foi n'est qu'une disposition obtenir la justification

    ,pr-

    tendent d'abord que les sacrements de la nouvelle loi ont unevertu inhrente

    ,

    propre ; ou , en d'autres termes,

    qu'ils con-

    tiennent la grce qu'ils signifient , et qu'ils la donnent ceuxqui n'y mettent point obstacle

    ,

    par la vertu que Dieu leur adonne, et, comme on dit, ex opre operato (2) . Secondement,c'est pour cela qu'ils prtendent qu'il y a une diffrenceessentielle entre les sacrements de l'ancienne loi et ceux de lanouvelle. Troisimement , ils soutiennent , ce qui est uneconsquence ncessaire, que les paroles sacramentelles sontconscratoires et non pas seulement nonciatives, sans exclurepour cela, de la part du sujet, s'il est adulte, les dispositionsncessaires, puisque, d'aprs la doctrine de l'Eglise, on nepeut retirer aucun fruit des sacrements, sans ces mmes dis-positions ou sans un bon mouvement. Quatrimement, enfia,que les trois sacrements que nous avons cits impriment uncaractre, et qu'on ne peut les recevoir plusieurs fois sanscrime.

    Or, comme tout le fond de la controverse, duquel dpendtout ce qui a trait la puissance productrice de la grce , con-siste, quant au premier effet, dans la vertu de donner la grce,que nous avons dit tre inhrente aux sacrements, nous nousefforcerons de prouver cette thse dans ce chapitre.Une fois cela tabli, tous les points de division qui sparent

    les novateurs de la doctrine cathohque disparaissent d'eux-mmes. Et afin d'tre plus courts, nous rassemblerons en

    (1) Dans l'Antidote , concile de Trente, sess. VU, can. 9 et ailleurs ; Wicleff,liv. IV, Trilogie, c. 15; Luther, de la Captiv. de Babyl.; beaucoup d'hrtiquesles ont suivis. Inutile de rapporter ici les sarcasmes auxquels ils se sont livrs ce-sujet.

    (2) Quant la valeur de ce mot ou de cette terminologie (ex opre operato),voy. Bellarmin, liv. II, des Sacrements, chap. 1, o il dvoile la mauvaise foides adversaires, dans l'interprtation de ces mots, pour rendre absurde ladoctrine catho ique. Cette perfidie a toujours t dans les habitudes deshrtiques. Il expose ensuite, de la manire la plus claire, le sens de cetteformule : Que le sacrement donne la grce {ex opre operato), est la mme chose que si on disait qu'un sacrement donne la grce en vertu de son action sacramentelle institue cet effet par Dieu, mais non par le mriteB du ministre ou du sujet. Les autres thologiens, entre autres Estius (surla 4e sentence, d. 1, 7), ont dOmn cent fois cette explication; mais les h-rtiques ont des oreilles et n'entndent pas.

  • 24 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL. CHAP. /T.autant de corollaires toutes les consquences qui drivent de lathse de reificacit des sacrements de la nouvelle lo'.

    Mais on ne doit pas confondre cette dissertation dog"iatifnieavec ces discussions familires qui s'agitent dans l'cole, sur lemode de production de la grce par les sacrements; comme,par exemple, ainsi que le font les thomistes , si c'est par uneffet physique, ou bien, comme ie prtendent la plupart desthologiens avec les scotistes, seulement par un effet moral.Nous n'avons point examiner ici qui a tort ou raison. Nousdirons nanmoins que le second sentiment, d'aprs lequell'observation des crmonies du rite constitutif du sacrementfait que Dieu, en vertu de sa promesse et de l'institution sacra-mentelle, donne infailliblement la grce et le caractre ceuxqui le reoivent, nous parat beaucoup plus clair. Les scho-lastiques raisonnent trs au long sur les motifs de l'efficacitdes sacrements. On n'a qu' consulter ces auteurs, si l'on veutapprofondir la question (1). Pour nous, nous posons les pro-positions suivantes contre les ennemis de la foi catholique.

    PREMIRE PROPOSITION.

    Les sacrements de la nouvelle loi ne sont pas seulement insti^tus pour exciter la foi, mais ils donnent de plus la grcequ'ils sir/uifient (ex opre operato) ceux qui n'y mettentpas d'obstacle.

    Cette proposition est de foi quant tous ses points, commeil est prouv par quatre canons du concile de Trente, sess. VU,que nous citons : canon 5 : Si quelqu'un soutient que les sacrements de la nouvelle loi ne sont institus que pour alimenter la foi, qu'il soit anathme. Canon 6 ; Si quelqu'un dit que les sacrements de la nouvelle loi ne con- tiennent pas la grce qu'ils signifient , ou qu'ils ne donnent point la grce ceux qui, en les recevant, n'y mettent pas

    (1) Sur cette question, il faut consulter Bellarmin, Trait des sacrements,liv. II, chap. 1. Quant la controverse scholastique, sur l'opinion de la caitsephysique, voyez enli'e autres Drouin, d l'Objet des sacrements, livre I,chap. 2. Suarez, sur la III part, do saint Thomas, quest. 62, disp. 9, sect. 1et 2, o il dfend le sentiuient des thomistes. Pour l'opinion eoulraire, con-sultez Vasquez, sur la 1 part, de saint Thomas, disp. 17G; le ciirdiual l-ugo, deta socit de Jsus, Trait des sarrements, thsp. 4, sect. 5; Frassen, Oblat. deMarie, Scot acadmicien, tome III, discussion prliminaire, art. 1. queat. 1conclusion i.

  • DE l'efficacit DES SACRE3IENTS DE LA NOUVELLE LOI. 25

    obstacle, mais qu'ils ne sont que les signes extrieurs de la grce et de la justice confres par la foi, et des marques de la profession de foi chrtienne, qui sont le signe distinctit du chrtien d'avec les infidles, qu'il soit anathme. Canon 7 : Celui qui prtend que ces sacrements ne donnent pas la grce, toujours et tous, quant ce qui dpend de Dieu , malgr qu'on les reoive avec les dispositions nces- saires, mais seulement quelquefois et quelques-uns, qu'il soit anathme. Canon 8 : Si quelqu'un dit que les sacre- ments de la nouvelle loi ne donnent pas la grce [ex opre operato), mais que la foi seule la parole de Dieu sulfit pour obtenir la grce, qu'il soit anathme. Nous tablissons ainsi notre proposition : Les sacrements de

    la nouvelle loi n'ont pas t institus seulement comme unaliment de la foi, mais ils contiennent la grce qu'ils figurent,et la confrent ceux qui n'y mettent point obstacle ( ex opreoperato), c'est--dire par la vertu propre de leur institution,si les saintes Ecritures, les Pres, le consentement non inter-rompu de l'Eglise, attribuent aux rites extrieurs et aux cr-monies qui y sont employes, la grce et la sanctification desmes; or, etc...En effet, Notre-Seigneur Jsus-Christ, en parlant du bap-

    tme, en saint Jean, chap. 3, v. 5, dit : Celui qui ne nat pas de l'eau et du Saint-Esprit, ne peut entrer dans le royaume des cieux. Saint Paul, ptre aux Ephsiens,chap. 5, V. 5 : a Jsus-Christ a aim l'Eglise et s'est livr lui-mme la mort pour elle, afin de la sanctifier aprs l'avoir purifie dans le baptme de l'eau, par la parole de vie (1). Et dans celle Tite, chap. 3, v. 5 : Il nous a sauvs par l'eau de la renaissance et par le renouvellement)) du Saint-Esprit. C'est ce qui a fait dire saint Pierre, au2' chap. des Actes des aptres, v. 38 : Que chacun de vous soit baptis, pour la rmission de ses pchs; et encore,chap. 22, V. 16, Ananie dit Paul : Levez-vous, faites- vous baptiser et effacez vos pchs. Ainsi donc, si, par lebaptme, nous recevons une nouvelle naissance, si noussommes purifis, si nous sommes sauvs, si nous sommesrenouvels, nos pchs nous sont remis, bien plus, ils sontlavs, il faut donc dire que les saintes Ecritures attribuent

    (1) Les mots de vie ne se trouvent pas dans le grec.

  • 26 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL. CHAP. II.cette puissance au baptme, non point en tant qu'il veillela foi pour nous faire obtenir ce bienfait divin, ce qu'elles nedisent ea aucun endroit; nous devons galement dire desautres sacrements, que le Saint-Espiit nous est donn parrimposition des mains, ce qu'on lit au livre des Actes, ch. 8,v. 17, 18, savoir, par la confirmation, et la rmission despchs, par la pnitence, saint Jean, chap. 20, v. 23, ou lavie ternelle, par l'eucharistie, ibid., chap. G, v. 55 et suiv.On ne peut rien dire de plus en faveur de notre cause.

    C'est pourquoi les saints Pres ont constamment soutenuque les sacrements avaient une vertu propre et intrinsque, etqu'ils produisaient la grce par eux-mmes, quand le sujetn'y met plus d'obstacle. Ecoutons seulement un ou deux desauteurs grecs et latins. Saint Basile, 13* homlie, affirme quel'me est renouvele parle baptme; et un peu plus bas : Le baptme est donc la mort du pch, la rgnration de5) l'me et la grce de l'adoption (1). Il faut encore citer saintGrgoire de Nysse, qui, dans son sermon du Baptwie deJsus-Christ, ne l'appelle pas seulement l'expiation despchs,la rmission des fautes, la cause de la rnovation et de la r-gnration, mais qui ajoute encore : a L'eau n'tant que de l'eau, la grce d'en haut bnissant en elle celui qui la reoit dans son me, renouvelle la gnration de l'homme. Que si cela ne suffit pas pour exclure le doute et oprer la con- viction, et qu'on fasse encore de nouvelles questions, et qu'on me demande de quelle manire l'eau rgnre, je rpondrai avec justesse : Dmontrez-moi le mode de la gnration charnelle, et je vous ferai voir la puissance dey> la gnration spirituelle (2). Cyrille de Jrusalem, dans sacatchse 3, engage les catchumnes faire attention lagrce du Saint-Esprit

    ^

    qui leur est donne en mme tempscfue eau (3). Les Pres latins parlent comme les Pres grecs.En effet, Tertullien dit dans son Trait de la rsurrection de lachair : On lave la chair afin que l'me soit purifie. Lu chair est ointe de l'huile sainte afin que l'me soit consacie. La chair est couverte par l'imposition des mains, pour qu*

    (1) Voy. le texte grec.

    (2) Voy. le texte grec. Edit. Paris, 1613, t. II, p. 803.

    (3) Voy. le tcxlc grec. Edit. Maur, n. 3. Ou trouve dans cette cali^chseplusieurs autres passages dans ce sens.

  • DE l'efficacit DES SACREMENTS DE LA NOUVELLE LOI. 27

    l'ma reoive les lumires du Saint-Esprit. On nourrit la chair du corps et du sang de Jsus-Christ, afin que l'me soit rassasie de Dieu (1). Saint Augustin, trait 80, mJoan. : D'o vient l'eau , se demande-t-il , une si grande vertu, qu'elle purifie le cur en touchant seulement le corps (n. 3)? Enfin saint Lon, martyr, i" sermon sur laNaissance du Sauveur : L'eau du baptme est tout baptis ce que fut au sein de la bienheureuse vierge Marie, le mme Saint-Esprit qui fconda la sainte Mre de Dieu, remplis- sant les fonts du baptme ; tellement que le pch, qu'effaa ici la conception divine, est effac l par l'ablution mystique (chap. 3, dit. Blier.), n Ces textes nous paraissent suffi-sants, car ils sont tellement clairs, que Calvin ne peut leurchapper qu'en disant que ces crits des Pres taient exa- grs, et que ce n'tait que de belles hyperboles (2) . Rienn'est moins vrai que cette assertion mensongre, qui n'estqu'un subterfuge ordinaire de l'hrsie.

    Quant au consentement universel et non interrompu del'Eglise, outre les paroles du concile de Nice et de Constanti-nople, Je crois un seul baptmepour la rmission despchs,on le prouve par le baptme des enfants, qui fut toujours re-gard comme valide, bien qu'il ne puisse pas exciter la foichez les enfants. Ce fait et la pratique constante de l'Eglise onttoujours fait le tourment des novateurs, qui n'ont jamais puen diminuer la force probante, puisque ce sont deux t-moignages clairs et irrfragables de la vrit de la doctrinecatholique.

    En effet, si ce que nous venons de dire dmontre que lavertu des sacrements de la nouvelle loi est telle qu'elle contientla grce et la confre [ex opre operato) ceux qui sont biendisposs, il s'ensuit de l 1 . que ces sacrements diffrent quant leur efficacit et essentiellement de ceux de la loi ancienne,

    (1) Chap. 8, que Rigault a annot ainsi : Il a examin ce passage avecsoin, et il a nonc formellement le baptme, l'onction, le signe de croLx,l'imposition des mains (la confirmation), l'eucharistie. Voy. Pamelius, in h. l.

    (2) Institut., liv. IV, chap. 14, 26. Voici en entier ce qu'il dit : Les loges immodrs donns par les Pres nos signes, et appliqus aux sacrements, ont tromp ces malheureux sophistes (les catholiques). Par exemple, ce passage de saint Augustin: Que les sacrements de l'anciennev loi promettaient seulement le Sauveur, tandis que les ntres donnent le salut. N'ayant point remarqu que ces manires de parler taient figura- tives, ils admirent leurs dogmes figuratifs comme des vrit,3 -felles.

  • 28 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL. CIIAP. II.et non pas par le rite seulement, ainsi que le voudraient lesnovateurs. C'est donc avec raison que le concile de Trente adit, can. 2 : Que celui qui soutiendra que les sacrements de la nouvelle loi ne diffrent de ceux de l'ancienne que par les crmonies et le rite extrieur, soit anathme (1). Il s'en-suit 2. que la formule des sacrements n'est pas seulementnonciative, mais conscratoire , ainsi que le prtendent nosadversaires, consquemment leur systme sur la foi, qui estseulement excite et alimente par les sacrements. 3. Il s'en-suit encore que tous les sacrements de la nouvelle loi ne sontpas gaux entre eux et qu'ils ne sont pas inutiles au salut, ainsique les hrtiques le dduisent de leur mme principe, commele concile de Trente l'a dfini contradictoirement en ces termes,canon 3 : Celui qui dirait que ces sept sacrements sont telle-)) ment gaux entre eux, qu'il n'y a rien qui rend l'un plus auguste que l'autre, qu'il soit anathme; et can. 4 : a Si quelqu'un nie que les sacrements de la nouvelle loi soient inutiles au salut , et que l'on puisse sans les recevoir, ou au moins sans le vu des sacrements, obtenir de Dieu la grce de la justification par le moyen seul de la foi, bien que tous ne soient pas ncessaires tout le monde, qu'il soit ana- thme. En effet, toutes les consquences de leur principesont condamnes par le concile de Trente ; si on renverse leprincipe, toutes les consquences croulent, sans qu'il soitbesoin de les rfuter l'une aprs l'autre.

    Objections.

    I, Obj. i . Les saintes Ecritures attribuent la foi seule lapuissance de justifier, mais non au baptme, pas plus qu'auxautres sacrements. Saint Cyprien s'exprime ainsi au c. 1 5, v. 9,des Actes des aptres : Dieu n'a mis aucune diffrence entre eux (les Gentils) et nous, en purifiant leur cur par la foi. Et dans sa I ptre, chap. 1, v. 23 : Ayant t rgnrs par la parole de Dieu, qui vit et subsiste ternellement Et c'est cette parole qui vous a t annonce par l'Evan- gile. Et encore dans la mme pitre, chap. 3, v. 21 : Le baptme, dit-il, non celui cpii consiste purifier la chair de ses souillures, mais celui qui, engageant la conscience se

    (1) Quant au sens de ce canon, voyez ce ipxo nou3 Jisona aux note* dadorniir i-liapitre.

    I

  • DE l'efficacit DES SACREMENTS DE LA NOUVELLE LOI. 29

    conserver pure pour Dieu, vous sauve par la rsurrection de Jsus-Christ. C'est ce qui a fait dire saint Jacques,au chap. 1, v. 18 : Il nous a engendrs par la parole de vrit. Saint Paul est du mme sentiment que les autresaptres, lui qui a crit non-seulement dans son ptre auxHbreux, chap. 10, v. 38, mais encore dans toutes les autres : Le juste vit de la foi. Dans celle aux Romains, chap. 10,il attribue le salut et la justice la parole de la foi, qui estannonce; dans celle aux Ephsiens, chap. 5, v. 2'6, il attribuela purification de la vertu

    ,

    qui est inhrente au baptme, laparole de vie, c'est--dire la parole de la doctrine, commel'explique saint Jrme; 2. les catholiques ne peuvent pas lenier, s'ils sont consquents avec eux-mmes, puisqu'ils ad-mettent que Dieu seul est l'auteur de la grce, et que3. l'efTet des sacrements dpend des dispositions de ceux quiles reoivent. Donc :

    B.p. la premire obj. Il faut distinguer : Les saintesEcritures attribuent la foi seule la justification comme dispo-sition premire, d'oii dpendent toutes les autres et la justifi-cation elle-mme, je l'accorde, comme cause formelle et effi-ciente de la justification, je le nie. En effet, la foi, d'aprs leconcile de Trente, est le principe du salut de l'homme et la source de toute justification, sans lequel il est impossible de plaire Dieu et de parvenir l'hritage de ses enfants (1). On voit par l comment on peut rpondre tous les textesqu'on peut citer rencontre de notre proposition et auxobjections qu'on peut lever contre elle; car si la prdicationde la parole de Dieu n'et point trouv d'esprit docile, et siceux auxquels elle tait porte, rsistant la grce divinequi accompagne la prdication de l'Evangile eussent refusd'ouvrir leur cur l'impression de la grce divine qui l'ac-compagne toujours, ils n'auraient pu ni tre baptiss niobtenir le salut. Ce n'est donc qu' la foi, en tant que dispo-sition indispensable au baptme, ainsi qu'aux autres sacre-ments, qu'ont trait les paroles apostoliques que nous avonscites (2).

    (1) Sess. V, chap. 8.

    (5) Ce qui fait l'erreur de nos adversaires, c'est qu'ils confondent la con-dition indispensable pour que les adultes reoivent les fruits des sacrementsavec la cause formelle de ces fruits. Cette condition consiste dans les dispo-sitions requises, dont la premire est la foi, de laquelle toutes les autrea

  • 30 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL. CHAP. Il,Rcp. la deuxime obj. Je distingiie : Les catholiques ad-

    mettent que Dieu est l'autour de la t!,rce et sa cause eiliciente,et qu'il la confre l'aide des sacrements, comme cause instru-mentale et secondaire, je l'accorde, mais par exclusion dessacrements, je le nie. Car Dieu communique la grce et lasanctification au moyen des sacrements, comme l'aide designes pratiques ou d'instruments.

    Rp. la troisime obj. Je distingue : D'aprs la doctrinecatholique, l'effet des sacrements dpend des dispositions deceux qui les reoivent, comme de conditions ncessaires toute chose cre, pour qu'elle ait sa puissance d'action, jel'accorde, mais comme dpendant des dispositions du sujetcomme source de l'efficacit de la cause, je le nie. Il n'y a riende plus actif que le feu , et cependant , si vous ne lui donnezpas d'aliment , il ne pourra pas dvelopper son activit ; on nedira pas nanmoins que le bois , ou tout ce qui peut tre unaliment pour le feu, lui donnent la facult de brler (1).

    I. Inst. Dans son trait 80, sur saint Jean, n. 3, saintAugustin expose les textes que l'on tire de l'Ecriture sainte,de faon leur faire signifier que les sacrements tirent de la foiseule leur vertu de justification. Sur ce texte de Notre-Seigneur, en saint Jean, chap. 15 : a Vous tes pure, cause de la parole que je vous ai dite , le saint docteur crit : Pourquoi ne dit - il pas : Vous tes sanctifis par le bap^y> tme, qui vous a purifis, mais^ar la parole que je vous ai dite, si ce n'est que parce que la parole ne purifie qu'avec l'eau? Retranchez la parole, l'eau n'est plus que de Feau; unissez la parole l'lment, et vous faites un sacrement qui est comme une parole visible D'o vient cette puis- sance de l'eau qui sanctifie le cur quand elle est rpandue sur le corps, sinon de la parole, non parce qu'elle est pro- fre, mais parce qu'elle est crue? Car, dans cette parole, autre chose est le son qui s'vanouit, autre chose la vertu immanente. C'est l la parole de foi que nous vous au- nonons, dit l'Aptre, que si vous confessez de bouche quey> Jsus est le Sauveur, et que si vous croyez dans le cur que Dieu l'a ressuscit d'entre les morts, vous serez sauv.

    liront leur source et dpendent absoluineut. outo dilUcult dipui'oit, et letextes de l'Evangile deviennent claii'i, si ou supprUue cette auibijjuitd'f'Xpri'aaions.

    (1) Voy. Bellarniin^ Truite dea sacremeuld, liv. Il, chap. 9.

  • DE L EFFICACIT DES SACREMENTS DE LA NOUVELLE LOI. 3

    1

    En effet, on croit dans le cur pour la justification, et on con-fesse de bouche pour le salut. C'est ainsi qu'on lit aux Actesdes aptres : Purifiant leurs curs par la foi; et saintPierre, dans son pitre : C'est ainsi, dit-il, que le baptme vous sauve, et non la purification, des souillures de la clinir, mais le tmoignage d'une bonne conscience. Cest l laparole de foi que nous vous annonons, laquelle, sans aucundoute, donne au baptme sa vertu sanctifiante et purificative.Car le Christ, vigne avec nous et laboureur avec son Pre, aaim l'Eglise et s'est sacrifi pour elle. Voyez l'Aptre et lisezce qu'il ajoute : Afin de la sanctifier, dit-il, en la purifiant par le baptme de l'eau, dans la parole. La sanctificationne serait donc point attribue l'etfusion d'un lment , si onn'y ajoutait dans la parole. Ainsi donc, selon saint Augustin,les paroles de l'Ecriture sainte doivent s'entendre de la justi-fication par la foi seulement; donc les paroles sacramentellesne sont pas conscratoires, mais seulement nonciatives etfaites pour exciter la foi.

    Rponse. Je distingue l'antcdent. Les sacrements tirentleurs effets de la foi, chez les adultes, comme d'une dispositionou d'une condition sans laquelle ils n'ont aucune valeur justi-ficative, je raccorde, mais comme cause formelle de la justi-fication, je le nie. La proposition de saint Augustin n'a pasd'autre sens que de dmontrer la ncessit de la foi chez lesadultes qui reoivent le baptme. Mais il enseigne que la foide l'Eglise, par l'autorit de laquelle ils sont baptiss, suffitaux enfants; ce que nous dmontrerons un peu plus loin.

    Afin de mieux comprendre le sens du passage de saint Au-gustin, nous allons l'examiner phrase par phrase, pour faciliterles rponses aux objections que nos adversaires prtendent entirer.

    Le saint docteur cite ces paroles de Notre-Seigneur : Vous avez t purifis par la parole que je vous ai annonce, pour dmontrer que si les adultes n'ont pas la foi en la parolede Notre-Seigneur Jsus-Christ avant de recevoir, ou du moinsau moment o ils reoivent le baptme, son effet est nul poureux

    ; ce qui est prouv par les paroles par lesquelles le Sau-veur institua ce sacrement; ce que fait voir videmment letexte de saint Jean, chap. 3, oij le Sauveur s'adresse en cestermes Nicodme : Celui qui ne renait pas, etc., )> et decelui de saint Matthieu, dernier chap. de son vangile, o il

  • 32 TRAIT DES SACREMENTS EN GNRAL. CIIAP. II.promulgua ensuite la ncessit du baptme, en disant sesaptres : Enseignez toutes les nations, et baptisez-les au nom du Pre, etc. )^

    Or, il ajoute : Retranchez la parole, et l'eau n'est plus que de l'eau ; unissez la parole l'lment, et vous faites un sacrement, c'est--dire, en ajoutant la formule prescritepar Notre-Seigneur pour la collation du baptme, on fait unsacrement. Il est bien vident que cette parole que l'on joint l'lment, dans la pense de saint Augustin, est la formule dubaptme : Je te baptise, etc.; c'est ce qu'explique le saint doc-teur au troisime livre de son Trait du baptme, contre lesdonatistes, chap. 15 et autres (1). Il n'y a aucune raison quipuisse faire soutenir qu'un enseignement ou la prdication dela doctrine de l'Evangile est la parole qui s'unit l'lment,1. parce que la prdication prcde le baptme et ne lui estpoint concomitante; 2. parce qu'on s'en abstient dans le bap-tme des enfants; 3. parce qu'en supprimant la parole de laprdication, l'eau du baptme donne au nom du Pre, etc.,n'est pas purement de l'eau , mais une eau sainte et sacramen-telle, comme le fait parfaitement remarquer Bellarmin (2) ;4. enfin parce que, sans cela, la prdication des hrtiques, oils blasphment contre la doctrine de Jsus-Christ , serait uneparole, laquelle unie l'lment constituerait un sacrement;ce qui est une absurdit.

    Mais afin qu'il ne vnt l'ide de personne que les parolesdu baptme sanctifiaient par elles-mmes, indpendammentde toute foi chez les sujets, saint Augustin ajoute : D'o vient l'eau une vertu si etficace, qu'en touchant le corps elle purifie la conscience, si ce n'est au moyen de la parole, non point parce qu'elle est profre, mais parce qu'elle est crue? Comme s'il disait : N'allez point croire, cependant,que les paroles que prononcent les ministres de l'Eglise, dansl'administration du baptme, suffisent pour la purification dela conscience. Car si celui qui reoit le baptme ne croit pointen Jsus-Christ, selon la prdication des paroles de la foi parles aptres, et s'il ne croit d'une ferme foi le son des pai'olesmatrielles employes pour la conscration de l'eau ne ren-

    (1) N. 20, o il crit : Pourquoi, si par ces paroles do rEvaugik : Au nom du Pire, etc., Marciou consacrait lo baptme, c'est que le sacrouieut tait complt par elles. Voy. aussi le luuie, chap. 14.

    (2) Liv. Ij des Sacrements, c. 20, n. 3.

  • DE l'efficacit DES SACREMENTS DE LA NOUVELLE LOT. 33

    terment pas une vertu cleste [Car il y a dans la parole et unson qui s'vanouit et une vertu immanente, ainsi qu'il le ditencore), il ne reoit pas l'effet de la purification spirituelle. Lapurification de l'me vient donc de la foi que nous avons parla parole de Dieu.

    Si on objecte le baptme des enfants, la foi de l'Eglise suffitpour eux, tant baptiss par son autorit. Cette parole de foi, dit-il , a tant de prix dans l'Eglise, que par cette foi (ou, comme d'autres l'entendent (1), imr cette parole] croyante, offrante, bnissante, mouillant tant soit peu l'enfant , elle le purifie. Nos adversaires passent sous silence tout ce texte.Aprs ces prliminaires , nous allons rpondre syllogistique-nent et en forme aux objections que les adversaires prtendenttirer de l.

    D'abord, disent-ils, saint Augustin, loc. cit., affirme qu'ilentend dire cette mme parole du Sauveur de ce texte : Vous tes purifis cause de la parole, etc. Or, ces mots ex-priment la parole de l'Evangile ; car tel est le sens des parolesde Notre-Seigneur : a Or, vous tes purs, partie que vous avez cru ma parole. Donc, 2. saint Augustin dit de celteparole qui purifie, non parce qu'elle est profre, mais parcequ'elle est crue : C'est l la parole de foi que nous vous annonons, dit l'Aptre, etc. Or, la parole de foi prchepar les aptres tait les enseignements de Notre-SeigneurJsus-Cbrist, ou la prdication de l'Evangile. Donc saint Au-gustin n'entend point par l quelques paroles en particulierqui soient la forme des sacrements.

  • 34 TRAIT DES SACRE5IENTS EN GNRAL. CHAP. H.Pour la deuxime objection, je distingue la majeure. La

    parole qiii purifie parce qu'elle est crue , est appele par saintAugustin parole de foi prche par les aptres, raison de sonobjet et parce qu'elle fait partie des paroles du Sauveur, aux-quelles doivent adhrer par la foi ceux qui reoivent le bap~tme, je l'accorde, autrement, je le ?iie. Ainsi croulent toutesles autres objections des adversaires (1).

    II. Inst. 1. Saint Augustin, livre XV du Trait de laTrinit, ch. 26, n. 46, nie que les aptres aient jamais donnle Saint-Esprit, quand mme ils auraient administr les sacre-ments. 2. Que les enfants, bien qu'ils ne croient pas par eux-mmes, croient par la foi de l'Eglise, ainsi que l'affirme encorele saint docteur au livre VI de son Trait contre Julien.3. C'est pour cela que l'Aptre ne met aucune diffrence entreles sacrements de l'ancienne loi et ceux de la nouvelle. Il diten effet, dans sa premire ptre aux Corinthiens, chap. 1 etsuiv. : Nos pres ont eu la mme nourriture spirituelle que nous. Or, comme il tablit ici une comparaison entre lescrimes des Juifs et ceux des chrtiens, dont la nourriturespirituelle ne les mit point l'abri des coups de la justicedivine, il tait oblig de faire voir qu'il n'y avait aucune dis-tinction entre eux et nous, cause des avantages dont il nevoulait pas que nous tirassions une vaine gloire. Donc saintPaul les gale nous par rapport aux sacrements (2). 4. C'estce que reconnat parfaitement saint Augustin dans le premierlivre de son Trait contre Julien, o il dit que les sacrementsde l'ancienne loi sont gaux en valeur ceux de la nouvellealliance. 5. Les autres Pres ne diffrent point de sentiment,puisqu'ils appellent les sacrements des signes, des marques,des symboles, des gages, etc. , de la grce donnepar la foi. Donc :

    Je rponds la premire objection. Je distingue : SaintAugustin dit que les aptres n'ont point donn le Saint-Espritpar leur propre vertu, ainsi que le donnent le Pre et le Fils,je raccorde; mais qu'ils ne l'aient point donn eu tint quecause ministrielle, je le nie. Le texte dmontre quelle est lapense de saint Augustin (3).

    (1) Voy. touchant ce texte de saiut Aupustin, Bellarm., loc. cit., et CharleiDiiplessis d'Argeutr, daus son piMit Trait sur l'opiniou de saint Aiiguslia surla pfirole de fui, daus l'ouvrage que nous avons rapport, pag. i05 et suiv.

    (2) Calvin parle de la mme manire, Institution, liv. IV, cli. 14, 23.(3) Voici tout ce passage : Comment 'est-il point Dieu, celui qui donne

  • DE l'efficacit DES SACREMENTS DE LA NOUVELLE LOI. 35

    A la deuxime objection, je dis que les enfants croient assezpour tre baptiss , mais non pour tre justifis par la foi sansle baptme. Car, pour les" enfants, d'aprs le mme saint doc-teur, tre baptis, c'est croire, et n'tre pas baptis, c'est ne

    pas croire (1).

    Je nie la troisime, et je distingue quant la preuve. Sil'Aptre a ici argument apari, je l'accorde; s'il a argumentde la mineure la majeure, je le nie. Car le texte de l'Aptrerevient cela, que si ceux qui ont mal us des signes et desfigures ont pri, combien plus forte raison priront ceux quiabusent de la chose figure? Et l'Aptre ajoute ensuite, enefi'et : Tout leur arrivait en figures (2).

    Pour la quatrime objection, je distingue : Quant la signi-fication, je raccorde; quant la chose signifie, je le nie. C'estpourquoi il crit dans son commentaire sur le Ps. 73, n. 2 ; Les sacrements de la nouvelle loi donnent le salut, ceux de l'ancienne promettaient le Sauveur. A la cinquime, je distingue : Les Pres ont appel les

    sacrements des signes pratiques,

    je l'accorde; des signesspculatifs, je le nie. Ils les ont encore appels des marques,des symboles, des gages, etc., je distingue; de la grceacquise ou obtenir par ces sacrements, je l'accorde, de lagrce que devait donner la foi, je le nie.

    IIL Inst. 1 . Cette formule [ex opre operato) est barbare etccmtraire aux lois de la grammaire (3). EUe est d'autant moins

    le Saint-Esprit ? Bien mieux, quel grand Dieu que celui qui donne Dieu ? En effet, jamais ses disciples n'ont donn le Saint-Esprit. Ils priaient pour qu'ilB descendt sur ceux qui ils imposaient les mains, mais ils ne le donnaient pas par eux-mmes. L'Eglise conserve encore cette crmonie. Le saintdocteur parle videmm