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THéâTRE CRéATION PETITS CONTES D’AMOUR ET D’OBSCURITé LAZARE à PARTIR DE 15 ANS CATéGORIE B Contact secteur éducatif : Maud Cavalca / 03 84 58 67 56 / [email protected] Réservations : 03 84 58 67 67 / [email protected] MERCREDI 12 NOVEMBRE à 20H JEUDI 13 NOVEMBRE à 20H VENDREDI 14 NOVEMBRE à 20H à LA COOPéRATIVE

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ThéâTre créaTion

petits contes d’aMour et d’obscuritéLazare

à parTir de 15 anS

caTégorie B

contact secteur éducatif : Maud cavalca / 03 84 58 67 56 / [email protected]éservations : 03 84 58 67 67 / [email protected]

mercredi 12 noVembre à 20hJeudi 13 noVembre à 20hVendredi 14 noVembre à 20hà La coopératiVe

Sommaire Distribution .............................................................................................................................................. 3

Note d’intention ...................................................................................................................................... 4

Repères biographiques ............................................................................................................................ 5

Lazare par Jean-François Perrier ......................................................................................................... 5

Biographie ........................................................................................................................................... 5

Activités préparatoires ............................................................................................................................ 6

Se questionner sur le titre ................................................................................................................... 6

Découvrir l’écriture de Lazare ............................................................................................................. 6

Analyser les extraits ............................................................................................................................ 8

Le conte et le fantastique .................................................................................................................. 10

Après la représentation ......................................................................................................................... 11

Remémorations et impressions......................................................................................................... 11

Les textes pour poursuivre le voyage avec Lazare... ......................................................................... 12

Conseils bibliographiques ...................................................................................................................... 13

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Distribution

Écriture et mise en scène Lazare

Avec 9 interprètes acteurs et musiciens (distribution

en cours)

Production Vita Nova Coproduction Théâtre de la Commune CDN d’Aubervilliers, Le Granit, Scène

nationale de Belfort, Le Grand T–Nantes, Comédie de St Etienne (production en cours)

Carte blanche à Lazare

Dossier réalisé à partir de celui de la Comédie de Valence autour du spectacle Rabah Robert :

http://www.ac-grenoble.fr/action.culturelle/blogWP/wp-content/uploads/2012/11/DP-Valence-

Rabah-Robert.pdf

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Note d’intention

Il est important pour moi aujourd’hui de mettre en avant et de faire entendre la volupté de la langue.

Le langage pour moi est déjà un monde, et le monde dans ses pluralités.

Après Passé-je ne sais où, qui revient, Au pied du mur sans porte et Rabah Robert, je n’avais pas envie

d’aller vers une grande histoire épique mais plutôt de me recentrer sur une petite histoire sur

laquelle je mettrais une grande loupe pour regarder comment les événements se produisent en

l’individu.

En l’occurrence, trois contes, trois histoires concises, avec un sujet précis et des enjeux à chaque fois

singuliers pour chaque histoire.

Les illisibles. À la lisière du monde rêvé et du monde réel se trouve la Nichée, grande école fantôme

où les enfants restent pour l’éternité. Trois figures. Léonard est comme Don Quichotte, tout ce quʼil

rêve apparaît devant lui et il croit que c’est la réalité. Jérôme est un garçon différent, très grand au

milieu des petits. Agnès est une sainte parmi les saintes et montre de temps en temps son sexe dans

la petite cabane. Léonard désire la voiture transformable de Jérôme pour se sauver du monde et de

ses règles déchirantes, pleines de mauvaise foi.

Quelqu’un est Marie est une pièce brève pour deux femmes et un homme. Marie perd son amoureux

qui s’appelle Vladimir. Femme seule, elle a subi un événement qui l’a traumatisée. Quelque chose

qu’elle refuse de voir. À partir de là, elle se dédouble pour se questionner elle-même, et pour essayer

de comprendre ce qu’il n’est plus possible d’entendre. Elle se dédouble et sa raison apparaît devant

elle. À partir de là, un débat avec sa voix pensée va engendrer déconvenues et péripéties. Vladimir

qui est mort revient la voir.

Homme quiconque, pièce dans le métro. À la marge, un homme rêve d’une femme quʼil a aimée et

qui a disparu. Cet homme vit dans un pays quʼon suppose occupé, on ne sait pas sʻil délire ou sʼil est

paranoïaque. Il rêve dʼune femme quʼil a aimée, et dʼun seul coup est déchaîné par des affects et des

passions, et assassine un autre homme. Son monde intérieur prend le dessus sur lui dans la solitude,

et la folie sʼempare de lui. Nous sommes tous plus ou moins fous.

Dans ces trois contes, il y a toujours une opposition entre le monde réel au-dedans, qui est la voix de

la pensée, et le monde réel au-dehors. Et au lieu de les mettre toujours face à lʼautre, jʼessaie de les

faire converger et se mélanger.

Ce que je pense ou sens à lʼintérieur, cette voix de la pensée qui nʼest peut-être pas autre chose que

la voix des rêves, je la mets tout dʼun coup à lʼextérieur comme une vision subjective dʼun

personnage. Ce que le personnage croit apparaît devant lui, et le jeu du théâtre se trouve à cet

endroit-là. Et ensuite, confronté à la réalité, il y a ces illusions brisées qui apparaissent et quʼon voit

naître. Lʼhomme a besoin de savoir et il sonde les choses et il rêve les choses et il construit un

manteau de chimères, et à travers ce manteau, on voit ses mensonges et aussi ses trahisons.

Pour les Petits contes dʼamour et dʼobscurité, jʼimagine un espace miroitant et réfléchissant, comme

la pensée, minéral. Des grandes vitres, du plexi transparent, du mirollege, tout ça pour dédoubler

lʼespace et le temps. Pouvoir donner place à cet ailleurs de la pensée, à des reflets déformants de

notre réel, à notre subjectivité et notre imaginaire.

Puis dʼun seul coup toutes choses disparaissent derrière des voiles noirs, et la présence de lʼêtre-là au

monde, en face de nous, dans un récit et une adresse directe au spectateur. Lazare, 25 octobre 2013

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Repères biographiques

Lazare par Jean-François Perrier

Lazare a franchi un jour les portes du Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis. Depuis, il n’a plus quitté

les salles et les plateaux, écrivant ses premières pièces et multipliant les rencontres avec des

metteurs en scène tels Josef Nadj, François Tanguy, Claude Régy ou Stanislas Nordey, qui l’invite à

rejoindre l’École du Théâtre National de Bretagne. Auteur dès son adolescence, improvisateur dans

les lieux publics, il devient acteur et metteur en scène avant de créer, en 2006, sa compagnie Vita

Nova, dont le nom est une référence à la Divine Comédie de Dante. Autour de Lazare se constitue un

« noyau dur » de fidèles collaborateurs qui vont l’accompagner dans une grande aventure théâtrale

débutée en 2008. Une trilogie qui s’ouvre avec Passé – je ne sais où, qui revient, suivi en 2011 de Au

pied du mur sans porte, deux titres empruntés à Pessoa, avant de se conclure, temporairement, avec

Rabah Robert. Cette trilogie s’est construite autour du personnage de Libellulle, double de l’auteur,

et de sa famille. Une famille entre France et Algérie, réunie autour d’une mère à forte personnalité

qui a sa propre langue, et d’un père absent-présent, une famille d’un de ces quartiers de banlieue qui

subit et se bat. Mais le théâtre de Lazare n’est pas pour autant un théâtre documentaire. C’est un

théâtre qui vit à travers l’écriture, un théâtre de rêve, de fragments, de retours en arrière, de

frottements, de vrai et de faux, un théâtre qui fait de la parole recomposée le cœur de la

représentation. Une parole écrite, rythmée comme une partition, dont l’oralité traverse le corps des

acteurs et leur donne une énergie vitale. Pas de jugements, pas d’explications, pas de lieux communs

dans ce théâtre qui bouscule autant les formes de représentations que l’écriture dramatique. (Extrait

de la brochure de la 67ème édition du Festival d’Avignon)

Biographie

Lazare a vécu son enfance dans une cité de Bagneux. Il ne sait ni lire ni écrire jusqu'à l'âge de

vingt ans. Il découvre l'art théâtral au Théâtre du Fil (théâtre de la Protection judiciaire de la

jeunesse). Lazare y commence à lire en déchiffrant des poèmes et écrit ses propres textes.

Engagé par Stanislas Nordey comme ouvreur au Théâtre Gérard-Philipe à Saint-Denis, il y découvre

les spectacles de François Tanguy, Jean-François Sivadier et Claude Régy. Après avoir écrit et mis en

scène ses trois premières pièces, il entre sur les conseils de Stanislas Nordey à l'école du Théâtre

national de Bretagne où il se forme entre 2000 et 2003.

Avec sa compagnie Vita Nova, Lazare crée le spectacle Passé – je ne sais où, qui revient où il évoque

les massacres de Guelma, en Algérie. Sa pièce Au pied du mur sans porte est un succès critique.

Lazare cherche à y éviter toute vision « naturaliste et misérabiliste de la banlieue. » La pièce raconte

l'histoire du jeune garçon Libellule, à l'âge de sept ans puis de quinze et de dix-sept et si cette histoire

de jeunesse en banlieue peut sembler courante, le traitement qui en est fait est singulier ; grâce

notamment à la langue que les personnages parlent. Le texte est selon le journal Le Monde « un

mélange de poésie textuelle et sonore proche du slam, d'art brut, d'étrangeté langagière propre à

déjouer les clichés. » Selon le journal L'Humanité il s'agit « [d']une langue bien vivante, truculente,

qui roule des mécaniques mais recèle des visions poétiques, oniriques en des endroits inattendus.

Elle vit, palpite, respire, souffle, crache, témoigne du bruissement de l’humanité, des éclats du

monde qui nous parviennent par bribes. »

Source : wikipédia

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Activités préparatoires

Se questionner sur le titre

Le spectacle de Lazare s’appelle Petits contes d’amour et d’obscurité. Demander aux élèves d’émettre

des hypothèses. Qu’est-ce que l’on peut supposer à partir du mot « contes » ? Qu’est-ce cela

provoque de mettre côte à côte les mots amour et obscurité ?

Découvrir l’écriture de Lazare

Extrait de Passé - je ne sais où, qui revient

« J’écrivais une petite fille dans une maison calcinée, le plafond délabré empêtré de nuages. J’écrivais

un hasard fait de courants atmosphériques où les prises font défaut avec notre vie actuelle.

La bouche bordée de lait, couché, la télévision allumée aux événements militaires ; J’écrivais dans ma

chambre, j’interrogeais des présences.

Ne pas dormir c’était interroger et quelque chose parlait dans mon dos : - « Est-ce toi ? « - « Tu

penses avoir le droit de regarder ici ? « Et ce fut la venue étonnante de ma mère, dans un café, qui

pour une fois me parla de son enfance et j’appris que mon écriture se souvenait de tout.

Nous avons été des anges quelque part. »

Extrait de Rabah Robert, II «Ça c’est l’Algérie»

LIBELLULE. – Elle a mis ses bottes de danseuses !

OURIA. – Oui mes bottes en solde je les tape contre le sol !

Le premier, le deuxième, et on s’envole !

Danse des bottes.

La rue monte devant nous jusqu’à la lune pleine,

on nous laissera poursuivre notre course

car il fait nuit et ils ne peuvent pas arrêter les rêves

ni l’astre qui hante les prisons,

et puis nous ne sommes pas fatigués grâce à mes bottes

nous pouvons sauter par-dessus les ravins,

sauter par-dessus les murs, nous avons plein de muscles,

aucune automobile ne va plus vite que nous !

Quand nous dormons nous ne sommes pas comme les troncs d’arbres dans la neige,

Et d’une légère poussée on devrait pouvoir arracher notre corps à la pesanteur de la terre.

Ils s’envolent

Des oiseaux, on dirait des fleurs !

Ils atterrissent dans le public.

Une rue d’Amsterdam sous la neige.

Libellule et sa mère emmitouflés dans des manteaux, écharpes et bonnets de fortune.

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Extrait de petits contes d’amour et d’obscurité

Le Kilikiwi

LEONARD. - Quand la porte s’ouvre, tu vois pas. C’est un kilikiwi qui vient nous ouvrir quand on rentre

à La Nichée.

Un kilikiwi est un monsieur nigaud qui a mérité son titre parce qu’il s’est fatigué plus que de raison.

Tous les Kilikiwi sont horribles, ils se sont détournés du monde et de ses joies pour s’expédier dans

un au-delà où tout est régi par des lois strictes.

Il se tient toujours juste en l’air au-dessus de nous. Ses mains quand on les serre, ont tout d’un étau.

Je les sens bien. Je lui dis : vous êtes Hercule que le destin n’a pas laissé devenir un proféreur de

raison, c’est pour ça que vous êtes devenu brandisseur de cravaches et Kilikiwi.

Je gratte à la porte de l’école.

- Me voici, on m’a conduit jusqu’ici. Mes parents m’ont laissé sur la route.

Ah les enfants crient encore. Ils vivent dans une boite où il est défendu de venir si l’on n’a pas vécu

de transformation. De toute façon j'entends les cris des enfants, qu'il y ait des enfants ou qu'il n'y en

ait pas. Regardez-moi disparaître, je m'avance vers La Nichée. Mais vous voulez voir vous aussi et

vous vous avancez et vous n’obéissez pas. Vous vous avancez vers la nichée.

Tout est-il prêt ?

Je crache deux fois dans mes mains pour lisser mes cheveux.

J’ai mis sur mon dos un cartable, j’ai l’impression qu'il me tire en arrière et me couche sur un

brancard et ça m’emporte vers la mort.

Quand vous grattez à la porte, le Kilikiwi à l’air de dormir.

Il me dit qu’il a de la peine avec ses cheveux qui grimpent en l’air.

- Que faites-vous ici ? Pourquoi n’êtes-vous pas déjà en classe ! Je l'entends hurler : La règle c’est la

règle qui règne de jour comme de nuit. Voilà, voilà malheureux.

Obéir c'est faire confiance

Faire confiance c'est écouter

Écouter c'est apprendre

Apprendre c'est grandir

Grandir c'est d'être davantage soi même

Être soi-même c'est être libre

Quand la maîtresse passe au fond d’un tourbillon de lumière, le Kilikiwi bouillonne entre les murs et

lève son chapeau avec une vitesse d’exécution merveilleuse.

Je vois que vous avez deux visages, celui d’un singe et celui d’un félin bondissant.

Et le don de vous figer au garde à vous !

Voilà que le Kilikiwi s’envole et me laisse tout seul au milieu de cette école :

- Dans le monde qui est comme une forêt, il faut que vous appreniez à avoir une mince opinion de

vous, me dit le Kilikiwi.

Il pouvait être aussi chaleureux et spontané que glacial.

Il me demanda si j’étais un enfant.

- Pour sûr que je suis un enfant !

J’aurais aimé surenchérir en insistant sur le fait que j’étais un enfant plutôt gentil.

C’était une façon de me donner de l’avancement, mais ça ne passait pas.

À tort ou à raison, je pense que je vais me débarrasser de qui je suis.

Il y a longtemps que ce bâtard de petit garçon que tu es te gêne.

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Monsieur le Kilikiwi, considérant que vous ne m'aimez peut être pas trop, ce que je dis à propos de la

musique mécanique qui parle en moi, que j’ai dû m’obliger quoique je vous raconte, j’arrive pas

m’expliquer, monsieur le Kilikiwi, je renonce à toute explication, mais j’ai une requête à vous faire :

Dans l’intérêt du rapprochement des enfants et du calme, dans le cas d’une rébellion contre le devoir

de nous éduquer, c’est à dire renoncer aux avantages que pourrait m’apporter la voiture

transformable, il serait bien que l’établissement La Nichée, fort applaudie pour son effort

d’éducation, pour en avoir lu le compte-rendu dans le journal, soustrait les heures d’écriture.

J’arrive pas à dire la vérité c’est pour ça que je me sens obligé de sourire.

Nous ne sommes pas seuls, nous sommes tous là les enfants de La Nichée, et ils sont très curieux

d’entendre ce que je vais dire. Il y a un instant je savais mais là je ne dis plus rien.

Personne ne dit ce qui est vrai.

Á La Nichée, les premiers temps, il ne faut pas faire de bruit, il faut être mince et petit. Le Cridou

Cridou m'a dit que mes gamineries gênaient l’humeur générale des maîtresses. Aurais-je oublié que

je souffre d’une absence de lisibilité ? Je n’ai pas ma main pour écrire.

Pour le Kilikiwi il faudrait se tenir tranquille sur un morceau de papier.

Bizarrement l’adresse de La Nichée ne correspond pas avec le système solaire.

J’avais été si grandiose ! Qu’est-ce que je voulais dire ? Je m’étais interrompu au milieu de ma

déclaration si importante.

Le Kilikiwi avait une redingote qui lui allait à ravir. Il caressait sans arrêt sa barbe longue comme celle

d’un petit singe. La mémoire du Kilikiwi venait souvent à s’effacer. Il perdait souvent les choses de sa

tête. Les choses étaient passées par sa tête et en tombaient selon toute vraisemblance.

Pour un Kilikiwi, atteindre 300 ans est tout à fait normal.

Il y a quelque chose de merveilleux dans la ressemblance entre un arbre et un Kilikiwi.

On est dans la grande boite. Dans la grande boite où l'on a retiré la raison.

On est loin, comme sur une île déserte. Cette île c’est La Nichée, c’est notre école. Car nous sommes

des invisibles de la raison. Il est reconnu que mon écriture est illisible. D’ailleurs on nous appelle les

illisibles en général, non pas les invisibles, quoique pour certain on voudrait devenir invisibles.

Voilà comment je compte m’en sortir, sortir de cette petite boite et pouvoir m’évader de la boite

dans laquelle La Nichée est enfermée, car c’est une boite dans laquelle nous vivons tous.

Cette boite se nomme la raison.

L’autre fois, le Kilikiwi m’avait ouvert la porte et m’avait demandé… vraiment ses grands yeux

brillaient assurés que je ne m’en sortirai jamais.

Je lui ai dit : Kilikiwi, je ne comprends pas pourquoi la maîtresse qui est une princesse ne prend plus

soin de moi. Elle m’a complètement délaissé pour s’occuper de Jérôme. Je les vois en train de se tenir

la main, alors que je n’ai fait que donner le meilleur de moi-même. C’est pour ça que mes hurlements

l’embêtent. Mes hurlements sont faits pour rappeler que je suis là.

Sur une musique de Bob Dylan.

Analyser les extraits

À partir de ces extraits, essayer de les analyser à partir du vocabulaire suivant. Les élèves pourront

ainsi évoquer :

- une atmosphère (euphorique, idyllique, austère, morbide, triste, sordide, mystérieuse,

onirique, mystique…)

- une coloration (sentimentale, romantique, champêtre…)

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- une écriture (baroque, classique, blanche…)

- un effet (saisissant de suspense, d’attente, qui pique la curiosité…)

- une impression, une notation (psychologique, spatiale, temporelle…)

- une observation (précise, pénétrante, minutieuse…)

- une portée (universelle, symbolique, révolutionnaire…)

- une réflexion (amère, sereine, désabusée, profonde…)

- une sensation (auditive, visuelle, olfactive, gustative…)

- un sentiment, une signification (psychologique, morale, politique…)

- un thème (original, traditionnel, populaire…)

- une technique (impressionniste, picturale, novatrice, traditionnelle, originale…)

- un style (original, sec, ample, incisif, elliptique, oratoire, familier, soutenu, délié, heurté…)

- une tonalité (comique, satirique, bouffonne, burlesque, grotesque, polémique, critique,

dramatique, pathétique, tragique, lyrique, solennelle, intimiste, ironique, sarcastique,…)…

Un mot, un vers, une phrase, un texte, une œuvre…

accentue, confirme, dénote, rappelle, allie, constitue, dépeint, explique, caractérise, construit,

présente un caractère, exprime, comporte, se compose de, crée, développe, compose, décrit,

énumère, illustre, confère, montre, met en évidence, évoque, implique, indique, oppose, signifie,

insiste (sur), présente, situe, produit, renseigne, souligne, met l’accent (sur), qualifie, suggère,

rappelle, représente, suscite, restitue, symbolise, reflète, résume, traduit, relie, retrace, unit,

renforce, révèle…

Un procédé stylistique ou une figure de rhétorique…

connote, dénote, révèle, donne au lecteur (l’impression, l’illusion, le sentiment de), oppose, revêt,

témoigne de, souligne, anime, renforce, appuie, met en valeur, met en évidence, signale, rapproche…

Un narrateur, un romancier, un poète…

accumule, déplore, mentionne, affirme, désigne, met en garde, alerte (sur), dessine, analyse, prône,

approfondit, dresse (le portrait), propose, recourt à, brosse ou ébauche (un portrait), emploie,

réfute, campe (un personnage), esquisse, (re)trace, exalte (un héros), célèbre (un sentiment),

s’indigne de, communique, expose, s’insurge, consacre, fait l’éloge de, critique, tente de, déclare,

introduit, transfigure, définit, ironise (sur), use de, utilise…

L’auteur, le locuteur…

réussit (à), évoque, cherche (à), s’efforce (de), se contente de, souligne, fait ressortir, insiste (sur),

s’appuie (sur), fait allusion (à), dénonce, justifie, étaye, avance, développe, décrit, introduit, suggère,

se propose de, commente, analyse, explique, décrit, adopte (tel fait textuel), procède par, s’emploie

à, renvoie à, qualifie, précise…

Le personnage…

séduit, éprouve, rencontre, ressent, perçoit (comme), confronte, traduit, est sensible à, réalise,

procure, émerveille, se caractérise comme, fascine, apprécie, apporte, considère, (s’)enthousiasme,

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(s’)imagine, impressionne, soupçonne, découvre, souffre (de), apparaît (comme), soulève, néglige,

suscite, déplore, incarne, représente, constitue un exemple de, se pose en modèle de, est

caractéristique de, est représentatif de…

Le lecteur…

admire, éprouve, s’interroge, ressent, comprend, est ému, partage, découvre, est touché, perçoit, se

demande, s’identifie, se projette, considère que, se demande si, adhère à, ressent, devine,

comprend, apprécie, reconnaît, goûte plus particulièrement,…

Source : http://www.etudes-litteraires.com/vocabulaire-analyse-litteraire.php

Le conte et le fantastique

Le titre du spectacle nous donne un « univers » précis : celui du conte.

Selon le dictionnaire Larousse, « le conte est une narration, généralement courte, ayant pour sujet

des aventures imaginaires ou fantastiques. Le conte littéraire dérive directement du conte populaire,

mais à la différence de ce dernier qui appartient à la littérature orale et reste le plus souvent

anonyme, il est le fruit d'une véritable création littéraire et peut donc être facilement rattaché à un

auteur, à une époque ou encore à un mouvement. Parce qu'il entretient des liens étroits avec la

littérature orale, parce qu'il a longtemps été considéré comme genre secondaire et peu sérieux, et

enfin, parce qu'il semble parfois se confondre avec d'autres formes proches comme la nouvelle ou la

fable, le conte est un genre difficile à cerner. Il a néanmoins connu une assez bonne fortune littéraire

et nombreux sont les auteurs qui se sont laissés tenter par cette forme narrative. Ainsi, tout au long

de l'histoire littéraire, le conte s'est développé sous des formes multiples (du conte de fées au conte

fantastique en passant par le conte philosophique) et s'est répandu dans toutes les littératures. Cette

diversité, si elle rend complexe toute tentative de définition du conte en tant que genre littéraire,

témoigne paradoxalement de toute sa richesse. »

L’écriture de Lazare se caractérise-t-elle par des aventures imaginaires ? Est-on réellement dans le

conte ?

Dans l’écriture de Lazare, la narration est complexe, il n’est pas aisé de raconter les intrigues tant les

péripéties, les personnages foisonnent, tant le passé lointain, la réalité et l’ordre du rêve, du

fantastique s’entremêlent dans un même présent et une même évidence.

J. P. Thibaudat dit des pièces de Lazare qu’« elles ne sont pas construites en actes mais en visions.

Pas de logique narrative terre à terre, pas d’explications. Chaque séquence est porteuse d’énigmes

comme sont les poèmes. Les pièces avancent par agglutinations, bifurcations et sauts dans le

temps ». Chronique Théâtre et Balagan

Voici ce que répond Lazare :

« En fait, ce ne sont que des réalités transformées qui sont activées, qui agissent. D’ailleurs on passe

la moitié de notre temps à dormir, l’autre moitié à être éveillé. Et il y a une partie d’ailleurs où on est

éveillé et où on dort aussi. Dans ces espèces de rêves, qu’on pourrait appeler des rêves mais qui ne

sont pas des rêves, les personnages prennent réellement le train, ils s’en vont vraiment en train

traverser le temps, le temps de la mémoire. Je considère que le théâtre est un endroit où les temps

peuvent se rencontrer, se confronter, se briser, se croiser.

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On a quand même eu de grands auteurs qui sont passés avant nous : Beckett, Kantor qui pour moi

est une forme d’auteur, Kantor qui fait des traversées de temps fulgurantes. Ce ne sont pas

forcément des rêves. Il ne faut pas se laisser attraper par le piège du rêve. »

Pour aller plus loin :

On peut citer d’autres œuvres au croisement de la réalité et du rêve :

- Le théâtre baroque : La Tempête, Shakespeare, L’Illusion comique, Corneille, La Vie est un songe,

Calderon.

- La pièce de Wajdi Mouawad, Littoral, 1999 (premier volet du triptyque Le Sang des promesses)

Après la représentation

Remémorations et impressions

Recueillir les premières impressions des élèves sur le spectacle en leur demandant de recenser les

moments qui leur ont semblé les plus réussis. Cet exercice a pour objectif de faire réfléchir les élèves

sur la mémoire collective du spectacle. Quels sont les moments de l’action qui ont le plus marqué les

mémoires ? Pourquoi certaines scènes leur ont-elles semblé particulièrement réussies ?

Pistes de lecture

Revenir sur la mise en scène et donner des hypothèses de sens.

Pour Lazare, le théâtre va au-delà des histoires que l’on raconte, mais offre une lecture du monde.

« Ce qui m’intéressait c’était comment avec des idées on fabrique des individus. On fabrique aussi

des doctrines ; comment réagir face à ces doctrines-là. [...] Le théâtre, pour moi, est l’endroit où

j’arrive à respirer, à accepter des choses terribles, où je retrouve l’amour et même la violence des

êtres, que j’accepte totalement, où je peux comprendre le monde. C’est un endroit, un temps où les

possibles peuvent advenir. Mais ils peuvent aussi advenir dehors. Ce que je vois au théâtre va me

donner une lecture de ce que je vois dehors, autour de moi. C’est un endroit où il faut réfléchir le

monde.» Le Carnet d’or–émission du 6 juillet 2013, France Culture

Le théâtre est une manière de regarder le monde, de le poser devant soi et de le questionner.

Comment fait-on pour vivre ensemble, faire l’amour ensemble, partager ensemble. C’est cet endroit-

là du théâtre qui m’intéresse. Comment fait-on pour réinventer le réel et le nommer. Et comment on

pense. Comment on n’a pas juste des opinions, pignon sur rue, comment arrive-t-on à créer de la

pensée. Le théâtre doit ouvrir ces espaces-là et travailler là-dessus dans un moment où justement on

est complètement happé par tout ce qui est multimédia, par l’opinion publique, retranché dans des

moments où les groupes se retrouvent ensemble : religieux avec religieux, gens d’origine avec gens

d’origine. Le théâtre donne cette possibilité de mettre des oppositions face à face et de les faire se

parler.

Ce que j’appelle théâtre, c’est l’art de l’instant avec une langue qui réinvente le monde, qui convoque

le monde sur le plateau avec ce qu’on appelle une compagnie.

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En 2013, notre monde était en bouleversement complet. Je pense aux révolutions arabes, ce

soulèvement dont on ne sait pas trop s’il a été orchestré ou pas. En tout cas, le peuple, à un moment

s’est dressé et a demandé à se sauver de la dictature et de ses enfermements.

Tout ça pour être, par la suite, récupéré. Du coup, en 2013, j’ai écrit Rabah Robert. Ce fut un an

d’écriture qui traite du rapport France Algérie, Rabah et Robert.» La Dispute-émission du 23/12/2013,

France Culture

Les textes pour poursuivre le voyage avec Lazare...

Un extrait de la Première méditation de Descartes, 1641, qui résonne étrangement avec les propos

de Lazare sur l’entrelacement entre rêve et réalité : « Combien de fois m’est-il arrivé de songer, la

nuit, que j’étais en ce lieu, que j’étais habillé, que j’étais auprès du feu, quoique je fusse tout nu

dedans mon lit ? Il me semble bien à présent que ce n’est point avec des yeux endormis que je

regarde ce papier ; que cette tête que je remue n’est point assoupie ; que c’est avec dessein et de

propos délibéré que j’étends cette main et que je la sens : ce qui arrive dans le sommeil ne semble

point si clair ni si distinct que tout ceci. Mais, en y pensant soigneusement, je me ressouviens d’avoir

été souvent trompé, lorsque je dormais, par de semblables illusions. Et m’arrêtant sur cette pensée,

je vois si manifestement qu’il n’y a point d’indices concluants, ni de marques assez certaines par où

l’on puisse distinguer nettement la veille d’avec le sommeil, que j’en suis tout étonné ; et mon

étonnement est tel, qu’il est presque capable de me persuader que je dors.

Supposons donc maintenant que nous sommes endormis, et que toutes ces particularités-ci, à savoir,

que nous ouvrons les yeux, que nous remuons la tête, que nous étendons les mains, et choses

semblables, ne sont que de fausses illusions ; et pensons que peut-être nos mains, ni tout notre

corps, ne sont pas tels que nous les voyons. Toutefois il faut au moins avouer que toutes les choses

qui nous sont représentées dans le sommeil, sont comme des tableaux et des peintures, qui ne

peuvent être formées qu’à la ressemblance de quelque chose de réel et de véritable ; et qu’ainsi,

pour le moins, ces choses générales, à savoir, des yeux, une tête, des mains, et tout le reste du corps,

ne sont pas choses imaginaires, mais vraies et existantes. Car de vrai les peintres, alors même qu’ils

s’étudient avec le plus d’artifice à représenter des sirènes et des satyres par des formes bizarres et

extraordinaires, ne leur peuvent pas toutefois attribuer des formes et des natures entièrement

nouvelles, mais font seulement un certain mélange et composition des membres de divers animaux ;

ou bien, si peut-être leur imagination est assez extravagante pour inventer quelque chose de si

nouveau, que jamais nous n’ayons rien vu de semblable, et qu’ainsi leur ouvrage nous représente

une chose purement feinte et absolument fausse, certes à tout le moins les couleurs dont ils le

composent doivent-elles être véritables.»

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Conseils bibliographiques

Du même auteur :

- Orcine et Faïence (1999)

- Cœur instamment dénudé (2000)

- Purgatoire (2000)

- Les morts ne sont pas morts - Les cendres sont germes - je ferme les yeux et viens me perdre dans

l’eau qui dort (2007) Bourse d’encouragement du Centre National du Théâtre (2007)

- Passé - je ne sais où qui revient (2009) Bourse de création du Centre National du Livre en 2007

- Au pied du mur sans porte (2011) Festival d’Avignon 2013.

- Rabah Robert – Touche ailleurs que là où tu es né (2012)

Les textes de Lazare sont publiés aux Éditions Voix Navigables et aux Solitaires Intempestifs