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UNIVERSITE DU Q UE B EC MEMOIRE A L'UNIVERSITE DU QUEbEC A T RO IS- RIVI E RES COMME EXIGENCE PARTIELL E DE LA MAITRJSE ES A RTS (LETTRES) PAR JEAN-PAUL HAMOIR, B.Sp. Lettres (Littér a ture française) LE S STR UCTUR ES ET LEUR S SIGN JFICATI O"S DANS LA LITT rRAT lI RE FRA\C.\I5E Janvier 1973

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  • UNIVERSITE DU QUE BEC

    MEMOIRE

    PR~SENTE A

    L'UNIVERSITE DU QUEbEC A TRO IS- RIVI ERES

    COMME EXIGENCE PARTIELLE

    DE LA MAITRJSE ES ARTS (LETTRES)

    PAR

    JEAN-PAUL HAMOIR, B.Sp. Lettres (Littrature franaise)

    LES STRUCTUR ES RO~lANESOUES ET LEURS SIGN JFICATI O"S DANS LA LITTrRATlI RE FRA\C.\I5E

    Janvier 1973

  • Universit du Qubec Trois-Rivires

    Service de la bibliothque

    Avertissement

    Lauteur de ce mmoire ou de cette thse a autoris lUniversit du Qubec Trois-Rivires diffuser, des fins non lucratives, une copie de son mmoire ou de sa thse.

    Cette diffusion nentrane pas une renonciation de la part de lauteur ses droits de proprit intellectuelle, incluant le droit dauteur, sur ce mmoire ou cette thse. Notamment, la reproduction ou la publication de la totalit ou dune partie importante de ce mmoire ou de cette thse requiert son autorisation.

  • REMERCIEMENTS

    Nous tenons ici remercier M. Jean-Paul Lamy qui a bien voulu

    prendre ce travail en charge. Notre thse a bnfici de toute son

    attention et de ses conseils aviss. M. Lamy a suivi avec beaucoup de

    diligenc~ nos travaux de recherche , l ' volution de notre travail ainsi

    que son laboration. Nous tenons le remercier pour sa largeur de

    vue qui nous a permis de nous exprimer plus librement,et pour sa bien-

    veillanc e qui nous a fortement encourag poursuivre nos recherches.

    Nous tenons galement remercier M. Maurice-Jean Lefebvre,

    Professeur l'Universit de Bruxelles,auteur du rcent ouvrage:

    Structure du discours de la posie et du rcit . Il a bien voulu nous

    accorder une entr evue et nous prodiguer ses encouragements .

  • TABLE DES MATIERES

    BIBLIOGRAPHIE

    INTRODUCTION

    CHAPITRE

    l

    II

    COMMUNICATION

    Communication en gnral Dfinition Diffrents aspects de la communi cation

    texte sens signification information

    Elements qui dsignent le loc~teur Elments qui dsignent l'interlocuteur Cod~ et dcodage Feed-back

    Roman comme communication Dfinition Diffrents aspects de la communication

    texte sens signification

    Roman ou message esthtique sens ou "narration" signification "littraire"

    ROMANCIER ET ROMAN

    Problme du romancier face au roman Oeuvre crant le romancier Romancier fabriquant le roman Aspects biographiques et autobiographiques Distanciation roman-romancier . Romancier refusant d'tre "fabricateur"

    de roman

    Roman dvoilant le romancier par certaines techniques

    Romancier dmiurge Les interventions de l'crivain

    page

    vii

    l

    5

    27

  • Narrateur Gnralits

    divers types de narrateurs narrateur "diffrent" du romancier

    Narrateur voil

    . cach absent ou qui se veut tel

    Vision Dfinition Sortes de vision

    vision avec vision par derrire

    un personnage deux ou plusieurs personnages

    vision par dessus

    III ROMANCIER ET LECTEUR

    IV

    deux termes de l'activit romanesque

    Romancier crateur Diverses thories Romancier comme crateur Divers "moi" crateurs Oeuvre d'art qui "se fait" sans crateur

    Lecteur Gnrali ts Lecteur de soi-mme Diverses lectures d'un roman Lecteur inclus dans l'oeuvre Romancier, lecteur d'autrui

    TEXTE DU ROMAN ET GRAMMAIRE TEXTUELLE

    Texte du roman Dfini tion Trois systmes de signes

    narration digse auto-caractrisation

    Discours, ou grammaire textuelle Fonction

    Diffrentes thories Propp Brmont Barthes Todorov Flaubert

    Problme particulier: texte fonction-nant comme une phrase

    Opinion personnelle: trois types de squences

    dtermination caractrisation digression relation entre les squences

    ii

    56

    85

  • v

    Discours, ou "units suprieures" causalit

    dfinition roman forte causalit roman faible causalit roman sans causalit

    Problmes particuliers texte plusieurs discours discours sans fin mise en abyme

    LE PERSONNAGE Hros et personnages

    Essai de dfinition dfinitions contradictoires selon les

    crivains hros classique: un lutteur hros li l'action hros incarnant des situations conclusion: difficult de donner une

    dfinition du hros car il est changeant

    Aspects permanents du hros trois mythes hro~ques

    naissance oracle ddoublement

    "hro~sation" du personnage pourquoi procds

    adversaires du hros hros et destin

    116

    Evolution de la conception de hros: du hros classique au hros moderne qui s'anantit, lie l'volution de la socit

    volution moyen ge XVIe sicle XVIIe sicle XVI Ile sicle XIxe sicle xxe sicle

    Hros au point de vue structural classification des personnages

    dfinition . diffrents types

    confident adjuvent-opposant mdiateur existentiateur indiffrence homme-rcit

    iii

  • VI

    VII

    PERSONNAGES DU ROMAN: "JE", "TU", "IL", "VOUS"

    Introduction: problme du "je" et du "il": roman objectif ou subjectif

    Roman la troisime personne: problme du "je" selon Barthes du "j e" vers le "il" le "il" chez Blanch.ot le "il" chez Nathalie Sarraute le "on" chez Nathalie Sarraute

    Roman la premire personne dfinition types divers

    "je" romancier "je" narrateur

    le "je" faire :i=ecteur dire = narrateur chez Soller chez Beckett

    diffrents types de romans selon Todorov selon Romberg

    le "je" dans divers romans roman par lettres roman picaresque roman confession monologue intrieur

    le "je" clat chez Proust chez d'autres auteurs

    problmes particuliers le "je" dans L'Etranger le "j e" chez Soller le "je" chez Nathalie Sarraute le "je" chez L.R. des Forts

    Roman la seconde personne: le "vous" et le "tu" chez Butor

    DIALOGUE

    Gnralits: dfinition importance du dialogue

    Parole directe et par~le indirecte

    Conversation signifiante personne acte explication oracle dcors romancier

    iv

    . 60

    182

  • VIII

    Conversation insignifiante non significative contradictoire

    Sous-conversation

    Personnage incapable de parole

    ROMAN ET REALITE

    Roman, ralit et socit roman comme reflet de la ralit socia l e

    description de la ralit globale description des groupes sociaux reprsentation diffrente selon l es

    poques roman comme critique de la socit

    roman comme reflet de la r ali t ? ralisme mitig et/ou absent dans le roman texte s'auto-engendrant

    Romans et mythes mythes sociaux

    dfinition diffrents mythes dans le roman

    Psyche Cain mal Don Juan OEdipe double deux femmes mythes solaires mythes de l'amour

    mythes personnels: psychocritique

    Dcors dfinition opposition description-narration deux types de description: significative et

    esthtique description esthtique

    202

    description esthtique proprement dite description non significative

    description significative problmes particuliers

    dcors mythiques auteurs:

    Choses procds

    les Goncourt Zola Proust Green Roussel

    objet significatif

    v

  • objet non-significatif ou "mat" objet qui remplace le personnage et/ou objet

    vivant Roussel ou les mots chosifis

    IX TEMPS ET ESPACE

    CONCLUSION

    Temps Gnrali ts

    dfinition problmes du temps dans le roman

    pass prsent

    chronologie anti-chronologie instantani t

    Problmes particuliers mythe de l'ternel retour temps mythique chez Roussel

    Espace Dfinition Roman comme espace: la page Espace dans le roman: .

    essai de dfinition conception de l~espace chez certai ns

    crivains.

    vi

    266

    302

  • BIBLIOGRAPHIE

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    - Zraffa, Michel, Discussion sur la communication de Jcg~ Petit , dans Le roman contemporain - actes du colloque de Strasbourg , Paris, Klincksieck, 1971.

    Personne et personnage, l'evolution esthtique du ralisme roma-nesque en occident de 1920 1950, Paris, Klincksieck, 1969 .

    Roman et socit, Paris, P.U.F., 1971.

    - Zumthor, Le roman courtois: essai de dfinition, dans Etudes littraires , v. 4, no 1, Qubec, P.U.L., 1971.

    *

  • INTRODUCTION

    Les tudes sont fort nombreuses , qui ont t consacres au roman.

    Nous pourrions ci ter, mais en oubliant combien d' autres, les travaux de

    Messieurs Thibaudet, Albrs, Zraffa, Lukacs, Goldmann ... Menti onnons

    aussi l'ouvrage que viennent de publier Messieurs Bourneuf et Oue llet .

    Tous ces crits, toutes ces tud~s visent cerner une cert aine

    ralit de l'univers romanesque, lucider les problmes qu'el le pose.

    La critique marxiste, par exemple, tablit un lien entre la production

    littraire et la production de biens de consommation. Et nous pourrions

    discourir longuement sur l'apport de la critique thmatique, de la cri -

    tique sociologique, sans oublier, bien sr, les travaux mens par les

    tenants de la critique traditionnelle Ces diverses manires d'envi -

    sager le roman sont, n'en pas douter, fructueuses . Il suffit, pour

    s'en convaincre, de considrer la somme de publications qu'elles engen -

    drent. Il faut cependant regretter que ces diverses mthodes critiques

    tendent devenir exclusives. Ce n'est plus le roman qui est tudi,

    c'est le roman vu sous l'clairage d'une thorie. L'approche que fait

    Monsieur Escarpit est fort diffrente de celle qu'opre Monsieur Gold-

    mann , or tous deux se rclament d'une sociologie de la littrature. On

    mesure alors la diffrence qUl les spare d'un Mauron, d'un Barthes .. .

    Toute cri tique se ramne en fait . deux grands axes: dcrire

    et/ou juger; seul ce qui est dcrit, ou apprci, varie d'une approche

  • 2

    l'autre. Mis:, toute description est souvent superficie lle en ce

    sens qu'elle reste la surface de l'oeuvre. Le co~~entaire effleure

    "l'objet" ou un aspect de cet objet. Gustave Lanson, par exemple,

    lorsqu'il crit: "L'Education sentimentale [ ... ] c'est l'aplatisse-

    ment lent et progressif d'une me par la vie; ce Frdric Moreau est

    un mdiocre et un faible [ ... ],,1, ne fait que livrer un rsume succinct

    de l'oeuvre, additionn de commentaires. Ces remarques ne nous servent

    de rien pour savoir ce qu'est l e roman, et mme, pour savoir ce qu'est

    L'Education sentimentale. En fait,dcrire c'est toujours trahir , c'est

    toujours diminuer. L'arbre ne se ramne pas , au mot "arbre", l' arbre ne

    se rduit aucun mot. Alors, comment dcrire l a f ort? Toute descrip -

    tion se rduit donc un effort pour atteindre l'oeuvre dans ce qu'e lle

    a d'essentiel. Mais ce qui est accessoire pour une poque peut tre

    l'essentiel d'une autre. La description totale d'un roman. c'est en

    dfinitive, la totalit du roman.

    Une tout autre manire d'envisager la critique est celle que

    dcrit Monsieur Macherey: "Au fond de l'attitude critique, il y a,

    sous-entendue, mai s dterminante, cette affirmation "il pourrait ou

    devrait en tre autrement,,2. La critique normative, dfinie ainsi,

    met un jugement Elle s'attache, pour se faire, non pas ce que le

    roman est, mais ce qu'il devrait tre. Arm d'un modle parfait, l e

    critique souligne les dfauts. Mais qui justifie la validit de ce

    1 G. L. Lanson, Histoire de la littrature franaise, Paris, Hachette, 1906, p. 1,057.

    2 P. Macherey, Pour une thorie de la production littraire, Paris, Maspero, 1970, p. 25.

  • 3

    modle - que personne n'a crit? Que penser d'une critique qui se fonde

    non pas sur ce qui est, mais sur ce qui devrait tre? Comment approuver)

    de nos jours, l'opinion de Monsieur Faguet qui accueille par ces termes

    L'Education sentimentale: "Les incidents ne se commandent pas les uns

    les autres [ ... ] beaucoup paraissent plaqus ici sans qu'il y ait de

    raison,,3, et qui finit par rendre son verdict en jugeant l'oeuvre pro-

    fondment ennuyeuse.

    Ces deux attitudes critiques finalement subjectives l'une CO~Tle

    l'autre, nous valent une kyrielle de ,dfinitions. Toutes prtendent

    cerner le "roman", toutes sont contradictoires, toutes se r vl ent,

    ellf:in, inefficaces .

    Or il nous faut replacer le roman dans son vritable domaine.

    Ecrire une oeuvre, c'est pour le romancier oprer un choix de moyens .

    . "L'art de l'crivain tient la faon dont il dessine les limites de

    cet espace, qui est le corps visible de la Littrature"~. Le romancier ,

    pour largir le propos de Monsieur Genette, est confront non seulement

    au problme personnel de sa langue et de son style, mais encore ce lui

    du choix des techniques narratives. Face son oeuvre "en puissance",

    il lui faut dterminer toute une srie d'attitudes qui feront prendre

    corps l'oeuvre, qui 1 '''informeront''. Cette latitude dans les moyens

    provient d'un fait que la critique a souvent tendance oublier: il

    n'y a pas de "Roman", il y a des romans. Et les oeuvres sont souvent

    3 E. Faguet, Flaubert, Paris, Hachette, 1922, p. 122.

    ~ G. Genette, Figures, essais, Paris, Seuil, 1966, p. 208.

  • 4

    fort loignes les unes des autres moins par le "contenu" que par la

    manire de narrer. Il existe un monde entre les aventures de Pantagruel

    et celles de Candide; l'histoire est essentiellement la mme : c'est

    l'expression d'une certaine sagesse. Rabelais a fait un choix de moyens

    narratifs, Voltaire en a opr un autre. Mais ce choix ne se justifie

    pas par la seule oeuvre crire. Parce que le roman est, d'abord, un

    "vouloir dire", il est communication. Entre le romancier et le lecteur

    s'tablit un lien. Ecrire et lire font partie d'une charne, ce sont les

    synonymes d'mettre et de recevoir. Ce sont les "termes" de l'acte de

    communiquer, c'est--dire d'une volont de mettre en "commun" une certaine

    exprience. Cela implique non pas une "histoire" raconter, mais une

    certaine intention de communiquer, mais l'emploi judicieux de moyens,

    c'est--dire l'utilisation de certains codes.

    Cette optique nous conduit examiner le roman partir d'un sys-

    tme plus large mais qui l'inclut: la communication trois termes

    telle que l'a tablie Karl Buhler, en 1934, . dans Sprachtheorie, et qui a

    trouv une expansion particulire en linguistique grce aux travaux de

    Troubetzkoy (principes de phonologie). Ce modle triadique nous offre

    un point de dpart: le roman qui est un moyen d'expression l'intrieur

    de la fonction de communication suppose toujours trois lments: un

    metteur, un rcepteur et un obj et de communication.

  • CHAPITRE PREMIER

    COMMUNICATION

    De tout temps, l'homme confront un univers, des forces qui

    souvent le dpassent et le menacent, a voulu conjurer sa peur. I l a

    voulu comprendre et expliquer, car il croyait trouver dans les "tho-

    ries" de quoi chasser son angoisse.

    Or les connaissances que l'homme, dans sa relation avec le monde,

    peut acqurir, semblent s'orienter en deux grands courants - comme le

    fait justement ressortir le professeur Abraham Moles. C'est, d' abord,

    un ensemble de disciplines qui se regroupent sous le dnominateur-

    commun qu'est la physico-chimie, disciplines qui, toutes, dcri vent

    l'univers sous son aspect nergtique. L'homme dcouvre ainsi une fa-

    cette de la ralit, la dimension scientifique du monde. Attel une

    tche ambitieuse qui vise expliciter l'univers, le cher cheur se donne

    un rle essentiel. Il met toute son attention exprimenter , consta-

    ter; il met toute son intelligence dduire, laborer lois et

  • 6

    thories. Pourtant, dans le discours scientifique, l'homme ne s'impli-

    que jamais. Observateur "scrupuleux", tmoin "impartial", logicien

    "parfait", l'homme n'est amen qu' jouer, dans le champ scientifique

    qu'un rle extrieur. La thorie de Newton nous parle de l'univers,

    tente de le dcrire, de l'expliquer, elle ne nous rvle jamais l'Homme .

    L'humain est singulirement absent du domaine scientifique. Les tho-

    ries ne rvlent le chercheur que par la voie oblique, en dmasquant un

    contexte socio-culturel, en rvlant la conception du monde qu'une po-

    que envisageait.

    Lorsque l'homme reprend sa place dans l'univers, lorsqu'il s'atta-

    che, ainsi, dcrire les modes et les types de relation qu'il noue avec

    le monde, avec ses semblables, voire avec lui-mme, il emprunte alors la

    seconde alle de la connaissance. Il parcourt une voie prilleuse qui

    dbouche sur le monde de la "communication". L'homme doit y faire essen-

    tiellement appel aux donnes de la conscience dirige nonvrs des objets

    scientifiques, mais vers le champ des relations entre les tres. De l

    cette tude qui s'intresse entre autre au "Message" que l'homme reoit

    du monde extrieur, de ses semblables, et ses ractions.

    Depuis quelques annes, partir de recherches effectues en

    Amrique du Nord, il s'est dvelopp ' une thorie qui vise la communica-

    tion comme telle. Cette thorie s'est rapidement annex des aspects

    purement mathmatiques, (sous l'influence notamment des compagnies de

    tlphone qui considrent, videmment, les seules dimensions techniques

    du problme). En effet, entre le locuteur et son interlocuteur inter-

    vient un double systme de codage-dcodage qui transforme la communication

  • en impulsions lectriques et inversement, faisant basculer ainsi le

    message dans un domaine purement scientifique.

    Systme intermdiaire .

    ++++++ Locuteur --------- +Systme 1+---------

    Message (M)+ + + + + + codage

    + + + + + + inter-+Systme 11+--------- locuteur +++++ + M

    dcodage

    C'est l, pourrions-nous dire un aspect qui parasite la Gommuni-

    7

    cation qui peut fort bien s'tablir sans le recours de systme i nterm-

    diaire (tlphone). Ce n'est videmment pas l'aspect physique ou

    mathmatique auquel nous voulons nous arrter dans cette tude mais

    l'acte de communication lui-mme.

    Selon le dictionnaire Larousse, la "Communication" est "l'action de

    communiquer". Ce dictionnaire n'est gure plus explicite puisqu'il

    dfinit ainsi "communiquer": transmettre ... donner connaissance de.

    Nous restons sur notre faim. Cette dfinition est trop simpliste et

    limite. La communication ne serait simplement que l'acte de transmettre,

    de donner connaissance de ... Mais "qui" donne connaissance de "quoi"?

    Comment cette connaissance est-elle transmise? A "qui"? Comment est-

    elle reue? Autant de questions qui restent en suspens.

    Nous n'avons Pas l'intention de rpondre, et de manire exhaustive,

    toutes ces interrogations. Nous dpasserions alors, trs largement ,

    le cadre de ce travail. Nous voulons, ici, nous borner cerner le plus

    exactement possible quelques aspects du problme.

  • 8

    Dans son apparence la plus immdiate, la communication se compose

    de deux lments: le "Contenu" (ou "doxa" selon la terminologie grec-

    que) c'est--dire, ce qui doit tre communiqu, et l'''Acte de communi -

    cation" proprement dit. Ce dernier, lui-mme, prsente trois lments:

    un "locuteur" (ou metteur), un "message", un "interlocuteur" (ou

    rcepteur). Ces donnes peuvent se traduire, trs simplement, par le

    schma suivant:

    ACTE DE Message Locuteur ----------------Interlocuteur

    COMrvruNICATION (metteur) (rcepteur)

    Il convient ds prsent de noter qu'il n'y a pas identit entre

    le "Contenu" et le "Message". Le "Message" est porteur d'un sens qui

    est celui que le "locuteur" veut transmettre, c'est--dire le "Contenu";

    mais il n'est pas ce sens ou ce "Contenu".

    L'tude des actes de communication nous apprend que quand un tre humain communique avec un autre, il labore un "message" sur la base d'un "code" de conventions communi -catives qui vaut l'intrieur d'un groupe social et d'une situation historiqe. On obtient les meilleures condi-tions pour le passage de la communication lorsque celui qui reoit le message le dchiffre sur la base du code mme employ par l'metteur. l

    Le passage du "Contenu" en "Message" s'opre par l'intermdiaire du locu-

    teur. Il choisit pour cela un "code". Ce "code" assure la transformation

    . du "Contenu" en un systme structur et signifiant. Le sens du systme

    devant tre le plus proche possible du "Contenu" exprimer. Le locuteur

    n'est donc pas un simple metteur passif, c'est un "Codeur" .

    1 U. Eco, Problme de la rception dans Critique sociologique et critique psychanalytique, Bruxelles, Institut de sociologie, 1970 , p. 14.

  • 9

    Les codes utiliss sont multiples, ils vont des signes mathmat i -

    ques la signalisation routire, en passant par la lgende cartogra-

    phi que , la hraldique .... 2. Il semble bien que le code par excellence

    soit celui de la langue. L'interlocuteur n'est pas, lui non plus, un

    tre passif; c'est" un "Dcodeur". Le dcodage, condition d'tre

    fait de la manire la plus rigoureuse possible (selon le code uti lis

    par le locuteur) doit livrer l'interlocuteur le "Contenu", selon l e

    schma suivant.

    Contenu X------ Emetteur R cepteur ------ Contenu X MESSAGE

    code code

    codage dcodage

    Ce schma suppose le meilleur des cas, savoir celui o le coda~e et

    le dcodage auraient traduit parfaitement le "Contenu'l. Les codes uti-

    liss se rvlent donc multiples et divers. Ce sont tous des systmes

    de signes; depuis le simple chiffre mathmatique jusqu'au caractre ar abe,

    sans oublier les affiches, les mimiques .... Tous ces systmes relvent

    d'un domaine qui semble s'largir constamment: la smiologie, telle que

    Roland Barthes la dfinit. Tous ces signes n'ont pas mme "valeur" , et

    il convient, par exemple, de distinguer l"'indice" du "signal". Un si-

    gnal est univoque, on ne peut le dcoder que d'une seule manire.

    Ainsi, pour reprendre un exemple classique, la signalisation routi re

    qui ne prte, en principe, ni interprtation ni discussion. Un indi-

    ce est multivoque, il possde une multitude de dcodages possibles.

    2 Pour l'tude des systmes de communication non linguistique , voir: Georges Mounin, Introduction la smiologie, Paris, Ed. de Minuit, 1970; Julia Kristeva, Recherches pour une smanalyse, Pari s , Seuil, 1969.

  • 10

    L'acte d"'encodage" linguistique est loin d'tre acte simple .

    Il est soumis un certain nombre de rgles ou de contraintes. Nous

    prendrons pour expliciter ces normes le schma donn par W.J. Paisley.

    +++++++++ +++++ + ++ + + THE ALL LANGUAGE NORM + + + + + + + + + + + ++++++ + ++++++ + + + + + + + + Regional norm + + + + + + +

    Channel norm + + + Si tuational + + Familial norrn + + + + + + + + + + + + + + Individual norm + + + + + + + + + + + + + + + + + + +++ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + Structural norrn + + + Topic norrn + + + + + + + + + + + ++++++++++++ + +++++++++++

    + MESSAGE 3

    Ce schma dispose les contraintes auxquelles est soumise la communica-

    norrn

    tion, selon un certain ordre. Il convient ici de les distinguer. Nous

    envisageons d'abord le "langage commun" qui est constitu par l'ensem-

    ble des mots d'une langue tel que les livrent les dictionnaires, ainsi

    que par l'ensemble des rgles syntaxiques qui rgissent cette l angue.

    Nous considrons ensuite le "langage rgional" qui est l'usage r estreint

    fait de la langue dans une rgion donne; c'st aussi l'usage particulier

    qu'un groupe ou une communaut font de cette langue.

    3 W.J. Paisley, Studiing Style as Deviation frorn Encoding Norms, dans The Ana1ysis of Communication Content, New-York, Wiley & Sons, 1969, p. 140.

  • 11

    Le "langage familial" est dlimit par l'utilisation caractristi-

    que de la langue faite par le milieu familial du locuteur. Cettenorme

    se rvle particulirement importante durant l'enfance. Le langage

    personnel: est celui du locuteur. Il est la rsultante des nor mes prc-

    dentes ainsi que des acquisitions personnelles du locuteur , au fur et

    mesure de ses expriences et de son enrichissement/appauvri s sement. Il

    convient de noter ici que ces normes, passant du gnral au parti culier,

    ont une influence trs relative les unes par rapport aux autres. Le

    langage personnel d'un Rabelais, par exemple, tait de l oin suprieur

    celui d'un Mauriac. L'un crait une langue, l'autre tait un utilisateur.

    Deux tendances visent imposer tous et chacun l'usage gnral

    du "langage commun". D'une part la langue (plus parti culir ement le

    langage littraire) tend se fixer, et ce depuis le XVIIe si cl e. D'au-

    tre part la scolarisation gagne des couches de plus en plus larges de

    la socit.

    La "norme de situation" caractrise l'interlocuteur qui s' impose

    au discours. L'on ne s'adresse pas en effet de la mme manire un

    notaire, un mdecin, un ministre ... Cette "norme de situation" trans-

    forme "l'action de rmunration" en paye, solde, honoraires , r edevance,

    moluments ... On ne "parle" pas de la mme manire une personne qui

    est: attentive ou distraite; hostile ou sympathique; rser ve, ner-

    veuse, tendue ... La "norme du canal" est impose par le type de "voie"

    par laquelle le message sera achemin . . Dans la communication l i nguisti -

    que, l'on distingue deux "canaux": la langue crite et la langue orale .

    La "norme du sujet" est dtermine par la nature du sujet trait. Une

  • 12

    note de service, une lettre d'affaires, un essai, un discours, sont

    des manires fort diffrentes de communiquer, auxquelles correspondent

    des rgles prcises. La norme de structure ' dpend du genre litt-

    raire abord, posie, roman, th~tre ... Toutes ces normes s'imposent

    au locuteur. Elles n'ont pas toutes mme valeur ou mme importance .

    Elles ne sont pas toutes galement impratives. Mais elles consti -

    tuent ce que Monsieur Greimas appe11e "un rseau apriorique"". E11es

    constituent, aussi, un ensemble d'o se dgagent trois tendances, trois

    types de "contraintes". Les "contraintes sociales" imposent un code

    comprhensible pour un public large (restreint); les "contraintes

    structurelles" s'organisent selon la nature du sujet trait, du genre

    littraire abord, du canal utilis; les contraintes relationnelles

    envisagent l'interlocuteur, sa nature, son rle social, le code qU'il

    connaft, son attitude. Toutes ces contraintes, en dfinitive, sont

    imposes au locuteur en vue de l'intelligibilit de son message; ou,

    dirons-nous, d'un dcodage adquatement excut par l'interlocuteur.

    Ces rgles, toutefois, ne sont pas aussi contraignantes qu'on pourrait

    le croire. Prisonnier des contraintes, le locuteur ne jouirait d'au-

    cune libert; il serait astreint une rptition monotone de messages

    convenus. (C'est le cas, par exemple, lors de l'utilisation de syst-

    mes de signes "pauvres": signalisation routire, idogrammes ...

    C'est aussi le cas pour les formules ri~uelles - remerciements, condo-

    lances, voeux de "nouve11e anne" ... ), La communication est aussi

    "l'exercice d'une certaine libert"s. C'est ce niveau que l'on peu'"

    ,. A.J. Greimas, Smantique structurale, Paris, Larousse, 1966, p.36.

    5 Ibidem, p. 36.

  • 13

    parler d'invention et de cration. Cette libert est ncessaire de

    toute vidence pour exprimer un "Contenu" neuf l une "exprience" qui

    n'a jamais t communique. Elle est "normale" parce que l'usage mme

    des rgles en entrane une transgression partielle; principalement

    lorsque le locuteur veut communiquer d'autres propos que de simples

    clichs conventionnels, lorsqu'il veut "personnaliser" son message.

    C'est l notamment l tout le problme du style tel qu'voqu par Monsieur

    Riffaterre (dans Essai de stylistique structurale).

    Ainsi donc le Locuteur (codeur) et l'Interlocuteur (dcodeur)

    ignorent leur rle purement mcanique que joue le couple metteur -

    rcepteur pour devenir des individualistes qui marquent le message de

    leur personnalit:

    + Contenu X----Locuteur +

    + codeur +

    + +Interlocuteur--Contenu X ' + +dcodeur

    Message Crateur----------------------------Interprte

    Le message devient alors la ralisation particulire (indite) d'un

    Enonc qui s'labore en transgressant plus ou moins les rgles apriori-

    ques que nous avons tudies.

    Le locuteur possde encore la possibilit d'organiser son message

    en fonction des facteUrs de temps et d'espace. Il aboutit ainsi des

    formes particulires d'expression. L'utilisation du temps et de l' es-

    pace trois dimensions produit des oeuvres thtrales (ou analogues:

    opras ... ). Les films s'articulent sur le temps et sur un espace

    deux dimensions. Le discours ne requiert l'utilisation que du seul

    temps.

  • 14

    Notons ici qu' ct du temps de dire ou temps de l'nonciation

    du message, existe le temps de lire (ou "temps de perception"). Un

    roman-photo, une bande dessine, un conte se .trouvent en soi figs dans

    le temps. Ils ne .s'animent que sous le regard d'autrui.

    Il convient prsent d'introduire les notions d'Information et

    de "Quantit d'information". Ces deux concepts sont lis au caractre

    de nouveaut et d'impossibilit. Ils sont en gnral utiliss pour

    caractriser ce que nous avons appel le "Contenu". Prenons un exemple.

    Soit une situation donne X, susceptible d'un certain nombre de

    variations. Une monnaie peut ou dvaluer, ou se rvaluer ou encore

    garder sa parit. La rvaluation (dvaluation) peut tre aussi bien

    de 1%, 2% ou 3%. Supposons que toutes ces possibilits aient ~a mme

    chance de se raliser. A l'annonce que cette monnaie est rvalue,

    disons, de 3%, nous constatons qu'une possibilit XC vient de se rali-

    ser. Plus l'incertitude de cette ralisation tait .grande, plus la

    "quantit de nouveaut" c'est--dire d'Information attache cette op-

    ration, tait importante. Lorsque l'annonce de la rvaluation sera

    reprise par voie de journaux, revues ... la quantit d'information devien-

    dra nulle pour nous, du moins, qui avons dj t "informs". Le message

    (annonce) ne fera que reprendre un "Contenu" (rvaluation) dj diffus,

    et donc dj connu.

    Cette quantit d'information dpend donc des lois de ia probabilit.

    On dira que si la solution X offre "x" solutions possibles, et que si

    Xc est la solution ralise -1 tant la reprsentation de la quantit

    d'information, I(Xe) tant la quantit d'information reue lorsqu' on

  • apprend que xo s'est ralis, on a I(xo)=Klog ~, o K est une cons-

    tante 6

    lS

    La "Quantit d'information" peut tre nulle, elle peut tre m:::n-

    male ou se situer des degrs intermdiaires. Une carte de Nol, L '-l e

    publicit rebche comportent une quantit d'information quasimen:

    nulle. Un signal routier prsente une forme parfaitement convenue, Cl1.':

    tout automobiliste conn ah . La quantit d'information attache C o

    signal dpend de son caract&re de prvisibilit . Une lettre d'affalres

    envoye en guise de reponse, contient (selon le caractre attendu d~ la

    rponse) une certaine quantit d'information, mais les formules de

    style conyentionnel ne nous apprennent rien, leur quantit d'infol'na-

    tion est nulle . Il en est de mme pour l es clichs, les poncifs, les

    formules strotypes , tout ce qui dcoule de l'utilisation stricte des

    rgles de rhtorique . Ainsi donc le caractre "informationnel" d'un

    message dpend non seulement du caractre prvisible (ou non) d'un e

    situation, mais aussi de la forme prvue (ou non) de l'Enonce. Ce qvc

    nous pourrions traduire par le schma ci-dessous~

    + + Enonc-------------- l +

    Message++ + + Enonciation--------- ID +

    Les loi s de la probabilit nous ont nermis de quantifier le contenu de

    l'information , et ce indpendamment de la nature du 'f~1ess age", en

    6 Pour l'tablissemc'nt de cette formule, voir l'om'rage de I3rillouin, La sci ence ct la th orie de l ' information, Paris , ~las50r, ct Cie, 1959.

  • 16

    tablissant un rapport constant et inverse entre la quantit de prob a-

    bilit et la quantit d'information. Le "Message" ryle donc une fa ce

    mathmatique. Ce n ' est pas cet aspect que nous voulons retenir, mais

    les trois niveaux constitus par le plan du Texte , le plan du Sens, l e

    plan de la Signification. Nous traduirons ces donnes par le schma

    suivant:

    + Texte +

    Message + Sens + + Signification

    Par "Text e" nous ent endons l ' a spect purement formel (s truc t ural )

    du message . Plus prcisment nous dsignerons , par cette expression , le

    systme de signes (linguistiques) employ, ainsi que les relations qui

    s'tablissent entre ces signes et qui font de ceux-ci un systme, c' est-

    -dire un tout structur .

    Par "Sens ff nous entendons le contenu textuel de l'nonc , c'est: -

    -dire le "pattern unitaire" qui est immdiatement perceptible tOU1:C

    personne qui connat l e code (langue) employ . C'est le Sens qui est:

    fourni par les dictionnaires.

    Par "Signification" nous entendons la rsonnance que revt l e

    message au niveau individuel, qui est celui de l ' interlocuteur. La

    "Signification" dpasse alors le sens lexicologique. Elle devient un

    "sens second" (qui s ' labore au ni veau motif et/ou intellectuel . )

    Ainsi, par exemple, l ' nonc suivant: "~!onsieur, VOliS ~ te s l e

    plus valeureux des hros". Au ni veau du texte, nous pouvons disti r,g:_lf.. r

  • 17

    des mots: nom, verbe, pronom ... qui se structurent en une proposi tion

    (qui, en l'occurrence, est toute la phrase). Au niveau du sens, chaque

    mot renvoie un terme du dictionnaire. Le "Sens" de l'nonc rvle

    une affirmation qui caractrise certaine personne "quant sa bravoure" .

    Le niveau de la signification nous offre par contre un ventail extrme-

    ment large de possibilits: orgueil, plaisir ... ou au contraire : colre,

    dpit .... Le message peut, en effet, tre ressenti comme un compliment

    ou comme une insulte. La "Signification" de l'nonc est: "Vous tes

    brave" ou "Vous tes un lche". Elle comprend galement toute la rac-

    tion motive de l'interlocuteur.

    Pour qui sait jouer habilement des termes, le message peut n'avoir

    d'autre but que de suggrer. C'est l'art de la suggestion dirige?

    Il s'agit de dclencher chez l'Interlocuteur un afflux de Significations

    lies au Sens d'un terme ou d'une expression. Ainsi le mot Far-West

    voque des images telles que: vastes plaines, scheresse, buffles , che-

    vaux, troupeaux de btail ... saloon .... Cette association d'images per-

    turbe le reste de l'Enonc dont le Sens perd de .son importance au profit

    de la Signification, beaucoup plus large et imprcise. Les "divagations

    de l'esprit sous l'effet d'un stimulus vague sont telles que l'impres-

    sion d'un mot rej aillit sur ceux qui prcdent"s. En consquence , le

    texte du message prsente celui qui le reoit un double visage:

    celui du Sens, c'est.--dire ce que l'Enonc exprime en lui-mme: c'est

    le "Contenu brut". Et celui de la Signification, c'est--dire ce que

    ? Selon l'expression utilise par Umberto Eco.

    S U. Eco, L'oeuvre ouverte, Paris, Seuil, 1965, p. 49.

  • 18

    l'Enonc exprime au niveau de l'Interlocuteur lui-mme; il s'agit d'une

    sort-e de "Contnu latent". Il est, en quelque sorte, constitu par une

    multitude-d'interprtations et de ractions motives possibles.

    Nous dirons donc plus simplement que le Message est un Texte qui

    possde un Sens et suggre une ou plusieurs Signification(s).

    Dans certains types de communication, la Signification l'emporte

    sur le Sens. A un niveau simple, l'expression "bonjour" a perdu son sens

    de "je vous souhaite une bonne journe", au profit d'un ventail large

    de Significations; soit qu'il s'agisse de marquer l'amiti, une prsen-

    ce ... A un niveau nettement suprieur, on peut dire qu'un pome est-

    davantage un champ de Significations que l'expression d'un sens, compte

    tenu de certains cas particuliers tels la fable et la satire, qui sont

    bien plus l'utilisation de procds potiques que de la posie.

    Dans son ouvrage Essai de linguistique, R. Jakobson poursuit l'a-

    nalyse du message. Il ramne ses conclusions au schma suivant :

    EMOTIVE REFERENTIELLE

    POETIQUE PHATIQUE

    METALINGUISTIQUE

    CONATIVE

    9

    ,La fonction emoti ve, telle que l'envisage Jakobson, concerne l' atti tude

    du Locuteur par rapport son message. Elle vise faire croire un

    certain tat motionnel (vrai ou faux) ressenti par celui qui parle

    9 R. Jakobson, Essai de linguistique gnrale, Paris, Ed. de Minuit, 1963, p. 220.

  • 19

    l'gard de ce dont il parle (passion, douleur). La fonction conative

    concerne l'Interlocuteur, nous l'avons dj dfinie dans ce que nous

    avons appel "norme de situation"; selon Jakobson cette norme trouve

    "son expression grammaticale la plus pure dans le vocatif ou l'impra-

    ti~'!o. La fonction phatique vise prolonger le message, sans qu' il y

    ait apport de sens. Elle empche l'interruption de la communication

    grce un change (dialogue) de formules toutes faites et creuses.

    La fonction rfrentielle permet l'interlocuteur de s'assurer de la

    bonne comprhension du message en vrifiant que le dcodage se fait

    correctement. Elle engendre des expressions toutes faites du type

    "vous me suivez", "vous me comprenez bien". La fonction potique vise

    le message lui-mme, "l'accent mis sur le message pour son propre comp-

    te, est c.e qui caractrise la fonction potique du langage"! 1 La

    fonctiOn mtalinguistique, enfin, a pour but de parler du langage comme

    tel. Il s ' agit donc d'un message labor propos de la langue ou d'un

    aut re mes sage. .

    L'tude des divers aspects de la "communication" a amen les sp-

    cialistes se pencher sur un certain nombre de problmes qui ne con-

    cernent pas le message comme tel, mais qui lui sont intimement lis .

    Nous en ferons ici une tude trs sommaire.

    Nous envisagerons d'abord ce que l'on range sous l ' .expression de

    "brui t". Au sens strict, on en:tend par l, la perte en partie ou en

    10 R. Jakobson, Essai de linguistique gnrale, Paris, Ed. de Minuit, 1963, p. 216.

    Il Ibidem, p. 218.

  • 20

    totalit du message au cours de l'mission. C'est ce qui se passe,

    pour prendre un exemple simple, lorsque des parasites couvrent la voix

    pendant une communication tlphonique. En tendant cette dfinit ion

    nous pourrions dire qu'il y a "bruit" chaque fois que le Contenu est

    altr, c'est-a-dire chaque fois que le Sens peru par l'Interlocuteur

    subit une dtrioration par rapport au Contenu. Cette altration peut

    se produire en cours de transmission du message, elle peut auss i se

    faire lors des oprations de codage-dcodage. D'o les expressions

    courantes de type: ce n'est pas tout a fait ce que je voulais dire.

    La "redondance" consiste en l'mission d'un excs de signes par

    rapport au Sens, lors d'une communication. Cela se produi t , par exem-

    pIe, lorsque par suite d'une erreur la mme phrase se trouve reproduite

    deux fois de suite dans un article de journal 12

    Le "feed-back" peut engendrer la sursaturation d'une source par

    le message qu'il met. Cela arrive lorsqu'un micro capte le son mis

    par le haut parleur qui lui est reli. Par extension, l'on di ra qu'il y

    a "feed-back" lorsque le message revient au locuteur qui le rediffus e a

    nouveau. C'est le cas d'une personne qui, ressassant ses pr opres paro-

    les, finit par les croire et par les propager.

    La scotomisation est un problme particulier. Il s'agit d'un

    mcanisme qui se dclenche au niveau psychologique. Il met entre paren-

    thses tel aspect d'une ralit, tel lment d'une communication parce

    12 C'est, en soi, un problme qui concerne davantage les t echni-ciens de la communication (gain de temps, d'nergie, suppression de dpenses superflues). La redondance intresse aussi les linguistes. Nous envisagerons le problme ici parce que ce phnomne se produit par-fois dans le roman.

  • 21

    qu'il est ressenti comme dsagrable sinon douloureux. A ce phnomne

    nous pouvons lier ce que Monsieur Goldman appelle le "maximum de

    cons ci ence", qu' il dcrit dans le cas suivant:

    [ ... ] l'affirmation [ ... ] que la grande exploitation agri-cole cooprative prsente des avantages [ ... ] tait une affirmation significative [ ... ]. Or Lnin affirmait . qu'indpendamment de son contenu de vrit, pour des rai-sons relevant du maximum de conscience possible de la paysannerie russe de l'poque, cette affirmation ne pou-vait en aucun cas tre comprise par la masse des paysans 13

    Avec ces derniers aspects, nous voudrions clore 1'tude,fort

    sommaire il va sans dire, de la communication en gnral, tude qui

    nous a conduit distinguer Texte, Sens et Signification, envisager

    diverses formes de Message (seln leurs articulations sur le temps et

    l'espace) et tudierles diffrentes fonctions de ce Message telles

    que proposes par Monsieur Jakobson. Nous voudrions envisager, mainte-

    nant, le problme particulier des oeuvres littraires, plus spciale -

    ment celui du roman.

    Pour toute une catgorie de gens, les oeuvres littraires se pr-

    sentent d'abord comme des objets. Ils s'entassent dans les rayons pour

    leur reliure. On ne les possde que pour les vendre (libraires , bouqui-

    nistes ... ). Certains speculent mme sur leur valeur pcuniaire. Le

    prix en est dtermin par des qualits trangres au "Contenu". C'est lE.

    cas pour les oeuvres originales, les ditions rares, les reliures en

    chagrin ... Le roman est alors une "simple chose", soumise toutes les

    spculations commerciales dont l'objet en est tributaire.

    13 L. Goldmann, Le concept d'information dans la science contem-poraine, Paris, Gauthier, 1965, p. 59.

  • 22

    Pourtant, le roman n'est pas un objet ordinaire, puisqu ' il a pour

    . fonction de "dire". Une statue , une peinture . .. , dans la conception

    cl assique, reproduisent une ralit . Le roman nonce des ralits. Il

    tablit, par l' acte de la lecture (et bien avant mme - mais alors en

    puiss ance - dans l'acte de l' cri ture) une sorte de lien entre l e ro-

    mancier et son lecteur .

    Ecrire un livre, c'est, bien entendu et puisque la litt-rature y t r ouV0 son origine en mme temps que son but , chercher exprimer ce que nul n'a dit jusque-l [ ... ] mais c ' est aussi chercher entrer en communication avec autrui , refaire une communi on [ . .. ] llf .

    C' es t un fait que toute oeuvre littraire vise jeter un pont

    entre l'auteur et le public. Le romancier crit pour tre lu ; son

    oeuvre est "communication" . ~lme si le temp~ peut faire disparatre le

    "locuteur" (romancier) , il demeure un change entre un "vouloir dire"

    (criture) et un "vouloir comprendre" (lecture). Le roman est "conununi-

    cation" parce qu ' il es t "volont de communiquer" . Cette volont peut

    tre explicite pour un Rabelais , par exemple:

    Voulant doncques je, vostre humble esclave, accroistre vos passetemps davantaige , vous offre de present un aultre livre de mesme billon, sinon qu'il est un peu plus qui-table et digne de foy que n ' estoit l 'aultre 15

    Pour la plupart des crivains contemporains , cette vo lont es t tacite .

    Les traits, que nous avons d6finis , et qui sont les caractristi-

    ques et les normes de la co mmunication, nous les retrouverons donc dans

    cet "nonc" littraire qu' es t le roman .

    Ilf R. Guas tall a , Le mythe et l e li vre, Paris, Galli ma rd, 1940, p. I S7 . (

    15 Fr. Pabe l ,s, pyo l oruc aux Ocuvre s con:l1 1 tc s , P r i s , Pl i :ld;.' , \,.lL J, p. 191.

  • 23

    Nous pouvons ainsi dresser les schmas suivants:

    Schma 1:

    Contenu X----Ecrivain--~-+ (source) +

    Roman (message) +----Lecteur---- Contenu X'

    + (rcepteur)

    Schma II:

    o

    Texte Roman

    Sens (message)

    + + + o

    code criture o

    o Signification o

    + + + o

    ] ecture O

    Cependant le roman est un "message" d'un type particulier. Il est

    d'abord un "texte littraire", c'est--dire "un systme combinatoire

    fini de signes l'intrieur du systme combinatoire de la 1angue,,16.

    Comme tout "texte", le roman est constitu par un ensemble struc-

    tur de signes, systme labor partir d'un ensemble dj existant et

    autonome: la langue. Mais, par le jeu de "l'criture", le romancier

    fait passer son "texte" du statut linguistique au statut "littraire".

    Ce passage peut s'oprer par deux voies diamtralement opposes: la

    conformit aux rgles de la rhtorique, ou la "sUbversion" du langage

    (Cline, Queneau, les mouvements d'avant-garde ... ) Dans l'un et l'autre

    16 M. Riffaterre, Essai de sty1isti9ue structurale, Paris, Flamma-rion, 1971, p. 265.

  • cas, il s'opre une vritable rvolution; la langue est dtourne de

    sa fonction propre: celle de signifier la (une) ralit lexicologique

    pour assumer un rle nouveau: celui de rvler une ralit "esthti-

    que".

    Le message, devenu "message esthtique" (roman), cesse d'avoir

    comme but immdiat de communiquer une indic8.tion (plus ou moins claire,

    plus ou moins prcise) en vue de dclencher chez l'interlocuteur (lec-

    teur) un certain nombre d'attitudes, de gestes .... Le roman n'est donc

    pas essentiellement porteur de "renseignements". Toutefois, et parce

    qu'il est "message", il peut assumer ce rle (roman thses, didacti-

    que, moralisateur ... ).

    Le message esthtique offre ainsi un double visage. Il montre

    parce que les mots dont il est constitu renvoient une certaine ra-

    lit (charge de "sens" et de "signification"); et il ~ montre, il se

    dsigne comme rali t littraire (charge de "sens" et de "significa-

    tion"). Ainsi donc, l'oeuvre littraire se prsente comme une sorte de

    "tourniquet": comprenez-moi, je suis "message"; admirez-moi, je suis

    "oeuvre".

    Le "sens" du roman est clair. Il se rsume l'histoire, l'anec-

    docte; nous l'appellerons la "Narration". Cette "Narration" peut

    exister avant le roman, c'est le cas pour tout crivain qui tablit un

    schma impratif sur lequel il "brode" son oeuvre. C'est aussi la

    dmarche de certains tenants du roman moderne, pour qui l'anecdote

    (logiqU/~ ou non) est une ralit indpendante du romancier (et donc de

    l'acte d'crire), dmarche qui fait crire Marguerite Duras:

  • L'histoire. Elle commence. Elle a commenc avant la marche au bord de la mer, le cri, le geste

    i le mouve-

    ment de la mer, le mouvement de la lumire 7.

    25

    La signification du roman, par contre, est complexe. Non seulement

    elle est constitue par le double aspect: "signification" du "texte"

    - "signification" du "texte littraire", mais encore par la multitude

    des . , .. interactions qui peuvent se produire entre ces deux ni veaux .

    Ces donnes peuvent se ramener au schma suivant:

    o o

    o o Texte ~ o o

    o Texte 0 o o o o forme o

    o Texte littraire 0 ROMAN o o o style

    o o o

    (message) o Sens o

    o o

    o 0 SirifiCattion o Signification 0

    du "texte" t

    o 0 Signification du "texte littraire". o o

    La "signification littraire" (forme, style) ne peut tre accessi-

    ble pour un lecteur qu'en raison d'un "dcodage" supplmentaire. Le

    code "littraire" ne participe plus un savoir (les mots du dictionnai-

    re), mais une "culture". Si le dictionnaire est accessible tous;

    tout arrangement de mots (style, forme) en un message esthtique (roman)

    n'est accessible, dchiffrable que par celui qui possde le code cultu-

    rel de l'oeuvre (sinon un code culturel qui la dchiffre). Ainsi, Alain

    Robbe-Grillet, par exemple, est illisible pour celui qui n'est pas init~

    17 M. Duras, L'amour, Paris, Gallimard, 1971, p. 13.

  • au code qu'il utilise. Il en est d'ailleurs de mme pour Rabelai s ,

    Balzac, Proust ....

    Le roman prsente donc un "texte" dont les caractristiques l e

    dsignent comme une oeuvre littraire; il offre aussi un "sens"

    (histoire, anecdote, "narration") et des "significations" multiples

    (les ractions motives et/ou intellectuelles du lecteur).

    26

  • CHAPITRE II

    ROMANCIER ET ROMAN

    L'oeuvre d'art, semble-t-il, peut modifier l'crivain au moment

    mme o il crit. Non seulement parce qu' l'instant o l'tre hoi-

    sit d'crire, il choisit gnralement la solitude au dtriment de la so-

    cit, -parce qu'il refoule sa personnalit sociale, - mais encore parce

    que le jeu mme de l'criture transforme son moi profond; et ainsi se

    ralise l'opinion de Valry au sujet des rapports qui se tissent entre

    le romancier et son oeuvre.

    A chacun des mouvements qui la tirent de lui, il subit une altration. Acheve: elle ragit encore sur lui. Il se fait, par exemple, celui qui a t capable de l'engendrer. Il se reconstruit en quelque sorte un formateur de l'ensemble ralis 1

    Le Roman de Thbes dbute par les deux vers suivants:

    l P. Valry, cit par J. Ricardou, op. cit., p. 68.

  • Ainz me delit a aconter, Chose digne de remembrer 2

    28

    Dans ce cas-ci, et ce n'est pas une exception, le romancier s'af-

    fiche. C'est lui, dit-il, qui va rdiger un roman. Ce roman, il l e

    dfinit d'ailleurs par l'assemblage d'vnements mmorables (digne de

    remembrer). C'est une attitude commune que l'on peut rencontrer au

    moyen ge. Mme si l'crivain prfre l'anonymat, il s'affirme toujours

    comme un "je" et un "je" romancier.

    Dans L'Hystoyre du Petit Jehan de Saintr, Jean-Baptiste de La

    Salle ddie au duc d'Anjou le roman qu'il a l'intention de composer et

    qui racontera les aventures de Jehan. Aujourd'hui la plupart des romans

    ne possdent pas de prologue par lequel l'auteur revendique la paterni t

    de son oeuvre. Il n'en reste pas moins vrai que nombre de romancier s

    se reconnaissent comme "romanciers", et comme "pre" de leurs ouvrages.

    Au XVIIIe sicle, l'on peut encore retrouver ces ddicaces qui

    dsignent le romancier et lui assignent le rle d'crivain. Ains i,

    Restif de la Bretonne rdige en prologue son roman pistolaire: Le

    Paysan perverti:

    Il m'a paru, Monsieur, que ces lettres pourraient tre de quelque utilit non seulement dans la province, o, les particuliers un peu aiss lisent prsent, aussi bien que les habitants .des villes, mais encore ces derni er s eux-mmes . [ . . . ] On Y verra un jeune homme dou de tous les talents et de tous les avantages se perdre par ces avantages mmes 3

    2 L. Constant, Le roman de Thbes, l, Paris, F. Didot, 1830 , p. 2.

    3 R. de la Bretonne, Le paysan perverti, l, Bruxelles, Kiste -maekers, 1886, pp. 1-2.

  • 29

    L'on ne pourrait passer sous silence ce petit mot de Voltaire o~

    il se reconnat, avec beaucoup d'humour , crivain condamnahle: "Tchez

    surtout d'engager le sieur Riballier faire condamner la Princesse de

    Babylone par la Sorbonne; vous ferez grand plaisir mon libraire qui

    j'ai donn cette petite histoire pour ses trennes,,4 .

    Tout efois, cette paternit n'est pas si vritable que bien des

    romanciers voudraient le laisser cr oire. "Tout texte est une nigme qui

    laisse deviner en la jouant et en la constituant l'identit Ge son

    auteur. Le texte renvoie au texte de la vie"s. D'une maniere plus silTl -

    pIe, mais bien plus littraire, Proust nous dit: "Je m' aperois que ce

    li vre essentiel, le seul li VTe vrai, un grand crivain n'a pas , dans le

    sens courant, l'inventer, puisqu'il existe dj en chacun de nous,

    . mais le traduire,,6.

    L'acrivain exprime ce qui existe et la premire chose qui existe

    pour lui, c'est lui-mme. Voil pourquoi maints romans revtent un

    caractre autobiographique avou (dissimul), partiel (comp let); " Un

    roman est autobiographique en ce sens qu'il est la biographie