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1955 La technique de jeu psychanalytique: son histoire et sa porte

La technique de jeu psychanalytique: son histoire et sa porteJai t incite proposer un article consacr principalement la technique de jeu comme introduction ce livre13 par la prise en compte du fait que mon travail avec les enfants et les adultes et que mes contributions la thorie psychanalytique dans son ensemble proviennent en dernier ressort de la technique de jeu labore avec les jeunes enfants. Je ne veux pas dire par l que mon travail ultrieur a t une application directe de la technique du jeu, mais linsight que jai acquis dans le dveloppement prcoce, dans les processus inconscients et dans la nature des interprtations par lesquelles linconscient peut tre approch a t dune influence de grande porte sur le travail que jai fait avec les enfants plus gs et avec les adultes.Jexposerai donc brivement dans leurs grandes lignes les tapes par lesquelles mon travail a procd en partant de la technique de jeu, mais je ne tenterai pas de donner un rsum complet de mes dcouvertes. En 1919, lorsque je commenai mon premier cas, un certain travail psychanalytique avec les enfants avait dj t fait, en particulier, par le docteur Hug-Hellmuth (1921). Toutefois, elle nentreprit pas la psychanalyse denfants de moins de six ans, et bien quelle utilist les dessins et loccasion le jeu comme matriel, elle ne donna pas cela le dveloppement dune technique spcifique.A lpoque o je commenai travailler, ctait un principe tabli que les interprtations devaient tre donnes trs parcimonieusement. A quelques exceptions prs les psychanalystes navaient pas explor les couches plus profondes de linconscient une telle exploration tant, chez les enfants, considre comme potentiellement dangereuse. Cette perspective prudente se refltait dans le fait qualors, et pour les annes qui suivirent, la psychanalyse tait tenue pour ne convenir aux enfants qu partir de la priode de latence14.Mon premier patient fut un garon de cinq ans. Je me suis rfre lui sous le nom de Fritz dans mes tout premiers articles publis15. Au dpart je pensais quil serait suffisant dinfluencer lattitude de la mre. Jai propos quelle devrait encourager lenfant discuter librement avec elle les nombreuses questions non formules qui taient ostensiblement au fond de son esprit et entravaient son dveloppement intellectuel. Ceci eut un effet positif, mais ses difficults nvrotiques ne furent pas suffisamment allges et il fut vite dcid que je le psychanalyserais. En le faisant, je mcartai de certaines des rgles tablies jusque-l, en effet jinterprtai ce que je pensais tre le plus urgent dans le matriel que lenfant me prsentait et je trouvai mon intrt concentr sur ses angoisses et ses dfenses contre celles-ci. Cette nouvelle approche me mit vite en prsence de srieux problmes. Les angoisses que je rencontrai en analysant ce premier cas taient trs aigus, et bien que je fusse renforce dans lopinion que je travaillais sur la bonne voie en observant lallgement de langoisse produite maintes et maintes fois par mes interprtations, jtais par moments trouble par lintensit des angoisses nouvelles qui taient amenes au grand jour. Dans une occasion semblable je demandai conseil au docteur Karl Abraham. Il rpondit que puisque mes interprtations avaient jusque-l produit un soulagement et que lanalyse progressait manifestement, il ne voyait aucune raison de changer la mthode dapproche. Je me sentis encourage par son soutien et il se trouva que, dans les quelques jours qui suivirent, langoisse de lenfant qui avait atteint un point critique diminua grandement, amenant encore une amlioration. La conviction acquise dans cette analyse influena puissamment tout le cours de mon travail analytique.Le traitement fut conduit au domicile de lenfant avec ses propres jouets. Cette analyse fut le commencement de la technique de jeu psychanalytique parce que, ds le dbut, lenfant exprima ses fantasmes et ses angoisses surtout dans le jeu, et je lui interprtai rgulirement ses significations, avec le rsultat que du matriel supplmentaire surgissait dans son jeu. Cest--dire que jutilisai avec ce patient, par essence, la mthode dinterprtation qui devint caractristique de ma technique. Cette approche correspond un principe fondamental de la psychanalyse lassociation libre. En interprtant non seulement les mots de lenfant, mais aussi ses activits avec ses jouets, jai appliqu ce principe de base lesprit de lenfant, dont le jeu et les activits varies en fait lensemble de son comportement sont des moyens dexprimer ce que ladulte exprime de manire prdominante par les mots. Jai aussi t tout du long guide par deux autres principes de la psychanalyse tablis par Freud, principes que jai ds le commencement considrs comme fondamentaux: que lexploration de linconscient est la tche principale de la procdure psychanalytique, et que lanalyse du transfert est le moyen datteindre ce but.Entre 1920 et 1923 jacquis encore de lexprience avec dautres cas denfants, mais une tape dterminante dans le dveloppement de la technique de jeu fut le traitement dune enfant de deux ans et neuf mois que je psychanalysai en 1923. Jai donn quelques dtails de ce cas denfant sous le nom de Rita dans mon livre, La psychanalyse des enfantsRita souffrait de terreurs nocturnes et de phobies danimaux, tait trs ambivalente lendroit de sa mre, en mme temps se cramponnait elle un tel point quon pouvait peine la laisser seule. Elle avait une nvrose obsessionnelle marque et elle tait par moments trs dprime. Son jeu tait inhib et son incapacit tolrer les frustrations rendait son ducation de plus en plus difficile. Javais beaucoup de doutes quant la manire dattaquer ce cas tant donn que lanalyse dun enfant si jeune tait une exprience entirement nouvelle. La premire sance parut confirmer mes craintes. Rita, une fois laisse seule avec moi dans sa chambre denfant, montra tout de suite des signes de ce que je pris pour un transfert ngatif: elle tait anxieuse et silencieuse et demanda trs vite sortir dans le jardin. Jacceptai et allai avec elle je puis ajouter, sous lil vigilant de sa mre et de sa tante, qui prirent cela pour le signe dun chec. Elles furent trs surprises de voir que Rita tait tout fait amicale avec moi lorsque nous revnmes dans la chambre quelque dix ou quinze minutes plus tard. Lexplication de ce changement tait que, tandis que nous tions dehors, javais interprt son transfert ngatif (ceci encore rencontre de la pratique habituelle). A partir du petit nombre de choses quelle dit et partir du fait quelle tait moins effraye lorsque nous tions lair libre, je conclus quelle avait particulirement peur de quelque chose que je pourrais lui faire lorsquelle tait seule avec moi dans la pice. Jinterprtai ceci et, faisant rfrence ses terreurs nocturnes, je reliai ses soupons mon gard, en tant qutrangre hostile, sa peur quune mauvaise femme lattaqut lorsquelle tait toute seule la nuit. Lorsque, quelques minutes aprs cette interprtation, je proposai de revenir dans la chambre, elle accepta de bon cur. Ainsi que je lai mentionn, linhibition de Rita au jeu tait marque, et elle ne fit tout dabord gure quhabiller et dshabiller sa poupe de manire obsessionnelle. Mais bientt je finis par comprendre les angoisses la base de ses obsessions et je les interprtai. Ce cas renfora ma conviction grandissante quune prcondition pour la psychanalyse dun enfant consiste comprendre et interprter les fantasmes, les sentiments, les angoisses et les expriences exprimes par le jeu ou, si les activits de jeu sont inhibes, les causes de cette inhibition.Comme avec Fritz, jentrepris cette analyse au domicile delenfant et avec ses propres jouets; mais, pendant ce traitement qui ne dura que quelques mois, jen vins la conclusion que la psychanalyse ne devrait pas tre effectue au domicile de lenfant. Car je dcouvris, bien quelle et grandement besoin daide et que ses parents eussent dcid que jessayasse la psychanalyse, que lattitude de sa mre mon gard tait trs ambivalente et que latmosphre tait globalement hostile au traitement. Encore plus important, je dcouvris que la situation de transfert la colonne vertbrale de la procdure psychanalytique ne peut stablir et se maintenir que si le patient est en mesure de sentir que le cabinet de consultation ou la salle de jeu, en fait lanalyse dans son ensemble, est quelque chose de spar de sa vie de famille ordinaire. Car cest seulement dans de telles conditions quil peut surmonter ses rsistances contre le fait de ressentir et dexprimer des penses, des sentiments et des dsirs qui sont incompatibles avec les conventions, et qui, dans le cas des enfants, sont sentis comme tant en opposition une bonne partie de ce qui leur a t appris.Je fis encore dautres observations dimportance dans la psychanalyse dune fille de sept ans, galement en 1923. Ses difficults nvrotiques ntaient pas en apparence des difficults graves, mais ses parents sinquitaient depuis un certain temps pour son dveloppement intellectuel. Bien que trs intelligente elle ne se maintenait pas au niveau de son groupe dge, elle naimait pas lcole et parfois faisait lcole buissonnire. Sa relation sa mre, qui avait t affectueuse et confiante, avait chang depuis quelle avait commenc lcole: elle tait devenue rserve et silencieuse. Je passai quelques sances avec elle sans parvenir tre bien en contact. Il tait devenu manifeste quelle naimait pas lcole, et partir de ce quelle en dit de manire embarrasse, ainsi qu partir dautres remarques, javais t en mesure de faire quelques interprtations qui produisirent quelque matriel. Mais javais limpression que je nirais pas beaucoup plus loin de cette manire. Dans une sance o je trouvai encore lenfant sans ractions et en retrait, je la laissai en disant que je reviendrais dans un moment. Jallai dans la chambre de mes propres enfants, ramassai quelques jouets, des voitures, des petites figurines, quelques briques et un train, les mis dans une bote et revins trouver la patiente. Lenfant qui ne stait pas mise dessiner ou dautres activits fut intresse par les petits jouets et commena tout de suite jouer. Je dduisis de ce jeu que deux des figurines jouets la reprsentaient elle et un petit garon, un camarade de classe dont javais entendu parler auparavant. Il apparut quil y avait quelque chose de secret au sujet du comportement de ces deux figurines et que les autres personnages jouets ntaient pas apprcis car ils taient des perturbateurs ou des observateurs et taient mis de ct. Les activits des deux jouets conduisaient des catastrophes comme leur chute ou leur collision avec les voitures. Ceci fut rpt avec les signes dune angoisse montante. A ce moment jinterprtai, en tenant compte des dtails de son jeu, quune activit sexuelle semblait stre produite entre elle et son ami et que ceci faisait quelle avait trs peur dtre dcouverte et quelle se mfiait donc des autres personnes. Je lui fis remarquer que tandis quelle jouait elle tait devenue anxieuse et semblait sur le point de mettre fin son jeu. Je lui rappelai quelle naimait pas lcole et que ceci pouvait tre li la peur que le matre dcole dcouvrt sa relation avec son camarade de classe et la punt. Surtout elle avait peur et se mfiait donc de sa mre, et prsent il se pouvait quelle ressentt la mme chose mon sujet. Leffet de cette interprtation sur lenfant fut frappant: son angoisse et sa mfiance augmentrent dabord, mais elles cdrent trs vite la place un soulagement manifeste. Son expression faciale changea et bien quelle nadmt ni ne nit ce que javais interprt, elle manifesta par la suite son accord en produisant du matriel nouveau et en devenant beaucoup plus libre dans son jeu et dans ses propos: son attitude envers moi, galement, devint bien plus amicale et moins souponneuse. Bien sr le transfert ngatif, en alternance avec le transfert positif, mergea maintes et maintes fois; mais, partir de cette sance, lanalyse progressa bien. Concurremment il y eut des changements favorables, ainsi que jen fus informe, dans sa relation sa famille en particulier sa mre. Son aversion pour lcole diminua et elle sintressa plus ses leons, mais son inhibition apprendre, qui tait enracine dans des angoisses profondes, ne fut rsolue que progressivement dans le cours du traitement.IIJai dcrit comment lutilisation des jouets, que je rangeai spcialement pour la petite patiente dans la bote dans laquelle je les apportai au dbut, savra essentielle pour son analyse. Cette exprience, ainsi que dautres, maida dcider quels jouets conviennent le mieux pour la technique de jeu psychanalytique16. Jai trouv essentiel davoir de petits jouets car leur nombre et leur varit permettent lenfant dexprimer une large gamme de fantasmes et dexpriences. Il est important cette fin que ces jouets soient non mcaniques et que les personnages humains, variant seulement en couleur et en taille, nindiquent aucune occupation particulire. Leur simplicit mme permet lenfant de les utiliser dans de nombreuses situations diffrentes, selon le matriel qui merge dans son jeu. Le fait quil puisse ainsi prsenter simultanment toute une varit dexpriences et de fantasmes ou de situations actuelles nous permet aussi de parvenir une image plus cohrente de ce qui se passe dans son esprit.En accord avec la simplicit des jouets, lquipement de la salle de jeu est galement simple. Elle ne contient rien dautre que ce qui est ncessaire la psychanalyse17. Les jouets de chaque enfant sont rangs dans un tiroir particulier ferm clef, et il sait donc que ses jouets et son jeu avec eux, ce qui est lquivalent des associations de ladulte, ne sont connus que de lanalyste et de lui-mme. La bote dans laquelle je prsentai la premire fois les jouets la petite fille mentionne plus haut savra tre le prototype du tiroir individuel qui est partie intgrante de la relation prive et intime entre lanalyste et le patient caractristique de la situation de transfert psychanalytique.Je ne veux pas dire que la technique de jeu psychanalytique dpende entirement de mon choix particulier de matriel de jeu. En tout cas, les enfants apportent souvent spontanment leurs propres affaires et le jeu avec elles entre tout naturellement dans le travail analytique. Mais je crois que les jouets fournis par lanalyste devraient, dans lensemble, tre du type que jai dcrit, c--d, simples, petits et non mcaniques.Les jouets, toutefois, ne sont pas les seules choses ncessaires une analyse par le jeu. Nombre des activits de lenfant sont par moments effectues autour du lavabo, lequel est quip dune ou deux petites cuvettes, de gobelets et de cuillres. Souvent il dessine, crit, peint, dcoupe, rpare des jouets et ainsi de suite. Par moment il joue des jeux dans lesquels il attribue des rles lanalyste ainsi qu lui-mme comme jouer au marchand, au docteur, lcole, la maman et lenfant. Dans de tels jeux lenfant prend frquemment le rle de ladulte, exprimant par ce moyen non seulement son dsir de renverser les rles, mais manifestant aussi comment il sent que ses parents ou dautres figures de lautorit se comportent ou devraient se comporter son gard. Parfois il donne libre cours son agressivit et son ressentiment en tant, dans le rle du parent, sadique envers lenfant, reprsent par lanalyste. Le principe de linterprtation reste le mme que les fantasmes soient prsents par les jouets ou par la dramatisation. En effet, quel que soit le matriel utilis, il est essentiel que les principes analytiques la base de la technique soient appliqus18.Lagressivit sexprime de manires diverses dans le jeu de lenfant, soit directement soit indirectement. Souvent un jouet est bris ou, quand lenfant est plus agressif, les attaques sont perptres avec le couteau ou les ciseaux sur la table ou sur des morceaux de bois; de leau ou de la peinture est rpandue et la salle devient gnralement un champ de bataille. Il est essentiel de permettre lenfant de faire sortir son agressivit; mais ce qui compte le plus est de comprendre pourquoi ce moment prcis dans la situation de transfert les motions destructrices surgissent et dobserver leurs consquences dans lesprit de lenfant. Des sentiments de culpabilit peuvent suivre trs vite aprs que lenfant a bris, par exemple, un petit personnage. Une telle culpabilit ne se rapporte pas seulement aux dgts actuels mais aussi ce dont le jouet tient la place dans linconscient de lenfant, p. ex. un petit frre ou une petite sur, ou un parent; linterprtation doit donc traiter ces niveaux plus profonds aussi. Parfois nous pouvons dduire du comportement de lenfant lgard de lanalyste que non seulement la culpabilit, mais aussi langoisse perscutive, a t la consquence de ses motions destructrices et quil a peur de reprsailles.Jai t ordinairement en mesure de communiquer lenfant que je ne tolrerais pas dagressions physiques sur ma personne. Cette attitude non seulement protge lanalyste, mais a son importance pour lanalyse aussi. En effet, de telles agressions, si elles ne sont pas maintenues dans des limites, sont susceptibles de provoquer une culpabilit et une angoisse perscutive excessives chez lenfant et donc dajouter aux difficults du traitement. On ma parfois demand par quelle mthode je prvenais les agressions physiques, et je pense que la rponse est que jtais trs attentive ne pas inhiber les fantasmes agressifs de lenfant; en fait, loccasion lui tait donne de les mettre en acte dautres faons, y compris les agressions verbales sur mon compte. Plus jtais en mesure dinterprter temps les motifs de lagressivit de lenfant, plus la situation pouvait tre contrle. Mais avec certains enfants psychotiques il a t loccasion difficile de me protger de leur agressivit.IIIJai constat que lattitude de lenfant lendroit dun jouet quil a abm est trs rvlatrice. Il met souvent de ct ce jouet-l qui, par exemple, tient la place dun membre de la fratrie ou dun parent, et lignore un temps. Ceci indique laversion pour lobjet abm due la peur perscutive que la personne attaque (dont le jouet tient la place) exerce des reprsailles et soit devenue dangereuse. Le sentiment de perscution peut tre tellement fort quil dissimule les sentiments de culpabilit et la dpression qui sont galement veills par les dgts causs. Ou bien, la culpabilit et la dpression peuvent tre tellement fortes quelles amnent ton renforcement des sentiments perscutifs. Cependant, un jour, il se peut que lenfant recherche le jouet abm dans son tiroir. Ceci semble indiquer qu ce moment-l nous avons t en mesure danalyser certaines dfenses importantes, diminuant ainsi les sentiments perscutifs et rendant possible lexprience du sentiment de culpabilit et du besoin pressant de faire rparation. Lorsque ceci se produit nous pouvons aussi remarquer quun changement dans la relation de lenfant au membre particulier de la fratrie dont le jouet tenait la place, ou dans ses relations en gnral, est survenu. Ce changement confirme notre impression que langoisse perscutive a diminu et que, conjointement avec le sentiment de culpabilit et le dsir de faire rparation, des sentiments damour qui avaient t affaiblis par une angoisse excessive ont pris le devant de la scne. Avec un autre enfant, ou avec le mme enfant un stade ultrieur de lanalyse, la culpabilit et le dsir de rparer peuvent suivre de trs prs lacte dagression, et la tendresse pour le frre ou la sur qui peut avoir t abm en fantasme devient apparente. Limportance de tels changements pour la formation du caractre et les relations dobjet, aussi bien que pour la stabilit mentale, ne peut pas tre surestime.Cest une part essentielle du travail interprtatif quil aille du mme pas que les fluctuations entre lamour et la haine; entre bonheur et satisfaction dun ct et angoisse perscutive et dpression de lautre. Ceci implique que lanalyste ne manifeste pas de dsapprobation devant le fait que lenfant a cass un jouet; il ne devrait pas, toutefois, encourager lenfant exprimer son agressivit ou lui laisser entendre que le jouet pourrait tre rpar. En dautres termes, il devrait permettre lenfant dprouver ses motions et ses fantasmes comme ils se prsentent. Cela a toujours fait partie de ma technique de ne pas user dinfluence ducative ou morale mais de men tenir la seule procdure psychanalytique, laquelle, pour le dire sous une forme ramasse, consiste comprendre lesprit du patient et lui communiquer ce qui sy passe.La diversit de situations motionnelles qui peut tre exprime par les activits de jeu est illimite: par exemple, les sentiments de frustration et ressentir quon est rejet; tre jaloux et du pre et de la mre, ou des frres et surs; lagressivit accompagnant une telle jalousie; le plaisir davoir un compagnon de jeu et un alli contre les parents; des sentiments damour et de haine lgard dun bb qui vient de natre ou qui est attendu, en mme temps que langoisse, la culpabilit et le besoin pressant de rparation qui sensuivent. Nous rencontrons aussi dans le jeu de lenfant la rptition dexpriences actuelles et de dtails de la vie de tous les jours, souvent intriqus ses fantasmes. Il est rvlateur que, parfois, des vnements actuels trs importants de sa vie ne parviennent entrer ni dans son jeu ni dans ses associations, et que tout laccent par moments porte sur des vnements apparemment mineurs. Mais ces vnements mineurs sont dune grande importance pour lui parce quils ont stimul ses motions et ses fantasmes.IVIl y a beaucoup denfants qui sont inhibs dans le jeu. Une telle inhibition ne les empche pas toujours compltement de jouer, mais elle peut vite interrompre leurs activits. Par exemple, un petit garon me fut amen pour un unique entretien (il y avait la perspective dune analyse dans lavenir; mais lpoque les parents partaient ltranger avec lui). Javais quelques jouets sur la table et il sassit et commena jouer, ce qui aboutit bientt des accidents, des collisions et la chute de personnages jouets quil essayait de remettre debout. Dans tout ceci il montrait une bonne dose dangoisse mais, puisque aucun traitement ntait encore prvu, je me retins dinterprter. Aprs quelques minutes il glissa calmement de son fauteuil et en disant: assez jou il sen alla. Je crois daprs mon exprience que si ceci avait t le commencement dun traitement et si javais interprt langoisse montre dans ses actions avec les jouets ainsi que le transfert ngatif correspondant mon endroit, jaurais t en mesure de rsoudre son angoisse suffisamment pour quil continut jouer.Lexemple suivant peu maider montrer certaines des causes dune inhibition au jeu. Le garon, g de trois ans et neuf mois, que je dcrivis sous le nom de Peter dans La psychanalyse des enfants, tait trs nvros19. Pour faire mention de quelques-unes de ses difficults: il tait incapable de jouer, ne pouvait tolrer aucune frustration, tait timide, plaintif, navait pas des manires de garon et pourtant par moments tait agressif et autoritaire, trs ambivalent lgard de sa famille et fortement fix sa mre. Elle me dit que Peter avait beaucoup chang et que son tat navait fait quempirer aprs des vacances dt durant lesquelles, lge de dix-huit mois, il partagea la chambre de ses parents et eut loccasion dobserver leurs rapports sexuels. Pendant ces vacances il devint trs difficile manier, eut un mauvais sommeil et recommena salir son lit la nuit, ce quil navait pas fait depuis quelques mois. Il avait jou librement jusque-l, mais compter de cet t-l, il arrta de jouer et devint trs destructeur avec ses jouets; il ne faisait que les casser. Peu de temps aprs son frre naquit et ceci accrut toutes ses difficults.A la premire sance Peter commena jouer; il fit bientt se tamponner deux chevaux et rpta la mme action avec diffrents jouets. Il mentionna aussi quil avait un petit frre. Je lui interprtai que les chevaux et les autres choses quil avait fait se tamponner reprsentaient des gens, une interprtation quil rejeta dabord et accepta ensuite. Il fit nouveau se tamponner les chevaux disant quils allaient dormir, les recouvrit de briques et ajouta: Maintenant ils sont bien morts; je les ai enterrs. Il disposa les voitures la queue leu leu en une file qui, ainsi que cela devint vident plus tard dans lanalyse, symbolisait le pnis de son pre et il les fit rouler, puis il se mit soudainement en colre et les jeta dans la pice, disant: Nous cassons toujours tout de suite nos cadeaux de Nol; nous nen voulons pas. Casser ses jouets reprsentait ainsi dans son inconscient casser lorgane gnital de son pre. Pendant cette premire sance il brisa en fait plusieurs jouets.A la deuxime sance Peter rpta une partie du matriel de la premire, en particulier les collisions de voitures, de chevaux, etc., parlant encore de son petit frre, aprs quoi jinterprtai quil me montrait comment sa maman et son papa faisaient se tamponner leurs organes gnitaux (utilisant bien sr son mot lui pour les organes gnitaux) et quil pensait quen faisant a ils avaient fait natre son frre. Cette interprtation produisit plus de matriel, mettant en lumire sa relation trs ambivalente son petit frre et son pre. H coucha un homme jouet sur une brique quil appela un lit, le jeta par terre et dit quil tait mort et fichu. Il refit ensuite en acte la mme chose avec deux hommes jouet choisissant des personnages quil avait dj abms. Jinterprtai que le premier homme jouet tenait la place de son pre quil voulait jeter hors du lit de sa mre et tuer, et que lun des deux hommes jouet tait encore le pre et que lautre le reprsentait lui, lui qui son pre ferait la mme chose. La raison pour laquelle il avait choisi deux personnages abms tait quil sentait que son pre et lui seraient abms sil attaquait son pre.Ce matriel illustre un certain nombre de points dont je ne mentionnerai quun ou deux. Parce que lexprience de Peter consistant tre tmoin des rapports sexuels de ses parents avait eu im gros impact sur son esprit et avait veill de fortes motions comme la jalousie, lagressivit et langoisse, ce fut la premire chose quil exprima dans son jeu. H ny a pas douter quil navait plus aucune connaissance consciente de cette exprience, quelle tait refoule, et que seule lexpression symbolique de celle-ci lui tait possible. Jai des raisons de croire que si je navais pas interprt que les jouets qui se tamponnaient taient des personnes, il aurait pu ne pas produire le matriel qui mergea dans la deuxime sance. En outre, si je navais pas t mme, dans la deuxime sance, de lui montrer quelques-unes des raisons de son inhibition au jeu, en interprtant les dgts infligs aux jouets, il aurait trs vraisemblablement comme il le faisait dans la vie de tous les jours cess de jouer aprs avoir bris les jouets.Il y a des enfants qui, au commencement du traitement, ne peuvent mme pas jouer de la mme faon que Peter ou que le petit garon qui vint pour un seul entretien. Mais il est trs rare pour tin enfant de compltement ignorer les jouets disposs sur la table. Mme sil se dtourne deux, il donne souvent lanalyste quelque aperu de ses motifs pour ne pas dsirer jouer.Dautres faons, encore, lanalyste denfant peut runir du matriel pour linterprtation. Toute activit, comme utiliser du papier pour gribouiller ou pour dcouper, et chaque dtail du comportement, comme des changements dans la posture ou dans lexpression faciale, peuvent donner une indication sur ce qui se passe dans lesprit de lenfant, peut-tre en rapport avec ce que lanalyste a entendu des parents sur ses difficults.Jai beaucoup parl de limportance des interprtations pour la technique de jeu et jai donn quelques exemples pour illustrer leur contenu. Ceci mamne une question qui ma souvent t pose: Est-ce que les jeunes enfants sont intellectuellement capables de comprendre de telles interprtations? Mon exprience personnelle et celle de mes collgues a t que, si les interprtations se rapportent aux points saillants dans le matriel, elles sont pleinement comprises. Bien sr lanalyste denfant doit donner ses interprtations aussi succinctement et aussi clairement que possible, et il devrait aussi utiliser les expressions de lenfant pour ce faire. Mais sil traduit en mots simples les points essentiels du matriel qui lui est prsent, il entre en contact avec les motions et les angoisses mmes qui sont les plus agissantes sur le moment; la comprhension consciente et intellectuelle de lenfant est souvent un processus ultrieur. Lune des nombreuses expriences intressantes et surprenantes du dbutant en analyse des enfants est de dcouvrir chez les enfants mme trs jeunes une capacit dinsight qui est souvent de loin suprieure celle des adultes. Jusqu un certain point ceci sexplique par le fait que les connexions entre le conscient et linconscient sont plus troites chez les jeunes enfants que chez les adultes et que les refoulements infantiles sont moins puissants. Je crois aussi que les capacits intellectuelles du nourrisson sont souvent sous-estimes et quen fait il comprend plus quon ne le lui accorde.Je vais illustrer maintenant ce que jai dit par la raction dun jeune enfant aux interprtations. Peter, de lanalyse de qui jai donn quelques dtails, avait fortement object mon interprtation que lhomme jouet quil avait jet bas du lit et qui tait mort et fichu reprsentait son pre. (Linterprtation de dsirs de mort rencontre dune personne aime suscite habituellement une grande rsistance chez les enfants tout comme chez les adultes). A la troisime sance Peter amena encore un matriel semblable mais accepta alors mon interprtation et dit pensivement: Et si jtais un papa et que quelquun voulait me jeter par terre derrire le lit et me faire mort et fichu, quest-ce que jen penserais? Ceci montre quil avait non seulement labor, compris et accept mon interprtation, mais quil avait aussi reconnu passablement plus. Il comprit que ses propres sentiments agressifs lgard de son pre contribuaient la peur quil avait de lui, et aussi quil avait projet ses propres motions sur son pre.Lun des points importants dans la technique de jeu a toujours t lanalyse du transfert. Comme nous le savons, dans le transfert sur lanalyste le patient rpte des motions et des conflits plus anciens. Mon exprience est que nous sommes mme daider le patient essentiellement en ramenant ses fantasmes et ses angoisses, dans nos interprtations de transfert, l o elles prirent naissance savoir, dans la petite enfance et en relation ses premiers objets. Car, en refaisant lexprience des motions et des fantasmes prcoces et en les comprenant en relation ses objets primaires, il peut, pour ainsi dire, rviser ces relations la racine et ainsi diminuer effectivement ses angoisses.VEn considrant rtrospectivement les premires annes de mon travail, je pourrais extraire quelques faits. Jai mentionn au dbut de cet article quen analysant mon tout premier cas denfant je vis mon intrt se concentrer sur ses angoisses et ses dfenses contre celles-ci. Laccent mis par moi sur langoisse me conduisit de plus en plus en profondeur dans linconscient et dans la vie fantasmatique de lenfant. Cette insistance particulire allait contresens du point de vue psychanalytique selon lequel les interprtations ne devraient pas aller trs profond et ne devraient pas tre donnes frquemment. Je persistai dans mon approche, en dpit du fait quelle impliquait un changement radical dans la technique. Cette approche mamena dans un nouveau territoire, car elle dgagea la comprhension des fantasmes, angoisses et dfenses infantiles prcoces qui taient cette poque encore en grande partie inexplors. Cela devint vident pour moi lorsque je commenai la formulation thorique de mes dcouvertes cliniques.Lun des divers phnomnes qui me frapprent dans lanalyse de Rita tait la rudesse de son surmoi. Jai dcrit dans La psychanalyse des enfants comment Rita jouait le rle dune mre svre et punisseuse qui traitait lenfant (reprsent par la poupe ou par moi-mme) trs cruellement. De plus, son ambivalence lendroit de sa mre, son besoin extrme dtre punie, ses sentiments de culpabilit et ses terreurs nocturnes mamenrent admettre que chez cette enfant ge de deux ans et neuf mois et remontant trs nettement un ge bien plus prcoce un surmoi rude et implacable tait en action. Je vis cette dcouverte confirme dans les analyses dautres jeunes enfants et jaboutis la conclusion que le surmoi prend naissance un stade bien plus prcoce que Freud ne le supposait. En dautres termes, il devint vident pour moi que le surmoi, tel quil est conu par lui, est laboutissement dion dveloppement qui stend sur des annes. A la suite dautres observations, je reconnus que le surmoi est quelque chose que lenfant sent agir intrieurement dune manire concrte; quil consiste en une diversit de figures bties partir de ses expriences et de ses fantasmes et quil est driv des stades dans lesquels il a intrioris (introject) ses parents.Ces observations leur tour menrent, dans les analyses des petites filles, la dcouverte de la situation dangoisse fminine dominante: la mre est ressentie comme le perscuteur primordial qui, en tant quobjet externe et intrioris, attaque le corps de lenfant et lui prend ses enfants imaginaires. Ces angoisses proviennent des attaques fantasmes par la fille sur le corps de la mre, attaques qui visent lui voler ses contenus, c--d les fces, le pnis du pre et les enfants, et elles aboutissent la peur de reprsailles par des attaques semblables. Jai trouv de telles angoisses perscutives combines ou alternant avec des sentiments profonds de dpression et de culpabilit, et ces observations mamenrent alors la dcouverte du rle vital que la tendance faire rparation joue dans la vie mentale. La rparation dans cette acception est un concept plus large que les concepts de Freud dannulation dans la nvrose obsessionnelle et de formation ractionnelle. Elle inclut en effet la diversit des processus par lesquels le moi sent quil annule le mal fait en fantasme, restaure, prserve et ranime les objets. Limportance de cette tendance, troitement lie comme elle lest avec les sentiments de culpabilit, rside aussi dans la contribution majeure quelle apporte toutes les sublimations et, de cette faon, la sant mentale.En tudiant les attaques fantasmes sur le corps de la mre, je rencontrai bientt les motions sadiques anales et urtrales. Jai mentionn plus haut que je reconnus la rudesse du surmoi chez Rita (1923) et que son analyse maida beaucoup comprendre la faon dont les motions destructrices lgard de la mre deviennent la cause de sentiments de culpabilit et de perscution. Un des cas grce auquel la nature sadique anale et urtrale de ces motions destructrices devint vidente pour moi fut celui de Trude, ge de trois ans et trois mois, que janalysai en 1924*. Lorsquelle vint me voir pour un traitement, elle souffrait de divers symptmes comme des terreurs nocturnes et une incontinence des urines et des selles. Tt dans son analyse elle me demanda de faire semblant dtre au lit et de dormir. Elle me disait alors quelle allait mattaquer et chercher des fces dans mes fesses (fces que je dcouvris reprsenter aussi des enfants) et quelle allait les y prendre. A la suite de ces attaques elle saccroupissait dans un coin, jouant tre au lit, se couvrant de coussins (qui devaient protger son corps et qui tenaient aussi la place denfants); en mme temps elle mouilla rellement sa culotte et montra clairement quelle avait trs peur dtre attaque par moi. Ses angoisses concernant la mre intriorise dangereuse confirmaient les conclusions que je formai dabord dans lanalyse de Rita. Ces deux analyses avaient t de courte dure, en partie parce que les parents pensaient quon avait obtenu assez damlioration20.Peu de temps aprs jacquis la conviction que de tels motions et fantasmes destructeurs pouvaient toujours tre ramens des motions et fantasmes sadiques oraux. En fait, Rita avait dj montr ceci de manire tout fait claire. Une fois, elle noircit un morceau de papier, le dchira en morceaux, jeta les petits bouts dans un verre deau quelle porta sa bouche comme pour boire et dit tout bas femme morte'. Cette fois-l, javais compris le fait de dchirer et de salir du papier comme lexpression de fantasmes dattaquer et de tuer la mre qui suscitaient des peurs de reprsailles. Jai dj indiqu que ce fut avec Trude que je pris conscience de la nature sadique-anale et sadique-urtrale spcifique de telles attaques. Mais dans dautres analyses effectues en 1924 et 1925 (Ruth et Peter, toutes deux dcrites dans La psychanalyse des enfants), je pris aussi conscience du rle fondamental que les motions sadi-ques-orales jouent dans les fantasmes destructeurs et les angoisses correspondantes, trouvant ainsi dans lanalyse de jeunes enfants pleine confirmation des dcouvertes dAbra-ham21. Ces analyses qui me donnrent un champ dobservation supplmentaire, puisquelles durrent plus longtemps que celles de Rita et Trude22, mamenrent un insight plus complet dans le rle fondamental des dsirs et des angoisses oraux dans le dveloppement mental, normal et anormal23.Comme je lai indiqu, javais dj reconnu chez Rita et Trude lintriorisation dune mre attaque et donc effrayante le surmoi svre. Entre 1924 et 1926, janalysai une enfant qui tait assurment trs malade24. Par son analyse jappris pas mal de choses sur les dtails spcifiques dune telle intriorisation et sur les fantasmes et les motions la base des angoisses paranodes et maniaco-dpressives. En effet, jen vins comprendre la nature orale et anale de ses processus dintrojection et les situations de perscution interne quils engendraient. Je pris aussi plus conscience de la faon dont les perscutions internes influencent, par le moyen de la projection, la relation aux objets externes. Lintensit de son envie et de sa haine montrait indubitablement quelle drivait de la relation sadique-orale au sein de sa mre et tait entremle avec les dbuts de son complexe ddipe. Le cas de Ema maida beaucoup prparer le terrain pour un certain nombre de conclusions que je prsentai au Xe Congrs international de Psychanalyse en 192725, en particulier lopinion que le surmoi prcoce, difi quand les motions et les fantasmes sadiques-oraux sont leur apoge, est la base de la psychose une opinion que je dveloppai deux ans plus tard en soulignant limportance du sadisme-oral pour la schizophrnie26.En mme temps que les analyses dcrites jusque-l, je fus en mesure de faire quelques observations intressantes concernant les situations dangoisse chez les garons. Les analyses de garons et dhommes adultes confirmaient pleinement lopinion de Freud selon laquelle la peur de la castration est langoisse dominante du mle, mais je reconnus quen raison de lidentification prcoce avec la mre (la position fminine qui introduit les stades prcoces du complexe ddipe) langoisse au sujet dattaques sur lintrieur du corps est dune grande importance chez les hommes tout autant que chez les femmes et, que de diverses manires, elle influence et modle leurs peurs de la castration.Les angoisses provenant des attaques fantasmes sur le corps de la mre et sur le pre quelle est sense contenir savrrent dans les deux sexes tre la base de la claustrophobie (qui comprend la peur dtre emprisonn ou enseveli dans le corps de la mre). Le rapport de ces angoisses avec la peur de la castration peut tre vu, par exemple, dans le fantasme de perdre le pnis ou quil soit dtruit lintrieur de la mre fantasmes qui peuvent aboutir limpuissance.Je finis par voir que les peurs lies aux attaques sur le corps de la mre et les peurs dtre attaqu par des objets externes et internes avaient une qualit et une intensit particulires qui suggraient leur nature psychotique. En explorant la relation de lenfant aux objets intrioriss, diffrentes situations de perscution interne ainsi que leurs contenus psychotiques devinrent vidents. De plus, la reconnaissance du fait que la peur de reprsailles provient de lagressivit propre de lindividu mamena proposer que les dfenses initiales du moi sont diriges contre langoisse suscite par les motions et les fantasmes destructeurs. Rptitivement, lorsque ces angoisses psychotiques taient ramenes leur origine, on dcouvrait quelles provenaient du sadisme-oral. Je reconnus aussi que la relation sadique-orale la mre et lintriorisation dun sein dvor, et donc dvorant, crent le prototype de tous les perscuteurs internes; et que, de plus, lintriorisation dun sein bless et donc redout dun ct ainsi que dun sein satisfaisant et secou-rable de lautre est le noyau du surmoi. Une autre conclusion tait que, bien que les angoisses orales viennent en premier, les fantasmes et les dsirs sadiques venant de toutes les sources sont actifs un stade trs prcoce du dveloppement et recouvrent partiellement les angoisses orales27.Limportance des angoisses infantiles que jai dcrites plus haut se manifesta aussi dans lanalyse dadultes trs malades dont certains taient des cas psychotiques borderline28.Il y eut dautres expriences qui maidrent parvenir une autre conclusion encore. La comparaison entre Ema, indubitablement paranoaque, et les fantasmes et les angoisses que javais trouvs chez des enfants moins malades quon pouvait seulement appeler nvross, me convainquit que des angoisses psychotiques (paranodes et dpressives) sont la base de la nvrose infantile. Je fis galement des observations semblables dans les analyses de nvross adultes. Toutes ces diffrentes lignes dexploration aboutirent lhypothse que des angoisses de nature psychotique sont dans une certaine mesure partie intgrante du dveloppement infantile et sont exprimes et labores dans le cours de la nvrose infantile1. Pour mettre au jour ces angoisses infantiles lanalyse doit, toutefois, tre mene dans les couches profondes de linconscient, et ceci sapplique et aux adultes et aux enfants2.Il a dj t indiqu dans lintroduction cet article que mon attention sest ds le dbut concentre sur les angoisses de lenfant et que ctait en interprtant leurs contenus que je me retrouvai en mesure de diminuer langoisse. Pour ce faire, plein usage dut tre fait du langage symbolique du jeu que je recon-autant que ngatif mon endroit se produisit; mais un moment, lorsque sa peur des femmes mergea trs fortement, il me demanda le nom dun analyste homme vers lequel il pt se tourner. Je lui donnai un nom, mais il ne sadressa jamais ce collgue. Durant ce mois je vis le patient chaque jour. Lanalyste qui mavait demand de le remplacer trouva des progrs son retour et souhaita que je continuasse lanalyse. Je refusai, mtant rendu pleinement compte du danger de traiter un paranoaque sans protection ou autre prise en charge approprie. Pendant le temps o je lanalysai, il se tint souvent pendant des heures en face de chez moi, les yeux levs vers mes fentres bien que ce ne ft que quelques rares fois quil sonnt et demandt me soir. Je peux indiquer que peu de temps aprs il fat nouveau dclar atteint de maladie mentale. Bien qu lpoque je naie pas tir de conclusions thoriques de cette exprience, je crois que ce fragment danalyse peut avoir contribu ma comprhension ultrieure de la nature psychotique des angoisses infantiles et au dveloppement de ma technique.1. Comme nous le savons, Freud trouva quil ny a pas de diffrence structurelle entre le normal et le nvros, et cette dcouverte a t de la plus haute importance dans la comprhension des processus mentaux en gnral. Mon hypothse que des angoisses de nature psychotique sont omniprsentes dans la petite enfance et quelles sont la base de la nvrose infantile est une extension de la dcouverte de Freud.2. Les conclusions que jai prsentes dans le dernier paragraphe peuvent tre trouves entirement traites dans La psychanalyse des enfants, op. cit.nus tre une part essentielle du mode dexpression de lenfant. Comme nous lavons vu, la brique, le petit personnage, la voiture ne reprsentent pas seulement des choses qui intressent lenfant en elles-mmes, mais dans son jeu avec elles, elles ont toujours aussi un grand nombre de significations symboliques qui sont troitement lies ses fantasmes, ses dsirs et ses expriences. Ce mode archaque dexpression est aussi le langage auquel nous sommes accoutums dans les rves, et ce fut en approchant le jeu de lenfant dune manire semblable linterprtation des rves de Freud que je dcouvris que je pouvais avoir accs linconscient de lenfant. Mais nous devons considrer lusage que chaque enfant fait des symboles en rapport avec ses motions et ses angoisses particulires et en relation la situation globale qui est prsente dans lanalyse; de simples traductions gnralises de symboles sont dpourvues de signification.Limportance que jai attribue au symbolisme ma amene avec le temps des conclusions thoriques sur le processus de la formation de symbole. Lanalyse du jeu avait montr que le symbolisme permettait lenfant de transfrer non seulement des intrts, mais aussi des fantasmes, des angoisses et de la culpabilit sur des objets autres que les personnes29. Ainsi il y a beaucoup de soulagement prouv dans le jeu et ceci est un des facteurs qui le rendent tellement essentiel pour lenfant. Par exemple, Peter, dont jai parl prcdemment, me fit remarquer, lorsque jinterprtai le fait quil abmait un personnage-jouet comme reprsentant des attaques sur son frre, quil ne ferait pas a son frre rel, il ne le faisait quau frre jouet. Mon interprtation lui fit bien sr voir clairement que ctait rellement son frre quil dsirait attaquer; mais lexemple montre que ce nest que par des moyens symboliques quil fut mme dexprimer ses tendances destructrices dans lanalyse.Je suis galement arrive lide que, chez les enfants, une inhibition svre de la capacit former et utiliser des symboles, et ainsi constituer une vie fantasmatique, est le signe dune perturbation srieuse30. Jai suggr que de telles inhibitions et la perturbation qui en rsulte dans la relation au monde externe et la ralit sont caractristiques de la schizophrnie31.Je puis dire au passage que jai trouv dune grande valeur du point de vue clinique et thorique le fait que janalysais la fois des adultes et des enfants. Je fus de cette faon en mesure dobserver les fantasmes et les angoisses du nourrisson encore en action chez ladulte et dvaluer chez le jeune enfant ce que son dveloppement futur pourrait tre. Ce fut en comparant lenfant svrement malade, lenfant nvros et lenfant normal ainsi quen reconnaissant les angoisses infantiles de nature psychotique comme la cause de la maladie chez les nvross adultes que jarrivai aux conclusions que jai dcrites plus haut32.VIEn ramenant, dans les analyses dadultes et denfants, le dveloppement des motions, des fantasmes et des angoisses leur origine, c--d aux sentiments lgard du sein de la mre (mme avec les enfants qui nont pas t nourris au sein), jai dcouvert que les relations dobjet commencent presque la naissance et surviennent avec la premire exprience de prise de nourriture; que, de plus, tous les aspects de la vie mentale sont troitement lis aux relations dobjet. Il est aussi apparu que lexprience que lenfant fait du monde externe, qui trs vite comprend sa relation ambivalente son pre et aux autres membres de sa famille, est constamment influence par et son tour influence le monde interne quil est en train ddifier, et que les situations externes et internes sont toujours interdpendantes, puisque lintrojection et la projection oprent lune ct de lautre ds le commencement de la vie.Les observations selon lesquelles, dans lesprit du nourrisson, la mre apparat primitivement comme bon et mauvais sein clivs lun de lautre et comme quoi, dans lespace de quelques mois, avec lintgration croissante du moi, les aspects opposs commencent tre synthtiss mont aide comprendre limportance des processus o sont clives et maintenues spares les figures bonnes et mauvaises33, aussi bien que leffet de tels processus sur le dveloppement du moi. La conclusion tirer de lexprience que langoisse dpressive survient comme un rsultat de la synthse par le moi des bons et des mauvais (aims et has) aspects de lobjet ma, son tour, amene au concept de la position dpressive qui atteint son apoge vers le milieu de la premire anne. Elle est prcde par la position paranode qui stend sur les trois ou quatre premiers mois de la vie et est caractrise par langoisse perscutive et les processus de clivage34. Plus tard, en 194635, lorsque je reformulai mes ides sur les premiers mois de la vie, je nommai ce stade (en me servant dune suggestion de Fairbaim)36 la position paranode-schizode, et, en laborant sa porte, je cherchai coordonner mes dcouvertes sur le clivage, la projection, la perscution et lidalisation.Mon travail avec les enfants et les conclusions thoriques que jen tirai a influenc de manire croissante ma technique avec les adultes. Cela a toujours t un principe de la psychanalyse que linconscient, qui a son origine dans lesprit infantile, doive tre explor chez ladulte. Mon exprience avec les enfants ma amene bien plus profondment dans cette direction que ce ntait le cas auparavant, et ceci mena une technique qui rendit possible laccs ces couches-l. En particulier, ma technique de jeu ma aide voir quel matriel avait le plus besoin dinterprtation sur le moment et la faon dont elle serait le plus facilement communique au patient; et une partie de ce savoir, je pus lappliquer lanalyse des adultes1. Comme cela a t indiqu plus haut, ceci ne veut pas dire que la technique utilise avec les enfants est identique lapproche des adultes. Bien que nous trouvions notre chemin en remontant vers les stades les plus prcoces, il est de la plus haute importance en analysant des adultes de tenir compte du moi adulte, tout comme avec les enfants nous gardons le moi infantile lesprit en fonction du stade de son dveloppement.La comprhension plus complte des stades les plus prcoces du dveloppement, du rle des fantasmes, des angoisses et des dfenses dans la vie motionnelle du nourrisson a galement mis en lumire les points de fixation de la psychose adulte. Comme rsultat sest ouverte une nouvelle voie de traitement des patients psychotiques par la psychanalyse. Ce champ, en particulier la psychanalyse des patients schizophrnes, ncessite une exploration supplmentaire; mais le travail accompli dans cette direction par certains psychanalystes, qui sont reprsents dans ce livre37, parat justifier des espoirs pour le futur.13New Directions in Psycho-Analysis.14Une description de cette premire approche est donne dans le livre dAnna Freud, Le traitement psychanalytique des enfants (1927); trad. par E. Rochat et A. Berman, PUF, 1951.15Le dveloppement dun enfant (1923); le rle de lcole dans le dveloppement libidinal de lenfnt (1929); et lanalyse des jeunes enfants (1926); trad. dans Essais de psychanalyse, Payot, 1963.16Ce sont principalement: de petits hommes et femmes en bois, habituellement de deux tailles, des autos, des brouettes, des balanoires, des trains, des avions, des animaux, des arbres, des briques, des maisons, des cltures, du papier, des ciseaux, un couteau, des crayons, des craies ou des peintures, de la colle, des balles et des billes, de la pte modeler et de la ficelle.17Elle a un sol lavable, leau courante, une table, quelques chaises, un petit canap, quelques coussins et une commode.18Des exemples de jeu avec des jouets et des jeux dcrits ci-dessus peuvent tre trouvs dans La psychanalyse des enfants, op. cit. (en particulier dans les chap. II, III et IV). Voir aussi La personnification dans le jeu des enfants (1929), dans Essais de psychanalyse, op. cit.19Cet enfant, dont lanalyse fat commence en 1924, fut un autre des cas qui maidrent dvelopper ma technique de jeu.20Rita eut quatre-vingt-trois sances, Trude quatre-vingt-deux.21Cf. Esquisse dune histoire du dveloppement de la libido base sur la psychanalyse des troubles mentaux (1924), trad. par Use Barande dans Dveloppement de la libido. uvres compltes, 2, Payot 1966.22Ruth eut 190 sances, Peter 278.23Cette conviction grandissante quant limportance fondamentale des dcouvertes dAbraham fut aussi le rsultat de mon analyse avec lui, analyse qui commena en 1924 et fut courte, quatorze mois plus tard, par sa maladie et sa mort.24Dcrite sous le nom dEma dans La psychanalyse des enfants, op. cit., chap. III.25Cf. Stades prcoces de conflit oedipien (1918) dans Essais de psychanalyse, op. cit.26Limportance de la formation de symbole dans le dveloppement du moi (1930) dans Essais de psychanalyse, op. cit.27Ces conclusions ainsi que dautres sont contenues dans deux articles que jai dj mentionns Stades prcoces du conflit dipien et Limportance de la formation de symbole dans le dveloppement du moi. Voir aussi La personnification dans le jeu des enfants (1929) dans Essais de psychanalyse, op. cit.28Il est possible que la comprhension des contenus des angoisses psychotiques et de lurgence de les interprter mait t donne dans lanalyse dun schizophrne paranoaque qui vint me voir pendant un mois seulement. En 1922 un collgue qui partait en vacances me demanda de moccuper dun schizophrne de ses patients. Je vis ds la premire sance quil ne fallait pas que je laisse le patient demeurer silencieux aussi peu que ce fut. Je sentis que son silence impliquait du danger, et chaque fois que cela se produisait jinterprtai quil me souponnait, par exemple, que je complotais avec son oncle et que je le ferai dclarer atteint de maladie mentale (il avait rcemment eut un certificat dans le sens oppos) un matriel quen dautres occasions il exprima verbalement. Une fois, lorsque jeus interprt son silence de cette faon, faisant le lien avec du matriel prcdent, le patient, se rasseyant, me demanda dun ton menaant: Allez-vous me renvoyer lasile? Mais il se calma vite et commena parler plus librement. Ceci me montra que jtais dans la bonne direction et que je devais continuer interprter ses soupons et ses sentiments de perscution. Dans une certaine mesure un transfert positif tout29Sous ce rapport, cf. larticle important du Dr Ernest Jones La thorie du symbolisme (1916).30Limportance de la formation de symbole dans le dveloppement du moi (1930) dans Essais de psychanalyse, op. cit.31Cette conclusion a depuis influenc la comprhension du mode de communication schizophrnique et a trouv sa place dans le traitement de la schizophrnie.32Je ne peux traiter ici de la diffrence fondamentale qui, outre les traits communs, existe entre le normal, le nvros et le psychotique.33Personnification dans le jeu des enfants (1929).34Contribution ltude la psychogense des tats maniaco-dpressifs (1935) dans Essais de psychanalyse, op. cit.35Notes sur quelques mcanismes schizodes (1946); trad. par Willy Baran-ger dans Dveloppement de la psychanalyse, op. cit.36W. R. D. Fairbaim, A revised psychopathology of the psychoses and neu-roses (1941).37Rappel du traducteur: Cet article est dabord paru comme introduction du recueil New Directions in Psycho-Analysis.1. La technique de jeu a galement influenc le travail avec les enfants dans dautres champs, comme par exemple dans le travail de guidance infantile et dans lducation. Le dveloppement de mthodes dducation en Angleterre a reu un nouvel lan par la recherche de Susan Isaac la Malting House School. Ses livres sur ce travail ont t largement lus et ont eu un effet durable sur les techniques dducation dans ce pays, tout spcialement l o il sagit de jeunes enfants. Son approche fut fortement influence par sa haute estime pour lanalyse denfants, en particulier pour la technique de jeu; et cest en grande partie de son fait si, en Angleterre, la comprhension psychanalytique des enfants a contribu des dveloppements dans lducation.