suara 50: un noël qui parle à tous les humains

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Dans ce numéro Le sens chrétien de la fête Exposition Eglise dans le monde Université Catholique du Congo Exigences de l’activité missionnaire Chanteurs à l’étoile Lu pour vous | Amoureux de l’Islam, croyant en Jésus JMJ-Journées Mondiales de la Jeunesse Fêter Noël au Séminaire Column | Michel Coppin Interview Arnaud Join- Lambert (UCL) Fête d’amour et de solidarité Les semaines avant Noël, notre société est incitée à acheter et à consommer. Les boîtes à lettres regorgent de publicités de toutes sortes. Les sites internet nous submergent de tant d’offres pour nous pousser à célébrer la grande fête de la consommation. C’est pourquoi le monde chrétien déplore aujourd’hui, ici et là, l’aspect trop commer- cial de la fête de Noël. Il s’agit d’aller au-delà d’un Noël folklorique et de revenir à plus de spiritualité. Il est question de revisiter le sens de Noël, d’en faire la fête des valeurs humai- nes: la fête de la solidarité, du dialogue et de la rencontre des peuples, la fête des valeurs qui peuvent toujours nous sauver. Puissions-nous avoir le cœur à les fêter! Ce serait là une façon de donner un sens à la vie. Ce serait une manière de montrer, comme le souligne Arnaud Join-Lambert dans l’interview de la dernière page de ce Suara, que les fêtes sont «essentielles à la construction d’un ‘vivre ensemble’, dans lequel chacun (...) puisse trouver sa place et un sens à la vie». A cet égard, la rédaction du Suara souhaite que Noël soit l’une de ces fêtes chrétiennes qui animent la recherche du sens, font vivre dans le temps présent ce que Dieu a fait et promis de faire dans l’Alliance. C’est tout l’enjeu du mémorial repris par les chrétiens au moment où ils se souviennent du mystère d’un Dieu qui sans cesse recherche l’homme et le sauve dans la mort et la résurrection du Christ. Ce qui ne peut que provoquer à l’engagement dans la société et à la fête des valeurs d’humanité. Certaines communautés croyantes le souli- gnent notamment lorsqu’il s’agit de mettre en honneur Jésus oint de l’onction royale: Ohé, ohé, venez voir Jésus oint de l’onction royale, Il est comme un bélier à la musculature saillante, Il vient changer la face de l’histoire. Seigneur nous t’acclamons. Louange à toi Mon Seigneur, Fils unique de Marie et de Joseph le menuisier. Jésus, vers qui tout tend, Ta Parole bouleverse. Louange à toi Mon Seigneur, Louange à Toi, Seigneur. Sylvain Kalamba Nsapo Un Noël qui parle à tous les humains Noël dans le monde «La population du Myanmar est majoritairement bouddhiste, 4% seulement est chrétienne. Pourtant, nous célébrons la Noël avec exubérance dans tout le pays. Même les bouddhistes la célèbrent avec nous!» (Lucas Tha Ling Somme, prêtre du diocèse de Hakha, au nord-ouest du Myanmar) Lire la suite p. 4 + 5. Arnaud Join-Lambert «L’action de (…) hisser (un drapeau), de le saluer avec une attitude digne en écoutant un hymne national constitue une activité symbolique, rituelle, suscitant l’émotion et la ferveur.» (Arnaud Join-Lambert: Au-delà des fêtes commerciales et superficielles). Lire la suite p. 8. Photo: Roberto Urrea © Wereldmediatheek, Johan Denis Suara: déjà le numéro 50! Afgiftekantoor: Antwerpen x P 508033 DÉCEMBRE 2012 – JANVIER – FEVRIER 2013 La voix des peuples Missio Belgique, Bd du Souverain 199, 1160 Bruxelles Publication trimestrielle de Missio Suara

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La présente livraison de notre journal permet de dégager le sens chrétien de la fête. On y découvre notamment une mine d’informations sur les différentes manières de célébrer Noël dans le monde. D’autres articles ont pour but de rappeler les exigences de l’activité missionnaire avant de souligner à la fois l’enjeu des Chanteurs à l’étoile, de la Journée de l’Afrique et des Journées Mondiales de la Jeunesse.

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Page 1: Suara 50: Un Noël qui parle à tous les humains

D a n s c e n u m é r o

• Le sens chrétien de la fête• Exposition Eglise dans le monde• Université Catholique du Congo• Exigences de l’activité missionnaire

• Chanteurs à l’étoile • Lu pour vous | Amoureux de l’Islam,

croyant en Jésus• JMJ-Journées Mondiales de la Jeunesse

• Fêter Noël au Séminaire• Column | Michel Coppin• Interview Arnaud Join-

Lambert (UCL)

Fête d’amour et de solidarité

Les semaines avant Noël, notre société est incitée à acheter et à consommer. Les boîtes à lettres regorgent de publicités de toutes sortes. Les sites internet nous submergent de tant d’offres pour nous pousser à célébrer la grande fête de la consommation.

C’est pourquoi le monde chrétien déplore aujourd’hui, ici et là, l’aspect trop commer-cial de la fête de Noël. Il s’agit d’aller au-delà d’un Noël folklorique et de revenir à plus de spiritualité. Il est question de revisiter le sens de Noël, d’en faire la fête des valeurs humai-nes: la fête de la solidarité, du dialogue et de la rencontre des peuples, la fête des valeurs qui peuvent toujours nous sauver. Puissions-nous avoir le cœur à les fêter!

Ce serait là une façon de donner un sens à la vie. Ce serait une manière de montrer, comme le souligne Arnaud Join-Lambert dans l’interview de la dernière page de ce Suara, que les fêtes sont «essentielles à la construction d’un ‘vivre ensemble’, dans lequel chacun (...) puisse trouver sa place et un sens à la vie».

A cet égard, la rédaction du Suara souhaite que Noël soit l’une de ces fêtes chrétiennes qui animent la recherche du sens, font vivre dans le temps présent ce que Dieu a fait et promis de faire dans l’Alliance. C’est tout l’enjeu du mémorial repris par les chrétiens au moment où ils se souviennent du mystère d’un Dieu qui sans cesse recherche l’homme et le sauve dans la mort et la résurrection du Christ. Ce qui ne peut que provoquer à l’engagement dans la société et à la fête des valeurs d’humanité. Certaines communautés croyantes le souli-gnent notamment lorsqu’il s’agit de mettre en honneur Jésus oint de l’onction royale:

Ohé, ohé, venez voir Jésus oint de l’onction royale, Il est comme un bélier à la musculature saillante, Il vient changer la face de l’histoire.Seigneur nous t’acclamons.Louange à toi Mon Seigneur, Fils unique de Marie et de Joseph le menuisier. Jésus, vers qui tout tend, Ta Parole bouleverse. Louange à toi Mon Seigneur, Louange à Toi, Seigneur.

Sylvain Kalamba Nsapo

Un Noël qui parle à tous les humains

Noël dans le monde «La population du Myanmar est majoritairement bouddhiste, 4% seulement est chrétienne. Pourtant, nous célébrons la Noël avec exubérance dans tout le pays. Même les bouddhistes la célèbrent avec nous!» (Lucas Tha Ling Somme, prêtre du diocèse de Hakha, au nord-ouest du Myanmar)

Lire la suite p. 4 + 5.

Arnaud Join-Lambert«L’action de (…) hisser (un drapeau), de le saluer avec une attitude digne en écoutant un hymne national constitue une activité symbolique, rituelle, suscitant l’émotion et la ferveur.» (Arnaud Join-Lambert: Au-delà des fêtes commerciales et superfi cielles).

Lire la suite p. 8.

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La voix des peuples • Missio Belgique, Bd du Souverain 199, 1160 Bruxelles • Publication trimestrielle de Missio

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Page 2: Suara 50: Un Noël qui parle à tous les humains

Il est de coutume de dire que toute la vie se célèbre comme une fête. Elle est rythmée par des célébrations continuelles: quand on travaille, quand on récolte ou quand on a un roi juste comme c’est le cas dans la Bible, etc. Ici, en Europe ou ailleurs, il arrive aux gens d’organiser une festivité «à l’occasion de rien» (un barbecue). On y crie simplement sa

joie pour le sentiment de bien-être qu’on éprouve. On fête la vie. Mais l’idée de fête qui semble plus déterminante évoque un événement organisé par les membres d’une société en vue de célébrer quelque chose ou quelqu’un. A la naissance d’un bébé, fusent alors les explosions de joie, comme à l’entrée en salle des noces de nouveaux mariés. Il en est de même d’autres événements célébrés qui concernent l’accroissement de la vie d’un individu ou d’un groupe. La vie est ce qui est recherché partout et en tout, même à l’occasion de la mort. Celle-ci, en effet, renvoie au rite du passage d’une vie à l’autre.

La Vie dans la célébration de la mortDans de nombreuses cultures et religions, on commémore les défunts. La visite et le nettoyage des tombes familiales est une manière propre à la Chine de célébrer les morts. Le 1er novembre de chaque année, les Européens de France ou de Belgique posent le même geste. Dans l’Eglise catholique romaine, c’est le 2 novembre qu’on rend hommage aux personnes disparues de l’année écoulée. Autant il faut, donc, à travers l’existence quotidienne et les événements heureux, honorer la vie et témoigner de la joie de vivre; autant il importe de montrer, à travers les événements malheureux comme la mort, que la vie n’est pas pour autant détruite. De façon particulière, l’Afrique le démontre par sa manière de célébrer la mort. Toutes ces démarches mettent la vie dans la célébration de la mort. Comme le dirait Birago Diop, «les morts ne sont pas morts». La vie est éternelle.

Sens chrétien de la fêteDans la religion chrétienne, cette évocation de la vie trouve sa pleine signification dans la vie, la mort et la résurrection du Christ. Le chrétien est appelé à se souvenir du salut de

Dieu et à célébrer cette mémoire avant tout dans l’eucharistie. On voit ainsi apparaître le sens de la fête chrétienne. Pour un chrétien, le sens de la fête peut s’articuler autour de quelques éléments fondamentaux, dont ceux cités ci-après:

• Montrer que chez les chrétiens, chaque jour est aussi un jour de fête, où il faut crier sa joie à Dieu de nous avoir aimés. Cette dimension de la permanence de la fête res-sort déjà dans l’Ancien Testament:: «Tu célébreras la fête des Tentes pendant sept jours…» (cf. Dt 16, 2s).

• Evoquer les événements fondateurs du christianisme, c’est-à-dire la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Les fêtes chrétiennes rappellent ce qui cons-titue le cœur de la foi, et le soulignent avec force et constance (1 Co 2. 1-5; 15. 1-4).

• Souligner l’ancrage historique de la foi. La foi chrétien-ne n’est pas un mythe ou une fiction. Elle s’enracine dans des événements fondateurs qui se sont déroulés à une époque précise de notre histoire (Lc 4. 1-4).

• Une célébration festive permet que la foi puisse se transmettre de génération en génération, de bouche à oreille.

• Une fête chrétienne donne lieu à l’anticipation du Règne. Certains peuples, plus que d'autres, l’ont bien compris lorsqu’ils chantent alors même qu'ils sont assis ‘au bord des fleuves de Babylone’ la conquérante, pris en otage économiquement, politiquement, culturellement et militairement par des «geôliers» superpuissants (cf. ps 126). C’est le sens qu’il importe de dégager de la mort de Mgr Romero, tombé sous les balles d’un pouvoir dic-tatorial au moment où il confessait sa foi et symbolisait dans une eucharistie le bonheur des pauvres.

Tel est, en peu de mots, le sens chrétien de la fête qui est celui de la mémoire ou du souvenir de ce que Dieu a fait dans l’Alliance et de ce que l’homme a vocation à réali-ser de par l’Alliance. Un tel souvenir ne peut que susciter l’engagement dans la société.

Apropos du sens chrétien de la fête Tout le monde peut faire la fête ou organiser toutes sortes de fêtes. Quel en est le sens? Nous aimerions brièvement répondre à cette interrogation et dégager par la suite le sens chrétien de la fête.

Sylvain Kalamba Nsapo

• Lafêtecommecélébrationdelavie• Laviedanslacélébrationdelamort• Senschrétiendelafête

Dans nos Eglises occidentales, cela n’est cependant pas toujours facile à admettre, mais la plupart des sacrements présentent un caractère de fête accentué. L'alliance entre Dieu et l'homme est non seulement confirmée, mais célébrée avec reconnaissance par les sacrements tels l’eucharistie, le baptême et le mariage. Une des premiè-res images de l'exposition – une photographie d'une célébration eucharistique de Noël à Kolwezi (R.D. du Congo) – confirme ce fait. Ce sont des instants où la prière est paisible, où il y a un échange mutuel enthou-siaste exprimé par le chant et la danse.

Il y a cinquante ans, le Concile Vatican II reconnaissait que l'Évangile n’était pas l’apanage d’une culture, mais qu’il s’adressait à tous les peuples. Le Concile a ouvert la porte à «l'inculturation»: l’intégration de l'Évangile dans les différentes cultures. Partout dans le monde, les chré-tiens emploient leur propre langue, outils et symboles, ... dans la liturgie. Les photos et les vidéos présentées dans l'église Saint-Nicolas n’en ont donné qu’un petit aperçu, mais oh combien fascinant.

Fête des morts au MexiqueL'autel mortuaire mexicain, installé le 31 octobre par l’asbl gantoise Mezcal, a sans nul doute bien retenu l’attention du public. Toutes les personnes qui se sont déplacées dans l'église Saint-Nicolas, ont été frappées par les décorations en papier richement colorées qui invitaient à une véritable découverte. Vues de près, ces étonnantes décorations colorées représentaient en réalité des crânes et des squelettes avec de multiples perforations.

Pour la moyenne des Occidentaux que nous sommes, l’autel – paré de beaucoup de crânes de tailles et d’importances dif-férentes – donnait une impression quelque peu macabre. Mais à côté de cela, on trouvait également de l'eau, du sel, du pain, des fleurs, des bougies et du copal (résine utilisée comme encens): cela afin d’assurer aux trépassés un bon voyage vers l’au-delà. Les photos des personnes disparues montrent clai-rement comment on prenait soin des défunts. Au Mexique, on croit que les esprits des morts rendent visite aux vivants lors du «dia de los muertos» (jour des morts, 1 Novembre). Ce jour-là il y a donc aussi une grande et joyeuse fête.

RétRospective | Expo: ‘L’Eglise dans le Monde’Du 15 septembre au 18 novembre dernier, l’église Saint Nicolas de Gand a accueilli une exposition sur les sacrements dans l’Eglise universelle. Le doyenné de la ville et Missio se sont mis ensemble. L’idée était de montrer comment ‘l’Eglise’, dans chaque continent, dans chaque pays, annonçait sa ‘propre couleur’.

Liesbeth Rogge

5 Fête des morts au Mexique.

5 Célébration de palme à Akil Samdi, Haïti.

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Suara 2La voix des peuples

Page 3: Suara 50: Un Noël qui parle à tous les humains

Les évêques du Congo ont créé l’Université Catholique du Congo (UCC) pour former des ressources humaines compétentes, aptes à promouvoir le développement inté-gral de la société et de l’Eglise. L’UCC est un instrument d’évangélisation en profondeur de la société, en particulier des milieux de la culture et des intellectuels. Elle fait la différence dans les milieux universitaires congolais. Elle est notamment l’unique institution d’enseignement dont le calendrier académique est respecté. Le diplôme accordé signifie à la fois science et conscience. De fait, chaque année, l’UCC offre à la société et à l’Eglise au moins 500 jeunes très qualifiés et compétitifs. Sur la cinquantaine d’évêques

de la RDC, plus de la moitié sont des anciens étudiants de l’UCC. Il en est de même du corps académique et adminis-tratif. L’enseignement scientifique du Droit et des Sciences politiques à l’UCC va d’ici deux ans produire les premiers gestionnaires de la chose publique.

2.720 étudiantsMalheureusement, l’UCC n’a pas une capacité d’accueil qui lui permettrait d’inscrire beaucoup d’étudiants. Pour l’année académique 2011-2012, elle a compté 3.275 étudiants. Cette année, pour les classes de recrutement, elle a déjà enregistré plus de 790 étudiants; pour les classes montan-

tes, 2.720 étudiants sont attendus. Afin de remédier à ce manque d’infrastructures, les évêques ont décidé d’entamer les travaux de construction d’un nouveau campus à 16 km de l’actuel site, avec les moyens disponibles obtenus grâce à la campagne de sensibilisation menée par le Comité de col-lecte de fonds au niveau local et grâce à la contribution de certains catholiques d’Europe (Belgique, Italie, Allemagne, etc.). Le premier bâtiment construit sur ce site pourra être prêt à l’ouverture de l’année académique 2013-2014. Heureusement, l’UCC entretient des relations de coopération avec plusieurs universités, dont celles de Louvain-La- Neuve, de Leuven et d’Anvers. Elle bénéficie également de la solida-rité des évêques belges. L’UCC remercie tous les bienfaiteurs, surtout les catholiques de Belgique, pour leur générosité.

Créer des groupesIl faut créer des groupes, ce qui est le prin-cipe général de la mission; puis il faut intro-duire ces groupes aux valeurs évangéliques, et leur donner la responsabilité de créer à leur tour d’autres groupes avec le même objectif. Chacun de ces groupes doit recevoir une mis-sion évangélique particulière, ou un apostolat spécifique, les malades pour les uns, les dému-nis pour les autres, les jeunes ou encore les non croyants pour d’autres, etc. C’est de cette manière que, de 40 paroissiens à son arrivée à Cuba en 1964, l’Abbé Collie en est reparti en 1967 avec une paroisse remplie de centaines de fidèles. Près de 50 ans après, il continue de recevoir, avec joie et émotion, des témoignages des groupes qu’il a formés, avec des photos illustrant un dynamisme jamais interrompu. Voilà le secret de la mission, nous confie-t-il, «faire, faire faire et laisser faire».

Des églises désertées par les fidèlesQue faire de notre société et de nos églises désertées par les fidèles, et où la relève n’est pas assurée? Observer nos jeunes, juger à la lumière de l’Evangile les valeurs et contre-valeurs auxquelles ils s’attachent, et agir ensuite en proposant l’Evangile sous forme de réponse à des problèmes concrets, à tra-vers des groupes de jeunes à rassembler. Et

c’est ici que l’on a péché, confesse l’homme d’Eglise, car on a confondu le moyen et le but, le sacrement et la foi. Il faut mettre sur pied des structures pour regrouper et accompagner les jeunes après leur profes-sion de foi ou leur communion.

Desjeunesprêtresvenusd’ailleursLa venue de jeunes énergies est néces-saire, notamment de jeunes prêtres venus d’ailleurs, pour développer notre vision missionnaire. La réussite variera naturelle-ment d’une situation à une autre. Toutefois, décline humblement l’Abbé Collie, il ne faut pas rechercher aujourd’hui l’Eglise du passé. Il faut plutôt chercher les possibilités de créer une Eglise nouvelle. Et ces possibilités exis-tent, il faut les rechercher quotidiennement avec optimisme, car rien ne sert d’être pes-simiste. «Il faut simplement s’aimer; et avec le temps, l’Esprit Saint fera le reste, Il n’est pas complètement endormi».

afRique | Un signe de la solidarité de la Journée de l’Afrique

Exigences de l’activité missionnaire

La Journée de l’Afrique est l’expression de la solidarité de l’Eglise de Belgique avec les Eglises du Rwanda, du Burundi et de la R.D. du Congo. Elle contribue notamment à la vitalité de l’Université Catholique du Congo. Une importante aide financière est annuellement attribuée à celle-ci en vue de son rayonnement au sein de l’espace ecclésial et social congolais. C’est pourquoi nous avons demandé à l’Abbé Recteur Matand Jean Bosco de parler de la vie et des défis de cette Université Catholique au cœur de la R.D. du Congo.

Sylvain Kalamba Nsapo

Prêtre du diocèse de Tournai, ancien missionnaire belge à Cuba, et soutien de Missio depuis bientôt 15 ans, l’Abbé Joseph Collie nous livre sa vision de la mission, hier et aujourd’hui, dans un entretien qu’il a accepté d’accorder à Missio Belgique. Du haut de ses 92 ans, loin des grandes théories sur la mis-sion, il expose avec conviction et lucidité les principes et les exigences fonda-mentales de l’activité missionnaire, à la lumière de sa longue expérience.

Emmanuel Babissagana

• Créationetfonctionnementde l’UniversitéCatholiqueduCongo• Constructiond’unnouveaucampus• Coopérationinteruniversitaire

5 Les travaux de construction d’un nouveau campus.

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Dialoog

Ontmoeting

Solidariteit

Dialogue

Rencontre

Solidarité

"Que faire de notre société et de nos églises désertées par les fidèles, et où la relève n’est pas assurée?"

“Chaque année, l'Université Catho-lique du Congo offre à la société et à l'Eglise au moins 500 jeunes très qualifiés et compétitifs.”

Suara 3La voix des peuples

Page 4: Suara 50: Un Noël qui parle à tous les humains

Le dimanche 6 janvier 2013 aura lieu l’action Chanteurs à l’étoile. A la suite des Mages, nous aussi, nous désirons être des messagers de paix. Nous voulons ressembler à une étoile pour ceux que nous rencontrons; nous voulons être des semeurs de joie. Depuis 10 ans, Madame Sylvie Detollenaere s’investit dans l’action Chanteurs à l’étoile.

Michel Musimbi

Missio: Que pensez-vous de l’action Chanteurs à l’étoile?Sylvie Detollenaere: «L’initiative est excellente; l’action est con-crète, éducative et ludique en même temps. Elle a l’avantage de lier étroitement la foi au monde par l’intermédiaire des enfants. Les enfants savent que le but de cette action est de chanter la joie de Noël au cœur de leur village.»

Missio: Les paroisses et les curés, sont-ils porteurs de cette action?Detollenaere: «Ça dépend! Sensibiliser, mobiliser les catéchistes, c’est bien; mais encore faut-il que le curé de la paroisse et la paroisse portent cette action. A Rofessart, nous avons la chance d’avoir un curé qui s’est toujours investi pour les Chanteurs à l’étoile. Il annonce l’action à l’église. Il bénit les enfants et nous retrouve à la fi n pour boire le chocolat chaud avec les enfants.»

Missio: L’action Chanteurs à l’étoile, c’est une journée par an. Mais, il y a les 364 autres jours. Au niveau de la foi de ces enfants, comment répercuter cette journée?Detollenaere: «Un amour semé produit des fruits toute l’année; cette action permet de mieux connaître son village, son quartier; elle permet de mettre des noms sur les visa-ges des personnes, de pouvoir leur dire bonjour. C’est une démarche locale mais qui prend une dimension universelle; les enfants marchent et sont solidaires d’autres enfants à travers le monde. L’argent récolté constitue une contribution à la réalisation des projets des enfants soutenus par Missio.» Missio: Qu’est-ce que ces Chanteurs à l’étoile peuvent apporter aux habitants?Detollenaere: «Les habitants sont surpris et contents en même temps de voir les enfants faire quelque chose pour d’autres enfants. Une visite, ça fait toujours du bien; il est des gens qui n’ont personne à leur côté (personnes âgées, malades), qui passent des journées seuls. Tout d’un coup, on frappe à leurs portes et ce sont les Chanteurs à l’étoile. Je vous assure que ça fait chaud au cœur!»

SuaraLa voix des peuples

4 SuaraLa voix des peuples

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Les Chanteurs à l’étoile arrivent!

Noël dans le mondeDepuis le début de l’Avent, nous attendons avec impatience le jour où Jésus est né. La veille de Noël, nous nous préparons pour la messe de minuit. Le jour de Noël, la famille se réunit pour partager la dinde et fêter la naissance de l’enfant Jésus.

Nous échangeons des petits cadeaux dans une ambiance toute paisible. Telle est la tradition chez nous. Mais est-ce aussi le cas dans le reste du monde? Comment les communautés chrétiennes en Afrique, en Asie et en Amérique latine célèbrent-elles

traditionnellement Noël? Missio a recueilli quelques témoignages à travers le monde.

Catherine De Ryck & Caroline MedatsCatherine De Ryck & Caroline Medats

Comme les trois Rois Mages circulent dans les rues en Zambie«Noël est une très grande fête populaire en Zambie. Même les non-chrétiens célèbrent la Noël. Le jour de Noël, nos collectivités sont en effervescence: tout le monde danse, chante et fait la fête. Les familles veillent à présenter un succulent repas: en général, elles préparent du poulet avec du riz. Les enfants reçoivent des petits cadeaux. Les familles se rendent mutuellement visite et se transmettent leurs meilleurs vœux.À l’approche du 25 décembre, les personnes qui œuvrent dans les paroisses, expliquent aux enfants la signification de l’Avent, de la Noël et de la fête de l’Epiphanie. Elles donnent une représenta-tion de la naissance de Jésus et de la visite des trois Rois Mages. Trois enfants se déguisent avec une couronne sur la tête, l’un d’eux porte une étoile qui est visible de fort loin. Certains por-tent des présents et chantent des chants de Noël pour accueillir l’enfant Jésus. Ils donnent des petits cadeaux aux enfants pau-vres et malades, les invitent à un repas et font des bricolages à offrir à leurs amis, à leurs parents et à toute la famille.»- Bernard MakadaniZulu, prêtre directeur des Missions Pontificales en Zambie.

Missio België

Brussel

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Ontmoeting

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Dialogue

Rencontre

Solidarité

Foto

: Mis

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des Missions Pontificales en Zambie.

Spécialités éthiopiennes

pour le jour de Noël

«Selon le calendrier éthiopien, nous célébrons Noël

le 29ième jour du mois de Tahsas (décembre). Cela

correspond au 7 janvier du calendrier grégorien. Une

période fi xe de 43 jours, tsome gahad, précède le

jour de Noël. Après une spectaculaire procession la

veille de Noël, nous célébrons la messe de minuit

jusqu’à 3h du matin. Après l’Eucharistie, les fi dè-

les rentrent à la maison et on rompt le jeûne. Nous

mangeons le dorowott, un ragoût de viande piquant,

et de la injera, une grande crêpe à consistance de

pain. Nous buvons la tella, une bière locale et du

tej, un vin à base de miel. A la fi n de la journée, des

jeunes s’adonnent au genna, une sorte de hockey

joué avec un stick et une petite balle en bois. En

Éthiopie, nous appelons aussi parfois Noël: genna.

Les chrétiens orthodoxes de Lalibela, cité monas-

tique inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO,

célèbrent en même temps le patron de la ville.»

- Mgr. Woldeghiorghis Matheos, Vicaire Apostolique

de Hosanna, situé au centre de l’Ethiopie

Missio België

Bruxelles

SuaraSuaraLa voix des peuplesLa voix des peuples

Heureuses retrouvailles de familles éloignées, dans le sud-est du Nigeria, chez les Igbo«Noël est pour les Igbo’s du Nigeria bien plus qu’une simple fête chrétienne pour célébrer la naissance du Christ. Parce que de nombreux Igbos cherchent, loin de chez eux, un meilleur travail et un meilleur avenir, Noël est l’occasion parfaite pour revenir chez soi. A Noël, nous sommes réunis avec nos proches et nous resserrons à nouveau les liens familiaux. Noël est une fête à signifi ca-tion sociale qui renforce encore le sentiment communau-taire. Noël est aussi important sur le plan économique et culturel. Tout le monde s’échange des cadeaux, en particulier ceux qui reviennent de la ville dans leur village natal. Dans de nombreux villages, toutes sortes de petites productions se font jour, qui confèrent à la Noël sa nécessaire grandeur et sa beauté.»- Benjamin Ezulike, prêtre du diocèse Awk, dans le sud-ouest du Nigeria

Missio Belgique

Bruxelles

Missio BelgiëMissio België

BruxellesBruxelles

Missio BelgiëMissio België

BruxellesBruxelles

Paix et de prospérité pour la République Centrafricaine«Dans mon diocèse de Kaga-Bandoro, nous espé-rons que Noël et l’Épiphanie nous réuniront et nous encourageront à un engagement généreux envers ceux qui ont besoin de notre soutien. Pendant les célébrations, nous nous sentons profondément liés les uns aux autres ainsi qu’avec Dieu qui est au milieu de nous. Espérons que ce lien puisse se développer. La Bonne Nouvelle de Jésus peut aider les gens à devenir meilleurs et à apporter plus de paix dans ce pauvre monde qui est le nôtre, où jeunes et moins jeunes continuent à rêver à plus de paix et de bonheur. Puissionsnous en ces jours de Noël et de Nouvel An compter sur vos prières, afi n que la République Centrafricaine ne reste pas l’un des pays les plus pauvres du monde?»- Mgr Albert Vanbuel, évêque de Kaga-Bandoro,

situé au centre de la République Centrafricaine

Missio België

Brussel

Chants de Noël au Myanmar«La population du Myanmar est majo-ritairement bouddhiste, 4% seulement est chrétienne. Pourtant, nous célébrons la Noël avec exubérance dans tout le pays. Même les bouddhistes la célèbrent avec nous! Pendant la période précé-dant Noël, les enfants vont de porte en porte faire retentir de petits chants. De cette manière, ils annoncent la venue de Jésus et recueillent quelque argent pour fêter Noël. Il y a même quelques jeunes gens bouddhistes qui y participent. Des chanteurs bouddhistes réputés repren-nent aussi des chants de Noël. Noël apporte ainsi la paix au Myanmar. Le jour de Noël, les croyants se réunissent pour participer à un repas de fête.»

- Lucas Tha Ling Somme, prêtre du diocèse de Hakha, au nord-ouest du Myanmar

Missio Belgique

Bruxelles

5 litres d’huile de paraffine pour

la messe de minuit auMalawi

«Les préparatifs de Noël commencent dès le mois de

novembre. Mes paroissiens gagnent alors environ 5 euros

en travaillant dans les champs. Avec cet argent, ils achè-

tent, au marché, de beaux vêtements de seconde main

pour la Noël. Quelques jours avant Noël, ils achètent du

riz et un poulet, qu’ils tuent et font cuire le jour de Noël.

C’est un vrai repas de fête pour les Malawites. Deux fois

par semaine, pendant quatre semaines, les paroissiens

se préparent la célébration de Noël. Nous achetons 5

litres d’huile de paraffine pour les lampes, car il n’y a pas

d’électricité dans notre paroisse. Au cours de la messe de

minuit, on chante et on danse beaucoup aux accents de

chants extatiques, au rythme des tambours. Ce faisant,

nous annonçons, selon la culture du Malawi, qu’un enfant

est né. Après la célébration eucharistique, le jour de Noël,

les croyants se précipitent à la maison pour consommer

un délicieux repas de riz et de poulet. L’après-midi, c’est

toute la communauté qui danse ensemble.»

- Steven Bulambo, prêtre de l’évêché de

Karonga dans le nord du Malawi.

Missio Belgique

Bruxelles

- Benjamin Ezulike, prêtre du diocèse Awk, - Benjamin Ezulike, prêtre du diocèse Awk, dans le sud-ouest du Nigeriadans le sud-ouest du Nigeriadans le sud-ouest du Nigeriadans le sud-ouest du Nigeria

5 litres d’huile de paraffine pour 5 litres d’huile de paraffine pour

Petites crèches de

Noël au Brésil

«Sur la photo vous pouvez voir

une crèche dans l’église de Baixa

Grande, dans l’Etat brésilien de

Bahia. Dans de nombreuses mai-

sons de cette localité, on trouve ces

dernières années des crèches avec

non seulement les bergers et les Rois

Mages, mais aussi avec d’autres

personnages et animaux. Un défi

majeur pour l’Eglise brésilienne.»

- Mgr. André De Witte, évêque de

Ruy Barbosa, dans l’est du Brésil

Missio Belgique

Bruxelles

Page 5: Suara 50: Un Noël qui parle à tous les humains

Lu pouR vous | Amoureux de l’Islam, croyant en Jésus

JMJ | Une fête chrétienne

Au cœur du désert syrien, Paolo Dall’Oglio, s.j., a fondé la communauté monastique de Deir Mar Moussa. Il s’agit d’une communauté mixte et œcuméni-que qui accueille aussi bien des musul-mans que des personnes de différentes origines. Dans le présent ouvrage, Paolo Dall’Oglio se penche sur le rapport entre l’Eglise catholique et la religion musul-mane en vue de promouvoir une pensée d’ouverture. ‘Comment vivre ensemble et à quoi bon vivre ensemble? Quelle est l’originalité des deux religions? Comment s’opèrent l’évangélisation et l’inculturation de la foi chrétienne en milieu musulman? Quelle est la valeur théologique de la pro-phétie de Muhammad du point de vue chrétien?’. Ces questions commandent la méditation et la pensée du jésuite italien. L’auteur ambitionne de proposer ici une théologie d’ouverture et une espérance que permet de comprendre une vie consacrée à l’engagement en faveur de l’autre.

A l’heure où la peur de l’islam refait sur-face, je suis agréablement surpris de con-stater ce qu’une expérience tout humaine permet à Paolo d’indiquer: ‘les religions, et en particulier la religion musulmane, sont des banques de valeurs et des voies pédago-giques d’initiation nécessaires pour nour-rir d’humanité, de fidélité, de gratuité, de beauté, de sens du sacrifice, de tendresse, de mystère, des sociétés démocratiques qui attendent d’être ré-enchantées’.

Mon expérience et ma formation person-nelle m’amènent à saluer la richesse de la théologie appliquée de Paolo qui n’est pas une pure abstraction. Car, elle s’enracine dans le monastère de Deir Mar Moussa et ‘se nourrit des échanges, des conflits, des partages, qui y naissent’.

J’offrirais ce livre à toutes les personnes qui ont peur de l’autre et doutent de la possibilité de dialoguer avec la religion musulmane. Il n’est certes pas exclu d’entrer en débat avec l’auteur de cet ouvrage. Mais sa réflexion a l’avantage d’aider le lecteur intéressé à cas-ser les identités figées et à aller au-delà des contradictions dogmatiques et théologiques entre le Christianisme et l’Islam.

«Les Journées Mondiales de la Jeunesse, c'est une union. Celle de la Foi et de la Joie. Lors de ma préparation à mes premières JMJ, de nombreuses personnes m'ont affirmé que cette expérience allait changer ma vie. Ils avaient raison. Je suis rentrée différente. Les JMJ m'ont permis d'approfondir ma foi tout en passant un moment joyeux et festif. Et, je pense que c'est de cette maniè-re qu'apparaissent les JMJ dans la société actuelle. Lorsque je me suis engagée dans cette aventure, je ne m'attendais pas à côtoyer tellement de jeunes chrétiens belges. Et pour-tant! Tous, nous avions les mêmes espérances: prier, rencontrer et célébrer.»

- Marie Pulinckx

«Sydney, Madrid, et peut-être Rio de Janeiro, les JMJ font définitivement partie de ma vie. Ces grands rassemblements sont des moments incroyables de découverte de la richesse de l’Église. Les JMJ sont vues par les jeunes comme une preuve de la vigueur de la jeunesse catholique de par le monde. Pour les jeunes belges, c’est un moyen de montrer que, malgré une image négative de l’institution souvent distillée, les jeunes sont prêts à témoigner de cette bonne parole qui les fait vivre. Ces journées sont un moyen de se rapprocher de l’Église, de lancer un nouvel élan de dialogue avec Dieu et de se sentir touché par le message évangélique. C’est ainsi que beaucoup de nouvelles initia-tives sont apparues après les JMJ de Madrid. C’est le cas des apéros chrétiens.»

- Hugues Bocquet

Au mois de juin dernier, à la demande du gouvernement syrien, le jésuite italien Paolo Dall’Oglio a dû quitter la Syrie. Depuis son exil forcé en Europe, il invite les chrétiens de Syrie à prendre parti pour les droits de l'homme, pour l'émancipation civile de tous, et à prendre une distance historique avec «la corruption politique et le totalitarisme». Les chrétiens «doivent être, poursuit-il, des partenaires sincères avec les musulmans dans la construction d'un Proche-Orient fraternel et non discriminatoire». Son engagement pour le dialogue islamo-chrétien se retrouve dans l’ouvrage qu’il a publié en 2009. sur le thème suivant: «Amoureux de l’Islam, croyant en Jésus».

Sylvain Kalamba Nsapo

Les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) ont été créées en 1984 par le Pape Jean-Paul II. Depuis, les jeunes chrétiens des quatre coins du monde se réunissent tous les deux ou trois ans. Ils célèbrent le Christ, autour du Pape. Les JMJ, c'est donc

une rencontre, un moment de prière, une célébration, une fête chrétienne à part entière. Dans les différentes livraisons de Suara, Missio se propose d’accorder la parole aux jeunes engagés dans l’aventure spirituelle des JMJ.

Fêter Noël au Séminaire d’Isiro

Le séminariste Benjamin GBENDI

d’Isiro-Niangara (R.D.C.) décrit

la manière dont la solennité de

Noël est célébrée dans la ville

d’Isiro et ses environs, et partant,

dans le Séminaire Propédeutique

Bienheureuse Anoalite.

Emmanuel Babissagana

L’ambiance des messes est vraiment celle de la fête: les chants, les lectures, les homélies, ainsi que tous les services liturgiques sont très bien soignés. Dans certaines parois-ses, les fidèles bénéficient ce jour-là de la présence du prêtre. Ce qui leur permet de recevoir certains sacrements: la pénitence et la réconciliation, l’Eucharistie, le baptême, la première communion… Là où un prê-tre n’a pas pu se rendre, c’est le Catéchiste qui assure la direction de la célébration de la Parole, souvent avec possibilité de faire communier les fidèles. Etant donné que nos chapelles sont pour la plupart dans des villages, la célébration commence autour de 18 heures ou 19 heures pour se terminer aux heures très tardives. En effet, on chan-te beaucoup et on danse aussi beaucoup, pour exprimer notre joie. On amène ses offrandes en dansant. Etant donné que les Séminaristes et les Formateurs passent leurs vacances de Noël au Séminaire, la fête de Noël se célèbre souvent dans la paroisse où notre maison de formation est implantée, la Paroisse Notre Dame de l’Annonciation de Tely/Isiro. Noël, c’est un grand moment de prière, de joie et de fête.»

“Les chrétiens doivent être des partenaires sincères avec les musulmans dans la construction d'un Proche-Orient fraternel et non discriminatoire."

SuaraLa voix des peuples

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ColumnMichel Coppin

Au mois d’octobre 2012, j’ai participé, à Cracovie, au 18e Chapitre général de mon ordre: les Salvatoriens. Avec 50 délégués de 38 pays, nous avons essayé de défi nir les lignes de conduite de notre travail pour les six prochaines années. Le thème de ce rassemblement de trente jours était: «Con-naître, aimer et proclamer Jésus-Christ Sauveur». Au même moment se tenait le Synode des évêques à Rome autour de la nouvelle évangélisation. Ces deux réunions ont consisté à chercher des voies selon lesquelles nous pourrons donner une nouvelle impulsion à notre vie de foi afi n que d’autres aussi soient intéressés par celle-ci. C’est également la prin-cipale préoccupation de Missio de rechercher les voies et moyens pour s'assurer que le message libérateur du Christ puisse être rendu visible dans notre monde.

L'Asie connaît une explosion des vocations. L'Afrique est appelée mais manque de fonds pour y répondre. Malgré les nombreuses sectes d’Amérique latine, les communau-tés d’Eglise y sont très vivantes. Même aux États-Unis, les séminaires se remplissent de nouveau. En Pologne, j’ai constaté, au cours de notre Chapitre général, que suite à l'effondrement du communisme, les églises sont rem-plies de jeunes, même pendant la semaine. Par contre, je remarque qu’en Europe Occidentale, il y a une grande lassitude vis-à-vis de l’Eglise. Nous ne parvenons précisé-ment plus à célébrer notre foi au sein de collectivités fortes et remplies de fraîcheur.

Seulement, je ne serai pas en mesure d'inverser cette ten-dance. Cependant, je peux me poser quelques questions sur mon propre style de vie. Peut-être aurais-je besoin de réduire mes tâches courantes pour consacrer encore plus de temps à accueillir au plus profond de moi le message libérateur du Christ. Peut-être devrais-je donner plus de temps à ma propre communauté pour qu’ensemble, nous devenions une oasis pour d'autres personnes en recherche du Bien. Peut-être faut-il que je lâche encore plus du lest qui pèse trop sur mon sens chrétien, afi n que je m’avance dans la vie comme un homme encore plus libre. De même, comment allons-nous ensemble réapprendre à découvrir le message du Christ en communauté? Ce message devra se débarrasser de tous les accessoires moralisateurs et autres, de telle manière qu’il devienne une force, une nouvelle source d'énergie vitale pour nous et pour le salut des autres. C’est donc ensemble que nous devrons aller à la découverte et nous encourager dans une telle recherche. Il nous faudra faire des choix. Puissions-nous réussir à trouver de nou-veaux chemins de vie, avant que d'autres n’en tracent pour nous, qui peut-être ne correspondraient pas aux nôtres et, pour cela même, pourraient devenir étrangers. Que l'Esprit du message de Dieu puisse nous éclairer et nous inspirer.

Prière de NoëlIl est venu celui qu'on attendait. Sur les chemins, faites de la place.Préparez la maison.Posez des lumières sur vos fenêtres.

Aujourd'hui, lumineuse sera la nuitet resplendissant le jour.Car il est né l'enfantqui change la face de la terre.

Il est né, il reste avec nous,Il se met à la rencontre de tous les siens.La joie de sa naissance envahit tous les cœurs.

Il est né, il dialogue avec nouset l'amour des hommesdevient l'amour de Dieu.Il est né, il reste avec nouset sa visite nous rend solidaires.Il s'appelle EmmanuelIl est Dieu avec nous, Il est Dieu avec tous les peuples du monde, Le Seigneur des couronnes!Saint est son nom.

Vente de pralines: un succès!Noustenonsàremerciertousceuxettoutescellesquiontcontribuéàlaventedepralines.Siquelqu’unveutégalementvendrecespralineslorsdelaJournéedel’Afrique,nousenserionscontents.Ilsuffitd’enparlerauSecrétariatNational.

Pourriez-vousnousapportervotresoutienafindenouspermettred’offriraux enfants du Guatemala une bonne fête de Noël?

IBAN:BE19000004211012BIC:BPOTBEB1

OURS 12ième année

Suara est un mot indonésien qui sig-nifi e voix. Suara veut être la voix des sans-voix et de tous les peuples qui crient dans le désert. Au-delà d’être la voix des “sans-voix”, il nous revient de faire en sorte que les “sans-voix” en arrivent à avoir leur propre voix. Rédacteur en chef: Kenny FrederickxRédaction fi nale: Kalamba NsapoOnt collaboré: Michel Coppin, Catherine De Ryck, Herlinde Hiele,

Brigitte Jorissen, Kalamba Nsapo et Caroline MedatsPhotos: Herlinde Hiele, Erik Törner, Missio, Xavier Vankeirsbulck, Pascal AndréMise en page et impression: Halewijn Printing & PublishingDirecteur National: Michel CoppinEditeur responsable: Michel Coppin, Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Missio est une organisation internatio-nale de solidarité et d’échange entre communautés chrétiennes et de pro-

motion des rencontres interculturelles et interreligieuses. Près de 130 pays sont reliés à Missio qui soutient plus de 1000 communautés chrétiennes locales. Secrétariat National de MissioBoulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Missio Brabant-WallonCh. de Bruxelles, 671300 WavreTél.: 010 23 52 [email protected]

Missio BruxellesRue de la Linière, 141060 BruxellesTél.: 02 533 29 [email protected]

Missio Eupen Bergkapellestrasse 464700 EupenTél.: 087 55 25 [email protected]

Missio LiègeMaison des BruyèresRue des Bruyères 127/1294000 LiègeTél.: 04 229 79 [email protected]

Missio NamurRue du Séminaire, 115000 NamurTél.: 081 25 64 [email protected]

Missio TournaiRue des Jésuites, 287500 TournaiTél.: 069 21 14 [email protected]

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Il ne nous est pas permis de délivrer une attestation fi scale pour les verse-ments effectués.

Déjà le numéro 50 de notre journal! Cela fait penser à 50 ans, l’âge de la pleine maturité! Un grand merci à tous nos fi dèles lecteurs qui nous ont soutenus par leurs prières, leurs lettres

et e-mails, et leurs dons. Cette générosité nous pousse à exprimer notre sentiment de reconnais-sance envers Dieu qui, fi dèlement, suscite des donateurs qui ont à cœur le service de l’annonce

de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.Nous ne cesserons d’être la voix des communautés d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine qui comptent sur votre solidarité.Merci encore

une fois pour votre fi délité, votre soutien dans la prière et par les dons.

SuaraLa voix des peuples

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Missio: On entend parfois dire que les fêtes constituent un temps de divertissement qui détourne de l’essentiel de la vie. Arnaud Join-Lambert: «Il faut s’entendre sur le mot «fête». Si l’on pense aux «teufs» où l’on «s’éclate», on est en effet dans le diver-tissement. Nombreuses sont les occasions d’oublier la morosité du quotidien au travail ou dans l’absence de travail, dans les relations affectives qui détruisent au lieu de construire, dans une vie qui paraît sans horizon joyeux ou épanouissant, etc. Dans ce sens, la fête s’apparente à toutes les substitutions dispo-nibles à l’être humain pour «oublier», dont les pires sont l’alcool et la drogue.

TanzverbotC’est selon cette perspective qu’il faut com-prendre les mises en garde fréquentes des maîtres spirituels et des Églises. Ce fut le cas pendant des siècles, y compris en utilisant les liens avec les institutions politiques, que l’on pense à ce curieux Tanzverbot (ou inter-diction de la danse) les dimanches et jours de fêtes religieuses dans les cantons suisses. Mais ce n’est pas le sens profond de la fête.»

Missio: Quelle est donc la signification réelle d’une fête?Join-Lambert: «Les anthropologues disent volontiers qu’il n’existe pas d’être humain sans rites ni symboles. Il en a besoin pour dire autrement que par des paroles, ce qu’il ressent, ce qu’il croit, ce dont il souffre ou dont il doute. Or, on admet communé-ment trois dimensions du rite: une forme de langage humain, une institution codifiée, une mise en œuvre dans un cadre festif. La fête est ainsi le propre de l’être humain. La célébration festive, qu’elle soit joyeuse (mariage) ou grave (funérailles), contribue à une sorte de normalisation de l’épreuve, de la douleur, de l’effervescence, de tout passage vers un lendemain incertain ou inconnu, par un processus d’objectivation sociale et/ou religieuse. Ce cadre festif con-tribue enfin à créer un moment de com-munion, spécifique et essentiel pour don-ner du sens à toute vie humaine.»

Missio: Y a-t-il une différence entre fête et célébration?Join-Lambert: «Oui. La fête est le cadre général, alors que la célébration est une structuration de l’événement pour en faire une réalité humaine spécifique. Du point de vue anthropologique, il peut donc exis-ter des fêtes sans célébration. Par contre, toute célébration se passe dans un cadre festif, rendant l’évènement «extra-ordinai-re» au sens d’une rupture avec le quotidien supposé connu, maitrisable, sans relief.»

Missio: Quel est le sens religieux de la fête?Join-Lambert: «Pensons à un drapeau, un simple signe composé de formes et de cou-leurs qui devient un symbole d’une iden-tité collective. L’action de le hisser, de le saluer avec une attitude digne en écoutant un hymne national constitue une activité symbolique, rituelle, suscitant l’émotion et la ferveur. Avec un symbole et un rite, nous obtenons une cérémonie ou célébra-tion. De cet exemple profane de levée des couleurs, nous remarquons qu’il n’y a pas

de profondes différences phénoménologi-ques avec une célébration religieuse. Les jeux olympiques ont ainsi leur cérémonie d’ouverture, ô combien rituelle et festive. Toute liturgie chrétienne est une célébration et à ce titre, elle est soumise aux mêmes lois rituelles que toute cérémonie ou célé-bration. Elle n’est donc pas d’abord une abstraction spirituelle, mais une pratique bien concrète, toujours située contextuelle-ment. Ceci est bien entendu essentiel pour toutes les religions, qui ont besoin de rites festifs pour dire l’indicible par excellence, c’est-à-dire tout ce qui concerne le divin. En effet, si l’on pense à la double étymo-logie de «religion», la fête est bien ce qui nous relie (du latin religare relier) tant à Dieu qu’entre nous, et ce qui relit (du latin relegere relire) notre histoire d’alliance avec Dieu qui se donne à son peuple.»

Missio: En quoi l’eucharistie est-elle perçue comme une fête?Join-Lambert: «Là encore, il faut distinguer une approche théologique et une approche anthropologique. La première est marquée dans le mot même d’eucharistie, qui vient du verbe grec «rendre grâce». Se rassem-bler, se reconnaître réciproquement frères et sœurs du Christ et tous enfants d’un même Père, déjà sauvés et appelés à grandir dans toute notre humanité, communier au Christ lui-même qui se fait notre vie pour la transformer, etc.: que de motifs de joie

profonde, qui devrait nous faire exulter! L’approche anthropologique nous indique autre chose. Pour qu’une liturgie provoque ou soutienne les effets espérés par ceux qui y participent, elle suit un programme et des règles d’actions déjà établis. Ces règles sont transmises d’une génération à l’autre, d’un groupe à ceux et celles qui veulent y entrer.

Improviserlafêteeucharistique?La liturgie doit donc être mise en œuvre de manière organisée et prévisible. Elle emprunte les mots et les gestes d’hier pour dire l’aujourd’hui et ouvrir un avenir. La fête eucharistique ne peut donc pas être « improvisée ». La ritualité contribue à la fête. Malheureusement, cette dimension est trop souvent inaperçue. On ne peut que souhaiter une entrée de chacun et chacune dans le sens profond de la liturgie, pour une participation active, pleine, consciente, intérieure et exté- rieure (Concile Vatican II dans la constitution sur la liturgie). Alors peut-être n’entendrons-nous plus les lamentations courantes en Occident sur le caractère triste, ennuyeux ou rébarbatif des liturgies du dimanche.»

Missio: Quelle peut être la pertinence des fêtes chrétiennes?Join-Lambert: «On comprend à la lumière de la dimension proprement humaine des rites que les fêtes sont essentielles à la construction d’un «vivre ensemble», dans lequel chacun et chacune puisse trouver sa place et un sens à sa vie. Pendant longtemps, les fêtes chrétiennes ont rythmé la vie des sociétés. Les nombreux jours fériés faisaient respirer les hommes à une époque où les vacances n’existaient pas: cela accentuait la dimension festive, bien souvent liée aux grandes transitions dans l’année en lien avec une vie agricole rurale. Les célé-brations des grandes étapes de la vie dans les familles, les villages et les quartiers, scan- daient aussi à leur manière la vie en des respira- tions festives. Tout cela est loin aujourd’hui, dans une société occidentale où la chrétienté a disparu en laissant place à une pluralité de rythmes et de convictions. Il n’y a rien à regret-ter, il reste seulement à inventer suffisamment d’espaces festifs profonds et signifiant, sinon, le terrain sera envahi par des fêtes commerciales et superficielles. Le christianisme est suffisam-ment «expert» en fêtes pour ne pas renoncer à contribuer ainsi au sens de la vie des femmes et des hommes d’aujourd’hui.»

Au-delà des fêtes commerciales et superficielles Arnaud Join-Lambert, professeur à l’Université catholique de Louvain en Belgique. Il y enseigne la théologie pratique et la liturgie. Il a déjà publié dans le domaine des fêtes qui font l’objet du présent numéro du Suara 50. Nous pensons à son article intitulé: «Quel sens pour les fêtes chrétiennes?»

Sylvain Kalamba Nsapo

“Toute liturgie chrétien-ne est une célébration et à ce titre, elle est soumise aux mêmes lois rituelles que toute cérémonie ou célébra-tion. Elle n’est donc pas d’abord une abstraction spirituelle.”

“Les fêtes sont essen-tielles à la construction d’un ‘vivre ensemble’, dans lequel chacun et chacune puisse trouver sa place et un sens à sa vie.”

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Dialogue

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Solidarité

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