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Prix Aga Khan d’Architecture Pré-sélection des projets 2016 Description des projets New Power Station Bakou, Azerbaïdjan Architecte : Erginoğlu & Çalışlar Architects Maître d’ouvrage : Pasha Construction Conception : 2010-2011 Achèvement : 2013 Superficie du site : 10 000 m 2 Dans le cadre de la réhabilitation d’un ancien site industriel, un nouvel ouvrage fait écho à une centrale électrique restaurée récemment. Selon le brief initial, les architectes devaient démolir une centrale électrique construite à la fin du XIX e siècle sur un port naturel de la baie de Bakou, pour la remplacer par un centre événementiel. Mais après avoir visité le site, ils ont proposé d’ériger deux nouveaux bâtiments reliés par un pont et offrant des espaces adaptés à diverses finalités, puis de transformer la centrale existante en lieu d’exposition. D’où ce nom de New Power Station, nouvelle centrale électrique, qui fait référence à l’ancienne par son emplacement et par sa forme. La cour extérieure relie l’ancien site industriel à ses alentours, en particulier à la zone verte qui s’étend toujours plus sur le front de mer. Pour le large toit incliné et la façade, le concept fondé sur une masse géométrique simple fait appel au zinc et 1

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Prix Aga Khan d’Architecture

Pré-sé lec t ion des proje ts 2016

Descr ip t ion des proje ts

New Power Station Bakou, Azerbaïdjan

Architecte : Erginoğlu & Çalışlar ArchitectsMaître d’ouvrage : Pasha ConstructionConception : 2010-2011Achèvement : 2013Superficie du site : 10 000 m2

Dans le cadre de la réhabilitation d’un ancien site industriel, un nouvel ouvrage fait écho à une centrale électrique restaurée récemment.

Selon le brief initial, les architectes devaient démolir une centrale électrique construite à la fin du XIXe siècle sur un port naturel de la baie de Bakou, pour la remplacer par un centre événementiel. Mais après avoir visité le site, ils ont proposé d’ériger deux nouveaux bâtiments reliés par un pont et offrant des espaces adaptés à diverses finalités, puis de transformer la centrale existante en lieu d’exposition. D’où ce nom de New Power Station, nouvelle centrale électrique, qui fait référence à l’ancienne par son emplacement et par sa forme. La cour extérieure relie l’ancien site industriel à ses alentours, en particulier à la zone verte qui s’étend toujours plus sur le front de mer. Pour le large toit incliné et la façade, le concept fondé sur une masse géométrique simple fait appel au zinc et au bois  ; il met en valeur l’esprit industriel du site, transformé en un espace polyvalent. Les restaurants, le club de jazz et la salle de concert sont desservis par des voies d’accès qui dynamisent la circulation entre les deux bâtiments. Le design de la New Power House reflète tout ce qui définit un bâtiment industriel dans la mémoire collective, mais dans un style contemporain.

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Mosquée Bait Ur Rouf Dhaka, Bangladesh

Architecte : Marina TabassumMaître d’ouvrage : Sufia KhatunConception : 2005-2006Achèvement : 2012Superficie du site : 754 m2

Agréablement aérée et parcourue de jeux de lumière, cette mosquée de quartier est un havre propice à la spiritualité.

Après une vie difficile, éprouvée par la disparition de son époux et de proches parents, Sufia Khatun a fait don à la communauté d’une partie de ses terres pour y bâtir une mosquée. Une structure temporaire a d’abord été érigée. À la mort de cette bienfaitrice, sa petite-fille architecte, se muant tour à tour en collectrice de fonds, conceptrice, maître d’ouvrage et maître d’œuvre, s’est chargée d’achever le projet. Dans ce quartier de Dhaka à très forte densité urbaine, la mosquée a donc été édifiée sur des soubassements dont l’axe forme un angle de 13 degrés avec la direction de la qibla, d’où la nécessité d’une conception innovante. Un volume cylindrique, inséré dans un carré, facilite la rotation de la salle de prière, tandis que des cours lumineuses se succèdent sur les côtés. Huit colonnes périphériques supportent la salle principale. Enfin, les espaces créés par le carré extérieur et le cylindre abritent des fonctions annexes. Plein de vie à toute heure du jour, le bâtiment bruit des jeux des enfants et des bavardages des anciens qui attendent l’appel à la prière. Financé et utilisé par la population locale, il s’inspire de l’architecture du Sultanat ; ses murs poreux en brique, notamment, l’aèrent et préservent sa fraîcheur. La lumière naturelle qui filtre par de fines ouvertures suffit amplement à l’éclairer en journée.

Friendship CentreGaibandha, Bangladesh

Architecte : Kashef Mahboob Chowdhury / URBANAMaître d’ouvrage : ONG Friendship Conception : 2008-2010Achèvement : 2011Superficie du site : 9 210 m2

Surface bâtie : 2 897 m2

Un centre rural de formation inspiré par l’un des sites archéologiques urbains les plus anciens du pays.

Le Friendship Centre, soit le centre de l’amitié, a été créé pour former le personnel d’une ONG qui travaille avec les populations des « chars », les îles fluviales situées à proximité. Entourés de cours et de bassins, les bâtiments aux allures de pavillons comprennent des bureaux, une bibliothèque, des salles de réunion et de prière, ainsi qu’un salon de thé. Le Centre loue également ses espaces pour des réunions, des formations et des conférences, afin de générer des revenus. Faite de briques locales, la construction s’inspire de l’esthétique monastique des ruines de Mahasthangahr (IIIe siècle avant J.-C.), plus ancien site

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archéologique jamais découvert au Bangladesh. Les éléments structurels sont en béton armé, les finitions, en bois d’œuvre et en pierre. Ventilées naturellement, les structures supportent des toits végétaux. Le Centre est situé dans une zone agricole exposée aux inondations et aux séismes, où le sol est de faible portance. D’où la construction d’une digue pour pomper les eaux de ruissellement. Essentiellement construits en un seul matériau – des briques artisanales de fabrication locale –, l’ouvrage est formé d’un entrelacs de pavillons et de cours, de bassins et d’espaces verts, de couloirs et de zones ombragées. Le Friendship Centre se divise en deux sections : le bloc Ka, à l’extérieur, pour les bureaux, la bibliothèque et les salles de formation, et le bloc Kha, à l’intérieur, pour les aménagements résidentiels. Ainsi, 80 personnes réparties en quatre groupes peuvent suivre une formation simultanément. Le lieu se veut simple, empreint d’une atmosphère monastique.

Centre d’Art et Bibliothèque pour Enfants Micro Yuan’er Pékin, Chine

Architecte : ZAO/standardarchitecture / Zhang KeMaître d’ouvrage : Dashilar InvestmentConception : 2012-2014Achèvement : 2014Surface bâtie : 190 m2

Superficie du site : 350 m2

Ce projet à petite échelle resserre les liens de la communauté et régénère la vie du hutong.

Cha’er Hutong, le hutong du thé, est un endroit tranquille à environ un kilomètre de la place Tian’anmen, au centre de Pékin. Au numéro 8, près d’une grande mosquée, se dresse un da-za-yuan typique (littéralement « grande cour mélangée »), où logeaient autrefois plus d’une dizaine de familles. Cette cour, vieille de 300 à 400 ans, abritait jadis un temple avant d’être transformée en habitations dans les années 1950. Ces cinquante à soixante dernières années, chaque famille avait construit dans la cour une petite cuisine, adjointe à son logement. Presque toutes ces annexes ont été détruites pendant le récent mouvement de rénovation urbaine. Repenser, réhabiliter et réutiliser ces baraques est une façon de reconnaître leur importance historique, comme une critique du sort peu enviable que leur réserve habituellement le Pékin contemporain, où les hutongs tombent souvent en ruines. En collaboration avec les familles, une bibliothèque pour enfants a été construite en contreplaqué sur 9 m² et insérée sous l’appentis d’un bâtiment existant. Sous un grand arbre pagode, l’une des anciennes cuisines a été transformée en un espace artistique de 6 m², en brique traditionnelle bleu-gris. Cette intervention de petite échelle a resserré les liens entre les habitants et régénéré la vie du hutong.

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SuperkilenCopenhague, Danemark

Architectes : BIG- Bjarke Ingels Group, Superflex, TOPOTEK 1Maître d’ouvrage : Municipalité de CopenhagueConception : 2009-2010Achèvement : 2011Superficie du site : 30 000 m2

Cet espace public favorise l’intégration interethnique, interreligieuse et interculturelle.

Lieu de rencontre pour les habitants du quartier le plus multiethnique du Danemark, attraction pour le reste de la ville, ce projet a été appréhendé comme une exposition géante des bonnes pratiques mondiales en aménagement urbain. Au printemps 2006, la rue où les architectes ont leur bureau à Copenhague a été le théâtre d’actes de vandalisme et de violence. BIG, qui venait tout juste d’achever une étude pour une mosquée dans le centre-ville de Copenhague, a voulu s’intéresser aux initiatives et aux activités qui, dans l’espace urbain, favorisent l’intégration en présence de plusieurs ethnies, religions, cultures et langues. Prenant comme point de départ leur implantation à Superkilen, au cœur du district de Nørrebro, les architectes ont abordé ce projet comme un exercice extrême de participation. Plutôt qu’un processus public axé sur le plus petit dénominateur commun ou la rationalisation politiquement correcte, a postériori, d’idées préconçues quant à la résistance potentielle des citoyens, BIG a proposé de faire participer les habitants pour stimuler la conception. Une vaste consultation publique a ainsi permis de recueillir des suggestions sur des objets à placer dans la zone pour représenter les plus de 60 nationalités recensées localement. L’ensemble, qui s’étend sur 750 m de long, comprend trois grandes zones : un square rouge pour les activités sportives ; un espace vert offrant un terrain de jeu herbeux aux enfants ; et un marché noir, à la fois marché alimentaire et zone de pique-nique.

Résidence ManouchehriKashan, Iran

Architecte : Akbar Helli, Shahnaz NaderMaître d’ouvrage : Saba Manouchehri KashaniConception : 2008Achèvement : 2010Superficie du site : 1 380 m2

Surface bâtie : 1 160 m2

Cet ambitieux projet de revitalisation du patrimoine architectural, mais aussi du savoir-faire artisanal a redynamisé en profondeur la vieille ville de Kashan.

En plein cœur du vieux Kashan, dans la province d’Ispahan, cet hôtel-boutique doublé d’un centre textile est, à l’origine, une demeure de marchand du XIXe siècle. Ces habitations typiques de la région tombant

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pour la plupart en ruines, l’objectif initial du projet était triple : redynamiser les traditions textiles locales, en voie de disparition ; rénover, restaurer et revitaliser un bâtiment historique et son voisinage immédiat pour valoriser ce riche patrimoine architectural en danger ; enfin, sensibiliser au fastueux héritage culturel, artistique et technique lié à l’architecture islamique de la région. La bâtisse abrite non seulement des ateliers textiles de tissage du brocart, de la soie, du coton et du velours, mais également l’un des meilleurs restaurants de la ville, une galerie d’art contemporain, une boutique d’artisanat et un cinéma souterrain, logé dans l’ancienne citerne. Le projet a rencontré un vif succès, attirant des milliers de visiteurs venus du monde entier. Il a aussi inspiré de nombreuses initiatives similaires dans toute la ville.

Pont Tabiat Téhéran, Iran

Architecte : Diba Tensile Architecture / Leila Araghian, Alireza BehzadiMaître d’ouvrage : Nosazi Abbassabad Co.Conception : 2009-2010Achèvement : 2014Longueur : 270 mSuperficie du site : 46 000 m2

Cette infrastructure qui connecte deux parcs est devenue un espace urbain populaire.

Les architectes ont conçu ici une passerelle ondulante, de largeur variable et longue de 270 m, sur trois niveaux. En acier, cette structure complexe se compose d’un treillis tridimensionnel dynamique qui, sur les deux niveaux continus du pont, repose sur trois colonnes en forme d’arbre, tandis que le troisième niveau culmine au-dessus des branches des colonnes. Il s’agit là d’un concept imaginatif fort éloigné du cahier des charges de base, qui concernait la construction d’un pont pour relier deux parcs séparés par une autoroute au nord de Téhéran sans obstruer la vue sur la chaîne de montagnes de l’Elbourz. Les éléments structurels reposent sur un ordre géométrique sous-jacent, qui alterne et se répète en trois dimensions. Il en résulte une structure spatiale suffisamment large pour créer un espace architectural habitable, où les gens se rassemblent, mangent et se reposent, au lieu de simplement passer. Dans chaque parc, de multiples sentiers créés spécialement mènent au pont. Sièges, espaces verts et kiosques encouragent les flâneurs à s’attarder pour profiter d’une verdure préservée grâce à l’empreinte minimale du pont. Les courbes de l’ouvrage offrent en outre une grande variété de points de vue.

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Maison 40 NoeudsTéhéran, Iran

Architecte : Habibeh Madjdabadi, Alireza Mashhadi MirzaMaître d’ouvrage : Alireza ZahedConception : 2012Achèvement : 2014Superficie du site : 245 m2

Surface bâtie : 1 370 m2

Des techniques innovantes à bas coût réinterprètent les façades traditionnelles en brique.

Les tapis persans sont connus dans le monde entier ; la brique joue quant à elle un rôle extrêmement important dans l’architecture iranienne traditionnelle. Les voici associés dans la façade de ce bâtiment contemporain, entrelacs de modules intriqués. Concevoir, avec un faible budget, un petit immeuble résidentiel à Téhéran laisse peu de marge à la créativité. L’architecte peut tout de même travailler avec les matériaux, les textures, l’enveloppe extérieure du bâtiment et la lumière. Cette interprétation moderne d’un ancien mashrabiyya a ainsi été réalisée à partir de briques commercialisées sur le marché local. Pour réduire les coûts de construction de cet immeuble de cinq étages, le maître d’œuvre a embauché, au lieu de maçons chevronnés, des ouvriers non qualifiés, ne sachant pas lire les plans. Puis toutes les données de construction ont été retranscrites sous forme d’instructions simples qu’égrénait le contremaître. Au final : une géométrie irrégulière et saillante, née brique après brique, selon une méthode inspirée par les tapissiers traditionnels. Comme autant de colliers de perles contigus, un maillage de briques plantées sur des tiges métalliques recouvre entièrement le bâtiment, la distance entre chaque brique ayant été ajustée pour créer un effet opaque. Et la lumière ne passe pas. À l’abri derrière ce maillage, les fenêtres forment, elles, un réseau transparent.

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Académie Royale de Conservation de la Nature Ajlun, Jordanie

Architecte : Khammash ArchitectsMaître d’ouvrage : Royal Society for the Conservation of NatureConception : 2009-2011Achèvement : 2014Superficie du site : 156 780 m2

Surface bâtie : 3 600 m2

Une carrière abandonnée inspire un projet inventif, qui propose des programmes éducatifs et une infrastructure d’accueil.

Initialement, l’Académie devait être implantée à l’intérieur d’une réserve naturelle, mais l’architecte a convaincu le maître d’ouvrage d’exploiter une carrière abandonnée aux alentours. Le principe général est qu’au lieu d’empiéter sur les terres vierges, le bâtiment utilise des éléments naturels mis à mal dans le passé. Le site comprend l’Académie elle-même, qui propose des programmes éducatifs sur l’environnement, mais aussi un restaurant haut de gamme et une boutique d’artisanat. Le complexe suit une ligne de découpe au-dessus de la carrière, ajoutant au soubassement une construction linéaire en pierre. On y accède par un pont, lui aussi en pierre, dont la travée de 30 mètres est la plus longue de Jordanie pour un ouvrage de ce type, qui aboutit à mi-chemin entre le restaurant et l’Académie. Massive, la façade sud est ponctuée de très petites ouvertures et cisaillée de fissures verticales géantes, comme autant de lames de pierre venues fendre le néant. Les couloirs sont parcourus par une fissure au plafond, qui laisse pénétrer la lumière naturelle. Du côté opposé, l’Académie touche la forêt. Le projet montre comment l’on pourrait exploiter les quelque 100 carrières, voire plus, abandonnées dans les montagnes environnantes.

Bibliothèques Bunateka Plusieurs sites, Kosovo

Architecte : Bujar Nrecaj ArchitectsMaître d’ouvrage : Ambassade norvégienne à PristinaConception : 2007-2008Achèvement : entre 2009 et 2012Surface au sol : 24 m2

Une série de bibliothèques publiques permet à de jeunes ruraux défavorisés d’accéder à la culture.

En albanais, bunateka est un jeu de mots entre biblioteka, bibliothèque, et bunar, qui signifie puits ou source. Après avoir vécu au Kosovo jusqu’à l’âge de 12 ans, l’architecte a émigré en Suisse, où il a fait

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ses études. En revenant dans sa ville natale de Lutoglava près de 17 ans plus tard, il s’est aperçu que rien n’avait changé. Il n’y avait toujours pas de bibliothèque, ni aucun livre à la disposition de la communauté. L’idée des Bunateka a ainsi germé dans son esprit : ouvrir des bibliothèques dans le Kosovo rural pour offrir aux jeunes de ces régions défavorisées la possibilité de lire et d’avoir accès à des supports pédagogiques. Ces boîtes en verre et en bois de 4 m sur six érigées sur des fondations de béton sont pourvues d’un toit en dur, mais leurs parois, vitrées, laissent voir les livres depuis l’extérieur. Des persiennes horizontales externes protègent les ouvrages du soleil.

Issam Fares Institute for Public Policy and International AffairsBeyrouth, Liban

Architecte : Zaha Hadid ArchitectsMaître d’ouvrage : Université américaine de Beyrouth Conception : 2007-2008Achèvement : 2014Superficie du site : 7 000 m2

Surface bâtie : 3 000 m2

Ce nouveau bâtiment, radical dans sa composition mais respectueux du contexte traditionnel, « flotte » au-dessus d’une cour extérieure.

L’Université américaine de Beyrouth a lancé un appel d’offres pour la conception d’une structure qui abriterait, sur son luxuriant campus intermédiaire, un think-tank moderne. Cette structure devait être en harmonie avec le reste de l’université, tout en respectant la végétation et en préservant, autant que possible, la vue sur la Méditerranée. D’autre part, l’ouvrage architectural devait suivre le plan directeur de l’université, dont le campus supérieur surplombe l’eau tandis que le campus inférieur donne directement sur le front de mer. L’architecte a répondu au cahier des charges par un concept qui réduit significativement l’empreinte de l’édifice : une salle de lecture « flottante », une salle de conférence et des laboratoires de recherche au-dessus de la cour d’entrée se succèdent sur un cantilever de 21 m de long, sans troubler le paysage. De 3 000 m2, l’ensemble s’articule autour des voies d’accès à l’université ; le bâtiment émerge au-dessus des tracés géométriques que forment ces intersections, telle une série de plateformes et d’espaces imbriqués, dédiés à la recherche et à l’analyse. La répartition des masses et des volumes correspond parfaitement à la topographie, et les ficus et cyprès à proximité s’intègrent à merveille au projet. Sur le plan architectural, le bâtiment reste dans la continuité de la culture libanaise du XXe siècle, qui privilégie des constructions en béton apparent.

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École Supérieure de Technologie Guelmim, Maroc

Architecte : Saad El Kabbaj, Driss Kettani, Mohamed Amine SianaMaître d’ouvrage : Université Ibn Zhor d’AgadirConception : 2008-2010Achèvement : 2011Surface bâtie : 6 883 m2

Superficie du site : 41 ha

De cette architecture puissante, qui joue sur le contraste entre intérieur et extérieur, se dégage toute la respectabilité essentielle aux établissements éducatifs.

Située à Guelmim, ville moyenne à 200 km d’Agadir surnommée la « porte du Sahara », cette école a été fondée en vertu des politiques de décentralisation, visant à rendre l’éducation plus accessible aux habitants des régions reculées. L’ensemble comprend un amphithéâtre de 200 places, des salles de cours, des laboratoires, des salles d’étude, une bibliothèque, des bureaux, des terrains de sport ainsi que des logements pour le personnel. Le campus est traversé selon un axe nord-sud d’auvents, qui ménagent des promenades abritées et des zones ombragées où s’asseoir. Cette structure garantit la lisibilité et la clarté des divers éléments du projet, tout en préservant sa diversité. Les bâtiments, essentiellement en béton armé, sont reliés entre eux par des cours et des allées partiellement couvertes de bois et de métal. Le volume massif de l’édifice est compensé par les fenêtres en saillie, les persiennes et les ouvertures étroites qui se détachent finement de la façade. Des considérations thermiques ont présidé à la conception, concernant notamment l’orientation du bâti, l’occultation des fenêtres et la ventilation naturelle. Basse, massive et aux volumes variés, cette architecture est résolument contemporaine, mais se nourrit de son contexte. Les murs extérieurs peints en ocre se fondent dans le paysage et la ville alentour. En un contraste spectaculaire, les intérieurs sont peints d’un blanc immaculé. La pierre locale a servi au pavement de la terrasse. Enfin, l’aménagement paysager minimise l’utilisation de l’eau, le choix s’étant porté sur des plantes locales et des roches ornementales.

Nouvelle Gare Ferroviaire de Casa-PortCasablanca, Maroc

Architecte : AREP et Groupe 3 ArchitectesMaître d’ouvrage : Office National des Chemins de FerConception : 2007-2010Achèvement : 2014Superficie du site : 2 500 m2

Ce pôle ferroviaire dynamique anticipe les besoins futurs de la ville.

Conçue pour recevoir 25 millions de passagers par an, cette plaque tournante comprend un grand hall qui s’ouvre sur une vaste place au sud-ouest et sur les quais au sud-est. Un centre commercial au niveau

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inférieur du hall, un parking souterrain et un bâtiment de bureaux complètent l’ensemble. Les dimensions impressionnantes du hall et des allées menant à la plateforme transversale visent à faciliter la circulation des voyageurs en période d’affluence. Deux éléments caractérisent cette architecture : le toit hypostyle, généreuse canopée en bois et acier qui dépasse des façades pour surplomber la place, mais aussi les fines colonnes, qui se divisent au sommet en huit branches encadrant chaque fois une verrière. Dans le hall, les façades vitrées aident les usagers à s’orienter à travers la gare et, côté ouest, un moucharabieh contemporain filtre la forte lumière naturelle d’après-midi. Afin d’anticiper d’éventuelles transformations, le complexe ferroviaire a été pensé pour pouvoir se raccorder à une gare régionale express. Par ses espaces, ses volumes, ses matériaux, sa lumière et sa géométrie, la gare reprend l’héritage des palais et des édifices publics marocains, tout en rendant hommage à la modernité de Casablanca.

École Flottante de Makoko Lagos, Nigeria

Architecte : NLÉ - Shaping the Architecture of Developing Cities / Kunlé AdeyemiMaître d’ouvrage : Makoko / Iwaya Waterfront CommunityConception : 2011-2012Achèvement : 2013Superficie du site : 100 m2

Surface bâtie : 220 m2

Un bâtiment de conception innovante offre un modèle de lieu éducatif et culturel pour les régions côtières d’Afrique.

Quelque 80 000 habitants vivent à Makoko, bidonville sur pilotis au sud de Lagos. Et on y compte une seule école primaire, anglophone, qui était auparavant implantée en zone inondable, sur des terrains précaires reconquis sur les eaux. L’École flottante est un prototype incarnant un nouveau mode de construction, voire une nouvelle culture urbaine pour les populations des régions côtières d’Afrique. De forme triangulaire ou pyramidale (10 m de hauteur, sur une base carrée de 10 m sur 10 m), elle est construite en bois et en bambou fournis localement, et repose sur des barils de plastique recyclés, dont la forme assure une flottaison idéale. Le bâtiment s’étend sur trois niveaux : en bas, un espace communautaire et récréatif ouvert ; au deuxième étage, deux salles de classe fermées d’une capacité de 60 élèves, reliées à la zone de récréation par des escaliers ; enfin, au troisième, un espace d’atelier semi-ouvert. Flexible et polyvalent, l’édifice peut être adapté à d’autres usages : logements, dispensaire, centre culturel ou encore plateforme logistique. Cette structure triangulaire souple s’ajuste sur mesure aux besoins et aux capacités de chaque communauté.

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Doha TowerDoha, Qatar

Architecte : Ateliers Jean NouvelMaître d’ouvrage : Cheikh Saud Ben Mohammed Ben Ali al-ThaniConception : 2002-2003Achèvement : 2012Superficie bâtie : 110 000 m2

Superficie du site : 13 000 m2

Protégeant du soleil, l’enveloppe extérieure, aux motifs variés, de cette tour de bureau évoque un moucharabieh.

Le Cheikh Saud Ben Mohammed al-Thani a rencontré Jean Nouvel en 2002 au Centre Pompidou lors d’une rétrospective des travaux de l’architecte. Il l’a alors invité à concevoir une tour qui s’intégrerait, à Doha, aux projets de développement de la ville. Et un cylindre de 45 m de diamètre a vu le jour. La structure en acier et béton est formée d’une grille de losanges épousant la surface virtuelle, courbée, du cylindre, ce qui donne l’effet d’un diamant aux multiples facettes. La façade adopte un système double peau. Composée de quatre éléments papillon en aluminium de différentes tailles, la peau extérieure rappelle la complexité d’un moucharabieh tout en protégeant du soleil. Le motif ainsi formé varie selon l’orientation et les besoins de protection solaire. Afin de parfaire cette protection, la couche interne est une paroi de verre légèrement réfléchissante. On peut accéder à la tour en passant par un jardin paysager qui descend jusqu’au vaste hall et se confond avec l’auvent vitré entourant le bâtiment Toute limite entre l’environnement créé par l’homme et la nature est ainsi estompée, comme si la tour était profondément enracinée dans la terre. Un gigantesque atrium s’élève sur 112 m, du rez-de-chaussée au 27e étage.

Bibliothèque Nationale Roi FahadRiyad, Arabie saoudite

Architecte : Gerber Architekten InternationalMaître d’ouvrage : Arriyadh Development AuthorityConception : 2004-2006Achèvement : 2013Superficie du site : 59 558 m2

Un concept d’agrandissement imaginatif a doublé l’espace disponible, métamorphosant le bâtiment existant.

De forme cubique, le nouveau bâtiment enserre l’édifice des années 1980 de tous côtés et transforme ainsi radicalement l’image de la Bibliothèque nationale dans le paysage urbain. Cette nouvelle enveloppe est parcourue de motifs d’inspiration textile, en forme de losanges, qui combinent habilement dévoilement et dissimulation. Des membranes blanches, soutenues par une structure tridimensionnelle de

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câbles d’acier en traction, protègent du soleil et réinterprètent les tentes arabes traditionnelles sur un mode basse consommation. L’un des défis à relever pour la façade concernait le fort différentiel de températures observé à Riyad. En été les câbles d’acier peuvent atteindre 80 °C et se détendre, tandis qu’en hiver ils se raidissent sous l’effet des températures nocturnes parfois négatives. Il a fallu tenir compte de ces variations pour optimiser la tension des câbles. En vue d’améliorer le confort thermique et de réduire nettement la consommation énergétique, le cabinet d’architectes a choisi une ventilation par couches et un refroidissement par le sol, une première dans le monde arabe. L’ancien bâtiment reste au cœur de l’édifice, où il abrite d’ailleurs le socle de connaissances de la nouvelle bibliothèque. Son dôme, reconstruit en acier et en verre pour laisser pénétrer la lumière du jour, et le toit de l’existant offrent un cadre de lecture idéalement éclairé. Le hall d’accueil principal se situe au rez-de-chaussée, tandis qu’au premier étage un espace distinct est réservé aux femmes.

Résidence d’Artistes et Centre Culturel THREADSinthian, Sénégal

Architecte : Toshiko Mori ArchitectsMaître d’ouvrage : Josef and Anni Albers FoundationConception : 2013Achèvement : 2014Surface bâtie : 1 048 m2

Superficie du site : 6 232 m2

Ce lieu de rencontre respectueux de l’environnement symbolise la contribution de l’art et de l’architecture au monde rural.

Le centre socioculturel Thread propose deux ateliers et un studio destiné à accueillir des artistes locaux comme internationaux. Nicolas Weber, de la Josef and Anni Albers Foundation, avait déjà soutenu le travail de Magueye Ba. Le centre médical et l’école primaire mis en place par ce médecin sénégalais pour un groupe isolé de villages dans la région de Tambacounda avaient en effet bénéficié de l’appui de la fondation pour leur fonctionnement au quotidien. Par la suite, M. Ba et Nicolas Weber ont souhaité prolonger leur collaboration en favorisant les échanges culturels et en soutenant les artistes ; c’est ainsi que l’idée d’une résidence d’artistes et d’un centre culturel a pris corps, sous la direction bénévole de Toshiko Mori, qui avait déjà organisé des ateliers dans la région. Les habitants de Sinthian et des villages alentour se retrouvent désormais ici, dans ce lieu central où ils bénéficient de formations sur les techniques agricoles adaptées aux terres fertiles des environs, et où ils peuvent s’organiser, démarche essentielle à la pérennité du développement durable dans cette zone rurale du pays. Les toits inclinés traditionnels ont été repensés, subissant une transformation paramétrique par inversion. Ils permettent de récupérer l’eau de pluie, ce qui pourra servir à de nouveaux projets agricoles durant la saison sèche, de huit mois. Thread est à la croisée des chemins, à la fois résidence d’artistes, centre agricole, ferme communautaire, point d’eau, lieu d’exposition et salle de spectacles, centre culturel, bibliothèque, terrain de jeux pour enfants et point de recharge pour téléphones portables. Ce mélange, aussi atypique soit-il, prouve combien l’art et l’architecture sont des droits auxquels chacun peut prétendre.

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Restauration de la Tour NasridHuercal Overa, province d’Almería, Espagne

Architecte : Castillo Miras ArquitectosMaître d’ouvrage : Junta de Andalucía, Ayuntamiento de Huercal OveraConception : 2005-2006Achèvement : 2010Surface au sol : 78 m2

Superficie du site : 3 484 m2

Tout en incluant des éléments de design moderne, cette restauration a porté une attention particulière à l’environnement tant naturel que bâti.

Le projet explore la dichotomie entre la tour solide, sans âge, construite au XIIIe siècle par des artisans anonymes et la nature provisoire, légère et dégradable des rajouts contemporains. Ceux-ci sont conçus comme de futures ruines, amovibles, objets temporaires posés sans fondation, à même le sol, faits de matériaux appelant sciemment le contraste. La restauration de la tour même supposait de préserver les matériaux d’origine lorsque c’était possible, de supprimer les adjonctions récentes et de remettre au jour le revêtement mural en torchis et l’intérieur en brique de la structure. Pour restaurer l’entrée originelle de l’édifice, à quatre mètres au-dessus du sol, une nouvelle tour d’escalier en acier pré-rouillé, des toilettes et un conteneur de bureau ont été créés. Pensés pour servir d’espace d’exposition, les lieux ont également accueilli divers événements, y compris des mariages. L’aménagement paysager de la zone adjacente à la tour exploite la topographie existante afin de minimiser l’altération des sols. Ainsi, c’est une restauration minutieuse et sensible qui a été entreprise, ressuscitant la présence et le sens de la tour historique. En parallèle un projet de design moderne démontrait une grande intuition – et beaucoup d’attention à l’environnement bâti et naturel du monument. Mais la principale réussite a consisté à transformer un édifice laissé à l’abandon en symbole du village et de son passé. Le site est rapidement devenu une attraction touristique de choix.

Bibliothèque Publique de CeutaCeuta, Espagne

Architecte : Paredes Pedrosa ArquitectosMaître d’ouvrage : Ministère de la culture espagnolConception : 2007-2008Achèvement : 2013Superficie du site archéologique : 600 m2

Superficie du site : 1 200 m2

En englobant un site archéologique en son sein, cette bibliothèque s’est imposée comme une référence culturelle incontournable.

Un site archéologique du XIVe siècle, vestige de la dynastie des Mérinides, est au cœur de l’espace de lecture de la bibliothèque. Les excavations ont en effet été insérées à l’intérieur même du bâtiment. Afin

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de créer une impression d’ouverture et de transparence entre la bibliothèque et le site mérinide, les architectes ont collaboré avec l’archéologue responsable des fouilles. Le projet se développe en hauteur sur sept étages, dont trois offrent un panorama sur les vestiges archéologiques. Compte tenu de l’hétérogénéité de l’ensemble, les architectes ont souhaité privilégier l’uniformité et opté pour une surface unie. D’où l’idée d’un « voile », sorte d’écran perforé qui relie le tout. La façade double peau percée de multiples fenêtres est faite de panneaux métalliques perforés et légers ayant pour fonction de filtrer la lumière vive et de protéger l’intérieur des forts vents du détroit. Ce qui s’est aussi avéré utile pour dissimuler les galeries d’entretien. Le choix de mettre en valeur la vue sur la mer et la ville a également été déterminant : couper le voile pour bien dégager la perspective était d’autant plus important qu’au vu de la topographie abrupte du site, le bâtiment est très visible et n’a pas de « dos ». La bibliothèque compte un grand nombre d’usagers dans cette ville espagnole autonome proche du Maroc et affiche une riche programmation culturelle.

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