séquence 7afrique.espoirbenin.free.fr/res_peda/2/hist_g%e9o/... · 2013-01-02 · séquence 7...
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Séquence 7Nouveaux horizons géographiques et culturels des Européens à l’époque moderne
1Séquence 7 – HG20
Sommaire
L’élargissement du monde (XVe – XVIe siècles)1. Étude significative : de Constantinople à Istanbul
Un lieu de contact entre différentes cultures et religions (chrétienne, musulmane, juive)
2. Étude significative : Christophe ColombUn navigateur européen et ses voyages de découverte
3. Étude significative : TenochtitlanUne cité précolombienne confrontée à la conquête et à la colonisation européennes
Les hommes de la Renaissance (XVe - XVIe siècles)1. Étude significative : Martin Luther
Un réformateur et son rôle dans l’essor du protestantisme
2. Étude significative : Léonard de VinciUn artiste de la Renaissance dans la société de son temps
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3Séquence 7 – HG20
L ’élargissement du monde(XVe – XVIe siècles)
Étude significative : de Constantinople à IstanbulUn lieu de contact entre différentes cultures et religions (chrétienne, musulmane, juive)
2. Étude significative : Christophe ColombUn navigateur européen et ses voyages de découverte
3. Étude significative :TenochtitlanUne cité précolombienne confrontée à la conquête et à la colonisation européennes
Traditionnellement, les dates de 1453 (prise de Constantinople par les Turcs) et 1492 (découverte de l’Amérique par Christophe Colomb) marquent la fin du Moyen Âge en Occident. C’est l’entrée dans l’époque moderne avec l’importance des conquêtes turques et l’exploration européenne du monde. Cela implique le contact avec d’autres cultures et nous prendrons l’exemple de l’empire aztèque dont la capitale est Tenochtitlan. On peut parler d’une première mondialisation née de la violence d’une conquête armée où l’Europe va imposerses valeurs religieuses et culturelles.
C’est aussi une époque marquée par de profonds changements culturels qui font apparaître une nouvelle vision du monde pour les Européens : c’est l’humanisme et la Renaissance.
Les trois études de cette partie vont montrer l’ampleur de ces changements, notamment l’élargissement du monde.
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4 Séquence 7 – HG20
1 De Constantinople à Istanbul Un lieu de contact entre différentes cultures et religions (chrétienne, musulmane, juive)
comme une des principales puissances méditerranéennes au MoyenÂge. Constantinople est la capitale de ce vaste empire chrétien ortho-
doxe. Mais à partir du XIIe siècle, Constantinople est sur le déclin, elle est menacée à plusieurs reprises par des envahisseurs successifs. Les Turcs
ottomans représentent la plus grande menace et finalement, en 1453,
ils finissent par s’emparer de cette capitale prestigieuse. Mehmed II, sul-tan turc, veut faire de Constantinople, centre culturel majeur, la nouvellecapitale de l’islam : elle portera le nom d’Istanbul.
Plan : traitement
de la problématiqueNotions clés Repères
1. Étude significative :
De Constantinople à Istanbul,
un lieu de contact entre dif-
férentes cultures et religions
(chrétienne, musulmane,
juive)
A. Constantinople au XVe
siècle
1. Capitale de l’Empire
byzantin
Plaque tournante du commerceHéritière de RomePatriarche – schisme – Théocratie, Basilique Sainte-Sophie
Analyse de cartesDescription d’un bâtimentApprofondissement par un choix de vidéos
2. Capitale en prise avec de
nombreuses difficultés
Difficultés intérieures et extérieures
Analyse de cartes
Introduction
� Comment est-on passé de la capitale d’Empire byzantin
à la capitale de l’islam ?
� En quoi l’empire ottoman est-il un concurrent direct à la
volonté de domination européenne ?
Problématique
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5Séquence 7 – HG20
B. Istanbul, capitale de l’Empire
ottoman
1. La chute de
Constantinople : 1453
Pillage – islam – Mehmed II Comparaison de 2 textes (confrontation de sources différentes)
2. Une nouvelle capitale Centre politique, économique et culturelPalais de TopkapiGrande mosquée de Soliman
Choix de vidéosExercice : rédiger un paragraphe organisé
3. Diversité culturelle
Constantinople au XVe siècle
1. Capitale de l’Empire byzantin
Plan de Constantinople à la fin du XIIe siècle
A
Document 1
Mer de Marmara
Corne d'Or
Bosphore
MU
RA
ILLE
DE
TH
ÉODO
SE
St André
SteSophie
Sénat
Palais
Forum du Taureau
St Jean de
Stoudios
Palais des
BlachernesPorte d'Andrinople
ChristPantocrator
ChristPantepote
Chaîne barrant l'accès
de la Corne d'Or en
cas de siège
GalataGénois
Génois
Pisans
Vénitiens
Portedorée
Hippodrome
Forum deConstantin
Forum du Bœuf
Voie triomphale
Acropole
Mesê
Saints Apôtres
MU
RA
ILL
E D
E CO
NS
TAN
TIN
0 1000mVénitiens
ConstantinopleQuartiers desmarchands italiensPorts
5Séquence 7 – HG20
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6 Séquence 7 – HG20
Carte de l’Empire byzantin du IXeXX au début du XVeVV siècle
Photo du mur de Théodose (construit au VeVV siècle)
� La localisation de Constantinople lui procure des avantages : lesquels ?(voir les 3 documents)
� Quelles sont les preuves sur le document 1 que Constantinople est l’héritière de l’Empire romain ?
� Quels sont les signes d’un empire chrétien ? (document 1)
Document 2
M e r
M é d i t e r r a n é e
Mer Noire
Mer
Rouge
Empire en 867
Conquêtes de 867 à 1025
Empire vers 1200
Empire vers 1400
Invasions
500 km
BULGARES
VIIIe-XIes
NORMANDS
XIes
TURCSXIesXVes
Nord
I T AL I E
DALMATIE
Antioche
Constantinople
Venise
Dyrrachium
Gènes
Rome
Danube
Euphrate
Nil
A F R I Q U E
BALKANS
A S I E M I N E U R E
Document 3
Questions
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7Séquence 7 – HG20
� Constantinople occupe une position stratégique exceptionnelle,
C’est le carrefour terrestre de l’Asie et de l’Europe, et le carrefour r
maritime entre la Méditerranée et la mer Noire. Elle est la maîtressedu Bosphore, ce qui lui permet d’être naturellement bien protégée etde contrôler les détroits. Son port, abrité dans la Corne d’or, est une
plaque tournante du commerce entre Orient et Occident. Constanti-nople est protégée par un système de fortifications (document 3) qui lui ont permis pendant longtemps d’empêcher les attaques navales.
� C’est en 330 que l’empereur Constantin, sur l’ancien site de Byzance, décida de construire une nouvelle ville : Constantinople, qui devait êtreune nouvelle Rome. Elle devient la capitale de l’Empire byzantin. Sur leplan, on aperçoit plusieurs lieux et bâtiments hérités de Rome :
� Forum du Bœuf, forum du Taureau, forum de Constantin : ce sont les grandes places publiques aux activités commerciales et politiques.
� L’hippodrome : lieu de divertissement (courses de chars) qui pouvait contenir 10 000 spectateurs.
� Le palais impérial : depuis la chute de l’Empire romain d’Occidenten 476, la fonction impériale s’est maintenue sans interruptiondans l’Empire byzantin. L’Empereur porte le titre de basileus et la pourpre est l’insigne de sa souveraineté.
� On aperçoit également l’Acropole (référence grecque), il faut signa-ler que les habitants sont de culture grecque. Dans l’Empire byzan-tin, la langue grecque va supplanter la langue latine des Romains.
� Les nombreuses églises nous renseignent sur cet Empire chrétien orthodoxe. L’origine du pouvoir de l’Empereur est en effet religieuse. Il est couronnépar le patriarche de Constantinople dans l’églisede Sainte-Sophie. Il est le représentant de Dieu sur terre, autrement dit le lieutenant de Dieu. L’Em-pire est une théocratie. En 1054, c’est le Grand
Schisme au sein de la chrétienté. Ce schisme (séparation) va opposer l’Eglise catholique (dugrec « universelle ») qui reconnaît l’autorité dupape, à l’Église orthodoxe (du grec : « la foi droite »)qui reconnaît, elle, l’autorité du patriarche deConstantinople.
Cette séparation intervient pour des raisons de rivalités entre le pape et le patriarche et pour des raisons de différences dans la pratique religieuse.
Le Schisme deviendra définitif en 1204 à la suite du pillage de Constantinople par les croisés catho-liques. La séparation perdure jusqu’à aujourd’hui.
Réponses
Basileus : mot grec désignantle roi dans la Grèce ancienne,depuis le VIIe siècle, l’Empereur porte ce nom
Patriarche : titre donné à quel-ques évêques importants, dontceux de Rome et de Constanti-nople
Schisme : rupture de l’unité del’Église ; en 1054, c’est la sépa-ration entre l’Eglise orthodoxe(celle du patriarche de Constanti-nople) et l’Église catholique (celledu pape de Rome).
Théocratie : État où le pouvoir politique est avant tout fondésur la religion et soumis à l’auto-rité religieuse.
Définitions
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8 Séquence 7 – HG20
Constantinople a longtemps été, du fait de sa situation, une ville pros-
père, cosmopolite et le conservatoire de la culture antique (textes anciens comme ceux de Platon, d’Aristote, conservés dans la bibliothèque impé-riale). Jusqu’au XIIe siècle, c’est la ville la plus peuplée du monde chré-
tien avec environ 400 000 habitants. La beauté architecturale de la villeattirait beaucoup de voyageurs. C’est certainement la basilique Sainte
Sophie (en grec, Sophie signifie la sagesse), construite au VIe siècle par l’empereur Justinien, qui reflète le mieux l’art byzantin.
Basilique Sainte Sophie
Décrivez les principaux éléments architecturaux.
C’est une église construite au VIe siècle qui est devenue une mosquée en1453 et qui, après la Première Guerre mondiale, a été transformée en musée. Elle a retrouvé pour l’essentiel la décoration qui était la sienne à l’époque byzantine, mais que les Turcs avaient badigeonnée à la chaux. Seuls ont été conservés des grands disques où figurent des versets du Coran.
� Le plan : c’est une basilique à 3 nefs, surmontée d’une coupole qui représente l’image terrestre de la voûte céleste. Elle est gigantesque car cette coupole culmine à 61 mètres au- dessus du sol. L’architec-ture a pour but d’amener vers le haut l’âme des fidèles.
� Le symbole de la lumière : la coupole compte 40 fenêtres à sa base. Le but de cet éclairage est de montrer que la lumière vient du haut, c’est-à-dire du ciel, donc de Dieu.
Document 4
Question
Réponse
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9Séquence 7 – HG20
� Pour approfondir vous pouvez, sur Internet, faire une visite virtuelle de r
la basilique : il existe plusieurs sites possibles, mais sur votre moteur de recherche, entrez musée Sainte Sophie (Ayasofya en turc) et vouspouvez accéder à plusieurs vidéos. Bien sûr, depuis 1453, commeelle est devenue une mosquée, elle comporte donc quatre minarets.
2. Une capitale en priseavec de nombreuses difficultés
� Difficultés financières, économiques et sociales depuis le XIIe siècle.
� Privilèges accordés aux cités marchandes italiennes.
Quelles sont les origines des marchands italiens installés à Constanti-nople ?
L’Empereur, dès le XIe siècle, a accordé aux Vénitiens, puis ,au XIIe siècle, aux Génois et aux Pisans, le droit d’avoir des entrepôts dans la ville. LesGénois installés dans le quartier de Galata tiennent une place de plus en plus importante dans les affaires internes de Constantinople. Ils ont une flotte conséquente, contrôlent une grosse partie du commerce etinfluencent fortement les différents empereurs byzantins.
� Une ville menacée
� D’abord par les croisés, en 1204 : la ville a subi un pillage provo-quant la première chute de l’Empire. L’Empire byzantin est rétabli auXIVe siècle mais est très affaibli : Constantinople ne compte plus que 42 000 habitants et des quartiers entiers sont abandonnés.
� La plus grande menace provient des Turcs : c’est un peuple origi-naire de la Haute Asie (jusqu’aux confins de l’Oural et de la mer Caspienne). Au Xe siècle, les Turcs se convertissent à l’islam et auXIVe siècle, les Turcs ottomans s’installent en Asie mineure (l’ac-tuelle Turquie) menaçant progressivement l’Empire byzantin (voir le document 2). Ils s’implantent en Europe en contournant Constanti-nople, dès 1354.
Constantinople a donc été la capitale d’un empire prestigieux, mais auXVe siècle, son déclin est irréversible.
Question sur le document 1
Réponse
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10 Séquence 7 – HG20
Istanbul, capitale de l’Empire ottoman
1. La chute de Constantinople : 1453
Devant les multiples difficultés rencontrées par l’Empire byzantin, la chute de Constantinople devient inéluctable, la ville ne contrôle qu’un territoire minuscule. Constantinople ne dispose pour sa défense que de
7 000 soldats grecs et d’un petit contingent de Génois : 700 soldats.
Face à eux le Sultan Mehmed II le Conquérant est à la tête de 160 000
hommes. Le basileus Constantin XI pensait être protégé par ses puis-santes fortifications (voir le document 3), mais c’était sans compter surr la puissance de l’artillerie turque. Mehmed II possède en effet 50grosses bombardes (premiers canons) et, pendant plusieurs semaines, son armée lance sans répit des pierres et des boulets. Côté mer, la ville est encerclée par la flotte turque. Au bout de 55 jours de siège, le mardi 29 mai 1453, Constantinople est prise par les Turcs. Les combats ont fait entre 2 000 et 3 000 morts dont Constantin XI mort les armes à la main.
Comparaison de 2 textes sur le pillage de la ville
Extrait de Michel Critobule – (historien et homme politique byzantin
ayant vécu les événements, il passa ensuite au service du Sultan) dans
Histoire de Mehmed II
« Rien n’égalera jamais l’horreur de ce déchirant et terrible spectacle.
Des gens effrayés sortirent de chez eux en courant et furent frappés par
l’épée avant même de savoir ce qui se passait. Certains furent massa-
crés dans leur maison où ils essayaient de se cacher, d’autres dans les
églises où ils cherchaient refuge. Les églises furent saccagées et pillées,
des objets sacrés et les icônes outragés. Les vêtements des prêtres, bro-
dés d’or et ornés de perles et de pierres précieuses, furent vendus au
plus offrant et brûlés pour en extraire l’or. Des livres sacrés furent brûlés
par milliers. Les autels des saints furent brisés sur leur base et renver-
sés. Lorsque Mehmed II vit ces ravages, la destruction et les maisons q g ,
abandonnées, et tout ce qui avait péri et s’était transformé en ruines, , q p f ,
une grande tristesse s’empara de lui et il regretta le pillage et toute la g p g p g
destruction. »
Extrait d’un chroniqueur turc, cc Mohammed Hoca Saadeddin – diadème des Histoires (fin du XVIe)e
« Avec la permission du Sultan, les troupes fortunées pillèrent la ville
durant trois jours et trois nuits, et firent jouir l’œil de leur espoir de la vue
des beautés grecques, au rire doux comme le sucre.
B
Document 5
Document 6
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[Le sultan ordonne la fin du pillage]
Le troisième jour, les hérauts de la cour sublime firent connaître la
volonté de Mehmed, aussi absolue que le destin. C’était, que les soldats
cessassent le pillage, ne fissent du mal à personne et demeurassent
tranquilles. Cet ordre auguste ayant été exécuté, les glaives rentrèrent
dans le fourreau, et les arcs dans l’angle du repos. Par les soins du
monarque fortuné, la poussière du combat fut abattue, l’épée de la
guerre suspendue ; on jeta les flèches et l’on brisa les arcs.
Par ses efforts généreux, on entendit, au lieu du bruit détestable des
cloches, la profession de foi musulmane et le cri, cinq fois répété par
jour, de la religion du prophète. Les églises de Constantinople furent
dépouillées des viles idoles qui les souillaient ; elles furent purifiées
des impuretés abominables des cérémonies chrétiennes. Les usages
antiques furent entièrement changés ; plusieurs temples et chapelles
des Nazaréens, par le placement du mihrab et de la chaire des fidèles
rivalisèrent avec le paradis élevé. Les rayons lumineux de l’islamisme
dissipèrent les sombres ténèbres de la méchanceté. »
� Quels sont les points communs et les différences entre ces deux récits ? Pourquoi ces deux interprétations sur le récit de la chute de Constantinople ?
� Comment expliquer le passage souligné à la fin du texte 1 (doc. 5) ?� Que nous apprend le texte 2 (doc. 6) sur la religion musulmane ?
� Les points communs :
� Pour le texte 1 : l’auteur raconte les scènes du pillage : « horreur,
déchirant et terrible spectacle ».
� Pour le texte 2 : l’auteur utilise le terme « pillage ».
Les différences :
� Michel Critobule insiste sur le pillage, utilise un vocabulaire quidit la peur, l’effroi. Il montre des Turcs massacrant la population etpillant les objets sacrés de la religion.
� Au contraire, l’auteur du texte 2 insiste sur une libération de la ville :« les églises furent dépouillées des viles idoles qui les souillaient…
elles furent purifiées… les rayons lumineux de l’islamisme dissipè-
rent les sombres ténèbres de la méchanceté »
� Si le récit des événements n’est pas le même, c’est parce que les deux auteurs n’ont pas le même point de vue : le premier est chré-
tien orthodoxe, le second est turc musulman.
� Dans les faits, c’est vrai que le pillage a duré trois jours (c’est dansl’usage de l’époque : le vainqueur s’offre le droit de piller la ville, de violer et de tuer). Outre les milliers de morts, les survivants furent réduits en esclavage (peut-être 25 000).
Questions
Réponses
11Séquence 7 – HG20
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12 Séquence 7 – HG20
� L’auteur semble affirmer que le sultan Mehmed II n’avait pas souhaité un tel massacre. Il faut dire que Michel Critobule est ensuite passé au service du sultan. Il est vrai que Mehmed II avait demandé au bout de trois jours d’arrêter les massacres.
� Le document 6 nous apprend plusieurs points sur la religion musulmane :
� « Profession de foi et le cri, cinq fois répétés par jour » ;
� « placement du mihrab » : ce qui signifie que très rapidement, leséglises furent transformées en mosquée. D’ailleurs les chroniqueursrapportent que dès le vendredi 1er juin 1453, soit 3 jours après la r
prise de la ville, le sultan vainqueur est allé diriger la grande prière dans Sainte Sophie (dépouillée de ses attributs chrétiens). En un si court laps de temps, les Turcs n’ont pu que dissimuler peintures et mosaïques, ce qui a permis leur sauvegarde ;
� Quelques points sur la religion musulmane : pour les musulmans, le prophète Mahomet (vers 570-632) a reçu de Dieu (Allah) la révélation qui complète celle transmise par d’autres prophètes comme Jésus. L’islam signifie « soumission à Dieu » et s’appuie sur le message divin contenu dans le Coran la « récitation ») qui proclame les cinq piliers
de l’islam : un Dieu unique et son prophète Mahomet, les cinq prièresquotidiennes, l’aumône, le jeûne annuel (ramadan) et le pèlerinageà La Mecque. En quelques décennies, les musulmans soumettent àl’islam tout le sud de la Méditerranée et le Moyen-Orient. C’est une civilisation extrêmement riche et raffinée (civilisation urbaine, grandscentres économiques, intellectuels et religieux). La mosquée est au
cœur de la civilisation musulmane : c’est le lieu de rassemblementdes fidèles. Au fond de la salle de prières, on trouve le mihrab qui estune niche indiquant la direction de La Mecque.
2. Une nouvelle capitale
� Centre politique et économique : Mehmed II fait d’Istanbul la nouvelle capitale de l’Empire ottoman à la place d’Andrinople. Il décide donc de repeupler la ville avec des déplacements forcés de Turcs venant d’autres régions de l’Empire et en permettant aux chrétiens de revenir. Mais c’est surtout à partir de 1457, que cette ville devient une vraie
capitale, avec la fin de la construction de son palais : le palais de Top-
kapi. Le bazar construit aussi par Mehmed II contribue à la richesse de la ville : elle retrouve un rôle de centre économique majeur du bassin méditerranéen. A la fin du XVe siècle, elle compte 60 000 habitants et ne cesse de se développer pour atteindre plus de 400 000 habitants
au XVIe siècle.
� Pour approfondir, vous pouvez consulter sur Internet plusieurs sitesqui permettent de se rendre compte de l’importance du palais impérial
de Topkapi (prononcer : topkapeu), du nom de la porte par laquelle
sont entrés les Ottomans dans la ville conquise. Il existe des sites
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de visite virtuelle et des sites de visite interactive avec des vidéos. Le palais qu’on nomme le Sérail, ou la Porte, a à peu près la figure d’untriangle. Les bâtiments sont disposés autour de 4 cours. Elles ont cha-cune leur fonction. C’est un ouvrage majestueux qui émerveillait les
visiteurs étrangers venus de l’Europe occidentale. L’Empire ottoman fascine bel et bien les Européens.
� Istanbul est à la tête d’un véritable empire en expansion : voir la carte du document 7
L’Empire ottoman du XVeVV au XVIe siècle
3. Diversité culturelle
� Une mosaïque de cultures : le repeuplement de la ville a permis à des populations diverses de cohabiter et de vivre dans une bonneentente.Pourtant les quartiers sont répartis en fonction des religions(voir le plan du document 1) :� Domination turque dans la vieille ville (Stamboul) : centre adminis-
tratif, commercial et religieux avec nombreuses mosquées, mais aussi des quartiers juifs avec des synagogues (une partie des juifs chassés d’Espagne au XVe siècle s’est installée à Istanbul et à Salo-nique).
� Quartier génois à Galata (au nord de la Corne d’or) avec quelques Grecs, et quelques rares mosquées.
� Sur la colline de Péra (au nord de Galata) s’installent les étrangers et les ambassadeurs européens.
� A Usküdar (rive est d’Istanbul en Asie), c’est le rendez-vous des mar-chands, avec la présence de Turcs, d’Iraniens et d’Arméniens.
Document 7
M e r
M é d i t e r r a n é e
Mer Noire
Océan
Indien
Océan
Atlantique
Mer Rouge
Mer Noire
Mer Méditerranée
Mer Caspienne
Mer d’Aral
Mer Caspienne
Mer d’Aral
Empire ottomanau XVIe siècle
Monde musulman nonsoumis à la dominationdes Ottomans
Chypre : conquêtespostérieures à Soliman
Expéditions navales
(1571)
Nord
ÉGYPTE
SYRIE
ARMÉNIE
GÉORGIESERBIE
THRACE
RHODES
CHYPRE
HONGRIE
(1571)
(1453)
(1529)
(1574)
Ind
us
Amou Daria
Syr Daria
Tigre
NilDanube
Rh
in
Oran Alger Tunis
Aden
La Mecque
Médine
Damas
Ankara
Istanbul
Mascate
Vienne
Venise Buda
Edirne
Euphrate
0 1 000 km
PAYS BARBARESQUES
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14 Séquence 7 – HG20
� On peut parler d’une véritable ville cosmopolite, beaucoup plus
d’ailleurs que dans l’ancienne Constantinople. On le voit, outre l’islam, les deux autres religions monothéistes sont tolérées : ceshabitants non turcs ont le droit de pratiquer leur religion à condition de payer un impôt. Les différents sultans qui se succéderont feront preuve de grande tolérance.
� On retrouve aussi des commerçants français depuis que François Ier
a signé avec le Sultan les capitulations qui permettent la liberté decommerce et de circulation aux Français dans tout l’Empire.
� Une ville embellie : Istanbul devient le plus grand centre culturel del’islam : des artistes, des écrivains, des poètes, des historiens, s’y
côtoient et ils sont encouragés par les différents sultans. Cela est particulièrement vrai au XVIe siècle, qu’on peut qualifier de « siècle
d’or » de l’Empire ottoman, avec Soliman II comme sultan. De nom-breuses mosquées, des bâtiments, des fontaines publiques, des jar-dins sont alors construits pour faire de cette capitale une ville raffinée. La grande mosquée de Soliman témoigne de cette richesse
Mosquée de Soliman
Trouvez-vous des points communs entre cette mosquée et Sainte Sophie ?
Cette mosquée dite mosquée Süleymaniye a été construite entre 1550 et 1557 par un architecte très réputé : Sinan. Elle est considérée comme la plus belle mosquée d’Istanbul. Sinan s’est entouré des plus grands artistes de l’époque et a mobilisé des milliers d’ouvriers pour ce vaste
Document 8
Question
Réponse
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15Séquence 7 – HG20
chantier. La silhouette ressemble à celle de la basilique Sainte Sophie
(grandes coupoles, dômes…), mais c’est en réalité un énorme complexe
comprenant une école coranique, un hôpital, un bain public (hammam),des collèges, des magasins. Ce monument n’a donc pas qu’une fonc-tion religieuse. En construisant un tel édifice, Soliman a voulu montrer la
puissance de son Empire.
Pour approfondir, vous avez aussi la possibilité de consulter plusieurs sites Internet qui proposent vidéo et visite virtuelle sur les mosquéesd’Istanbul.
On peut dire que la prise de Constantinople en 1453 s’est faite dans
une extrême violence, mais la tolérance des sultans qui se succéderont
fera qu’Istanbul deviendra pour tous les voyageurs européens un haut
lieu culturel, économique et politique. Les Turcs, eux aussi, ont pris part à la découverte du monde, notamment en organisant des voyages dansl’océan Indien. S’ils se sont intéressés aux découvertes de l’Amériquepar les Européens, ils n’ont pas su rivaliser dans ce domaine.
Afin de bien réviser cette séquence je vous propose de rédiger un petitparagraphe (prenez le soin d’organiser votre réponse en 2 parties) d’en-viron 15 lignes sur ce sujet : la prise de Constantinople par les Turcs a-t-
elle entraîné beaucoup de changements ?
Ce n’est pas la seule réponse possible, mais vous devez réutiliser leséléments principaux du cours.
Constantinople était la capitale de l’Empire byzantin. C’était une théo-
cratie dirigée par un basileus chrétien orthodoxe. Cet Empire, à partir du XIIe, siècle est en proie à de nombreuses difficultés économiques,politiques, militaires. Constantinople ne cesse de décliner, pour ne pluscompter que 42 000 habitants au XVe siècle.
En 1453, les Turcs ottomans dirigés par le sultan Mehmed II, s’emparentde la ville après un siège de 55 jours. Mehmed II transforme la ville et enfait sa capitale politique : Istanbul. Lui et ses successeurs, tout en impo-sant leur religion, l’islam, se montrent très tolérants vis-à-vis des autresreligions. Ils embellissent Istanbul en faisant construire un palais royal :Topkapi, des mosquées, des fontaines. Istanbul devient alors une ville
cosmopolite (400 000 habitants), une grande capitale économique et culturelle. Elle émerveille les voyageurs, d’autant plus qu’au XVIe siècle sous Soliman II, la grande mosquée de Soliman construite par Sinan,renforce cette idée de grandeur.
On peut donc affirmer que si Constantinople déclinait au XVe siècle, les
Turcs ont su redynamiser cette ville.
Exercice
Réponse
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2 Christophe ColombUn navigateur européen et ses voyages de découverte
16 Séquence 7 – HG20
Aux XVe et XVIe siècles, l’Europe est en pleine renaissance intellectuelle. L’humanisme (mouvement intellectuel qui place l’homme au centre du monde) modifie la façon dont les Européens voient le monde qui les entoure. Les récits du marchand vénitien, Marco Polo voyageant en Asie à la fin du XIIIe, siècle connaissent un grand succès. De plus, la certitude de la rotondité de la Terre ainsi que les progrès dans les techniques de navi-gation rendent possibles de nouvelles explorations. C’est dans cet esprit qu’un navigateur génois, Christophe Colomb, va traverser en 1492 l’Océan
Atlantique, en espérant atteindre l’Asie par l’ouest. Sa découverte d’un nouveau monde, bientôt nommé Amérique, va ouvrir la voie à d’autres découvertes et à la conquête de nou-velles terres. Elle va élargir l’horizon des Euro-péens en les mettant en contact avec des civilisa-tions inconnues.
Plan : traitement
de la problématiqueNotions clés Repères
2. Étude significative :
Christophe Colomb,
un navigateur européen et ses
voyages de découverte
A. Un contexte favorable au
rêve de Christophe Colomb
1. Un projet : rejoindre
l’Asie par l’ouest
Grand KhanRoute de la soie
Lecture d’une frise chronolo-giqueAnalyse de texte
2. Un projet soutenu par
les souverains d’Espagne
CaravelleGouvernail d’étambotAstrolabePortulan
Description d’une image
B. Les voyages de découvertes
1. Le 1er voyage :
la découverte
Amérindien Analyse d’une gravure
2. Les 3 autres voyages :
l’exploration
Description d’une carte
Introduction
Comment la découverte de
Christophe Colomb a-t-elle
élargi l’horizon géogra-
phique des Européens ?
Problématique
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C. Les conséquences de la
découverte du Nouveau
Monde
1. Un explorateur dépassé
par sa découverte
Traité de Tordesillas Analyse et comparaison de textes
2. Le début de la
colonisation espagnole
Choc microbien
Un contexte favorable au rêve de Christophe Colomb
1. Un projet : rejoindre l’Asie par l’ouest
Christophe Colomb est né à Gènes, en Italie ,en 1451. Il est fils de tis-serand mais vers l’âge de 20 ans, il choisit de naviguer pour des com-pagnies commerciales génoises, en Méditerranée et sur l’Atlantiquejusqu’en Irlande et en Islande. En 1477, il s’installe à Lisbonne au Portu-gal où il se marie. Il se passionne pour la cartographie et la géographie.C’est à cette époque qu’il mûrit son projet : rejoindre la Chine par l’ouest. En effet, depuis la prise de Constantinople en 1453, la route de la soie
et des épices est fermée aux occidentaux. Quant à la voie maritime quicontourne l’Afrique par le sud, elle est contrôlée par les Portugais. Ilsl’exploitent depuis le début du XVe siècle sous l’impulsion d’Henri le
Navigateur.
Grâce à leur expérience des courants marins et des vents, les navigateurs portugais franchissent l’équateur en 1472, et Bartolomé Diaz atteint leCap de Bonne Espérance en 1487.
Frise chronologique de Christophe Colomb et de l’élargissement
du monde
A
Document 9
ges
quemb
1440 1450
1450
Naissance
de C. Colomb
1453
Prise de Constantinople
par les TurcsPrise de Grenade
par les Espagnols
Pizzaro conquiert
l'Empire Inca
Tour du Monde
de Magellan
Cortes conquiert
l'Empire Aztèque
1519 1521
1532
1519
Pizzaro conquiert
l'Empire Inca
4 voyagesde Colomb
en Amérique
Tour du Monde
de Magellan
Expéditions portugaises sur les côtes d'Afrique Traité de Tordesillas1494 Traité de Tordesillas
Cortes conquiert
l'Empire Aztèque
1487
1492
1492
15041504
1519 1521
1532
Temps des explorations Élargissement du monde connu
1460 1470 1480 1490 1500 1510 1520 1530
1519
17Séquence 7 – HG20
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18 Séquence 7 – HG20
Portrait de Christophe Colomb
Le projet
Citation tirée du journal de bord de Christophe Colomb (celle-ci est écrite pendant son premier voyage et destinée aux souverains espagnols Isa-belle de Castille et Ferdinand d’Aragon)
« Suite aux informations que j’avais données sur un Prince qui se nomme
le Grand Khan, (vos altesses) pensèrent m’envoyer aux Indes […] Elles
m’ordonnèrent de ne pas y aller par terre, mais d’emprunter la route de
l’ouest par où nous ne savons pas si quelqu’un y est jamais passé »
� Quel est le projet de Christophe Colomb ? (doc 9 et 11)
� Pourquoi choisit-il une route maritime inexplorée ? (doc 9 et 11)
� Le projet de Christophe Colomb est de se rendre en Asie : « (les rois catholiques) pensèrent m’envoyer aux Indes. » Il précise qu’il leur a donné des informations sur « un Prince qui se nomme le Grand Khan »
c’est-à-dire le souverain de Chine. Il s’agit d’établir une nouvelle voie
commerciale vers l’Orient où il souhaite se procurer des épices, de lasoie et de l’or.
Document 10
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Document 11
Questions
Réponses
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19Séquence 7 – HG20
� Christophe Colomb choisit de prendre la route de l’ouest, par l’Atlantique, pour plusieurs raisons :
� la route terrestre, par l’est, est fermée depuis la prise deConstantinople par les Turcs, en 1453 ;
� la route maritime contournant l’Afrique est interdite aux Espagnols car elle est l’exclusivité des Portugais qui l’ontexplorée tout au long du XVe siècle.
2. Un projet soutenu par les souverainsd’Espagne
Gravure de la caravelle Santa Maria
Contexte et préparation du voyage, – citation tirée du journal de bord
de Christophe Colomb
« En cette présente année 1492, après que Vos altesses eurent mis
fin à la guerre contre les Maures en la très grande cité de Grenade […]
(elles décidèrent de m’envoyer aux Indes) pour y voir la manière dont on
Route de la soie :
circuit commercial qui relie la Turquie actuelle à la Chine.
Définition
Document 12
Document 13
g g© akg-images.
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20 Séquence 7 – HG20
pourrait convertir ces peuples à notre Sainte foi […] Elles m’anoblirent
et décidèrent que je serais vice-roi et gouverneur de toutes les îles de la
terre ferme que je découvrirai […] j’armai trois navires bien adaptés pour
semblable entreprise. Je quittai le port (de Palos) bien approvisionné en
vivres et avec des équipages nombreux. »
� Quel est le contexte historique de l’expédition de Christophe Colomb ?
� Quel est la mission dont est chargée Christophe Colomb par les Rois d’Espagne à l’occasion de son expédition ?
� Pourquoi Christophe Colomb est-il persuadé d’atteindre son objectif ?
� En 1492, l’Espagne est dirigée par les Rois catholiques, Isabelle de
Castille et Ferdinand d’Aragon. Ils achèvent la reconquête de l’Es-pagne en reprenant la ville de Grenade aux mulsumans. L’Espagne est désormais un royaume entièrement catholique.
� Les souverains espagnols voient dans l’expédition de Christophe Colomb comme une mission d’évangélisation : « convertir ces peu-
ples à notre Sainte foi ». Il s’agit donc d’un objectif religieux, dans le prolongement de ce qui vient de s’achever en Espagne.
� Christophe Colomb estime être bien armé pour le voyage « trois navires bien adaptés pour semblable entreprise ». Il s’agit de la caravelle, un nouveau navire dont les voiles carrées et triangulaires associées à une coque épaisse le rendent solide et rapide.
De plus, Christophe Colomb est anobli et nommé vice-roi et gou-
verneur der « toutes les îles de la terre ferme que je découvrirai ».
On peut donc constater qu’il n’a aucun doute sur son prochainsuccès.
Christophe Colomb a soumis sans succès son projet pendant six ans aux souverains d’Espagne, du Portugal, d’Angleterre et de France. Au début de 1492, la chute de Grenade, qui marque la fin de la reconquête (Recon-
quista) de l’Espagne sur les musulmans, change la donne. Christophe Colomb obtient l’appui de la reine Isabelle de Castille en présentant son projet comme une mission d’évangélisation.
Les souverains espagnols voient plusieurs intérêts à financer l’expédition du marin génois :
� la recherche de nouvelles routes commerciales exclusives vers l’Asie ;
� l’acquisition de nouveaux territoires sources de richesses minières(or, argent…) et de profits qu’il ne faut pas laisser au Portugal ;
� enfin, les préoccupations religieuses : en effet, depuis la chute de Constantinople, l’Empire ottoman apparaît comme une menace qu’il faut compenser par l’évangélisation de nouvelles populations en Afrique ou en Asie. La conquista prolonge la reconquista.
Questions
Réponses
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21Séquence 7 – HG20
Pour réaliser ces objectifs, l’amiralde la flotte, Christophe Colomb,bénéficie de progrès techniques récents de la navigation :
� la caravelle est adaptée à la haute mer et dotée d’un gou-
vernail d’étambot ;
� les marins peuvent mieux sesituer grâce à l’astrolabe, se diriger grâce à la boussole qui indique le Nord, et grâce à ladiffusion des portulans.
L’acharnement de Christophe Colomb a porté ses fruits. Il a tant promis, qu’il n’a pas d’autres choix que d’atteindre l’Asie en franchissantl’Atlantique avec succès, ce dont il ne doute nullement.
Les voyages de découvertes (1492-1504)
1. Le premier voyage : la découverte
La rencontre avec les Indiens – citation tirée du journal de bord de Chris-
tophe Colomb
« Il me semblait que tous les indiens étaient des gens pauvres en tout.
Tous étaient nus […] même les femmes. Ils ne possédaient rien en fer.
Certains se peignaient en noir, d’autres en blanc, en rouge. Je crois qu’ils
deviendront facilement chrétiens, car il me semble qu’ils n’ont aucun
culte. Je me suis employé à savoir s’ils avaient de l’or. J’ai remarqué que
quelques-uns d’entre eux en portaient un petit morceau suspendu au
nez. J’ai réussi à apprendre au moyen de signes qu’en naviguant vers
le sud, nous trouverions une contrée avec un roi qui possède de grands
vases d’or et une grande quantité de ce métal. »
Astrolabe : instrument qui permet de calculer la latitude grâce à la position de l’étoile polaire.Caravelle : navire mis au point au XVe siècle, doté de voiles triangulaires et carrées, et d’un gouvernail d’étambot.Gouvernail d’étambot : planche pivotante placée à l’arrière du bateau, permettant de suivre une route stable.Portulan : carte maritime indiquant les ports et les contours de la côte.
Définitions
B
Document 14
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22 Séquence 7 – HG20
Colomb arrive en Amérique – gravure de Théodore de Bry, XVIe siècle.
� Comment Colomb décrit-il les indigènes ? (doc 14)
� Qu’est-ce qui le préoccupe avant tout ? (doc 14)
� Que nous apprennent les différentes parties de la gravure ? (doc 15)
� Quelle est l’attitude des Espagnols et celle des Indiens ? (doc 15)
� Quel est le message de cette gravure ?
� Il les décrit comme un peuple inoffensif « pauvres en tout… nus…, ils
ne possédaient rien en fer », et dociles « ils deviendront facilement
chrétiens ». C’est un peuple facilement colonisable car, selon lui, infé-rieur aux Européens à tout point de vue.
� L’Amiral interroge les Indiens sur la présence de l’or. Il espère en trouver en grande quantité car il a fait la promesse aux souverains d’Espagne de rapporter de nombreuses richesses. Cela renforcerait sa position et celle de l’Espagne.
� L’image est divisée en deux : à gauche, les Espagnols, on distingue les trois navires de Colomb en train d’accoster, de débarquer l’équipage et de planter une croix dans le sol, rappelant la mission évangélisatrice de l’expédition. Les Espagnols portent des vêtements raffinés et sont lourdement armés. A droite, on distingue un monde sauvage et peupléd’indigènes nus. Le contraste entre les deux parties de l’image illustre
le choc des civilisations.
Document 15
Questions
Réponses
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23Séquence 7 – HG20
� Les Espagnols ont une attitude dominatrice et conquérante. Colomb est représenté tel un souverain et encadré par deux soldats. De leur coté, les indigènes sont pacifiques et inoffensifs (ils offrent descadeaux et ne possèdent pas d’armes). D’autres sont peureux etfuient à l’arrivée des Espagnols.
� L’auteur, avec le recul d’un siècle (1596) par rapport à l’événement de 1492, montre dans cette gravure que la découverte de l’Amérique est ledépart de la conquête militaire et de la colonisation du Nouveau Monde
et que les Indiens ne sont pas de taille à résister aux Européens.
Le 3 août 1492, l’expédition de l’amiral Colomb, constituée de 87hommes et de trois navires, la Pinta, la Niña, et la Santa Maria quittel’Espagne. La traversée dure trois semaines et au soir du 11 octobre, laterre est en vue. Le 12 octobre, Colomb débarque sur une île des Baha-
mas baptisée immédiatement San Salvador.
Il pense avoir atteint une île proche du Japon. Son premier contact avec
les indigènes, qu’il nomme « indiens », se passe bien car ils sont paci-fiques mais leur langue est inconnue. L’Amiral explore ensuite les Bahamas, l’île actuelle de Cuba, puis celle de Saint Domingue (doc 16).
De retour en Espagne, le 15 mars 1493, avec un peu d’or et quelques amérindiens, il reçoit un accueil triomphal. Colomb est persuadé qu’il a atteint son objectif et gagné son pari.
2. Les trois autres voyages : l’exploration
Carte des voyages de Christophe Colomb
Amérindien : habi-tant de l’Amérique avant le XVIe siècle,et ses descendants.
Définition
Document 16
Cuba
troisième voyage (1498)
premier voyage (août 1492 - mars 1493)
quatrième voyage (1502 - 1504)
deuxième voyage (septembre 1493
- juin 1496)
Îles Bahamas
Tenochtitlan(Mexico)
San Salvadorle 11 oct. 1492
SaintDomingue
Jamaïque
Guadeloupe
MartiniquePorto-Rico
Amériquedu Nord
Amériquecentrale
Amériquedu Sud
Tropique du Cancer
Golfe du Mexique
Merdes Caraïbes
OCÉANPACIFIQUE
OCÉANATLANTIQUE
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24 Séquence 7 – HG20
Quels sont les territoires découverts par le navigateur génois lors de ses voyages ?
L’Amiral a découvert les principales îles de la mer des Caraïbes : l’ar-chipel des Bahamas, l’île de Cuba, celle d’Haïti ou Saint Domingue, la
Jamaïque, Porto-Rico et les Antilles.
Il a aussi atteint l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale. Il a doncdécouvert le continent américain, à l’exception de l’Amérique du Nord.
� Le deuxième voyage (1493-1496) : a pour but de coloniser les terres découvertes et de rechercher un passage vers les territoires d’Asie connus, comme la Chine ou le Japon. C’est pourquoi l’expédition compte 17 navires et 1 200 hommes. L’installation des colons s’avère beaucoup plus difficile car les Espagnols doivent se battre sans cesse contre les Indiens caraïbes. De plus Colomb ne trouve pas le passage vers la Chine.
� Le troisième voyage (1498) : l’Amiral met deux années à monter unenouvelle expédition. Celle-ci est un échec car la colonie est en proie à une guerre civile entre Espagnols. Madrid envoie un nouveau gou-verneur qui arrête Colomb, le démet de ses fonctions et le renvoie en Espagne.
� Le quatrième voyage (1502-1504) : le navigateur génois réussit à convaincre une dernière fois les souverains espagnols de le laisser repartir. Il va explorer la côte de l’Amérique centrale, du cap Honduras à l’isthme de Panama. Il revient en Espagne, malade et discrédité. Il meurt le 20 mai 1506 sans avoir trouvé de passage vers le Japon, la Chine ou l’Inde.
Les conséquences de la décou-verte du Nouveau Monde
1. Un explorateur dépassé par sa découverte
Ce que pense avoir découvert Christophe Colomb – citation tirée des
relations des voyages de Christophe Colomb.
« Je suis convaincu que là est le Paradis terrestre, où personne ne peut
arriver, si ce n’est par la volonté divine. Je crois que cette terre dont vos
Altesses ont ordonné maintenant la découverte sera immense et qu’il y
en aura beaucoup dans le Midi dont on n’a jamais eu connaissance… »
Question
Réponse
C
Document 17
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25Séquence 7 – HG20
Les voyages des découvertes au début du XVIe siècle
Où Christophe Colomb pense-t-il être arrivé, et pourquoi refuse-t-il de voir la réalité de sa découverte ?
Il pense avoir atteint « le Paradis terrestre… par la volonté divine » et nonpas un nouveau continent, car cela signifierait qu’il n’a pas rejoint l’Asiepar l’ouest, comme il en rêvait.
Colomb n’a jamais réalisé et admis qu’il avait découvert un nouveaucontinent. C’est Amérigo Vespucci, un navigateur italien qui en al’intuition et qui donne son prénom au nouveau continent : l’Amérique.
Pendant les voyages de Colomb, le portugais Cabral découvre le Brésil
en 1500. C’est finalement Magellan, lors de son tour du monde entre
1519 et 1522, qui va atteindre l’Asie par l’ouest, après avoir contournél’Amérique par le sud et traversé l’océan Pacifique. L’Amérique du Nord est explorée pour l’Angleterre par Cabot (1498) et par le Français Jacques
Cartier, en 1534.
Document 18
Légende :C. Colomb 1492
J. Cabot 1498
Parties du Monde attribuées à l'Espagne Parties du Monde attribuées au Portugal
Empire espagnol Empire portugais
Ligne de partage entre l'Espagne et le Portugal (traité de Tordesillas 1494)
J. Cartier 1534
Vasco de Gama 1498 F. de Magellan 1519-1521
Mexico
Lima
OCÉAN
PACIFIQUE
OCÉAN
INDIEN
OCÉAN
PACIFIQUE
OCÉAN
ATLANTIQUE
OCÉAN
ATLANTIQUE
Détroit de MagellanCap de Bonne Espérance
Question
Réponse
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26 Séquence 7 – HG20
Cependant, avant même d’avoir exploré le Nouveau Monde, les puis-sances espagnoles et portugaises se sont partagées le monde lors du
traité de Tordesillas, en 1494.
2. Le début de la colonisation espagnole
La colonisation selon Colomb – citation tirée des relations des voyages
de Christophe Colomb (1494).
« Leurs Altesses pourront donner licence à un certain nombre de
caravelles d’amener chaque année des troupeaux, approvisionnements
et autres choses nécessaires pour cultiver la terre, cela à des prix
raisonnables et pour le compte des convoyeurs qui pourraient être
payés en esclaves cannibales, gens féroces mais gaillards bien faits
et de très bon entendement. Arrachés à leur inhumanité ceux-ci seront
les meilleurs esclaves et ils perdront leur mauvaise habitude dès qu’ils
auront quitté leur terre. »
� À quoi doivent être destinés les nouvelles terres selon Colomb ?� Comment Colomb présente-t-il les Indiens ? Comparez son point de
vue avec celui du document 14.
� Colomb propose de cultiver les nouvelles terres afin d’en tirer des
bénéfices. Il propose de faire reposer le système colonial sur la mise en esclavage des Indiens « ceux-ci seront les meilleurs esclaves ».
� Colomb les présente comme des êtres « féroces et cannibales » qu’il faut réduire en esclavage. Son point de vue a évolué radicalement car dans le document 14, il les considère comme des êtres inoffensifs etfaciles à convertir. L’intérêt économique prime sur l’intérêt religieux.
Parallèlement aux expéditions de Colomb, la cou-ronne espagnole met en place la colonisation des
Antilles et de l’île de Saint-Domingue. Les princi-paux produits exploités aux Antilles sont l’or et lesperles. Cependant la population indigène diminue rapidement du fait du choc microbien et des mauvaistraitements liés au travail forcé établi par ChristopheColomb.
Grâce au traité de Tordesillas, en 1494, l’Espagne se tourne vers le com-merce hispano-américain. Ses possessions dans les Antilles sont ratta-chées par une liaison maritime de plusieurs navires naviguant dans lesdeux sens.
L’Europe va passer progressivement du commerce méditerranéen à
un commerce transatlantique, et ouvrir la voie de la conquête de l’en-
semble du continent américain.
Document 19
Questions
Réponses
Choc microbien : catastrophedémographique causée par l’absence d’immunisation desAmérindiens face aux maladies amenées par les Européens.
Définition
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27Séquence 7 – HG20
Nous avons vu à travers l’étude des voyages de découvertes de Chris-tophe Colomb, tout l’intérêt que les Européens portent au reste dumonde, qui s’élargit au fur et à mesure qu’ils l’explorent. Parmi les
nations européennes, l’Espagne est aux avant-postes et elle souhaite exploiter les richesses de ces nouvelles terres. Les différentes explorations vont la mettre en contact avec des civilisations amérindiennes inconnues.
Nous prendrons l’exemple de la cité de Tenochtit-lan, centre de la civilisation aztèque-mexica. La conquête fulgurante menée par les conquistadors d’Hernan Cortés va entraîner sa disparition.
Plan : traitement
de la problématiqueNotions clés Repères
3. Étude significative :Tenochtit-
lan, une cité précolombienne
confrontée à la conquête et à la
colonisation européennes
A. Tenochtitlan, capitale de
l’Empire aztèque-mexica
Aztèques-Mexicas
1. Le centre urbain majeur
de l’Empire
Tribut. Analyse de texte
2. Tenochtitlan, centre
de la religion aztèque
AnthropophagieSacrificeGuerre fleurie
Analyse de gravure
B. Les Espagnols à l’assaut
de l’Empire aztèque
1. Les raisons d’une
conquête rapide
Conquistadors Analyse de textes
2. Les étapes de la conquête
du Mexique
Analyse d’image
Introduction
Comment l’arrivée des
Espagnols provoque-t-
elle l’effondrement de
la civilisation aztèque-
mexica ?
Problématique
3 TenochtitlanUne cité précolombienne confrontée à la conquête et à la colonisation européennes
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28 Séquence 7 – HG20
C. Les Aztèques-Mexicas face
à la colonisation
1. Colonisation
et christianisation
des Indiens
ColonisationMissionnaireFranciscainDominicainInquisitionEncomienda
Comparaison de 2 textes
2. Les conséquences
démographiques de la
colonisation du Mexique
Prise d’informations sur lecours
Tenochtitlan, capitale de l’Empire aztèque-mexica
1. Le centre urbain majeur de l’Empire
Plan de Tenochtitlan (1524)
A
Document 20
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29Séquence 7 – HG20
Description de Tenochtitlan en 1519 – citation de la lettre à Sa Majesté
l’Empereur Charles Quint d’Hernan Cortés
« Cette ville est si grande et si belle que je n’en dirai pas la moitié de ce
que je pourrais en dire […] car elle et plus grande que Grenade ; elle est
mieux fortifiée ; ses maisons, ses édifices et les gens qui les habitent
sont plus nombreux […] et mieux approvisionnés de toutes les choses de
la terre, pain, oiseaux, gibiers, poissons des rivières, légumes, […]. On
y voit des joyaux d’or, d’argent, de pierres précieuses et des ouvrages
de plume d’un fini merveilleux […] Parmi (les) temples, il y en a un, le
principal, dont nulle langue humaine ne pourrait dire la grandeur et la
beauté ; car il est si vaste (qu’on) pourrait y installer une ville de 1 500
habitants… »
� Comment se présente le site de la ville de Tenochtitlan ?
� Quelles sont les fonctions de la cité ?
� Quels sentiments éprouve Cortés lorsqu’il découvre cette ville ?
� Le site de Tenochtitlan est remarquable : la ville est construite sur uneîle au milieu d’un lac et reliée à la terre ferme par des chemins, ce quilui donne une position de défense exceptionnelle. Ces axes donnent aussi un aspect quadrillé et organisé.
� La cité apparaît comme une ville majeure de l’Empire aztèque. C’est d’abord un grand foyer de population « les gens qui les habitent sont
plus nombreux (qu’à Grenade) ». C’est ensuite un centre économique
« mieux approvisionnés de toutes les choses de la terre ». C’est enfin un centre religieux « Parmi (les) temples ». La ville est par ailleursconstruite autour de l’ensemble des temples et des palais situés enson centre, ce qui renforce la fonction de capitale de l’Empire.
� Cortés est à la fois étonné et admiratif devant ce qu’il découvre : ilest frappé par la grande taille de la ville « plus grande que Grenade »,la qualité et la beauté des bâtiments, « elle est mieux fortifiée »,
« nulle langue humaine ne pourrait dire la grandeur et la beauté (des
temples) », et enfin l’impression de richesses, « On y voit des joyaux
d’or, d’argent, de pierres précieuses ».
Quelques civilisations occupent le territoire du Mexique, depuis l’An-tiquité (document 26). Dans la première moitié du XIVe siècle, desnomades venus du nord, appelés Aztèques ou Mexicas, fondent aumilieu du lac Texcoco la ville de Tenochtitlan. À la veille de la conquête espagnole, on estime sa population entre 150 et 300 000 habitants.
Elle est la capitale d’un empire de 10 à 15 millions d’habitants et dirigéen 1519 par l’empereur Moctezuma II. Il dirige de façon absolutiste en s’appuyant sur une caste de privilégiés. Il maintient soumis, par la force,l’ensemble des cités et des populations de son empire. Celles-ci doivent
Document 21
Questions
Réponses
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30 Séquence 7 – HG20
payer un tribut constitué d’objets précieux, de vête-ments, de denrées alimentaires, de prisonniers, qui est acheminé en continu vers Tenochtitlan. La capi-tale vit également de la culture du cacao, réservée àla noblesse, et du maïs, plantes alors inconnues en Europe.
2. Tenochtitlan, centre de la religion aztèque
Dans le temple de Tenochtitlan – citation d’après Bernard Diaz del Castillo :
Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle Espagne (XVIe siècle)
« Sur chaque autel s’élevaient deux géants avec des corps obèses. Le pre-
mier, situé à droite était […] Huichilobos, le dieu de la guerre. Son visage
était très large, les yeux énormes et épouvantables ; tout son corps, y
compris la tète était recouvert de pierreries, d’or, de perles grosses et
petites […]. Il tenait d’une main un arc, de l’autre des flèches […]. Non
loin il y avait des petits récipients : trois cœurs d’indiens sacrifiés ce jour
là même y brûlaient. Les murs et le parquet étaient baignés par le sang
et il s’en exhalait une odeur repoussante. »
Sacrifice humain extrait du codex Azcatitlan, XVIe siècle
� Décrivez les divinités aztèques et les rituels qui leur sont associés.
� Quels sentiments éprouvent les Espagnols devant de telles pratiques ?
Document 22
Document 23
Questions
Tribut : contribution forcée,payée en argent ou en nature,et imposée par le vainqueur auvaincu.
Définition
© Photo Scala, Florence –
Courtesy of the Ministero Benie Att. Cuturali.
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31Séquence 7 – HG20
� Les divinités aztèques sont représentées par des statues richement décorées : « recouvert de pierreries, d’or » qui sont installés dans destemples. Les Aztèques sont polythéistes : Huichilobos est le dieu dela guerre.
Les Mexicas font des offrandes à leurs dieux. Il s’agit de « cœurs d’in-
diens sacrifiés » lors de rituels. Le sacrifice se déroule en haut de la
pyramide où on ouvre le thorax de la victime pour lui arracher le cœur.Les victimes sacrifiées sont des captifs de guerre.
� Les Espagnols sont horrifiés par la vue des temples sanguinolents et par ces pratiques sacrificielles : « Les murs et le parquet étaient bai-
gnés par le sang et il s’en exhalait une odeur repoussante ». Ils consi-
dèrent les Aztèques comme un peuple cruel et sauvage car ces pra-tiques sont très éloignées de la culture chrétienne, et condamnées par l’Église catholique.
Les Aztèques sont polythéistes. Leur religion est très pessimiste. Ils pensent que leurs dieux sont mor-
tels. Il faut donc les nourrir continuellement de sang humain pour aider la course quotidienne du soleil et pour retarder la disparition d’un monde condamné à l’anéantissement inévitable. C’est pourquoi les raids contre les peuples voisins appelés « guerre fleurie »
sont permanents et ont pour but de capturer des pri-sonniers qui seront offerts en sacrifice tout au long de l’année. L’inaugu-ration du grand temple de Tenochtitlan a été, pendant 4 jours, l’occasion du sacrifice de milliers d’hommes et de femmes. Dans le même esprit, les Mexicas pratiquent également une anthropophagie rituelle.
Les Espagnols à l’assaut de l’Empire aztèque
1. Les raisons d’une conquête rapide
L’empereur Moctezuma s’adresse à Cortés – citation de H. Cortés de His-toire de la conquête du Mexique ou de la Nouvelle Espagne.
« Quelques uns nous ont assurés que vous étiez des Dieux, que vous
teniez les foudres entre vos mains. D’autres nous ont dit que vous étiez
méchants et emportés et que vous aviez une soif insatiable d’or. Cepen-
dant je reconnais que vous êtes des hommes de la même pâte que nous.
Ces bêtes qui vous obéissent sont, à mon avis de grands cerfs que vous
avez apprivoisés. Ces armes qui ressemblent à la foudre sont des tuyaux
d’un métal que nous ne connaissons pas […]. Le feu que ces tuyaux jet-
tent est un secret surnaturel. Le grand Prince à qui vous obéissez des-
cend de notre Quetzalcóatl. Une de nos prophéties dit qu’il était sorti de
ce pays – ci pour aller conquérir de nouvelles terres du côté de l’Orient
Réponses
Anthropophagie : (ou canni-balisme) pratique qui consiste àmanger de la chair humaine.
Sacrifice : offrande rituelle à une divinité, se caractérisant par la destruction de la victime.
Définitions
B
Document 24
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32 Séquence 7 – HG20
et qu’il a promis que ses descendants viendraient modérer nos lois et
réformer notre gouvernement »
Bataille de Tenochtitlan – lithographie couleur d’après manuscrit de 1521
� Comment les Indiens et Moctezuma se représentent-ils Cortés et les Espagnols, et comment l’empereur les accueille-t-il ?
� Par quoi s’explique la supériorité militaire des conquistadors ?
� Selon le récit de Cortés, les Aztèques sont perplexes devant ces étran-gers venus des mers : certains les voient comme des envahisseurs
redoutables : « méchants et emportés et que vous aviez une soif insa-
tiable de l’or ». D’autres pensent que « vous étiez des Dieux » ou du moins envoyés par les dieux et en particulier Quetzalcóatl qui selon une légende reviendra avec ses compagnons.
Moctezuma accueille Cortés comme un envoyé des dieux et ilse soumet à son autorité du fait de la prophétie qui annonçait que « ses descendants viendraient modérer nos lois et réfor-
mer notre gouvernement ». De plus, les Espagnols disposent d’armes inconnues des Aztèques qui ont pour lui un caractère magique : « Le feu que ces tuyaux jettent est un secret surna-
turel ».
Document 25
Questions
Réponses
Conquistadors : nomdonné aux conquérants espagnols de l’Amé-rique centrale et du Sud.
Définition
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33Séquence 7 – HG20
� Les conquistadors disposent d’une supériorité militaire évidente : ilsont des armures qui les protègent des flèches. Ils ont des chevaux quisont inconnus des Indiens « de grands cerfs que vous avez apprivoi-
sés ». Enfin ils disposent de fusils et de canons alors que les Mexicas ne possèdent que des flèches, des lances et des gourdins : le combatest donc inégal.
La rencontre des Aztèques avec les Espagnols a été un choc : Pourquoicette soudaine irruption ? La mise en relation des deux civilisations sefait au dépend des Mexicas pour plusieurs raisons :
� ceux-ci pensent que l’arrivée des conquistadors correspond à la réali-sation de la prophétie ancestrale annonçant le retour du dieu Quetzal-
cóatl et de son escorte et signifiant la fin de l’empire de Moctezuma ;
� un empire fragile reposant sur une alliance de plusieurs cités et non pas sur un pouvoir centralisé et dont le souverain Moctezuma serévèle hésitant face à Cortés ;
� une infériorité technique évidente des Indiens qui ignorent la roue, lefer, le cheval et les armes à feu ;
� l’hostilité des peuples indiens voisins (les Tlaxcatèques) ou dominésvis-à-vis des Aztèques car ils subissent leurs raids pour alimenter lesvictimes des sacrifices humains. Ceux-ci vont s’allier aux Espagnols.
2. Les étapes de la conquête du Mexique
Carte de la conquête de l’Empire aztèque (1519-1521)
Golfe
du
Mexique
Océan
Pacifique
Empire aztèque vers 1519
Cœur de l’Empire
États tributaires
État alié
Itinéraire de Cortès200 km
TARASQUES
MIXTÈQUES
ZAPOTÈQUES
TEOTITLAN
Vera CruzTLAXCALA
Tenochtitlan
Document 26
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34 Séquence 7 – HG20
Hernan Cortés est né en Espagne en 1485, et s’est installé à Saint-Domingue en 1504, puis à Cuba. Il vient pour faire fortune : « Si j’ai fait
ce long voyage, c’est pour ramasser de l’or, pas pour travailler la terre
comme un paysan ». En 1518, il quitte Cuba pour explorer les côtes du Mexique. Il dispose de 400 hommes, 15 chevaux et 10 canons. Ildébarque en avril 1519 au Mexique et fonde Vera Cruz. Il s’allie avec lesindiens Tlaxcatèques qui vont lui fournir des porteurs et des interprètes.Il progresse sans difficultés à l’intérieur du territoire aztèque et rencontre en novembre 1519, l’empereur Moctezuma, dans Tenochtitlan, qui se
soumet sans combat. Les conquistadors et leurs alliés profitent de leur position pour massacrer, en mai 1520, l’essentiel de la noblesse Mexi-cas (10 000 victimes). Cela entraîne une révolte des Indiens qui tuent àleur tour de nombreux Espagnols dans la nuit du 30 juin 1520 (Noche
triste). Cortés ayant dû fuir Tenochtitlan décide de revenir l’assiéger
durant trois mois. Il mène un siège très dur et la ville, victime de la famine et des épidémies, tombe le 13 août 1521, malgré une résistanceacharnée. La chute de Tenochtitlan entraîne l’écroulement de l’Empire
aztèque. Cortès devient en 1522 gouverneur et capitaine général de la Nouvelle- Espagne dont la capitale est désormais appelée Mexico.
Les Aztèques-Mexicas face à la colonisation
1. Colonisation et christianisation des Indiens
Cathédrale de Mexico construite à l’emplacement du principale
temple Aztèque – lithographie de 1850
C
Document 27
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35Séquence 7 – HG20
L’instruction des Indiens – Citation d’après Bernard Diaz del Castillo :
Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne (XVIe siècle)
« A la place des pratiques honteuses et des idolâtries que nous avons
détruites, nous autres conquistadors avons établi de bonnes coutumes et
instruits ces peuples dans la sainte doctrine […]. Nous les avons instruits
à se montrer obéissants envers les moines et les prêtres, (à entretenir
de la nourriture), ce qu’ils ne manquent jamais de faire. Aujourd’hui, un
grand nombre de bons religieux parcourent les villages pour y prêcher
et baptiser toute créature. »
La résistance au christianisme : un procès devant l’Inquisition en 1537 –
citation document sur l’Inquisition in S. Gruzinski « les Hommes Dieux
du Mexique ».
« Je m’appelle Andrés. Je suis chrétien. Un moine m’a baptisé à Texcoco il
y a cinq ans […]. J’écoutais le catéchisme tous les sept jours à Texcoco chez
les religieux à Saint-François […] Dans leurs sermons, ils nous disaient
d’abandonner nos idoles, nos idolâtries, nos rites, de croire en Dieu et
bien d’autres choses. J’avoue qu’au lieu de mettre en pratique ce qu’ils
me disaient, depuis trois ans, j’ai prêché et affirmé que les sermons des
frères ne valaient rien, que j’étais dieu, que les indiens devaient sacrifier
devant moi et revenir aux idoles et aux sacrifices d’antan. »
� Pourquoi et comment les Espagnols convertissent-ils les Indiens ?� En comparant les documents 28 et 29, peut-on dire que la conversion
des Indiens est totale ?
� Pour les Espagnols, les Indiens sont « idolâtres » car ils sont poly-
théistes. Il est urgent de les convertir à la « sainte doctrine » c’est-à-dire au catholicisme. Les Espagnols veulent absolument interdire cessacrifices humains « pratiques honteuses ».
Les mesures prises par les Espagnols sont :
� faire disparaître définitivement les traces de la religion aztèque :
ainsi les églises sont construites à la place des temples anciens (la cathédrale de Mexico) ;
� baptiser systématiquement les Indiens r « parcourent les villages
pour baptiser toute créature » ;
� instruire régulièrement les Indiens « j’écoutais le catéchisme tous
les 7 jours à Texcoco ».
� Les documents 28 et 29 présentent deux points de vue opposés, celuid’un conquistador et celui d’un Indien converti. Selon l’Espagnol, les Indiens adhèrent au catholicisme et respectent les religieux : « obéis-
sants envers les moines et les prêtres ». Pour lui, la conversion desIndiens est une réussite totale.
Document 28
Document 29
Questions
Réponses
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36 Séquence 7 – HG20
Le document 29 montre que l’adhésion au catholicisme peut être de pure forme « j’ai prêché et affirmé que les sermons ne valaient rien »
certains souhaitent même revenir à leur ancienne religion « revenir
aux idoles et aux sacrifices d’antan ». Les Indiens étaient forcés de se convertir au catholicisme et il est impossible de reconnaître la sincérité de leur conversion.
Les Espagnols, une fois vainqueurs, mettent en placela colonisation du Mexique : il faut d’abord faire dis-paraître les traces de la civilisation aztèque. Tous
les rites sont interdits (la polygamie est prohibée) ;les statues des dieux sont renversées et les templesdétruits. A Tenochtitlan, devenue Mexico, une cathé-drale remplace le grand temple.
A partir de 1525, des missionnaires franciscains et
dominicains arrivent d’Espagne pour lutter contre lareligion aztèque. Ils réussissent à convertir de nom-breux Indiens en commençant par les élites. Cepen-dant, une petite minorité se réfugie dans la clandes-tinité pour échapper à la christianisation. Toutefois la résistance échoue sous l’action de l’Inquisition quicondamne et exécute les principaux meneurs.
Parallèlement, les premiers colons espagnols se sontinstallés à Mexico où ils reçoivent des terres et de la main-d’œuvre indi-gène gratuite, qu’ils ont l’obligation de protéger et d’instruire : c’est l’en-
comienda. Désormais les populations indiennes sont soumises à l’auto-rité absolue des colons.
2. Les conséquences démographiquesde la colonisation du Mexique
Courbe de l’évolution de la population du Mexique central& au XVIeII sièclee
30
20
10
01520 1530 1540 1550 1560 1570 1580 1590 1600 1610
en m
illio
ns
25 millions
1 million
Colonisation : mise en valeur et exploitation des territoires devenus des colonies.
Missionnaire : religieux qui a com-me mission de propager sa foi.
Franciscain : moine d’un ordre religieux fondé par François d’Assise, au XIIIe siècle.
Dominicain : moine d’un ordre religieux fondé par Dominique de Guzman, au XIIIe siècle.
Inquisition : tribunal de l’Église chargé de la lutte contre les hérétiques.
Définitions
Document 30
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37Séquence 7 – HG20
Les causes de l’effondrement de la population indienne – citation de
Bartholomé de Las Casas « Très brève relation sur la destruction des
Indiens » 1542.
Bartholomé de Las Casas est évêque au Mexique et il s’insurge contre labarbarie des colons.
« Tous ces peuples (indiens) innombrables […], Dieu les a créés simples,
sans malveillance ni duplicité : plus humbles, […], plus pacifiques […],
d’une santé plus délicate […]. En quarante ans, par suite de la tyrannie
et des actions infernales des chrétiens, douze millions d’âmes, hommes,
femmes, enfants sont morts. Pourquoi les chrétiens ont-ils tué un pareil
nombre d’âmes ? Seulement pour avoir de l’or, se gonfler de richesses
en quelques jours. Jamais les habitants de toutes les Indes n’ont fait le
moindre mal aux chrétiens […]. Les armes des Indiens sont plutôt faibles,
peu offensives, peu résistantes. Les Chrétiens, avec leurs chevaux, leurs
épées et leurs lances, ont commencé les tueries et les actes cruels étran-
gers aux Indiens. »
Comment Bartholomé de Las Casas explique-t-il l’évolution de la popula-tion indienne ?
Bartholomé de Las Casas évoque la destruction des Indiens en l’inscri-vant dans la durée, « quarante ans », et en donnant des chiffres précis, « douze millions d’âmes ». La cause principale avancée est la violence à
l’encontre des Indiens : « les tueries et les actes cruels ». Il évoque aussi les épidémies qui déciment les populations indiennes (« d’une santé
plus délicate ») et enfin leur caractère inoffensif : « jamais (ils) n’ont fait fle moindre mal aux chrétiens ». Il explique que c’est la soif de l’or qui a r
motivé ces massacres : « pourquoi (les) ont-ils tués ? Seulement pour
avoir de l’or ».
On constate sur la courbe, que la population diminue de façon catastro-phique, passant de 25 millions d’habitants en 1519, à 1 million d’habi-tants en 1605.
Les colons espagnols s’installent durablement sur le continent améri-cain. L’empire est divisé en deux vice-royautés dépendant de Madrid : la
Nouvelle-Espagne (les Antilles et le Mexique) et la Nouvelle-Castille qui correspond à l’Amérique du Sud conquise suite à la victoire du conquis-tador Pizarro sur l’Empire inca en 1533.
Les Espagnols emploient les Indiens dans des mines d’or et d’argent etsur des grandes plantations. Les Amérindiens sont décimés par le tra-
vail forcé et les mauvais traitements. Cependant, c’est surtout le choc
microbien qui explique la catastrophe démographique : les épidémies de maladies contagieuses se révèlent meurtrières pour des populations sans défenses immunitaires (variole, typhus, grippe, rougeole, oreillons).C’est en tout 80 % d’entre eux qui périssent durant le XVIe siècle. Cette
Document 31
Question
Réponse
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38 Séquence 7 – HG20
catastrophe démographique est à l’origine d’une autre tragédie de l’His-
toire : la déportation des esclaves africains jugés plus robustes pour tra-
vailler dans les plantations et les mines.
A partir de 1542, des lois abolissent l’esclavage des Indiens. Elles sontl’aboutissement du combat mené par une partie de l’Église catholique et par certains religieux comme Bartholomé de Las Casas, pour défendreles Indiens et les reconnaître comme des créatures de Dieu.
Les Indiens perçus par les Européens comme une population primitiveont subi une colonisation destiné à les christianiser. Mais la colonisation
a permis également aux Espagnols de s’emparer des richesses de l’Amé-rique. Elle a entraîné un effondrement de la population et la disparition
des civilisations amérindiennes comme celle des Aztèques-Mexicas.
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39Séquence 7 – HG20
Les hommes de la Renaissance
(XVe - XVIe siècles)
Étude significative : Martin LutherUn réformateur et son rôle dans l’essor du protestantisme
2. Étude significative : Léonard de VinciUn artiste de la Renaissance dans la société de son temps
La société médiévale est une société d’ordres divisée entre ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent. Cette société est figée et il est presque impossible de sortir de sa condition. Les XVe et XVIe siècles vont voir apparaître des individus qui décident de briser les carcans de cette société. Colomb, Luther, Cortès, Vinci, ne sont pas nés fortunés ou nobles. Ils prennent leur destin en main, étudient, cherchent des financiers et des appuis pour réaliser leur projet de vie. Et réussissent chacun à leur manière à participer à la construction d’un monde nouveau : celui de la Renaissance.
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1 Martin LutherUn réformateur et son rôle dans l’essor du protestantisme
40 Séquence 7 – HG20
L’Europe des XVe et XVIe siècles connaît un bouleversement culturel majeur qui marque une rupture avec le Moyen Âge. Des hommes delettres, les humanistes, redécouvrent les arts et les textes de l’Antiquitéentraînant un véritable renouveau culturel et artistique. L’essor de l’im-primé permet la diffusion des connaissances et des idées.
Au niveau artistique, Léonard de Vinci est un exemple de cette rupture.
Mais cette remise en cause va également tou-cher L’église catholique. Rupture désirée par les humanistes mais provoquée par le moine alle-mand Martin Luther. Sa pensée et son action entraînent des changements qui vont redessiner la carte de l’Europe religieuse : c’est la Réforme.
Plan : traitement
de la problématiqueNotions clés Repères
1. Étude significative :
Martin Luther, un réformateur
et son rôle dans l’essor du
protestantisme
A. Le contexte de la Réforme
de Luther
1. La crise de l’Église RéformeBénéficeSalut
Description d’un tableau
2. De nouvelles aspirations
humanistes
Humaniste Analyse d’un texte
B. Les grands principes
du luthéranisme
IndulgencePurgatoireŒuvresExcommunier
Analyse de textesAnalyse de tableau
C. L’Europe face à la Réforme
protestante
1. Diffusion et diversification ProtestantismePrédestination
Analyse d’une carte
2. La réaction catholique
face à la Réforme
ConcileRéforme catholique
Analyse d’une caricature
Introduction
Comment Martin Luther
provoque-t-il une rupture
religieuse en Europe ?
Problématique
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Le contexte de la Réforme de Luther
1. La crise de l’Église
Détail du tableau « le Jugement dernier » de Roger van der Weyden
(1449)
La crise de la papauté : citation d’une « lettre d’un noble français » début
du XV e siècle
« La division existe actuellement dans la sainte Église : un pape demeure
à Rome, qui se fait appeler Martin V ; l’autre demeure à Avignon, lequel
se fait appeler Clément VII ; le troisième […] se fait appeler Benoît XIV.
Martin fut élu à Constance par le consentement de toutes les nations
des chrétiens. Clément fut élu par trois des ses cardinaux. Benoît fut élu
secrètement par le cardinal de Saint-Etienne. Veuillez supplier Notre Sei-
gneur Jésus-Christ de nous déclarer lequel des trois est le vrai pape, et
auquel il faut qu’on obéisse désormais et auquel il faut qu’on croie. »
� Décrivez le tableau. Que nous apprend-il sur les principales craintesdes chrétiens aux XVe et XVIe siècles ?
A
Document 1
Document 2
Questions
41Séquence 7 – HG20
© akg-images/François Guénet.
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42 Séquence 7 – HG20
� En quoi consiste la crise de la papauté, et comment est-elle ressentiepar l’auteur ?
� Sur ce détail du tableau, on observe au centre l’archange Saint Michel
qui pèse les âmes des défunts dans une balance sous le regard duChrist qui juge tous les hommes. Ils sont entourés d’anges et de per-sonnages saints. En bas du tableau, se trouvent des hommes et des femmes qui passent devant le tribunal divin. A gauche se tiennentceux dont l’âme est légère, donc sans péché et qui prient car ils sontsauvés. Sur la droite, ceux dont l’âme est lourde, donc pécheresse,sont rejetés. Ils sont terrorisés car ils vont en enfer.Ce tableau décrit l’angoisse face à la mort, la peur du jugement der-nier et celle d’être précipité en enfer.
� La crise de la papauté se traduit par la présence simultanée de trois
papes concurrents. Ceci est contraire au principe de l’Église qui fait du pape son chef unique : il n’y a qu’une Église et il doit n’y avoir qu’unseul pape. C’est pourquoi l’auteur est perturbé par cette situation :« lequel des trois est le vrai pape ». En effet, suivre un pape non offi-ciel, c’est prendre le risque de ne plus faire partie de l’Église.
La fin du Moyen Âge se caractérise par un climat d’inquiétude religieuse.Celui-ci s’explique par la succession de malheurs qui ont frappé l’Europedepuis le XIVeVV siècle : la peste, les guerres et les famines. Ces faits appa-raissent comme des punitions de Dieu. De plus, l’Église est en pleine tour-
mente au XVeVV siècle : plusieurs papes rivaux se dispu-tent le titre de chef de l’Église (le Grand Schisme). Quant au clergé, il est discrédité : des hommes d’Église sontaccusés de cumuler les bénéfices, de mener des viesdissolues et de ne plus respecter de règles religieuses.Ils sont souvent ignorants et incapables de rassurer lesfidèles sur leur salut. C’est pourquoi se développe unclimat de peur collective : peur de la mort, du jugement
dernier, du diable et de l’enfer.
2. De nouvelles aspirations humanistes
La lecture de la Bible – citation d’Erasme tirée de la « Préface au Nouveau
Testament » de 1516
Erasme (1469-1536) est un religieux hollandais qui critique les abus de l’Église catholique, tout en lui restant fidèle. Il est considéré comme le
« prince des humanistes ».
« Je suis totalement en désaccord avec ceux qui refusent aux ignorants
la lecture des Evangiles après une traduction en langue vulgaire, comme
Réponses
Réforme : mouvement protestant du XVIe siècle qui souhaite réformer l’Église.Bénéfice : revenu attaché à unefonction ecclésiastique.Salut : vie et bonheur éternels promis au chrétien après sa mort.
Définitions
Document 3
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43Séquence 7 – HG20
si l’enseignement du Christ était si obscur que seule une poignée de
théologiens [ceux qui réfléchissent sur la religion] pouvait le comprendre
[…]. Je voudrais que toutes les plus humbles des femmes lisent les
Evangiles, lisent les Epîtres de Saint Paul. Puissent ces livres être traduits
en toutes les langues pour pouvoir être lus et connus non seulement des
Ecossais et des Irlandais mais aussi des Turcs et des Sarrasins. »
� Quels avantages présente la traduction de la Bible en langue vulgaire ?
A quelle langue s’oppose-elle ?
� En quoi ce choix remet-il en cause le pouvoir du clergé ?
� La langue vulgaire est la langue courante parlée par la grande majoritéde la population d’un pays. Elle s’oppose au latin qui est la langue del’Église et celle des savants.
Erasme souhaite que la Bible soit traduite en langue vulgaire pour que les gens qui ne connaissent pas le latin, aient accès aux textesdes Evangiles « l’enseignement du Christ ». Il pense que cela leur per-mettra d’approfondir leur foi et de trouver des réponses à ce qui lesinquiète.
Cela permettra également de diffuser les textes bibliques auprèsdes non chrétiens comme les Turcs et les Sarrasins [habitants du Maghreb].
� Le pouvoir du clergé repose en partie sur la connaissance des textesreligieux et sur l’interprétation qu’il en donne aux fidèles. Si un plusgrand nombre de croyants peuvent connaître directement ces textes,l’influence du clergé diminuera d’autant. C’est pourquoi de nombreux religieux s’y opposent, à la différence d’Erasme qui, lui, réclame cetaccès direct : « je suis en désaccord avec ceux qui refusent aux igno-
rants la lecture des Evangiles ».
Avec l’invention de l’imprimerie par Gutenberg vers
1455, la Bible se diffuse plus largement. Cela permetune lecture plus personnelle des Ecritures. C’est lesouhait des humanistes, et en particulier d’Erasme,
qui prônent un accès de tous à la Bible et qui décident de la traduire dans différentes langues européennes.
Les traductions permettent de se débarrasser des erreurs d’interpré-
tation et de revenir au texte primitif. Ils s’appuient sur des manuscritsgrecs apportés par des savants qui ont fui Constantinople lors de sachute en 1453. Les humanistes en soumettant les textes bibliques à lacritique ouvrent la voie de la réforme religieuse, et ce d’autant plus qu’ilsdénoncent également les abus du clergé.
Questions
Réponses
Humaniste : homme de lettresqui, au XVIe siècle, redécouvreles textes antiques et remet l’homme au centre du monde.
Définition
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44 Séquence 7 – HG20
Les grands principes du luthéranisme
Portrait de Luther par Lucas Cranach (1529)
La vente des indulgences – citation de Luther dans « thèse sur
les indulgences » (1517)
« Les prédicateurs de l’indulgence sont dans l’erreur quant ils disent
que les indulgences du pape délivrent l’homme de toutes les peines et le
sauvent. Pourquoi le pape dont le sac est aujourd’hui plus gros que celui
des plus riches, n’édifie-t-il pas au moins la nouvelle basilique Saint
Pierre de Rome avec ses propres deniers, plutôt qu’avec l’argent de ses
fidèles […]. Tout vrai chrétien vivant ou défunt, participe à tous les biens
de l’Église par la grâce de Dieu et sans lettre d’indulgence. Le véritable
trésor de l’Église, c’est le sacro-saint Evangile… »
La justification par la foi – citation de Luther extraite de « De la liberté
du chrétien » (1520)
« C’est la foi seule, sans aucun concours des œuvres qui confère la
justice, la liberté, la félicité. Si tu crois, tu obtiendras, si tu ne crois pas, tu
n’obtiendras pas. Tu dois t’abandonner [ à Dieu] avec une foi robuste et
lui faire hardiment confiance, alors, à cause de cette foi, tous tes péchés
seront pardonnés. »
B
Document 4
Document 5
Document 6
© akg-images.©
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45Séquence 7 – HG20
La vraie et la fausse Église, tableau de Lucas Cranach (1546)
� Que critique Luther et pourquoi ? (document 5)
� Selon Luther, comment un chrétien peut-il obtenir le pardon de ses péchés ? Quelles sont « les œuvres » qu’il dénonce ? (document 6)
� Comment sont organisés les éléments qui composent cette gravure ?Repérez les différents personnages et leurs fonctions. (document 7)
� En quoi est-ce une œuvre de propagande ? (document 7)
� Luther critique le fait que le pape vende des indulgences afin de finan-cer la construction de l’église Saint-Pierre de Rome. Il considère quec’est contraire à la doctrine chrétienne car, selon lui, Dieu accorde sagrâce « sans lettre d’indulgence ».
� Luther affirme que seule la foi du chrétien va lui permettre d’obtenir son salut.
Les œuvres dénoncées par Luther sont : l’achat d’indulgences mais aussi les messes, les pèlerinages, les cultes des saints.
� La gravure s’organise en deux parties de part et d’autre de la colonne.Celle de gauche représente « la vraie Église », c’est-à-dire l’Église de Luther, et celle de droite « la fausse Église » c’est-à-dire l’Église dupape.
Document 7
g g© akg-images.
Questions
Réponses
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46 Séquence 7 – HG20
L’Église de Luther est associée au calme, à l’ordre (les cieux sont apai-sés). On reconnaît Luther qui prêche la parole divine, directement inspiré par Dieu qu’il désigne du doigt aux fidèles. Seuls deux sacre-ments (cérémonies) de la vie du chrétien sont représentés, au pre-mier plan, l’eucharistie (la communion au pain et au vin) et au second plan, le baptême.
L’Église du pape est associée au désordre et à l’agitation (image deDieu en colère qui semble rejeter cette fausse Église). La gravure dénonce différents trafics, représentés par la vente des indulgences. Elle dénonce aussi des cérémonies comme une procession autour d’une Église et la bénédiction d’une cloche. On reconnaît à droite le pape, des moines et des évêques, qui tous manipulent de l’argent.
� C’est une œuvre de propagande protestante qui attaque violemment le clergé catholique : tous les religieux sont gros et richement vêtus ou tenant des sacs d’or à la main. De plus, le moine qui prêche, est inspiré par un démon qui lui souffle des fausses vérités. L’idée générale est que le clergé profite de sa position pour s’enrichir et que son discoursn’est plus inspiré par Dieu. C’est donc une caricature sans nuance qui montre la rupture définitive entre Luther et le pape.
Martin Luther est né en 1483, en Allemagne.Après des études de philosophie, il devient moine et enseigne la théologie. Cependant, il reste pro-fondément angoissé par son salut. Ses lectures le convainquent que le chrétien ne peut gagner le paradis que par sa foi et non pas par ses œuvres. En 1517, il s’indigne que le pape propose des indul-gences pour la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome. Il publie alors 95 thèses pour
réformer l’Église. Celles-ci provoquent un débatentre théologiens mais Luther refuse de renoncer à son discours. Il est excommunié en 1520 et seréfugie chez un grand seigneur, l’Electeur de Saxe qui le protège. Il en profite pour traduire la Bible en allemand. Il abandonne la vie religieuse et se
marie en 1525. En 1530, il publie la confession d’Augsbourg qui fixe la doctrine luthérienne. Il bénéficie rapidement du soutien de nombreux princes des états allemands et il leur cède l’organisation et la défense de son Église. Ceux-ci confisquent tous les biens de l’Église catholique dans les états réformés et imposent à tous leurs sujets la religion protestante.
Indulgence : don à l’Église permet-tant au chrétien de voir son séjour au purgatoire raccourci.
Purgatoire : lieu où après la mort, les âmes des défunts se purifient avant d’entrer au paradis.
Œuvres : ce sont les bonnes actions que pratiquent les chrétiens : dons à l’Église, messes, pèlerinages, cultesdes saints etc.
Excommunier : c’est le fait d’exclurequelqu’un de l’Église catholique.
Définitions
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47Séquence 7 – HG20
L’Europe face à la Réforme protes-tante
1. Diffusion et diversification
La diffusion du protestantisme
A la suite du luthéranisme, d’autres mouvements protestants apparais-sent en Europe. Ils s’en distinguent par leur doctrine et leur organisation.
Le calvinisme : il est fondé par le français Jean Calvin, un humaniste quise rallie aux idées de Luther. Il s’exile en 1534 à Genève, où il élabore
C
Document 8
300 km
Catholicisme
Orthodoxie et Islam
Calvinisme
Luthéranisme
Anglicanisme
Centres de contre-Réformecatholique
Centres de diffusiondu luthéranisme
Centres de diffusiondu calvinisme
reli
gio
ns
pro
tes
tan
tes
Madrid
Rome
Wittenberg
Warlburg
Zurich
Genève
Trente
Madrid
Rome
Wittenberg
Warlburg
Zurich
Genève
Trente
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48 Séquence 7 – HG20
sa propre doctrine. Elle reprend l’essentiel des idéesluthériennes, mais s’en distingue par la croyance de
la prédestination. A partir de 1541, Calvin organise et dirige l’Église de Genève. Celle-ci est indépendantedu pouvoir civil et impose aux fidèles une discipline de vie à la fois stricte et austère : surveillance de lamoralité de chacun, interdiction des jeux et représen-tations théâtrales.
L’anglicanisme : il est né de la volonté du roi Henri VIII
qui rompt en 1534 avec l’Église catholique pour des raisons de politique personnelle. Il devient chef de l’Église anglicane. Sa fille, la reine Elisabeth I organise l’Église en 1563 en associant une doctrine calviniste à des rites catholiques.
� Où s’est diffusé principalement le luthéranisme en Europe ?
� Quels sont les autres mouvements protestants qui s’y développent et dans quels pays ?
� Les pays devenus luthériens se trouvent au nord de l’Europe. Il s’agit des royaumes scandinaves et des états allemands du Nord.
� On distingue deux autres principaux mouvements protestants :
� le calvinisme qui se diffuse à partir de la Suisse (Genève, Zurich) vers les Pays-Bas, le sud de la France et l’Ecosse ;
� l’anglicanisme qui, comme son nom l’indique, se diffuse dans le royaume d’Angleterre et le nord de l’Irlande.
On constate que l’Espagne et l’Italie ne sont pas concernées par ce mouvement.
Tableau de synthèse sur les Réformes au XVIe siècle
Catholiques Luthériens Calvinistes Anglicans
Conception de
DieuUn Dieu unique en 3 facettes : le Père, le Fils (Jésus) et le Saint-Esprit
Sources de la foiLa Bible et la tradition
Les Écritures seules : la Bible (Ancien et Nouveau Testament)
La Bible, et moindrement la tradition
Comment gagner
son salut ?
Par la foi et par les œuvres (les bonnes actions)
Par la foi seule
Par la foi et en fonction du choix de Dieu (prédesti-nation)
Salut par la foi
Statut de la
Vierge et des
saints
Un culte doit leur être rendu ; ils ont des pouvoirs d’intercesseurs
Refus absolu du culte des saints et de la Vierge Marie
Questions
Réponses
Document 9
Protestantisme : ensemble des Églises et des communautéschrétiennes issues de la Réforme.
Prédestination : croyance selonlaquelle Dieu aurait choisi dèsl’origine la destination finale de chaque homme : l’enfer ou leparadis.
Définitions
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49Séquence 7 – HG20
Les sacrements
7 sacrements reconnus (Bap-tême, mariage, ordination des prêtres, extrême-onction, commu-nion, sacrement des malades réconciliation avec l’Église)
2 seuls sacrements :
Baptême et Communion (Commémoration de la Cène)
L’organisation
ecclésiale
(fonctionnement
de l’Église)
Obéissance au pape
Les prêtres sont célibataires
Hiérarchie d’évêques, cardinaux et pape
Pasteurs qui peuvent se marier
Évêques qui encadrent les pasteurs
Pasteurs qui peuvent se marier
Un consistoire (ou conseil) encadre les pasteurs
Pasteurs ou révérends qui peuvent se marier
Hiérarchie d’évêques avec le roi/la reine d’Angleterre au sommet
Liturgie/Culte
Cérémonies fastueuses en latin
Cérémonies dépouillées réduites à la lecture de la Bible, de sermons, et aux chants de cantiques et psaumes
Cérémonies fas-tueuses proches des catholiques
2. La réaction catholique face à la Réforme
Caricature de Luther et de sa femme, gravure de 1620
Les têtes représentées sur la gravure sont celles des autres réformateursprotestants. La tête de Calvin est à l’extrême droite de l’image.
Document 10
L ê é é l ll d éf
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50 Séquence 7 – HG20
Les devoirs du clergé – citation des Actes du Concile de Trente (1563)
« Aussi les clercs destinés à avoir le Seigneur pour partage doivent
tellement régler leur vie et toute leur conduite que, dans leurs habits, leur
maintien extérieur, leurs démarches, leurs discours et dans tout le reste,
ils ne laissent paraître rien que de sérieux, de retenu et de conforme à la
religion […]. Le Saint Concile interdit à tous les clercs, quels qu’ils soient
d’oser avoir chez eux ou ailleurs des concubines ou autres femmes qui
puissent donner l’occasion de soupçons […]. »
� Comment cette caricature catholique dénigre-t-elle Luther sur sa vie privée et en tant que réformateur ? (document 10)
� De quelle manière l’Église catholique réagit-elle à la réforme protes-tante ? (document 11)
� Cette caricature présente Luther comme un moine débauché : il apris pour femme une ancienne religieuse avec laquelle il a eu des enfants, de plus, le dessin le représente obèse (son ventre repose sur la brouette) et alcoolique (il tient une chope à la main). Par ailleurs, il est tenu comme le principal responsable de la diffusion des idées protestantes : le dessin le montre transportant les petites têtes des autres réformateurs qui sont présentées comme ses créations.
� L’Église ne se contente pas de dénigrer Luther, elle décide de réformer l’institution religieuse pour contrer les critiques. Dans cet extrait, le Concile oblige les membres du clergé à vivre dignement et sans scandale « ils ne laissent paraître rien que de sérieux » et « interdit…
d’oser avoir chez eux ou ailleurs des concubines ».
A partir du XVIe siècle, un courant réformateur existeaussi au sein de l’Église catholique (avec Erasme).Mais face aux attaques de Luther et à l’expansion duprotestantisme, les autorités catholiques réagissentrapidement : les écrits protestants sont interdits, lesréformateurs sont excommuniés et l’Inquisition, le tri-
bunal de l’Église, condamne les protestants comme hérétiques et en fait exécuter un certain nombre.
Mais le pape souhaite aussi réformer l’institution del’intérieur. En 1540, l’ordre des jésuites se constitue
et se met au service du pape pour lutter contre le protestantisme, en établissant des missions catholiques dans toute l’Europe.
En 1563, le Concile de Trente (il se tient dans la ville de Trente, en Italie) réaffirme la doctrine catholique (cf. document 9), rénove la discipline et la formation des prêtres. Cependant, l’Europe est profondément divisée ce qui va semer des germes de nouveaux conflits : les guerres de religion
en France et la guerre de Trente ans.
Document 11
Questions
Réponses
Concile : assemblée d’évêques chargée de régler les questions de doctrine et d’organisation de l’Église.
Réforme catholique : réforme de l’Église à partir du Concile de Trente pour lutter contre l’extension du protestantisme.
Définitions
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51Séquence 7 – HG20
Luther apparaît comme un homme de la Renaissance. A partir des textes antiques, il a essayé de répondre aux angoisses des chrétiens deson temps. Sa rupture avec l’Église catholique va bouleverser la carte de l’Europe et entraîner des conséquences religieuses, culturelles et politiques.
Site à consulter sur l’histoire du protestantisme : www.museeprotestant.org
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2 Léonard de VinciUn artiste de la Renaissance dans la société de son temps
52 Séquence 7 – HG20
A partir du XVeVV siècle se développe un nouveau courant intellectuel,d’abord en Italie, puis dans le reste de l’Europe : l’humanisme. Dans lemême temps, la Renaissance correspond à un spectaculaire renouveauartistique. Les hommes de la Renaissance veulent rompre avec la civilisa-
tion du Moyen Âge. Elle concerne toutes les formes d’art : peinture, architecture, sculpture… Cette deu-xième partie a pour but de montrer, à travers un artiste, tous les aspects de cet immense changement culturel.
Plan : traitement
de la problématiqueNotions clés Repères
2. Étude significative :
Léonard de Vinci, un artiste de
la Renaissance dans la société
de son temps
A. Quelques aspects de la vie
de Léonard de Vinci (1452-
1519)
Léonard de Vinci : formation, domaines de son savoir, ses protecteurs
Recherche personnelle sur une biographie
B. Un homme
de la Renaissance
et un humaniste
HumanismeRenaissanceL’homme au centre du monde
Analyse de textes
Analyse de dessins
C. Un homme à la recherche
d’un protecteur
Mécène Analyse d’un tableau
D. Un peintre reconnu SfumatoPerspective
Approfondissement sur des sites Internet
Quelques aspects de la vie de Léonard de Vinci (1452-1519)Léonard de Vinci a été reconnu de son vivant comme l’un des artistes et savants les plus accomplis. Il se définissait lui-même comme un « homme universel ».
Je vous propose de faire une petite recherche biographique, à l’aide d’un dictionnaire, d’une encyclopédie, d’Internet, selon vos possibilités.
Introduction
En quoi Léonard de Vinci représente-
t-il un homme de son temps ?
Problématique
A
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Pour essayer de mieux comprendre le personnage, cherchez les élémentsde sa vie sur :
� Ses origines familiales
� Sa formation intellectuelle
� Les lieux d’exercice de ses talents
� Les domaines de son savoir
� Ses protecteurs (mécènes)
En fonction de vos recherches vous avez dû vous rendre compte de l’ex-traordinaire diversité de cet homme. C’est un homme de son temps, s’in-téressant à de nombreux domaines.
� Fils d’un petit notaire de Toscane, région de Florence en Italie.
� Il n’a pas reçu à Florence une formation classique (latin, histoire, rhéto-rique, mathématiques). En revanche, à 17 ans il entre dans un atelier, àFlorence et il s’initie auprès d’un grand maître à la peinture et à la sculp-ture. Ensuite, il se constitue lui-même une culture encyclopédique.
� On le rencontre à Florence, Milan, Mantoue, Rome ou encore Amboise,sur les bords de Loire, où François Ier l’a appelé. Il parcourt les foyersr
principaux de la Renaissance.
� Ses centres d’intérêt sont très variés : peinture, sculpture, médecine,ana-tomie, philosophie, géométrie, mathématiques, ingénierie mili-taire…
� Il reçoit la protection de grands princes et ducs de l’époque, commeà Florence (la famille Médicis). À Milan, il est au service de Ludovic LeMore, puis à la fin de sa vie, du roi de France, François Ier.
Un homme de la Renaissance et un humaniste
Humanisme : mouvement intellectuel des XVe et XVIe siècles qui s’inspire des auteurs de l’Antiquité et se consacre à l’étude de l’homme et de lanature.
Renaissance : période artistique qui s’étend du XVe au XVIe siècle (surtout de 1450 à 1550). Ce terme est employé pour la première fois par Vasari(peintre) en 1550 pour désigner la rupture avec le Moyen Âge et le retour à l’harmonie antique.
Notions importantes
Léonard avait pris l’habitude de noter sur des carnets ses recherches sur les différents domaines, à l’aide de textes ou de dessins. On retrouvesur ces manuscrits des études sur l’architecture, sur l’ingénierie civile et
Consignes de travail
Réponse
B
53Séquence 7 – HG20
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54 Séquence 7 – HG20
militaire, sur la géologie, sur l’anatomie et l’exploration du corps humain et bien sûr sur la peinture. Il nous reste aujourd’hui 29 manuscrits
conservés en France, en Angleterre, en Espagne.
Dans l’un de ses carnets, Léonard nous donne un point de vue sur son œuvre : « j’ai imaginé toutes ces machines parce que j’étais possédé,
comme tous les hommes de mon temps, par une volonté de puissance.
J’ai voulu dompter le monde. Mais j’ai voulu aussi passionnément
connaître et comprendre la nature humaine, savoir ce qu’il y avait à
l’intérieur de nos corps. Pour cela, des nuits entières, j’ai disséqué des
cadavres, bravant ainsi l’interdiction du pape. Rien ne me rebutait. T out,
pour moi, était sujet d’étude. La lumière, par exemple, pour le peintre
que j’étais, que de recherches passionnantes ! Ce que j’ai cherché finale-
ment, à travers tous mes travaux, et particulièrement à travers ma pein-
ture, ce que j’ai cherché toute ma vie, c’est à comprendre le mystère de
la nature humaine ».
Montrez comment Léonard de Vinci s’inscrit dans le courant humaniste.
L’humanisme met en valeur la dignité de l’homme et prône le retour aux textes antiques. C’est grâce à la redécouverte des textes oubliés de l’Antiquité après la prise de Constantinople par les Turcs ottomans en1453 (les manuscrits latins et grecs conservés à Constantinople jusqu’à cette date, sont transférés en Occident), que les humanistes comme Montaigne, Rabelais, Erasme découvrent les œuvres des écrivains del’Antiquité grecque comme Platon, Aristote, ou romaine comme Cicé-ron… Il en découle une nouvelle vision du monde et une nouvelle vision
de l’homme. Un esprit scientifique nouveau apparaît avec le souci dedécouvrir les mécanismes de la nature : « comprendre le mystère de la
nature humaine ». Vinci s’inscrit bien dans ce projet car il tente d’em-
brasser tout le savoir humain et il s’intéresse à tous les domaines mais toujours pour placer l’homme au centre du monde. Il n’est pas le seul car des savants, des ingénieurs, des architectes, mettent au point des procédés nouveaux, au milieu du XVe siècle : c’est ainsi que l’astronome polonais Copernic, en 1543, bouleverse la vision du monde grâce au calcul mathématique. Il démontre que la Terre tourne autour du Soleil.
Les deux documents suivants vous montrent l’étendue du talent de Léo-nard de Vinci.
Voir page suivante �
Question
Réponse
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55Séquence 7 – HG20
Une machine de guerre imaginée par Léonard de Vinci
Dessin de Léonard de Vinci – extrait d’un cahier d’anatomie vers 1510,
collections royales, Windsor
Document 12
Document 13
Diffusion en Europesauf Royaume-Uni
et Irlande.© The British
Museum, Londres,Dist. RMN/ TheTrustees of the
British Museum.
g g© akg-images.
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56 Séquence 7 – HG20
Un homme à la recherche d’un protecteur
Extraits d’une lettre à Ludovic Sforza (Ludovic Le More),
duc de Milan, 1482
« Très illustre seigneur,
J’ai maintenant vu et bien examiné ce dont sont capables ceux qui se
donnent pour spécialistes des machines de guerre ; le principe et le
fonctionnement de celles-ci ne diffèrent en rien de l’usage courant. Aussi
tenterai-je, sans porter tort à personne, de m’adresser à votre Excellence
pour lui découvrir mes secrets […]
1. Je connais un modèle de ponts très légers et solides, faciles à
transporter (…).
5. Si la bataille avait lieu sur mer, je possède des modèles de nombreuses
machines parfaitement adaptées à l’attaque et à la défense, et des
vaisseaux qui résisteront au tirs des plus gros canons, à poudre et à
fumée (…).
7. Je fabriquerai des chars couverts, sûrs et inattaquables, qui entreront
dans les lignes ennemies avec leur artillerie et enfonceront toute
formation de troupes, si nombreuse soit-elle.
En outre, pourra être entrepris le cheval de bronze qui sera la gloire
immortelle et l’éternel honneur du prince votre père, d’heureuse
mémoire, et de l’illustre maison des Sforza ».
Comment Léonard de Vinci se présente-t-il au duc ? Quels types deservices lui propose-t-il ?
Il propose au duc des solutions militaires. C’est en effet un ingénieur
militaire de première importance et il lui promet de construire des ponts très légers, des chars couverts. Le dernier service qu’il lui offre est une
œuvre d’art : un cheval de bronze à la gloire de la maison des Sforza. Il recherche la protection de cette maison illustre pour pouvoir conti-nuer ses travaux sans souci financier. C’est pourquoi pendant un temps,Ludovic Le More deviendra le mécène de Léonard.
C’est ainsi que le statut de l’artiste évolue. Pendant longtempsl’artiste était considéré comme un artisan (travailleur manuel) et occupait un rang modeste dans la société. Avec le soutien des cours princières, les artistes acquièrent un nouveau rôle :
celui de mettre en scène le pouvoir des princes. L’artiste est ainsi reconnu comme un créateur à part entière et accède à
la reconnaissance intellectuelle. A la fin de sa vie, Léonard sera sous la protection du roi de France, au Clos Lucé.
C
Document 14
Question
Mécène : on appellemécène toute personnemettant sa fortune auservice des intellectuels,des artistes.
Définition
Réponse
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57Séquence 7 – HG20
Un peintre reconnu
Comme peintre, Léonard de Vinci nous a laissé peu de tableaux (envi-ron 35 répertoriés). Ces tableaux sont le fruit de recherches permanentesdans l’art du portrait et de la peinture religieuse.
Celui que vous connaissez certainement est la Joconde, en réalité, c’estle portrait de Mona Lisa, épouse de Francesco del Giocando, 1503 - 1505.Il est exposé au Louvre et vous pouvez le retrouver sur le site du musée : http://www.louvre.fr
Le sourire célèbre de la Joconde est travaillé comme le reste du tableau pour donner à cette jeune personne l’aspect de la vie même. Il utilise les effets de la lumière
sur les chairs et met en scène à l’arrière-plan un paysage irréel. Les glacis superposés mettent en valeur les effetsd’ombre et de lumière sur le visage grâce à la technique du sfumato.
La question de la perspective fut au centre des préoccu-pations des peintres de la Renaissance. Léonard dans ses carnets fait une véritable leçon sur les lois de la perspec-tive : « Pour toute figure placée à une grande distance, tu
commences par perdre d’abord la notion de ses parties les plus petites,
et conserves jusqu’à la fin celles des plus grandes, en cessant toutefois
de distinguer leurs extrémités ; elles deviennent elliptiques ou sphé-
riques et leurs limites, confuses. En peinture, la perspective se divise en
trois parties principales : la première traite de la diminution que subit la
dimension des corps à diverses distances, à mesure qu’ils s’éloignent de
l’œil ; la seconde concerne l’atténuation de leurs couleurs en s’éloignant
de l’œil ; la troisième l’atténuation des formes et contours à diverses dis-
tances. Et leurs noms sont : perspective linéaire, perspective de la cou-
leur, perspective de la diminution. »
Analyser un tableau
L’Annonciation de Léonard de Vinci – huile sur bois, vers 1472-1475,
98 x 217 cm, Galerie des Offices, Florence
D
Sfumato : technique initiée par Léonard de Vinci consi-stant à appliquer un glacis semi-transparent sur la sur-face de la toile. Ce procédé donne ainsi un rendu sup-plémentaire d’ombres et de lumières.
Définition
Document 15
g g / g© akg-images/Erich Lessing.
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58 Séquence 7 – HG20
Vous pouvez aussi consulter le site Internet du musée de Florence : http://www.virtualuffizi.com
Conseils de méthode pour analyser un tableau
Présenter le tableau :
� l’artiste, le commanditaire ou le destinataire ;
� titre, date d’exécution, support et dimensions, lieu de conservation ;
� le contexte historique et artistique ;
Lire et analyser le tableau :
� déterminer la technique (dessin, gravure…) ;
� analyser la composition (différents plans, grandes lignes, la géomé-trie) ;
� observer les couleurs et la lumière ;
� décrire les personnages, les objets, les décors…
Interpréter le tableau :
� définir le courant artistique ;
� dégager sa signification philosophique, religieuse…
� dégager l’intérêt artistique et historique : l’œuvre est-elle représenta-tive de son époque ?
� Présentez le document (date de la création du tableau, support, scène représentée)
� Analysez le tableau : comment Vinci crée-t-il l’illusion de la profondeur ?En vous servant de son carnet sur la perspective, décrivez les person-nages (faites attention aux détails).
� En quoi ce tableau est-il représentatif de la Renaissance et de l’humanisme ?
� Cette œuvre est peinte vers 1472-1475 pour l’église de San Barto-lomeo à Oliveto et conservée aujourd’hui à la galerie des Offices à Flo-rence. C’est une oeuvre de jeunesse de Léonard de Vinci pendant qu’ilest en formation dans l’atelier du peintre florentin Andrea del Verro-chio. Florence est considérée comme le berceau de la Renaissance.
C’est une huile sur bois de 98 cm sur 217 cm. La scène représentée est celle de l’Annonciation (épisode du Nouveau Testament) : c’est le moment où l’archange Gabriel annonce à la Vierge Marie qu’elleconcevra le Fils de Dieu.
� Vinci utilise la perspective linéaire, ce qui donne l’illusion de la pro-fondeur (série de lignes qui convergent vers un point de fuite situé àl’arrière-plan à la base de la montagne). Il utilise aussi le sfumato, ce qui fait qu’au fond du tableau, les couleurs palissent avec la distance
Questions pour commenter le
tableau
Réponses
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59Séquence 7 – HG20
et les contours s’estompent. Ce tableau obéit aussi à des propriétés
géométriques pour représenter l’harmonie parfaite. Vinci était pas-sionné par les mathématiques. Les deux personnages sont représen-tés face à face. La démarcation entre l’espace de la Vierge (sur fond d’espace habité) et celui de l’archange (sur fond de paysage, de lanature) est très nette. Les deux personnages ont des postures clas-siques : Gabriel exprime son respect pour Marie, il porte une branchede lys dans la main gauche. C’est le signe de pureté de la Vierge. Unesource lumineuse émane de la main tendue de l’archange. Elle éclairele visage de Marie. Les détails sont très nombreux : voir les drapés, ladécoration du lutrin, les détails du jardin (arbres taillés…).
� Ce tableau est représentatif de la Renaissance car Vinci utilise la divine proportion en respectant les lois de la perspective. Une grande attention est portée à la représentation de la nature. Et le personnagede Marie est profondément humain.
� http://wwwvinci-closluce.com (pour ses maquettes en 3D)
� http://louvre.fr pour la découverte du Louvre et de la Joconder
Sur votre moteur de recherche tapez : « Web gallery of Arts » dans search machine tapez Da Vinci dans la rubrique Author et vous trouverez der
nombreuses reproductions sur l’ensemble de son œuvre, dont l’Annonciation.
Pour aller plus loin…
ConclusionLéonard de Vinci apparaît bien comme un homme de son temps, s’inté-ressant à de nombreux domaines. Il est à la fois : peintre, dessinateur,caricaturiste, anatomiste, sculpteur, bronzier, architecte, urbaniste,mathématicien, ingénieur civil et militaire. Il est aussi célèbre pour sesmachines de guerre qui, pour la plupart, sont restées à l’état de projet.C’est le modèle du génie, inventeur visionnaire.
�
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