special elections 2012 - apf france handicapdd91.blogs.apf.asso.fr/media/02/01/2775514539.pdf ·...
TRANSCRIPT
1
SPECIAL ELECTIONS 2012
LES ENGAGEMENTS "HANDICAP" DES CANDIDATS
L'INTEGRALE
Nous vous proposons l'intégralité des réponses, de huit des
principaux candidats1 à l'élection présidentielle à notre enquête
publiée dans le magazine ÊTRE Handicap in format ion n°118 de
mars-avril 2012*.
1 Par ordre alphabétique
2
QUESTION N°1
QUELLES SONT VOS PROPOSITIONS PRIORITAIRES EN MATIERE DE
HANDICAP ?
Nathalie Arthaud, candidat de Lutte ouvrière (LO)
Quelque 12 millions de personnes souffrent d’un handicap plus ou moins lourd,
dont une bonne partie vit dans un milieu social défavorisé, subissant de fait une
double peine, physique et sociale. Elles vivent dans un contexte général où la
situation s’est brutalement dégradée et où plus de 4 millions de travailleurs se
retrouvent au chômage, toutes catégories confondues. Au lieu d’accroître les aides
qui permettraient de soulager ceux qui souffrent d’un handicap, l’État diminue de
plus en plus les fonds publics et en particulier ceux consacrés à la santé. Il a mis des
centaines de milliards à la disposition des financiers responsables de la débâcle
économique et maintenant il récupère cet argent sur tout ce qui est utile à la
majorité de la population. La population handicapée en subit directement les
conséquences.
Il faut mettre un coup d’arrêt à cette situation. La première des exigences de la part
du gouvernement serait de faire droit aux revendications de toutes les associations
représentant les handicapés, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes. Elles sont
nombreuses et publiques.
Des ressources scandaleuses, 1,3 million de handicapés “vivent”, si on peut dire,
avec le minimum invalidité ou une allocation aux adultes handicapés (AAH).
800 000 touchent cette AAH qui se monte à 743,62 euros. Les associations de
handicapés demandent un revenu minimum d'existence d'un montant égal à un
Smic brut. Je soutiens leur demande. J’ajoute qu’il faut appliquer l’échelle mobile
3
des salaires à ce revenu de substitution de façon à ce qu’il augmente
automatiquement en fonction de la hausse des prix.
Appliquer la loi de 1987 ! La situation de 900 000 handicapés capables de travailler
est difficile. Ils sont près d’un sur cinq au chômage (19,3 % en juin 2011), soit le
double de la moyenne nationale officielle. Les chiffres vont jusqu’à 26 % selon les
sources. Le taux des chômeurs de longue durée, qui était de 33 % pour l’ensemble
des chômeurs fin 2009, grimpait à 50 % pour les handicapés ! Il existe bien depuis
1987 une loi censée contraindre les patrons d'entreprises d’embaucher au moins
6 % de salariés handicapés dans les entreprises de plus de vingt salariés. Mais cette
obligation n'est respectée ni dans le secteur public, qui n'emploie que 4 % de
handicapés, ni dans le privé, où le taux n'atteint que 2,4 %. Les patrons préfèrent
encore verser une contribution prévue par la loi, pour se substituer à ces
embauches, plutôt que d’accueillir des travailleurs pour lesquels il faut aménager des
bureaux, des postes de travail ou encore des moyens d'accès dans l'entreprise. Il
faut donc de véritables moyens de contrainte pour obliger à l’application de cette
loi.
Il faut mettre un coup d’arrêt au désengagement financier de l’État. Il s'est peu à
peu désengagé du financement de l’Apa (allocation personnalisée d’autonomie), au
nom de la décentralisation, et sa participation est passée de 43 % en 2002 à 28,5 %
en 2010. Ce sont les départements qui ont dû prendre la relève sans obtenir la
compensation financière équivalente.
Les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) ont été créées
en janvier 2006 par le gouvernement. L’État leur devait des dizaines de millions
d’euros à raison de plus d’un million par maison départementale.
La Fagerh (Fédération des associations, groupements et établissements pour la
réadaptation des personnes en situation de handicap) dénonce des coupes sans
précédent et a protesté fin 2010 contre les mesures financières décidées par le
gouvernement : 60 millions seront ponctionnés sur les caisses de l’Agefiph
4
(Association pour la gestion du fonds pour l'insertion professionnelle) en 2011 et
2012 et 123 millions sur la formation professionnelle.
François Bayrou, candidat du Mouvement des démocrates
(Modem)
Ma priorité, ce sera l’accompagnement humain. Les différentes familles de
handicap (moteur, sensoriel, mental, psychique) demandent des réponses adaptées.
Parfois des aides techniques, plus souvent encore des aides humaines : présence
dans des foyers, logement accompagné, aidants à domicile. Il convient de prendre
dans leur ensemble les personnes humaines qui traversent ces difficultés. On sait
dans quelles directions il faut aller : concilier le besoin de soins, les ressources
dignes, le logement, l’accompagnement adapté, et les activités, sans parler
évidemment de la protection juridique. C’est pourquoi le soutien à
l’accompagnement humain permet de faire plus, beaucoup plus qu’aujourd’hui,
sans dépenser des sommes inaccessibles.
Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la République
(DLR)
La politique du handicap que je souhaite mettre en œuvre est un ensemble de
mesures qui, chacune, a son utilité et son importance dans le cadre d'une action que
je veux globale et ambitieuse.
L’aide au domicile des familles sous toutes ses formes, la revalorisation substantielle
des multiples aides existantes aujourd’hui très en deçà des besoins, sans oublier le
soutien accru aux associations. Combinées, ce sont des mesures capitales.
5
François Hollande, candidat du Parti socialiste (PS)
Comme je m’y suis engagé le 17 novembre dernier au Café Signes, pour mon tout
premier déplacement de campagne, mes trois objectifs prioritaires sont
l’accessibilité de tous et dans tous les lieux d’abord publics puis privés, l’emploi, et
l’insertion professionnelle de toutes les personnes en situation de handicap,
l’éducation pour favoriser l'accueil des jeunes en situation de handicap à l'école et
dans les lieux d'enseignements.
Eva Joly, candidate d'Europe Écologie les Verts (EELV)
Nous souhaitons une réelle inclusion des personnes en situation de handicap,
notamment par l'application de la Convention Internationale des droits des
personnes handicapées, ainsi que par l'application de la loi du 11 février 2005
(corrigée des ses imperfections identifiées), pour être dans la recherche du modèle
écologique du mieux vivre ensemble. Notre politique du handicap se veut avant
tout basée sur l'égalité et la solidarité, et notamment sur la solidarité nationale, sur
l'autonomie des personnes, plus humaine que comptable.
Mes propositions prioritaires seront donc de donner les moyens aux personnes en
situation de handicap de vivre dignement, notamment en augmentant de 50 % les
minimas sociaux sur le quinquennat, dont l'Allocation aux adultes handicapés
(AAH), et d'assurer une réelle compensation du handicap en augmentant les
moyens, aussi bien financiers, techniques qu’humains. Ce sera aussi un
renforcement du droit à la santé et à l'accès aux soins, en revenant sur les franchises
médicales instaurées par le gouvernement. Enfin, mettre en œuvre une politique
6
inclusive qui permette un réel droit et accès réel à la citoyenneté, notamment en
engageant les collectivités territoriales dans la mise en œuvre des Agenda 22.
Marine Le Pen, candidate du Front national (FN)
Un chapitre est dédié au handicap au sein de mon projet présidentiel
(http://www.marinelepen2012.fr/le-projet/avenir-de-la-nation/handicap/).
Il faut préciser au préalable que la volonté d’intégrer le handicap dans une réelle
politique de solidarité nationale nous est essentielle et nous apparait comme devant
être une mission régalienne et de la responsabilité de l’État. De plus, toute prise en
charge sincère du handicap ne pourra se faire qu’à travers un autre projet
économique et social, comportant entre autres des mesures de protectionnisme
“intelligent”, seules capables de réindustrialiser notre pays et lui redonner vigueur et
croissance.
La première mesure que nous mettrons en place sera la revalorisation de l’AAH qui
atteindra + 33 % sur 5 ans et qui représente une grande partie du budget que nous
consacrerons au handicap (+ 11 Mds d’euros sur 5 ans).
Nous demanderons également d’urgence un audit sur le nombre exact de
handicapés en France, handicap par handicap, afin de mieux connaître les besoins
réels ainsi qu’un audit sur l'état de l'inclusion scolaire, ses réussites et ses échecs, le
tout de concert avec les associations concernées.
Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche (FG)
Votre question apparaît d'autant plus essentielle que le bilan du gouvernement de
Nicolas Sarkozy est proprement catastrophique.
7
C'est pourquoi, si les électeurs accordent leur confiance au Front de Gauche, nous
prendrons les mesures d'urgence suivantes :
-- nous rétablirons et développerons, sous la responsabilité directe de l'Éducation
nationale, les modalités et les moyens d'accueil et d'accompagnement à l'école
ordinaire des enfants confrontés à des difficultés spécifiques – les enfants atteints
d’autisme d'une part ou de troubles majeurs du comportement d'autre part – mais
aussi à des lieux de scolarisation adaptée chaque fois que nécessaire pour tel ou tel
enfant,
-- nous diminuerons les délais de traitement des dossiers, par le recrutement de
professionnels en nombre suffisant dans les MDPH. Pour les jeunes d’âge scolaire,
nous augmenterons le nombre d’enseignants référents pour la scolarisation des
enfants handicapés (Erseh), de psychologues scolaires et de médecins scolaires.
Pour tous, nous souhaitons développer le métier de gestionnaire de situation ou de
cas pour accompagner les personnes qui le désirent dans la mise en œuvre des
droits sociaux qui leur sont accordés.
-- nous créerons au sein de l'Éducation nationale un véritable métier d’auxiliaire de
vie scolaire (AVS) titulaire et formé, et un nombre de postes suffisants. Les
personnels qui ont assuré cette mission des années durant sous contrat précaire
seront titularisés et formés.
-- l’État créera le nombre d’établissements nécessaire. Dans l’immédiat, nous
augmenterons le nombre de professionnels dans les établissements et services
existants afin de faire face aux listes d’attente ; l’Éducation nationale affectera des
enseignants spécialisés en nombre suffisant dans tous les établissements accueillant
des jeunes d’âge scolaire, y compris ceux dits polyhandicapés.
-- nous relancerons, dans le cadre d'une politique de renforcement de la fonction
publique, l'intégration professionnelle des travailleurs dits handicapés (y compris
sous forme de télétravail sur la base du volontariat, l'agent conservant ses droits
professionnels), via des temps de travail réduits si nécessaire mais compensés
financièrement,
8
-- nous souhaitons l’obligation de formation à l'accessibilité du cadre bâti dans la
formation initiale et continue des architectes et des professionnels du bâtiment,
pour répondre aux difficultés consécutives à toutes les formes de déficiences,
-- nous créerons pour tout travailleur dit "handicapé", un revenu de remplacement,
au montant variable en fonction du salaire de l'intéressé, qui pourrait se cumuler
avec ses ressources personnelles, jusqu'à hauteur de 150 % du salaire,
-- nous créerons un revenu de remplacement égal au Smic pour les personnes
reconnues dans l'impossibilité de se procurer un emploi pour des raisons motrices,
sensorielles, psychiques, cognitives ou mentales.
Nicolas Sarkozy, candidat de l'Union pour un mouvement
populaire (UMP)
Ma politique en faveur des personnes handicapées a toujours été orientée vers un
seul objectif : permettre leur pleine intégration à la vie sociale, dans tous ses
aspects, en pleine autonomie, pour tous. Tout notre projet pour les personnes
handicapées découle de cet objectif. Il s’agit d’un devoir républicain, du
rassemblement de la communauté nationale, de la reconnaissance de l’égale dignité
entre tous les citoyens de notre pays. Il s’agit également d’un devoir humain car la
pleine intégration des personnes handicapées est une source d’enrichissement pour
chacun d’entre nous.
9
QUESTION N°2
COMMENT ENTENDEZ-VOUS PERMETTRE UNE MEILLEURE
APPLICATION DE LA LOI DE 2005, EN PARTICULIER EN MATIERE DE
SCOLARITE, D'EMPLOI ET D'ACCESSIBILITE ?
Nathalie Arthaud
La loi de 2005 fait obligation aux écoles d'inscrire les enfants handicapés. Si leur
nombre a augmenté de 60 % depuis 2004, 12 000 d’entre eux n’ont toujours pas
trouvé de solution et de nombreux enfants n’ont que quelques heures de cours par
semaine. En effet, faute de moyens de transport, de bâtiments accessibles et à cause
du manque d'auxiliaires de vie scolaire (AVS), ils ne peuvent pas être accueillis. Les
associations de parents dénoncent les restrictions budgétaires, les emplois précaires,
les suppressions de postes et réclament la création de 15 000 places en
Établissements et services adaptés (EA). Ce n’est pas l’orientation que prend le
gouvernement : à la veille de la rentrée scolaire 2009, 30 000 salariés de l’Éducation
Nationale en contrat précaire ont été mis dehors.
À compter de 2011, le gouvernement ne finance plus que 390 000 contrats aidés –
340 000 dans le secteur associatif et public et 50 000 dans le secteur privé – contre
520 000 auparavant. En 2012, il n'y en aura plus que 270 000 dans le public et, en
2013, 200 000 seulement. Une partie d’entre eux remplissaient un rôle très
important dans l’aide aux élèves handicapés.
L’urgence est donc d’embaucher du personnel à l’Éducation nationale, en
particulier des AVS.
La mise en conformité des bâtiments publics devrait être effective d’ici à 2015.
Mais le bilan d’étape en 2010 montrait que seulement 15 % d’entre eux étaient aux
normes. Encore une fois, les moyens d’application de cette loi ne sont pas donnés
10
ce qui la rend en bonne partie inefficace. Il faut donc un budget nécessaire à sa
réalisation pour tout le secteur public.
François Bayrou
La loi est bien intentionnée. C’est l’application qui laisse à désirer. Ma première
certitude est qu’il faut apprendre à gérer des parcours, prenant en compte des
personnes, et ne pas gérer seulement des places. Pour la scolarisation, il faut
absolument apporter une aide aux enseignants qui sont souvent désemparés parce
qu’ils ne savent pas comment faire, et ont peur de mal faire. C’est dans le cadre de
la formation refondée qu’un début de réponse peut être trouvé. C’est encore plus
vrai pour les AVS qui jouent le rôle crucial. C’est ainsi qu’on répond aux attentes
des familles et des personnes. Pour l’emploi : 120 000 personnes sont licenciées
chaque année pour “inaptitude”, il faut aider les entreprises autant que possible à
conserver les salariés sur des postes adaptés. Pour l’accessibilité, l’idée d’une
coordination effective, agence ou centre de ressources, est utile, et elle doit se fixer
pour priorité l’accès aux transports en commun.
Nicolas Dupont-Aignan
Il est tout à fait nécessaire de remplir enfin les objectifs de la loi de février 2005. En
effet, très attaché à la cause du handicap, je considère, de longue date, que notre
pays, qui est très performant sur le plan de la protection sociale en général,
témoigne d’un retard inexplicable et peu glorieux en matière de prise en compte du
handicap, qu’il s’agisse de la scolarisation des enfants, des structures d’accueil pour
adolescents et adultes et, enfin, de l’intégration professionnelle. Et jusqu’au droit à
une retraite préférentielle (des droits particuliers en matière de bonification de
11
périodes), qui devrait valoir selon moi pour les handicapés, ainsi que pour leur
entourage accompagnant. Ainsi, la mise en œuvre concrète des principes posés par
la loi du 11 février 2005 suppose encore un grand nombre d’améliorations, non
seulement sur le plan de la prestation de compensation du handicap (PCH), c'est-à-
dire des moyens financiers attribués aux handicapés, mais aussi dans tous les
domaines de la vie civile ordinaire : retard dans la mise en accessibilité des
bâtiments et transports publics, insuffisance des contraintes imposées aux
employeurs publics et privés pour l’emploi des personnes handicapées, nombre
dérisoire de places en classes d’adaptation pour les enfants, et d’auxiliaires de vie
scolaire et enfin, grande misère de notre pays en matière de structure d’accueil pour
les enfants présentant des troubles du comportement. À cet égard, l’année 2012 a
été déclarée année de l’autisme, acceptons en l’augure, mais, malgré la création de
4 100 places dans les établissements spécialisés, un grand nombre de familles sont
obligées d’exiler leurs enfants dans des pays voisins, notamment la Belgique, ce qui
est une honte pour notre pays.
Ainsi, comme je l’ai dit plus haut, l’aide au domicile des familles sous toutes ses
formes, la revalorisation substantielle des multiples aides existantes et très en deçà
des besoins, sans oublier le soutien accru aux associations, sont capitales. Ces
approches combinées doivent s’inscrire dans l’objectif annuel de 5 % de croissance
affiché dans le plan économique que je propose. Mais je concède que, malgré toute
la bonne volonté du monde et l’augmentation substantielle et nécessaire des
moyens, la vie quotidienne des handicapés en France ne changera pas en un jour. Si
de grands progrès pouvaient être réalisés en cinq ans, cela démontrerait néanmoins,
je le crois, que l’action publique n’a pas perdu son sens ni sa légitimité.
12
François Hollande
Beaucoup a déjà été fait à l’école mais on considère encore trop souvent qu’il suffit
de supprimer les marches à l’entrée des établissements pour que tous les enfants y
trouvent leur place. Ce n’est pas le cas actuellement : 80 % des enfants autistes ne
sont toujours pas scolarisés.
Je souhaite que le regard sur le handicap évolue, car l’accueil d’enfants en situation
de handicap améliore la scolarité de l’ensemble des élèves : c’est davantage de
personnalisation, d’attention portée à chacun. Dans cet objectif, je souhaite que
tous les enseignants soient formés au handicap. Pour les enfants qui ont besoin
d’un adulte au quotidien, une partie des 60 000 postes que nous créerons dans
l’Education nationale sera affectée à leur accompagnement.
S’agissant de l’emploi, le marché du travail reste très défavorable aux personnes
handicapées, et l’emploi de travailleurs handicapés demeure en-deçà de l’obligation
légale de 6 %. L’emploi de travailleurs handicapés est de 2,8 % dans le secteur
privé, et de 4 % dans les trois fonctions publiques. Pour atteindre de manière
effective 6% de travailleurs handicapés au sein des entreprises, des services publics
et des collectivités locales, je souhaite que les sanctions soient renforcées en cas de
non-respect de cette obligation.
L’accessibilité universelle sera le grand chantier du XXIe siècle, une révolution dans
nos villes et dans nos vies.
Eva Joly
En matière de scolarité, la loi de 2005 a été, il faut le reconnaître, une réelle
avancée, mais l'approche a été plus souvent quantitative que qualitative et 30 000
enfants ne sont toujours pas scolarisés, quand d'autres restent sans AVS pendant
13
des mois. Il faut intégrer les AVS à l'Éducation nationale, leur garantir une
professionnalisation, et étendre l'octroi des AVS aux étudiants à l'université. Il faut
également assurer une formation aux handicaps, et aux méthodes éducatives
particulières (87 % des enseignants reconnaissent avoir besoin de ces formations),
ainsi qu’au matériel adapté, et des temps d'échanges spécifiques (pris en charge sur
le temps de travail des enseignants) pour les élèves en situation de handicap, pour
une meilleure coordination entre enseignants, AVS, psychologues et autres
intervenants, voire les parents chaque fois que nécessaire. Pour les enfants qui ne
peuvent pas être accueillis en milieu ordinaire, il faut augmenter la capacité d'accueil
et le maillage des territoires par de petites structures spécialisées, pouvant être
regroupées et permettant la prise en charge spécifique des différentes pathologies
ou troubles de l'enfant, tout en offrant des passerelles et des liens avec le milieu
scolaire ordinaire.
À propos de l'emploi, l'amélioration de l'accès à l'école ou à la formation est un
facteur d'amélioration de l'insertion professionnelle des personnes handicapées. Il
faut porter une grande attention à tout ce qui peut favoriser une meilleure inclusion
des personnes handicapées dans le monde du travail : améliorer le fonctionnement
et la destination des ressources de l'Agefiph et du FIPHFP, obliger l'embauche de
salariés handicapés par les entreprises comme par le secteur public (6 % de la masse
salariale), revoir le statut des travailleurs des Ésat (Établissement et services d'aide
par le travail), engager les collectivités à soutenir les EA (Entreprises adaptées) et
les Ésat, notamment par des commandes publiques, pour entre autres, augmenter le
nombre de structures et leur viabilité.
Quant à l'accessibilité, et malgré la loi de 2005 qui avait donné le cadre pour qu'au
1er janvier 2015, tous les établissements accueillant du public, la voirie, les
transports soient accessibles. Force est de constater que le retard est tel que cette
réalité va être pour beaucoup difficile à tenir. Tout sera fait pour engager au plus
vite les changements qui permettront de respecter les objectifs fixés par la loi. Les
collectivités territoriales y ont leurs responsabilités ; elles seront fortement incitées à
14
en faire une politique prioritaire et urgente sur tous les territoires, et certainement
pas à s'engager dans des systèmes dérogatoires !
Marine Le Pen
Les mesures à prendre sont bien connues concernant l'amélioration des prestations
sociales et l'accessibilité, en particulier à partir des travaux du CNCPH et des
rapports Paul Blanc. Les grands obstacles expliquant les reculades ou les
renoncements des différents gouvernements, ce sont les moyens financiers et
surtout la décentralisation et ses effets pervers, qui sont la cause de bien des
inégalités territoriales.
Beaucoup d'handicapés vivent sous le seuil de pauvreté. Le déremboursement de
certains médicaments et plus généralement l'augmentation des frais de santé
supportés par les usagers pénalisent encore plus les handicapés. La scolarisation des
enfants handicapés en inclusion n'est pas satisfaisante : problème du statut précaire
des AVS ; la spécificité des problèmes des déficients sensoriels insuffisamment
prise en compte ; la nécessité d'apprendre la langue des signes et le braille, quitte à
proposer à nouveau une scolarisation même provisoire dans des établissements
spécialisés de proximité en vue d'une intégration future réussie. Le nombre et le
fonctionnement des établissements d'accueil posent de nombreux problèmes. Le
transfert de l'hébergement de certains handicapés en Belgique en dit long sur
l'insuffisance de la France à cet égard.
Concernant l'accessibilité, il faut tenir compte de l'expérience de pays plus avancés
que la France, notamment les États-Unis et le Canada qui n'ont pas pu mettre
systématiquement en œuvre l'idée d'accessibilité universelle. Peut-être faut-il être
moins ambitieux en termes d'objectifs globaux pour se donner plus les moyens de
satisfaire les besoins d'une manière ou d'une autre.
15
Par exemple, pour le handicap physique, est-il vraiment raisonnable d'aménager
systématiquement toutes les gares de métro et de RER en région parisienne ? Ne
faut-il pas plutôt privilégier l'usage de véhicules adaptés, beaucoup plus pratiques au
final et bien moins coûteux pour la collectivité ? Il arrive souvent qu'un handicapé
moteur en fauteuil roulant suive un trajet de plus d'une demi-heure en train ou en
RER en région parisienne pour finalement arriver dans une gare où l'ascenseur est
en panne car il a été saboté par une bande de délinquants. Le laxisme des pouvoirs
publics a ici aussi des effets pervers.
En matière de handicap, les pouvoirs publics, notamment en région, ont souvent
décidé trop rapidement la mise en place d'équipements, sous la pression des
associations, pour s'apercevoir ensuite qu'ils étaient inefficaces, voire dangereux, et
ce, au détriment de dispositifs bien plus adaptés, éprouvés par l'expérience
nationale et internationale. Ainsi, par exemple, pour les déficients visuels, la
question de la sonorisation des feux n'est pas réglée. On a parfois installé des
bandes podotactiles de couleur gris sur fond gris, en oubliant à l'époque les
déficients visuels. Une dépense inutile qui aurait pu être évitée avec un peu de
patience et des associations réellement informées avant de faire des propositions. À
cet égard, il convient de renforcer la collaboration bidirectionnelle entre le Certu
(Centre d'études sur les Réseaux, les Transports, l'Urbanisme et les constructions
publiques) et les expériences régionales et locales et de s'assurer que les associations
qui participent aux commissions communales et intercommunales pour
l’accessibilité aient réellement développé une expertise. L'accessibilité pour les
handicapés moteur est loin d'être satisfaisante, y compris à cause du déficit
d'équipements comme les toilettes publiques trop peu nombreuses et mal
entretenues en France. Il ne s'agit pas là pour nous d'une position définitive mais
seulement d'une base de réflexion permettant d'éclairer des choix futurs dans le
cadre d'arbitrages budgétaires malheureusement inévitables.
Concernant l'emploi des handicapés, il faut évidemment avant tout relancer
l'économie et donc diminuer le chômage général. Redonner tout son sens à l'action
16
de l'Agefiph avec des définitions plus précises du champ d'application de la loi,
peut-être handicap par handicap (point à négocier avec les partenaires, dans le cadre
du CNCPH). Améliorer la formation des jeunes handicapés, qui sont trop souvent
en situation d'échec et donc peu aptes à occuper un poste notamment dans le
tertiaire.
Ici aussi, il faut tenir compte des propositions synthétiques du CNCPH. Il convient
de trouver un juste équilibre entre incitation et contrainte pour l'embauche de
travailleurs handicapés dans les entreprises. Le rôle de l'Agefiph reste ici
déterminant. Cela dit, la guerre économique qui nous est imposée par la
mondialisation oblige les entreprises à multiplier les pressions sur les travailleurs
pour plus de productivité. La gestion par le stress et le chantage au chômage sont
devenus la règle. Ce contexte n'est pas favorable à l'emploi des handicapés. Au
contraire, le retour à la souveraineté économique permettra des relations sinon
apaisées du moins plus sereines au sein de l'entreprise, désormais moins obsédée
par la productivité au prix du sacrifice humain. Dès lors, l'insertion des handicapés,
qui ne doit pas être un alibi, sera plus facile.
Jean-Luc Mélenchon
Appliquant la philosophie de la Classification internationale du fonctionnement du
corps et de la santé (Cif), telle que l'a développée l'Organisation mondiale de la
santé (OMS) et adoptée par la France en 2002, nous proposons de définir le
“handicap” pour ce qu'il est réellement !
La Cif indique que : « L'état de fonctionnement et de handicap d'une personne est le résultat de
l'interaction dynamique entre son problème de santé... et les facteurs contextuels qui comprennent à
la fois des facteurs personnels et des facteurs environnementaux ». Et ce, d'autant plus que
l'OMS donne de la santé la définition suivante : « la santé est un état de complet bien-être
physique, mental et social, et ne consiste pas en une absence de maladie ou d'infirmité ».
17
Ceci permet dès lors de comprendre combien le “handicap” est toujours “de
situations”. L’objectif fondamental doit donc être de lutter contre les obstacles
environnementaux et de rechercher une autonomie maximum pour les personnes
en “situations de handicap” au sens de la présente loi, afin de favoriser leur accès
aux droits généraux de tout citoyen, et notamment le droit à la liberté effective de
circuler et le droit à pouvoir bénéficier d'un revenu décent. S’il est évident que la
suppression des obstacles ne gommera pas la déficience de la personne, elle lui
permettra en revanche l'accès aux droits reconnus à tous les citoyens et favorisera
son intégration sociale.
Ce n'est pas le choix qu’a fait la droite dans la loi du 11 février 2005 en reprenant
l'esprit de la définition de la Classification internationale du handicap de 1980, loi
qui dispose que le handicap est prioritairement consubstantiel à la personne et non
le produit interactif d’une déficience et d’un environnement, comme l’attestent les
travaux internationaux reconnus par la France. Même si, fort heureusement, sur le
terrain, de nombreuses équipes d'évaluations respectent l'esprit de la classification
de 2002.
Or, si l’on veut bien admettre le fait que plus que des personnes dites
“handicapées” simplement en raison de leurs déficiences, il y aurait une
organisation de la société foncièrement handicapante, il apparaît effectivement
absolument essentiel – sous peine d’échec – d’éliminer les facteurs sociaux et
environnementaux qui s’opposent à la pleine participation des personnes dites
“handicapées”.
C'est pourquoi, nous affirmons que la marginalisation dont sont victimes les
personnes dites handicapées n’est pas le produit d’une fatalité mais la conséquence
d’un choix politique : nous dénonçons la mise en compétition des individus comme
seul horizon de notre société à travers un système éducatif et un milieu du travail
qui ne jurent que par la rentabilité des résultats chiffrés.
C'est pourquoi nous soutenons la Déclaration de Madrid du Forum européen des
personnes handicapées qui insiste sur la nécessité d'abandonner : « l'idée préconçue de
18
la déficience comme seule caractéristique de la personne... pour en venir à la nécessité d'éliminer les
barrières, de réviser les normes sociales, politiques et culturelles, ainsi qu'à la promotion d'un
environnement accessible et accueillant », mais aussi « l'idée préconçue d'actions économiques et
sociales pour le petit nombre... pour en venir à la conception d'un monde pour tous ».
C'est pourquoi nous portons un projet global de société, de transformation sociale,
écologique et démocratique. La dignité des personnes confrontées à des situations
difficiles doit être une priorité de la République sociale. Pour cela, l’objectif
d’épanouissement et d’émancipation de l’être humain pour le bonheur de tous doit
passer devant l’objectif de rentabilité économique au profit de quelques-uns.
Nous affirmons donc la nécessité d'une politique nationale de l'éducation dans une
logique de service public, pour une véritable gratuité et égalité d'accès au savoir sur
tout le territoire et agirons pour l'établissement d'une culture scolaire commune
pour tous les enfants, fussent-ils dits handicapés, via notamment le rétablissement
et le renforcement de la formation des enseignants afin qu'ils soient en mesure de
répondre aux particularités de tous les enfants, la fin du cloisonnement entre
l'Éducation nationale et l'Éducation adaptée et la mise à disposition d'enseignants
spécialisés au sein des établissements médico-éducatifs, la création de places
nécessaires pour la scolarisation de plusieurs milliers d'enfants encore sans solution,
l'accompagnement des élèves dits handicapés, lorsque le besoin s'en fait sentir, par
des auxiliaires de vie scolaire, et le développement des supports pédagogiques
nécessaires adaptés aux particularités de ces enfants.
Le droit au travail est un élément fondamental des droits humains. Nous affirmons
donc que chaque personne doit pouvoir accéder à une activité professionnelle
adaptée à ses capacités et vivre dignement de son travail. De ce point de vue, la
personne dite handicapée doit pouvoir exprimer ses potentialités dans un milieu de
travail qui correspond à ses possibilités et à son bien-être, en disposant si nécessaire
d'un accompagnement ad hoc, que ce soit en milieu ordinaire, ou en milieu protégé
financé à hauteur des besoins réels, d'un temps de travail adapté si besoin est, et
d'une formation professionnelle adaptée et continue, selon les besoins. De ce point
19
de vue, le droit à une formation qualifiante doit être réaffirmé et la rémunération
des stagiaires assurée.
Et lorsqu'elle ne peut vivre de son travail en raison de la gravité de ses déficiences,
la personne dite handicapée doit pouvoir bénéficier d'un revenu de remplacement
décent qui ne peut être qu'égal au Smic.
Nous entendons donc proposer une autre définition du handicap plus conforme à
la réalité sociale que vivent plusieurs millions de nos concitoyens -- conformément
à la proposition de loi déposée en ce sens par des Parlementaires du Front de
Gauche il y a déjà 18 mois -- afin de permettre la mise en accessibilité pour tous du
cadre bâti, l'accès à un logement adapté autant que de besoin, le droit effectif à la
scolarisation pour tout enfant dit handicapé, quelle que soit sa déficience, le droit
effectif à un emploi en milieu ordinaire, ou à un emploi adapté ou protégé si besoin
est, le droit effectif à un revenu décent pour toute personne dans l'incapacité
d'occuper un emploi pour des raisons physiques ou mentales, et le droit effectif à
une compensation et un accompagnement adéquats pour tous, et aux réponses
médico-sociales plus lourdes chaque fois que de besoin, notamment pour plusieurs
milliers de personnes sans solution aujourd'hui et dont un certain nombre sont
contraintes de rechercher au-delà de nos frontières.
Nicolas Sarkozy
Entre 2007 et 2012, la plupart des dispositions de la loi de 2005 ont été mises en
œuvre. J’entends poursuivre la politique que j’ai engagée, en faveur de la scolarité,
de l’emploi et de l’accessibilité des personnes handicapées. L’année 2015 est ainsi
notre horizon, notamment pour les normes d’accessibilité des bâtiments publics et
privés. J'ai refusé les dérogations sur ces normes et nous serons donc au rendez-
vous de 2015. S’agissant de l’emploi, notre dispositif de sanction pour les
entreprises ne respectant pas leur quota de 6 % d’employés en situation de
20
handicap a permis d’obtenir de premiers résultats : 49 % des entreprises assujetties
dépassent aujourd’hui l’objectif de 6 % de personnes handicapées employées et le
nombre des entreprises n’employant aucun travailleur handicapé a par ailleurs
diminué de 93 % entre 2008 et 2010.
C’est donc aujourd’hui sur l’école et la formation qu’il faut concentrer nos efforts,
pour améliorer le niveau de qualification des personnes handicapées, et leur ouvrir
un meilleur accès à l’emploi, dans la mesure où leur handicap le leur permet, avec
un appui personnalisé de Pôle emploi ou des Cap emploi.
Avec le gouvernement, nous avons donc engagé dès 2008 et renforcé en 2011 une
action ambitieuse pour accompagner les enfants handicapés à l’école de la
République, avec une solution adaptée pour chacun. Désormais plus de 200 000
enfants handicapés sont scolarisés grâce aux moyens financiers qui ont plus que
doublé. Mais c’est une politique à long terme, qui suppose aussi d'améliorer la
formation des auxiliaires de vie scolaire (AVS) et des enseignants. C’est là-dessus
qu'il nous faudra renforcer nos efforts. De la même façon, il y a encore des
situations inégales selon les territoires sur lesquels nous devrons continuer à
travailler.
21
QUESTION N°3
EN CETTE PERIODE DE CRISE, COMMENT COMPTEZ-VOUS
MAINTENIR LES ENGAGEMENTS DES POUVOIRS PUBLICS ET LES
PRESTATIONS SOCIALES EN FAVEUR DES PERSONNES HANDICAPEES
? PREVOYEZ-VOUS DE ROUVRIR LE CHANTIER “DEPENDANCE” ET
D'Y INCLURE CES PERSONNES ?
Nathalie Arthaud
Je ne serai pas élue en 2012. Mais je pense que le sort des handicapés ne peut être
dissocié du sort général de la population. L’intervention des associations de
personnes et de parents d’handicapés est primordiale. Les modifications légales
survenues ces dernières années sont dues à leur mobilisation. Mais si les catégories
les plus fragiles de la population, dont les handicapés font partie, sont touchées en
premier lieu, leur avenir est directement lié aux capacités de toute la population
laborieuse à inverser le cours des choses. En se mobilisant massivement, celle-ci
peut imposer le contrôle sur la vie économique, les finances, les répartitions
budgétaires, les banques et leurs bénéfices. C’est la seule façon de contraindre les
gouvernements d’aujourd’hui et demain à donner un coup d’arrêt aux régressions
sociales dont les handicapés sont doublement victimes.
François Bayrou
C’est un chantier immense, dont les enjeux financiers et humains sont énormes.
Quand on considère, par exemple, le “reste à charge” pour les familles, on voit
qu’on a dépassé les limites. D’autre part, il faut faire converger les droits des
22
personnes âgées et des personnes handicapées dans une politique qui vise à créer
un jour un droit universel à l’autonomie et reposant sur des financement équilibrés.
Nicolas Dupont-Aignan
Il faut poser le problème au bon niveau. De deux choses l’une : soit nous tenons au
libre échange et nous devons alors renoncer à une protection sociale que nous ne
serons plus à même, structurellement, de financer. Soit nous tenons à la Sécu, et
nous devons rétablir des barrières douanières pour recréer le million d’emplois
industriels qui a été délocalisé ces dernières années. Mon choix est tout fait, je
préfère notre modèle social à la liberté totale du commerce, qui est en réalité
déloyale.
Alors que notre système de protection sociale prend l’eau de toutes parts, la
première des priorités est moins d’écoper le navire, par des mesures d’urgences plus
ou moins injustes, que de colmater les brèches. Il faut certes intensifier la lutte
contre les gaspillages, les aberrations et les fraudes qu’entraînent inévitablement un
système aussi lourd et complexe. Mais ce ne sera pas suffisant : le vrai problème
réside moins dans l’excès de dépenses que dans l’insuffisance de recettes, à l’heure
où trente ans de malthusianisme économique additionnent leurs effets avec ceux de
la crise financière mondiale pour plomber les comptes sociaux. De plus, on
constate dans le même temps une hausse des coûts de la santé, l’allongement de
l’espérance de vie, le vieillissement de la population, la transformation de maladies
autrefois rapidement mortelles en maladies chroniques, ce qui constitue un défi
humain et financier sans précédent.
Je crois, je sais qu’il est possible de s’en sortir, mais au prix de réels efforts. Hélas,
un tel objectif va bien au-delà des ambitions ordinaires de la classe politique
française, qui se contente depuis des décennies de gérer et d’accompagner la
pénurie au lieu de la surmonter. Ainsi la dernière loi de financement de la Sécurité
23
sociale, que je n’ai pas votée, prévoit, d’ici 2015, une croissance annuelle des
dépenses de la branche maladie de 2,6 %, couvrant à peine les prévisions
d’inflation. L’évolution de la branche vieillesse est à peine mieux lotie, avec une
prévision de croissance de 3 % annuelle. Les candidats qui défendent le système
économique et financier qui placent la France dans une impasse et dans la récession
économique ne peuvent en réalité qu’avancer des promesses impossibles à tenir.
Pour générer les nouvelles recettes indispensables à la remise à flot de notre
système de protection sociale, tout en surmontant les défis de la dépendance, du
handicap, des nouvelles pathologies…, c’est à une véritable nouvelle donne
économique qu’il faut avoir le courage de recourir : le plan économique que je
propose est le seul à même de remettre la France sur le chemin d'une nouvelle
croissance, en relocalisant les emplois, en protégeant notre économie contre la
jungle du libre-échange déloyal. Le chômage de masse, les délocalisations
industrielles, la compression des salaires ont asséché les revenus sociaux. Seule une
politique économique hardie, sortant du système de l’euro qui nous étouffe et
rétablissant des frontières économiques raisonnables permettra d’inverser la
tendance. C’est le cœur du projet que je présenterai aux Français lors de l’élection
présidentielle.
François Hollande
Toutes les études le montrent : c’est notre système de protection sociale qui permet
aux Français de ressentir moins durement qu’ailleurs les effets de la crise. Nous
devons tout faire pour le rendre encore plus juste et efficace. Si nous mettons tout
en œuvre pour que le monde du travail exclue moins nos concitoyens en situation
de handicap, cela permettra de dégager des marges de manœuvre financières pour
assurer une meilleure couverture des frais d’équipement, par exemple.
24
Le chantier de la “dépendance” que je préfère appeler “perte d’autonomie”, ne
concerne effectivement pas que les personnes âgées. Certains sujets, notamment la
politique des transports et l’accessibilité, concernent l’ensemble des personnes en
perte d’autonomie, qu’il s’agisse de personnes âgées ou en situation de handicap.
Après un quinquennat perdu à repousser cette réforme de six mois en six mois, elle
est devenue absolument nécessaire pour soulager les difficultés des familles, très
sollicitées. Cela fait partie de mon projet.
Eva Joly
C'est en temps de crise que la société doit se montrer particulièrement solidaire. Ces
périodes n'empêchent pas de réaliser des choix politiques. Le contre-budget que j'ai
présenté en octobre en est le témoignage. Je montre que l'on peut répondre à la
crise budgétaire en investissant dans l'économie verte et dans la solidarité, par
exemple à travers l'augmentation de 50 % des minima sociaux dans les cinq ans.
Notre programme rappelle notre attachement aux principes d'égalité et de solidarité
inhérents aux systèmes de protection et de sécurité sociale issus du Conseil national
de la Résistance. Les écologistes appellent en même temps à leur renforcement et à
leur adaptation aux grands défis de la période. Le dossier de la dépendance sera
ouvert avec tous les partenaires concernés, et bien sûr en y incluant le monde du
handicap, car nous ne considérons pas qu'à 60 ans, une personne perde son
handicap et devienne retraitée, la réalité est autre, on ne cesse pas d'être handicapée,
on le devient souvent plus avec l'âge.
25
Marine Le Pen
La crise n'est pas une fatalité, et mes propositions économiques sont parfaitement
réalisables. C'est grâce à ce protectionnisme et à une politique monétaire que le
Brésil a pu résorber sa dette, par exemple. Bien entendu, le traitement de la
dépendance reste une priorité, ce qui va supposer un réel volontarisme
économique. Mais la problématique de la dépendance n'est pas la même en
fonction de l'âge et du handicap. Le véritable problème de la dépendance, en tant
que telle, concerne le troisième et surtout le quatrième âge qui appelle des solutions
spécifiques.
La question posée concerne plus spécifiquement le problème de la disparition des
barrières d'âge (à 60 ans) pour l'attribution de la prestation de compensation du
handicap (PCH). Elle nous paraît également être une piste intéressante et
humainement légitime. Toutefois on estime à plus de 8 milliards d’euros par an une
telle mesure que nous ne pourrons satisfaire qu'à la suite de l'assainissement de
l'économie française. Il est vrai que tout particulièrement l'aide humaine pourrait
être l'occasion de nombreuses créations d'emploi. De même, permettre à des
industries françaises enfin protégées de la concurrence déloyale de produire du
matériel spécialisé pour les handicapés rendrait service à ceux qui en ont besoin et
contribuerait à l'amélioration de l'emploi à l’échelle nationale.
Jean-Luc Mélenchon
Contrairement à la campagne d'intoxication menée par le gouvernement actuel, la
France n'est pas en état de faillite !
La dette publique actuelle est tout à la fois le produit de la politique de sauvetage de
la dette privée des banques contractée dans des opérations spéculatives et le produit
26
de l'obligation faite à l'État, d'emprunter sur les marchés les fonds disponibles à
l'investissement à des taux largement supérieurs à ceux que la Banque centrale
européenne accorde aux banques.
Ne plus emprunter sur les marchés mais à la Banque centrale, abolir les mesures
fiscales du gouvernement actuel vis-à-vis des plus nantis, aligner le taux
d'imposition des revenus du capital sur le taux d'imposition des revenus du travail,
engager dans le cadre d'une planification écologique et sociale une relance de
l’activité respectueuse de l'environnement et créatrice d'emplois, conduirait à un
rééquilibre du budget de l'État et des collectivités en leur redonnant les capacités de
répondre aux besoins sociaux, et notamment en termes de prestations pour les
personnes dites handicapées.
Ouvrir le chantier de l'autonomie des personnes dites handicapées et des personnes
âgées constitue un impératif de dignité pour tout gouvernement qui se respecte ! Et
qui respecte les électeurs ! Avec pour objectif, les moyens financiers et humains
d'accompagnement des personnes dans le cadre de l'exécution de leurs souhaits de
vie, en supprimant les barrières d'âge de 60 ans.
Nicolas Sarkozy
En 2007, j’avais pris l’engagement de revaloriser de 25 % le montant de l’allocation
aux adultes handicapés (AAH) : de 621 euros fin 2007, elle atteindra 776 euros en
septembre 2012, soit 150 euros de plus en 5 ans. Cela représentera, au total, plus
d’un 1,4 milliard d’euros supplémentaires en 2012 par rapport à 2007. Malgré la
crise, malgré la nécessité d’engager des plans de retour à l’équilibre, cet engagement
a été tenu. Je ne reviendrai pas sur cet effort de justice pour les personnes
handicapées. Et les prestations sociales en leur faveur continueront de bénéficier
d’une indexation favorable. C’est un élément central de notre modèle social.
27
S’agissant de la réforme de la dépendance, je suis toujours déterminé à la mettre en
œuvre. Elle permettra notamment de prendre en compte la problématique des
personnes handicapées vieillissantes, qui n’ont pas encore suffisamment accès à des
structures adaptées. Mais je souhaite dire avec franchise qu’il nous faut tenir
compte aussi des contraintes financières que nous connaissons, parce qu’il faut en
même temps définir un financement pérenne, à la hauteur de l’enjeu. Il n’est pas
question de financer des réformes en créant de la dette supplémentaire.
28
QUESTION N°4
COMMENT ENVISAGEZ-VOUS DE PROMOUVOIR LA
REPRESENTATIVITE DES PERSONNES HANDICAPEES PARMI LES
ELUS ET/OU LEURS COLLABORATEURS ? VOTRE PARTI
PRESENTERA-T-IL DES CANDIDATS HANDICAPES AUX ELECTIONS
LEGISLATIVES ?
Nathalie Arthaud
Lutte Ouvrière est une libre association de femmes et d’hommes, jeunes ou
anciens, travailleurs manuels ou intellectuels, qui ne se résignent pas à l’idée que le
capitalisme serait le seul avenir possible pour l’humanité. Ses membres, bénévoles,
sont à l’image de notre société et donc, certains souffrent d’un handicap, de
naissance ou des suites d’un accident de la vie ou du travail, et nous veillons à ce
que chacun y ait sa place.
François Bayrou
Oui, c’est une règle que j’ai fixée à l’intention de nos équipes.
Nicolas Dupont-Aignan
Nous n'avons pas encore investi tous nos candidats, mais nous aurons des
représentants dans chaque circonscription en France. Il y aura donc des candidats
handicapés qui partiront sous les couleurs de DLR.
29
François Hollande
Je suis favorable à l’inclusion de tous, sans distinction. Plusieurs des membres de
mon équipe de campagne sont en situation de handicap, visible ou non. C’est avant
tout pour leur compétence que je les ai choisis. C'est la même démarche qui a guidé
la désignation des candidats socialistes aux législatives, parmi lesquels il y a des
personnes en situation de handicap.
Eva Joly
Historiquement, Les Verts puis EÉLV ont toujours veillé à assurer sur les scrutins
de liste une représentation de la diversité de la société, dont les personnes en
situation de handicap. Pour les scrutins uninominaux comme les législatives, il est
plus difficile de mettre en œuvre cette exigence de représentation. Néanmoins,
nous avons créé, depuis la fondation d'EÉLV, un observatoire de la diversité qui a
parmi ses missions celle de proposer des solutions concrètes pour promouvoir la
participation des personnes en situation de handicap à la vie du mouvement.
L'objectif est d'être à terme aussi exemplaire que sur la parité. L'une des premières
initiatives concrètes a été la réalisation de travaux d'accessibilité de l'ensemble du
siège national d'EÉLV aux personnes à mobilité réduite. Ces travaux se sont
traduits par l'installation d'un ascenseur sur trois niveaux, ainsi que de rampes
d'accès à la totalité du site, dont les salles de réunion dans lesquelles sont prises les
décisions importantes.
30
Marine Le Pen
Pour nous comme pour bon nombre de handicapés, la véritable réussite c'est quand
précisément on peut oublier que la personne concernée est handicapée. Il ne faut
donc pas promouvoir le handicap comme handicap, mais promouvoir les
personnes qui, malgré leur handicap, ont pu parvenir à développer des
compétences. Le rôle des pouvoirs publics est de faciliter leur formation, de
développer l'accessibilité tout en évitant le plus possible les mesures dérogatoires
qui finissent par laisser suspecter un certain favoritisme, au bout du compte contre-
productif. C'est là une limite de la discrimination positive à laquelle nous ne
sommes pas favorables. D'autre part, si les handicapés peuvent constituer une
catégorie sociale, ce qui est déjà contestable, ils ne sauraient représenter une
communauté que la République, de toute manière, ne doit pas reconnaître car elle
doit rester, comme je l'ai souvent répété, une et indivisible.
Pour autant, il ne s'agit pas pour nous de revenir sur la politique des quotas dans les
entreprises, avec l'Agefiph ni d'ailleurs dans la fonction publique avec la FIPHFP. Il
s'agit là d'une politique incitative visant à forcer les réticences, en faisant tomber les
barrières des préjugés. Mais imaginer qu'un député handicapé représente les
handicapés, c'est la porte ouverte au communautarisme alors que par définition un
député doit représenter l'intérêt général, l'intérêt de la nation, et en outre l'intérêt
des citoyens de sa circonscription. Un candidat à la députation doit pouvoir se
présenter non pas parce qu'il est handicapé mais parce qu'il est compétent. De
même, imaginer, par exemple que l'on doive systématiquement nommer un
ministre handicapé pour s'occuper du handicap ne nous paraît pas une bonne idée.
On a vu par le passé tel ministre ou tel chargé de mission handicapés qui n'ont pas
laissé un souvenir impérissable en matière d’efficacité.
Pour autant, nous avons parmi nos cadres et nos élus des handicapés qui pourront
être éventuellement présentés aux législatives. Mais ils seront choisis non en
31
fonction de leur handicap mais en fonction de leurs compétences. De même, on
peut très bien imaginer un ministre handicapé qui s'occuperait de tout autre chose
que du handicap.
Jean-Luc Mélenchon
À nos yeux, l'ensemble des citoyens sont égaux, quelle que soit leur origine, la
couleur de leur peau, leur sexe, ou leurs particularités. Et si nous veillons très
scrupuleusement au respect de la parité entre les sexes, nous entendons nous
appuyer sur les compétences de tous, sans politique particulière dite de
“discrimination positive”.
En revanche, nous considérons que la loi sur l'emploi des travailleurs dits
handicapés doit être respectée – et améliorée notamment via des moyens
complémentaires ad hoc – et dans ce cadre, nous souhaitons favoriser la
reconnaissance des compétences de ces personnes, notamment au sein des
fonctions publiques d'État ou territoriales.
Nicolas Sarkozy
L’accession à des responsabilités ou à des mandats électoraux pour les personnes
handicapées doit être encouragée par tous les partis politiques. C’est à mes yeux
une nécessité, non seulement pour les personnes handicapées elles-mêmes, mais
aussi pour que chacun puisse bénéficier de leur expérience de la vie, de leur regard
sur le monde, de leur contribution pour faire changer notre société. Et je sais qu’il y
a encore du chemin à parcourir pour cela !
Les personnes en situation de handicap doivent pouvoir faire de la politique, et pas
uniquement sur les sujets liés au handicap. Elles sont tout autant légitimes à parler
32
d’économie, de développement durable ou de sécurité ! À l’UMP, la question du
handicap est portée par deux secrétaires nationaux particulièrement reconnus sur
ces questions : Jean-François Chossy, qui vient de rendre un rapport sur la prise en
compte du handicap, et Frédéric Bouscarle, lui-même en situation de handicap, qui
préside Handipop’.
Il ne m’appartient pas de décider de l’investiture de tel ou tel candidat aux élections
législatives, l’UMP ayant mis en place une procédure collégiale et transparente. Mais
je suis particulièrement attentif au parcours d’élus tels que Damien Abad, député
européen et conseiller régional en Rhône-Alpes.
33
QUESTION N°5
SI VOUS ETES ELU, NOMMEREZ-VOUS UN MINISTRE CHARGE
EXCLUSIVEMENT DES HANDICAPES ?
Nathalie Arthaud
N'a pas répondu à cette question (Ndlr)
François Bayrou
Je veux un gouvernement resserré. Et dans ce gouvernement je mettrai
en place un grand ministère de l’Égalité.
Nicolas Dupont-Aignan
Un ministère de plein-exercice me paraît un peu démagogique : les handicapés ne
méritent pas la démagogie. Il me semble qu'un ministère délégué, directement
rattaché au Premier ministre pour assurer sa liberté de manœuvre et le caractère
interministériel de son action, serait approprié.
François Hollande
Au moment où certains jugent utile de s'en prendre à ma supposée arrogance, je me
garderai bien d'évoquer la formation d'un quelconque gouvernement. Je suis tout
entier concentré sur la campagne !
34
Eva Joly
Je m'interroge encore sur la nécessité d'un tel ministère, alors que la question est à
l'évidence transversale et doit impliquer l'engagement fort de tous les ministères.
C'est pourquoi j'imagine rattacher plutôt cette fonction directement au Premier
ministre, mais je note avec grand intérêt votre proposition.
Marine Le Pen
La répartition des portefeuilles ministériels obéit à des impératifs d'efficacité et de
communication politique. J'ai précisé que son objectif principal était l'efficacité tout
en faisant des économies. Il ne faut donc pas s'attendre à ce que je nomme des
personnalités médiatiques à des postes ministériels, dont la seule justification serait
une stratégie de communication à grand spectacle. La répartition des ministères
doit donc répondre à des objectifs d'efficacité.
S'agissant du handicap, on peut tirer des leçons du passé de la Ve république. La
question du handicap a été sous tutelle du ministère de la Santé publique et de la
Sécurité sociale dans le gouvernement Mesmer 3 avec Michel Poniatowski,
ministre, et Marie-Madeleine Dienesch, du reste présente dans tous les
gouvernements Mesmer. Or, des avancées importantes ont été possibles alors qu'il
n'y avait pas de ministre ni même secrétaire d'État aux handicapés. On peut songer
par exemple à la loi du 13 juillet 1971 instituant une allocation aux mineurs
handicapés et une allocation aux adultes handicapés; la loi du 16 juillet 1971 étend
les bénéficiaires de l'allocation logement au profit des personnes âgées et des
handicapés. De même, on se souvient de l'action de René Lenoir sous le ministère
Simone Veil sous le gouvernement Chirac de 1974 qui a permis la préparation de la
célèbre loi d'orientation du 30 juin 1975. Ces avancées considérables ont été
35
possibles sans qu'il soit nécessaire de créer un ministère spécialisé sur le handicap.
Inversement, on a connu depuis des ministres chargés du handicap qui n'ont pas
laissé un souvenir impérissable.
La question du handicap relève par nature de la compétence de plusieurs
ministères, Intérieur, Équipement, Industrie, Finances, Santé, Affaires sociales,
Fonction publique, Culture, Tourisme, etc. Dans tous les cas, pour régler certains
problèmes, même s'il y a un ministère ou un secrétariat d'État chargé du handicap,
la création de commissions interministérielles est inévitable. Cela dit, la complexité
des problèmes nouveaux, en particulier pour la prise en charge, la santé ou
l'accessibilité peuvent justifier la création d'un secrétariat d'État. La question serait
plutôt de savoir si le handicap doit être rattaché à un ministère de la Santé ou à un
ministère chargé des Affaires sociales. D'un côté il est peut-être utile que le ministre
de la Santé soit aussi médecin car il parlera le même langage que ceux dont il a la
tutelle. Mais pour autant il n'est pas souhaitable que le handicap relève de la santé,
car la problématique sociale dépasse la question de la santé à laquelle les médecins
réduisent trop souvent la question du handicap. Il serait donc peut-être préférable
de créer un secrétariat d’État chargé du handicap auprès du ministre des Affaires
sociales. Telles sont nos pistes de réflexion. En résumé, la création d'un ministère
chargé du handicap peut très bien n'être qu'un gadget inutile et coûteux alors qu'on
peut parvenir à une grande efficacité sous d'autres modalités.
Jean-Luc Mélenchon
La crise actuelle, conséquence de la faillite des politiques libérales, par ailleurs
renforcées depuis 2007, et les récentes mesures gouvernementales, frappent de
plein fouet les personnes socialement les plus en difficulté, et notamment les
personnes confrontées à de graves situations de handicap.
36
L'augmentation du forfait hospitalier, la fiscalisation des indemnités des personnes
accidentées du travail, et le désengagement financier quasi généralisé de l'État ne
permettent pas un traitement identique des situations des personnes sur l'ensemble
du territoire et contribuent au développement d'un processus de régression sociale
que vivent au quotidien les personnes dites “handicapées”, tandis qu'en écho leur
parvient un discours compassionnel d'un autre âge.
C'est pourquoi nous entendons affirmer notre volonté politique de réduction sinon
de suppression, et/ou de compensation dans le même temps chaque fois que de
besoin des situations de handicap, notamment via la création d'un ministère en
charge de ces questions, avec à sa tête un titulaire ayant rang de ministre délégué
auprès du Premier ministre afin de lui conférer l'autorité politique nécessaire auprès
de tous les membres du gouvernement pour veiller, eu égard à la transversalité
indispensable de la politique à mettre en œuvre, à l'intégration des réponses ad hoc
dans chacune des mesures ministérielles envisagées.
Nicolas Sarkozy
Ma conviction est que le handicap doit être une politique transversale et que chaque
ministre, quel que soit son portefeuille, doit avoir pour objectif de promouvoir dans
son champ de compétence. Et pour cela, l’impulsion doit être donnée par le
Président de la République et le Premier ministre, comme c’est le cas depuis 2007.
Voilà pourquoi j’ai tenu à intervenir à chaque Conférence nationale du handicap qui
s’est tenue pendant mon quinquennat. Le handicap ne sera évidemment pas oublié
dans la répartition des fonctions ministérielles, afin que les personnes handicapées
et leurs associations disposent aussi d’un interlocuteur dédié et dont la voix portera.
Enquête réa l i s ée par Michaë l Couybes
37
* Enquête réalisée entre janvier et février 2012. Ont également répondu, mais ont depuis
abandonné la course à l'Elysée : Christine Boutin, Jean-Pierre Chevènement, Hervé Morin,
Fréderic Nihous. N'ont pas donné suite ou n'ont pas été en mesure de répondre dans les temps :
Dominique de Villepin, Corinne Lepage et Philippe Poutou. Pas encore déclaré candidat au
moment de la réalisation de l'enquête, Jacques Cheminade (PSP), n'a pas été contacté, tout comme
Carl Lang (PDF).
Voir également : les candidats nous présentent les dispositifs d'accessibilité
de leurs campagnes électorales
Liens vers leurs sites de campagne :
http://www.nathalie-arthaud.info/
http://www.bayrou.fr/
http://blog.nicolasdupontaignan.fr/ http://www.debout-la-republique.fr/
http://francoishollande.fr/
http://evajoly2012.fr/
http://www.marinelepen2012.fr/
http://www.jean-luc-melenchon.fr/
http://www.lafranceforte.fr/ (Nicolas Sarkozy)