sources de la croissance et productivite totale des ... · la comptabilité de la croissance de...

37
1 SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES FACTEURS AU BENIN Par Aristide MEDENOU et Eric K. Vickey (Version finale) Avril 2012

Upload: others

Post on 22-Jul-2020

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

1

SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES

FACTEURS AU BENIN

Par Aristide MEDENOU et Eric K. Vickey

(Version finale)

Avril 2012

Page 2: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

2

Sommaire

Résumé exécutif .................................................................................................................................... 3

Introduction ............................................................................................................................................ 5

1. Revue de littérature ..................................................................................................................... 7

2. Analyse des sources de la croissance au Bénin selon l’approche comptable ................... 10

3. Approche des indices de volume de la valeur ajoutée et des prix des inputs primaires12

4. Approche sectorielle de l’analyse des sources de la croissance ........................................ 15

5. Approche économétrique des sources de la croissance ....................................................... 17

Conclusion ............................................................................................................................................. 21

Références bibliographiques ............................................................................................................. 23

Annexe 1 : Méthodologie et sources de données pour la comptabilité de la croissance ...... 25

Annexe 3 : Méthodologie de calcul des indices des facteurs de production ............................ 28

Annexe 5: Détails de l’estimation du modèle économétrique .................................................... 36

Page 3: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

3

Résumé exécutif

La croissance économique connaît depuis plusieurs années une atonie significative

qui affecte négativement le revenu par habitant et de façon plus globale le niveau

de développement du pays. Cette tendance révèle certes l’exposition du Bénin aux

chocs exogènes mais surtout les limites des choix de politiques économiques face

aux nombreuses mutations intervenues dans le monde.

Approche comptable des sources de la croissance

L’analyse des sources de la croissance a, dans un premier temps, été menée par la

méthode de la comptabilité de la croissance de Solow (1957). Cette méthode

consiste à décomposer le taux de croissance en fonction des contributions des

facteurs capital et travail et à attribuer la part de la croissance non expliquée par

les facteurs de production à la productivité totale des facteurs. Les résultats

montrent que i) en moyenne sur la période 1990-2011, la productivité totale des

facteurs a contribué négativement à la croissance économique au Bénin ;

ii) l’impact du progrès technologique qui devrait améliorer la productivité des

facteurs de production n’est pas perceptible sur la croissance économique ; iii) la

période 1996-2000 a été marquée par une amélioration significative de la

productivité totale des facteurs, en raison notamment des réformes mises en

œuvre au cours de cette période ; iv) la croissance a été principalement tirée par

l’accumulation des facteurs de production ; v) le facteur capital a été la principale

source de la croissance au Bénin.

Analyse de la productivité totale des facteurs par l’approche des indices de volume et de prix

La méthode de la comptabilité de la croissance fait l’objet dans la littérature de

nombreuses critiques. Pour conforter les résultats, la méthodologie adoptée dans

le BIPEN 2000, a été mise en œuvre. Cette méthodologie considère deux

indicateurs de productivité totale des facteurs. Le premier (PGF1) considère que la

productivité totale des facteurs est le rapport entre l’indice de volume de la valeur

ajoutée et l’indice de volume des inputs primaires (facteurs travail et capital) et le

deuxième est le rapport entre l’indice des prix des inputs primaires et celui du prix

de la valeur ajoutée. Le calcul de ces indicateurs révèle la tendance baissière de la

Page 4: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

4

productivité totale des facteurs dans le temps ; ce qui confirme les résultats de

l’approche comptable.

L’analyse sectorielle de la productivité totale des facteurs montre qu’aucun

secteur d’activité n’est épargné par la baisse de productivité. La baisse a été très

marquée dans le secteur primaire tandis que le secteur des services a été

caractérisé par une baisse beaucoup plus modérée.

Analyse sectorielle des sources de la croissance

La tendance des productivités totales des facteurs reflète celle des contributions

des différents secteurs d’activité à la croissance du PIB réel. L’analyse des

contributions à la croissance des différents secteurs au sens de la comptabilité

nationale montre que le secteur primaire reste le moteur de la croissance au

Bénin. Cependant, la contribution à la croissance de ce secteur connaît une baisse

depuis bientôt une décennie. La baisse de la contribution du secteur primaire est

entre autres imputable aux changements climatiques et aux problèmes de gestion

de la filière coton.

Il faut souligner que les différents secteurs d’activité ont une part importante

d’activités informelles. L’analyse des sources de la croissance suivant les secteurs

formel et informel montre que la croissance est essentiellement créée par le

secteur informel. Il crée environ les 2/3 de la croissance enregistrée au Bénin.

Analyse économétrique des sources de la croissance

L’analyse économétrique des déterminants de la croissance est une actualisation

des estimations du BIPEN 2000 avec des données récentes. Un modèle à correction

d’erreur a été estimé compte tenu des caractéristiques stochastiques des données.

Il ressort des résultats des estimations que la croissance de long terme est

principalement déterminée par les facteurs de production. Ils permettent

d’expliquer à plus de 90% l’évolution de la croissance à long terme. Cependant, les

facteurs de production n’ont pas d’impact significatif sur la croissance à court

terme. Elle est plutôt déterminée par l’ouverture commerciale et l’évolution de

l’économie nigériane.

Page 5: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

5

Introduction

L’amélioration du niveau de vie de la population et la garantie du bien-être social

sont des objectifs ultimes des pouvoirs publics. Quelles que soient les politiques

suivies, ces objectifs ne peuvent être atteints sans une croissance économique

soutenue et durable. La croissance économique est synonyme de production de

biens et services, de création d’emplois et de richesses. Elle assure, lorsque qu’elle

est bien exploitée, la prospérité économique, sociale et humaine. Pour toutes ces

raisons, la compréhension de la croissance, de ses déterminants et de ses sources a

toujours été un souci majeur des décideurs et des concepteurs des politiques

économiques.

Au Bénin, l’évolution de la croissance a été caractérisée par globalement trois

grandes phases :

▪ de 1961 à 1990, le taux de croissance a été relativement faible, 2,8% en

moyenne, avec une très grande amplitude sur la période, notamment de -5%

à 10% ;

▪ de 1991 à 2000, l’évolution a été dynamique et s’est stabilisée, le taux de

croissance économique se situant à 5% en moyenne sur la période ;

▪ de 2001 à 2011, la croissance économique a connu globalement une

évolution baissière. Le taux de croissance moyen enregistré sur la période

s’est affiché à 3,8% avec une situation économique difficile depuis la crise

financière internationale de 2009.

Le taux de croissance moyen de l’économie béninoise sur les dix dernières années

est faible par rapport au taux de croissance démographique qui est de 3,25%. Il

s’en suit une persistance de la pauvreté malgré la volonté manifeste du

gouvernement d’améliorer les conditions de vie des populations.

Pour relancer la croissance, le gouvernement a élaboré un plan de relance de

l’économie qui met l’accent sur l’investissement dans quatre secteurs stratégiques

à savoir l’agriculture, les infrastructures, le système éducatif et le développement

local. Une analyse macroéconomique approfondie des sources de la croissance

devrait être un complément utile aux documents de politique déjà existants et

permettrait de mieux cadrer les politiques publiques.

Page 6: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

6

Dans ce cadre, plusieurs études sur les sources de la croissance au Bénin ont été

réalisées.

La présente étude vise une actualisation des travaux existants avec des données

récentes. Elle analyse les sources de la croissance suivant diverses approches que

sont l’approche comptable, l’approche par les indices de volume et de prix,

l’approche sectorielle et l’approche économétrique.

Page 7: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

7

1. Revue de littérature

Plusieurs études ont abordé l’analyse des sources de la croissance suivant diverses

approches.

En 2000, dans son document intitulé Bilan et Perspectives de l’Economie Nationale

(BIPEN), la Direction Générale des Affaires Economiques (DGAE) s’est focalisée sur

l’évolution des stocks de travail et de capital au Bénin ainsi que sur le

comportement de la productivité totale des facteurs. Il ressort de cette étude

que les stocks de capital et de travail ont une tendance à la hausse tandis la valeur

ajoutée de l’ensemble de l’économie reste faible et évolue timidement. Il se pose

donc un problème de productivité des facteurs. L’analyse de la productivité totale

des facteurs fait ressortir globalement trois phases : l’étape de la détérioration

massive qui correspond à la période 1960-1980 ; l’étape de la détérioration

maîtrisée qui couvre la fin des années 1980 jusqu’en 1994 et l’étape de la reprise

qui couvre la période 1994 à 1999. L’étude montre également que la croissance de

long terme dépend plus du facteur travail que du facteur capital tandis qu’à court

terme, la croissance ne dépend que du volume des facteurs de production et de

celui du PIB décalé.

Dossou et Sinzogan (2001) ont analysé les déterminants de la croissance au Bénin.

En utilisant les données publiées par O’Connell et Ndulu (2000), ils montrent que le

capital et le travail ont, d’une manière générale, apporté une contribution positive

substantielle à la croissance économique au Bénin, même si la contribution du

facteur travail est faible, en raison de sa faible qualité. A l’opposé, la productivité

totale des facteurs est apparue fortement négative sur l’ensemble de la période

d’analyse (1960-2002). L’importance de la productivité totale des facteurs laisse

apparaître que la croissance est mue par d’importants facteurs autres que les

facteurs de production. Au plan sectoriel, les auteurs soulignent l’importance de la

main d’œuvre dans l’agriculture, la faiblesse de la part de l’industrie dans la

croissance économique et la prépondérance des services. Sur la base des résultats

d’une estimation économétrique, ils montrent que les mauvaises performances

globales de l’économie semblent s’expliquer en grande partie par la faiblesse du

taux d’investissement.

Page 8: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

8

Tahari, Ghura, Akitoby, et Aka (2004) se sont également intéressés aux sources de

la croissance dans les pays de l’Afrique subsaharienne dont le Bénin. Le principal

objectif de leur étude est d’analyser si la croissance dans ces pays est tirée par

l’accumulation du capital ou par le progrès technologique. Grâce à la méthode de

la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la

croissance dans ces pays est déterminée par l’accumulation des facteurs de

production, le rôle de la productivité totale des facteurs étant faible ou nul. Pour

le Bénin, la contribution la productivité totale des facteurs sur la période 1960-

2002 s’est établie à 0,7 pour une croissance moyenne de 3,3. Les auteurs

soulignent toutefois la limite de la méthodologie en ce sens que l’estimation de la

productivité totale des facteurs ne représente pas seulement l’efficience mais

tient compte aussi de l’ensemble des facteurs autres ceux de production. Ces

facteurs sont relativement importants pour les pays de l’Afrique Subsaharienne où

les crises politiques, les changements institutionnels, les chocs exogènes, et les

changements de politique par les gouvernements sont importants. La productivité

totale des facteurs capte également les erreurs de mesure.

Des travaux de Kalamogo, C, Houeninvo, T, Hountondji, G (2007) sur les sources de

la croissance au Bénin et au Rwanda, il ressort que la croissance au Bénin est

déterminée par l’accumulation des facteurs de production. La productivité totale

des facteurs quant à elle est négative sur toute la période d’analyse (1983-2005),

excepté la période 1995-2001 où elle est en moyenne positive. Le signe négatif de

la productivité totale des facteurs est illustratif de la détérioration des conditions

macroéconomiques au cours des sous-périodes concernées. Une telle tendance est

donc de nature à réduire le taux de croissance potentiel du PIB et à l’éloigner du

niveau requis pour amorcer une réduction conséquente de la pauvreté (7%). Pour le

Rwanda, les auteurs montrent que la croissance a été déterminée essentiellement

par l’accumulation des facteurs avant 1995 depuis 1995, la croissance est

déterminée aussi bien par l’accumulation des facteurs de production que par la

productivité totale des facteurs.

Ianchovichina (2008) dans l’analyse des contraintes de la croissance au Bénin

montre que la croissance au Bénin est principalement déterminée par

l’accumulation des facteurs de production. Au cours des années 90, la productivité

totale des facteurs est apparue positive en raison des réformes mises en œuvre

Page 9: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

9

mais depuis la fin des années 90, elle enregistre une tendance décroissante et a

été fortement négative en 2006.

Balaro et al (2010) montrent une décroissance tendancielle de la productivité

totale des facteurs sur la période 1983-2003. Ils montrent également que la

contribution du facteur travail ajustée selon les compétences est plus élevée que

celle du capital. Au niveau sectoriel, Balaro et al (2010) ont montré un important

déclin dans toutes les branches formelles (agriculture, industries manufacturières,

industries non manufacturières, tertiaire marchand et services non marchands).

S’agissant des branches informelles, la baisse de la productivité globale des

facteurs est plus prononcée entre 1983 et 1989. Cette évolution s’est inversée au

cours de la décennie 90 avec une croissance relativement modeste.

Au total, la revue de littérature sur l’analyse des sources de la croissance pour le

Bénin montre des résultats parfois différents. Ces différences sont imputables aux

différences de méthodologie et aux sources de données. Comme le soulignait

Ianchovichina (2008), « la productivité totale des facteurs est difficile à estimer.

De petites différences au niveau des hypothèses ou des méthodologies peuvent

conduire à des résultats très différents ». Aussi est-il nécessaire de souligner que

la productivité totale des facteurs, estimée selon la méthode de la comptabilité de

la croissance, capte aussi les erreurs de mesure au niveau des variables utilisées.

Toutefois, les résultats des différentes études sur le Bénin convergent sur plusieurs

points que sont :

• la croissance au Bénin est principalement déterminée par l’accumulation des

facteurs de production. Ce résultat n’est pas le propre du Bénin. L’analyse

de la croissance dans l’ensemble des pays de l’Afrique subsaharienne donne

le même résultat ;

• la contribution de la productivité totale des facteurs à la croissance est soit

négative, soit faible selon les études et les périodes. Plusieurs études ont

insisté sur la valeur négative de la productivité totale des facteurs, montrant

ainsi que d’importants facteurs autres que ceux de production pèsent sur la

croissance au Bénin ;

• la baisse tendancielle de la productivité totale des facteurs a été enfin

soulignée, même si sur certaines sous-périodes, une légère amélioration

Page 10: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

10

peut être notée. Ce résultat témoigne d’une dégradation des conditions

macroéconomiques qui empêchent la croissance économique d’atteindre son

niveau potentiel.

2. Analyse des sources de la croissance au Bénin selon l’approche comptable

La comptabilité de la croissance est une technique qui consiste à décomposer la

croissance de l’output selon la contribution de chaque facteur de production, à

savoir le capital, le travail et à attribuer la partie non expliquée à une composante

résiduelle appelée productivité totale des facteurs (PTF). La productivité totale

des facteurs capte entre autres, la partie de la croissance économique expliquée

par le progrès technologique. De façon plus générale, elle appréhende l’impact des

facteurs autres que le travail et le capital qui permettent aux facteurs de

production d’accroître leur productivité.

Cette méthodologie a été introduite par Robert Solow en 1957. Elle considère une

fonction de production qui met en relation l’output global de l’économie avec les

facteurs travail et capital en faisant l’hypothèse que les facteurs de production

sont rémunérés à leur productivité marginale. Les détails méthodologiques sont

présentés en annexe1.

La mise en œuvre de cette méthodologie dans le cas de l’économie béninoise

donne les résultats consignés dans le tableau 1. Le choix des sous périodes a été

guidé par la disponibilité des données d’une part et par l’histoire politique du

Bénin d’autre part. De 1972 à 1989, le Bénin a expérimenté un régime marxiste-

léniniste avec un pouvoir central fort, autocrate et dictatorial. Depuis 1990, le

régime politique est démocratique avec une tendance libérale. Le mandat des

gouvernants est quinquennal.

Le test de sensibilité pour différentes valeurs du poids du facteur capital dans le

revenu (paramètre 𝛼 ) confirme les principaux résultats qui se dégagent du tableau

ci-dessous. Les résultats de ce test sont présentés en annexe 2

Page 11: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

11

Tableau 1 : Contribution des facteurs de production et de la productivité totale des

facteurs à la croissance de l’économie béninoise.

1971-1989 1990-1995 1996-2000 2001-2005 2006-2011

croissance moyenne

2,7 3,5 4,8 4,1 3,6

K 4,6 3,6 3,5 3,4 3,2

L 1,6 1,9 2,0 2,0 2,0

PTF -3,5 -1,9 -0,6 -1,3 -1,5

Source : calcul des auteurs, sur la base des données de l’INSAE et de la BCEAO. Le

paramètre 𝛼 est supposé constant et égal à 0,4.

Il ressort de ce tableau, ce qui suit :

1. En moyenne sur la période sous revue, la productivité totale des facteurs a

contribué négativement à la croissance économique au Bénin ;

2. La période 1990-2000 a été marquée par une amélioration de la productivité

totale des facteurs. Cette amélioration est imputable aux nombreuses

réformes économiques mises en œuvre depuis la Conférence Nationale de

février 1990. Cependant, depuis 2000, il est noté une dégradation de la

PTF ;

3. La croissance a été principalement tirée par l’accumulation des facteurs de

production ;

4. Le facteur capital a été la principale source de la croissance, même si sa

contribution est en baisse tendancielle. La baisse a été plus marquée sur la

période 2006-2011 du fait notamment de la décélération des

investissements ;

5. L’impact du progrès technologique qui devrait améliorer la PTF n’est pas

perceptible sur la croissance économique. Ce résultat ne signifie pas que le

progrès technologique n’a pas d’impact sur la croissance au Bénin. La PTF

n'est pas seulement une mesure du progrès technologique. Elle capte aussi

les effets de plusieurs autres déterminants de la croissance tels que la

politique économique du Gouvernement mais aussi et surtout les chocs

exogènes qui sont très récurrents au Bénin. L’effet net de ces facteurs sur la

croissance est négatif.

Ces résultats sont globalement en phase avec ceux trouvés dans la littérature.

Quelques évolutions marquées de la productivité totale des facteurs peuvent

aisément être expliquées, notamment en 1994, 2008, 2009 et 2010. En effet, ces

Page 12: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

12

années ont été respectivement marquées par la dévaluation du FCFA, une

production agricole abondante du fait de la mise en place par l’Etat d’intrants

spécifiques pour la production agricole vivrière, la crise économique internationale

et les graves inondations de l’année 2010.

Cette méthodologie, quoique simple et généralement utilisée fait l’objet de

plusieurs critiques dans la littérature (voir annexe 1). Pour cette raison, une autre

méthodologie d’analyse de la productivité totale des facteurs a été mise en œuvre

pour s’assurer de la robustesse des résultats.

Graphique 1 : Evolution de la productivité totale des facteurs (approche

comptable)

3. Approche des indices de volume de la valeur ajoutée et des prix des

inputs primaires

L'analyse de la PTF réalisée dans cette partie est une actualisation des travaux du

BIPEN 20001 avec en plus de la dimension nationale, la dimension sectorielle.

L’approche considère deux indicateurs de productivité totale des facteurs. La

première (PGF1) considère que la PTF est le rapport entre l’indice de volume de la

valeur ajoutée et l’indice de volume des inputs primaires (facteurs travail et

capital).

𝑃𝐺𝐹𝑡𝑖 1 = 𝐼𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑣𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑉𝐴𝑡𝑖 𝐼𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒 𝑑𝑒 𝑣𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝐼𝑃𝑡𝑖⁄ (1)

Lorsque PGF1 > 1, cela signifie qu’à partir d’un volume de facteurs primaires

donné, le système économique parvient à extraire un volume de VA plus grand, ce

1 Bilan et Perspectives de l’Economie Nationale, édition 2000

-0.05

-0.04

-0.03

-0.02

-0.01

0

0.01

Page 13: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

13

qui traduit une amélioration de la productivité. Dans le cas contraire, cela voudrait

dire qu’il y a une détérioration de la productivité.

Le deuxième indicateur de la productivité totale des facteurs est le rapport entre

l’indice des prix des inputs primaires et celui du prix de la valeur ajoutée.

𝑃𝐺𝐹𝑡𝑖 2 = 𝐼𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒 𝑑𝑢 𝑃𝑟𝑖𝑥 𝑑𝑒𝑠 𝐼𝑃𝑡𝑖 𝐼𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒 𝑑𝑢 𝑃𝑟𝑖𝑥 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑉𝐴𝑡𝑖⁄ (2)

Lorsque PGF2 > 1 , cela indique que le prix de la VA est plus petit que le prix des

inputs primaires, d'où une détérioration de la productivité. Dans le cas contraire, il

y a une amélioration de la productivité puisque le prix de la VA couvre celui des

inputs primaires.

Cet indicateur permet de calculer l’efficacité des coûts. La méthodologie de calcul

des indifférents indices est présentée en annexe 2

𝐸𝑓𝑓𝑖𝑐𝑎𝑐𝑖𝑡é 𝑑𝑒𝑠 𝑐𝑜û𝑡𝑠 (𝐸𝐶) = 1 𝑃𝐺𝐹2⁄ (3)

L’analyse des évolutions des indices de volume et de prix de la valeur ajoutée ainsi

que ceux des inputs primaires est présentée en annexe 3.

La mise en œuvre de cette méthodologie avec les données des comptes nationaux

de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique2 montre une

baisse tendancielle de la productivité totale des facteurs dont la chute déjà

relevée sur la période 1960-2000 par le BIPEN 2000, s’est poursuivie sur la période

2001-2011. Cette tendance baissière de la productivité totale des facteurs confirme

les résultats de l’analyse comptable.

Il ressort également du graphique 2 que le Bénin connaît depuis les années 80, une

efficacité des coûts, le prix de la valeur ajoutée étant supérieur à celui des

facteurs de production. Cette situation pourrait être attribuée aussi bien aux

efforts de restructuration au niveau nationale, qu’à la reprise des cours mondiaux

des matières premières, à partir de 1993.

2 La base de données qui avait servi à l’élaboration du BIPEN 2000 a été mis à notre disposition et notre travail a consisté à la même à jour jusqu’en 2011.

Page 14: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

14

Graphique 2 : Evolution de la productivité globale des facteurs (PGF1 et PGF2)

L’analyse de l’évolution de la PTF par secteur d’activité montre qu’aucun secteur

d’activité n’est épargné par la baisse de la productivité. L’analyse du graphique 3

amène à distinguer deux sous périodes :

- La période allant de 1960-1990, caractérisée par une baisse rapide de

productivité. Le secteur primaire a enregistré la baisse la plus marquée

tandis que la baisse a été modérée dans le secteur des services ;

- La période 1990 – 2011, caractérisée par une baisse de la productivité

beaucoup moins importante et qui suit globalement la même tendance dans

les trois secteurs d’activité.

Graphique 3 : Evolution de la productivité totale des facteurs (PGF1) dans les

secteurs d’activités

1.9112.674

12.868

17.126

11.223

4.402

0.339 0.2260.0

2.0

4.0

6.0

8.0

10.0

12.0

14.0

16.0

18.0

Productivité Globale des Facteurs 1 Productivité Globale des Facteurs 2

0.0

1.0

2.0

3.0

4.0

5.0

6.0

7.0

8.0

Primaire Secondaire Tertiaire

Page 15: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

15

L’évolution de la PTF depuis 1990 dans les différents secteurs d’activité suit la

même tendance que leur contribution à la croissance.

4. Approche sectorielle de l’analyse des sources de la croissance

Cette approche consiste en une exploitation des statistiques des comptes nationaux

pour ressortir les secteurs d’activité porteurs de la croissance au sens de la

comptabilité nationale.

L’analyse des contributions des différents secteurs à la croissance du PIB réel

montre que le principal secteur d’activité moteur de la croissance économique

depuis deux décennies reste le secteur primaire, dominé par le sous-secteur

agricole. Il faut souligner que ce secteur est entièrement exposé aux perturbations

climatiques avec une faible maîtrise de l’eau.

Le tableau ci-dessous montre que sur les 10 dernières années, la contribution du

secteur primaire a connu une baisse de plus de 0,6 point de pourcentage. Cette

baisse est tirée par la contribution négative (-0,3%) enregistrée dans le secteur

primaire en 2005 et les faibles performances des années 2010 et 2011 du fait des

perturbations climatiques. Dans un contexte marqué par une accentuation des

changements climatiques, les perspectives pour ce moteur de la croissance ne sont

pas rassurantes. Le secteur primaire qui expliquait près de la moitié de la

croissance du PIB réel de 1991 à 2000, n’en explique que le tiers environ depuis

2001.

La baisse de la contribution du secteur primaire à la croissance n’est pas le reflet

d’une réelle modification de la structure de l’économie. Les contributions des

secteurs secondaire et tertiaire ont suivi la même évolution sur la période.

Tableau 2 : Contribution des secteurs d’activité à la croissance du PIB réel (%)

Secteurs d’activité

1991-1995 1996-2000 2001-2005 2006-2011

Primaire 2,04 2,10 1,30 1,35

Secondaire 0,60 0,60 0,68 0,45

Tertiaire 0,94 1,36 1,36 1,28

Services non marchands

0,00 0,28 0,40 0,47

Taux de croissance moyen

4,20 4,84 4,10 3,66

Source : les auteurs, sur la base des données de l’INSAE

Page 16: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

16

Le secteur secondaire a affiché une contribution moyenne à la croissance de 0,6%

sur la période 1991-2005. Cependant, les cinq dernières années ont été marquées

par une baisse de près de 0,2 point du fait notamment de la contre-performance

affichée par les industries manufacturières au cours des années 2006 et 2009.

En ce qui concerne le secteur des services, il se positionne en deuxième position

derrière le secteur primaire en expliquant environ le tiers de la croissance. La

contribution de ce secteur d’activité a également connu un léger fléchissement au

cours des cinq dernières années en raison notamment de la crise économique de

2009 qui a exercé un choc sur le commerce international.

Contrairement aux secteurs d’activité, les services non marchands de

l’administration publique ont une contribution grandissante à la croissance du PIB

réel. Cette tendance de la contribution des services non marchands témoigne de

l’importance croissante des prestations sociales de l’administration publique.

Il est à souligner que les différents secteurs d’activité ont une part importante

d’activités informelles. Le tableau (3) montre les contributions respectives des

secteurs formel et informel à la croissance du PIB réel au Bénin.

Tableau 3 : Contribution des secteurs formel et informel à la croissance au Bénin

(%)

1991-1995 1996-2000 2001-2005 2006-2011

Secteur formel 0,84 1,20 1,38 0,94

Secteur informel

3,36 3,64 2,72 2,72

Taux de croissance moyen

4,20 4,84 4,10 3,66

Part du secteur informel

80,0 75,2 66,3 74,3

Sources : les auteurs, sur la base des données de l’INSAE

Il ressort de l’analyse de l’analyse de ce tableau que la croissance du PIB est

essentiellement portée par le secteur informel. Le secteur informel crée environ

les 2/3 de la richesse nationale. La baisse de la contribution de ce secteur sur la

période 2001-2005 est due à la contreperformance du secteur agricole en cette

année. Il est important de tenir compte de la prépondérance du secteur informel

dans la définition des politiques d’accélération de la croissance.

Page 17: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

17

5. Approche économétrique des sources de la croissance

L’approche économétrique utilisée dans la présente étude est une actualisation des

travaux de la Direction Générale des Affaires Economiques en 20003. L’analyse de

la croissance dans cette étude a identifié plusieurs facteurs susceptibles d’influer

sur la croissance économique. Il s’agit notamment de l’ouverture au commerce

international, de l’épargne nationale, des variables démographiques, de la

gouvernance et des variables de voisinage notamment avec le Nigeria et les pays de

l’UEMOA.

La théorie économique montre que l’ouverture au commerce international affecte

la croissance parce qu’elle encourage l’allocation optimale des ressources et crée

les conditions d’une meilleure concurrence. Elle peut également être le véhicule

des innovations techniques qui conduisent à une amélioration de la productivité

des facteurs. En effet, l’ouverture permet d’augmenter les importations

domestiques de biens et services qui incluent de nouvelles technologies. Grâce à

l’apprentissage par la pratique et le transfert de technologies, le pays connaît un

progrès technologique, sa production devient plus efficiente et sa productivité

augmente. Cependant, l’ouverture d’une petite économie peut la conduire à se

spécialiser dans un secteur de faible croissance, contribuant plutôt à laisser le pays

dans le sous-développement. Il est donc important d’analyser empiriquement

l’effet de l’ouverture commerciale sur la croissance au Bénin.

Les variables démographiques sont également identifiées comme des facteurs

explicatifs du rythme de croissance. Au nombre de celles-ci, il a été identifié dans

le BIPEN 2000, l’espérance de vie à la naissance. Elle est plus faible dans les pays

africains pauvres du fait des mauvaises conditions sanitaires et de vie. Elle est

supposée avoir un effet positif sur la croissance économique.

Il est admis dans la littérature économique que la bonne gouvernance est un

facteur de croissance. La non prise en considération des variables institutionnelles

a été identifiée comme la principale limite des modèles de croissance endogène

qui étaient eux-mêmes venus corriger les insuffisances du modèle de Solow. Les

variables institutionnelles portent sur i) la qualité des institutions ; ii) le pouvoir

judiciaire et sa capacité à faire respecter la loi et à veiller au respect des

3 Bilan et Perspectives de l’Economie Nationale, édition de l’année 2000

Page 18: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

18

contrats ; iii) le poids de la bureaucratie ; iv) le niveau de la corruption ; v) le

risque d’expropriation ; vi) l’instabilité politique ; vii) le respect des droits de

propriété ; etc.

Des variables de voisinage ont été également annoncées mais non utilisées dans les

estimations du BIPEN 2000. Ces variables sont d’un grand intérêt particulièrement

pour l’économie béninoise. Le voisinage avec le Nigeria et la grande porosité des

frontières ne devraient pas être sans impact sur l’économie béninoise. Par ailleurs,

le Bénin appartient à un espace économique régional censé avoir un impact positif

sur ses performances économiques.

La formulation du modèle

Pour la formulation du modèle, il est retenu un modèle de type Cobb-Douglas

classique qui se présente comme suit :

Y = AKαLβ (4)

Avec comme précédemment définis K représentant le facteur capital et L

représentant le facteur travail. Y représente l’output qui est appréhendé par le PIB

réel. A représente la productivité totale des facteurs qui peut être mieux

développée. Dans le cadre de la présente spécification, on posera :

A = A0eλ ; λ = λ1DO + λ2TCN + λ3TCU (5)

Où DO est l’indicateur du degré d’ouverture. Il s’agit de la somme des

exportations et des importations rapporté au PIB. TCN est mis pour le taux de

croissance de l’économie nigériane et TCU est mis pour le taux de croissance des

pays de l’UEMOA. En remplaçant dans (7) A par sa valeur et en linéarisant, on

obtient :

lnPIB = lnA0 + αlnK + βlnL + λ1DO + λ2TCN + λ3TCU + ε (6)

Compte tenu des développements précédents, les signes attendus pour chacun des

coefficients est positif.

L’absence dans le modèle des variables relatives à la gouvernance et à l’espérance

de vie à la naissance est due à l’indisponibilité d’une série suffisamment longue

pour faire des estimations économétriques.

Page 19: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

19

Les données relatives au PIB réel, au degré d’ouverture et au taux de croissance

des pays de l’UEMOA ont été obtenues grâce à la base de données de la BCEAO,

disponible en ligne. Les indicateurs de capital et de travail utilisés sont les indices

de stock de capital et de quantité de travail calculés dans la section 2 (voir

annexes 3). Les statistiques sur le taux de croissance du Nigeria proviennent de la

base de données du Fonds Monétaire International (FMI) disponibles en ligne.

Compte tenu de l’indisponibilité de toutes les données sur une longue période, les

données utilisées couvrent la période 1980-2011, soit 32 observations.

L’estimation du modèle (9) a conduit à la spécification d’un modèle de court terme

et d’un modèle de long terme. La démarche économétrique adoptée est expliquée

en annexe 5.

Relation de long terme

𝑙𝑛𝑃𝐼𝐵𝑡 = 7,2∗ + 0,18∗𝑙𝑛𝐾𝑡 + 0,30∗𝑙𝑛𝐿𝑡 + 𝜀𝑡 (10)

𝑅2 = 0,91 𝐷𝑊 = 𝑂, 58

Les (*) désignent les coefficients significatifs à 5%.

Relation de court terme

∆𝑙𝑛𝑃𝐼𝐵𝑡 = −0,07 − 0,02 ∆𝑙𝑛𝐾𝑡 + 0,03 ∆𝑙𝑛𝐿𝑡 + 0,14∗𝐷𝑂𝑡 + 0,12∗∗𝑇𝐶𝑁 + 0,19𝑇𝐶𝑈

−0,19∗𝜀𝑡−1 + 𝑢𝑡 (11)

𝑅2 = 0,64 𝐷𝑊 = 1,83

Le signe ∆ devant une variable désigne sa différentielle et (**) fait référence à la

significativité au seuil de 10%.

La relation de long terme montre que le facteur capital et le facteur travail

agissement positivement sur la croissance de long terme. Une hausse du stock de

capital de 1% induit une hausse de l’output de 0,18% tandis qu’une hausse de la

quantité de travail de 1% induit une hausse de l’ouput de long terme de 0,3%. Les

facteurs de production expliquent à 91% les évolutions du PIB. Il s’en suit la

croissance de long terme est principalement expliquée par les facteurs de

production que sont le travail et le capital4.

4 Ces résultats sont proches de ceux trouvés dans le BIPEN 2000.

Page 20: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

20

Dans la relation de court terme, les estimations montrent que la croissance du

stock de capital, celle de la main-d’œuvre occupée, et le taux de croissance de

l’UEMOA n’ont pas d’effets significatifs sur la croissance de l’économie.

La non significativité du coefficient du stock de capital avait déjà été trouvée en

2000. Elle pourrait s’expliquer par le fait qu’un certain délai est nécessaire pour

que l’investissement impacte la croissance.

La non significativité de la croissance de la main d’œuvre peut être imputée à sa

faible qualité étant donné que plus de 80% de la population active n’a pas dépassé

le niveau d’éducation primaire5.

En ce qui concerne la non significativité du taux de croissance de l’UEMOA sur la

croissance de l’économie béninoise, elle peut s’expliquer par la faible intégration

des économies de l’union économique et monétaire.

Par contre, le degré d’ouverture et le taux de croissance du Nigeria ont un impact

positif et significatif sur la croissance de l’économie béninoise à court terme. Une

hausse du degré d’ouverture d’un point augmente la croissance de l’output de 0,14

point. En ce qui concerne le taux de croissance de l’économie nigériane, une

accélération de la croissance de l’économie nigériane d’un point induit une

croissance de l’activité de 0,12 point.

Il s’en suit que la croissance à court terme de l’économie nationale est

principalement tirée par l’ouverture commerciale et la croissance de l’économie

nigériane. Même si au plan statistique, le coefficient de corrélation entre ces deux

variables est faible (-0,21%), on comprend aisément que la croissance de

l’économie nigériane affecte les importations et les exportations par le biais de

l’activité de réexportation.

5 Source : RGPH 2002 et EMICOV 2009

Page 21: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

21

Conclusion

Le présent rapport a analysé les sources de la croissance. Plusieurs approches

d’analyse ont été passées en revue afin de mieux cerner les contours de la

question.

L’approche comptable qui s’inspire des travaux de Robert Solow (1957) a montré

que le principal déterminant de la croissance au Bénin est le facteur capital. La

croissance est globalement mue par une accumulation des facteurs de production.

La PTF est globalement négative sur la période d’analyse. Ce signe de PTF montre

qu’il existe d’importants facteurs autres que ceux de production qui tirent la

croissance vers le bas. Au nombre de ces facteurs, on peut notamment citer les

changements climatiques dont les effets sont de plus en plus importants.

La mise en œuvre de l’approche par les indices de volume et de prix, utilisée dans

le BIPEN 2000 a globalement conduit aux mêmes résultats.

L’analyse sectorielle montre que la croissance émane principalement du secteur

primaire. La contribution à la croissance du secteur primaire est cependant en

baisse depuis près d’une décennie, à l’instar de celle des secteurs secondaire et

tertiaire. Cette situation se justifie entre autres par la baisse de la productivité

totale des facteurs dans les différents secteurs d’activité.

L’analyse sectorielle montre également que la croissance économique émane

principalement du secteur informel qui génère les 2/3 de la croissance enregistrée

par l’économie béninoise.

Enfin, l’analyse économétrique a permis d’établir que la croissance de long terme

est principalement déterminée par les facteurs de production. Cependant, à court

terme, l’impact des facteurs de production n’est pas significatif. La croissance est

plutôt déterminée par l’ouverture commerciale et l’évolution de l’économie

nigériane.

Le facteur capital étant le principal moteur de la croissance, il est nécessaire

d’identifier les investissements qui auront un effet important sur le développement

du secteur privé. Par ailleurs, le niveau d’instruction de la population béninoise est

particulièrement faible. Un renforcement du capital humain devrait permettre

d’augmenter la contribution du facteur capital à la croissance de l’économie.

Page 22: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

22

L’ouverture commerciale et l’économie nigériane ont surtout des effets de court

terme. Il est donc nécessaire que la politique économique se concentre sur les

facteurs de croissance à long terme malgré les difficultés politiques que cela

pourrait engendrer.

Page 23: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

23

Références bibliographiques

Balaro,G, Vodounou, C et Hounkpodoté, E(2010), « Politiques de croissance pro-pauvre : quelles stratégies pour le Bénin », PNUD.

Bilan et Perspectives de l’Economie Béninoise (BIPEN), Sources de la croissance de l’économie béninoise, édition de l’année 2000

Bosworth B., Collins S. M. (2008) Accounting for growth: comparing China and India, Journal of Economic Perspectives. Vol 22, N°1, pp. 45-66

Bosworth B., Collins S. Virmani A. (2007) Sources of growth in the indian economy, NBER working papers series, Working Paper 12901

Conseil d’Analyse Economique de la Présidence de la République (2008), Sources de la croissance économique au Bénin, diagnostic et perspectives

Dossou A, J.Y Sinzogan (2001), Analyse des déterminants de la croissance au Bénin, African Economic Research Consortium (AERC), programme de recherche «Explaining African Economic Growth Performance »

Elena Ianchovichina (2008), What are the Binding Constraints to Growth in Benin?

Hausmann R., Klinger B., Wagner R. (2008), Doing Growth Diagnostics in Practice: A ‘Mindbook, CID Working Paper No. 177

Haut Commissariat du Plan au Maroc (2005), les sources de la croissance au Maroc

Kalamogo, C, Houeninvo, T, Hountondji, G (2007), Sources of growth in Rwanda and Benin using four different complementary approaches

Ndulu, B. J. et S. A. O’Connell (2000), Background Information on Economic Growth », AERC, programme de recherche «Explaining African Economic Growth Performance »

PEGATIENAN Jacques, "Les sources de la croissance économique en Côte d’Ivoire", Document de Travail N°5 Novembre 1994

Régis Bourbonnais (2003), Econométrie, 5ème édition

Rosegrant W. and Evenson E (1995), Total factor productivity and sources of long term growth in indian agriculture, EPTD Discussion Paper NO. 7

Sandrine Lardic et Valerie MIGNON (2002), Econométrie des séries temporelles macroéconomiques et financières, Economica

SHEKHAR AIYAR and CARL-JOHAN DALGAARD (2005), Total Factor Productivity Revisited: A Dual Approach to Development Accounting, IMF staff papers

SOLOW R., "Perspectives sur la théorie de la croissance", Journal of Economic Perspectives Vol 8 N°1 pp 45 – 54

Tahari A., Ghura D., Akitoby B., Aka B (2004), IMF Working papers

Yaya Keho (2005) Modélisation VAR et Application. Note pédagogique ENSEA

Page 24: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

24

Ricardo Hausmann, Bailey Klinger, Rodrigo Wagner (2008), Doing Growth Diagnostics in Practice: A ‘Mindbook’, CID Working Paper No. 177

Page 25: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

25

Annexe 1 : Méthodologie et sources de données pour la comptabilité de la

croissance

Construit à partir des travaux de Solow (1957), les analyses de productivité

commencent avec le concept d’une fonction de production agrégée. Comme

montré dans la relation (1), cette fonction met en relation l’output (Q) avec les

facteurs de production que sont le capital (K) et le travail (L), ainsi que le

changement technologique (A).

Qt = AtF(Kt, Lt) (1)

En faisant l’hypothèse que les facteurs de production sont rémunérés à leur produit

marginal, il est possible de dériver une équation liant la croissance de l’output à la

croissance des facteurs de production et d’un terme résiduel communément appelé

Productivité Totale des Facteurs (PTF).

dln(Q) = skdln(K) + sLdln(L) + ∆ln (PTF) (2)

Où sK et sL sont respectivement les parts du capital et du travail dans le revenu.

Dans cette étude, il est retenu une fonction de production de type Cobb-Douglas

avec une contribution constante des facteurs de production à l’output.

Qt = At(Ktα, Lt

1−α)γ (3)

A représente toujours la PTF et γ capte les rendements d’échelle. Dans cette

formulation plus restreinte de l’équation (2), sK et sL sont remplacés par des

constantes.

Il est devenu standard d’ajuster les facteurs de production, particulièrement le

travail pour refléter les changements de qualité. A cet effet, deux méthodologies

sont généralement utilisées. La première cherche à classer la force de travail en

fonction d’un certain nombre de caractéristiques telles que le niveau d’éducation,

l’âge, la profession et le genre. Les données sur ces caractéristiques sont

combinées avec celles du taux de salaire pour déterminer la part de chaque sous-

groupe dans la rémunération totale. Une mesure ajustée de la force de travail

peut être calculée comme suit :

dlnL∗ = ∑ vidlnLii (4)

Page 26: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

26

Cependant, la mise en œuvre de cette méthodologie est très intensive en donnée.

Il faut aussi remarquer que les différences de taux de salaire peuvent être

également imputables aux différences de productivité et non à l’âge, au genre ou

aux autres caractéristiques.

Une méthode alternative est d’utiliser un indice simple de scolarité pour tenir

compte des différences de compétence. Cet indice peut prendre la forme

suivante :

L∗ = easL (5)

Il suppose que chaque année d’éducation 𝑠 améliore la productivité de la main

d’œuvre par un pourcentage constant a. Il ressort de la littérature que a est

compris entre 7 et 12%6. Cet ajustement n’est pas été fait dans le cadre de cette

étude à cause de l’indisponibilité d’une série pertinente sur le nombre moyen

d’années d’étude dans la population active.

Source des Données

Les données utilisées sont essentiellement produites par les structures nationales.

Elles couvrent la période allant de 1965 à 2011.

Les données sur le stock de capital ne sont pas disponibles sur la période de

l’étude. Ce problème n’est pas spécifique au Bénin. Pour le pallier, la méthode de

l’inventaire perpétuel est généralement utilisée dans cette approche pour estimer

le stock de capital. Ainsi, le stock de l’année t est calculé de la façon suivante :

Kt = (1 − δ)Kt−1 + It (6)

L’investissement a été appréhendé par la formation brute de capital fixe. Il a été

supposé que le ratio capital-ouput (ou coefficient de capital) est de 1,5 en 19657 et

le taux de dépréciation du capital a été fixé à 6%. La valeur de α retenue est de

0,48.

L’output (Q) a été appréhendé par le PIB réel. Les données sur le PIB réel sont

celles de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest disponibles en ligne.

6 Barry Bosworth et al. (2007) 7 Les études du FMI et de la Banque Mondiale sur cette question ont respectivement supposé un coefficient de capital de 1,5 et de 1 à la période initiale en 1960. Le ratio capital-output de 1965 a été supposé constant à celui de 1960 du fait de l’indisponibilité de données comparables sur le PIB constant et l’investissement en 1960 au Bénin. 8 Source : Amor Tahari, Dhaneshwar Ghura, Bernardin Akitoby, and Emmanuel Brou Aka, FMI (2004)

Page 27: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

27

La force de travail a été appréhendée par la population active occupée. Ces

données proviennent des recensements de la population des années 1972, 1992 et

2002 de l’Institut National de la Statistique et d’Analyse Economique (INSAE). Pour

déterminer la population entre deux recensements, un taux de croissance

démographique moyen a été déterminé par le biais de la formule (7)

txdm = (Pop_N1 ⁄ POp_N2 )1

10⁄ − 1 (7)

où txdm représente le taux de croissance démographique moyen, Pop_N1 et Pop_N2

représentent respectivement les populations actives occupées aux recensements

des années 1 et 2.

Pour ajuster le facteur capital en tenant compte du niveau d’éducation de la main-

d’œuvre, un retraitement des données de l’Enquête Modulaire Intégré sur les

Conditions de Vie des ménages de 2009 a été fait. Il en est ressorti que le nombre

moyen d’année d’étude de la population active occupée est de 2,1. Par ailleurs,

des progrès ont été réalisés sur le plan de l’éducation au cours des dernières

années. Le taux de croissance moyen des effectifs inscrit au primaire s’est affiché

à 21% sur la période 2005-2007 contre seulement 6% sur la période 2000-2004. Le

rendement de l’éducation (a) est supposé égal à 10%9.

Critiques de la méthode de la comptabilité de la croissance

La méthode de décomposition de la croissance de Solow fait l’objet de nombreuses

critiques dont voici quelques-unes :

- Au niveau de l’aspect théorique, l’hypothèse des rendements d’échelle

constants va à l’encontre de tous les modèles de croissance endogène qui

postulent des rendements d’échelle croissants. Selon Barro, on ne peut

utiliser des rendements d’échelle constants et il n’ya pas de manière claire

de détermination des poids à utiliser pour les facteurs de production.

- La manière dont le stock de capital est calculé peut ne rien avoir avec la

situation sur le terrain. Les investissements réalisés peuvent se révéler

inefficients, inutiles ou obsolètes à un rythme différent du taux de

dépréciation supposé pour les calculs.

9 Ce coefficient a été utilisé par Elena Ianchovichina (2008) pour le cas du Bénin.

Page 28: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

28

- Les résultats dépendant de la décomposition retenue pour les facteurs de

production. Les indicateurs sont mesurés avec beaucoup d’imprécisions qui

se répercutent sur le résidu.

- Les composantes de la croissance ne sont pas vraiment indépendantes. Par

exemple, un faible niveau d’investissement peut être imputable à une faible

productivité.

Cependant, ces différentes critiques n’empêchent pas l’utilisation de la

méthodologie. Elles indiquent toutefois que les résultats doivent être considérés

avec beaucoup de prudence.

Annexe 2 : test de sensibilité de la PTF aux différentes valeurs du paramètre 𝛂

0,3 0,35 0,4 0,45

Année K L PTF K L PTF K L PTF K L PTF

1970-1990 3,5 1,8 -2,6 4,1 1,7 -3,0 4,6 1,6 -3,5 5,2 1,4 -3,9

1991-1995 2,7 2,2 -1,3 3,1 2,1 -1,6 3,6 1,9 -1,9 4,0 1,7 -2,2

1996-2000 2,6 2,3 0,0 3,0 2,1 -0,3 3,5 2,0 -0,6 3,9 1,8 -0,9

2001-2005 2,6 2,3 -0,7 3,0 2,1 -1,0 3,4 2,0 -1,3 3,8 1,8 -1,5

2006-2011 2,4 2,3 -1,0 2,8 2,1 -1,3 3,2 2,0 -1,5 3,6 1,8 -1,7

Source : les auteurs, sur la base des données de la BCEAO

Annexe 3 : Méthodologie de calcul des indices des facteurs de production

• Indice du volume du travail

L’Indice de Volume du Travail tous secteurs confondus et par année.

IVTt = ∑ ati × IVTti

3

1

Où ati désigne la part du secteur i dans la Valeur Ajoutée de l’année t (ces parts

sectorielles de Valeur Ajoutée proviennent des travaux du BIPEN 2000) ;

l’Indice de Volume du Travail (IVTti) du secteur i à l’année t : IVTti =VTti

VT0i avec

VTti = PAoti × 40 heures × 52 semaines (PAoti étant la population active occupée à

l’année t dans le secteur i)

• Indice du prix du travail

L’Indice de Prix du Travail se définit comme étant le rapport entre l’Indice de la

Valeur Ajoutée du Travail (IVAT) et l’Indice de Volume du Travail (IVT).

Page 29: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

29

Soit, IPTti =IVATti

IVTti⁄

• Indice du volume du capital

Le calcul du stock de capital par secteur à l’année t s’obtient par la formule :

Kti = (µ − γi)−1 × Iti

Où μ est le taux de dépréciation du capital fixé par hypothèse à 5 ;

γi est le taux de croissance moyen de la Valeur Ajoutée en volume pour le secteur

i ; Iti est l’investissement dans le secteur i à l’année t.

Le calcul du stock agrégé du capital pour l’ensemble des secteurs s’obtient en

faisant la moyenne arithmétique du stock de chaque secteur pondérée par la part

de chaque type d’investissement dans l’investissement total.

• Indice du prix du capital

L’Indice de Prix du Capital se définit comme étant le rapport entre l’Indice de la

Valeur Ajoutée Capital et l’Indice du Stock de Capital.

Soit, IPKti =IVAKti

Kti⁄

• Indice du volume de la valeur ajoutée

L’indice du volume de la valeur ajoutée à l’année t pour le secteur i est le rapport

de la valeur ajoutée à prix constant à l’année t pour ce secteur et sa valeur à

l’année de base.

Soit, IVVAti =VVAti

VVA0i⁄

• Indice du prix de la valeur ajoutée

L’indice du prix de la valeur ajoutée à l’année t dans le secteur i est le rapport

l’indice de la valeur ajoutée en valeur et l’indice de la valeur ajoutée en volume.

• Indice du volume des inputs primaires

L’indice du volume des inputs primaires à l’année t dans le secteur i résulte de la

somme pondérée par les parts de la valeur ajoutée de chaque facteur dans la

valeur ajoutée totale du secteur des indices de volumes du travail et du capital.

• Indice du prix des inputs primaires

Page 30: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

30

A l’instar de l’indice du volume des inputs primaires, l’indice du prix des inputs

primaire à l’année t dans le secteur i résulte de la somme pondérée par les parts

de la valeur ajoutée de chaque facteur dans la valeur ajoutée totale du secteur du

secteur des indices de volumes du travail et du capital.

Annexe 4 : Evolution des indicateurs relatifs aux facteurs de production

• Evolution de l’Indice de Volume du Travail

Pour l’ensemble des trois secteurs, l’évolution du Volume de Travail est marquée

par une tendance à la hausse. Par ailleurs, il est observé que l'accentuation de

cette tendance survient dans tous les secteurs, à certaines dates bien précises.

Cette tendance reflète bien les trois phases de la politique d’emploi au Bénin : la

politique prudente d’embauche de 1960 à 1975, les recrutements systématiques de

1975 à 1986, les recrutements basés sur les besoins, la disponibilité des ressources

après 1986.

Graphique 3 : Evolution du l’indice de volume du travail

Dans le Secteur Primaire on note l’envolée du volume de travail entre 1992 et

2011, suite à l'enregistrement de taux de croissance élevés dans ce secteur,

résultant de la relance de la production végétale.

Il en est de même que dans le secteur secondaire, où l'évolution du volume de

travail a connu une nette envolée soutenue, de 1991 à 2011, ce qui peut

0.605 0.720

1.000

1.500

1.863

2.559

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

Page 31: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

31

s’expliquer par une arrivée massive des diplômés de l’enseignement supérieur sur

le marché de l’emploi.

Dans le secteur tertiaire, on observe une évolution similaire mais avec une envolée

moindre sur la période 1990 et 2011.

Graphique 4 : Evolution de l’indice du volume du travail dans les secteurs primaire,

secondaire et tertiaire.

Evolution de l’Indice de Prix du Travail

L’évolution de l’indice de prix du facteur travail, a connu trois phases. La première

correspondante à une hausse enrégistrée de 1960 à 1982, conforme à la tendance

du niveau général des prix ; la seconde caractérisée par une baisse qui traduit la

chute du niveau général des prix observée au cours des décennies 80 et 90, qui du

reste, a bénéficié de la maîtrise progressive des prix dans les pays industrialisés

(0,674 en 2001) ; et une troisième marquée par une stagnation reflétant la maîtrise

du niveau général des prix dans les pays de l’UEMOA (0,745 en 2001).

0.6171.000

0.000

0.500

1.000

1.500

2.000

2.500

3.000

Primaire Secondaire Tertiaire

Page 32: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

32

Graphique 5 : Evolution de l’indice de prix du travail

• Evolution de l’Indice de Volume du Capital

L’Indice du Stock de Capital de l’ensemble de l’économie a augmenté très

légèrement de 1960 à 1990. Sur cette période, il a évolué de 0,083 à 0,930 contre

une évolution croissante à un rythme beaucoup soutenu passant de 1 en 1991 à

9,428 en 2011. Son taux d’accroissement moyen annuel sur cette période est de

11,9 par an.

Graphique 6 : Evolution de l’indice de volume du capital

0.712

1.348

1.190

1.285

0.840

0.6740.745

0.0

0.2

0.4

0.6

0.8

1.0

1.2

1.4

1.6

Page 33: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

33

• Evolution de l’Indice de Prix du Capital

Graphique 7 : Evolution de l’indice de prix du capital

Une baisse constante de l’indice de prix du capital est observée depuis 1960. Le

niveau de l’indice est passé de 4,635 en 1960 à 0,582 en 2001, soit une baisse

moyenne annuelle d’environ 6,5. Cette baisse se justifie par la baisse continue du

niveau général des prix aussi bien au Bénin que dans les pays industrialisés,

fournisseurs de biens d'équipement, notamment celui des Inputs primaires.

• Indice de Volume des Inputs Primaires

0.083 0.191

0.716

0.150

0.930

2.559

5.448

8.785

9.428

0.0

1.0

2.0

3.0

4.0

5.0

6.0

7.0

8.0

9.0

10.0

4.6354.517

6.018

3.766

4.280

5.183

0.793

1.676

0.657 0.582

y = -0.0967x + 4.5057R² = 0.6984

-1.0

0.0

1.0

2.0

3.0

4.0

5.0

6.0

7.0

Page 34: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

34

A l’instar des évolutions connues par l’indice de volume du travail et l’indice de

volume du capital, l’indice de volume des inputs primaires s’est a connu une

augmentation régulière ces deux dernières décennies, atteignant des proportions

jamais réalisées sur l’ensemble de la période d’analyse.

Graphique 8 : Evolution de l’indice de volume des inputs primaires

• Indice de Prix des Inputs Primaires

L’indice du prix des inputs primaires a enregistré deux tendances fondamentales,

celle de la baisse progressive entre 1960 (3,837) et 1981 (1,125) et celle de la

stabilité relative entre 1984 et 2011, autour de 1, due à la maîtrise de l’inflation

aussi bien au plan national qu’au plan international.

Graphique 9 : Evolution de l’indice de prix des inputs primaires

0.189 0.307

0.908

2.335

4.692

7.391

0.0

1.0

2.0

3.0

4.0

5.0

6.0

7.0

8.0

9.0

3.837

4.969

3.512

1.125

4.215

0.488

0.6600.618

0.0

1.0

2.0

3.0

4.0

5.0

6.0

Page 35: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

35

• Indice de Volume de la Valeur Ajoutée

L’analyse des différentes évolutions des indices de volume de la valeur ajoutée

tous secteurs confondus montrent que la valeur ajoutée dégagée est non seulement

faible, mais a connu une évolution très timide, même si une reprise de la valeur

ajoutée est observée à partir de 1992. Cette situation pose, sous un nouveau jour,

le problème de la productivité au Bénin. La droite d’ajustement linéaire de l'indice

du volume de la valeur ajoutée de l’ensemble des secteurs est pratiquement

identique à celui du secteur tertiaire.

Graphique 10 : Evolution de l’indice de volume de la valeur ajoutée dans les

secteurs d’activités

• Indice de Prix de la Valeur Ajoutée

L’évolution de l’indice de prix de la valeur ajoutée a été continûment croissante

avec plusieurs rythmes d’accroissement. En effet, l’indice est passé de 0,30 en

1960 à 0,99 en 1985, puis il est resté autour de 1 sur la période de 1986 à 1993

avant de renouer avec une croissance plus élevée entre 1994 (1,46) et 2011 (2,84).

Graphique 11 : Evolution de l’indice de prix de la valeur ajoutée

0.816

1.225

1.996

2.477

y = 0.0303x + 0.1702R² = 0.9493

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

Ensemble Primaire Secondaire Tertiaire Linear (Ensemble)

Page 36: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

36

• Efficacité des Coûts

L’évolution de l’Efficacité des Coûts (inverse de la productivité globale des

facteurs) reste cohérente avec celle de la Productivité Globale des Facteurs.

Graphique 12 : Evolution de l’efficacité des coûts

Annexe 5: Détails de l’estimation du modèle économétrique

lnPIB = lnA0 + αlnK + βlnL + λ1DO + λ2TCN + λ3TCU

Les différentes phases de l’estimation de la relation spécifiée plus haut sont les

suivantes :

1- Tests de stationnarité

Dans un premier temps, les tests de stationnarité ont été réalisés sur les données

de l’étude. Les tests réalisés sont ceux de Dickey-Fuller Augmenté (ADF), Philippe

0.300.54

0.99 1.08

1.46

2.24

2.84y = 0.2278e0.0515x

R² = 0.9657

0

0.5

1

1.5

2

2.5

3

3.5

0.076

0.737

0.227

1.123 1.164

4.081

3.122

4.430

0.0

0.5

1.0

1.5

2.0

2.5

3.0

3.5

4.0

4.5

5.0

Page 37: SOURCES DE LA CROISSANCE ET PRODUCTIVITE TOTALE DES ... · la comptabilité de la croissance de Solow(1957), les auteurs montrent que la croissance dans ces pays est déterminée

37

Perron (PP) et KPSS. Il ressort de ces tests que les variables PIB, le capital (K),

l’indicateur du facteur travail (L) sont intégrées d’ordre 1 tandis que les taux de

croissance de l’économie nigériane (TCN) et celui de l’UEMOA (TCU) ainsi que et le

degré d’ouverture (DO) sont stationnaires à niveau. L’existence dans le modèle de

trois variables intégrées de même ordre conduit à un risque de cointégration ; d’où

la nécessité de faire un test de cointégration.

2- Test de cointégration

Le test de cointégration effectué est le test de Johansen (1988). Ce test a

l’avantage de fournir le nombre de relations de cointégration. Ayant obtenu une

relation de cointégration entre les trois variables intégrées d’ordre 1 (I(1)) , il est

possible d’adopter la méthode du modèle à correction d’erreur à deux étapes de

Engle et Granger (1987) en estimant un modèle de long terme et un modèle de

court terme.

3- Estimation du modèle de long terme

Le modèle de long terme a été estimé entre les variables non stationnaires. Le

résidu de ce modèle est stationnaire, ce qui confirme l’existence de la

cointégration entre les variables retenues.

4- Estimation de la relation de court terme

La relation de court terme a été estimée en tenant compte des variables non

stationnaires différentiées et variables stationnaires à niveau. La validation de la

spécification suppose que le résidu du modèle de long terme soit négatif et

significatif ; ce qui était le cas.

5- Tests de validation du modèle

Pour la validation du modèle, les tests de normalité, d’homoscédasticité et de non

autocorrélation ont été mis en œuvre. Ces tests ont permis de valider le modèle.