sommaired1n7iqsz6ob2ad.cloudfront.net/document/pdf/53273822beac2.pdf · 2014. 3. 17. · sommaire...
TRANSCRIPT
SOMMAIRE
INTRODUCTION p.2
Partie 1 : le processus de mémorisation et les effets
de la musique : définition des concepts et des hypothèses
de recherche p.7
1.1. Le processus de mémorisation ; une notion et un processus
complexe p. 7
1.2. Présentation, caractérisation et fonction du stimulus musical en
matière de publicité p. 20
1.3. Etablissement des hypothèses de recherche p. 25
Partie 2 : L’étude des hypothèses de recherche :
quelle est l’influence de la musique quant à la
mémorisation des messages publicitaires ? p.29
2.1 L’influence de la musique sur l’attention/compréhension p.29
2.2 L’influence de la musique sur la compréhension/acceptation
p.38
2.3 Quelle utilisation de la musique dans la publicité ? p.46
CONCLUSION p.50
BIBLIOGRAPHIE p.53
ANNEXES p.56
GLOSSAIRE p.63
TABLE DES MATIERES p.64
1/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
INTRODUCTION
ALICE, CLUB INTERNET, MAAF ASSURANCES, CETELEM, EVIAN,
CARTE D’OR, DIM, HARIBO, SFR, les compagnies de renseignements
téléphoniques (118 008, 118 218) ..., nombre de ces grandes marques et
compagnies utilisent aujourd’hui le stimulus musical au sein de leur publicité.
L’omniprésence de la musique au sein des publicités télévisées est ainsi d’ores et
déjà une réalité. Selon KORN, 90% des publicités télévisuelles ou radiophoniques
contiennent un message musical (KORN1 1994, cité par GALLOPEL 2000)
Cette utilisation massive trouve alors son explication en grande partie dans
la croyance que la présence de musique (contrairement à l’absence) facilite la
mémorisation du message véhiculé par la publicité, ou tout au moins permet de
créer de manière plus aisée des associations avec le produit ou la marque. Cette
idée a été notamment avancée par YALCH (YALCH2 1991, cité par GALAN 1999)
De même, selon MAZOYER F. (2000), « le son est un puissant stimulant
d’achat » dans la mesure où elle crée un vrai lien affectif avec le lieu ou l’univers
de la marque. A ce propos, la musique contribue à 50 voire à 80% au succès
d’une campagne commerciale (SEGUELA 1995, cité par GALLOPEL 2000)
La dernière grande campagne de publicité télévisée conçue par la marque
d’eau minérale « EVIAN» en est ainsi un exemple flagrant3. En effet, celle-ci
utilisait un grand standard des années 1980 « WE WILL ROCK YOU » interprété
par QUEEN. L’utilisation de cette musique a alors eu un effet bénéfique sur la
marque d’un point de vue tant qualitatif que quantitatif. Celle-ci a ainsi connu un
net rajeunissement de son image de marque perçue et une augmentation
significative des ventes et de ses parts de marché sur le territoire français.
Le développement de la diffusion de musique d’ambiance et de fonds
sonores semble alors avoir atteint son paroxysme. En effet, l’utilisation de ce
1 Korn (1994), Musique et publicité : Love story, Keyboards Magazine, 73, pp 20-262 Yalch RF. (1991), Memory in Jingle Jungle : Music as a mnemonic device in communicatingadvertising slogans, Journal of applied psychology, vol. 76, n°2, pp. 268-2753 Source : Le Marketing Sensoriel du point de vente, Dunod, pp.47-84
2/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
stimulus semble aujourd’hui indispensable. A cet égard, on ne compte plus les
lieux ou les situations quotidiennes où son utilisation est devenue quasi
systématique. Ce sont notamment le cas des points de vente, des attentes
téléphoniques, des cafés, hôtels, restaurants, ainsi que des centres villes.
Ce développement du marketing musical, et plus largement du marketing
sensoriel, s’explique originellement par la multiplication des points de vente et des
circuits d’achat (vente par correspondance, Internet….). Le marketing sensoriel
ou l’« atmosphère » constituait, et constitue encore aujourd’hui, une source de
différenciation à l’image des points de vente de l’enseigne « Nature &
Découvertes ». Précurseur en la matière, cette enseigne stimule l’odorat, le
toucher, la vue, mais également l’ouïe au sein même de ces points de vente.
Ce terme d’ « atmosphère » a été utilisé pour la première fois par KOTLER.
(KOTLER4 1974, cité par RIEUNIER 2000) Celui-ci désigné alors « l’effort
d’agencement, de conception du lieu de vente, destiné à provoquer chez le
consommateur certaines réactions émotionnelles spécifiques devant augmenter
sa probabilité d’achat ».
Plus précisément, l’atmosphère se compose de différents éléments : le
design, la lumière, la qualité de l’air, la décoration intérieure et la musique (YOO,
Park et MACINNIS5 1998, cité par RIEUNIER 2000). RIEUNIER (2000), s’inspirant
de ces travaux, définit ce terme de la façon suivante : « L’atmosphère du point de
vente se réfère à tous les éléments du magasin qui peuvent être contrôlés afin
d’influencer les réactions affectives, cognitives, physiologiques et/ou
comportementales des occupants (consommateurs et/ou employés). Ces
éléments peuvent être multiples et incluent des stimuli d’ambiance tels que la
couleur (étudié par ROULLET), l’odeur (étudié par DAUCE), la musique (étudié
par GALLOPEL et RIEUNIER), la lumière et les matières ».
Ce terme rejoint aujourd’hui celui de marketing sensoriel ou
« polysensoriel », qui peut être défini comme un procédé visant à stimuler les cinq
sens de l’Homme que sont la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat, et ceci
4 KOTLER (1974), Atmospherics as a marketing tool, Journal of retailing, 49,4, 48-645 YOO C., PARK J., MACINNIS DJ. (1998), Effects of shore characteristics and in-store emotionnalexperiences on store attitude, Journal of Business Research, 42, 253-263
3/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
dans le but ultime de stimuler un comportement favorable du consommateur tel
qu’une augmentation des ventes, une augmentation des intentions d’achat, ou une
meilleure mémorisation des messages publicitaires.
Le marketing sensoriel se décompose alors selon cinq catégories
distinctes, chaque catégorie correspondant à un sens de l’Homme. Il s’agit du
marketing visuel, du marketing gustatif, du marketing tactile, du marketing olfactif
et du marketing auditif.
Plus concrètement, concernant le marketing musical (sujet de notre étude),
la thèse de Sophie RIEUNIER (2000), a démontré que la musique a une réelle
influence au sein des points de vente. Elle agit effectivement sur le temps passé
réel et perçu en leur sein, la vitesse de circulation, le nombre d’interactions entre
les acheteurs et les vendeurs, le nombre d’achats impulsifs, ainsi que le temps
perçu d’attente aux caisses.
L’importance du marketing sensoriel et notamment du marketing musical
semble alors indéniable au sein des points de vente ; mais qu’en est-il de son
action dans la publicité ?
En effet, les supports de publicité multimédia et la technologie actuelle
limitent l’utilisation de certains types de marketing sensoriel dans les campagnes
de publicité. Ainsi, le marketing gustatif, tactile ou olfactif sont totalement
incompatibles avec une campagne de communication ou une publicité diffusée à
la télévision, sur Internet, voire à la radio. Ceci montre toute l’importance de la
musique au sein des publicités, notamment télévisées6. Les publicitaires n’ont
effectivement en la matière que deux interfaces de travail : l’aspect visuel de la
publicité (couleurs, motifs…) et l’aspect auditif, et notamment l’utilisation de la
musique. La musique constitue alors un moyen de différenciation à part entière.
Néanmoins, lorsque l’on parle de musique, il faut néanmoins différencier ce
que GOODEY A. appelle le marketing sonore du marketing musical. En effet, le
marketing sonore est alors défini par « le fait d’utiliser la nature des sons au
niveau du développement des produits dans le but de générer chez le
6 Annexe 1 : Importance relative des différents registres sensoriels
4/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
consommateur des réactions sur le plan affectif, cognitif ou conatif dans le sens
de l’action de ré-achat ». En d’autres termes, ce sont les sons générés par le
produit lors de son utilisation. A cet égard, GOODEY donne l’exemple du
claquement d’une portière de voiture qui peut se révéler plus ou moins sécurisant
pour l’utilisateur.
Le marketing musical, objet de notre étude, se définit quant à lui par « le
fait d’utiliser le stimulus musical pour générer chez le consommateur des réactions
sur le plan affectif, cognitif ou conatif dans le sens de l’acte d’achat. Le marketing
musical trouvera essentiellement comme support la distribution (musique
d’ambiance), la publicité (musique d’habillage, bruitage, identité musicale). »
L’identité musicale est particulièrement développée dans le domaine du
marketing publicitaire télévisé, radiophonique mais également quant aux sites
Internet ou aux attentes téléphoniques. Il s’agit de l’expression musicale de la
marque, de la stratégie de l’entreprise et des valeurs qu’elle défend ou du
message qu’elle véhicule. Cette identité peut alors constituer un élément distinctif
associée à la marque, alors protégée par le droit de protection des marques. Dans
ce cas, la présence de la musique est assez importante pour qu’à son entente on
l’identifie systématiquement à la marque.
Plusieurs études ont ainsi étaient menées dans ce domaine. Les premières
consacrées au marketing musical, menées dans les années 1980, évoquent des
résultats disparates. En effet, GORN (1982) met en avant une réelle influence de
la musique sur la création des préférences du consommateur envers un produit.
Une expérience néanmoins similaire menée par KELLARIS et COX (1989) a remis
en cause les résultats précédemment obtenus. Dans ce cas, la musique ne
semble pas avoir joué un véritable rôle de stimulus sur l’échantillon étudié.
Ainsi, à l’instar de ces études et notamment du développement de la
musique en terme de marketing publicitaire, on peut se poser la question de
l’influence de ce stimulus sur l’efficacité de la publicité. Cette efficacité peut se
mesurer à plusieurs niveaux, et notamment aux intentions d’achat. Néanmoins,
5/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
avant de réaliser un potentiel achat, la publicité doit déjà avoir attiré l’attention de
l’auditeur et avoir été mémorisé par ce dernier. C’est pourquoi la démarche que
nous allons suivre va tenter d’étudier l’influence de la musique sur la mémorisation
des messages publicitaires ?
En effet, comme nous l’avons dit précédemment, cette problématique
trouve tout son intérêt dans la mesure où la mémorisation joue un rôle essentiel
en comportement du consommateur. Elle favorise les comportements ultérieurs et
sert donc de support à l’analyse des comportements (FLORES C.7, 1987, cité par
FILSER 1994). De façon concrète, et en application à notre problématique, la
mémorisation d’un message publicitaire constitue un préalable indispensable à
l’acte d’achat, but de toute entreprise commerciale réalisant un spot publicitaire8.
Pour tenter de répondre à cette question, nous réaliserons une revue et une
analyse de la littérature. Celle-ci consistera à définir et à expliciter dans un premier
temps les concepts clés étudiés (I.) : ce sont le processus de mémorisation
inhérent au consommateur, ainsi que le stimulus musical. Ces explications nous
permettront alors d’établir les hypothèses de recherche quant à l’influence de la
musique sur la mémorisation des messages publicitaires.
Ces hypothèses définies seront ensuite analysées et développées une à
une (II.).
7 FLORES C., (1987), La mémoire, Que sais-je ? n°550, Puf, Paris, 5e édition8 Annexe 2 : Schématisation du comportement du consommateur
6/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
PARTIE 1 :
LE PROCESSUS DE MEMORISATION ET LES EFFETS DE LA
MUSIQUE : DEFINITION DES CONCEPTS ET DES HYPOTHESES
DE RECHERCHE
La musique, comme nous l’avons dit précédemment, est un stimulus
amplement employé en matière de communication publicitaire. Cette utilisation
s’est notamment développée avec la croyance que l’information véhiculée par
celle-ci était plus facilement mémorisée. Ce phénomène de mémorisation du
message publicitaire trouve alors toute son importance dans la mesure où
l’information est la base fondamentale du processus de prise de décision du
consommateur. Néanmoins, le processus de mémorisation (comportement du
consommateur) constitue une réalité complexe qu’il nous faut définir et expliciter
(1.1), tout comme l’utilisation et le rôle présumé du stimulus musical au sein des
publicités (1.2). La compréhension de ces notions nous permettra alors d’établir
les hypothèses de recherche pertinentes (1.3) quant à l’influence de la musique
sur la mémorisation des messages publicitaires.
1.1] Le processus de mémorisation : une notion et un
processus complexe
Communément, on associe la mémoire aux souvenirs. En effet, à
l’ouverture d’un dictionnaire (Hachette, 2005), la mémoire est définie comme la
fonction par laquelle s’opèrent dans l’esprit la conservation, le retour et/ou le
rappel d’une connaissance antérieurement acquise, passée.
La mémorisation se caractérise donc par l’action, le processus qui consiste
à mémoriser des informations c’est-à-dire de les enregistrer dans sa mémoire.
7/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Pour cela, la perception des stimuli, des informations émanant de l’environnement
externe de l’individu constitue un préalable indispensable.
En effet, deux processus doivent être effectivement distingués dans
l’analyse de l’utilisation de l’information par le consommateur :
Un processus de perception (1.1.1) c’est-à-dire de prise de
conscience par l’individu de son environnement et des stimuli (acquisition
d’information)
Un processus de stockage (1.1.2) (mémorisation) de cette
information en vue de son utilisation ultérieure, et ceci par la mise en
œuvre de mécanismes de récupération de l’information stockée
antérieurement.
1.1.1 La perception : un processus préalable à la
mémorisation
La perception constitue donc l’étape préalable à la mémorisation. En effet, il
ne suffit pas d’être exposé à une information, à un stimulus, pour pouvoir le
mémoriser de façon durable. La perception peut alors être défini comme le
processus psychologique par lequel un individu sélectionne des éléments
d’informations provenant de son environnement, l’organise et l’interprète pour
construire une image cohérente du monde qui l’entoure (FILSER, 1994).
Autrement dit, la perception est le processus par lequel l’individu prend
conscience de son environnement complexe, l’interprète et le simplifie du fait de
sa complexité, notamment dû à la quantité d’informations véhiculées.
Ce processus cognitif, c'est-à-dire lié à la connaissance, a pour support à la
fois les organes des sens (en l’occurrence l’ouie) et le système nerveux central qui
vont se représenter l’environnement en ne retenant que certaines informations
parmi toutes celles disponibles. En matière de consommation, c’est la perception
8/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
qui va permettre à l’individu de reconnaître un produit, un magasin ou un message
publicitaire et de rapprocher cet élément des informations qu’il détient.
Il est donc utile de comprendre comment s’opère le filtrage des
informations. Pour cela, trois mécanismes influençant la manière dont le stimulus
est perçu coexistent (FILSER, 1994) :
▪ Un filtrage des informations est effectué : on parle alors de perception
sélective (FILSER, 1994; LADWEIN, 1999). Cette sélection répond au premier
objectif du consommateur-auditeur qui est la recherche d’une information
pertinente par rapport à ses besoins. Concrètement, face à la multiplicité des
messages publicitaires, les processus perceptuel doit donc permettre à l’individu
de sélectionner dans cette surabondance d’informations, celle qu’il juge
pertinente, et notamment les stimuli qui présentent un caractère nouveau,
inattendu, novateur.
▪ Une déformation de l’information : ici, le consommateur perçoit mal le
message, et/ou déforme les informations qui ne lui conviennent pas, qui ne sont
pas conformes à ses attentes. On parle alors de distorsion sélective (FILSER,
1994).
▪ Une sélection des informations : on parle alors de rétention ou de
mémorisation sélective, c'est-à-dire que le consommateur aura tendance à ne
retenir que ce qui l’intéresse. De même, le consommateur ne retient en général
pas les messages susceptibles de créer un état de tension à la suite de
divergences par rapport au cadre de référence. Selon un exemple bien connu, un
fumeur ne percevra pas un message de mise en garde contre les dangers du
tabac. (KASSARJIAN H. & J. COHEN9 cité par FILSER, 1994)
Ces trois mécanismes s’appliquent tout au long du processus de perception
que nous allons à présent détailler.
Ainsi, comme nous pouvons le remarquer sur le schéma suivant (Figure 1),
l’exposition constitue la première étape quant à la mémorisation des informations9 KASSARJIAN H. & J. COHEN, 1965, Cognitive dissonance and consumer behaviour, California Management Review, pp.55-64
9/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
émanant de l’environnement. Néanmoins, la mémorisation ne s’arrête pas au
stade de l’exposition. Plusieurs réactions en chaîne sont nécessaires : avoir prêté
attention au message (l’attention), l’avoir compris (la compréhension), l’accepter
(l’acceptation) et enfin le retenir (la rétention). Ainsi, il suffit que le traitement de
l’information soit stoppé à un moment de ce processus pour que la mémorisation
ne soit pas effective, ou ne soit pas permise de façon durable. Mc GUIRE10 (1976,
cité par FILSER 1994) parle d’une succession de filtres puisque la
perception/mémorisation du stimulus peut être interrompue à tout moment. (Figure
1)
10 Mc GUIRE WILIAM J. (1976), Some internal psychological factors influencing consumer choice, Journal of consumer research, vol.2, pp. 302-319
10/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
FIGURE 1 : Schématisation du processus de perception/mémorisation
en comportement du consommateur 11
11 Schéma inspiré de Mc GUIRE WILIAM J. (1976), Some internal psychological factors influencingconsumer choice, Journal of consumer research, vol.2, pp. 302-319, cité par FILSER (1994)
11/66
Exposition au stimulus Mémoire sensorielle
Stimulus
Attention
Compréhension
Acceptation
Rétention
Mémoire à longterme
Mémoire à courtterme
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
La perception/mémorisation constitue donc un processus complexe. Celui-
ci est alors composé de plusieurs actions formant une réaction en chaîne. Ainsi,
l’exposition à un stimulus efficace permet d’attirer l’attention des consommateurs.
L’attention portée au message permet alors de mieux le comprendre, de l’accepter
et donc de le retenir.
Il nous faut ainsi définir les notions successives de l’exposition, de
l’attention, de la compréhension, de l’acceptation et de la rétention.
Nous donnerons tout d’abord les définitions globales tirées du dictionnaire
HACHETTE 2005 (« … »), pour ensuite les préciser à l’aide des explications de
Mc GUIRE.
L’exposition
L’exposition, « action de soumettre à l’effet de quelque chose », est définie
par Mc GUIRE comme le voisinage de l’individu avec un stimulus émanant de
l’environnement personnel ou commercial. Le voisinage seul ne suffit cependant
pas naturellement à activer le processus perceptuel. Celui-ci ne débute que si
l’intensité du stimulus dépasse un seuil minimum qui sera appelé seuil perceptuel.
Ce seuil est alors un seuil minimum en deçà duquel l’intensité du stimulus n’est
pas suffisante pour produire une sensation chez l’individu.
Ainsi, concernant l’optique de ce mémoire en matière d’influence de la
musique sur la mémorisation des messages publicitaires, la non prise en compte
de l’influence de la perception subliminale est justifiée. En effet, la perception12
subliminale se définit comme toute perception d’un stimulus dont la durée
d’exposition est trop faible pour que l’individu en ait conscience, mais qui est tout
de même reçue par le système nerveux central (FILSER, 1994). En bref, la
perception subliminale d’un stimulus revêt de l’inconscience de l’individu, et donc
ne passe pas par le stade de l’attention.
12 Annexe 3 : Débat sur la perception subliminale
12/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
L’attention
L’attention, « tension de l’esprit qui s’applique à quelque objet », représente
la seconde étape du processus de perception. Elle est définie par Mc GUIRE
comme l’expression de la capacité des ressources de traitement de l’information
qui va être engagée par l’individu pour traiter le stimulus auquel il est exposé.
NAHON & TASSI (1998) parlent alors de « l’attribution d’une capacité
d’effort ou de traitement en réponse à un stimulus ».
Néanmoins, l’attention est un processus très limité. Il est donc très
important de connaître les mécanismes qui gouvernent l’attention, ne serait ce que
pour comprendre pourquoi certains messages publicitaires retiennent l’attention
du consommateur et d’autre pas.
L’effort de traitement ou l’attention portée au message revêt alors deux
aspects (FILSER, 1994) : la sélectivité et l’intensivité.
▪ La sélectivité correspond au fait que l’individu focalise son attention
sur certains stimuli uniquement.
▪ L’intensivité correspond, quant à elle, au degré d’attention portée au
message.
. La compréhension
La compréhension, « faculté de comprendre c'est-à-dire de saisir le sens,
de se faire une idée, de concevoir clairement », est définie par Mc GUIRE comme
un processus cognitif permettant à l’individu d’interpréter le stimulus perçu,
principalement à travers la confrontation du stimulus aux informations déjà
détenues par le sujet. Trois principes permettent de préciser le concept de
compréhension :
▪ En premier lieu, la catégorisation des stimuli va permettre à
l’individu de rattacher le stimulus à différentes catégories qui serviront à organiser
sa mémoire. Mc GUIRE donne ainsi, comme exemple, que la marque d’un
13/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
nouveau produit va permettre au consommateur de le rattacher à une catégorie de
produit déjà connue.
▪ En second lieu, l’élaboration des stimuli consistera à interpréter le
stimulus en le rattachant à des concepts conservés en mémoire. Le seul nom
d’une marque peut ainsi évoquer le luxe, des qualités particulières… .
▪ En troisième lieu, l’organisation des stimuli (ou intégration) montre
que l’individu ne retiendra que quelques caractéristiques d’un stimulus, et que
celui-ci l’organisera en un construit global. C’est le caractère sélectif de la
perception.
L’acceptation
L’acceptation, « fait de prendre, recevoir volontairement ce qui est
proposé », est définie comme le fait que l’information préalablement comprise soit
acceptée. En effet, le fait qu’un stimulus soit compris n’entraîne pas pour autant
son acceptation par l’individu : celui-ci peut comprendre une information, mais
estimer qu’elle est en contradiction avec ses propres convictions, et la rejeter. Par
ailleurs, même si les informations perçues sont conformes aux normes de
référence de l’individu, il n’est pas certain que celui-ci fasse confiance à la source
d’information qui émet le message. (Mc GUIRE)
La rétention
La rétention, « action de retenir c'est-à-dire de garder dans sa mémoire, de
conserver », dernière étape du processus de perception, va, selon Mc GUIRE,
permettre au sujet de transférer l’information perçue, dans la mémoire. C’est
seulement à ce moment que l’on quitte le domaine de la perception pour celui de
la mémorisation.
En bref, la perception accomplit principalement deux fonctions distinctes,
celle de sélection des stimuli (lors de l’attention portée au message) et celle de
14/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
« recoupement » ou d’association du stimulus avec les connaissances déjà
acquises (lors de la phase de compréhension/interprétation du message)
(ASSAEL13 cité par FILSER, 1994)
Ces cinq étapes définies sont donc indispensables à la mémorisation des
informations provenant de l’environnement de l’individu, et donc particulièrement
des messages publicitaires. Néanmoins, l’étude de la mémoire (son
fonctionnement, sa mesure) semble également primordiale dans le cadre de cette
réflexion.
1.1.2 L a n o t i o n d e « mémoire » : approfondissement,
fonctionnement et évaluation
La notion de « mémoire » fait appel à différentes notions, notamment en
matière de psychologie. Outre, la notion commune relative aux souvenirs, la
mémoire est définie en psychologie comme la faculté d’acquérir, de stocker,
d’enregistrer des informations et de les reconstituer dans le cerveau. La mémoire
est, en fait, une des fonctions cognitives du cerveau.
Le processus de mémorisation sert de support au stockage et à l’utilisation
de l’information reçue (Cf : Le processus de perception vu en 1.1.1) par le
consommateur des différentes sources existant dans son environnement.
Ainsi, l’étude de la structure et du fonctionnement de la mémoire constitue,
aux côtés de l’étude de la perception, le second volet des analyses cognitives du
comportement du consommateur.
Pour cela, nous étudierons, en premier lieu, les différents niveaux de
stockage de la mémoire, permettant ainsi de mieux comprendre le fonctionnement
de la mémoire, et notamment du rappel en mémoire.
13 ASSAEL Henry, Consumer behavior and markeitng action, Kent, Boston, Ma, 1987, p.116
15/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Les différents niveaux de stockage de la mémoire
La mémoire, comme unité de stockage, est composée de trois niveaux
(FILSER, 1994) agissant en interaction avec le processus perceptuel14.
La mémoire ou stockage sensoriel est stimulé lorsqu’une information est
captée par les organes sensoriels (vue, ouie, odorat, goût, toucher). Ce premier
niveau est un niveau de stockage de très courte durée. A ce stade, l’information
captée doit aussi retenir l’attention, au risque d’être perdue dans les secondes
suivantes. Dans le cas contraire, c'est-à-dire lorsqu’elle retient l’attention de
l’auditeur, celle-ci est transmise au second niveau de mémorisation : la mémoire à
court terme.
La mémoire à court terme est le niveau où les informations sont
enregistrées temporairement et ne sont disponibles que pour une utilisation
immédiate. Les informations stockées dans ce type de mémoire s’effacent
rapidement.
Malgré sa capacité limitée et le risque de perdre les données
définitivement, ce niveau de stockage permet un traitement très rapide de
l’information qu’il contient. L’information y est conservée aussi longtemps qu’elle
est traitée, ce qui explique ce temps d’accès à l’information très court. Elle sert
notamment de support physique aux différentes étapes du processus perceptuel,
à l’exception de la rétention.
Pour contrecarrer cette perte d’informations, celles-ci peuvent être
transférées dans la mémoire à long terme en recourant à différentes techniques,
dont la principale est la répétition, la redondance.
La mémoire à long terme est le niveau de stockage qui correspond à la
conception commune de ce que l’on appelle mémoire. C’est à ce niveau que sont
stockées durablement les informations traitées. Sa capacité et la durée de
stockage sont alors virtuellement illimitées. Néanmoins, la réalité montre qu’une
14 Figure 1 : le processus de perception en comportement du consommateur
16/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
information stockée depuis très longtemps et non réactivée, c'est-à-dire qu’elle n’a
pas fait l’objet d’un autre traitement par la mémoire à court terme, sera très
difficilement accessible.
Dans le meilleur des cas, l’individu aura besoin de beaucoup de temps et de
procédures cognitives spécifiques pour retrouver cette information.
Quant on parle de mémoire à long terme, la nature de son contenu et sa
structure ont une importance particulière. La mémoire à long terme est constituée
d’un réseau dans lequel les concepts sont regroupés en fonction de leur contiguïté
perçue. (NAKANISHI A.15, 1974, cité par FILSER, 1994).
C’est d’ailleurs le voisinage de ces concepts qui permet leur récupération
ultérieure, ce qui explique par exemple que le fait de penser à un concept permet
d’en retrouver un autre par association.
Le fonctionnement de la mémoire
La mémoire fonctionne ainsi principalement selon des mécanismes
d’actualisation. Ces mécanismes englobent toutes les activités qui surviennent
après l’acquisition de l’information, et qui permettront au sujet d’accéder, de
récupérer les informations stockées. FILSER (1994) relèvent notamment quatre
activités.
▪ Le souvenir implique la reconstitution d’événements ou de faits à
partir de signaux partiels qui y sont liés. Ce sont notamment des odeurs, des
sons qui nous rappellent des souvenirs d’enfance.
▪ La reconnaissance consiste à reconnaître dans l’environnement
perçu par le sujet des données similaires acquises antérieurement. Elle
renvoie ainsi à l’aptitude à identifier correctement des stimuli rencontrés
15 NAKANISHI A., (1974) Decision net models and human information processing, in : G.D.HUGHES & M.L. RAY, Buyer, consumer information processing, University of North Carolina Press,Chapel Hill, pp. 75-88
17/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
précédemment. C’est, par exemple, le cas pour des messages publicitaires
que l’on aurait déjà vu une ou plusieurs fois au préalable.
▪ Le rappel : L’individu évoque mentalement un stimulus auquel il
n’est pas exposé au moment de l’évocation. En d’autres termes, le rappel
consiste en une remémoration active et sans aide d’une information du passé.
▪ Le réapprentissage met en évidence les effets de la mémoire. Il est
plus facile d’apprendre ou d’assimiler une seconde fois une information
familière qu’une première fois une information étrangère.
Comme nous pouvons le comprendre, le rappel d’un stimulus est une activité
cognitive plus complexe que la reconnaissance, puisque le stimulus est absent au
moment où l’individu le reconstitue mentalement.
Ainsi, le choix d’une marque en magasin fera appel à un processus de
reconnaissance, alors que la prise de décision en dehors du point de vente exige
un processus de rappel. Pour qu’une marque soit évoquée en dehors du magasin,
il faudra donc qu’elle ait été mémorisée à travers un processus d’acquisition plus
complexe, notamment grâce à des répétitions fréquentes.
De plus, la perception est organisée à partir d’un cadre de référence
préexistant (culture, influence sociale). En effet, une information qui provoquerait
chez l’individu un état de déséquilibre par rapport au cadre de référence aurait peu
de chance d’être perçue, et à fortiori d’être mémorisée.
Le cadre de référence qui sert à organiser les perceptions a également
pour fonction de faciliter le stockage. Le concept de catégorisation sera donc
essentiel à la compréhension du processus perceptuel, car il souligne le caractère
systématique de la recherche de concordance entre les connaissances
antérieurement stockées et les informations perçues.
18/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Comment mesurer la mémorisation ?
Lorsque l’on parle d’efficacité publicitaire, il est nécessaire de mesurer de
façon chiffrée cette efficacité. Ainsi, en ce qui nous concerne, il est indispensable
de mesurer la mémorisation de l’information transmise par la publicité, ou dans
une moindre mesure de mesurer le fait de se souvenir d’avoir vu la publicité.
Pour cela, les publicitaires utilisent principalement la technique du « DAY
AFTER RECALL », c’est à dire la mémorisation du lendemain. Cet outil de mesure
permet d’évaluer le pourcentage d’individus ayant mémorisé la marque le
lendemain de leur exposition, et étant capable de la citer.
Cette technique présente donc l’avantage de mesurer les publicités ayant
été mémorisées de façon durable. En effet, la mesure ayant le lieu le lendemain,
les informations mémorisées ont en théorie fait l’objet d’un traitement lui
permettant d’être stockées à long terme. Or, l’on sait que les niveaux antérieurs de
mémorisation (niveau sensoriel et mémoire à court terme) ne permettent
uniquement une mémorisation limitée, ne dépassant pas à priori quelques heures.
Deux mesures peuvent être alors envisagé selon que l’on veuille évaluer un
véritable rappel en mémoire du message (« DAY AFTER RECALL » spontané
c’est à dire le pourcentage d’individu qui nomment la marque directement) ou une
simple reconnaissance de la publicité à l’aide d’indication (« DAY AFTER
RECALL » assisté c’est-à-dire que l’on rappelle le type de produit sur lequel portait
la publicité).
La notion de perception/mémorisation est donc assez difficile à
appréhender par les publicitaires. En effet, de nombreux mécanismes (sélection,
déformation, non attention, non compréhension…) peuvent bloqués ce processus.
La musique semble constituer en communication une variable pouvant contourner
ces barrières. C’est pourquoi, nous allons nous attacher à présenter la seconde
variable de notre étude, le stimulus musical, notamment en matière de publicité.
19/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
1.2] Présentation, caractérisation et fonction du
stimulus musical en matière de publicité
Il s’agit, ici, de présenter, de définir et de caractériser le stimulus musical
(1.2.1), ainsi que d’étudier plus précisément les fonctions de la musique,
autrement dit son rôle (1.2.2), au sein des campagnes de communication
publicitaire. Cette étude nous permettra alors de mieux comprendre l’impact de la
musique sur le processus de mémorisation réalisé par le consommateur, et de le
prendre en compte dans l’établissement des hypothèses de recherche.
1.2.1 Marketing et stimulus musical
Afin de bien comprendre la variable « musique » que nous souhaitons
étudier, nous devons, tout d’abord, la différencier du bruit (marketing sonore), et
présenter ses composantes que sont notamment la mélodie, le rythme, le timbre...
Distinction entre le marketing musical et le marketing
sonore
Lorsque l’on parle de marketing musical, on pense immédiatement à la notion
plus large de marketing auditif. Or, la notion de « marketing musical » est bien
plus précise que celle de « marketing auditif ». En effet, le marketing musical
n’est qu’une composante de ce marketing auditif, l’autre étant le « marketing
sonore » (bruitage, claquement d’une portière de voiture…) (GOODEY).
A cet égard, BROUTECHOUX & BÔ les distinguent nettement. Le
bruit/bruitage (marketing sonore) se doit d’imiter le réel. Il s’agit alors d’utiliser le
son de manière rationnelle dans la mesure où son utilisation consiste à rendre
crédible l’image, à lui redonner une dimension réelle. En effet, B. & B. nous
explique que le son donne sa dynamique à l’image qui elle est plate, figée et
limitée physiquement à l’écran. Le son permet alors au téléspectateur d’oublier
l’écran pour l’inscrire dans la réalité de l’image.
20/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
La musique, quant à elle, apporte un supplément de sens, d’illustration
symbolique, dans ce sens où elle apporte au message des valeurs et des
significations qui lui sont propres (BROUTECHOUX & BO).
De même, la musique se différencie du bruit par plusieurs critères : le tempo,
le rythme, la mélodie, l’harmonie...
Les particularités du stimulus musical
La musique est la combinaison de quatre variables que n’importe quelle
oreille peut identifier :
_les hauteurs (les notes)
_le rythme
_le timbre
_le mode
▪ Les hauteurs sont définies par les notes, telles qu’elles peuvent être
inscrites dans une partition, indépendamment du rythme. Les hauteurs sont le
principal facteur d’identification d’une musique. Plus communément, les hauteurs
correspondent au système de gamme (Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si, Do).
Les hauteurs s’organisent de deux façons, de façon horizontale (la mélodie)
et de façon verticale (l’harmonie).
La mélodie est une succession organisée de notes d’une hauteur et d’une
durée spécifiques, dont l’interaction produit une expression musicale cohérente.
(Encyclopédie Encarta 2004). Les changements dans la mélodie peuvent être soit
« ascendants » (joué de plus en plus fort), soit « descendants » (joué de moins en
moins fort). (BRUNER16 1990, cité par RIEUNIER 2000)
L’harmonie, quant à elle, représente la technique d’organisation des sons
d’un point de vue vertical parce qu’elle se réfère à une combinaison de plusieurs
sons émis simultanément. . Les accords peuvent être « consonants » (qui
16 BRUNER (1990), Music, Mood and Marketing, Journal of Marketing, 54, 4, pp. 94-104
21/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
produisent une impression agréable, gaie, enjouée et calme, ou « dissonants »
(qui produisent dans la plupart des cas une impression déplaisante ou encore
triste » (BRUNER17 1990, cité par RIEUNIER 2000)
▪ Le rythme constitue la principale variable génératrice de dynamique. Cette
notion englobe tous les aspects de la musique relatifs à son mouvement dans le
temps et, par conséquent, à sa structure temporelle (Encyclopédie Encarta 2004).
« Le tempo représente la vitesse d’exécution d’un morceau de musique ou
encore l’allure à laquelle un rythme progresse. » (BRUNER, 1990, cité par
RIEUNIER, 2000)
Il est donc utile de faire la distinction entre les notions de rythme et de
tempo ainsi le tempo est « un battement régulier tandis que le rythme est
l’organisation de la longueur des notes à l’intérieur de chaque phrase musicale.
Des morceaux ayant le même tempo peuvent avoir des rythmes différents. »
(WAUGH18 1996, cité par RIEUNIER 2000)
▪ Le timbre fait référence à la « distinction que l’on perçoit entre les sons de
deux instruments différents même lorsqu’ils jouent une même mélodie ».
(BRUNER, 1990, cité par RIEUNIER, 2000). A cet égard, le choix des voix (timbre
de voix) est un facteur dominant dans la perception d’un message verbal (homme
ou femme, fragile ou assurée, sensuelle ou comique, avec ou sans accent, avec
ou sans défaut de prononciation.
▪ Le mode fait référence aux « séries de notes, arrangées dans une échelle
de hauteur de son ascendante qui donne un caractère tonal à la musique. Dans
n’importe quelle note donnée, plusieurs modes sont possibles. Les deux modes
les plus connus sont : le mode mineur (grave et perçu comme triste,
BROUTECHOUX) et le mode majeur (aiguë et ressenti comme gai,
17 BRUNER (1990), Music, Mood and Marketing, Journal of Marketing, 54, 4, pp. 94-10418 WAUGH (1996), Qu’est-ce que la musique ?, La musique comme vous ne l’avez jamais écoutée,De Agostini, Paris, Gründ
22/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
BROUTECHOUX). » (BRUNER19 1990, cité par RIEUNIER 2000) En d’autres
termes, le mode renvoie à la disposition des intervalles au sein de la gamme
(Encyclopédie Encarta 2004).
La musique, outre ses qualités esthétiques, a un rôle important dans la
publicité.
1.2.2 Le rôle de la musique dans la publicité
Le stimulus musical est massivement utilisé en terme de communication
publicitaire. Cette utilisation s’explique notamment par la croyance que la musique
a un rôle primordial dans la mémorisation des messages publicitaires par les
consommateurs spectateurs. Néanmoins, la musique en publicité a d’autres
fonctions, notamment développé par JULIEN.
Selon JULIEN, (JULIEN20 1989, cité par GOODEY), la musique dans la
publicité a de nombreuses fonctions :
La première fonction relevée est une fonction affective. Selon celle-ci, la
musique permet un transfert d’émotion entre la musique, la marque et/ou le
produit. Cette fonction a d’ailleurs été étudiée par des auteurs tels que ANAND &
STERNTHAL21 (1991), cité par GALAN & GUIZON (2003). Celle-ci, agissant
principalement en matière d’évaluation du produit ou d’image de marque, et non
en matière de mémorisation, ne fera pas l’objet d’une hypothèse de recherche.
La seconde fonction suggérée par JULIEN est une fonction démarcative.
Ce rôle de la musique s’applique vis-à-vis du contexte situationnel global que
constituent les nombreuses autres publicités diffusées dans la mesure où celle-ci
permet, dans certains cas, de se différencier.
19 BRUNER (1990), Music, Mood and Marketing, Journal of Marketing, 54, 4, pp. 94-10420 JULIEN J-R. (1989), Musique et publicité, Flammarion21 ANAND P. & STERNTHAL B. (1991), Le rôle modérateur de la complexité du traitement desmessages sur les effets de la répétition publicitaire, Recherche & applications en marketing, 6, 2,pp. 25-42
23/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
La musique a également une fonction poétique et décorative. Celle-ci est
alors, selon les termes de JULIEN, assimilée à un savoir communiqué (habillage,
fond sonore agréable) sur le produit. Dans ce cas, les évocations musicales
renforcent la promesse du message visuel ou verbal.
Quatrième fonction déterminée : L’utilisation de thèmes musicaux connus,
familiers de la cible dénote une fonction implicative de la musique quant à la
mémorisation du message publicitaire véhiculé. La musique est alors choisie par
l’annonceur afin de mettre la cible dans un état de réceptivité maximale, d’aider à
la reconnaissance du nom de marque, de l’impliquer en utilisant une musique
adaptée à ses goûts ou encore de la faire sourire.
Enfin, la musique a une dernière fonction dite métalinguistique. Selon
Julien, la musique constituerait une reformulation du message qualifiée de
« seconde formulation strictement sonore plus ou moins redondante ». Cette
fonction trouve alors tous son sens en terme d’influence sur la mémorisation, dans
la mesure où la redondance, la répétition est une condition décuplant la
mémorisation.
Ainsi, de ces fonctions, des hypothèses de recherche pertinentes
concernant l’influence de la musique sur la mémorisation des messages
publicitaires peuvent être établies.
24/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
1.3] Etablissement des hypothèses de recherche
La définition des concepts-clés réalisés précédemment nous permet
maintenant d’établir la liste des questions, hypothèses de recherche pertinentes
en matière d’utilisation de la musique en publicité. Une fois, les hypothèses listées
et justifiées, nous établirons la méthodologie permettant de réaliser la revue de
littérature répondant à ces interrogations, et plus précisément réfléchiront aux
pistes de recherche et aux sources documentaires.
1.3.1 Listing des hypothèses de recherche
Comme nous l’avons énoncé précédemment, la musique, outre sa fonction
présumée et générale d’aide à la mémorisation, remplit selon l’étude de JULIEN
(1989) d’autres fonctions beaucoup plus précises et aisées à étudier.
Ainsi, après de nombreuses lectures, nous nous appuierons principalement
sur cette étude pour identifier les hypothèses de recherche pertinentes en matière
d’impact mnémonique de la musique22.
En application de la fonction démarcative, explicitée par JULIEN, la
musique a pour effet de se « démarquer », de se différencier du paysage
audiovisuel, et par là d’attirer plus aisément l’attention, d’où :
Hypothèse 1 : La présence (contrairement à l’absence) d’une
musique publicitaire influencerait donc positivement l’attention des
auditeurs au message transmis, et donc aiderait à la
mémorisation.
22 Annexe 4 : Schématisation des hypothèses de recherche
25/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
En application de la fonction implicative, explicitée par JULIEN, la musique
connue et familière de la cible a pour effet de créer des associations particulières,
et par là d’aider à l’attention et à la compréhension, d’où :
Hypothèse 2 : Les thèmes musicaux connus et familiers (versus
non connus) seraient plus efficaces quant à la mémorisation des
messages publicitaires.
En application de la fonction métalinguistique, explicitée par JULIEN, la
musique a pour effet de reprendre le message sous une autre forme, ce qui facilite
la compréhension et l’acceptation.
L’effet de cette fonction sur la population cible peut notamment être accroît
lorsque le thème musical est congruent, d’où :
Hypothèse 3 : un thème musical congruent (versus non congruent)
avec le message souhaitant être transmis par le publicitaire
faciliterait sa mémorisation.
et lorsque le thème musical reprenant le message publicitaire est chanté
(type jingle), d’où :
Hypothèse 4 : Un thème musical chanté (versus parlé) et reprenant
le message publicitaire (jingle) influencerait grandement la
mémorisation, contrairement à une musique de fond. En d’autres
termes, un thème musical central est préféré à un thème
périphérique.
26/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Afin de pouvoir étudier ces hypothèses de recherche que nous venons
d’énoncées, un point sur la méthodologie de recherche est nécessaire.
1.3.2 Méthodologie d’étude des hypothèses de recherche
Afin de déterminer l’influence de la musique sur la mémorisation des
messages publicitaires, et notamment de répondre aux hypothèses de recherche,
quatre sources d’informations devront être explorées. Il s’agit de la psychologie de
la musique, de la psychologie de la perception (mémorisation), ainsi que de
l’influence de la musique dans la publicité sur la réaction des individus et de
l’atmosphère sur les clients en magasin.
FIGURE 2 : Champs de recherche importants pour la revue de littérature 23
LEGENDE : Les traits en pointillés représentent la littérature en psychologie ; les traits pleins, la
littérature en marketing. L’épaisseur des traits dénote la primauté du champ de recherche.
23 Schéma adapté de celui de RIEUNIER S. (2000)
27/66
Influence de lamusique dans lapublicité sur la
réaction des individus
Influence de lamusique (marketing
sensoriel) sur lesclients en magasin
Psychologiede la musique
Influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Psychologie de laperception
(mémorisation)
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
La psychologie de la musique
Ce champ de recherche va nous permettre de déterminer les capacités
intrinsèques de la musique, et plus largement du stimulus musical. Il s’agira, ici,
d’étudier si certaines caractéristiques de ce stimulus ont un impact sur la
perception et la mémorisation du consommateur.
La psychologie de perception (mémorisation)
Ce second champ de recherche nous permettra, quant à lui, de confronter
les données issues du premier champ, et notamment de comprendre les
processus permettant l’influence de ce stimulus sur l’objet de l’étude : la
mémorisation.
L’influence de la musique sur les clients au sein d’un point
de vente
Ce champ de recherche nous fournira des informations sur les liens déjà
étudiées en terme d’influence de la musique sur le comportement du
consommateur. Néanmoins, il faudra ici procéder par assimilation dans la mesure
où ces liens auront été étudiés dans l’enceinte d’un point de vente.
L’influence de la musique dans la publicité sur la réaction
des auditeurs/consommateurs
Ce dernier champ de recherche, plus proche de notre sujet, nous permettra
de répondre dans la partie suivante aux hypothèses de recherche, et ceci de
façon plus précise, mais également de vérifier la cohérence des informations
issues des précédents champs de recherche.
28/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
PARTIE 2
L’ETUDE DES HYPOTHESES DE RECHERCHE : QUELLE EST
L’INFLUENCE DE LA MUSIQUE QUANT A LA MEMORISATION DES
MESSAGES PUBLICITAIRES ?
La rédaction du cadre conceptuel de l’étude (définition des concepts clés et
des hypothèses de recherche pertinentes) constituait une étape primordiale à
l’analyse de l’influence de la musique sur la mémorisation des messages
publicitaires. Cette étape étant réalisée, il s’agit ici de vérifier, valider et/ou rejeter
les hypothèses de recherche (2.1 ; 2.2).
Celles-ci nous permettront alors de déduire un certain nombre de
propositions quant à l’utilisation optimale de la musique en matière d’efficacité
publicitaire (2.3) ; l’efficacité publicitaire étant entendu ici comme une meilleure
mémorisation du message véhiculé par la publicité.
2.1] L’influence de la musique sur le tandem
« Attention/Compréhension »
L’attention portée au stimulus publicitaire constitue la réelle première étape
du processus de perception (bien qu’elle vienne après l’exposition). En effet, il ne
suffit pas d’être exposé à un message pour le mémoriser, mais bien d’y être
attentif (dans un premier temps). Ceci est d’autant plus important de nos jours où
le « zapping » des spots commerciaux est devenue une pratique quasi
systématique. Dans cette optique, deux interrogations se posent quant à la
possibilité d’accroître l’attention des auditeurs : ce sont, tout d’abord, la présence
de la musique (contrairement à son absence) (2.1.1) et la familiarité (connue
versus non connue) (2.1.2) de celle-ci par la cible.
29/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
2.1.1 Vérification de l’Hypothèse n°1 : L’influence de la
musique sur l’attention des auditeurs
Ici, il s’agit d’étudier si la présence de musique (versus absence de musique) a
une influence sur l’attention portée au message publicitaire, ce qui faciliterait sa
mémorisation.
Selon les professionnels du secteur, qui, il faut le rappeler, utilisent
massivement le stimulus musical dans ce biais, la musique est réellement un outil
capable de capter l’attention d’une audience. C’est ce que JULIEN (1989) appelle
d’ailleurs la fonction démarcative de la publicité. En effet, selon lui, la musique est
choisie par l’annonceur en raison de sa capacité à attitrer l’attention.
En effet, plusieurs études consacrent les bienfaits de la musique en terme
de mémorisation. Selon ces auteurs, les sujets se souviennent mieux d’avoir été
exposés à une publicité lorsqu’elle celle-ci contenait de la musique. (STEWART &
FURSE24 1986 ; STEWART, FARMER & STANNARD25 1990 cité par GALAN
2003 ; GOODEY).
La musique semble donc influer sur la capacité mnésique des individus. Ainsi,
dans leur étude sur l’impact de la musique sur Internet, JACOB C. & GUEGUEN
N. (2003) suggèrent qu’en présence d’un environnement musical, le nombre de
publicités citées est de 44,33% alors que le taux de rappel en condition de silence
n’est que de 29%.
A la vue de ces résultats, l’hypothèse H1 pourrait donc être validée. Mais, il
s’avère que de nombreuses études, réalisées en la matière, ont révélés certaines
nuances et divergences. Autrement dit, les premières tendraient à limiter l’effet
bénéfique de l’attention en terme de mémorisation, tandis que les secondes les
remettraient radicalement en cause.
24 STEWART D.W. & FURSE D.H. (1986), Effective television advertising, Lexington Books25 STEWART D.W., FARMER K.M., STANNARD C.I. (1990), Music as a recognition cue inadvertising-tracking studies, Journal of advertising research, vol. 30, n°4, pp. 39-48
30/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Les thèses « limitant » l’influence de la musique sur l’attention des
auditeurs
▪ Selon les caractéristiques du stimulus musical : Certaines
caractéristiques intrinsèques de la musique semblent influer sur l’impact de la
musique. En effet, de nombreux auteurs (STOUT & LECKENBY26 1988 ;
WANSICK27 1992, cité par GOODEY ; GALAN 2003) suggèrent que certains
éléments du stimulus musical sont liés à la mémorisation du message. Par
exemple, le mode majeur contiendrait moins d’information que le mode mineur
et permettrait donc une meilleure mémorisation.
De la même façon, le fait d’accélérer le tempo augmenterait la charge
informationnelle par seconde et nécessiterait donc plus de ressources de
traitement.
En ce qui concerne le volume, il paraît évident qu’à un certain niveau
sonore, la musique empêche complètement le traitement du message central
Néanmoins, concernant le tempo, l’étude de GUEGUEN (2003) remet en
cause cette thèse. Celui-ci suggère que plus le tempo est rapide et plus les
individus se sont souvenus des publicités, avec respectivement un taux de
rappel de 52% pour le tempo rapide et de 38% pour le tempo lent.
▪ Selon l’implication des auditeurs-consommateurs : La musique
permet de capter l’attention des auditeurs lorsque ceux-ci sont relativement
peu impliqués par la catégorie de produit ou de services.
PARK & YOUNG28 (1986, cité par GALAN 2003) sont les premiers à
avoir étudié cette notion d’implication en matière de musique publicitaire. P. &
Y. expliquent que la musique a un effet en cas de faible implication de
l’auditeur. En revanche, en cas de forte implication, le consommateur se
26 STOUT & LECKENBY (1988), Let the music play : music as a nonverbal element in televisioncommercials, in Nonverbal Communication in Advertising, Lexington books, pp. 207-23327 WANSICK (1992), Listen to music : it’s impact affect perceived time passage, and applause,Advances in consumer research, 19, pp. 715-71828 PARK & YOUNG (1986), Consumer reponse to television commercials : the impact of involvmentand background music on brand attitudes formation, Journal of Marketing Research, 23, 1, pp. 11-24
31/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
concentre sur le message et la musique devient alors un élément de distraction
(MUELHING & BOZMAN29 1990, cité par GALAN 1999).
Les thèses « remettant en cause » l’influence de la musique sur
l’attention des auditeurs
Ces thèses, à l’image de ce que suggèrent STOUT & RUST30 (1986) ;
SEWALL & SAREL31 (1986) ; STOUT & LECKENBY32 1988 ; MACKLIN33 1988,
cités par GOODEY et GALAN (2003) ne relèvent aucun effet de la présence de
musique sur la mémorisation du message ou même de la marque.
Plus récemment, COLE, CASTELLANO & SCHUM34 (1995, cité par
GOODEY) réaffirme cet absence d’effet de la musique sur le rappel de la marque,
du produit, et de leurs attributs.
Néanmoins, les résultats divergent également au sein de cette catégorie.
Alors que ces auteurs rejettent tout influence de la musique, d’autres
études ont tenté d’examiner si le gain d’attention porté à la musique, ne se
réalisait pas au détriment de la mémorisation du message véhiculé. Ces auteurs
soutiennent donc une influence de la musique en terme d’attention. Mais, au-delà
de cette influence, ils dénotent un aspect négatif de cette influence.
29 MUELHING & BOZMAN (1990), An examination of factors influencing effectiveness of 15-second advertisements, International Journal of Advetising Research, vol.9, n°4, pp. 331-34430 STOUT & RUST (1986), The effect of music on emotional response to advertising, Proceedingsof the 1986 conference of the American academy of advertising, ed. EF LAHEIN, University ofOklahoma, R82-R8431 SEWALL & SAREL (1986), Characteristics of radio commercials and their recall effectiveness,Journal of Marketing, 50, 1, pp. 52-6032 STOUT & LECKENBY (1988), Let the music play : music as a nonverbal element in televisioncommercials, in nonverbal communication in advertising, Lexington books, pp. 207-23333 MACKLIN (1988), The relationship between music in advertising and children’s reponses : anexperimental investigation, in Nonverbal Journal of Consumer Research, 17, pp. 223-23634 COLE, CASTELLANO & SCHUM (1995), Quantitative and qualitative differences in older andyounger consumer’s recall of radio advertising, Advances in consumer research, vol. 22, pp. 617-621
32/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Les premiers partisans de cette influence négative de la musique (HALEY,
RICHARDSON & BALDWIN35 1984, cité par GOODEY) partent du postulat que le
traitement de l’information est partagé entre la compréhension du stimulus musical
et le message. Autrement dit, la musique est en compétition avec le message
central pour l’allocation de ressources de traitement (COLE et al. 1995 ; GORN,
GOLDEBERG, CHATTOPADHAY & LITVACK36 1991 ; PARK & YOUNG37 1986,
cités par GALAN 2003).
Cette idée est reprise par BROOKER & WHEATLEY38 (1994, cité par
GALAN 2003). Ceux-ci déclarent que la musique possède une forte capacité à
capter l’attention du spectateur mais elle nécessite trop de ressources pour que le
message soit bien traité.
Selon eux, la musique peut alors trouver tout son intérêt lorsqu’elle est utilisée
en début d’annonce pour capter l’attention et ensuite s’interrompre pour laisser
place au message central qui bénéficiera d’un traitement optimal. OLSEN (travaux
de 1994, 1995, 1997) va plus loin en préconisant l’utilisation du silence dans la
publicité. En effet, l’auteur remarque que lorsqu’un fond sonore est stoppé
pendant une publicité au moment d’une information particulière, fondamental et
primordial à la compréhension du message, cette information sera mieux
mémorisée.
A la vue de ces différents points de vue, il semblerait que la musique
publicitaire soit effectivement capable d’attirer l’attention des auditeurs.
Néanmoins, l’attention portée à la musique se ferait au détriment du traitement du
véritable message souhaitant être transmis par la communication publicitaire. En
d’autres termes, il semblerait que cette attention ne coïncide pas avec l’efficacité
publicitaire que l’on souhaite mesurer, c’est-à-dire la mémorisation du message.
353 5 HALEY, RICHARDSON & BALDWIN (1984), The effect of nonverbal communication intelevision advertising research, Journal of Advertising Research, 24, pp. 11-1836 GORN et all. (1991), Music and information in commercials : their effect with an ederly sample,Journal of advertising reserach, 31, 5, pp. 23-3237 PARK & YOUNG (1986), Consumer reponse to television commercials : the impact of involvmentand background music on brand attitudes formation, Journal of Marketing Research, 23, 1, pp. 11-2438 BROOKER & WHEATLEY (1994), Music and radio advertising : effets of tempo and placement,Advances in consumer research, 21, pp. 286-290
33/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
L’hypothèse H1 est donc partiellement rejetée, dans la mesure où la musique
accroît effectivement l’attention mais que ce gain d’attention est parfois néfaste au
traitement du message, et donc de sa mémorisation.
La familiarité constitue également une variable influençant l’attention, c’est la
raison pour laquelle celle-ci fait l’objet de la seconde hypothèse.
2.1.2 Vérification de l’Hypothèse n°2 : L’influence de la
familiarité de la musique
L’établissement de cette hypothèse vise à étudier le lien entre la
notoriété/familiarité (connue versus non connue) de la musique et de l’attention
portée au spot publicitaire.
BEND DAHMANE MOULHI N., TOUZANI M. (2003), ont, à cet égard, étudier
l’influence de la notoriété de la musique sur le comportement du consommateur.
Ils ont ainsi montré que la musique connue de la cible a un plus grand impact que
la musique inconnue, notamment en termes de dépense, du nombre d’articles
achetés et des achats imprévus ou impulsifs.
Du fait de son impact relevé sur le comportement des consommateurs au sein
des points de vente, il semble intéressant d’étudier ce lien en terme d’efficacité
publicitaire. Ainsi, à la vue des études réalisées, deux liens semblent pertinents.
Ce sont l’impact du stimulus musical familier sur l’attention et, dans un second
temps, de son impact sur la compréhension du message.
Stimulus musical familier et Attention
YOON39 (1993, cité par GALAN 2003) semble rejoindre ce que JULIEN
(1989) appelle la fonction implicative c'est-à-dire l’utilisation de thèmes musicaux
connus de la cible par le publicitaire afin que cette dernière soit dans un état de
39 YOON (1993), The role of music in television comercials, Thèse de doctorat de phiosophie,Athems, Georgia, UMI Dissertation services
34/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
réceptivité maximale. C’est à cet égard que YOON montre qu’une musique
familière nécessite moins de ressources de traitement et entraîne une meilleure
mémorisation du message publicitaire ; contrairement à une musique non familière
gênant davantage le traitement et la mémorisation. En effet, la musique a un
impact positif sur la concentration de l’individu, et diminue le stress, d’où son
effet sur l’attention des individus, et donc sur la mémorisation. Ceci est d’autant
plus vrai que le fond musical est familier.
En revanche, l’utilisation d’une musique connue dans une publicité fait
apparaître un problème, lié à la familiarité des individus avec cette musique en
particulier. En effet, ANAND & STERNTHAL40 (1991, cité par GOODEY ; GALAN
2003) ont montré que les répétitions d’un même stimulus entraînaient une
lassitude vis-à-vis de ce stimulus. Il est donc possible qu’en utilisant une musique
déjà connue de l’audience, la lassitude envers la publicité apparaisse plus vite et
entraîne ainsi une évaluation de la marque plus négative et une gêne quant à la
mémorisation.
De même, RIEUNIER (2000) ajoute que même si les clients apprécient les
musiques très connues, celles-ci sont souvent associées à des souvenirs, à un
vécu très précis de l’individu dont le rappel en mémoire vient perturber l’acte
d’achat.
Il paraît ainsi évident que cette perturbation entre également en compte
dans le processus d’attention et de mémorisation du message publicitaire.
Stimulus musical familier et Compréhension
Comme nous l’avons vu précédemment, l’organisation des informations en
mémoire permet une association, une mise en relation des concepts entre eux,
jusqu’à former une chaîne de relations présentant en théorie une stabilité dans le
temps. Il est donc possible d’étudier les associations qui conduiront par exemple
40 ANAND & STERNTHAL (1991), Le rôle modérateur de la complexité du traitement desmessages sur les effets de la répétition publicitaire, RAM, 6, 2, pp. 25-42
35/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
un individu à associer une marque précise à un objet, lui-même associé à un
besoin.
Cette relation est notamment importante dans le cas où elle permet ce que
l’on appelle le mécanisme de reconstruction. Ce mécanisme permet à un
individu qui n’a perçu que quelques éléments du stimulus qu’il a mémorisé, de
l’utilisée pour reconstituer une information ou même pour la conception d’un
message publicitaire. Ainsi, le fait de créer un slogan promouvant un produit, une
marque en utilisant une locution, une musique familière peut ainsi améliorer la
probabilité de perception du message, et par ce biais sa mémorisation. (GRUNIG41
1990, cité par GALAN 2003).
Dans la même idée, la familiarité de l’auditeur avec le stimulus agit sur le
degré d’activation de la recherche en mémoire. En effet, si le stimulus est une
séquence de caractères aléatoires, l’intensité d’activation de la mémoire est faible
car l’auditeur ne peut rattacher le stimulus à aucune structure pré-existante. A
contrario, lorsque le stimulus revêt un caractère familier, l’ensemble des
informations stockées entre en relation avec le stimulus utilisé.
Ainsi, la revue de littérature concernant cette hypothèse tendrait à la valider.
En effet, mise à part une lassitude envers le stimulus musical et une perturbation
liée aux souvenirs de la vie, l’attention et la compréhension du message sont
améliorées. Le thème musical familier nécessite moins de ressources de
traitement, l’attention portée au message est donc facilitée. De même, le thème
musical familier permet des associations facilitant la compréhension du message.
L’hypothèse H2 est donc validée.
L’étude des hypothèses relevant de l’influence de la musique sur l’attention
des consommateurs portée aux publicités nous informe déjà de l’intérêt, de
l’importance, mais également des débats qu’ils existent quant à la musique
publicitaire. A ce stade, il reste, tout de même, un groupe d’hypothèses à étudier,
41 GRUNIG (1990), Les mots dans la publicité, Presses du CNRS, Paris , p.128
36/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
celles relevant de l’influence de la musique sur la compréhension du message
souhaitant être transmis.
37/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
2.2] L’influence de la musique sur le tandem
« Compréhension/Acceptation »
La compréhension du stimulus est une étape dans le processus de
perception indispensable à sa mémorisation. En effet, la mémorisation d’un
message non compris ou non interprété n’est pas réalisable. Ainsi, certains
principes utilisés en terme de communication publicitaire permettent plus
facilement cette phase de compréhension. On peut, par exemple, citer l’utilisation
d’un vocabulaire simple.
Mais la compréhension d’un stimulus, et tout spécialement d’un spot
publicitaire, passe également par l’interprétation des signes, des connotations qu’il
véhicule, notamment lorsque le stimulus musical y est utilisé. Dans cette optique,
deux notions vont être étudiées : celle de congruence (2.2.1) et celle de « jingle »
(2.2.2)
2.2.1 Vérification de l’hypothèse n°3 : L’influence de la
congruence entre la musique et le message
publicitaire
Quant à cette troisième hypothèse, il s’agit d’étudier l’effet d’une musique
congruente (congruente versus non congruente), c'est-à-dire en adéquation avec
la catégorie de produit, de service et/ou des caractéristiques (image,
positionnement de la marque…), sur la compréhension du message publicitaire, et
par ce biais la mémorisation.
HECKLER & CHILDERS42 (1992), cité par GALAN (2003), définissent la
congruence comme un concept intégrant deux valeurs, que sont la pertinence et
le caractère attendu.
42 HECKLER & CHILDERS (1992), The role of expectancy and relevancy in memory for verbal andvisual information : what is uncongruency ?, Journal of Consumer Research, 18, 4, pp. 475-492
38/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
▪ La pertinence mesure le fait que le stimulus révèle directement ou
non la signification du thème de l’annonce.
▪ L e caractère attendu du stimulus désigne le fait que les individus
s’attendent à ce genre de thème musical lorsque l’on évoque le produit ou la
marque présenté dans l’annonce. Plus précisément, il désigne la « mesure
dans laquelle un élément d’information s’inscrit dans des structures ou des
schémas prédéterminés évoqués par le thème de la communication »
(HECKLER & CHILDERS 1992)
L’étude de ce lien est d’autant plus importante que celui-ci a également été
étudié sur le comportement du consommateur au sein d’un point de vente. Selon
SIBERIL43 (1994) cité par RIEUNIER (2000), la musique diffusée sur le lieu de
vente influence le montant des achats et le nombres d’achats imprévus. A cet
égard, elle a ajouté qu’en cas de congruence, l’effet était multiplié.
Ce lien a également était testé par d’autres auteurs tels que ARENNI &
KIM44 (1993, cité par GUEGUEN 2003) et NORTH45 (1999, cité également par
GUEGUEN 2003) qui a étudié l’impact d’une musique congruente avec l’origine
géographique des produits. La musique aurait alors tendance à influencer la
composition du panier dans la mesure où les produits choisis seront ceux
correspondant à l’ambiance musicale du point de vente.
Ainsi, la congruence perçue entre le stimulus musical et l’environnement du
point de vente, ou la catégorie de produit, a une influence favorable sur le
processus de décision du consommateur lors de son achat. Par assimilation, on
pourrait donc penser que la congruence entre le stimulus musical et le message
publicitaire bénéficie également de cette influence favorable, notamment en terme
de compréhension du message.
43 SIBERIL P. (1994), L’influence de la musique sur les comportements des acheteurs en grandesurface, Thèse de doctorat en Sciences de Gestion, Université de Rennes 1, Rennes 44 ARENI & KIM (1993), The influence of background music on shopping behaviour : classicalversus top-forty music in a wine store, Advances in consumer research, 20, pp. 336-34645 NORTH, HARGREAVES, Mc KENDRICK (1999), The influence of in-store music on wineselection, Journal of applied psychology, 84, pp. 271-27645 McINNIS & PARK (1991), The differencial role of characteristics of music on high and lowinvolvement consumers’ processing of ads, Journal of consumers, pp. 167-173
39/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Le concept de congruence apparaît, dans le domaine de la musique de
publicité, dans l’article de PARK & YOUNG, dès 1986. Ces deux auteurs, suite à
une étude ne validant pas leur hypothèse selon laquelle « la musique doit
améliorer les attitudes sous condition de forte implication affective », ont alors
émis l’idée selon laquelle le stimulus musical employé n’était peut être pas
cohérent avec l’annonce. Cette non-cohérence expliquerait alors cette absence ou
cette moindre effet de la musique sur les attitudes.
Dès lors, de nombreux auteurs ont alors repris cette hypothèse en
l’appliquant à différents domaines. McINNIS & PARK46 (1991, cité par ALPERT
2005) suggèrent, en effet, que la cohérence entre la musique et le message
publicitaire provoque des émotions positives. Mais, concernant l’impact sur la
mémorisation, c’est TOM47 (1990) qui étudia ce lien. Il arriva alors à la conclusion
que l’existence d’une congruence entre le stimulus musical et l’annonce améliorait
considérablement la mémorisation des informations véhiculées.
Une limite concernant cette étude, et donc ce résultat, a néanmoins était
soulevait. En effet, il semblerait que la mesure de cette cohérence ne soit pas
réellement portée sur la musique elle-même, mais sur les paroles des chansons.
Cette congruence étudiée ne serait dès lors qu’une « cohérence verbale », et
s’apparenterait alors à une redondance. Cette notion de redondance sera
notamment prise en compte lors des recherches concernant la quatrième
hypothèse.
Malgré cela, d’autres études viennent confirmer ce résultat. Le slogan ou le
nom d’un produit sont généralement mieux mémorisés lorsqu’ils sont
accompagnés d’un thème musical congruent. (ALPERT & ALPERT48 1990 cité par
GOODEY ; KELLARIS, COX & COX49 1993, cité par RIEUNIER 2000).
4646 TOM (1990), Marketing with music, Journal of consumer marketing, 7, 3, pp ; 49-5347
48 ALPERT & ALPERT (1990), Music influences on mood and purchase intentions, Psychology &Marketing, 7, 2, pp. 109-13349 KELLARIS, COX & COX (1993) The effect of background music on ad processing : acontingency explanation, Journal of Marketing, 57, pp. 114-125
40/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Dans leur étude, KELLARIS, COX & COX (1993) ont, ainsi, souligné que
lorsque l’individu qualifie la musique comme congruente avec la publicité,
l’attention portée à la musique contribue de façon positive au rappel et à la
reconnaissance du message.
Le contraire est également vrai. Une information dont les éléments ne sont
pas congruents se révèle ainsi plus difficile à traiter, à stocker et à retrouver
(KELLARIS & MANTEL50 1996, cité par GALAN 2003), et ceci du fait que le
stimulus non congruent distrait les individus du véritable message.
Ceci s’explique par ce que BROUTECHOUX appelle « le langage parallèle »
de la musique. Il considère, à juste titre, la musique comme un « langage
indépendant du langage verbal ». Cette propension de la musique à nous
renvoyer à « notre propre expérience sensorielle et esthétique » facilite ainsi la
mémorisation ; à condition que ce que la musique soit en adéquation avec ce
qu’elle nous évoque.
L’hypothèse H3 est donc vérifiée. Nombre d’auteurs en marketing sont en
effet en accord sur l’impact d’une musique congruente. Celle-ci, entrant en
interaction avec nos évocations, nos représentations nous aide à comprendre le
message publicitaire, et donc selon le processus de perception vu précédemment
de le mémoriser.
Néanmoins, MORRIS & BOONE51 (1998, cité par GALAN 1999) ont, tout de
même, montré que l’effet de la congruence n’est pas toujours évident, et qu’il
pouvait notamment avoir un impact négatif.
50 KELLARIS & MANTEL (1996), Shopping time perceptions with background music, Psychologyand Marketing, 13, 5, pp. 501-51551 MOORIS & BOONE (1998), The effects of music an emotionnal response, brand attitude andpurchase intend in an emotionnal advertising condition, Advances in consumer research, vol.25,pp. 518-526
41/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
De même, selon BERLYNE52 (1966), cité par LADWEIN (1999), l’intérêt lié à
une publicité est d’autant plus important en présence de stimulation qualifiée
« d’originales ou d’incongrues ».
L’hypothèse H3 est tout de même globalement vérifiée.
Une musique congruente est donc nécessaire pour que celle-ci ait un effet
positif sur le comportement du consommateur. Néanmoins, la congruence perçue
peut, dans certains cas, faire l’objet d’une congruence verbale entre les paroles
d’une chanson ou d’un jingle et l’objet de l’annonce publicitaire (Hypothèse n°4).
2.2.2 Vérification de l’hypothèse n°4 : L’influence du thème
musical chanté (type jingle) sur la mémorisation des
messages publicitaires
L’étude de cette dernière hypothèse consiste à vérifier une réelle croyance
partagée par les publicitaires et le grand public. Il s’agit d’analyser si la
mémorisation est plus aisée lorsque le thème musical, type jingle, est chanté
(chanté versus parlé).
Ainsi, pour l’étude de cette hypothèse, il nous faut préalablement définir ce que
l’on entend par le terme « jingle ». Le jingle constitue communément la signature
de la marque. On le définit généralement comme étant un « bref thème musical
destiné à introduire une émission ou un message publicitaire » . (dictionnaire
Hachette 2005)
Le jingle, caractérisé par un temps court, voire très court, doit donc avoir
un effet immédiat. Pour cela, l’élaboration d’un jingle privilégie les mélodies
simples (de 4 à 6 notes) permettant à celui-ci d’être facilement chanté. La mélodie
trouve ici tout son intérêt dans la mesure où seule cette variable du stimulus
musical peut être reproduite par la voix humaine (BROUTECHOUX). 52 BERLYNE (1966), Conflict and Arousal, Scientific American, 215, 2, p82-87
42/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
La mélodie du jingle lui permet également d’être déclinable et décliné. Ses
composantes peuvent effectivement, dans une certaine limite, subir des
distorsions et s’adapter au besoin à des nouvelles ambiances de films
publicitaires. C’est d’ailleurs un moyen d’installer une « connivence » avec le
spectateur qui reconnaît le jingle à travers ses différents arrangements.
Le jingle consiste donc à fournir les informations indispensables de la
publicité en un temps très court (4 à 6 notes). Il permet également de renforcer
l’identification, la reconnaissance.
Enfin, il décline un contenu. Le jingle étant court, le contenu doit être neutre
de signification émotionnelle et doit pouvoir s’adapter à différentes ambiances
sonores. Il est (s’il est bien fait) facilement mémorisable, et doit être
reconnaissable dans n’importe quel contexte.
Selon BROUTECHOUX, les paroles en terme de mémorisation prennent
une importance considérable : le bon choix des mots peut notamment favoriser la
mémorisation du message.
De même, un texte chanté a un double effet mnémonique, comme une
sorte de répétition, de redondance. Le texte aiderait à mémoriser la musique et la
musique imposerait phonétiquement son texte et réduit les risques de confondre
les marques entre elles. Selon BROUTECHOUX, dès lors que l’on a intégré une
musique, on ne parvient plus à intervertir les noms de marques. Il prend pour
exemple, « Heureusement, il y a Findus », « Nestlé, c’est fort en chocolat » et
« Chambourcy, oh oui ! », qui, c’est vrai, sont difficilement transformable
respectivement en « Heureusement, il y a Igloo », « Suchard, c’est fort en
chocolat », ou Yoplait, oh oui ! ».
Mais les exemples sont encore plus nombreux. On peut, en effet, y ajouter
« Croustibat, qui peut te battre », « Quand y’en a marre, y a Malabar », …
Ce double effet a un impact d’autant plus fort que certains procédés,
permettant de donner à l’oreille des repères forts, le renforcent, et par là facilite la
mémorisation de l’information, du message transmis.
43/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
BROUTECHOUX énumère ces effets de symétrie.
_Binarité de la musique notamment lorsque deux cellules sont
équilibrées dans leur durée. Ces deux cellules peuvent s’opposer (contraste
rythmique ou mélodique entre deux ces deux cellules) ou s’imiter (même
rythme…). L’exemple qui me vient instantanément à l’esprit est celui d’HARIBO
avec son célèbre « HARIBO,c’est bon la vie pour les grands et les petits ».
_Rimes du texte : le texte lui-même peut également emprunter des
effets à la musique. En effet, un texte sans musique peut être traité comme un
jingle dès lors qu’il fait l’usage de rimes. BROUTECHOUX prend alors comme
exemple : « VAHINE, c’est gonflé »
D’autres auteurs ne sont cependant pas du même avis. GALIZIO &
HENDRICK53 (1972, cité par GALAN 2003) ont montré que le rappel est moindre
quand le message est chanté plutôt que parlé. WALLACE W.T.54 (1991, cité par
GALAN 1999) suggère également que sur un texte assez long (trois paragraphes)
la version chantée est mieux retenue que la version parlée. En revanche, le texte
court est mieux retenu lorsqu’il est parlé.
YALCH55 (1991, cité par GALAN 2003) arrive quant à lui à des résultats
opposés et montre que les jingles sont mieux retenus que les slogans parlés. Il
explique qu’il est possible que le jingle entraîne une mémorisation phonétique et
que si on augmente l’élaboration du message, le slogan parlé sera mieux retenu.
Ainsi, un texte court semble plus facilement retenu lorsqu’il est parlé. Un
jingle serait donc plus aisément mémorisable s’il était parlé plutôt que chanté.
Néanmoins, en terme de jingles musicaux, cette quatrième hypothèse est
acceptée ; le double effet mnémonique, l’utilisation de rimes rendant le jingle
chanté plus facilement mémorisable.
53 GALIZIO & HENDRICK (1972), Effect of musical accompaniment on attitude : the guitar as aprop for persuasion, Journal of Applied Social Psychology, vol.2, pp. 350-35954 WALLACE (1991), Jingles in advertisement : can they improve recall ?, Advances in ConsumerResearch, vol.18, pp. 239-24255 YALCH (1991), Memory in jingle jungle : music as a mnemonic device in communicatingadvertising slogans, Journal of Applied Psychology, 76, 2, pp. 268-275
44/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
L’hypothèse H4 est donc acceptée.
Suite à l’étude de ces quatre hypothèses, nous pouvons aisément en
déduire quelques recommandations utiles et concrètes, quant à l’utilisation de la
musique au sein d’une campagne publicitaire.
45/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
2.3] Quelle utilisation de la musique dans la publicité ?
A l’image des résultats plus ou moins divergents, l’utilisation concrète de la
musique au sein des publicités fait également débat. En effet, certains préconisent
une musique totalement inhabituelle suscitant ainsi l’intérêt et par là l’attention,
alors que d’autres privilégient une musique familière facilitant le traitement du
message.
Ces deux propositions sont ainsi intéressantes, mais comprennent chacune
des inconvénients. La musique utilisée dans la première pourrait ainsi se révéler
non congruente et par là gêner la mémorisation ; tandis que la seconde présente
le désavantage de lasser le public concerné.
Ainsi, il n’est pas anodin de proposer des recommandations concrètes
quant à l’utilisation de la musique (2.3.2), mais avant nous résumerons brièvement
les conditions d’efficacité de ce stimulus (2.3.1)
2.3.1 La musique publicitaire : un stimulus efficace sous
certaines conditions
La musique, comme le montre la revue de littérature réalisée lors de l’étude
des hypothèses de recherche, a un réel impact sur l’efficacité des spots
publicitaires. En effet, la musique agit sur ce que l’on a appelé le processus de
perception, notamment lors de la phase d’attention et de la phase de
compréhension.
Lors de la phase d’attention, la musique a une fonction de stimulation de
l’activité cognitive. La musique attire l’attention de l’auditeur, notamment lorsque la
musique est connue, familière de celui-ci.
Lors de la phase de compréhension, la musique interagit simultanément
avec deux mécanismes. Tout d’abord, un mécanisme d’interprétation,
46/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
d’association lié au pouvoir évocateur de la musique, ainsi qu’un mécanisme de
redondance ou de répétition.
Pour cela, certaines conditions doivent cependant être respectées.
_ La musique ne doit en aucun cas gêner le traitement du message
central, c’est-à-dire du message que la publicité avait pu but de transmettre.
_ La musique doit, dans une certaine mesure, être en adéquation
avec le message en question.
_ La musique doit être suffisamment attractive.
_ La musique doit, dans la mesure du possible, utiliser des
compositions binaires, rimes…
Néanmoins, malgré l’importance du rôle que joue la musique sur l’efficacité
publicitaire - rappelons que la musique influence la mémorisation et que la
mémorisation a un impact sur les décisions d’achat - JULIEN relève que ce moyen
de communication est plutôt utilisée de manière intuitive e t non planifiée.
(JULIEN56 cité par GALLOPEL 2000). DUNBAR57 (1990), cité par GALAN (2003),
va même plus loin en relevant également ce paradoxe. Il a effectivement constaté
que la musique arrive en dernière position dans le processus de création
publicitaire. Certaines conditions énoncées ci-dessus sont parfois non respectées.
C’est pourquoi à l’issue de cette étude quelques recommandations (même si
certaines paraissent de bon sens) peuvent être apportées.
56 JULIEN J-R. (1989), Musique et publicité, Flammarion57 DUNBAR (1990), Music and advertising, International Journal of Marketing, 9, 3, pp. 197-203
47/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
2.3.2 Recommandations quant à l’utilisation de la musique
Selon GOODEY, la musique doit avoir plusieurs objectifs : d’identification à
la marque, de différenciation vis-à-vis de la concurrence, d’adaptation aux attentes
des consommateurs, d’innovation suscitant l’intérêt et d’optimisation. Pour aboutir
à ce résultat, l’édiction de quelques grandes règles est nécessaires.
1) Une musique chantée ne doit jamais être jouée simultanément avec
l’édiction du slogan ou de l’information principale de la société. Cette règle peut
paraître évidente, mais celle-ci n’est pas toujours respectée. On peut notamment
citer le dernier spot publicitaire pour le CREDIT AGRICOLE. Ce dernier utilise, en
effet, le titre très connu de Phillipe KATHERINE « J’adore » simultanément à la
conclusion du message publicitaire, le rendant difficilement audible.
En revanche, le dernier spot publicitaire pour l’opérateur Internet ALICE est
tout à fait admirable de ce point de vue. Ce spot reprend, dans un premier temps,
la mélodie qui lui associée (Black horse & cherry tree de K.T THUNDSALL), qui
est ensuite coupée pour délivrer le message publicitaire. La musique n’entre alors
pas en interaction concurrente avec le message, mais permet au contraire d’attirer
l’attention dès les premières secondes du spot, et de la conserver.
2) Un deuxième élément semble également devoir être pris en compte :
celui de la familiarité du public avec le thème musical étudié. En effet, un
compromis doit être trouvé entre musique innovante, inattendue - augmentant
l’intérêt lié à la publicité, mais n’étant pas totalement en adéquation avec le
message publicitaire- et une musique familière connotant tout à fait l’univers de la
marque, au risque de lasser le public ciblé.
3) Enfin, le moment de l’utilisation de la musique revêt également un enjeu
important. L’utilisation de la musique doit être principalement étudié en début ou
en fin de publicité. C’est ce que LADWEIN (1999) qualifie respectivement d’ «effet
de primauté » et d’ « effet de récence ». Cela signifie que les informations les
mieux mémorisées sont celles ayant attiré l’attention dès le début, et celles
transmises en fin de publicité. Néanmoins, selon LADWEIN (1999), l’ « effet de
48/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
primauté » serait à privilégier dans la mesure où les informations mémorisées à la
fin font appel à la mémoire à court terme, et peuvent ainsi facilement disparaître,
notamment lorsque plusieurs stimulations publicitaires se succèdent.
49/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
CONCLUSION
Comme nous venons de le voir, la recherche académique peine à faire
émerger des résultats homogènes.
Concernant la première hypothèse, celle de l’influence de la musique sur
l’attention, celle-ci est assez communément admise. Mais, la question se pose à
savoir si le gain d’attention portée à la musique ne réduit pas l’attention portée au
message publicitaire.
Concernant la seconde hypothèse, la musique familière permettrai une
mémorisation plus aisée, dès lors qu’elle n’entraîne pas une lassitude exacerbée
ou que son écoute n’entraîne un phénomène de remémoration de souvenirs
personnels et individuels.
Concernant la troisième hypothèse, l’utilisation d’une musique congruente en
terme de mémorisation est indispensable. Néanmoins, une musique inattendue
peut également avoir un impact positif.
Concernant la quatrième et dernière hypothèse, le jingle chanté reprenant les
informations indispensables du message a vraisemblablement un effet
d’amplification de la mémorisation.
Suite à la réalisation de cette revue de littérature, et à la lumière des résultats
quelque peu divergents, une vérification empirique aurait été intéressante.
Néanmoins, du fait des difficultés liées au thème (la mémorisation) et au stimulus
étudié (la musique), l’étude empirique n’a pu être réalisée dans le cadre de ce
travail. Au-delà de ces difficultés, une réflexion a été opérée sur les modalités de
vérification empirique, dont nous allons vous proposer les grandes lignes58.
58 Annexe 5 : Proposition de pistes de validation empirique
50/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
La réalisation de ces études terrain permettrait ainsi d’apporter une nouvelle
contribution, et surtout un nouvel avis quant à la réelle influence de la musique
publicitaire.
Mais, au-delà de cette nouvelle contribution empirique, certains écarts
semblent, à la lecture des différentes, pouvoir être expliqués par d’autres
variables, et notamment de l’influence des variables individuelles sur la perception
de la musique. En effet, le processus de traitement des informations prend une
place primordiale dans le comportement du consommateur. Or, il s’avère que les
variables individuelles telles que l’âge, le sexe, induisent des différences de
perception de la musique, et donc par là tendent à réduire ou à multiplier l’impact
de la musique, notamment son impact sur la mémorisation des messages
publicitaires.
Alors que le praticien de marketing peut contrôler les caractéristiques des
stimuli et donc les optimiser pour atteindre une attention et une compréhension
maximale, les caractéristiques individuelles du consommateur, qui influencent
également l’attention et la compréhension, sont donc des variables non seulement
non contrôlables, mais encore très difficiles à appréhender.
GOODEY liste notamment ces variables pouvant influer sur les résultats de
mémorisation de chacun. Ce sont notamment le moment de la journée, le sexe
(les femmes sont plus réceptives que les hommes), l’âge (les facultés de
traitement diminuent avec l’âge), mais également en fonction du plaisir éprouvé
lors de l’écoute, des préférences musicales ou du niveau de stimulation
nécessaire, propres à chaque individu et personnalité.
Dans la même optique, NAHON & TASSI (1998) ont étudié l’influence du
contexte d’insertion des messages et la mémorisation des publicités télévisées. Il
démontre, lors de leur étude, que l’attention portée aux publicités dépendait de
l’implication des téléspectateurs dans les programmes dits environnants. Ainsi, un
fort niveau d’implication dans un programme diminue la mémorisation des
51/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
messages publicitaires entrecoupant ce programme. On assisterait, en effet, à un
processus de filtrage de l’information.
Ainsi, la mémorisation des messages publicitaires varie selon de nombreux
paramètres, dont une partie seulement est lié au spot lui-même. Ainsi, malgré
l’impact de la musique sur la mémorisation que nous avons mis en évidence,
celle-ci ne constitue pas la panacée absolue à une augmentation de la
mémorisation.
52/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
BIBLIOGRAPHIE
▪ ALPERT M-I., ALPERT J-I., MALTZ E-N. (2005), Purchase occasion
influence on the role of music in advertising, Journal of business research, 58,
pp.369-376
▪ ARENI C-S. (2003), Examining managers’ theories of how atmospheric
music affects perception, behaviour and financial performance, Journal of retailing
and consumer services, 10, pp. 263-274
▪ BEND DAHMANE MOULHI N., TOUZANI M. (2003), Les réactions des
consommateurs aux modalités de la musique d’ambiance : cas de la notoriété et
du style, Revue Française de Marketing, n°191
▪ BOUCHET P. (2005), L’analyse de la sensorialité des magasins : approche
exploratoire dans le secteur des articles de sport, Actes du XXIème Congrès de
l’Association Française de Marketing, Nancy
▪ BROUTECHOUX G., Bô D. L’analyse musicale
▪ DUBE L., K HUI M., CHEBAT JC. (1997), The impact of music on
consumers’ reactions to waiting for services, Journal of retailing, vol.73, n°1
▪ FILSER M. (1994), La perception et la mémorisation, in Le comportement
du consommateur, Précis de Gestion, Dalloz, pp. 33-65
▪ GALAN J-Ph. (1999), Musique de publicité : une approche expérientielle,
Actes du XVè m e Congrès international de l’Association Française de Marketing,
Strasbourg
▪ GALAN J-Ph., HELME-GUIZON A. (2003), L’utilisation de la musique
comme élément de l’atmosphère d’un site Web : Considérations techniques et
théoriques, XIème Colloque Etienne Thil sur la Distribution, La Rochelle
53/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
▪ GALAN J-Ph. (1992), Musique et réponses à la publicité : effets des
caractéristiques, de la préférence et de la congruence musicale, Thèse de
doctorat de Science de Gestion, Université des Sciences Sociales, Toulouse
▪ GALLOPEL K. (2000), Contributions affective et symbolique de la musique
publicitaire : une étude empirique, Recherche et applications en marketing, pp. 3-
19
▪ GOODEY A., Faites entendre votre image : bilan et perspectives, Agence
ATOOMEDIA, Paris
▪ GORN G-J. (1982), The Effects of music in advertising on choice behaviour
: a classical conditionning approach, Journal of Marketing, pp. 94-101
▪ JACOB C., GUEGUEN N. (2003), L’impact d’une musique d’ambiance on
line sur la perception temporelle, la mémorisation et l’appréciation d’un site Web,
IIème Workshop Marsouin, Brest
▪ KELLARIS J-J., COX AD. (1989), The Effects of background music in
advertising : a reassessment, Journal of consumer research, pp. 113-118
▪ KELLARIS J-J., KENT R-J. (1992), The influence of music on consumers’
temporal perceptions : does time fly when you’re having fun?, Journal of consumer
psychology, pp. 365-376
▪ LADWEIN R., PINSON C. (1999), Le comportement du consommateur et
de l’acheteur, Economica Gestion, Paris, pp 135-229
▪ MAZOYER F (2000), Consommateurs sous influence, Le Monde
diplomatique, n°561
54/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
▪ NAHON D., TASSI Ph. (1998), Le contexte d’insertion des messages et la
mémorisation de la publicité télévisée, Décisions marketing, pp. 47-56
▪ RIEUNIER S. et GALLOPEL K. (2002), Comment gérer l’ambiance
sonore ?, i n Marketing Sensoriel du point de vente, Dunod, coordonnée par
Sophie Rieunier, pp.47-84
▪ RIEUNIER S. (2000), L’influence de la musique d’ambiance sur le
comportement des consommateurs sur le lieu de vente, Thèse de doctorat en
Science de Gestion, Université Paris IX – Dauphine, Paris
▪ Sites Internet :
www.designmusical.com
www.moodmedia.fr
55/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
ANNEXES
Annexe 1 : Importance relative des différents registres sensoriels
Annexe 2 : Schéma simplifié du comportement du consommateur d’ENGEL,
BLACKWELL et KOLLAT
Annexe 3 : Débat sur la perception subliminale
Annexe 4 : Schématisation des hypothèses de recherche
Annexe 5 : Proposition de pistes de validation empirique
56/66
Annexe 1 : Importance relative des différents registres sensoriels59
Exemples de stimulations
Registre sensorielProprioceptif Visuel Auditif Tactile Gustatif Olfactif
Publicité TV
Vente en face à face
Achat sur un lieu de vente
Lire un mailing publicitaire
Manger un aliment
59Source : LADWEIN R., PINSON C. (1999), Le comportement du consommateur et de l’acheteur, Economica Gestion, Paris, p.144
57/66
Forte importance Faible influenceLégende :
Annexe 2 : Schéma simplifié du comportement du consommateur
d’Engel, Blackwell et Kollat60
60 Source : ENGEL J.F., BLACKWELL R.D., MINIARD P.W. (1990), Consumer behaviour, 6e édition,The Dryden Press, Chicago, p.536, cité par LADWEIN R., PINSON C. (1999), p.41
58/66
Reconnaissance du besoin
Recherched’informations
Rechercheinterne
Rechercheexterne
Mémoire
exp
Stimulationmarketing
Stimulationmarketing
Exposition
Attention
Compré-hension
Acceptation
Rétention
Evaluation des alternatives
Achat
LEGENDE :
Processus de perception/mémorisation
Annexe 3 : Débat sur la perception subliminale
Comme nous l’avons énoncé dans le corps du texte, la perception
subliminale se définit comme « toute perception d’un stimulus dont la durée
d’exposition est trop faible pour que l’individu en ait conscience, mais qui est tout
de même reçue par le système nerveux central, de sorte que l’individu sous
hypnose est capable de décrire le stimulus subliminal. (FILSER, 1994) En bref, la
perception subliminale se caractérise par une perception de son environnement
de manière inconsciente, ou plus précisément, « en dessous du seuil de
conscience ».
Mais un débat se pose réellement quant au réel impact d’un stimulus perçu
subliminalement. En effet, comment un stimulus perçu inconsciemment pourrait-t-il
avoir des répercussions sur le comportement du consommateur ? MOORE T-E.61
(1982, cité par FILSER, 1994) répond à cette interrogation : selon lui, la perception
subliminale ne déclenche jamais de comportement inconscient.
Selon DIXON N-F.62 (1981, cité par FILSER 1994), celle-ci n’affecterait
uniquement que l’image que l’individu a formé à l’égard d’un produit ou d’une
marque, au même titre que tout stimulus perçu de manière consciente.
Néanmoins, des interrogations restent toujours en suspens. Si la perception
subliminale n’entraîne pas de comportement du consommateur, autre qu’une
influence sur l’image de marque, comment expliquer que l’undercover marketing
puisse avoir un impact sur les ventes du produit ou de la marque en question ?
61 MOORE T-E. (1982), Subliminal advertising : what you see is what you get, Journal of Marketing,46, pp.38-47
62 DIXON N-F. (1981), Preconscious processing, Wiley, London
59/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Annexe 4 : Schématisation des hypothèses de recherche
60/66
Exposition au stimulus = Publicité
Mémoire court terme
Mémoire à long terme
Mémoire/Mémorisation
Stimulus musical
Attention
Compréhension
Acceptation
Rétention
H3 : Un thème musical congruentet H4 : un thème musical chanté( t y p e j i n g l e ) f a c i l i t e l acompréhension et l’acceptation, etpar là la mémorisation.
H2 : Les thèmes musicaux connusf a c i l i t e n t l ’ a t t e n t i o n e t l acompréhension, et par là aide à lamémorisation.
H1 : La musique agit sur l’attentiondes téléspectateurs, et, par là, aide àla mémorisation.
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Annexe 5 : Proposition de pistes de validation empirique
Lors de la réalisation de ce travail, une étude empirique en quatre étapes
avait été envisagée. Cette étude difficilement réalisable dans ce cadre fait alors
l’objet d’une proposition pour de futurs et d’éventuels travaux.
L’étape 1 aurait alors consistait en une sélection de publicité télévisuelles.
Une telle sélection devrait comprendre entre 15 et 20 publicités, recréant ainsi une
plage publicitaire classique, réparties selon le critère étudié c'est-à-dire des
publicités avec fonds musical, avec musique chantée et enfin, sans musique.
Néanmoins, se pose, ici, les questions des biais liés à la familiarité de
l’échantillon avec les publicités. Ainsi, une solution envisagée pourrait être
d’utiliser des publicités étrangères. Celles-ci devront, en revanche, être sous-titrée
pour ne pas gêner la compréhension des individus interrogés, et par
enchaînement la mémorisation.
L’étape 2 serait la réalisation d’un questionnaire auprès d’un échantillon de
personnes assez réduit dans la mesure où les résultats soient significatifs. Ce
questionnaire interviendrait suite au visionnage des publicités choisies, et aurait
pour but de définir les éléments subjectifs qui peuvent être associées à la
musique. En l’espèce, il s’agit de la familiarité de l’auditoire au stimulus musical,
de la congruence perçue entre cette musique et le message publicitaire.
Les questions suivantes sont des exemples de questions pouvant faire
l’objet du questionnaire :
Pour la publicité que vous venez de voir, évaluez les différents critères
suivants sur une échelle (utilisation de l’échelle de Lickert) de 1 (pas du tout) à 7
(tout à fait) ; l’échelle de Lickert en 7 points laissant la possibilité d’avoir une
position neutre.
61/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
1. La musique de la publicité est en adéquation avec le message
publicitaire
2. La musique de la publicité est pertinente
3. A la vue de cette publicité, je m’attendais à entendre ce genre de
musique
4. La musique entendue dans la publicité m’est familière
5. J’ai déjà entendue ou j’ai l’impression d’avoir déjà entendue cette
musique auparavant
6. La musique de cette publicité a attiré mon attention
7. La musique de cette publicité est indispensable à l’efficacité de cette
publicité.
L’étape 3, quant à elle, tenterait d’évaluer le taux de mémorisation. Il
s’agira de faire visionner les publicités à un échantillon (différent de celui de
l’étape n°2) sans définir l’objet de l’étude, et le contacter le lendemain (Day after
recall) afin de vérifier le taux de mémorisation.
La question à poser serait alors :
Parmi les publicités que vous avez visionné hier, quelles sont celles dont
vous vous souvenez ?
Enfin, l’étape 4 consisterait à recouper les résultats de l’étape n°2 et l’étape
n°3 afin de vérifier quels sont les types de publicités (congruentes, musique
chantée, familière) qui sont les mieux mémorisées.
62/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
GLOSSAIRE
Implication : Etat de motivation ou d’intérêt porté pour un objet ou une situation
Stimulus : Convergence d’un besoin et d’un élément susceptible de le satisfaire.
Un message publicitaire, l’argumentaire d’un vendeur…, peuvent faire percevoir
au consommateur l’existence d’une offre pouvant répondre à ses besoins. Celui-ci
peut avoir diverses natures (musical…)
Undercover marketing : Intégration principalement visuelle de marques
notoirement connues, de très courte de durée, dans des films. Cette notion
renvoie notamment à celle de perception subliminale.
63/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE p.1
INTRODUCTION p.2
Partie 1 : le processus de mémorisation et les effets
de la musique : définition des concepts et des hypothèses
de recherche p.7
1.1 Le processus de mémorisation ; une notion et un processus
complexe p.7
1.1.1 La mémorisation : définition générale et schématisation
du processus p.8
1.1.2 A p p r o f o n d i s s e m e n t d e l a n o t i o n d e
mémoire/mémorisation p.15
1.2 Présentation, caractérisation et fonction du stimulus musical en
matière de publicité p.20
1.2.1 Marketing et stimulus musical p.20
1.2.2 Le rôle de la musique en publicité p.23
1.3 Etablissement des hypothèses de recherche p.25
1.3.1 Listing des hypothèses de recherche p.25
1.3.2 Méthodologie d’étude des hypothèses de recherche
p.27
64/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
Partie 2 : L’étude des hypothèses de recherche :
quelle est l’influence de la musique quant à la
mémorisation des messages publicitaires ? p.29
2.1 L’influence de la musique sur l’attention/compréhension p.29
2.1.1 Vérification de l’hypothèse n°1 : L’influence de la
musique sur l’attention des auditeurs p.30
2.1.2 Vérification de l’hypothèse n°2 : L’influence de la
familiarité de la musique p.34
2.2 L’influence de la musique sur la compréhension/acceptation
p.38
2.2.1 Vérification de l’hypothèse n°3 : L’influence de la
congruence de la musique sur la mémorisation du message publicitaire p.38
2.2.2 Vérification de l’hypothèse n°4 : L’influence du thème
musical chanté sur la mémorisation du message publicitaire p.42
2.3 Quelle utilisation de la musique dans la publicité ? p.46
2.3.1 La musique publicitaire : un stimulus efficace sous
certaines conditions p.46
2.3.2. Recommandations quant à l’utilisation de la musique
p.48
CONCLUSION p.50
65/66
L’influence de la musique sur la mémorisation des messages publicitaires
BIBLIOGRAPHIE p.53
ANNEXES p.56
▪ Annexe 1 : Importance relative des différents registres sensoriels p.57
▪ Annexe 2 : Schéma simplifié du comportement du consommateur
d’ENGEL, BLACKWELL et KOLLAT p.58
▪ Annexe 3 : Débat sur la perception subliminale p.59
▪ Annexe 4 : Schématisation des hypothèses de recherche p.60
▪ Annexe 5 : Proposition de pistes d’étude empirique p.61
GLOSSAIRE p.63
66/66