septembre 11 - sensitif · prix de vente au numéro : 1,20 euro – exemplaire gratuit. ne pas...

33
Blake 60 Septembre 11 PARIS SORTIR MODE SOCIÉTÉ PORTRAIT CULTURE PEOPLE CLUBBING BEAUTÉ ASSOS

Upload: others

Post on 18-Oct-2020

5 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • Blake

    60Septembre 11

    PARIS SORTIR MODE SOCIÉTÉ PORTRAIT CULTURE PEOPLE CLUBBING BEAUTÉ ASSOS

  • 3SENSITIf # 60

    Les Humeurs De monique 4

    queer as geek 6

    BD 8

    CHronique De ninFoman 8

    aCTus 10 & 12

    assos 14 & 15

    inTerviewsAlexandre Dousson 16 & 17Franck Jeuffroy 18 & 19Florian Bou 20 & 21

    voyageBerlin 23 & 24

    Zoom 34 & 35

    CuLTureCiné & DVD 36 & 38Musique 40 & 42Spectacle vivant 44

    PHoTosRick Day 24 à 33Scott Hoover 46 à 50

    PeoPLe 52 à 62

    RÉDACTEUR EN ChEf - Philippe EscalierDIRECTEUR ARTISTIqUE - Julien PoliDIRECTEUR DE LA PUBLICATION - J.F. Stoëri SECRÉTAIRE DE RÉDACTION - David Mac Dougall

    ONT PARTICIPÉ à CE NUMÉRO - Alexis Christoforou, Franck Finance-Madureira, Sylvain Gueho, Nicolas Jacquette, Johann Leclercq, Sébastien Miro, Gregory Moreira Da Silva, Monique Neubourg, Sébastien Paris, Jérôme Paza, Alexandre Stoëri

    PhOTOGRAPhE : RICk DAy www.rickdaynyc.com

    COUvERTURE : BLAkE

    POSTER : AvI

    BANDE DESSINÉE - Nicolas Jacquette© nicolas jacquette 2011 - www.nicolas-jacquette.com

    TIRAGE - 25 000 exemplairesNuméro de juillet/août téléchargé 115010 fois

    www.sensitif.fr

    IMPRIMÉ EN BELGIquE DÉPôt LÉGAL - à parution. ISSN : 1950-3490Prix de vente au numéro : 1,20 euro – exemplaire gratuit. Ne pas jeter sur la voie publique.

    SENSITIf EN LIGNE www.sensitif.fr RÉDACTION 7, rue de la Croix-Faubin 75011 Paris 01 43 71 49 92 PUBLICITÉ Philippe : 06 62 05 32 76 CONTACT [email protected]

    Sensitif est édité par SARL Sensitif – Siren : 491 633 731 RCS Paris L’envoi de documents à la rédaction implique l’accord de l’auteur à leur publication. La rédaction décline toute responsabilité quant aux textes, photos et dessins publiés qui n’engagent que leurs auteurs. Sensitif décline toute responsabilité pour les documents remis non sollicités. La reproduction totale ou partielle des articles et illustrations sans autorisation est formellement interdite. Les prix mentionnés le sont toujours à titre indicatif et de manière non contractuelle. tous droits de production réservés. Sensitif est une marque déposée.

    Édito

    Pour ce numéro de septembre qui porte le joli numéro 60, nous avions envie de vous faire partager nos coups de cœur, pour des artistes, des sportifs, des militants associatifs, des animateurs de la nuit, pour une capitale étrangère et pour le travail de deux photographes, Rick Day, l’auteur de notre couverture « cow-boy », et sans oublier Scott Hoover, avec qui nous collaborons régulièrement. Durant cet été, il a fallu nous contenter d’une météo gratinée, nous payer un vent de folie sur les marchés et un début d’hystérie sur la dette (Harpagon, sors de ce corps !), une dette qui existe depuis trente ans et que l’on fait mine de découvrir un matin (la faute aux

    républicains américains qui creusent les déficits et exigent des démocrates qu’ils les comblent, un comble !)… Mais peu importe, nous y sommes habitués. Les bonnes nouvelles tombent une fois tous les dix ans, les médias adorent jouer à nous faire peur. Si ce n’est pas la dette qui nous achèvera, ce sera la superbactérie qui résiste à tout, la grippe aviaire qui revient ou l’euro qui va éclater ! Nous sommes désormais vaccinés. Beaucoup d’entres nous sont des enfants de la crise, plus rien ne nous fait peur et nous avons décidé de profiter de la vie ! Bonne rentrée à tous !

    Philippe Escalierwww.sensitif.fr

    http://facebook.com/sensitif.fr

    © P

    hoto

    : S

    cott

    Hoo

    ver

  • 4SENSITIf # 60

    Les humeurs de Monique Neubourg

    On a déjà longuement démontré combien la femme moderne n’était pas complète sans un it-bag, un boyfriend jean et un meilleur ami gay (MAG). Mais qu’une petite fille réclame aussi le sien, de MAG, voilà qui est inédit !

    Elle a huit ans, appelons-la Luiza (le prénom a été changé pour préserver…), et elle a déclaré tout de go à sa maman, au milieu des vacances : « Rhôôôô, je veux un meilleur ami gay ! » Ça tombait bien, mummy en a plein, des meilleurs amis gays. Sans doute n’est-ce pas étranger au désir de la miss, mais imaginons que ce petit bout de nana, par extraordinaire, ait lâché la même requête dans un autre biotope, genre hétérobeauf, elle finissait au lithium. Mais revenons à notre Luiza. que faire de sa requête ? Dearest

    mom pourrait accepter de lui prêter l’un de ses meilleurs amis gays, mais il n’est pas dit que cela soit du goût de l’infante, qui veut son meilleur ami gay à elle, pas un vieux machin de seconde main, qui plus est, partagé avec sa mère qui en garde l’usufruit. Sans même parler de la possible absence d’enthousiasme dudit meilleur ami qui acceptera, à reculons, par amitié, de servir de mentor ès follasseries à la marmousette. Le MAG en profitera pour coiffer cathartiquement une Barbie ou Bratz pendant des heures, au nom d’un vieux trauma pas réglé. Est-ce que c’est cela que Luiza attend ? Et si elle voulait un meilleur ami gay de son âge, un Justin Suarez (le neveu de Betty dans ugly Betty) ? Bonne chance, Luiza, tu es une pionnière.

    La magie du mag

    Sur le Net

    oLivier auTissierPourquoi ce blog plutôt qu’un autre ? Pourquoi, se demande le lecteur en remarquant que son premier clic date d’il y a une heure trente et qu’il n’est pas prêt d’aller muser ailleurs, est-ce qu’on s’arrête plus longtemps chez Olivier Autissier qu’ailleurs ? Com-ment expliquer cette chose tellement personnelle et tout autant impalpable qui nous attache à un inconnu, qui

    n’est pas une phrase précise, ou une photo particulière, mais une réson-nance ? tel aveu, tel texte court à la qualité littéraire certaine (le blogueur est un authentique écrivain, auteur de Nous les referons ensemble), cette pudeur qui parfois laisse passer une douleur, en somme quelque chose de lui qui parle de soi, sûrement aussi, puisque comme chantait l’autre « par-lez-moi de moi, y a que ça qui m’intéresse ». quand le singulier (et il n’y a pas de doute, Olivier Autissier ne ressemble à aucun autre même prénom-mé Olivier) devient pluriel, il nous accueille à bras ouverts. C’est le cas ici.http://www.olivier-autissier.com/(Logiquement, la lecture du blog conduit à regarder beaucoup de photos, à cliquer pour en avoir plus et à se retrouver sur les albums photo d’Olivier chez Flickr : http://www.flickr.com/people/olivier-autissier/À découvrir après son blog. Ou avant. tout est très lié. Et très aimable. Et en cherchant bien, on trouve d’autres textes encore…).

    Il y a fort à parier que les opposants au mariage gay n’ont pas vu ce clip (réalisé pour une association militante par une agence de pub, donc roublard, mâtin et LOL comme il faut). Car il en ressort que le mariage, quels qu’en soient les participants, quelle que soit leur sexualité, quelle que soit leur appartenance géographique et l’orientation de leurs opinions politiques, est quelque chose d’assez ennuyeux et prévisible, qui dans un pourcentage non négligeable de cas, après avoir commencé dans l’euphorie et l’enthousiasme, se termine dans l’ennui et le divorce. quant à toi, ami lecteur, tu es sûr d’avoir toujours autant envie de convoler en justes noces ? Regardez tous cela avant de répondre !

    http://youtu.be/Bcc6jbMqi4E

    BuZZ viDÉo BuZZ viDÉo

    Terrasse Party chez Jean-Étienne griesbeck toutes les photos sur : www.sensitif.fr

  • 6SENSITIf # 60

    Queer as geek par Alexis Christoforou

    Vu Sur Le Web

    miNi gay boyfrieNdL’aPPLiCaTioN du moiS

    gadgeT geeK

    Le diSTribuTeur de SLiPSde SeCourS

    • Cet été Aides a lancé sa campagne « Sexy Fingers : un doigt suffit » pour sensibiliser au dépistage du sida par simple prélèvement d’une goutte de sang au bout du doigt. Le minisite qui

    l’accompagne, www.sexyfingers.org, est vraiment très réussi et mérite franchement le détour.

    Ce n’est pas souvent qu’on peut sur un même site faire du xylophone avec des testicules, claquer des fesses ou tirer des tétons !

    • Ça y est, les Sims débarquent enfin sur Facebook ! Appelé « the Sims Social » (www.facebook.com/theSimsSocial), ce nouveau jeu vous permettra de créer des personnages et de les faire vivre tout en interagissant avec vos amis par le biais de défis à réaliser. Attendez-vous donc à être une nouvelle fois spammé par vos amis qui se seraient désintéressés de Cityville ou de Farmville.

    Les vacances sont terminées, vous déprimez et vous vous sentez seul. Il est temps de s’amuser et de rencontrer quelqu’un de virtuel. Non pas un énième plan cul sur Grindr, mais un boyfriend vraiment virtuel qui tiendra dans votre poche : le Mini Gay Boyfriend. Imaginez le tamagotchi (pour ceux qui savent encore ce que c’est) en plus coloré, plus gay et plus amusant. telle une véritable relation, il vous faudra passer plusieurs étapes, comme d’abord choisir votre amoureux parmi 24 charmants jeunes hommes. Ensuite vient l’étape du flirt, où trois mini-jeux vous feront gagner des points pour faire évoluer votre relation. une fois votre homme séduit, viendront le rencard puis la « romance » où il faudra convaincre pour gagner ses faveurs, avec des activités telles que le pique-nique, le petit déj au lit ou bien la baignoire à la bougie. L’ultime étape est bien sûr l’adoption d’un animal (à défaut d’être autorisé à adopter un enfant) ainsi que la demande en mariage (pour 2012 ?). tout au long du jeu, il faudra veiller à être attentif à votre chéri et à bien le choyer.Ce jeu, premier jeu gay sur iPhone, est particulièrement ludique et ravit par son design irréprochable, ses couleurs qui font penser à Keith Haring et ses différentes manières d’interagir avec le petit ami virtuel.

    Vous est-il déjà arrivé cette situation embarrassante de ne plus avoir de slip de rechange ou bien tout simplement d’avoir perdu votre slip ? Non, nous non plus. Cependant, on ne sait jamais, il est toujours préférable de prendre ses précautions. Mieux que la boîte de Kleenex ou encore la boîte de lingettes, voici le distributeur de slips de secours !Vendue par Archie McPhee, une boutique américaine connue pour ses gadgets bizarres et fantaisistes, cette magnifique boîte en carton au design rétro contient cinq slips jetables unisexe (qui ne s’est jamais retrouvé en train de chercher la culotte égarée de sa grand-mère ?). Ces magnifiques slips de secours vous sauveront donc de situations plus que gênantes, c’est pourquoi je vous conseille d’en acheter trois boîtes, une à mettre sur sa table de chevet, une dans sa boîte à gants et une pour le bureau, on ne sait jamais…J’ai oublié un détail : la boutique en ligne ne livre malheureusement pas en dehors des États-unis.

    www.mcphee.com

  • 8SENSITIf # 60

    9SENSITIf # 60

    «Jac

    quet

    te ©

    2011

    - w

    ww

    .kev

    inet

    alex

    .com

    - t

    ous

    droi

    ts r

    éser

    vés»

    Au cas où certains auraient « oublié », c’est la rentrée. Noooooon, ne me remerciez pas, c’est toujours un plaisir de rendre sévices… euh service. Plus trop besoin de car-tables, certes, mais de fournitures : toujours ! L’année sera longue et rude, voici donc quelques petits conseils bien nazes à l’image de mes vacances…. La vengeance étant un plat qui se mange froid sous la pluie par 14 degrés en plein mois de novembre… euh juillet voulais-je dire. Débriefing post-reprise, donc :• crème anti-vide et contour des vieux, peeling ridioactif à la phylemoitatune q7… Check ;• bronzage intégral et uniformément pâle sur l’ensemble du corps… Check ;• abonnement au vestiaire et douche du « club mec gym »… Check ;• lecture des œuvres complètes d’IGEA et ses sept articles essentiels : le tatouage rebelle, le blanchiment de dents, la mèche amovible, un chien si possible affreux (élu « meilleur accessoire de l’homme 2011 »), et bien sûr les derniers des I PED 1 – 2 – 3 ... Check ;• zonax, Donormale, Poppires, trozac… : liste à la phar-

    macienne de mes cinq produits pour devenir un légume… Check !Ben oui, faut anticiper la chute, les bourses prennent trop de krach. Et c’est sans compter sur la dernière saison an-noncée de Desperate Housewives : adieu Bree, aurevoir Ga-brielle, Susan Boyle et Lynette Sarko. Je suis déjà en deuil.La dernière sans FX parti rejoindre la voix (du seigneur ca-thodique) qui lui aurait dit : C’est tout, dès à présent !La dernière sans smartphone, Facebook, Follivore, Volde-mor et Garcimore…car oui les gars, eh oh, c’est la rentrée certes, mais c’est aussi la fin du monde en 2012 ! C’est pas moi qui le dit, c’est le calendrier Maya l’abeille, c’est pour dire la véracité de l’information. Ça buzzzzzzzzzz sur le net (c’est toujours bien de finir par une bonne blague désopilante…ou pas).Voilà, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une belle ren-trée, je pense avoir contribué à votre bien-être de manière plus qu’efficace.Je vous bizzzzzzzzz (re-blague). quel talent !

    Retrouvez-moi sur ma page Facebook Pro : Sébastien Miro Chroniques

    La chronique niNfoman par Sébastien Miro

  • 10SENSITIf # 60

    actus par la rédaction

    Au québec, c’est une star, une drag-queen qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui bitche, comme on le dit là-bas. Sa rencontre avec les Parisiens s’est faite grâce au patron du tango qui l’a découverte aux débuts des années 2000 au Sky à Montréal. Séduit, mais intimidé, Hervé Latapie préfère prendre contact avec elle par e-mail et lui propose de lui ouvrir toutes grandes les portes de sa Boîte à Frissons : « J’avais vraiment été impressionné par le personnage, une bête de scène, et surtout une improvisatrice hors pair, capable d’enchaîner un flot de répliques à vous couper le souffle. Je l’ai encouragée à passer nous voir et Mado a de suite accepté ma proposition de venir présenter un show. » En 2002, première rencontre avec les Parisiens qui se font bitcher mais qui adorent. « Move over Céline, Lara, Linda, Isabelle,

    Natasha, I am the new queen of Parisse ! Oh là là, la Mado s’pète les bretelles ! » fanfaronne la star à son retour au québec. Depuis, elle remplit le tango à chacune de ses apparitions. Après avoir raconté l’histoire de son pays avec Les Invasions bâtardes, Mado vient donner sa version de la France empreinte de son goût pour les clichés et la provocation. Mais Mado c’est aussi une bête de scène, une grande gueule doublée d’un grand cœur… Organisez-vous vite et pensez à réserver à l’avance, la star ne donne que deux représentations !

    Le Tango11, rue au Maire 75003 Paris

    Mardi 13 et mercredi 14 septembre à 20 h 30 01 48 87 25 71

    www.boite-a-frissons.fr/spectacles/mado/index.htm

    Pour sa troisième édition, le Grand Feu annonce la couleur et prévient : le soleil se lève en pleine nuit ! Dans une première partie, face aux cascades du XVIIe siècle, les aspects historiques et scientifiques de

    l’art pyrotechnique seront présentés par Stéphane Bern qui retracera aussi la vie du château rasé en 1891. Viendra ensuite le temps de la danse et de la musique, ponctuées

    de feux d’artifices avant que le Grand Feu lui-même ne reste seul en scène, avec sa série de tableaux lumineux et éphémères. La nuit raccourcie s’annonce belle à Saint-Cloud !

    Grand Domaine de Saint-Cloud le 10 septembre 2011Ouverture des grilles : 19 h – Début du spectacle 22 heures

    Réservations : www.fnacspectacles.com ou www.francebillet.com - 0 892 507 707 (0,34 euro la minute)

    wwww.le-grand-feu.com

    mado eT LeS maudiTS fraNçaiS !

    Le graNd feu de SaiNT-CLoud

    LeS deSSouS d’aPoLLoN reCruTeNT...... un jeune diplômé attiré par l’univers de la mode et celui des sous-vêtements et maillots de bain.Basé à Paris, il lui faudra assurer la gestion des deux magasins et du site Internet aux côtés des dirigeants, notamment pour :L’accueil des clients et les conseils ; la gestion administrative : commandes, réceptions de marchandises ; le management : recrutement, animation, formation et développement de son équipe ; le développement des ventes : suivi des indicateurs de performance (chiffre d’affaires, marge…), analyse de la concurrence et du potentiel local, mise en place de la politique commerciale de l’enseigne, etc.Ce poste conviendra à un jeune diplômé bac + 2 au minimum (école de commerce ou équivalent) avec une première expérience de la vente et du management d’équipe dans les secteurs mode-beauté-luxe.Bonne présentation et excellent relationnel demandés, envie de s’investir dans un poste de management à fortes responsabilités.Anglais indispensable, espagnol et autres langues appréciées.Mobilité Paris, Lyon notamment indispensable pour ce poste.Envoyez CV, photo et lettre de candidature à [email protected]

  • 12SENSITIf # 60

    13SENSITIf # 60

    actus par Grégory Moreira Da Silva

    La parodie de l’Eurovision fait son come-back le lundi 19 septembre à Bobino dès 20 heures 30. une aubaine pour tous les amoureux de ce spectacle décalé qui fait rire gays et hétéros depuis 1992. une farandole de dérision et d’humour potache placée sous le signe de la lutte contre le sida.Si Michel Guyery, alias Vartoch, créateur de cette parodie délirante, avait su que la plaisanterie durerait près de vingt ans après sa première édition, il ne l’aurait pas cru. Pourtant, ce spectacle est devenu incontournable pour deux raisons : son but ultime, qui est de récolter des fonds pour une organisation de lutte contre le sida, mais aussi pour son succès incroyable lié à l’esprit bon enfant et loufoque qui se dégage de chaque représentation. Placées sous le parrainage de Marie Myriam et de Jean-Paul Gaultier, les règles du concours sont calquées trait pour trait sur celles du concours officiel. une vingtaine de pays sont représentés par autant de chansons, choisies dans le répertoire des titres qui ont perdu depuis la création du concours original en 1956. Chaque titre est interprété

    en live, accompagné d’un orchestre et de deux choristes. Pour remporter le titre, les concurrents ont le champ libre : interprétation délurée, costumes déjantés, chorégraphies insensées. tous les coups sont permis !Dans la salle, des personnalités se prêtent au jeu et endossent le rôle des jurés chargés, en seconde partie de soirée, de noter les participants avec grande précision mais sans se prendre au sérieux.Gertrud et Olga assurent l’animation de l’événement avec leur humour si particulier et leurs remarques qui font toujours mouche. Bien entendu, il s’agit d’un événement à

    but non lucratif. Depuis sa création, tous les bénéfices de la soirée sont reversés à une organisation de lutte contre le sida. Pour la troisième année, c’est à l’association Les Petits Bonheurs qu’iront les recettes de la 19e édition de l’Eurovartovision.

    Bobino : 12, rue de la Gaîté 75014 Paris lundi 19 septembre à 20 h 30

    Billet sur le site de la Fnac, préventes :Mange-Disque et Oiseau Bariolé

    Créée par Jérôme Reboani en 2010, totalDJ est LA Webradio électro de référence. Rejointe très vite par Jérôme Marty pour l’épauler, la petite radio est devenue en moins d’un an le carrefour obligatoire pour tous

    les passionnés de clubbing. Avec plus de 800 auditeurs uniques par jour et 50 DJ qui collaborent pour la petite Webradio, nul doute qu’elle deviendra grande plus vite que prévu… Comment l’idée de cette Webradio est-elle née ?Je travaillais déjà en équipe dans le monde de la radio depuis longtemps. Et comme les décisions et les orientations ne me plaisaient pas toujours, j’ai voulu créer ma propre radio.quelle est l’orientation musicale de votre radio, est-elle destinée aux seuls gays ?C’est un format qui n’existe pas en France, on est sur le

    créneau de la musique gay underground. On a un vrai son club sur l’antenne avec notamment des retransmissions en live de certaines soirées gays parisiennes. Au fond, elle est ouverte à tout le monde. On a autant de DJ connus dans le milieu gay que dans le milieu hétéro.quels sont vos principaux concurrents et quels projets avez-vous pour cette rentrée ?Nous n’avons pas vraiment de concurrents. Notre programmation est unique. Mais nous voulons simplement que les Français cessent d’être obligés de se connecter sur des radios américaines pour écouter du bon son underground. Nous allons faire tous les quinze jours une émission en direct où nous parlerons clubbing et culture. Ces directs se feront dans un bar du Marais ou dans certaines soirées gays. Enfin, nous allons procéder à une refonte totale de notre site Internet fin septembre/début octobre. Et comme toujours, totalDJ c’est le meilleur de la musique électro !

    www.totaldjradio.euRetrouvez également totalDJ sur Facebook et twitter

    La 19e euroVarToViSioN reVieNT à bobiNo !

    ToTaLdJ, La Webradio Qui moNTe

  • 14SENSITIf # 60

    15SENSITIf # 60

    assos par Jérôme Paza

    Entrons dans le vif du sujet : comment participez-vous aux primaires socialistes ? Nous avons décidé d’exploiter ce moment inédit pour faire en sorte que chacun des six candidats s’exprime sur nos sujets. On est plutôt de bonne humeur, tous les candidats se sont positionnés dans un sens très favorable. Nous leur avons adressé un questionnaire précis pour connaître leurs engagements. En 2011, tout électeur ayant le droit de participer aux primaires, nous voulons nous adresser au plus grand nombre. On aura par exemple un petit clip par candidat qui sera dévoilé en même temps que les ré-ponses au questionnaire, à l’occasion d’un débat public or-ganisé à Paris fin septembre. Et puis, une fois le candidat désigné, on mènera campagne pour sa victoire en 2012. Parmi les questions que hES aborde avec les candidats, il y a…L’ouverture du mariage, la reconnaissance de l’homo-parentalité et le droit à l’adoption. Il y a aussi des sujets moins mis en avant qui méritent d’être creusés comme les luttes contre les discriminations, les questions trans, la lutte contre le VIH, la gestation pour autrui, sur laquelle tout le monde n’a pas le même discours. Nous demandons aux candidats ce qu’ils feront et surtout quand ils feront les choses. Le climat est nettement plus propice qu’en 2007 !Oui, en 2007, les questions LGBt n’étaient pas au cœur de la campagne. Cette année, j’espère que ce sera différent. Déjà l’Espagne, la Belgique, l’Argentine, l’Afrique du Sud, le Portugal, Mexico ou New York l’ont fait, donc nous deve-nons ridicules avec notre retard. D’autant que l’opinion publique suit ! Les citoyens vont plus vite que les politiques sur ces su-jets-là. Et puis, les socialistes se sont engagés (aucun dé-puté de gauche n’a voté contre) en proposant à l’Assem-blée une loi sur le mariage. Pour nous, c’est la preuve que ça se fera et assez vite. Il faut en effet que cela fasse par-tie des premières mesures symboliques prouvant qu’on a vraiment tourné la page. Je préférerais une seule loi avec

    un paquet global, comprenant aussi l’organisation du sta-tut du parent non biologique (ce que Sarkozy avait promis et n’a pas fait) et le système d’adoption. Si l’on fait une première loi uniquement sur le mariage, on risque d’aller moins vite ensuite sur les autres droits. venons-en maintenant à l’association. Comme la définiriez-vous ?Née en 1983, HES n’est pas l’association des homos du PS (il n’est pas nécessaire d’être socialiste ni d’être LGBt pour y adhérer). Elle a été fondée parce que les choses n’étaient pas simples à cette époque-là avec le PS. Au-jourd’hui encore, on constate combien il est utile d’avoir cet espace-là pour pousser sur des thématiques d’orien-tation sexuelle et de genre afin que les esprits se « dé-crassent ». Heureusement, nous sommes désormais en meilleurs termes avec le PS qu’il y a dix ans. Notre boulot maintenant est de travailler sur des questions de plus en plus complexes comme la gestation pour autrui. Le PS est contre, donc nous cherchons à faire en sorte qu’il se rapproche de nos idées. Nous avions procédé ainsi pour le pacs. On avance en proposant des textes au congrès du PS sur lesquels les grands ténors du parti s’engagent. quand un sujet est acquis, on passe à un autre ! vous êtes aussi en pointe sur d’autres sujets ?C’est un peu notre raison d’être. Nous ne sommes pas très à l’aise sur la réponse donnée par le PS sur toutes les questions que pose la prostitution par exemple, même

    HeS

    homosexualités et Socialisme est une association créée en 1983. Proche du Parti socialiste, elle a toujours œuvré pour qu’il soit de plus en plus sensible aux questions LGBT. à quelques semaines des primaires, il nous a semblé intéressant de découvrir le travail de cette association en donnant la parole à son président, Gilles Bon-Maury.

    © t

    hom

    as D

    Ou

    SSA

    u

    si, de notre côté, nous n’avons pas de réponse arrêtée. On s’active aussi au sujet des trans et, par exemple, nous sommes favorables à l’intégration dans le droit français d’une recommandation du Conseil de l’Europe affirmant qu’il faut pouvoir changer d’état civil sans faire valoir une décision médicale. Comment garder votre indépendance par rapport au PS et à ses courants ? C’est une question importante pour HES. Nous engager dans un courant serait notre perte ! Certes, chacun peut avoir un candidat préféré, mais les équipes nationales et locales sont plurielles. Je ne peux pas demander aux gens d’être neutres, ça n’existe pas ! Mais je peux m’assurer que toutes les équipes sont équilibrées sans tendance dominante. À titre personnel, je me suis engagé à ne pas prendre position dans le cadre des primaires.Combien compte-t-on d’adhérents à hES ?Nous sommes 400, c’est à la fois important par rapport à d’autres assos et bien peu par rapport au PS. Je compte sur la campagne pour développer le nombre d’adhérents. vous intervenez sur des sujets généraux ? Il nous arrive de nous joindre à d’autres manifestations contre le racisme et le sexisme car il y a une connexion entre machisme exacerbé et homophobie. On était aussi sur les manifs contre la réforme des retraites, mais on en-tend se concentrer sur notre cœur de métier. Et pour cela, il y a un bureau national, une dizaine de groupes locaux dans les grandes villes de France et des commissions thé-matiques. Pour élaborer de nouvelles propositions, il nous faut du carburant, à savoir des auditions, des lectures sur nos thèmes de travail. C’est du bénévolat associatif mais nous avons besoin d’expertise ! Notre fonctionnement est classique : la commission présente un texte en assemblée générale qui sera adopté par tous les adhérents. Cela dit, nous n’avons pas pris position sur tout et notre travail s’appuie seulement sur ce qui a été débattu et voté. Rassurez-moi, vous ne faites pas que travailler ? Non, il y a des moments de convivialité, c’est ainsi que les assos avancent. On organise un dîner dans un resto

    partenaire depuis longtemps, le premier mercredi de chaque mois. C’est le moment de débattre de l’actualité LGBt qui est riche, en réalité. Ce qui est sympa, c’est de participer aux fêtes du PS et surtout de nourrir les débats dans les sections. Nous sommes des référents sur les thèmes LGBt. Et avec le monde associatif ? On essaie de faire un peu le lien, c’est assez surprenant de voir à quel point le monde LGBt est éclaté… c’est triste. On a un réseau européen d’assos socialistes LGBt que nous avons fondé et qui s’appelle Rainbow Rose, et les autres responsables européens sont toujours très sur-pris de l’éclatement de notre paysage d’assos LGBt. On essaie d’être entendu et utile un peu partout en partici-pant à toutes les interassociatives. Ce n’est pas toujours simple, chacun a ses marottes et son agenda, et les prio-rités ne sont pas partagées par tout le monde. J’ai été très impressionné cette année par l’énergie que certaines as-sociations ont été capables de dépenser sur la question d’une affiche. Je n’ai pas de problème pour débattre d’une affiche, mais j’ai un énorme problème pour dépenser plus d’énergie sur ça que sur la promotion d’une proposition de loi ouvrant le mariage, par exemple. Et je n’ai pas envie de m’user dans des luttes intestines, on a trop à faire par ailleurs, comme la lutte contre le VIH qui reste une prio-rité ! à quelques mois de la présidentielle, vous êtes optimistes ! Dans les trente mesures phares du programme de la gauche, on retrouve la proposition du mariage et de l’homoparentalité. C’est important ! En disant cela, on s’adresse aux homos ; c’est vrai, beaucoup de gays savent bien qu’historiquement, c’est la gauche qui a amélioré leur situation, mais en plus, on se rapproche de tous ceux qui veulent que la France retrouve un peu d’oxygène et une position avancée sur des sujets fondamentaux.

    www.hes-france.org

    © thomas DOuSSAu

  • 16SENSITIf # 60

    17SENSITIf # 60

    Je ne sais pas si je dois t’appeler Tonton… D’ailleurs, d’où vient ce surnom ?C’est parti du physio du Banana (le lieu où j’ai commencé à travailler à Paris) que l’on appelait ainsi. Lorsqu’il a pris sa retraite, le « titre » était disponible. Avec le phénomène Facebook, c’est devenu un surnom affectif. Ce n’est pas moi qui l’ai voulu, je l’ai juste accepté… mais c’est vrai que ça prend tout son sens avec les gens dont je suis proche !

    Comment se passent tes débuts ? Je fais partie d’une génération qui a eu la chance de pouvoir faire des études longues. Je suis parti à la faculté pour faire une licence d’histoire et une maîtrise de communication, dans le but d’acquérir surtout une bonne formation intellectuelle. J’ai commencé à travailler en parallèle. Ensuite j’ai toujours eu du boulot.

    D’abord beaucoup de presse et de relations publiques, puis le monde de la nuit, mais je n’ai jamais fait de choix de carrière, seulement de belles rencontres.

    On a le sentiment que pour toi la nuit est une évidence… tout à fait. D’abord, je suis quelqu’un qui dort peu (quatre heures par nuit me suffisent). Paris est une ville que j’aime beaucoup et je l’aime encore plus la nuit parce que c’est le moment où la capitale t’appartient. Ça a l’air d’une phrase toute faite, mais c’est vrai : là, nous sommes à Beaubourg, c’est rempli de touristes, reviens vers 5 heures du matin et la place sera à toi ! J’ai la chance que mon travail soit aussi mon plaisir. Ce qui ne signifie pas que je ne suis ni sérieux ni parfois un peu stressé… Deux heures avant la Scream, il ne faut pas me parler, je suis dans tous mes états et dix-huit ans de nuit n’y changent rien ! Puis, quand je vois que les gens sont là, alors tout va bien.

    La nuit, c’est son métier, mais surtout c’est son univers. faite pour tout le monde, la nuit qui, selon ses dires, a toujours vingt ans, se doit de choyer en priorité les jeunes dont elle tire sa force, son insouciance et sa convivia-lité. Et ce n’est pas un hasard si toutes les soirées qu’Alexandre Dousson nous a proposées ont été placées sous le signe de la fête et de l’amitié. Il nous a semblé juste de demander à celui qui a toujours pris soin de rester en peu en retrait de venir nous parler de son parcours et du regard qu’il porte sur un monde toujours fascinant.

    interview par Philippe Escalier

    Phi

    lippe

    @Se

    nsiti

    f

    Depuis quelques mois, les choses ont pas mal changé pour toi ! En effet, j’ai la chance d’être associé à deux fers de lance de la nuit parisienne, la Scream qui a fait un retour fracassant cet été et le Spyce que j’ai rejoint du dimanche au jeudi, principalement avec ma soirée le mercredi. Le Spyce a permis, avec d’autres lieux et notamment le Raidd Bar, de remettre le Marais au centre de la vie gay, au moins pour la partie clubbing. Le Spyce est plus qu’un bar, c’est un endroit qui travaille à offrir de la diversité et une part de rêve à des gens, même en semaine, avec une nuit qui commence plus tôt et où l’accueil est au rendez-vous. quand un barman commence et sert ses premiers verres sans trop savoir s’il faut qu’il ajoute plus ou moins d’alcool, on lui dit de faire comme s’il recevait ses amis à la maison. Pour moi, c’est ainsi et pas autrement, j’accueille les gens comme s’ils venaient chez moi, sans me forcer. C’est vrai avec les clients habituels, mais aussi avec les touristes venus à Paris durant l’été. quel plaisir de pouvoir leur faire découvrir la nuit gay !

    Je suppose que tu seras d’accord pour dire que les nuits parisiennes sont devenues très animées ? Oui, et notamment depuis deux ans nous avons la chance (c’est certainement dû à la crise) d’avoir une nuit avec des musiques plus festives, plus fédératrices. On voit la nuit changer, les gens ont besoin d’un moment pour s’amuser et se lâcher ! Et puis Paris reprend la main avec de nombreuses initiatives. On a accueilli, avec plaisir, beaucoup de soirées venues de l’étranger et maintenant on revient vers des productions françaises. La nuit parisienne se retrouve avec son identité propre. Il faut tirer son chapeau à tous ceux qui ont créé des soirées fonctionnant bien, avec de belles spécificités que ce soit à Paris ou en province. Les gens aiment avoir le choix : il n’y a pas de compétition, il existe juste de l’émulation. Et pour finir, je crois que l’on se prépare une très belle année clubbing !

    La nuit n’est pas non plus un monde idyllique ? Non, bien sûr, mais je pense que les querelles de clocher concernent peu de gens en réalité. La nuit, c’est comme le reste, il ne faut ni l’idéaliser, ni la stigmatiser.

    Par exemple, quand j’entends dire que c’est un monde superficiel, ça me fait bondir ! C’est insulter les gens qui sortent et qui viennent chercher du plaisir, du réconfort et du bonheur : en quoi cette démarche serait-elle superficielle ? Je trouve au contraire qu’elle est essentielle !

    Il ne faut pas compter sur toi pour dire que c’était mieux avant ?Surtout pas ! C’est tellement faux de l’affirmer… quand on parle avec des trémolos dans la voix du Palace, on oublie que ça a duré très peu de temps et surtout que ce n’était pas mieux qu’aujourd’hui ! En vérité, les gens ont la nostalgie de leur âge, ce qu’ils regrettent, ce sont leurs vingt ans.

    Preuve que tu aimes la nuit, on te voit sortir un peu partout ! J’ai plaisir à aller dans toutes les tribus. J’aime ce qui est fédérateur, les clients ont raison de se balader d’une soirée à une autre… La nuit, comme le dit tony Gomez, est une belle fabrique à souvenirs !

    à quand une soirée dont tu serais le créateur ?J’ai toujours fait partie de la nuit gay, sans en être un acteur à proprement parler. Maintenant, je crois avoir fait mes preuves, j’ai envie de franchir le pas et si ça peut aider, de me mettre un peu plus en avant !

    aLexaNdre douSSoN

    Phi

    lippe

    @Se

    nsiti

    f

  • 18SENSITIf # 60

    19SENSITIf # 60

    interview par Philippe Escalier

    Comment est né ce spectacle ? tout est parti de la rencontre avec Alexandre de Limoges qui m’a demandé de créer une comédie musicale, ce qui manquait à sa programmation. En découvrant sa deuxième salle de spectacle, un peu particulière puisque c’est un ancien peep-show, j’ai eu un déclic. Et Pigalle, quartier où se mélangent le sexe, les touristes, les religieux allant vers le Sacré-Cœur et les habitants du quartier, parfois bobos et friqués, m’a inspiré. J’ai voulu faire quelque chose sur des rencontres particulières et permettre la découverte de la comédie musicale anglo-saxonne sous l’angle de la culture française, en alternant les titres très connus et ceux qui le sont moins.

    Le Peep Musical Show, ce sont uniquement des comédies américaines ?Oui, mais revisitées en français avec de nouvelles paroles écrites à plusieurs. Il y a donc des numéros parodiés en même temps qu’une histoire à quatre personnages incarnant chacun un côté emblématique de Pigalle. Nous sommes accompagnés par un pianiste, c’est léger, comique, un peu irrévérencieux et pas mal déjanté !

    C’est en effet très joyeux… C’est aussi une reprise : qu’est-ce qui a changé par rapport à la première mouture ? Nous disposons au Clavel d’une scène confortable. François Beretta a pris le relais d’Alma de Villalobos, alors indisponible, pour assurer la mise en place des chorégraphies du show et jouer le rôle indispensable de regard extérieur quant à la mise en scène et à l’interprétation. Et nous sommes maintenant accompagnés en live par un pianiste, ce qui apporte un plaisir incomparablement plus grand aux comédiens sur scène et au public dans la salle !

    En regardant ton Cv j’ai un peu halluciné… et j’ai imaginé la tête de tes parents quand tu leur as dit que tu allais faire du théâtre alors que tu venais d’être diplômé de l’École polytechnique ! Cela s’est fait par étape, puisque je leur avais annoncé d’abord que je voulais faire de l’humanitaire en sortant de Polytechnique ; ils se sont ainsi habitués à ce que je leur présente des choses improbables. La précarité du milieu artistique fait toujours peur, sinon ils sont contents de me voir sur scène !

    Le Peep Musical Show qui sera à l’affiche du théâtre Clavel à partir du 15 septembre 2011 a soulevé l’enthousiasme de ceux qui ont eu la chance de le voir l’an dernier. Nous avons trouvé à ce spectacle très réussi un charme supplémentaire lorsque nous avons découvert son auteur, franck Jeuffroy. Cet artiste au parcours atypique, dont nous avons pu apprécier la discrétion et le professionnalisme, a bien voulu, avec sa très belle voix de baryton-basse, se dévoiler et nous présenter sa comédie musicale.

    fraNCK Jeuffroy Philipp

    e@Se

    nsiti

    f

    Dernièrement, dans quoi t’ont-ils vu ? J’ai joué dans Le Livre de la jungle, qui a fait une belle tournée en France et à l’étranger. C’était une belle expérience. J’ai aussi chanté dans La Belle Hélène, dans Le Horla de Maupassant adapté en théâtre musical, et dernièrement dans Another Road, spectacle de Barbara Scaff autour des Beatles. Je suis aussi très heureux de défendre actuellement plusieurs beaux projets à venir : La Nuit des flamants roses de Franck Harscouët et Vincent 2g, l’adaptation française du Baiser de la femme-araignée de Kander et Ebb, ou encore Le Magasin des suicides version comédie musicale. Le théâtre musical est un peu mon obsession !

    Un mot sur ton expérience dans l’humanitaire ? En quatre ans, j’ai travaillé sur des projets d’urgence internationale, où il fallait satisfaire les besoins de populations sinistrées, enchaîner sur des projets de réhabilitation, de reconstruction et de retour au développement. J’étais basé en France avec des missions fréquentes de quelques semaines à l’étranger. Je devais faire une évaluation des besoins, monter des projets de financement et suivre la réalisation. C’est comme ça que j’ai travaillé en Haïti, au tchad, au Sri Lanka, en Inde et en Indonésie. C’était passionnant, mais c’est le spectacle que j’ai choisi !

    En pratique, comment passe-t-on de Polytechnique à La Belle hélène ? Je dois dire que j’ai découvert le chant à Polytechnique. C’est une école très humaniste, avec énormément de cours différents, beaucoup de sport, des cours d’histoire, de chant, de philosophie, d’art, avec uniquement des gens passionnants. Enfant, j’ai fait beaucoup de piano et je voulais travailler un autre instrument : j’ai choisi ma voix ! Lorsque j’ai décidé de me consacrer entièrement à

    la scène, j’ai aussi pris des cours de danse – j’ai toujours adoré danser – et de théâtre afin de me former à cet art total qu’est la comédie musicale.

    As-tu des airs préférés dans Le Peep Musical Show ? J’aime beaucoup le numéro de Jésus qui me fait vraiment rire. Popular de Wicked marche très bien tout comme take Me or Leave Me, le duo de filles dans Rent. On est content de la façon dont nous avons revisité les vingt et une mélodies au programme. J’aurais eu du mal à dire ça quand nous avons lancé le spectacle car il est toujours difficile de porter un jugement sur un projet que l’on a soi-même créé, porté et joué, mais l’accueil que le public nous a réservé jusqu’à présent autorise à le dire sans tomber dans l’autopromotion !

    Le Peep Musical Show au théâtre Clavel3, rue Clavel 75019 Paris

    À partir du 15 décembre :Jeudi, vendredi, samedi à 21 h 30

    pendant les trois premières semaines Mardi, mercredi à 21 h 30 à partir du 4 octobre 2011

    01 42 38 22 58 - www.lepeepmusicalshow.com

  • 20SENSITIf # 60

    lieu en Pologne. Après la Pologne, ce sera en février à Budapest pour une compétition entre athlètes français pour sélectionner les quatre premiers qui vont partir en coupe du monde. Il y aura en tout quatre coupes du monde qui permettront de sélectionner les trente-six sportifs (tous pays confondus) qui partiront aux JO pour l’épreuve de pentathlon. Là, ça devient sérieux !

    qu’est-ce qui fait que tu obtiens de bons résultats ? Ça tient à mes adversaires, à ma forme physique et à mon mental. On ne peut pas être au top tout le temps. J’ai fait mes meilleures performances en 2010 en étant champion du monde de pentathlon en relais et troisième au championnat de France toutes catégories. Cette année a été plus dure, déjà parce qu’on a une excellente équipe pentathlon junior en France, ce qui rend la compétition plus ardue.

    Tu ne fais pas que du sport ? Non, en parallèle je suis des études au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes. J’alterne les cours et les entraînements. L’emploi du temps c’est 8 heures-20 heures dans le meilleur des cas !

    Compte tenu de toutes ces contraintes, est-ce facile d’avoir une relation suivie ? Pas du tout ! J’ai pourtant essayé plusieurs fois… Je finis les entraînements tard, je suis fatigué, c’est difficile de ressortir à l’extérieur voir quelqu’un (sachant que l’on ne peut pas recevoir à l’Insep). Je suis assez peu disponible, y compris le week-end… alors un petit ami qui accepte de rester un mois sans te voir, c’est pas possible !

    www.insep.fr

    interview par Alexandre Stoëri

    Peux-tu nous expliquer ce qu’est le pentathlon ? C’est une discipline inventée par le baron de Coubertin pour les Jeux olympiques de 1912. Ce sont des sports militaires à la base, puisque dans l’armée il fallait savoir nager, courir, monter à cheval, se battre à l’épée et au revolver, d’où les cinq épreuves du pentathlon : escrime, natation, équitation, tir au pistolet et course à pied. Ce qui explique aussi que les filles n’aient intégré ce sport aux JO que très tard, en 2000.

    quels sont les grands sportifs représentatifs de ce sport ? Sébastien Deleigne, double champion du monde, cinq fois champion d’Europe (il a été mon entraîneur à Font-Romeu), et chez les filles Amélie Cazé.

    Un mot sur l’Insep ? C’est la grande école des athlètes pour les sports individuels représentés aux JO. On y vit un peu comme sur un campus universitaire, en vase clos, mais la vie n’y est pas désagréable.

    Tu viens d’une famille de sportifs ?Oui, mon grand-père était en équipe de France de rugby, mon père a fait partie de l’équipe de France junior de natation ; mon frère et moi avons fait les deux. quand, au collège, nous avons dû faire un choix, j’ai opté pour la natation et lui pour le rugby.

    Comment es-tu devenu pentathlète ? un entraîneur de pentathlon m’ayant vu nager est venu pour me demander si je voulais intégrer son pôle. C’était la période où j’étais un peu fatigué de nager tout le temps. J’ai passé les tests et j’ai été accepté. Mais c’est difficile parce qu’il faut s’entraîner beaucoup et dans cinq disciplines.

    Prenons un exemple : l’équitation. Tu en avais déjà fait ? Il a fallu t’y mettre ? C’est bien simple, je n’avais fait que de la natation ! Il a fallu me familiariser avec les quatre autres sports. Le plus dur a été la course car je n’étais pas un bon coureur ; en plus, à l’époque, j’avais un surplus de poids et il me fallait courir en altitude, j’ai souffert ! En équitation, je n’ai pas eu peur de tomber et j’ai vite progressé. L’escrime, c’est de la tactique, ça m’a plu de suite. Et le tir ne m’a posé aucun souci.

    Tu peux adapter tes entraînements ? Oui, j’ai des entraînements spécialisés. C’est comme ça que je fais un peu moins de natation où je suis plutôt bon et davantage de course à pied où je dois améliorer mes performances.

    quelles sont tes prochaines compétitions ? Je prépare les prochains championnats d’Europe qui ont

    Né à Narbonne, venu du Sud-Ouest où il a passé son bac, florian Bou (presque vingt et un ans) a quasiment toujours fait du sport. Spécialisé dans la natation, il choisit le pentathlon pour lequel il s’entraîne intensivement à l’Institut du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) où il est parfaitement intégré.

    fLoriaN bou

    Phi

    lippe

    @Se

    nsiti

    f

    Phi

    lippe

    @Se

    nsiti

    f

    Phi

    lippe

    @Se

    nsiti

    f

  • 22SENSITIf # 60

    23SENSITIf # 60

    Les atouts de Berlin sont en effet assez nombreux pour faire oublier sa situation géographique. C’est d’abord un centre culturel et intellectuel important, comme en témoi-gnent ses nombreux musées. Avec, pour commencer, le musée gay, Schwules Museum, qui a ouvert ses portes en 1985 et qui propose une exposition permanente sur l’his-toire des homosexuels ainsi que des expositions tempo-raires. La fameuse île des Musées regroupe au bord de la Spree les cinq grands centres d’exposition que sont le Pergamon Museum (antiquités classiques), le musée des Antiquités du Proche-Orient, le musée d’Art islamique, l’Alte Natio-nalgalerie (arts du XIXe siècle) et le Bode Museum (sculp-tures du début du Moyen Âge au XVIIIe siècle). Dans le complexe du Kulturforum, la Gemäldegalerie, consacrée à la peinture européenne du XIIIe au XVIIIe siècle, renferme entre autres la plus grande collection de Rem-brandt au monde. Impossible enfin de faire l’impasse sur le Jüdisches Museum, qui en lui-même constitue une œuvre d’art, où se retrouve profondément ancrée dans l’architecture du bâtiment l’histoire du peuple juif jusqu’à la Shoah, la déportation et l’exil. Ce musée est destiné à rappeler l’horreur de la guerre et les rôles éminent des Juifs dans l’édification de l’Allemagne. Après avoir sacri-fié à la culture, on pourra se livrer sans remords à une

    séance de shopping. Le plus célèbre grand magasin de Berlin est l’enseigne kaDeWe (Kaufhaus des Westens) sur la Wittemberg Platz qui aligne des chiffres record : 60 000 mètres carrés, soit l’équivalent de neuf terrains de football, près de 400 000 articles et plus de 40 000 vi-siteurs par jour. On recommandera en particulier les deux étages absolument étonnants consacrés à la gastronomie, qui provoquent toujours chez un Français une vraie sur-prise doublée d’une certaine jalousie ! Berlin, c’est une foule de marchés, la ville est verte et tournée vers le bio. Le marché türkischen (ou marché turc de Kreuzberg) vend les fruits et légumes les moins chers de la ville. Les marchés aux puces sont nombreux comme dans le quartier bohème autour de Boxhagener Platz.

    On mange plutôt bien à Berlin (pour peu que l’on fasse l’im-passe sur la cuisine allemande !) et pour des prix raisonnables. On vous conseillera un restaurant italien très appréciable, trouvé par hasard, Boccacelli, situé 3 Winterfeldstrasse à deux pas du

    quartier gay de Schöneberg. une carte variée, d’excellents plats, et si vous avez la chance d’être servi par le sédui-

    huit fois plus étendue que Paris, avec ses douze districts, la capitale de l’Allemagne est une ville aérée, disposant de parcs immenses et de transports collectifs très développés, où il fait visiblement bon vivre. La décontraction des Berlinois, les prix en moyenne 30 % moins chers qu’à Paris, les possibilités culturelles et festives font de cette ville particulièrement gay friendly, innovante et résolument tournée vers l’avenir, une destination prisée.

    sant Danijel, alors, vous serez aux anges ! Plus mondain et plus dans le vent, sans être ruineux, le Café des Artistes(35 Fuggerstrasse) offre une bonne cuisine à la suisse et à la russe. Le restaurant est rattaché à un bar très élégant. Pour le reste, on ne peut que vous conseiller de chercher dans les endroits les moins touristiques, en évitant par exemple Oranienburgerstrasse (l’une des grandes artères de Mitte), où les restaurants asiatiques pour touristes on poussé comme des champignons ; on y fera néanmoins le déplacement pour les designers et galeristes qui s’y sont implantés juste après la réunification et pour y voir une très belle synagogue. Pour prendre un verre, le quartier Schöneberg est parfait. Parmi des bars très différents en taille et en clientèle, on appréciera la terrasse du Café Berio (7 Maasenstrasse). Le mythique Eldorado n’a plus les attraits d’autrefois et les gays préfèrent le Prinzknecht (33 Fuggerstrasse). Pour une balade, après avoir parcouru les endroits les plus renommés, on conseillera la Fasanenstrasse, l’une des rues les plus riches de la ville avec de magnifiques immeubles. une fois là, à Kantstrasse, on peut tourner à gauche et marcher le long de la voie ferrée. On trouvera alors une multitude de restaurants français. un peu plus loin se trouve l’avenue du 17 Juin, avec ses sympathiques marchés aux puces, qui traverse le parc tiergarten pour offrir l’une des plus imposantes perspectives de la ville. La vie musicale est très riche. Les mélomanes trouve-ront avec le Berliner Philarmoniker le plus bel orchestre du monde. À côté du Komische Oper, les deux opéras, le Staatsoper et le Deutsche Oper, offrent une belle program-mation faisant la part belle à l’opéra allemand dont on est souvent privé à Paris. Dans un tout autre style, Peter Fox,

    Rio Reiser, Rammstein ou Wir sind Helden prouvent que la création musicale berlinoise se porte bien. Pour se rendre à Berlin, l’avion reste le moyen le plus pra-tique, l’aéroport tegel n’étant pas très éloigné du centre-ville. En l’espace d’un an, la compagnie Lufthansa vient d’améliorer le confort de ses passagers sur ses vols eu-ropéens en installant 32 000 nouveaux sièges sur plus de 180 avions. Plus ergonomiques, écologiques et légers, ces fauteuils laissent davantage d’espace pour les jambes (ce qui n’est pas un luxe !). C’est l’intérieur même de ses avi-ons que Lufthansa a repensé, en renouvelant ses sièges et en occupant mieux l’espace, ce qui a permis dans le même temps des efforts de prix non négligeables. Par ailleurs, un effort sur les services restauration (qui étaient cor-rects) a été fait.Guter Reise in Berlin !

    www.visitberlin.de/fr www.lufthansa.com

    berLiN

    Phi

    lippe

    @Se

    nsiti

    f

    Voyage par Alexandre Stoëri

    Phi

    lippe

    @Se

    nsiti

    f

  • Best ofBy Rick

    Day

    © P

    hoto

    : R

    ick

    Day

    - w

    ww

    .ric

    kday

    nyc.

    com

    © P

    hoto

    : R

    ick

    Day

    - w

    ww

    .ric

    kday

    nyc.

    com

    STEvE

  • © P

    hoto

    : R

    ick

    Day

    - w

    ww

    .ric

    kday

    nyc.

    com

    © P

    hoto

    : R

    ick

    Day

    - w

    ww

    .ric

    kday

    nyc.

    com

    NIv

  • © P

    hoto

    : R

    ick

    Day

    - w

    ww

    .ric

    kday

    nyc.

    com

    © P

    hoto

    : R

    ick

    Day

    - w

    ww

    .ric

    kday

    nyc.

    com

    BLAkE

  • © P

    hoto

    : R

    ick

    Day

    - w

    ww

    .ric

    kday

    nyc.

    com

    © P

    hoto

    : R

    ick

    Day

    - w

    ww

    .ric

    kday

    nyc.

    com

    AvI

  • © Photo : Rick Day - www.rickdaynyc.com

  • 34SENSITIf # 60

    35SENSITIf # 60

    Zoom

    En 1980, Gaston Defferre, futur ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, convoque Françoise Gaspard, alors maire de Dreux et potentiellement ministrable, pour lui an-noncer la victoire prochaine du candidat socialiste, Fran-çois Mitterrand. Il lui donne le conseil, simple et unique, pour avoir une carrière ministérielle : la nécessité d’être mariée. À cela, elle lui répondra, non sans humour, qu’il faudrait que la loi change. Françoise Gaspard, première (et seule) femme politique française à assumer son homo-sexualité, n’a donc pas tenu compte de cette précieuse re-commandation – elle ne sera d’ailleurs jamais ministre –, mais celle-ci sera prise au pied de la lettre par nombre de ses collègues, comme elle l’a raconté par la suite. Ainsi, entre décembre 1980 et mai 1981, le carnet (rose) du jour-nal Le Monde verra fleurir les bans de politiques, que ce soient des hétéros qui n’avaient pas envie de se marier ou des homos ayant épousé des femmes, dont le consente-ment était plus qu’éclairé, ces dernières rêvant sans doute de monter les marches de Matignon au bras de leur mi-nistre de mari.Cet exemple montre bien le pouvoir de l’hétérosexua-lité affichée avec l’ensemble de ses codes (le triumvirat mariage, famille, enfant) pour la réussite en politique. Il semble qu’il faille toujours apporter des critères de soi-disant « normalité » – au sens sociétal du terme – pour être reconnu et considéré comme… politiquement correct.

    La banalisation de l’homosexualité ne fait pas encore par-tie du cadre politique, surtout pour ceux qui veulent faire carrière. Ainsi la première raison qui incite certains (pour ne pas dire la plupart) à ne rien révéler de leur orientation sexuelle est bien sûr la peur de mettre en jeu leur avenir politique.

    Pour autant, les exemples existent de politiques ayant fait leur coming-out après lequel leur accession au pou-voir n’a pas été empêchée. En novembre 1998, Bertrand Delanoë évoque son homosexualité dans une émission de télévision. À l’époque, bien avant sa campagne pour la mairie de la capitale qui aura lieu trois ans plus tard, il est « simplement » sénateur et président du groupe PS au conseil de Paris. La même année, c’est André Labarrère qui révèle publiquement son homosexualité, bien que ses administrés de la ville de Pau fussent au courant depuis longtemps, ce dernier ne faisant aucun mystère de son orientation sexuelle. Il sera réélu à son fauteuil de maire jusqu’à sa mort en 2006.Depuis l’avènement du pacs et l’augmentation de la visi-bilité homosexuelle, l’électorat serait donc plus intelligent que ce que veulent bien penser les politiques ; un élec-torat plutôt prompt à juger ses responsables politiques sur leurs aptitudes et compétences plutôt que sur leur orientation sexuelle. un électorat peut-être moins conser-

    La légende voudrait que les homosexuels naissent dans les roses avec un diplôme de coiffeur-visagiste en poche ou un talent inné pour la création haute couture. Bien entendu, la réalité est tout autre, les homosexuels sont (forcément) représentés dans toutes les catégories socioprofessionnelles, y compris le monde politique où pourtant il est rare d’assumer son homosexualité. Les raisons de ces silences sont diverses et variées, mais sont-elles encore justifiées dans la france du XXIe siècle ? Souvent les politiques ont menti, bien fol qui s’y fie.

    vateur qu’une classe politique souvent en décalage avec son temps. une autre raison invoquée quand les (rares) politiques viennent à parler de cette omerta est le fait que la sexualité est privée et doit le rester. C’est oublier que l’homosexualité ne se réduit pas à ce qui se passe dans la chambre. Le fait est largement accepté pour l’hétéro-sexualité, à l’image des diverses utilisations de mariage, grossesse, présentation de la petite famille venant illus-trer les pages de nombreux magazines. L’actuel président s’est d’ailleurs fait l’exemple de ce type de médiatisation. L’hétérosexualité est donc moins privée que l’homosexua-lité, plus montrable et plus photogénique ! Dans tous les

    cas, la « discrétion » demandée aux homosexuels est une forme de discrimination, tout autant que l’argument de la vie privée avancé par certains homosexuels est une forme d’échappatoire et d’excuse très discutable.

    toutefois, il est vrai que la révélation d’un secret long-temps caché est une tâche ardue par les répercussions et dommages collatéraux ainsi que sur l’image que cela peut générer. C’est peut-être pourquoi, pour les homosexuels encore cachés parmi les plus anciens des politiques, rien ne bouge. Déconstruire sa vie hétérosexuelle fictive sans pour autant passer pour un menteur patenté est compli-qué. Pari risqué donc pour les éléphants de la politique. Pari toutefois relevé en 2009 par Roger Karoutchi, alors secrétaire d’État aux Relations avec le parlement, qui dé-cidait de révéler son homosexualité. Certains ont alors trouvé cela courageux venant d’un responsable politique de droite, en poste au gouvernement. D’autres n’ont fait que souligner le plan de communication, dû à la bataille des élections régionales, en vue de contrecarrer une Va-lérie Pécresse toute dans l’ostentation hétérosexuelle et de couper court à toute révélation qui pourrait éclater du-rant la campagne même, de la part des « amis » plus que des ennemis politiques. Cela tombait également très bien pour Nicolas Sarkozy, chahuté par les questions sur l’ho-moparentalité et le mariage homo, d’avoir un si ardent dé-fenseur qui répétait à l’envie le comportement « naturel » du président vis-à-vis de l’homosexualité de son ministre. Bien qu’il s’en défende, Roger Karoutchi pourrait rejoindre une liste plus longue, celle des hommes politiques ayant révélé leur homosexualité sous la contrainte, pour endi-guer la rumeur malveillante et limiter les dégâts du ou-ting, à l’image de Philippe Meynard, révélant son homo-sexualité en plein milieu d’un conseil municipal en 1999

    pour faire face à la calomnie, ou Jean-Luc Romero, obligé en 2000 de communiquer sur son orientation sexuelle après qu’un magazine gay l’avait révélée.Il est un fait qu’au sein des « milieux » – politique, homo, voire journalistique –, les noms des politiques de tout poil qui sont homosexuels sont connus. Le clivage gauche/droite ne semble même plus exister, remplacé par une forme de complicité et d’entente tacite. Les politiques concernés s’en amusent entre eux, même si certains ou-vertement homo essayent de convaincre les autres de ve-nir grossir les rangs de la visibilité et de la banalisation de l’homosexualité dans la classe politique.

    Finalement, l’avancée viendra sans doute des nouvelles et plus jeunes figures politiques. Ayant intégré que les Fran-çais se préoccupent plus de savoir si les promesses vont être tenues par les politiques plutôt que de savoir avec qui ils vivent et comment, ceux-ci ne redoutent plus le co-ming-out, comme le montrent les récentes révélations de Ian Brossat, président du groupe commu-niste au conseil de Paris, ou de Bruno Julliard, adjoint au maire de Paris chargé de la jeunesse, dont on s’étonne pourtant que le coming-out ait fait tant de bruit dans les médias !

    « DANS TOUS LES CAS, LA “ DISCRÉTION “ DEMANDÉE AUX hOMOSEXUELS EST UNE fORME DE DISCRIMINATION, TOUT AUTANT qUE L’ARGUMENT DE LA vIE PRIvÉE AvANCÉ PAR CERTAINS hOMOSEXUELS EST UNE fORME D’ÉChAPPATOIRE ET D’EXCUSE TRèS DISCUTABLE. »

    LeS PLaCardS dorÉS de La rÉPubLiQue

    par Sylvain Gueho

  • 36SENSITIf # 60

    37SENSITIf # 60

    Ciné par Franck Finance-Madureira

    LeS bieN-aimÉSde Christophe HonoréSortie le 24 aoûtVivre l’amour légèrement. C’est tout l’enjeu des destins de Madeleine (Ludivine Sagnier, puis Catherine Deneuve) et de sa fille Véra (Chiara Mastroianni). Sur fond de chansons écrites par son compère Alex Beaupain, Christophe Honoré parvient à répéter le petit miracle des Chansons d’amour en nous racontant une histoire qui commence à Paris dans les années 60. Ce film-saga de plus de deux heures nous entraîne dans le Paris « nouvelle vague », dans un Prague « kundérien », ainsi que dans le Londres de la fin du siècle dernier ou le New York post-11 Septembre. Chiara Mastroianni confirme ici qu’elle est l’une des comédiennes les plus intéressantes de sa génération avec le rôle à la fois sombre et léger d’une jeune femme qui tombe amoureuse d’un gay. Ce film sur l’amour, la légèreté et la transmission nous donne l’occasion de vivre des scènes d’anthologie avec Catherine Deneuve, sa mère dans le film et dans la vie, plus drôle et piquante que jamais.En jouant avec une forme de mythologie du cinéma français, Honoré réinvente son cinéma d’une façon très naturelle et toujours portée par un sens inné du récit et de la musicalité. une « insoutenable légèreté de l’être » qui nous transporte…

    NoTre ParadiSde gaël morelSortie le 28 septembreGaël Morel, révélé comme acteur dans Les Roseaux sauvages d’André téchiné, poursuit discrètement sa carrière de metteur en scène avec une réelle volonté de traiter de sujets tabous ou difficiles qui lui tiennent à cœur. C’était le cas dès son premier long-métrage, À toute vitesse, qui s’inspirait plus ou moins de son expérience en mettant au centre de l’intrigue un jeune homme qui devient connu à Paris et revient dans son village de province. Après des plongées ambiguës dans l’univers du Maghreb

    (Les Chemins de l’oued, Le Clan) et celui du deuil (Après lui avec Catherine Deneuve, son meilleur film), il revient avec l’histoire de deux prostitués criminels. Vassili, interprété par son acolyte des Roseaux Stéphane Rideau, est un prostitué vieillissant qui recueille un jeune éphèbe un peu perdu dans le bois de Boulogne. Accompagné de celui qu’il renomme Ange, il va vivre une sorte de descente aux enfers : meurtres, fuite, cavale et trahisons au programme.Si le film peut sembler maladroit (l’interprétation parfois, les dialogues souvent) et donne l’impression d’être, encore, un galop d’essai, il bénéficie d’une réelle fièvre qui parvient à nous entraîner dans les errances de ces amants criminels. Béatrice Dalle en ex-noctambule parisienne retirée dans un village et Didier Flamand en vieil homo vivant dans le luxe avec un jeune homme sont magnifiques de justesse.

    We Need To TaLK abouT KeViNde Lynne ramsaySortie le 28 septembreL’histoire, adapté du best-seller de Lionel Shriver, c’est avant tout celle d’une mère et de son fils, une sorte de duel sur fond de relation ratée, un combat. Lynne Ramsay parvient à nous entraîner dans cet affrontement familial en vase clos et à nous captiver du début à la fin. Même si, dès l’ouverture du film, on comprend que le fils a clairement dérapé, provoquant l’isolement de sa mère après le drame, le suspense reste entier au fil de notre découverte de cette relation mère-fils inhabituelle qui nous est retracée depuis la naissance de Kevin.La mise en scène est inventive et travaillée : un jeu sur les couleurs et sur le son qui sert le propos et le climat anxiogène du film, un montage non chronologique intelligent. tilda Swinton, déjà incroyable dans Amore l’année dernière, livre une composition de mère absolument éblouissante ! Présente dans quasiment chaque plan, elle est parfaite du début à la fin et donne au film sa justesse. Celui du regard d’une mère qui a failli, qui a engendré le mal, et qui essaie de comprendre pourquoi elle n’a pas réussi à être une mère.

  • 38SENSITIf # 60

    39SENSITIf # 60

    dVd par Franck Finance-Madureira

    iNiTiaTioNChez bQHLLe jeune Axel, 16 ans, mis à la porte de chez lui, se fait happer par le milieu néonazi viennois et se retrouve embarqué dans de sales histoires avant d’avoir réalisé ce qui lui arrive. Il va rencontrer Gustav, le vieux teinturier homosexuel du quartier, qui le prend un peu sous son aile. Il revit à travers ce garçon son amour d’adolescence avec un de ses amis qui connut une fin tragique dans l’Allemagne nazie.Ce film se laisse regarder malgré une esthétique un peu télévisuelle et un goût prononcé pour l’ambiguïté malsaine. En effet, l’ambiance néonazie, misogyne, violente, et le climat d’avilissement physique et mental peuvent mettre mal à l’aise. De plus, les flash-backs sur l’époque nazie sont un peu caricaturaux et très peu crédibles.Reste l’interprétation, plutôt réussie, des deux protagonistes principaux : le vieux patron de pressing est interprété par Helmut Berger, acteur iconique de Luchino Visconti qui livre une partition touchante, et Alex est interprété par un jeune acteur plein de charme aux faux airs de James Franco ado.

    KeLLerChez outPlayPaul et Sebastian deviennent amis sur un mode étrange. tous les deux sont très proches rapidement mais Sebastian a un comportement inhabituel passant du silence à l’extrême violence. Alors qu’ils en viennent à enlever et séquestrer une jeune femme, la relation entre les deux garçons va devenir de plus en plus troublante sur fond de désir, de fascination réciproque et d’initiation à la violence et au sexe.Ce film allemand est assez hypnotique. La réalisation qui alterne les enfermements successifs (transports en commun, appartement familial, cachette secrète) est assez intéressante et a le mérite de créer un véritable climat inquiétant. L’intrigue est relativement simple, mais pour une fois, pourrait-on dire, les deux adolescents, héros

    de l’histoire, sont loin d’être réduits à l’état de cliché. Les personnages ont une réelle épaisseur, une réelle profondeur. Ils sont surprenants, à l’état brut, et du coup leurs décisions ou agissements nous prennent souvent de court. Il faut rendre justice aux deux jeunes comédiens, Sergej Moya et Ludwig trepte, vraiment excellents !

    VieS brÛLÉeSChez outPlayAngel et Nene, malfrats de profession, acceptent un contrat espérant oublier là leurs problèmes de couple. Mais cette mission ne se déroulera absolument pas comme prévue et remettra tout en cause…Ce film argentin de Marcelo Piñeyro est sorti au tout début du XXIe siècle et nous arrive enfin en DVD, inspiré d’une histoire vraie – celle de deux gangsters surnommés « les Jumeaux » mais qui sont amants et non frères – qui défraya la chronique à Buenos Aires au milieu des années 60.La force de ce quatrième long-métrage de Marcelo Piñeyro est de parvenir à marier un véritable film de gangsters avec tous les incontournables du genre (fusillades, poursuites, trahisons, scènes d’action et de suspense) sans jamais perdre de vue la passion amoureuse vécue par les deux héros (jalousies, désirs, obsessions et névroses au programme). S’appuyant sur un duo de comédiens sensuels et fiévreux (Eduardo Noriega et Leonardo Sbaraglia), le film, sans verser dans un voyeurisme trash, ne contourne pas cet amour entre hommes et ose en fouiller les méandres les plus profonds avec une vérité et une crédibilité confondantes. Vies brûlées s’enrichit de cette double thématique (criminalité et passion homosexuelle) assez peu traitée au cinéma et donc d’un scénario foisonnant qui ne laisse pas une seconde de répit. Et réussit le petit miracle de nous contenter sur les deux tableaux.

  • 40SENSITIf # 60

    musique par Johann Leclercq

    Das PoP The gameEMIContrairement à d’autres noms de groupe, Das Pop ne nous prend pas au dépourvu ! Certes, il y a du rock et de l’électro dans leur musique, mais leur dada, c’est « das » pop et même « das » sehr gut pop !Pourquoi « das » ? Parce que le groupe est majoritairement belge (un petit Néo-Zélandais est venu s’y greffer) et qu’il connaît un grand succès outre-Rhin et outre-Manche. Si leur premier album est sorti en 2001, la formation existe depuis 1994. En France, on les connaît surtout grâce au groupe Justice (dont ils ont assuré plusieurs premières parties) et grâce à leur tube, underground, devenu en 2009 jingle du « Petit journal » de Canal+. D’ailleurs, histoire de mettre quatre visages sur un nom, nous ne saurions trop vous recommander le visionnage du clip Skip the Rope, extrait de cet excellent quatrième album. Leur musique, comme leur look vintage, vaut son pesant de cacahuètes : bassiste barbu, guitariste moustachu, chanteur rouquin et batteur… choupinou. Pour l’anecdote, ils en ont fait leur marque de fabrique, puisqu’ils se sont associés à la marque Le Mont-Saint-Michel pour proposer une ligne de pull aux motifs rétro. On adore !

    CÉLine ruDoLPHsalvadorUniversal/verveOn pouvait trouver Henri Salvador rétro dans le style, limite dans les propos et pénible par son rire excessif. Décédé en 2008 à 90 ans, juste après avoir mis officiellement fin à sa carrière alors que sa voix n’avait pratiquement pas bougé, il nous laisse une collection de « chansons monuments », fruit d’une incroyable carrière. Certes, avec Le travail, c’est la santé ou Zorro est arrivé, il avait la réputation d’un amuseur public, mais c’est plutôt son côté inventeur (ou presque) de la bossa-nova qui a séduit la chanteuse allemande Céline Rudolph. Passionnée de jazz et de rythmes sud-américains, elle chante ici dans un

    portugais et un français fluides (sans doute un peu aidée par une mère française !). toutes les chansons sont ici réarrangées et prennent une nouvelle saveur, plus actuelle et plus féminine. On retrouve bien sûr Syracuse, une chanson douce ou Jardin d’hiver, et des chansons moins connues : La Jalousie ou Vagabond. Sur Haïti, elle laisse libre cours à des vocalises qu’on dirait improvisées, mais impeccablement improvisées. Comme Salvador, sa voix réchauffe, caresse, invite à la paresse et, du coup, prolonge (un peu) la douceur des vacances.

    orneTTeCrazyDiscographEt si nous vous disions qu’Ornette a bien failli rester inconnue du grand public en tant que chanteuse ? Ceux d’entre vous l’ayant vue en première partie de Yael Naïm ou de Jeanne Cherhal nous répondraient sûrement : « Sornettes et billevesées ! » tant il semble évident qu’elle est faite pour ce métier. Et pourtant ! Avant d’être chanteuse, Ornette s’est distinguée au piano avec brio, au point d’accompagner de sérieuses pointures comme Alain Bashung, Peter Von Poehl ou Arthur H. Parallèlement, elle a intégré un groupe de jazz, MOP, dont les deux albums ont été salués par la critique. Mais boulimique qu’elle est, il fallait qu’Ornette s’essaye également à l’écriture et à la composition avec son complice Emiliano turi, arrangeur et réalisateur de ce premier album. De l’accompagnement à l’écriture, il n’y avait plus qu’un pas à franchir pour devenir… chanteuse. « Chanter me procure le même plaisir, instinctif et immédiat », dit-elle. Ça tombe bien, l’écouter nous procure rigoureusement les mêmes plaisirs ! Si d’aventure vous ne connaissiez pas encore Ornette, les douze chansons de cet album devraient achever de vous convaincre. Vous n’y trouverez que du très bon !

    En concert le 2 novembre 2011au Café de la Danse

  • 42SENSITIf # 60

    musique par Julien Gonçalves

    DaviD gueTTanothing but the Beatvirgin, EMIqu’on le veuille ou non, la sortie d’un nouvel album de David Guetta reste un événement. Pourquoi ? Car depuis le tube mondial I Gotta Feeling avec les Black Eyed Peas, le DJ français est partout et a importé la musique dance grand public au sommet des classements de la planète. De Britney à usher, tout le monde s’y est mis ! Même si on frôle l’overdose, Nothing but the Beat a de beaux jours devant lui. Ce ne sont pas moins de quinze artistes prestigieux (dont Akon, Snoop Dogg et Lil Wayne) qui sont venus poser leur verve implacable sur les mélodies, certes redondantes mais efficaces, de Guetta. Les tubes ne manquent évidemment pas : Sweat, Where them Girls At, Little Bad Girl… Mais la nouvelle génération n’est pas en reste : Jessie J, Jennifer Hudson et la tornade Nicki Minaj sont également de la party. En bonus, l’artiste pop australienne Sia vient apporter une nouvelle dimension à tout ça sur le puissant titanium. De quoi oublier que c’est déjà la rentrée !

    keLLy rowLanDHere i amUniversal MotownCelle qui a toujours été (un peu) dans l’ombre de Beyoncé a décidé de frapper fort pour son troisième album solo, Here I Am. Revenue ces dernières années dans la course au succès grâce à quelques hits dance-floor (When Love takes Over, Commander…), tout le monde s’apprêtait donc à découvrir Kelly Rowland sur un disque pop-électro, assez peu original, comme il en existe beaucoup. Audacieusement, Mrs. Kelly revient en territoire urbain, là où plus personne (ou presque) ne l’attendait. un retour aux sources étonnant – mais réussi – pour l’ex Destiny’s Child, qui excelle sur ce son R&B qu’elle connaît bien. All of the Night, Keep It Between us et Motivation (avec Lil Wayne) sont réservés aux amoureux pour d’agréables moments sensuels, tandis que les excellents turn It

    up, Work It Man ou Lay It on Me devraient ravir les fans de la première heure. que les autres se rassurent, de nouveaux titres dance intégreront la version britannique de l’album. Kelly est de retour, qu’on se le dise !

    wiLL youngechoesRCA, Sony MusicSurprenant. Voilà l’adjectif qui pourrait résumer à lui seul le cinquième album studio de Will Young, vainqueur de la première édition britannique de « La Nouvelle Star ». Sensible et artiste torturé, on pouvait craindre un disque trop intimiste, mais celui qui a réveillé l’Angleterre grâce à son coming-out en 2002 réussit l’impossible défi de ne pas nous lâcher jusqu’à la dernière piste. Ceci grâce à une musique romantique, sentimentale mais jamais sirupeuse, produite par Richard X (Sam Sparro, Goldfrapp). À l’image du single Jealousy, l’album regorge d’une pop habitée, délicate, d’une qualité et d’une élégance rares, légèrement rétro mais constamment moderne. Cela n’empêche pas quelques morceaux de posséder les essences de tubes potentiels, Runaway ou Lose Myself en prime. Vous devriez fondre pour Outsider, douloureux et sombre, ou succomber pour la sublime déclaration d’amour qu’est Silent Valentine. On retrouve même l’âme de Jackson sur I Just Want a Lover et de George Michael sur Good things. Sans en avoir l’ambition, Will Young signe l’album de la rentrée, assurément.

  • 44SENSITIf # 60

    Cet artiste atypique, assez iconoclaste, a construit un one-man show qui ne manquera pas de vous surprendre. Entre son vécu et son imaginaire se produit un mariage détonant. Avec lui, le rire sort des sentiers battus !

    « Je suis ici parce que j’adore le pognon ! » tano a l’humour irrésistible… mais provocant et l’on pourrait presque le croire froidement cynique s’il n’avait pas autant de mal à cacher son côté humain et sensible. Lui qui avoue que ses origines italo-niçoises et corses le prédestinaient à devenir « soit gangster, soit… gangster » s’en est finalement bien sorti ! Ce qu’il raconte lui ressemble un peu, cela a l’air un peu fou, mais à bien y regarder, pas tant que ça. On a envie de lui appliquer la fameuse formule « Je suis un mensonge qui dit la vérité » tant son humour débridé lui permet de dire le vrai. De temps à autre, il franchit la ligne jaune, comme

    quand il explique pourquoi la femme en burqa trébuche, et si l’un de ses sketches est un peu moins percutant que les autres (la visite chez le psy), il n’en reste pas moins que tout au long du spectacle, on boit du petit lait. Avec son humour mettant si bien en avant les travers humains et qui plonge jusque dans l’autodérision, on nage dans le bonheur. Son sketch final sur la conférence de presse nationaliste dans le maquis corse est aussi drôle que réaliste et dit bien son affection pour son île, malgré ses dérives. Avec tano, le rire s’affiche mature, subtil et naturel (tano artiste bio ?), et croyez-moi, ça fait le plus grand bien !

    Palais des Glaces 37, rue du Faubourg du temple 75010 Paris

    Jusqu’au 31 décembre, du mardi au samedi à 20 h 01 42 02 27 17

    Certains spectacles sont un émerveillement, d’autres sont totalement ratés, et puis quelques-uns rentrent dans la catégorie des pas trop mal mais pouvant mieux faire. Les Voca People sont exactement dans ce cas, avec un spectacle qui visiblement plaît à une large partie des spectateurs, avec son énergie, son originalité, ses performances vocales, mais qui laisse un peu sur sa faim, en jouant trop avec la présence du public, constam-ment sollicité, et qui n’offre pas assez de moments musicaux forts, malgré la richesse du répertoire et l’incontestable talent des chanteurs sur scène. Ce balayage de la musique de variété, de la pop et de la musique classique pourrait donc facilement être un peu plus large si le spectacle démarrait plus vite et si l’on jouait moins sur ces petits sketches loin d’être inoubliables. Et l’on regrettera aussi une certaine facilité qui consiste à reprendre en bis un morceau déjà joué ; un numéro original aurait été le bienvenu pour se quitter.Ces critiques énoncées, on ne passe pas un mauvais moment et les Voca People, avec un spectacle un peu plus riche, ont certainement une vocation à s’inscrire durablement dans le paysage musical. Et c’est ce que nous leur souhaitons !

    Bobino : 12, rue de la Gaîté 75014 Paris Du mardi au samedi à 21 h – matinée samedi et dimanche à 16 h 30

    08 2000 9000 (0,09 € ttC/min) – www.voca-people.fr

    TaNo

    VoCa PeoPLevenus d’une autre planète, cette équipe de huit chanteurs vient nous présenter un panorama a capella des musiques préférées des Terriens. Ils ont déjà conquis beaucoup de grandes villes. Est-il raisonnable de partager cet engouement pour les chanteurs tout de blanc vêtus à l’affiche de Bobino ?

    Spectacle vivant par Philippe Escalier

  • © P

    hoto

    : w

    ww

    .sco

    ttho

    over

    phot

    ogra

    phy.

    com

    DOMINIC

    DuoBy Scot

    t Hoover

  • © P

    hoto

    : w

    ww

    .sco

    ttho

    over

    phot

    ogra

    phy.

    com

    ChARLIE

    Vernissage de l’exposition de Pierre-ange delaspre toutes les photos sur : www.sensitif.fr

  • © P

    hoto

    : w

    ww

    .sco

    ttho

    over

    phot

    ogra

    phy.

    com

  • anniversaire d’alex au Spyce toutes les photos sur : www.sensitif.fr

  • Les sept ans du Club 18 toutes les photos sur : www.sensitif.fr

  • Soirée Qué Calor ! au raidd bar toutes les photos sur : www.sensitif.fr

  • after work et soirée Sushicaïpi au Spyce toutes les photos sur : www.sensitif.fr

  • La Scream et sa White Party au Scream Club toutes les photos sur : www.sensitif.fr

  • 63SENSITIf # 60

    Soirée matinée group toutes les photos sur : www.sensitif.fr

  • 64SENSITIf # 60