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Valentin 76 Mars-avril 13 PARIS SORTIR MODE SOCIÉTÉ PORTRAIT CULTURE PEOPLE CLUBBING BEAUTÉ ASSOS

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Valentin

76Mars-avril 13

PARIS SORTIR MODE SOCIÉTÉ PORTRAIT CULTURE PEOPLE CLUBBING BEAUTÉ ASSOS

3sensitif # 76

Les Humeurs De monique 4

BD 6

queer as geek 8

assos 10

interviewsChantal Ladesou 12 & 13Maurice Haddad 14Valentin Neraudeau 36 & 37

CuLtureSpectacle Vivant 16 & 17 Danse 18 & 19Musique 20 & 21Ciné - DVD 22 & 23Livres 24

PortfoLioPhilippe Escalier 25 à 34

mes mots 35

PeoPLe 38 à 50

RÉDACTEUR EN ChEf - Philippe EscalierDIRECTEUR ARTISTIqUE - Julien PoliDIRECTEUR DE LA PUBLICATION - J.F. Stoëri SECRÉTAIRE DE RÉDACTION - Frédéric BretelONT PARTICIPÉ à CE NUMÉRO - Alexis Christoforou, Franck Finance-Madureira, Damien Fox, Julien Gonçalves, Sylvain Gueho, Nicolas Jacquette, Johann Leclercq, Gregory Moreira Da Silva, Monique Neubourg, Sébastien Paris, Jérôme Paza, Alexandre Stoëri

PhOTOGRAPhE : PhILIPPE ESCALIERwww.sensitif.fr

COUvERTURE ET POSTER : vALENTIN NERAUDEAU www.lecarrerouge-restaurant.fr

BANDE DESSINÉE - Nicolas Jacquette©nicolas jacquette 2013 - www.nicolas-jacquette.comTIRAGE - 20 000 exemplairesNuméro de janvier-février téléchargé 212 102 fois

www.sensitif.frIMPRIMÉ EN FRANCE DÉPôt LÉGAL - à parution. ISSN : 1950-3490Prix de vente au numéro : 1,20 euro – exemplaire gratuit. Ne pas jeter sur la voie publique.

SENSITIf EN LIGNE www.sensitif.fr RÉDACTION 7, rue de la Croix-Faubin 75011 Paris 09 82 40 89 91 PUBLICITÉ Philippe : 06 62 05 32 76 CONTACT [email protected]

Sensitif est édité par SARL Sensitif – Siren : 491 633 731 RCS Paris L’envoi de documents à la rédaction implique l’accord de l’auteur à leur publication. La rédaction décline toute responsabilité quant aux textes, photos et dessins publiés qui n’engagent que leurs auteurs. Sensitif décline toute responsabilité pour les documents remis non sollicités. La reproduction totale ou partielle des articles et illustrations sans autorisation est formellement interdite. Les prix mentionnés le sont toujours à titre indicatif et de manière non contractuelle. tous droits de production réservés. Sensitif est une marque déposée.

Édito

Après un mois d’absence, nous sommes heureux de vous retrouver avec ce numéro double couvrant les mois de mars et d’avril (difficultés économiques obligent). À partir de mai, nous reprendrons notre rythme de parution mensuel.Pour ces retrouvailles, une place a été faite aux photos de la manifestation pro-mariage pour tous qui nous a laissé un excellent souvenir, embelli quelques jours après par le vote de la loi par l’Assemblée nationale. Surtout, nous vous proposons un duo inattendu, assez explosif  : Chantal Ladesou qui triomphe sur la scène du théâtre des Variétés, et Valentin Neraudeau qui sort du lot dans l’émission top Chef (que d’ailleurs nous avons regardée presque uniquement

du fait de sa présence). Adossée aux photos que nous avons faites avec lui, l’interview qu’il nous a donnée dit bien que si l’on remarque d’abord Valentin pour son physique, l’on s’attache au personnage pour ses nombreuses qualités professionnelles et humaines et son dynamisme à toute épreuve.

Je vous laisse faire plus ample connaissance avec lui, vous souhaite une bonne lecture et vous donne rendez-vous, sans faute, début mai 2013 !

Philippe Escalierwww.sensitif.fr

http://facebook.com/sensitif.fr

4sensitif # 76

Les humeurs de Monique Neubourg

Non seulement la nature a horreur du vide, mais encore elle doit se coltiner les billevesées qu’on lui colle sur les endosses. Ses pauvres oreilles ont dû siffler façon larsen ces dernières semaines.

Je le sais, ce n’est pas bien de ressasser les vilaines choses, mais il est écologique de signaler que mère nature a bon dos, surtout quand elle est appelée à la rescousse de slogans d’ignares qui préfèrent croire en Adam (le papa) et Ève (la maman) qu’en Charles (Darwin). Entre une banderole rose pétasse et une pancarte bleu royal, la nature a entendu que l’homosexualité n’était pas dans ses compétences, preuve s’il en fallait que cacabeurque (je m’adapte à la sémantique d’en face) l’homomachinchose était bien une infamie « contre nature ». Pauvres crétins. Minus habens. Rétrécis du bulbe en réunion. QI d’huître frelatée. Il n’y a que cela dans la nature ! (J’avoue être une fille de la ville, ma rencontre avec un troupeau de vaches sur une petite route d’Irlande s’est soldée par une trouille bleue et je peine à différencier le chant d’un merle de celui d’une pie, mais m’étant mise à écrire des pignolades au nom des chats, il a bien fallu que je me documente et potasse

du côté de l’éthologie, car entre dire une connerie et l’écrire, il y a Gutenberg qui nous juge au-delà de la mort).Et le chat, mon chouchou de la sphère animale, n’est pas le dernier pour le frotti-frotta avec un congénère du même sexe, surtout quand il est petit et qu’il apprend comme il peut le mode d’emploi de la reproduction. Le lapin, célèbre pour son coup de reins aussi rapide que prolifique, est bien peu regardant quant au genre et même quant à l’espèce de son partenaire (c’est un peu le légionnaire des bestioles). Évidemment, le bonobo, qui règle les tensions sociales par des câlins ou plus si entente, n’est plus à présenter. Si le phoque n’est pas du tout pédé, le dauphin, lui, est un sacré bougre, ainsi que les manchots, les lamantins, les girafes (en gros, la plupart des vertébrés sont bi a minima) et même les perdrix. Et si les femelles albatros de Laysan ne s’étaient pas pacsées en couples « lesbiens » pour élever les jeunes, à la suite de la diminution colossale du nombre de mâles, la survie de l’espèce aurait été menacée. En résumé, 1500 espèces (des lions aux parasites) pratiquent ainsi l’homosexualité, que ce soit juste par affection ou pour une vie amoureuse. Elle est comme ça la nature, elle a le cœur et le giron accueillants !

Sur le NetsCissors mag

De la même manière que les femmes ont droit à une journée dans l’année (pourquoi faire ? Rien, un marronnier, les titres des journaux et qui sait le présentateur du 20 heures qui laissera la place à la présentatrice ou mettra des talons hauts rouge vernis à bride,

on rigole !), de la même manière donc que la journée de la femme, Sensi-tif consacre en mars un blog de lesbiennes. Ouais. Un, pas deux. Faut pas non plus leur en donner trop. Mais mieux qu’un blog, cette fois-ci c’est un webzine. Scissors-mag, ça sonne comme sister si on a une patate chaude dans la bouche, ça veut dire ciseaux et ça rappellera aux plus anciennes les beaux jours du SCUM (Society for Cutting Up Men*). On y trouve de l’actu (aux dernières nouvelles un spectacle burlesque pour les débutants dans le genre), la playlist des broute-minous (avec the Knife et the Organ, huhuhu), les chroniques de Daisy Mendès et d’Ash Lee, des vraies recettes de cuisine avec beaucoup de digressions drolatiques, de la culture et un roman-photo. Du connivent, du consistant, et de l’humour énormément.

http://www.scissors-mag.com*Pardon, les garçons !

En principe, cette vidéo est destinée aux femmes pour les inciter à se préoccuper un peu plus de la prévention du cancer du sein. Le pitch : plutôt que le blabla pédagogique habituel de tristes sires en blouses blanches, on prend des beaux mecs plein de pectoraux qui récitent le blabla habituel, mais on s’en fout, on les regarde se tripoter. C’est un peu l’institut Curie qui aurait fait un enfant avec la pub pour Coca Light et ses jardiniers fantasmatiques. Si ce n’est que là, c’est tellement, mais tellement follement gay que je ne vois pas bien quelle femme se sentira concernée. En revanche, pour les garçons, il y a du level. AussieBum n’est pas loin (il ne manque que quelques % d’élasthanne dans les boxers). Et la juxtaposition du truc mortifère, le crabe, et des biquets en train de se dandiner est assez croquignolette.http://youtu.be/vsyE2rCW71o

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Kevin et Alex par Nicolas Jacquette

8 9sensitif # 76 sensitif # 76

Queer As Geek par Alexis Christoforou

Vu Sur Le Web

• www.menalso.fr est la boutique en ligne ultime de sous-vêtements masculins ! On aura rarement vu un site e-commerce aussi visuel et interactif. Pour chaque produit (Andrew Christian,

Joe Snyder, Alter, Addicted…), nous avons droit à un grand visuel de mannequin ultra sexy

qu’il est possible de faire tourner à 360°. Les choix de catégories sont tout aussi fun et décalés avec par exemple le look pompier, chippendale, garagiste, dandy ou bad boy… Il est temps de mettre la main au panier !

• http://hsmaker.com est un générateur de Harlem Shake pour sites s’inspirant du dernier phénomène qui envahit la toile. Harlem Shake est en passe de devenir le nouveau « Gangnam Style » de 2013, avec une déferlante de vidéos toutes plus amusantes les unes que les autres. On hésitera entre la version chien, la Porn Edition ou celle de cette équipe de hockey étudiante américaine qui a dû déclarer forfait en raison de leur vidéo jugée inappropriée. Essayez-donc HSmaker avec notre site www.sensitif.fr !

OStrich PiLLOWLe GAdGet GeeK L’APPLicAtiON du MOiS

bAShiNG

Amis fétichistes du dodo, ce nouveau gadget résoudra tous vos problèmes existentiels. Le sommeil est une denrée devenue rare dans nos vies urbaines, surtout si vos nuits consistent à clubber, draguer sur Grindr ou tout simplement consommer des épisodes de séries tV ! Grâce à l’Ostrich Pillow, vous rattraperez sans aucune vergogne ce précieux sommeil perdu dans les endroits publics de votre choix : que ce soit dans le métro, au bureau, devant un film chiant, ou en haut d’une grue… Ce « coussin d’autruche » est une sorte de grosse cagoule rembourrée qui vous isolera complètement du monde extérieur grâce à son design astucieux permettant une isolation phonique et physique digne d’un lit. Il s’enfile comme un bonnet et vous pouvez même glisser vos bras et les croiser pour soutenir votre tête. Pour les claustrophobes en tout genre, un trou a tout de même été prévu au niveau du nez et de la bouche pour vous faciliter la respiration (on peut d’ailleurs imaginer d’autres usages).

Disponible sur www.studiobananathings.com pour 80€

Le débat récent autour du mariage pour tous ainsi que la manif pour tous auront eu pour conséquences perverses de faire augmenter les actes et les propos homophobes dans notre beau pays, comme le rappelle SOS Homophobie qui a récemment tiré la sonnette d’alarme.Bashing est une application gratuite disponible sur l’Apple Store et Google Play lancée par Outrage!, un collectif belge de lutte contre l’homophobie pour aider les victimes d’actes homophobes. Cette application très simple permet de signaler des agressions verbales ou physiques homophobes en précisant l’heure et la localisation du délit. L’incident est alors directement placé sur la « Bashmap ».Le but est bien sûr de permettre de quantifier l’ampleur de ces violences homophobes, et d’établir une cartographie de ces zones à risques en fonction des témoignages recueillis. La carte Google Maps est également consultable sur www.bashing.eu. Espérons que ce type d’initiative permette d’endiguer un phénomène encore trop largement sous-estimé, en poussant les victimes à prendre la parole plus facilement !

10sensitif # 76

Créé dans une ambiance triviale il y a une quinzaine d’années, le fC Paris Arc En Ciel, première association de foot gay friendly de france, s’est structuré au fil du temps, s’imposant en véritable association sportive servant l’affirmation de la communauté LGBT. Romain Moreau son président, démontre s’il était nécessaire que l’on peut faire du foot et être gay, bottant en touche… tous les clichés !

Comment fonctionne le club ?On a quatre équipes, filles et garçons. Les entrainements ont lieu tous les mercredis, Porte de Montreuil, sur deux terrains séparés, avec des matchs le lundi, le vendredi ou le week-end. Il y a une véritable mixité, l’idée étant  : « si tu aimes faire du foot dans une bonne ambiance et que tu es prêt(e) à participer un peu au niveau associatif, tu es bienvenu(e) » !

Les adhérents participent au fonctionnement du club ?Oui. D’ailleurs une fille de l’association entraine les équipes féminines avec notre directeur sportif qui est là depuis longtemps. Et je m’occupe d’entrainer les garçons (je suis coach sportif professionnel et j’ai une licence).

Sport, rencontres et militantisme. Comment se fait le lien ?C’est un ensemble. On fait partie de la FSGL. On intègre des personnes LGBt qui ont pu être dégoutées de la pratique sportive en étant exclues de clubs « classiques » auparavant ; le foot est un sport qui véhicule des valeurs machistes, avec ce que cela engendre comme homophobie : « c’est un sport d’homme, on n’aime pas les pédés, etc ». On accueille tout le monde, il n’y a pas d’exclusion par rapport à l’âge ou au niveau ; ceux qui ont plus de trente ans, qui ont passé l’obstacle psychologique peuvent venir comme débutant. Si certains ne s’assument pas totalement, notre club peut être un moyen pour eux de le faire.

Sur votre site on peut lire : «  Nous ne le rappellerons jamais assez, le FC Paris Arc En Ciel est un club qui lutte contre toutes les discriminations sociales et ethniques, contre l’homophobie et l’hétérophobie ». Ça sonne comme un rappel à l’ordre…On a tendance à taxer les homos de communautaristes, reprocher par exemple le mot gay dans « Gay Games » en disant que c’est une compétition fermée aux hétéros, ce qui est faux ! Se fermer aux hétéros qui viennent vers nous

et donc partagent nos valeurs, c’est une discrimination au même titre que celle qui s’opère envers nous : on ne veut pas tomber dans ce travers.

quelques mots à propos des rencontres sportives ?On organise le tournoi International de Paris et on participe au tigaly (tournoi à Lyon), au tournoi IGLFA Europe et aux World Out Games à Anvers. On rencontre aussi régulièrement des clubs censés être majoritairement hétéros. On essaye ainsi de changer les mentalités par rapport à la vision qu’ils ont des gays ou celle qu’on a des hétéros. Les homos aussi savent jouer au foot et peuvent gagner contre eux. Et ça arrive souvent !

vous est-il déjà arrivé d’essuyer un affront ou des dérapages ?Jamais ! tous nos matchs se passent très bien. On n’est pas dans le cliché. On est intégrés dans le championnat comme joueurs de foot et ils nous respectent pour ça. Il n’y a pas de phénomène de foire.

Avez-vous un souhait, des projets ?Nous essayons de promouvoir le club à l’étranger et de le faire grandir. Notre politique fait que l’excédent financier de l’association récolté lors d’évènements aide à envoyer nos joueurs sur des tournois LGBt à l’étranger, pour représenter nos couleurs et exporter notre militantisme.

Le mot de la fin ?Fille, garçon, lesbienne, gay, trans, jeune, moins jeune ou simplement différent, venez comme vous êtes !

www.fcpaec.fr

Assos par Jérôme Paza

Le Fc PAriSArc eN cieL

12sensitif # 76

Chantal Ladesou s’inscrit dans la grande tradition des actrices comiques françaises. Depuis des mois, elle fait salle comble tous les soirs au théâtre des variétés avec Isabelle Mergault, auteur de la comédie Adieu, je reste ! 

C’est la première pièce que l’on écrit pour vous ! quelle impression cela fait-il ? On a le sentiment de porter un tailleur haute couture. C’est écrit par rapport à mon tempérament, je trouve cela très agréable. Et puis, ce qui est bien avec Isabelle Mergault, c’est que l’on ne s’endort jamais. Si dans le feu de l’action, comme hier soir, on trouve une formule qui marche bien, on l’intègre tout de suite. Avec Adieu, je reste !,  l’on apprécie d’être dans du boulevard qui reste très contrôlé ! Oui, on raconte avant tout une histoire dont nous nous emparons avec ardeur. Mon personnage a de multiples facettes, tout à la fois petite fille, femme de tête, dramaturge, excitée, calme. Elle passe par toutes les émotions possibles, c’est aussi ce qui est passionnant à jouer. 

L’on peut dire que le texte vous va aussi bien que le grand déshabillé rose que vous portez !Vous trouvez qu’il me va bien ? Au début, j’avoue, j’ai eu un peu peur que l’on ne voit que moi, que je sois un énorme poteau rose... (rires) ! Bien sûr, ce déshabillé est un clin d’œil à la tradition du boulevard et le côté comique de la tenue marche très bien ! 

votre personnalité comique, atypique, râleuse a toujours attiré les gays avec qui vous entretenez une longue histoire d’amour !C’est un public que j’aime beaucoup, qui me suit, qui est très fidèle. Je crois qu’ils aiment en effet mon côté rentre dedans, franc, un peu garçon manqué. On se comprend tout de suite et très bien ! 

Dans vos one woman show, vous parlez souvent de Michel, qui est votre mari. vous dites aussi que vous êtes un peu pénible, alors Michel a-t-il déjà rêvé de faire comme dans la pièce (rires) ?Quelquefois, j’ai envie de l’étrangler, dans ces cas là, je préfère sauter de la voiture en marche, je suis cascadeuse à mes heures (rires) ! Vivre en couple n’est jamais évident, il faut faire des concessions. J’ai un caractère assez fort, parfois on s’engueule mais une bonne engueulade vaut mieux que se faire la tête pendant des heures.  

En tous cas, il n’est jamais bien loin de vous, c’est votre premier soutien !Oui et de plus c’est mon meilleur critique. Il voit tout de suite ce qui ne va pas. Il ne me pardonne rien. Quand il y a une petite faiblesse, il est le premier à la voir !

chANtAL LAdeSOu chANtAL LAdeSOu

interview par Philippe Escalier

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Le fait d’avoir une nature aussi comique ne vous empêchera-t-il pas de tenir un jour un rôle dramatique ? Ça viendra ou pas. Je sais que j’ai en moi de quoi nourrir un rôle dramatique ! Mais je suis tellement heureuse de faire rire les gens, c’est toujours un immense plaisir. Et dans Adieu je reste !, l’histoire est assez dramatique finalement, le rire arrive malgré la situation. 

quels sont vos projets dans les mois qui viennent ? Il n’y a pas de tournée avec Adieu je reste !, on est donc à l’affiche assez longtemps à Paris (jusque fin juin). Puis fin septembre 2013, je reprends mon one woman show en tournée avant de faire l’Olympia en février 2014. 

On ne vous lâche plus ! D’autant que la relève semble assurée, j’ai eu le plaisir de voir jouer votre fille : l’avez-vous encouragée à monter sur les planches ? Clémence a fait une école de réalisation et à la sortie, elle a eu envie d’aller aussi vers le théâtre. C’est un métier tellement difficile qu’il est impossible de pousser qui que ce soit, même ses enfants, il est essentiel que ça vienne

d’eux. Il faut être passionné pour supporter les difficultés de ce métier qu’elle connait bien : elle a toujours été dans les coulisses, j’ai joué au Point-Virgule enceinte de sept

mois ! Récemment, elle a rencontré une jeune équipe et a pu jouer une comédie, sur les affres du métier justement, écrite par Christine Berrou. Je dois dire que j’étais très émue de la voir, c’était un sentiment de mère et d’artiste à la fois.

Pour revenir à vous, on a du mal à croire que vous êtes une personne timide. Le rire vous a-t-il permis de dépasser ça ? J’ai toujours eu un fond de timidité. Le rire a été une arme. On riait beaucoup chez moi, ma mère était très drôle, elle aurait d’ailleurs pu faire du théâtre. Pour moi, le rire est le premier contact que j’ai envie d’avoir avec les gens. 

Théâtre des variétés 7, bd Montmartre 75002 Paris

Du mardi au samedi à 20 h ; dimanche à 16 h 3001 42 33 09 92 - www.theatre-des-varietes.fr

14sensitif # 76

Si d’aventure la vie offre des opportunités et des petits bonheurs, elle peut également parfois semer quelques embûches. Cela a été le cas pour Maurice haddad qui a toutefois relevé le challenge avec brio. Rencontre avec un artiste complet, touche à tout et généreux avec les autres.

quelques mots de présentation pour ceux qui ne te connaissent pas (encore) ?J’ai vingt-cinq ans et j’évolue dans le domaine artistique, au sens le plus complet du terme : chant, danse, comédie, que ce soit à travers l’événementiel ou bien pour des spectacles conventionnels, au théâtre ou à la télévision. Je touche également à la mise en scène, à l’écriture, je m’occupe d’un studio d’enregistrement. J’ai ainsi mis en scène la pièce Panique chez les Mac Chips à la comédie Saint Michel. Nous reprenons cette pièce en janvier 2014. Je vais faire la mise en scène de la prochaine pièce de Patrick Hernandez. Je vais également remonter sur scène dans Le con, la cruche, et le chaud lapin au théâtre des Blancs-Manteaux où je jouerai une star du porno. Par ailleurs, il y a quelques mois, j’ai aussi monté une structure qui aide à la professionnalisation de jeunes artistes.

Avec un tel programme, tu as du commencer bien tôt ?tout a commencé effectivement dès mon plus jeune âge, par l’apprentissage du piano, de façon autodidacte. Pour tout dire, on m’a diagnostiqué une forme d’autisme quand j’étais petit et un piano se trouvait à l’hôpital où je faisais de fréquents allers-retours. J’ai commencé par marteler une touche, de façon répétitive, puis deux, puis trois. Ensuite, je devais avoir huit ans, j’ai intégré la chorale de l’école publique, mes parents ayant choisi de me faire suivre une scolarité classique. En fait j’y suis allé par besoin de reconnaissance mais avant tout pour faire face aux moqueries des autres enfants par rapport à mon comportement introverti et à mon bégaiement. Cette chorale, c’était un refuge ! Et là, j’ai découvert des choses essentielles : je ne bégayais pas quand je chantais, j’avais paradoxalement une maturité vocale hors

norme pour mon âge et ma voix ne laissait pas les autres indifférents. J’ai continué sur cette lancée, avec un appétit de découvrir toujours plus de choses, d’explorer tout ce que pouvait m’offrir le domaine artistique. J’ai décidé de quitter l’école à seize ans afin de me consacrer totalement à la vie d’artiste et à la construction d’un avenir professionnel.

Artiste accompli désormais, tu as donc choisi également d’offrir tes services à d’autres dans une structure dédiée ?J’aime le côté artiste multifonction, j’aime être performer mais il y a aussi chez moi un côté entrepreneur. Il y a donc un peu plus de trois mois, j’ai mis en place une structure appelée « Improving talent » qui a pour but de venir en aide au développement des artistes, et surtout de les professionnaliser. Ce n’est pas du coaching mais véritablement un accompagnement, j’aime favoriser les connections. Mon but est également de les rendre autonomes. J’ai monté ce projet aussi en réaction à ce que j’ai pu vivre après avoir quitté l’école, où j’ai été abusé par un producteur qui me promettait monts et merveilles, et qui m’a laissé tomber. Je veux aider les gens dans ce milieu qui parfois est peuplé de gens pas très recommandables.

N’est-ce pas trop difficile de tout concilier ? Te reste t-il du temps pour toi ?C’est vrai, je fais et m’intéresse à beaucoup de choses, j’aime apprendre sur le tas : je suis une véritable éponge ! Le secret pour tout faire est d’avoir une bonne organisation et d’être efficace. Avoir un petit copain conciliant est également un avantage (rires) !

www.improvingtalent.com

interview par Sylvain Gueho

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Paris candidate officielle aux Xe Gays Games 2018

16 17sensitif # 76 sensitif # 76

Spectacle vivant par Philippe Escalier

Il est assez rare de rire autant et de si bon cœur au théâtre. La comédie écrite par Louis-Michel Colla a le double avantage d’être irrésistible et... inracontable. Basée sur des si-tuations surréalistes et des quipro-quos infernaux que nous ne dévoi-lerons pas, Dis-moi oui ! donne lieu à des scènes d’anthologie, mises en valeur par une interprétation hors-pair. Aux côtés d’Éric Laugérias (qui fait un festival et qui signe la mise en scène) et de Judith d’Aleazzo (elle ferait rire un suicidaire sur le point de passer à l’acte), l’on découvre avec plaisir les talents comiques

d’Esteban Challis démontrant ici avec force à quel point la scène est faite pour lui. Face à eux, Angé-lique thomas en alter-nance avec Capucine Delaby complètent ce quatuor d’exception. Le plaisir intense qu’en-semble ils nous donnent en in-terprétant Dis-moi oui  ! est tel qu’il serait bien dommage de s’en priver. Pour notre part, c’est sans hésita-tion que nous leur disons trois fois oui !

Théâtre des Mathurins36, rue des Mathurins 75008 Paris

Du mardi au samedi à 21 h 01 45 65 90 00

www.theatredesmathurins.com

On pouvait compter sur lui pour briser les codes, répandre la folie et s’intéresser à tous les margi-naux. Avec lui, l’homosexualité ne pouvait pas être ni sage ni rangée. Copi, le plus français des Argentins, a mis son théâtre (souvent construit comme un scénario de cinéma) au service d’un humour grinçant, de situations improbables et de per-sonnages déjantés. Son dîner de réveillon réunit dans La Tour de la Défense six personnages (en quête d’hauteur  ?) pour qui le délire est une forme de quotidien. Un couple gay désuni, une femme sous acide, un travelo mythomane et un éphèbe arabe sont les protagonistes d’un drame violent où c’est surtout le rire qui éclate. La Compagnie des Rives de l’Ill, sous la direction de son metteur en scène thomas Ress,

en donne une interprétation d’une grande fraicheur et d’une belle in-tensité permettant de revisiter cette pièce phare de Copi toujours difficile à monter. Donnons un coup de cha-peau à l’ensemble de la distribution : Ayouba Ali, Virginia Danh, Guillaume Ferrandez, Franck Jouglas, Nicolas Phongpheth et Romain Sandère. Ils ont superbement réussi leur pari !

vingtième Théâtre7, rue des Plâtrières 75020 Paris

Jusqu’au 17 mars 2013Du mercredi au samedi à 21 h 30

Dimanche à 17 h 3001 48 65 97 90

diS-MOi Oui !

LA tOurde LA dÉFeNSe

Spectacle vivant

Denis d’Arcangelo et Jean-Luc Re-vol font partie de ces artistes qui nous feraient rire en lisant le botin. Capables de tout faire et surtout de le faire à la perfection, ils se sont mis en tête de ressusciter un cer-tain music-hall des années 30 avec ses numéros à deux sous, ses chan-sonniers un peu bizarroïdes et ses animaux savants. Par un tour de magie dont ils ont le secret, aidés par une équipe composée d’Agnès Boury à la mise en scène, Patrick Laviosa et Sébastien Mesnil au piano et à l’accordéon, ils ont mis sur pied l’histoire de deux chanson-niers, Georges et Gaétan (les deux G) qui, coûte que coûte, entendent donner leur dernier show. Leur répertoire est un doux mélange de textes parfois un peu oubliés mais

néanmoins mythiques et de création pour lesquelles des auteurs comme François Morel, Jean-Michel Ribes, Pascal Marty ou Pierre Notte ont été gentiment réquisitionnés. Les chansons sont interprétées dans un contexte parfaitement hilarant. Ceux qui connaissent le parcours de Denis d’Arcangelo et de Jean-Luc Revol vont se précipiter. Les autres nous feront confiance (nous avons découvert Les 2 G lors du dernier festival d’Avignon) et iront passer en leur compagnie un moment inou-bliable.

Théâtre du Petit Saint-Martin18, boulevard de la PorteSaint-Martin 75010 Paris

À partir du 9 avril 2013, du mardi au samedi à 21 h

01 42 08 00 32

LeS 2 G

18 19sensitif # 76 sensitif # 76

danse par Alexandre Stoëri

Ils ont fait sensation avec leur pre-mier opus présenté aux Parisiens en 2010 et 2011, le public découvrant alors avec émerveillement à quel point la danse pouvait se confondre avec rythme, énergie, musicalité et virtuosité. Au milieu d’une tournée dans les plus grandes villes de France, Rock the ballet 2 revient avec un nouveau spectacle en mars pour trois dates à l’Olympia. La compagnie fondée par le danseur étoile Rasta thomas s’est donnée pour mission de nous faire redécouvrir le ballet sous ses as-pects les plus modernes et les plus variés, en s’appuyant sur des tubes musicaux familiers aux oreilles de toutes les générations. Cette équipe constituée de danseurs virtuoses et

superbes, les Bad Boys of Dance, sera menée cette année par Rasta thomas lui-même sur des chorégra-phies d’Adrienne Canterna-thomas. On peut faire confiance à leur éner-gie et à leur talent pour enflammer le public de l’Olympia.

L’Olympia28, boulevard des Capucines 75009 Paris

Vendredi 15 mars à 20 h 30 et samedi16 mars à 15 h 30 et 20 h 30 Dimanche 17 mars à 15 h

0892 68 33 68 (0,34€/min de 10 h à 18 h) www.olympiahall.com et FNAC

toutes les sonorités et les danses associées à l’image colorée et joyeuse de Cuba se re-trouvent dans cette co-médie musicale réunis-sant au Casino de Paris une trentaine d’artistes ayant le rythme collé à la peau. À partir d’une histoire d’amour assez classique entre une danseuse et son choré-graphe, l’on découvre un univers dé-bordant d’énergie construit sur une musique de Rembert Egues, légende de la musique cubaine. Les fans de Salsa, Mabo, Cha-Cha-Cha et autres Rumba seront sous le charme d’une troupe émérite dont le dynamisme et la joie de vivre sont, par les temps qui courent, un bonheur rare !

Casino de Paris16, rue de Clichy 75009 Paris

Vendredi 22 mars à 20 h 30 ; samedi 23 mars à 15 h et 20 h 30 ; dimanche

24 mars à 14 h 30 et 17 h 30 08 926 98 926 (0,34€/min de 10 h à 18 h)

www.casinodeparis.fr

rOcK the bALLet 2

SOY de cubA LiFe iS A MuSicAL

Les amateurs de comédies musicales ne rateront pour rien au monde ce tea dance ! Life is a musical est le rendez-vous annuel des

amoureux des déguisements, de la danse et surtout de la comédie musicale qui aura lieu le 7 avril au tango, redécoré pour l’occasion. Comme chaque fois, les looks les plus musicaux seront récompensés par de nombreux cadeaux. À noter qu’une équipe de maquilleurs professionnels sera sur place pour parfaire votre déguisement. toutes les infos de la soirée (animateurs et invités) arriveront très vite sur le site : www.lifeisamusical.fr.Quoi qu’il en soit, faites vous beaux, Sensitif sera présent pour immortaliser vos costumes !

Le Tango13, rue au Maire 75003 Paris Dimanche 7 avril 2013 à partir de 19 hEntrée : 4 euros avant 20 h puis 6 euros

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Sur des musiques de Ra-vel, Debussy, Massenet et Saint-Saëns, Boris Eifman a construit un ballet sur l’his-toire passionnée et dramatique de Rodin et Camille Claudel. Le chorégraphe russe ayant su bri-ser les codes et créer son propre style (tout en séduisant le très classique Ballet du Bolchoï avec son Hamlet Russe sans oublier le prestigieux théâtre Mariinsky) a écrit une quarantaine de ballets emblématiques de la culture russe qui ont tourné sur tous les continents. Rodin et son éternelle idole sera en création au théâtre des Champs-Ely-sées qui en profite pour marquer sa suprématie dans le domaine de la musique et de la danse.

Théâtre des Champs-Elysées

15, avenue Montaigne 75008 Paris Samedi 16 mars et lundi 18 mars à 20 h

Dimanche 17 mars à 17 h 01 49 52 50 50

www.theatrechampselysees.com

« Quand l’idée nous est venue, avec mon frère Laurent, de créer Ele-phant Paname, centre de danse et d’art, je me suis jurée de consacrer l’une des premières expositions à Noëlla, en gage de mes remercie-ments et de mon admiration. Noëlla a été et restera l’une des danseuses les plus incroyables du XXe siècle. Technique, émotion, grâce, fluidité... Il n’y a pas assez de mots pour décrire la classe de cette ballerine française par ex-cellence. Elle fait toujours mon admiration et restera mon modèle. Je lui dois mon en-vie de danser ».C’est ainsi que Fanny Fiat explique l’expo-sition organisée sur l’une des plus presti-gieuses danseuses françaises ayant dansé avec les plus grands, Noureev, Dupond no-tamment, qui, au sein des nouveaux espaces

magnifiques d’Elephant Paname, prend une dimension tout à fait exceptionnelle.

Elephant Paname10, rue Volney 75002 Paris

Jusqu’au 29 mars 2013 du mercredi au samedi de 11 h à 20 h ; dimanche de 11 h à 18 h

Jeudi nocturne jusqu’à 21 h 00 01 49 27 83 83

www.elephantpaname.com

rOdiN et SON ÉterNeLLe idOLe

eXPOSitiONNOëLLA PONtOiS

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Pour son quarantième anniversaire, sur une musique originale de David Poe, cette compagnie de danseurs exceptionnels qui triomphe dans le monde entier nous offre un voyage inoubliable dans un monde enchanteur faisant appel à l’imaginaire et au sens du merveilleux. Jouant sur les ombres et la lumière, Pilobolus (récompensé par un American Dance Festival Award en 2000 pour l’ensemble de ses productions) nous offre avec Shadowland une création majeure qui fait date dans l’histoire de la danse et du spectacle. Sans l’ombre d’un doute, l’on sort de leur spectacle émerveillé !

folies Bergère32, rue Richer 75009 ParisDu 9 au 21 avril 2013Du mardi au samedi à 20 h Samedi et dimanche à 15 h 0 892 68 16 50 (0,34€/min)www.foliesbergere.com

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Musique par Johann Leclercq

BofLes Misérables Mercury/UniversalÀ ce jour, soixante millions de spectateurs ont vu « Les Miz » dans plus de quarante pays : un record et surtout une french success story qu’Hollywood ne pouvait plus ignorer !Car à l’origine, comme chacun sait, il y a le roman écrit en quinze années par Victor Hugo et paru en 1862. S’y croisent, s’aiment et se déchirent des figures incontournables de la littérature française : l’ancien bagnard Jean Valjean, l’inspecteur Javert, la courageuse Fantine, la petite Cosette, l’espiègle Gavroche, les époux thénardier et deux étudiants républicains, Marius et Enjolras. Puis, en 1980, vient la comédie musicale de Claude-Michel Schönberg et d’Alain Boublil qu’un génial producteur anglais, Cameron Mackintosh, adapte en anglais. C’est donc cette version, toujours à l’affiche à Londres, que tom Hooper porte à l’écran avec une idée géniale : Hugh Jackman, Anne Hathaway, Russel Crowe, tous excellents comédiens (mais pas forcément formés au chant), y interprètent les scènes chantées en live et non en studio ! Dès lors, les chansons gagnent immanquablement en authenticité, ce qui devrait permettre à chacun de redécouvrir ces standards de la comédie musicale sous un « grand jour » !

CÉLien sCHneiDerCome Rain or Shinefontana/Universal Ça n’est évidemment pas parce que Célien Schneider a un physique tout à fait agréable (voire irrésistible) que nous nous sommes intéressés à sa musique ! Quoique, soyons honnête, peut-être un peu quand même… Et à vrai dire, tant mieux pour ce jeune chanteur suisse, si sa plastique lui sert aussi de passeport ! Car à l’écouter de plus près, Célien Schneider s’avère non seulement très bon chanteur, mais aussi très bon mélodiste et très bon interprète.Et c’est d’ailleurs (chanceux que nous sommes) à Paris, alors qu’il étudie les lettres classiques en master à la Sorbonne, qu’on le découvre. En parallèle, il est également

pianiste depuis l’âge de sept ans, et ses chansons vont vite intéresser un ami qui l’aide à signer un contrat dans une grande maison de disque. très inspiré par les Beatles, Bob Dylan et Cat Stevens, il revendique son côté romantique notamment avec Jupiter, la ballade qui l’a fait connaître. Quant au titre de l’album, il reflète bien sa musique certes « teintée de nostalgie, mais jamais déprimante ». Après Bastian Baker, également nouveau venu dans la chanson, longue vie donc à cette nouvelle génération de (fort jolis) chanteurs suisses !

raPHaeL guaLaZZiHappy mistakeBlue Note/EMICe qu’on aime chez Raphael Gualazzi, c’est cette facilité (apparente !) avec laquelle il semble composer ses mélodies. Entre gaieté et légèreté, tout a l’air très simple. Mais la simplicité, comme disait Vinci, n’est-elle pas la « sophistication suprême » ?Né dans la même ville que le peintre Raphaël, le chanteur Raphaël, avant de se lancer dans de grands défis scéniques (Festival de San Remo, Concours de l’Eurovision où il obtient la 2e place pour l’Italie), fut avant tout un étudiant passionné ! Il étudia les compositeurs classiques au conservatoire, puis découvrit rapidement le jazz et le rag-time avant d’aduler Duke Ellington, Django Reinhardt ou encore Ray Charles. On retrouve donc naturellement toutes ces influences dans sa musique éclectique : savant mélange de jazz, de soul, de pop et de chanson italienne, car il est aussi un digne héritier de Lucio Dalla ou de Paolo Conte. Ainsi, parmi les titres de ce dernier album, on trouvera un duo très « cabaret » avec la chanteuse Camille, un détour par la Nouvelle-Orléans des années 1920 avec la présence du trompettiste Fabrizio Bosse et même un air du Rigoletto de Verdi, réarrangé par ses soins !

tegan anD saraHeartthrobvapor/Warner Bros. RecordsLes mélomanes auront déjà eu le temps de craquer sur tegan and Sara à travers ses six albums parus depuis 1999. Ce n’est pourtant que l’an dernier que le grand public a pu découvrir les sœurs jumelles originaires du Canada, présentes sur Nothing But The Beat 2.0, la réédition du dernier David Guetta avec lequel elles partageaient un titre club. C’est d’ailleurs une musique clairement plus électro que les deux artistes proposent désormais, faisant évoluer leur pop jusqu’ici plutôt indé. Entouré notamment de Greg Kurstin (P!nk, Kelly Clarkson...), le tandem réussit l’exploit de ne pas tomber totalement dans le commercial en conservant sa touche personnelle. Même si tous les morceaux ne se démarquent pas, tegan and Sara excelle sur l’implacable tube Closer, auquel il sera difficile de résister tant il est efficace, le poignant I Was Your Fool, sans aucun doute la meilleure piste du projet, sans oublier l’entêtant et rétro Drove Me Wild.À la fois envoûtants et autant emprunts d’évasion que de nostalgie, les dix titres se découvrent un peu plus à chaque écoute grâce à leurs nombreuses couches musicales. Grâce à How Come You Don’t Want Me ou Love They Say, Heartthrob se paie le luxe d’être l’un des meilleurs albums de ce début 2013.

DiDoGirl Who Got AwayColumbiaPlus de quatre ans après Safe Trip Home, la chanteuse est enfin de retour. Il faut avouer que les performances du disque, ne produisant aucun succès populaire, n’avaient pas été à la hauteur des espérances. Surtout que Dido a habitué le public à mieux avec Here With Me ou encore White Flag qui résonnent encore dans nos esprits.En regroupant autour d’elle les équipes qui ont concocté ses plus grands tubes sur ses trois précédents albums, on pouvait penser que l’artiste anglaise retrouverait ses mélodies aériennes et radiophoniques mais

à l’écoute de Girl Who Got Away la déception est inévitable. Même s’il faut reconnaître qu’elle a su moderniser son univers grâce à des beats électro (Blackbird, End of Night), Dido n’est pas parvenue à faire renaître la magie qui a bâti sa popularité. Cependant le disque s’écoute sans peine, mais peu de morceaux parviennent à accrocher l’auditeur malgré la beauté des arrangements et le véritable atout de Dido, sa voix si touchante. On retiendra principalement le duo avec Kendrick Lamar sur Let Us Move On, le single No Freedom et la ballade Day Before We Went To War.

HurtsExileSony Music franceDécouverts en 2010 grâce à leur très bel album Happiness, loin d’être pourtant très joyeux, theo Hutchcraft et Adam Anderson ont fait vibrer l’Europe avec leurs mélodies calibrées et aériennes comme Wonderful Life ou Stay. Une musique sensible qui a fait le succès de Hurts, dont le premier essai s’est écoulé à un million d’exemplaires, mais que les fans de la première heure ne retrouveront qu’en filigrane sur Exile.Déjà, le premier single officiel Miracle a surpris avec ses sonorités exaltantes chères au groupe Coldplay. Au final, il ressemble étonnamment à un hymne taillé pour les stades et s’éloigne nettement de l’univers jusqu’ici proposé par les deux complices. Le tandem dévoile globalement une atmosphère plus terre à terre, plus rock mais toujours overdosée de synthés et de guitares, encore sombre (Sandman, Blind) mais teintée de touches pop en guise de rayons de soleil, comme sur l’efficace Help.Malgré tout, Exile reste un disque homogène et profond qui bouleverse, chahute et caresse son auditeur.

Musique par Julien Gonçalves

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ciné par Franck Finance-Madureira

Au Chili en 1988, Pinochet cède à la pression et se voit contraint, pour faire bonne figure, d’organiser un référendum pour son maintien à la tête du pays. Les partisans du « Non » choisissent de confier la création de leurs spots de campagne à un jeune publicitaire, René Saavedra.On peut dire que ce quatrième long-métrage du réalisateur Pablo Larrain est déjà celui de la consécration internationale. Remarqué à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, il a fait le tour des festivals et est même nommé aux Oscars dans la catégorie « film étranger ».

NO est très réussi. L’intrigue parvient à mixer le contexte politique, la cam-pagne intense des deux camps, les aléas de la vie d’un publicitaire qui découvre la militance et sa vie per-so un peu branlante. Le tout baigné dans une atmosphère délicieuse-ment vintage puisque tourné avec les caméras et formats de l’époque (fin des années 80). Et si le film est cohé-rent et intelligent, il doit beaucoup à la performance toute en finesse de l’acteur mexicain Gael Garcia Ber-nal qui incarne avec une modestie non feinte ce publicitaire ayant joué un rôle central dans la campagne

du « Non ». Il est extrêmement tou-chant dans cette partition du pubard lambda qui comprend au fur et à me-sure l’importance de sa tâche tout en essayant de continuer à assumer son rôle de père. Un film sensible et pas-sionnant, à ne pas manquer.

Ce documentaire suit le parcours de Jérôme et François, deux Français en couple depuis treize ans qui vont faire appel à une mère porteuse améri-caine afin de fonder leur famille.Entre les conversations par Skype, les confidences face caméra et les aller-retour dans le Wisconsin, le film, sans être didactique, permet de com-

prendre que la GPA peut être un acte de générosité extraor-dinaire lorsqu’elle est encadrée et que deux papas, c’est pas vraiment un problème. Qu’on soit pour ou contre, il éclaire la pratique grâce à l’humanité merveilleuse des différents protagonistes : la famille aidée et la famille aidante.

À ne pas louper dans les salles : le film qui a réveillé le bien sage Festival de Ve-nise, Spring Breakers qui sort le 6 mars. Un film délirant de Harmony Korine qui suit une bande de nanas fauchées prêtes à tout pour réussir le « spring-break », et un James Franco une fois de plus irrésis-tible en voyou à dreadlocks !

Pour ceux qui n’ont pas peur des films-fleuves (2 h 44), on peut signaler la sortie le 6 mars également de l’étonnante fresque de Lana et Andy Wachowski et de tom tykwer, Cloud Atlas se com-posant de plusieurs histoires sur différentes époques, et notam-ment une histoire d’amour gay.

Enfin, l’immanquable nouveau film très queer de Pedro Almo-dovar sera en salles le 27 mars 2013, ça s’appelle Les Amants passagers et ça promet !

NOQuand la pub fait l’histoireun film de Pablo Larrain - Sortie le 6 mars 2013

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NAÎtre PÈreun film de delphine LansonSorti depuis le 13 février 2013 d’AutreS FiLMS

Gael Garcia Bernal et le kitsch savoureux des campagnes originales de l’époque.

Des personnages extrêmement touchants filmés sans voyeurisme.

Le film aurait pu être un peu plus long, notamment sur l’après-naissance. Une suite ?

Les contours de la vie familiale du personnagecentral auraient pu être un peu plus explicites.

dVd par Franck Finance-Madureira

En 1951, la jeune réalisatrice Yannick Bellon se voit proposer de réaliser un court portrait de Colette. Elle saisit cette chance pour créer un film d’une trentaine de minutes qui alterne des visites des lieux de vie de Colette commentées par l’écrivaine elle-même, des scènes de sa vie quotidienne (malade, elle reste alitée dans son appartement avec vue

sur les jardins du Palais-Royal) notamment avec sa gouvernante, et des rencontres avec ses amis parmi lesquels Jean Cocteau. Le document que l’on croyait perdu dans un incendie a été restauré par le CNC et bénéficie d’un petit bonus dans lequel Yannick Bellon se remémore aujourd’hui ses souvenirs de tournage.

Le réalisateur Pascal-Alex Vincent (du très remarqué Donne-moi la main) est un passionné de cinéma japonais. Ce magnifique documentaire retrace le parcours de Miwa, la plus grande star nipponne. À la fois acteur, chanteur, figure de la lutte LGBt et icône de la pub, Miwa est un travesti des plus flamboyants et son

parcours est incroyable puisqu’il a fréquenté toute l’intelligentsia japonaise (notamment Mishima) et assume, malgré son côté bling-bling décalé à près de quatre-vingts ans, son rôle d’idole populaire. Le documentaire truffé de séquences d’interview de la star est à la fois beau, drôle et passionnant. Une vraie découverte !

En suivant de près le quotidien de quatre jeunes filles à tanger, Sur la planche réussit le tour de force d’explorer l’intimité de ses personnages (désir de s’émanciper, de changer de travail, de se libérer, de « bouger   ») et de réaliser le portrait de toute une jeunesse marocaine rêvant de lendemains meilleurs.

Le film de la jeune réalisatrice Leïla Kilani fut l’une des belles révélations de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2011. Ce portrait de groupe de jeunes filles débrouillardes, fières et déterminées ne vous laissera pas indifférent et vous vous souviendrez longtemps de Badia, d’Imane, d’Asma et de Nawal…

cOLettechez doriane Films

MiWA, À LA recherche du LÉZArd NOirchez Outplay

Sur LA PLANchechez Épicentre Films

Un joli document poétique et inclassable.

L’édition DVD est magnifique, elle comporte deux versions du doc et un beau livret de l’intégrale des entretiens entre le réalisa-teur et Miwa.

Des actrices magnifiques !

L’interview de Yannick Bellon aujourd’hui est un peu courte et figée.

Le doc donne envie de voir À la recherche du Lézard noir mais toutes les copies auraient été détruites.

Franchement, on voit pas !

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Livres par Grégory Moreira Da Silva

gLoBaL gaY : Comment La rÉvoLution gaY CHange Le monDeFrédéric MartelFlammarionIl aura fallu à l’auteur pas moins de cinq ans à voyager dans près de quarante-cinq pays et rencontrer des centaines d’acteurs de cette révolution gay pour rédiger cet ouvrage. Dans un premier temps, Frédéric Martel explique le titre de son livre. Ce « Global gay » vient du fait que nous vivons un moment historique sur la question de l’homosexualité avec plus de dix pays qui débattent actuellement sur le mariage gay et d’autres sur la dépénalisation de l’homosexualité. Mais il y a aussi le fait que la culture gay se globalise avec des échanges et des voyages de plus en plus fréquents d’un pays à l’autre sans se préoccuper des frontières ou des différences de culture. Dans un deuxième temps, il décrypte comment cette révolution modifie, lentement mais surement, le monde. Il note une vraie volonté de plusieurs États d’avancer sur la question des Droits des homosexuel(-le)s et, dans le même temps, une évolution des mentalités des gays eux-mêmes qui demandent simplement une égalité parfaite entre hétéros et homos afin de devenir des citoyens à part entière. Néanmoins, force est d’admettre que la question gay continue à diviser le monde. La reconnaissance de l’homosexualité pose toujours problème, avec ce constat édifiant que seul un tiers des pays de l’ONU sont favorables à la dépénalisation de l’homosexualité…

Ce qu’aimer veut DireMathieu LindonFolio« Je suis reconnaissant dans le vague à Michel, je ne sais pas exactement de quoi, d’une vie meilleure ». Mathieu Lindon n’y va pas par quatre chemins en rendant publiquement, mais simplement, un hommage appuyé à son père spirituel, un certain Michel Foucault… Ce même Foucault grâce à qui sa vie a changé, grâce à qui il est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Quel fut donc ce legs de Foucault ? Quelque chose de profond et d’essentiel. Quelque chose qui a trait à la

confiance, au respect, à l’élégance, à une vraie noblesse des sentiments. Et puis, l’autre référence de l’auteur est son père, dont il parle comme un contrepoint de la figure de Foucault : « l’amour qu’un père fait peser sur son fils, le fils doit attendre que quelqu’un ait le pouvoir de le lui montrer autrement pour qu’il puisse enfin saisir en quoi il consistait ». Le récit de Mathieu Lindon porte ainsi une méditation sur l’amour et les multiples formes d’attachement, hors des archétypes socialement édictés : le fait d’aimer, d’être ami, d’être père, d’être fils... Sans impudeur, l’écrivain a le ton juste pour parler de lui et des autres. Un livre qui donne envie d’être meilleur et d’agir sur sa vie, et surtout, une belle réflexion sur la transmission.

LettresMarcel ProustPlonCe recueil comprend quelques 627 lettres, soit 10 % de la correspondance totale de Proust, autrement dit, un échantillon... Quatre critères ont permis de retenir ces lettres : les données sociologiques de l’époque (politique, histoire, milieu litté-raire) ; la comédie humaine qui transparaît dans ces pages ; la formation esthétique et la réflexion théorique de Proust, ainsi que la genèse de ses œuvres et enfin, les stratégies littéraires et éditoriales de Proust. Que nous apporte cette correspondance ? « La collec-tion privée se doit de se faire musée, faute de quoi elle frustre la collectivité » écrit Proust. En résumé, ces lettres dressent le portrait d’un mondain très présent dans la vie litté-raire, cherchant à plaire et à séduire, habile à infléchir son style selon son interlocuteur. Un tic constant cependant, relatif surtout aux critiques littéraires : Proust se montre volontiers déclaratif, sentimental, élogieux sur plusieurs paragraphes, avant de se révéler, le temps d’un dernier paragraphe, autoritaire et capricieux. Bref, l’occasion de découvrir ou de redécouvrir le style littéraire d’un des plus grands écrivains français du siècle dernier.

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© Photo : Philippe Escalier - www.sensitif.fr

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.frSensitif remercie pour leur aide précieuse Bruno Aussenac (Arc-en-ciel Immo),Cédrino Cianfarani, la boutique Pierre talamon, Joris et les deux Érics.

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Dès l’aube, à l’heure de la criéeJ’entends le tapage de la mêlée Prémisse du fracas des batteriesAu tic toc effréné d’une minuterie

Les fumerolles s’envolentEt mes souvenirs décollentJe respire leur note de cœurEnivré par les senteurs Des couleurs fusent en pagailleUn mélange savant de texturesDont j’examine tous les détailsLe grain parfait d’une peinture

Le goût des choses est subtilLes mots leur donnent une consistanceJ’en savoure les nuances en milleCar le parfait toujours signe son absence

Je touche une quête sans finPlus qu’une gourmandise assouvieÀ mon sens mon dernier dessein … La recette de ma vie

Mes mots par Damien Fox

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à vingt-huit ans, valentin Neraudeau n’a pas attendu la télévision pour être reconnu. Plus jeune cuisinier de france à vingt ans, lui qui pourrait faire sienne la citation d’Oscar Wilde « J’ai des goûts très simples, je me contente du meilleur », a déjà une longue expérience de chef. Sa jeunesse et sa maturité, sa volonté et son talent, le charme qui émane de sa personne et qui n’aura pas échappé aux fidèles de Top Chef sur M6, lui ont déjà permis de réaliser un joli parcours tout entier consacré à son amour du travail bien fait. Cet entretien dévoile un peu plus ce chef hors norme, dynamique, mû par l’excellence, qui a tout donné pour sa passion qu’il sait faire partager avec générosité.

à quand remonte le début de cette histoire d’amour ?J’ai commencé à travailler en cuisine à quatorze ans mais cette passion date de mon enfance, grâce à mes grands-parents adorés qui m’ont élevé et appris l’amour du bon produit, du savoir faire et de la gastronomie. Bien manger contribue à notre équilibre et au bonheur. Brillat-Savarin disait que la destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent.

As-tu songé un jour à faire un autre métier ? Jamais, c’est le seul que j’ai voulu faire même si j’ai toujours eu, à côté, une passion pour la joaillerie. La taille des pierres précieuses m’a toujours attiré : j’aime les tâches où il faut être minutieux et perfectionniste.

quels chefs t’ont marqué ?Avec André Daguin j’ai découvert ce qu’était la cuisine d’un grand restaurant. J’avais quatorze ans et ça a été violent, c’est un univers impitoyable, on est juste un jeune qui débute et à qui on donne les choses ingrates à faire. Les rythmes sont infernaux. J’ai tenu sans jamais faiblir et au bout d’un an, je suis allé voir le chef pour lui dire que j’avais tout donné et que j’avais besoin d’évoluer. J’ai pu passer à autre chose. Bernard Bach, lui, m’a appris à avoir des émotions en cuisine. Il m’a inculqué le goût. Prendre un produit, aller à l’essentiel, respecter les temps de cuisson. Je travaille avec des produits que je vais chercher à cinq heures du matin, dont je sais qu’ils ont du goût. Comme on ne fait pas une belle maison sans matériaux nobles, on ne prépare pas une bonne cuisine sans produits sains et d’excellente qualité. D’où l’importance de faire son marché tous les jours... et de devenir inséparable de son réveil !

quand as-tu ouvert ton premier restaurant ? Je n’avais pas encore vingt ans, j’étais diplômé, j’avais économisé tous mes salaires d’apprenti et j’ai acquis Le Valentin, ma première affaire, dans le quartier des antiquaires à toulouse. J’ai ouvert le second à vingt et un an en achetant les murs et un fond de commerce dans le quartier des Carmes. Ça faisait rire mes proches qui pensaient que j’étais trop jeune pour mener deux affaires de front et que je n’irais pas jusqu’au bout... Je l’ai pourtant fait ! Je suis quelqu’un d’entier, si j’ai quelque chose dans la tête, je me donne à fond. J’ai toujours vécu dans l’idée qu’il fallait, si possible, être le premier. C’est la raison pour laquelle je fais beaucoup de sport : on est dans la même logique de toujours aller plus loin et plus haut.

quelles étaient les différences entre tes trois restaurants ?Le premier était un restaurant gastronomique. Le second, Le Carré Rouge où je suis actuellement, est plutôt un bistrot chic, avec une cuisine travaillée et un décor de brasserie. Enfin, j’ai aussi ouvert une belle brasserie dans le Lot et Garonne. Plus jeune restaurateur de France, j’avais bonne presse à toulouse et le maire de Fumel est venu me chercher pour ouvrir un restaurant dans une aile du château de sa commune. C’était La Villa Margaux.

Pourquoi cette boulimie ?J’en avais besoin, j’ai toujours ressenti cette envie de prouver ce dont je suis capable et de me réaliser dans le travail.

Comment peut-on être au four et au moulin ?Avec beaucoup d’organisation. Chaque semaine, je passais deux jours sur chaque établissement et j’avais une journée pour me reposer. Le rythme était quand même assez éprouvant, je faisais plus de 600 kilomètres par semaine

interview par Philippe Escalier

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pour aller dans le Lot et Garonne. J’ai donc décidé de vendre à mes employés. J’ai aussi revendu Le Valentin.

Toi qui travailles en permanence, comment as-tu dégagé du temps pour Top Chef ?J’ai constitué une équipe professionnelle avant de partir, j’ai pu la former sur la nouvelle carte et sur la bonne gestion du restaurant. J’ai déjà un excellent responsable en salle. Je suis parti serein parce que je savais que tout allait bien se passer.

que retires-tu de ton expérience dans cette émission ? Les épreuves sont farfelues, nous sommes placés dans des situations extrêmes que nous ne connaitrons jamais dans notre métier avec des recettes venant d’on ne sait où ! Le plus dur est de ne connaitre le sujet qu’au dernier moment, il n’y a aucune préparation possible, on est comme jeté dans le vide entouré de caméras et de micros, en sachant qu’un peu plus tard, des millions de gens vont assister à cela. Mais c’est un challenge et j’ai pu aussi découvrir seize autres candidats et d’autres façons de faire la cuisine.

L’attirance que tu as pour les défis et les difficultés ne te rend pas difficile à vivre ? Je sais que je suis parfois invivable parce que je suis perfectionniste, je suis maniaque. Incapable de repousser les choses, j’ai besoin de tout faire tout de suite et d’avancer vite et bien. Ce n’est pas toujours facile pour ceux qui m’entourent, je le reconnais !

Du coup, toi qui aimes la perfection, que fais-tu pour t’améliorer ? Mon plus gros défaut est l’impatience mais j’apprends à ne rien dire, à faire des concessions, à composer un peu. Et peut-être qu’avec le temps je vais évoluer ! D’ailleurs, j’ai déjà changé, je me rends compte par exemple que j’ai besoin de plus de repos pour récupérer.

Et qu’aimes-tu faire pour tes vacances ? Quand j’ai la chance de prendre trois semaines de vacances (c’est ce dont j’ai besoin pour vraiment déconnecter), je pars à Rio. tous les éléments sont réunis là-bas pour que l’on soit heureux. L’on serait presque d’accord avec le dicton brésilien qui dit que Dieu a mis tellement de temps pour créer Rio qu’il a bâclé le reste du monde (rires) !

Pour finir, quels sont tes objectifs à court terme ?Je souhaite avoir un plus grand établissement et pouvoir élargir mon équipe. Je voudrais aussi trouver un éditeur pour écrire le livre de recettes dont je rêve depuis longtemps. Et, pour ne plus passer pour un bourreau de travail, je vais tâcher de me dégager du temps et profiter un peu plus de la vie !

facebook : Valentin Neraudeau top Chef www.lecarrerouge-restaurant.fr

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