senon jl, ,psychiatrie de liaison en milieu pénitentiaire (1998) puf,paris 128 coll. ‘ médecine...

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Notes de lecture 445 La psychiatric biologique fraye avec les neurosciences, la psychanalyse est affaire de psychologie, comme la therapie familiale, les incidences sociales ne peu- vent tomber en de meilleures mains que celles des travailleurs sociaux, et ainsi de mCme pour les differents points de vue qui constituent notre discipline. Apparait alors un monde &late ob diviser c’est Bconomiser, et integrer, au sens de la pen- see integrative du psychiatre fondee sur son savoir clinique, devient correlatif de surcout Cconomique. Avec lucidite et un brin de cynisme, I? Pichot nous met en face de ce qui nous menace, et que nous avons crCC, et nous invite a nous red& fmir pour adapter au mieux notre reponse aux besoins en Sante mentale. Sans faire l’apologie de la psychiatric americaine, il en constate l’importance en termes d’influence, du fait de la mondialisation Cconomique. 11 serait imprudent de ne pas tenir compte de ses avertissements et de negliger la specificite encore actuelle de notre pensee, fondee sur notre savoir clinique, un savoir qui, notons-le, tient peu de place dans cette interrogation sur nos destins. T. Nathan, dans une tout autre perspective, r&l&hit sur les psychotherapies et cherche a en Cvaluer l’impact non pas en fonction de presupposes theoriques, mais en fonction de la pertinence de leurs caractbres operatoires. C’est a une cli- nique transculturelle du resultat qu’il nous invite, et qui repond assez curieuse- ment aux reflexions de I? Pichot sur l’influence de la culture (psychiatrique) americaine.. . D.A. Chartier r- Senon JL. Psychiatric de liaison en milieu pthitentiaire. Paris : PUF, ~011. << Medecine et societe Y ; 1998. 128 p. C’est en 1936 que la psychiatric penbtre en prison de facon institutionnalisee sous la forme de trois << services d’examen psychiatrique B. Puis, aprbs les annexes psy- chiatriques crCCes a la Liberation, ce sont les centres medicaux-penitentiaires regionaux (CMPR) qui voient le jour en 1967, rebaptises services medico-peni- tentiaires regionaux (SMPR) en 1986. Parmi les raisons qui ont entraine une pro- gressive psychiatrisation du penitentiaire, Jean-Louis Senon en retient surtout trois. 11 s’agit, explique-t-i1 en introduction, de prendre en charge des pathologies de carence, likes a la precarite des detenus, et de traiter les troubles psychiques secretes par la detention tout autant que ceux qui lui preexistaient. Citant J. Fortineau, il se demande si la t&he des psychiatres est d’adapter le detenu a la prison et de devenir les gardiens d’un ordre carceral conjointement avec les sur- veillants de l’administration penitentiaire. 11 y repond par la negative, et estime que la psychiatric n’a pas a neutraliser, ou meme a contenir la violence ni a traiter

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Notes de lecture 445

La psychiatric biologique fraye avec les neurosciences, la psychanalyse est affaire de psychologie, comme la therapie familiale, les incidences sociales ne peu- vent tomber en de meilleures mains que celles des travailleurs sociaux, et ainsi de mCme pour les differents points de vue qui constituent notre discipline. Apparait alors un monde &late ob diviser c’est Bconomiser, et integrer, au sens de la pen- see integrative du psychiatre fondee sur son savoir clinique, devient correlatif de surcout Cconomique. Avec lucidite et un brin de cynisme, I? Pichot nous met en face de ce qui nous menace, et que nous avons crCC, et nous invite a nous red& fmir pour adapter au mieux notre reponse aux besoins en Sante mentale. Sans faire l’apologie de la psychiatric americaine, il en constate l’importance en termes d’influence, du fait de la mondialisation Cconomique. 11 serait imprudent de ne pas tenir compte de ses avertissements et de negliger la specificite encore actuelle de notre pensee, fondee sur notre savoir clinique, un savoir qui, notons-le, tient peu de place dans cette interrogation sur nos destins.

T. Nathan, dans une tout autre perspective, r&l&hit sur les psychotherapies et cherche a en Cvaluer l’impact non pas en fonction de presupposes theoriques, mais en fonction de la pertinence de leurs caractbres operatoires. C’est a une cli- nique transculturelle du resultat qu’il nous invite, et qui repond assez curieuse- ment aux reflexions de I? Pichot sur l’influence de la culture (psychiatrique) americaine.. .

D.A. Chartier

r- Senon JL. Psychiatric de liaison en milieu pthitentiaire. Paris : PUF, ~011. << Medecine et societe Y ; 1998. 128 p.

C’est en 1936 que la psychiatric penbtre en prison de facon institutionnalisee sous la forme de trois << services d’examen psychiatrique B. Puis, aprbs les annexes psy- chiatriques crCCes a la Liberation, ce sont les centres medicaux-penitentiaires regionaux (CMPR) qui voient le jour en 1967, rebaptises services medico-peni- tentiaires regionaux (SMPR) en 1986. Parmi les raisons qui ont entraine une pro- gressive psychiatrisation du penitentiaire, Jean-Louis Senon en retient surtout trois. 11 s’agit, explique-t-i1 en introduction, de prendre en charge des pathologies de carence, likes a la precarite des detenus, et de traiter les troubles psychiques secretes par la detention tout autant que ceux qui lui preexistaient. Citant J. Fortineau, il se demande si la t&he des psychiatres est d’adapter le detenu a la prison et de devenir les gardiens d’un ordre carceral conjointement avec les sur- veillants de l’administration penitentiaire. 11 y repond par la negative, et estime que la psychiatric n’a pas a neutraliser, ou meme a contenir la violence ni a traiter

446 Notes de lecture

la delinquance. Mais, ipso facto, on ne voit pas comment elle pourrait Cchapper a cette resultante, mCme non recherchee, car si la psychiatric est normative, c’est qu’elle est adaptative de l’individu a son milieu, c’est l’un de ses paradoxes. Et si le trouble mental est une pathologie de la liberte, la psychiatric ne peut aider le sujet qu’en lui permettant a nouveau de proceder a des choix dans le tissu social. La liberte ne peut s’exercer que dans un cadre delimit6 par l’histoire des hommes.

Cet ouvrage trb clair relate parfaitement comment s’effectuent les interven- tions des Cquipes psychiatriques en milieu penitentiaire. Son auteur estime que leur travail est proche de la psychiatric de liaison realisee dans les services de medecine ou de chirurgie. Et ce, dans la mesure oh notamment il se pratique dans un lieu qui n’appartient pas aux soignants qui doivent constamment renegocier leur instrument de travail et leur champ d’intervention. A travers la description des principales occurrences, il parvient a nous en convaincre.

M.G.

Psychanalyse

I‘ Allouch J. All6 Lacan ? Certainement pas. Paris : EPEL ; 1998.244 p.

Troisieme version des 132 bans mats avec Lacan (Et-k, 1984) analyse en son temps dans notre revue, prCcCdCe par l’edition mexicaine de 1992,2 132 ocurrelt- cias.. . (Sitesa, 1992). Elle a continue de s’enfler : les trois chiffres restent les memes, mais le total atteint dorenavant 321. Autant dire que tous les Cchos, toutes les traces des plaisanteries de J. Lacan ont CtC retenus par l’auteur qui ne semble pas s’etre trop preoccupe de leur authenticite. L’ensemble est amusant, et deja date dans une Cpoque bien revalue. Quelques lecteurs risquent cependant de s’y agacer un peu les dents. Nous avions deja toute une litterature sulpicienne consacree au maitre du (< consultoire D de la rue de Lille. Nous avons maintenant, bien complet, 1’Almanach Vet-mot lacanien.

J. Pastel

r- Athanassiou C. Bion et la naissance de I’espace psychique. Preface de Genevieve Haag. Paris : Popesco ; 1997.347 p.

Cleopatre Athanassiou apporte une contribution importante aux developpements kleiniens de la psychanalyse. Elle expose un travail d’elaboration certes difficile, parfois mCme ardu, mais la metapsychologie y est toujours et fort heureusement