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SANTÉ L’INCERTITUDE CAHIER THÉMATIQUE H LE DEVOIR, LES SAMEDI 11 ET DIMANCHE 12 OCTOBRE 2014 Coupes budgétaires : les syndicats proposent d’ autres solutions Page H 5 Maladie mentale : mieux vaut être riche pour en souffrir Page H 2 Des millions de dollars de moins dans la santé = moins de services à la populaon. Des millions de dollars de moins dans la santé = moins de services à la populaon. Des millions de dollars de moins dans la santé = moins de services à la populaon. Vous êtes témoin des effets des coupes budgétaires du gouvernement Couillard en santé, écrivez-nous : [email protected]. INDIGNEZ-VOUS ! JACQUES NADEAU LE DEVOIR En 2003, alors qu’il était ministre de la Santé, Philippe Couillard s’était engagé à abolir les régies régionales. Il aura atteint son objectif en deux temps. C OMPRESSIONS EN SANTÉ Une réforme prévisible aux résultats incertains MARTINE LETARTE E n 2003, les libéraux de Jean Charest prennent le pouvoir. Philippe Couil- lard est le ministre de la Santé et des Services sociaux. Il se donne pour objectif principal de désengorger les urgences. Pour rendre le système de santé plus efficace, sa solution est de fusionner les CLSC et les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) avec, sauf exception, l’hôpital de la région pour créer les centres de santé et de services sociaux (CSSS). Il s’est aussi engagé à abolir les régies régionales en santé. Il voulait ainsi que les décisions fussent prises plus près des citoyens. Finalement, les ré- gies régionales ont été remplacées par les agences de la santé et des services sociaux. Dernièrement, alors que Philippe Couillard est devenu premier ministre du Québec, son minis- tre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a décidé de fusionner les agences et les CSSS pour créer des centres intégrés de santé et de ser vices sociaux (CISSS). « Que le gouvernement libéral de Philippe Couillard prenne ces décisions aujourd’hui n’est pas incongru lorsqu’on regarde ce qui s’est passé en 2003, affirme Louis Demers, spécialiste de l’organisation des services de santé et des services sociaux. Philippe Couil- lard aura atteint son objectif en deux temps. » En parallèle, dans son budget présenté en juin, le gouvernement libéral prévoit une aug- mentation des sommes attribuées en santé de 3 % cette année et de 2,7 % l’an prochain, alors que la croissance naturelle en santé est de 3,9 %. Cette réalité oblige donc les établissements à sabrer leur budget. L’objectif de la réforme administrative est de diminuer le taux d’encadrement pour arriver à réduire les dépenses tout en améliorant les ser- vices pour le citoyen. Aucune démonstration concluante Est-ce une stratégie efficace ? « Il n’y a pas eu de démonstration que les fusions donnent de tels résultats, lance Louis Demers. Toutes les études montrent que, lorsqu’on procède à de grands tra- vaux de réorganisation interne, pendant quelques années, on voit de l’insécurité, des dé- placements de postes, des travailleurs qui n’ont pas de chaise en arrivant le matin, etc. Tout ça consomme énormément de temps et d’énergie. À court terme, les grandes réorganisations nuisent à la cohésion du système de santé et ne permet- tent pas d’améliorer la qualité des soins comme le souhaite le ministre Gaétan Barrette. » À long terme, il remarque que le proverbe « Chassez le naturel, il revient au galop » prend tout son sens. « Disons qu’on avait quatre cadres dans qua- tre établissements qui s’occupaient d’un type de service, puis qu’on fusionne les quatre établisse- ments et qu’on garde seulement un cadre pour s’occuper du grand service regroupé. On écono- mise trois postes de cadre, mais, dans la vraie vie, une partie du travail réalisé auparavant par les quatre cadres ne pourra pas être réali- sée par un seul, alors on finit souvent par em- baucher des adjoints ou d’autres cadres, ex- plique Louis Demers. C’est pour cette raison que généralement, quelques années après une fusion, on voit le nombre de cadres remonter au même niveau qu’auparavant. » Le gouvernement ne serait pas étranger à ce grand besoin de cadres, d’après le chercheur. « On demande une reddition de comptes de plus en plus importante dans le réseau de la santé, note Louis Demers. Les différents interve- nants et les établissements doivent remplir énor- mément de formulaires. Ça consomme du temps, ça alourdit le système et cela a un coût net. On dit qu’il y a trop de cadres, mais une grande par- tie de cet encadrement est voulue par le gouverne- ment, puisque cela lui donne un meilleur contrôle sur le réseau. » D’après l’analyse du chercheur, cette ré- forme administrative, où on affirme vouloir « couper dans le gras du système », apparaît être une justification pour dire qu’on ne coupera pas dans les ser vices. Un plan En campagne électorale, le Parti libéral s’était engagé à réduire, en début de mandat, les dépenses de l’État. « Les coupes étaient annoncées, sinon prévisi- bles, affirme Louis Demers. Avec la présenta- tion d’un projet de loi, on ne peut pas non plus parler d’improvisation, puisqu’il faut prendre le temps de le préparer.» Toutefois, l’Association québécoise des éta- blissements de santé et de services sociaux (AQESSS) a invité, au début de septembre, le ministre à consulter les établissements de santé pour préparer sa réforme et a dénoncé la précipitation dans laquelle les fusions sem- blaient se dessiner. Vingt jours plus tard, le pro- jet de loi du ministre a été déposé. « La décision a été prise d’en haut, constate Louis Demers. Les réformes passées en santé se sont faites à la suite de longues commissions d’enquête sur la santé et les services sociaux. La commission Castonguay-Nepveu avait siégé plusieurs années; formée en 1966, elle avait re- commandé notamment la création de l’assu- rance-maladie, et le gouvernement avait adopté son projet de loi dans le domaine en 1970. Au milieu des années 80, la commission Rochon a siégé environ deux ans, puis la com- mission Clair a siégé plusieurs mois. Cette fois- ci, pour accoucher de ce projet de loi, il n’y a pas eu de commission d’enquête, alors on ne peut pas dire qu’on a pris le temps de diagnos- tiquer les problèmes pour ensuite trouver des solutions appropriées. » Pour déterminer de futures coupes dans les dépenses de l’État, le gouvernement libéral a créé en juin la Commission de la révision per- manente des programmes, présidée par Lu- cienne Robillard, ex-présidente du Conseil du Trésor au fédéral et ex-ministre de la Santé et des Services sociaux et de l’Éducation au pro- vincial. Entourée entre autres des écono- mistes Claude Montmarquette et Robert Ga- gné, elle a pour objectif de réaliser des gains de 3,2 milliards pour l’exercice de 2015-2016 en revoyant la pertinence, l’efficacité et le mode de financement des programmes. Collaboratrice Le Devoir Pour tenter de retrouver l’équilibre budgétaire en 2015-2016, le gouvernement de Philippe Couillard demande un effort généralisé à ses troupes pour réduire les dépenses de l’État. Comme 45 % des dépenses du gouvernement du Québec sont consacrées à la santé et aux ser- vices sociaux, les changements qui y sont annoncés sont nombreux. Le gouvernement se conforme-t-il à ce qu’il avait annoncé ? Le ministre a-t-il un plan ? Entrevue avec Louis Demers, professeur et chercheur à l’École nationale d’administration publique (ENAP).

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Page 1: SANTÉ - Le Devoir€¦ · (AQESSS) a invité, au début de septembre, le ... Plusieurs chantiers du Plan d’action en santé mentale 2005-2010 restent inachevés et leur application

SANTÉL’INCERTITUDE

C A H I E R T H É M A T I Q U E H › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 1 E T D I M A N C H E 1 2 O C T O B R E 2 0 1 4

Coupes budgétaires :les syndicatsproposent d’autres solutionsPage H 5

Maladie mentale :mieux vaut êtreriche pour en souffrir Page H 2

Des millions de dollars de moins dans la santé = moins de services à la population.Des millions de dollars de moins dans la santé = moins de services à la population.Des millions de dollars de moins dans la santé = moins de services à la population.

Vous êtes témoin des effets des coupes budgétaires du gouvernement Couillard en santé, écrivez-nous : [email protected].

INDIGNEZ-VOUS !

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

En 2003, alors qu’il était ministre de la Santé, Philippe Couillard s’était engagé à abolir les régies régionales. Il aura atteint son objectif en deux temps.

COMPRESSIONS EN SANTÉ

Une réforme prévisible aux résultats incertains

M A R T I N E L E T A R T E

E n 2003, les libéraux de Jean Charestprennent le pouvoir. Philippe Couil-lard est le ministre de la Santé et desServices sociaux. Il se donne pourobjectif principal de désengorger les

urgences. Pour rendre le système de santé plusefficace, sa solution est de fusionner les CLSCet les centres d’hébergement et de soins delongue durée (CHSLD) avec, sauf exception,l’hôpital de la région pour créer les centres desanté et de services sociaux (CSSS). Il s’estaussi engagé à abolir les régies régionales ensanté. Il voulait ainsi que les décisions fussentprises plus près des citoyens. Finalement, les ré-gies régionales ont été remplacées par lesagences de la santé et des ser vices sociaux.Dernièrement, alors que Philippe Couillard estdevenu premier ministre du Québec, son minis-tre de la Santé et des Services sociaux, GaétanBarrette, a décidé de fusionner les agences etles CSSS pour créer des centres intégrés desanté et de services sociaux (CISSS).

« Que le gouvernement libéral de PhilippeCouillard prenne ces décisions aujourd’huin’est pas incongru lorsqu’on regarde ce quis’est passé en 2003, af firme Louis Demers,spécialiste de l’organisation des services desanté et des services sociaux. Philippe Couil-lard aura atteint son objectif en deux temps. »

En parallèle, dans son budget présenté enjuin, le gouvernement libéral prévoit une aug-mentation des sommes attribuées en santé de3 % cette année et de 2,7 % l’an prochain, alorsque la croissance naturelle en santé est de 3,9%.Cette réalité oblige donc les établissements àsabrer leur budget.

L’objectif de la réforme administrative est dediminuer le taux d’encadrement pour arriver àréduire les dépenses tout en améliorant les ser-vices pour le citoyen.

Aucune démonstration concluanteEst-ce une stratégie efficace? « Il n’y a pas eu

de démonstration que les fusions donnent de telsrésultats, lance Louis Demers. Toutes les étudesmontrent que, lorsqu’on procède à de grands tra-vaux de réorganisation interne, pendantquelques années, on voit de l’insécurité, des dé-placements de postes, des travailleurs qui n’ontpas de chaise en arrivant le matin, etc. Tout çaconsomme énormément de temps et d’énergie. Àcourt terme, les grandes réorganisations nuisentà la cohésion du système de santé et ne permet-tent pas d’améliorer la qualité des soins commele souhaite le ministre Gaétan Barrette. »

À long terme, il remarque que le proverbe« Chassez le naturel, i l revient au galop »prend tout son sens.

« Disons qu’on avait quatre cadres dans qua-tre établissements qui s’occupaient d’un type de

service, puis qu’on fusionne les quatre établisse-ments et qu’on garde seulement un cadre pours’occuper du grand service regroupé. On écono-mise trois postes de cadre, mais, dans la vraievie, une partie du travail réalisé auparavantpar les quatre cadres ne pourra pas être réali-sée par un seul, alors on finit souvent par em-baucher des adjoints ou d’autres cadres, ex-plique Louis Demers. C’est pour cette raisonque généralement, quelques années après unefusion, on voit le nombre de cadres remonter aumême niveau qu’auparavant. »

Le gouvernement ne serait pas étranger à cegrand besoin de cadres, d’après le chercheur.

« On demande une reddition de comptes deplus en plus impor tante dans le réseau de lasanté, note Louis Demers. Les différents interve-nants et les établissements doivent remplir énor-mément de formulaires. Ça consomme du temps,ça alourdit le système et cela a un coût net. Ondit qu’il y a trop de cadres, mais une grande par-tie de cet encadrement est voulue par le gouverne-ment, puisque cela lui donne un meilleurcontrôle sur le réseau.»

D’après l’analyse du chercheur, cette ré-forme administrative, où on af firme vouloir« couper dans le gras du système», apparaît êtreune justification pour dire qu’on ne coupera pasdans les services.

Un planEn campagne électorale, le Par ti libéral

s’était engagé à réduire, en début de mandat,les dépenses de l’État.

« Les coupes étaient annoncées, sinon prévisi-bles, affirme Louis Demers. Avec la présenta-tion d’un projet de loi, on ne peut pas non plusparler d’improvisation, puisqu’il faut prendre letemps de le préparer. »

Toutefois, l’Association québécoise des éta-

blissements de santé et de services sociaux(AQESSS) a invité, au début de septembre, leministre à consulter les établissements desanté pour préparer sa réforme et a dénoncé laprécipitation dans laquelle les fusions sem-blaient se dessiner. Vingt jours plus tard, le pro-jet de loi du ministre a été déposé.

« La décision a été prise d’en haut, constateLouis Demers. Les réformes passées en santése sont faites à la suite de longues commissionsd’enquête sur la santé et les services sociaux.La commission Castonguay-Nepveu avait siégéplusieurs années; formée en 1966, elle avait re-commandé notamment la création de l’assu-rance-maladie, et le gouvernement avaitadopté son projet de loi dans le domaine en1970. Au milieu des années 80, la commissionRochon a siégé environ deux ans, puis la com-mission Clair a siégé plusieurs mois. Cette fois-ci, pour accoucher de ce projet de loi, il n’y apas eu de commission d’enquête, alors on nepeut pas dire qu’on a pris le temps de diagnos-tiquer les problèmes pour ensuite trouver dessolutions appropriées. »

Pour déterminer de futures coupes dans lesdépenses de l’État, le gouvernement libéral acréé en juin la Commission de la révision per-manente des programmes, présidée par Lu-cienne Robillard, ex-présidente du Conseil duTrésor au fédéral et ex-ministre de la Santé etdes Services sociaux et de l’Éducation au pro-vincial. Entourée entre autres des écono-mistes Claude Montmarquette et Robert Ga-gné, elle a pour objectif de réaliser des gainsde 3,2 milliards pour l’exercice de 2015-2016en revoyant la per tinence, l’ef ficacité et lemode de financement des programmes.

CollaboratriceLe Devoir

Pour tenter de retrouver l’équilibre budgétaire en 2015-2016, le gouvernement de PhilippeCouillard demande un ef fort généralisé à ses troupes pour réduire les dépenses de l’État.Comme 45% des dépenses du gouvernement du Québec sont consacrées à la santé et aux ser-vices sociaux, les changements qui y sont annoncés sont nombreux. Le gouvernement seconforme-t-il à ce qu’il avait annoncé? Le ministre a-t-il un plan? Entrevue avec Louis Demers,professeur et chercheur à l’École nationale d’administration publique (ENAP).

Page 2: SANTÉ - Le Devoir€¦ · (AQESSS) a invité, au début de septembre, le ... Plusieurs chantiers du Plan d’action en santé mentale 2005-2010 restent inachevés et leur application

SANTÉL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 1 E T D I M A N C H E 1 2 O C T O B R E 2 0 1 4H 2

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Plusieurs chantiers du Plan d’action en santé mentale 2005-2010 restent inachevés et leur application demeure variable selon les régions.

La santé mentale ne semble pas être une prio-rité pour le gouvernement du Québec, alorsque les services dans ce domaine présententde nombreuses lacunes. État de la situation.

É T I E N N E P L A M O N D O N É M O N D

L a santé mentale est-elle une priorité pour legouvernement ? La protectrice du citoyen,

Raymonde Saint-Germain, a posé franchementla question dans son dernier rapport annuel,déposé le 18 septembre dernier à l’Assembléenationale. Un nouveau Plan d’action en santémentale devrait être déposé cet automne par leministère de la Santé et des Services sociaux(MSSS). Mais le précédent est échu depuisquatre ans. En entrevue téléphonique,Mme Saint-Germain déplore la lenteur de Qué-bec pour pondre une nouvelle mouture. « Endépit des constats de nos rapports annuels surl’importance de reconduire ce plan, mais ausside resserrer les orientations et le contrôle du tra-vail des établissements dans ce domaine, le mi-nistère ne l’a pas mis suffisamment haut dans saliste de priorités », dit-elle.

Plusieurs chantiers du Plan d’action en santé

mentale 2005-2010 restent inachevés et leur ap-plication demeure variable selon les régions,constate Anne Robitaille, directrice générale auCommissariat à la santé et au bien-être. Dansun rapport publié en 2012 et intitulé Pour plusd’équité et de résultats en santé mentale au Qué-bec, le commissaire à la santé et au bien-être re-commandait de consolider la première ligne,souvent défaillante. Le document dévoilait l’iso-lement des médecins de famille, dont la moitién’avaient aucun contact avec d’autres dispensa-teurs de services de santé mentale.

Ce rapport déplorait aussi les délais d’inter-vention des équipes en santé mentale et du gui-chet d’accès implantés dans les CSSS. Dans les18 derniers mois, la protectrice du citoyen ajustement reçu un nombre considérable deplaintes à ce sujet. « Après la dimension médi-cale, les services psychosociaux sont très impor-tants. Or c’est là où il y a des temps d’attente quisont non seulement importants, mais aussi nuisi-bles à une prise en charge adéquate et au bonfonctionnement des personnes en société », in-dique Mme Saint-Germain. « On se rend compteque la disponibilité des ressources fait en sorteque le temps des psychologues, dans certains éta-blissements, va être essentiellement consacré à la

gestion de crise ou à des cas très urgents, ajouteMarc-André Dowd, vice-protecteur du citoyen.Les services de psychothérapie plus généraux, ilsexistent encore dans l’of fre de services théorique,mais avec des temps d’attente qui les rendentpratiquement inaccessibles. »

Le commissaire à la santé et au bien-êtreavait aussi dénoncé, en 2012, la mauvaise conti-nuité des services lorsque les jeunes suivis enpédopsychiatrie atteignaient leur majorité.«Avec le passage à l’âge adulte, il y a comme unerupture dans les soins et services, qui fait qu’onperd ces jeunes pendant quelques années », si-gnale Anne Robitaille.

Accès équitableMais le principal cri du cœur du commis-

saire, lors du dépôt de son rapport, concernaitl’accès équitable à la psychothérapie. La mala-die mentale « est une des rares pathologies pourlesquelles, si on n’a pas d’argent, on n’a pas accèsau meilleur traitement possible », déploreMme Robitaille. Si l’ouverture de cet accès peutapparaître coûteuse à court terme, les pays quiont choisi cette voie ont démontré que le ser-vice « s’autofinance par la réduction des coûts as-sociés aux troubles mentaux (assurance-emploi etcoûts médicaux, par exemple), ainsi que par l’ac-croissement des revenus de l’État (impôts décou-lant du retour au travail, productivité accrue)»,signalait-on dans le document.

Pour l’instant, bien des personnes mal desser-vies par le réseau public se tournent vers des or-ganismes communautaires à bout de souffle.Dans le Portrait des besoins de la population etdu milieu communautaire réalisé en 2013, 47 %des organismes communautaires, tous champsd’activité confondus, ont observé une haussedes demandes provenant de personnes auxprises avec des problèmes de santé mentale. Ju-lie Nicolas, directrice générale du Réseau alter-natif et communautaire des organismes ensanté mentale (RACOR), admet que les orga-nismes spécialisés en santé mentale ne sont pasles moins bien financés du milieu communau-taire. «Mais on est encore très loin de nos seuils-planchers », précise-t-elle. Certains organismessont désormais contraints d’exiger quelquesdollars pour donner accès à un groupe d’en-traide, afin de payer les intervenants ou la salle.Selon Mme Nicolas, si le prochain plan d’actionn’est pas accompagné des investissements né-cessaires, «ce sera un coup d’épée dans l’eau».

Lutter contre la stigmatisationAu RACOR, on trouve toujours troublant le

détournement de l’enveloppe gouvernementaledestinée à la dernière campagne de sensibilisa-tion et d’information en santé mentale. Le26 juin dernier, lors de la tenue de la Commis-sion de la santé et des services sociaux, le mi-nistre Gaétan Barrette avait dévoilé que le gou-vernement Marois y avait pigé 675000$ afin definancer des publicités au sujet du Livre blancsur l’assurance autonomie. Or, en 2014, la stig-matisation envers les personnes aux prises avecdes troubles de santé mentale demeure tenace.Il y a deux ans, le commissaire à la santé et aubien-être préconisait une stratégie de sensibili-sation axée sur le contact direct avec des per-sonnes pouvant témoigner, dans les écoles oudans les milieux de travail, de leur expériencede la maladie mentale et de leur rétablissement.Cette démarche devrait aussi, selon le rapport,être déployée dans les milieux de la santé, oùles patients souffrant de troubles mentaux sontsouvent traités différemment par rapport à ceuxaux prises avec des problèmes physiques.

Si elle considère que la sensibilisation et la

formation sont essentielles, la protectrice du ci-toyen croit aussi en des mécanismes de respon-sabilisation, voire à une certaine forme de coer-cition, auprès du personnel et de la directiondes établissements, dans le cas de l’utilisationabusive de mesures de contrôle. S’il y a parfoisune mauvaise compréhension de la loi, des pra-tiques de contournement délibéré ont été dé-tectées. Mme Saint-Germain recommande derendre les conseils d’administration plus impu-tables. M. Dowd ajoute qu’il devrait y avoir da-vantage d’échanges de bonnes pratiques entreles établissements, alors que certains d’entreeux ont réussi à réduire drastiquement leur re-cours à l’isolement et à la contention.

Tenir compte des facteurs sociauxLe RACOR préconise que le prochain plan

d’action gouvernemental prenne aussi un viragepsychosocial, soit de sortir du paradigme bio-médical pour tenir compte de facteurs commele revenu, le logement, l’alimentation et l’inser-tion sociale. La protectrice du citoyen a d’ail-leurs mis le doigt sur une négligence socialefreinant le rétablissement : le manque d’enca-drement des résidences privées accueillant despersonnes souf frant de problèmes de santémentale. Des comportements problématiquesde propriétaires, l’insalubrité des lieux ou la piè-tre qualité des aliments servis sont entre autresévoqués. Depuis plusieurs années, la protec-trice du citoyen revendique une certificationsemblable à celle s’appliquant aux résidencesprivées pour personnes âgées. Or la Directionde la santé mentale n’a pas encore sous la mainun portrait ou un inventaire de ces résidences, arétorqué le MSSS à la protectrice du citoyen.

Selon le RACOR, il faudrait aller plus loinqu’un plan d’action et adopter une politiquegouvernementale en santé mentale. « On tra-vaille à la fois avec le ministère de la Santé, leministère de l’Éducation, le ministère de l’Em-ploi et de la Solidarité sociale et le ministère del’Immigration. Si on veut une vraie action consi-dérable, il faut une action interministérielle »,juge Julie Nicolas.

CollaborateurLe Devoir

Il vaut mieux être riche pour souffrir d’une maladie mentaleLe nouveau plan d’action est attendu pour cet automne

On accueille, assiste, sourit, dose, analyse, nourrit... On cuisine, répare, entretient, nettoie, prépare, soutient... On renforce, rééduque, archive, transporte, radiographie, stérilise... On travaille pour les Québécois de mille et une façons à la grandeur du réseau public de la santé et des services sociaux.

Venez nous voir à perisoignants.com

Faisons connaissanceNous sommes vos PÉRISOIGNANTS

COURTOISIE RAYMONDE SAINT-GERMAIN

La protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain

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SANTÉL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 1 E T D I M A N C H E 1 2 O C T O B R E 2 0 1 4 H 3

C L A U D E L A F L E U R

D ans le cadre de l’impor-tante restructuration du

système de santé annoncéepar le ministre Gaétan Bar-rette, que fera-t-on du voletcrucial de la santé publique ?Voilà la question que se poseLilianne Bertrand, présidentede l’Association pour la santépublique du Québec. « Le pro-jet de loi 10 ne traite pas beau-coup de santé publique, dit-elle,et nous désirons suggérer auministre d’accorder une placeprépondérante à la préventionet à la promotion de la santé. »

Il y a quelques semaines,M. Barrette a rendu public leprojet de loi 10, qui prévoit lasuppression des agences desanté et la création de centresintégrés de santé etde ser vices sociaux(CISSS).

P o u r l ’ h e u r e ,chaque région duQuébec possède uneagence de santé,dont le rôle est degérer le f inance-ment, les ressourceshumaines et les ser-vices spécialisés liésaux soins et servicesrégionaux. En outre,ces agences sont te-nues d’élaborer desplans d’action régio-naux en santé pu-blique, inspirés duprogramme nationalde santé publique etmis en œuvre par lesdirections de santép u b l i q u e . O r c e sagences seront in-corporées à d’autresétablissements, parexemple à des CSSSet à des centres jeu-nesse, pour consti-tuer les CISSS. C’estdire que, en santé, iln’y aura plus quedeux paliers hiérarchiques :le ministre et les conseilsd’administration des CISSS.

En tant que gestionnaire decar rière, Mm e Ber trand nes’oppose pas en soi à la re-structuration du système desanté, mais elle s’inquiète durésultat. « D’après mon expé-rience, dit-elle, brasser leschoses de temps en temps, çafait du bien, de même que sor-tir les gens de leur zone deconfort. Ce qui m’inquiète, cesont les coûts, puisque cette ré-forme nous coûtera de l’argentet que ce n’est que dans plu-sieurs années qu’on verra sielle a été bénéfique ou non. Leministre prévoit faire des éco-nomies ? Mais ça, je n’en suispas certaine ! »

Santé publique, uninvestissement véritable

Aujourd’hui retraitée, Li-lianne Bertrand a mené unecarrière dans le secteur de lasanté. Elle a d’abord œuvrépendant 25 ans à la Fondationdes maladies du cœur, où ellegérait les programmes de pré-vention. Par la suite, elle est

entrée au ministère de laSanté, où elle a supervisé lesprogrammes de saines habi-tudes de vie. « Je suis une ges-tionnaire qui adore les ques-tions de santé !, dit-elle avecenthousiasme. Et, lorsque j’aipris ma retraite, l’Associationpour la santé publique m’a in-vitée à me joindre à sonconseil d’administration, ceque j’ai accepté avec plaisirpuisqu’il s’agit d’une organisa-tion formidable. »

Cette organisation à but nonlucratif a été créée en 1943 pardes médecins, des infirmièreset des hygiénistes. Ellecompte à présent 2000 mem-bres, dont des professionnelsde la santé, des représentantsdes milieux associatifs et com-munautaires, de même que

des organismes telsque des municipali-tés et des écoles,tous préoccupés parles enjeux de santépublique. « Notre as-sociation a, entre au-tres, pour mandat defaire des recomman-dations au gouverne-ment et à diverses au-tres organisations »,précise la présidente.

« Dans le cadre dela restructuration dus y s t ème d e san t é ,nous aimerions que leministre por te beau-coup plus d’attentionà la prévention, pour-suit Mme Ber trand,puisque c’est une ex-cellente façon d’écono-miser dans les soinsde santé. »

Penser à longterme

L’association s’in-quiète aussi du faitque le gouvernementprocède actuelle-ment à une révision

de tous les programmes qu’ilfinance. « On sait donc qu’onva sûrement examiner le pro-gramme national de santé pu-blique, indique Lilianne Ber-trand. Il ne faut toutefois pasvoir ce programme comme unedépense, mais bien comme uninvestissement, car la préven-tion, c’est un investissement ! »

Parmi les nombreuses initia-tives de prévention qui sontmises de l’avant par les direc-tions de santé publique et quipor tent des fruits, citons lalutte contre le tabagisme en-treprise il y a des décennies,qui fait maintenant diminuer laprévalence du cancer du pou-mon. Mentionnons égalementles programmes visant à ins-taurer de saines habitudes devie, la sensibilisation en ma-tière de consommation d’al-cool et de compor tementssexuels risqués, la lutte contrela pauvreté, etc. «Évidemment,tous ces programmes por tentfruit sur des périodes de 10, 15ou 20 ans, alors que tout gou-vernement cherche à se faire ré-élire dans quatre ans », sou-ligne Mme Bertrand.

Son association s’inquièteégalement du fait que le pro-jet du Dr Barrette puisse en-traver l’autonomie des direc-tions de santé publique. « Leprojet de loi 10 rappelle etréaf firme le pouvoir de nomi-nation du ministre, indique-t-elle, puisqu’il est prévu que ce-lui-ci nomme les membres duconseil d’administration desCISSS qui, à leur tour, recom-manderont les directeurs desanté publique qui sont ensuitenommés par le ministre. »

Or, rappelle-t-elle, il arriveque ces directions soient endésaccord avec le gouverne-ment lui-même. C’est notam-ment le cas à propos des lote-ries et des casinos, dénoncésdepuis des décennies par la Di-rection de la santé publique,mais qui sont une belle sourcede financement pour le gouver-nement. « Dans la mesure dupossible, il importe de protégerla liberté de la santé publique,qui opère selon une logique pro-fessionnelle fondée sur l’exper-

tise», observe Mme Bertrand.« C’est sûr que la prévention

et la promotion de la santé,c’est du travail de longue ha-leine, poursuit-elle. Cela ne gé-nère des économies qu’à longterme ; on investit maintenant,mais ce n’est que dans 10, 15ans ou 20 ans qu’on voit les ré-sultats. Par contre, bien sûr, sion ne le fait pas maintenant,on ne verra pas les consé-quences avant des années. » Laprésidente de l’Associationpour la santé publique cite en-

tre autres le cas des jeunes,chez qui il y a «un gros travailde prévention à faire » si onveut s’éviter d’énormes coûtsde santé dans 15 ou 20 ans.

« Dans le fond, conclut-elle,la santé publique vise à faireen sorte qu’on se garde tous ensanté, afin justement d’éviterle plus possible d’avoir besoinde recourir au système de soinsde santé ! »

CollaborateurLe Devoir

RÉFORME DU SYSTÈME DE SANTÉ

N’oublions pas la santé publique !

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

« Le projet de loi 10 ne traite pas beaucoup de santé publique, et nous désirons suggérer au ministre d’accorder une placeprépondérante à la prévention et à la promotion de la santé», souligne la présidente de l’Association pour la santé publique du Québec.

ASPQ

La présidente de l’Association pour la santé publique du Québec,Lilianne Bertrand

«Dans le cadrede larestructurationdu système desanté, nousaimerions quele ministreportebeaucoup plusd’attention à laprévention,puisque c’estune excellentefaçond’économiserdans les soinsde santé»

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SANTÉL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 1 E T D I M A N C H E 1 2 O C T O B R E 2 0 1 4H 4

Avec l’enter rement par le ministre de laSanté, Gaétan Barrette, du projet de loi surl’assurance autonomie que son prédécesseur,Réjean Hébert, n’était pas parvenu à faire vo-ter à temps, les défis en matière de soins àdomicile demeurent entiers. Si le débat estaujourd’hui sorti de la sphère médiatique, denombreux observateurs assurent que, si onn’opère pas maintenant un changement radi-cal dans l’organisation des services, les coûtsvont augmenter de manière exponentielle.

H É L È N E R O U L O T - G A N Z M A N N

R éjean Hébert conteste l’affirmation que leprocessus menant à l’adoption de la loi sur

l’assurance autonomie aurait pu aller plus viteet que donc, peut-être, cette adoption n’auraitpas fait complètement partie des priorités dugouvernement péquiste de Pauline Marois.

«Tous les observateurs vous diront que le tra-vail que nous avons abattu sur le sujet en 18 moisest titanesque, si on veut bien se rappeler quenous formions un gouvernement minoritaire, as-sure-t-il. Il s’agit d’un projet de société majeur etnous ne pouvions aller à l’encontre de la démo-cratie. Nous devions écouter la population et lesgroupes concernés, les aînés, les aidants naturels,les groupes communautaires. Il y a eu un livreblanc et une commission parlementaire, nousavons déposé le projet de loi. Mais il nous auraitfallu six mois de plus pour le faire adopter.»

Battu aux dernières élections ce printemps,M. Hébert a décidé le mois dernier de se retirerde la vie politique active pour retourner dansses laboratoires de l’Université de Sherbrooke,afin de générer de nouvelles preuves scienti-fiques, s’il en faut, que c’est toute l’organisationdes services aux aînés qu’il faut revoir si onveut éviter de frapper un mur de plein fouet.

«En fait, nous l’avons déjà frappé depuis unedizaine d’années, le mur, précise-t-il. Notre sys-tème est complètement centralisé sur l’héberge-ment et sur l’hôpital. Non seulement il coûte tropcher, mais il n’est pas ef ficient. Toutes les étudesmontrent que les systèmes efficaces sont ceux quipermettent aux personnes en perte d’autonomie derester le plus longtemps possible dans leur milieude vie. Ce que fait le gouvernement actuel, c’est derevenir à un système de santé du XXe siècle, qui apourtant montré qu’il était inapproprié.»

Un système centré sur l’hébergement despersonnes âgées… mais qui ne prévoit pourtantpas la création de places suffisantes en CHSLD.

«Les soins à domicile, ça coûte moins cher à lasociété, et les gens demandent de rester chez eux,

ça, c’est le premier point, explique Pierre Blain,directeur général du Regroupement provincialdes comités des usagers (RPCU). Or, si rienn’est fait dans ce sens, il va falloir rajouter15 000 places en hébergement d’ici 20 ans àcause du vieillissement de la population. Nousavons fait une étude économique qui démontreque, en maintenant à domicile et en augmentantles services qui y sont donnés, on économise entrequatre et cinq milliards durant la même période.Alors, bien sûr, ça nécessite un investissementaujourd’hui. On parlait de 50 à 100 millions paran pour l’assurance autonomie. Mais, en bout deligne, on y gagne. Si on ne fait rien maintenant,ça va nous coûter beaucoup plus cher plus tard. »

C’est donc un véritable changement de philoso-phie qui doit s’opérer. Du côté du RPCU, on prônele rapprochement entre les centres d’héberge-ment et les soins à domicile. Ainsi, le personnelpourrait prodiguer des soins hors les murs. Et lesaînés vivant chez eux auraient l’occasion de profi-ter de certains services et de rompre l’isolementen venant dans les CHSLD durant la journée.

« Ils pourraient notamment avoir accès à lacafétéria, ajoute M. Blain. Ça permettrait de sou-lager les proches aidants, et, dans le mêmetemps, on pourrait mieux surveiller leur nutri-

tion. Qu’est-ce que ça coûterait au centre de faire10 ou 20 repas de plus? Autre exemple, j’ai tra-vaillé avec l’Ordre des dentistes sur l’accès auxsoins dentaires. Plusieurs CHSLD ont des ac-cords avec des cabinets dentaires. Or ils ne s’enservent à peu près pas, parce qu’ils n’ont pas laclientèle suf fisante. Pourquoi ne pas les of frir àla communauté des personnes aînées à domi-cile ? C’est certain qu’il y a non seulement deséconomies à faire, mais aussi du répit à donneraux aidants naturels en jumelant l’hébergementet les services à domicile. Or, aujourd’hui, ils seconsidèrent plutôt comme des concurrents. »

Des propos que Réjean Hébert nuance, ar-guant que ce type de rapprochement a déjà coursdans certaines régions du Québec, notammenten Estrie. S’il affirme que ce n’est pas la solutionà tous les maux, il estime cependant que ces pra-tiques gagneraient à être généralisées afin, no-tamment, de soulager les proches aidants.

«Nombre d’entre eux doivent quitter leur emploipour se mettre à temps plein au service de leur pa-rent, explique-t-il. Cela a un coût social et mêmeéconomique important, qui est assumé actuelle-ment par la société. Il serait beaucoup moins im-portant si on investissait dans les soins à domicile.En seulement 18 mois, même si nous n’avons pas

pu voter la loi, nous avons fait beaucoup de tra-vail pour prioriser les soins à domicile. Résultat :il y a eu une diminution de 30% sur les listes d’at-tente des CHSLD. Le meilleur était à venir…»

Ainsi, son projet de loi prévoyait que le finan-cement des services à domicile passe de 15% à40% et que les proches aidants puissent trouverdu répit auprès de professionnels.

« Avec l’enterrement du projet de loi, la ques-tion qu’on doit se poser aujourd’hui au Québec,c’est : quelle place veut-on donner à nos aînés ?,conclut le directeur général du RPCU. Et c’est àtoute la société de se la poser. Par exemple, lesépiceries pourraient généraliser la livraison àdomicile. Ça pourrait même faire partie de lasurveillance. Toutes les semaines, elles appelle-raient leurs clients pour savoir de quoi ils ont be-soin. Ça se fait déjà, mais, souvent, il faut ache-ter pour une certaine somme, ou alors acheter lesboîtes de tomates par paquet de six… La per-sonne seule n’a pas besoin de tout ça. Il y a pleinde services à domicile qui ont disparu. Autrefois,il y avait le laitier, par exemple. Il faudra bien re-venir à ce genre de choses. »

CollaboratriceLe Devoir

SOINS À DOMICILE

Quelle place veut-on donner à nos aînés?

ANDREW VAUGHAN LA PRESSE CANADIENNE

« Les soins à domicile, ça coûte moins cher à la société, et les gens demandent à rester chez eux, ça, c’est le premier point », explique PierreBlain,directeur général du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU).

J A C I N T H E L E B L A N C

D ans son rappor t annuelprésenté à l’Assemblée

nationale le 18 septembredernier, la protectrice du ci-toyen, Raymonde Saint-Ger-main, a rappelé la dif ficultéd’accéder à un milieu de vieadapté pour les jeunes per-sonnes handicapées physi-quement. Lorsqu’elles requiè-rent plus de trois heures desoins, celles-ci ne peuventplus rester à la maison ou enrés idence in ter média i r e .Elles sont donc hébergéesdans des centres pour per-sonnes âgées. Mais est-ceune solution adéquate ?

Ces personnes handicapéesqu’on retrouve en centred’hébergement et de soins de

longue durée (CHSLD) sontdes gens, entre autres, auxprises avec une maladie dégé-nérative comme la scléroseen plaques, qui ont eu ungrave accident ou encore quisont paraplégiques. Toutesces personnes ont majoritai-rement conscience de ce quise passe autour d’elles, et« c’est dif ficile de se ramasserdans ce genre d’environne-ment-là », note Gaétane Go-beil, directrice générale del’Association des personneshandicapées de la Vallée-du-Richelieu (APHVR).

Bien qu’elle saisisse cetteconcentration des ser vices,qui semble attribuable à unmanque de ressources adap-tées à leur condition, « il y atoujours les questions de budget

[qui ressor tent], souligne-t-elle. C’est discutable, mais c’estcomme cela. » Depuis la quin-zaine d’années qu’elle œuvred a n s l e m i l i e u , e l l e e s tconfrontée à la situation.

Selon la directrice générale,cela s’explique certes par unmanque de ressources, maisaussi par le fait que « ce sontdes choix politiques, des choixéconomiques et des choix so-ciaux. […] Les sociétés, les in-dividus et les groupes sociauxne se compor tent plus de lamême façon. Il faut que les or-ganisations changent ellesaussi », insiste-t-elle.

L’APHVR est un organismede défense de droits qui veilleà « faire connaître la présencedes personnes handicapées dansle milieu », précise Gaétane

Gobeil, parce que, « quand onest une minorité, on oublie plusfacilement [ses] besoins. »

Le cas de FrançoisÀ 7 ans, François s’est fait

frapper par une voiture en re-venant de l’école. L’accident l’alaissé quadriplégique. Samère, Françoise Bernard, s’enest toujours occupée. Quand ila eu 42 ans, François « est alléen résidence intermédiaire et ila aimé ça parce que ce sont despersonnes qui sont handica-pées, mais qui ont leur tête »,raconte Mme Bernard. Il amaintenant 51 ans et cela faittrois ans qu’il est en CHSLDen Montérégie. Selon sa mère,cela lui a pris du temps à s’ha-bituer au centre, «mais jamaisil ne va se plaindre».

Même si François s’estadapté à cette vie en centred’hébergement, reste qu’il y ades ir ritants. Mme Bernarddonne des exemples. « On l’atoujours mis sur les toilettes,même en résidence intermé-diaire […], mais là il est auxcouches », s’indigne-t-elle. Elledoit aussi vérifier que lesdents de François sont bienbrossées. Il peut le faire lui-même, «mais il faut lui donnerle temps et il faut aider ». Cequi amène Mme Bernard à dé-plorer le manque de temps dupersonnel pour s’intéresser ausort de François. « [Il] a besoinde quelqu’un qui s’intéresse à cequ’il fait, à ce qu’il dit, à cequ’il écrit. » De plus, l’insuffi-sance des ressources hu-maines dans le centre vient in-fluer sur la qualité des soins,l’humeur du personnel et lesrelations entre celui-ci et lesrésidents du centre d’héberge-ment. «Quand il était à la rési-dence, je n’y allais pas tous lesjours. Je savais qu’il avait duplaisir, mentionne Mme Ber-nard. Il avait son ordinateur etil avait un copain avec qui ilavait du plaisir. »

Gaétane Gobeil rajoute : « Iln’y a pas d’organisation socialeou de mode de vie qui rendraitles choses agréables » enCHSLD pour les personnes

handicapées physiques demoins de 65 ans. Autrementdit, les centres d’hébergementpour personnes âgées ne sontpas adaptés pour recevoir defaçon permanente de jeunespersonnes handicapées phy-siques. Le côté négatif,d’après la directrice del’APHVR, c’est qu’« elles se re-trouvent avec des personnesqui n’ont rien à voir avec leurâge. » Elle poursuit : « Il y a desgens qui sont assez alluméspour dire : “ Je veux ma cham-bre, je veux être capable de sor-tir et de rentrer à l’heure que jeveux”. » Les contraintes destructures du CHSLD vien-nent les restreindre dans lechoix de leur mode de vie.

Entre la résidence intermé-diaire et le CHSLD, « il n’y arien dans le milieu pour lespersonnes handicapées phy-siques », déplore FrançoiseBernard. À son sens, il seraitper tinent d’avoir des res-sources pour les personnesqui ne sont pas près de mou-rir, mais qui ont besoin deplus de soins que ce que per-met la résidence intermé-diaire. « Ils auraient besoin devivre une vie normale […].En tout cas, ce n’est pas unevie », conclut Mme Bernard.Les recommandations duprotecteur du citoyen

Le discours de l’APHVR vadans le sens des recommanda-

tions de la protectrice du ci-toyen, soit que les CHSLD nesont pas un milieu de vieconvenable pour les per-sonnes présentant des incapa-cités physiques sévères. « Cespersonnes nécessitent une orga-nisation de services flexibles quifavorise leur pleine participa-tion sociale, ce qui est dif ficile-ment compatible avec l’organi-sation des soins et des servicesdans un CHSLD», peut-on liredans le rapport annuel du pro-tecteur du citoyen.

Dans un courriel, l’Agence desanté et de ser vices sociaux(ASSS) de Montréal soutientque, à la suite du plan d’actionministériel que le ministère dela Santé et des Services sociauxélaborera selon les recomman-dations du protecteur du ci-toyen, elle «s’assurera de mettreen place les actions qui la concer-nent», écrit Geneviève Bettez,responsable des relations mé-dias à l’ASSS de Montréal. Ceplan d’action devrait être dispo-nible en décembre 2014. Le pro-jet de loi 10 déposé par le minis-tre Gaétan Barrette, le 25 sep-tembre dernier, ayant causétout un remous au sein desASSS et des centres de santé etde services sociaux (CSSS), iln’a pas été possible d’obtenird’autres commentaires.

CollaboratriceLe Devoir

Les jeunes personnes handicapées physiques en CHSLDLe manque de ressources n’est pas seul en cause

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Lorsque les personnes handicapéees requièrent plus de troisheures de soins, elles ne peuvent plus rester à la maison ou enrésidence intermédiaire.

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SANTÉL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 1 E T D I M A N C H E 1 2 O C T O B R E 2 0 1 4 H 5

Des coupes en soins de santé et services so-ciaux ont été annoncées dans le dernier bud-get, d’autres sont à prévoir. Gaétan Barrette,ministre de la Santé et des Services sociaux,a aussi déposé à la fin du mois le projet de loi10 pour procéder à une grande réforme admi-nistrative. L’objectif est de supprimer despostes de cadre pour se concentrer sur lesservices aux patients. Les syndicats ne parta-gent pas la vision du ministre et proposentd’autres solutions pour économiser.

M A R T I N E L E T A R T E

C oupes de plus de 15 millions dans le bud-get du Centre hospitalier universitaire

(CHU) de Québec. Compressions de 12 mil-lions au Centre de santé et de services sociaux(CSSS) de Laval. Réductions budgétaires de20 millions dans les centres jeunesse, alorsque le nombre de signalements à la Directionde la protection de la jeunesse a bondi de 17 %depuis 2010. Abolition de 60 postes d’infir-mière, pour un total de 100 000 heures de soinspar année au CSSS de Chicoutimi.

Voilà quelques exemples de coupe, consé-quences du dernier budget provincial, réperto-riés dans le système de santé et de services so-ciaux par Jean Lacharité, deuxième vice-prési-dent de la Confédération des syndicats natio-naux (CSN). On y ajoutera celles qui résulte-ront des conclusions de la Commission de larévision permanente des programmes et cellesde la réforme administrative du projet de loi 10,qui prévoit l’abolition des Agences de la santéet des services sociaux, pour un total de 1300postes de cadre.

«Nous sommes dans une opération qui vise àatteindre l’objectif de l’équilibre budgétaire pour2015-2016, af firme Jean Lacharité. Noussommes dans une politique d’austérité. Nous nevoyons pas de vision pour réorganiser le systèmede santé et des services sociaux afin d’assurer lapérennité des services publics. »

Régine Laurent, présidente de laFédération interprofessionnelle dela santé du Québec (FIQ), est dumême avis.

« On comprend que le ministreveuille respecter ses engagementsélectoraux, mais rien dans ces coupesannoncées ne permet d’offrir un meil-leur accès aux soins et de répondredavantage aux besoins de la popula-tion, affirme-t-elle. Ce qui nous in-quiète aussi, c’est qu’on sait qu’il yaura d’autres coupes, mais on ne saitpas où. Nous n’arrivons pas à nousfaire une vision globale. »

Infrastructures etmédicaments

Pour réduire significativement lescoûts en santé et services sociaux,Jean Lacharité croit que le gouver-nement devrait s’attaquer aux parte-nariats public-privé (PPP).

« Les dépassements de coûts fara-mineux de la construction du CUSMet du CHUM sont tout à fait scanda-leux, dénonce-t-il. En France, l’État a repris lesclés d’un PPP parce qu’il allait vers une catas-trophe financière. Ici, le gouvernement continued’aller de l’avant comme si de rien n’était. »

Récemment, la Centrale des syndicats du

Québec (CSQ) a publié les taux de croissancedes dépenses en santé entre 2003 et 2013,d’après les données de l’Institut canadien d’in-formation en santé. Au sommet de la liste, onretrouve les immobilisations, avec une augmen-tation de 230 %. Ensuite viennent la rémunéra-tion des médecins (103 %) et les médicaments(73%).

Louise Chabot, présidente de la CSQ, croitqu’une autre solution importante pour réduireles dépenses en santé serait de créer un régimeuniversel d’assurance médicament.

« Depuis 20 ans, nous le demandons, affirme-t-elle. Si nous étions tous couver tspar le régime public et que nousavions une politique du médica-ment, nous pourrions obtenir demeilleurs prix. »

Soins de première ligneLes syndicats croient qu’on pour-

rait aussi économiser à moyen et àlong terme en améliorant l’offre deservices aux patients.

D’abord, Jean Lacharité penseaux soins à domicile. L’ex-ministrepéquiste Réjean Hébert avait misla table dans le domaine en créantle programme d’assurance autono-mie. Le gouvernement de PhilippeCouillard a annulé, dans le dernierbudget, l ’ invest issement de110 millions de dollars pour l’an-née dans les soins à domicile.

«C’était loin de la coupe aux lèvres,mais le gouvernement a mis unecroix là-dessus, affirme M. Lacharité.C’était pourtant une excellente idée.Lorsqu’on donne des soins à domicile,moins de gens se retrouvent à occuper

des lits dans les établissements et à l’urgence. Çacoûte beaucoup moins cher et ça réduit le tempsd’attente. Jusqu’en 2017-2018, 500 millions de-vaient être investis et ce qui aurait permis deséconomies ailleurs dans le système de santé. »

Régine Laurent croit que le déploiement decliniques de proximité tenues entre autres pardes infirmières praticiennes et des travailleurssociaux serait également un bon moyen d’amé-liorer le suivi des patients et, au bout ducompte, de réaliser des économies.

De passage à Tout le monde en parle, GaétanBarrette a toutefois affirmé, en réponse à unequestion de Boucar Diouf, qu’on verrait l’instal-lation de ces premières cliniques dès le débutde l’hiver 2015.

Régine Laurent croit aussi que les établisse-ments de santé devraient enfin commencer àutiliser les ordonnances collectives. Ce sontdes ordonnances données par des médecinspour des groupes de patients, mais qui peuventêtre réalisées par des infirmières notamment.

«Par exemple, elles pourraient faire le suivi depatients qui ont une maladie chronique, commel’hypertension ou le diabète, sans toujours avoir

besoin du médecin, indique Mme Laurent. Ellesréféreraient le patient à un médecin en cas deproblème. La loi le permet depuis 13 ans et c’esttrès peu utilisé. »

Les leaders syndicaux s’inquiètent en cemoment de l’avenir du système de santé pu-blic au Québec et souhaitent par ticiper à larecherche de solutions ailleurs que dans lescoupes et les réformes administratives, quirisquent, selon eux, de mobiliser le person-nel, de créer des surcharges de travail etd’essouffler le réseau.

«Une réorganisation des services peut nécessi-ter des sommes de la part de l’État, mais ça rap-por terait à moyen et à long terme, af firmeLouise Chabot. Ce ne seraient donc pas des dé-penses, mais des investissements. »

CollaboratriceLe Devoir

COMPRESSIONS EN SANTÉ

Les syndicats proposent d’autres solutions

ENSEMBLE, REPENSONS LE MONDE

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«Uneréorganisationdes services peutnécessiter dessommes de lapart de l’État,mais çarapporterait à moyen et à longterme. Ce neseraient donc pasdes dépenses,mais desinvestissements.»

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

La présidente de la CSQ, Louise Chabot

ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR

«Rien dans ces coupes annoncées ne permet d’of frir un meilleur accès aux soinset de répondre davantage aux besoins de la population», af firme Régine Laurent,présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec.

Page 6: SANTÉ - Le Devoir€¦ · (AQESSS) a invité, au début de septembre, le ... Plusieurs chantiers du Plan d’action en santé mentale 2005-2010 restent inachevés et leur application

SANTÉL E D E V O I R , L E S S A M E D I 1 1 E T D I M A N C H E 1 2 O C T O B R E 2 0 1 4H 6

Alors que le Centre universitaire de santéMcGill (CUSM) vient de confirmer qu’environ85% du projet n’a pas pu être réalisé confor-mément aux échéanciers prévus, du côté del’autre futur mégahôpital, le nouveau CHUM,on af firme que, pour l’instant, tout estcontrôlé. Selon son directeur général,Jacques Turgeon, la phase 2, soit l’ouvertureau public de la majorité des services hospita-liers, débutera à l’automne 2016, comme ini-tialement prévu.

P R O P O S R E C U E I L L I S P A R H É L È N ER O U L O T - G A N Z M A N N

En réalité, le transfert a déjà démarré. Unepartie du CHUM est aujourd’hui en activité,notamment le centre de recherche et le cen-tre intégré d’enseignement et de formation.Près de 2000 personnes travaillent déjà dansleurs nouveaux bureaux. Comment s’est dé-roulé le déménagement ?

Le site est effectivement occupé depuis toutjuste un an. Déménager un centre de re-cherche, c’est tout un exploit. Il y a énormé-ment de matériel ultrasophistiqué, ultraspé-cialisé, de toutes petites pièces que les cher-cheurs ont organisées, miniaturisées. Il yavait aussi quatre animaleries à transférer et ilfallait par fois arrêter des expériences quiavaient démarré un ou deux ans auparavant.On a mis trois ans à planifier le déménage-ment. Pour cer taines lignées, on a congelédes embryons pour ne pas avoir à transférerles animaux en tant que tels, il y aurait eu tropde risques de contamination. Déménager desindividus et des bureaux, ça, c’est facile. Dé-ménager tout l’aspect recherche qui est au-tour, c’est un autre défi !

Vous voulez dire que le transfert de la phase 2sera plus facile…

Loin de là, car c’est une tout autre échelle !On parle de 14 000 personnes environ, qui tra-vaillent aujourd’hui sur les trois sites que sontl’hôpital Saint-Luc, l’Hôtel-Dieu et Notre-Dame.La livraison provisoire de l’édifice est prévue enavril 2016, ça veut dire que, à partir de cettedate, nos équipes peuvent commencer à entrerpour, petit à petit, tester tous les systèmes, vali-der les protocoles, les salles de chirurgie, etc.

Afin que, au moment où on déménage, tout soitprêt. Il ne faut pas qu’on ait besoin d’oxygènepour un patient et qu’il n’y en ait pas dans lemur… Bref, le transfert de la phase 1 a été unsuccès et nous allons nous appuyer sur cetteexpérience pour que tout fonctionne aussi biendans la phase 2. J’ai confiance.

Combien de temps devrait durer la transition?Nous espérons amorcer le transfert des acti-

vités de l’hôpital Saint-Luc à l’automne 2016,l’édifice devant être démoli afin de construire laphase 3 du nouveau CHUM, à savoir un amphi-théâtre, une bibliothèque et des cliniques ex-ternes. Ensuite, nous libérerons l’Hôtel-Dieu,puisque l’édifice ne sera plus à nous, nous de-vons donc le rendre. Et nous finirons par le dé-ménagement de Notre-Dame. En principe,dans le courant de 2017, tout sera fonctionnelau CHUM.

Le ministre Barrette a annoncé en juin quel’hôpital Notre-Dame resterait sous votrecontrôle jusqu’en 2020. Comment vont s’arti-culer les activités des deux établissements du-rant la transition?

Grâce à cette décision, nous allons éviter

les r uptures de ser vices. Dans le cascontraire, le nouveau CHUM se serait serviet Notre-Dame aurait dû s ’organiser enconséquence. Là, je suis responsable, doncj’ai la volonté que ça fonctionne dans lesdeux places. Si on n’est pas prêt, on pourraaller un peu moins vite afin qu’il n’y ait pasde ruptures de soins. Pendant la transition,cer taines cliniques externes qui sont au-jourd’hui à Saint-Luc vont venir s’installer àNotre-Dame, en attendant que la phase 3 duCHUM soit complétée. Nous allons égale-ment moderniser l’établissement, qui doitdevenir, après 2020, un hôpital de premièreet de deuxième lignes pour la population de Montréal.

La transition va donc durer environ cinq ans.Pendant toute cette période, comment les usa-gers sauront-ils où ils doivent se rendre?

En règle générale, on se rendra au nou-veau CHUM en y étant référé. Vous allez voirvotre médecin de famille parce que vousavez mal au foie, par exemple. Avant de pen-ser à une transplantation, il va tenter autrechose, donc vous envoyer à Notre-Dame enpremière ou deuxième lignes. Si ça s’avère

plus grave, alors là on vous enverra voir unspécialiste au CHUM.

Ce qui signifie que, en ambulatoire, les patientsdevront se rendre à l’urgence de Notre-Dame…Ne craignez-vous pas que, rien que par curiosité,ils préfèrent se rendre au CHUM?

Nous avons un grand défi de communica-tion et de marketing, c’est cer tain. Nous al-lons, par exemple, complètement rénover l’ur-gence de Notre-Dame. Au CHUM, nous ac-cueillerons surtout des patients qui arriveronten ambulance, mais si certains se présentent àl’urgence, nous n’allons pas les refuser. Alors,oui, il y aura sûrement de la curiosité, mais,après quelque temps, tout va rentrer dans l’or-dre et les gens se rendront à l’hôpital le plusproche. C’est toujours dans son milieu de vieque le patient est le mieux. Sur tout que,lorsqu’il est dans un centre hyperspécialisécomme le sera le CHUM, non seulement ilcoûte très cher, mais si, en plus, son état nenécessite pas les technologies de pointe, il oc-cupe un lit qui pourrait être offert à quelqu’unqui en a vraiment besoin.

On est à deux ans du début du transfert, com-ment réagit le personnel aujourd’hui?

Il y a du stress, c’est certain. On n’aime jamaisbeaucoup le changement. Nous avons com-mencé à discuter avec les syndicats et je doisavouer que, pour l’instant, le climat est bon. Lefait que nous nous projetons sur six ans environrassure les gens. Nombre d’entre eux aurontd’ailleurs quitté les services, que ce soit pour undépart à la retraite ou pour une tout autre raison.Nous devrons également embaucher, et les nou-veaux employés n’auront jamais connu rien d’au-tre que le CHUM. En phase 1, nous avions orga-nisé des visites. Le fait de visualiser les lieux ras-sure. Il y aura aussi des révisions de processus àfaire, parce qu’il y a des manières de travailler àl’Hôtel-Dieu qui ont des centaines d’années, quisont différentes de ce qui se fait à Saint-Luc ouencore à Notre-Dame. Nous devons opérer unefusion de ces cultures avec des gens qui ont ap-pris à mettre la seringue à droite et d’autres àgauche. Ce n’est pas grand-chose, mais, misesbout à bout, toutes ces petites choses inquiètent.Mais j’ai confiance que nous parviendrons tousensemble à les surmonter.

CollaboratriceLe Devoir

Le CHUM prépare la transition

MICHAËL MONNIER LE DEVOIR

Le directeur général du CHUM, Jacques Turgeon, assure que le nouvel hôpital devrait être fonctionneldans le courant de 2017, après le déménagement de Notre-Dame.

Comment les ser vices desanté du Québec se sont-ilspréparés à l’éventualité de re-cevoir un patient infecté parle virus Ebola ? Aperçu desmesures adoptées.

É T I E N N E P L A M O N D O NÉ M O N D

E n avril, un premier cassuspect d’Ebola, dans un

hôpital montréalais, a été unsignal d’alarme. Le patientn’était finalement pas infectépar le virus tant redouté, mais«c’est un peu ce qui a éveillé laconscience des microbiologistes,raconte François Coutlée, mi-crobiologiste au Centre hospi-talier de l’Université de Mont-réal (CHUM). Cela avait gé-néré une panique locale, parceque personne n’était préparé. »

En fait, le Plan québécoisdes urgences infectieuses,pour les maladies infectieusesà surveillance extrême, exis-tait déjà. Mais il a été mis àjour durant l’été « pour être enmesure de tenir compte de lasituation de façon plus ef fi-cace », explique Cécile Trem-blay, directrice du Labora-toire de santé publique duQuébec (LSPQ). « Il y a euune mise à jour de nos plansde réponse d’urgence. Il n’y apas de changements fondamen-taux dans la façon dont on réa-git par rapport à une urgenceinfectieuse, mais il y a uneadaptation pour être prêt à dif-férents scénarios. »

Anne Fortin, responsable duComité des infections nosoco-miales du Québec à l’Institutnational de santé publique du

Québec (INSPQ), indique queson comité a aussi mis à jourles mesures d’urgence de sonplan. Le Guide pratique pourles demandes d’analyse de la-boratoire, pour des patientschez qui une maladie à virusEbola (MVE) est suspectée, aaussi été revu et corrigé en2014, puis dif fusé. « Les hôpi-taux sont très bien équipés etconnaissent ce qu’il faut fairepour se protéger d’infections quipourraient arriver de l’exté-rieur. Mais, selon le virus émer-gent, on se doit d’être plus spéci-fique et de donner des directivestrès précises pour que les gensaient la bonne protection »,note Cécile Tremblay.

Plusieurs téléconférencesont été organisées durant l’étéa v e c d e s p r o f e s s i o n n e l sconcernés. « Parfois, il y a desprotocoles qui sont un peu dis-sociés de la réalité. Mais là ilsont vraiment été bâtis avec lesacteurs du terrain », ditM. Coutlée. Reste que le chefdu département de microbio-logie de l’hôpital Notre-Damea dû adapter le protocole à sonmilieu. « Dans un protocole decette nature, il faut indiquer lenuméro des pièces, quel appa-reil on utilise et comment onl’utilise. Il faut que chaquegeste du technologiste soit réper-torié pour qu’il n’ait pas à pen-ser, pour que tout devienne unautomatisme. » Il ajoute que,« seulement pour s’habiller et sedéshabiller, il y a un protocole».Plusieurs formations ont aussiété données.

Dans le cas de l’hôpital No-tre-Dame, le patient isolé audébut du mois de septembre,qui n’était finalement pas por-teur du virus, a incité l’établis-

sement à peaufiner et à préci-ser son approche. «On pensaitavoir tout prévu. Puis, quandest arrivé le patient suspect, ons’est rendu compte qu’il y avaitdes éléments qu’on n’avait pasprévus », indique M. Coutlée.Le protocole a donc par lasuite été davantage détaillé.« Il faut que tout soit écrit, pourque les gestes soient faits de fa-çon répétitive et standardisée.C’est essentiel. »

L’hôpital Notre-Dame etl’hôpital Sainte-Justine ont étédésignés, le mardi 2 septem-bre, par le ministère de laSanté et des Services sociaux(MSSS) pour prendre encharge d’éventuels cas confir-més d’Ebola. Dès que leur éta-blissement a été désigné, desmédecins af fectés aux soinsintensifs de l’hôpital Notre-Dame ont communiqué avecdes collègues qui avaient prati-qué en Afrique dans descamps pour répondre à Ebola.« Essentiellement, ça leur a

vraiment permis de saisir cequi était important chez un pa-tient qui est en crise d’Ebola,parce qu’on n’a pas cette expé-rience au Québec » , ditM. Coutlée.

Mais tout a été pensé pourque chaque hôpital soit pré-paré à accueillir et à protégerun patient suspecté d’être in-fecté et à prévenir la transmis-sion du virus. «Ce qui est diffé-rent avec les hôpitaux désignés,c’est la quantité de matériels »,note Anne Fortin, de l’INSPQ.« Ce qu’on demande, c’est queles hôpitaux non désignés s’ap-provisionnent en matérielspour tenir 24 heures et qu’ilsconcluent des ententes avecd’autres établissements, adve-nant un cas où le patient au-rait besoin d’avoir des soinspendant plus de 24 heures. »

Si un patient était déclarépositif, il serait aussitôt trans-porté par avion ou par ambu-lance dans l’un des deux cen-tres hospitaliers désignés.

« Autant les hôpitaux ont deslignes directrices pour savoirquoi faire avec leurs patients,autant les services préhospita-liers et les ambulanciers ont eudes lignes directrices dansl’éventualité que ce type de pa-tient se présente à eux », as-sure Anne For tin, en évo-quant des indications surl’équipement et le comporte-ment envers le patient.

Il est à noter que, depuisquelques semaines à peine, auQuébec, des mesures ont étéprises pour détecter plus rapi-dement si un patient est vérita-blement infecté par le virusEbola. Auparavant, les échan-tillons de sang devaient êtreacheminés au seul laboratoirede niveau 4 au pays qui est ha-bilité à faire la culture virale,soit le Laboratoire national demicrobiologie (LNM) à Winni-peg. Désormais, le Labora-toire de santé publique duQuébec (LSPQ), un labora-toire de niveau 3, peut manipu-ler des échantillons de sang oùle virus est désactivé. L’ache-minement de ces échantillonsest effectué par «des transpor-teurs qui sont cer tifiés et quiont la capacité d’empaqueter,d’étiqueter et d’assurer le trans-port, autant terrestre qu’aérien,de ces échantillons », préciseCécile Tremblay.

Un échantillon est toujoursenvoyé au laboratoire de Win-nipeg, qui peut à son tourconfirmer le diagnostic dansle cas où il serait positif. Maisla nouvelle décentralisationdes laboratoires permet auxétablissements du Québecd’obtenir une réponse dans unplus court délai. Cette façonde faire vise aussi à établir ra-

pidement un diagnostic diffé-rentiel, afin de s’assurer qu’ilne s’agit pas plutôt du palu-disme ou de la fièvre ty-phoïde. Si tel est le cas, l’hôpi-tal peut traiter le patient plusadéquatement ou relâcher lesmesures d’isolement.

Et les professionnels de lasanté ? Sont-ils inquiets devantl’éventualité qu’un patient in-fecté du virus Ebola se pré-sente dans leur établisse-ment ? « On a vu un stress,mais qui est tout à fait mesurépour qu’ils puissent se prépa-rer », juge Anne For tin. « Lameilleure façon d’apaiser lesgens, c’est d’avoir des guidespratiques clairs, une conversa-tion intelligente, et ils se sententalors prêts à faire face à n’im-porte quoi et sont en mesure deréagir correctement », ajouteCécile Trembaly.

CollaborateurLe Devoir

EBOLA

Les protocoles d’urgence ajustés à la réalité sur le terrain

Modes decontaminationLes risques de propagationdu virus dans un contextecomme celui du Québec de-meurent minimes. Le virusse transmet uniquementpar un contact avec des li-quides corporels, tels lesang, la sueur, la salive,l’urine ou les vomisse-ments. Il ne se transmetpas par voie aérienne. Il de-meure facile de nettoyer leslieux infectés à l’aide d’undésinfectant comme l’eaude Javel.

FLORIAN PLAUCHEUR AGENCE FRANCE-PRESSE

«Les hôpitaux sont très bien équipés et connaissent ce qu’il fautfaire pour se protéger d’infections qui pourraient arriver del’extérieur », soutient la directrice du Laboratoire de santépublique du Québec, Cécile Tremblay.