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SOMMAIRE

Santé-Mag: Magazine mensuel de la santé Edité par Media Pub SantéAdresse: Lot Benboulaïd, BlidaBureau d'Alger: Cité la Concorde. Bt A. N°26 Bir Mourad RaïsTél.: +213 (0) 550 95 46 53 / +213 (0) 661 49 57 23 Site web: santemag-dz.comEmail: [email protected]

Directeur de la publication:ACHOURI Abdelkader

Directeur de la rédaction:ACHOURI MohamedEmail: [email protected]

Coordinatrice de la rédaction:ACHOURI Amina

Directrice technique:ABDELATIF Rabea

Comité de rédaction:AIT TaninaMAYA HarchaZAHAF Loubna NAHLIL DjaouidaSOLTANE HaniaBADREDINE SawsenRAMZY Chahra HAMDI Rania

Secrétaire de la rédaction:FORTAS Fetouma

Conception: BRIKH Kamel

Correction: GHARNAOUT Amar

Septembre 2013

ISSN 2253-0061 188-2012Dépôt légal

273032333435

Dr. Adda Bounedjar: Cancer de la prostatePr. Fatiha Gachi-Bey: Le neuroblastome est le 3ème cancer de l’enfant.... Pr. Wahiba Ouahioune: Nous dépassons les 30 nouveaux cas de mélanomes, par anNouvel outil informatique, pour mieux détecter un cancer du poumonUn Plan Cancer 2009/2013 en demi-teinteCancer du col de l’utérus et couverture vaccinale: objectif 70%

Dossier

3642

Pr. F. Haddoum: Quelles solutions, pour réduire la longue attente des dialysés? Tout sur les angines: mieux les comprendre, pour mieux les soigner

Recherches médicales

15161819202223

4648

717212931

41

Polémique, aux Etats-Unis, autour des robots chirurgicauxDr Toufik Hentabli: La physiothérapie représente un élément important, pour la santé Urgence pédiatrique: la deshydratation aiguë du nourrisson Implants cochléaires: Premières greffes réussies au CHU d’OranPr. N.Boudjerra Belarbi: Hémopathies, les techniques de diagnostic.... Pr. Mohamed Seghier: La couverture vaccinale de la polio se situe entre 86% et 95% OMS: 44% des décès mondiaux de femmes enregistrés dans le continent africain

Plus de 370 millions de diabétiques recensés, dans le mondeNovo Nordisk, en quête de remèdes performants, pour les diabétiques

Des dents parées, pour la rentrée Arthrose: vous reprendrez bien un peu de brocoli? ... partenariat avec deux firmes étrangères, fournisseurs d’accélérateurs linéaires Quelle contraception, pour les femmes à risque cardiovasculaire? Ouverture d’un centre anti-cancer, de statut privé, à Constantine

à celui qui nous a quittés, le Professeur AMEUR Soltane

Actualité

Actualité

Infos

Hommage

2346810111213

Pr. M. Sadibelouiz: La maladie d’Alzheimer est incurable, à l’heure actuelle Maladie d’Alzheimer: changer la vie des malades et des prochesDr Raaf Nabil: Connaître la cystinose Dr Djamel-Eddine Oulmane: Les intoxications alimentaires... Dr Fethi Maouchi: Prodiguer les soins d’urgence, c’est sauver une vieParaplégiques et tétraplégiques: Graves complications, sans prise en charg...Mme El-Mameri: L’ONAAPH a confirmé la disponibilité des sondes auto-lubrifiées... Obésité et flore intestinale: le lien se préciseAbdelmalek Boudiaf, nouveau ministre de la Santé

Évènement

N° 22

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ÉVÈNEMENT

2 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

Décrite, en 1906, par le neuro-pa-thologiste allemand Alois Alzheimer, ce médecin décrivit des altérations anatomiques, observées sur le cerveau d’une patiente de 51 ans, atteinte de démence, d’hallucinations et de troubles de l’orientation. Depuis, on définit, selon le Larousse de la médecine, la maladie d'Alzheimer comme une démence présénile (pouvant apparaître après 65 ans). Cette mala-die entraîne, progressivement, la perte des fonctions mentales, notamment, de la mémoire; mais, également, des troubles du langage, du comportement (agressivité, irritabilité…). Le premier symptôme se manifeste par des pertes de mémoire, qui s'accentuent avec l’âge. Le professeur Sadibelouiz revient, dans cet entretien, sur la maladie. Ecoutons le spécialiste.

Santé mag: Comment se présentent les signes de la maladie d’Alzheimer?

Pr. M. Sadibelouiz: La maladie se mani-feste, souvent, par des troubles cogni-tifs; mais, toute perturbation de la mé-moire, chez une personne, ne signifie pas, toujours, que celle-ci est atteinte de maladie d’Alzheimer. En effet, des troubles de l’attention peuvent se rencontrer, chez des indivi-dus préoccupés par un problème; ce qui engendre, donc, des oublis momenta-nés, sans atteinte des structures de mé-morisation. Par contre, lorsqu’on parle de maladie d’Alzheimer, on constate un fléchissement des facultés intel-lectuelles, des troubles de la mémoire épisodique; c’est-à-dire, tout ce qui concerne les évènements récents (par exemple, le patient ne se souvient plus de ce qu’il a mangé la veille).Par ailleurs, il y a ce qu’on appelle des troubles de la mémoire sémantique; c’est-à-dire que le sujet ne se souvient plus du nom des objets. Ainsi, lorsqu’on lui montre un stylo, il vous dira que ça sert pour écrire, mais ne saura pas don-

ner son nom exact.Il existe, également, des troubles du langage, des fonctions exécutives (abandon de certaines tâches difficiles, comme la préparation d’un repas, ou la conduite automobile), des difficultés à exécuter des gestes quotidiens et des troubles de la reconnaissance (agnosie).

Le patient se souvient-il des visages connus de lui?L’oubli des visages s’installe, au stade fi-nal, de la maladie, car le patient ne peut plus reconnaître ses proches: épouse ou époux, enfants, frères sœurs, … On fait face, ainsi, à une prosopagnosie. Voilà, donc, comment se manifeste la maladie. D’évolution progressive, puis, elle devient chronique et se dégrade, parce qu’il y a une apoptose (perte neu-ronale), de façon très rapide. Ces symptômes débutent, en général, à partir de l’âge de 50 ans, voire 60 ans et plus.A l’état normal, et au fur et à mesure que l’on avance dans l’âge, il peut y avoir une atrophie corticale, phéno-mène naturel, qui fait que nous perdons des neurones, mais pas en grande quan-

tité et de manière aussi importante que dans la maladie d’Alzheimer.

Comment établir un bon diagnostic de la maladie, à partir du moment où les trous de mémoire se rencontrent dans différentes situations? Le diagnostic est, d’abord, clinique, par l’anamnèse. On pose des questions classiques et directes, pour tester la mé-moire; c’est-à-dire qu’on demande, au patient, son nom, prénom, date et lieu de naissance; le jour, le mois, l’année….Par la suite, on fait des tests, comme par exemple, lui montrer trois images, dont il doit se souvenir et vous les nommer, quelques temps après l’avoir mis dans une autre situation, comme compter de 10 à 1. Une personne indemne se rap-pellera, mais le patient, atteint de cette maladie, ne s’en souviendra pas. L’imagerie est, actuellement, un moyen diagnostic fiable. L’IRM, cet appareil so-phistiqué, montre, souvent, la présence de lésions au niveau du lobe temporal et notamment, dans les structures de l’hippocampe. Pour en revenir à la ma-ladie d’Alzheimer, lorsque des lésions vont jusqu’à atteindre le lobe frontal; à

"La maladie d’Alzheimer est incurable, à l’heure actuelle"

Propos recueillis par Tanina Ait

Pr. Mustapha Sadibelouiz*, à Santé Mag:

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ÉVÈNEMENT

3Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

ce moment-là, le patient ne reconnaît plus rien et cela engendre des troubles du comportement. Je m’explique: au début, les lésions se trouvent au niveau des structures de l’hippocampe; ensuite, ces lésions peuvent évoluer vers le lobe frontal. Alors, des troubles du compor-tement apparaissent, telle que l’irrita-bilité, l’agressivité et la perte des fonc-tions autonomes. Il devient, par la suite, grabataire, atteint d’un syndrome aphaso-apraxo-agno-sique; autrement dit, incapacité à par-ler, à réaliser des gestes quotidiens et à reconnaître les membres de sa famille et même, les parties de son corps.

Que faut-il faire, pour ralentir l’évolution de la maladie?Actuellement, il n’existe, de par le monde, aucun traitement curatif de la maladie d’Alzheimer. Le traitement est symptomatique. Aussi, il faut le pres-crire dès que le diagnostic est établi; c’est-à-dire, au début des signes, pour ralentir l’évolution, avec un suivi médi-cal. Par ailleurs, le traitement ne repose

pas, uniquement, sur les molécules; mais, également, sur les conseils pro-digués à la famille du patient, pour une meilleure prise en charge. L’entourage du patient doit jouer un grand rôle car il ne faut jamais isoler le malade et au contraire discuter, constamment, avec lui. La psychothérapie et la rééducation fonctionnelle sont, également, indispen-sables.

Quelle est l’état des lieux, en Algérie?On n’a pas, à proprement parler, de vraies statistiques; mais, si on se base sur les consultations en neurologie et psychiatrie, nous pouvons estimer qu’il y a, grosso-modo, quelques 100.000 cas Alzheimer, en Algérie.

L’espérance de vie, qui augmente, peut-elle être un facteur de risque?En effet, on trouve beaucoup d’Alzhei-mer, en ce moment, en raison de l’espé-rance de vie, qui augmente.Est –elle héréditaire?Il n y a pas, à proprement parler, de transmission mendélienne. Il existe

des formes familiales, mais les formes sporadiques sont les plus importantes (90%) et peuvent impliquer des fac-teurs génétiques. En tout état de cause des recherches sont menées, pour trou-ver une molécule à même de juguler la maladie. Pour l’heure, je rappelle que le traitement est, purement, symptoma-tique. Que préconisez-vous, à la famille du malade?L’entourage du malade doit jouer son rôle, qui est d’être auprès du malade; lui parler, constamment, pour le stimu-ler quelque peu, car il n’est conscient de rien. Certes, il est difficile et combien douloureux, pour la famille, d’accompa-gner le patient, souffrant de cette pa-thologie neuro-dégénérative; mais, elle doit être coopérative et indulgente. Il ne faut, surtout pas, négliger le traitement et les rendez-vous médicaux

* Professeur Mustapha Sadibelouiz, neurologue à l’EHS Ali Aït Idir – Alger.

En 1994, dans un objectif de sensibilisa-tion, l’association France Alzheimer ini-tiait la Journée mondiale de lutte contre la maladie d’Alzheimer. Près de 20 ans plus tard, les chiffres témoignent de l’urgence du combat à mener. A l’échelle mondiale, 25 millions de personnes sont atteintes de démence. Un chiffre qui double tous les vingt ans. Selon les esti-mations, 40 millions de patients seront concernés, d’ici 2020 et 80 Millions, d’ici 2040. Et combien d’aidants? Voilà pourquoi, ce 21 septembre, France Alzheimer se déploie, une nouvelle fois, dans l’Hexagone. Elle en profite, par la même occasion, pour émettre 15 propo-sitions, afin d’améliorer le parcours de soin des patients, du diagnostic à la fin de vie.Nous vous le révélions la semaine der-nière, entre 2007 et 2010, le nombre de patients en affection de longue durée (ALD), pour une maladie d’Alzheimer, ou un autre type de démence, a aug-menté de 14,6%, en France métropoli-taine. Mais si, dans l’Hexagone, environ 800 000 patients sont concernés par l’affection, cette dernière se répercute

sur l’entourage. Si bien qu’au total, plus de 3 millions de personnes seraient di-rectement impliquées. Les projections, pour 2020, font état de 1,3 million à 2 millions de patients, selon les sources. Et il n’existe, actuellement, aucun médi-cament curatif contre cette affection neuro-dégénérative.

DES ACTIONS EN RÉGIONQuêtes, marches solidaires, confé-rences-débats, animations, expositions thématiques, portes ouvertes, compé-titions sportives solidaires… Ce 21 sep-tembre, la journée mondiale se décline, aussi, en régions. A chaque associa-tion, son programme d’actions. Pour connaître les manifestations proches de chez vous, consultez la carte interac-tive mise au point, publiée par France Alzheimer.

Quinze propositions, du diagnostic à la fin de vieAlors qu’un nouveau Plan Alzheimer se fait attendre – pas avant le premier tri-mestre 2014 - France Alzheimer avance 15 propositions, «concrètes et réalistes»,

destinées à améliorer le parcours de soin des personnes malades, du dia-gnostic à la fin de vie. Certaines visent à pérenniser, financièrement, les dispo-sitifs ayant fait la preuve de leur effica-cité, d’autres ambitionnent de diminuer le reste à charge des familles, tant à domicile qu’en établissement.«L’amélioration du parcours de soin ne peut se concevoir sans le lancement d’une réforme du financement de la perte d’autonomie» explique France Alzheimer. «La création de structures de répit, supplémentaires, s’avérera inutile, si ces mêmes structures ne sont pas accessibles financièrement aux familles, dont le reste à charge s’élève, en moyenne, à 1 000 euros, par mois ! De même, dans la perspective d’un plan transversal, dédié à la maladie d’Alzhei-mer et aux maladies neuro-dégénéra-tives, il est indispensable que les spé-cificités de chaque pathologie soient préservées dans la prise en soin (sic) et l’accompagnement des personnes malades et des familles et que le finan-cement soit à la hauteur de l’élargisse-ment, adapté et suffisant»

Maladie d’Alzheimer: changer la vie des malades et des proches

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ÉVÈNEMENT

4 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

La cystinose est une maladie métabo-lique, rare, caractérisée par l'accu-mulation de cystine, dans différents organes. Cette «thésaurismose» (accu-mulation) de cystine résulte d'un défaut de transport de cet acide aminé hors des lysosomes. La cystine s'accumule, alors, dans ces petites formations cellulaires, spécialisées dans le «nettoyage» de la cellule et forme, alors, des cristaux, qui détruiront, progressivement, la cellule. La cystinose fait partie des nombreuses «maladies lysosomales». Les organes les plus précocement atteints sont le rein et l'œil, puis sont, progressivement, touchés la thyroïde, le pancréas, le foie, la rate, les muscles et enfin, le système nerveux.

GÉNÉTIQUE Le défaut du transporteur de cystine est d'origine génétique et se trans-met sur le mode récessif autosomique (voir «Notion de base, en génétique»). Le transporteur de cystine, impliqué dans la cystinose, est une protéine de la membrane lysosomale, la cystino-sine. Elle est codée par le gène CTNS, situé sur le chromosome 17. Les diffé-rentes mutations de CTNS (près d'une centaine, actuellement décrites) sont réparties, de manière variable, suivant les pays. En Europe du Nord et en France, la mutation comportant une «délétion» (perte d'un fragment) de 57 kb (kilo bases), emportant une grande partie du gène, est responsable d'envi-

ron 2/3 des cas. Les conséquences de ces mutations sont d'autant plus sé-vères qu'elles induisent un déficit plus complet en cystinosine. La présence de la délétion «européenne», à la fois sur les chromosomes paternel et maternel (d'oû absence totale de cystinosine), entraîne les formes les plus précoces, alors que la présence d'une mutation moins sévère, sur l'un des 2 chromo-somes, induit des formes à révélation plus tardive. La cystinose est une maladie rare tou-chant, environ, un enfant sur 200 000. Elle est un peu plus fréquente dans certaines populations (Bretagne, par exemple). Elle semble présente dans tous les pays.

DIAGNOSTICSymptômes La cystinose se présente sous 3 formes différentes: la forme infantile, de très loin, la plus fréquente, débutant dès les premiers mois; la forme juvénile, plus rare, de début plus tardif et la forme de l'adulte, uniquement oculaire, très rare. La cystinose infantile débute après l'âge de 3 à 6 mois, par les symptômes de l'atteinte rénale, qui affecte, d'abord, les cellules des tubules rénaux. Ces cellules perdent leur pouvoir de réab-sorption, entraînant une fuite d'eau, de sodium, potassium, bicarbonates, calcium, phosphate, glucose, dans les urines, appelée «syndrome de De-Toni-Debré-Fanconi». Il en résulte une dés-

hydratation chronique avec anorexie, vomissements, fièvre, et rapidement, arrêt de croissance; puis une hypotonie et un rachitisme, en cas de diagnostic tardif. En l'absence de traitement adéquat, l'atteinte rénale conduit à une insuffi-sance rénale dite «terminale», nécessi-tant dialyse et greffe, avant l'âge de 12 ans. L'atteinte oculaire est, également, pré-coce et se manifeste, d'abord, par des cristaux de cystine dans la cornée, entraînant une photophobie et un lar-moiement; puis, une gêne visuelle im-portante. Les dépôts de cystine dans la rétine se manifestent plus tardivement; mais, peuvent entraîner une cécité. Les autres organes sont atteints plus tardivement: hypothyroïdie et diabète, dans la deuxième décennie; infiltration du foie et de la rate, avec destruction des plaquettes sanguines; déficit mus-culaire; troubles de la déglutition et possible atteinte neurologique, à l'âge adulte. La forme juvénile est beaucoup plus rare. Elle débute, généralement, dans la deuxième décennie, avec des symp-tômes tubulaires moins intenses; mais, elle aboutit, également, à l'insuffisance rénale terminale, à l'adolescence ou à l'âge adulte. La forme «adulte», caractérisée par une atteinte exclusivement oculaire, est très rare et n'a pas la même gravité que la cystinose de l'enfant.

Connaître la cystinose

Dr Raaf Nabil

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ÉVÈNEMENT

5Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

CONFIRMATION DU DIAGNOSTIC Biologie Les examens biologiques demandés, devant les symptômes cliniques de la cystinose infantile, vont montrer les perturbations sanguines (baisse des bicarbonates, du potassium, du sodium, du phosphore) et urinaires (présence de sucre et de protéines), caractéristiques du syndrome de De-Toni-Debré-Fan-coni. La cystinose est la première cause de ce syndrome, chez l'enfant et la découverte de telles perturbations doit conduire le pédiatre à demander un dosage de «cystine intra-leucocytaire», car cette pathologie n’a pas d’expres-sion extracellulaire (absence d’accu-mulation de cystine, dans le plasma). Cependant, cet examen délicat, qui nécessite l’isolement des leucocytes, ne peut être réalisé que dans quelques laboratoires spécialisés habilités (cette étape, préalable au dosage, est réalisée, actuellement, au laboratoire de biologie clinique du CHU de Béni-Messous, ser-vice du Pr. GHAFFOR). Les taux observés, chez les enfants atteints, sont 10 à 15 fois supérieurs au taux normal; tandis que les parents, porteurs d'un seul gène muté (hétéro-zygotes), ont un taux intermédiaire. No-tons que le laboratoire a un rôle, dans le diagnostic et le suivi des patients, atteints de cystinose (efficacité théra-peutique). L’appareillage, permettant le dosage de cystine intra-leucocytaire, est un spectromètre de masse (SM), qui permet la détection des molécules, selon leurs masses (m/z).Le SM est couplé à une chromatogra-phie (tandem); ce qui permet d’ac-croître la sensibilité et la spécificité du dosage de la cystine par sa masse (353) et de son deuxième fragment spéci-fique (208).Les résultats sont consignés ci-dessous:

Sujet normal <0.2 nmol/½cystine/mg de protéines Sujet cystinosique

>2 nmol/½ cystine/mg de protéines Hétérozygotes

<1 nmol/½ cystine/mg de protéines Diagnostic génétique En présence d'un taux de cystine indis-cutablement pathologique, la mise en évidence des mutations du gène CTNS, par les techniques de biologie molécu-laire, n'est pas indispensable. Cepen-dant, en Europe du Nord, où la délétion «57-kb» est en cause dans 70% des cas, il est, parfois, plus facile et rapide de

rechercher directement cette mutation sur le chromosome 17, que de faire réali-ser un dosage de la cystine intra-leuco-cytaire… D'autre part, la détermination de la mutation en cause, dans une fa-mille, sera indispensable, si la famille est demandeuse d'un diagnostic prénatal, lors d'une grossesse ultérieure. En effet, un tel diagnostic est réalisable sur les villosités choriales du placenta, à partir des 10-12èmes semaines de grossesse, à condition que l'on connaisse, préalable-ment, les mutations en cause.

TRAITEMENT ET ÉVOLUTION Traitement symptomatique Chez le nourrisson, la constatation d'un syndrome de De-Toni-Debré-Fanconi nécessite la compensation des pertes urinaires en eau, bicarbonate, sodium, potassium, phosphore, par des supplé-ments, régulièrement répartis, au cours de la journée). On s'aide, souvent, aus-si, de l'indométacine, qui diminue les fuites tubulaires. La supplémentation, en vitamine D active, permet de retenir le phosphore et d'éviter le rachitisme. Un déficit, éventuel, en hormone thyroï-dienne doit être, également, compensé par la prise de thyroxine. Si la croissance reste insuffisante, mal-gré la correction des fuites tubulaires, un traitement, par l'hormone de crois-sance, peut être nécessaire. Enfin, au stade d'insuffisance rénale avancée, les traitements de substitu-tion de la fonction rénale, par la dialyse et surtout, la greffe rénale, s'imposent, comme chez tout insuffisant rénal. La greffe rénale a un très bon taux de succès dans la cystinose et la maladie ne récidive pas sur le greffon (dont les lysosomes sont normaux). Mais, on peut espérer que ces traitements ne soient plus nécessaires, à l'avenir, grâce au développement d'un traitement spé-cifique, qui prévient l'accumulation de cystine, dans les organes. Traitement spécifique En effet, l'évolution de la cystinose a été transformée, à partir des années 90, par l'utilisation de la cystéamine, une molécule soufrée, qui diffuse dans le lysosome et y forme, avec la cys-tine, un complexe capable de sortir du lysosome, sans l'aide de la cystinosine; évitant, ainsi, l'accumulation de cystine dans les cellules. Ce traitement doit être mis en route, dès que le diagnostic de la maladie est porté et doit être poursuivi indéfiniment, malgré ses inconvénients. Ce traitement est disponible sous forme

de gélules ou de poudre, qui doit être pris à intervalle rapproché (toutes les 6h, y compris la nuit). Une forme d'éli-mination plus lente (prise toutes les 12h) devrait être disponible, prochainement. La dose est, progressivement, augmen-tée de 10 à 50 mg/kg, en l'adaptant au dosage de la cystine intra-leucocytaire et à la tolérance de l'enfant. En effet, les effets secondaires digestifs ne sont pas rares, ainsi qu'une odeur soufrée de l'haleine, souvent très gênante pour les jeunes, mais qui peut être atténuée par l'utilisation de produits désodorisant de l'haleine, disponibles en pharmacie. La cystéamine est, également, dispo-nible sous forme de collyre, pour pré-venir les dépôts intra-cornéens, sur lesquels la forme orale de la molécule n'a pas d'action; mais, il nécessite 5 ou 6 instillations quotidiennes, pour être pleinement efficace. La cystéamine, orale et oculaire, n'est disponible que dans les pharmacies hospitalières.

Evolution, sous cystéamine On dispose, maintenant, d'un recul suf-fisant, supérieur à 15 ans de traitement chez de nombreux patients, pour pou-voir affirmer que lorsque le traitement par cystéamine a été instauré suffisam-ment tôt (premières années de vie) et bien suivi, les principales complications extra-rénales peuvent être évitées et la survenue de l'insuffisance rénale ter-minale, au minimum, retardée jusqu'à l'âge adulte; voire, peut-être même évitée, à l'avenir. Ainsi, l'on peut, rai-sonnablement, espérer que les enfants diagnostiqués, au XXIème siècle, attein-dront l'âge adulte, sans complications majeures. Mais, le principal obstacle à cette évolution favorable est la mau-vaise acceptation des contraintes du traitement, à l'adolescence et au début de l'âge adulte, qui aboutit à un traite-ment irrégulier; donc, moins efficace. Les recherches se poursuivent, pour diminuer le nombre de prises quoti-diennes, améliorer la tolérance et dimi-nuer les effets secondaires

* Dr Raaf Nabil, chef d’unité de Biochimie, au laboratoire de biologie clinique du CHU de Béni-Messous, dirigé par le Pr. Ghaffor.

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ÉVÈNEMENT

6 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

L'intoxication alimentaire est une maladie causée par la consommation de nourriture contaminée. La plupart des gens vont aller mieux, sans avoir besoin de traitement. Dans la plupart des cas, la nourriture, qui cause la maladie, a été contaminée par des bactéries, comme la salmonelle ou E. coli, ou un virus, comme le norovirus. Les symptômes d'intoxication alimentaire commencent, généralement, un à trois jours après avoir mangé des aliments contaminés. Ils comprennent: sensation de malaise, vomissements, diarrhée, crampes d'esto-mac… Pour plus d’explications, écoutons Le Dr Oulmane.

Santé mag: Les intoxications alimen-taires sont-elles liées, particulièrement, à l’été?

Dr Oulmane: Dans la conscience populaire, les intoxications alimentaires sont, souvent, liées à la saison estivale. En fait, les risques d’intoxication alimentaire existent tout au long de

l’année; mais, durant la saison des chaleurs, le risque augmente, car les hautes températures altèrent les aliments plus rapidement et cet état est le résultat, soit d’un manque d’hygiène, soit du non-respect de la chaîne du froid, pendant les manipulations, la préparation et le rangement des aliments. Tout cela, soit dans les foyers, chez les commerçants, ou dans les unités de production, de transformation, ou de stockage d’aliments.

Quels sont les signes d’une intoxication alimentaire?Les signes de l’intoxication alimentaire se répartissent sur un large éventail et cela va de la douleur abdominale, avec ou sans diarrhée, ou vomissements et peut-être même une fièvre, jusqu’à une altération grave de l’organisme, pou-vant entraîner un décès. En général, la grande majorité des intoxications est un mauvais moment à passer et l’orga-nisme se rétablit, car il a ses systèmes de défense. Il ne faut pas, non plus, ou-

blier qu’un très grand nombre d’intoxi-cations alimentaires est pris en charge par les services de santé; d’où, le faible taux de mortalité.Enfin, deux aspects sont importants, pour éviter qu’une intoxication soit mor-telle: la reconnaissance de ses signes et son délai de prise en charge.

Quels sont les aliments qu’il faut craindre le plus et quelles sont les personnes les plus vulnérables?Pendant la saison chaude, il y a des produits sensibles: Les œufs et leurs produits dérivés (mayonnaise, crèmes pâtissières…), les laitages, la volaille, le poisson, la viande et les crudités sont à haut risque… On a, aussi, des exemples d’intoxications dues à la consommation d’aliments achetés chez un vendeur ambulant, ou chez un commerçant, qui ne respecte pas les règles d’hygiène et la chaîne de froid (comme un épicier, un pâtissier et même une grande sur-face…).Les fêtes familiales et les mariages,

"Les intoxications alimentaires sont plus graves chez les enfants,

les femmes enceintes, les personnes âgées et les malades chroniques"

Propos recueillis par Tanina Ait

Dr Djamel-Eddine Oulmane *, à Santé Mag:

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ÉVÈNEMENT

7Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

organisés en grande partie durant la saison estivale sont, aussi, de véritables viviers, pour les bactéries à l’origine des intoxications. Le meilleur exemple: la sauce de couscous, durant les fêtes… La sauce est préparée très tôt, le matin ou même la veille, avec de la viande, ou du poulet. Cette sauce va macérer dans des locaux où il fait entre 30° et 40°, une température idéale pour la multipli-cation des microbes. Tout cela fait que, chaque année, nous avons des milliers de personnes atteintes d’intoxications alimentaires. Et encore, on parle ici de personnes enregistrées par les struc-tures de santé. La réalité est, bien en-tendu, bien au-dessus de ce chiffre.

Quelles sont les personnes les plus sen-sibles aux intoxications alimentaires?Les intoxications sont plus graves chez les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les malades chro-niques, car ces franges de la population sont les plus fragilisées.

Que faire, pour prévenir les intoxications alimentaires?

D’abord, se méfier des produits expo-sés à la chaleur, par des marchands ambulants, ou même à l’extérieur, ou à l’intérieur d’un local commercial. Faire attention aux produits à base

d’œufs, ou de lait qui ne sont pas rangés au frais. Attention, aussi, à la viande hachée,

préparée à l’avance. Exigez qu’elle soit hachée devant vous. Quand vous faites vos courses, il y a un

ordre logique à respecter: on commence par les produits non périssables (pâtes, riz, légumes secs…); puis, les fruits et légumes et enfin, les produits sensibles (viandes, volailles, produits laitiers…). La durée du temps de transport, entre les lieux d’achat et notre réfrigérateur est, également, importante. Cette durée doit être la plus courte possible, avant que les aliments soient bien rangés au réfrigérateur. Eviter, aussi, de placer le réfrigérateur

à côté d’une source de chaleur (cloison exposée au soleil, cuisinière…) et ne le remplissez pas à ras bord, car cela per-turbe son fonctionnement et facilite le développement les microbes.

Et enfin, il ne faut, aussi, jamais décon-geler et recongeler un aliment, pour le consommer plus tard !

Quelques derniers conseils, pour termi-ner?Il s’agit de veiller à une hygiène stricte de la cuisine, des ustensiles, du matériel et de toute personne impliquée dans la préparation de la nourriture. Enfin, pour ceux qui préparent un repas longtemps avant sa consommation (comme pour les fêtes), ne laissez pas le repas prêt plu-sieurs heures à l’avance à l’air ambiant. Mettez-le au frais: cela évitera la multi-plication des microbes et préviendra une intoxication alimentaire de groupe.

Vous voyez, avec des simples gestes et une simple vigilance, nous pouvons manger avec un minimum de risques, pour que l’alimentation joue son rôle nutritif et ne devienne pas source de problèmes de santé * Docteur Oulmane Djamel Eddine, Spécialisé en communication pour la Santé

BROSSEZ-VOUS LES DENTS, AU MINIMUM, DEUX FOIS PAR JOURC’est dès le plus jeune âge que doit débuter l’hygiène bucco-dentaire. Deux à trois brossages quotidiens, visite annuelle chez le dentiste, alimentation équilibrée. Voici les trois règles d’or, pour vivre avec des dents et des gen-cives saines tout au long de sa vie. Le brossage reste la meilleure arme, pour maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire. Dans l’idéal, il doit durer 3 minutes, avec une brosse à dents manuelle et 2 mi-

nutes, avec un matériel électrique. Une opération que vous devrez renouveler après chaque repas. Vous ne pouvez pas vous brosser les dents sur votre lieu de travail? Deux fois, c’est vraiment un minimum.

QUE PENSER DES BAINS DE BOUCHE?Il est important de bien distinguer les produits vendus en supermarché de ceux disponibles en pharmacie. Les premiers donnent une sensation de fraî-cheur agréable et constituent un bon complément au brossage. Quant aux seconds, ils sont utilisés dans le cadre d’un traitement, mis en place par le den-tiste. Notamment, dans les suites de soins liés à une gingivite ou une parodontite. Certains sont à base d’un antiseptique, comme l’héxétidine. Demandez conseil à votre pharmacien, car il en existe sous forme générique et disponibles sans ordonnance, notamment l’héxétidine Biogaran conseil® (générique d’Hextril), de la gamme Biogaran Conseil®.

CHANGEZ DE BROSSE À DENTS, TOUS LES TROIS MOISEt puis, là aussi, un bon travail se fait avec de bons outils. Renouvelez, régu-lièrement, votre brosse à dents. Au moins tous les 3 mois. Et ne martyrisez pas vos dents, ni vos gencives, les brosses dures ne «dé-capent» pas mieux que les autres. Au contraire: elles peuvent faire saigner des gencives, fragilisées par la plaque den-taire, ou le tartre. A l’inverse, les poils d’une brosse souple s’insinuent plus facilement dans les espaces inter-den-taires…Une mauvaise hygiène bucco-dentaire, la consommation excessive de sucres et c’est la carie assurée. Synonyme de dentiste, de fraise, voire d’extraction dentaire, elle est parfois bien à tort, laissée pour compte. En ef-fet, le temps n’arrange rien à l’affaire. Après avoir détruit l’émail, la carie at-teindra l’ivoire, puis la racine, véritable porte d’entrée, dans l’organisme, pour les bactéries

Des dents parées, pour la rentrée

Infos

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8 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

Certains gestes simples peuvent sauver des vies, s’ils sont pratiqués rapidement et correctement. En cas d’accident de la route, par exemple; notamment, dans notre pays, où prendre la voiture est devenu un véritable cauchemar, tant chaque jour la route tue près de 15 personnes, par jour. Rien que le mois de Ramadhan écoulé, plus de 350 décès ont été enregistrés.Le Dr Fethi Maouchi nous indique, dans cet entretien, les principaux gestes de secours qui sauvent.

Santé mag: Vous êtes médecin des premiers gestes qui sauvent; c’est-à-dire, urgentiste. Comment vivez-vous votre métier, sur le terrain?

Dr F. Maouchi: En tant que médecin ur-gentiste, mes deux pires ennemis sont le stress et le temps qui presse, car une vie humaine est en danger de mort et il faut, donc, agir vite, très vite, pour tenter de la sauver. Pour cela, il faut connaître certains éléments de base, nécessaires en matière de gestes qui sauvent et malheureusement, en Algé-rie, il n y a que le Croissant Rouge et la Protection civile, qui interviennent dans

la formation à ces techniques aussi fon-damentales qu’importantes.

Pourtant notre pays n’est–il pas à haut risque, vu le nombre d’accidents enregistrés, chaque jour? Notre pays est, effectivement, à haut risque et il n’y a pas, seulement, les accidents routiers - ou terrorisme rou-tier -, bien que ces derniers constituent une véritable hécatombe et les chiffres sont alarmants. En effet, nous sommes très mal classés, quant à l’objet, au plan international. Ne serait-ce que pendant ce Ramadhan écoulé les algériens ont vécu un cauchemar pire que les autres années. Il faut, donc, taper fort, pour arrêter "le terrorisme routier".

Quelles sont les causes de ces accidents routiers?Les causes sont multiples, mais, à 90%, elles sont d’origine humaine, vu l’inconscience des conducteurs. A cela s’ajoute, cependant, l’insuffisance du contrôle à l’importation de véhicules, dont la qualité laisse, souvent, à désirer et enfin, l’état délabré du réseau routier et autoroutier. Cet ensemble de causes explique l’hécatombe.

Nonobstant les campagnes de sensibilisation, menées régulièrement et la présence, continue, des gendarmes et policiers sur la route, comment expliquez-vous cette folie du volant? Il faut dire que la majorité des accidents de la route sont dus à des jeunes, sou-vent inconscients, peu respectueux du code de la route, se prenant pour des as de l’automobile avec, en plus, une surestimation d’eux-mêmes et qu’ils veulent en montrer aux autres. Le citoyen est devenu insensible, face à ce fléau. A la limite, vu le nombre d’accidents de la route au quotidien, on en arrive presque à leur banalisation; ce qui est dramatique, car les campagnes de sensibilisation n'ont presque plus d’effets. Néanmoins, il faut persister dans les conseils de prudence et c’est pourquoi je n’ai de cesse de lancer, encore une fois, un message aux conducteurs de penser à leur famille, à leurs amis, dès qu’ils prennent le volant. Par ailleurs, les associations doivent persévérer, également, dans leur travail de prévoyance, car la situation est vrai-ment grave. La route endeuille et est devenue la grande faucheuse.

"Prodiguer les soins d’urgence, c’est sauver une vie"

Propos recueillis par Tanina Ait

Dr Fethi Maouchi *, à Santé Mag:

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ÉVÈNEMENT

9Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

Quels sont les premiers gestes à prodiguer à la victime d’un accident de la route?

En cas d’accident de la route, donc, il y a ce qu’on appelle le triangle PAS (Protéger, alerter et secourir). On doit, d’abord, protéger la victime par un ba-lisage, qui est un triangle de signalisa-tion ou déléguer, carrément, quelqu’un qui annoncera qu’il y a un accident. Cet acte évitera un autre. Ainsi, après le balisage il faut, systématiquement, alerter la protection civile, en appelant le 021 71 14 14 ou le 14; appeler, aussi, la police au 17, ou la gendarmerie. On trouvera ces numéros un peu partout, le long des autoroutes. L’appel est, bien entendu, enregistré et on doit être pré-cis et bref, dire tout simplement par exemple: «qu’il y a un accident à tel ou tel endroit».Ensuite, il faut faire très attention; notamment, si on ne connaît pas les gestes qui sauvent, car certaines ma-nipulations peuvent être très dange-reuses, voire fatales, pour le blessé, qui est entre la vie et la mort. On peut intervenir, si on est secou-riste de formation; sinon, en attendant les secouristes, il est primordial, aux personnes présentes sur les lieux du drame, de pratiquer ces trois gestes: mettre la victime en position latérale

de sécurité; c’est-à-dire, sur le côté droit ou gauche; en cas d’hémorragie on peut faire une

compression locale à l’aide d’un mou-choir, d’un torchon ou d’un morceau de tissu quelconque, afin de stopper l’écoulement du sang; par la suite, libérer les voies aériennes.

Si la victime est dans le véhicule, lui dé-gager la tête légèrement en arrière, sans oublier de pratiquer les trois C, c’est-à-dire: ouvrir le col, enlever la cravate et bien sûr, desserrer la ceinture; pour la femme on ajoutera le S, qui veut dire dégager le soutien-gorge. Enfin, proté-ger la nuque avec un collier de fortune,

qui peut même être un journal enroulé autour du cou, afin de maintenir la tête, car tout mouvement de celle-ci risque d’endommager la moelle épinière et lorsque la moelle épinière est touchée, il y a deux complications: l’arrêt immé-diat de la respiration et la paralysie des 4 membres. En cas de fracture, laissez agir la protection civile, c’est son rôle.

Dans un autre domaine, comment agir en cas d’asphyxie par inhalation de gaz carbonique; d’autant plus que ce type d’accident n’est pas notamment en période d’hiver?

Dans ce type d’accident, portez la vic-time dans un endroit aéré, dégrafez le col de sa chemise, desserrez sa ceinture et libérer ses voies aériennes. Enfin, mettez la personne en position laté-rale de sécurité, si elle est inconsciente, jusqu’à l’arrivée des secouristes.

En cas de brûlures cutanées, avec des produits caustiques ou autres…?

Toutes ces brûlures doivent être prises en charge, immédiatement. Pour cela, souvenez-vous bien de ces conseils: Si les brulures sont provoquées par

un liquide à haute température, lavez la région affectée à l’eau froide, pendant 10 à 15 minutes. En aucun cas, il ne faut appliquer une pommade, ni essayer

d’enlever le vêtement adhérant à la partie de la peau atteinte. Si elles sont causées directement par le feu et que les habits de la victime flambent, enve-loppez cette dernière dans une couver-ture, ou une toile humide. Si une substance chimique, à effet

brûlant ou corrosif, touche une partie du corps, enlevez tous les vêtements imbibés du produit chimique. Ensuite, aspergez la victime, le plus tôt pos-sible, d’eau pendant 10 minutes, puis couvrez la région brûlée à l’aide d’un linge propre. Evacuez la personne vers l’hôpital, pour des soins spécialisés. Si une substance chimique s’intro-

duit dans l’œil, lavez l’œil atteint avec de l’eau froide, pendant 10 minutes. Ensuite, couvrez-le d’une compresse stérilisée et consultez, immédiatement, un médecin.

Quelle attitude adopter en cas de fractures, provoquées par des chutes?La plupart des fractures, provoquées par des chutes, ou l’écrasement, sont très dangereuses; surtout, celle de la tête du dos, du thorax et des membres. Dans ce cas de figure, l’attitude à adop-ter est la suivante: Ne jamais déplacer la victime, si elle a

mal au dos, Immobilisez toutes les fractures déce-

lables à l’aide d’attelles improvisées. Ensuite, alertez les services de secours, afin d’évacuer la victime vers les struc-tures sanitaires les plus proches.

Quel est le rôle du SAMU? Le SAMU (Service d’aide médicale ur-gence) joue le même rôle que la Pro-tection civile; autrement dit, il dispense les premiers soins de secours, mais il intervient, également, à domicile, car il dispose de toute une équipe médicale, dotée d’un équipement adéquat. Est-ce qu’on forme assez de personnes, pour les gestes qui sauvent?Bien sûr et pour cela il y a le Croissant rouge et la Protection civile, qui sont des organismes étatiques. On forme, aussi, dans le privé; mais, cela reste, à mon avis, très insuffisant et je lance un message aux associations, pour faire ce genre de formation et de sensibilisation aussi

* Dr Fethi Maouchi, Médecin urgentiste, SAMU.

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10 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

Au-delà de leur handicap physique, le pronostic vital des paraplégiques et des tétraplégiques est constamment engagé. Sans une rééducation fonction-nelle continue, pour éviter les escarres, la décalcification des os et l’atrophie musculaire, ainsi qu’un suivi médical contrôlé et régulier, pour préserver la fonction rénale, les personnes à mobilité réduite sont exposées à de nombreuses complications graves..

Dans l’absolu, les paraplégies et les té-traplégies, issues de lésions médullaires d’origine traumatique, ou liées à des causes vasculaires, tumorales, infec-tieuses, malformatives et métaboliques, nécessitent, pendant toute la vie du pa-tient, une prise en charge thérapeutique spécifique, pluridisciplinaire et continue. Le suivi médical doit prévaloir, impérati-vement, d’une «bonne connaissance de tous les aspects de la néophysiologie spinale et des programmes de soins et de substitutions adaptés», préconisent les spécialistes en la matière.

Il faut savoir, en effet, que derrière la perte de la motricité et de la sensibilité des membres inférieurs, ou d’une par-tie du corps (cela dépend du niveau de l’atteinte), se profilent des dysfonction-nements de plusieurs organes, dont la vessie, qui n’arrive plus à se vider spon-tanément. Il est dit, en conséquence, que «la qualité et la précocité de la prise en charge initiale conditionnent le pro-nostic ultérieur. L’enjeu étant la préven-tion des multiples complications poten-tielles». Lancer, rapidement, la rééducation fonc-tionnelle, permet, déjà, une potentielle récupération des facultés motrices, si la lésion de la moelle épinière est in-complète et surtout, si la compression médullaire est levée dans les six heures; soit, avant l’installation de l’ischémie. Le cas échéant, les séances de kinési-thérapie aident le patient à retrouver, peu à peu, l’autonomie de mouvement et le préservent de complications, qui surviennent, inopinément, dès le début de l’handicap. A ce propos, les escarres

sont les grands ennemis des paraplé-giques et des tétraplégiques. Elles se forment en quelques heures, à peine, d’immobilisation et prennent, à contra-rio, des mois à guérir. Elles induisent, en outre, un risque infectieux, fragilisent les peaux cicatricielles et rendent impos-sible la poursuite de la rééducation, tant qu’elles n’ont pas, tout-à-fait, cicatrisé. Chez les tétraplégiques hauts, il s’agit de rester attentif aux fonctions cardio-respiratoires, mises en danger par la pa-ralysie. Sinon, toute personne, souffrant d’une tétraplégie ou d’une paraplégie, est exposée, irrémédiablement, à des complications métaboliques, telles que l’hypercalcémie et l’hyponatrémie, les troubles digestifs, qui peuvent provo-quer, à terme, un ulcère de stress et surtout, l’atrophie de vessie et l’atteinte rénale. La rétention de l’urine est associée, sys-tématiquement, à une perte totale de la motricité. Afin de préserver le potentiel urologique, il faut, absolument, vider la vessie par des moyens extranaturels.

Paraplégiques et tétraplégiques:

Graves complications, sans prise en charge

thérapeutique continue Par Rania Hamdi

ÉVÈNEMENT

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11Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

Dans l’urgence, l’on recourt à l’utilisation d’une sonde, à demeure. Cette méthode, ne peut, néanmoins, être que provisoire et donc, à bannir, dès la stabilisation médicale du patient. Il est, en effet, for-tement conseillé d’utiliser, plutôt, l’auto-sondage ou le sondage intermittent, qui réduit à plus de 60% les complica-tions d’ordre urinaire, ou génital (infec-tions, lithiases, complications urétrales, insuffisance rénale…). Evidemment, il convient, aussi, de prendre en charge les complications thromboemboliques, les douleurs neurologiques, les troubles anxio-dépressifs… En Algérie, très peu de paraplégiques et tétraplégiques bénéficient d’un suivi thérapeutique ciblé et efficace. Ils sont rares à faire de la rééducation fonc-tionnelle, pour entretenir les muscles, faciliter la circulation sanguine, éviter l’ostéoporose… Plus rares, encore, sont ceux qui font, régulièrement, des bilans de contrôle. La majorité de cette popu-lation utilise des sondes à demeure, en gardant une poche urinaire pendante. Ce qui signifie qu’ils font, non seule-ment des infections urinaires à répéti-tion, mais souffrent, aussi, d’un déficit en confort de vie et sont, souvent, sou-mis au regard inquisiteur de l’autre. Les quelques personnes, à mobilité réduite, qui recourent à l’auto-sondage, sont confrontées à l’indisponibilité, constante, des sondes spécialement conçues à cet usage. C’est, carrément, le parcours de combattant, pour les acheter auprès des fournisseurs de matériels parapharmaceutiques, qui les importent, souvent, à des prix élevés. Ces sondes sont vendues de 45 dinars l’unité (produit saoudien ou tunisien) jusqu’à 300 dinars l’unité, pour les modèles allemands, danois ou français (plus efficaces, car lubrifiés et stérili-sés). Considérant le fait que les patients doivent se sonder toutes les quatre heures, soit six fois par jour, ce matériel -non encore remboursable par la Caisse nationale de sécurité sociale- constitue un budget mensuel conséquent, y com-pris pour les produits à bas prix. C’est dire que la démarche de la Fédéra-tion algérienne des handicapés moteurs est salutaire. Elle a abouti à un accord avec l’ONAAPH, d’abord sur la disponibilité de ce matériel, puis sur sa distribution aux personnes qui en ont besoin, sur présentation d’une ordonnance et d’une copie de la carte de sécurité sociale. Cet accord sera effectif, selon les prévisions, au mois d’octobre prochain

La Fédération algérienne des handica-pés moteurs a entrepris une démarche salutaire, au profit des paraplégiques, en leur garantissant l’accès à un maté-riel indispensable, pour préserver les fonctions vésicale et rénale; soit, les sondes urinaires, pour sondage inter-mittent. Dans cette interview, la présidente de la FAHM, Atika El-Mameri, donne des détails sur la procédure suivie.

Santé mag: La FAHM est parvenue, dernièrement, à obtenir, du ministère de la Solidarité nationale, une subvention pour acquérir des sondes, pour auto-sondage, au profit des paraplégiques et tétraplégiques. Comment vous avez effectué votre démarche et quels sont, exactement, les termes de l'accord?

M. El-Mameri: En 2012, pour donner plus d'efficacité à ses actions, en direction des personnes handicapées, la FAPH a mis en place trois réseaux thématiques (réseau des parents d'enfants IMC, réseau des femmes handicapées et enfin, réseau des paraplégiques). Ces réseaux sont, en fait, des groupes de travail chargés, chacun, de tracer un plan d'action. Juste après l'installation du réseau des paraplégiques, qui a eu lieu le 25 décembre 2012, nous avons reçu une réponse de Mme la ministre de la Soli-darité nationale, pour nous recevoir. Au cours de l'audience, qui a eu lieu en février de cette année et alors que nous avions, encore, en tête les témoignages émouvants des paraplégiques et leur galère pour trouver des sondes, pour l'auto-sondage – introuvables, durant des années, en Algérie -, nous avons mis au courant la ministre de ce problème, qui mettait en péril la vie de milliers de jeunes blessés médullaires, acciden-tés de la route, accidentés du travail

....Nous l'avons, aussi, informée qu'un laboratoire s'était, récemment, installé en Algérie et qu'il les commercialisait. Enfin !!! Et surtout, qu'il fallait répondre, en urgence, à la demande des paraplé-giques ! La ministre fut très sensible à notre requête. Un mois après avoir dé-posé un dossier auprès de ses services, nous avons bénéficié d'une subvention, qui va nous permettre de répondre à la demande de beaucoup de paraplé-giques inscrits dans notre fichier.

Ces sondes ne sont pas, jusqu'à présent, remboursables, ni même disponibles sur le marché. De quelle manière s'implique l'ONAAPH, pour régler ce problème?Parallèlement à cette action, en direc-tion du ministère de la Solidarité natio-nale, nous avons organisé deux jour-nées/plaidoyer, qui ont réuni un grand nombre de chefs de service en réa-daptation de l'EHS Frantz Fanon, Blida, EHS Pr. Yacoubi d’Azur plage, ainsi que le Professeur chef de service urologie pédiatrique de l'hôpital de Canastel, à Oran, pour soutenir notre action auprès de l'ONAAPH et de la CNAS, pour le remboursement de ces sondes, qui ne figurent pas sur la nomenclature des produits remboursables par la CNAS. Faisant écho à ces actions de plaidoyer, l'ONAAPH nous informa qu'il était tout à fait possible que ces sondes soient remboursables, au même titre que les poches de colostomie et que l'orga-nisme avait, d'ailleurs, déjà confirmé la disponibilité de sondes auto-lubrifiées (plus faciles d'utilisation) pour les cinq ans à venir; et cela, dès octobre 2013. Au niveau de la Fédération, comment procédez-vous à l'acquisition du matériel et surtout, comment le faites-vous parvenir aux personnes qui en ont besoin?Nous avons informé tous les services

"L’ONAAPH a confirmé la disponibilité des sondes auto-lubrifiées,

à partir d’octobre" Propos recueillis par Rania Hamdi

Mme El-Mameri, présidente de la FAHM, à Santé Mag:

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12 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

hospitaliers, qui reçoivent des para-plégiques, de les diriger vers le siège de la FAPH, où un quota de sondes (couverture de besoins pour trois mois) leur est octroyé. Ceux qui ha-bitent loin, ceux qui ne peuvent se déplacer et ceux qui résident à l'inté-rieur du pays sont approvisionnés par leurs pairs, qui sont véhiculés. Nous avons mis en place, en outre, pour la distribution, un système de solidarité, constitué de citoyens bénévoles, qui font parvenir les sondes à leurs des-tinataires.

Vous êtes édifiée sur les risques encourus par les paraplégiques et les tétraplégiques (vessie atrophiée et atteinte rénale). Avez-vous pensé à une opération de sensibilisation sur l'intérêt de l'auto-sondage et l'impératif d'effectuer, régulièrement, des examens médicaux, pour surveiller l'état de la vessie et des reins?Oui, le problème épineux, qui persiste, est celui de beaucoup de paraplé-giques, qui n'ont jamais entendu par-ler de ce système de vidange qu'est l'auto-sondage, ou parce que leur médecin traitant ne leur en a jamais prescrit. Ceux-là utilisent des sondes à demeure, durant des années. Ils gardent jusqu'à 15 jours une même sonde. Ce qui occasionne de gros dé-gâts, sur le plan urinaire: fistule uré-trale, lithiase vésicale, reflux urétral. Ces complications vont les mener, inexorablement, vers la dialyse, s'ils arrivent jusqu'au bout !!! Ces paraplégiques doivent changer, en urgence, leurs pratiques de vi-dange de la vessie. Un examen de systomanométrie doit leur être prescrit, pour voir dans quel état se trouve tout l'appareil urinaire et par la suite, organiser des séances d'éducation à l'utilisation des sondes à usage unique, pour le sondage inter-mittent. Tout ce processus aurait dû être lancé, lors de la première hospitalisation en service de réadaptation des blessés médullaires et être inscrit dans le pro-gramme de soins. Mais, c'est rarement le cas. Les paraplégiques sortent de l'hôpi-tal en ignorant tout des consignes, en matière de vidange de leur vessie. Ils recourent, alors, à des méthodes, qui vont les mener, inéluctablement, vers une mort, simplement différée de quelques mois; voire, de quelques années!!!

PRÉPARATION DE PRÉLÈVEMENTS DE TISSUS ADIPEUX EN LABORATOIRESouvent considérée comme un organe à part entière, notre flore intestinale – ou microbiote – n’en finit plus de se dévoiler. Deux études internationales confirment son rôle dans la survenue de l’obésité et des maladies chroniques associées (diabète de type 2, troubles lipidiques…).

RICHES ET PAUVRES…Le premier travail a été conduit au Da-nemark, dans le cadre du consortium européen MetaHit, dont l’objectif est de cartographier l’écosystème intesti-nal. Il a porté sur 292 adultes, dont 123 obèses. Les chercheurs ont dégagé deux groupes d’individus, qui se distinguent selon la composition de leur microbiote. D’un côté (un quart des participants), ceux dont la flore est pauvre en bac-téries intestinales. Et de l’autre, ceux dont elle est particulièrement riche et diversifiée. Les auteurs soulignent que cette «distinction n’est pas dépendante de la corpulence des individus, car on retrouve des maigres et des obèses dans les deux groupes, même si le groupe déficitaire en bactéries comprend plus d’obèses (80%)».

DAVANTAGE DE COMPLICATIONS Ils ont, également, constaté que les per-sonnes «pauvres» en bactéries intesti-nales présentent un risque plus impor-tant de développer des complications liées à l’obésité. Les scientifiques citent

le diabète de type 2, les troubles lipi-diques, hépatiques, cardiovasculaires et «peut-être, certains cancers».

DES BACTÉRIES PROTECTRICESCe travail a, aussi, permis d’identifier 8 espèces bactériennes, qui exerceraient un rôle protecteur, contre la prise de poids. «Cette découverte pourrait, à terme, conduire au développement de nouveaux probiotiques permettant de lutter contre ce phénomène», soulignent les auteurs.

RÉÉQUILIBRER, PAR L’ALIMENTATION? Le second travail a été coordonné par l’Institut national de la Recherche agro-nomique (INRA). Il a été réalisé auprès de 49 adultes français, obèses ou en surpoids. Ses auteurs ont travaillé sur l’impact d’un régime alimentaire, riche en protéines et en fibres et pauvre en calories, sur la diversité génétique du microbiote. Leurs résultats se révèlent probants: après 6 semaines, ce régime «a conduit à l’amélioration des caractéristiques cli-niques des individus étudiés (perte de poids et modifications des paramètres métaboliques). Mais aussi, à une aug-mentation de la richesse des espèces bactériennes intestinales, initialement pauvres». Pour les auteurs, «la voie est ouverte, non seulement au diagnostic des indi-vidus à risque, mais également, à l’in-tervention, par des recommandations nutritionnelles»

Obésité et flore intestinale:

le lien se précise

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13Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

Depuis le 11 septembre dernier, le secteur de la Santé a un nouveau ministre de tutelle, en la personne d’Abdelmalek Bou-diaf, jusqu’alors wali d’Oran. C’est la troisième personnalité, qui prend en main le départe-ment de la Santé, de la Popu-lation et de la Réforme hospi-talière, en trois ans, à peine. En clair, l’Algérie a consommé, depuis août 2010, un ministre par an...

C’est dire l’instabilité marquée au haut commandement d’un secteur, miné par une reven-dication syndicale en continu (grèves cycliques des prati-ciens spécialisés du secteur public, des paramédicaux…), l’indisponibilité récurrente des médicaments, une anarchie sur le marché national des produits pharmaceutiques, l’insuffisance dans la prise en charge des pa-tients, au niveau des structures de santé publique… Le nouveau ministre a, assuré-ment, du pain sur la planche. A-t-il les coudées franches pour faire mieux que ses prédécesseurs, lui qui n’est pas issu de la profession médicale? Abdelmalek Boudiaf est, en effet, diplômé universitaire en sciences politiques, option organisations admi-nistratives. Il a bâti, en conséquence, sa carrière dans les arcanes de l’admi-nistration centrale. Il a occupé plusieurs postes dans les institutions de l’Etat, en qualité de wali délégué des circonscrip-tions de Chéraga et Bir-Mourad-Rais, puis wali de Ghardaïa, Constantine et enfin, Oran. Lors de la cérémonie de son installation à la tête du ministère, en remplacement du Dr. Abdelaziz Ziari, M. Boudiaf a affir-mé qu'il s'attellerait «à relever les défis et à améliorer la gestion du secteur». Il a, alors, incité les cadres du secteur «à davantage d'efforts et de coordina-tion, pour concrétiser les aspirations du citoyen». Ce sont, là, des professions de foi de circonstance, donc vagues et im-

précises. Comme relevé plus haut dans cet article, un administrateur a-t-il la latitude de faire mieux qu’un enfant du secteur, pour exécuter une politique de santé plus réaliste et plus performante que celles qui ont été prônées jusqu’à présent? Difficile à pronostiquer. Il n’en demeure pas moins qu’il est loi-sible de souligner que le nouveau mi-nistre, Abdelmalek Boudiaf, s’installe dans ses fonctions avec un handicap sérieux: le manque de temps. Théori-quement, le deuxième cabinet du Pre-mier ministre Abdelmalek Sellal est constitué dans un objectif précis: pré-parer l’élection présidentielle, qui devra avoir lieu, en se référant au calendrier officiel, au printemps 2014. Le ministre de la Santé, fraîchement nommé, ne dispose, en conséquence, que d’environ six mois, pour impacter, par sa vision et ses projets sur le secteur; et ce, en pensant, à juste raison, qu’il n’est pas chargé, uniquement, de gérer les af-

faires courantes, en laissant en sus-pens, jusqu’à l’après présidentielle, la mise en œuvre des démarches de fond. Dans les deux optiques, le scepti-cisme est de rigueur. Même en affi-chant un optimise béat, il n’est pas aisé de croire que M. Boudiaf réus-sira à corriger, en quelques mois, les multiples dysfonctionnements qui minent la santé, sous ses formes plurielles. Par quelle magie pourrait-il, en effet, calmer le front social, par le truchement de la satisfaction des revendications des différents corps professionnels de la santé et mettre un terme, par là même, aux grèves cycliques? Comment compte-t-il remettre en ordre le marché natio-nal des produits pharmaceutiques, en levant l’opacité sur l’attribution des programmes d’importation, en mettant un frein aux lobbyings des firmes pharmaceutiques étrangères, en sécurisant l’approvisionnement en médicaments et consommables, en réduisant la facture des produits pharmaceutiques, en atteignant les objectifs fixés pour la produc-tion nationale..? De quelle manière procèderait-il, pour améliorer l’hy-

giène dans les centres hospitaliers pu-blics; rendre plus efficace et équitable la prise en charge des patients au niveau des pavillons des urgences, des centres d’imagerie médicale et des services spé-cialisés; notamment, les maternités sur-chargées ou encore, rendre, réellement, facile l’accès aux soins à tout le monde? A-t-il l’intention de relancer, en quelques semaines, le projet de révision de la loi sanitaire, en souffrance depuis plus d’une décennie, alors que le texte en vigueur est complètement obsolète, de l’avis même des gens du métier? L’on peut citer, à satiété, les maux dont souffre, inexorablement, le secteur de la Santé. Dès lors, il faut vraiment admettre que M. Boudiaf est doté de pouvoirs sur-naturels, pour convenir qu’il sera en me-surer de relever «les défis et à améliorer la gestion du secteur» comme il l’a promis, au lendemain de sa nomination aux com-mandes de la tutelle

Abdelmalek Boudiaf, nouveau ministre de la Santé

Par Rania Hamdi

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15Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

ACTUALITÉ

La contraception orale connue sous le nom de la pilule existe depuis plus de 50 ans. la découverte du premier contraceptif oral commercialisé en Eu-rope date de 1961. Depuis cette date, les femmes contrôlent leur fertilité et peuvent décider si elles veulent avoir des enfants et à quel moment, comme elles peuvent s’épanouir sexuellement, sans risque de grossesse non désirée.La journée mondiale de la contracep-tion est célébrée le 26 septembre de chaque annee. Dans ce cadre le Pr Derguini Mourad chef de service de gynécologie au CHU de Kouba (Alger)et président de la société algérienne de ménopause a anime une conférence débat portant sur la contraception en Algérie le 25 septembre prochain.

L'ALGÉRIE COMPTE PLUS DE 9 MILLIONS DE FEMMES EN ÂGE DE PROCRÉERAutant de candidates à la contraception sous ses différentes formes. À noter que la contraception n'est plus restreinte aux femmes mariées, tel que ce fut le cas dans les années 1960. À l'heure ac-tuelle, de plus en plus de célibataires, prônant une sexualité extraconjugale,

sont incluses dans le contingent de celles qui souhaitent à tout prix éviter une grossesse indésirable et surtout inopportune et adoptent, par consé-quent un moyen de contraception..Selon les statistiques fournies par le ministère de la sante, plus de 62% des femmes, en âge de procréer, ont recours à un moyen contraceptif, contre seule-ment 7% durant la décennie 1970. “La contraception a permis de sauver la vie d'un grand nombre de femmes, en leur évitant des grossesses non program-mées ou non désirées et par là même des situations familiales difficiles”. En Algérie, la pilule est le mode d'inhibi-tion de l'ovulation le plus utilisé. Les spécialistes indiquent qu'environ 65% des Algériennes utilisent la contra-ception orale contre moins de 10% d'adeptes de dispositifs intra-utérins à l'instar du stérilet “C'est plus facile de prescrire la pilule, car beaucoup de femmes ne sont pas disposées à mettre un stérilet ou un anneau vaginal”, ex-pliquent ils.Aujourd'hui, la pilule contient trois fois moins d'hormones que dans les années 1960. Elle est donc mieux tolérée et provoque moins d'effets secondaires

La contraception orale privilégiée en Algérie

65% des femmes en âge de procréer prennent la pilule

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16 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

ACTUALITÉ

La physiothérapie, parent pauvre de la médecine, en Algérie. Pourtant, son rôle est aussi bien fondamental qu’impératif, dans la rééducation fonctionnelle; réé-ducation rendue nécessaire, suite à des accidents AVC, ou autre, ou en raison de malformation génétique. Le Docteur Toufik Hentabli, spécialiste en physiothérapie nous en dit plus.

Santé mag: Docteur, pouvez-vous vous présenter?

Dr T. Hentabli: Je suis le docteur Henta-bli Toufik, spécialiste en médecine phy-sique et réadaptation. En outre, ayant suivi des formations complémentaires dans le domaine, je pratique, égale-ment, la mésothérapie, l’acupuncture-ostéopathie et la manipulation verté-brale. Actuellement, j’exerce à Médéa.

Qu’est-ce que la physiothérapie?De prime abord, je voudrais apporter une clarification sur ce qu’on appelle la physiothérapie. Chez les anglo-phones, par exemple, en Angleterre ou aux États-Unis, elle est vue comme synonyme de rééducation fonctionnelle dans son ensemble. Par contre, dans les pays francophones d’Europe, ou dans le reste du monde et en Algérie, en par-

ticulier, la physiothérapie ne représente qu'un volet de toute une spécialité, qui est la rééducation fonctionnelle. La phy-siothérapie fait, donc, partie intégrante d'une spécialité; à savoir: la méde-cine physique et réadaptation et donc, représente, seulement, une partie de toute une prise en charge globale.

A qui s’applique-t-elle?En fait, la physiothérapie s'applique à de nombreux domaines et à de nom-breuses maladies; en l’occurrence, ses grands axes sont le traitement, en ortho-pédie, de la scoliose, la cyphoscoliose l’hyperlordose, la luxation congénitale de hanche, ainsi que la prise en charge de toutes les fractures, les luxations et les traumatismes musculaires.Par ailleurs, on intervient, en rhumato-logie, dans toutes les maladies rhuma-tismales, comme la polyarthrite rhuma-toïde, la spondylarthrite ankylosante, ainsi que les spondylo-arthropathies et les connectivites.Il faut noter, également, les maladies neurologiques, telles que la sclérose en plaques, les différentes hémiplégies post-accident vasculaire cérébral isché-mique ou hémorragique, paraplégie et tétraplégie qui font appel à des soins de physiothérapie.

Enfin, la kinésithérapie respiratoire, sur-tout chez les nourrissons, pour cause de bronchiolite et chez les personnes âgées, pour les désencombrer, ou pour une réadaptation cardiovasculaire - sur-tout les post-opérés du cœur - relève de la rééducation fonctionnelle.

Avec quels éléments intervient-elle?La physiothérapie comprend plusieurs types de procédés. Nous avons, par exemple, l'utilisation de la chaleur avec l’infrarouge, la paraffine, ou d'autres appareils plus sophistiqués, pour facili-ter la cicatrisation, comme les ultrasons; améliorer la circulation vasculaire et lymphatique, comme la presso-théra-pie, ou à visée antalgique, comme l'élec-trothérapie: les TENS.Ces moyens sont, également, utilisés en dermatologie, pour soigner le psoria-sis, ou lutter contre la cellulite, au plan esthétique.

Est-ce une thérapie bien développée, en Algérie?Oui, je pense qu'elle est assez bien développée, en Algérie; notamment, dans sa partie nord, ou dans les grands centres urbains. Cependant, elle est moins pratiquée au sud du pays.

Dr Toufik Hentabli*, à Santé Mag:

"La physiothérapie représente un élément important, pour la santé"

Propos recueillis Par Tanina Ait

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17Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

ACTUALITÉ

Y a-t-il des centres en physiothérapie, chez nous?Les centres, non pas de physiothéra-pie, mais de rééducation fonctionnelle, sont, surtout, situés dans les grandes villes du nord du pays, bien que des besoins réels et même vitaux, au Sud, existent rendant, par là-même, néces-saire l’ouverture de centres de réédu-cation fonctionnelle, dans ces régions. Cela éviterait, à l’évidence, des dépla-cements pénibles des patients vers le nord, ou les grandes villes; d’autant plus que la prise en charge de réé-ducation fonctionnelle nécessite plu-sieurs séances de physiothérapie; et ce, sur une longue durée.

Est-elle utilisée seule, ou en concomi-tance avec d’autres thérapies?Comme thérapie, bien sûr, elle est, souvent, utilisée avec d'autres tech-niques, comme celles relatives à la ki-nésithérapie, les mobilisations, le ren-forcement musculaire, les techniques de gain d’amplitude; ceci, bien enten-du, en collaboration avec les autres disciplines de l'appareil locomoteur; à savoir: l’orthopédie, la rhumatologie, la neurologie et la pédiatrie.

Les soins sont–ils remboursés par la Sécurité sociale?Je vous remercie pour cette question parce que, d'une part, elle est d'actua-lité et aussi, parce que c'est un sujet qui concerne tous les patients issus de milieux défavorisés. À ma connaissance, les séances de physiothérapie, ou bien de rééduca-tion fonctionnelle ne sont rembour-sés qu'à hauteur de 10 ou 15 Dinars, par séance. Comme vous pouvez le constater, cette somme est, vraiment, dérisoire quand on connaît les bourses de la majorité des algériens.

En conclusion, comme vous pouvez le constater, la physiothérapie, qui fait partie de la rééducation fonctionnelle, présente un impact important, pour la santé des gens et pour bien faire profi-ter les Algériens de cette technique, il est important, d'une part, de bien faire connaître cette technique, la dévelop-per dans les régions de l'intérieur du pays et sont Sud et enfin, il est impé-ratif que ce type de soins soit pris en charge par la Sécurité sociale

* Dr Toufik Hentabli,Médecin physique, Médéa.

LE BROCOLI POURRAIT, AUSSI, PROTÉGER LES ARTICULATIONSUne étude britannique montre l’inté-rêt d’une substance contenue dans le brocoli, le sulforaphane, pour la prise en charge de l’arthrose. Les résultats, obtenus sur le cartilage de souris malades, paraissent prometteurs. Toutefois, ils doivent, encore, être confirmés chez l’homme…Les propriétés anti-cancer du bro-coli étaient connues de longue date. Cette fois, des recherches, menées à l’Université d’East Anglia (à Norwich dans le nord-est de l’Angleterre), suggèrent que la consommation de ce crucifère permettrait, aussi, de ralentir la progression d’une des formes les plus connues d’arthrose.Des souris, soumises à un régime riche en brocoli, présentent, en effet, moins de lésions au niveau de leurs cartilages. C’est le sulforaphane, une substance présente dans les légumes crucifères (choux, navet, cresson, col-za) et plus particulièrement dans le brocoli, qui bloquerait l’action inflam-matoire des enzymes, à l’origine de la destruction du cartilage.

DES ÉTUDES À VENIR CHEZ L’HOMME:

Une découverte majeure:Comme le souligne le professeur Alan Silman, principal auteur de ce travail, «jusqu’à aujourd’hui, la re-cherche avait échoué à montrer que l’alimentation pouvait jouer un quel-conque rôle, contre la progression de l’arthrose. Nous savons que l’activité physique (et la limitation de la prise de poids peuvent aider à soulager les symp-tômes. Mais, être en mesure de pro-poser, aux patients, un régime ali-mentaire permettant de protéger leurs articulations, voilà qui serait une grande avancée».

Prochaine étape: un essai, à petite échelle, sur des patients atteints d’arthrose, en attente d’une chirur-gie du genou. Les chercheurs vont, en quelque sorte, leur faire manger du «super-brocoli», afin de savoir s’il aura les mêmes effets protecteurs sur le cartilage humain que sur celui des rongeurs

Arthrose: vous reprendrez bien un peu de brocoli?

Infos

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18 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

ACTUALITÉ

Même en 2013, cette complication n’a pas disparu et peut, toujours, conduire au décès. Elle représente la première cause de mortalité infantile, en Algérie. La déshydratation aiguë est, potentiel-lement, grave pour le nourrisson, chez lequel la concentration en eau de l’orga-nisme est plus élevée que chez le grand enfant ou chez l’adulte; les pertes étant, donc, plus importantes. La gastro-entérite infectieuse est l’étiologie la plus fréquente, qui peut, rapidement, entraîner une déshydrata-tion du nourrisson. Les parents doivent en être prévenus. L’hospitalisation est nécessaire, si le nourrisson perd plus de 10% de son poids..

DÉSHYDRATION AIGUË DU NOURRIS-SON: DE QUOI S’AGIT-IL? C’est un état résultant d’une diminu-tion importante, ou rapide, des quanti-

tés d’eau de l’organisme d’un enfant de moins de 2 ans. Plusieurs éléments se conjuguent, pour expliquer la rapidité de constitution d’une déshydratation aigue chez le nourrisson et de sa gravité potentielle: grande proportion d’eau dans le corps du nourrisson (70%), be-soins hydriques quotidiens très impor-tants, renouvellement très rapide de l’eau corporelle, enfant totalement tri-butaire des adultes.

QUANT EST-IL DES CAUSES? La cause majeure des déshydratations aiguës du nourrisson est la diarrhée, d'origine surtout infectieuse, éventuel-lement associée à des vomissements. Il faut y ajouter la fièvre, quelle que soit son origine. Dans une petite minorité de cas, les pertes sont urinaires (anomalie rénale congénitale, diabète, insuffisance surrénalienne), ou font suite à un coup de chaleur (exposition prolongée à une chaleur excessive).

LES SIGNES D’APPEL: Les parents sont alarmés par les mani-festations de soif intense du nourrisson, qui a les lèvres et la langue sèches, est somnolent, ou peu réactif à la stimula-tion. Ils ont, parfois, constaté une perte de poids brutale et importante.

MANIFESTATIONS ET SYMPTÔMES:Le signe primordial d’une déshydrata-tion aiguë du nourrisson est la perte de poids, qui permet d’en évaluer la gra-vité. Les formes bénignes: se caractérisent

par une perte de poids inférieure à 5% et ne s’accompagnent d’aucun autre signe. Les formes moyennes: se caractérisent

par une perte de poids de 5 à 10 %. On observe, en outre, une hypotonie des globes oculaires (yeux creux, enfoncés dans les orbites), une dépression de la fontanelle, un pli cutané, provoqué par un pincement de la peau sur l’abdomen,

Urgence pédiatrique: la deshydratation aiguë du nourrisson

Par Sara Mohammedi

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19Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

ACTUALITÉ

qui ne s’efface pas assez rapidement, une soif intense, une sécheresse des muqueuses (langue, joues), une fièvre. Les formes graves: correspondent à

une perte de poids supérieure à 10% et mènent à un effondrement de la tension artérielle, avec pouls imper-ceptible, peau froide, pâleur et aux convulsions, puis au coma.

QUI, QUAND, COMMENT HOSPITALISER? Si les signes de déshydratation sont modestes. Un simple pli paresseux et les parents doivent amener leur enfant aux urgences. Mais, s’il s’agit de la forme grave, avec présence d’un risque vital (troubles de la conscience, convulsion, pouls fi-lant), une prise en charge, en urgence, est obligatoire. L’équipe hospitalière d’urgence pédiatrique doit s’en char-ger le plus vite possible.

TRAITEMENT ET PRISE EN CHARGE: Le traitement des déshydratations vise à supprimer la cause, quand cela est possible, à réhydrater en appor-tant de l’eau, à corriger les désordres électrolytiques et les complications éventuelles.Les enfants souffrant d’une forme bé-nigne sont réhydratés par voie orale, à l’aide de solution contenant des élec-trolytes, prêtes à l’emploi, données en petites quantités et de façon répétée, au biberon. Cela peut être fait à domi-cile, pour les cas les plus bénins. Dans les formes les plus graves, la ré-hydratation a lieu par perfusion intra-veineuse, à l’hôpital.

QUE DOIVENT SAVOIR LES PARENTS? La prévention, simple, consiste à bien hydrater et à surveiller l'enfant, en cas de diarrhée et/ou de fièvre. En pé-riode de chaleur, il est nécessaire de faire boire les bébés, régulièrement. L'information des parents est très importante, afin qu'ils puissent, eux-mêmes, prendre en charge les cas les plus simples et demander une aide médicale, éventuelle, au bon moment.Des systèmes de prévention et de traitement, mis en place, depuis des années, dans les pays en développe-ment, portent sur deux points prin-cipaux: l'information des mères et la mise à la disposition, des populations, de solutions de réhydratation orale.La déshydratation aiguë n’est pas l’apanage du nourrisson. Même un en-fant de 2- 3 ans peut se déshydrater

Implants cochléaires:Premières greffes réussies

au CHU d’Oran

Deux greffes d’implants cochléaires ont été réalisées par des compétences médicales algériennes, qui ont procédé à la pose de ces implants à deux enfants malentendants, âgés de 4 ans; l’un, ori-ginaire d’Oran et l’autre de Nâama. L’activation des appareils électrodes, placés à l’oreille des malades, s’est dé-roulée quelques jours plus tard, sous la supervision d’un spécialiste français. Le coût de cette intervention lourde est estimé à plus de 2,5 millions de dinars. Un implant cochléaire est un dispositif médical électronique destiné à restaurer l'audition de personnes atteintes d'une perte d'audition sévère à profonde et qui comprennent, difficilement, la pa-role, à l'aide de prothèses auditivesIl s’agit d’un appareil électronique qui, par le biais d’un microphone installé derrière l’oreille externe, capte des infor-mations sonores. Ces informations sont, alors, transmises à un microprocesseur qui, lui, envoie un signal électrique vers la cochlée, la partie de l’oreille interne permettant l’audition. En 1978, c’est un chercheur, australien Graeme Clark, qui installa le tout pre-mier implant cochléaire. Depuis, ce sys-tème a beaucoup évolué, se faisant de plus en plus petit et répondant de mieux en mieux aux besoins des personnes at-teintes de surdité.Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un adulte souffre de dé-ficience auditive invalidante, lorsque la perte d’audition est supérieure à 40 décibels et à 30 décibels, chez l’enfant.

Au sein du service ORL du même CHU, il a été procédé à la mise en place d’un centre d’implants cochléaires et d’ex-ploration fonctionnelle, établissement qui accueille des patients résidant dans 14 wilayate de la région ouest. Par ail-leurs, des opérations de dépistage des cas d’enfants malentendants, dès leur naissance, ont été lancées au niveau de toutes les maternités et structures PMI de la wilaya d’Oran.Il faut savoir que plusieurs centaines de patients ont été implantés, à travers les différentes structures du pays. La majorité de ces opérations a été réali-sée entre les hôpitaux de Béni-Messous, Mustapha Bacha et Kouba, où des salles sont aménagées, à cet effet, dans les services ORL, pour accueillir ces en-fants, pour des séances de rééducation. Un mois après la pose de l'implant, le patient est convoqué, pour l'activation de l’appareil interne. L’hôpital «Bachir Mentouri» de Kouba a pris en charge, à lui seul, plus de 300 enfants sourds-muets, âgés d’un an et demi à 18 ans. A ce niveau, on préconise l’ouverture d’une unité de greffe d’implants, afin d’absorber la forte demande sur ces dispositifs. Plus de 100 patients sont, actuellement, portés sur la liste d’at-tente, pour une greffe cochléaire. Rap-pelons que le placement d’implants cochléaires, s’inscrit dans le cadre d’un programme national, lancé en 2007 et pour lequel une enveloppe financière de 1,5 milliard de dinars a été consacrée

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20 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

ACTUALITÉ

Le professeur Nadia Boudjerra Belarbi est médecin, responsable de l’unité hôpital de jour, au niveau du service hématologie EHS Pierre et Marie Curie, Alger et Coordinatrice Nationale du groupe d’étude algérien des lymphomes (GEAL). Elle a été, également, prési-dente de la Société algérienne d’héma-tologie et de Transfusion Sanguine (SAHTS), de 2003 à 2006.

Santé mag: L’incidence, en Algérie, des différentes hémopathies est difficile à estimer. Pourquoi?

Pr. N.Boudjerra Belarbi: Des études épidémiologiques descriptives des dif-férentes hémopathies malignes ont été effectuées, depuis 2004, sous l’égide de la Société Algérienne d’Hématologie et de Transfusion Sanguine. Des taux d’incidence, plus faibles que les taux publiés, ont été retrouvés. Les raisons sont multiples: difficultés de réaliser des études rétrospectives (difficultés d’ar-chivage, dans certains services; dossiers des patients décédés ne sont pas facile-

ment retrouvés, au moment de l’étude). D’où la nécessité de réaliser des études prospectives, avec mise en place d’un registre, qui sera établi sous l’égide du Ministère de la Santé. Et ce, pour chaque hémopathie maligne. Par ailleurs, ces études ont été effectuées au niveau des services d’hématologie. Elles ont donc concerné, uniquement, les adultes. Il se-rait, donc, important de faire participer les services de pédiatrie, pour certaines pathologies, telles que les leucémies aigues. Concernant les lymphomes, l’étude a porté, uniquement, sur les lym-phomes ganglionnaires de l’adulte, les lymphomes extra-ganglionnaires, pris en charge par les services de gastroen-térologie, oncologie et les services de dermatologie, n’ont pas été répertoriés.

A combien évaluez-vous, personnelle-ment, le nombre des lymphomes dépis-tés, au plan national, par an?Deux études épidémiologiques ont été réalisées. Elles ont concerné les lym-phomes de l’adulte, suivis dans les ser-vices d’hématologie de l’ensemble du

territoire national. La première, faite sur 10 ans (1993–2002), la 2ème sur 6 ans (2007–2012), l’incidence a été de: -0.6 en 1994; 1.72 en 2007; 2.24 en 2012. Actuellement, le nombre de nouveaux cas, par an, est de 500.

Quels sont les types histologiques de lymphomes, fréquemment rencontrés, dans notre pays?Les lymphomes les plus fréquemment rencontrés, dans notre pays, sont les lymphomes diffus à Grandes Cellules B, qui représentent plus de 50 % de l’ensemble des lymphomes. Ce sont des lymphomes agressifs. Ces lymphomes guérissent dans un pourcentage impor-tant, si le diagnostic est précoce et le traitement bien conduit.

Le pic de fréquence se situe dans quelle tranche d’âge?Le pic de fréquence se situe entre 50 et 60 ans, dans notre pays, avec une petite prédominance masculine.

Hémopathies:

"Les techniques de diagnostic ne sont pas, encore, maîtrisées"

Interview réalisée par Chahra Ramzy

Pr. Nadia Boudjerra Belarbi, à Santé Mag:

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21Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

ACTUALITÉ

Il semblerait que les paysans sont par-ticulièrement touchés, par cette pa-thologie. Est-ce à cause de leur expo-sition aux herbicides et aux produits chimiques?Les professions les plus exposées sont l’agriculture (l’exposition aux pesticides a été incriminée dans plusieurs études), les éleveurs d’animaux et d’autres pro-fessions ont été incriminées, comme l’industrie (rôle du benzène), ouvriers de l’imprimerie, industrie du bois, ensei-gnement.

Les techniques de diagnostic, en Algé-rie, sont –elles entièrement maitrisées?Les techniques de diagnostic ne sont pas, encore, maîtrisées, au niveau de tous les laboratoires d’anatomie-pa-thologie. De nombreux progrès ont été, cependant, réalisés depuis la création du Groupe d’Etude Algérien des Lym-phomes (GEAL) et de nombreux sémi-naires de formation, destinés aux patho-logistes et aux techniciens, de l’ensemble du territoire national, ont été dispensés.

Les services d’anatomo-pathologie sont-ils dotés de moyens nécessaires,

pour établir un diagnostic fiable et ra-pide?Les services d’anatomie-pathologie ne sont pas, tous, dotés de moyens né-cessaires, pour un diagnostic précis et fiable. Le diagnostic de lymphome est insuffisant, car il y a nécessité d’effec-tuer des techniques d’immunohistochi-mie, pour en préciser la variété. Il existe plus de 30 variétés de lymphomes et les traitements ne sont pas identiques pour tous.

Les examens immuno-histochimiques coûtent cher. Cette contrainte limite-t-elle le diagnostic?Les anticorps, pour réaliser les tech-niques d’immunohistochimie, coûtent, effectivement, cher; mais, il est impor-tant de trouver une solution. Pour cela, le ministère de la Santé se doit d’aider les médecins et les pathologistes. Un minimum de marqueurs doit être dis-ponible dans tous les services d’anato-mie–pathologie, y compris les labora-toires privés, qui doivent en posséder. D’autres marqueurs, moins souvent uti-lisés et qui coûtent cher devraient être donnés à des centres de référence, qui

seront désignés selon leurs activités et leurs compétences.Un Comité de relecture des lames (mis en place par le GEAL) - comprenant des pathologistes exerçant au niveaux des laboratoires de différents CHU d’Alger, Tizi-Ouzou, Blida et référents dans le domaine du lymphome - se réunit régu-lièrement, afin de revoir les cas difficiles et éventuellement, de compléter, par des techniques d’immunohistochimie - non disponibles au niveau du labo-ratoire ayant réceptionné le cas-. D’où, l’intérêt de doter les laboratoires de référence par un nombre plus important d’anticorps et aussi, de créer d’autres comité de relecture des lames difficiles, au niveau des régions de l’Est et de l’Ouest.

Les réactifs et le traitement connaissent, souvent, des ruptures de stocks. Quelle incidence, sur le malade?Effectivement, les réactifs connaissent, malheureusement, des ruptures de stocks. Ces ruptures sont à l’origine d’un retard dans le diagnostic, ou d’un dia-gnostic peu fiable, compromettant le pronostic, à moyen terme

Le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière a indiqué, à Constantine, que le gouvernement vient de donner son "feu vert" pour un parte-nariat stratégique avec les fournisseurs internationaux d’accélérateurs linéaires, l’américain Varian Medical Systems et le suédois Elekta.Dans une déclaration à l’APS, à l’issue d’une visite de travail et d’inspection dans cette wilaya, le ministre a affirmé que le conseil de gouvernement vient

d’adopter la démarche de partenariat avec ces deux fournisseurs d’accéléra-teurs linéaires de "renommée interna-tionale". Il s’agit-là, a expliqué le ministre, d’un partenariat "stratégique", qui aura des répercussions "positives et fructueuses" sur la stratégie de lutte contre le can-cer, que l’Algérie s’attèle à concrétiser, à travers la construction et l’équipement de centres anti-cancer (CAC), dans plu-sieurs région du pays. Ces partenariats

s’inscrivent dans le cadre de la "dé-marche de rationalisation des dépenses, en matière de traitement du cancer", a ajouté le ministre, précisant que ces accords permettront une "maintenance permanente" des équipements, en plus d’une formation continue des person-nels affectés à leur exploitation. Evoquant la situation de son secteur à Constantine, le ministre a indiqué que la wilaya est "en deçà des normes natio-nales, en matière de structures de base; à savoir, une polyclinique pour 23.000 habitants". La wilaya de Constantine a bénéficié d’un projet de réalisation d’un CHU de plus de 500 lits, à la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Les travaux de construction de cette structure seront lancés dans le courant de l’année 2014, a-t-on an-noncé, au cours de la visite du ministre de la Santé

Feu vert du gouvernement, pour un partenariat avec deux firmes étrangères,

fournisseurs d’accélérateurs linéaires

Infos

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22 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

ACTUALITÉ

Spécialiste en microbiologie de la Faculté de Médecine d’Alger, le profes-seur Mohamed Seghier est, en outre, chef du laboratoire des Entérovirus et du laboratoire de référence OMS, pour l’éradication de la poliomyélite, de l’Ins-titut Pasteur d’Algérie.

Santé mag: Quelle est la prévalence de la poliomyélite, actuellement?

Pr. M. Seghier: La poliomyélite respon-sable de paralysie flasque aigue - en particulier, à l’enfance - est due aux po-liovirus, dont 3 sérotypes sont connus. Bien que l’infection par les poliovirus ne donne pas, automatiquement, la maladie (1-2% des cas), néanmoins elle reste préoccupante, tant sur le plan in-validité individuelle, que sur le coût en santé publique, pour la communauté. L’existence de deux types de vaccins trivalents anti-poliovirus, dont l’effica-cité n’est plus à démontrer, l’un inac-tivé (VPI) et l’autre vivant atténué oral (VPO), ainsi que la spécificité, stricte-ment humaine, de l’infection a amené, en 1988, l’Assemblée Générale de l’OMS à s’engager dans une initiative d’éra-dication de la Poliomyélite. Ce qui a conduit à une diminution drastique des cas de poliomyélite dans le monde, pas-

sant de plus de 125 pays endémiques, avec 350 000 cas, à seulement 3 pays endémiques et 223 cas, en 2012.En Algérie et dans l’état actuel des choses, nous ne pouvons pas parler de prévalence (nombre de cas pour 100 000 habitants) dans la poliomyé-lite, pour la simple raison que le dernier cas autochtone, enregistré, date de 1996.

A combien estimez-vous la couverture vaccinale, sur le territoire national?La vaccination contre les maladies du Programme Elargi de Vaccination (PEV), en général et contre la polio-myélite, en particulier, a été nettement soutenue, depuis le milieu des années 60. Le taux de couverture vaccinale, pour les 3 doses de vaccin antipolio oral utilisé, oscille, cette dernière décennie, entre 86% et 95%. Cela est du à diffé-rentes raisons, tel le manque tempo-raire de vaccin, que l’on a connu par le passé ou, également, le défaut d’obser-

vance des parents, pour les rappels des vaccins.Avez- vous noté des disparités, en matière de vaccination contre la polio, dans les régions rurales?Pas à ma connaissance. Notre pays est doté d’un des meilleurs maillages, en matière de centres vaccinateurs. La ré-ceptivité, de la population à la vaccina-tion, aidant fait que les taux de couver-ture vaccinale sont homogènes, dans la population générale.

Pour être totalement efficace, la surveil-lance épidémiologique de la poliomyé-lite doit être basée sur la notification de toutes les paralysies flasques aiguës (PFA). Est-ce toujours le cas?Tout à fait. La surveillance épidémiolo-gique de la poliomyélite est basée, entre autres, sur la notification et l’investiga-tion virologique des cas de PFA. Il s’agit d’une surveillance active, qui permet de traquer, si l’on peut dire, la maladie par son premier symptôme qu’est la PFA,

"La couverture vaccinale de la polio se situe entre 86% et 95%"

Interview réalisée par Chahra Ramzy

Pr. Mohamed Seghier, à Santé Mag:

Les Etats membres de l’OMS sont regroupés en 6 régions. Chaque région a son Bureau Régional. La carte montre les différentes régions.

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23Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

ACTUALITÉ

bien que cette dernière puisse se voir dans d’autres pathologies, ou infec-tions. A l’approche de l’éradication de la poliomyélite, une surveillance efficace est attestée par une investi-gation d’au moins 2 cas de PFA, pour 100 000 enfants de moins de 15 ans.

Pourquoi l’Algérie tarde-elle à obte-nir la Certification de l’OMS, en ma-tière d’éradication de poliomyélite?En 1997, la Commission Mondiale pour la Certification de l’Eradication de la Poliomyélite a défini les cri-tères de certification. En résumé, la certification de l’interruption de la transmission du poliovirus sauvage est conduite sur une base régionale. Chacune des 6 commissions régio-nales de certification (le monde est partagé en 6 régions, par l’OMS) ne pourrait envisager la certification que lorsque tous les pays de cette région ont soumis la documentation appropriée démontrant l’absence de transmission du poliovirus sauvage depuis, au moins, trois (03) années consécutives et l’existence d’une ex-cellente surveillance des PFA. Cette surveillance doit répondre à 3 critères. Le premier, le système doit détecter - au moins - 2 cas de PFA non polio, pour 100 000 enfants de moins de 15 ans. Le second, deux échantillons de selles adéquats doivent être collectés pour, au moins, 80% des cas de PFA. Le troisième, tous les prélèvements doivent être traités dans un labora-toire accrédité par l’OMS. Au vu de ces critères, l’Algérie est, potentiel-lement, éligible à la certification et a déjà amorcé la démarche, bien que le Nigéria reste un pays endémique dans la sous-région AFRO, à laquelle elle appartient.

Comment évalue, justement, l’OMS les efforts de l’Algérie, dans ce sens?L’absence de circulation de poliovi-rus sauvage, depuis 1996 et un taux de couverture vaccinal très appré-ciable sont autant d’arguments, pour placer l’Algérie dans le peloton des pays, pour lesquels la certification peut être octroyée. L’OMS encourage l’Algérie à améliorer le taux de cap-tation des cas de PFA, par une meil-leure sensibilisation du personnel de santé, aux fins de déclaration systé-matique de ces cas et de l’entame du processus du confinement, en labo-ratoire, des poliovirus sauvages

Les participants, à la 67ème session du comité régional de l’Organisation mon-diale de la santé (OMS) pour l’Afrique, ont relevé que 44% des décès mondiaux de femmes surviennent dans la régionafricaine, a indiqué le bureau de l’organi-sation, à Alger."Ce taux élevé de mortalité est essentiel-lement due aux maladies transmissibles, aux complications liées à la grossesse ou à l’accouchement et aux carences nutri-tionnelles", ont indiqué les participants à cette session, tenue du 2 au 6 septembre à Brazzaville (Congo), avec la participa-tion de 47 Etats africains, membres de l’OMS. Pour remédier à cette situation, ils ont adopté une résolution, qui invite les pays du continent à accorder la prio-rité aux femmes dans les programmes de développement, à lever les barrières qui empêchent l’accès des femmes aux ressources financières et aux soins, insis-tant sur la nécessité d’autonomiser la femme par l’éducation. Ces recomman-dations sont contenues dans un rap-port de la commission sur la santé de la femme dans la région africaine, intitulé "Relever le défi de la santé de la femme en Afrique", qui souligne la nécessité d’adopter une approche des parcours de vie, pour obtenir des améliorations ra-pides et durables du bien-être physique, mental et social des femmes. Concernant la santé des personnes âgées, les ministres africains de la Santé ont noté, avec une grande préoccupa-tion, que les systèmes de santé de la région n’ont pas été préparés à répondre aux besoins d’une population sans cesse vieillissante, appelant à prendre des me-sures, pour assurer leur protection. Une grande proportion de la population de la région africaine recourt à la méde-cine traditionnelle, pour ses besoins de santé, ont noté les participants, insistant sur l’impératif de renforcer le rôle de la médecine traditionnelle dans les sys-tèmes de santé, de veiller à ce que les produits issus de la pharmacopée tradi-tionnelle soient sûrs, accessibles et d’un prix abordable et de protéger les droits de propriété intellectuelle.Ils ont, en outre, mis l’accent sur la né-cessité de renforcer la capacité des res-sources humaines, en vue de développer la médecine traditionnelle, d’encourager

et d’organiser la culture à grande échelle, tout comme la conservation des plantes médicinales, qui ont fait l’objet d’une recherche approfondie et renforcer la collaboration entre les parties prenantes dans divers secteurs. Les ministres ont invité les pays africains à mobiliser les ressources, nationales et internationales, suffisantes au traitement et à la lutte contre le VIH sida et à amé-liorer l’approvisionnement de médica-ments, préconisant de décentraliser les services de lutte contre le VIH, d’inté-grer et d’établir la corrélation entre les services du VIH et les services de santé sexuelle et génésique, de santé de l’en-fant et de lutte contre la tuberculose.Les participants, à la 67e session du comité régional de l’OMS, ont examiné les progrès réalisés, par les pays, en vue de la protection des populations, contre les effets nocifs du tabagisme, la mise en réseau des institutions publiques de recherche en santé, la prise en charge des cancers, la mise en œuvre du plan stratégique régional pour la vaccination 2009-2013, le plan d’action mondial pour les vaccins, ainsi que la réforme en cours de l’OMS

OMS: 44% des décès mondiaux de femmes enregistrés dans le continent africain

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DOSSIER

27Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

1. INTRODUCTIONLe cancer de la prostate est un cancer fréquent, dont la prise en charge plu-ridisciplinaire repose sur l’analyse des facteurs propres à la tumeur (cliniques, biologiques et histologiques); mais, aus-si, sur l'espérance de vie du malade. Le dépistage de masse n’a pas fait la preuve d'une réduction de la mortalité. A titre in-dividuel, la réalisation d’un toucher rectal et d'un dosage du PSA annuel, chez les sujets de plus de 50 ans, peut être recom-mandée.

2. EPIDÉMIOLOGIELe cancer de la prostate est un cancer très fréquent. Il représente la cinquième cause de cancer masculin, dans le monde et la deuxième cause, dans les pays de la Com-munauté européenne. En Algérie, il est le quatrième cancer de l’homme.C’est la deuxième cause de mortalité par cancer, chez l’homme, après le cancer du poumon.

3. DIAGNOSTIC CLINIQUE L'évolution est, le plus souvent, lente et les circonstances de découverte variées (troubles mictionnels  : dysurie ou polla-kiurie; hématurie, douleur périnéale, im-puissance) ou, plus rarement, à l’occasion de signes locaux, ou lors d’un bilan de métastases osseuses.Le diagnostic est évoqué, généralement, à partir des données du toucher rectal, fait systématiquement et/ou, de plus en plus souvent, devant une élévation du PSA.

Toucher rectal (TR): Le toucher rectal re-trouve soit une prostate dure déformées et irrégulière, soit simplement augmen-tée de volume, ou, souvent, de taille et consistance normales. Un toucher rectal normal n'élimine pas le diagnostic. Rarement, il existe un blin-dage pelvien, ou une fixation de la pros-tate. L'examen est complété par l'examen de la région lombaire et des aires gan-glionnaires.Dosage de l’antigène prostatique (PSA): PSA est une glycoprotéine simple, sécré-tée par les cellules épithéliales normales de la prostate et des glandes péri-uré-trales et éliminée, essentiellement, dans le sperme. Sa demi-vie, dans le sérum, est de 2 à 3 jours. Son élévation n’est, donc, pas spécifique du cancer. La concen-tration normale du PSA augmente avec l'âge. Le PSA est, aussi, utile dans la sur-veillance après traitement, afin de détec-ter une rechute.Il peut être augmenté en cas de patholo-gie bénigne prostatique (adénome pros-tatique, prostatite) ou après un TR.Au-delà de 10ng/ml, en l’absence d’in-fection prostatique, des biopsies pros-tatiques sont justifiées, même si le TR est normal. La biopsie est, aussi, justi-fiée lorsque le PSA est inférieur à 10ng/ml, si le PSA libre est <25%, le volume prostatique < 40cm3, ou l’élévation du PSA confirmée, lors de 3 dosages suc-cessifs. La valeur de la concentration sé-rique du PSA est corrélée avec le risque métastatique.

Biopsie prostatique: Le diagnostic de cancer de la prostate repose sur l’examen anatomopathologique de biopsies pros-tatiques. Les biopsies sont effectuées sous contrôle échographique endo-rectal, après prépa-ration par lavement rectal et prescription d’une antibioprophylaxie. On prélève deux carottes biopsiques à la base de la prostate, deux à l’apex et dans le nodule hypo-échogène. Les complications sont rares. Les plus graves sont de type infectieux.

4. BILAN D’EXTENSION Il vise à évaluer l'extension locorégionale et à distance du cancer, afin de préciser les différents facteurs pronostiques, pour établir le meilleur traitementLe bilan d’extension locale repose sur le toucher rectal, l’échographie transrec-tale retrouve un nodule hypo-échogène, visible en zone périphérique. Une perte du contour de la glande, localisée ou dif-fuse, avec envahissement du tissu péri-phérique par des zones hypo-échogènes traduit une effraction capsulaire. 5 à 25 % des cancers ne sont pas visibles, en écho-graphie.L’imagerie par résonance magnétique (IRM) peut mettre en évidence des exten-sions extra-capsulaires.Le scanner a remplacé la lymphographie, dans le bilan d’extension ganglionnaire pelvienne, ou lombo-aortique. C'est un cancer lymphophile envahissant les ganglions obturateurs, puis latéro-

Cancer de la prostate

Dr. Adda BounedjarCHU Blida

Dr. Adda Bounedjar

DOSSIER

Cancer de la prostate

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DOSSIER

28 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

aortiques et latéro-caves, voire même les sus-claviculaires. La radiographie thoracique, la scintigraphie osseuse à la recherche, systématique, de métastases osseuses, ne sont indiquées que si le stade T est supérieur à T2a ou si le PSA est supérieur à 20 ng/ml, ou le score de Gleason égal ou supérieur à 8.

5. CLASSIFICATION TNM 2009 T: Tumeur primitive -Tx: tumeur primitive non évaluée

T0: tumeur primitive non retrouvée T1: Tumeur non palpable au toucher

rectal TR, ou non visible en imagerie- T1a tumeur occupant moins de 5 % du tissu réséqué - T1b > 5 % du tissu réséqué - T1c: découverte par élévation du PSA et réalisation de biopsies positives T2: Tumeur limitée à la prostate (apex

et capsule compris)- T2a: Atteinte de la moitié d’un lobe, ou moins- T2b: Atteinte de plus de la moitié d’un lobe, sans atteinte de l’autre lobe- T2c: Atteinte des deux lobes T3: Extension au-delà de la capsule- T3a: Extension extra-capsulaire- T3b: Extension aux vésicules sémi-nales T4: tumeur fixée à la paroi pelvienne,

ou extension aux organes adjacents (col vésical, sphincter urétral, rectum, paroi pelvienne).

N: Ganglions régionauxNx: ganglions régionaux non évalués

N0: Absence de métastase ganglion-naire N1: Atteinte ganglionnaire(s)

régionale(s) 

M: Métastases à distance M0: Absence de métastases à dis-

tance M1: Métastases à distance- M1a: atteinte des ganglions non ré-gionaux- M1b: atteinte osseuse- M1c: Autres sites

Classification pathologique (pTNM) .pT0: absence de tumeur identifiée,

après prostatectomie totale .pT2: tumeur limitée à la prostate

pT2a: tumeur limitée à un demi-lobe, ou moins

.pT2b: tumeur unilatérale avec at-teinte de plus d’un demi-lobe, mais pas des deux lobes.pT2c: tumeur bilatérale .pT3: extension extra-prostatique

.pT3a: extension extra-prostatique uni ou bilatérale incluant le col vésical.pT3b: envahissement des vésicules séminales uni ou bilatérale

.pT4: envahissement d’autres struc-tures que les vésicules séminales (sphincter externe, rectum, muscles releveurs de l’anus, ou paroi pelvienne)

- L’envahissement du col vésical n’est plus classé pT4, mais est, dorénavant, classé pT3a-Rx: présence de résidu tumoral non évalué.

Reliquat tumoral post-opératoire R0: absence de reliquat tumoral

macroscopique, ou microscopique-R1: reliquat tumoral microscopique (focal, ou étendu) R2: reliquat tumoral macroscopique.

La classification d’Amico:Les formes localisées de cancer de la prostate sont classées en fonction de leur risque évolutif, à l’aide d’une classification appelée la classification de d’Amico.Cette classification a établi 3 sous-groupes de cancers de la prostate, localisés selon le risque de rechute (on parle de risque de rechute biologique, 10 ans après un traitement local); c’est-à-dire, 3 niveaux de risque de progression du cancer: un risque faible, un risque intermédiaire et un risque élevé. Les 3 sous-groupes, définis en fonction de leurs caractéristiques cli-niques et biologiques, sont: le cancer de la prostate localisé, à faible

risque- TNM: ≤ T2a (et), Score de Gleason: ≤ 6 et PSA (ng/ml): ≤ 10  le cancer de la prostate, à risque inter-

médiaire- TNM: T2b ou Score de Gleason: 7 ou PSA (ng/ml): 10-20 le cancer de la prostate localisé, à risque

élevéTNM: ≥ T2c ou Score de Gleason: ≥ 8 ou PSA (ng/ml): > 20

Le score de GleasonLa classification de Gleason est fondée sur le degré de différenciation (degré d’agressivité) de la tumeur, côté du grade 1 à 5. C’est le résultat d’une étude au mi-croscope des cellules cancéreuses, obte-nues par des biopsies ou une ablation de la prostate, qui constitue un score, appelé score de Gleason. Ce score est la somme des deux grades les plus fréquemment représentés dans la tumeur analysée. Il varie de 2 à 10. Le score de 2 correspond à une tumeur très proche d’un tissu bénin. Plus le score est élevé, plus la tumeur est agressive

Les cancers de la prostate sont classés en 4 stades: cancer de la prostate localisé: T1/T2, N0,

M0 cancer de la prostate localement avancé:

T3/T4, N0-x, M0 cancer de la prostate avec atteinte gan-

glionnaire pelvienne: tous T, cN1/pN1, M0 cancer de la prostate métastatique: tous

T, tous N, M1

6. MÉTHODES THÉRAPEUTIQUES 6.1 ChirurgieLa prostatectomie radicale est le traite-ment de référence, à visée curative, des cancers de la prostate à un stade loca-lisé. Elle est, généralement, associée à un curage ganglionnaire ilio-obturateur bilatéral.Il existe différentes voies d’abord: voie ouverte rétro-pubienne, périnéale, lapa-roscopique trans-péritonéale ou extra-pé-ritonéale, robot-assistée ou pas. Aucune des voies d’abord n’a montré de supério-rité, par rapport aux autres; que ce soit sur le plan carcinologique, ou fonctionnel.Les complications post-opératoires sont: l’incontinence urinaire de degré variable, légère à totale, évaluée par le nombre de protections quotidiennes utilisées par le patient. L’impuissance, mais pouvant être réversible, varie avec de nombreux facteurs; en particulier, l'âge et la possi-bilité de conserver les nerfs érecteurs (en moyenne 70 à 100 % d'impuissance) et la sténose de l’anastomose survient dans 10% des cas.

6.2 Radiothérapie6.2.1 La radiothérapie externeElle est réalisée grâce à des photons de haute énergie, produits par des accéléra-teurs linéaires. Les doses délivrées sont, classiquement, de 66-70 Gy/33-35 frac-tions, pendant 6 à 7 semaines. Le volume à irradier inclut la prostate, les vésicules séminales, ainsi que les gan-glions proximaux. Les complications sont dues à l’irradiation d’organes situés dans le champ; à savoir l’intestin, le rectum et la vessie. La toxicité aiguë, constante, est principalement urinaire (pollakiurie et dysurie), une rectite et une diarrhée. Cette toxicité est réversible, en quelques semaines, après la fin du traitement. Les complications tardives surviennent après plusieurs mois. Il s’agit de rector-ragies, de sténose urétrale, d'hématurie ou de pollakiurie, avec une vessie de petit volume. Dans 40 à 60% des cas il apparaît une im-puissance, qui s'installe, progressivement, en quelques années.

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DOSSIER

29Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

6.2.2 La curiethérapieLa curiethérapie interstitielle de prostate consiste en la mise en place d’un radioé-lément, par voie trans-périnéale, sous contrôle échographique endo-rectal, sous anesthésie générale préférentiellement. Il s’agit, le plus souvent, de l’implantation permanente de grains d’Iode125; plus ra-rement d’une curiethérapie interstitielle à haut débit de dose, par Iridium192. Cette technique est réservée aux petites tumeurs avec bon pronostic (T<2b, Glea-son <6, PSA < 10ng/ml), avec un volume prostatique de moins de 60 cm3. Les ef-fets secondaires sont des difficultés mic-tionnelles et des douleurs pelviennes.

6.3 HormonothérapieLe cancer de la prostate est androgéno-dépendant dans 80 % des cas. La diminu-tion de l’action des androgènes peut être obtenue par plusieurs voies : la castration chirurgicale, pour la suppression des sé-crétions testiculaires de testostérone. Les avantages de la castration chirurgicale, par orchidectomie bilatérale, sont d’une effi-cacité immédiate, d’un effet permanent et un faible coût. La castration médicale par des préparations d’un agoniste à action prolongée de la gonadolibérine (LHRH, lu-teinizing hormone-releasing hormone), le leuprolide ou la goséréline, est en général préférée, en raison du traumatisme psy-chologique, lié à l’orchidectomie. La LHRH est, normalement, sécrétée par l’hypo-thalamus de façon pulsatile. Cependant, la stimulation continue des récepteurs du LHRH, par des agonistes, diminue l’activa-tion des cellules de l’hypophyse.Les anti-androgènes (stéroïdiens ou non) bloquent, au niveau cellulaire, l’action des androgènes. Ils sont, parfois, utilisés conjointement aux analogues de la LHRH, pour obtenir un blocage androgénique complet. Les effets secondaires, des trai-tements hormonaux, sont l'impuissance avec baisse de la libido et les risques thromboemboliques.L'hormonothérapie s'emploie en adjuvant d'une radiothérapie locale, ou à titre palliatif.

7. INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES Les indications doivent tenir compte des facteurs pronostiques. La décision devra être pluridisciplinaire, après information du patient sur les différentes options et de leurs avantages et inconvénients.Le traitement curatif est indiqué pour:7.1 les tumeurs de risques faibles: T1-T2 a et PSA <10ng/ml et score de Gleason <6: Prostatectomie radicale (curage ganglion-naire optionnel), ou radiothérapie externe prostatique à la dose de 70 Gy, ou curiethé-rapie avec implants permanents d’iode 125.

7.2 -les patients du groupe intermédiaire: T1-T2 b ou PSA 10-20 ng/ml ou score de Gleason: prostatectomie totale ? avec cu-rage ganglionnaire étendu; radiothérapie externe conformationnelle avec une dose de >Gy; radiothérapie externe plus hor-monothérapie courte, pendant 6 mois par LHRH. Un traitement curatif n'est pas indiqué, si l'espérance de vie est inférieure à 10 ans: abstention thérapeutique, ou hormono-thérapie, si le patient est symptomatique.

7.3 Tumeurs de risques élevés: L’hormo-no-radiothérapie est le traitement com-biné de référence. La chirurgie est possible, dans certains cas de tumeurs à haut risque et localement avancées (cT3a) (prostatectomie avec un curage ganglionnaire étendu). L’hormonothérapie, en monothérapie, est une option, chez les patients présentant un cancer de la prostate localisé à haut ris-qué évolutif, qui ne sont pas éligibles à un traitement local.

8. PATIENTS MÉTASTATIQUESA la phase métastatique, le traitement de référence en première intention est l’hor-monothérapie (castration chimique).

ChimiothérapieChimiothérapie de 1ère ligne :La chimiothérapie a une place reconnue, dans les cancers de la prostate résistants à la castration (CPRC. Le docetaxel, à la dose de 75 mg/m2 toutes les 3 semaines, associé à 10 mg/j de prednisone, qui entraîne une amélioration de la survie comparable, avec moins de complications thromboembo-liques que la combinaison avec le phosphate d’estramustine, est devenu le nouveau stan-dard de traitement des formes résistantes à la castration. Avant de proposer une chimiothérapie, dans un CPRC métastatique, il est, actuellement, recommandé de disposer d’au moins deux augmentations successives du PSA au-des-sus de la référence antérieure et que ce taux de PSA dépasse 5 ng/ml.Le moment idéal, pour initier une chimio-thérapie, reste controversé. Si son indication n’est pas discutable dans les formes métas-tatiques symptomatiques, il n’existe pas de preuve, pour justifier de la débuter précoce-ment, chez les patients asymptomatiques. Un schéma hebdomadaire 35mg/m/ se-maine peut être envisagé, chez des patients incapables de recevoir un schéma optimal, du fait de leur âge avancé, de leur état gé-néral ou de pathologies associées.Chimiothérapie de deuxième ligneUne reprise du docetaxel, chez les patients ayant présenté une bonne réponse initiale et présentant un intervalle libre de plu-

sieurs mois, permet d’obtenir une réponse biologique chez plus de la moitié des pa-tients, pour une durée médiane de réponse d’environ six mois. La chimiothérapie de deuxième ligne, par un nouveau taxane semi-synthétique (ca-bazitaxel), montre une amélioration de la survie globale, dans une étude de phase III.

Traitement des métastases osseuses En cas de douleur, un traitement antal-gique gradué devra être associé, en sui-vant les recommandations de l’OMS. Les bisphosphonates inhibent la résorp-

tion osseuse, liée à l’activité ostéoclas-tique. Ils ont un effet clinique sur les com-plications squelettiques et les douleurs. La tolérance est habituellement bonne, en dehors du risque de nécrose de mâchoire, qui est rare. L’acide zolédronique (injection IV lente toutes les 3 à 4 semaines) a démontré son efficacité, dans le CPRC. Radiothérapie antalgique: si les douleurs

persistent, ou s’aggravent, une dose de 30 Gy en 10 fractions, ou 20 Gy en 5 fractions.

9. SURVEILLANCE Après un traitement à visée curative, la surveillance du patient est indispensable, afin d’évaluer l’efficacité du traitement et les toxicités. Après une prostatectomie ou une irradiation, la récidive tumorale peut se traduire par une élévation du PSA, une ano-malie locale, ou une évolution métastatique. La surveillance repose sur l’examen clinique et le toucher rectal. Le toucher rectal sera annuel, à la recherche d’une anomalie pel-vienne, péri-cicatricielle, ou d’une modifica-tion de volume et de consistance de la pros-tate, après irradiation. Le dosage du PSA sera systématique. Après une prostatecto-mie, il doit être indétectable (<0,1ng/ml). Le premier dosage sera effectué 3 mois après la prostatectomie; puis, tous les trois mois pendant la première année; puis, chaque 6 mois pendant les 5 années suivantes; puis, annuel à vie, si le taux reste indétectable. La persistance d’un PSA dosable est la tra-duction d’une exérèse incomplète, ou de la méconnaissance de métastase, présente au moment du diagnostic.

10- CONCLUSION Le cancer de la prostate est un cancer fréquent. Sa prise en charge est com-plexe et doit tenir compte de facteurs pronostiques tumoraux et liés au terrain. La prise en compte des choix du patient est primordiale, en raison des consé-quences sur la qualité de la vie des trai-tements. De nombreuses questions ne sont pas encore résolues; en particulier, la nécessité d’un dépistage systématique, par le dosage du PSA

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30 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

Madame Fatiha Gachi, spécialiste en oncologie-pédiatrie, revient dans cet entretien, accordé à Santé Mag, sur le neuroblastome, tumeur maligne des cellules de la crête neurale, qui s'observe chez l'enfant et représente, environ, 10 % des tumeurs solides de l'enfant de moins de 15 ans. Dans 90 % des cas, le neuroblastome est diagnostiqué avant l'âge de cinq ans. La présentation clinique est très variable: elle dépend de la localisation de la tumeur, qui peut se développer à partir d'une quelconque partie du système nerveux sympathique (origine abdominale dans, environ, 80 % des cas) et de son stade.

Santé mag: Qu’appelle-t-on le neuro-blastome

Pr. F. Gachi: C'est une tumeur maligne dérivée de la crête neurale. Elle se déve-loppe le long des chaînes ganglionnaires sympathiques et la médullosurrénale

Quelles sont les causes de cette mala-die?Il n’existe pas de cause connue; cepen-dant, il existe des terrains génétiques prédisposant, tel que la neurofibroma-tose de type 1.

A quel âge survient-elle, chez l’enfant?C’est la tumeur maligne la plus fréquente du nourrisson (1/3 des cas surviennent avant l’âge de 1 an). L’âge médian de survenue est de 2 ans.

Quels sont les signes qui caractérisent cette maladie?Les symptômes, liés à la tumeur, dé-pendent de la localisation; à savoir: Abdominaux, dans 70 % des cas, avec

masse palpable dure, bosselée, fixée, indolore, volumineuse; Thoraciques, dans 20 % des cas, dé-

couverte sur une radiographie, de ma-nière fortuite, ou du fait de manifesta-tions respiratoires;

Cervicaux, dans 5% des cas, avec des signes de compression cervicale (syn-drome de Claude Bernard Horner); Pelviens, dans 5% des cas, avec des

signes de compression vésicale, ou rec-tale. Nous remarquerons, en sablier, que 40% des neuroblastomes thoraciques donnent des signes de compression médullaire. Par ailleurs, les symptômes, liés aux mé-tastases, dans 50% des neuroblastomes, peuvent être: Ostéo-médullaires, se manifestant par

des douleurs osseuses, ou articulaires, avec altération de l'état général, pâleur, état subfébrile, nodules osseux; parfois, ecchymose périorbitaire avec exophtal-mie réalisant le syndrome de Hutchin-son. Métastases ganglionnaires, par décou-

verte d'une adénopathie sus-claviculaire Métastases sous-cutanées, nodules

bleutés

Propos recueillis par Tanina Ait

Pr. Fatiha Gachi-Bey*, à Santé Mag:

"Le neuroblastome est le 3ème cancer de l’enfant, après les hémopathies

malignes et les tumeurs du système nerveux central"

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Métastases hépatiques, découvertes lors de l'échographie ou, parfois, en-traînant, chez un petit nourrisson, une hépatomégalie monstrueuse réalisant le classique syndrome de Pepper.

Comment évolue-t-elle?Son pronostic a été très amélioré, mais reste, encore, très sévère dans les formes métastatiques, chez des enfants âgés de plus de 1 an.Cette tumeur est, aussi, caractérisée par sa possibilité de maturation et parfois, de régression spontanée.

Comment la diagnostiquer?Le bilan diagnostic: Imagerie: Radiographie sans préparation, non

indispensable, montre un syndrome de masse et habituellement, de fines calcifications. Cliché thoracique montrant une

image en fuseau Echographie abdominale: le premier

examen montre une massae rétro-pé-ritonéale extrarénale Tomodensitométrie et ou imagerie

par résonnance magnétique: permet-tant de faire le bilan d’extension loco-régionale et d’apprécier l’opérabilité et permet de rechercher, systémati-quement, une extension intrarachi-dienne. Concernant la biologie, il s’agit de dosages des métabolites urinaires, des catécholamines HVA (acide ho-movanylique), VMA (acide vanylman-délique) et dopamine. Le dosage est réalisé par un recueil d'urines, sur 24 heures. Au niveau de l’anatomopathologie: la biopsie est devenue indispensable, pour confirmer le diagnostic anato-mo-pathologique et surtout, pour réunir, avant traitement, des éléments biologiques de pronostic de la tumeur (recherche d'une amplification de l'oncogène N-myc, qui est de mauvais pronostic).Bilan d'extension: Scintigraphie à la Méthyl Lodo Ben-zyl Guanidine (à la MIBG), marquée à l'iode radioactive, révèle une fixation, aussi bien sur la tumeur primitive que sur les métastases. La scintigraphie osseuse au techné-tium permet de révéler les métastases osseuses, non fixantes à la MIBG.

Est-elle fréquente? Représentant, environ, 10 % des affections malignes de l'enfant, le

neuroblastome vient au 3ème rang, après les hémopathies malignes et les tumeurs du système nerveux central.Cette tumeur est responsable de 15% des décès, par cancer, avant 15 ans.

Quels sont les traitements?Il existe, essentiellement, 3 armes: La chirurgie: qui est l’élément-clé

du traitement, doit être la plus com-plète possible, sans mettre en jeu les organes de voisinage. L’exérèse com-plète est, parfois, impossible et doit être précédée d'une chimiothérapie de réduction. La chimiothérapie: le neuroblastome

est une tumeur très chimio-sensible. Les principales drogues efficaces sont: la vincristine, le cyclophospha-mide, l'adriamycine, l’etoposide et les sels de platine. Les modalités sont la chimiothérapie conventionnelle, asso-ciant les différentes drogues antimi-totiques et la chimiothérapie inten-sive, avec greffe de cellules souches périphériques, dans les formes de plus mauvais pronostic. La radiothérapie: le neuroblastome

est radiosensible, mais la radiothéra-pie est peu utilisée - compte tenu de l’âge des enfants – réservée, en cas de résidu tumoral et au syndrome de Pepper (irradiation hépatique à faibles doses).

Quel est l’état des lieux de cette mala-die, en Algérie?Nous n’avons pas de statistiques pré-cises; cependant, selon l’étude multi-centrique, pratiquée en 2005, par la Société Algérienne d’Oncologie Pé-diatrique, sur une période de 10 ans, a recensé 345 cas de neuroblastomes, dans les différents services de pédia-trie.Il faut noter que, dans la prise en charge de cette pathologie, nous sommes confrontés à 2 problèmes: le problème de l’opérabilité des neu-

roblastomes localisés engaînant les vaisseaux, par manque de matériel chirurgical. le problème de la faisabilité de la

chimiothérapie à haute dose des neuroblastomes métastatiques, par manque de service d’autogreffe

* Pr. Fatiha Gachi-Bey,Service oncologie-pédiatrie, au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) du CHU Mustapha Pacha d’Alger.

Ouvertured’un centreanti-cancer,

de statut privé,à Constantine

Infos

Un centre anti-cancer, réalisé par un investisseur privé, vient d’ouvrir ses portes à la cité Zouaghi-Slimane, limi-trophe de l’aéroport Mohamed-Boudiaf de Constantine, a-t-on constaté.Le directeur de cette structure de santé, dont il est le promoteur, le Dr. Mehdi Bouzidi, a indiqué, à l’APS, que cette cli-nique débutera son activité par la prise en charge des malades, en matière de radiothérapie, en attendant les autres services devant être opérationnels "d’ici à la fin de l’année en cours". Pour le Dr. Bouzidi, le centre "contribuera, un tant soit peu, à répondre aux besoins pressants des malades" et à "réduire l’énorme pression exercée sur le centre anti-cancer du centre hospitalo-univer-sitaire (CHU) de Constantine".Cette infrastructure est, notamment, composée d’un hôpital de jour, équipé de 10 fauteuils de chimiothérapie, de deux accélérateurs de dernière géné-ration, avec un scanner configuré pour la simulation 3 D, a-t-il précisé. Quatre services, spécialisés dans la médecine nucléaire, la chirurgie carcinologique, l’imagerie médicale et l’hospitalisa-tion, dotés de 22 lits, complètent cette clinique destinée, selon son promo-teur, à "soulager le service public des contraintes immenses, qui limitent son champ d’action"

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32 Santé-MAG N°22 - Septembre 2013

Le Professeur Wahiba Ouahioune est la référence, en matière de diagnostic du mélanome, un cancer cutané en nette progression, dans notre pays. Selon elle, le mélanome, en Algérie, «présente des particularités anatomo-cliniques différentes de celles rapportées dans la littérature, puisqu’il siège, le plus sou-vent, au niveau du membre inférieur et il est de type nodulaire, ou acrolen-tigineux»..

Santé mag: L’examen anatomopatholo-gique est très important, car c’est lui qui détermine le diagnostic et le pronostic. Avez-vous reçu, durant votre carrière, des cas complexes, difficiles à trancher?

Pr. W. Ouahioune: Tout à fait. Sur la base du diagnostic anatomopathologique, le patient est traité médicalement, ou chirurgicalement. Nous recevons, dans notre pratique quotidienne, des cas simples; parfois, des cas difficiles où le diagnostic définitif (bénin ou malin) ne peut être établi. Dans d’autres situa-tions, il s’agit de cas rarement décrits, dans la littérature.

Comment les gérez-vous?Les médecins pathologistes ont pour habitude de voir les lames ensemble et de les discuter. Actuellement, des comi-

tés de pathologistes existent, tels que le Comité d’Oncologie Thyroïdienne et le Comité Lymphome. J’espère que d’autres comités verront le jour, bientôt. Ces réunions de concertation nous per-mettent d’échanger nos connaissances et d’arriver à un diagnostic définitif. Tout ceci ne peut se faire qu’avec l’aide des médecins cliniciens, qui doivent nous transmettre tous les renseignements cliniques du patient. Dans de rares cas, nous sollicitons nos collègues patholo-gistes de l’étranger.

Vous êtes une référence, en matière de cancers cutanés; notamment, les méla-nomes. Pourquoi cet intérêt, particulier, pour ce genre de cancer? La dermatologie est une spécialité qui m’a toujours fascinée. La peau est l’or-gane le plus accessible. J’ai eu la chance de faire ma formation au CHU Mustapha d’Alger, où j’ai travaillé en étroite colla-boration avec mes amis dermatologues. J’assistai régulièrement à leurs consul-tations et cela m’a permis de voire les lésions à l’œil nu et à l’échelle micros-copique.Les cancers cutanés sont un motif, fré-quent, de consultation. Les carcinomes viennent en première position, suivis des sarcomes et des mélanomes. Le modèle de développement du méla-

nome m’a toujours intrigué. C’est un can-cer induit par les rayons Ultra-Violets. Chez nous, il présente des particularités anatomo-cliniques différentes de celles rapportées dans la littérature, puisqu’il siège, le plus souvent, au niveau du membre inférieur et il est de type nodu-laire, ou acrolentigineux. Pourquoi? Je n’ai toujours pas de réponse !

Quelle est le degré de progression des mélanomes, en Algérie?Dans mon travail de thèse, soutenue en 2007, j’ai constaté qu’il y avait moins de 10 cas de mélanome par an. Actuelle-ment, nous dépassons les 30 nouveaux cas par an, dont, malheureusement, presque la moitié qui arrive au stade de métastase. Ces chiffres sont ceux du registre du Service d’Anatomie Patholo-gique de Douéra, qui reçoit les prélève-ments du service de Chirurgie Plastique, de Chirurgie Maxillo faciale et de la Cli-nique de Dermatologie du CHU Musta-pha d’Alger. Ces 3 grands services ont un recrutement quasi national. Donc, nos chiffres sont à prendre en considé-ration. Nous devons agir maintenant.

Comment?En faisant des campagnes de sensibili-sation contre les méfaits de l’exposition, intempestive, au soleil.

"Nous dépassons les 30 nouveaux cas de mélanomes, par an"

Interview réalisée par Chahra Ramzy

Pr. Wahiba Ouahioune *, à Santé Mag:

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Le mélanome touche particulièrement quelle tranche d’âge?Les sujets de plus de 20 ans; mais, il peut être vu bien avant, chez les enfants et adolescents atteints de Xeroderma Pigmentosum (les enfants de la lune).

Le mélanome est une pathologie de très mauvais pronostic, mais qui se soigne, si la détection est précoce. Qui doit-on dépister?Avant le dépistage il y a la prévention: éviter l’exposition solaire entre 11h et 16 h, surtout pour les enfants. Les études ont démontré que les coups de soleil de l’enfance sont responsables de la surve-nue des cancers cutanés; particulière-ment, le mélanome.Le dépistage concerne les sujets de phototype clair et ceux porteurs d’af-fections particulières, telles que le Xe-roderma Pigmentosum et les naevus congénitaux. Il ne faut pas oublier que toute lésion pigmentée (ou pas) d’ap-parition récente doit faire l’objet d’un examen clinique et histologique.

La progression des cancers exige la pru-dence. Les chirurgiens ont-ils, toujours, le réflexe d’envoyer, pour analyse, tout organe, ou partie d’organe, ayant subi une ablation?Malheureusement, non. Nous recevons, toujours, des patients au stade de mé-tastase, qui nous rapportent une abla-tion d’un ongle noir, ou une intervention chirurgicale antérieure, sans étude ana-tomopathologique.

La société savante de pathologie est de création récente. Qu’a-t-elle apporté depuis, pour cette spécialité?La Société Algérienne de Pathologie (ASPATH) existe depuis plus de 10 ans. Elle nous a permis de nous exprimer, en présentant nos différents travaux. Aussi, des Enseignements Post Universitaires (EPU) ont été organisés, sous l’égide de l’ASPATH. Ils ont été assurés par d’éminents professeurs, de renommée mondiale. Ces EPU nous ont permis de parfaire nos connaissances et d’exposer certains de nos cas difficiles.

Nous sommes très en retard, dans le domaine de la biologie moléculaire, alors que nous avons les compétences. Pourquoi?C’est une question de moyens financiers! * Professeur Wahiba Ouahioune, chef de service ANAPATH de l'hôpital de Douéra

Un nouveau logiciel informatique per-met de déterminer, à 90%, si des lésions ou des tâches pulmonaires sont bé-nignes ou cancéreuses, chez des sujets à risque élevé de développer un cancer du poumon, selon une recherche cana-dienne, publiée mercredi, aux Etats-Unis.Les résultats de cette étude, qui s’ap-puie sur la tomodensitométrie, une technique d’imagerie médicale en 3D, assistée par ordinateur, devraient per-mettent d’améliorer le dépistage du cancer du poumon et son traitement. "Ce logiciel aura un impact clinique im-médiat", juge le Dr Stephen Lam, pro-fesseur de médecine à l’Université de Colombie-Britannique (Canada), prin-cipal auteur de ces travaux, parus dans le New England Journal of Medicine, du 5 septembre. "Nous savons, déjà, que le dépistage par tomodensitométrie sauve des vies et désormais, nous avons la preuve que notre logiciel peut prédire, avec exactitude, lesquelles des anoma-lies, détectées par un premier scanner, sont cancéreuses ou bénignes", évitant d’autres tests, comme une biopsie ou une chirurgie, explique-t-il.Les chercheurs se sont appuyés sur deux séries de données, pour déve-lopper ce logiciel, provenant de 12.029

lésions pulmonaires, chez 2.961 fumeurs ou anciens fumeurs, âgés de 50 à 75 ans et ayant déjà subi un dépistage. Dans un premier groupe de 1.871 parti-cipants, soumis à des tests entre 2008 et 2010, un total de 7.008 lésions ont été détectées, dont 102 étaient cancé-reuses. Dans le second groupe de 1.090 personnes, 5.021 lésions ont été décou-vertes, dont 42 étaient malignes. Cette dernière étude a été menée de 2000 à 2010, dans le cadre de campagnes de prévention du cancer du poumon de l’Agence du cancer de Colombie-Britan-nique. Les participants ont été suivis, en moyenne, durant trois ans, dans le pre-mier groupe et huit ans et demi, dans le second.Cette recherche a permis, également, de montrer que les lésions, situées dans les lobes supérieurs du poumon, ont une plus grande probabilité d’être cancé-reuses. Les auteurs ont, aussi, constaté que le fait de trouver moins de lésions accroissait, nettement, les chances qu’elles soient malignes.Le cancer du poumon, qui résulte, sur-tout, du tabagisme est la première cause de mortalité, par cancer, dans le monde, avec 1,2 million de nouveaux cas par an, dont la grande majorité chez les hommes

Nouvel outil informatique, pour mieux détecter un

cancer du poumon

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DOSSIER

35Santé-MAGN°22 - Septembre 2013

LA VACCINATION CONTRE LES HPV NE DÉCOLLE PAS, EN FRANCE Le calendrier vaccinal 2013 recommande, désormais, que toutes les jeunes filles, de 11 à 14 ans, soient vaccinées contre les papillomavirus humains (HPV), pour éviter, plus tard, un éventuel cancer du col de l’utérus. La France était, en effet, le seul pays où la vaccination démarrait à 14 ans. Ce changement devrait permettre d’amélio-rer la couverture vaccinale, qui plafonne à 30% (en 3 doses) dans notre pays, contre 70% (en 3 doses) en Australie, par exemple. «Obtenir une bonne cou-verture vaccinale, c’est es-sentiel, si nous voulons que ce vaccin ait un impact en santé publique», indique le Pr. Catherine Weil-Olivier, pédiatre, professeur des universités (Paris VII). «Le fait que les autorités sanitaires françaises recom-mandent, désormais, la vaccination chez les jeunes filles entre 11 et 14ans, devrait nous permettre d’avoir une couverture plus large. A 11 ans, les parents acceptent plus facilement les vaccins, pour leurs enfants. Par ailleurs, c’est, également, un âge où d’autres vaccinations sont intégrées dans le calendrier vaccinal». Autre argument de poids selon elle, «la réponse immunitaire entre 11 et 14 ans est bien meilleure». Pour qu’un programme de vaccination soit opérationnel et efficace, le taux de

couverture vaccinale doit se situer entre 70% et 80%. «C’est indispensable pour obtenir, à la fois, une protection indivi-duelle contre les papillomavirus humains (HPV) et une immunité de groupe. Ceci a été démontré en Australie, où 70% des jeunes filles sont vaccinées en 3 doses avec le vaccin quadrivalent, qui protège, aussi, des verrues génitales.

Autrement dit, des marqueurs précoces des maladies dues aux HPV. Dans ce pays, nous avons constaté une baisse importante, d’environ 90%, de la survenue des ver-rues génitales chez les jeunes femmes; mais, également, chez les jeunes hommes hétérosexuels, qui ne bénéficiaient pas du

programme de vaccination. C’est ce que nous appelons une immunité de groupe». Un phénomène que l’on ob-serve, également, pour la vaccination contre la grippe, ou encore, contre la rougeole, à partir d’une certaine cou-verture vaccinale.

RASSURER, EXPLIQUER, CONVAINCREC’est peu dire qu’en France, nous sommes très loin de cet objectif d’une couverture vaccinale de 70%. Si les nouvelles recommandations vaccinales devraient permettre d’inverser la ten-dance, sur le terrain, les professionnels

de santé ont, aussi, un rôle capital à jouer. Pour Marie Veluire, gynécologue-obstétricien, «il faut prendre du temps, pour expliquer l’intérêt des vaccins. Nous devons comprendre quels sont les freins à la vaccination. Très souvent, revient la peur liée à la vaccination contre l’hépa-tite B. Et j’explique qu’il n y a pas de lien entre les vaccins et la survenue des maladies auto-immunes». Le Dr Veluire enfonce le clou: «En France, quand on compare la situation des femmes vacci-nées et de celles qui ne le sont pas, nous observons qu’il n’y a pas plus de mala-dies auto-immunes dans le groupe vac-ciné, par rapport au groupe non vacciné. Plus de 110 millions de doses de ce vac-cin ont été distribuées, dans le monde et il a été mis en place un suivi, très rigoureux, de la tolérance. Et aucun si-gnal n’a été détecté».La vaccina-tion ne pro-tégeant pas de tous les cancers du col de l’utérus, il est indis-pensable de rappeler que même vacci-née, il faut faire des frottis de dépistage réguliers, à partir de 25 ans. Il est re-commandé tous les 3 ans, après 2 frottis normaux à 1 an d’intervalle, à toutes les femmes à partir de 25 ans et jusqu’à 65 ans, qu’elles soient vaccinées ou non

Cancer du col de l’utérus et couverture vaccinale:

objectif 70%

Pr. Catherine Weil-Olivier

Dr Marie Veluire

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36 Santé-MAG

RECHERCHES MÉDICALES

N°22 - Septembre 2013

INTRODUCTION: Les aspects éthiques sont nombreux et divers, en Néphrologie. Ils évoluent parallèlement aux progrès de la disci-pline. Pour le clinicien, c’est au moment de la prise en charge des patients en insuffisance rénale chronique terminale (ceux qui vont nécessiter un traitement de suppléance à vie, par la dialyse et/ou la transplantation rénale) que vont se poser les délicates et difficiles questions éthiques.Il s’agit de malades qui ont perdu l’usage de leurs deux reins. De nombreuses affections chroniques ont un retentis-sement rénal et sont à l’origine de mul-tiples complications rénales. La compli-cation la plus grave étant l’Insuffisance rénale chronique terminale (IRCT). Les problèmes thérapeutiques et les

questions éthiques, soulevés par la mort rénale de nos patients, sont complexes et bien souvent, difficiles à résoudre. Il y a, d’abord, le contexte spécifique des maladies rénales chroniques: la destruc-tion des reins est progressive. Elle est, très souvent, cliniquement silencieuse et elle est, toujours, indolore. Les pa-tients ont, donc, de la peine à, entre vifs, comprendre (et surtout, à accepter) ce qui leur arrive brusquement, lorsqu’on leur annonce qu’ils souffrent d’une in-suffisance rénale terminale! Pour tous les patients, leur vie est, tout simplement, bouleversée, leurs espoirs complètement brisés. Leur réac-tion, face à la maladie (face au verdict médical), est très différente d’un cas à l’autre; allant de l’incrédulité, au déni pur et simple, à l’abattement, au refus

des soins, à la résignation et enfin, plus rarement, à la coopération. On leur parle, alors, de traitement de suppléance à vie, par "une machine"(la dialyse), du don d’organes dans la fa-mille, de transplantation rénale, de mé-dicaments à prendre à vie, etc…En Algérie, (c’est la même chose, ail-leurs !), encore aujourd’hui, lors de la première consultation en néphrologie, plus de la moitié des patients, qui nous sont confiés, nous disent qu’ils igno-raient totalement (ou presque…) qu’ils souffraient d’une maladie rénale chro-nique ancienne. Si, pour les patients déjà suivis en né-phrologie, le retentissement psycholo-gique, à l’annonce de la mort rénale, est moindre, car ils ont, déjà, été "préparés"à l’avance à cette difficile échéance,

Les questions éthiques, soulevées par la transplantation rénale entre vifs, en Algérie:

Quelles solutions, pour réduire la longue attente des dialysés?

Pr. F. Haddoum*

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RECHERCHES MÉDICALES

N°22 - Septembre 2013

l’impact est extrêmement douloureux, pour tous les autres patients, que l’on peut qualifier de "naïfs"et "d’innocents". Leur entourage subit le même "choc", qui les amènent, pour beaucoup, à mul-tiplier les avis, les consultations et à "visiter"toutes sortes de charlatans et guérisseurs, qui font "profit"du désarroi des familles.Une fois les "choses"dites, commence, alors, pour le malade et pour son entou-rage, un véritable "parcours du com-battant", avec les interrogations: quelle technique de dialyse: hémodialyse ou dialyse péritonéale à domicile? Quelle sera ma future position et mes droits, vis-à-vis de l’assurance-maladie? Vais-je garder mon emploi? Puis-je être greffé du rein? La greffe rénale est-elle mieux que la dialyse? Pourrais-je me marier? Pourrais-je avoir des enfants? Ma famille peut-elle me donner un rein? D’autres personnes peuvent-elles me faire don de leur rein? Est-ce possible, en Algérie, (la transplantation) avec un rein de ca-davre? Tous les soins sont-ils "gratuits"? Tous les nouveaux médicaments sont-ils disponibles? Etc…

Le "décor" est, dès lors, planté !

QUESTIONS ÉTHIQUES, LIÉES À LA TRANSPLANTATION RÉNALE:Les problèmes éthiques et moraux, sou-levés par la dialyse chronique sont très différents et méritent d’être traités sé-parément et ultérieurement. Avant d’aborder les enjeux éthiques de la transplantation rénale, dans la deu-xième partie de ce document, nous fe-rons un exposé, en première partie, sur l’état actuel de la transplantation rénale, en Algérie.

PREMIERE PARTIE:

LA TRANSPLANTATION RÉNALE: le cap de bonne espérance Dans la majorité des cas, les Insuffisants rénaux cherchent une solution à leur drame personnel et vont tenter de se rapprocher des équipes de transplanta-tion rénale existantes, en Algérie. Quelques dialysés chroniques vont s’adresser, directement, à des équipes étrangères, en France, Jordanie, Pakis-tan, Arabie Saoudite, Cuba, etc… C’est ainsi que, chaque année, entre 20 et 30 dialysés chroniques vont "réussir"à être greffés dans ces différents pays, avec presque toujours, un donneur vivant; exceptionnellement avec un donneur cadavérique.

Ces "happy-few"que l’on peut qualifier "d’exilés thérapeutiques"arrivent à sur-monter toutes les barrières à la trans-plantation (barrières financières, admi-nistratives et médicales). Ils réussiront à bénéficier d’une greffe rénale, réalisée par une équipe étrangère, dans un pays étranger, quelquefois très lointain. Ils reviendront en Algérie, habituellement avec un compte-rendu opératoire suc-cinct, plus rarement un compte-rendu médical détaillé et toujours, avec le sou-rire enfin retrouvé ! Ils vont, systémati-quement, bénéficier d’un suivi médical spécialisé et de l’entière gratuité des très coûteux médicaments immuno-suppresseurs. Une démarche et "une victoire"personnelles, dont ils tirent une grande satisfaction …

POUR TOUS LES AUTRES, LEUR "DESTIN MÉDICAL"VA SE JOUER EN ALGÉRIE ! Au cours des premiers mois de la mise en dialyse, au plus fort de l’émotion de la famille et des proches, les démarches, pour la greffe rénale en Algérie, se mul-tiplient. Cependant, l’accès à la greffe étant encore très limité, beaucoup res-teront en dialyse, pour de nombreuses années. Certains ne seront jamais gref-fés. La chute de la "fièvre émotionnelle", chez les proches et les complications, qui vont apparaître, inévitablement, en dialyse feront du chemin et mettront un terme, définitif, à leurs projets de greffe rénale…Pour exemple, les transfusions san-guines "sauvages"non contrôlées, en-core trop nombreuses dans nos centres de dialyse, sont à l’origine de la plus im-portante des barrières immunologiques à la greffe rénale et elles sont directe-ment responsables de nombreux échecs post-greffes. Ceci est regrettable, à l’ère de l’Erythro-poïétine et du fer injectable, deux médi-caments disponibles en Algérie et entiè-rement pris en charge, ou remboursés par notre pays, depuis 2007. Dans tous les autres pays qui disposent, comme chez nous, de ces deux traitements, le recours aux transfusions sanguines est devenu tout à fait exceptionnel, chez les dialysés et il est très fortement encadré.

L’OFFRE DE TRANSPLANTATION RÉNALE, EN ALGÉRIE: Le lecteur veut sûrement connaître l’offre de soins actuelle, en matière de transplantation rénale, en Algérie. Le nombre de greffes rénales réalisées, annuellement, dans notre pays reste

très faible. Depuis ses débuts, en 1986 et jusqu’en 2006, seule une dizaine de greffes rénales annuelles étaient réali-sées (moins de 250 greffes rénales en 20 années, par seulement 02 centres de transplantation). A partir de 2007, un léger saut quanti-tatif a été enregistré, puisque la barre des 100 greffes rénales annuelles a été franchie. Nous réalisons annuellement, en Algérie, entre 100 et 130 greffes rénales depuis 2007. La majorité des greffes rénales sont faites à partir de donneurs vivants. Pour les greffes rénales à partir de donneurs en Etat de Mort Encépha-lique ( EME ), seules deux grandes "expériences"ont été menées (avec suc-cès), en Algérie. La première en 2002, à Constantine et la seconde en 2011, puis 2012 à Blida. Elles totalisent, toutes les deux, cinq donneurs "cadavériques"; soit, 10 greffons rénaux. Malgré ce formidable élan, réalisé par des équipes de transplantation mul-tidisciplinaires, très engagées et très motivées, la greffe rénale, à partir de donneurs en EME, est tout à fait margi-nale et reste très confidentielle, pour le moment. En 2012, en Algérie, 95 dialysés ont bénéficié d’une greffe rénale par don-neur vivant et 02 dialysés ont été gref-fés avec un rein de cadavre. Toujours, en 2012, 22 dialysés ont été greffés à l’étranger. Ainsi, en 2012, seuls 119 dialy-sés chroniques ont eu accès à la greffe rénale; soit, moins de 01 % de l’ensemble des dialysés pour la même époque. Pour mieux nous situer et pouvoir com-parer l’offre de transplantation rénale, en Algérie, avec celle d’autres pays de la région méditerranéenne et du Moyen-Orient, voici quelques données, pour l’année 2012, en nombre de greffes ré-nales déclarées: Tunisie: 127 greffes, Syrie: 366 greffes, Palestine: 34 greffes, Egypte: 985 greffes, Jordanie: 138 greffes, Arabie Saoudite: 706 greffes, Turquie: 2416 greffes, Iran: 2279 greffes.

LA DEMANDE, EN MATIÈRE DE TRANSPLANTATION RÉNALE, EN ALGÉRIE: Le nombre de patients en IRCT, traités par des méthodes de dialyse, en Algé-rie, s’élevait, en 2012, à un peu plus 16.000 malades. Au minimum, un tiers d’entre-eux sont des candidats à une

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transplantation rénale. Ainsi, plus de 5000 dialysés chroniques sont des re-ceveurs potentiels. La demande reste très forte et elle est bien loin d’être satisfaite, à l’heure ac-tuelle. La dialyse, qui devait être, pour tous ces patients, au début, juste une "salle d’attente"avant une greffe rénale, va se transformer - progressivement - en une "prison à vie ", pour des centaines de patients. A cela, chaque année de nouveaux pa-tients viennent "grossir" les rangs des anciens dialysés chroniques, qui vont connaître, eux aussi, le même sort. Les moyens financiers dont dispose notre pays permet, actuellement, de prendre en charge tous les patients qui nécessitent un traitement, régulier, par dialyse. Ceci a, évidemment, un coût qui est devenu croissant, au fil du temps et ce coût risque de peser, lourdement, sur les finances publiques, dans les années à venir.

LE FAIBLE NOMBRE DE GREFFES RÉNALES, EN ALGÉRIE: LES RAISONS Les équipes algériennes de néphro-logie se sont engagées, tardivement, dans le domaine de la transplantation rénale. C’est aux néphrologues, qui sont confrontés, au premier chef, par la souf-france et la détresse des dialysés, que revient la "mission"de convaincre leurs autres collègues, impliqués dans le pro-gramme de greffes rénales (chirurgiens, immunologistes, réanimateurs, radio-logues, etc…) de la nécessité – absolue - de poursuivre l’effort de transplanta-tion. Les néphrologues, à travers leurs organisations, ont le devoir médical, moral et "citoyen", de "plaider"pour plus

de transplantation rénale, en Algérie.Les néphrologues doivent, également, convaincre les autorités politiques de la Santé, d’inscrire la transplantation rénale comme priorité nationale, pour les décennies à venir. Certes, beaucoup a été fait ces dernières années; mais, beaucoup reste à faire, pour réduire le temps d’attente des patients et pour promouvoir la greffe rénale, auprès de la société médicale et civile. La transplantation rénale est considérée comme le meilleur traitement possible de l’IRCT. Elle doit, donc, être envisagée et proposée chez tout patient atteint d’IRCT.

Un programme national de déve-loppement des greffes rénales, avec un "modèle Algérien", est une des voies possibles, avec comme objectif initial, la promo-tion du donneur vivant et à terme, la greffe par donneur cadavérique.

La barre des 200, puis 300, puis 400, puis 500 greffes rénales annuelles, en Algérie - à franchir, tous les 03 ans - est du domaine du possible, en alliant la volonté politique au dynamisme des équipes de transplantation rénale.Les greffes rénales totalisent, réguliè-rement, 75 % des greffes d’organes, dans le monde, tant et si bien que les modèles de développement des greffes rénales deviendront, dans de nombreux pays, les "gold standards"; l’exemple à suivre, pour le développement des autres greffes d’organes...

LE FAIBLE NOMBRE DE GREFFES RÉNALES: QUELLES CONSEQUENCES POUR LES DIALYSÉS? L’espoir d’être greffé, un jour, reste immense, chez tous les dialysés chro-niques, quel que soit leur âge, leur sexe, leur condition sociale, leur niveau d’ins-truction. C’est une aspiration légitime. Les listes d’attente, pour greffe rénale, s’allongent dans tous nos services de néphrologie et nos centres de dialyse. Un grand nombre de dialysés attendent, depuis des mois et des années, avec leur donneur, avec l’espoir d’être gref-fés, un jour, dans nos structures (du moins, ceux qui ont la chance d’avoir un donneur motivé et très patient !). Cette longue attente est extrêmement préjudiciable, pour le receveur. Il risque, avant tout, de perdre son donneur, par démotivation. Ce dernier commence par s’éloigner, puis finit par changer d’avis, dans les cas extrêmes et refuser le don.

Des barrières à la transplantation rénale peuvent apparaître, durant cette pé-riode d’attente, si elle est trop longue, chez tous les receveurs. Ces barrières peuvent être de nature médicale (affec-tion cardio-vasculaire), de nature infec-tieuse (hépatite virale), chirurgicale (athérome vasculaire) ou, le plus sou-vent, d’ordre immunologique (par déve-loppement d’anticorps, après des trans-fusions sanguines non contrôlées), pour ne citer que ces quelques contraintes !

DEUXIEME PARTIE:

L’ÉTHIQUE, EN TRANSPLANTATION Le lecteur aura pris bonne note de l’im-périeuse nécessité de développer l’offre de soins en transplantation rénale, afin de satisfaire à la demande croissante. Les néphrologues ont la lourde tâche, le devoir et la responsabilité de dynamiser cette voie thérapeutique. La situation que connaît notre pays, dans le domaine de la transplantation rénale, nous interpelle et nous renvoie directement aux nombreuses questions politiques, organisationnelles, cultu-relles, cultuelles, sociétales et éthiques, qui sont liées à la transplantation d’or-ganes. Nous ne pouvons aborder, ici, tous ces aspects, qui ont un rapport direct avec la greffe rénale. Nous nous contenterons d’examiner et d’analyser, dans ce qui suit, l’éthique de la transplantation rénale, dans le contexte de notre pays et de notre mé-decine. La Transplantation d’organes qui revient à "Soigner l’Homme, par l’Homme", est, certes, différente (mais complémen-taire) de la médecine conventionnelle. Bien que "moderne"et efficace, elle reste une Médecine Transgressive; ce qui peut soulever l’émoi et des craintes fondées, au sein de l’opinion médicale et publique. La communauté médicale reste particulièrement attachée au prin-cipe, antique, du "primum non nocere "! Ici, plus qu’ailleurs, les avancées tech-niques interrogent la morale et tous les principes éthiques fondamentaux ! Le développement, harmonieux et durable, de toute politique ambitieuse de trans-plantation rénale (fortement souhai-tée) va se heurter, inévitablement, aux questions éthiques et au respect de la dignité humaine. Nous allons les passer en revue…La transplantation à partir de donneurs en EME (donneurs décédés) n’étant pas réalisée de façon régulière, pour l’heure,

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en Algérie, nous aborderons – essentiel-lement - l’éthique de la transplantation rénale par donneur vivant.

ETHIQUE DE LA TRANSPLANTATION, PAR DONNEUR VIVANT: Support de la personne, le corps humain est, en principe, inviolable et indispo-nible. Pourtant, les progrès (immenses) de la Médecine de Transplantation des dernières décennies ont conduit à mul-tiplier et à diversifier les prélèvements et utilisations du corps humain et de ses éléments, à des fins thérapeutiques.Le don d’organes, de vif-à-vif, repré-sente un aspect de ces possibilités techniques nouvelles. Des enfants, des femmes et des hommes peuvent être sauvés, par une transplantation d’or-ganes. Cette technique ne concerne que les organes doubles (reins), ou les or-ganes clivables (foie), selon une struc-turation anatomique précise. Le rein est l’organe double le plus prélevé dans le monde, pour une transplantation entre vifs. Si louable que puisse être le don d’or-ganes d’un père à son enfant, d’un frère à une sœur …, cette pratique n’en soulève, pas moins, d’importants pro-blèmes éthiques. Le prélèvement d’organes représente, en effet, un acte mutilant et violent, à l’encontre du corps humain et de la per-sonne, ainsi visée. Conscient de cette violence et des risques, liés à la situa-tion passionnelle du don de vif à vif, le Législateur a réglementé cette pratique, en l’encadrant et en la soumettant à quelques grands principes éthiques reconnus. C’est la Loi Sanitaire de 1985, qui auto-risera, en Algérie, les transplantations rénales, à partir de donneurs vivants, appartenant à la famille du receveur. Cette Loi sera complétée, par la suite, pour permettre les prélèvements d’or-ganes sur personnes décédées, à des fins thérapeutiques. De plus, les Hautes Autorités Religieuses de notre pays ont déclaré licites et Hallal les prélèvements d’organes, sur donneur vivant, au sein de la famille d’un patient, ainsi que les prélèvements d’organes sur personnes décédées, à des seules fins thérapeutiques.La transplantation rénale peut, dès lors, s’appuyer sur ses deux socles juridiques et religieux, pour se développer et per-mettre, ainsi, aux nombreux dialysés de retrouver une vie normale, loin de la ser-vitude, à laquelle ils sont soumis, régu-lièrement, par les techniques de dialyse.

QUESTIONS ÉTHIQUES, SOULEVÉES PAR LE DON DE REIN ENTRE VIFS:L’encadrement Juridique et Ethique du don de rein s’appuie sur la Loi Sanitaire, promulguée en 1985. Le donneur doit avoir la qualité de membre de la famille du receveur. Donneur et Receveur sont clairement identifiés. Le prélèvement est, par ailleurs, assigné à une finalité thérapeutique directe chez le receveur et à la gratuité du don. Dans ce cadre précis, la licéité éthique est subordonnée à deux grands prin-cipes: la règle de proportionnalité et la règle du consentement, libre et éclairé. Selon la première règle, le prélèvement d’organe ne doit pas occasionner de risques démesurés, pour le donneur. La justification médicale doit être véri-fiée. Les risques du traitement proposé doivent être en rapport avec les effets thérapeutiques escomptés et prévi-sibles. La seconde règle veut que le donneur vivant, dûment informé des risques (physiques et psychologiques) encourus par lui-même; mais, aussi, des échecs possibles chez le receveur et des consé-quences, possibles, du prélèvement, consente librement et expressément. L’Islam ne dit pas autre chose: dans le respect de ces règles, la religion musul-mane approuve les homo-transplanta-tions, y compris de vif-à-vif, au nom du principe de solidarité, qui unit les êtres humains et conformément à la Sunna, qui invite au don envers les souffrants. Il est écrit, dans le Saint Coran: "Qui a sauvé une vie, a sauvé l’humanité". Les autres religions monothéistes adoptent la même position que la reli-gion musulmane. Si ces règles sont, relativement, claires en théorie, leur application pratique s’avère, pourtant, plus laborieuse. En effet, comment évaluer des risques, qui concernent non seulement la santé phy-sique, mais aussi, l’état psychologique et mental du donneur? L’exercice est très délicat, l’ablation d’un organe peut exposer, ce dernier, à des aléas non né-gligeables pour sa santé et même, pour sa vie. Quant aux conséquences psycho-logiques, comment les apprécier, alors que - par essence -, elles s’étalent dans le temps, parfois sur de longues années, voire toute une vie; spécialement, en cas d’échec de la transplantation? Le consentement lui-même, cette com-posante essentielle du contrat médical, est soumis aux pressions de la situation pathologique (l’émotion, dont on parlait plus haut…), au pouvoir du corps médi-

cal (incitation pressante, ou l’inverse), à la coercition intrafamiliale (chantage affectif et / ou sentiment de culpabilité), pour ne citer que ces facteurs.Le rôle du néphrologue est, ici, primordial et l’exercice est très délicat. Le corps médi-cal détient son propre capital symbolique dans son pouvoir sur la santé des individus. Il occupe une position dominante, y compris sur la famille et dit ce qui est "bien", pour chacun. Le néphrologue va indiquer, par conséquent, où se situe le "devoir familial", à remplir par un "biologiquement"désigné, ou un affectivement choisi. Certains avancent l’opinion suivante: sous des apparences de recherche de compatibilité tissulaire, sous la forme du dialogue et de l’information, la médecine désigne, donc, quelqu’un à qui elle prescrit- en quelque sorte- son devoir fami-lial (sa mission morale) et peut, ainsi, exercer sur lui - in-fine - une pression psychologique. La question éthique majeure du don d’organes, entre vifs, s’interroge, finale-ment, moins sur les règles à suivre que sur le discernement à opérer.

Nous essayerons de repérer quels élé-ments, ou quels critères sont suscep-tibles d’éclairer la pratique de la trans-plantation rénale de vif- à- vif? . De façon schématique, le difficile dis-cernement éthique est appelé à prendre en compte trois repères essentiels, lors des consultations pré-greffes: Le premier repère est lié à la relation de

pouvoir: plus le sujet est en situation de dominé, plus le geste transplantatoire de vif-à-vif sera "violent"(aussi bien pour le donneur que pour le receveur) et plus le consentement sera aléatoire et l’autonomie du sujet compromise. Le second repère évalue le capital

symbolique, au sein de la famille, sus-

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ceptible de neutraliser, ou de fortement réduire "la violence"du geste transplan-tatoire. Pour le choix du donneur, on tiendra compte de sa position au sein de la famille: les parents sont, ainsi, mieux placés que les enfants, les aînés que les cadets, l’homme que la femme, le frère que la sœur, etc… Enfin, l’âge constitue le troisième re-

père: plus on est jeune, plus on est fra-gile et plus on est menacé par le pouvoir des personnes ayant autorité. Le discernement éthique implique la prise en compte des rapports de force engagés, de la fragilité du consente-ment, selon la position dans la struc-ture familiale et appelle, donc, à une prudence d’autant plus grande que l’on s’éloigne de la position dominante. TRANSPLANTATION ENTRE VIFS ET SITUATIONS PARTICULIERES: Le don contribue à justifier le don-neur dans sa propre existence. Et pas de n’importe quelle façon, puisqu’il le conforte et le confirme dans l’ordre du mérite: un père ou une mère méritants, un frère ou une sœur généreux, un fils ou une fille reconnaissants, un conjoint exemplaire. Le donneur se replace, en somme, dans l’espace social et familial comme un membre digne, ayant rempli honora-blement son devoir: parental, fraternel, filial, conjugal, affectif ou altruiste. Nous allons, ici, passer en revue, de façon succincte, quelques situations en-trant dans le cadre du don de rein entre vivants:

Don de parents à enfants:La symbolique du devoir parental de-meure, très fortement, ancrée dans notre société. Le devoir parental est un devoir sacré auquel on ne réchappe pas, sous peine d’y perdre son honneur, son identité même (si je ne donne pas mon rein, je ne mériterai plus d’être appelé père / mère). Ce geste les valorise et leur pouvoir d’autorité sur l’enfant se double d’un pouvoir de vie. Par leur compatibilité biologique, ils donnent de la vie à leur enfant, une seconde fois. En revanche, l’enfant - qui a reçu - de-vra manifester plus de gratitude qu’un autre…

Don d’enfants aux parents: Ce don demeure celui d’un dominé à un dominant, dans le cadre de l’honneur à rendre à ses parents. Mais, sans doute, est-il moins évident que dans la situa-tion précédente. De nombreux méde-

cins voient d’un "mauvais œil"ce don filial et ne l’encouragent pas. Quand les parents et spécialement le père, dans sa position de "patriarche", contraignent psychologiquement l’enfant, en vertu du devoir sacré d’obéissance à ses parents, à faire don de son rein, la pression sym-bolique peut-être trop forte et donc, contraire à l’éthique.

Don entre Conjoints: Entre conjoints, un fort capital affectif peut permettre d’assumer complète-ment l’acte de donner un rein, malgré tous les risques. La pression affective atteint – ici - un summum, au point de devenir une véritable obligation morale. Le don peut-être vu, également, comme une preuve d’amour supplémentaire, envers son conjoint. Les mariages entre cousins de 1er degré, ou de 2ème degré, augmentent les "chances"de compati-bilité HLA, entre conjoints et peuvent, ainsi, faciliter grandement le don. Les épouses sont, plus souvent, donneuses que receveuses. Cela peut paraître, à première vue, lié au statut de la femme et très rapidement, mis sur le compte de la logique de domination masculine. En réalité, l’explication est à chercher du côté de l’immunologie de transplanta-tion. Les épouses vont développer, au cours des grossesses, des anticorps diri-gés contre les antigènes HLA du mari. Ces anticorps vont, malheureusement, interdire le don de rein, provenant du mari. Il s’agit, le plus souvent, en réalité, d’une "inégalité immunologique"et c’est elle qui pénalise les épouses.

Don entre cousins, oncles, neveux: Il s’agit, ici, de don de rein entre per-sonnes génétiquement apparentées, au sein de la "grande famille", au sens coutumier de notre culture. En l’ab-sence d’autres donneurs, dans la famille nucléaire, de nombreux médecins n’hé-sitent pas à nous proposer ce type de don intrafamilial, lorsque c’est l’unique solution thérapeutique.

Don en dehors des liens génétiques: Nous avons limité notre propos au Cadre Législatif Algérien; mais, peut-être que demain, les dons d’organes de vif-à-vif seront généralisés, comme c’est, déjà, le cas, légalement, dans certains pays (aux Pays-Bas, dans les Pays Scandinaves). Un donneur vivant pourrait, dans cer-taines conditions, faire don de son rein, anonymement ou non, à un ami cher, à un collègue, à un voisin, ou à toute autre personne dans le besoin.

Le "don altruiste", fait par des donneurs de rein vivants sont, de plus en plus, ac-ceptés et pratiqués dans les pays d’Eu-rope du Nord. Ils sont, naturellement, très encadrés et permettent - à ces don-neurs "militants "- de s’accomplir, dans ce qu’ils considèrent comme un acte de foi. Ils viennent, tout simplement et bénévolement, au secours de leur pro-chain.

ETHIQUE DE LA PROMOTION DU DON DE REIN, ENTRE VIFS: Dans le monde, malgré la pénurie d’or-ganes et les excellents résultats des transplantations rénales, réalisées à partir de donneurs vivants, cette pra-tique (le don entre vifs) connaît un développement très hétérogène, selon les continents et selon les pays. Cette hétérogénéité souligne la persistance de tensions éthiques, les très fortes suspi-cions morales, auxquelles s’est ajoutée l’émergence d’un large trafic d’organes, sous la forme d’un véritable tourisme de transplantation organisé. Toutes ces données renforcent la nécessité d’un encadrement, strict, du don entre vifs, garant du respect de la loi. L’Algérie reste "frileuse", vis-à-vis de l’élargissement du cercle, légalement autorisé, des donneurs vivants, pré-alable indispensable à l’expansion de cette pratique, déjà courante en Europe du Nord, où elle est, maintenant, enca-drée. Les programmes de transplanta-tion, à partir de donneurs vivants, se sont développés inégalement, d’un pays à l’autre; le plus souvent, de manière inver-sement proportionnelle au développe-ment de programmes de transplantation à partir de donneurs décédés (en EME). Depuis quelques années, la pénurie crois-sante d’organes remet en cause la légiti-mité de ces choix et a imposé la nécessité de développer, simultanément, les deux programmes. La transplantation rénale, à partir de donneurs vivants, offre, aux receveurs, une meilleure garantie de re-cevoir un rein de très bonne qualité. De plus, les résultats des greffes rénales, à partir de donneurs vivants, sont, très net-tement, supérieurs à ceux obtenus avec les donneurs en EME. Ces considérations sont, bien entendu, à mettre en regard des conséquences d’une néphrectomie, pour les donneurs vivants. En effet, à côté des questions médi-cales et scientifiques, la promotion du "Don de Rein entre Vifs" va se heurter aux questions éthiques fondamentales, déjà citées.

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Dans le contexte actuel, de notre pays, qui doit développer son offre de soins en transplantation rénale, la mission du Législateur sera d'autant plus délicate que le cadre juridique se doit d’être évolutif, pour prendre en compte, à la fois, l'avancée des connaissances scien-tifiques; mais, également, nos besoins en terme de transplantation. Il doit, naturellement, tenir compte des choix de la société civile et de la communauté médicale, dans ce domaine. La future Loi Sanitaire de notre pays saura, certainement, tenir compte de toutes ces évolutions et elle permet-tra - peut-être - pour les années à venir, la promotion et l’élargissement du cercle légal des donneurs de rein. Elle déclarera la Transplantation Ré-nale: Priorité Nationale de Santé Pu-blique.Les professionnels de la greffe rénale espèrent un élargissement du cadre légal qui leur permettra de travailler, en toute légalité et en toute légitimité. Les dialysés, qui continuent de souffrir en silence, espèrent, eux aussi, à la mise en place d’un futur socle juridique inci-tatif, à même de leur permettre de sortir de cette prison à vie, j’ai nommé: la dia-lyse chronique.

CONCLUSION: Le don d’organe de vif-à-vif n’est pas un geste anodin, loin s’en faut. Il pose des questions redoutables et appelle à la grande prudence. Il ne peut être assumé que dans une relation authentique, où les sciences de l’éthique tiendront toute leur place.

"La transplantation, sans éthique, n’est que ruine de l’âme "

Un programme national de transplan-tation rénale est, aujourd’hui, néces-saire. Tout comme la formation des futurs professionnels de la greffe rénale est hautement stratégique, le renforcement et la motivation des équipes actuelles de transplantation rénale sont devenus nécessaires; comme est indispensable l’attribution de fonds spéciaux pour doubler, puis tripler, jusqu’à quadrupler, l’activité, annuelle, de greffes rénales, dans notre pays

* Pr. F. HaddoumService Néphrologie–Transplantation–Plasmaphérèses, CHU Hussein-Dey, Alger.

Un de nos plus éminents chirurgiens thoraciques vient de s’éteindre, ce 1er octobre 2013, terrassé par la grande faucheuse. Pourtant, il était en train de la combattre, sur son lieu de tra-vail, comme le fit son père, bien avant lui. Combien lui en a–t-il ravi, avant de l’être lui-même ? Il s’est éteint au combat, comme le guerrier qu’il était dans la vie.

AMEUR Soltane - Ch’rif, pour les in-times - était âgé de 63 ans révolus. Honorable, il l’était à plus d’un titre. De par, d’abord, son militantisme pour les Droits de l’Homme  ; car, depuis sa prime jeunesse, il n’a ces-sé de lutter pour une société moins inégalitaire, plus juste et plus frater-nelle. Militant, mais jamais partisan, il a, toujours, tenté de rassembler, sans discontinuer. Ensuite, pour la noble carrière qu’il a embrassée, suivant, en cela, le chemin de son père, lui-même médecin des pauvres, dans les années trente, quarante et cinquante, dans ces contrées de Kabylie, où sa pro-géniture a vu le jour, en s’installant à Bordj-Ménaiel. Et parmi elle, celui qui allait suivre son chemin, en devenant l’un de nos plus respectés chirurgiens, dans son pays, l’Algérie.

Professeur en chirurgie thoracique, à l’hôpital Mustapha Bacha d’Alger et Président de la Société Algérienne d’Oncologie thoracique (SAOT), il fut ce brillant hospitalo-universitaire reconnu, y compris par la commu-nauté scientifique internationale, pour ses contributions  ; particulière-ment, pour le ‘’Plan Cancer’’. Il venait de proposer, verbalement, il y a seu-lement quelques jours, à l’un de nos quotidiens, qui fait référence en Algé-rie, une série d’articles constituant ce qu’il a appelé ‘’un bilan de la Santé en Algérie, de 1962 à nos jours’’… Pré-sident d’honneur de l’Association de Formation Médicale Continue (AFMC) de Bordj-Ménaiel, il y apporta sa contribution effective, en contribuant à l’organisation et à la réussite de nombreuses journées scientifiques.

Fuyant les fastes de la ‘’Cour’’, il resta, toute sa vie, simple et dévoué à ses semblables, qu’il assista sans relâche, jusqu’à ce jour fatidique…où son cœur a lâché, laissant une femme éplorée (Professeur, elle-même, en chirur-gie thoracique) et un enfant d’une dizaine d’années à peine, qui devra apprendre à se consoler d’avoir perdu son papa et son meilleur ami.

Il restera l’exemple de la droiture, avec un sens de la famille et de l’ami-tié aiguisé, mêlé à une rectitude qui l’a, toujours, tenue éloigné des com-promis et des compromissions, ainsi que des biens matériels de ce riche pays, si convoités de nos jours  ; les-quels auraient pu lui permettre de vivre un peu plus à l’aise qu’il ne l’a été, s’il l’avait voulu.

Paix à tes cendres et que Dieu t’ac-cueille en son vaste Paradis, car en ce bas monde et devant les humains, tu n’as pas démérité. Bien au contraire, ton souvenir restera vivace chez ceux qui t’ont connu et apprécié. Beau-coup te pleureront et ne cesseront de refleurir ta tombe, située à côté de celle de ton père, que tu aimais tant et que tu as rejoins, de la même manière.ADIEU PROFESSEUR. ADIEU L’AMI !

HOMMAGE à celui qui nous a quittés, le Professeur AMEUR Soltane

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Une affection très courante, surtout chez les enfants et les adolescents. L’angine, est une infection de la gorge, le plus souvent bénigne; mais, ses complications ne sont, de très loin, pas négligeables. Souvent, on croit qu'elle est plus fréquente en hiver; mais, en réalité, elle peut survenir à n’importe quel moment de l’année. Quelles sont les différents types d’angine ? Dans quels cas les antibiotiques sont efficaces? Que doit-on savoir sur l’ablation des amygdales?.....Toutes les réponses dans notre dossier.

ANGINE: INFECTION AIGUË DES AMYGDALESC’est une pathologie infectieuse, d’ori-gine virale, ou bactérienne. L’angine se traduit par une inflammation aiguë des amygdales, ou de l’ensemble de l’oro-pharynx (partie moyenne du pharynx). Au sens large, l’angine, est une pharyn-gite aiguë. Quand l’inflammation inclut les amygdales, on parle, plus précisé-ment, d’amygdalite aiguë. Elle consti-

tue un syndrome qui associe une fièvre, une gêne douloureuse à la déglutition (odynophagie) et une modification de l’aspect du pharynx et des amygdales.

L’ANGINE VIRALE: L’ANGINE LA PLUS RÉPANDUEEntre 50 à 90% des angines ont une origine virale. Les virus les plus souvent impliqués sont: les adénovirus, le virus influenza (responsable de la grippe), le virus respiratoire syncytial (responsable de la bronchiolite du nourrisson). Rare-ment, on retrouve le virus Epstein-Barr (EBV), à l’ origine d’angines virales. Ce dernier signe une mononucléose, qui se distingue par la présence de symp-tômes persistants dans le temps et d’une fatigue invalidante.

LES ANGINES BACTÉRIENNES SONT MOINS FRÉQUENTES, MAIS PLUS GRAVES !Elles ne représentent que 20% des an-gines. Bien que les angines bactériennes soient beaucoup plus rares que les an-

gines virales, elles doivent être différen-ciées, car elles peuvent engendrer de graves conséquences. De nombreuses bactéries peuvent être incriminées (Arcanobacterium hemoly-ticum, Corynebacteria diphteria, strep-tocoques des groupes C, G et E, bac-téries anaérobies...), mais le germe le plus fréquent est le streptocoque béta hémolytique du groupe A (SGA). Les angines à streptocoque du groupe A sont les plus redoutables. Elles sont fréquentes, chez les enfants âgés de 5 à 15 ans et elles restent exceptionnelles, chez les nourrissons et les adultes. Aujourd’hui, il existe des techniques qui permettent de confirmer que l’angine est bel et bien bactérienne. On retrouve: - le test de diagnostic rapide (TDR): recommandé chez tout patient de plus de 3 ans, ayant une angine. Il confirme la présence du streptocoque du groupe A. Les résultats sont fiables à 95% des cas et ils sont disponibles en 5 minutes, environ. Chez les enfants de moins de 3 ans, la pratique de TDR est inutile,

Tout sur les angines:

mieux les comprendre, pour mieux les soigner

Par Sara Mohammedi

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car les angines à cet âge sont, géné-ralement, virales. La responsabilité du streptocoque est exceptionnelle. - la mise en culture, après un prélève-ment de la gorge: cette technique a une fiabilité voisine à celle du TDR et les ré-sultats s’obtiennent dans les 24 heures. La culture est réservée aux formes réci-divantes, résistantes et dans le cas d’un TDR négatif, chez un patient qui a eu, comme antécédent, un rhumatisme ar-ticulaire aigu. Elle se réalise, avant tout traitement, par antibiotique (surtout les macrolides) et chez les patients immu-nodéprimés, ou suspicion d’abus sexuel, chez un enfant (syphilis).

ANGINE: DES SYMPTOMES SIMPLESLes angines virales, comme les angines bactériennes, présentent une série de symptômes de base, qui permettent de poser le diagnostic, même pour une personne non experte en la matière. En retrouve, généralement: Une fièvre: légère, lorsque c’est viral et

très élevée (supérieure à 38 °C), lorsque c’est bactérien. Une gêne douloureuse à la déglutition

(odynophagie): légère, en cas d’angine virale et intense, en cas d’angine bacté-rienne. Une rougeur de la gorge: visible,

bouche grand ouverte. Parfois, on retrouve un enduit blanchâtre sur les amygdales. Une augmentation du volume des

amygdales: perceptible au toucher. Une augmentation du volume des gan-

glions périphériques: notamment, sous la mâchoire. On peut retrouver quelques symp-tômes, qui peuvent nous orienter vers une angine virale, ou bactérienne:- L’angine virale se caractérise par un début progressif. Souvent, elle s’ac-compagne d’une conjonctivite, d’une diarrhée et des symptômes ORL (toux, bronchite, rhinorrhée, rhinite…).- L’angine bactérienne se caractérise par un début brutal. Elle peut s’accom-pagner de douleurs abdominales et elle survient de façon saisonnière, surtout chez les enfants. On ne retrouve pas des signes ORL. Malgré ces indices, les tests repré-sentent le meilleur moyen, pour confir-mer le diagnostic d’angine bactérienne, avec certitude.

LES DIFFÉRENTS TYPES D’ANGINES:Les deux types d’angine les plus fré-quentes, appelées, communément, an-

gine rouge (érythémateuse) et angine blanche (érythémato-pultacée). Toutes deux ont des caractéristiques bien pré-cises. L’angine rouge: Elle touche, majoritairement, les enfants de moins de 10 ans. L’angine érythé-mateuse, elle, doit son nom à l’aspect congestif; c’est-à-dire, rouge et gonflé du pharynx et des amygdales. Rien ne peut déterminer l’origine virale, ou bactérienne d’une angine rouge. Seul le test de détermination rapide (TDR) permet de confirmer, rapidement, l’ori-gine streptococcique. L’angine rouge streptococcique est à craindre, dans la mesure où elle peut donner des complications, qui peuvent être très graves.L’angine blanche: L’angine érytémato-pultacée, appelée, aussi, angine blanche, laisse apparaître un enduit blanchâtre, sous forme de points blancs, sur des amygdales en-flées.Cette substance blanche n’est d’autre que du pus, qui témoigne d’une infec-tion de la zone. Comme pour l’angine rouge, il faudra déterminer l’origine virale, ou bacté-rienne, de l’angine blanche. Le TDR per-met de poser un diagnostic fiable, ra-pide et de déterminer si le streptocoque (SGA) est impliqué.Il existe, également, d’autres types d’angines moins fréquentes, mais qui méritent d’être cités. On retrouve: L'angine ulcéronécrotique: Ce type d’angine laisse apparaître des amygdales ulcérées, creusées et cryp-tiques. En fonctions des symptômes as-sociés, elle laissera suspecter l’existence d’autres maladies sous-jacentes, telles que la Syphilis, des hémopathies, des épithéliomas et des cancers. La plus fréquente des angines ulcéreuse est l’angine de Vincent, bien qu’elle reste relativement rare. Elle se voit chez les adolescents et les jeunes adultes, dont l’hygiène bucco-dentaire est mau-vaise. L’angine de Vincent, appelée aus-si angine fuso-spirillaire, est due à une infection d’une amygdale, par une asso-ciation de deux types de bactéries: les fusobacterium et les spirochètes. Les angines vésiculeuses:Elles présentent des vésicules évoquant des aphtes, au niveau des amygdales et/ou du pharynx. On distingue deux groupes d’angine vésiculeuse: l’angine herpétique, qui est due au virus de l’herpès et l’herpangine, ou le zona pharyngien, qui est provo-

qué, le plus souvent, par le virus coxsac-kie A, du genre des entérovirus. L’angine herpétique touche, volontiers, les enfants et les jeunes adultes; le plus souvent, le malade présente un herpès aux lèvres et aux narines. L’herpangine touche, généralement, les jeunes enfants; essentiellement, en pé-riode estivale et au début de l’automne. Parfois, on retrouve des vésicules sur les mains et les pieds. Les angines pseudo-membraneuses: Elles sont assez rares. Il s’agit d’angines présentant une espèce de membrane de couleur marron-grise ou blanche-jaune, qui s’étale sur les amygdales et parfois, jusqu’au pharynx. Elles signent, généra-lement, une mononucléose infectieuse, ou une diphtérie. La mononucléose infectieuse est la forme la plus fréquente des angines pseudo-membraneuses, bien qu’elle reste rare, dans les pays développés (grâce à l’hygiène); mais, 95% des adultes, à travers le monde, ont déjà eu cette affection et souvent, d’une ma-nière asymptomatique. De ce fait, ils se trouvent immunisés. La mononucléose infectieuse touche les enfants de moins de 5ans et elle est plus grave, lorsqu’elle survient chez l’adulte. Elle est causée par le virus d’Epstein-Barr (EBV). Ces angines monocytaires ressemblent aux angines blanches, si ce n’est qu'elles possèdent cet aspect membraneux, sur les amygdales. C’est une maladie très contagieuse qui se transmet par la salive. Il faut, donc, prendre garde ! Quant à la diphtérie, qui est presque éradiquée, dans les pays développés, grâce à la vaccination obligatoire, elle représente une maladie infectieuse très contagieuse, qui se transmet par l’inter-médiaire des gouttelettes de salive. Elle est causée par des souches bacté-riennes toxigènes du bacille Corynebac-terium diphtheriae (ou Klebs-Löffler). L’angine diphtérique se caractérise par la formation de fausses membranes à l’entrée des voies respiratoires, généra-lement bilatérales et souvent, le nez est infecté.

LES COMPLICATIONS D’UNE ANGINE:De graves complications, toutefois rares, peuvent survenir, dans certains cas particuliers. Il convient de citer des complications d’ordre rénal, articulaire et cardiaque. Toutes ces complications ont pour ori-gine première le streptocoque béta hémolytique du groupe A. Ainsi, mal

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soigner une angine bactérienne est susceptible d’entraîner: une gloméru-lonéphrite, un rhumatisme articulaire aigu, un érythème noueux. La glomérulonéphrite: Ce sont les enfants qui sont les plus touchés. Cependant, elle peut survenir à n’importe quel âge et elle évolue très rapidement et intensément. La glomérulonéphrite est une inflam-mation du néphron, l’unité fonctionnelle du rein. Une fois que le streptocoque affecte la gorge, après au moins deux semaines, le rein sera atteint. Et l’évolu-tion est très rapide.L’enfant va présenter des œdèmes au niveau des membres inférieurs, du bas du dos, des mains et/ou du visage. Une hypertension artérielle, qui peut être im-portante et il peut présenter des urines troubles (du sang, dans les urines). Le rhumatisme articulaire aigu: L’atteinte articulaire survient dans les 5 semaines suivant l’angine bactérienne. Et en plus, elle peut s’accompagner d’atteintes cardiovasculaires, mettant en jeu le pronostic vital. Les symptômes articulaires surviennent après que l’angine ait disparu depuis un long moment. On retrouve, générale-ment: des articulations rouges, gonflées,

chaudes et douloureuses. des signes cardiaques, avec un souffle,

ou une insuffisance cardiaque; surtout, en cas de rechute. des signes neurologiques, notamment

une chorée (mouvement anormaux et irrépressibles).L’érythème noueux: Il s’agit d’une maladie de la peau, sous forme de nodules, durs, ronds, souvent rouges et douloureux. Ces lésions appa-raissent au niveau des tibias, en nombre variable. Elles sont, souvent, bilatérales (les deux membres, droit et gauche, sont touchés) et symétrique. L’angine bactérienne peut entraîner d’autres complications, telles que:Le phlegmon péri-amygdalien:C’est une inflammation aiguë du tissu conjonctif, sur lequel repose l’amygdale. Le phlegmon péri-amygdalien découle, généralement, d’une angine chronique, dont le responsable sera le streptocoque béta hémolytique A. Cette complication, fréquente, d’une angine mal soignée, se manifeste par un trismus (contracture musculaire empêchant d’ouvrir, com-plètement, la bouche) et par une fièvre élevée. Le malade a beaucoup de mal à déglutir et il ressent une violente dou-leur d’un seul côté de la gorge. Le trai-

tement, conduit en urgence, comprend l'incision et le drainage chirurgical du phlegmon, associés à la prise d'anti-biotiques, par voie intraveineuse. Deux mois plus tard, une amygdalectomie (ablation des amygdales) est, souvent, indiquée. Amygdalite caséeuse: Elle découle, généralement, d’une an-gine chronique et récidivante, virale ou bactérienne. Il s’agit d’une accumu-lation, dans les amygdales, de caséum (amas de tissus de la gorge, altéré, qui a pris un teint blanchâtre). Cette accumulation est rendu possible par la présence de cryptes. L’amygdalite caséeuse se manifeste par une haleine nauséabonde, une gêne dans la région amygdalienne, qui peut être doulou-reuse et une émission du caséum, par la bouche. Au niveau des amygdales cryp-tiques (perforés), on observe des points blancs, correspondant au caséum. Le traitement peut consister en le mas-sage quotidien des amygdales, pour en extraire le caséum. Des antibiotiques sont, souvent, prescrits. Parfois, on peut utiliser une vaporisation laser, si les ré-sultats sont insuffisants, ou si les réci-dives sont nombreuses. Cette technique peut être pratiquée avant, ou après une amygdalectomie. Celle-ci n’étant em-ployée qu'en dernier recours.

LE TRAITEMENT MEDICAL: DANS QUELS CAS LES ANTIBIOTIQUES SONT UTILISÉS? Le traitement des angines a deux ob-jectifs: d’une part, soulager les symp-tômes liés à l’infection des amygdales et du pharynx et d’autre part, prévenir les complications que les angines bac-tériennes peuvent entraîner. De ce fait, la prise en charge sera tout à fait dif-férente, selon que l’angine est bacté-rienne, ou virale.Dans les pays où le test de diagnostic rapide (TDR) est pratiqué, seul les an-gines bactériennes à streptocoque bé-ta-hémolytique A sont traitées par des antibiotiques. Ces médicaments sont inutiles en cas d’angines virales. Ainsi, le TDR permet de limiter l’utili-sation anarchique des antibiotiques et d’éviter le phénomène d'antibio-résis-tance, c’est-à-dire, la résistance que les bactéries développent vis-à-vis des antibiotiques, si ceux-ci sont trop em-ployés. S’il s’agit d’une angine virale, ou lorsque le TDR est négatif, le traitement repose sur un médicament contre la douleur et la fièvre. Le paracétamol est préférable,

parce qu'il est mieux toléré; mais, il est possible de prendre un anti-inflamma-toire non-stéroïdien (AINS) ou de l’aspi-rine, en sachant que cette dernière est déconseillée chez les enfants, car des complications, exceptionnelles, ont été décrites (syndrome de Reye). Ces médi-caments peuvent être arrêtés, dès que les symptômes s’apaisent. Rappelons que les antibiotiques sont inefficaces contre les virus. Ces angines virales guérissent spontanément en quelques jours. Mais, s’il s’agit d’une angine bactérienne, due au streptocoque, ou lorsque le TDR est positif, un traitement antibiotique est indispensable, en plus du traitement symptomatique, pour éviter les compli-cations et la transmission de l’infection à l’entourage. De plus les traitements sont prescrits sur des durées plus courtes qu'avant et font appel, le plus souvent, à une péni-cilline (amoxicilline), pendant 6 jours. En cas d’allergie à la pénicilline, une cé-phalosporine, peut être employée, voir un macrolide. Il est très important de poursuivre le traitement jusqu’au bout, même si les symptômes ont disparu, pour éradiquer, complètement, le strep-tocoque. Si les symptômes persistent après 3 jours, il faut retourner consulter, pour une éventuelle modification du traitement. Dans certains cas, une mise en culture du prélèvement est pratiquée, même si le TDR est négatif. Le but est de véri-fier l’absence de streptocoques, chez les personnes ayant déjà eu un rhumatisme articulaire aigu et pour les patients de 5 à 25 ans, revenant d’un pays où le risque de rhumatisme articulaire aigu (RAA) est élevé. Mais, dans le cas des pays en voie de développement, comme l’Algérie, les complications d’une angine bactérienne sont fréquentes; en particulier, le RAA

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qui constitue, toujours, un problème de santé publique. Pour cela, le programme national de lutte contre le RAA recom-mande de traiter toute angine par une injection, en intramusculaire, de pénicil-line (Extencilline®), durant 10 jours, ou en utilisant la pénicilline G en per os et en cas d’allergie à la pénicilline, on uti-lise l’érythromycine per os. La prise en charge des autres causes d’angines mérite une mention particu-lière: La mononucléose infectieuse, l’angine pseudomembraneuse est bénigne, mais entraîne une importante fatigue. Un test sanguin permet de confirmer le dia-gnostic. Autant que celle-ci est provo-quée par un virus (l’EBV), elle régresse toute seule, sans aucun antibiotique. Il est bon à savoir que la prise d’une péni-cilline, en cas de mononucléose infec-tieuse, entraîne - quasi automatique-ment - une éruption cutanée bénigne, mais spectaculaire. La diphtérie, la deuxième cause d’an-gine pseudomembraneuse. Cette affec-tion grave a, heureusement, pratique-ment disparu, grâce à la vaccination obligatoire. Cependant, des cas peuvent se produire, lorsque la vaccination n’est pas respectée. Le traitement de cette infection, liée à la bactérie Corynebac-terium diphteriae, est particulier, car il fait appel à un antibiotique et à une injection d’un sérum antidiphtérique. De plus, le malade doit être isolé, pour évi-ter la contamination. L’angine de Vincent, tout à fait rare, puisque elle est liée à des bactéries anaérobies. Le traitement repose sur des antibiotiques.

LE POINT SUR L’AMYGDALÉCTOMIE:L’ablation chirurgicale des amygdales, ou l’amygdalectomie, était, autrefois, très fréquente; mais, aujourd’hui, elle est proposée en dernier recours. Elle est

indiquée dans les situations suivantes: Une infection amygdalienne chro-

nique, avec des symptômes inflamma-toires, présents pendant plus de trois mois, malgré un traitement adapté. Des angines aiguës récurrentes (plus

de 3 épisodes par an, pendant une durée de 3 ans consécutifs) et invalidante, au point d’entraîner des conséquences sur la croissance et la scolarité de l’enfant. Une amygdale tuméfiée et suspectée

de malignité. Une présence de complications (rhu-

matisme articulaire aigu, atteinte ré-nale), ou une récidive d’un phlegmon péri-amygdalien. Une hypertrophie des amygdales,

chez l’enfant, susceptible d’entraîner une gêne respiratoire, ou une gêne à la déglutition. Un syndrome d’apnée du sommeil,

chez l’adulte, associé à des ronflements.L'opération se pratique sous anesthésie générale de courte durée et nécessite une hospitalisation de 24 à 48 H.Les douleurs, dans la gorge et dans les oreilles, ressenties après l’intervention, exigent, souvent, la prise d'un analgé-sique. Une alimentation liquide et douce (crème glacée, par exemple) est donnée au patient. Des douleurs à la dégluti-tion, lors des repas, peuvent persister pendant 2 ou 3 semaines, environ. La guérison complète est, normalement, acquise après 2 semaines.

LES ANGINES A RÉPÉTITION: QUE SAVOIR ?Les infections fragilisent les amygdales qui, à terme, peuvent provoquer des angines à répétition. Cela aboutit à la formation de cryptes, sortes de réser-voirs pour les germes, prêts à réinfecter l’organisme à la moindre faiblesse des défenses immunitaires. On considère que la personne a une angine à répétition, lorsqu’elle présente

plus de 3 épisodes par an, durant 3 an-nées consécutives, ou 5 fois par an, en 2 années. Dans la répétition, on prend en compte l’origine virale, ou bactérienne. Par contre, l’angine chronique, apparaît suite à des angines bactériennes à répé-tition. Les symptômes sont, notamment: la présence constante d’amygdales gon-flées, pendant et hors inflammations. Elles peuvent être soit très dures, soit molles et laissant couler un liquide in-fectieux, à la pression. Chez l’enfant, les angines à répétition sont particulièrement handicapantes, car elles entraînent un absentéisme sco-laire, qui peut être préjudiciable. L’op-tion, la plus fréquemment envisagée, est l’amygdalectomie; bien qu'elle soit discutée, aujourd’hui.Chez l’adulte, les symptômes sont moins marqués. L’évolution, bien que chro-nique, reste, le plus souvent, bénigne.

ANGINE: CONSEILS PRATIQUES ET PRÉVENTION.Il est conseillé, en cas d’angine, de boire régulièrement du liquide frais, pour sou-lager la gorge. Lorsqu’un enfant a du mal à avaler, il vaut mieux réduire les ali-ments en purée. Surtout, éviter la fumée des cigarettes, si vous souffrez d’une angine et il faut s’abstenir de fumer, au voisinage d’un enfant qui présente une angine, car le tabac favorise les infec-tions ORL et fragilise les défenses im-munitaires (d’ailleurs, on ne fume jamais devant un enfant qu'il ait une angine, ou non !).Il difficile de prévenir les angines simples. Néanmoins, il est recommandé de prendre des précautions, concer-nant une possible contagion. Ainsi, les personnes malades doivent demeurer à domicile, surtout les enfants en collecti-vité. Et pour éviter la contamination par la salive, il convient de ne pas échanger ses couverts et de se laver les mains régulièrement. Il est indispensable de respecter une bonne hygiène bucco-dentaire (angine de Vincent). Lorsqu’on est facilement sujet aux an-gines, il est nécessaire de bien se couvrir la gorge, avec une écharpe épaisse, dès les premiers grands froids. Il est impor-tant de prendre le temps de se sécher les cheveux, après les avoir lavés, ou après la pluie et surtout, ne pas se cou-cher avec des cheveux mouillés. Il est recommandé, aussi, de garder les pieds bien au sec et au chaud

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ACTUALITÉ

Le diabète est considéré, à tort, comme une maladie banale. Pourtant ses impli-cations, sur la santé publique et sur l’économie des pays, sont lourdes. Il entraîne, non seulement des complica-tions fortement invalidantes, mais tue, aussi. En 2012, 4,8 millions de diabé-tiques sont décédés, des suites de leur pathologie. Sans une bonne prévention et une prise en charge efficace, le dia-bète prendra, dans quelques années, les allures d’une redoutable pandémie.

Le président de la Fondation mondiale des diabétiques, Anders Dejgaad, a confirmé, lors de son intervention à un workshop, organisé par Novo Nordisk, au profit de 35 journalistes venus de 19 pays à Copenhague, la tendance, en soutenant que le nombre des diabé-tiques, estimé, en 2012, à 371 millions dépassera la barre des 550 millions de malades, à horizon 2030. Une mauvaise hygiène alimentaire, le sédentarisme,

le tabagisme et l’alcoolisme, associés à des antécédents familiaux, favorisent la propagation de la maladie dans cer-taines régions du globe, plutôt que dans d’autres. Le côté ouest de l’Océan paci-fique se classe, à ce titre, en tête du pe-loton, avec 132 millions de cas enregis-trés. Il est talonné par la région sud-est de l’Asie, avec 70 millions de cas: l’Eu-rope, avec 58 millions de cas: l’Amérique du nord et les Caraïbes, avec 38 millions de diabétiques… L’Afrique se place en cinquième position, avec 34 millions de personnes atteintes de diabète. La grande inquiétude des experts trouve son origine dans la concentra-tion d’un grand nombre de diabétiques dans des pays à faible revenu. Ce qui sous-entend d’énormes difficultés d’ac-cès aux soins et aux traitements. Mads Krogsgaard Thomsen, chef du départe-ment recherches et développement au sein du groupe pharmaceutique danois Novo Nordisk, a, justement, démontré, par les chiffres, cette réalité. Il a indiqué que le diabète est dépisté chez 50% des personnes souffrant de troubles du taux de glycémie dans le sang, à travers le monde. Uniquement 25% de ce nombre accèdent aux soins. 6% atteignent les objectifs du traitement, en termes de confort de vie et de retard dans la sur-venue des complications. Une situation dramatique, eu égard au fait que le dia-bète induit des complications graves, engageant le pronostic vital, au bout de quelques années sans traitement: alors que la mise en place d’un schéma théra-peutique ciblé rétablit la normalité de la

vie du malade. L’expert de Novo Nordisk s’est appuyé sur les résultats d’une étude en Grande-Bretagne, pour illustrer cette évidence. Devant les journalistes, invités du groupe pharmaceutique danois, il a affirmé que le contrôle de la glycémie fait baisser de 14% les risques d’infarctus de myocarde, de 37% les complications micro-vasculaires et de 21% la mortalité. Une bonne prise en charge du diabète réduit, en outre, considérablement, son coût économique. Le patron de la Fondation mondiale des diabétiques et le Senior Vice-président des opérations internationales de Novo Nordisk, Maziar Mike Doustdar, ont ré-vélé que la maladie a coûté, en 2012, plus de 470 milliards de dollars améri-cains: soit, environ, 12% des dépenses de la santé. Ce qui est, déjà, énorme. La facture s’alourdira, d’ici 2030, à 595 mil-liards de dollars américains. Les com-plications, liées aux diabètes (accidents cardiovasculaires, atteintes oculaires, amputations...), multiplient le poids financier du traitement par 24, pour le type 2 et douze, pour le type 1. C’est dire l’attention particulière accordée à la prévention, autant de la maladie que de ses complications. En Algérie, le diabète progresse. Comme dans le reste du monde, les al-gériens tendent à prendre de mauvaises habitudes alimentaires et à ne pas s’in-vestir, outre-mesure, dans les activités physiques. L’obésité prend de l’ampleur, dans le pays. Le diabète aussi. La préva-lence est passée, de 8% en 1998 à près de 16% en 2012, selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la Santé. Le ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, donne, quant à lui, un chiffre moins alarmant, en situant l’incidence de la maladie au-tour de 10%. Il est reconnu, néanmoins, aux autorités sanitaires et aux organisa-tions non gouvernementales du pays, une promptitude à mener tambour battant - et ce, de manière continue - la sensibilisation, sur les facteurs favori-sant l’émergence du diabète

Le diabète, maladie aux complications multiples:

Plus de 370 millions de diabétiques recensés, dans le monde

Par Rania Hamdi

Anders Dejgaad

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ACTUALITÉ

Novo Nordisk, s’est forgé, depuis près d’un siècle, une solide réputation dans le développement des médicaments contre le diabète. Il continue à investir de grosses sommes dans les projets de recherches sur des traitements de plus en plus inno-vateurs.

DEUX MILLIARDS DE DOLLARS INVESTIS, ANNUELLEMENT, DANS LA RECHERCHEEn 2012, le groupe a consacré 2 milliards de dollars américains, dans le segment recherche et développement. Il sponso-rise, actuellement, des travaux de scienti-fiques, centrés sur la mise au point d’une insuline combinant, à la fois, une régula-tion parfaite de la glycémie dans le sang, un effet longue durée (objectif à moyen et long terme: une injection par semaine), une flexibilité en matière d’administration de la dose (à n’importe quelle heure de la journée) et une minimisation des effets secondaires. Autant dire que le challenge est ambitieux, mais réalisable. Le groupe pharmaceutique danois com-mercialise, déjà, sur certains marchés européens, une insuline injectée en une seule dose, une seule fois par jour, sans contrainte d’horaires particulière. Une avancée qui paraît banale pour le com-mun des hommes, mais d’un précieux ap-port pour les diabétiques, qui améliorent, ainsi, leur qualité de vie. Le groupe

œuvre, en outre, par le truchement des 4000 scientifiques, qui travaillent pour son compte, au développement d’insu-lines et GLP-1 (incrétines) sous forme orale. Il s’investit, aussi, dans la recherche d’une molécule, qui guérirait du diabète. Evi-demment, le chemin est encore long, mais les espoirs sont permis, tant le projet semble en bonne voie de concrétisation. «Nous espérons, vraiment, pouvoir trou-ver un remède, contre le diabète. Nous avons le plus gros centre de recherche au monde, dédié à ce domaine; mais, même si les progrès réalisés ces dernières années sont encourageants, nous ne sommes pas, encore, sur le point de faire cette découverte révolutionnaire. J’ai bien peur qu’il faille, encore, attendre 2020, ou 2025, pour voir ce rêve se réaliser» a sou-tenu Lars Rebien Sørensen, Président Di-recteur Général (PDG) de Novo Nordisk, au mois d’août dernier, à Copenhague, en marge des travaux d’une session de for-mation, dédiée aux journalistes. Au plan national, Novo Nordisk a conclu, récemment, un protocole de partena-riat avec le groupe Saïdal, pour la créa-tion d’une joint-venture. Grâce à cette association, la firme danoise projette de produire, localement, la totalité de son portefeuille insuline, destiné à l’Algérie, à horizon 2015. Ce projet semble, particu-lièrement, tenir à cœur aux responsables

de Novo Nordisk, au plus haut niveau de responsabilité. «Le partenariat avec le Groupe SAIDAL nous permet de renfor-cer notre présence en Algérie et nos rela-tions avec les autorités. En produisant nos insulines localement, nous renforçons, en effet, de facto, notre relation avec ce pays et cela montre que Novo Nordisk s’inscrit dans le long-terme, en Algérie» a sou-ligné Lars Rebien Sørensen. «Le projet porte sur l’ensemble du portefeuille d’in-sulines de Novo Nordisk et les premières insulines, produites localement, seront, effectivement, disponibles dès 2015. Il se concrétise bien et nous sommes très satisfaits de notre coopération avec le Groupe Saïdal» a précisé Mike Doustdar, vice-président senior, chargé des opé-rations internationales. Il a expliqué que l’apport de Novo Nordisk se matérialise par un personnel, l’expertise et le trans-fert de technologie, tandis que le groupe Saïdal participe à ce partenariat par un investissement financier. Par ailleurs, la firme danoise, présente, en Algérie, depuis 1936, a lié, avec le ministère de tutelle, une association par le biais de la clinique mobile «changing diabetes Algérie». Cette démarche a, déjà, permis à plus de 17.000 personnes de profiter d’un dépistage gratuit. 14.000 diabétiques confirmés ont, quant à eux, bénéficié d’une exploration poussée, pour déterminer les risques de compli-cations. Au-delà, ce projet, qui durera jusqu’à 2018, constitue, pour l’Algérie, une base de données électroniques, à travers le suivi de 20 000 diabétiques pris en charge dans des centres spécia-lisés. Novo Nordisk s’attelle aussi, à commer-cialiser, en Algérie, ses derniers médica-ments; soit, la GLP-1 et la nouvelle insu-line basale. Il recherche, en même temps, à obtenir le succès d’usage de son stylo NovoPen® Echo®. Ce dernier présente plu-sieurs caractéristiques: il est réutilisable, permet l’injection de demi-doses d’insu-line et possède un système de mémoire électronique, qui enregistre le nombre des injections précédentes et les heures à laquelle les doses ont été injectées

La firme danoise, Novo Nordisk,

en quête de remèdes performants, pour les diabétiques

Par Rania Hamdi

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