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N ° 03 DÉCEMBRE 2011 SEMESTRIEL C’EST ENSEMBLE QUE SE CONSTRUIT L’AVENIR DES TERRITOIRES DU RÉSEAU RURAL FRANÇAIS Les jeunes, une ressource clé DÉVELOPPEMENT RURAL :

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N°03DÉCEMBRE 2011

SEMESTRIEL

C’EST ENSEMBLE QUE SE CONSTRUIT L’AVENIR DES TERRITOIRES

DURÉSEAURURALFRANÇAIS

Les jeunes,une ressource clé

DÉVELOPPEMENT RURAL :

L’un des enjeux majeurs du développement rural repose sur le rajeunissement

de ses actifs et pas seulement de ses résidents. L’attractivité d’un territoire

dépend de nombreux facteurs largement travaillés notamment dans le groupe

national « accueil et attractivité des territoires ruraux » mais aussi dans de nom-

breuses régions. Que ce thème soit au centre de la Revue du réseau est évi-

demment naturel.

Si les conditions sont réunies, comme pour tout

autre territoire, les jeunes sont prêts à vivre et à tra-

vailler en milieu rural, en dépit des clichés et des

idées reçues. Des exemples nombreux en témoi-

gnent. Cela suppose cependant un engagement

concret des acteurs et des collectivités.

Le réseau européen en a fait un de ses axes de travail. L’accompagnement, l’aide

à l’installation et à la reprise, l’hébergement, l’habitat, l’offre culturelle, le haut

débit, doivent répondre aux besoins. Atteindre l’objectif en cette matière s’appuie

sur une approche globale, ne laissant aucun aspect à l’écart et impliquant tous les

acteurs : puissance publique, élus, habitants et jeunes eux-mêmes. Aucune solu-

tion n’est toute faite et l’aspect financier n’est pas la seule condition de réussite.

Plus que tout, la qualité du lien social est l’atout du territoire, comme en témoi-

gnent les exemples de ce numéro.

Les jeunes sont prêts

La qualité du lien socialest l’atout du territoire.“ ”

Édito

02 03

C'EST ENSEMBLE QUE SE CONSTRUIT L'AVENIR DES TERRITOIRES

Dossier PAGES 04|15

N°03 - Décembre 2011 - Publication éditée par la cellule d’animation du réseau rural français.Directrice de la publication : Chantal Meyer, cellule d’animation du réseau rural français ;Cabinet RCT, 1 rue Lénine, 94200 Ivry-Sur-Seine - Tél. : 0145150119 - Site : www.reseaurural.frConception éditoriale : RCT et Acteur Rural - Rédaction et mise en page : L’Acteur RuralSecrétariat de rédaction et suivi de fabrication : L’Acteur Rural - Photo de couverture : © J.P. Chretien-Shutterstock

PAGES 11-12JEUNES EN ACTIONSSur le terrain, des territoires s’efforcent d’accompa-gner les jeunes dans tous les domaines de la vie. Ilsont à l’esprit qu’ils constituent une richesse et unepart de l’avenir.

PAGE 13Regards croisésMichel Caens et Bérengère Poletti,tous deux élus ruraux, livrent leur vision de la jeunessesur les territoires.

PAGE 14-15RepèresLe solde migratoire des régions et autres données sur lajeunesse.

En pistes PAGES 16 |19

Leader : 20 années d’innovations ruralesDepuis 1991, Leader finance des actions et des politiques de développement des territoires ruraux. En vingt ans,ce programme européen a contribué à la mise en œuvre de démarches innovantes à tous points de vue. Une expé-rience dont bénéficient aujourd’hui les acteurs du développement rural et notamment les partenaires du réseaurural français.

C'EST ENSEMBLE QUE SE CONSTRUIT L'AVENIR DES TERRITOIRES

DÉVELOPPEMENT RURAL :

Les jeunes, une ressource cléLes clichés sur la jeunesse rurale ont la vie dure. Et si ces représentations étaient un piège ? Lestravaux menés au sein du réseau rural français, tant au niveau national que régional, invitent à porterun autre regard sur les jeunes ruraux : ils constituent une ressource clé pour l’avenir !

En imageÉconomie, mobilité,énergies… Les jeunesont des choses à dire !

Pages 4 et 5

04 05

©LætitiaNoury/MRJC2011

Économie,

besoins en énergie,

aménagement du territoire,

déplacements et mobilité,

les jeunes ont des choses à dire !

En image

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es clichés ont la vie dure. On entend biensouvent dire que les jeunes n’ont rien àfaire à la campagne, qu’ils s’y ennuient etque c’est un problème.À tel point que biendes élus et acteurs locaux considèrent les

jeunes comme un problème ou déplorent amèrementne rien pouvoir faire pour qu’ils demeurent dans leurterritoire d’origine.Le mouvement d’exode rural qui a fortement marqué lesiècle dernier continue à figer les représentations. Lesjeunes ruraux n’auraient pas d’avenir ailleurs qu’en ville etceux qui resteraient en milieu rural le feraient par défaut.

« Nous voulons vivre en milieu rural »

Pourtant des mouvements d’éducation populaire commela JAC (jeunesse agricole catholique), créée en 1929,devenue le MRJC (mouvement rural de jeunesse chré-tienne) dans les années soixante, n’ont cessé de formerde nombreux responsables associatifs, professionnels etpolitiques issus des rangs de la jeunesse rurale. L’été der-nier, le MRJC a organisé un grand rassemblement, le Fes-tival des Boussoles, qui s’est tenu dans l’Indre sur lethème de la mobilité. Un panneau y proclamait « la jeu-nesse à quelque chose à vous dire ».Dans le manifeste surla mobilité publié à l’issue de cette rencontre, ces jeunesrappellent clairement :« nous refusons l'image de territoiresruraux enclavés dont il serait difficile de partir. Nous sou-haitons lutter contre ce constat, contre ce préjugé. Nousvoulons vivre en milieu rural.Vivre ici, c'est à la fois permet-tre l'accueil de nouveaux arrivants et le départ d'autres. »Tout en s’exprimant sur les questions de réduction desbesoins d’énergie, de développement de l’économie deproximité, de principe d’égalité des politiques d’aména-gement du territoire, de solutions collectives et soli-daires et de modes de déplacement, ils ont rappelé quela mobilité est aussi une question d’éducation.

Ambitieux, curieux, confiants

« L'éducation à la mobilité ne peut se réduire à l'éco-mo-bilité ou aux déplacements. Il faut qu'elle soulève tous lesenjeux posés et qu'elle les traite de façon transversale.

Une ressourceclé pour lesterritoiresruraux

LES JEUNES

Dossier

L

LES CLICHÉS SUR LA JEUNESSE RURALE ONT LA VIE DURE. ET SI CES REPRÉSENTATIONS

ÉTAIENT UN PIÈGE ? LES TRAVAUX MENÉS AU SEIN DU RÉSEAU RURAL FRANÇAIS,TANT AU

NIVEAU NATIONAL QUE RÉGIONAL, INVITENT À PORTER UN AUTRE REGARD SUR LES

JEUNES RURAUX : ILS CONSTITUENT UNE RESSOURCE CLÉ POUR L’AVENIR !

Plus d’installation sans aide

Comme dans beaucoup d’autres régions, il y a peu d’installations agricoles en ré-gion Centre. On ne compte en effet qu’une installation pour trois départs et la moi-tié de ceux qui s’installent n’entre pas dans le cadre réglementaire des aides pu-bliques. Or, leurs projets participent au maintien d’une activité sur des territoiressouvent en déclin et nécessitent un accompagnement individuel pour garantir leurréussite. C’est pourquoi la chambre régionale d’Agriculture du Centre, les cham-bres départementales, Adasea et Addear ont concocté le dispositif Nina : non ins-tallé non aidé. Ce réseau repère les porteurs de projets, diagnostique l’exploitation,propose un plan de suivi et un tutorat. Financé depuis 2005 par le conseil généraldu Cher, puis depuis 2009 par la région, ce dispositif monte progressivement en puis-sance. Il a fait l’objet d’une fiche réalisée dans le cadre du projet sur « les formes d’ap-pui à l’installation des agriculteurs en circuit court dans les régions », projet porté dansle cadre du réseau rural français. La fiche indique que sur 34 diagnostics réalisés,26 installations avaient réellement été effectuées, 2 étaient en cours et 6 projetsavaient été abandonnés.http://www.reseaurural.fr/gtn/alimentation-agriculture/plans-actions-projets

Cette éducation peut prendre diverses formes dans l'édu-cation formelle et non formelle : des classes découvertessur ce thème, des propositions où les élèves sont ame-nés à sortir de leur territoire de vie et à emprunter desmodes de déplacements inconnus jusqu'alors. Tout lemonde se souvient de son premier séjour à Paris, du pre-mier vol en avion, du premier voyage en train.Vaincre sespeurs pour découvrir le monde, tout en prenant du reculsur les conséquences de ses actes. Voilà tout un pro-gramme ! (…) Tout l'enjeu consiste à réduire les mobili-tés néfastes pour les Hommes et la planète tout en dé-veloppant celles qui sont sources d'épanouissement, derencontres, de découvertes, de dépassement des préju-gés. » En 2010, l’association des maires ruraux deFrance avait choisi comme thème de congrès les jeunes

et souligné l’enjeu crucial de l'accès à la qualification.Or en milieu rural, il était de tradition d’apprendre surle tas à la ferme ou chez un artisan. L’accès à la qua-lification n’était pas une priorité. Aujourd’hui, c’est laclé de l’emploi. Les entreprises qui veulent se déve-lopper un milieu rural ont du mal à recruter des per-sonnes qualifiées. La création de filières de formationsur les territoires est une piste,mais attention à l'orien-tation des jeunes « par défaut » vers des formationsdispensées à proximité. Il faut soutenir la mobilité, ettravailler sur ce qui empêche ces jeunes (et leurs pa-rents) d'être ambitieux, curieux, confiants.

Le postulat d’une jeunesse ressource

Dépasser les préjugés et porter un autre regard sur lajeunesse, c’est ce que les différents travaux menés ausein du réseau rural français invitent à faire. Ainsi enLorraine, fin 2007, la DRAAF a proposé au Carrefourdes Pays Lorrains, à la Région et à Jeunesse et Sportsd’engager une étape de préfiguration du réseau ruralrégional sur le thème de la jeunesse. Plutôt que de faire >>>

“”

Nous refusons l’imagede territoires rurauxenclavés dont il seraitdifficile de partir.

©SolangeBeaudoin/MRJC2011

une étude, il s’agissait d’expérimenter concrètementune mise en réseau, d’une part pour échanger entre re-présentants institutionnels, associatifs et territoriaux surles politiques locales de la jeunesse afin de proposer desinterventions concertées, complémentaires et cohé-rentes, et d’autre part, pour aider les acteurs locauxdans la mise en place d’une politique jeunesse qui s’in-tègre dans un projet global de territoire. Ces travauxont donné lieu à la publication d’un guide, outil d’aideà l’action intitulé « mettre en œuvre une politique localede la jeunesse ». Ce guide rappelle qu’il n’existe pas unejeunesse, mais des jeunesses, avec de multiples visages,selon le sexe, l’âge, les ressources financières…C’est aussiun public transversal à plusieurs thématiques et politiques,que ce soit l’éducation, la santé, la formation, la mobi-lité ou encore la citoyenneté.Or très souvent, les poli-tiques publiques se focalisent sur deux figures : « la jeu-nesse-victime » et « la jeunesse-menace ».Les membresdu groupe de travail régional ont quant à eux clairementfait le postulat de « la jeunesse-ressource ».

Une place en tant qu’acteurs

« Les jeunes devraient être associés aux politiques me-nées, expliquait Jean-Claude Richez, responsable d’étudesà l’Injep (1), lors d’une des rencontres du groupe lor-

rain. Il faut donc leur laisser une place en tant qu’acteurs,et pas seulement comme récepteurs d’informations. Sou-vent, on se rend compte que les Conseils des Jeunes nefonctionnent pas, car on ne leur laisse pas une place, y com-pris dans l’action. C’est donc important de leur laisser uneplace,même si au final celle-ci reste vide. » Pour accom-pagner les acteurs locaux dans leur réflexion, le guidelorrain pose cinq séries de questionnements : sur lavolonté politique, le rôle des associations, la place desjeunes, les moyens humains et financiers et enfin sur lagouvernance et le partenariat.Ce travail se poursuit dés-ormais par des soirées d’échanges sur le terrain quipermettent de toucher davantage d’élus et d’acteurslocaux. L’objectif est aussi d’enrichir le guide de ces ap-ports en vue d’une actualisation courant 2012. Pour al-ler plus loin, le groupe de travail régional réfléchit éga-lement à la manière dont il peut répondre aux attentesdes acteurs locaux, en proposant une intervention surmesure sur un territoire test. Il est aussi sollicité au ni-veau national pour concevoir un module de formationsur les politiques locales de jeunesse pour des cadresterritoriaux.

Les jeunes, une ressource clé pour les territoires rurauxDossier

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>>> “ ”Il s’agit de casser

les stéréotypes.

©MRJC2011

2000 jeunes du MRJC ontorganisé une sieste géante pourdénoncer les méfaits de lavitesse et de la productivité àtout prix.

Pour, par et avec la jeunesse

En Basse-Normandie, le réseau rural a d’abord souhaitéintégrer la thématique de la jeunesse de manière trans-versale dans ses travaux. En septembre, il a cependantorganisé un grand séminaire sur le thème « jeunes,mo-bilités, initiatives locales et territoires, comment intégrer lesbesoins des jeunes dans les politiques de développementrural ? » L’objectif de cette journée était de permettreaux acteurs du développement rural et de la jeunessede se connaître et de partager des points de vue.Celaa permis en outre de proposer des pistes d’actions àretravailler au sein du réseau : valoriser l'accompagne-ment des jeunes pour leur donner envie de réaliserleurs projets et faciliter leur accès aux dispositifs qui lesaideront à les concrétiser, favoriser l'interconnaissance,l'échange de pratiques en créant un ou des espaces derencontres en s'appuyant sur les réseaux des acteursjeunesse existants, en veillant à ne pas oublier des ac-teurs agissant auprès des jeunes mais n'appartenantpas à ces réseaux et ouvrir cet ou ces espaces à ce quise passe en dehors de la France, contribuer à laconstruction sur les territoires d'une politique pour,par et avec la jeunesse, et enfin développer des moyensde transports alternatifs pour les jeunes.

Casser les stéréotypes

Dans la foulée du séminaire bas-normand, les réseauxrégionaux des Pays-de-la-Loire et de Haute-Norman-die ont à leur tour programmé des rencontres res-

pectivement sur Jeunesse et vieillissement et sur Lajeunesse. « Il s’agit de casser les stéréotypes et de consi-dérer ces publics comme des personnes ressources, ex-plique Sandra Dranne, animatrice du réseau ruralPays-de-la-Loire. Nous privilégions trois entrées : le lo-gement, la mobilité et le lien social et nous réfléchissonsaux synergies entre jeunes et seniors. » En Bourgogne,un groupe constitué de représentants de maisons fa-miliales rurales, de centres de formation d’apprentis,de missions locales, de mouvements d’éducation po-pulaire et de territoires organisés ayant la compé-tence jeunesse, se réunit tous les deux mois pour voircomment permettre à des jeunes ruraux d’exprimerleurs attentes, leurs envies et leurs besoins à des éluset acteurs locaux pour mieux être pris en compte.L’objectif est d’expérimenter des outils qui puissentensuite susciter le dialogue. La première piste explo-rée implique des jeunes en formation photographieau CFA de Mercurey, en Saône-et-Loire, pour les in-viter à rencontrer des jeunes ruraux et illustrer parla photo leur perception du monde rural. « Ils s’ex-primeront sur les thèmes de leur choix, nous ne voulonspas tout borner. Il y a un peu d’inconnu de part et d’au-tre, souligne Brigitte Chossegros, animatrice du ré-seau rural bourguignon. Ensuite, il faudra que des élusse prêtent au jeu pour instaurer le dialogue. » D’autresoutils sont déjà évoqués pour poursuivre l’expéri-mentation : une web radio ou encore des formesd’expression théâtrale et journalistique.

(1) Institut national de jeunesse et d’éducation populaire.

À la campagne,pourquoi pas?Ils étaient danseur professionnel, pharmacien, res-ponsables marketing ou étudiants à l'université. Ils ha-bitaient Bordeaux,Vilnius, Bruxelles, Stockolm, Gre-nade ou Pérouse… Ils sont jeunes, européens, laplupart diplômés… et pourtant, ils ont choisi des’installer à la campagne ! Marion, Laurent, Francesco,Bodil et Erina sont maintenant porteurs de projetset entrepreneurs et si certains se sont installés là ouvivaient leurs ancêtres, d’autres n’ont pas hésité àchanger de pays, de langue et de culture.Tous valo-risent les richesses naturelles et culturelles du terri-toire pour créer des activités à forte valeur ajoutéeenvironnementale et sociale. Leurs témoignages sontrassemblés dans un documentaire de 52 minutes,réalisé par l’association Savoir-Faire et Découverte,dans le cadre des travaux du groupe politique d’ac-cueil et maintien des populations du réseau ruralfrançais. « Ce n’est pas une étude quantifiée, expliqueArnaudTrollé, directeur de l’association.C’est un ou-til sociologique et d’animation. Notre parti pris est de révéler un signal faible : l’intérêt de jeunes à porter des projets originaux pour s’installer enmilieu rural. Nous voulions le porter à la connaissance des élus et des acteurs territoriaux. » 200 exemplaires du film ont déjà été distribués, etil circule. L’objectif est maintenant d’accompagner la diffusion en organisant des discussions dans la foulée pour continuer à mettre en lu-mière l’attachement de ces jeunes pour le lieu où ils s’installent, l’intérêt de les accueillir et comment il est possible sur un territoire deconstruire un débat avec des jeunes.Le film est également consultable en ligne sur www.lesjeunessefontleurfilm.fr

Savoir Faire et Découverte a animé deux projets de coopération avec des jeunes ruraux dans le cadre du programmeLeader. Ici, des Bas-Normands en Suède.

©L.Sitayeb/SFD

Les jeunes, une ressource clé pour les territoires rurauxDossier

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RENCONTRE AVEC

Vos travaux de recherche vous ontamenée à distinguer trois figuresdistinctes au sujet des jeunes dansles espaces de faible densité, quellessont-elles ?

Après 100 entretiens semi-directifsauprès de jeunes ruraux en Franceet en Irlande, et une analyse de dis-cours centrée sur leurs mots et trèsqualitative, j’ai distingué les figures dupiège, du refuge et du cadre de vie.Le piège correspond à la représenta-tion d’une campagne isolée où il n’ya pas grand-chose à faire, un espacedévalorisant dans lequel les jeunesconnaissent tout le monde, mais oùcela devient lourd à porter pour unado qui cherche à prendre son auto-nomie. Les pratiques de ces jeunessont centrées sur leur maison et unrayon de 30 kilomètres dans lequelils essayent de trouver du travail etdes amis. La figure du refuge corres-pond à la vision d’un territoire at-tractif et de qualité, un espace pro-tecteur souvent vécu à travers unedouble résidence : un pied à terre àla campagne chez les parents et unerésidence en ville avec de nouveauxloisirs plus culturels. Le rapport auterritoire est plus discret, marqué pardes déplacements intenses entre villeet campagne. Enfin, la figure du ca-dre de vie correspond à des jeunesqui ne sont pas en milieu rural par ha-sard, ils le considèrent comme un ca-dre d’opportunité pour un projet devie, souvent très lié à une vie de cou-ple. Ils ont un ancrage sur le couple

et leur maison, mais investissent desréseaux plus larges, explorent deslieux parfois lointains à l’occasiond’études, de stages, de vacances. Cestrois figures sont très poreuses enfonction de l’âge, de l’acquisition dupermis de conduire ou encore de l’en-trée dans le monde du travail.

Que retenez-vous de ces jeunes ru-raux ?

Pour tous ces jeunes, l’espace rural estporteur de valeurs et le projet familialest très fort. La mobilité met ces es-paces en relation et le milieu rural estun espace connecté, souvent syno-nyme de liberté. Ces jeunes ont desprojets et pour les comprendre il fautavant toute chose travaillerAVEC eux.

Quels enseignements en tirez-vousà l’usage des acteurs locaux ?

Il faut dédramatiser et ne pas vouloirles retenir dans les territoires. Quandon est jeune, on a envie de partir, decouper le cordon. La mobilité n’estpas synonyme de migration, elle peutêtre circulaire. Il faut aider les jeunesà partir, à revenir, mais pas à rester,sans quoi on cultive la figure du piège.Ils doivent savoir que la porte leur restetoujours ouverte. Il faut donc les ai-der à accéder à la mobilité, pas seule-ment matériellement.Un certain nom-bre de jeunes ont davantage besoind’un coup de pouce que d’un ticketde bus ; ils ont besoin qu’on leur dise« vas-y, pars, essaye ».

Mélanie Gambino, docteur en géographie, enseignante-chercheuseà l’Université Toulouse le Mirail, Laboratoire Dynamiques Rurales

“Les aider à partir, à revenir,mais pas à rester !”

©FCD/L’ActeurRural

Mélanie Gambino est géo-graphe de formation, titulaire d'unDoctorat de géographie physique,humaine, économique et régionale. Avantd’être enseignante chercheuse, elle a étéchargée de cours et de recherche à l'univer-sité deToulouse et Albi. Puis elle a travaillépour le Centre d’Études et de Prospectiveau ministère de l’Agriculture.Aujourd’hui, ses recherches portent sur lespratiques et les représentations des espacesruraux en Europe ; les processus de décon-centration et de décentralisation en Franceet en Europe pour en mesurer les impactssur l'agriculture et sur l'organisation de l'ac-tion publique ; les liens entre agriculture ausens large et cohésion territoriale ; et l’étudedes dynamiques d'évolution de la profes-sion agricole et plus généralement dumonde rural.

Jeunesen actionSUR LETERRAIN, DESTERRITOIRES S’EFFOR-

CENT D’ACCOMPAGNER LES JEUNES DANS

TOUS LES DOMAINES DE LA VIE. ILS ONT

À L’ESPRIT QU’ILS CONSTITUENT UNE

RICHESSE ET UNE PART DE L’AVENIR.

©PaysdelabaieduMontSaint-Michel

a jeunesse est un sujet qui dépend de tout lemonde et de personne.Nous avons décidé d’ytravailler en priorité, car certains indicateurs,comme le taux de chômage, étaient alar-mants », se souvient Sandrine Poulet, char-

gée de mission au Pays de la Baie du Mont Saint-Mi-chel. C’est la commission cadre de vie du conseil dedéveloppement du pays qui s’est emparée de cettequestion et a mené une réflexion approfondie pour je-ter les bases d’une politique jeunesse à l’échelle dupays.Tout au long de la démarche, Kamel Rarrbo, so-ciologue, expert associé à Mairie Conseils a accompa-gné la commission, en transposant une méthodologieéprouvée au préalable auprès de plusieurs commu-nautés de communes. Une approche très qualitative,qui repose sur le croisement des regards des élus, desprofessionnels et acteurs locaux en contact avec lesjeunes et des jeunes eux-mêmes.

Chéquier de réductions et fondsd’aide aux projets

De novembre 2009 à novembre 2010, la commissioncadre de vie a dressé des constats, puis formulé despropositions en faveur des jeunes. Certaines d’entreelles ont aussitôt été mises en application. C’est le cas

du chéquier de réductions pour l’accès aux loisirs, auxmanifestations culturelles et sportives ou encore auxtransports dont l’idée a été reprise et mise en œuvrepar le conseil général de la Manche pour les jeunes de

«L

Festival intergénérations« Pendant neuf mois, nous avons travaillé avec 60 bénévoles de quatre associations », explique Aurélie Legay, animatrice jeunesse à la commu-nauté de communes de Seille et Mauchère concernée par l’un des 15 contrats jeunesse territorialisés signés par le département de Meurthe-

et-Moselle avec les mouvements d'éducation populaire. C’était la 3e édition du fes-tival Vach’de Rock, le 17 septembre dernier. L’objectif principal de cette rencontrefamiliale, conviviale et festive est de permettre à des groupes de musiciens locauxde s’exprimer devant un large public, avec du matériel sonore de qualité et d’échan-ger avec des groupes professionnels. C’est le fruit d’un projet intergénérationnel quiassocie musique, actions de prévention (alcool, drogues, infections sexuellementtransmissibles – IST –, audition…) et une programmation off. Cette dernière a per-mis de présenter des courts métrages réalisés par des jeunes encadrés par la MJCLorraine ainsi que des vaches grandeur nature décorées par les enfants de six cen-tres de loisirs. En partenariat avec le collège de Nomeny, un groupe d’élèves a tra-vaillé autour des questions d’environnement en créant des points tri originaux.Cetteannée, le festival a en outre utilisé de la vaisselle biodégradable et des gobelets re-cyclables et mis à disposition du public des toilettes sèches.

Site : http://vachderock.fr

>>>

La commission Cadre de vie du conseil de développement du Pays de la baie du Mont Saint-Michel a jeté les basesd’une politique jeunesse à l’échelle du Pays.

©OlivierVax

11 à 15 ans. Ce chéquier vientcompléter la carte @too crééepar la région Basse-Normandiepour les 15-25 ans. « En effet,un jeune qui n’a jamais pratiquéd’activités encadrées avant 15ans, ne le fait quasiment jamaisplus tard, c’est important de lesy inciter très tôt », souligne San-drine Poulet. Le Pays de la Baieorganise des actions de forma-tion destinées aux profession-nels de la jeunesse et aux élussur le thème de la communi-cation vis-à-vis des jeunes, ilconstitue un réseau égalementouvert aux bénévoles qui tra-vaillent avec les jeunes pour échanger et mieux travail-ler ensemble. Le pays imagine développer un site inter-net sur lesquels les jeunes pourraient échanger desannonces pour se déplacer, proposer du baby-sitting…Pour cela, les membres de la commission cadre de viese forment, observent ce qui fonctionne, se mettentaux réseaux sociaux. Enfin parmi les pistes proposées,le pays envisage la création d’un fonds d’aide aux pro-jets des jeunes qui participent à l’animation territoriale.Un fonds mobilisable sans avoir à remplir un dossiercomplexe et qui abonderait les recettes déjà réunies parles jeunes en montant leur projet. Le comité techniquechargé d’examiner leurs demandes aurait aussi pourmission de les aider à viabiliser leur action et les orien-ter vers les personnes ressources sur le territoire. Parceque les jeunes constituent l’avenir, le Pays de la Baie achoisi d’axer son programme Leader sur un accueiléquilibré,durable et innovant des jeunes actifs, qui se dé-cline en actions en faveur de l’emploi des jeunes, desservices aux familles et du cadre de vie.

Hébergement temporairechez l’habitant

L’une des questions importantes pour les jeunes restel’accès au logement. En Rhône-Alpes, l’association Ai-der a créé en 2005 le projet « cohabitons en Drôme »qui s’étend désormais sur une partie de l’Ardèche.Son principe est de mettre en relation un hébergementchez l'habitant (une chambre inutilisée par exemple)avec des personnes, souvent des jeunes, à la recherched'un logement temporaire abordable (environ 50 eu-ros mensuels pour une chambre). L'association ne re-cense pas seulement l'offre et la demande. Elle se dé-place chez les hébergeurs et rencontre chaquedemandeur afin de déterminer les attentes de cha-cun : une présence qui rassure ou quelques repas oucafés partagés, par exemple. Elle accompagne les pre-miers contacts, établit une convention de vie et suitla cohabitation durant toute sa durée. Ce projet ren-force l’attractivité du territoire et permet à la fois derompre la solitude et de mieux accueillir les nouveauxvenus. « Ce type d’hébergement permet une intégrationplus rapide dans les réseaux familiaux et associatifs lo-caux, souligne Sandrine Lavalle, chargée du projet ausein de l’association.Nous informons les partenaires so-ciaux, les lieux de formation, les entreprises de l'exis-tence de ce service. Ils n'hésitent pas à le mettre enavant pour accueillir leur stagiaire, favoriser des muta-tions, recruter des compétences qu'ils ne trouvent pasdans la région. Les jeunes n'hésitent plus à venir en stageou pour un premier emploi chez nous et parfois s'instal-lent définitivement. »

Les jeunes, une ressource clé pour les territoires rurauxDossier

12 13

75 jeunes européensen FinlandeHeureux, fatigués et satisfaits !Les soixante-quinze jeunes de15 nationalités, dont 2 Français,qui ont participé à « AmazeMe Leader », un projet à di-mension internationale orga-nisé fin août par le réseau ru-ral finlandais et quatre GALfinlandais, ont vécu une aven-ture humaine, culturelle et spor-tive. À bord de 18 voitures, ilssont partis à la découverte de la campagne finlandaise et de l’esprit Leader. Desporteurs de projet les ont reçus et des groupes locaux de jeunes leur ont pro-posé des activités aussi variées qu’une course de voiture à pédales, un concoursde cueillette de champignons, des dégustations de spécialités locales ou encorela découverte de traditions. L’objectif de la rencontre était de mettre en réseaudes jeunes européens et leur faire comprendre Leader.Au final, une moisson desouvenirs, des amis européens et sans doute une autre vision de la ruralité.Site : www.rural.fi/en/index/leader/amazemeleader2011.html

>>>

©AmazeMeLeader

“”

Les jeunes n'hésitentplus à venir en stageou pour un premieremploi chez nous.

©EricBiernacki/CRBN

REGARDS CROISÉSMichel Caens et Bérengère Poletti tous deux élus ruraux livrent leur vision de la jeunesse sur les territoires.

MICHEL CAENSAdjoint au maire de Bréhal (Manche), président de la commission cadre de vie du conseilde développement du Pays de la Baie du Mont Saint-Michel.

“Les jeunes sont les maîtres du jeu.”Il y a un déficit d’image etd’information sur la jeunesse.À l’échelle des territoires, ilest important de recenser lesinitiatives heureuses et effi-

caces qui répondent aux problé-matiques de la jeunesse. Elles sontsouvent isolées et méconnues.Nous pensions qu’il y avait deszones déshéritées en lamatière surnotre territoire, or il existe de nom-breuses associations, de nombreuxdispositifs, de nombreux interlo-cuteurs et de nombreux jeunes im-pliqués partout, il faut réussir à lesfaire connaître, notamment auxélus. Il nous faut aussi changer no-tre regard sur les jeunes, regarderceux qui bougent et ne pas se fo-

caliser sur ceux qui posent pro-blème, ne pas faire d’amalgame.Nous ne sommes pas là pour noussubstituer à eux,mais pour les ai-der à s’engager. Ils sont les maîtresdu jeu.Nous devons soutenir leursprojets, accompagner leur respon-sabilisation.Trop d’interlocuteursparlent au nom des jeunes et neles écoutent pas. Il nous faut trou-ver les moyens de les associer ànos politiques territoriales, sousdes formes nouvelles.Ce n’est pasle plus facile.Nous devons pouvoirlibérer la parole des jeunes, favo-riser partout les conseils de jeunes,les juniors associations, faire re-monter leurs initiatives et leurs as-pirations, en allant les toucher là où

ils sont. Cela peut vouloir dire al-ler au club de boxe quand c’est leseul lieu d’activité qu’ils fréquen-tent, ou comme certains élus l’ontfait ici, aller rencontrer les jeunesdans leur famille pour instaurerun dialogue qui échappe au cir-cuit institutionnel. En matière deloisirs, les jeunes ont parfois desdemandes qui nous surprennent :bricolage, jardinage, sports decombat, atelier slam… Nous de-vons nous efforcer de répondre àces demandes à l’instantT, enmu-tualisant les personnes ressourcesà l’échelle du pays et en renfor-çant les aides financières pour per-mettre aux jeunes d’y accéder.

©FCD/L’ActeurRural

BÉRENGÈRE POLETTIDéputée des Ardennes

“Investissons leurs moyens de communication.”

La jeunesse en milieu ruralest peu nombreuse etconfrontée à des problèmesde déplacements. Il fautdonc faire un effort de com-

munication auprès d’elle, faire sa-voir aux jeunes où ils peuvent trou-ver les informations pour répondreà leurs préoccupations de forma-tion, d’emploi, de transport, d’ac-cès aux loisirs… Ce n’est pas évi-dent car ils sont dispersés. Il fautaussi du temps pour construiredes réponses à leurs besoins.DanslesArdennes, nous avons mis huitans pour implanter un centre deformation d’apprentis, créer deséquipements sportifs et arriver àouvrir une halte ferroviaire enmi-lieu rural. C’est long, mais il estprimordial de faire œuvre d’utilité

publique dans ce domaine. Lesjeunes ne se tournent pas sponta-nément vers le monde institution-nel, il nous faut donc trouver d’au-tres moyens pour les toucher :s’appuyer sur le réseau associatifet de jeunes animateurs qui peu-vent assurer une médiation, tra-vailler avec les collèges et les ly-cées, être présents sur desmanifestations qui les concernent,comme le Festival du Cabaret vertdans les Ardennes. Moi qui tra-vaille sur des propositions législa-tives sur l’accès à la contraception,je vois bien qu’il faut s’appuyersur ce type d’événements que fré-quentent les jeunes et sur les asso-ciations qui peuvent y animer desopérations de sensibilisation.C’estla même chose pour la prévention

des addictions. Et bien sûr, il fautinvestir les moyens de communi-cation qu’utilisent les jeunes : onne peut plus faire l’impasse sur lesréseaux sociaux.Utilisons ces mé-dias pour diffuser des messagesde santé publique. Il nous faut tra-vailler sur l’analyse de leurs be-soins et donc être à leur écoute,puis travailler sur les transports,la communication et l’animation.On déplore trop souvent que lesjeunes se désintéressent du béné-volat.Or, bien des initiatives mon-trent le contraire. Ils sont capablesde s’engager et de s’investir, il nousfaut juste être en veille sur ce quiles intéresse et s’efforcer de sou-tenir ces implications citoyennes.

©D.R.

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Les jeunes, une ressource clé pour les territoires rurauxDossier

LE SOLDE MIGRATO IRE PAR ÂGE SELON LES RÉG IONS

Une affaire de cycle de vieEn 2006, l’Insee a publié des chiffres sur les jeunes et lesterritoires. 12 millions de jeunes entre 15 et 29 ans viventalors en France métropolitaine. Leur répartition sur le territoire n’estpas homogène et évolue avec l’âge, en fonction du cycle de vie.Pendant les « années lycée », les adolescents entre 15 et 17 ansvivent le plus souvent chez leurs parents. Leur répartitiongéographique est identique à celle de l’ensemble de la population.La moitié des lycéens en zone rurale parcourt plus de18 kilomètres pour se rendre dans les établissements scolaires.Entre 18 et 24 ans, les jeunes en études supérieures ou en débutde vie active se concentrent dans les grandes villes. Trented’entre elles regroupent les trois quarts des étudiants demétropole. À partir de 25 ans, la plupart des jeunes ont terminéleurs études. Ces jeunes adultes entrent dans la vie active et serapprochent alors des principaux pôles d’activité économique.Source Insee Première n° 1275, janvier 2010 : Jeunes et territoires

Dynamiques au QuébecDepuis longtemps au Québec, chercheurs et acteurs locaux se sontpenchés sur les migrations des jeunes. Les Québécois ont inventé ledispositif Place aux jeunes, qui organise des séjours

exploratoires pour inciter de jeunes migrants diplômés àrevenir dans leur région d’origine. En février dernier,Benjamin Bussière, directeur général de Place aux jeunes en régionsaluait les niveaux inégalés d’installations de jeunesdans les régions « éloignées ». « Pendant longtemps, nous avons cruque l’exode des jeunes était irréversible et qu’il fallait se résigner […]Les 25-34 ans sont maintenant plus nombreux à poursuivre leur vieen région, à l’écart des grands centres urbains. Ils y migrent pourl’emploi, la qualité de vie, le coût de la vie moindre, les occasionsd’affaires, l’engagement social ou simplement pour se rapprocher deleurs famille et amis. Bref, les régions sont plus attrayantesque jamais. » Il appelle à poursuivre l’ensemble des politiquesd’occupation du territoire.http://www.placeauxjeunes.qc.ca

Une région pour les jeunesDans le cadre du programme interrégional « La Transfo », la27e région, agence d'innovation publique, intervient en RégionChampagne-Ardenne jusqu’en 2013 sur les politiques jeunesse. Unpremier campus organisé fin septembre a permis de travailler sur desoutils participatifs, aussitôt expérimentés dans une mission locale et àl’école de la 2e chance, pour entrer en dialogue avec desjeunes. Huit forums (deux par département) seront organisés en

REPÈRES

Typologie des régions selonle solde migratoire par âge,entre 1999 et 2004.

Sources : enquête Insee 2004

partenariat avec le comité régional des associationsde jeunesse et d’éducation populaire (Crajep), pouraller à la rencontre des jeunes, en essayant detenir compte des spécificités de chaqueterritoire dans le choix des thématiques. Il s’agitde permettre aux jeunes d’exprimer leursaspirations, leurs préoccupations et leurs problèmeset de faire se rencontrer les diversacteurs impliqués sur le thème de lajeunesse. Pour la Région, la finalité est d’écouterpour faire évoluer ses politiques.www.latransfo.net

Thèse en cours« La migration de la jeunesse n’est plusenvisageable seulement comme un problème maispeut être considérée comme une ressource pour lesterritoires ruraux. » Émilie Jamet invite auchangement de paradigme dans son travail de thèseen cours sur le thème du « rôle des parcoursmigratoires des jeunes dans le développement desterritoires ruraux ». « Si la rétention des populations jeunes dansles territoires ne semble pas envisageable, il apparaît indispensablepour les territoires de construire les conditions qui permettront le retourde ces jeunes ayant migré de façon temporaire. À des besoins multiplesde la part des populations, les territoires se doivent de donner desréponses plurielles, consolidant alors leur multifonctionnalité », explique-t-elle. Elle forme l’hypothèse que la migration entraîne unélargissement des réseaux sociaux des individus et que,une fois les migrants de retour, ce capital social élargi estpotentiellement mobilisable dans l’action collective ou territoriale. Ellesouligne le rôle de la culture comme élément moteur del’attractivité des territoires ruraux. « La tenue d’évènementsculturels est susceptible de maintenir un lien entre les jeunes migrantset les territoires d’origine durant les expériences migratoires. »https ://metafort.cemagref.fr/activites/theses-et-post-docs/theses-en-cours/phdthesisreference.2011-01-11.3823566494

Erasmus au lycée ?Dans un point de vue publié dans Le Monde du 29 septembre,Jacques Soppelsa, président honoraire de l'université de Paris-I etl’un des « pères » d’Erasmus, plaidait pour l’élargissementaux lycées de ce programme européen en faveur de lamobilité des étudiants. 3300 étudiants ont bénéficié de ceprogramme dès 1988, ils étaient plus de 200000 en 2010.Outre la promotion de l’intégration européenne, l’intérêt linguistique,culturel et sociétal, il y voit un moyen d’élargir la paletted’opportunités géographiques et des perspectives enmatière de recherche.

Mieux vivre en milieu ruralLaMSA lance chaque année un appel à projet en direction desjeunes pour les accompagner dans leurs actions sur leur territoire devie. Doté d’une bourse de 1500 à 2500 euros, il est ouvert àdes groupes d’au minimum trois jeunes ruraux âgés de 13 à22 ans. En 2010, par exemple, des jeunes bretons ont reçu2500 euros pour des ateliers d’initiation àl’informatique à destination des seniors de leur territoire,histoire de renforcer les liens avec les aînés et de leur apprendre àparler le même langage en matière de nouvelles technologies. LaMSA communique sur cet appel à projet grâce à une page Facebook :www.facebook.com/myMsa

Ressources• Mettre en place une politique locale de jeunesse, outil d’aideà l’action2010. Guide téléchargeable sur le site du Carrefour des Payslorrains : http://cpl.asso.fr/page/actions-jeunesse.

• Politique jeunesse et communauté de communes, compterendu d’une démarche expérimentaleLes politiques intercommunales destinées à la jeunesse deviennentun enjeu de société et l’attractivité d’un territoire capable dedévelopper des services pour les familles, les enfants, les adolescentset les jeunes adultes se trouve renforcée. Mais proposer un catalogued’activités pour tous les âges ne suffit pas. Il s’agit bien de créer unenvironnement permettant à tous les jeunes de trouver leur place etd’être reconnus, tout au long de parcours, parfois difficiles,d’éducation, de formation, d’accès à l’emploi, au logement et de prisede responsabilité au sein de la société locale. Retour sur uneexpérimentation sur trois communautés de communes.Octobre 2008, 92 pages. Gratuit. À commander surhttp://www.localtis.fr/cs/ContentServer?pagename=Mairie-conseils/MCPublication/Publication&cid=1245645177397

• À la campagne, pourquoi pasVidéo en ligne et DVD du documentaire réalisé par l’associationSavoir-Faire et Découverte dans le cadre des travaux du réseau ruralfrançais.http://www.lesjeunessefontleurfilm.fr

• Les jeunes en milieu ruralDossier thématique du Centre de ressources du réseau rural français,n° 3, sep-oct 2011Téléchargeable sur http://www.reseaurural.fr/centre-de-ressources/dossiers-publications

• À paraître au printemps 2012, une publication du MRJC sur lethème de la mobilité pour clore les travaux du mouvement sur cettethématique.

• Initiatives des jeunes dans les espaces rurauxC'est sous l'angle des initiatives mises en œuvre par ou pour lesjeunes ruraux que la revue collective « Pour », a exploré leurs modesde vie, leurs difficultés et leurs moyens d'agir.Pour n° 211, 204 p. sept. 2011, 20 euros. Site : www.grep.fr.

©27

erégion

REPÈRES

Avec l’appui de la 27e région, la Champagne-Ardenne a entamé un travail sur le thème de la jeunesse etimaginé des outils participatifs.

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Leader :vingt années d’innovations ruralesDEPUIS 1991, LEADER FINANCE DES ACTIONS ET DES POLITIQUES DE DÉVELOPPEMENT

DES TERRITOIRES RURAUX. EN VINGT ANS, CE PROGRAMME EUROPÉEN A CONTRIBUÉ À

LA MISE EN ŒUVRE DE DÉMARCHES INNOVANTES À TOUS POINTS DE VUE : PARTENA-

RIAT PUBLIC-PRIVÉ, ACTION ASCENDANTE, APPROCHE MULTISECTORIELLE, ACCENT

PORTÉ SUR L’ÉVALUATION ET LATRANSFÉRABILITÉ DES PRATIQUES, MISE EN RÉSEAU DES

ACTEURS, COOPÉRATION ENTRE TERRITOIRES… UNE EXPÉRIENCE DONT BÉNÉFICIENT

AUJOURD’HUI LES ACTEURS DU DÉVELOPPEMENT RURAL ET NOTAMMENT LES PARTE-

NAIRES DU RÉSEAU RURAL FRANÇAIS.

©PaysdeBeauceetJean-ChristophePratt

’histoire de Leader – Liaisons entre actionspour le développement de l’économie ru-rale – débute en 1991 sous la forme d’unProgramme d’initiative communautaire (Pic).Leader I concerne en France 40 territoires

(organisés en Groupe d’action locale ou GAL), enga-gés dans un développement intégré et sélectionnéspar la DATAR et la Commission européenne. Leader II(1994-1999) prend ensuite le relais et s’étend sur179 territoires, choisis dans le cadre de programmesrégionaux. L’accent de cette seconde génération estclairement mis sur l’innovation. Le pilotage redevient na-tional avec Leader+ (2000-2006) et les 140 GAL sé-lectionnés par la DATAR, qui doivent définir un axe

stratégique (thème fédérateur) dans un souci de com-plémentarité avec les stratégies des territoires de pro-jets en place (Pays, PNR) et le volet territorial descontrats de plan État-Région.Depuis 2007 et jusqu’en 2013, 222 territoires sontsoutenus par le 4e programme Leader financé par leFEADER, chacun autour d’une priorité ciblée. Le pilo-tage en est assuré par les DRAAF au niveau régionalet le ministère de l’Agriculture et la DATAR à l’échellenationale.Durant toutes ces années, les groupes Leader (dontbeaucoup ont plusieurs programmes à leur actif) ontpu innover et expérimenter des actions qui, pour cer-taines, n’auraient pas pu voir le jour.

EUROPE

En pistes

Le GAL Beauce-Dunois a créé un festival de Landart avec des partenaires allemands et néerlandais. (Œuvre : Gegenüber par Ilka Meyer à Romilly-sur-Aigre).

L

Les animateurs Leader,qui se retrouvaient lors derencontres nationales ourégionales, avaient lesentiment de vivre uneaventure collective avecdes valeurs communes.

La coopération : emblème de Leader

« C’est surtout à partir du second programme qu’ont étéformalisées et mises en avant les spécificités de Leader »,explique Jean-Claude Bontron, directeur de la Segesaet expert pour Leader depuis son origine. Ces der-nières sont désormais bien connues : innovation, stra-tégies locales de développement et élaboration ascen-dante de celles-ci, mise en réseau, partenariats locauxprivé/public, actions intégrées et multisectorielles etcoopération. S’il faut en retenir une,qui reste aujourd’huiencore une particularité du programme, Jean-ClaudeBontron citerait la coopération. « La volonté affichéeétait d’échanger les expérimentations Leader et de bâtirdes projets communs dans tout le territoire rural européen.C’est un programme qui contribue à la construction del’Europe. » L’intérêt d’une coopération réussie résidedans l’ampleur qu’elle peut donner aux projets et dansle lien qu’elle crée entre les acteurs de plusieurs terri-toires.Dans le BeaujolaisVert, elle a été une priorité af-fichée du GAL (voir encadré). Ses projets menés avecun GAL Italien, les visites dans ce pays, les moments in-formels, comme les voyages en bus, ont par exemplerapproché des entreprises du Beaujolais, autrefois concur-rentes, et qui travaillent désormais ensemble sur unproduit de promotion commun de leur savoir-faire dansle domaine du textile. « C’était inimaginable avant. Lesprojets menés dans le cadre de la coopération ont créé deshabitudes de travail en commun qui se poursuivent,mêmeen dehors de Leader », explique MélanieThieffry, anima-trice au sein du GAL BeaujolaisVert.Même discours pourle GAL Beauce-Dunois qui multiplie ses partenariatsavec l’Allemagne et les Pays-Bas depuis 2005 autourd’un Festival de LandArt.Afin de changer l’image d’uneBeauce plutôt connue, voire vécue, comme une régionplate couverte de céréales, où l’on ne fait que passer,

l’objectif était de mettre en scène des paysages plus va-riés qu’on ne le pense. « L’opportunité de coopérer avecl’Allemagne et les Pays-Bas est arrivée en même tempsque cette idée de Festival. Nous sommes allés voir com-ment ils s’y prenaient, nous avons accueilli leurs artistes etinversement. En 2010, nous avons signé un accord de coo-pération transnationale et un manifeste Euro LandArt, quifixe les fondements, les objectifs, les mesures et l’organi-sation de l’opération », explique Annie Constantin, pré-sidente du GAL. « Ce projet a favorisé la mise en œuvred’une vraie programmation culturelle concertée sur le ter-ritoire, qui implique de nombreux acteurs, élus et habi-tants. Grâce à cela, nous engageons cette année une coo-pération davantage socio-économique dans le domainede l’insertion via le maraîchage bio. »

Le travail en réseau :fondement de l’esprit Leader

Ces coopérations démontrent toute la capacité deLeader à faire collaborer des acteurs qui ne se connais-saient pas, une autre spécificité soulignée par Jean-Claude Bontron. « Ce n’était pas si courant, avant Lea-der, de faire travailler, sur des actions communes, des élus,

©SLC

Beaujolais Vert : une coopération constructiveLa coopération n’est pas un vain mot pour le BeaujolaisVert. Ce territoire a fait la connaissance de la Ro-magne, au nord de l’Italie, à l’occasion d’un salon italien sur l’œnogastronomie en mai 2002. Depuis, cesdeux territoires, ruraux et agricoles, ne se quittent plus. Ils ont appris à se connaître via de nombreuxéchanges et ont décidé de mettre en place une politique commune de promotion de leurs produits tou-ristiques et locaux autour d’un axe gastronomique et œnologique grâce à Leader+. Leurs actions ont portésur la création de liens entre les professionnels des deux pays (formations communes, séjours sur les deuxterroirs, de restaurateurs, chefs et apprentis) et la mise en place d’une offre touristique commune (cir-cuits touristiques à travers la Romagne et le Pays Beaujolais, promotion au sein de salons). Cette coopé-ration a pris un virage avec le nouveau programme Leader et s’est centrée sur la valorisation de leur sa-voir-faire dans le textile. Cela s’est traduit notamment par la création en 2008 de « À table avec lesétoiles », une manifestation de prestige, de valorisation de l’art textile, de la haute gastronomie et de laculture des deux GAL. En 2010, un défilé de mode organisé à Lyon à permis de présenter des créationstextiles de la ville deTarare. Ces manifestations ont abouti à l’étude et à la création de produits textilescommuns étiquetés « Romagne et Beaujolais : made in Europe ».

Gal Beaujolais Vert : http://www.pays-beaujolais.com/

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Leader : vingt années d’innovations ruralesEn pistes

des responsables professionnels et associatifs, des agentsde développement… » Cette diversité de profils a, se-lon lui, contribué à un développement des territoiresqui ne s’appuie plus sur une somme d’actions secto-rielles, mais qui prend la forme d’une vraie politiquetransversale et territoriale.Concrètement, cela s’est souvent traduit par des pre-mières actions visibles et fédératrices (l’organisationd’un festival par exemple), qui ont favorisé l’apprentis-sage d’un travail partenarial. Au fil des rencontres, lesdiscussions s’approfondissent, les projets plus ambi-tieux deviennent de véritables stratégies de dévelop-pement, comme c’est le cas dans le Beaujolais Vert.Cet effet « réseau » a également été une réalité bienvivante, vécue en interne, entre les GAL. « Les anima-teurs Leader qui se retrouvaient, lors des rencontresnationales ou régionales, avaient le sentiment de vivreune aventure collective, avec des valeurs communes. Il

est difficile aujourd’hui de retrouver ce sentiment »,constate Jean-Claude Bontron. Cela dépend, selon lui,des moyens accordés à l’animation territoriale. Il citel’exemple de la région Rhône-Alpes très active de cepoint de vue.

Un vivier d’innovations

Pour Jean-Claude Bontron, Leader a clairement été unlaboratoire d’idées et de pratiques.« Même si son carac-tère novateur est moins visible aujourd’hui, Leader a permiset permet toujours aux territoires d’expérimenter de nou-veaux partenariats, de nouvelles thématiques, une nouvelleingénierie. » Si des secteurs comme le tourisme ont étélargement explorés, il reste selon lui toujours de la placepour innover dans des domaines comme le développe-ment durable ou les relations entre ville et campagne.« Je ne parle pas seulement d’innovation pure.Un territoirenouvellement Leader, qui met en place une action, déjà vueailleurs mais pas chez lui, innove. »Dans un rapport d’éva-luation du programme Leader+, le GAL Beauce Dunoisa estimé qu’un quart des opérations soutenues étaientnouvelles sur son territoire, même si elles existaient –pour une partie d’entre elles – ailleurs. C’est à traverselles que Leader est perçu,par les acteurs locaux,commeun vecteur d’innovations. Jean-Claude Bontron estime ce-pendant qu’il reste encore beaucoup à faire pour capi-taliser, valoriser et diffuser ces pratiques au-delà des ter-ritoires Leader.Des opérations médiatisées, comme les « Pépites deLeader » en région Rhône-Alpes, peuvent y contri-buer. Il s’agit d’expériences sélectionnées pour leur ori-ginalité, leur transférabilité, leur valeur ajoutée et leur« esprit Leader ». On y trouve par exemple le projet

Et l’après 2013?Une conférence de la Commission sur le thème : «Approche LEADER après 2013et nouveaux challenges pour le développement des régions rurales d’Europe » s’esttenue du 3 au 5 octobre 2011 en Pologne. Elle a rassemblé plus de 20 États mem-bres et a d’ores et déjà apporté quelques repères à ce sujet : l’importance du res-pect des spécificités Leader, la possibilité pour la prochaine programmation de finan-cer les stratégies locales de développement (qui seraient définies par les Étatsmembres) via la mobilisation d’autres fonds européens, la garantie d’une plus grandeautonomie des GAL, le renforcement des outils de mise en réseau,ou encore, la réaf-firmation de l’intérêt de la coopération.Dans un projet de contribution adressé au ministère de l’Agriculture de mars 2011,les associations de promotion et de fédération des pays (APFP) et Leader Franceproposent, quant à elles, une généralisation de Leader à tous les Pays à dominanterurale et la réaffirmation d’un programme qui doit rester au service de l’innovation.

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©OfficedeTourismeduLacdesSapins

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Dans le Beaujolais Vert, leshabitudes de travail en commun

acquises dans le cadre de projetsde coopération, se poursuivent

même en dehors de Leader.

de coopération du BeaujolaisVert ou encore des Ca-fés Leader des Monts d’Ardèche, avec des réunionsde GAL peu ordinaires (sous forme ludique) dans deslieux inhabituels (un café, un bar à vin).

L’évaluation, un processus inhérentau programme

Les GAL Espace Belledonne et PaysVoironnais, en lienavec l’Institut de géographie alpine, ont eux aussi étéqualifiés « Pépites Leader » pour leur démarche d’éva-luation, autre volonté affichée du programme. Dansces deux territoires, c’est un groupe de travail spéci-fique à l’évaluation qui a élaboré la démarche et apportéses préconisations aux GAL. Ensuite, des délégationsdes comités de programmation de chacun des deuxGAL se sont déplacées pour s’observer et restituer« à chaud » leurs remarques sur le fonctionnementde l’autre.Qu’elle soit permanente, à mi-parcours ou finale, réa-lisée en interne ou avec le recours d’un prestataire ex-térieur, l’évaluation permet de prendre conscience dela pertinence de la stratégie initiale, de l’état d’avance-ment et des efforts restant à produire, voire de la ré-orientation des priorités. C’est l’option choisie par lesGAL de Lorraine, qui se sont engagés dans une éva-luation collective du programme,d’une part, pour iden-tifier les blocages et adapter si besoin la stratégie et,d’autre part, pour analyser différents aspects transver-saux à l’échelle régionale (valeur ajoutée de Leader, vi-sibilité de la démarche, mutualisation des moyens…).Réalisée à mi-parcours, cette démarche doit compor-ter des recommandations pour la suite.Dans les Pays-de-La-Loire, les animateurs des territoires Leader ontémis le souhait de travailler l’évaluation des programmesde développement local à l’échelle régionale afin de sedoter de méthodologies et d’outils communs.Ce chan-tier va être mené avec le soutien des copilotes du ré-seau rural régional et d’un cabinet extérieur.

Un réel effet levierdu développement rural

Ces évaluations révèlent d’autres facettes du programmeLeader, qui ne sont pas des spécificités affichées dès ledépart,mais des retombées positives pour le territoire.Annie Constantin, du GAL Beauce Dunois, les illustretrès bien : « Leader a favorisé une nouvelle gouvernancelocale. Les élus, les responsables associatifs, les chefs d’en-treprise, les représentants d’organismes départementauxqui composent notre GAL ont montré l’exemple et ce sa-voir-faire dépasse désormais Leader. » Elle explique ainsicomment la politique touristique départementale parexemple, n’est plus imposée « d’en haut », mais faitl’objet d’une mise en place concertée avec les acteurslocaux. Elle remarque aussi que de plus en plus de com-munautés de communes agissent de la même manière,par exemple pour organiser un événement, qui im-plique désormais largement les habitants.

Leader a aussi mis l’accent sur l’importance de l’ingé-nierie pour générer des dynamiques territoriales as-cendantes et adaptées aux réalités locales. Les GALont pu soutenir des petits projets, à taille humaine,qui n’auraient pas pu trouver des financements surd’autres fonds européens*.

Un esprit Leader à diffuser

Ces différentes spécificités du programme Leader ontconstitué une vraie richesse pour le développementrural dans son ensemble, dont bénéficie aujourd’hui leréseau rural français, même si les relations entre le ré-seau Leader et le réseau rural français se vivent de fa-çons très diverses selon les territoires. Même si toutn’est pas simple au pays des territoires Leader (difficul-tés de la gouvernance verticale, retard du programme),au fil des années, Leader a permis de donner une au-tre vision du développement, ascendant et partenarial,qui a nourri d’autres politiques menées à l’échelle desPays, des Départements ou des Régions. « Leader aformé des générations d’agents de développement qui es-saiment aujourd’hui leur façon de travailler et de dévelop-per un territoire, dans d’autres structures », commenteJean-Claude Bontron. Ce n’est pas pour rien selon lui,si actuellement, quasiment toutes les initiatives localesde développement (y compris urbaines), se réclamentdes mêmes valeurs que Leader. « On pense aujourd’huique c’est un acquis. Mais le turnover est permanent dansles structures de développement et les collectivités, aussibien au niveau des agents qu’à celui des élus. Il ne faut doncpas oublier de remettre régulièrement sur la table les prin-cipes portés par Leader et qui ont fait leurs preuves. » Leréseau rural national peut d’ores et déjà y contribuer,puisqu’il est prévu, à l’image des Pépites de Rhône-Alpes, d’identifier et de diffuser au sein du réseau, les ac-tions exemplaires menées dans le cadre de Leader.

Sites InternetGal Beauce Dunois :www.pays-dunois.fr/ses-programmes/le-programme-europeen-leader

Leader France :www.leaderfrance.fr

Conférence en Pologne : http://www.leaderafter2013.eu

* D’après l’évaluation nationale duprogramme Leader+ (téléchargea-ble sur le site www.una-leader.org),le coût moyen total d’une opérationfinancée par Leader est de 28542 eu-ros, alors qu’il est de 273496 eurospour les Objectifs 1 et 2.

En lien avec le Réseau rural

Dans le cadre du groupe national « Politiques d’accueil et de maintien de populations »du réseau rural français, l’APFP, l’ASP, Leader France et le CollectifVille Campagneont mené une enquête auprès de 66 GAL sur l’état d’avancement de ces politiques.L’objectif était de capitaliser les expériences Leader en matière de politiques d’accueil,de repérer les freins et les facteurs de réussite à la mise en œuvre des actions et d’iden-tifier des propositions pour la prochaine programmation FEADER.Une journée de restitution est prévue le 24 janvier 2012 pour donner des pistes d’amé-lioration à la fois de méthodologie et d’outils et favoriser l’échange d’expériences entreterritoires.Contact : CollectifVille Campagne, [email protected]/gtn/politique-accueil/plans-actions-projets

Leader+ si affinitésLe roman de Leader+ esttoujours disponible. Cettehistoire à intrigues permetde pénétrer l'univers deLeader, en suivant l'enquêted'une jeune journaliste pa-risienne.240 pages, 2008. Pour le re-cevoir, adresser un courrielen indiquant le nombred’exemplaires souhaités etl’adresse à laquelle les [email protected]

w w w . r e s e a u r u r a l . f r

Plus de 1300 ressources en ligneVous pouvez accéder à des données sur les liens entre agriculture et territoires, la maîtrise du foncier,

trouver un guide pratique pour l’achat de produits bio en restauration collective, lire le compterendu d’un séminaire sur le paysage, découvrir une expérience de chaufferie collective au bois,

d’éco-quartier ou de crèche… grâce à son moteur de recherche par mot clé, par thème ou parcatégorie de ressources.

DES VIDÉOS - Témoignages d’acteurs du réseau rural, voyagesd’études, projets et expériences de terrain… sont disponibles en ligne.

L’AGENDA - Pour connaître en un clicles prochains rendez-vous européens,

nationaux et régionaux du réseau rural.

L’ANNUAIRE - Pour trouver les coordonnées d’un parc naturelrégional, d’un GAL ou d’un élu rencontré lors d’un séminaire, mais aussipour rechercher des acteurs selon leurs thèmes d’intervention ou leursdomaines de compétences.

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