revue de l'orient chrétien. volume 23. 1922-1923

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    MAY 22 1956 '

    PER BR 140 .R42 v. 23-24Revue de l'Orient chr etien

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    > MAY 9.2 1^5G% ,S

    REVUEDE

    L'ORIENT CHRTIENDIRIGEE

    Par R. GRAFFIN

    TROISIEIHE SRIETome III XXIII

    QS"" volume. 1922-1923

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    LES MOMIOLS ET LA PAPAL'Tl':

    DilCUMEXTS NOrVEALX KDITES, TRADLITS KT COMMENTES PARM. PALI. PEI.LIOT, AVEC LA COLLABORATION DE MM. ItORCHr.ZIo,MASS ET TISSERAXT.

    INTRODUCTIONEn 1-2-21, les Mongols envoys par Gengis-khan avaient lait

    leur apparition au Caucase; deu.x ans plus tard, ils infligeaientaux princes slaves la grande dfaite de la KalUa. La mort deGengis-klian en 1-2-27 donna quelque rpil au monde chrtien.Mais, en 1-241, les cavaliers mongols s'avanaient jusqu'en Sil-sie et en Hongrie. Il fallut une nouvelle mort, celle du grandkhan Ogodi, pour faire tourner bride aux envahisseurs. L'Occi-dent se reprit esprer, et cherclia se prmunir contre denouveaux dangers. Avant tout, on souhaitait de savoir quois'en tenir sur ces nomades mystrieux brusquement surgis dessteppes de l'Asie la plus lointaine. Le bruit courait d'ail-leurs d'un potental chrtien qui habitait, disait-on, en cesrgions. Et c'est ainsi qu'au printemps de 121.), juste avant leconcile de Lyon qui allait dposer Frdric II, et aprs s'trel'onsult avec les Franciscains et les Dominicains, Innocent IVdpcha vers les Mongols de la Russie mridionale la missionfranciscaine de Jean du Plan Carpin; une mission dominicaine,celle d'Ascelin de Lombardie, sur laquelle les donnes chrono-logiques sont moins prcises et surtout moins tudies, entre-prit de se rendre auprs du gnral qui gouvernait pour lesMongols dans le nord-ouest de la Perse. Plan Carpin commeAscelin demandaient au grand khan de se faire chrtien;ils furent conduits. Quelques annes plus tard, saint Louisn'eut pas un meilleur succs avec Guillaume de Rubrouck. Mais,

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    4 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.ds ce moment, on voit poindre un projet d'accord et mmed'alliance entre les chrtiens d'Occident et les Mongols. C'estqu'ils ont un ennemi commun, l'islam, repivsenti' surtout cette poque par les sullans mamlouks d'g-ypte qui dominentla Syrie. Les ambassades se multiplient, les promesses s'chan-gent. Mais on est trop loin tous points de vue ; chaque lois,l'un ou l'autre des allis manque au rendez-vous. Enfin, audbut du XIV'" sicle, la conversion dcisive des princes mongolsde Perse ;'i l'islam ruine l'avance tout nouveau projet de coop-ration militairi' contre les Mamlouks. Ces missions en appa-rence striles et ces tentatives avortes n'en constituent pasmoins un des pisodes les plus curieu.x dans l'histoire des reia-tionsanciennes entre lahauleAsieetl'Occident.Ellesont t sou-vent tudies, au xviiT sicle par Mosheim, au xix'^ par Abel Rmu-sat, d'Oiisson, d'Avezac, Yule, plus rcemment par Rockhill,M. Cordier, M. Beazley, .M. Chabot, M. G. PuU, M. Malein, hierencore par MM. Moule et Golubovich, et aussi par moi-mme.11 s'en faut cependant qu'elles n'aient plu.s rien nous livrer.Des recherrhes rcentes ont fait retrouver dans les archivesdu Vatican des documents aussi sensationnels que l'originalpersan de la rponse du grand khan Giiyiik Innocent IV,rapporte par Plan Carpin, et plusieurs lettres en mongol desMongols de Perse. Par l'aimable entremise de W Tisserant,M^'''G. Mercati, prfet de la Vaticane, m'a vivement engag publier dans la Ileviie de FOi ieiit rlirtieii toute la srie deces monuments, ainsi que ipielques tudes qui traitent desujets connexes. Le prsent travail se divise par suite en plu-sieurs chapitres, qui sont consacrs aux sujets suivants :r La rponse en persan de Giiyiik Innocent IV, avec lecachet mongol de Guyiik (dliut de novembre 12 IG); le premierdchiffrement du texte persan est d M. Mass;

    2" Le nestorien Simon Rabban-ata, Andr de Longjumeau etAscelin ;

    3 Une lettre latine d'Abagha au pape, date de I2GS ; publiepar M"' Tisserant ;-P Un document latin manant des envoys d'Abagha au con-

    cile de Lyon de 1274; dcouvert et communiqu par M. l'abbBorghezio;

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    LES MONGOLS ET I.A PAP.VITE.5" Une lettre mongole d'Arghun, date de 1-290;G" Un saufconduil mongol manant d'Argliun, dat de 12!l ;7 Une lettiv mongole de Gliazan, date de I3(i-2:8" et 9" Deux lettres arabesdii patriarche nestorien Mr Yalili-alali III, dates ilr i:>(i-2 et 1:>01, publies et traduites par

    .M' Tisserant; traduction du cachet ouigour par moi-mme;Kt uelq;ies prcisions nouvelles sur les rapports de la

    papaut et des .Mongols de Chine dans la premire moiti duXIV* siile (I).

    Ces chapitres seront loin d'puiser les renseignements nou-veaux que j"ai groups et qui font mieux connatre la situationdu rhristianisme en Asie Centrale et en Extrme-Orient auxiii" et au \i\' sicles. Mais la plupart des autres documents dontje dispose coni-ernent les seuls nestoriens, et sont en languechinoise (2). .I"en rsei've l'tude dtaille pour une autre publi-cation, que l'abondance seule des matriaux risque de relarderencore assez longtemps.

    P. Pelliot.

    (1) J'ai annonc l'.Vcadmie dos Inscriptions et Bellos-Lcttres la dcouvertelies documents du Vatican dans les sances des 20 janvier, 17 fvrier et 7 juilletVJii; j'ai parl en outre de Rabban-ata dans la sance du 4 aot l!>2-2 (cf. lesCom/iles rewtu.t de l'Ar. des Inscr. et B.-L., 1922. pages 11, 52-53, 231-235, 268-2(J0l. Enlin j"ai lu la sance des cinq Acadmies du 25 octobre 1922 un e.xposas.sez liref, Miiur/dU el l'apea au-r XIIl' cl X/V sicles, qui a t publi depuislors par l'Institut avec les autres mmoires lus cette sance.

    (2) On trouvera un aperu trs sommaire de ces documents dans un articleChrliens d'Asie Centrale et d'Eilrmc-Orient, piihVic par le T'ouny Pao en 1914(pages 623-611); bien d'autres sources me sont devenues accessibles depuiscette date.

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    CHAPITRE PREMIERLA LETTRE UU riRAND K1L\N GUVi'lK A INNOCENT IV (1216).

    Le Franciscain Jean du Pian Carpin quitta Lyon le 16 avril1215, quand s'appivtait le concile qui s'ouvrit dans cette mmeville le 28 juin (1). 11 tait muni d'une lettre en date du 5 ou plusproltablement du 1 :! mars, adresse au roi et au peuple des Tar-tares (2> Innocent IV y reprochait aux Mongols leurs destruc-tions et leurs massacres et les exhortait rsipiscence en destermes qui ne leur pouvaient pas agrer; toutefois le pontifes'efforait visiblement la modration et souhaitait une expli-cation et un accord. Dans cette lettre, de caractre presqueentirement politique, il n'est pas demand au grand khan dese convertir la foi chrtienne. Mais, en mme temps quecette lettre Cum non solum confie .Jean du Pian Carpin,ou plutt huit jours avant, si cette lettre est bien du 13 mars,Innocent IV en crivait le 5 mars une autre, Dei patris im-mensa , adresseelle aussi au roiet au peuple des Tartares ,et qui devait tre porte par le Franciscain Laurent de

    (1) Cf. crA\e7.ac, Relation des Mongols on Tarlarcs par le frre Jean du Plande Carpin, dans Reeiieil ilr voi/ages et de mmoires publi par la Socit de llo-r/raphie, t. IV [1839], p. 4(34 (le travail de d'Avezac, qui n"a pas encore t rem-plac, occupe les pages 399-TTO do ce t. IV; il sera cit par la suite sous la seulemention de d'Avezac, telle iiago). D'Avezac se trompe en plaant au 20 juin lapremire session du concile de Lyon, do mme que Rockhill {The Jouincy ufFriar William of Huhruck, [). xxn) en la mettant au 26; les indications de JlasLatrie, Trsor de chronologie, col. 1301, et de Potthast, Regesta, II, ]i. 'Mi, nelaissent pas de doute sur la date du 28.

    (2) Wadding {Ann. Min., a,a. 1215, n 4), Sliaralea (iiiW. franc, I, :Ki, Eubol(Epitome, n" 361), Potthast {Regesta, II, n" 11072) datent la lettre 3 non. martii,c'est--dire du 5 mars; mais les registres du Vatican ont 3 idus martii, autrementdit le 13 mars, et c'est cette dernire date que donnent Theiner, ]'el. Monuni.Ilungariae, I, p. 195, E. Berger, Rcg. d'Inn. IV, n 1365 (le P. Golubovich,Biblioteca bio-bibtiogr. d. Terra Sanin, II ;1913], 322, n. 2, crit par lapsusn 1364), et K. Rodenberg, Ep. saec. XIII sel., n 105 (dans Mon. tierm. Hist.,Berlin, 1887, in-4", t. II, p. 74-75). La date du 9 mars donne par Rockhill(Rubruck, p. .xxn) ne repose sur rien.

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    LES MONT.Ol.S HT I.A i'APAUT. '

    l'orlugal; dans cell.--ci, il n'est question que de religion, ei ils'a-il d'amener le destinataire se faire baptiser.

    Cette lettre remise Laurent .le Portugal pose un problmenui n-est pas encore rsolu: il serait trop long et entraneraitt,-op loinden exposer et d'.-n peser iei tous les lments. Le1> Golubovicli (IL 319-3^1) a le premier tent de trouver unesolution en s'appuyant sur la grande majorit des documentsaccessil.les. D'aprs lui, Laurent de Portugal, porteur dunelettre adresse simplement au roi et au peuple des Tartares ,aurait t envoy vers un prince tartare quelconque du Caucaseou de la Perse, tandis que la lettre remise Jean

    du Plan Car-pin, adresse au qrand roi et au peuple des Tartares , auraitt destine au gran.i khan de Karakorum en personne Jecrains que retle argumentation ne soit pas Lien solide (1,.D'abord la ditlTTenee dans l'intitul des deux lettres ne rneparait |.as autrement garantie : le BaUarUnn A& Sbaraleaprfixe magno rgi dans les deux cas, et VEpitomeA Eubel,qui est d'accord avec Sbaralea pour la lettre remise a Plan Car-pin, donne aussi le mmjno, entre crochets il est vrai, dans 1 in-titul .le la lettre remise Laurent de Portugal; mais m Wad-dino- ni Theiner, ni Potthast, ni Rodenberg (n- 1U2 et lOo)n'ont nmfjno dans aucun des deux intituls; M. E. Bergern'en t-arle pas; les registres du Vatican ne l'ont pas (2). Ladillrence existt-elle quelque part qu'elle ne me paratraitpas entraner les consquences qu'en tire le P. Golubovich (3).

    ,1 , Le P iolubovich. dont les travaux sont si prcieux du point de vue de ladocu.^o,;tion f.anciscaino, nost pas aussi sren mati.-e d h>stou-o et d.'eoTaphi. orientales; la p. 318, Pla.t Carpin arrive de Pologne eti Hussu,Me?ait en Volhvnie), et non . Moscou , avant de passer par K.ev; a la p. 319, echef monc-ol" de la Por.e du nord-ouest s'appelait Baicu-noyan, et non - Ba.duKan .- la p. 320. Ociidai est mort en 1211, et non en U\b, etc.l\an ., a la 1). o-v. ro^islres du Vatican, au(2) .J'ajouterai que Iheincr, 1, 194, Usait aan^ as niMn^. udbut de la lettre remise Laurent de Portugal, />e. patri. wuversa elnonTiJrl i.n.ensa comme on l'a fait avant et ap.-s lui sans "-uter sa ec ur.(3)A vrai dire, je ne vois pas bien d'o ce niagno a pu sortir Sbaialea ledonne dans l'intilul des deux lettres iBuUar., I, 353-354 , mais lui-,nem nedi, connatre les deux lettres que par les archives du X atican ,en ^uliegi^.resi .t par Wadding, qui n'ont pas maf,no. Si Eubel l'a conserve dan.lintitul de la lettre fm non sulwn, c'est sans doute qu'il a copie la puremente i nplement Sbaralea. Mais s'tant aperu pour la lettre r>eipa^^^^que les sources navaient pas magno, il l'y aura nanmoins laisse entre c. ochets

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    e REVUE DE L ORIENT CHRETIEN'.Quand Innocent IV, qui ne sait encore rien de prcis surrorganisalion des Mongols, envoie une lettre leur roi et leur peuple , cette lettre, avec ou sans tiiagno , estdestine qui on pourra la remettre, le plus haut possible,et au grand klian lui-mme si les circonstances font arriverjusqu' lui (I). Plus admissible serait cette autre ide duP. Golubovich que Laurent de Portugal a pu tre envoy versles Mongols de l'Armnie et de la Perse, tandis que Plan Carpinse rendait vers ceux de la Volga. Mais ce n'en est pas moinsune hj'pothse gratuite, puisque nous ne savons rien de laroute prise par Laurent de Portugal, si tant est qu'il se soit misen route. Par ailleurs cette divergence dans la route ventuellede deux missions envoyes, somme toute, aux mmes gens, nerend aucunement compte de la diffrence fondamentale entre lesdeux lettres pratiquement de mme date qui leur sont confies,et dont l'une est toute religieuse, l'autre presque exclusivementpolitique (2). Mon impression sans plus est assez loi-gne de celle du P. Golubovich. Il me semble vraisemblableque Laurent de Portugal ait bien reu mission, comme leveut la letlre du 3 mars 1-24.5, de se rendre chez les Mongols.Mais quelques jours plus tard on aurait renonc faire appel lui; Plan Carpin fut dsign, qui on confia la lettre Cumnon solum du 13 mars. Pourquoi cette rdaction nouvelle sidiffrente? Il est aujourd'hui difficile de le dire. Peut-tre PlanCarpin, plus que cinquantenaire et vraisemblablement de beau-cnup Fain de Laurent de Portugal, estima-t-il peu opportund'aller entretenir les Mongols de dogme et uniquement dedogme quand la vie mme de tous les peuples chrtiens taiten si gravepril. Je n'y insisterais pas, si la rponse de Giiyiik nesupposait, dans le message qu'il reut d'Innocent IV, une invi-par fidclil pour Sbaralea et, par analogie avec le litre qu'il avait garde parnigarde dans le numro prcdent.

    (1) Quand Plan Carpin rencontre les preniiei's Mongols sur sa route et qu'ilsl'interrogent, il leur dit tre envoy tani ad regem quam ad principes etTartaros ouines (d'Avezac, p. 739); il ne distingue pas entre un grand roi et un ou des princes subalternes qui seraient rois tout court.

    (2) Les deu.x lettres ont toutefois un passage commun sur la protectiondemande pour les envoys pontificaux et les raisons qui les ont fait choisir.tJne partie de ce passage se retrouve, un peu modifie, dans la lettre Cumsimussuper des 21 et 25 mars 1245 dont il va tre question un peu plus loin.

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    LES MoNOnLS KT LA PAP.VITK. 9tation se faire baptiser i|ue la lettre liu 13 mars ne contientpas. Uaiilre part, quanti i'iau t'arpin arrive au contact des pi'e-miers .Mongols dans la Riissir nu'ridionale, il leur e.xpliquequelle est sa mission (dWvezac, p. 739); c'est le seul [tassagoo Plan Carpiii donne des indications sur le contenu de la lettreponlilicale au n et au peuple tartare; et en premire liune,d'aprs Plan Carpin, monebat eos tam per nos quam per lit-teras suas Dominus i'apa. quod Cliristiani efficm-entur et fidemrecipereut Domini Nustri Jesu Christi, quia aliter salvari nonpossent . Et seulement ensuite vient un rsume de ce quenous trouvons etective;nent dans la lettre Ciim non solum du i: mars P21.">. Ce premier paragraphe est-il un simple com-nn'ntaire oral ajout par Plan Carpin? C'est possible, mais onne voit pas qu'il en ail pu tre de mme lors des traduc-tions assez minutieuses qui furent faites pour Giiyuk. Peut-tren"est-il pas exclu que Plan Carpin, en dehors de la lettre du13 mars spcialement rdige son intention, ait emportaussi, en cas de besoin, une expdition de la lettre du ."> marstablie d'abord pour Laurent de Portugal, et o le nom de Lau-rent de Portugal aurait t simplement remplac par le sien (1).

    Parti de Lyon le 16 avril 121."), Plan Carpin mit prs de dix(Il Plan Carpin devait emporter d'ailleurs d'auties lettres pontificales que

    relies destines aux Mongols. Lui-mme nous dit, au dljut do son ouvi-age(d'Avezac. p. 6*Mi, qu'il 'tait envoy par le .Souverain l'ontile ad Tartaros etad uatioues alias Orienlis et que c'est raison du danger de la clirtiimtqu'il a rsolu de se rendre chez les .Mongols ( Tartares -i en premier lieu; ildevait avoii' eu des lettres pour ces autres nations de l'Orient -. Nous pou-vons mme, je crois, dire quelles taient ces lettres. Quand sa route vers les.Mongols fait passer Plan Carpin par la Volhynie, le duc Vasilko rassembleles vquos. et Plan Carpin leur lit litteras Domini Papae in quibus monebateos quod deberent redire ad Ecclesiae unitatem sanctae matris " ; c'est doncque Plan Carpin avait apport ces lettres avec lui. Il n'est pas impossibleque Plan Carpin ait eu d'abord l'ide de passer par l'Orient mditerranen, etqu' ce premier projet et son changement se rapportent certaines des donnesrapportes par Golubovich, 11, 316 et 317. En ce cas, les lettres au nom desvques russes n'auraient t crites qu'aprs que Plan Carpin eut dcid depasse' par la Bohme et les autres pays slaves. Mais ces lettres ne devaienttre que des expditions nouvelles de la lettre Cum simiis shii'T adresse le"'1 mars li-15 au roi Coloman et le "25 mars aux chefs de toutes les glises chr'--tiennes dissidentes de l'Orient iPolthast, n" UGutJ, 11013; Golubovich. Il, p. 31iii.Innocent IV spcifie que les porteurs de cette lettre sont des Franciscains, etdemande aux destinataires d'aider ces envoys passer chez les Mongols; ildoit bien s'agir la de la mission de Plan Carpin.

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    10 REVUE DE E ORIENT CHRETIEN.mois travei'ser l'Europe et ne quitta Kiev que le 3 fvrier1216 (1). Vingt jours plus tard, il rencontre les premiersMongols, ft leur donne quelques infurmations sur sa missionen leur rsumant les lettres du pape. Le clief Corenza , com-mandant sur la rive gauclie du Dnieper, veut se faire traduirele message pontifical, mais l'interprte amen de Kiev se rvleinsuftisant, et Corenza fait poursuivre aux voyageurs jus-qu' la Volga, o commandait en chef Batu, petit-tils de Gen-gis-khan. Hatu fournit des interprtes; et le (1 avril les lettrespontificales furent traduites in litter rutlienic, saracenic,et in litter Tartarorum (d'Avezac, p. 7 15), autrement dit enrusse, en sarrasin (2), et en mongol; Batu qui, semble-t-il, savait lire, examina de prs cette dernire version; et ildcida d'envoyer Plan Carpin jusqu'au grand klian en pleineMongolie (3). Plan Carpin arriva le 22 juillet 12 IG au campe-ment imprial de Sira-Ordo, situ une demi-journe de Kara-korum; il y resta jusqu'au 13 novembre, et fut ainsi tmoin,entre autres, de l'intronisation deGiiyuk le 21 aot.

    Batu avaittransuiis au grand khan les traductions des lettrespontiiicales, ainsi que celle des dclarations orales de Plan Car-pin (d'Avezac, p. 751). A deux repri.ses, on lit encore traduireles lettres et rpter les dclarations devant -les ministresQadaq, Bala et Cinqai (p. 763-764) ; le premier et le troisimetaient chrtiens, mais ncstoriens: un certain Temer ,amen par le duc russe Yaroslav, servait d'interprte (1). Pourque Giiyiik rpontlit nu pape, on demanda si quelqu'un dansl'entourage du pape comprenait le russe, le sarrasin ou le

    (1) Secuiul ilio post festuiii l'iirificationis iJuiriinae nostrae ; la fte dola l'iirifli-ation est le 2 fxrier; le dpart est donc du 3. C'est par ina.d\er-tance que d'Avozai- (p. 48-2), .suivi par Kockliill (Rubruck, p. 8), a compris la fran^'aise

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    LES MON .i(LS i; 1.A PAPAlTi;. Illai'lare (mongol) ( 1). Plan Carpin dclara qu'on n'y entendaitaucune de ces langues, e1 qu'il y avait bien en Occident dos Sarrasins . mais qu'ils taient loin du pape; il proposait quela rponse du grand khan au pape fiit crite en mongol etqu'on la lui expli(iu;'it; il rappiirterait au pape l'original et latraduction (p. TG'r. Le 11 novembre, les trois ministies inter-prtrent mot pour mot Plan Carpin la rponse de Giiyiik,puisse firent expliquer minutieusement, dopeur dcmalentcmlu,la traduction que Plan Carpin en notait au fur et mesure enlatin. Finalement ils rcrivirent la lettre en sarrasin ,dans l'ide qu'on trouverait en Occident, si on le voulait, quel-qu'un qui la st lire. Le 13 novembre, la rponse do Giiyiik,scelle du sceau imprial, tait dfinitivement remise PlanCarpin, qui le jour mme prenait le chemin du retour. A lalin de 1:217, l'envoy d'Innncrnt IV. heureusement revenu deson dur voyage, remettait au pontife la rponse du grand khan.

    Ainsi, la rponse de Ctuyik a exist en trois tats : un origi-,nul mongol, une version latine faite sur ce texte mongol, et uneversion sarrasino >i tablie au dernier moment le 11 novem-bre. Plan Carpin rapporta-t-il ces trois textes'.' .-Vbel Rmnsatla admis sans discussion, disant que les envoys pontificauxrapportrent la lettre de (uiyuk en trois langues, en tartare,en latin, et en langue sarrasine, c'est--dire en arabe ou enpersan (2). J'ai parl aussi des trois textes rapports parPlan Carpin dans la brve communication o, le 20 janvier 1922,j'ai annonc l'.Acadmie des Inscriptions la dcouverte faiteau \'atican. Il me parait aujourd'hui que le doute est au moinspossible. Plan Carpin tablit sa version latine le II novi-mbred'aprs un original mongiil; mai.--, la fin de la confrence dece jour, les Mongols rcrivirent {rescripaerunt) la lettre en sarrasin >, cette lang :e pouvant la rigueur trouver desinterprtes en Occident; et il n'est question le 13 novembre

    (1) On noiera, sans qne je voie en rien tinr de prci.s, que Pl.nn Carpinconsidniit la lettre de Giiyiilc comme de.stinc non seulement au pape, maisaux autres princes - (p. .767).

    (i) Mmoires sur les relaliuns /lotUiques ihs /iriiices chrtiens, el pnrlivulire-menl des rois de France, avec les empereurs mongols, \" Mmoire, Mem. defAc. des I. el B.-L., t. VI [ISii], p. m. La date de novembre 1247 indiquepar Abel Umusat pour la rponse de Giiyiik est un lapsus pour novembre 1246.

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    12 REVUE DE l'orient CHRTIEN.que de la remise finale d\ine seule lettre scelle du sceau imp-rial (1). Je crois donc que Plan Carpin ne rapporta, en dehorsde sa traduction latine, qu'un tat original de la lettre de Gtiyfik, savoir la rdaction sarrasine substitue le 11 novembreau te.xte mongol primitif.

    La rponse de (iiiyiik n'est pas insre dans la recension cou-rante de Vliistnria Monijiilonnn de Plan Carpin et, pendantlongtemps, rdaction sarrasine et version latine restrentinconnues des rudits. Encore en 18-2-2, Abel Rmusat (p. 428)tait rduit invoquer la manire dont Plan Carpin parle deGiiylik et les chos des chroniques du temps pour conclure que,sans doute, la rponse ne fut pas conforme aux vues d'Inno-cent (2). Enfin, en 1S38-1.S30, d'Avezac publia (pp. 591-O.'i) la version latine de Plan Carpin retrouve par lui dans lemanuscrit de Colliert o elle fait suite la courte relation deBenoit de Pologne. Il s'avre aujourd'hui que ce texte est incom-plet. Un texte assez diffrent, et complet celui-l, a t publien 1913 par M. G. Pull dans son dition de VHisloria Monga-lorum d'aprs le manuscrit latin .jI2 de Vienne (3). La mmeanne, M. Holder-Egger publiait un autre texte complet decette rponse, et prfrable dans plusieurs cas celui deM. Pull, d'aprs un autre manuscrit de Vienne, latin 389 (1).

    (1) La brve relation de Benoit de Polo^'ne (d'Avezac, p. 779) dit que l'Empc-rour renvoya les ambassadeurs cum litteris sigillo suo signatis ad DominuiuPapam reportandis , ee qui ne prouverait rien, lltlcrae pouvant signifier aussibien une ou plusieurs lettres. Mais cette amphibologie n'exisie pas cliez PlanCarpin lui-mme c|ui crit (p. 767; dedei'unt nobis licenciam et litteram Inipe-raloris sigillo siL'natam .

    {) Le P. Golubovich (\, 192i se trompe en disant qu'Abel Hmusat a publile texte latin de la rponse de Giiyuk.

    (3) Cette dition a paru au t. IX des Sixidi ilaliani di /ilolor/ia indo-iranicapublis par 51. F. L. Pull. La version latine de la lettre de Giiyiik est lap. 125 (il y a au moins une faute manifeste lui gratiam suam pour ouigratiam suam .). D'autre part, M. G. Pull reproduit aussi, p. 125-126, le textedu manuscril do Colbert, non sans quelques erreurs. Le P. Golubovich donnede son cot |l, 214) le texte du minusci'it de Colbert d'aprs d'Avezac, mais,puisqu'il con-igeail au dbut la mauvaise ponctuation de d'.-Vvezac qui mettaitun point aprs viarpio Popae , il ne f.allait pas conserver le > per introduitensuite arbiti'airement par d'Avezac comme exig parle sens de la phrase ; .Moraviorum pour - Moravorum i)arat tre une inadvertance de d'Avezacque M. Pull ne reproduit pas.

    (4) Cf. Holder-Egger, Cronlca de Salimbene, d. critique des Mon. Germ. Hiat.,[10]

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    LES MONGOLS ET LA PAPAITK. 13Mais le meilleur tHat que nous ay^ns de la version latinetablie K' 1 1 novembre avec tant de soin par Plan Carpin estcelui insr dans sa chronique par Salinibene, et celui-cil'avait copi sur le texte mme de Plan Carpin. soit lorsqu'audbut de novembre 1-2 17, un peu au Nord de Lyon (1), il avaitrencontr l'envoy pontifical alors presque au terme de salointaine ambassade, soit lorsqu'il avait pass quelques joursen sa compagnie Sens m mars 124S. Cette version latinede la rponse do (iiiyiik, mise en lumire ds litnii par leP. Oolubiivich, aide trop comprendre l'original sarrasin retrouv au Vatican pour que je ne la reproduise pas ici (2) :

    Epistola domini Tattarorum ad papam Innocentium IV.Dei fortitudo, omnium liominiim impenitor (3), magno pape litteras

    ccrtissimas atque veras. Habito consilio pro pace habeiida noijiscum, tu papaet omncs Cliristiani, iiuntiuiii tuum nobis trausmisisti, sicut ab ipso audi-viinus. et in tuis litteris liabcbatur. Ijritur si pacem nobiscum habere desi-(leratis, tu papa et oiunes rcges et poteiites, pro pace diffinieiida ad mevenirc iiuilo modo postpoiiatis, et luuc nostram audietis responsionemparitcr at(|ue voluntatem. Tuarum continebat sries litterarum quoddcbemus baptiari et effici Christiani. Ad lioc tibi breviter respondemus.(juod lioc non intolligimus, qualiter iioc facere dcbeamus. Ad aliud, quod(.tiam in tuis litteris iiabebatur, scilicct quod miraris de tanta occisioneiii-l', t. XXXII [1913;, |). il)':. M. l'ullo, qui a tudi deUx inss. de Plan Carpinconservs Vienne, ne parait pas avoir tudi celui-ci, encore que son analogieavec le Colbertinus et le nass. latin pi fasse supposer qu'il contienne lui aussila relation de licnoit de Pologne.i\) Sans doute Villel'ranche, comme le suppose .M. Ilolder-Egger (p. iOG).

    (2) Je suis lo texte

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    14 REVUE DE l'orient CHRTIEN.hominum et maxime Christianoriim et potissime Pollonorum, Moravorumet Ungarorum, tibi taliter respondemus, quod etiam lioc non intelligi-mus. Verumtamen ne hoc sub silentio omnimodo transire videamur,taliter tibi dicimus respondendiim : Quia littere Dei et precepto Cyngis-Chan et Chan (1) non obedierunt et magnum consilium habentes nuntiosocciderunt, propterea Deus eos delere precepit et in manibus nostris tra-didit. Alioqnin,quod si Deus non fecisset, homo homini quid facere potuis-set? Sed vos homines occidentis solos vos Cliristianos esse creditis, etalios despicitis. Sed quomodo scire potestis cui Deus suam gratiam con-ferre dignetur? Nos autem Deum adorando in fortitudine Dei ab orienteusque inoccidentem delevimus omnem terram; et si lie Dei fortitudo nonesset, homines quid facere potuissent? A'os autem si pacem susripitis etvestras nobis vultis tradere fortitudines, tu papa cum potentibus Christia-nis ad me venire pro pace facienda nuUo modo dil'eratis ; et tune seiemus,quod vultis pacem habere iiobiscum. Si vero Dei et nostris litteris noncredideritis et consilium non audieritis, ut ad nos veniatis. tune pro certoseiemus, quod guerram habere vultis nobiscum. Post hec quid futurum .sit,nos nescimus, solus Deus novit (,2). Cyngis-Chan primus Imiieratur.Secundus Ochoday-Chan. Tertius Cuiuch-Chan. Non plus continebaturin lilteris Domini Tattarorum missis ad Papam.La version latine de la lettre de Giiyiik tait ainsi revenue

    la lumire, plus ou moins mutile, en 1838-1839, puis defaon plus complte dans les ditions de la Chroniijtie deSalimbene. Mais on tait toujours dans l'ignorance de l'original sarrasin . Abel-Rmusat avait vari dans l'interprtationde ce terme. A propos de la traduction des lettres d'Innocent H'en rutline, sarrasin et tartare , il avait, sans autre remarque,substitu aral>e sarrasin (p. 4"27), mais, la page sui-vante, il expliquai! le terme de sarrasin >, employ pour letexte de la rponse de (Hiyiik tabli le 11 novembre 12 Ki, par c'est--dire en arabe ou en persan . Dans le premier cas,pour ce qui se passa chez Batu, d'Avezac (p. 18.j) exprima ennote l'opinion que sarrasin signifiait gnralement arabe ,

    (1) Ce second Chan , comme je le montrerai plus loin, reprcsento i/aVoi etsuffit lui seul dosignei' Otjodiii.

    (2) La kHtre de Guylik s'arrte en ralit ici. Los noms suivants des troisliremiers grands khans, njal lus dans l'dition de 1857 que le P. Golubovichpouvait encore seul connatre en 11J06, sont une information indpendante queSalimbene avait rocnoillie auprs do Plan Carpin, La date finale n'est traduitedans aucune des recensions de la version latine de la lettre; Plan Cai'idn l'avaitpeut-tre laisse de cOl: mais peut-tre aussi le to\te mongol n'en iMjrtail-ilpas encore.

    Li^J

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    LES MONGOLS ET LA TAPAUT. 1")mais que dans le cas prsent il s'aiiissait probablement de lalaii,i:uc tuniiie; [)ar contre, pour la lettre du 11 novembre, ildit sans hsitation (p. 593) qu' on leur remit on outre uneversion arabe . Ni Ixockliill d ),ni M. Tulle, ni M. Maleiu n'ontdit ce qu'ils entendaient ici par sarrasin . Le P. (iolubovicli(I, -il;!! y a vu un quivalent d' arabe . La dcouverte rcentemontre que, bien au contraire, sarrasin n'a ici le sens nid'arabe, ni de turc, mais seulement de persan (-). Voici commentcette dcouverte s'est produite.

    Le P. Cyrille Ivarale\skyj, en faisant des recherches auN'atican pour la Mission historique ruthne fonde parM*-'' .\ndr Szeptyckyj, truuva en l'J-20, dans le fonds des archi-ves vaticanes appel Archivio di Castello pour provenir desanciennes archives du Chteau Saint-Ange, un certain nombrede documents en critures orientales, qu'il communiqua W E. Tisserant, bibliothcaire la V'aticane. W Tisserantreconnut dans le lot l'original d'une lettie du patriarche nes-torien Mr Yalibalah 111 (il en devait par la suite dcouvrir uneseconde), puis trois documents en criture mongole et un enpersan. Une photographie de ce document persan fut envoye .M. .Mass, qui procda un dchilTrement et une traduc-tion provisoires; mais, press par d'autres travau.x, et voyanten tte de la pice des lignes qui lui parurent tre du turc,sans compter un double cachet en criture ouigoure ou mon-gole, M. Mass envoya la photngrapliie .AI. Deny, qui sontour me l'apporta; un coup d'il sur le dchiffrement provisoirede .M. Mass suffit me montrer que nous avions l l'original sarrasin de la rponse de Giiyiik Innocent IV, et que cetoriginal tait en persan. M*-" A. .Mercati, aussitt pressenti, don-nait liien volontiers l'autorisation ncessaire la publicationdu document. Pour mener bien cette publication, j'ai pris, aupoint de vue persan, des avis de .MM. Cl. Muart et .Mirz Mul.iam-

    (IJ Toutefois liockhili [Hubruck, p. 48) se trompe absolument en identifiantC^lymologiiiuement le nom de suri, sartn'ul, sarla'/ci)i, et celui dos Sarrasins.

    f2) Ce n'est pas dire que le mot que Plan Carpin rend par sarrasin(sans doute sarla'ul) n'ait eu que le sens do persan . au-i yeux des Mongols;mais c'tait rquivalenl de musulman -, et tout texte crit en cariii-lresarabes, quelle qu'en ft la langue vrit;ible, tait pour eux > sarrasin -. toutcomme il aumit t /louci-honei pour des Chinois.

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    16 REVUE DE l'orient CHRTIEN.mad, qui j'adresse tous mes remerciements; mais je tienssurtout dire tout ce que je dois au dciiiffrement prliminairede M. Mass. Je n'en reste pas moins seul responsable des opi-nions auxquelles je me suis arrt, et des erreurs auxquellesje n'ai pas chapp, aussi bien en mettant au point la tra-duction de la lettre persane proprement dite qu'en dchillrantle prambule turc et le cachet mongol/

    Voici la note que le P. Karalevskyj m'adressait le 12 jan-vier 10:22 quant l'apparence extrieure du document :

    Cette lettre est crite l'encre noire sur papier de coton (1)sans filigrane, d'une couleur jauntre qui semble tre naturelle..Les dimensions totales du document sont de r"12>< tr20. 11est form de deux morceaux colls, longs le premier de O^GT,le second de (r IS.'i, non compris la partie colle qui est de0"'01. A di'oite se trouve une marge de 0"'03; gauche il n'yen a aucune; il n'y a pas d'encadrement. Les deux sceaux enmongol sont imprims l'encre rouge; ils ont, le premierU"'15 X 0"1 15, et le second trU x 0" M.5 (2). Chacun com-prend six lignes et est entour d'un tilet simple. Au bas du versoest crit l'encre, d'une main du xvi'' sicle, n 80. Arabica .Ceux (les anciens index ou registres d'entre aux archives duChteau Saint-Ange que j'ai examins ne mentionnent pas cettepice. Les index ne sont d'ailleurs pas mthodiques et ont trdigs par divers,, entre autres par Conlalonieri, custodedes archives au xvii" sicle, en vue de travaux particuliers.Leur dpouillement complet aurait demand un temps consi-drable.

    Les deux planches jointes au prsent travail dispensent d'unedescription plus dtaille; en particulier le cachet rouge deGiiyulv a t trs heureusement isol par M. Pompeo Sansani,piiotographe Rome, des lettres noires sur lesquelles il taitappos.

    (l) On sait quo cette vieille tradition des papiers de coton risque fortd'tre controuve. .l'ai eu dans l't de 1922 Totcasion de voir le documentoriginal; il m'a paru tre crit sur un papier analogue ceux employs unpeu plus tard par les filongols de Perse et que les recherches poursuivies Vienne ont montr n'tre aucunement base de coton.

    (,') C'est le mme sceau, et il est carr; la diffrence dans les mesures pi'o-\it'iit d'un retrait ingal du pa]iier.

    [14]

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    LES MONGOLS ET LA PAPAUT. 17*

    TFA'TE PERSAN DE LA RPONSE DE GiiYUK A INNOCENT IV.

    9O-yy ^J-J w-vj tr'j^y A^i \j^

    (?) .U: .i (?) O.^^ U _\ji' Jlv. j jujj .5Jj^ Jb' ^J .:u^:>/ ;^Lt^ ^1/ -l^.^j .6

    'j >3'-^ j-/ ,v.V" C'-^ f* y c^"" ^''

    ^by^^_^ . ^1 Si/^ ^i/ jj'__^ii ^,bir(?) ji^ .17^lii \j j'-'-y J '^"^.5 j' -Uii/ l.b jb^V.' .183' ^s' ^'j^ (jby jl ^ -\r='V >-^^'^j Jl^J^S v>Ji .19

    .,Lls-*-' J A/> OpS W. |Xdji. vJ1j5 .20^ ^ ^j j r-^ ^-^ 'j -''^ ,*^V u.^ ^ J^ ^ -21j^ ^jj^-'' ^ 'j ^ ^'^ ^ J^ ^ y r'' -^ '"^*W ^J^J if ^i j-^' f v*^' [jl] ,_^'J^ O^ ^^ ^ .24

    [10,ORIENT CURETIEN.

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    18 REVUE DE l'orient CHRTIEN.,1 I Ui. Jb! JjU U J'j^j vJUv^.Vsrf ^l=v >_t^ aL=^ 4^ .28^b U l.Ui j.iS'yC:) IL. jWj '^p' ^'j^ .ly jitj^ .29

    TRADUCTIONDans la force du Ciel ternel, [nous] le Khan ocanique du grand

    peuple tout entier; notre ordre (1).Ceci est un ordre (2) envoy au grand pape (3) pour qu'il le connaisse et

    le comprenne (4).Aprs (5) en avoir tenu conseil (6) dans les.... des territoires du(1) Je reviendrai plus loin en dtail sur ce dbut, qui est en turc.(2) Le mot JLo mi^l a le sens prcis d'ordre du souverain, de firman, dansles textes persans de l'poque mongole; cf. par ex., en dehors de VuUers, Blo-

    chet, Hisi. des Mongols, II, 39'^.(3) Ppi-kaln. Le texte n'ayant pas de points diacritiques, je n'ose affirmerque les scribes aient voulu crire vraiment pp, et non bb la mongole (lemongol du Moyen Age n'avait pas de p, encore que les Mongols le pronon-

    assent peut-tre dans les mots d'origine trangre).(4) Dans toute la lettre, ..\^f (y** ^^^ employ au sens de connatre ,

    comprendre , et non de faire connatre (pour lequel on a le causatif..J_JI.Jp ilz*^ '^ ^^ ' "''^)' l'expression a en outre plus ou moins la valeur

    d' accepter , prendre acte de (drivant du sens de connatre).(5) Je traduis tant bien que mal cette phrase fort difficile en me fondant sur

    les parties du dchiffrement qui sont assures et sur la correspondance avec letexte latin. J'ai insr dans le dchiffrement les lectures qui m'ont t proposes, sous rserves, par l'rudit diteur de Juwain, M. Mrz MuhammadQazwln. Le mot ij^A^ rubst pourrait tre une forme archaque de ,_;;,^JnXiclk ou nunst, crit , lettre . Quanta U: zifn pour \j\ zXbn,' langue , cette forme se rencontre dans Juwain. 11 faut alors sous-entendre^ ki aprs nbt, et il y a de toutes faons une rupture de construction entrele m, - nous , qui commence la phrase la premire personne, et son ach-vement la troisime personne en construction passive. Ce qui m'a ampchd'adopter ici dans ma traduction les conjectures de M. Mrz Muhammad, c'estqu'elles amnent parler de la lettre [rdige] dans la langue des gouver-nements du karl .. Or il n'y a pas trace de cela dans la version latine, ensomme assez fidle, mais seulement d'un conseil tenu pralablement l'envoide ]a lettre.

    (6) Kanijas e.st bien la forme ouigoure de ce mot emprunt au turc par le[16]

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    LES MONGOLS ET LA PAPAUT. 19krl (1), vous nous avez envoy une requte (2) de soumission (3), quenous avons entendue de vos ambassadeurs (4).

    persan du Moyen Age (cf. le dictionnaire de Radlov); on trouve aussi en persankanfjh (cf. Vullers, II, )00), par exemple dans Blochet, llist. des Mmxgols, II,15" ; 51". Le sens de bangas est conseil , dlibi-alion ; cf. le habite con-silio de la version latine.

    (1) \S lirl est videmment le mot que Slaves, Hongrois, etc., ont tirdu nom de Cliarlemagne pour en faire en leurs langues le nom du roi . Cer-tains historiens persans emploient le mot sous la forme mtathtique Ji5' kaldr,et l'appliquent aux rois de Hongrie ou de Pologne; on voit que la lettre deGuyk a encore la forme correcte; contrairement ce qu'a dit Bretschneider(Med. Reaearches, l, 331), la transcription chinoise k'ic-lien suppose d'ailleursaussi, d'aprs les habitudes de transcription du temps, un original krdl(' kaial serait possible thoriquement, mais peu vraisemblable en fait), et nonkular. Dans la suite de la lettre, on trouve deu.x fois kardl au pluriel. Ici lemot est au singulier; il doit donc s'agir d'un roi en particulier. A la fln du.xiii" sicle, le roi de France est connu dans le monde oriental sous le titrede redifrans , qui a alors pass mme dans la langue de la chancellerie mon-gole en Perse; mais il n'en allait pas de mme cinquante ans plus tt. Encoreque j'ignore de quelle dlibration il s'agit, peut-tre est-ce lui, si j'ai biencompris le passage, qui est vis ici. La.Chronique de Salimbene (p. 207) contientsur les conversations de Giiyuk et de Plan Carpin un passage dont VllisloriaMongalorum n'offre pas l'quivalent : ... Etquod inquisivit [Giiyuk], quot essentqui dominabantur in partibus occidentis; et respondit quod duo, papa videlicetet imperator, et ab istis duobus omnos alii habebant dorainia. Iterum quesivit,quis istorum duorum esset maior. Cumque frater lohannes dixisset, quodpapa, protuiit litleras pape et ddit ei . D'aprs ce passage, on serait tent depenser que kral pourrait viser ici l'empereur, n'tait qu'Innocent IV n'avaitvidemment pas consult Frdric II qu'il se prparait faire dposer. Peut-treest-ce d'ailleurs la dposition de Frdric II qui a fait disparatre cette conver-sation lors de la rdaction linale de VHisluria Mongalorum. La note de Qua-iremre, Hisl. des Mongols, p. 72, sur klr, etc., est en partie errone.

    (2) Le mot .^C^.l Olg, prire -, requte , ne s'est pas, je crois, ren-contr jusqu'ici en persan, et le dictionnaire de Radlov ne connat encore enturc que la forme otiinc; mais otiig est aujourd'hui bien attest dans les textesouigours(cf. MUer, C'igurica //, p. 16*-; Le Coq, Tiirk. Manichaica aus Cholsvho,I, p. 112; pelliot, dans T'oung Pau, 191-4, p. 265); et, tant pour la forme quepour le sens, le mongol iJcik lui correspond rigoureusement.

    (3) L'ide de soumission est exprime par deux abstraits persans en -, maisforms le premier du mot turc il (qui a pass aussi en mongol; cf. aussi Quatre-mre, Uist. des Mongols, p. 73), le second d'un mot ii'anien. Contrairement auxhabitudes persanes, ils ne sont pas runis par une copule. De mme, auxlignes 17-18, le mot envoy , ambassadeur , est exprim par deux mots,l'un turc, l'autre persan (en ralit arabe), placs l'un aprs l'autre sans copule.Il semble qu'il y ait l un phnomne un peu analogue celui qui a fait juxta-poser dans l'Indochine et l'Insulinde un mot sanscrit et son quivalent en unelangue indigne (cf. Huber, dans B. E. F. E.-O., V, 173).

    (4) Le mot pour ambassadeurs est ici la mot turc iici {el'ci). Le pluriel[17]

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    20 REVUE DE l'orient CHRTIEN.Et si vous agissez selon vos propres paroles (1), toi qui es le grand

    pape, avec les rois (2), venez ensemble en personne pour nous rendrehommage, et nous vous ferons entendre ce moment-l les ordres [rsul-tant] du ijm (3).

    Autre [chose]. Vous avez dit que si je recevais le baptme (4), ce seraitbien ; tu m'en as inform moi-mme et tu m'as envoy une requte. Cettetienne requte, nous ne l'avons pas comprise.emplo\' dans la rponse de Giiyuk me parat s'adresser la fois au pape et aux rois avec lesquels le pape s'tait abouch avant de faire partir ses mes-sagers. Quand Giiyiik vise le pape seul, il lui dit - tu .

    (1) J'ai traduit littralement. Le sens indiqu par VuUers pour l'expression nesemble pas aller bien ici.

    (i!) Ici comme la ligne 27, le pluriel de krl est crit krlln au lieu dektiraln, et il en est de mme pour le pluriel rasTiUn au lieu de rasdn

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    LES MONGOLS LT LA PAPAUT. 21Autre [chose]. Vous m'avez envoy (1) ces paroles : Vous avez pris

    tous les territoires des Mjar et des kirislin (2) ; je m'en tonne. Ditcs- nous (luelle tait la faute de ceux-l? (3) Ces tiennes paroles, nousne les avons pas comprises non plus. L'ordre de Dieu, Cingiz-klin et leQ'n (4) l'ont envoy tous deux pour le faire entendre. .Mais l'ordre de

    (1) Ici et plus loin, je lis -'il, forme archaque de la i personne du pluricpour -M.(2) La traduction latine parle ici de la mise mort de tant d'hommes, et

    ma.\imc christianorum, et potissime Pollonorum, Moravorum et Ilungarorum .La forme Mjar est r('j,'ulii're pour le nom des Magyars ou Hongrois. Kirislnne peut reprsenter que le nom des chrtiens en gnial; j'ai signal dansune note prcdente la prsence du mme mot, sous la mme forme, dans unnlettre mongole d'Arghun do l-'90. On voit que la traduction latine introduit desnoms de peuples que la lettre persane de Giiyiik ne contenait pas, et qu'il n'ya gure de vraisemblance qu'ils se soient trouvs dans sa lettre mongole. Onremarquera toutefois que la vereion latine de la rponse /de Guyiik est icitrangement voisine du contenu de la lettre d'Innocent IV Cum non solum -tel qu'il est expos par Plan Carpin aux premiers Slongols qu'il rencontre enRussie mridionale : ... mandabat praeterea [Dominus Papa] quod mirabaturde tant

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    22 REVUE DE l'orient CHRTIEN.Dieu [ces gens] n"ont pas cru (1). Ceux-l dont tu parles ont mme tenu ungrand conseil (?) (2), ils se sont montrs arrogants et ont tu nos envoys-ambassadeurs (3). Dans ces territoires, les hommes [c'est le] Dieu ternelqui les a tus et anantis (4). Sauf par l'ordre de Dieu, quelqu'un, par saseule force, comment tuerait-il, comment prendrait-il (5)?Et si tu dis : Je suis chrtien (6); j'adore Dieu; je mprise et... [les

    autres] (7), comment sais-tu qui Dieu absout et en faveur de qui il octroief (1) On pourrait galement comprendre vous n'avez pas cru en ponctuant^1 au lieu de jj'.

    (2) Je ne suis sur ni de la lecture ni du mot mot. Ma traduction s'inspiredu magnum consilium habentes de la version latine; kaln, grand >rpond bien magnum, mais j'ai des doutes sur ce qui prcde kaln.

    (3) Sur la double forme rasftlln-Uciyn, cf. supra, p. 18, n. 2. Ainsi qued'Avezac l'a suppos (p. 595), Gyiik doit faire ici allusion la mise mort desenvoys mongols par les princes slaves en 1223, peu avant la bataille de laKalka. C'est sans doute sous l'inlluence de cette rponse que Plan Carpin note(d'Avezac, p. 767) que consuotudo enim est Tartarorum nunquam facerepacom cum hominibus illis qui nuncios eorura occiderunt, quin de ipsissumantvindiciam .

    (4) Nous avons dj eu et aurons encore plusieurs fois, dans cette lettre deGuytik, le mot ^tj.:i. qu'il convient de rendre par Dieu. Mais c'est l, dans letexte persan, une traduction un peu infidle l'original mongol qui avait cer-tainement ((M^rr*, leCiel(divinis); et-leDieu ternel, ojjj c|j.., quedonnela prsente phrase, habille d'un vtement arabo-persan le mongka tngri, leCiel ternel , que portait sOirement l'original mongol; c'est aussi l le mdngtngri par lequel dbute en turc la prsente lettre de Giiyuk. Les notionsexprimes par tngri, yiidi et mme mngii (mongka) taient d'ailleurs assezvoisines pour que Tangriberti, Khudiberti et Mangiiberti soient pratiquementautant d'quivalents turcs de Dieudonn.

    (5) Le texte latin est moins prcis ... homo homini quid facere potuisset .J'ai admis que les deux verbes se rapportaient aux deux actions dont le papeavait marqu sa surprise, le > meurtre - des populations et la prise des ter-ritoires. Le mot pour tuer est gnralement crit en persan jJxS kusian,mais notre lettre a toujours j;,S kslan, comme dans le cas prsent. Je nepense pas d'ailleurs qu'il y ait lieu d'attacher grande importance cette scriptioplena, pas plus par exemple qu' la double leon .^si' suyjtn des lignes 8 et M,mais .^jd' siixiin de la ligne 16.

    (6) " Chrtien est exprim ici par le vrai mot iranien tars, > trembleur on sait que ce mot existait dj avec ce sens en pehlv, sauf qu'il a pu dsignerau dbut les . moines ; comme tel, lise trouve dj en transcription chinoisedans l'inscription syro-chinoise de 781.

    (7) Je ne suis pas sur du sens; le mot ^ J; -r a le double sens de > lamen-tation et de mpris ; je me suis inspir du alios despicitis de la versionlatine; le second verbe m'chappe. Vu l'entourage nestorien de Giiyuk, je medemande s'il n'y a pas ici une allusion aux Nestoriens mpriss par les chr-tiens d'Occident; la version latine, tablie en prsence des chrtiens Cinqai

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    LES MONGOLS ET LA PAPAUT. 23la misricorde, comment le sais-tu pour que tu prononces de tellesparoles (1)?Dans la force de Dieu (2), depuis le soleil levant jusqu' son occident,tous les territoires nous ont t octroys. Sauf par l'ordre de Dieu, com-ment quelqu'un pourrait-il rien faire? A prsent, vous devez dire d'uncur sincre : Nous serons [vos] sujets (3); nous [vous] donneronsnotre force (4) . Toi en personne, la tte des rois, tous ensemble, sansexception (), venez (6) nous offrir service et hommage. A ce moment-lnous connatrons votre soumission (7). Et si vous n'observez pas (?) l'ordrede Dieu et contrevenez (8) nos ordres, nous vous saurons [nos] ennemis (9).

    Voil ce que nous vous faisons savoir. Si vous [y] contrevenez, en quoien connaitrions-nous? Dieu en connaitra.Dans les derniers jours de jumda le second de l'anne 644 (3-11 novem-bre 1246) (10).

    et Qadaq, prte cette interprtation quand clic dit : Sed vos, horaines occi-dentis, solos vos christianos esse creditis, et alios despicitis.

    (1) Le texte persan doit subir ici rinfluence de la terminologie musulmane, etne donne sans doute pas une impression absolument fidle de l'original mongol.

    (2) L'original mongol avait srement tiingri kucun-diir, c'ost--dire la mOmeformule laquelle correspond en turc [miiniju] liingri kciind au dbut de lalettre.

    (3) L>l il. Sur ce mot turc, pass en mongol et en persan, cf. Qualremrc,Ilist. des Moiiijols, p. U-15, et infra, mes notes relatives au cachet de Guytik.

    (4) Le mot que je traduis par force est ici kiic, au lieu qu'aux lignes 20et 24, il rpondait l'arabo-persan ^.^3. U est certain que le mongol avaitkciin dans tous les cas, et la traduction latine a bien partout la mme quiva-lence fortitudo -. Mais le correspondant turc du mongol kiicUn est kiic, eton emploie en turc une expression kiic ber-, tout comme en mongol kiiciin6(1; - donner [sa] force , au sens de servir [quelqu'un] . Sous les Mongols,ou peut-tre avant eux, l'expression a t copie, en gardant le mot turc kiic,dans le persan ,^1.5 ?-^ \ ''exemple que fournit la lettre de Giiyiik est plusancien que ceux runis dj par Quatremre, Hisl. des Monr/ols, p. S-lS-S-ig.

    (5) J'emploie sans exception comme un quivalent de rl^-~ afin dene pas rpter tous ensemble .

    (6) Au lieu de JjLj, il faudrait J_)L>.(7) C'est--dire que (juyiik comprendra alors la sincrit de cette soumission.(8) Aux lignes 20 et 30, jcL^est pour x^(9) -ivj yyi. C'est le mot turc. Quatremre lui a consacr une note (Itisi.

    des Mongols, p. 128-129), o il n'y a changer que l'hypothse selon laquelleySyl pourrait tre mongol.(W) On a vu plus haut que cette lettre persane a t crite exactement le

    Il novembre 1216. D'autre part, si la version latine de Plan Carpin n'indiqueaucune date, peut-tre est-ce parce qu'il la lit sur le texte mongol, qui pouvaitn'tre qu'un brouillon, et ne pas porter encore de date; j'ai exprim, plus haut,l'avis que ce texte mongol avait t finalement mis de ct.

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    J'ai traduit, mais sans les discuter, les trois lignes initialesen turc. Il importe d"y revenir maintenant, en donnant d'abordla transcription et la traduction de ce prambule en turc, etensuite le dchiffrement et la traduction du cachet mongolappos deux reprises sur la lettre. Les deux textes s'clairenten partie l'un par l'autre.

    1 Prambule en tnrc :M{)ngu t{a)nQri kuc{)nd | kir {u)l{xiy; ulus n{u)ng talunung

    \yan y{a)rl(iy(g)m{i)z.

    Dans la force du ciel ternel, [nous] le khan ocanique dugrand peuple tout entier; notre ordre .

    2 Cachet en mongol en six lignes :Mongka t{a)ngri-yin \ kcn-dr yk mong^ol \ ulus-undalai-in

    \yanu j{'/)rl{'i)y il- bol-(a \ irgn-diir kurbsii bs-

    irtugui ayutu'iai \ . Dans la force du ciel ternel, du khan ocanique du peu-

    ple des grands Mongols, l'ordre. S'il arrive des peuples sou-mis, qu'ils le respectent et qu'ils craignent! La premire ligne turque ne fait pas difficult;' c'est la for-

    mule initiale de tous les dits mongols.Je lis, au dbut de la deuxime ligne turque, kilr ou gn\que je rends par tout entier . Ce mol n'a pas survcu en turcavec ce sens prcis, mais il a laiss des traces. C'est lui quese rattache le gn-, abondant , puissant , de Tosmanli,insparable lui-mme du kir des dialectes de l'Alta, aux sensencore plus volus. En mongol littraire, Kovalevski a relevune expression kir ulus, tout le peuple , qui ne peut guretre qu'un emprunt au turc, et qu'il convient en tout cas derapprocher de notre kir idit-^ ulus. Enfin et surtout, le vieuxtitre de gur-yan, gurkhan, qui a t port par les souverainsdes Kerat etdes Karakhitai, est toujours expliqu dans l'His-toire secrte des Mongols en traduisant gr {kiir) par p'ou, universel . En somme, un souvenir de la titulature du gur-

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    nuc.\4b^.. rv^MJfefiMSBL..

    - *^'W ^^5'^!&*^'^^^"^"'2jPl. II. Sceau du grand khan r.jl;.

    Voir page [-2].

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    LES MONGOLS ET LA PAPAUT. 25khan se retrouve dans celle que prend ici l'empereur mongol.Le mot suivant ^-'1 ne peut gure tre qu'w/My, grand , et

    rpond d'ailleurs yalui du cachet, qui a le mme sens enmongol (1).Ulus existe en turc et en mongol et se trouve ici dans le pr-

    ambule turc ciimme dans le cachet mongol.J'aurais fort hsit proposer mon interprtation de la fin

    de cette deu.xirae ligne turque si le dchifTrement du cachetmongol n'tait venu la confirmer. On sait que le turc talu, ocan , se retrouve en mongol sous la forme dalai; or, autalu nung yan du prambule turc le cachet mongol rpondrigoureusement par un dalai-in yan; il n'y a donc pas, monsens, de doute garder sur la lecturo. Reste expliquer cetitre. L'ide premire doit tre celle de l'ucan qui entoure lemonde; le souverain ocanique est celui qui domine auxrives de cet ocan, c'est--dii'e le souverain universel. Il n'estpas tabli que .M. Ramstedt et moi-mme ayons eu raison quandnous avons song, indpendamment l'un de l'autre, voir dansle nom de Gengis-khan, Cingiz-yan, une forme palatalise deTengiz-7an,oii f('ngi:, mer ,jou

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    26 REVUE DE l'orient CHRTIEN.Le dbut du cachet mongol est conforme toutes les formules

    initiales d'dits qui nous sont dj connues, y compris l'ortho-graphe consacre (mais inexplique) mongka (1).Le prambule turc faisait du khan le souverain du grandpeuple , sans nommer autrement ce peuple. Le cachet mongolspcifie au contraire qu'il s'agit des Yaka-Mongyol ou GrandsMongols . Les Yka-MongYoI sont l'un des quatre peuplesMongols proprement dits qu'numre Plan Carpin (d'Avezac,IV, 645), et c'est eux qu'appartenait la famille de Gengis-khan.Le mot jarliy est le yarl-^ du turc, pass ici en mongol avecla mme orthographe, c'est--dire avec l'omission des voj'ellesqui est usuelle pour ce mot en criture ouigoure ou arabe; l'cri-ture mongole postrieure adoptera la scriptio plena.

    Dans il bol'ict, il s'agit sans aucun doute des gens qui sontil, c'est--dire soumis ; ce mot turc que nous avons djrencontr dans le corps mme de la lettre de Guyiik, avait plusou moins pass en mongol ancien (2). Pour le second mot, jene puis lire autre chose que bolya, qui serait le participe pass non achev de bol-, tre , devenir ; ce qui me surprendest que je ne me rappelle pas avoir dj rencontr cette formede participe dans le texte mongol de VHistoire secrte desMongols.

    Les textes d'dits de l'poque mongole se terminent rgu-lirement par des dfenses, suivies de la formule que si on agitautrement, est-ce donc qu'on est sans crainte? Autrement dit,craignez de dsobir. L'impratif la 3 personne ayutu-(ai(du verbe ayii-, craindre ), qui termine ici le texte, estle S 280 de Vllisloire secrte des Monr/ols, Ogodai, le prdcesseur de Guyk,est qualifi de dalai-in qa'an, ce que la traduction chinoise interlinaire rendpar empereur de l'intrieur des mers {hai-nei houang-ti). Giiyik n'est doncpas le premier Gengiskhanide s'tre qualifi d'. ocanique . Peut-tre est-cele mme titre que veut rendre Etienne Orbelian quand il qualifie Mongka de matre de la terre et de la mer (cf. Saint-Martin, Min. sur l'Armnie, ii,131, 277; Brosset, Hist. de la Siounie, p. 229), mais j'en doute assez fort.

    (1) Cf. J. A., mars-avril 1913, pp. 452-453.(2) On sait que ce mot, en turc comme en mongol, a des formes il et lil (cf.

    les dictionnaires de Radiov et de Kovalevski). Lt pourrait se lire il ou el,mais l'criture ouigouro-mongole ne prte pas ici confusion, et le cachet deGuyiik garantit, dans le cas prsent, la lecture il.

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    LES MONGOLS ET LA PAPAUT. 27donc tout fait sa place. Le mot prcdent ne prte pasnon plus au doute; je le lis hiisirdigiii, o je ne puis voirqu'une orthographe un peu anormale de VmpraWf busiradiffid'un verbe buir-. Quant bsir-, c'est l le verbe qu'oncrit actuellement hUir-, et qui signifie respecter , v-nrer . La forme biiSir- tait celle en usage pour ce mot auxiii" sicle; c'est celle qui est employe, en criture 'pliags-paet en criture ouigoure, dans les dcu.x tablettes ou p'ai-tseuqui sont reproduites dans Yule-Cordier, Marco Polo, i, 352,355.

    Ce document n'est pas seulement intressant au point devue des rapports de la papaut et des Mongols; il nous fournitaussi quelques indications sur l'tat de la civilisation mongoleavant que les Mongols n'eussent pench dfinitivement vers laChine.

    Jusqu'ici, en dehors de la pierre dite de Gengis-khan quiest conserve au Muse Asiati(iue de Petrograd et qui portecinq lignes mongoles, de dchiffrement malais, crites sansdoute vers 12-20-1225, on n'avait aucun monument original enlangue mongole qui ft matriellement antrieur deux ins-criptions 'phags-pa de 127G et 1280 et la lettre envoye parArghun Philippe le Bel en 1289; les six lignes du cachetmongol de Giiytik viennent heureusement se placer mi-route. Voil pour le point de vue linguistique. .Mais, dupoint de vue des habitudes de la chancellerie mongole, le docu-ment prte des remarques non moins importantes.

    1 Au point de vue de la disposition matrielle, la lettrerapporte par Plan Carpin offre dj la plupart des caractris-tiques que nous connaissons dans les documents mongols dela fin du xiii et du commencement du xiv" sicle, savoir :

    a) Le nom du Ciel ternel et celui du khan dpassent leslignes voisines sur la droite. .Vutrement dit, en crivant dehaut en bas, ces noms particulirement vnrables sont placsau dbut d'une ligne et plus haut que les lignes voisines. Djla pierre de Gengis-khan nous montre le nom de Gengis-khan

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    28 REVUE DE l'orient CHRTIEN.trs en vedette en haut de ligne, puis une autre ligne unnom de prince distingu de mme, mais un moindre degr.Il n'y a pas douter que ce soit l un usage venu de la Chineet, pour que les Mongols l'aient connu du temps de Gengis-khan, il est bien vraisemblable qu'ils l'aient reu des Ouigoursqui l'auront emprunt la Chine avant eux.

    |3) Les lignes 2 et 4 7 sont seules en retrait; nous retrou-vons le mme usage de ne mettre en retrait] que quelqueslignes du dbut dans les inscriptions mongoles de la fin duxiiT sicle. Je pense que c'est parce qu'aprs avoir ainsi mis envedette l'minente dignit du Ciel et du grand khan, on netenait pas perdre une telle marge tout au long du texte. Maisle rsultat est que lorsqu'au dbut de la ligne 15 on va la lignepour le nom de Gengis-khan, ce nom n'est plus plac au-dessusdu dbut des lignes qui l'entourent. Enfin l'usage de la fin duXIII' sicle et du dbut du xiv" voudrait qu'on allt nouveau la ligne pour le qa'an, c'est--dire pour Ogodi ; mais je connaisdeux inscriptions de 1276 et de 1280 qui, dans le mme cas,ont encore la disposition de la lettre de 1216.

    y) La formule initiale, quoique en turc, est conforme en grosaux habitudes que nous trouvons dans les lettres et dits par-tir de 1276, savoir la mention du Ciel, puis celle du khan,ensuite celle du destinataire avec l'indication que le documenlui est adress pour qu'il le connaisse. Mais tous les textes quis'chelonnent partir de 1276 donnent le nom mme de l'auteurdu document, au lieu qu'ici Giiyk n'est dsign que par un titre.

    o) La date du document est donne comme toujours la fin;mais, contrairement l'usage courant, elle est indique d'aprsl'hgire. Si le document et t remis Plan Carpin en mongol,il est probable qu'il et t dat d'aprs le cycle des douze ani-maux. Une autre diffrence est que tous les documents mongolsque nous connaissons par la suite spcifient toujours l'endroito ils ont t rdigs. J'aurai l'occasion de revenir sur ce pointdans la suite du prsent travail.

    s) Le cachet est appos la fin du document, ce qui est dergle absolue. En outre, conformment un usage que nousretrouvons sur tous les monuments analogues, le cachet estappos, comme garantie, cheval sur la jonction des deux

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    RAVAGES DE TIMOUR-LENGEN ARMNIE

    Au muinent o l'Armno-Cilicie se voyait arracher son der-nier roi par les Mamelouks d'Egypte, un autre conqurant,incomparablement plus puissant et plus cruel, surgissait l'Orient. Entranant sa suite des hordes dvastatrices, toujoursgrossissantes, dont son gnie organisateur avait su former unearme redoutable, il subjuguait les principales nations de l'A-sie et jusqu' la Russie d'Europe, substituant leurs princes enfuite ou extermins ses lils et ses petits-fil.s. Tous les peuplesplacs sur les pas de l'envahisseur furent sans doute meurtris.Mais l'un des plus broys, ce fut le peuple armnien; car lavague de fer et de l'eu passa et repassa plusieurs fois sur l'Ar-mnie.Timour, l'homme de fer, surnomm aussi Lenk, le Boiteux,

    par suite d'une blessure reue au si^-e de la capitale du Sistan,se distinguait par une grande et vive intelligence, une vastemmoire, une fermet inbranlable, dons rarement unis aumme degr, mais qui, mis au service d'une ambition insa-tiable et d'une cruaut inoue, allaient faire de cet homme l'undes plus formidables flaux qui aient jamais dsol l'Asie. Des-cendant de Genghis-Khan par sa mre, il dpassa son aeulpar l'tendue de ses exploits et aussi de ses ravages. Devenuchef de la tribu de Blas par la mort de son oncle Sef-Eddyn,en 1360, Tamerlan, comme l'appellent les Occidentaux, conquitsuccessivement Balkli, Buchara, Samarkand dont il fit sacapitale, puis envahit le Khorassan et la Perse septentrionale.Ahmed Djlar, l'Ilkhan, aprs avoir essay de l'arrter, s'enfuitde sa capitale Sultanieh et se rfugia Bagdad auprs de sonfrre. Tamerlan franchit l'Araxe sur le gigantesque pont de

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    34 REVUE DE l'orient CHRTIEN.appel Meghertitscli passrent dans le groupe des musulmans.Mais, contre l'attente gnrale, Timour ordonna d'pargner leschrtiens etd'gorger les deux apostats (1). La franchise, d'ail-leurs, tait l'une des qualits de ce grand assassin; souvent ill'honorait mme chez ses ennemis. Aux princes et aux souve-rains qui se soumettaient sans arrire-pense il demandaitseulement un tribut avec des renforts de soldats. D'ordinaire,avant d'en venir aux mains, il proposait la paix aux condi-tions prcdentes ; mais la captivit ou l'extermination taientle lot des vaincus, si avant de combattre ils avaient rejet sesoffres.

    L'historien dj cit raconte qu'en arrivant sous les mursd'une cit, il dressait d'abord un p;nilliin blanc. Par l, il indi-quait qu'il ferait grce aux habitants s'ils se soumettaientimmdiatement. Se heurtait-il quelque rsistance, il substi-tuait au pavillon blanc un pavillon rouge et marquait par cesigne que la ville pouvait encore ne subir que les ravages du feret du feu. Les assigs s'obstinaient-ils ne point capituler, untroisime pavillon, de rouleur noire, leur annonait que leurville tait voue une entire destruction. La garnison et leshabitants de Van n'avaient pas t intimids par les ravages dela belle plaine de Mousch et ils soutinrent un sige qui duravingt jours au dire de Cherefeddin, et quarante jours d'aprsThomas de Medzoph. La ville ayant t prise par la rigueur dela famine plus encore que par la force des armes, Timourordonna de rserver pour la captivit les jeunes garons et lesjeunes femmes. Les dfenseurs de la ville, chrtiens et infi-dles, furent prcipiti'S du haut des remparts. Le sang armniencontinua dcouler Ilots des bords du Kour jusqu'aux rives dulac de Van. La famine suivit la dvastation des campagnes.

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    ItWAGES DE TIMOin-LEXr, EN ARMNIE. 37lion, le barbare reniant son serment, donna l'ordre d'enterrervivants les 1.000 Armniens. Ils furent placs dix dix dans delarges fosss, la tte assujtie au moyen de cordes entre lescuisses, et sur les fosses fut jel>' un plancliei- couvert de terre,alin qu.' la niort de ces malheureux ft plus lente et plusalrense ( I ). .\ beaucoup de femmes fut inilig un supplie nonmoins barbare; attaclies par la chevelure la queue do jeuneschevaux fougueux, elles furent mises en pices. Dans la plainemme o leurs parentes venaient d'tre carteles, nombre dejeunes garons furent jets pieds et mains lis pour tre broyssous le sabot des chevaux. Le champ ihtre de ces horreursfut ap|iel

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    RAVAOFS r)K TIMOfR-I.RNr; V.S ARMKME. f^iOl'rtondaiil tataro. orn d'une queue de cheval, llnttait sur li'sromiiarts. Alinird-Djelar s'cliappa avec sa fille; mais, suivi dopivs par dos soldats mongols, ils se jetrent dans IRuphrale etse noyrent. Bagdad dtruite jadis par le Khan Ilnulagoii, suiiitle mme sort. Tamerlan ne laissa debout que les Voles, lesmosques et les couvents avec les imans, les professeurs et lesjuges. Les habitants au-dessus de huit ans furent gorgs etleurs ttes, comme jadis celles des 70.

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    40 REVCE DE l'orient CHRTIEN.de former deux rgiments de cuirassiers. La revue fut terminepar la priore.

    Les deux souverains taient .Li'aux par l'orgueil et le courage.Mais, cette fois du moins, Timour fut incomparablement plusprvoyant que son rival. 11 envoya des missaires auprs destroupes tatares qui servaient dans l'arme ottomane, afin de lesrallier sa cause. En six jour,s, Timour atteignit Csare; sixjours plus tard, averti de l'approche de Bajazel, il arrivait Angora et choisissait une forte position sur les bords de larivire Tchibukabad. Bajazet la Foudre (Yildirim) avec unearme de cent mille hommes extnue de fatigue, prive d'eau,mal paye et mcontente, n'hsita pas risquer une bataillecontre une arme de 1 ou 500.000 hommes, ayant une foiaveugle en son chef. Le combat acharn de part et d'autre,signal par la dfection de quelques troupes ottomanes, sednoua par la victoire complte de Timour, que ne purent queretarder la vaillance de 10.000 janissaires et 10.000 clirliens,de Servie. Bajazet fut fait captif. L'empire ottoman, dciiir l'intrieui' par les rivalits des fils de Bajazet, semblait devoirs'crouler.Ce ne sera qu'aprs ilix ans de lutte que le plus jeune, le plus

    modr et le mieux dou de ces princes, achvera de vaincreses frres et n'unira en un seul faisceau toutes les forces otto-manes.Le \" dcembre 1102, Timour arrivait devant Smyrne. Cette

    ville tait occupe depuis un demi-sicle par les chevaliers deRhodes. Somms de payer tribut ou de devenir musulmans,les hospitaliers commands par le grand-matre Frre Guil-laume de Mine, rejetrent avec mpris ces offres et ces me-naces. La place ayant t prise d'assaut, les chevaliers sefrayrent un passage travers l'arme mongole et arrivrent la mer o les attendaient des galres: mais les chn'tiens del'le furent immols, et leurs tles unies des pierres furentemployes au trophe dont la vue dlectait ce monstre facehumaine. Quelques jours plus tard, aux environs d'phse, desenfants musulmans vinrent processionnellement en rcitant lessourras du Coran, faire appel sa gnrosit. Il leur rpondit enles faisant craser sous la charge d'une troupe de ses cavaliers.

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    RAVAGES DF. TIMOLR-LF.NG EN ARMIXIE. IlTimour, au faite de la puissance, revint triomplialement ;'i

    Samarkiintl. L'impitoyaljlc despote avait accumul partoutd'iiuiui'nst'S ruines; il avait ras maintes cglises-armnienncs,et, paruii celles-ri, l'glise des 10 martyrs de Sivas couronnede 40 coupoles. Plusieurs des nombreux chrtiens immol(''S parson ordre mritent bien le nom de martyrs. .-Vinsi en est-il deTvque de Sbasti', .Stepliauos. Et parmi les di-ports qu'onpeut estimer au di'l de 200.000, combien ne comptait-on pasd'.Vrmr-niens'.' Ce conqut-rant qui entassa plus de ruines quetous les souverains vandals, protgea, l'intrieur de sonroyaume, les lettres et les arts. De l, sa constante proccupa-tion d'envoyer dans ses villes prim-ipales, surtout Samarkand,ceux qui pouvaient contribuer le plus la gloire et la pros-prit' de ses tats : artisans, maons, tailleurs de pierre, ou-vriers d'art, comme les fabricants d'armes de Damas, enfin, let-trs ou savants en toute sorte de sciences. Ds le dbut de snnrgne, il avait donn Kescli, sa ville natale, le nom quelquepeu prtentieux de Dme de la science et de la civilisation(1379). Son code lgislatif et militaire, appel ouzoukal, mal-gr ses dfauts et ses lacunes, rvle son esprit d'organisation,et sa fameuse bibliothque de Samarkand, son got pour lessciences et les lettres, qu'il n'eut jamais les loisirs de cultiver.Les colons chrtiens, transports dans le Turkestan et le Klio-rassan. servirent aussi son dessein. Mais nombre d'entre eux, enparticulier parmi ceux qui furent transports des rives du Kour Kandahar, ne tardrent point passer l'islamisme et ne gar-drent gure d'autre indice de leur ancienne religion que lacoutume de tracer un signe de croix sur leur nourriture aumoment du rejjas. Celui que la conqute de vingt-sept royaumesne pouvait satisfaire, entreprenait celle de la Chine, quand ilmourut otrar,. l'ge de soixante et onze ans (I 1()!)).

    Place sous les continuelles menaces de hordes avides dejullage et de sang, la vie spirituelle des Armniens tait tropparalyse par la crainte, trop domine par la violence puurs'panouir et prosprer. Ils ne manqurent pias les Armniens,qui. afin de sauver leur situation, leur avoir ou mme leurexistence, renirent, du moins des lvres, le Christ puur .Maho-met. Mais un certain nombre de ceux qui dfaillirent ainsi par

    [U]

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    12 re\'i;e de l'orient chrtien.peur de la mort, de la confiscation de leurs biens ou de l'exil,rejetrent la profession de foi musulmane, ds qu'ils le purentsans de trop gros risrpies. Tel fut l'Ischkhan Sembat, lils d'Ivan,petit-neveu de r('vque Klienne Orplian de Sunie. Sembat, quigouvernait la partie suprieure de cette province, sauva sa \ ieen embrassant l'islamisme. Il n'en fut pas moins entran cap-tif Samarkand par Timour. .\u retour, il fut assez habile pourrevenir au christianisme sans e.xciter la colre de ses matres.Son fils Pliguin, nakhai'ar plein de ressources, chrtien aussiferme que prudent et bienfaisant, hrita du gouvernement deson pre; et maints Arinuieiis perscuts trouvrent prs delui encouragements et appui (1).

    D'autres nobles .armniens qui, l'instigation de MlikOmar, petit-fils de Timour, avaient reni le Christ, firent aussiplus tard amende honorable. On cite parmi eux le frre de Sem-bat, Bourthel, gouverneur d'Orotn; Tarsaidj, seigneur d'Ek-ghiats; Souratmisch, seigneur de Makou, et un personnage del'Ararat, nomm Aghidan (1 l-'l).

    Plusieurs des chefs de l'glise armnienne prirent victimesde la barbarie musulmane. Mais quelques-uns d'entre eux, s'ilsne connurent pas les hontes de l'apostasie, ne mritrent pasdavantage les honneurs du martyre. Ainsi, ce fut l'instigationdes chrtiens que Mlik Omar lit saisir et gorger le catholicosThodoros (1.377-1393). Avec lui, raconte Thomas de iMedzoph,furent immols seize notables chefs de famille armniens. Plustriste encore fut lu lin ties deuxime et troisime successeursde Tliuduros. A la mort de Garabed I, le vartabed Hakob ouJacques III de Sis avait t investi du patriarcat par la protec-tion du gouverneur musulman. Bien qu'il ft mal affermi surson sige et que son lection ft fort conteste, il faillit unmoment, la faveur des divisions des suffragants d'Aghthamar,runir ce sige sous sa dpendance. Mais loin de russir danscette tentative, il ne put djouer les complots de son entourageet il fut empoisonn par quelques-uns de ses moines (-2); nonmoins lamentable, le sort de son successeur Grgoire VIII,enferm dans une forteresse, puis mis mort. Un peu aupa-

    il) chamtchian. 111. llo. Nous aurons l'occasion de reiiarlei- de Pliguin.(2) Tchamtchian, 111, -157.

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    nAVAOES DE TIMOt'R-l.i:\r, F.\ ARMKXIF.. 13iMvant. il avait tf'- excommuni, en punition do f=;on apostasie.Tcilo est du moins la conclusion, d'ailleurs assez flottante,du Wtc Tiliaintchian ( 1 ).

    I.a iilupart des pastiiirs di' l'Ariniiie, encore qur leur vie-piriluelle lt aiipauvrie par leur sparation de TKglise univer--elle. i^ardaient ct'pondant une foi inviolable en la divinit duChrist, .appartenant par leur bonne foi l'iiie de l'glise catho-lique, des Arninii'n.-; le toute classe, de tout ge: occlsias-liquos, hommes, femmes, jeunes gens continuaient de donner .'sus le tmoignage de leur sang. Ce n'est pas que, chez lesmatres ou les guuverneurs les provinces armniennes, il y elalors un systme arrti' de perscutions en vue d'amener les.Vrmniens au niahomlisme. .Mais, ta part quelques chefs vrai-ment modrs, la plupart considraient leurs sujets chrtienscomme des gens corccab/cs et taillables merci, comme desesclaves dont les dlits, vrais ou supposs, l'gard du Gouver-nement perse ou ottoman, se transformaient vite en crime capi-tal. Ainsi prvenus, les gouverneurs ubi'issaient aveugli'ment leur barbarie native et leur fanatisme. Ils taient prompts lancer une sentence de mort, laquelle ils ne laissaient qu'unmoyen d'ehapper : l'apostasie..Ahmed I Bonrhaneddin [Preuve de la Foi) ayant mis la

    main sur Sivas, tandis que d'autres mirs s'arrogeaient le Gou-vernement de Tokat, d'Amasia, etc., eut rprimer plusieursrvoltes, auxquelles taient mls ses propres soldats. Onlui signala comme instigateur de l'un de ces complots l'ar-chevque de la ville, Stphanos, et les moines du couvent du>V/// Signe, dont il tait l'aradchenord. Le prince lui offrit unseul moyen de se justifier et de prouver son loyalisme : c'taitde devenir musulman. Stphanos et deux de ses moines, ."^yl-vestrios et Thorps, prfrrent mourir cl). Le bourreau dut s'yprendre plusieurs lois pour trancher la tte de l'vque dontla taille tait gigantesque et la force extraordinaire. Son visage

    (1) Ouvr. cit, p. 457.|2| Voir llnvits nor Vkaner, Xouvfniu- martyr itrmiiiens (1105-18131, parManandian et .\djarian, Valarcliapat, 1003, p. 137-100, ouvrage critir)ue d"aprs

    les sources et la confrontation des mss. Revue liazmuve/i, article d'.Vlichan,1848, p. 131. Tchamtchian, 111, -131-433. Ilaisinavouri], 3* d., p. i^l-iGii.

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    RAVAGES DE TIMOUR-LEyC EX AHMENIE. -Ill'glise chrtienne. Saisi par les musulmans, il refusa d'abju-r

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    46 REVUE DE l'orient CHRTIEN.le verdict de ses chefs, une foule fanatique ne l'attendait pas tou-jours; et comme les lapidateurs du premier martyr Etienne, ellese laissait aller, contre le prvenu chrtien, tous les emporte-ments de son zle sauvage. Dans les rcits des martyres conser-vs par les traditions armniennes, il n'est pas le moins int-ressant celui de la pauvre Ilimar de ^'an. Aprs avoir vu prirson mari par la main des soldats de Timour, dans le carnat;equi suivit la prise de Van, elle avait t recueillie par un Kurdeet tait devenue sa femme, sans toutefois abjurer le christia-nisme. Un jour, cependant, mene par les parents de son pouxdevant l'glise chrtienne, elle consentit jeter, en signe dereniement, trois pierres dans la nef du lieu saint, \ingt ansplus tard, le remords assoupi ou combattu linit par l'emporter.S'tant rfugie Makou, dont le gouverneur tait chrtien,elle voulut y reprendre ses anciennes praticiues chrtiennes.Mais on lui dclara que c'tait \"an, devant les tmoins de sesscandales, qu'elle devait se rtracter. Revenue Van, et recon-nue au sortir de l'glise par des Perses musulmans, elle avouases remords cl son repentir. Avec une satisfaction qui se tra-hissait sur son visage, elle se laissa mener sur une placepublique et tomba, vraie martyre, sous les pierres dont onl'accabla, ayant reu ces pierres l'instar de roses , disentses .lc/t's( 1-118) (1).

    r. Fr. TOURNKBIZE,lirofosseiir l'Univei-sit Saint-Joseph, Beyi'outli, .Syrie.

    (1) \iii\ i/iiirli/is, |i. .!:il-v;iS.

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    LES i>s(:iuPiio.\s \i{>ii:menm:s damDE BALIXAIR ET DH MAHMACHl^N(Sifife.)

    16A.NI. Sur le iiiiir extrieur de lglise de Saint-Grgoire

    des Apuugliamriens {\e n" ."> du Plan), cot septentrional :I. -/M'/''/''///.('.'//'.'j,/.///////'."i/.'/.('./'/'"i:('.///;//v'./'.'r'//'.v,

    lll"hl''N'l''l-lirilhl'

    l;lll:l'hir.hl'l:;i. hni:!{(\njVhi\'hi\(sic!)'ii'iihi'ni>i'H;r:i.rMi.ir.riihr,i'.

    I'h-'l,ll'l.l'.li(':i.lll'l'llil'hl;l>', rj'-ijr:iHii\Hn:,i':i,'hiisi'.i'r:i.u\i>i'hini'i-i'i''i-iii'iihi'h

    'i.r-r.i'i'hiiiiir.ir:.. hhr,l--i.hm'llh'h Ul\hl''JM-

    iisi;r:i,-i,iiiii,-i>oiii'-(,. iN'hiisr.iii'hV''u\Hin\vi'-i\^Vhi\(U'nnuwhiii'ui'.

    iriyt.iii>fNU->-i'iii'iii'.7. LShi\iri,iiii:\ji\in.hiiiir.i'.. ^/^'^^/wwW'^^/'/J77'/./!^.//'^('./'"J,i(^);^.'/>./.^^^/'./^^..v.i'iirrM'hiih10. /VW:/'^/^///.r.'i.;;r./^^///./'/'/./'^/'/^//;T^'/'//^/.^{r./'^.'^.

    UV.hlIhl'I'-'i.nil. rrJI!lh'inil\hin\nhlH;lirM'l\U\iA\Hil;hl;nj;lihn

    !niU'.in,H\ii'h

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    LES INSCRIPTIONS ARMNIENNES d'aM. 49liminaire ou du vendredi de carme ils clbreront 8 jours(ruffice), des jours libres. Or, si l'un des prtres de cesglises s'oppose cet ollice, ou le nglige et laisse passer lesj'>urs, qu'il soit maudit du Pre, du Fils, et du Saint-Espritet des :US Pres, et que sa part soit avec Judas le tratre;mais que celui qui accomplira cet crit soit bni. l'arGuorg.

    LiLTiie I : :,5 pour tu.^n^ . .{ : [,h pour/,.Mt . ^.m,,,j,P'jur (iiji,j. .5 : uLUmli signilie chambre , mais j'aitra.liiit .. chapelle , comme le sens l'exigeait. 9 : ...^.Lt pourunMh, du verbe u,n.U . 10 : nLpp/J,L"j forme vulgairepour nLpp,..pn,.g, gnitif pluriel de nLpp,p, ce dernier "avecla d.'sinence vulgaire -,t/, forme le nominatif pluriel. Il : ipL pour t^t. _ 12 : u^^bp^.u pour u,;jt,.,.L,iiiiyLt pour lulijnLgiull .La date 489 de l're armnienne correspond la date 1040de notre re. Figure n' 4.

    17ANI. Sur le mur extrieur de l'glise de Saint-Sauveur(le n" 6 du Plan), ct oriental :1 . + l'inHi'Hihi'.iiu.hi'iihin'.'iii 'I lU'Minh'hbdh^- a

    ///.

    2. UhbHIU'lW'H'UilMill'hl'VXll'UllNl.i'il' ('.7,^

    Transcription : / '/.l'/J- f7..^,,/,, /,./ .,,,;,,./,,, ^/.i,/,,/,Traduction : . En 189, moi, Aplgharip, jai conslruit :{....et j'ai donn ce Saint-.Sauveur des htelleries de rapporte?)... .La date IS'J de l'eic armnienne correspond la date 1040de notre re.

    18A.M. Sur le mur extrieur de lglise de Saint-Sauveur(le n r, du Plan), ct mridional :

    [29]OKIE.NT ClIflKTIKN.

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    50 REVUE DE l'orient CHRTIEN.1 . _|_ ]>viju\in'ivHhsiihi'i-bivin'iVfiusriiuKn(innh

    nihllllhhl'l'>lVhl\hniUlhl'thl\V(,nUT'l\SL\lir1. '////'yr.'/'/r.(r.;(r,((i;/'////7'-/'/'f/.s'r.'/'///'}>T.//-/'.r.f/fV

    VJ'l'^Uil\)IJUiyirinihl'i-l>hV(dUil;l'hllN>l'iihiillbSllh;. PJ'UldVhUlVhh^UUU'h^M'llhSIII''hhlir'riihUlhlX\

    m, h'ixMU' iriini'iii'i.iiM'f-hiVhbhiim'ii'i>riiiih4. /'^t(r^///'i(U'i7vAi(;:m,llf^/i///i/'/''fl>/^s'f{r.w7/^r./^

    hiinriihiih'i.b(ii"rs(ibiib'i.b!ii''i'- a = ni'hintr.-,. (./KW;/.(r*,/''i'/'m,w7''(,i'///'/''/-(;/.///'//.s"*,/'-/'r./'VL-/''[,-

    i'biifiU'U'n(iUi\imi'Sniuif':,n'ii\n-vji:,ii'hhiii'U'G. ;;^.!^s^/y'i^L/^.l/^!L'a^(^.)7^//t'.//^('.^'/'/i.;/irs'hbi'ii{i'hiin^ir,si\iji.'iii\mrn

    '.). /''7'/'VMS'n7i^/'/r/,7,/>/;'M.-r./././'/'7'/'//'/'*(,s7;/'M>'/-/7'//t/' /';*, /////;/'

    Transcription : /' "J/'/. /Jiilhi/iiiii/hi, A unumulitnnLpiuti'ii uiLiuni'Ininnnupf L^niinn /iiii/(/ii>ii/i/i/iii/i, lii. /(/iiiuiiii-iiniii./r/t

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    LES INSCRIPTIONS ARMNIENNES d'aM. 51callioHcos des Armniens, et sous le rgne de Sembat (III),(ils (le (iaguik (II, clialinciiah. moi, Christapor, serviteur deDieu, m'lant rfugi lians la misrirurJo de Dieu et de ceSaint-Sauveur, j'ai donn mes proprits achetes de mesdeniers : 7 maisons,- ce Sainl-.Sauveur, pour le pardon demes pchs et pour le salut de mon Ame. Les prtres deSaint-Sauveur doivent clbrer chaque anne, dans les quatrechapelles de l'glise, six offices, sans opposition, jusqu' lavenue du Christ. Or, si quelqu'un des miens ou un trangerse dclarait contre mon dsir, s'il ngligeai( ce qui est inscritet s'il usurpait mes maisons, qu'il soit condamn par le Christ,qu'il soit coupable de mes pchs lorsque viendra le Christ,et qu'il iirite la maldiction perptuelle. (Si quelqu'un) acca-parait mes chapelles et mes maisons, ou bien (les) ven(dait?),qu'il soit maudit des 318 (Pres) ; mais que celui qui accompliracet crit soit lini.

    Ligne I : /iiii|3iiiii/i/^iin p'ur /^iii|(?ii(i/i/jnii . \ : '/'ji/zt/mi et/,/|/,ijIiy|ij)iii pour '/'ji/j^/uj el /./j/.

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    nd\i''i.iiuT/hhiisi'iiiilnnfh'i\rbVJj-(rbh'i\M\n4iivn\Nirllhl'i-hVXn'h

    2. [/'7-//'/./>r./"/-///'///'/vS'/'///7'n'///-]///'/'''Kn,/'Wv///'//';;i'./'

    ;!. [//"Hy//r/.7,'/r./''ir./M'.'/.sr./']i2iai'./'f-t/;n//.s'[;fr^//;{^J/Yv///'^///w/7W//>/^';/w/7//{M^)T,r^./'^lr^,y///'Jr.r^

    '.. mvi.hh>)MN'(iiin'nNiN''i'iri-mwrii(iNi(iiihi'ninbi'iH'i,hhhr./'///'/''7'/;/,.s7//';.ii3]/.f//'/'/"'j uinuiinuLlilnuih n/ilinliiii/ijiiiiA/iiiiiilili(\/iii /i/iiiiinL>^i_iii/

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    LES INSCRIPTIONS ARMI-NIENNES d'aNI. 03d'une solidit absolue, et j'ai fait des dpenses considrables,de mes deniers personnels pour amener [avec efl'ort de l'eauabondante dan]s la citadelle, pour la rjouissance et pourcalmer la soif des altrs. J'ai apport de l'impratrice auto-crlate porphyrognte une bulle d'or [de franohise,] pour lesort des maisons de cette ville et pour le tliaslak qu'ellesdonnaient, annuellement une quantit de 8 litres; et] aussi, la demande des notables, j'ai supprim le prlvement dedeux litres que payait le con|trnl('ur. Amen.]

    Ligne .') : n^m^uin est certainement le mot persan ^JUi-f =sort . 7 : SnL^}u\i^i est l'arabe ,^.~.:^'' contrleur .Restauration d'aprs Sarguissian (ro/wyr., p. 1 19) et Bejech-

    kian {Vojiiuje en l'oloijnc, p. T.'l).Sans date; mais elle a d tre trace entre 1045 et 1054.

    21ANI. Sur le mur extrieur de Saint-Sauveur (le n" 6 duPlan), ct mridional :I. -fVr/s-////(7r.:/''//////'/w/7//''/-/'//'/.r./''///,s'///-r./'-/>//7;/'

    filll"hnr,hi,(\h'Sni'l.lll;h!{IH'.iillhllll}>l'M>rii2. l'UIII;hhlll'lUIH':i,hl;ll'f''(i'^'f'-f

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    i.KS iNfiCiiiPTioxs .\inri:\ri;NNi;s n a.vi. ,^)p('..S7.- : ///' IVhhHhni'l'hl'hVh irill'li/iii II III tnai ui lis II hu '/,/ii/piiij-niu, lunAiii fin(inini_H/iL}i iiii(niiipiiiniiip/iii lULni, ninaui) uin-bU

    to]

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    56 RRvri PE l'orient chrtien.ninuilinuuinni.piuliii' Il liililihun luuuimnui, 'Ininjih nnnbu, bL /*jibijnji,{.uiiuuiuoniii/iiKi iiiiiili'li, iiiiiiii/Jiiin /iiiili/i/iiiiiiiinu, Iii_ l/iup^/iu, l.jiiniu-Liiinuii miii/i

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    LES INSfRIPTIONS ARMKMENNES d'aNI. 07= corve, angarie . Snq, c'est le latin modius que j'ai traduitpar : l)oisseau . 5 : ij/iitLnji, les dictionnaires ne donneiilpas ce mot; il signifie nint mot : celui qui tient du vin ,que j'ai traduit par : marchand de vin . liiji^Jt^ip, ne setrouve [tas dans les dictionnaires, mais le sens ixHe abattre esl certain. (j : uiuij pour h^/o,///^o/w///^^.,T^:^J'0[^/'/^.:r.v>///'/'^//'r./^i.'/^/i//'... /,/.:>j'i-i\'ij\i'!{U;h'hijinjiuvii''i,!{rj''iiri'>rjn\i%h

    .-,. i>!vin-i,i\'hi>rhhiu\,ii'ni\njnihi'hinii>in\iih'in,'hi\rl'///'/;/'^^/^''.r./'^[/////''^;r./'/"^///';;^^7//'i'/'.//./{'^/'^.?)7,/'/>'/i\'u\i:h(ih'ihiihii'iiiiiii;hiH\i'uhyhLi^m\ii'i\}>i''i,iii\iirTranSiTiptinn : 'h^luLpiimlnli ifiiijinnni/m/iii /,i. iiiifJiiis,' i>iiii//i7i

    I L"u>''>-o'>l, OL i/iiiiili i/iii/iiiiM /i/fli)iiii/iriL/f>/iliili ttinnuiijin ii/nniii(/i}, ni -;--.' ^ ngligeant , maisl 'est le mme mut que if/ii_pii^^ = ^.^vm;:^^-" := contrleur ./fii>iifiii|l est II' mot turc %' = pri.x forfait, concession .

    I.'inscriptiun est reste inacheve.Hestitutinn d'aprs Sarguissian {Topographies, p. llM).^ans date, mais elle est probablement de 1072.

    25.\M. Sui- le mur extrieur de la chapelle di'ime du

    cuuveni de Bkhentz (le n" i:! du Plan), ct nord, crituregrave l'aide d'un couteau :

    ! . LfiuLu pour hbpul^u . O-' _ ^ni^^iii/^iun^iii/ pour/.ii|^iii/^.iiijfiu r= vque . s : ^/i//i)> pour ^Jol/iL ou bienpnLiii/^iiii^i/ = en l'an .

    La date (jU3 de l're armnienne correspond la date 1156de notre re.

    (Il ChCif les .Mongols les droits de douane et de transit taient dsigns sousle nom de tamga. (C. D'Ohsson, llixl. i^es Momjols, t. IV, p. 386.)

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    60 REVIE DE l'orient CHRTIEN.26*

    ANI. Sur le mur extrieur de la ville, ct occidental,tout fait il l'extrmil :I . NII'il'H'N'iV.'l'lM'Iirill'l'fblVh1. 'hl'V.Si'hlIiihir.itl'lV'lhSIlhl'H.'lVfri,3. WlH\l'll'l.hhlH\N'l\U\ll'(;l>'i,hnh',. oi'-iii'i'MiiKi'jjM.iWhhiVhni'irii5. !iiil>t,l\Sl\iiFh!>hhh%ll'lfJil>iril':iG. iiri'M\n-niH'-iiMihhh%iiyihir

    Transcription : /' lil'^' pLiiilnuilui, A |Jiii^uii_n^ni_p/jiiiiTi '/'muim-uni, /i if, u

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