résonances, mensuel de l'ecole valaisanne, février 2016

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Résonances MENSUEL DE L’ECOLE VALAISANNE N°5 • Février 2016 Décrochages scolaires

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Décrochages scolaires

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  • Rsonances M E N S U E L D E L E C O L E V A L A I S A N N E

    N5 Fvrier 2016

    Dcrochagesscolaires

  • Ce livre permet de dcouvrir limage de la valle avec une grande diversit de visions.

    Ce nouveau cahier de lhistoire locale crit par Martin Fenner retrace lvolution gnrale du val dAnniviers . Valle invisible et inaccessible, ancre dans ses traditions, dont les habitants vivaient en autarcie dans un espace de vie rythme par les remuages, et qui ds 1950 amorce son volution larrive de lindustrie.

    V A L D A N N I V I E R STR A D I T I O N E T M UTAT I O N S

    Martin Fenner

    L E S C A H I E R S D E L H I S T O I R E L O C A L E

    VAL

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    Martin Fenner voit le jour Berne en 1948. Aprs des tudes universitaires, il enseigne lhistoire et lallemand tant au gymnase quau sein de la Haute Ecole Pdagogique du canton de Berne.Lhistoire des Alpes, plus spcifiquement celle du val dAnniviers, la toujours fascin. A lheure de la retraite il ralise son rve de retracer dans un livre la vie et lvolution de cette valle mythique.

    Lauteur retrace lvolution gnrale du val dAnniviers : valle invisible et inaccessible, ancre dans ses traditions, dont les habitants vivaient en autarcie dans un espace de vie rythme par les remuages, et qui ds 1950 amorce son volution larrive de lindustrie.La valle souvre, et ds lors le tourisme devient son moteur conomique. Ces bouleversements touchent tout lenvironnement de la population, mais naltrera ni son identit, ni lauthenticit des Anniviards. Ces qualits devraient leur permettre daffronter les dfis du futur avec foi et conviction.

    9 782883 412309

    V A L D A N N I V I E R ST R A D I T I O N U N D W A N D E L

    Martin Fenner

    L E S C A H I E R S D E L H I S T O I R E L O C A L E

    VAL

    DAN

    NIVI

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    Martin Fenner wurde im Jahr 1948 in Bern geboren. Nach seinem Studium in Bern, das er mit einem Doktorat abschloss, unterrichtete er Geschichte und Deutsch am Gymnasium und spter an der Pdagogischen Hochschule Bern.Die Geschichte des Alpenraums, insbesondere jene des Val dAnniviers, hat ihn immer beschftigt. Seinen beruflichen Ruhestand nutzt er heute um sich einen alten Traum zu erfllen, nmlich ein Buch ber die Vernderungen des Alltags und der Strukturen dieses Walliser Bergtals zu schreiben.

    Der Autor zeichnet die Geschichte des Val dAnniviers, eines unsichtbaren und verschlossenen Tals, dessen Einwohner im Zeichen der Tradition, der Selbstversorgung und der jahreszeitlichen Wanderungen lebten, bis um 1950 auch hier die Industrialisierung einsetzte.Die ffnung des Tals erfolgte durch den Tourismus, der zum Hauptfaktor der wirtschaftlichen Entwicklung wurde. Dabei wandelte sich das gesamte Umfeld der Gesellschaft, doch blieb die Identitt und Autentizitt der Anniviarden erhalten. Dies sollte es dem Tal erlauben, den Herausforderungen der Zukunft mit Zuversicht zu begegnen.

    9 782883 412392

    www.monographic.ch

  • 1Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    DITO

    Rsonances soffre et vous offre le luxe de ne pas devoir faire du sensationnel. Prenons le cas de ce dossier sur les dcrochages et diverses formes dabsentisme. Si lide de cette thmatique a surgi au sein du Conseil de rdaction, ctait parce quil y avait une impression que le phnomne samplifiait dans les classes valaisannes. Or, les directeurs de tous degrs que nous avons interrogs affirment que ces situations restent trs marginales et quelles nont pas augment ces dernires annes. Par contre, tous tiennent immdiatement prciser que chaque situation particulire est une source dinquitude, ncessitant des mesures adaptes. La premire raction de certains directeurs tait de craindre que Rsonances tire une sonnette dalarme inutilement, en grossissant le dtail. Fort heureusement, contrairement aux mdias la chasse aux scoops, nous avons la possibilit de rester dans la nuance. Sans amplifier et sans dramatiser, nous pouvons nous intresser un sujet qui concerne quelques lves seulement, sachant que cela nen est pas moins une ralit douloureuse pour ceux qui sont concerns.

    Rsonances soffre et vous offre le luxe de la pense multiple. Dans votre revue, dune page lautre, vous trouvez rgulirement des points de vue juxtaposs qui ne dfendent pas forcment la mme pdagogie. Seules les informations officielles manant du Dpartement de la formation ou de ses services visent donner un cap clair, mais pour le reste il est indispensable davoir ce relativisme. Il est important de ne pas tomber dans la pense trop lisse, car ce sont prcisment les avis contradictoires, toujours arguments et exprims dans la seule rgle de la bienveillance, qui peuvent de temps autre faire avancer un chouia le dbat sur lcole. La diversit des ides est indispensable pour dcouvrir les meilleures pistes daction dans le but damliorer lcole, mme si elle est dj de qualit. Ds lors, quand un article ou une interview suscite des ractions, voire un lger agacement, la mission est russie.

    Rsonances soffre et vous offre le luxe de la pense complexe. Daucuns le dplorent, rvant toujours navement de la recette miracle pour rsoudre telle ou telle problmatique de lcole. Sil peut arriver exceptionnellement quun auteur ou un interview estime lavoir trouve, il est trs vite rattrap par le pragmatisme dautres intervenants au fil des pages.

    Rsonances soffre et vous offre le luxe des contours flous. Au Conseil de rdaction, nous mixons parfois deux thmatiques proches pour en faire un seul dossier. Nous visons la cohrence globale, sans entrer dans le dtail des dfinitions, sachant que les rfrences bibliographiques sont l pour aller plus loin.

    Rsonances soffre et vous offre le luxe du temps. Jamais les rencontres ne se font dans la prcipitation. Il marrive quelquefois de refuser de foncer dun rendez-vous lautre et avant le numro de dcembre dernier, je me disais que ctait un handicap que de ntre point capable de rdiger sans saccorder ce temps de la discussion. Depuis je revendique ma lenteur, celle de linfusion.

    Bonne lecture.

    Sans contradicteurs, nos ides se dliteraient dans le relativisme et l'incertitude. Nous finirions par nous lasser de nos plus intimes convictions. Georges Picard

    Ni amplification, ni simplification

    Nadia Revaz

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne2

    Sommaire

    Dessin de couverture: Franois Maret

    Ni amplification, ni simplification 1 N. Revaz

    Dcrochages scolaires 4 16DITO DOSSIER

    RUBRIQUES

    INFOS

    Infos SE / Ordonnance 48 Evaluation: point de la situation au cycle 2 - P. AntilleInfos SE / Espace enseignants 49 Peur de faire faux - S. BianchiInfos / Visages du SE 50 Sonja Pillet, conseillre pdagogique de lOES - N. RevazLes dossiers 52 Les dossiers de Rsonances

    Secondaire II 17 Le Cours Euler expliqu par une collgienne - N. Revaz Sciences de la nature 18 Dbattre en sciences au CO? - A. BardouMtiers de lcole 20 Rencontre avec deux enseignantes en duo pdagogique - N. RevazEducation physique 23 Diffrenciation en EPS, de la thorie la pratique - C. FauchreEducation musicale 24 Et si la musique lcole prenait plus de place? - B. Oberholzer & J.-M. DelasoieEcho de la rdactrice 25 De la dtermination - N. RevazsDu ct de la HEP-VS 26 Le mmoire de Jonas Frossard en lien avec la musique - N. RevazEcole-culture 28 En terrain sensible - regards dartistes sur la montagne - A. ReyEcole-culture 29 Exposition Romantisme - Mlancolie des pierres - L. SalaminFil rouge de l'orientation 30 Your Challenge: visites guides pour les familles trangres - N. RevazMathmatiques 32 Espace mathmatique: dition 2016 - Commission AVECOMathmatiques 33 Espace mathmatique: exemples dactivits de la 17e dition - Commission AVECORseau de la formation 34 Regards de Martine Rossier et Mathilde Goumaz sur la dyslexie - N. RevazDoc. pdagogique 36 DVD-R documentaires: slection pour la jeunesse - MV Valais - St-Maurice / M.-F. MoulinCarte blanche 37 Un livre de Christophe Gaillard en suggestion de lecture - J.-C. ZayAC&M 38 Difficults dapproche des nouvelles orientations didactiques en AC&M - L. EmeryLivres 40 La slection du mois - RsonancesCPVAL 42 CPVAL: son pass et ses prochains dfis - P. VernierVersion courte 44 Au fil de lactualit - RsonancesExposition 45 La crativit des lves de la CSSP de Martigny lhonneur - N. RevazRevue de presse 46 Dun numro lautre - Rsonances

  • 3Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    Regards croiss de directeurs dcole sur labsentismeN. Revaz

    Prvention du dcrochage scolaire et dmarche expliciteM. Brodeur

    Phobie scolaire: fiche de rendez-vousE. Larose-Devarenne

    4 12

    147

    10

    De nouvelles formes scolaires comme rponse au dcrochage scolaire C. Tiche Christinat

    De la classe aux alliances ducatives E. Flavier

    Dcrochages scolaires

    Absentismes, dcrochages, dscolarisations Autant de thmes au pluriel, parce que prsents sous diverses formes, quil sagisse de dsaffiliation par manque dintrt ou pour cause de phobie scolaire. Le dossier du mois propose quelques dbuts de rponse sur les causes, consquences et les pistes daction. Une lecture-sensibilisation en quelque sorte.

    A prolonger sur Pearltrees http://goo.gl/IbiCd8

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne4

    MOTS-CLS : CHIFFRES CAUSES CONSQUENCES SOLUTIONS

    Labsentisme des lves est-il en augmentation dans les coles valaisannes? Quelles sont les mesures prises pour lutter contre les dcrochages? Les sept directeurs dcole interrogs ainsi que le chef de lOffice de len-seignement spcialis (OES) estiment que ce sont des problmatiques trs marginales, ce qui ne les empche pas de considrer chaque situation par-ticulire avec le plus grand srieux. A noter que nous les avons aussi questionns sur un ventuel absentisme des enseignants.

    Commenons par quelques chiffres relatifs la dsco-larisation dans les CO du Valais romand, en lien avec une enqute mene par Michel Dlitroz, chef de lOES. Au 30 janvier 2015, il y avait 23 jeunes qui taient dans une forme de dscolarisation, allant de 2 20 semaines dabsences. Lors de ce sondage ralis dans les CO, 21 faisaient lobjet dun suivi (mdical, UPEA hospitalisation, CDTEA, UPEA ambulatoire, OES ou autre) et 13 bn-ficiaient dun soutien scolaire. En examinant ces infor-mations, il est impossible doprer une distinction sur la situation entre CO de plaine ou de montagne, mme si bien videmment le phnomne touche moins les pe-tits tablissements, par effet de proportionnalit, et que labsentisme li un maillage desserr du tissu social y est moins prsent. A titre dillustration, Nicole Coutu-rier, directrice du CO de St-Gurin Sion, dcrit ainsi la situation dans son tablissement au cours de cette anne scolaire, fin dcembre 2015: Sur environ 640 lves, il y a trois cas dabsentisme, dont un de phobie scolaire, qui a dur plus dune anne, hospitalisation comprise, mais qui est en voie de rsolution. Les deux autres situa-tions relvent plus de la sphre socio-familiale.

    En se fondant sur les impressions de nos interlocuteurs pour lcole primaire ou le secondaire II gnral et pro-fessionnel, car aucune statistique globale ne semble dis-ponible hormis pour le CO, la tendance observe est iden-tique, tant donn quaucune volution significative de labsentisme nest perue. Raphy Darbellay, directeur des coles communales de Martigny, relve quune com-

    mission de rflexion a permis didentifier que parmi les cas dabsentisme au CO plusieurs avaient dj cette ten-dance lcole primaire. Un constat qui incite dsormais un meilleur suivi de la transition dans la cit octodurienne, o la collaboration en rseau implique aussi depuis plu-sieurs annes lducateur de rue (cf. encadr p. 15).

    Des problmatiques multiformes

    Concernant les causes, tous les directeurs dcole ques-tionns mentionnent que la diversit des formes est sou-vent difficile reprer, mme si aprs coup des signes avant-coureurs taient vraisemblablement visibles. Pour Nicolas Rey-Bellet, directeur du CO de Monthey, ce qui interpelle, cest le fait que labsentisme, notamment dans les cas de phobie scolaire ou danorexie, touche parfois de trs bons lves, sans aucun problme de comportement. Un point de vue corrobor par plu-sieurs de ses collgues.

    Il y a aussi des formes dabsentisme auxquelles on ne penserait pas a priori. Certains directeurs voquent les absences programmes mais rgulires pendant les cours qui deviennent parfois difficiles grer, le nombre de

    Regards croiss de directeurs sur labsentismeNadia Revaz

  • 5Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    DOSSIER

    statuts la carte tant en constante augmentation. Fran-cis Rossier, directeur du Lyce-Collge de la Planta Sion, considre que la limite est atteinte: Environ 8% de nos jeunes ont un statut particulier qui peut les amener ne pas tre prsents certains moments de la semaine. Les tudiants qui suivent le Cours Euler sont dispenss des cours de maths, certains sont absents plusieurs semaines pour un change linguistique, dautres suivent une for-mation Sports-Arts-Formation, dautres encore ont un statut particulier en raison de troubles dys, etc. Cette varit de statuts implique une gestion toujours plus dif-frencie, alors que nos moyens ont t conus pour un cadre unique. Plusieurs directeurs, mais seulement de la scolarit obligatoire, doivent galement faire face des demandes de cong de la part de parents pour des motifs parfois trs farfelus, ce qui est par contre nou-veau. Au secondaire II gnral, il est des lves qui ne viennent pas en classe la veille de certains examens, ce qui constitue une erreur danticipation, qui nest pas sans incidence. Anne-Lucie Vergres, directrice de lEcole de commerce, de culture gnrale et prprofessionnelle (ECCG-EPP) Sion, constate que labsentisme et lchec scolaire sont troitement corrls: En 3e anne, nous avons pu tablir que trs souvent les lves qui taient en chec avaient des taux levs dabsentisme.

    Des solutions en activant le rseau

    A lunisson, les directeurs estiment que lessentiel de la vigilance revient aux titulaires. En cas dabsence suspecte, ce sont eux qui alertent les parents des lves mineurs ou les patrons pour la formation professionnelle, afin dinstaurer ce dialogue cole-famille ou cole-entreprise. Et tous, du primaire au secondaire II gnral et profes-sionnel, activent en cas de ncessit le rseau de spcia-listes, compos de personnes diffrentes selon les ordres denseignement (OPE, conseillers en orientation). Ainsi que le souligne Nicole Couturier, dans lidal, il faut que tous les adultes autour du jeune russissent collaborer efficacement, ce qui nest pas toujours le cas. Elle nest pas la seule trouver les contours des partenariats com-plexes dessiner, mais lorsque les rles de chacun sont clarifis, les regards croiss deviennent alors efficaces.

    Tous sont conscients de limportance des bonnes rac-tions en cas dabsence scolaire de longue dure. Pour la scolarit obligatoire, suite lenqute mene dbut 2015, une procdure a t tablie (cf. encadr p. 6). Et concernant la transition I, entre le primaire et le secon-daire I, un groupe pilote est mis en place, de faon avoir un meilleur suivi des jeunes dont la sortie de la scolarit obligatoire est risque.

    Au secondaire II, le dpistage prcoce de labsentisme constitue tout autant une priorit. Au collge, ainsi que lexplique Francis Rossier, au LCP, nous avons une

    politique claire, qui dcoule de notre rglement des absences et de notre rglement dapplication pour les divers motifs, un titulariat qui joue le rle central et une direction de proximit, aussi la raction est possible ds les premiers signes d'absentisme. Sa collgue Anne-Lu-cie Vergres est un tout petit plus nuance pour lECCG-EPP de Sion, puisquelle considre que le bon systme de contrle des absences est encore trouver, mme sil sest considrablement amlior. Pour la formation professionnelle, la rglementation fdrale, qui interdit tout quota dabsences et qui oblige un signalement ds la premire heure dabsence au patron est trs stricte. Toutefois, pour Grard Clivaz, directeur de lEcole pro-fessionnelle artisanale (Martigny) et service communau-taire (Chteauneuf), ce qui diffre entre la formation professionnelle et la scolarit obligatoire ou le secon-daire II gnral, cest surtout le fait que les apprentis ont un plus grand sens des responsabilits puisquils sont dj dans le monde du travail. Au secondaire II gnral et professionnel, les directions vitent, autant que faire se peut, de laisser des jeunes quitter leur tablissement sans avoir de projet, de faon viter les dcrochages. Grard Clivaz prcise quil serait faux de croire que les ruptures de contrats dapprentissage signifient forc-ment un dcrochage sur le long terme: Si un jeune dcroche parce que son choix dorientation ntait pas le bon, on lencourage effectuer de nouveaux stages. Et avec la permabilit de notre systme de formation, certains jeunes de plus de vingt ans se lancent dans un apprentissage ou passent par dautres voies, dont la va-lidation dacquis, pour obtenir une certification. Une manire de rappeler que rien nest jamais perdu.

    Parmi les pistes voques pour faciliter le raccrochage au cours de la scolarit obligatoire, les nouvelles tech-nologies sont cites plusieurs reprises. Grard Aymon, directeur du CO du Val dHrens estime quil faut veil-ler, tout en maintenant le cadre, offrir quelques plages dautonomie: Jai pu dcouvrir, dans le cadre du Prix suisse des coles, comment lcole tait organise ail-leurs, via des espaces dautonomie mis en place pour lutter contre le dcrochage scolaire et aussi permettre aux jeunes de se responsabiliser, ce qui leur est demand au sortir de la scolarit.

    Prsentisme des enseignants

    Quant aux enseignants, de lavis des directeurs dcole de tous les ordres denseignement, ils auraient davan-tage tendance souffrir de prsentisme, cest--dire venir mme trs malades ou trs fatigus, ce qui nest toutefois pas, soulignent-ils, sans courir un risque du burn-out. Selon Raphy Darbellay, la sant des ensei-gnants se fragilise et cela vaudrait la peine de sinter-roger sur les causes. Quant aux directeurs, il faudrait peut-tre aussi sintresser eux.

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne6

    Procdure en cas dabsence scolaire de longue dureAfin dassurer une intervention rapide, dans une perspective de prvention, le Service de lenseignement, en colla-boration avec le rseau des services partenaires, adopte la procdure suivante, en cas dabsence de longue dure dlves scolariss en cole obligatoire.

    1Identification et signalement

    Dans le cadre de sa procdure interne ltablissement, la Direc-tion reoit et identifie les situations dlves manifestant une ab-sence de lcole de plus dune semaine.

    2 Analyse et enquteLa Direction tablit le contact avec les parents pour identifier la cause de labsentisme scolaire. Elle entreprend toute dmarche, de son niveau de comptence pour trouver une solution.

    3Signalement lunit mobile et convocation

    En cas de trouble de nature complexe (difficult personnelle, so-ciale, psychique) et dabsence se prolongeant ( titre indicatif au-del de 10 jours), la Direction, en accord avec le conseiller pdago-gique, convoque une sance runissant lensemble des personnes rfrentes des organismes partenaires (liste disposition).

    4Analyse pluridisciplinaire. Dsignation du respon-sable de la situation

    La situation de lenfant est analyse en sance rseau pluridiscipli-naire. Un garant spcialis du suivi de la situation de lenfant est choisi par les membres du rseau. La Direction reste le responsable central.

    5Information aux parents et suivi de la situation

    La Direction de lcole et le garant du suivi de lenfant rencontrent les parents et lenfant pour indiquer la suite donne. Les membres du rseau sont informs par voie informatique. Le suivi de la situa-tion est assur dans tous les cas.

    LOffice de lenseignement spcialis (027 606 40 90) se tient disposition des directions et des organismes parte-naires, pour toute question en lien avec cette problmatique.

    Regard sur labsentisme des apprentis: Bruno Besse, promoteur de places dapprentissage

    Dans le cadre des coles professionnelles, que se passe-t-il en cas dabsence?Les jeunes tant sous contrat dapprentissage avec une entreprise sont considrs comme au travail lorsquils sont lcole (ils sont dailleurs pays). LOrdonnance fdrale mentionne le caractre obligatoire de la fr-quentation de lcole professionnelle et en cas dab-sence un avis part le jour mme au patron avec exi-gence dun retour de cet avis avec justification.

    Y a-t-il une volution de l'absentisme des jeunes en formation professionnelle? Pour ce qui est des chiffres, selon les retours des direc-tions dcole, labsentisme dans les coles profession-nelles ne progresse pas et on prfre plutt affirmer que le taux de prsence est denviron 95%.

    Si un jeune dcroche (rupture de contrat d'appren-tissage sans nouvelle formation en vue), sa situa-

    tion est-elle suivie via la plateforme autour de la transition et/ou par un autre moyen?Via lobservatoire valaisan, un monitorage est ef-fectu ponctuellement durant lanne scolaire (ac-tuellement surtout lors de la T1), afin de reprer les jeunes qui pourraient dcrocher. Il faut savoir que cette mesure est mise en place pour la premire fois depuis septembre 2015.

    Qu'est-ce qui est propos dans le cadre de la for-mation professionnelle pour aider les dcrocheurs raccrocher?Actuellement, rien nest mis en place par le Service de la Formation professionnelle. Cependant, via les promoteurs de places dapprentissage, un sou-tien peut tre donn, sur demande des jeunes ou des parents.

    Propos recueillis par Nadia Revaz

  • 7Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    DOSSIER

    MOTS-CLS : PRVENTION DIFFICULTS DAPPRENTISSAGE LECTURE DCROCHAGE ENSEIGNEMENT EXPLICITE RECHERCHE

    En vue de prvenir le dcrochage scolaire et de faibles comptences en littratie, de mme quattnuer leffet des troubles dapprentissage, nous avons ralis des travaux de recherche, en collaboration avec le milieu scolaire, sur la prvention des difficults dapprentis-sage de la lecture, de la maternelle la 2e anne du pri-maire. Dans le cadre de ces travaux, nous avons dve-lopp et valid des ressources en franais, recourant

    Prvention du dcrochage scolaire et dmarche expliciteMonique Brodeur

    une dmarche explicite, lattention des enseignants et des orthopdagogues. Voici un rsum de la probl-matique des difficults dapprentissage de la lecture en lien avec le dcrochage scolaire et lillettrisme, les recommandations issues de la recherche pour assurer la prvention des difficults dapprentissage de la lec-ture, des ressources que nous avons dveloppes et valides, de mme que des constats et des rflexions.

    Difficults dapprentissage de la lecture, dcrochage scolaire et illettrisme Il a t dmontr, depuis plusieurs annes dj, que les lves de milieux dfavoriss ou allophones, de mme

    La Zone Elve de la ressource ABRACADABRA sur http://petitabra.concordia.ca

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne8

    que ceux issus de milieux favoriss ayant des troubles dapprentissage, risquent davoir de la difficult ap-prendre lire. De plus, ceux qui ont des difficults en lecture la fin de la 1re anne (7 ans) natteignent pra-tiquement jamais un niveau moyen dhabilets en lec-ture la fin du primaire (12 ans) (Torgesen, 2002). Ces difficults, lge de 7 ans, constituent de surcrot un prdicteur du dcrochage scolaire (Janosz et al., 2013). Enfin, les difficults lire sont associes de faibles comptences en littratie, qui entravent le dveloppe-ment des personnes et de la socit. Nous devons agir (Brodeur et al., 2011).

    Recommandations issues de la recherche

    Les travaux du National Reading Panel (2000) et du Early Litteracy Panel (2008) ont permis didentifier les modalits pdagogiques les plus efficaces pour la pr-vention des difficults dapprentissage de la lecture. Elles consistent en un enseignement de qualit sur la conscience phonmique, les habilets de dcodage, la fluidit dans lidentification des mots et dans le trai-tement du texte, les stratgies de comprhension, le vocabulaire, lorthographe et les habilets dcriture. Cet enseignement doit tre ralis selon une approche quilibre misant la fois sur les habilets sous-ja-centes la lecture, dont le dcodage des mots, et sur la recherche de sens. Il doit tre mis en uvre de la maternelle la 3e anne du primaire. Ces modalits doivent galement permettre didentifier les lves qui ne progressent pas suffisamment, malgr un enseigne-ment de haute qualit. Enfin, il doit y avoir une inten-sification progressive des interventions pdagogiques en lecture, explicites et systmatiques, pour les lves dont les progrs ne sont pas suffisants.

    Ressources dveloppes au Qubec

    La mise en uvre des recommandations issues de la recherche quant la prvention des difficults dap-prentissage de la lecture reprsente un dfi, notam-ment en ce qui a trait la mise en uvre de pratiques explicites et systmatiques. En vue de mieux rpondre aux besoins des lves, ainsi que de soutenir les ensei-gnants et les orthopdagogues, nous avons dvelopp et valid leur attention, selon des devis de recherche rigoureux, des ressources pdagogiques rpondant aux recommandations nonces prcdemment. Parmi celles-ci, se retrouvent La fort de lalphabet, Le sen-tier de lalphabet et ABRACADABRA. Voici brivement, pour chacune delles, un historique, une description et les principaux rsultats de recherche obtenus.

    La fort de lalphabetEn 2002, dans le cadre dune tude exprimentale-lon-gitudinale sur la prvention des difficults de compor-tement, nous avons t invits crer un programme lattention dlves de la maternelle (5 ans). Cest ainsi que La fort de lalphabet (Brodeur et al., 2008) a vu le jour. Ce programme, lattention des ensei-gnantes, porte sur lapprentissage du nom et du son des lettres, de mme que sur le dveloppement de la conscience phonmique et le vocabulaire. Sous forme dactivits ludiques, il enrichit les activits habituelles de la maternelle. Les rsultats des tudes ont rvl que La fort de lalphabet a permis aux lves, notam-ment ceux ayant une faible connaissance des lettres, de faire des progrs significatifs quant la connaissance des lettres et aux habilets phonmiques (Brodeur et al., 2006), progrs qui se sont maintenus (Poulin et al., 2013). Filles et garons, francophones et allophones, ont profit du programme de faon comparable. Il a t dmontr que La fort de lalphabet reprsente une valeur ajoute, mme lorsquun programme ef-ficace (Apprendre lire deux, Dion et al., 2005) est implant en 1re anne (Dion et al., 2010).

    Le sentier de lalphabetEn 2007, dans le cadre du Modle dintervention trois niveaux (Haager et al., 2007), en vue de soutenir les lves de maternelle qui ne progressaient pas suffisam-ment malgr limplantation de La fort de lalphabet (programme universel de niveau 1), nous avons dcid de dvelopper un volet orthopdagogique, Le sentier de lalphabet (programme supplmentaire de niveau 2, Laplante, 2012). Ce programme, implant par des or-thopdagogues, mise sur un enseignement encore plus explicite et systmatique de la connaissance des lettres et des habilets phonmiques. Il sadresse aux lves pour qui lintervention universelle de niveau 1 na pas permis de faire suffisamment de progrs. Les rsultats des tudes indiquent que Le sentier de lalphabet per-met aux lves risque daccrotre leurs habilets pho-nmiques, leur connaissance des correspondances gra-phme-phonme et leur capacit identifier des mots. Le sentier de lalphabet contribue donc soutenir effi-cacement les lves qui ont besoin daide.

    ABRACADABRA Depuis 2010, nous collaborons avec lquipe du profes-seur Phil Abrami de lUniversit Concordia, au dvelop-pement de la version en franais dABRACADABRA. Il sagit dune ressource en ligne, interactive et gratuite, destine soutenir la russite des premiers apprentis-sages en lecture et en criture, chez les lves de ma-ternelle, de 1re et de 2e anne (Centre pour les sciences de l'apprentissage, Universit du Qubec Montral et Universit Concordia, 2015). Cette ressource com-porte trois zones. La Zone Elve regroupe des livres et

    Des travaux qubcois pour les lves et les enseignants

  • 9Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    DOSSIER

    L'AUTEURE

    Monique Brodeur, doyenne, Facult des sciences de l'ducationPavillon Paul-Grin-Lajoie, local N-22101205, rue Saint-DenisUniversit du Qubec MontralC.P. 8888, succursale Centre-villeMontral, Qubec, H3C 3P8Courriel: [email protected]

    des activits interactives relatives aux habilets les plus dterminantes pour la russite des premiers apprentis-sages en lecture. La Zone Enseignant se compose dun guide pdagogique. Quant la Zone Parent, elle inclut des capsules vido et audio, ainsi que des suggestions de trucs, de conseils et dactivits faire la maison. Une tude est en prparation afin dvaluer limpact de la version en franais dABRACADABRA, la version originale en anglais ayant dj t dmontre efficace.

    Constats et rflexions

    Les ressources prsentes dans cet article ont t d-veloppes par des professeurs universitaires, en colla-boration avec des dizaines dassistantes de recherche, de mme que plus dune centaine denseignantes et dorthopdagogues uvrant principalement en mi-lieux dfavoriss. Diffuses des fins non lucratives, elles contribuent prvenir les difficults dapprentis-sage en lecture et soutenir le dveloppement pro-fessionnel des enseignants et des orthopdagogues. Le dveloppement, la validation et limplantation de telles ressources exigent beaucoup defforts et de per-svrance de la part des chercheurs, des intervenants et des gestionnaires. Cela en vaut la peine, puisque les lves qui en bnficient progressent et sont fiers deux, et que leurs enseignants et leurs orthopdago-gues, les observant, se sentent heureux et comptents.

    Rfrence

    Brodeur, M., Gosselin, C., Mercier, J., Legault, F. et Vanier, N. (2006). Prvention des difficults dapprentissage en lecture: leffet diffrenci dun programme implant par des ensei-gnantes de maternelle chez leurs lves. Education et franco-phonie, numro thmatique sur la littratie, 34, 56-83.

    Brodeur, M., Perreault, M., Ouellet, C. et Desrochers, A. (2011). Lanalphabtisme cre lobligation dagir. Dans LEtat du Qubec 2011, Le Qubec est-il (toujours) une so-cit galitaire? Montral: Boral, p. 373-380.

    Dion, E., Brodeur, M., Gosselin, C., Campeau, M.E. et Fuchs, D. (2010). Implementing research-based instruction to prevent reading problems among low-income students: Is earlier better? Learning Disabilities Research & Practice, 25(2), 87-96.

    Haager, D., Klingner, J. et Vaughn, S. (2007). Evidence-based reading practices for response to intervention. Baltimore, MD: Brookes.

    Janosz, M., Pascal, S., Belleau, L., Archambault, I., Parent, S. et Pagani, L. (2013). Les lves du primaire risque de dcro-cher au secondaire: caractristiques 12 ans et prdicteurs 7 ans. Qubec: Institut de la statistique du Qubec.

    National Early Literacy Panel (2008). Developing Early Lite-racy. A Scientific Synthesis of Early Literacy Development and Implications for Intervention. Accessible partir de: http://lincs.ed.gov/publications/pdf/NELPReport09.pdf

    National Reading Panel. (2000). Teaching children to read: An evidence based assessment of the scientific research lite-rature on reading and its implications for reading instruc-tion: Summary Report. Washington DC: National Institute of Child and Development. Accessible partir de: https://www.nichd.nih.gov/publications/pubs/nrp/Documents/re-port.pdf

    Poulin, F., Capuano, F., Vitaro, F., Verlaan, P., Brodeur, M. et Giroux, J. (2013). Large-scale dissemination of an evi-dence-based prevention program for at-risk kindergar-tners: Lessons learned from an effectiveness trial of the Fluppy Program. In M. Boivin & K.L. Bierman (Eds), Pro-moting School Readiness: The Implications of Developmen-tal Research for Practice and Policy (pp. 305-328). New York: Guilford Press.

    Torgesen, J.K. (2002). The prevention of reading difficul-ties. Journal of School Psychology, 40, 7-26.

    Ressources pdagogiques

    Brodeur, M., Laplante, L., Dion, E., Godard, L., Gosselin, C., Mercier, J., Vanier, N., Campeau, M. E., Lapierre, M., Fournier, K. et Potvin, M. C. (2008). La fort de lalphabet, programme de prvention des difficults dapprentissage en lecture pour la maternelle. Programme de Niveau 1 dans le cadre du Modle dintervention multiniveaux. Guide pda-gogique. Traduction et adaptation de lOptimize Interven-tion Program. Montral: Centre de Psycho-Education du Qubec.

    Centre pour les sciences de l'apprentissage (CSLP), Uni-versit du Qubec Montral et Universit Concordia. (2015). ABRACADABRA: Une ressource numrique pour soutenir les premiers apprentissages en lecture et en cri-ture. Accessible partir de: http://petitabra.concordia.ca; www.ctreq.qc.ca/realisation/abracadabra

    Dion, E., Borri-Anadon, C., Vanier, N., Potvin, M.-C. et Roux, C. (2005). Apprendre lire deux. Manuel de lenseignante et matriel de lecture. Document non publi. Universit du Qubec Montral.

    Laplante, L., Brodeur, M., Bdard, M. et Vanier, N. (2012). Le sentier de l'alphabet, programme dintervention ortho-pdagogique afin de prvenir les difficults dapprentissage en lecture la maternelle. Programme de Niveau 2 dans le cadre du Modle dintervention multiniveaux. Guide ortho-pdagogique. Montral: Centre de psychodu-cation du Qubec.

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne10

    Objectif: Lorsquun jeune prsente des signes de pho-bie scolaire (panique lide daller lcole, blocage), il est important dorganiser rapidement une rencontre entre les adultes en charge de lenfant pour aligner une dmarche de dialogue et de comprhension mutuelle afin daider lenfant reprendre confiance et pour viter le dcrochage scolaire.

    La rencontre

    Qui: Les parents, lenseignant, le mdecin scolaire, la direction de ltablissement. Il doit y avoir mdiation entre lquipe ducative et les parents. Tout le monde doit participer activement la prise en charge de len-fant et adapter son accueil au sein de ltablissement scolaire en fonction des possibilits de lenfant.

    Comment: Il doit y avoir une cohsion entre lquipe ducative, les parents et mme les autres lves de la classe. Chacun peut participer la prise en charge de lenfant et laider retrouver une scolarit normale. Laide des enseignants est prcieuse et ils peuvent faire le relais entre llve et ses camarades, leur expliquer quil ne sagit pas dun refus de sa part mais de limpos-sibilit de se rendre lcole. Un travail de groupe peut tre effectu avec les autres lves pour accueillir len-fant. L'quipe ducative peut galement rflchir avec les parents sur la faon de mettre en place un dispositif

    qui pourrait convenir leur enfant (emploi du temps personnalis, possibilit d'accueil par un professionnel quand l'enfant commence se sentir mal).

    O: Dans lcole, de faon individuelle, en dehors des heures de cours, dans une salle au calme, loin de la vie scolaire qui peut engendrer angoisses et frustration pour lenfant et le confronter ses checs.

    Thmes de discussion

    1) Expliquer ce qu'est la phobie scolaire

    Lcole en tant que lieu de vie nest pas responsable, la phobie scolaire tant multifactorielle. Elle est la cons-quence de plusieurs causes qui ne sont pas ncessai-rement lies lcole ou bien aux enseignants mais trouvent leurs sources dans certains traumatismes an-trieurs et enfouis. Le terme phobie signifie peur. Et comme toute peur, elle est irrationnelle. Elle trouve donc sa source dans un enchevtrement de causes multiples et varies quil faudra patiemment identifier de faon pouvoir avancer par tapes.

    Image: en anglais on parle de school refusal Refusal est un terme hippique qui signifie que le cheval se cabre devant lobstacle et ne peut le franchir. Cest cette image quil faut retenir: ce nest pas que lenfant ne veut pas mais quil ne peut pas.

    Les causes: toujours compliques, souvent un m-lange danxit (sociale, de sparation), de caract-ristiques de dveloppement (prcocit, troubles des apprentissages comme: dyslexie, etc), et dinterac-tion au groupe (tels que: harclement, humiliations, position de bouc missaire). Accepter sans jugement la situation. Explorer si des causes principales sont iden-tifiables, en particulier des situations de harclement ressenties par lenfant.

    2) Ce qui doit tre ajust pour lenfant au niveau de sa vie lcole

    Patience: le retour une scolarit normale prend nor-mment de temps. Lenfant est acteur de sa gurison et cest lui qui guidera lquipe ducative en verbalisant ses difficults afin que sa prise en charge et son accueil soient au mieux adapts elles.

    Phobie scolaire: fiche de rendez-vousEudoxie Larose-Devarenne

    MOTS-CLS : BLOCAGE DIALOGUE

    Ce nest pas que lenfant ne veut pas mais quil ne peut pas.

  • 11Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    DOSSIER

    L E D O S S I E R E N C I T A T I O N S

    Les signaux prcurseurs du dcrochage scolaire

    Un manque dinvestissement dans les apprentissages: Llve ne note pas les devoirs faire, ne les fait pas, oublie frquemment son matriel, arrive souvent en retard.

    Une reprsentation ngative de lcole: llve a un sentiment dinutilit, de perte de temps; les activits ou projets demands lui paraissent trop abstraits; la famille ou le jeune parlent de lcole de manire ngative.

    Une arythmie scolaire: llve a du mal assurer des journes trs charges; les occupations autres que scolaires sont trop lourdes.

    Des difficults dapprentissage et des rsultats scolaires dfaillants: les notes de llve chutent, il nen semble pas affect; il a du mal comprendre les consignes.

    Le refus du statut dcolier, hors de lcole: llve boycotte les quipements sociaux ou les clubs sportifs; il abandonne laccompagnement la scolarit; il narrive pas organiser ses loisirs; il fait parler de lui dans le quartier.

    Une approche psychologique des facteurs de risque: on dclera tout changement de comportement, des passages frquents par linfirmerie, le manque de motivation, lasthnie, les angoisses ou phobies scolaires, lhyperactivit ou au contraire lentre dans le mutisme et le retrait de la chose scolaire, le dsintrt vis--vis de ce qui est fait dans la classe; la rptition de comportements dviants et/ou violents.

    Annie Feyfant (2012). Enseignement primaire: les lves risque (de dcrochage). Dossier dactualit Veille et Analyses, n80, dcembre. http://ife.ens-lyon.fr/vst

    Humilit: lquipe ducative nest pas seule actrice de cette prise en charge, de mme que les parents. Cest la cohsion et le soutien de chacun qui feront la diff-rence. Il faut avancer tape par tape, humblement, sans attentes dmesures, sans pression exagre mais tout de mme avec un cadre. Lenfant a beau tre ma-lade et en souffrance, un cadre doit tre conserv pour le rassurer et laider un maximum se sortir de cette situation car il ne doit jamais perdre de vue lobjectif final: pouvoir retourner lcole.Observation: rester attentif lenfant, toujours lob-server pour voir comment il rpond la faon dont est modul son emploi du temps et si cela laffecte ou non.Bienveillance: donner confiance, apaiser, faire un ac-cueil spcial lenfant: un sourire peut tout changer!

    L'AUTEURE

    Eudoxie Larose-Devarenne, Vice-prsidente de lAssociation franaise Phobie Scolairewww.phobiescolaire.org

    Tmoignage

    Dr Boris Guignet, mdecin-chef du Service de psychiatrie psychothrapie de lenfant et de ladolescent (Sierre)Jai de la peine dire sil y a davantage de situations de phobies scolaires, car nous nin-tervenons avec le Service de pdopsychiatrie quen fin de processus de signalement, aprs les CDTEA. A lUnit hospitalire, nous grons uniquement les phobies lorsquune prise en charge hospitalire, dans la mesure du possible ambulatoire, est ncessaire. La difficult de fr-quenter lcole peut avoir plein dorigines dif-frentes lies ltat anxieux, langoisse de sparation, par peur de quitter le milieu pa-rental ou par besoin de le protger, du har-clement, des psychopathologies plus impor-tantes, notamment des troubles du spectre autistique avec des incapacits sociales, etc. Si la phobie est due une psychopathologie plus importante, comme un trouble du spectre au-tistique, qui peut trs bien concerner dexcel-lents lves, il faudrait que les coles aient les ressources pour les adaptations ncessaires. Pour grer ces difficults motionnelles et rela-tionnelles, il serait souhaitable que ces jeunes soient intgrs dans des classes effectif rduit et aient, comme cela se fait en France, des auxi-liaires de vie pour les accompagner sur le plan relationnel ou organisationnel. Lentre au CO est un passage particulirement dlicat grer pour ces jeunes.

    Propos recueillis par Nadia Revaz

    Investissement personnel: chacun sinvestit person-nellement: lenfant, les parents mais aussi lquipe du-cative. Cette addition de bonnes volonts fera la dif-frence. Encouragement: valoriser chaque tape franchie, chaque amlioration qui seront ncessairement signi-ficatives pour la reprise de la scolarit de lenfant.

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne12

    MOTS-CLS : COLE RUE FAMILLE COLLABORATION

    Le dcrochage est considr lheure actuelle comme un phnomne dynamique et multidtermin, aux ori-gines plurielles et aux dveloppements incertains et fluctuants. Si les facteurs individuels, sociaux et gogra-phiques jouent un rle important dans la dynamique et la prvalence du dcrochage (Janosz, 2000; Meyer, 2009), les dterminants intrinsques lcole et ses exigences sont galement signals (Blaya, 2010). Sont points les dfauts structurels ou les dfaillances conjoncturelles de lappareil ducatif (Longhi, 2011, p. 180) ainsi que les systmes de valeurs, les attentes et les modalits denseignement dveloppes au sein de la classe et r-vles dans les interactions entre enseignants et lve (Baeriswyl, Savoy, & Tiche Christinat, 2013; Fortin, Mar-cotte, Royer, & Potvin, 2005; Millet & Thin, 2005). Miroir de cette pluralit des dterminants, les dispositifs des-tins aux lves en situation de dcrochage prsentent des formes organisationnelles et structurelles qui varient selon les politiques scolaires et selon la nature des d-terminants pris en compte.

    Examen dun dispositif

    Les dispositifs MATAS (modules dactivits temporaires alternatifs la scolarit) mis en place dans le canton de Vaud constituent un modle organisationnel et struc-turel particulier, dont lanalyse permet de reprer un certain nombre de caractristiques essentielles lac-crochage scolaire.

    Destins des lves des degrs primaires ou secondaires, ces dispositifs temporaires frquents temps partiel pour une dure de trois mois renouvelable une fois ont pour cheville ouvrire un binme constitu dun duca-teur social et dun enseignant. Leur mission consiste accueillir des lves engags dans un processus de d-saffiliation scolaire afin de leur permettre un retour en classe. Dcrocheurs discrets, silencieux ou dcrocheurs actifs et perturbateurs, ces lves ont pour point com-mun de ne plus parvenir mobiliser les ressources cogni-tives, sociales et motionnelles ncessaires pour senga-ger dans les apprentissages scolaires.

    Les MATAS constituent un espace transitionnel, entre lcole et la rue, ou entre lcole et la famille. Leur or-ganisation et structure rvlent lexistence dune nou-velle forme scolaire, caractrise par llargissement du champ scolaire des acteurs professionnels reprsen-tant le territoire socio-ducatif et non uniquement des professionnels relevant des services de psychologie scolaire. Si cette ouverture rend structurellement osten-sible la volont de lcole dassurer linstruction et ldu-cation (cf. art. 5, LEO, 2011) en promouvant dautorit une collaboration cole famille, elle indique galement la prise en compte des dterminants sociaux et culturels du dcrochage scolaire.

    Cet entre-deux est doublement paramtr: situ hors du primtre scolaire, le dispositif naccueille les lves qu temps partiel et pour une courte dure. Lloignement physique, temps partag entre lcole rgulire et le dispositif daccrochage, autorise la cration dun lieu dif-frent, engag dans la ralisation dobjectifs transversaux

    De nouvelles formes scolaires comme rponse au dcrochage scolaireChantal Tiche Christinat

    Le dcrochage scolaire questionne lcole et ses pratiques.

  • 13Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    DOSSIER

    mentionns dans le Plan dtudes romand (PER, 2010) mais non investi de missions acadmiques qui demeurent lapanage des enseignants rguliers.

    Sous des aspects structurels rglements, ces modules constituent des systmes trs souples, permettant une diversification voire une personnalisation des modes de scolarit et des prises en charge. Afin de tenir compte des checs scolaires et de la dmobilisation des lves, les MATAS, limage dautres dispositifs daccrochage, favo-risent des activits alternatives et des modalits densei-gnement-apprentissage diffrentes de celles pratiques en classe. Les approches de nature psycho-clinique et socio-ducative laissent apparatre une focalisation sur la reconstruction de la personne et sa socialisation. Ce faisant, les professionnels perptuent certains malenten-dus socio-cognitifs (Goigoux, 1998) et agissent comme si le registre des apprentissages ne saurait tre produc-teur deffets de socialisation et de reconstruction (Ter-rail, 2006). Usant dune pdagogie du dtour qui permet denseigner sans en avoir lair et sans le dire, en faisant faire et en mettant en activit (Henri-Panabire, Renard, & Thin, 2013, p.7) et considrant la motivation comme condition et non comme possible rsultat dapprentis-sages acadmiques, les professionnels tendent abor-der les savoirs disciplinaires dans un cadre non formel (par exemple, lactivit cuisine) et relguent en arrire- plan limportance des enjeux didactiques et cognitifs qui pourraient tre lorigine du dcrochage scolaire.

    Lobligation faite de travailler en binme ducateur enseignant institue sa manire les nouvelles formes de travail que lcole entend promouvoir et privilgier. Multiplicit des acteurs, concertation, partenariat, colla-boration et alliances ducatives constituent quelques cls de la prise en charge des lves et permettent de rompre lisolement des enseignants et des familles confronts au dcrochage scolaire. La collaboration interprofes-sionnelle au sein du MATAS repose sur une division tra-ditionnelle des territoires professionnels, tout en main-tenant une certaine porosit des frontires. La gestion du travail scolaire et les relations avec lcole relvent de lenseignant, alors que la gestion des comportements et le travail au sein des familles sont attribus lduca-teur. Ces pratiques valident lide dune complmenta-rit des rles de lducateur et de lenseignant MATAS, et par extension dune complmentarit de chaque ac-teur qui intervient dans la situation. Soumis plusieurs contraintes, le partage des tches induit une rflexion sur la cohrence des actions envisages et repose sur une

    reconnaissance mutuelle de lexpertise professionnelle et ducative ainsi que le respect des valeurs de chacun.

    En guise de conclusion

    Le dcrochage scolaire questionne lcole et ses pratiques et gnre de nouvelles formes scolaires qui se prsentent comme alternatives aux formes traditionnelles. Souplesse des systmes, largissement du domaine scolaire, multi-plication des acteurs, alliances ducatives et individuali-sation de la prise en charge impactent lorganisation de lcole et de lenseignement et modifient le travail des enseignants, sans toutefois questionner les valeurs et croyances fondamentales sur lesquelles repose lcole.

    Rfrence

    Baeriswyl, D., Savoy, B., & Tiche Christinat, C. (2013). Viser l'accrochage: pratiques pdagogiques et alliances dans des structures destines des lves ou des jeunes en difficult. Education & Formation, ne-300, 15-26.

    Blaya, C. (2010). Dcrochages scolaires. L'cole en difficult. Bruxelles: De Boeck.

    Fortin, L., Marcotte, D., Royer, E., & Potvin, P. (2005). Facteurs personnels, scolaires et familiaux diffrenciant les garons en problmes de comportement du secondaire qui ont dcro-ch ou non de lcole. Nouveaux cahiers de la recherche en ducation, 8 (2), 79-88.

    Goigoux, R. (1998). Sept malentendus capitaux. Paper pres-ented at the Forum pour l'cole maternelle, Paris.

    Henri-Panabire, G., Renard, F., & Thin, D. (2013). Des dtours pour un retour? Pratiques pdagogiques et socialisatrices en ateliers relais. Revue franaise de pdagogie, 183 (avril-mai-juin 2013), 71-82.

    Janosz, M. (2000). L'abandon scolaire chez les adolescents: perspective nord-amricaine. VEI Enjeux, 122, 105-127.

    Meyer, T. (2009). On ne prte qu'aux riches. Lingalit des chances devant le systme de formation en Suisse.

    Millet, M., & Thin, D. (2005). Ruptures scolaires: l'cole l'preuve de la question sociale. Paris: PUF.

    Terrail, J.-P. (2006). La psychologisation de la difficult intel-lectuelle. Un obstacle la dmocratisation scolaire. Le Jour-nal des Psychologues, 236(3), 68-70.

    L'AUTEURE

    Dr. Chantal Tiche Christinat,

    professeure,HEP du canton

    de Vaud

    Les MATAS constituent un espace transitionnel, entre lcole et la rue,

    ou entre lcole et la famille.

    Prochain dossier(In)galits scolaires. Egaliser

    toutes les ingalits ou pas?www.resonances-vs.ch

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne14

    MOTS-CLS : DISPOSITIFS CHELLES

    Il nest plus dmontrer aujourdhui que le dcrochage scolaire est un phnomne complexe et multifacto-riel, faisant de la lutte contre celui-ci une affaire am-bitieuse dont sest saisi, depuis plusieurs annes dj, lensemble de la communaut ducative. La production extrmement prolixe dcrits, aussi bien de nature ins-titutionnelle que professionnelle ou scientifique, sur le sujet rvle la forte proccupation actuelle iden-tifier, prvenir ou remdier au dcrochage scolaire. Nanmoins, les incitations et prescriptions gouverne-mentales parviennent-elles doter les enseignants et les personnels ducatifs des outils ncessaires et suffisants pour enrayer le phnomne de dcrochage scolaire? Ltude mene par Mard et Bruno (20141) montre que les rponses des professionnels peuvent tre de trois ordres:

    le suivi des dispositifs prescrits est une premire forme de rponse, essentiellement de lapanage des person-nels de direction qui sattachent rpondre aux in-jonctions institutionnelles. Rarement, voire jamais, les

    enseignants se rfrent ce discours officiel lorsquils sont questionns sur les ressources pour lutter contre le dcrochage scolaire;

    le dtournement local de dispositifs pres-crits simpose comme une solution int-ressante permettant de partir de lexis-tant pour le rendre plus efficient dans un contexte donn, notamment en ce quil permet une meilleure prise en compte de la temporalit courte avec laquelle la com-munaut ducative doit agir et une singu-larisation accrue des rponses apportes;

    linvention locale de dispositifs consiste enfin en la recherche permanente par les acteurs de lcole, aussi bien individuel-lement que collectivement, de solutions innovantes leur permettant de dpasser les difficults quils rencontrent dans la prise en charge des lves en risque de dcrochage scolaire dans une cole quils dcrivent comme tant parfois inadapte ces derniers.

    A cette logique, nous ajoutons celle de penser laction de riposte au risque de dcrochage scolaire selon trois chelles: celle de ltablissement, celle des alliances ducatives, celle de lintervention de lenseignant dans la classe.

    Des dispositifs dtablissement

    Nous pensons que, pour tre efficace, la lutte contre le dcrochage scolaire mrite de sinscrire dans des dispo-sitifs qui rompent avec lisolement de la salle de classe et permettent de fdrer plusieurs acteurs autour dun projet commun et partag.

    Cest le cas du dispositif Entreprise Virtuelle (Flavier, 20142) que nous avons pu observer et analyser dans un collge situ en zone dducation prioritaire. Ce dis-positif sadresse des lves de 14 ans, ayant tous au moins une anne de retard dans leur scolarit, dsirant sinvestir rapidement dans une vie professionnelle ac-tive mais prsentant des rsultats scolaires lgrement en dessous de la moyenne et ne leur permettant pas de dcider de leur orientation dtude. Ce dispositif prsente un objectif double. Il sagit de faire dcouvrir

    De la classe aux alliances ducativesEric Flavier

  • 15Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    DOSSIER

    aux lves diffrents domaines professionnels et les comptences requises pour exercer ces mtiers, et, par cela, leur montrer que les enseignements scolaires leur offrent les opportunits dacqurir ces comptences. Plus concrtement, le dispositif Entreprise Virtuelle consiste en un projet collectif, associant lensemble des lves de la classe (compose cet effet) et de lquipe pdagogique denseignants qui en a la charge, de cra-tion dune entreprise. Lensemble du processus sera pens et ralis fictivement, sans dclaration offi-cielle. Ainsi, les lves sont associs lide de dpart (quelle activit professionnelle va-t-on crer? Ici, le pro-jet retiendra un centre de loisirs), la dclaration et limplantation du centre (fictivement), la construc-tion des btiments (ralisation des plans et dune ma-quette), au recrutement des personnels (laboration des fiches de poste, rdaction des offres demploi, des CV et lettres de motivation, organisation dentretiens de recrutement fictifs), etc.

    Enseignants et lves travaillent conjointement lavan-ce du projet soit dans le cadre de squences spcifiques ( raison dune deux heures par semaine), soit dans le cadre des enseignements disciplinaires. Par exemple, le travail de communication et de campagne publici-taire slabore partir de la conception graphique de la plaquette et des logos en cours dart plastique, mais aussi en lien troit avec la rdaction des slogans et textes promotionnels lors des cours de franais, ce qui permet daborder les notions relatives la matrise de diffrents registres de discours. De la mme manire la ralisation des plans des btiments permet daborder les notions dchelle et de proportionnalit en math-matiques en lien avec la ralisation des maquettes lors des cours de technologie (dcouverte des matriaux de construction).

    Des dispositifs au-del des frontires de ltablissement

    Sil est un phnomne reprable lcole, le dcro-chage scolaire relve dun processus qui saffranchit des frontires des institutions. Sa prise en charge, pour tre efficace, ne peut ds lors se limiter au seul primtre de lcole. Cest la thse dfendue par cette quipe de direction et pdagogique dun tablissement scolaire, initiatrice du dispositif Point Elve (Flavier, 20143). Il sagit dun comit de suivi des lves, compos dacteurs de lcole (les conseillers dducation, ladjoint au chef dtablissement, les professeurs rfrents dcrochage scolaire, le psychologue et lassistante sociale scolaire, linfirmire scolaire) ainsi que de la communaut du-cative locale (les animateurs de quartiers, les ducateurs municipaux, les personnels des associations sociales et

    Tmoignage

    Matthieu Moulin, ducateur de rue ou travailleur social hors-murs Martigny

    Les situations dabsentisme ou de dcrochage scolaire, qui peuvent concerner aussi bien les garons que les filles, dexcellents lves que des jeunes aux cursus plus cabosss, sont rares. La collaboration avec un ducateur de rue peut savrer tout particulirement utile lorsquil sagit de crises passagres, quelles soient fa-miliales, didentit ou lies du harclement entre pairs. Mon rle, qui n'est ni celui de len-seignant, ni celui du directeur, ni celui du m-diateur, peut dans certains cas tre celui dun facilitateur pour permettre de raccrocher les wagons. Dans le cadre de ma mission, je peux prendre un peu de temps, sur une semaine ou deux, pour dialoguer avec le jeune et si nces-saire, aller dans sa famille, afin de mieux cerner les causes de son absentisme, qui sont toujours multifactorielles et chaque fois diffrentes. Pour que le rseau mis en place soit efficace, il est primordial que le travailleur social hors-murs puisse collaborer dans la confiance mu-tuelle avec lcole, ce qui est pleinement le cas Martigny. Personne na de solutions tout seul, aussi elles sont chercher ensemble.

    Propos recueillis par Nadia Revaz

    L E D O S S I E R E N C I T A T I O N S

    Labsentisme lcole, un problme sous-estim

    Un lve sur deux sche occasionnellement l'cole en Suisse alors que les contrles sont quasi inexistants, constate une tude soutenue par le Fonds national suisse.Loin de n'tre que strictement individuel, le phnomne est aussi d'ordre institutionnel, insiste l'auteure de la recherche.Chercheuse l'Universit de Fribourg, Margrit Stamm constate donc que prs de la moiti des quatre mille sonds ont dj sch l'cole. Une proportion au-dessus de la moyenne internationale.

    Swissinfo, 29 novembre 2006

    Des pistes de rflexions pour soutenir la persvrance scolaire

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne16

    culturelles locales). On le voit dans sa composition, ce comit est mme de proposer une vision holistique des jeunes par le croisement des regards spcifiques de chacun de ses membres eu gard sa fonction et au contexte dans lequel il est amen rencontrer les jeunes. A raison dune heure et demie par semaine, ils passent en revue les cas sensibles dlves potentiel-lement dcrocheurs. Ils proposent des solutions dac-compagnement impliquant lun ou lautre des acteurs, dans le contexte scolaire ou non. Ainsi, il sagira, de manire singulire de proposer une aide au devoir, un stage de dcouverte professionnelle en entreprise, une prise en charge du jeune dans le temps priscolaire, un stage sportif, un accompagnement psychologique, etc. Chacune de ces solutions est pense individuellement pour rpondre de manire adapte des problma-tiques individuelles telles quune faible estime de soi, des difficults dapprentissage, des incivilits rptes, labsence de projet dtude, etc. Lenjeu de ce dispositif est doprer comme une plateforme dorientation sur la base dune vision globale de llve.

    Des dispositifs au sein de la classe ordinaire

    Enfin, au-del de ces deux exemples de dispositifs col-lectifs, la lutte contre le dcrochage scolaire se joue galement, et peut-tre avant tout, dans le huis clos de la classe, lieu dexpression de la libert pdagogique et de linitiative individuelle. Il en va ainsi de cet en-seignant repensant lorganisation spatiale de sa classe pour y introduire un espace de dcrochage contrl permettant aux lves, sous certaines conditions, de temporairement faire autre chose durant le cours pour mieux y revenir ensuite. Cest galement le cas de cet enseignant de lyce professionnel profitant de rp-titions des preuves dvaluation pour apprcier les acquis des lves, les leur montrer et ainsi leur redonner confiance, contrecarrant leurs stratgies dvitement en raison de la faible estime quils ont deux-mmes. Ou encore de la tendance actuelle lintroduction massive du numrique dans lenseignement et dont les effets sont sans doute plus indirects qu proprement parler sur les lves. En effet, en amenant les enseignants

    sinterroger sur limpact de ces pratiques sur la manire de raliser leur mtier, ces dispositifs oprent gale-ment comme les garants dune rsistance active un potentiel dcrochage professionnel de lenseignant qui prouverait le sentiment de ne plus pouvoir assurer les missions qui lui sont confies.

    Ladoption dune posture de vigilance lgard des signes prcurseurs du dcrochage scolaire des lves, dune recherche de renouvellement perptuel des pra-tiques pdagogiques, dune prudence, voire dune m-fiance, face aux recettes qui marchent, apparaissent sans nul doute comme les meilleures armes pour sou-tenir la persvrance scolaire.

    Notes

    1 Chapitre 12, dans Flavier, E., Moussay, S. (2014). Rpondre au dcrochage scolaire. Expriences de terrain. Louvain-la-Neuve, De Boeck.

    2 Chapitre 8, dans op cit.

    3 Chapitre 11, dans op cit.

    La lutte contre le dcrochage scolaire mrite de sinscrire dans des dispositifs qui rompent avec lisolement de la salle de classe.

    L'AUTEUR

    Eric Flavier est matre de confrences l'ESPE de l'acadmie de Strasbourg o il intervient dans les domaines de la formation professionnelle des enseignants et de lencadrement socio-ducatif. Membre du LISEC (EA 2310), ses recherches, adosses la clinique de lactivit, sintressent aux pratiques d'enseignement et d'ducation. Il tudie plus particulirement les dispositifs collectifs, les collaborations dans les tablissements scolaires et les alliances ducatives inter-institutions en relation avec la lutte contre le dcrochage scolaire. En 2014, il a publi en collaboration avec Sylvie Moussay louvrage Rpondre au dcrochage scolaire. Expriences de terrain (De Boeck).

    L E D O S S I E R E N C I T A T I O N S

    Phobie scolaire ou peur de penser

    La phobie demeure un sujet complexe et il nest pas certain que la phobie scolaire soit bien nomme. Elle a lavantage dclairer mtaphoriquement une conduite de fuite dun objet inoffensif: lcole. Elle a linconvnient de suggrer que lobjet dsign comme menaant ou perscuteur pourrait ltre en ralit par lintermdiaire de ceux qui le frquentent, des professeurs ou des lves. La thse que je propose fait de la phobie scolaire une peur de penser.

    Annie Birraux in Labsentisme scolaire du normal au pathologique sous la direction de Patrice Huerre (Hachette, 2006)

  • 17Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    RUBRIQUES

    > SECONDAIRE II

    MOTS-CLS : MATHMATIQUES TALENT

    Etudiante en 2e anne au Lyce- Collge de la Planta Sion, Therese Moerschell suit lEPFL le Cours Euler, une formation acclre destine aux jeunes Romands ayant un talent ex-ceptionnel en mathmatiques. Elle a pass le concours dentre alors quelle tait au CO et est actuellement en 3e anne. En 2015, la collgienne, qui reste modeste, a fait partie de la dlgation suisse aux European Girls' Mathematical Olympiad.

    Quest-ce que vous apprciez dans le Cours Euler?A lcole primaire, je mennuyais un peu, car je trouvais le programme de maths trop rptitif, tandis quau Cours Euler, je dois me donner de la peine pour tenir le rythme et avoir de bonnes notes. Nous allons plus loin au niveau thorique et de ma-nire plus rigoureuse. Ce que jap-prcie tout particulirement, cest de pouvoir voluer avec le mme groupe-classe. On se connat bien, on a la mme passion et lambiance est trs agrable. Cette anne, les six classes du Cours Euler se retrou-veront une semaine en camp dt Evolne.

    A lcole, vous tes dispense des cours et des examens de maths. Est-ce que cela a t facilement compris par vos professeurs?Au Collge, cela na pos aucun pro-blme particulier. Pendant les cours de maths, je morganise de manire indpendante. Par contre, au CO, les

    enseignants ne connaissaient pas le Cours Euler, aussi il a fallu que mes parents leur expliquent que cela avait certes lieu le mercredi aprs-midi Lausanne, mais quil y avait des devoirs hebdomadaires. En classe, vous sentez-vous bien in-tgre?Au CO, beaucoup trouvaient que jtais un peu folle de passer mes mercredis aprs-midi suivre des cours de maths et certains pensaient que jtais en cours avec les tu-diants de lEPFL. Aujourdhui, mes amis considrent plutt que jai de la chance de comprendre facilement les maths.

    Vous participez des concoursJuste par plaisir. Quand jtais pe-tite, je participais aux Jeux math-

    matiques et logiques. Lanne pas-se, jai essay les Olympiades.

    Savez-vous dj quelle formation vous suivrez aprs votre maturit gymnasiale?Jhsite encore. Au Collge, jai choisi la musique en option sp-cifique, parce que cest aussi une passion. Je ferais probablement lEPFL, mais je ne me vois pas faire que des maths.

    Avec le Collge, le Cours Euler, les cours de musique et les concours, avez-vous du temps libre dans votre programme de

    la semaine?Lanne passe, en mai, le pro-gramme tait un peu charg, tou-tefois avec une bonne organisation, cela reste grable.

    Propos recueillis par Nadia Revaz

    Le Cours Euler expliqu par une collgienne

    Therese Moerschell

    Cours EulerLe Cours Euler propose des lves trs haut potentiel en mathmatiques un parcours acclr du programme usuel en mathmatiques des coles secondaires romandes (premier cycle sur trois ans), suivi dune introduction prcoce aux mathmatiques universitaires (deuxime cycle sur 3 ans). Lobjectif de ce cours est de stimuler et dinspirer ces enfants exceptionnels et de leur permettre de raliser leur potentiel, tout en spanouissant en compagnie dlves ayant des intrts et des dons semblables.http://euler.epfl.ch

    Au Cours Euler, je dois me donner de la peine pour

    tenir le rythme.

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne18

    Dbattre en sciences au CO ?

    > SCIENCES DE LA NATURE

    Pourquoi dbattre

    Parce que lcole forme les citoyens de demain! Le parcours scolaire per-met daccumuler des savoirs, certes, mais encore faut-il tre capable de les utiliser, et bon escient. Luti-lisation de connaissances lors dun dbat permet une mise en applica-tion des plus intressantes, en dve-loppant des comptences de com-munication qui ne sont pas toujours videntes chez nos adolescents. La dernire journe pratique EDD

    MOTS-CLS: SAVOIRS FAITS OPINIONS VALEURS CROYANCES

    dEducation21, qui sest tenue Lausanne le 11 novembre 2015, avait pour titre LEDD et les su-jets qui font dbat: quels enjeux pour lcole?. Des ides issues de ce forum assorties de rfrences dautres ressources sont le fonde-ment de cet article.

    Peut-on parler de tout lcole? Bases lgales

    Oui Non1

    Oui, car les textes qui rgissent notre activit denseignant insistent sur le fait de former les enfants de-venir des personnalits autonomes capables de se positionner dans la socit et face aux choix de socit:

    Le CO a notamment pour buts de: [] former chez lui (llve) la capa-cit de discernement utile sa per-ception de la socit et du monde du travail et permettre le dvelop-pement des comptences de collabo-ration et de communication; []2

    La scolarit obligatoire favorise chez llve le dveloppement dune personnalit autonome, ainsi que lacquisition de comp-tences sociales et du sens des res-ponsabilits vis--vis dautrui et de lenvironnement.3

    Nos plans dtudes ont entre autres comme vise que llve puisse ap-prendre :

    Pour pouvoir dbattre, les lves ont besoin de connaissances.

  • 19Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    DOSSIER

    Reconnatre l'altrit et la situer dans son contexte culturel, histo-rique et social [] en acqurant une habilet dbattre; []4

    Expliciter ses ractions et ses comportements en fonction des groupes d'appartenance et des si-tuations vcues5

    Argumente(r) son point de vue dans le respect des rgles du dbat scientifique (coute de l'autre, res-pect des ides d'autrui, remise en question de ses propres ides)6

    Non, car la libert de parole et dex-pression a des restrictions lgales et ncessaires. Lenseignant peut ap-prendre dbattre, discuter de va-leurs et dopinions mais ne doit pas faire acte dans le proslytisme.

    Comment enseigner dbattre?

    Pour pouvoir dbattre, nos lves ont besoin de connaissances: ils les acquirent pendant les cours ainsi qu lextrieur. Mais ils ont aussi besoin de diffrencier des types dnoncs, quils reoivent ou quils mettent: des savoirs (scientifiques) des faits des opinions des va-leurs des croyances7-8. - Un travail sur ces dfinitions, puis sur des do-cuments pour reconnatre les diff-rents types dnoncs amnera dj beaucoup nos adolescents.La capacit de dbattre peut aussi sentraner9. La fondation La jeu-nesse dbat10 propose des cours de formation pour les enseignants ainsi que des cahiers pour les lves qui sont trs utiles pour avancer pas pas dans lapprentissage du dbat avec diverses activits.

    Pourquoi dbattre en sciences?

    Les sciences naturelles sont un do-maine o le dbat peut trouver une place de choix. Dabord car les ci-toyens de demain seront appels se prononcer sur des questions fondements scientifiques dans les domaines nergtiques, mdicaux, agroalimentaires Mais aussi parce que le dbat en sciences porte sur

    des sujets peu motionnels pour nos lves, ce qui permet de discuter plus sereinement des faits, des diverses opinions, de dcouvrir les valeurs sous-jacentes

    Le projet ENGAGE11 offre aux en-seignants des moyens riches de d-battre, ou dapprendre une facette du dbat, en lien avec des thmes scientifiques. Les documents propo-ss permettent dorganiser des le-ons dune-deux priodes.La jeunesse dbat et ENGAGE offrent

    des moyens, les thmes traits en 11CO ouvrent de multiples possi-bilits de dbattre, alors pourquoi ne pas prendre le dbat comme fil rouge de votre prochaine anne denseignement en 11CO?

    Adeline Bardou Animatrice pdagogique

    pour les sciences au CO

    Notes

    1 Ce sujet a t trait lors de la journe pratique EDD par Colette Pauchard, professeure lEESP-Lausanne.

    Les sciences naturelles sont un domaine o le dbat peut trouver une

    place de choix.

    2 Loi sur le Cycle d'Orientation du 10 septembre 2009, article 4 (canton du Valais), alina c

    3 Accord intercantonal sur lharmo-nisation de la scolarit obligatoire (concordat HarmoS) du 14 juin 2007, article 3

    Voir de plus la Convention relative aux droits de l'enfant (ONU, 1989) articles 13-14-28

    4 Plan dtudes romand, FG35

    5 Plan dtudes romand, FG38

    6 Plan dtudes romand, MSN35

    7 Ce fut le sujet de la prsentation de Philippe Hertig, professeur la HEP-Vaud (gographie) lors de la journe pratique EDD.

    8 Pour aller plus loin dans ces dfini-tions, voir le blog dAxel Kahn: http://axelkahn.fr/croyance-opinion-et-savoir

    9 Ces comptences sont traites aussi en L1, voir Plan dtudes romand L1 31 L1 33 L1 34

    10 Voir www.jugenddebattiert.ch/fr

    11 ENGAGE est un projet dducation aux sciences base sur la dmarche dinvestigation, qui donne chaque apprenant lopportunit de sexpri-mer et le responsabilise pour quil puisse prendre des dcisions infor-mes, voir www.engagingscience.eu/fr

    Concours de photographie sur le thme Faire du bien

    Faire du bien demande de la tte, du cur et des mains. Cest cette dclaration que les lves doivent mettre en scne photographique pour le concours pour les coles x-puissance-cur, projet du Centre suisse de Service-Learning et est dirig par le Pour-cent culturel Migros. Pour cela, les lves crent des photos uniques ou des sries de photos, reprsentant symboliquement les trois lments. Toutes les coles de la 1H la 11CO (HarmoS) peuvent participer au concours. Le dlai de participation est le 31 mars 2016. Vous trouverez les informations dtailles, du matriel didactique et des conseils pour la ralisation dun spot publicitaire sur le site. Contact en cas de questions: Anita Balz, Coordinatrice x-puissance-cur pour la Suisse romande, 079 822 05 67, [email protected], www.xpuissancecoeur.ch

    RUBRIQUES

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne20

    > MTIERS DE LCOLE

    Rencontre avec deux enseignantes en duo pdagogique

    MOTS-CLS : 3H-4H COLE DE QUARTIER COLLABORATION

    Aude Fragnire et Sandra Roduit San-toro enseignent en duo pdagogique Sion, lcole Sous-le-Scex, ratta-che lcole du Sacr-Cur. Particu-larit de ce btiment scolaire, il est tout petit, avec seulement deux classes, soit quatre enseignantes, et un vestiaire qui fait office de salle des matres.

    Aude Fragnire et Sandra Roduit San-toro forment un duo pdagogique enthousiaste. Si elles se sont choisies pour travailler ensemble, elles nont pas toutes deux le mme parcours. Aude Fragnire, pendant ses annes de collge, a aid un jeune voisin faire ses devoirs et cest ce moment quelle a dcouvert son envie de deve-nir enseignante. Avant de sinscrire la HEP, elle a profit dune anne sab-batique pour faire un stage dobser-vation en classe enfantine, ce qui la conforte dans son choix, mme si elle sest toutefois forme dans lop-tique denseigner au cycle 2. Au sor-tir de la HEP, elle a immdiatement t engage Sion pour donner des cours AC&M. Cest lors du remplace-ment dune enseignante en cong maternit quelle a rencontr Sandra. Lanne suivante, elle a t engage Sous-le-Scex pour enseigner en 3H-4H, un double degr qui lui plat norm-ment, notamment parce quil permet dexprimer sa crativit. Quant San-dra Roduit Santoro, depuis toute pe-tite elle rvait de devenir infirmire en pdiatrie. Elle a donc dabord effectu son Ecole de commerce, avant de sins-crire lEcole dinfirmires. Un petit

    ennui de sant la contrainte repor-ter son projet dune anne et pour ne pas rester inactive, elle a effectu un stage en crche puis a trouv un job dans un bureau. Cest ainsi quelle a travaill pendant deux ans au Service des contributions, perdant de vue son projet initial. Elle a soudainement re-pens son dsir profond dexercer un mtier en lien avec les enfants et cest en discutant avec une amie qui avait aussi fait lEcole de commerce et qui tait lEcole normale quelle sest dit que ctait probablement une profes-sion dans laquelle elle pourrait spa-nouir, dautant quelle avait ador sa scolarit, surtout au primaire. Comme elle avait son diplme commercial en poche, elle a pu sinscrire en 3e anne de lEcole normale et sest donc for-me en trois ans. Aprs une anne de remplacement, puis une anne dans une cole prive, elle a t engage par la Ville de Sion, dabord au Sacr-Cur, puis Platta et enfin Bramois, avant de saccorder deux annes sab-batiques. Au moment o elle a repris lenseignement il y a deux ans, Aude

    Fragnire voulait diminuer son temps de travail, et cest ainsi que le duo p-dagogique sest constitu, leur de-mande ayant t accepte par la Di-rection des coles.Si Aude Fragnire et Sandra Roduit Santoro sont passionnes par leur mtier, elles sont toutefois inquites en raison des incertitudes budg-taires qui planent ces dernires an-nes. Elles aimeraient davantage de srnit, avec des politiques penses sur le long terme. A leurs yeux, les au-torits politiques et administratives nont souvent pas conscience de la ralit des classes des petits degrs. Plutt que de ronchonner, elles in-vitent Oskar Freysinger, conseiller dEtat en charge de la formation qui fut longtemps enseignant, mais au collge, venir dans leur classe, pour y rencontrer la ralit des 3H-4H en 2016. Elles seraient ravies de leur ct de pouvoir suivre pendant quelques heures les pas du politicien, esprant quelles pourraient ainsi mieux com-prendre la difficult de sa tche. Le dfi est donc lanc!

    Aude Fragnire et Sandra Roduit Santoro

  • 21Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    DOSSIER

    Comment collaborez-vous dans votre duo pdagogique?Aude Fragnire: Ce que jappr-cie, cest que nous pouvons toujours compter lune sur lautre. Sandra est trs enthousiaste et motive, ce qui me donne de lnergie. Elle est aussi toujours disponible.Sandra Roduit Santoro: Cest vrai que je passe tous les jours lcole, car jai mon fils en classe ct. Pour ce qui est de notre collaboration, nous dis-cutons beaucoup. Tout en ayant la mme vision de lenseignement, nous sommes complmentaires, aussi nous navons pas vraiment de concessions faire.

    De quelle manire vous rpartissez-vous les tches?Aude Fragnire: Je travaille le lundi, mardi et mercredi, tandis que San-dra est en classe le jeudi et le ven-dredi. Nous nous sommes partag les branches denseignement en fonc-tion de nos prfrences, tout en te-nant compte de la cohrence pda-gogique.Sandra Roduit Santoro: Quand je suis arrive, Aude tait dj l et elle au-rait pu tout dcider, ce qui na pas t le cas. Nous avons vraiment dmarr une collaboration. Aude est plus sportive que moi, donc elle enseigne lducation physique et pour ma part je moccupe par exemple de la conju-gaison, car je suis plus laise avec la rptition.

    Vos approches sont-elles diffren-cies, avec lune qui serait plutt axe sur la mmorisation et lautre sur la dcouverte?Sandra Roduit Santoro: Les deux approches sont importantes, mais je suis assurment plus attache au drill quAude. Le calcul mental me semble essentiel pour lautomatisa-tion des apprentissages. Je fais aussi apprendre aux lves des posies. Je trouve que cest utile, non seulement pour la mmorisation mais aussi pour lexpression orale et corporelle, car cest une forme thtrale.Aude Fragnire: Je suis peut-tre moins sensible au drill, parce que je

    RUBRIQUES

    La classe d'Aude Fragnire et de Sandra Roduit Santoro

    sais que Sandra sen charge. Il faut un peu dexercices pour systmatiser les apprentissages, mais cela peut d-courager certains lves. Je fais par-fois des concours de recherche dans le dictionnaire, toutefois par petites touches.

    Essayez-vous de crer des liens entre les disciplines?Sandra Roduit Santoro: Dans mon planning, cest vrai que cest trs d-coup: franais puis maths puis envi-ronnement, etc.Aude Fragnire: Je pense que ce se-rait bien de relier davantage les ma-tires entre elles. Jaimerais de temps en temps oser sortir de ma zone de s-curit pour modifier un peu ma pra-tique.

    Quest-ce qui vous plat le plus en 3H-4H?Aude Fragnire: Les lves sont chouettes: ils ont vraiment du plaisir venir en classe et ils apprennent beau-coup de choses cet ge. Je trouve agrable de les avoir sur deux ans pour connatre leurs forces et leurs faiblesses, afin de pouvoir les faire davantage progresser. En dbut dan-ne, cest toutefois un peu compliqu davoir du temps pour les 4H, car les 3H manquent encore dautonomie. Par la suite, cest joli de voir les lves de 3H vouloir faire comme les 4H, tan-dis que ces derniers aident volontiers les plus petits.Sandra Roduit Santoro: Etre dans une classe deux degrs, cest pro-bablement un peu plus difficile pour les lves ayant besoin de silence. En

    tant quenseignante, japprcie plus que tout leur motivation apprendre qui est notre carburant. Jaime tre la matresse dcole, cest un statut qui me plat et qui nest plus le mme avec les grands degrs. Au niveau des apprentissages, en 3H-4H, lentre en lecture est presque magique. Il y a de quoi smerveiller les voir dabord dchiffrer, puis matriser la lecture de textes de plus en plus difficiles.Aude Fragnire: Les lves smer-veillent parfois eux-mmes, lorsquils parviennent comprendre un mot en le lisant. Cest comme le jaillissement dune tincelle.

    Est-ce diffrent denseigner dans une toute petite cole de quartier?Aude Fragnire: Lavantage dun petit centre, cest de pouvoir connatre tous les enfants. En plus, depuis leur arrive en enfantine, on les voit gran-dir et parfois on fait des activits en-semble. Seul bmol, nous navons pas une seconde pour souffler, mme pendant les rcrations, mais en mme temps on a peu dlves sur-veiller.Sandra Roduit Santoro: Les parents sont aussi plus prsents que dans un grand centre, nanmoins ils sont res-pectueux, sans tre envahissants. Aprs lcole, quand il fait beau, les enfants restent souvent dans la cour pour jouer ensemble, grimper sur lavion, faire de la trottinette, etc. Lambiance est conviviale.Aude Fragnire: Tout particuli-rement lors de notre traditionnel spectacle de fin danne. Les lves peuvent exprimer leurs talents et les

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne22

    parents amnent des spcialits culi-naires de leur pays, dans un esprit de partage.

    Cette toute petite cole rassemble de nombreuses nationalits, ce qui pourrait tre parfois difficile grerSandra Roduit Santoro: En effet, nous avons des lves de dix nationa-lits diffrentes, mais la vie entre Por-tugais, Italiens, Turcs, Libanais, Mac-doniens, rythrens, Suisses, Franais, Albanais et Rwandais se droule dans lharmonie. Aude Fragnire: Ce mlange culturel est une richesse en partage. Lautre jour, on a lu une histoire dans la-quelle il y avait un mot en arabe, ce qui a permis lune des lves de nous le traduire.Sandra Roduit Santoro: Vivre ds len-fance le multiculturalisme, cela ouvre les esprits. Mes enfants sont alls lcole ici et, en ctoyant diverses cultures, ils ont beaucoup appris sur la diffrence, sur la tolrance

    L'htrognit n'aurait-elle pas ten-dance freiner les progrs des meil-leurs lves?Aude Fragnire: Ds que les lves trangers matrisent la langue, il ny a pas forcment de diffrence avec les lves suisses.Sandra Roduit Santoro: Il est vident que dans notre classe il y a plus dlves qui suivent le cours inten-sif de franais, toutefois au final on avance au mme rythme que dans les autres centres scolaires.

    Et vous ntes pas les seules inter-venir auprs de vos lves, pour les aiderAude Fragnire: Nous avons des in-tervenants pour la musique, pour lenseignement religieux. Et la ma-tresse dappui est aussi matresse sp-cialise pour les intgrations. Il y a aussi la stagiaire.Sandra Roduit Santoro: A ct de cela, on collabore avec les psycholo-gues, les psychomotriciens, les logo-pdistes, etc. Tout ce rseau autour de nous est important pour mettre

    en place des stratgies adaptes aux besoins des enfants en difficult.

    Le mtier denseignant correspond-il pleinement ce dont vous rviez? Aude Fragnire: Mme si cela ne fait pas trs longtemps que jenseigne, je peux dire que la profession corres-pond mes attentes. Cest un mtier tellement vari et chaque jour est dif-frent. Bien sr, il y a parfois un peu de fatigue lie la frustration face une situation, mais on sait que lon peut en discuter entre nous deux pour trouver une solution, et si n-cessaire faire appel au mdiateur sco-laire, au collaborateur pdagogique ou au chef du CPS qui nous apportent des pistes auxquelles nous navions probablement pas pens.Sandra Roduit Santoro: Quant moi, cela fait un peu plus longtemps que jenseigne, mais je vis toujours ce m-tier comme un panouissement. Je reste motive, avec lenvie dessayer de nouvelles pistes. Cest trs rassu-rant de savoir quil y a un rseau de personnes susceptibles de nous sou-tenir face certaines situations qui nous semblent trop dlicates, sans jamais nous juger. Souvent, notre at-tente, cest juste un conseil. Ce qui est devenu difficile ces dernires annes, ce sont les changements.

    Par changements, vous rfrez-vous lintroduction du nouveau Plan dtudes romand?Sandra Roduit Santoro: Non, le PER sest mis en place trs progressive-ment et naturellement et en plus cest juste une volution. Au dbut, javais peur de ne plus avoir despace pour mes touches personnelles, no-tamment dans les cours denviron-nement, mais le PER nte pas cette libert. Je fais des entorses au pro-gramme qui sont PERcompatibles. Par contre, ce qui est aujourdhui difficile dans lenseignement, cest lincerti-tude permanente. Depuis quelques annes, on subit de nouvelles coupes budgtaires et on a limpression que les dcideurs ne se rendent pas tou-jours rellement compte de limpact sur la qualit de lcole.

    Aude Fragnire: Pour exemple, nous savons que les horaires alterns sont extrmement profitables, surtout pour les lves qui ont des difficults, et l on ignore encore sils seront sup-prims ou pas dans le futur.Sandra Roduit Santoro: Certains pe-tits changements pour les politiciens sont de grands changements pour les lves, surtout ceux qui sont en diffi-cult. Et pour les enseignants, perdre une demi-journe de travail, ce nest pas rien. Dans lincertitude, on cogite.

    Comment pourriez-vous mieux faire entendre vos arguments?Aude Fragnire: Cest vrai que les en-seignants passent souvent pour des rleurs, alors il faudrait que lon ait une autre attitude pour dfendre nos convictions pdagogiques.Sandra Roduit Santoro: Nous avons la SPVal et lAssociation du personnel enseignant de Sion pour parler en notre nom, mais peut-tre devrions-nous nous aussi nous exprimer autre-ment, mais comment? Il est impor-tant que tout le monde comprenne que plus on accompagne tt les lves problme, moins on devra les aider longtemps et cela cotera moins cher. Si tous les efforts ne sont pas faits pour aider les lves deve-nir de bons lecteurs, ensuite les ap-prentissages dans toutes les matires seront difficiles. Un lve dcrocheur aura de la peine sintgrer dans la socit, donc il faut rflchir avant de dcider de certaines coupes bud-gtaires.

    Et si vous aviez une baguette ma-gique, que changeriez-vous?Aude Fragnire et Sandra Roduit San-toro (les propos de lune compltant ceux de lautre, voici leur rponse commune): Nous aimerions retrouver un peu plus de srnit dans lcole. Pour bien enseigner et pour bien ap-prendre, les enseignants, les lves et les parents ont besoin dune certaine stabilit. Pour cela, il faudrait une po-litique davantage pense sur le long terme et dans la continuit.

    Propos recueillis par Nadia Revaz

  • 23Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne

    DOSSIERRUBRIQUES

    > DUCATION PHYSIQUE

    MOTS-CLS : ALIMENTATION MOUVEMENT FORMATION

    Le problme de la diffrenciation pdagogique touche toutes les disci-plines scolaires, mais elle joue proba-blement un rle encore plus central en ducation physique. Les difficul-ts rencontres dans cette branche sont en effet visibles aux yeux de tous. En comparaison avec un cours de mathmatique, durant lequel llve ne voit que son propre cahier, dans une salle de sport, ce dernier se retrouve le plus souvent expos au regard de ses pairs. A priori, il est donc important de diffrencier son enseignement pour que les lves plus faibles puissent progresser et ne se sentent pas ex-clus. Mais en sport, la diffrenciation permet galement la gestion parti-culirement complique de lht-rognit de la classe. Elle est donc aussi destine ceux qui ont de la fa-cilit, vitant ainsi quils sennuient, se dmotivent et abandonnent leur rle moteur dans le groupe.Diffrencier la pdagogie, c'est re-prer les particularits et les res-sources de chaque jeune, afin de lui permettre de mieux les utiliser. C'est susciter le projet d'apprendre chez tous les lves en leur propo-sant des situations d'entranement et d'apprentissage adaptes. Pour ce faire, lenseignant dispose dun ensemble de variables pour mo-duler les situations: amnagement des tches, de lespace de travail, du temps disponible, du groupe, des rles de chacun, etc. Comprendre les enjeux et la complexit de la dif-

    frentiation permet de fournir aux lves un enseignement de qua-lit. Cest pourquoi, le 2 mars pro-chain, au collge des Creusets, le Centre Alimentation et Mouvement (CAM) et lAssociation valaisanne des matres dducation physique (AVMEP) proposent un cours de per-fectionnement centr sur cette pro-blmatique.La matine, plus acadmique, se droulera avec des tmoignages, des apports thoriques sur la diff-renciation pdagogique et limpor-tance de limage corporelle chez les jeunes. Le repas de midi, plutt particulier, mettra les participants face aux mul-tiples difficults des jeunes pour se nourrir correctement. Laprs-midi sera consacr trois ateliers. Le premier, anim par Sara Cotroneo, matresse dActivits Physiques Adaptes et rpondante sport de la Fondation de Verdeil aura comme objectif dgaliser les chances et de proposer une forme de comptition sans rivalit, avec

    des mises en situation adaptables tous types de sports. Le deuxime, par Raphael Ehrsam de la Fondation SportSmile nous ques-tionnera sur lvaluation en EPS. Comment faire pour que tout un chacun puisse atteindre des objec-tifs qui ne jugent pas que la per-formance.Enfin, Pauline Gindrat de la Fonda-tion SportSmile nous fera prendre conscience des gnes que provoque lexcs de poids dans la pratique sportive.Cette formation vise non seulement sensibiliser les enseignants sur lim-pact majeur qua limage corporelle de llve dans sa relation au sport et aux autres et sur le rle crucial dune pdagogie diffrencie et elle offre galement tout une srie doutils pour y parvenir. Des complments dinformation ainsi quun formulaire dinscription se trouvent sur le site de lAVMEP (www.avmep.ch).

    Cdric Fauchre

    Diffrenciation en EPS, de la thorie la pratique

  • Rsonances Fvrier 2016Mensuel de lEcole valaisanne24

    > DUCATION MUSICALE

    MOTS-CLS : COMPTENCES MUSICALES BIENFAITS LIEN

    Dans le quotidien valaisan Le Nou-velliste du 13 octobre 2015 et ce mensuel Rsonances du mois de novembre 2015 nous avons lu une nouvelle intressante: une exp-rience musicale va tre entreprise dans des classes de 1H et 2H de Mar-tigny.

    Exprience musicale et pdagogique

    Un violon dans mon cole, tel est le titre de ce projet initi par la fon-dation Vareille base Zurich. Celle-ci, fonde il y a deux ans, pour-suit deux objectifs prioritaires: