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Rapport de Monitoring des violations des DH au Kivu(Maniema, Nord et Sud Kivu) du mois de Janvier 2013 2013 1 REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO PROVINCE DU SUD KIVU ASBL RENAISSANCE AFRICAINE, RENAF/AETA SUD KIVU Agir Pour des Elections Transparentes et Apaisées(AETA), Une Plate Forme de la Société Civile dotée de la Personnalité Arrêté Ministériel N°125/CAB/MIN/J DH/2011 Rapport de Monitoring des violations des DH au KIVU(Maniema, Nord et Sud Kivu) du mois de Janvier 2013 De violents affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les miliciens de Raïa Mutomboki ont été signalés dans les villages de Chulwe et Chishadu, à la limite entre les territoires de Walungu et de Kabare au Sud-Kivu. Les populations locales ont fui vers les territoires environnants. Ces affrontements se poursuivaient encore vers 12 heures (heure locales), selon des sources concordantes. Selon plusieurs sources tant militaires que de la société civile, les Raïa Mutomboki ont attaqué les positions FARDC situées à Chulwe, chefferie de Ninja, dans le territoire de Kabare, vers 5 heures du matin (heures locales). Ils se sont emparés de ce village, après avoir repoussé l’armée régulière. La population, quant à elle, est en débandade. Certaines personnes fuient vers Nzibira, Mulamba ou vers Nyamarege, selon les sources de la société civile. Celles-ci s’inquiétaient par ailleurs du sort «des milliers de déplacés qui vivaient dans les villages de Chulwe et Kishadu et qui se voient encore obligés de fuir plus loin». Interrogées sur ces faits, des sources proches de la 10e région militaire ont reconnu qu’il y a eu «repli stratégique» de la part des FARDC. Selon ces sources, les militaires ne voulaient pas des pertes en vies humaines; ces miliciens les ayant attaqués à 5 heures du matin. Les FARDC auraient lancé une riposte 2 heures plus tard, ont poursuivi les mêmes sources, auraient récupéré le village de Chulwe et seraient à la poursuite de l’ennemi.

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Page 1: REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Arrêté · PDF fileforêts de Shabunda, Nindja et Kalehe en ce début d’année. A noter que parmi ce lot de réfugiés on venait d’enregistrer

Rapport de Monitoring des violations des DH au Kivu(Maniema, Nord et Sud Kivu) du mois de Janvier 2013 2013

1

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO PROVINCE DU SUD KIVU

ASBL RENAISSANCE AFRICAINE, RENAF/AETA SUD KIVU Agir Pour des Elections Transparentes et Apaisées(AETA), Une Plate Forme de la

Société Civile dotée de la Personnalité Arrêté Ministériel N°125/CAB/MIN/J DH/2011

Rapport de Monitoring des violations des DH au KIVU(Maniema, Nord et Sud Kivu) du mois de Janvier 2013

De violents affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les miliciens de Raïa Mutomboki ont été signalés dans les villages de Chulwe et Chishadu, à la limite entre les territoires de Walungu et de Kabare au Sud-Kivu. Les populations locales ont fui vers les territoires environnants. Ces affrontements se poursuivaient encore vers 12 heures (heure locales), selon des sources concordantes.

Selon plusieurs sources tant militaires que de la société civile, les Raïa Mutomboki ont attaqué les positions FARDC situées à Chulwe, chefferie de Ninja, dans le territoire de Kabare, vers 5 heures du matin (heures locales). Ils se sont emparés de ce village, après avoir repoussé l’armée régulière.

La population, quant à elle, est en débandade. Certaines personnes fuient vers Nzibira, Mulamba ou vers Nyamarege, selon les sources de la société civile. Celles-ci s’inquiétaient par ailleurs du sort «des milliers de déplacés qui vivaient dans les villages de Chulwe et Kishadu et qui se voient encore obligés de fuir plus loin».

Interrogées sur ces faits, des sources proches de la 10e région militaire ont reconnu qu’il y a eu «repli stratégique» de la part des FARDC. Selon ces sources, les militaires ne voulaient pas des pertes en vies humaines; ces miliciens les ayant attaqués à 5 heures du matin.

Les FARDC auraient lancé une riposte 2 heures plus tard, ont poursuivi les mêmes sources, auraient récupéré le village de Chulwe et seraient à la poursuite de l’ennemi.

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Le bilan de ces affrontements n’est pas encore connu. Dans la même région, les deux parties s’étaient violemment affrontées en mai 2012. Les habitants de Chulwe et Chishadu, avaient alors fui leurs villages vers Njibira et Nyamarenge, dans le Walungu.

Plusieurs milliers de rwandais, parmi lesquels des éléments des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ont quitté le Groupement d’Iregabarhonyi (Territoire de Kabare) depuis le début de l’année. Vivant dans les forêts dans des conditions déplorables, certains présenteraient des signes de malnutrition et leur état de santé serait faible, selon des sources humanitaires. Parmi ces personnes, les civils sont couverts par le mandat du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), tandis que la section désarmement, démobilisation, réintégration, et réinstallation ou rapatriement (DDRRR) de la MONUSCO s’occupe du rapatriement des combattants. Plusieurs centaines de personnes se sont déplacées dans l’espoir d’un rapatriement au Rwanda. Près de 100 ont ainsi été rapatriées le 7 janvier au Rwanda, selon le HCR. Presque 500 ont été transférées dans le centre de transit du HCR à Bukavu. Plusieurs centaines d’autres auraient pris la route des territoires voisins de Walungu et Mwenga. Présents depuis de nombreuses années sur le territoire congolais, les FDLR sont impliqués dans de nombreuses attaques contre la population civile, entrainant de graves violations des droits de l’homme. L’année passée, le HCR avait rapatrié plus de 2 400 réfugiés rwandais. C’est la première fois, qu’un mouvement d’une telle ampleur de ressortissants rwandais quittant les forêts est Au Nord Kivu, Kambale Ali, surnommé Bwana Ali, un chef Maï-Maï évadé de la

prison Munzenze, a été tué avec un de ses complices, dimanche 6 janvier, par d’autres

miliciens à Ndwali au sud-est du territoire de Lubero, à plus de 150 kms au nord de

Goma dans le parc national des Virunga. Ce chef milicien était condamné à mort par la

justice militaire dans l’affaire de l’assassinat des trois casques bleus de la Monusco en

août 2010 à Kirumba. Son évasion avait été facilitée par l’entrée des rebelles du

M23 dans la ville de Goma en novembre dernier. Kambale Ali est alors rentré dans le

secteur de Kamandi – Ndwali.

Pendant ces deux dernières semaines, il reconstituait déjà son groupe armé et aurait même commencé à tracasser les habitants de cette partie du Nord-Kivu. Il lui est reproché notamment d’avoir violé une paysanne la semaine passée à Ndwali, selon certaines sources de la société civile locale. Dimanche soir, d’autres Maï-Maï venus de Tchanica, près de Ndwali, ont lancé une attaque contre son groupe. Kambale Ali a été tué sur place. Un de ses gardes du corps, Jean Claude Katambu, est succombé à ses blessures, lundi, à l’hôpital de Kayna, ont indiqué les mêmes sources. Kambale Ali, alias Bwana Ali était déjà condamné à mort par le tribunal militaire de Goma, le 15 juin 2011. Accusé d’être l’un des commanditaires de l’attaque suivi d’assassinat des trois casques bleus indiens de la Monusco le 18 août 2010 à Kirumba.

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Ses quatre coaccusés dans le même dossier, Mumbere Tembea, Janvier Paluku et Kambale Bwanandeke, condamnés à la prison à vie, et Kasereka Fataki, condamné à soixante mois de prison, s’étaient aussi évadés, le 19 novembre dernier . Ils courent toujours dans la nature, selon des sources pénitentiaires.

Toujours au Nord-Kivu, plus de 2000 personnes restent à ce jour sans abris dans au moins 5 villages des pêcheurs au bord du Lac Edouard dans trois territoires de la province. Cela est consécutif aux inondations causées par la montée des eaux du Lac Edouard qui y envahissent des zones habitées depuis quelques semaines déjà. Aucune assistance aux familles sinistrées n’est déjà planifiée. Les responsables de la coopérative des pêcheurs dans cette zone disent être en phase d’évaluation des dégâts humanitaires et environnementaux de la situation.

En Territoire de Beni : Les habitants du secteur de Beni Mbau n’accèdent plus à leurs champs depuis cinq jours maintenant. En cause, l’insécurité occasionnée par les hommes armés identifiés comme des Adf Nalu. La semaine dernière, l’administrateur de territoire, Amissi Kalonda a conseillé aux habitants de ce secteur de ne plus risquer dans des coins non contrôlés par les Fardc. Pour la société civile, si cette situation perdure, elle risque d’avoir des conséquences sur la vie des populations de cette contrée qui ne vivent que de l’agriculture. Rappelons que 12 personnes ont été kidnappées la semaine dernière, par des hommes armés dans ce secteur. Elles restent toujours introuvables.

la justice au Nord Kivu/Goma se dit débordée et avoir toujours du mal à fonctionner. Et pour cause, la justice civile, faute des juridictions militaires opérationnelles, traite actuellement, dans ses compétences, les dossiers en matières pénales qui relèvent des juridictions militaires. La plupart des magistrats civils et militaires, disent toujours craindre pour leur propre sécurité après l’évasion massive des prisonniers à Munzenze au mois de novembre de l’année dernière. Les responsables sollicitent le renforcement des dispositions sécuritaires autour des amigos et de la prison de Munzenze où sont gardés les prévenus et les repris de la justice.

A Uvira dans la province du Sud Kivu, un cas de justice populaire, un homme accusé de sorcellerie a été brûlé vif a Kilomonuyu par la population en colère. Une femme a échappé a la mort et deux maisons ont été incendiées le dimanche 6 janvier. Ils ont été accusés de sorcellerie par les habitants de cette contrée. Dans le territoire de Walungu, la population de Vigera s’est déplacée a Mulamba des suites des affrontements entre les Raia Mutomboki et les FARDC le vendredi 4 janvier au niveau de la localité de Chulwe en groupement de Mulamba. Notre source parle de la reprise de cette localité de Chulwe par les FARDC.

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Un portefaix a été blessé par balle hier lundi 7 janvier au marché, beach Mwanzi. Il a succombé a ses blessures. Selon Rigobert Mbamba président du marché beach Mwanzi, deux militaires se sont querellés avec un jeune garçon qui portait un pantalon de couleur semblable à un pantalon de l’uniforme militaire. C’est a ce moment la qu’un marin de la force navale a tiré pour les disperser, et malheureusement une balle a atteint la victime au niveau de l’abdomen. Le militaire qui a tiree a été conduit à la force navale.

Après une brève accalmie 7 janvier 2013 où les FARDC avaient repris le contrôle des Tchulwe et Kishadu , les combats ont repris ce matin sur la localité de Nzibira à plus de 70 km à l’ouest de Bukavu à la limite entre les territoires de Kabare et de Walungu. Selon des sources concordantes, les Raias Mutomboki en coalition avec les éléments d’autres groupes armés actifs dans la région sont impliqués dans cette nouvelle offensive contre les FARDC en repli. D’autres sources parlent de la prise de la localité de Chaminyago en territoire de Walungu par les assaillants après avoir repris Tchulwe et Kishadu en territoire de Kabare. Une forte concentration des déplacés venant de ces diverses localités sur ce triangle Walungu – Kabare –Shabunda afflue à Mulamba dans des conditions jugées de déplorables.

Vingt cinq combattants rwandais des FDLR tous armés se sont présentés ce lundi 7 janvier 2013 auprès du chef du village Rubembo en groupement de Tubimbi dans le territoire de Walungu. Ils ont déclaré qu’ils sont venus pour se faire rapatrier via le service DD3R de la MONUSCO. Ils ont ajouté qu’ils sont au nombre de 400 combattants à vouloir retourner au Rwanda leur patrie. Ils n’ont cependant pas précisé l’endroit où ils se trouvent en ce moment. Cette information est confirmée par l’autorité territoriale.

Cent quinze réfugiés rwandais ont traversé ce lundi matin la frontière Ruzizi I pour

rentrer dans leur pays natal. Selon la commission nationale pour les réfugiés,CNR , ces rapatriés font partie d’un groupe de 476 personnes ramenées à Bukavu en 3 jours dans le cadre du rapatriement volontaire. Ces réfugiés se sont regroupés à Luhago provenant des forêts de Shabunda, Nindja et Kalehe en ce début d’année. A noter que parmi ce lot de réfugiés on venait d’enregistrer 2 décès. Il s'agit d'un vieux de plus de 70 ans ramené de Luntukulu mort au camp de transit à Walungu et un enfant d’environ un an ramené de Lwizi et décédé au camp de transit à Bukavu la nuit de samedi à dimanche.

Un homme a été tué dans la nuit de vendredi à samedi 29 décembre dans le

quartier Bunyangula entre les cités de Kiwanja et Rutshuru-centre. Des sources de la société civile rapportent plusieurs cas de pillages au cours de la même nuit dans d’autres quartiers de ces deux cités. Des témoins accusent des rebelles du M23. Agé d’une trentaine d’années, le jeune homme tué a reçu une balle dans le thorax. Il est mort sur-le-champ. Quinze habitations ont été pillées dans la même nuit à Kiwanja et à Rutshuru-centre.

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La coordination de la société civile du Nord-Kivu, qui condamne ces attaques, interpelle les responsables du M23. Les rebelles du M23 sont accusés de créer l’insécurité dans plusieurs localités du Nord-Kivu depuis leur retrait de la ville de Goma et des localités environnantes qu’ils ont occupées pendant une dizaine à la fin du mois de novembre.

Une dizaine de groupes armés du Sud-Kivu ont demandé à être associés aux discussions entre le gouvernement et les rebelles du M23, a indiqué lundi leur porte-parole. "Les Maï-Maï (groupes armés locaux) ont plusieurs revendications fondées (...). Nous voulons et devons être associés aux pourparlers", a déclaré le porte-parole de onze groupes Maï-Maï de la province du Sud-Kivu, Joseph Assanda, à l'AFP. Le dialogue, orchestré par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), ne devrait pas se dérouler à Kampala "car l'Ouganda est un pays cité comme probable soutien au M23", a souligné M. Assanda, faisant allusion aux experts de l'ONU qui accusent l'Ouganda et le Rwanda voisins de soutenir les rebelles, ce que les deux pays récusent. "Nous sommes des Congolais et l'accord a été signé au Congo. Nous voulons que des pourparlers où nous serons associés se fassent au Congo", a précisé M. Assanda. Les discussions de Kampala, qui pourraient se déplacer à Brazzaville - la présidence de la CIRGL passant à la République du Congo - doivent essentiellement porter sur l'application de l'accord de paix signé le 23 mars 2009 entre le gouvernement congolais et plusieurs dizaines de groupes armés alors actifs dans l'est du pays. Selon le M23, cet accord n'est pas pleinement appliqué, une accusation qu'a plusieurs fois réfutée Kinshasa. "Le M23 est une émanation du CNDP (Congrès national pour la Défense du Peuple), alors on ne comprend pas pourquoi on peut lui donner les avantages de négociations pendant que nous, nous restons à l'écart", a dit un responsable du groupe Maï-Maï Kirikicho, Longangi Kanyere. Le gouvernement congolais doit avoir une "attention particulière aux autres groupes armés qui ont signé" les accords, a ajouté M. Kanyere, dont le groupe basé à Kalehe - à 100 km au nord de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu - a signé les accords avec dix autres groupes Maï-Maï de la province. "Nous avons besoin de plus de considération, a-t-il affirmé (...) Les grades de nos militaires qui sont encore dans la brousse (...) doivent être reconnus. Nous avons fait tout pour que cela soit le cas (...), mais jusqu'ici on n'a pas encore obtenu gain de cause". "Si cette condition est réunie, a-t-il ajouté, plusieurs groupes armés du Sud-Kivu et même du Nord-Kivu ne ménageront aucun effort pour aider le gouvernement congolais à

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ramener une paix durable dans l'est de la RDC. (...) Nous avons tous les atouts pour aider le gouvernement dans cette guerre contre l'ennemi."

Près de 3 500 rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et leurs dépendants, sortis des forêts de Nindja, Kalonge, Bunyakiri, affluent, depuis mardi 1er janvier, vers Luhago-centre, en territoire de Kabare (Sud-Kivu). Selon le chef de groupement de Luhago, ces rebelles ont exprimé la volonté de déposer les armes auprès de la Monusco et de retourner au Rwanda, leur pays d’origine. « À partir d’hier vers 17heures, le premier convoi des FDLR composé des combattants et des civils hutus rwandais, est arrivé au niveau de Luhago centre en provenance de Bihari. Ces combattants ont dit venir de Kalehe, Bunyakiri, Kashehi, Kitumba-Ninja et Luyuyu. Il y en a même qui viennent du Nord-Kivu », a déclaré ce chef traditionnel. Après Luhago-centre, le premier convoi de ces FDRL, commandé par les colonels Job et Nicolas, a pris la route de Mulambula, en territoire de Walungu. La section de démobilisation et de rapatriement (DDRRR) de la Monusco à Bukavu dit avoir appris la nouvelle et dépêché une équipe sur les lieux pour en savoir davantage sur le motif de ce mouvement des FDLR. La Monusco se dit prête à accueillir et rapatrier les candidats volontaires à partir de sa base de Walungu. Pour sa part, la 10ème région militaire confirme les faits mais pense que ces rebelles rwandais fuient les zones sous contrôle des miliciens congolais du groupe Raïa Mutomboki et feraient mouvement vers le territoire de Mwenga.

Jean-Marie Runiga, le responsable politique du Mouvement du 23 mars (M23), actif depuis mai dans l'est de la RDC, a déclaré jeudi 3 janvier 2013 vouloir s'inspirer de 3la rébellion centrafricaine du Séléka qui menace de renverser le président Bozizé. « La rébellion de la République centrafricaine nous a beaucoup inspirés par rapport à ce qui se passe au pays car les rebelles du Séléka revendiquent aussi l'application d'accords de paix non respectés », a déclaré à la presse Jean-Marie Runiga, depuis Bunagana, une ville-frontière avec l'Ouganda située au nord de Goma. Nous ne ferons que suivre l'exemple de ce qui se passe en Centrafrique, a-t-il insisté, accompagné du chef militaire du M23, le général Sultani Makenga, et du député d'opposition congolais Roger Lumbala qui, depuis peu, affiche son soutien aux rebelles. « Nous continuons à demander un cessez-le-feu ainsi que des négociations directes avec le gouvernement de Kinshasa. Si celui-ci ne veut pas, nous emploierons le langage que (le président Joseph) Kabila comprend. Et cette fois-ci nous irons très loin », a menacé

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Jean-Marie Runiga. « Le langage que Kabila comprend, ce sont les armes, a-t-il précisé. Et l'exemple que nous en avons c'est qu'après la chute de Goma, le dialogue a été ouvert à Kampala. Si c'est dans cette voie-là qu'il veut encore s'engager, cette fois-ci nous irons très loin ». « On tue les gens en Syrie, et partout dans le monde, mais les Nations Unies n'ont jamais sanctionné (...). Mais nous, qui n'avons rien fait à la population, on nous sanctionne. Ce n'est pas correct, a dénoncé Jean-Marie Runiga, alors que l'ONU et des ONG accusent le M23 de graves exactions (viols, assassinats, pillages...) ».

Le 11 janvier 2013, Les miliciens Raïa Mutomboki et les militaires de l’armée régulière s’affrontent, depuis 12 heures locales à Kasese, une importante cité minière dans le nord du Maniema. Le président de la société civile a affirmé que les combats ont poussé la population à se réfugier dans la forêt. Selon lui, le bilan provisoire fait état de six morts du côté des Raïa Mutomboki. Le commandant des FARDC sur place parle de dix miliciens tués et de plusieurs armes récupérées. Les premiers coups de feu ont retenti à 12 heures locales, en provenance de Kibeleketa. Les combats se sont intensifiés après l’attaque des positions des Forces armées de la RDC (FARDC) de Kasese par les Raia Mutomboki. Après une heure d’affrontements, les FARDC ont repoussé les assaillants, a-t-il indiqué. La société civile a avancé le chiffre de six morts du côté des Raïa Mutomboki. Le commandant FARDC de la place, le Lieutenant Kambungu Mawete a confirmé l’information relative aux combats. Il donne un bilan provisoire de dix morts et des armes récupérées. Les combats ont repris trois heures plus tard et se poursuivaient encore dans la soirée. La majorité de la population locale s’est retranchée dans la forêt, selon les sources de la société civile. Seuls cinq opérateurs économiques seraient restés dans la cité.

La coordination de la Société civile de Beni dans le Nord-Kivu s’indigne des attaques de l’ADF-Nalu contre la population. Elle demande de ce fait l’évaluation des opérations Rwenzori menées depuis trois ans par l’armée. Elles avaient pour but de combattre les forces négatives actives dans cette zone, notamment l’Adf Nalu. L’attaque la plus récente de ce groupe armé a eu lieu dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 janvier. Les hommes armés ont pillé et violé six femmes dont des mineures. Pour sa part, le commandant de ces opérations, le colonel Ruhorimbere, affirme que la capacité de nuisance de ces rebelles a été sensiblement réduite. La société civile estime qu’il est inconcevable que la population n’ait pas retrouvé sa quiétude, après trois ans d’opérations menées par l’armée régulière.

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La dernière attaque de l’Adf-Nalu remonte à la nuit de vendredi 11 au samedi 12 décembre. Des hommes armés ont fait incursion dans les localités Kiravo, Makutano et Kakwavia en groupement Bambuba Kisiki dans le secteur de Beni Mbau dans le territoire de Beni. De 19 heures à 4 heures du matin, les miliciens ont pillé une quarantaine de maisons, emportant de l’argent, des téléphones portables et d’autres biens de valeur. Par la même occasion, ils ont violé six femmes dont une mineure. La Société civile s’indigne que des hommes armés opèrent aisément dans une zone opérationnelle des Forces armées de la RDC (FARDC) : « Notre coordination dénonce l’inefficacité de ces opérations Ruwenzori. Jusqu’à ce jour, les populations ne peuvent pas accéder à leurs champs, des personnes sont enlevées et on continue à enregistrer des pillages, des disparitions et des viols collectifs » expliquent les membres de la coordination de la Société civile de Beni. Ils demandent au ministre de la défense, à celui de l’intérieur, une évaluation de ces opérations avec la société civile et les députés provinciaux. De son côté, le colonel Ruhorimbere, qui commande ces opérations, pense que la capacité de nuisance des rebelles ougandais d’Adf-Nalu actifs dans cette zone a été sensiblement réduite depuis le début des opérations Ruwenzori. Il ajoute que les FARDC poursuivent progressivement leur mission de pacifier cette zone afin que la population puisse vaquer paisiblement à ses occupations.

Les miliciens Pareco (Patriotes résistants congolais) de la Fontaine ont occasionné, dimanche 13 janvier, l’évasion de trois cent soixante-douze sur les trois cent quatre vint dix-neuf détenus à la prison Kakwangura, à Butembo (Nord-Kivu). Ces miliciens, venus de Lubero pour Bunia leur lieu d’intégration dans les FARDC, s’étaient soustraits, à l’étape de Butembo, pour aller libérer leurs collègues incarcérés à Kakwangura. Selon des sources de cette prison, ces Maï-Maï avaient obligé au garde de libérer leurs collègues qui s’y trouvaient en détention. Face au refus de ce dernier, ils lui ont ravi l’arme et commencé à tirer en l’air. Profitant de ce trouble, les prisonniers se sont évadés. Seuls 23 sont restés, l’un d’eux a été blessé, indiquent les sources sur place. La population de Furu dans la commune Vulamba dit avoir appréhendé dix-sept de ces évadés qu’ils ont remis à la police. Le maire de Butembo, Théodore Sikuli Uvasakala, qualifie cette évasion massive «d’un malheureux événement que la ville vient de connaître en ce début de l’année 2013». Il demande à ses administrés d’aider la police et les autres forces de l’ordre à mettre la

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main sur les fuyards car, pour lui, ces gens constituent un danger pour la sécurité de Butembo s’ils restent dans la nature.

Environ 54.400 déplacés internes vivent dans l’insécurité dans la zone de santé de Mwesso dans le groupement Bashali Mokoto, dans le territoire de Masisi à plus de 100 km au nord-ouest de la ville de Goma. Ces déplacés sont privés d’assistance humanitaire depuis près de cinq mois, ont indiqué, ce lundi 14 janvier, des sources locales. Les acteurs humanitaires ont suspendu leurs activités dans le secteur Kitshanga-Mwesso depuis le mois de septembre, suite à la dégradation de la situation sécuritaire. Du coup, les 54. 400 personnes déplacées, réparties dans quatorze camps dans la zone de Mwesso, restent privées de nourriture. Cette situation a été constatée, la semaine passée, par les membres d’une délégation mixte Monusco/Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en mission d’évaluation dans la zone. Selon eux, ces déplacés sont aussi soumis à plusieurs formes de tracasseries de la part des milices locales. Pour survivre, ont poursuivi les mêmes sources, ils sont obligés de quitter les camps par moments pour aller voler dans les champs des autochtones. Les uns sont parfois surpris et molestés par les propriétaires. Une autre conséquence, une dizaine de cas de viol des femmes déplacées par des miliciens en dehors des camps ont été enregistrés depuis le mois de septembre, selon les comités des déplacés. Par ailleurs, 4. 039 ménages des déplacées répartis dans les camps de Mwesso, Ibuga ainsi que Kashuga 1 et 2 sont soumis à une taxe illégale, dite «taxe de sécurité », allant de 1 000 à 1 500 francs congolais (16 USD) par foyer. Cette taxe leur est imposée par un groupe armé local, dénommé «M26», qui a établi une administration parallèle dans ce secteur de Mwesso depuis plusieurs mois. Le HCR a affirmé que la distribution d’aide humanitaire devrait reprendre dans les différents camps d’ici la fin du mois de janvier.

Les miliciens de la Force populaire pour la libération du Congo (FPLC), actifs dans le territoire de Fizi, ont exprimé, lundi 14 janvier à Uvira (Sud-Kivu), leur souhait d’intégrer les Forces armées de la RDC (FARDC). Leur porte-parole, Obedi Ruzigira, a indiqué que son mouvement était prêt à contribuer à la défense de l’intégrité de la RDC, sous menace de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23). « Rester en brousse ne nous permet pas de défendre l’intérêt de la nation. Nous demandons aux autorités tant

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militaires que politiques de dialoguer avec nous pour permettre notre intégration afin que nous participions aussi à la défense de l’intégrité de notre pays », a-t-il déclaré. La déclaration de cette milice intervient après de nombreux appels des autorités provinciales du Sud-Kivu aux groupes armés d’intégrer l’armée nationale. En octobre 2011, les FARDC avaient appelé toutes les milices nationales et étrangères, encore actives dans le Nord et le Sud-Kivu, à déposer sans condition leurs armes. Le porte-parole militaire de l’opération militaire «Amani leo» (en français : la paix aujourd’hui) avait lancé cet appel à Goma, dans la province du Nord-Kivu. « Après la mort du chef Maï-Maï Gervais Mwenye Bulongo, près de Kirumba, l’heure n’est plus à l’intégration, mais plutôt à la traque de ces forces réfractaires », avait déclaré le colonel Sylvain Ekenge dans un entretien à Radio Okapi.

Quatre-vingt-quinze cas de violences sexuelles ont été pris en charge par MSF durant le mois de décembre dans le camp de déplacés de Mugunga III. Face à ces actes de violence, MSF déplore le manque d’implication des entités de protection de la population civile et les conditions de sécurité défaillantes dans les camps de la ville de Goma. Entre le 3 décembre et le 5 janvier 2013, un total de 95 cas de violence sexuelle ont été notifiés et pris en charge par l’équipe MSF présente dans le camp de Mugunga III, à quelques kilomètres à l’ouest de Goma. Fin décembre, les équipes MSF ont assisté à une augmentation d’admission pour des traumatismes directement liés à ces actes de violence, portant à six la moyenne de consultations par jour.

Des hommes armés ont attaqué samedi 19 janvier dans la matinée un canot rapide

de transport en commun Kivu King connu sous l’appellation de bateau Ihusi sur le lac Kivu aux environs de Kabare au Sud-Kivu. Selon le responsable de ce navire, il y avait cinquante-sept passagers à bord en provenance de Goma à destination de Bukavu. Une victime a témoigné que parmi les passagers il y avait quatre pirates qui sont montés à bord du canot rapide depuis Goma avec leurs armes. Arrivé sur le large de Birava en territoire de Kabare vers Ibinja Nord à 30 minutes de Bukavu, ils ont maîtrisé les autres passagers en tirant en l’air. Dans la panique, ils ont ordonné au capitaine d’arrêter le navire et aux passagers d’éteindre les téléphones. Ils ont par la suite fouillé tous les passagers en demandant s’il y avait à bord un agent de la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC). N’ayant pas trouvé l’agent recherché, ils ont extorqué tous les biens des passagers, ajoute la même source. Quinze minutes après, une barque motorisée est apparue pour récupérer les pirates à bord du bateau Ihusi. Cette dernière a pris la direction du Rwanda, a poursuivi la victime.

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Le ministre provincial du transport indique que les enquêtes sont diligentées pour identifier les pirates. Il a précisé que des dispositions seront mises sur pied pour éviter l’insécurité sur le lac Kivu. Pour sa part, l’Association des armateurs sur le lac Kivu (Asalac) a affirmé que c’est la première fois qu’un navire était attaqué et demande aux autorités de prendre toutes les dispositions possibles pour y mettre fin.

Le Mouvement du 23 mars (M23) est accusé par des ONG locales d'étendre son emprise dans sa zone, malgré l'arrêt des combats avec l'armée et la tenue de pourparlers de sortie de crise actuellement à Kampala. Le mouvement contrôle une partie du territoire de Rutshuru, un territoire de la province riche et instable du Nord-Kivu adossé au Rwanda et à l'Ouganda voisins - deux pays accusés par l'ONU de soutenir le M23, ce qu'ils démentent. Désormais, les rebelles y perçoivent des taxes et, selon de récentes accusations de la société civile, ils nomment des chefs pro-M23 à la place des chefs traditionnels légaux - qui ont pour certains fui avec l'arrivée des rebelles. Étienne Kambale, de la fédération d'ONG Société civile du Nord-Kivu, accuse les rebelles d'avoir remplacé le chef coutumier reconnu par la loi, M. Makombe, "dans le groupement de Buhumba, en chefferie de Bakumu", par "un évadé de la prison Munzenze de Goma". "Croyez-vous que des personnes qui placent à la tête d'un groupement un criminel condamné sont (...) sérieuses?", demande M. Kambale. Sous le couvert de l'anonymat, un proche du chef déchu nuance ces allégations. "Makombe, pour de raisons de sécurité, n'a pas préféré rester dans la zone sous contrôle rebelle. Il y a des assoiffés du pouvoir qui sont à notre recherche", explique-t-il, mettant nommément en cause le M23. "Ces chefs coutumiers font leur travail et nous faisons le nôtre", rétorque le chef politique du M23, Jean-Marie Runiga. "On ne peut pas laisser une population sans être dirigée. Dire que le M23 bouge le pouvoir coutumier, c'est de l'intoxication (...) Ce sont des choses que nous ne ferons jamais", dit-il. Les rebelles avaient déjà nommé Benjamin Bonimpa administrateur du Rutshuru après leur capture de Rutshuru et Kiwandja le 25 juillet. Mais l'administrateur légal, Justin Mukanya, gère pour sa part la partie "libre" du Rutshuru, frontalière du territoire de Lubero. Des taxes sur les marchandises et les transports ulcèrent aussi les commerçants. Si des pourparlers de sortie de crise se sont ouverts début décembre à Kampala et les combats ont cessé, le M23 continue à percevoir des impôts. Plus encore, les rebelles utilisent les formulaires de la Direction générale des impôts (DGI) auxquels ils ont ajouté leur sigle M23, selon un entrepreneur local.

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Certes "sur le plan sécuritaire, le M23 s'efforce (d'améliorer la situation) mais ce que nous détestons, c'est le paiement d'une taxe de dédouanement de nos marchandises. Comment voulez-vous dédouaner nos marchandises qui viennent de Goma, qui est en RDC? C'est une blague", regrette Janvier, un commerçant. "Nous payons 40% de nos recettes au M23 chaque jour (...). Le véhicule paie pour le péage cinq dollars et, pour le libre passage, il paie cinq dollars à la police de la brigade routière du M23", tempête un responsable de l'Association des chauffeurs du Congo. "Il ne manque pas d'autres tracasseries, dit-il. Au total, le chauffeur paye quinze dollars pour les bus. Pour les camions, c'est grave: il faut 320 dollars pour chacun, dont vingt de péage et 300 pour la taxe sur la marchandise". "Ces taxes ne nous favorisent pas. Les transporteurs ougandais qui venaient acheter notre soja ne viennent plus et un sac de soja revient maintenant à 18 dollars. Qu'allons-nous gagner en tant qu'agriculteurs?", s'inquiète le responsable d'un marché de vivres du Rutshuru. Le chef du M23 n'est pas d'accord: "Nous percevons des taxes et impôts ordinaires, c'est comme à l'époque du gouvernement, déclaré M. Runiga. Les mêmes taxes et impôts sont toujours perçus par nous pour trois raisons: la sécurité, le fonctionnement de l'administration et la réparation de la route".

Les groupes armés Maï-Maï Yakutumba et le Parti d’action et de la reconstruction du Congo-Force armée Alléluia (PARC-FAAL), qui se sont rendu aux Forces armées de la RDC (FARDC), ont commencé, samedi 19 janvier dernier, à sensibiliser d’autres groupes Maï-Maï opérant au Sud-Kivu pour les convaincre d’intégrer l’armée congolaise. Selon le porte-parole du groupe Maï-Maï Yakutumba, Pacifique Mutiki, le gouvernement provincial a mis à la disposition des responsables politiques du mouvement PARC-FAAL, « des moyens nécessaires afin de sensibiliser les éléments Maï-Maï qui se trouvent encore dans la brousse ». « Nous avons commencé par la sensibilisation et après nous allons orienter [ceux qui vont accepter de se rendre] dans les centres de regroupement. On nous a accordé trois semaines [pour mener cette mission] », a-t-il affirmé. Pacifique Mutiki a expliqué que les moyens accordés par le gouvernement provincial permettront d’assurer les déplacements d’anciens miliciens chargés de réaliser cette sensibilisation. Il s’est dit optimiste quant à l’aboutissement de l’opération. Des milliers d’autres combattants de groupes armés qui ont choisi, depuis le mois dernier, d’intégrer l’armée congolaise se disent « abandonnés » depuis leur arrivée dans les camps de regroupement à Uvira et Fizi. Selon le député provincial Jean-Marie Ngoma, en vacances parlementaires dans ces deux territoires, qui donne cette information, ces anciens miliciens disent manquer de nourriture et de logement. La même source a aussi déploré « le mauvais climat » qui règne entre le groupe des ex-combattants Maï-Maï et les militaires congolais. « Le lundi dans la matinée, les FARDC

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et les Maï-Maï qui sont à Makobola ont failli se battre. Les anciens miliciens ont dénoncé le traitement partial dont ils sont victimes, affirmant manquer à manger. Alors ça provoque des frustrations », a confié le député Jean-Marie Ngoma. Par ailleurs, il a fait remarquer que cette situation pousse les anciens miliciens à rançonner la population au niveau de la barrière de Makobola. « Ils sont affamés, ils n’ont pas de nourriture, comment vont-ils vivre ? », s’est-il interrogé. De leur côté, les responsables de la 10ème région militaire ont assuré, sans plus de détails, que des moyens logistiques sont arrivés à Bukavu et seront bientôt mis à la disposition de différents centres de regroupement de miliciens d’Uvira et de Fizi.

Les élèves et les enseignants désertent les écoles du secteur de Mpati dans la province du Nord-Kivu, craignant le recrutement forcé effectué par les groupes armés actifs dans la région. Depuis le début du mois de janvier, le groupe armé dénommé M26 a lancé une campagne de recrutement des jeunes dans la région. Deux autres groupes armés, les FDLR et une faction du groupe Maï-Maï Pareco, qui opèrent également dans ce secteur sont également accusés de recrutement forcé. Les enseignants et les élèves craignent d’être surpris par des miliciens sur le chemin de l’école ou même à l’intérieur des salles de classe. « Nous craignons d’être recrutés par le M26 et même les FDLR », confie un élève qui ne va plus à l’école depuis l’annonce par les groupes armés de ce recrutement. Les responsables du M26 affirment vouloir recruter des personnes dont l’âge varie entre dix-sept et cinquante ans. « Le M26 va bientôt venir nous prendre pour vous intégrer dans notre mouvement. Nous sommes obligés de prendre la fuite », affirme, de son côté, un enseignant. Les responsables locaux qui craignent que ces écoles ferment leurs portes avant la fin de l’année scolaire en juillet prochain, en appellent à l’intervention du gouvernement provincial. Des sources locales indiquent cependant qu’un peloton de militaire congolais est basé à une vingtaine de kilomètres de Mpati. Le M26 est un mouvement créé le 26 octobre 2012 (d’où leur nom : M26) composée d’anciens combattants du groupe Nyatura. Ces combattants avaient refusé l’intégration au sein des Forces armées de la RDC (FARDC). Le mouvement occupe une grande partie du groupement de Basali dans le territoire de Masisi. Son quartier est établi à Mwesso.

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Trois civils et un combattant Maï-Maï ont trouvé la mort après les combats qui ont opposé, mardi 22 janvier à l’aube, le groupe de combattants Maï-Maï Shetani et ceux du Mouvement populaire d’autodéfense (MPA), une nouvelle milice constituée essentiellement des jeunes hutus, à Kisharo, à plus de 90 Km au Nord-est de Goma, en territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Malgré le calme précaire revenu en fin de matinée, la société civile locale craint la résurgence d’un conflit interethnique dans ce secteur. Des témoins rapportent que les combattants du MPA ont attaqué les positions des Maï-Maï Shetani à Kisharo, chef-lieu du groupement Binza, autour de 5h30 le matin. Après près de trois heures de violents affrontements, ces assaillants se sont repliés vers Kasave, à 12 km au sud-est de Kisharo toujours contrôlée par des Maï-Maï Shetani. Des sources administratives et hospitalières à Nyamilima affirment que deux combattants Maï-Maï Shetani ont aussi été blessés. Les habitants se sont terrés chez eux pendant ces affrontements, selon certains acteurs de la société civile locale, qui, à la suite de ces affrontements, disent craindre la résurgence d’un conflit interethnique entre les Hutus et les Nande, tribu à laquelle appartient le chef des Maï-Maï Shetani.

La société civile du Nord-Kivu a accusé, jeudi 24 janvier, les rebelles ougandais des ADF-Nalu d’avoir exécuté treize otages enlevés au début du mois de janvier dans la localité de Tenambo, à environ 27 km de Beni (Nord-Kivu). Des sources sur place indiquent que les treize personnes habitaient la cité d’Oïcha à 3 Km de Tenambo. Les mêmes sources affirment que parmi les otages se trouvaient trois filles âgées respectivement de huit, dix et quinze ans. Selon les parents des victimes, ces dernières ont été kidnappées l’une après l’autre lorsqu’elles se rendaient dans au champ. Mardi 22 janvier dernier, les mêmes rebelles ougandais ont kidnappé huit autres civils (quatre et quatre femmes) dans la cité d’Oïcha. Les otages auraient été tabassés, ligotés et poignardés avant d’être emmenées dans la brousse, rapportent des sources de la société civile. Le porte-parole de la société civile du Nord-Kivu, Omar Kavota, invite le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, en séjour à Beni, à tout mettre en œuvre pour mettre fin à ces kidnappings. Il accuse également les rebelles ougandais de créer l’insécurité dans les groupements de Batangi-Mbau, Banande et Kaïnamba dont la plupart des habitants ont trouvé refuge dans d’autres localités.

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Des sources de la société civile de Beni ont recensé quarante-huit personnes enlevées en 2012 par ces rebelles ougandais. Plusieurs notabilités de la région demandent l’évaluation des opérations Rwenzori menées depuis trois ans par l’armée pour combattre les forces négatives actives dans cette zone.

La localité de Nyondo dans la province du Nord-Kivu est de nouveau sous le contrôle des militaires congolais depuis ce vendredi 25 janvier dans la matinée après des combats contre des Maï-Maï des Forces acquises au changement (Fac). Les affrontements ont duré trois jours. Ces informations ont été livrées à la presse par Colonel Mugabo, commandant du cinquième secteur des Forces armées de la RDC (FARDC) basées à Lubero. L’officier congolais a affirmé que les militaires ont réussi à détruire « une base importante de ces miliciens ». Huit Maï-Maï auraient été tués pendant ces affrontements, un militaire blessé. De son côté, la société civile du Nord-Kivu déplore le déplacement des populations civiles vers les localités de Milinga et Kauli. Ce groupe Maï-Maï a occupé la localité de Nyondo pendant près d’un mois. Ces miliciens qui s’étaient coalisés avec des détenus évadés de la prison de Kakwangura de Butembo avaient installé une base dans la localité de Nyondo. Les sources militaires affirment que les Maï-Maï se sont repliés à Kyavirimu dans le parc National de Virunga. Les FARDC avaient attaqué la milice le mercredi 22 janvier. Après « un repli stratégique » effectué le jeudi dans la soirée à cause de la résistance des miliciens, raconte une source proche de l’armée, les militaires ont repris leur offensive le vendredi dans la matinée et délogé le groupe Maï-Maï.

Le maire de la ville de Goma, Kubuya Ndoole Naso, a accusé samedi 26 janvier les rebelles du M23 de causer l’insécurité dans plusieurs quartiers du territoire de Nyiragongo, périphériques à la capitale provinciale du Nord-Kivu. Selon lui, cinq personnes ont déjà été tuées pendant les vols commis par ces rebelles. M. Kubula demande à la Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs (CIRGL) d’ordonner au M23 de retirer ses troupes du territoire de Nyiragongo. Selon le maire de Goma, la situation sécuritaire s’est considérablement dégradée dans les quartiers Ngangi I et II, Don Bosco, Muja, Majengo et Mugunga, dans la périphérie de Goma, en groupement Munigi, territoire de Nyiragongo. Des tirs nourris ont encore retenti ce samedi dans le quartier Ngangi I, vers 21 heures, heure locale. Des hommes

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en arme ont fait des incursions dans plusieurs habitations d’où ils ont emporté de l’argent, des téléphones portables et d’autres biens de valeur. Selon le maire de Goma, cette situation dure depuis plus d’un mois, après que les rebelles du M23 se soient installés dans ce secteur. « Contrairement à la décision du CIRGL sur le retrait du M23 à 20 Km de la ville, ils sont restés dans le territoire de Nyiragongo. Ils descendent la journée comme la nuit pour opérer, c’est-à-dire voler, piller et tuer dans la ville », a-t-il soutenu. Pour le maire de Goma, la CIRGL doit faire respecter sa décision afin d’épargner la population de cette insécurité. Une compagnie de la police nationale installée dans ce territoire pour mettre fin a cette situation n’y est toujours pas parvenu.

Un calme précaire est observé, ce lundi 28 janvier, à Ngando dans le territoire de Mwenga au Sud-Kivu, après deux jours d’affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les miliciens de Raïa Mutomboki, a déclaré l’administrateur du territoire, Désiré Masumbuko. Il a indiqué que la population locale avait a fui ces combats et s’était réfugiée dans la brousse. Désiré Masumbuko n’a pas donné le bilan de ces affrontements, estimant que la primeur revient à sa hiérarchie. Il a toutefois appelé les habitants réfugiés dans la brousse à regagner leurs domiciles. Quelques sources indépendantes ont néanmoins fait état de huit morts dont deux Raïa Mutomboki, quatre militaires FARDC et deux de leurs épouses. De son côté, la 10ème région militaire a confirmé ces affrontements mais dit n’avoir avancé aucun bilan pour l’instant.

La Commission nationale pour les refugiés (CNR) s’inquiète des cas d’enlèvement des réfugiés burundais présents dans le territoire d’Uvira au Sud-Kivu. Le président de cette organisation nationale, Christophe Migale, a affirmé lundi 28 janvier que plusieurs refugiés burundais ont été victimes d’attaques, de menace de morts et d’enlèvement l’année dernière dans la plaine de la Ruzizi. Christophe Migale a indiqué que le mois dernier, le président des refugiés burundais, Ndahisaba Alphonse, a été enlevé par des inconnus, avec ses trois enfants dont deux filles, sur l’axe Rubanga-Lemera, dans les moyens plateaux d’Uvira. « Ça nous inquiète beaucoup. L’otage a une grande famille. Je rappelle à ces groupes armés que les réfugiés ont droit à la vie. Ils ont droit à la liberté de circuler. Les groupes armés doivent cesser de créer l’insécurité et doivent libérer cet homme », a ajouté le président de la CNR.

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Christophe Migale invite aussi les services de sécurité à protéger les réfugiés rwandais ou burundais vivant sur le sol de la RDC, suivant le respect des droits des refugiés reconnus par le Haut commissariat des refugiés. Il demande également aux refugiés burundais de rester cantonnés dans leurs camps pour leur sécurité. « Les réfugiés burundais sont dispersés et vivent avec des populations locales. Comme ils sont dispersés, il y a des moments où ils se rencontrent avec des groupes armés qui les soupçonnent d’être en connivence avec le gouvernement ou avec d’autres forces négatives opérant sur le sol congolais », a ajouté Christophe Migale. Ces réfugiés, estimés à des milliers sont arrivés en RDC entre 1964 et 1993. Ils ont fui des hostilités tribales et ethniques dans leur d’origine.

Un mouvement de panique est observé depuis lundi 28 janvier à Punia, à plus de 200 km de Kindu, dans le nord de la province du Maniema. La population locale redoute l’avancée des miliciens de Raïa Mutomboki en provenance de Kasese, à 125 km de Punia, ainsi que les tracasseries orchestrées par les FARDC, qui font mouvement de Kasese vers Punia et vice versa. Selon plusieurs sources concordantes, ces miliciens seraient à 70 km de Punia. Pour arrêter leur avancée, la société civile appelle les autorités à ouvrir des négociations avec cette force négative. Les autorités locales de Punia estiment que cela dépasse leurs compétences. Entre-temps, les Raïa Mutomboki ne font que progresser en direction de Punia et Lubutu.

La société civile du Nord-Kivu a accusé, mercredi 30 janvier, les rebelles rwandais des FDLR d’avoir violé vingt-huit femmes au cours du mois de janvier dans plusieurs localités des groupements Itala et Tama, en territoire de Lubero. «C’est depuis pratiquement plus de trois mois que la situation empire dans les localités Kasiki, Kaniki, Mbwavinywa et Luhanda. Et les autorités coutumières de ces localités répondent aux ordres des FDLR. Une situation pour laquelle nous sommes en train d’interpeller le gouvernement provincial pour qu’on envisage des opérations parce que ce sont les FDLR qui règnent en maîtres dans ces localités», a déclaré le porte-parole de la coordination de cette structure provinciale, Omar Kavota. Il a également accusé ces rebelles rwandais de piller les récoltes des paysans, de tabasser les cultivateurs et de leur imposer des travaux et des taxes. Omar Kavota affirme que cette population n’arrive plus à subvenir à ses besoins vitaux, car les champs constituent sa seule source de revenu. Le porte-parole de la société civile du Nord-Kivu reproche également à ces rebelles rwandais d’obliger certains hommes de transporter des récoltes qu’ils ont pillées dans les champs. Il a par ailleurs

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plaidé pour la sécurisation par le gouvernement de cette contrée, en proie à ces rebelles. Les autorités coutumières locales à Luofu, en groupement Tama, qui confirment ces nouvelles, ajoutent que la présence massive de ces rebelles insécurise les routes de desserte agricoles et ne permet pas aux habitants d’accéder aux champs. Selon ces autorités traditionnelles, des voyageurs sont constamment dévalisés dans cette partie du Nord-Kivu. Elles craignent ainsi que ces exactions puissent amener la famine dans cette partie du Nord-Kivu. Contacté, un responsable militaire de la région a indiqué, sans donner de précisions, que des opérations contre ces FDLR sont déjà planifiées.

Plus de quatre cents enfants de l’Ecole primaire Mapera dans la localité de Kinyondo, en territoire de Lubero (Nord-Kivu), étudient, depuis deux jours, dans la peur suite à l’installation d’un groupe de deux cents Maï-Maï armés à 15 mètres de leur établissement. Le président de la société civile de Lubero, Joseph Malikidoko, a déploré, ce jeudi 31 janvier, la présence de ces miliciens qui effrayent les écoliers et imposent des travaux forcés aux habitants de la localité pour la construction de leur quartier général. Il a qualifié l’installation de ces Maï-Maï à proximité de l’école « d’une violation grave des droits de l’enfant ». Pour permettre aux écoliers de Mapera d’étudier dans la quiétude, il a suggéré que ces miliciens soient délogés. Cet avis est également partagé par le commandant 5è secteur FARDC basé à Lubero, colonel Mumgobo. Joint au téléphone, il a appelé à ces miliciens d’intégrer l’armée régulière. « C’est depuis décembre dernier qu’un appel est lancé à tout Maï-Maï voulant servir sous le drapeau de se rendre immédiatement aux FARDC », a-t-il rappelé, indiquant qu’une reddition volontaire de ces miliciens va mettre fin à l’insécurité qui menace cette partie de la province du Nord-Kivu en proie aux groupes armés. Des affrontements du 12 au 15 janvier opposant d’un côté des groupes d’autodéfense et les FARDC, et de l’autre des hommes armés présumés ex-FNL (Front National de Libération du Burundi) dans plusieurs localités dans les Moyens et Hauts Plateaux d’Uvira, ont provoqué des déplacements massifs, selon des sources concordantes. Les personnes déplacées se sont dirigées notamment vers Mashuba et Ndegu dans les Moyens Plateaux d’Uvira. Des affrontements similaires auraient eu lieu à Ruhuha, proche de Masango au cours de la même période. L’accès à la zone étant difficile pour les acteurs humanitaires, les chiffres des personnes déplacées ne sont pas

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encore connus. En décembre dernier, le retour de plus de 7 000 personnes déplacées suite aux affrontements entre groupes armés et l’incendie de 300 maisons à Masango était pourtant signalé Le Comité des pêcheurs de Vitshumbi, à plus de 100 km de Goma, a demandé, il y

a quelques jours, au commandant de la 8è région militaire de déloger les Patriotes

résistants Maï-Maï qui perturbent les activités de ses membres sur le lac Edouard.

Cette structure accuse ces miliciens d’avoir ouvert des positions à Kibahari, Birwa,

Chondo et Kabale, le long de la côte est du lac Edouard, où ils imposent même des taxes

aux pêcheurs.

Le président du Comité de pêcheurs de Vutshumbi, Josué Mukura, accuse ces Maï-Maï de déranger plus de quatre cents pêcheurs, affiliés à sa coopérative.

«Nous ne travaillons pas comme il faut parce qu’ils ont imposé une taxe hebdomadaire de 5 000 Fc (5, 5 USD) par pirogue à pagaille et 2 000 Fc (2, 2 USD) pour les pirogues motorisée. Ils se livrent aussi à la destruction massive de l’écosystème naturel dans des lieux stratégique comme Birwa, Kibahari, Chondo», a-t-il expliqué.

Pour ce responsable des pêcheurs, en temps normal ou les frayères sont bien protégées, ils produisent entre 500 Kg à 3 tonnes des poissons par mois, selon la pêcherie.

Josué Mukura indique que la présence des Maï-Maï dans ce secteur fait baisser leur production de jour en jour.

Selon lui, des pêcheurs de Vutshumbi sont également victimes de kidnapping de la part des hommes armés.

Il a indiqué qu’un groupe de bandits armés avait enlevé, en août 2011, quatre pêcheurs et deux pirogues motorisées contenant plus de deux mille poissons sur le lac Edouard.

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La Plateforme AETA et ses organisations partenaires au SUD KIVU demandent au Gouvernement de la République à :

- prendre toutes les dispositions qui s’impose pour que les larges bandes forestières de l’Est du Pays, allant du sud de Lubero à l’est de Shabunda, en passant par l’Est de Walikale, les Hauts plateaux de Masisi, de Kalehe, de Kabare, Mwenga et de Fizi, cessent de demeurer des zones tampons occupées par des bandes armés étrangers qui ont contraint les congolais à abandonner leurs villages et leurs biens au profit de leurs activités illicites d’exploitation anachroniques des richesses nationales. Activités au demeurant répréhensibles par les lois de la République ;

- jouer pleinement son rôle de leadership régional en insistant sur l’urgence et la nécessité d’un Dialogue Inter Rwandais, l’unique moyen pour mettre fin à la présence des combattants Rwandais FDLR à l’Est du Pays ;

- accélérer la réforme de la Police Nationale Congolaise, des Forces Armées de la R.D.Congo, de la Détection Militaire des Activités anti-Patrie (DEMIAP / Service Militaire des Renseignements (SMR), de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR), du Comité de Sécurité d’Etat (CSE), de la Direction des Renseignements généraux et des services spéciaux de la Police Nationale Congolaise (DRGS) ;

- procéder au vetting / assainissement des Forces Armées de la RDC, de la Police Nationale Congolaise et de tous les Services de sécurité et de Renseignements de la R.D.Congo, en y extirpant et en y exfiltrant tous les présumés auteurs des graves violations des droits de l’homme et du Droit International Humanitaire ;

- évaluer périodiquement la mise en œuvre du Programme National de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (PN-DDR) et de la Stratégie Nationale d’Intégration des Forces Armées ;

- mettre tout en oeuvre pour doter le pays d’une Police Nationale loyale et républicaine ;

- mettre fin aux sous-groupes qui existeraient au sein de l'armée et qui utiliseraient ses ressources pour servir les intérêts de l'élite dominante avec l’apparition des milices armées irrégulières pouvant aller jusqu'à la confrontation armée avec les forces régulières ;

- mettre fin à la discrimination au sein des forces combattantes. Prendre des dispositions pour que les Officiers issus du CNDP, M23 et du RCD/Goma ne puissent plus avoir un traitement particulier et distinctif des autres officiers des FARDC au niveau logistique et salarial ;

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- mettre fin aux Mouvements massifs des réfugiés et des déplacés internes : Le déracinement forcé de vastes communautés à la suite des violences ciblées ou pas et/ou d'actes de répression, favorisant pénuries alimentaires et maladies ; le manque d'eau potable, la concurrence pour les terres arables, et des troubles qui peuvent générer une détresse humanitaire et des problèmes de sécurité grandissants, tant à l'intérieur des pays et entre pays de la sous-région ;

- prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour mettre fin aux cycles des violences communautaires sur la base d'injustices récentes ou passées, y compris sur plusieurs années sans oublier les crimes restés impunis contre des communautés et groupes congolais depuis 1996 ;

- prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour stopper la pérennisation et la durabilité des actions humanitaires ainsi que la sur-dépendance de la République Démocratique du Congo vis-à-vis de l'aide externe ou des missions de maintien de la paix des Nations Unies. Il est inadmissible qu’au nom de la Paix, on observe sur terrain à l’Est du Pays, une insécurité bien sécurisée et une instabilité totalement stable et indéfinie.

Fait à Bukavu, le 02 février 2013

AETA/RENAF SUD KIVU

Le Point Focal

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