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- 1 - Cahier des scénarios Centre(s) 2030 : quelles pistes de développement pour les territoires ?

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Cahier des scénarios

Centre(s) 2030 : quelles

pistes de développement

pour les territoires ?

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Sommaire

Carte des bassins démographiques ................................................................................................................... 3

Bassin de Chartres ............................................................................................................................................. 4

Bassin de Dreux ................................................................................................................................................. 8

Bassin du Dunois - Perche ................................................................................................................................ 11

Bassin d’Orléans............................................................................................................................................... 14

Bassin de Gien .................................................................................................................................................. 19

Bassin de Montargis ......................................................................................................................................... 23

Bassin de Pithiviers .......................................................................................................................................... 27

Bassin de Blois ................................................................................................................................................. 31

Bassin de Romorantin ...................................................................................................................................... 35

Bassin de Vendôme ......................................................................................................................................... 39

Bassin de Tours - Amboise ............................................................................................................................... 43

Bassin de Chinon .............................................................................................................................................. 47

Bassin de Loches .............................................................................................................................................. 52

Bassin de Châteauroux - Issoudun ................................................................................................................... 56

Bassin de La Châtre - Argenton-sur-Creuse ..................................................................................................... 61

Bassin du Blanc ................................................................................................................................................ 66

Bassin de Bourges - Vierzon ............................................................................................................................. 70

Bassin de Sancerre - Aubigny-sur-Nère ........................................................................................................... 74

Bassin de Saint-Amand-Montrond .................................................................................................................. 79

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Carte des bassins démographiques

NB : Le bassin démographique de Chartres-Dreux a été divisé en 2 parties pour faciliter le travail d’ana-

lyse sur ce territoire.

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Réalité augmentée

L e Bassin de Chartres se caractérise par le fait qu’il se trouve écartelé entre 2 régions : la région Centre et la région Ile-de-France et se trouve confronté à un problème d’identité. Cette situation doit cependant nous être profitable puisque nous pouvons bénéficier des 2 apports.

Le Bassin qui est le 3ème plus peuplé de la région Centre voit sa population augmenter régulièrement (+ 8 % à l’horizon 2030) ; s’il apparaît qu’elle est quelque peu vieillissante ce n’est pas dommageable au vu de la stabilité et du pouvoir d’achat que re-présente cette population. Pour améliorer cette situation, les élus locaux se sont donc penchés sur l’attractivité qui passe sur l’amélioration de l’image, des liaisons ferroviaires et routières, les conditions de logement pour permettre aux jeunes cadres dynamiques de faire le choix de s’installer sur ce bassin et aux plus âgés d’y rester. Il existe une péri urbanisation importante caractérisée par un fort apport d’actifs mais qui, pour beaucoup, travaillent en Ile-de-France d’où un éloignement important de leur lieu de travail, nécessitant une amélioration des liaisons ferroviaires avec Paris. Un effort est donc effectué sur la rénovation de ces liaisons ferroviaires mais aussi l’amélioration des liaisons vers la capitale de la région Orléans via le train jusqu’à Voves et l’aménagement de RN 154 mais aussi de l’autre côté de Chartres en direction de la Normandie. Transport Les liaisons entre Chartres-Orléans et Chartres-Tours devront être améliorées pour permettre notamment aux étudiants qui se rendent sur Paris de rester dans la région Centre mais aussi pour la population chartraine qui souhaiterait profiter de l’axe ligérien pour son travail ou ses loisirs et ainsi contrebalancer la forte attractivité exercée par l’Ile-de-France. A l’intérieur du bassin de Chartres, les systèmes de transport sont renforcés par une augmentation des bus et cars desservant les communes situées immédiatement autour de la zone urbaine. Il est également prévu des systèmes de transport destinés aux personnes à mobilité réduite. Si le bassin de Chartres-Dreux continue d’être en relation avec la région Ile-de-France, elle renforce ses liens avec la région Centre par le développement des communications enfin entre Chartres/Orléans, et Chartres/Tours. Logement Cette augmentation de la population nécessite une offre cohérente de logements structurés et services adaptés, ce qui a ame-né les élus locaux à se pencher sur cette offre de logement et rénover le parc immobilier. Les nouveaux arrivants qui ont quitté Paris et la région parisienne, souhaitent accéder à la propriété et s’installer avec leur famille et les zones pavillonnaires continuent donc de se développer pour permettre aux familles de s’implanter sur le terri-toire, un effort est effectué pour le renforcement des services mais également le développement des zones industrielles sur-tout autour des pôles comme Cosmetic Valley. Formation Si le bassin présente une offre d’éducation complète, il y est développé des formations initiales pour permettre aux étudiants de poursuivre des études supérieures sans se rendre à Paris, Orléans ou Tours. Par exemple, des formations à cycle court pour garder les jeunes sur le territoire, mais aussi des formations au-delà des bacs + 2 et + 3 : il faut, en effet, faire coïncider l’offre de formations aux futurs besoins des entreprises se trouvant sur le bass in mais il faut faire connaître en premier lieu le tissu industriel diversifié du bassin d’emplois qui est trop méconnu. Puisque notre région a la chance d’être la première région d’Europe dans le secteur agricole, des efforts sont faits pour propo-ser plus de formations supérieures, notamment dans la filière agricole et agro-alimentaire. Des propositions de formation dans le BTP en rapport avec les nouvelles énergies ainsi que dans le domaine des services à la personne sont mises en œuvre au regard du vieillissement de la population. L’apprentissage est également développé avec le CFA et l’AFPA pour répondre aux principes de la formation tout au long de la vie. En matière de formations qu’elles soient initiales ou continues, il est fait un effort pour accueillir de nombreux organismes pour couvrir la majorité des formations et ne pas obliger les étudiants à faire de longs trajets pour s’y rendre. Santé Un effort est fait concernant l’offre de santé particulièrement dégradée dans ce bassin par l’aménagement de maisons de san-té dans les zones rurales pour permettre une proximité de soins pour tous et attirer les jeunes médecins qui hésitaient à s’ins-

Bassin de Chartres

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taller seuls. Il est également mis en place des programmes de formation des jeunes professionnels de santé en liaison avec les ordres pro-fessionnels. L’organisation intercommunale mise en place se développe et permet la mutualisation des moyens offrant aux plus petites communes des moyens pour se développer et éviter ainsi la concentration sur le pôle de Chartres. Les habitants des petites communes rurales doivent pouvoir rester sur place et bénéficier de tous les services. Il est important d’anticiper le vieillissement de la population et de proposer à la population par l’intermédiaire de l’artisanat, de la micro-économie, de l’économie sociale et du très haut débit des solutions pour leur permettre de rester dans les zones rurales. Le Conseil Communautaire et le Conseil de Développement de Chartres Métropole travaillent à l’amélioration et à la sensibili-sation du public sur les travaux d’isolation et économies d’énergie ainsi que sur l’enseignement supérieur. Tourisme Sur le plan touristique, le bassin de Chartres développe son image et diversifie les activités qui étaient jusque là concentrées sur la Cathédrale. Chartres en lumières et le CIV (Centre International du Vitrail) attirent de nombreux touristes. Le nouveau complexe aquatique de l’ODYSSEE continue de se développer et un palais des congrès voit le jour pour des grands spectacles. Le développement autour de la Cathédrale se poursuit avec le Centre international du vitrail, « Chartres sanctuaire du monde », le programme de Chartres en lumière, les étapes de Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle et l’itinéraire reliant Paris au Mont-Saint-Michel. Le tourisme agricole n’est pas en reste avec le Compa (Conservatoire du Machinisme et des Pratiques Agricoles) du fait de la situation géographique de la Beauce où il est vrai que les cultures céréalières dominent. Secteur économique La proximité de l’Ile-de-France facilite la venue des nouvelles entreprises qui sont accueillies par les organismes de développe-ment tel que le CODEL, la CCI et l’Agglo, dans les zones d’emplois potentiels qui avec la mise en place des infrastructures et les TIC, seront mieux desservis. La signalétique des parcs d’activité est renforcée avec la création du portail des savoirs-faire pour l’industrie qui met à la dis-position des entreprises des outils de travail originaux. A la demande des chefs d’entreprises locaux, Chartres Métropole s’est engagée à contribuer au développement économique local en favorisant les échanges entre les entrepreneurs par une meilleure connaissance du tissu économique. La collectivité territoriale met des moyens à disposition qui attirent les entreprises qui se sentent moins seules. Il faut, par contre, travailler de concert avec le milieu agricole qui voit grignoter ses surfaces et garder le pôle d’excellence que nous avons sur le secteur agricole afin de continuer à faire vivre les agriculteurs. La diversification de l’économie avec la création du Cluster Valbium, tournée vers le développement durable et la transforma-tion de l’agriculture, attire de nouvelles entreprises et de jeunes cadres qui pourront influencer le solde migratoire encore négatif dans le bassin.

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Réalité décalée

17 avril 2027

D ans le train reliant Orléans à Chartres, Thomas, cadre chez Architectures Durables, prépare son intervention qu’il de-vra effectuer lors du 3ème séminaire de prospective « Chartres 3.0 » dont il en est le Président. Mis en place en 2017, ce groupe de travail inter-collectivités s’est donné l’objectif d’imaginer et de transformer l’avenir de la ville et du ter-

ritoire en 2030. 3 ans avant la date butoir, c’est l’occasion de faire un bilan des actions menées suite au choc énergétique sur-venu en 2015. Une prise de conscience

Egalement conseiller communautaire de l’agglomération Chartraine, Thomas se souvient du contexte économique, social, et environnemental des années 2015. En effet, malgré les nombreux avertissements internationaux, peu de territoires avaient anticipé la hausse extrêmement brutale des prix de l’énergie et des matières premières. Il faut être honnête le bassin de Chartres en faisait partie. Absorbé comme tout le monde par les débats sur le Grand Paris, le territoire s’est vite retrouvé isolé entre un bassin parisien somme toute peu intéressé par cette frange francilienne trop éloignée et un axe ligérien faisant front commun pour trouver des solutions à cette crise énergétique. La perspective de la réouverture de la ligne de chemin de fer Chartres – Orléans en 2020 (plus de 75 ans après sa disparition) a provoqué un sursaut chez les acteurs locaux et leur a fait prendre conscience que, dans ce contexte, l’avenir de l’agglomération ne pourrait se faire qu’en développant des partenariats étroits avec les bassins environnants. Associant l’ensemble des acteurs du territoire, publics comme privés, une concertation est ainsi mise en place et « Chartres 3.0 » est créé. L’objectif est double :

- Favoriser une meilleure complémentarité et un partenariat plus affirmé avec les bassins voisins. - Changer l’image de l’agglomération pour continuer à attirer de nouvelles populations.

Complémentarité et coopération En 2013, Thomas, alors nouvel arrivant, avait été particulièrement intéressé par l’expérimentation de rapprochement des 3 Conseils généraux d’Eure-et-Loir, du Loir-et-Cher et du Loiret. Cette expérience s’est d’ailleurs développée par la suite partout en France. L’objectif initial était de renforcer l’attractivité des territoires, de mutualiser les moyens financiers et de développer des projets communs. Et malgré les réticences du début, le pragmatisme d’une telle décision l’a emporté. Intégré au groupe de travail en 2017 pour son expertise en matière de développement durable, Thomas a tout de suite propo-sé de reprendre cette initiative pour l’appliquer à une coopération entre agglomérations. En interne, tout d’abord, cette politique s’est traduite par une meilleure synergie entre les communes membres de Chartres Métropole afin de constituer une entité capable de mener des projets communs avec toutes les communes. Cette « force de frappe » a notamment permis de discuter avec la SNCF pour améliorer la qualité des dessertes vers Paris, le contexte de hausse des carburants rendant cette liaison indispensable pour continuer à attirer de nouvelles populations. Meilleure gestion des arrivées en gare de Montparnasse, nouveaux trains à grande capacité et moins soumis aux aléas climatiques, lutte contre les retards... ont permis de maintenir l’accessibilité à ce service public. La coopération avec les autres agglomérations de la région fut plus compliquée. Les auditions d’acteurs locaux de l’axe ligérien n’ont pas forcement été concluantes et surtout il en est ressorti que c’était à Chartres de s’intégrer et de montrer ce qu’elle pourrait apporter aux autres territoires. Faisant fi des anciennes volontés de quitter la région et bien consciente que son développement passera par une coopération avec ses voisins, Chartres métropole engage une réflexion sur les atouts qu’elle pourrait apporter à la région. Le choix est ra-pide, c’est par son secteur industriel que la coopération pourra se faire. Au sein de la région, l’Eure-et-Loir était déjà connue pour l’importance de ces pôles de compétitivité autour de la cosmétique (Cosmetic valley), de la pharmacie (Polepharma), de l’agroalimentaire ou bien encore de la biomasse (ValBiom), Chartres et Dreux en étant les 2 principaux pôles. Malgré des relations parfois compliquées entre les 2 villes, elles s’entendent pour ren-forcer le poids de ces pôles de compétitivité, assez peu touché par la crise. Face aux autres départements à l’industrie « traditionnelle », l’association Chartres-Dreux propose de travailler en synergie pour adapter les outils de production qui ne sont plus utilisés dans les autres départements, faute de débouchés, aux besoins des industries en développement dans l’Eure-et-Loir. Compte tenu des infrastructures routières et ferroviaires, le Loiret et l’Eure sont les plus prompts à réagir et s’associent à la démarche. Si toutes ces actions ne sont guère innovantes, elles paraissaient indispensables pour maintenir l’attractivité du territoire.

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Une nouvelle image : de la graine au green Lors de son arrivée, Thomas se rappelle bien les railleries de ses amis parisiens lors de l’annonce de son intention d’aller s’ins-taller à Chartres : « c’est une cité-dortoir », « il ne s’y passe rien, pourquoi tu vas t’enterrer là-bas ? » « La Beauce c’est moche », etc. Si ces remarques, fortement teinté de préjugés et de méconnaissances, n’ont pas empêché Thomas et sa famille de venir s’installer, force est de constater que l’image du territoire n’était guère attractive. En 2015, la campagne de promotion « Chartres, une ville à la campagne aux portes du Grand Paris » est lancée mais sans ren-contrer un grand succès. Le territoire continue d’attirer des actifs (professions intermédiaires et cadres notamment) mais ce flux tend à ralentir et surtout ne permet pas d’attirer de nouvelles entreprises. Lorsqu’il prend la présidence de « Chartres 3.0 », Thomas suggère une autre piste. Le département d’Eure-et-Loir est l’un des premiers départements éoliens de France, pourquoi alors ne pas profiter de cet atout pour faire de Chartres le laboratoire français en termes de développement durable ? Difficile à concevoir à la base, mais au vu de la crise énergique que connaît la France, les acteurs locaux se laissent cependant convaincre. Un travail de lobbying et des actions locales sont donc mis en place pour développer cette filière sur le territoire. Le premier grand coup médiatique fut de réussir à convaincre la société Better Place de construire sa 1ère installation française sur l’agglo-mération. Cette entreprise propose la vente de voitures électriques, pouvant être classiquement rechargé à domicile mais également associé à des stations d’échange (plutôt que de rechargement) de batterie répartie sur le territoire. Compte tenu de l’autonomie des voitures, une installation à Chartres permettait à la fois de toucher les ménages travaillant sur Paris, Or-léans, voire la région Normandie. L’avènement de la voiture électrique ne faisant pas disparaitre les voitures à combustion, l’agglomération a donc également suivi le mouvement des autres territoires en développant un système de co-voiturage, de taxis collectifs, en développant les transports collectifs ou en offrant gratuitement un vélo aux habitants de Chartres et des communes environnantes en cas de revente définitive d’un véhicule à moteur. En parallèle, le développement d’éco-hameaux à la périphérie de Chartres, notamment sur l’ancienne base aérienne 122, per-met à certains ménages de revenir s’installer à proximité de l’agglomération. Cela permet également le développement d’une filière spécialisée dans l’éco-construction. Un CFA dédié à ce domaine est ainsi ouvert en 2018 pour faire face à la demande locale. Cette dynamique s’appuie aussi sur la renommée acquise par le parc photovoltaïque de Crucey-Villages qui reste l’un des plus grands parcs de cette nature en France. Enfin, le sujet épineux de la qualité de l’eau en Eure-et-Loir a été en partie réglé grâce au Schéma départemental d’alimenta-tion en eau potable qui, par des actions de prévention (en faveur de la réduction de l’utilisation des pesticides notamment) et une meilleure gestion de la ressource en eau, a permis de fournir à tous les Euréliens une eau potable au robinet. Toutes ces actions ont déjà permis de transformer peu à peu l’image du territoire et, en lien avec le CODEL, une rencontre est déjà prévu au cours de l’année 2027 avec le directeur du pôle de compétitivité belge « GreenWin » pour favoriser sur le terri-toire chartrain la création d’une filière organisée autour du développement durable. Les projets en cours Alors que le train arrive en gare de Voves, Thomas finit de lister les réflexions qui devront être abordées lors de la prochaine réunion. 3 principaux chantiers devront être étudiés. Si l’Eure-et-Loir reste l’un des principaux producteurs de céréales de France, position encore renforcée par la hausse des prix des matières premières, il apparaît toujours difficile d’associer les gros exploitants agricoles aux politiques mises en place par l’agglomération, notamment en matière de développement durable. Une concertation avec la chambre d’agriculture doit avoir lieu pour associer a minima les producteurs locaux dans des actions de promotion des cultures vivrières pour les particu-liers (jardins potagers, maraîchage, etc.). Si le problème des déplacements a été plus ou moins réglé sur l’agglomération, des difficultés persistent sur les territoires les plus ruraux et les plus éloignés des centres urbains. La problématique de l’offre de santé pour une population vieillissante est de plus en plus prégnante. Partant du principe que toutes les classes d’âges sont dorénavant familiarisées avec internet et les nouvelles technologies, une expérimentation est mise en œuvre dans plusieurs villages. Il s’agit de fournir à certains patients un équipement pouvant être connecté à un Smartphone leur permettant d’envoyer eux-mêmes certaines données (électrocardiogramme, fréquence respiratoire, prise de température…). Données qui seront accessibles en ligne pour leur mé-decin traitant ou pour un suivi médical. Si l’expérience s’avère concluante, une généralisation du dispositif pourra être envisa-gée. Enfin, si l’image de Chartres évolue lentement, les activités touristiques restent sous développées et méconnues du grand pu-blic en dehors de la Cathédrale et de l’artisanat lié aux vitraux. Une opération commune entre les offices de tourisme de Chartres et Dreux doit avoir lieu pour proposer aux touristes un parcours culturel sur les 2 villes ou sur le département.

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Réalité augmentée

D epuis plusieurs décennies la question du positionnement du bassin Drouais entre la région Centre, l’Ile-de-France et la Normandie est régulièrement posée. En 2030, le questionnement subsiste mais l’évolution démographique, une stratégie de reconquête d'image et de

savoir-faire industriel ajouté à un certains nombres de décisions prises au cours des quinze dernières années ont permis de répondre partiellement à quelques unes. Parmi les plus significatives citons : - Le regroupement, en 2014, de la communauté d'agglomération de Dreux et des cinq communautés de communes du Pays Drouais en une seule Communauté du Drouais de 78 communes représentant, à cette époque, un ensemble de près de 110 000 habitants (depuis cette date parmi les 31 communes de moins de 500 habitants un nombre significatif s'est volontaire-ment regroupé pour avoir plus de poids au sein de la Communauté d'agglomération). - Un important programme de rénovation urbaine a modifié le paysage des « quartiers » mais aussi celui de Dreux et de Ver-nouillet intra-muros, favorisant la mixité sociale et l'accueil de nouvelles populations dont celles disposant d'un emploi dans le sud de l'Ile-de-France et logeant précédemment dans les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis. Ces nouvelles populations ont participé au rééquilibrage partiel de la pyramide démographique avec un léger rajeunissement ainsi que la répartition des qua-lifications avec une augmentation des cadres et techniciens. - La création d'un « Eco quartier » incluant un pôle Gare dynamique et adapté aux déplacements collectifs de qualité en parti-culier à destination des pôles universitaires et économiques d'Orsay, Saclay, Les Ullis, .... A noter la construction de logements destinés aux étudiants en partenariat avec le Campus Paris-Saclay désormais desservi par le métro depuis Paris. Depuis 2020, la route à deux fois deux voies Rouen (N154 + A154) est en service, achevant le contournement Ouest de l'Ile-de-France, drainant un flux plus favorable à l'activité économique du territoire et fluidifiant également le trafic est/ouest par la N12. Cet axe de communication favorise également l'accès au port de Rouen-Le Havre d'autant qu'il vient d'être doublé par le prolongement de la ligne de chemin de fer Orléans/Chartres jusqu'à Dreux puis Argentan (Surdon-Mezidon-Serquigny) per-mettant ainsi aux convois de fret, de plus en plus nombreux du fait du transfert de la route sur le rail, d'éviter de passer par Paris. Dans le domaine de la santé nous pouvons constater que le développement amorcé en 2014 d'un pôle hôpital de jour sur plus de 1 000 m², d'un pôle hôpital de semaine accompagné par la mise en coordination d'un parcours médical du patient et la réa-lisation du projet de structure hospitalière commune des établissements hospitaliers Dreux-Houdan-Verneuil, a permis de ré-pondre aux besoins de la population. Dans le domaine économique, Dreux est la capitale du Pôle Pharmacie depuis le début des années 2000 en Eure-et-Loir. Il re-groupe les trois régions Centre-Normandie-Ile-de-France. Cette filière a réussi sa mutation et affirmé ses capacités de produc-tion, en particulier des génériques qui bien que labellisés « made in France » pour 50 %, n'étaient produits, dans l'hexagone, qu'à 25 %. En parallèle la recherche s'est fortement développée sur les biomolécules et la biogalénique ; de nouvelles entre-prises ont vu le jour accompagnées par les Pôles Universitaires d'Orléans et de Tours mais aussi de Paris Sud et Medicen et leurs incubateurs. Beaucoup de nouvelles technologies ont vu le jour cette dernière décennie et ont pu être développées dans les PME du bassin mais aussi de toute la région. Logistique, électronique, production de biens d'équipements se sont également développées favorisant la présence d'emplois qualifiés. Des structures d'orientation et de formation continue se sont implantées travaillant en liens étroits avec l'Education Nationale, les Professions et les Entreprises afin de proposer un véritable parcours d'enseignement et de perfectionnement de culture générale et professionnelle aux habitants de ce territoire. Le Bassin Drouais a réussi à modifier à son profit l'image injustement négative qui l'handicapé, réussissant sa mutation en réé-quilibrant sa démographie, en offrant plus d'emplois aux jeunes, en saisissant les opportunités offertes par la proximité et les flux naturels avec l'Ile-de-France et la Normandie, la région Centre ayant de surcroît reconnu l'Eure-et-Loir comme une inter-face incontournable avec la grande région Parisienne et les sites portuaires de Rouen et Le Havre.

Bassin de Dreux

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Réalité décalée Article paru dans Géocités, mai 2025

D reux ose, osez Dreux ! Tel est le slogan de la campagne récemment lancée par Dreux agglo et son bassin pour attirer de nouveaux résidents et de nouvelles entreprises. Le territoire semble s’être définitivement affranchi de la réputa-tion de ville à problèmes qui avait tant nuit à son image dans le passé. Il affiche désormais sans complexe haut et fort

ses deux atouts : sa position géographique de porte-relais entre l’Ile-de-France, la Normandie, et la région Centre, ainsi qu’une population plus jeune que la moyenne. Si l’on se reporte 20 ans en arrière, on mesure le chemin parcouru. Certes, bien des problèmes ne sont pas réglés, loin de là, mais deux choses fondamentales ont indiscutablement changé : la perception nettement positive que les habitants ont de leur territoire, et par contrecoup, celle qu’ils projettent à l’extérieur. Parmi les problèmes locaux, il en est un qui ne date pas d’aujourd’hui : la très faible mobilité d’une part importante de la po-pulation, en particulier celle des jeunes. L’agglo l’avait déjà pointée comme objectif d’action en élaborant son agenda 21 voici plus de 10 ans. L’explosion des coûts du carburant survenue peu de temps après a bouleversé la donne, aggravant la situation d’une population plus captive que jamais, en incapacité de participer à la course pour l’emploi. Le spectre d’un retour des dé-rapages sociaux vécus par le passé menaçait de ruiner les efforts déjà entrepris pour redorer l’attractivité de l’agglo et du bas-sin. Or, la menace ne s’est pas concrétisée. On en vient même à se demander si la brutalité de la crise du carburant n’a pas été au final salutaire, jouant le rôle d’accélérateur d’une stratégie dont les bonnes intentions risquaient fort de se diluer, comme on l’a vu en mains autres lieux, dans l’atonie de l’air du temps. Que s’est-il donc passé ? Pas facile de répondre à une telle ques-tion, qui tient parfois d’une alchimie mystérieuse entre volontarisme, opportunités et coup de chance. Ce qui frappe malgré tout, c’est que très vite, les acteurs locaux ont su opérer des choix dans le panel hérité de l’agenda 21 et de leur politique con-tractuelle avec la Région. La mobilité a ainsi été promue au rang d’objectif numéro 1, couplé avec celui de la formation et de l’accès à l’emploi. Le se-cond handicap du bassin était en effet la formation de sa population jeune, dont le niveau de qualification présentait une ina-déquation notoire avec les besoins de recrutement locaux. Tous les efforts se sont centrés sur la recherche de partenariats visant à favoriser les déplacements vers les lieux de formation. C’est un véritable cabinet de crise qui s’est formé à l’époque, regroupant en particulier les acteurs éducatifs et les dirigeants des filières économiques motrices, telles que le Pole pharma. Ensemble, ils ont travaillé à nouer des partenariats à double détente, tant avec des centres de formations tels que le pole uni-versitaire de Versailles/Saint Quentin, mais aussi de Rouen, Orléans, Tours, les trois régions de la zone d’emploi du territoire (Centre, Ile-de-France, Haute-Normandie), qu’avec les transporteurs. Point à souligner, la mobilité n’a pas été perçue comme une fin en soi, mais les réponses à apporter aux difficultés du moment devaient aussi contribuer à la résolution d’un autre problème, celui du manque de communication entre le système éducatif et les acteurs économiques. Le but recherché était d’éviter des déplacements en proposant une meilleure adéquation locale entre l’offre de formation et les réalités de l’emploi, soit de les faciliter quand ils s’avéraient indispensables : qu’il s’agisse de rechercher des solutions pour mieux adapter les transports internes au bassin, de discuter avec la SNCF pour améliorer les liaisons avec la région parisienne et obtenir une tarification plus favorable, de mettre le turbo sur un service en réseau d’ac-compagnement vers les formations, d’afficher clairement les besoins du territoire en termes d’emploi, de montrer comment y accéder, ou d’aider les plus défavorisés à y parvenir. Curieusement, les résultats au rendez-vous ne sont peut-être pas ceux qui étaient d’abord attendus. Les efforts indiqués ci-dessus ont entrainé, du moins dans un premier temps, des effets limités au niveau local. Mais ils ont eu le mérite d’attirer l’attention en envoyant vers l’extérieur un signal positif, celui d’un territoire qui « bouge et se bouge ». Des entreprises en re-cherche de sites moins onéreux que ceux offerts par l’Ile-de-France se sont intéressés à ce bassin en bordure de la région pari-sienne et du Grand Paris, au carrefour de la RN12 et d’un axe Rouen/Orléans récemment réaménagé, bénéficiant d’une image industrielle renouvelée par le Pole Pharma, disposant de sites industriels en reconversion, et d’un cadre de vie somme toute agréable. La recherche d’une main d’œuvre de proximité étant devenue un critère plus stratégique que par le passé a fait le reste. Et si malgré les efforts entrepris, le vivier potentiel local faisait défaut, leur installation a attiré de nouveaux arrivants, qui ont eux-mêmes contribué à renforcer la dynamique locale, confortant le sentiment qu’on pouvait travailler dans le Drouais et y faire sa vie. Certes, parmi les résidents d’origine, surtout chez les plus défavorisés, tous n’ont pas pu ou pas su prendre le train en marche. D’une certaine manière, le renouveau dynamique du territoire a pu accentuer l’intensité des disparités du territoire, tout en les réduisant quantitativement. La stratégie du bassin ne s’est toutefois pas limitée à ce seul objectif. Les acteurs locaux ont parié sur une continuité de la ten-dance à l’installation d’actifs en zone « rurbaine ». Les coûts de l’immobilier qui n’ont guère varié à la baisse sur la région pari-sienne leur ont donné raison. Encore fallait-il maintenir les coûts du foncier et de l’immobilier à des niveaux accessibles, dis-poser de services de santé suffisants et proposer une alternative radicale aux cités dortoirs et pavillonnaires voisines. Question santé, les choses ne se présentaient pas très bien : au début de la décennie précédente, le bassin affichait un taux de

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couverture inférieur à une moyenne régionale déjà peu brillante. Des initiatives ont tenté d’améliorer la situation : on a offert des facilités de locaux et d’hébergements aux médecins arrivants, consolidé le réseau d’accès aux soins délocalisés, et surtout intégré les formations locales d’infirmiers et auxiliaires au grand effort indiqué ci-dessus. Mais on peut se demander si l’amé-lioration sensible (bien qu’encore insuffisante) obtenue ne résulte pas au fond pour l’essentiel du renouvellement de l’image du territoire, et des actions menées pour valoriser son cadre de vie. Car le Drouais a su jouer la carte « Nature ». Une Nature à vrai dire pas mal urbanisée, ou du moins anthropisée, sans rien de bien exceptionnel, mais du moins suffisamment présente pour jouer sur l’effet « plus vert qu’à côté » à destination de la ban-lieue parisienne. Plusieurs intercommunalités et communes se sont lancées dans des inventaires de leur biodiversité commu-nale et de leurs « trames vertes » réalisant que la richesse biologique, même relative, constituait un signal vert générateur de possibles retombées en termes d’attractivité. Du même coup, elles ont pris conscience de l’importance de ne pas dilapider ce précieux patrimoine en sachant économiser la consommation de leur espace naturel et agricole. Ce qui a pu donner lieu ici ou là à quelques rudes frictions avec quelques esprits réfractaires à l’intérêt commun… Il est intéressant d’observer que cette réflexion concertée sur l’espace a eu pour effet d’apporter une réponse partielle au devenir des zones les plus rurales du bas-sin. En travaillant à trouver quelques réponses ciblées en matière d’offre de santé, de transports, et de réhabilitation de loge-ments anciens, on est parvenus à desserrer la pression urbaine autour de l’agglo drouaise, au profit du Thymerais et des abords du Perche. Mais pour être dans l’air du temps, un territoire se doit aujourd’hui de soigner sa vie culturelle, sportive et associative. Sur ce point, le bassin avait une longueur d’avance. Il a même fini par concurrencer Chartres, centrée sur son patrimoine historique prestigieux et ses retombées touristiques, en développant une offre qui pour être avant tout destinée à sa population n’en est pas moins étonnamment ambitieuse. A l’Odyssée nautique chartraine correspond une Odyssée drouaise culturelle, deux choix différents dont certains ont su habilement se servir pour mettre à mal certains clichés tenaces. Un démarchage sans complexe du milieu théâtral et musical parisien a contribué au rayonnement de la scène de l’Atelier spectacles de Vernouillet, qui a pu attirer des artistes de renom intéressés par la possibilité de monter et expérimenter leurs spectacles sans trop s’éloigner de Paris. Surtout, l’agglo a tenté avec son conservatoire une expérience artistico-sociale inspirée des réussites spectaculaires d’Amérique latine : faire de la musique un vecteur de promotion sociale et personnelle, allant beaucoup plus loin que la seule offre de loisirs pour s’engager dans un niveau d’exigence artistique élevé permettant aux talents détectés d’accéder à une car-rière professionnelle. Des artistes célèbres tels que récemment Roberto Alagna, n’ont pas hésité à se déplacer pour apporter leurs témoignages et encouragements. Dreux sera-t-il demain un vivier d’interprètes reconnus ? L’avenir le dira, mais les effets de cette ambition proclamée sont déjà perceptibles au bénéfice de l’ambiance sociale de la ville. L’expérience drouaise a sans doute ses réussites et ses échecs. Du moins montre-t-elle que rien n’est joué d’avance pour peu qu’on ait la volonté de ne pas laisser le seul hasard écrire l’histoire. On retiendra aussi que les acteurs locaux, à commencer par les élus en place, ont davantage cherché à coopérer qu’à s’affronter ou s’assurer une position avantageuse au détriment du voisin. Qu’ils ont essayé de mettre en œuvre une stratégie globale ciblée sur quelques points clefs, et portant sur la globali-té du bassin, l’agglomération drouaise faisant office de foyer central dont chacun peut mettre à profit le rayonnement pour peu qu’il sache le capter. Et que l’audace paie, tout particulièrement en temps de crise, si elle s’appuie sur des bases solides, et qu’elle ne se confond pas avec la démesure.

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Réalité augmentée Retour sur le passé récent…

L e bassin démographique du Dunois-Perche possède deux territoires naturels assez différents : le Dunois constitué de plaines de la Beauce irriguées par les vallées du Loir et le Perche constitué de prairies et bocages labellisés « Parc natu-rel régional ». Le bassin comprend deux villes principales de 10 000 à 15 000 habitants, Châteaudun et Nogent-le-

Rotrou au riche passé et à l’identité forte, de quelques villes secondaires de 3 000 à 4 000 habitants (Bonneval, Brou, Cloyes-sur-le-Loir, La loupe) et de grands territoires ruraux. Les activités non-présentielles et les services à la population sont concen-trés dans les principales villes tandis que le reste du territoire possède des activités artisanales et agricoles. Malgré des difficul-tés économiques dans les secteurs traditionnels (industrie, agriculture), qui ont impacté le territoire jusqu’à un passé récent, le bassin a pu bénéficier depuis les années 90 d’un attrait de populations extérieures grâce à sa proximité de grands pôles, de conditions d’installation favorables et de bonnes infrastructures de transport. La population a ainsi augmenté sur les 10 der-nières années, à un rythme proche du niveau régional, tandis que l’emploi stagnait. La situation en 2030 : tirer partie de sa situation géographique et de son territoire Soutenu par les acteurs locaux et régionaux, le Dunois-Perche a su profiter de sa situation géographique, de ses atouts natu-rels et historiques pour renouveler sa population, développer des activités innovantes dans les secteurs industriel et agricole, offrir un cadre de vie et des services à ses habitants. La population a ainsi augmenté deux fois plus vite que l’estimaient les projections démographiques de l’Insee vingt ans plus tôt. Dès 2015, au lendemain du redémarrage économique et profitant du grand effort national pour réindustrialiser le pays, le ter-ritoire s’est positionné pour accueillir de nouvelles activités industrielles. La proximité de l’Île-de-France et d’autres grandes villes (Orléans, Chartres, Le Mans, Blois/Tours) et les facilités d’installation (infrastructures, accompagnement du Codel, coût du foncier…), ont permis l’implantation de 4-5 entreprises de taille intermédiaire (300 à 400 emplois chacune), développant des activités innovantes mais basées sur des savoir-faire du territoire : l’industrie des machines et équipements, du caout-chouc-plastique, de la chimie-cosmétique, de l’agroalimentaire et l’agriculture. La filière industrielle sur les agro ressources et le développement durable a été fortement soutenue par les pouvoirs publics. Les méthodes et procédés développés (gestion de l’eau, utilisation du vent, agriculture plus verte…) permettent à plusieurs entreprises de se développer et d’exporter leur savoir-faire. Ce développement industriel tire l’ensemble de l’économie du territoire, plusieurs entreprises sous-traitantes ou de services bénéficiant de ce dynamisme. Il fait plus que compenser les difficultés apparues dans des entreprises aux activités industrielles vieillissantes ainsi que l’impact négatif des mesures de la PAC. Enfin, compte tenu des tensions géopolitiques ac-crues, la base aérienne de Châteaudun a été confortée dans ses missions et a même accru ses effectifs. Face à l’augmentation de la fréquence de risques naturels dans le monde, l’activité de l’unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile, à Nogent-le-Rotrou, s’est elle-aussi bien développée. Ces résultats économiques favorables ont attiré de nouvelles familles avec enfants, venues pour travailler. D’autres popula-tions s’y sont aussi installées, mais pour d’autres raisons : le cadre de vie et la proximité d’emplois dans plusieurs grands pôles des alentours. Ce territoire bénéficiait déjà au début des années 2010 de nombreuses infrastructures de transport : deux auto-routes (A10 et A11), deux nationales (N10 et N154), plusieurs gares TER, trois gares « nationales » à proximité (Chartres, Ven-dôme et Orléans). L’amélioration des transports en commun entre Orléans et Châteaudun en 2018 (bus ? TER ?, Nationale ?) a complété cette offre. Le relatif faible coût du foncier, l’offre de logements et l’amélioration des temps de trajet, ont incité de nombreux franciliens en emploi ou des personnes travaillant dans d’autres pôles à proximité à s’installer dans le Dunois et le Perche. Ces gains de population, constatés dès les années 90 puis amplifiés lors des décennies suivantes, ont incité les pouvoirs publics et des acteurs privés à accroître l’offre de service à la population et tirer des bénéfices de la richesse du cadre de vie. Les com-munes se sont organisées en intercommunalité de grande taille (4 EPCI sur l’ensemble du Dunois-Perche) et ont pu financer de nouveaux équipements (sportif, culturel, de santé…), grâce à l’apport supplémentaire de population. Châteaudun, qui dispo-sait déjà en 2010 d’une bonne vie culturelle et associative, a poursuivit ses investissement sur ces domaines au sein de la ville et le long de la vallée du Loir. Les commerces et services privés se sont aussi développés face aux besoins accrus de la population. Le très haut débit a cou-vert dès 2020 une très grande partie du territoire, facilitant ainsi de nouveaux services à distance. Les 50 maisons de santé ont attiré des médecins à la recherche de meilleures conditions d‘emploi. Leurs déplacements se sont réduits grâce au développe-ment de la télémédecine, de service-relais auprès des pharmacies et des centres hospitaliers. Les activités touristiques ont nettement progressé, notamment dans le Perche, grâce à une campagne de communication efficace ciblée sur les populations des grands pôles environnants, mettant en valeur les espaces naturels, son PNR et une offre d’hébergements et d’activités culturelles plus importantes. Les communautés de communes du Perche se sont associées à celles de l’Orne et de la Sarthe, soutenu par les acteurs régionaux, pour permettre ce développement.

Bassin du Dunois-Perche

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Réalité décalée

L e bassin présente la particularité d’avoir deux pôles de centralité sur son territoire, Châteaudun et Nogent-le-Rotrou. Il n’est pas ici question de rivalité ou d’animosité, mais la particularité géographique du bassin rend, de fait, la coopéra-tion difficile entre les deux villes.

La crise énergétique a, comme partout, obligé les acteurs locaux à innover pour maintenir l’attractivité de leur territoire. Mi-sant sur leurs atouts, les deux villes ont engagé un programme d’actions spécifiques à leur territoire tout en prenant cons-cience que des politiques plus globales étaient indispensables pour maintenir et attirer de nouvelles populations. Des actions communes : un préalable au développement du territoire Le bassin dans son ensemble se trouve confronté depuis 2015 à une augmentation brutale des prix de l’énergie. Face à cette situation, plusieurs mesures sont donc développées pour préserver la qualité de vie des habitants. Premièrement, en matière d’habitat, deux réponses sont apportées aux conséquences de la crise énergétique. D’une part, les territoires disposant d’un foncier accessible, le regroupement d’habitations autour des pôles de centralité est encouragé par la mise à disposition de terrains et de maisons au plus proche des centres, l’objectif étant de réduire l’impact des déplacements domicile-travail ou domicile-loisirs. D’autre part, et au vu de l’ancienneté de l’habitat, les travaux d’économie d’énergie sont en partie subventionnés par les collectivités locales et des artisans locaux sont fléchés pour réaliser les travaux. Ces deux me-sures doivent permettre de réaliser des économies pour les habitants. Derrière ces politiques se cachent la volonté, deuxièmement, de faciliter l’organisation des transports sur le bassin. Que ce soit sur Châteaudun ou Nogent, les déplacements domicile-travail occupent une grande place chez les salariés. Le regroupement autour des pôles a permis une nouvelle organisation plus rationnelle et plus économique. Les axes non desservis par le train le sont désormais au moyen de bus nouvelle génération électrique ou hybride et disposant du wifi. C’est le cas par exemple entre Châteaudun et Vendôme ou entre Nogent et Châteaudun. A cela s’ajoute la rénovation des lignes ferroviaires traversant le territoire. Si les habitants de Nogent-le-Rotrou disposaient déjà d’une liaison vers la Ferté-Bernard et Le Mans d’un côté et vers Chartres et Paris de l’autre, Châteaudun était moins bien desservis. Certes la ligne Tours-Paris passant par Châteaudun a été largement modernisée mettant la cité dunoise à 1h30 de la capitale mais il manquait une liaison rapide avec Chartres. La réouverture de la ligne Chartres – Orléans en 2020 permet désormais d’assurer cette liaison non seulement avec Chartres mais également avec Orléans via la gare le Voves. Comme partout ailleurs, un système de covoiturage est également mis en place. Cette volonté a débuté bien avant la crise énergétique mais les conséquences de la hausse brutale des carburants a accéléré ce mouvement. Ainsi, les sites internet déjà créés en Eure-et-Loir et en Basse Normandie ont fusionné pour permettre une meilleure gestion des déplacements entre les territoires. En plus de mettre en relation les « co-voitureurs », plusieurs parkings relais sont installés dans les villes centre du bassin (Voves, Bonneval, Châteaudun, Nogent, Senonches…). Salariés, étudiants, retraités disposent donc désormais d’une « panoplie » de moyens de transport adapté à chaque situation. Des actions spécifiques propres à chaque territoire

Châteaudun Sur Châteaudun, le développement du territoire s’appuie sur deux politiques majeures : les jeunes et le tourisme. Le tourisme comme facteur de développement Profitant du regain du tourisme rural et surtout du tourisme de proximité (crise énergétique oblige), il est décidé de (re)mettre en valeur le patrimoine local. Sur Châteaudun, profitant des avancées technologiques, le château et les Grottes du Foulon sont valorisés par une nouvelle mise en lumière plus interactive (parcours lumière dans les quartiers anciens de Châteaudun, holo-grammes présentant des scènes préhistoriques dans les Grottes du Foulon…). La fête médiévale annuelle est également enri-chie par des reconstitutions de batailles médiévales. En parallèle, la municipalité, décide de reconduire le Printemps des arts urbains qui permet de faire découvrir à tous la culture urbaine, les renc’arts au jardin (festival de musique, de danse et d’art dramatique) ou les vendredis de l’été proposant des concerts gratuits sont également maintenus pour proposer à tous des évènements adaptés et organiser une saison culturelle complète sur la ville. Cette dynamique se prolonge par la valorisation des vallées de l’Aigre et du Loir. Pour cette dernière, la prolongation en 2015 du parcours Vallée du Loir en Eure-et-Loir a permis une meilleure visibilité au niveau national. Mise en place par l’Agence de développement de la Vallée du Loir qui englobe le Maine-et-Loire, la Sarthe et l’Indre-et-Loire, ces actions ont pour but de promouvoir l’aménagement et le développement des diverses activités économiques et touristiques de cette zone. Assez méconnus jusque-là dans la région, les sites touristiques sont donc mis en valeur et leur promotion à l’extérieur du bas-sin permet de maintenir et même développer une activité touristique et culturelle générant un développement économique non négligeable pour le bassin.

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Investir dans la jeunesse Il faut être réaliste, Châteaudun n’est pas Tours et l’attractivité du territoire pour les jeunes est assez limité. Cependant, avec la mise en place dans les années 2010 du « C’jeunes », le conseil municipal des jeunes de 15 à 18 ans, la ville de Châteaudun s’est lancée le pari d’impliquer la jeunesse du territoire dans la prise de décision locale. Que ce soit en matière de loisirs, d’en-vironnement ou de vie quotidienne « C’jeunes » est associé à la bonne marche de la collectivité. Associé à la richesse du tissu associatif présent sur place, ce conseil municipal des jeunes contribue au rajeunissement et à une certaine émulation des actions proposées par la collectivité. L’objectif final n’est bien sûr pas de vouloir à tout prix garder les jeunes sur le territoire - la poursuite d’études, la carrière pro-fessionnelle, la vie de famille rendant cette volonté illusoire - mais bien d’impliquer ces jeunes dans la vie locale pour leurs faire prendre conscience des atouts du territoire, pour qu’ils en fassent la promotion à l’extérieur et pour à terme changer l’image du bassin.

Nogent-le-Rotrou Sur Nogent-le-Rotrou, le patrimoine naturel et le tissu artisanal et industriel représentent les deux politiques sur lesquelles s’axent le développement du territoire. Le Perche : un patrimoine culturel à valoriser A l’image du Val-de-Loire, le Perche est un territoire très largement connu en dehors des frontières régionales. Créé en 1998, le Parc Naturel Régional du Perche, renouvelé une 1ère fois en 2010 puis une seconde en 2022, a permis de protéger et de mettre en valeur les paysages, le milieu naturel et le patrimoine culturel du territoire. Atout indéniable pour cette partie du bassin, les acteurs locaux se sont largement investit pour faire de ce PNR une vitrine à la renommée nationale. Comme à Châ-teaudun, le but est d’accueillir un maximum de touristes pour des courts ou moyens séjours. Au-delà de la préservation du patrimoine et de l’aspect touristique, la volonté est d’attirer de nouvelles population grâce à l’image positive tu territoire. Un tissu industriel, artisanal et agricole diversifié à préserver Un des grands atouts du territoire de Nogent-le-Rotrou est sa diversité économique. L’industrie est historiquement le 1er employeur du territoire avec plusieurs grands groupes présents sur place ou à proximité (Thyssenkrupp Sofedit au Theil-sur-Huisne, B-Braun Medical, Hygiene products SA…). Malgré les restructurations du secteur, le bassin a maintenu la présence de ce tissu de PME grâce à l’encouragement de la recherche et de l’innovation, une politique d’accueil efficace, notamment en lien avec le Codel (prospection de nouvelles entreprises) et un appui financier à l’installation des entreprises effectué par la collectivité de Nogent-le-Rotrou (aides aux investissements, aide fiscale aux entreprises). Les interrogations demeurent cependant sur le maintien de l’unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile. En lien avec cette politique, l’artisanat est également l’objet d’une attention particulière. A l’image de « Perchebois » qui re-groupe menuisiers, ébénistes et acteurs de la filière bois, les artisans du bâtiment engagent une action de regroupement de cette filière. « Perche-éco-bat » est ainsi crée en 2020 dans le but d’encourager un développement économique mais égale-ment écologique du secteur. Cela se traduit en 2030 par une redécouverte d’un savoir-faire qui respecte le bâti traditionnel du Perche tout en favorisant un habitat écologique alliant techniques ancestrales et nouvelles technologies. Des projets pilotes sont ainsi menés pour construire des maisons écologiques associant la paille de la Beauce et le bois du Perche. Enfin, l’agriculture, qui participe à la préservation de la biodiversité, est soutenue. Cela se fait par l’intermédiaire de promotion et de communication associé à l’image naturelle du Perche et à une volonté des consommateurs de retours aux produits lo-caux. Conclusion Jeunes et tourisme pour Châteaudun, patrimoine et développement économique pour Nogent, c’est donc bien au travers de l’image du territoire que ce bassin « intermédiaire » espère pouvoir briller au sein du concert des territoires régionaux. La de-vise inscrite sur les armoirie de la ville de Châteaudun illustre alors parfaitement cette volonté : Extincta revivisco… « Eteinte je renais ».

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Réalité augmentée

A vec un solde migratoire pour la première fois négatif sur la période 1999-2009 1, et un taux de chômage de 8,5 % au dernier trimestre 2012 alors qu’il n’était que de 5,7 % en 2008, le bassin d’emplois Orléanais, longtemps reconnu comme le bon élève de la région Centre, celui dont les performances amélioraient les statistiques régionales, aurait il

perdu la main ? Les forces et les atouts n’ont pas disparu Pourtant les forces et les atouts avec lesquels Orléans a construit ses succès économiques et assuré sa croissance démogra-phique n’ont pas brusquement disparu : Paris est toujours à une heure d’Orléans, la Loire superbe, les réseaux de transport remarquables, les entreprises présentes et dynamiques, les succès de la recherche sur le campus reconnus, les acteurs poli-tiques et économiques courageux et déterminés. La ville enfin, hier parfois décriée, de plus en plus belle. Oui mais, au fil des années, bien des choses ont bien changé : La géographie d’abord : par l’effet conjugué du TGV et du réseau autoroutier bien des villes se sont rapprochées de Paris pen-dant qu’Orléans s’éloignait du centre économique et démographique européen déplacé vers l’est. Les entreprises ensuite : même si Dior et John Deer ont conservé leur statut de star, d’autres sociétés prestigieuses comme IBM, Alcatel, Thomson, Quelle, ont perdu de leur superbe, sans que de nouvelles vedettes, Amazone est l’une d’entre elles, parviennent à assurer la relève. Les travaux de l’université, associée sur le campus aux grands laboratoires de recherche, n’ont pas reçu la notoriété qu’ils mé-ritent, l’art et le goût de la communication n’étant localement ni partagé, ni apprécié. Le statut de capitale régionale n’a pas été remis en cause, mais les acteurs Orléanais comme la population elle-même, sans prendre conscience qu’il s’agissait d’une responsabilité en même temps que d’un privilège, ont sans doute pendant trop long-temps vécu cette situation dans l’indifférence, pour que ce statut manifeste dans les faits les résultats qu’il devrait apporter. Orléans serait-elle devenue moins attractive ? Oui peut être, car l’attractivité est une notion relative, et d’autres bassins d’emploi comparables à celui d’Orléans, comme Tours, Reims, Angers ou Rennes, se sont entre temps équipés, cependant que certaines insuffisances du territoire orléanais devenaient plus difficilement acceptées. Non seulement à cause des progrès de la médecine et de l’allongement de la durée de la vie qu’elle permet, mais aussi parce que les Français font des enfants, les populations sont devenues particulièrement sensibles à la densité médicale et donc in-quiètes de la faiblesse de celle du bassin orléanais (337 médecins pour 100 000 habitants en France métropolitaine, 268 en région Centre et seulement 250 dans le Loiret). L’augmentation du nombre de bacheliers et l’importance grandissante attachée à la formation supérieure ont renforcé les universités dans leur rôle d’attractivité, souvent évalué sans nuances, et seulement en prenant en compte le nombre d’étu-diants et la quantité et diversité des formations proposées, évaluation défavorable à Orléans et ressentie comme une fai-blesse. L’exclusion du territoire du réseau TGV, longtemps compensée par les facilités de déplacement vers Paris et Orly s’est progres-sivement révélée un lourd handicap dès lors que toutes les villes de même importance accédaient ou allaient accéder au ré-seau à grande vitesse et qu’Orly perdait une grande part de son trafic international au profit de Roissy. Ajoutons enfin que le développement considérable du tourisme international, y compris le tourisme d’affaire mettait en évi-dence l’insuffisante capacité d’accueil de la capitale régionale. Et pourtant, la belle endormie se réveille Depuis quelques années déjà, celle que certains ont appelé « la belle endormie », endormie sur ses succès d’antan, se réveille et prépare des projets de court, moyen et long terme couvrant tous les domaines d’attractivité, projets qui constituent un outil exceptionnel pour préparer l’avenir, en même temps qu’un levier pour corriger les faiblesses constatées et renforcer les atouts. Un foisonnement de projets - La construction du nouveau CHR au sud, le plus gros chantier hospitalier de France, et Oréliance, le plus grand pôle santé privé du plan Hôpital 2012, deux créations spectaculaires par leur ampleur et exemplaires par la mise en résonance de l’excel-lence attendue de la médecine publique et de la médecine privée ont l’ambition de faire évoluer l’offre de santé orléanaise pour qu’elle devienne demain une force et un atout du territoire.

Bassin d’Orléans

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- La mise à disposition de l’université très prochainement de l’ancien évêché et dès 2017 du site de l’ancien hôpital de la Ma-deleine, a pour objectif non seulement d’accueillir de nouvelles formations et des étudiants en centre ville, mais aussi de com-pléter et d’enrichir l’image d’une ville « campus » en lui apportant aussi celle d’une « ville universitaire ». - La LGV Paris Orléans, Clermont Ferrand, Lyon, un projet dont les débats auxquels il a donné lieu ont montré que l’accès d’Or-léans au réseau à grande vitesse à destination des aéroports internationaux et des grandes capitales est devenu incontour-nable, un objectif auquel les acteurs orléanais ne pourront plus désormais impunément renoncer. Un projet inscrit dans la durée et dont les obstacles qui en jalonneront l’avancement ne manqueront pas de renforcer la volonté et la détermination commune des acteurs. - L’ouverture de la gare d’Orléans-les Aubrais à l’ouest pour mettre POCL au cœur du quartier Dessaux : 110 hectares pouvant être étendue à 220 hectares, un projet de développement pour les vingt prochaines années, à vocation mixte, centre d’affaires, logements et commerces dont l’ambition est de susciter, favoriser et accueillir les opportunités, comme le fit en son temps la création d’Orléans la Source. - L’Arena, une nouvelle étape pour le rayonnement de la ville, un objet de débat comme le fut le Zénith, mais une marche à gravir d’une toute autre envergure, et qui, bien que la question de la localisation n’en soit pas aujourd’hui tranchée, porte une ambition progressivement partagée. - Entre critiques et admiration, les « Turbulences » du Frac auront elles aussi fait beaucoup « causer », mais comme souvent, l’admiration prendra le pas sur les critiques lorsqu’au moment de son inauguration, les médias nationaux et internationaux salueront ce geste volontaire et audacieux. - La deuxième ligne de tram, maintenant plébiscitée, installée dans le cadre de l’embellissement continu de la ville dont les nouvelles étapes sont attendues avec appétence, autant de réalisations qui redonnent aujourd’hui aux habitants leur fierté, non seulement à ceux du centre ville, mais aussi à ceux de l’ensemble de l’agglomération. Un foisonnement de projets pour réveiller l’emploi et la démographie, est-ce suffisant ? Sans doute pas, et les résultats attendus ne seront pleinement bénéfiques que si leur cohérence est avérée, leur gouvernance renforcée et la communication qui les accompagne adaptée. Une cohérence avérée : Les projets se succèdent dans le temps et certains risqueraient d’être contestés si leur complémentarité n’était pas démontrée à chaque étape décisive de leur mise au point. C’est en effet à la « grande échelle » du bassin qu’il faut veiller à ne pas laisser les projets se dévorer entre eux, chacun n’étant qu’une des briques au service de l’ambition globale. Une gouvernance renforcée : La décision de la Ville d’Orléans, de l’Agglo, du Département et de la CCI de « tirer dans le même sens » en matière écono-mique, est un premier pas vers la clarté et l’efficacité des messages 2. Il faudra cependant aller bien au-delà et étendre cette démarche : D’abord en dépassant le strict domaine économique pour s’emparer de l’ensemble des critères d’attractivité, car attractivité résidentielle et attractivité économique se conjuguent et se renforcent, ou au contraire s’affaiblissent mutuellement dès qu’un maillon faible n’est pas corrigé. Cela renvoie d’ailleurs à la question de l’opportunité de l’élargissement des domaines de com-pétences dévolues à la Communauté d’Agglomération comme à celle de l’extension souhaitable de son périmètre. Mais aussi en y associant les autres parties prenantes particulièrement concernées par la question de l’attractivité comme le sont la collectivité régionale et l’université. La Région ne saurait en effet sans risques rester indifférente aux projets et ambitions de sa capitale, comme cette dernière ne pourrait projeter un avenir durable sans prendre en compte la stratégie de la collectivité régionale et la nature de ses relations avec les autres villes du territoire. De la même façon, si la question du rayonnement de l’université est l’affaire de l’université elle même, il est devenu impen-sable, dans cette période de concurrence internationale, de séparer les politiques universitaires de celle des territoires où elles sont implantées. Une communication adaptée : Alors que progressivement la fierté territoriale des habitants, longtemps jugée trop faible, peu à peu se renforce, conséquence de l’embellissement de la ville centre et de la reconnaissance de la qualité environnementale du territoire, l’insuffisance de notoriété demeure un obstacle à l’attractivité. La question de l’image d’Orléans demeure en effet un levier majeur de son attractivité car l’évaluation des avantages comparatifs des territoires entre eux se fait en grande part sur le « ressenti » Sans doute est ce le résultat d’une communication traditionnellement trop discrète, mais aussi celui de messages trop souvent contradictoires qui révèlent une absence stratégie partagée et affirmée. Une communication trop discrète comme le montre deux exemples dans des domaines très différents :

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La vie culturelle et associative dont la réputation est en décalage avec une réalité dont les initiés témoignent de l’intensité et de la qualité. La logistique orléanaise, pourtant reconnue et appréciée par les professionnels pour sa taille, sa technicité et sa modernité n’apporte pas à la ville, peut être parce que insuffisamment revendiquée, un renforcement de son image économique à la hauteur de son importance et de ses performances. Des messages trop souvent contradictoires : c’est ainsi que la question des relations territoriales préférentielles d’Orléans avec Paris et l’Ile-de-France et/ou avec l’axe ligérien fait toujours débat sans que s’impose encore l’idée que c’est l’addition de ces relations, voire de leur élargissement, notamment vers Lyon, et non leur opposition, qui contribue au renforcement du terri-toire. Il est par exemple contre productif de soutenir, comme on l’entend parfois, qu’il n’y aurait pas lieu de se préoccuper de ren-forcer les partenariats entre les Universités d’Orléans et de Tours au motif que le plateau de Saclay offrirait à Orléans de « formidables » opportunités. Les mêmes contradictions apparaissent dès que sont évoqués les avantages attendus du Grand Paris au profit d’Orléans, avantages qui conduiraient le territoire Orléanais à se désintéresser de l’axe ligérien. Il est surprenant, mais fort dommageable que le choix stratégique de mettre à profit les relations d’Orléans avec Paris ne se fasse qu’en dévalorisant celles pourtant, jamais contradictoires, mais toujours complémentaires qui devraient être dévelop-pées tant vers l’ouest, le sud et l’est. Remplacer le « ou » par le « et », serait un choix stratégique qui ne pourrait qu’être profitable tant par les opportunités qu’il offrirait que pour la clarté et la force des messages communiqués vers les Orléanais comme vers les populations et entreprises susceptibles d’être attirés vers ce territoire. Attractivité et ambition Le foisonnement de projets de court, moyen et long terme dont dispose aujourd’hui l’orléanais constitue une opportunité exceptionnelle de reconquête de l’attractivité. Mais ces projets ne sont que les outils d’une ou des ambitions que les acteurs doivent décider, qualifier et oser proclamer. Plus d’entreprises et plus d’emplois, tous les territoires, ou presque ont cette ambition, une capitale régionale connectée à l’Europe, bien évidemment puisque toutes les grandes villes le réclament. Mais au-delà, Orléans a-t-il l’ambition d’être exem-plaire en matière de recherche et d’innovation en associant entreprises et campus 3, celle d’encourager le redressement dé-mographique avec une politique de logements adaptés aux moyens et besoins des populations qu’elle voudrait attirer, ou encore l’ambition de promouvoir sa richesse touristique pour en faire un atout ? Les 110 hectares, extensibles à 220 hectares, du quartier André Dessaux constituent à cet égard un outil de développement exceptionnel pour les vingt prochaines années dès lors que les ambitions tant économiques que résidentielles qu’il peut porter et servir seront clarifiées, partagées et proclamées. Pour conclure En dépit d’un environnement économique peu favorable, situation commune à tous les territoires, les acteurs politiques et économiques ont aujourd’hui pris conscience qu’il était nécessaire et urgent de réveiller l’attractivité du bassin et ont mis en place les principaux outils de ce rebond. Mais les conditions du succès, jamais garanti, ne sont sans doute pas encore toutes réunies. Reste en effet à approfondir, élargir et renforcer l’organisation et le fonctionnement de la gouvernance du territoire, à quali-fier et oser exposer les ambitions que les projets doivent servir, à choisir les stratégies les plus porteuses d’avenir, à faire vivre une communication qui propose et fait partager ces choix aux habitants en même temps qu’elle valorise le territoire en ren-forçant sa notoriété. 1 Le solde migratoire était de + 1,55 %/an de 1968 à 1975

2 « LOIRE&ORLEANS vous donne le vrai » est la marque territoriale commune choisie en 2013

3 Le choix fait par LVMH d’implanter le centre de recherche et d’innovations de toutes ses filiales et activités mondiales à Or-léans (projet Hélios) reste à cet égard exemplaire et apparaît comme le résultat de l’interaction de trois domaines de différen-ciation spécifique : le campus, une réserve de matière grise, un environnement remarquable par sa diversité à une heure de Paris.

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Réalité décalée

C e scenario « décalé », à l'horizon 2030, ne saurait être appréhendé sans une prise en compte de l'évolution d'Orléans dans les années 1960-1985, 1985-2007, et suivantes...

Orléans, années 1960-1985... Dans le tiercé gagnant des agglomérations françaises pour le taux de croissance démographique comme pour celui des em-plois industriels, plus du fait d'investissements venus de l'étranger que de la capitale, et correspondant aux industries dites « de pointe » à l'époque. Un tertiaire stratégique et un taux de cadres supérieurs sans équivalent dans la moitié septentrionale de la France (agglomération parisienne exceptée...) avec plus d'une dizaine de sièges sociaux nationaux ou européens (John Deere, Mars-Unisabi, Quelle...) ou parties significatives de sièges (IBM...). Une université porteuse de tous les espoirs (l'Oxford français censé récupérer une partie des étudiants parisiens...), accompagnée de l'impantation lourde des grands organismes de Recherche (CNRS, BRGM, INRA). La seule « ville nouvelle » française construite de toute pièce sans l'aide de l'Etat. Une po-sition privilégiée, anticipatrice et motrice dans le projet DATAR de « Métropole-Jardin », appellation de la zone d'appui du Bas-sin parisien correspondant à la Loire Moyenne. Bilan assez remarquable par conséquent, mais en parfaite contradiction avec l'image d'une ville endormie, grande banlieue « dortoir » de Paris, d'abord administrative car capitale régionale (au demeurant à peine reconnue), en aucun cas une agglo-mération perçue démographiquement à hauteur de Rennes ou de Montpellier. Ce déficit d'image, qui perdurera, se paiera plus tard. Orléans, années 1985-2007... Alors même que bien des villes marquent le pas suite aux chocs pétroliers de 1973 et 1979, Orléans bénéficie toujours, sur sa lancée, d'une attractivité certes diminuée mais bien réelle quoique toujours peu reconnue. En 2007, le taux de chômage, à peine supérieur à 5 %, est l'un des plus faibles de France. Quelques implantations illustrent cette situation (Amazon par exemple ; et d'une manière générale la logistique-stockage). Pour autant, cette période fut celle des occasions manquées et porte en germe ce qui allait se passer dans les quinze années suivantes. A l'encontre de la DATAR, de l'histoire et de la géogra-phie, la LGV Atlantique, après avoir condamné la ligne d'aérotrain Orléans/Paris-La Défense, évite Orléans et le Val de Loire. Plus tard le projet de LGV en « Y renversé » Paris-Toulouse/Paris-Clermont via Orléans est abandonné. De même, pour des raisons politiques, le projet pourtant consensuel d'autoroute A19 par Châteauneuf qui aurait rapproché le Nord-Est de la France, en même temps que Montargis, créant une synergie entre les deux villes... Vingt ans plus tard, on se scandalisera - y compris ceux qui en furent pour large partie responsables - d'une A19 évitant Orléans... Quant au projet d'un nouvel aéroport péri-parisien à Beauvilliers, aux limites de l'aire urbaine d'Orléans, lui aussi consensuel à l'origine et voté par deux assemblées nationales, l'une de droite l'autre de gauche, on sait ce qu'il en est advenu. Autre occasion manquée... Il y en eut d'autres, du fait d'un masochisme local (finalement antisocial) prompt à déposer des recours contre tout projet susceptible d'améliorer l'image de la ville, et donc son attractivité. Orléans, années 2008-2020... La crise, la vraie, mais encore plus pour Orléans que pour bien d'autres villes en termes de déclin. Dès 2013, après avoir vu son solde migratoire devenir négatif, l'agglomération se découvre un taux de chômage égal au taux national, supérieur au taux régional. Du « jamais vu ». Les usines, et pas des moindres, ferment leurs portes sans que de nouvelles les relaient de manière significative. Orléans paie cher son industrialisation des Trente Glorieuses, par rapport aux villes qui en avaient moins bénéfi-cié. Mais il y a plus grave. De manière symptomatique, dès l'ouverture de la LGV Paris-Strasbourg, une partie des services cen-traux de Mars-Unisabi se transporte à Strasbourg, illustrant la mise en évidence d'une réalité largement dissimulée jusque là : faute de LGV permettant aux entreprises des relations avec la France et l'Europe du Nord ainsi qu'avec le reste du monde par aéroports parisiens interposés, Orléans se découvre rejetée en périphérie du territoire national (5h30 à prévoir pour prendre l'avion à Roissy), alors que presque toutes les villes de même importance ou d'importance moindre sont déjà reliées au réseau LGV ou promises à l'être. Non seulement l'attractivité démographique et économique en est gravement affectée, mais c'est le maintien du potentiel existant qui n'est plus assuré. Et cela se vérifie année après année, avec pour sanction un taux de chô-mage qui explose, des problèmes sociaux qui se précisent, notamment dans les « quartiers ». Par ailleurs l'image minorante de l'agglomération, notamment au plan démographique, explique largement un dernier rang national, parmi les grandes villes, pour le taux de couverture médicale, avec deux magnifiques hôpitaux flambants neufs, l'un public l'autre privé, mais dont au-cun n'est CHU, spécificité qui aggrave le sort de l'université dont l'attractivité souffre aussi de l'image d'une ville moins impor-tante qu'elle n'est. Une éclaircie pourtant : le projet inespéré d'une LGV Paris-Orléans-Clermont doublant un Paris-Lyon me-nacé de saturation. Las, le microcosme politique local, plus préoccupé de prendre le pouvoir ou de le conserver, ne fait pas montre d'une mobilisation et d'un consensus à la hauteur de l'enjeu. Une partie des forces d'opposition du moment fait même tout pour que le projet capote ou que le tracé soit repoussé le plus possible vers l'Est. Ce qui arriva... Ce tracé fut dans un pre-mier temps reporté au-delà de Gien, puis le projet fut finalement abandonné, crise financière oblige.

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Orléans, années 2020-2030... Coup de tonnerre : au tout début de la décennie, et en quelques mois dans un contexte mondial très perturbé à tous points de vue, le prix du carburant est presque multiplié par trois. Les augmentations antérieures font dès lors figure d'aimables contre-temps. Rien désormais ne sera plus comme avant. Au regard d'un réseau autoroutier de fait déclassé en raison des coûts exor-bitants de transport par véhicule individuel ou poids lourd, le chemin de fer rallie tous les espoirs. Le fret est réhabilité et le réseau des lignes traditionnelles lui est dédié, aux côtés d'un dispositif TER optimisé. Parallèlement, la politique des LGV est relancée, et ses opposants, une nouvelle fois, revoient leurs positions. La LGV POCL est la première à être mise en chantier, et passe effectivement par Orléans dont l'ancienne vocation de plaque tournante majeure du fret ferroviaire est réhabilitée et sa logistique-transport réorientée. De manière anticipée, les effets se font spectaculairement sentir en matière d'investissements industriels. Du fait du coût de l'énergie les échanges internationaux sont sensiblement ralentis et les relocalisations se multi-plient. Orléans en profite grandement, retrouvant les avantages d'une situation qui avait fait sa fortune plusieurs fois dans l'histoire, et notamment dans les années 60-80. Mais la nouvelle donne énergétique a bien d'autres conséquences, notamment politiques. Le centralisme à la française a vécu. Incompatible avec une Europe devenue enfin fédérale, ce centralisme apparaît générateur de déplacements massifs, non seu-lement déraisonnablement coûteux par la route, mais qu'il convient de réduire également parce que les LGV ne les épongent pas tous. D'ailleurs, les projets envisagés vont plus dans le sens d'une mise en relations des grandes villes françaises entre elles, et avec les autres villes européennes, au détriment de celles rendues financièrement déraisonnables vers Paris. Du coup la France, devenue donc fédérale, rapproche ses centres de décisions politiques, financiers, économiques de ses habitants au profit des capitales de région. Impensable encore quelques années auparavant. Encore plus impensable la question qui s'en suivit : Paris, capitale consubstantiellement liée à une hyper-centralisation, doit-elle demeurer celle d'un état désormais fédéral ? Nombre de pays fédéraux ont en effet choisi pour capitale une ville autre que la mégapole nationale, au profit d'une ville en général proche. La polémique fut tendue, d'abord sur le principe, ensuite sur le choix de la ville à retenir comme capitale fédérale. C'est ainsi que, contre toute attente, et à l'ébahissement des orléa-nais eux-mêmes, Orléans se retrouva au centre des discussions. Cette émergence sur la scène nationale se fit en plusieurs temps. Le premier fut celui de l'élection du maire d'Orléans à la Présidence de la République. Evènement assez peu banal : tous les présidents de la Vème République étaient originaires jusque là d'une petite ville et de régions très rurales, ou pour un seul d'entre eux, de la capitale. Pour la première fois une ville importante se retrouvait sous les projecteurs des medias, les-quels découvraient avec surprise qu'il y avait dans la « ville du Président », beaucoup de « grain à moudre » aux plans histo-rique, architectural et paysager, mais aussi économique. C'est donc avec cette image déjà quelque peu réhabilitée qu'Orléans, quelques années plus tard, entra dans la bagarre pour le titre de capitale fédérale, bagarre qu'elle gagna finalement sans tellement s'investir. A cette occasion, et dans le cadre d'une étonnante comparaison « intervilles », medias et Français redécouvrent et le plus souvent découvrent que cette ville sans re-lief à leurs yeux, folklorisée par l'exploit de Jeanne d'Arc, avait à maintes reprises jouer un rôle à la fois symbolique et de pre-mier plan dans les destinées du pays, et pas seulement à la fin de la guerre de Cent ans : départ de la révolte des Gaulois contre César ; mise en échec d' Attila grâce à St Aignan éclipsé fort injustement par Sainte Geneviève (il n'y eut jamais de siège de Paris... ). Choyée par Clovis, Charlemagne (Théodulphe évêque d'Orléans et artisan de la Renaissance carolingienne). Préfé-rée à Paris par les premiers Capétiens, plus tard par d'autres dont Louis XI, à qui l'on doit beaucoup de la France d'aujourd'hui, et qui a tenu à reposer à Cléry St André, aujourd'hui dans l'aire urbaine d'Orléans... tandis que François 1er, longtemps, hési-ta à fixer sa capitale en Orléanais. Un peu plus tard, à la suite des Guerres de Religion dont Orléans fut le deuxième foyer après Paris, c'est Henri IV qui, conscient du symbole attaché à cette ville, œuvra à la reconstruction de la cathédrale Ste Croix pour prouver la sincérité de sa conversion... tandis que Louis XIV l'achevait en y faisant inscrire sa devise. Tout un symbole là en-core. De même au plan économique, le rôle de port de Paris d'entrepôt et de centre industriel que joua Orléans du temps où le fleuve royal était la Loire et pas la Seine, fut à l'envie rappelé afin de mieux mettre en évidence la permanence d'une voca-tion « logistique-stockage » qui, vers l'an 2000, plaçait l'aire urbaine au quatrième rang des pôles français. Mais nous sommes en 2030, et la prospérité retrouvée d'Orléans ainsi que ses atouts, notamment en termes de situation eu égard à Paris et au reste de la France, vont jouer sensiblement plus qu'un passé qui, pour prestigieux qu'il fût, servit plutôt de caution pour les esprits les plus attachés à la symbolique nationale. Peut-être encore plus que le passage d'un TGV garantis-sant une complémentarité et une synergie avec Paris et des relations optimales avec le reste de la France et l'Europe, la ré-cente construction de l'aéroport de Beauvilliers fut décisive. Relié certes à Paris par TGV, mais aussi à Orléans via l'A154 et une ligne Chartres-Orléans enfin mise en service (mais avec deux voies électrifiées), Beauvilliers emporta la décision. Aucune autre ville française ne pouvait soutenir la comparaison. Ajoutez que le déjà vieux projet d'un « Grand Paris » (années Sarkozy), orienté plein Ouest, avait entretemps été réorienté vers le Sud comme prévu initialement par la DATAR, aidé en cela par la réalisation de Beauvilliers ainsi que celle, désormais effective, de la technopole sud-parisienne. Enfin, « last but not least », la révélation (y compris pour les Orléanais) que Le Corbusier, réfléchissant à la reconstruction de la ville dévastée par les bombardements de la dernière guerre, avait suggéré l'installation de l'Assemblée nationale à Orléans, dans une tour de très grande hauteur qui aurait fait face à la cathédrale, à l'autre extrémité d'une rue Jeanne d'Arc qu'il affectionnait particulièrement. C'est ainsi que l'infiniment improbable devint réalité...

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Réalité augmentée

M algré tous les rapports et les préconisations de la région, de l’Insee et autres statisticiens, le bassin de Gien n’évolue pas à la vitesse des autres lieux de vie de même importance. Pourtant, aujourd’hui la ville s’élargit, les quartiers de Cuiry, de la Fontaine et de Chartemerle accueillent de nouveaux habitants mais la population globale diminue de-

puis le dernier recensement. La société OTIS ainsi que les centrales électronucléaires de Dampierre en Burly et de Belleville, à proximité, sont toujours les pôles majeurs en matière d’emplois et de ressources pour ce bassin. De plus, depuis la dégradation de l’industrie automobile en 2011, l’équipementier ArvinMeritor du site de Sully sur Loire réfléchit à sa reconversion de manière à garder son implanta-tion sur ce territoire. Les points positifs de cette agglomération sont : - les travaux engagés dans le domaine touristique (Loire à vélo, Canal de Briare, château de Sully-sur-Loire, musée de la chasse), - la faïencerie et sa célèbre porcelaine aux décors mondialement connus, - le classement UNESCO de la vallée de la Loire, à proximité. Cependant, il serait nécessaire d’embellir et de créer des lieux de santé, d’éducation et de transport, afin de donner à ce bas-sin une réputation suffisante pour l’implantation, la création de nouvelles industries et ainsi permettre la venue de nouvelles populations. Position géographique exceptionnelle La situation géographique de la ville est un atout majeur. En effet, elle se situe à proximité de Paris via l’autoroute A77, sur la ligne ferroviaire Paris-Nevers et celle d’Orléans-Châteauneuf-Sully avec un cadencement approprié vers la capitale régionale Orléans. De plus, la bonne distribution avec le réseau ULYS redonne envie aux jeunes étudiants de poursuivre leur cursus uni-versitaire à Orléans. Enfin, l’aérodrome de Saint-Denis-de-l’Hôtel à proximité du bassin est tout à la fois, un point d’entrée pri-vilégié dans un département aux richesses multiples et un point d’envol vers des métropoles nationales et européennes avec l’objectif constant de deux notions fondamentales pour l’aéroport « Services aux entreprises et attractivité du territoire ». L’adaptation de nouveaux réseaux permettra de désenclaver le bassin de Gien des autres, de maintenir nos jeunes dans les lycées et les facs régionales. Par exemple, il est programmé la mise en service d’un prolongement par rail Sully-Gien. Malgré tout, en ce qui concerne le dossier de la liaison routière avec Orléans, le pessimisme des élus sur l’aménagement de la RD 952 et ce malgré les travaux imminents du contournement de la ville de St Martin d’Abat, reste toujours le point noir du secteur. Des leviers stratégiques à développer Il est important de tirer la sonnette d’alarme quant à l’avenir économique et industriel du bassin, il se porte bien mais il n’en reste pas moins que ce territoire stagne et donc s’appauvrit au niveau de ses infrastructures et du renouvellement de ses en-treprises. En matière d’accessibilité au bassin, le tracé « Médian » du LGV POCL et le décrochement à Gien permettra d’irriguer de nou-velles entreprises dynamiques en plein développement, pourvoyeuses d'emplois. En matière d’emplois, suite aux travaux réalisés, la production de la centrale électronucléaire de Dampierre en Burly va être prolongée à 60 ans d’exploitation (aux environs de 2040). De plus, afin de maintenir un emploi stable, il faudrait : - engager des recherches pour pallier le manque énergétique (2ème région productrice d'électricité en France) sur la bio-masse, le gaz et l'énergie renouvelable, - créer un centre de formation à la conduite avec simulateurs pour l’apprentissage des salariés, - et favoriser l’implantation sur l’aérodrome de Saint-Denis-de-l'Hôtel de petites PME liées à l'industrie aéronautique. En matière de santé, il sera important de : - générer la venue de médecins généralistes car un gros déficit marque le territoire, - et créer des maisons de santé.

Bassin de Gien

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Il est également important de tenir compte qu’un migrant sur trois est un retraité, il faut donc : - renforcer l'implantation d'APAD et du service à la personne, - favoriser l'accès des personnes âgées à des logements adaptés, - et développer fortement le commerce de proximité. De plus afin de faire venir de nouveaux habitants, une réhabilitation d’une grande envergure est indispensable, il faudra : - rénover l'habitat (conformité thermique et phonique) pour pallier leur vétusté et redonner de la couleur dans cette ville, - créer des actions vers la culture à la portée de tous, - et favoriser et aménager les déplacements habitat-travail. Enfin, le maintien touristique de haute qualité devra être soutenu pour tous les lieux d’accueil (hôtels, restaurants, camping de plein air). Les accueillants devront faire valoir et exprimer leur appartenance à la vallée ligérienne. Conclusion N’en doutons pas ! La ville de Gien saura rebondir sur des nouvelles possibilités afin de maintenir un bon équilibre entre tra-vail, économie, lieu et cadre de vie, tout ceci dans le respect d’un aménagement ambitieux à la hauteur de son périmètre.

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Réalité décalée 13 Février 2030

P aul rentre tranquillement de son travail par le train intercité de Paris vers Gien pour regagner son domicile dans le vil-lage de Coullons, c'est un pôle de proximité de 2 500 habitants à 15 km de Gien. Il pourra fêter la St Valentin en famille demain soir, le télétravail lui permet de ne plus avoir qu'un seul trajet à subir par semaine pour rencontrer ses col-

lègues. La hausse des prix des matières premières et des carburants de 2015 a bousculé les modes de déplacements et l'organisation du travail. La semaine de 4 jours s'est aussi développée et de nombreux salariés du Giennois profitent du vaste programme de réhabilita-tion énergétique des bâtiments de la région parisienne en passant 3 ou 4 nuits par semaine, en colocation ou en sous-location, dans de nouveaux logements adaptés. La vitesse, c'est dépassé Pour limiter les consommations de carburant et réduire l'impact environnemental de la circulation automobile, la vitesse est maintenant limitée à 110km/h sur l'A77, comme sur l'ensemble du réseau autoroutier français. Les voitures électriques ou bi-énergies sont maintenant très utilisées dans une économie de proximité. Les discussions interminables sur le tracé du POCL et surtout sur son financement sont maintenant bien loin suite à l’abandon du projet. La ligne historique vers Paris a cependant été rénovée et il faut toujours 1h20 pour rejoindre Paris. La liaison vers Orléans est toujours un soucis pour le bassin ; la desserte ferroviaire est maintenant assurée à partir de Sully sur Loire et les collectivités ont dû mettre en place un service de navettes depuis les communes pôles pour rejoindre cette gare très fréquentée le week-end par les étudiants qui, pour la plupart, ont maintenant fait le choix de la résidence universitaire à Orléans. Cette évolution des modes de transports entraine une certaine coupure du bassin, l'Est se tournant plutôt vers Montargis et Paris ; alors que l'Ouest a développé ses relations avec Orléans. La vie rurale en difficulté Sa nouvelle organisation du travail a permis à Paul d'accepter la charge d'adjoint au maire de sa commune, sa tâche se con-centre maintenant sur l'intercommunalité, les mairies n'assurent plus que l'Etat Civil. Si la Maison Pluridisciplinaire de Santé, comme les 3 autres implantées dans le bassin, a facilité, tant bien que mal, la succession des médecins généralistes ; c'est au-jourd'hui le remplacement du dentiste qui pose problème. Le Val de Loire a pu préserver de l'attractivité, mais les territoires reculés perdent régulièrement de la population et les ser-vices se dégradent, les petits villages ont perdu leurs derniers commerces. L'école de Coullons rassemble maintenant tous les élèves des communes environnantes, les retraités rejoignent, eux aussi, la commune pôle ou Gien pour bénéficier d'un minimum de services maintenus à bout de bras par les collectivités. Les activités économiques en mutation L'activité industrielle s'est considérablement réduite, et si l'économie locale connait un renouveau dans l'artisanat, le tourisme et les services aux personnes, la situation globale de l'emploi se dégrade. Après la crise automobile des années 2010 le bassin a subi le choc du déclin de l'aéronautique, de nombreux salariés de ces secteurs d'activités ont dû envisager des reconversions professionnelles. Par contre, la rénovation thermique des bâtiments, les installations de chauffage solaire, au bois ou par géothermie, comme les nouvelles constructions passives ont contribué au développement de l'artisanat local qui a pu sauvegarder un bon nombre d'emplois. L'exploitation forestière s'est aussi rationalisée et développée. Il faut répondre à la demande de la construction en bois et l'ap-provisionnement des chaudières. Avec les collectivités locales et le soutien de l'Europe, le Conseil régional a pu aider l'implantation d'une scierie en forêt d'Or-léans. Elle approvisionne les entreprises du bassin : fabrication de panneaux à Sully, de plaquettes à Coullons, et de papier à Gien, ces établissements ont connu un développement inespéré. Le prix des matières premières et le coût de l'élimination des déchets a généré de nouveaux métiers dans l'ensemble des en-treprises ; la valorisation des déchets est devenue une activité rentable sur ce bassin, comme ailleurs. Si l'équipement en Très Haut Débit a pu contribuer au développement des activités dans l'ensemble du bassin, seul le Val de Loire profite de la fibre optique, les communes plus éloignées restent marginalisées. L'activité de la Centrale nucléaire de Dampierre a été prolongée au maximum, elle peut encore fonctionner pendant 10 ans mais son avenir a été l'objet de grosses discussions ; le maintien de la demande d'électricité, avec notamment le développe-ment de la voiture électrique et la présence d'un réseaux de lignes en place, a conduit à envisager l'implantation d'une nou-velle centrale de production électrique. La ressource en biomasse semblait insuffisante et les surfaces exigées pour des pan-

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neaux solaires difficilement mobilisables, c'est finalement le premier réacthorium français qui prendra le relais. Le Val de Loire, la richesse du bassin Les paysages de la vallée de la Loire et son cadre de vie ont séduit un bon nombre de retraités du département mais aussi de la région parisienne, ils animent une vie sociale dense. Par ailleurs, dans ce nouveau contexte de pénurie énergétique les tou-ristes limitent leurs déplacements et la proximité de Paris est un atout que les acteurs locaux ont su valoriser. Le patrimoine historique et naturel du bassin Giennois a permis un développement touristique générateur d'un nombre d'emplois significa-tif. Le célèbre château de Sully, celui de Gien, les musées de la chasse, de la faïence de Gien et des émaux de Briare ont fédéré leurs efforts de communication. Les autres acteurs du tourisme de la vallée se sont associés à cette synergie pour proposer un panel d'activités adaptées à une clientèle très diversifiée en âge et en aspirations. Le cadre paysager de la Loire et les canaux ont permis l'essor du tourisme fluvial à partir de Briare. Outre la Loire à vélo, les randonneurs, comme les cyclistes ont à leur disposition une multitude de sentiers balisés sur le territoire. Dans la forêt allu-viale de Chatillon sur Loire le sentier de « l'Ile d'Ousson » aménagé par le Conservatoire régional connait maintenant une fré-quentation remarquable. Le renouveau agricole Après le recul des activités d'élevage au profit des céréales dans les années 2000, la baisse des aides PAC aux grandes cultures depuis 2014 a mis en difficulté un bon nombre d'exploitations de ce bassin qui n'a pas un potentiel agronomique adapté à ces productions. Ce territoire a plutôt vocation à l'élevage mais les exploitations laitières sont maintenant trop isolées et la col-lecte du lait est jugée trop coûteuse par les laiteries qui limitent leurs rayons d'activités. Seuls les élevages de bovins viande intégrés dans des filières de qualité arrivent à se procurer un revenu décent, les autres exploitations doivent innover pour sub-sister. L'activité de pêche à la ferme de St-Aignan-le-Jaillard a donné des idées à d'autres agriculteurs qui ont pu préserver leur ex-ploitation en proposant des ateliers de cuisine, de jardinage, d'entretien d'arbres fruitiers. Ce sont des activités très prisées par les nouveaux retraités, en particulier. D'autres se sont organisés pour transformer et vendre leurs productions en circuits courts. Après l'effondrement de la filière industrielle de volailles, quelques éleveurs se sont tournés vers une production de qualité, un abattoir coopératif leur permet d'écouler leur production localement et au sein d'un réseau de producteurs qui ont organisé une logistique pour livrer des coopératives de consommateurs de la région parisienne. Des producteurs de Crottin de Chavignol et de coteaux du Giennois sont aussi partenaires de ce groupe, mais l'activité motrice de ce réseau c'est d'abord le maraîchage biologique qui a connu un gros développement sur les terres particulièrement adap-tées de la vallée. A l'image de la région Centre, le bassin du Giennois se développe autour de la Loire, les acteurs locaux ont su valoriser le capi-tal naturel et la proximité de Paris en s'appuyant sur les structures touristiques déjà en place. Le tissu artisanal a su, lui aussi, s'adapter aux nouvelles exigences de la population. De leurs côtés, les collectivités locales ont facilité l'adaptation du tissu in-dustriel en soutenant la filière bois et leurs investissements pour les transports collectifs facilitent le maintien de la population sur le territoire.

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Réalité augmentée 19 février 2030

L a Section prospective du CESER se réunit pour faire le point sur la vitalité des différents bassins de vie définis, il y a plus de 15 ans, par la Section prospective de l'époque. Il s'agissait de déterminer les leviers permettant d'augmenter l'attraction de nouvelles populations sur le territoire de la région Centre.

Un positionnement exceptionnel Située en limite de l'Ile-de-France, Montargis a longtemps sous-estimé sa position géographique. Elle prend enfin conscience de sa situation exceptionnelle. Le bassin de vie s'ouvre et s'organise en profitant de cette opportunité et en cultivant l'ambi-guïté de la proximité francilienne. Toutefois, il reste très attaché à la région Centre depuis que les relations avec Orléans se sont renforcées grâce à l'améliora-tion de la desserte routière et des services de bus plus fréquents et plus rapides. La D2060 a été élargie et sécurisée et les tra-jets des étudiants et employés se sont multipliés. L'A19 qui relie l'A10 à l'A6 a été prolongée vers l'Ouest par l'autoroute récemment ouverte en remplacement de la N154. Montargis se trouve ainsi reliée au contournement de la région parisienne tant à l'ouest vers Rouen qu'à l'est vers Troyes. De plus son positionnement sur l'A77 lui assure une liaison directe Nord/Sud. La rénovation de la ligne ferroviaire Paris/Nevers a préservé l'accès rapide et facile vers Paris, ce qui a encouragé la venue de nouvelles populations. Certes, ce sont en majorité des retraités sensibles à la diversité des services, des commerces et à la qualité du cadre de vie, mais de nombreux jeunes ménages se sont également installés dans des logements anciens rénovés ou dans les zones d'habitation organisées dans les communes du bassin. Ce sont surtout des jeunes cadres des entreprises locales ou navetteurs vers Paris sensibles à cette offre de logements abordables. Ils peuvent ainsi se loger dans des conditions économiques plus favorables qu'en région parisienne. Grâce à cet apport de population (+ 15 % à l’horizon 2030) toute l'économie présentielle s'est confortée et a même prospéré aussi bien à Montargis que dans les agglomérations proches. Les services à la population se sont améliorés. Ainsi l'hôpital et la clinique modernisés ont attiré des nouveaux médecins et des maisons de santé pluridisciplinaires ont été construites dans les communes les plus importantes (Bellegarde, Lorris et Ferrieres). Toutefois pour des soins particuliers certains continuent à aller se faire soigner à Paris. Un tissu économique dynamique et diversifié Le positionnement favorable en termes de structures de communication, associé à une grande disponibilité foncière et à une forte mobilisation des acteurs locaux, a préservé le bassin de Montargis du déclin industriel qui a frappé une grande partie de la région Centre. La diversité des activités a favorisé cette relative bonne résistance du tissu économique. Longtemps menacée de disparition l'usine Hutchinson se maintient au prix de grands efforts de recherche et d'innovation. Partie d'une industrie traditionnelle avec des conditions de travail difficiles, la collaboration avec les centres de recherche a permis de diversifier les activités vers des secteurs innovants pour une main d'œuvre plus qualifiée. De plus les nouvelles pos-sibilités ouvertes par l'agro-industrie ont préservé la ressource de butadiène indispensable à la fabrication du caoutchouc et donc l'activité liée à cette matière première. Les travaux publics et le domaine de la construction sont boostés par la proximité de la région parisienne et par l'afflux de nou-velles populations. L'agriculture, largement présente, se tourne vers les nouvelles productions pour l'industrie et la chimie verte, surtout autour des sucreries d'Artenay et de Corbeil. L'agroalimentaire se développe et la filière bois après les difficultés de mise en place, trouve enfin sa rentabilité. Les formations dispensées dans les lycées agricoles accompagnent la modernisation de ce secteur d'activité. La pharmacie est toujours présente grâce au soutien effectif du pôle de compétitivité et des efforts constants en recherche et développement. La logistique qui souffre de l'augmentation du coût des carburants résiste encore dans les zones aménagées et grâce au posi-tionnement exceptionnel du bassin au centre de la France et au croisement de tous les axes de communication. Ce territoire a pris conscience enfin de ses atouts. Il évolue. D'un bassin industriel traditionnel il devient un espace propice aux créations de petites entreprises, favorable aux initiatives comme dans le domaine du tourisme où la proximité de la région parisienne a encouragé de nouvelles activités proches des valeurs traditionnelles, séjours de courte durée, gastronomie (miel, safran, pralines), randonnées, mise en valeur des sites naturels préservés.

Bassin de Montargis

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Un cadre de vie Sans vouloir rivaliser avec les sites majeurs de la région Centre, la Venise du Gatinais a des atouts certains : les canaux, la forêt, une nature préservée aux confins du grand bassin de population parisien. La diversité des habitants de ce territoire a favorisé des activités associatives riches et multiples tant dans le domaine des sports que de la culture. Finalement le bassin de Montargis justifie bien sa place de deuxième bassin le plus peuplé du Loiret. Bien que sa population souhaite se libérer de l'attraction parisienne il faut bien reconnaître qu'il est difficile de le faire. Il est important pour la région Centre de préserver et renforcer ses relations avec ce territoire. Tout justifie que Montargis ne se rattache pas à la région pari-sienne et renforce ses relations avec Orléans.

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Réalité décalée

N ous sommes le 23 mars 2030. Toute la presse nationale et internationale est là. On inaugure à grand renfort de dis-cours – particulièrement ceux du Premier Ministre français et du vice-premier ministre chinois – l'extension specta-culaire d'un complexe industriel dont la première tranche datait de quelques années seulement. Montargis, si mé-

connu hier encore des Français, au point d'en prononcer souvent le « s » final, défraie désormais périodiquement la chro-nique. Que s'est-il donc passé ? La révélation d'une position géographique longtemps sous-estimée Depuis plusieurs dizaines d'années, Montargis apparaissait comme une simple et lointaine grande banlieue de la capitale, re-fuge non plus des capitaux de l'industrie comme au temps de la décentralisation, mais des familles modestes à la recherche d'un terrain ou d'un appartement plus abordable financièrement. En vérité, durant toute cette période, le Montargois a souffert d'une double sous-estimation : en termes démographique et de position géographique. Tant il est vrai que les images d'une ville perçue « petite » et d'une position de premier plan s'accor-dent mal… Pourtant Montargis bénéficiait déjà d'une position de carrefour remarquable et d'autant plus curieusement igno-rée qu'ailleurs bien des villes s'en revendiquaient abusivement. Dès les premières années de ce siècle s'y croisaient les radiales méridiennes de l'ex N7 (2 fois 2 voies), de l'A77, de l'A6, de l'axe ferroviaire électrifié Paris-Clermont-Nîmes, et de deux des quelques transversales majeures de la France, l'A19 et l'ex N60. Il est vrai que la dangerosité de celle-ci, et le tracé absurde de l'A19 furent pour beaucoup dans l'estompage d'une position dont les retombées furent minces. Or, les années passant, cette position de carrefour, déjà assez exceptionnelle, s'est grandement bonifiée par la mise au gabarit autoroutier de l'ex N154, l'A19 devenant un maillon essentiel de la rocade méridionale du Bassin parisien. Montargis est dé-sormais en relation directe aussi bien avec le Nord-Ouest et la Grande-Bretagne, qu'avec le Centre-Est, le Nord-Est et l'Alle-magne. Dans le même temps, l'aménagement selon des normes autoroutières de l'ex N60 a été repris et achevé, rapprochant Montargis d'Orléans, ce que ne pouvait faire l'A19 : pas de péage, une distance bien moindre, une sécurité retrouvée. Enfin, la réouverture aux voyageurs de la relation ferrée Orléans-Châteauneuf, initiée dès 2012, s'est transformée en une relation Or-léans-Châteauneuf-Montargis par raccordement, via un court barreau, à la ligne autrefois directe entre Orléans et Montargis. Du coup, on prend conscience, en termes de structuration de l'espace, que l'axe ligérien, dans le prolongement de Nantes-Orléans-Châteauneuf, passe effectivement par Montargis (le Val, en amont de Châteauneuf étant dépourvu d'infrastructures notables). On prend surtout et enfin conscience des potentialités d'un espace où se croisent deux corridors majeurs de com-munication. Le choc de la crise énergétique et le retour du fret ferroviaire Si l'explosion du prix de l'essence n'a pas fait chuter sensiblement l'usage de l'automobile mais plutôt amené les constructeurs à produire des véhicules beaucoup moins gourmands et plus propres, le trafic des poids lourds n'est plus ce qu'il était : adap-tation moins efficace des moteurs face au prix du carburant, taxes « environnementales » accrues, normes salariales homogé-néisées en Europe… et surtout ré-émergence d'une concurrence qui s'était effacée : le fret ferroviaire. Au-delà du prix/km redevenu compétitif, une forte volonté politique et surtout le décongestionnement du réseau traditionnel du fait du transfert du trafic voyageurs « grandes lignes » sur les LGV ont concouru à une relance spectaculaire de ce fret ferroviaire. Pour le Mon-targois, la ligne électrifiée Paris-Nîmes, au trafic très allégé par l'entrée en service du POCL, s'est retrouvée bien placée pour bénéficier de cette évolution majeure. De même pour la relation Orléans-Châteauneuf-Montargis loin d'être saturée par un trafic voyageurs infra-départemental, et permettant des relations « fret » avec tout le Grand Ouest et le Grand Sud-Ouest. La réactivation de ce carrefour ferroviaire fut décisive. L'intérêt porté au Montargois par les investisseurs étrangers Le croisement de deux autoroutes méridiennes et de deux autoroutes transversales, complété par une réhabilitation ferro-viaire, le tout éclairant d'un jour renouvelé les avantages de la proximité parisienne, n'a pas échappé aux investisseurs étran-gers, car sans équivalent dans le Bassin parisien. Alors même que les investisseurs nationaux continuent à percevoir Montargis comme un bout du monde périurbain, sans plus, les Allemands y investissent, intéressés par cet axe permettant la liaison entre leur pays, les Grands Ouest et Sud-Ouest et l'Espagne en évitant Paris sans le bouder. Les Anglais réagissent de la même manière, par rapport au grand Sud-Est cette fois-ci, depuis que l'ex N154 est devenue un axe à caractère autoroutier. Mais beaucoup plus décisive a été l'arrivée des Chinois. Et à la différence de ce qui a pu se produire ailleurs, ce ne fut pas un mirage. Ce n'est pas pour rien que le vice-premier ministre chinois a fait le déplacement. Il faut bien voir que, vu de Pékin, Montargis n'est pas une simple petite ville, à la rigueur moyenne, telle que perçue ou ignorée par les Français. Elle a accueilli dans l'entre-deux guerres nombre des futurs acteurs de la Révolution chinoise, dont Zhou En Laï, qui à partir de la France fonda ici le PCC, ou Deng Xiao Ping qui deviendra plus d'un demi-siècle plus tard le chef suprême, de fait, de la République populaire… Comme ouvriers chez Hutchinson, ils vinrent surtout se former politiquement dans le

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pays de l'autre grande Révolution, mais aussi l'un des pays de la révolution industrielle. Ainsi, Montargis figure en bonne place dans l'historiographie de la révolution chinoise, et y investir relève autant du symbole que de la stratégie industrielle. Un tel investissement ne saurait donc souffrir d'un quelconque renoncement de dernière heure, ou se limiter à une opération mi-neure. Celle-ci se fit sur la base des deux principales filières existantes. D'une part, celle du caoutchouc, valorisant l'action déjà no-table de l'ancien pôle de compétitivité « Elastopôle » qui avait promu l'axe Clermont-Ferrand/Montargis parallèlement à l'en-trée de la Chine dans les capitaux de Michelin et de Total-Hutchinson. D'autre part, la filière pharmaceutique, avec une al-liance originale entre les acquis de la chimie européenne et les traditions de la pharmacopée chinoise, dans un contexte rendu encore plus favorable par un pôle de compétitivité « Cosmétique » devenu mature, par la proximité du Conservatoire National des Plantes médicinales de Milly-la-Forêt et par la recherche d'une médecine plus douce et moins coûteuse pour la société. Au total, le complexe industriel né de ces synergies est impressionnant, induisant nombre de PME sous-traitantes. Mieux encore, ce complexe qui doit beaucoup au volontarisme des acteurs locaux et des Conseils général et régional, s'inscrit dans un dispositif d'accueil innovant des familles chinoises, favorisant une osmose bien éloignée des juxtapositions commu-nautaires habituelles. La mise en place d'une boucle vertueuse de rétroaction L'impact au plan démographique est d'emblée considérable, et s'ajoute à une attractivité « résidentielle » renforcée, propre à une situation de frange francilienne. Les projections effectuées par l'INSEE au début de 2012 et plaçant le Montargois au pre-mier rang des bassins de vie de la région Centre sont largement dépassées. Les effets sur le tertiaire résidentiel « banal » sont rapides et importants. Un tertiaire « intermédiaire », assez peu développé jusque là, émerge notamment dans le domaine des services aux entreprises et de la logistique-stockage (y compris ferroviaire). L'investisseur chinois ayant conditionné son im-plantation à la création de formations d'enseignement supérieur technologiques, une antenne intégrant IUT et licences pro-fessionnelles est mise en place par l'Université d'Orléans. Conséquemment, les liens entre Montargis et Orléans, déjà favori-sées par des infrastructures de transports de premier ordre, se resserrent. Une boucle systémique bénéfique à tout le Montargois s'est ainsi mise en place, l'afflux de population créant un potentiel de main d'œuvre disponible intéressant pour de futurs autres investisseurs. L'axe industriel Montargis-Nogent-Gien-Briare qui fut jadis réalité du fait d'une N7 alors principal axe méridien de l'Hexagone retrouve cohérence et dynamisme, restructurant l'en-semble du Loiret oriental. Face à la pression démographique, les acteurs, enfin sensibilisés à une gestion « durable » du fon-cier, œuvrent dans le sens d'une restructuration/densification de l'agglomération montargoise et orientent l'urbanisation du reste du bassin de vie en s'appuyant sur deux bi-pôles : Bellegarde-Ladon, Ferrières-Dordives, et sur trois pôles plus mo-destes : Nogent, Courtenay, Châteaurenard. Enfin, la nouvelle notoriété du Montargois encourage les mêmes acteurs à en parfaire l'image via le tourisme, les loisirs et la culture. Jadis simple espace d'accueil de résidences secondaires de week-end, le Gâtinais reprend conscience des atouts que sont les canaux du Loing et d'Orléans, et l'arboretum national des Barres. L'idée de promouvoir une image à partir de l'arbre, esquissée avec Arboria au début du siècle, est reprise et associée à celle de l'eau et du tourisme fluvial. La restitution à la navi-gation de la totalité du canal d'Orléans intègre du même coup la Forêt d'Orléans à l'image précédente, et fait de la « Venise du Gâtinais » une appellation qui prête moins à sourire. Un véritable port de plaisance est aménagé à la jonction des deux ca-naux, répondant à celui de Briare dont l'activité a décollé plusieurs décennies auparavant. Depuis Paris, il est désormais pos-sible de rejoindre la Loire à Orléans, et au-delà - Loire à vélo oblige - la région des châteaux. Il est également possible, toujours depuis Paris, par les canaux latéral et du Centre-Est, et/ou les cheminements amont de la Loire à vélo, de rejoindre les reliefs et monuments du Sancerrois, de la Bourgogne, du Bourbonnais. Dans les deux cas, le mixte « tourisme de nature/tourisme culturel » via des modes vertueux de déplacement a un grand succès, au profit bien compris de Montargis dont le carrefour, autoroutier et ferroviaire, s'est ainsi enrichi d'un système de canaux à trois branches. En 2030, Montargis et le Montargois, à tous points de vue, ne sont plus les parents pauvres d'un département du Loiret désor-mais mieux équilibré encore qu'il ne l'était. Ils affirment du même coup une appartenance désormais indiscutée à la région Centre sans pour autant bouder les bénéfices que lui confère la proximité parisienne.

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Réalité Augmentée Un peu d’histoire

D ’abord village Carnute, puis gallo-romain, Pithiviers tire son nom du gaulois et se traduit par « Les 4 chemins ». Il se situait en effet au croisement des voies qui allaient d’Orléans à Reims d’une part et de Sens à Rennes d’autre part. C’était au temps où Paris était Lutèce et les chemins, qu’on parcourait à cheval ou à pied, bien différents d’aujour-

d’hui. A la charnière de la Beauce et du Gâtinais, c’était au cours des siècles qui ont suivi, un centre marchand important. Si les marchés et foires de Pithiviers existent encore aujourd’hui, elles n’ont plus le lustre et l’importance d’antan. En 1870, le chemin de fer Orléans-Malesherbes apporte une nouvelle activité. Suivra en 1905 une liaison Pithiviers-Etampes, mais ces deux lignes seront abandonnées en 1969. Seule subsiste aujourd’hui une liaison fret entre Orléans et Pithiviers. Pithiviers est nationalement connue à divers titres. La renommée la plus solide lui vient sans doute de sa pâtisserie. Le pithi-viers étant mangé chaque année à des milliers d’exemplaires en tant que « galette des Rois » (du moins dans une grande moi-tié nord du pays). Le nom de la ville a aussi été largement popularisé par l’attribution de ce patronyme à Jean Lefebvre, héros malgré lui dans la série de la 7ème compagnie, devenue culte avec les années. Puisque nous sommes dans le cinéma, j’ajouterai une anecdote moins connue, celle de Pierre Fresnay alias Baptiste talon dans le film « Les vieux de la vieille » mis à la retraite (à son corps défendant) par la SNCF après avoir « fait » pendant 35 ans la ligne Pithiviers-Etampes-Pithiviers. Enfin Pithiviers est aussi tristement célèbre pour avoir été avec sa voisine Beaune-la-Rolande un des camps où furent internés les juifs raflés au Vel d’Hiv avant leur déportation vers les camps allemands. Et maintenant Sous-Préfecture et chef-lieu de canton, statut qui lui amène plusieurs administrations (dont certaines remises en cause assez récemment) la ville de Pithiviers a connu un développement industriel de bon niveau pour sa taille. Inspiré sans doute par l’histoire du Saint Ermite Grégoire qui, venant d’Arménie, se serai installé dans une grotte près de Pithiviers et y aurait inventé la recette du pain d’épices, « Papy » Brossard y installa une biscuiterie devenue célèbre et qui offre toujours quelques cen-taines d’emplois. L’industrie pharmaceutique (3M Santé, Isochem, Orgapharm) amenèrent un certain dynamisme dans le dé-veloppement de l’emploi qui fit croître la population de la ville jusqu’à plus de 10 000 habitants en 1975. Mais depuis cette date elle a baissé assez significativement pour atteindre 8 800 personnes en 2006 et stagner autour de ce niveau depuis. La cause en revient sans doute au retrait de l’industrie pharmaceutique et au manque de dynamisme général du bassin d’emploi. Le reste du bassin est assez dispersé et aussi atone, à l’exception de Malesherbes situé à 18 km au Nord-Est de Pithiviers et qui compte quand même 6 000 habitants environ. La vie économique de cette ville est principalement orientée autour de l’Im-primerie Maury (1 500 employés) et des sociétés connexes Ets Brun (reliure) et Interforum (distribution). A noter que le RER D a son terminus à Malesherbes (73 km de Paris). Cet avantage est en partie obéré par le fait que cette destination étant située dans le Loiret, les voyageurs ne bénéficient pas de la carte orange, ce qui rend les déplacements assez onéreux. Malheureusement Pithiviers n’est plus le carrefour des « Quatre chemins ». Les trajets Orléans /Reims et Sens/Rennes ne sont plus des axes prioritaires. Les liaisons ferrées avec Etampes et Malesherbes ont disparu, et la construction de l’autoroute A19 qui passe à proximité n’a, pour l’instant, pas apporté l’activité attendue faute de drainer une circulation importante. Pithiviers ne peut pas non plus compter sur la proximité d’Orléans qui est quand même à 40 km. Pour le futur Ce qui maintient aujourd’hui Pithiviers à son niveau actuel, c’est le fait qu’elle soit une Sous-Préfecture. Mais ce statut risque d’offrir de moins en moins de protection, le regroupement des administrations publiques pour des raisons économiques conti-nuant à être une menace certaine, surtout si la ville ne connaît pas de croissance ou continue son déclin. L’Hôpital local en est un exemple. Bien qu’ayant développé des partenariats avec d’autres (Orléans, Montargis) et bénéficiant d’un plateau tech-nique correct, son avenir est incertain ne serait-ce que par manque de spécialistes. Pour croître à nouveau on peut évoquer 2 pistes : Si l’on veut parier pour une forme de ré-industrialisation de ce bassin, le plus logique c’est de s’orienter vers le développe-ment des industries agro-alimentaires à l’instar de la biscuiterie Brossard, mais surtout dans le développement d’entreprises fabriquant des équipements agricoles en capitalisant sur le pôle existant autour de Galva 45 (entre 100 et 200 salariés) établi à Escrennes, au sud de Pithiviers et à toute proximité de l’A19 pour profiter de la proximité de la Beauce et de ses cultures. La fabrication de matériel agricole est moins évidente, cependant on pourrait aussi développer des activités dans le domaine de l’entretien/maintenance de ces machines, domaine qui reste sous occupé. La population ouvrière existe, la difficulté sera la formation, l’offre d’éducation étant assez peu développée. L’amélioration de la liaison routière avec Orléans pourrait, sans être déterminante, faciliter les échanges avec la zone écono-mique la plus proche. Par ailleurs, l’autoroute A19 doit permettre l’implantation d’entreprises de transport et de logistique, mais à la condition que

Bassin de Pithiviers

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d’une manière ou d’une autre le coût des péages soit fortement réduit, voire supprimé. Faute de quoi la RN60 sera toujours privilégiée pour le trajet entre l’A6 et l’A10 (même via Michelin recommande ce dernier itinéraire). A moins que la taxe appli-quée prochainement aux transports routiers ne vienne changer la donne et justifier l’usage de cette autoroute. Concernant Malesherbes, située aux confins du département, son avenir dépend évidemment du maintien et du dynamisme de l’Imprimerie Maury. Sachant quand même que ce type d’industrie est confronté au développement de l’informatique dans la diffusion de la presse et du livre. Mais par ailleurs, sa liaison par le RER D avec Paris devrait là aussi être mieux exploitée pour développer éventuellement l’implantation d’entreprises, mais aussi pour attirer des populations qui, résidant sur Males-herbes, continueraient à travailler à la capitale. Ce développement est possible à la condition de résoudre le problème du coût de transport en faisant en sorte que la destination puisse bénéficier de la carte orange. Par ailleurs, on peut penser que le développement de la région Parisienne s’accélérant, les facteurs qui amènent la population, voire les entreprises (de service en particulier), à s’installer aux franges franciliennes s’accroissent également. Dans ce cas Ma-lesherbes et les autres petites villes du Nord du Bassin devraient participer à ce développement. Conclusion La croissance étant sans doute atone pour plusieurs années, les occasions de développer ce bassin qui se trouve un peu isolé de tout ne sont pas nombreuses. Le passé de Pithiviers s’étant construit sur sa situation de carrefour, il apparaît opportun de faire en sorte que les flux de déplacements irriguent à nouveau cette zone pour y recréer une dynamique. Quant au Nord du bassin, le développement dépend clairement plus de la région Parisienne que du rayonnement d’Orléans.

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Réalité décalée

Samedi 15 juin 2030, le vol AF 2013 en provenance de BUENOS AIRES est en approche de l’aéroport international d'Orly. A son bord le comité de pilotage de l'industrie de Pithiviers dont son maire Guillaume PHOTO qui est aussi un éminent professeur de radiologie dans un grand hôpital parisien. Cette équipe revient d'Argentine où elle a présenté l'activité industrielle du médical de Pithiviers. Après l’atterrissage, Monsieur le maire rejoindra Pithiviers en un temps record. Le grand Paris ayant permis de rapprocher les villes de la 2ème couronne. Le maillage de cet ensemble avec les transports régionaux a été mis en service en 2020. Monsieur Le maire sera à l'heure afin d'inaugurer le nouveau multiplex culturel et sportif. Cette structure peut accueillir 20 000 personnes pour les manifestations culturelles et 15 000 pour les manifestations spor-tives. Cette formalité terminée, il se dirigera en tramway vers la « Médical Valley » afin de poser la 1ère pierre du nouveau bâti-ment du complexe industriel TMR (Thalès Médical Recherch) portant les capacités d'emploi de celle-ci à 3 000 personnes, pour ensuite enfin regagner sa mairie où l'attend toute l'équipe municipale. Il pourra profiter enfin de sa belle ville où il fait si bon vivre. Mais comment en est-on arrivé là ? En 2014, Guillaume PHOTO est candidat à la Mairie de Pithiviers sur un programme de redynamisation de la ville. Il faut voir que depuis les années 1990 la situation économique du secteur n'a fait que péricliter. Mais la crise, après l'élection municipale, va mettre à mal ses projets et accentuer la fermeture de commerces, la destruction d'emplois industriels et artisanaux et le départ des jeunes vers d'autres horizons. La morosité s’installe. Le jeune maire de 45 ans continue ses activités médicales dans la capitale et un jour, lors d'un salon professionnel en avril 2015, un événement particulier va l'interpeler. A l'entrée du salon, des syndicalistes interpellent les professionnels et distribuent un tract ayant trait à « l'imagerie médi-cale », par politesse, il le met dans sa sacoche. De retour chez lui, lors de la préparation de ses documents pour le lendemain, son attention est attirée de nouveau par ce document rouge. Il prend alors le temps de le lire une fois, une 2ème fois et encore une fois. Sa curiosité d'expert en radiologie est piquée et il se connecte alors sur le blog « imagerie médicale » afin de satisfaire cette curiosité. A la suite de cette recherche sur le web, il décide de prendre contact avec le responsable indiqué sur le blog. Un rendez-vous est pris pour l'organisation d'une réunion avec les membres du groupe de travail au mois de juin. A l'issue de celle-ci, la décision de porter ce projet est prise et le radiologue décide d'activer tous les réseaux à sa connaissance (anciens étudiants de la promotion, personnel enseignant, collègues professionnels, etc...), l'organisation syndicale en fait de même et un large maillage envahit tout le pays. Les médias tenus au courant de ce phénomène relaye sans relâche l'ensemble des infos. Des rencontres avec le monde poli-tique s'organisent dont le ministre du développement productif, Arnaud MONTEBOURG. Celui-ci finit par décider le gouvernement de s'engager dans cette aventure et une rencontre entre l'état et le PDG de la socié-té Thalès a lieu. Après plusieurs mois de discussions, la société TMR (Thalès Médical Recherch ) est créée, filiale à 50 % Thalès et 50 % étatique. Le lieu d'implantation de la nouvelle société doit être examiné, le maire de Pithiviers fait alors valoir les avantages de sa com-mune, foncier disponible, proximité de Paris, des universités et du CNRS d'Orléans. Les collaborations avec le CEA de Saclay et le plateau Medicen sont formalisées. Les travaux s'engagent en janvier 2016 et dans un même temps, le maire engage la commune dans un vaste chantier de réha-bilitation des logements et bâtiments publics. 2017 voit l'inauguration de l'usine TMR, l'installation d'entreprises sous traitantes et le regain des entreprises artisanales et de commerce. La dynamique rêvée lors de son élection est en marche. Soudain un haut-parleur annonce « Orléans terminus du train, vérifiez de n'avoir rien oublié à votre place », je me réveille et comprend que ce scénario n'était qu'un rêve. Mais quel beau rêve!

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Et si on faisait en sorte que ce rêve devienne une réalité Les élections municipales auront lieu en 2014 et ce scénario peut être un programme volontariste pour re-dynamiser le sec-teur de Pithiviers. Ce bassin d'emploi a des atouts, proximité de l'Ile de France, foncier disponible et cadre de vie agréable. Il ne manque plus que la volonté politique de développer cette industrie en France.

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Réalité augmentée

C onsciente qu’un développement plus équilibré du territoire passe par une plus grande synergie entre les communes, Agglopolys décide d’étendre son périmètre d’action en encourageant les communes limitrophes à rejoindre la commu-nauté d’agglomération. De 46 communes en 2013, l’objectif souhaité est d’atteindre les 70 en 2030.

Cette volonté s’appuie sur 2 constats : - D’une part la baisse des dotations de l’Etat et les différentes réformes de décentralisation ont encouragé (obligé) les acteurs locaux à travailler ensemble. - D’autre part, l’élaboration d’un diagnostic territorial partagé par tous, au travers de la réflexion de prospective « Loir-et-Cher 2020 » et des différents schémas régionaux, ont permis de dégager des priorités d’actions et les leviers de développement sur lesquels s’appuyer. Une position géographique stratégique et un développement organisé du territoire Situé entre les deux grandes agglomérations de la région, le développement du bassin ne pouvait passer que par une coopéra-tion entre tous les acteurs de l’axe ligérien. Partant du constat que les aires urbaines entre Tours et Orléans étaient désormais contiguës, les élus blaisois encouragent l’institutionnalisation de cette entité en militant pour la constitution d’un pôle métro-politain, devenu possible suite à la réforme territoriale de décembre 2010. Ce renforcement de la coopération territoriale s’effectue en intégrant Vendôme (et sa gare TGV) à l’ensemble des débats. Cette politique doit permettre de maintenir l’offre de transport entre les agglomérations tant au niveau routier que ferroviaire avec la modernisation des trains et les efforts réa-lisés en matière de régularité et de respect des horaires. Cette politique de transport se réalise également au niveau du bassin lui-même. Dans un contexte d’augmentation continue des prix de l’énergie, l’étalement urbain se poursuit même si son rythme semble se ralentir. L’autorité de transport de l’agglo-mération décide donc d’accélérer les adaptations de son réseau. Une concertation est engagée avec les TUB (Transports Ur-bains du Blaisois) afin de développer, en parallèle de l’extension du périmètre géographique, les modes de transports collec-tifs. Le but étant qu’en 2030, un réseau en étoile se soit constitué pour desservir les pôles secondaires jusqu’au centre de Blois en passant par les zones d’activités de la première couronne. Certaines lignes devront même dépasser le cadre du bassin en reliant les villes de Vendôme et Romorantin devenus lieux d’habitations pour certains salariés blaisois. Mais le transport collectif n’étant pas adapté pour tous, une politique d’aide et d’encouragement est également mise en œuvre pour favoriser le développement de l’auto-partage, du covoiturage, du transport à la demande ou bien encore de taxis collectifs. De même, la redécouverte des services itinérants (boulangerie, produits frais, etc.) doit permettre à chacun de profi-ter des services essentiels à la vie quotidienne. Des leviers stratégiques à développer Malgré sa taille relativement modeste, le bassin dispose d’une structure d’enseignement supérieur assez conséquente et di-versifiée (Ecole nationale d’ingénieurs, classe préparatoire, CFA agricole, Lycée hôtelier, Ecole nationale supérieur de la nature et du paysage, antenne universitaire…). Ce sont en tout près de 3 400 étudiants qui sont présents sur le territoire. Sans vouloir rivaliser avec Tours et Orléans, les acteurs du bassin décident de maintenir les efforts réalisés pour développer l’enseignement supérieur à Blois. Un tel pari, dans un contexte de concentration des pôles universitaires, est certes loin d’être gagné mais tous se mobilisent pour attirer de nouveaux étudiants. Le Centre de promotion de l’enseignement supérieur de Blois, soutenu par la ville de Blois, le Conseil général et la Chambre de commerce et d’industrie, est en première ligne. Sans réellement se fixer d’objectifs chiffrés, le bassin décide de jouer sur ses atouts de ville à taille humaine tout en promouvant le caractère culturel de la cité (Rendez-vous de l’Histoire, festival « Tous sur le pont », patrimoine historique…). A l’opposé, et confrontés comme partout ailleurs à un vieillissement de la population, les acteurs du bassin décident en paral-lèle de maintenir l’attractivité du territoire pour les retraités, considérés désormais comme un facteur de développement. Les équipements de santé (hôpital, polyclinique, maisons de santé…) sont pour l’instant maintenus et des efforts sont réalisés en matière de télémédecine. Le personnel médical, vieillissant dans les années 2010, commence à être remplacé grâce à une poli-tique visant à encourager l’installation de médecins (mesures incitatives de l’Etat, campagne de promotion du territoire dans les facultés de médecine, aide à l’installation, etc.). S’appuyant également sur une politique de rénovation et de réhabilitation des logements mise en place dans les années 2000, le bassin est désormais en mesure de proposer un habitat adapté pour tous (rénovation des quartiers nord de Blois, reconversion de friches industrielles, création de « zones seniors »). Associé à un bon réseau de services à la population, à un cadre de vie agréable et à « l’image d’Epinal » du Val de Loire, le territoire de-meure une terre d’accueil pour les retraités. Mais ces différentes mesures permettent aussi de renforcer l’attrait du territoire pour les jeunes couples et les actifs. En effet,

Bassin de Blois

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les efforts réalisés par le territoire pour s’adapter et réagir face au phénomène inévitable du vieillissement peuvent également servir pour attirer toutes les catégories de population. Le message adressé est simplement différent. Une politique de valorisa-tion du territoire est donc mise en œuvre pour attirer de jeunes actifs en insistant sur le dynamisme de la vie culturelle et asso-ciative, la proximité de Tours et Orléans, le cadre de vie, etc. Sans en attendre des résultats spectaculaires, le but est de limiter la perte d’actifs et d’assurer une évolution démographique du territoire plus équilibrée. Des faiblesses à compenser Malgré son relatif dynamisme, le territoire souffre toujours de lacunes, qui demeurent en dépit des actions volontaristes des acteurs locaux. C’est notamment le cas au niveau économique. Des mesures ont bien été prises et le bassin dispose désormais d’une couverture numérique très performante (haut débit et fibre optique), d’un nombre important de zones d’activité et d’un foncier mobilisable rapidement. Cependant, la structure économique présente sur place, orientée en partie sur l’industrie, ne connaît pas de développement majeur et le nombre de salariés dans la sphère productive poursuit son lent déclin. Bien cons-cient qu’une économie ne peut pas progresser uniquement sur « l’or gris », le bassin met en place des actions pour attirer de nouvelles entreprises. Tout en menant des campagnes de sensibilisation des acteurs économiques sur l’attrait du Blaisois, l’innovation et la R&D sont encouragés en particulier dans les PME. La proximité de 2 pôles de recherches (Tours et Orléans) est un atout à valoriser en favorisant les liens entreprises / universités. Le bassin s’engage donc dans une démarche proactive pour repérer et développer les talents présents sur place. Le but étant également de se préoccuper des entreprises déjà instal-lées, de comprendre leurs besoins, de repérer leurs spécificités et d’imaginer avec elles les moyens de se diversifier. Le territoire disposant de nombreux atouts, les acteurs politiques, économiques et sociaux du bassin ont fait le choix de ne pas se focaliser sur une seule catégorie de population mais bien d’être une terre d’accueil pour tous afin de maintenir une évolu-tion démographique équilibrée. La figure de la « métropole jardin » demeure dans les esprits comme un idéal de développe-ment.

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Réalité décalée Un territoire redessiné

A près avoir tenté de supporter les charges nouvelles de transport, une très grande partie de la population entame un mouvement migratoire vers les centres plus importants où vers les axes de transports collectifs. Ce mouvement com-mence à s’auto alimenter notamment par la raréfaction de certains services. Ainsi les premières fermetures de

classes, d’écoles accélèrent ces départs. Ces mouvements ne sont pas réguliers car ils obéissent aux écarts produits entre le surcout de la dépense de transport, le coût de l’habitat en centre ville qui ne cesse d’augmenter et - pour ceux qui sont propriétaires - la moins value sur des zones où personnes ne veut plus aller. Sur le bassin de Blois on assiste à une extension accélérée de l’agglomération qui peine à accueillir toutes les communes qui, notamment pour des questions de transport, souhaitent adhérer. Les territoires les plus éloignés se retrouvent confrontés à eux-mêmes et réagissent comme ils le peuvent. Ainsi le sud du bassin se regroupe sur l’axe de la vallée du Cher afin de profiter des transports collectifs vers Tours et Vierzon-Bourges. Au nord du bassin, la faible densité de population et le manque de pôle fait que ce territoire se dépeuple et se concentre uniquement sur des activités agricoles, obérant sa capacité à rebondir par la suite. Une économie malmenée La pression mise sur le coût du carburant impacte immédiatement le secteur de la construction automobile. L’industrie automobile, après avoir subi des restructurations importantes dans les années 2020, est touchée de plein fouet. Ce secteur est presque en panne et les plans sociaux se succèdent. Après avoir cessé tout emploi d’intérimaires, rapatriés les pro-ductions externalisées – condamnant par là même les sous-traitants de rang inférieur, beaucoup d’équipementiers présents sur Blois disparaissent. Toutefois certaines entreprises dont l’activité en ce domaine porte sur des produits de très haute tech-nologie continuent leur activité. Une aubaine économique Le prix des énergies modifie complètement le processus engagé depuis 2012 qui devait limiter le poids du nucléaire dans la production d’électricité. Les progrès en termes d’énergies renouvelables, couplés aux rénovations de l’habitat, ont permis d’approcher les objectifs. La nouvelle donne change profondément la situation et l’Etat vient de décider la reprise d’un grand programme d’investisse-ment nucléaire, financé sur un grand emprunt international. Cet investissement est destiné, par un changement modal de con-sommation de l’énergie, de limiter le recours au pétrole et au gaz. Afin de conserver les capacités de production de Saint Laurent, la construction de 2 réacteurs nouveaux sur l’emplacement désormais libéré des anciens réacteurs graphite-gaz a été décidée. Deux autres seront par la suite construits sur l’emplace-ment des réacteurs dont la déconstruction devrait démarrer en 2043 après 30 ans de fonctionnement. Ce chantier devrait con-cerner près de 5 000 emplois directs et indirects et autant d’emplois induits. La présence de l’INSA, constitué en 2014 sous forme d’un EPCSCP (Etablissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel) a permis de maintenir un pôle d’activité dans les domaines du génie des systèmes industriels, de la maîtrise des risques industriels et de la sécurité informatique. Un système par apprentissage vient compléter les cursus classiques. Cet éta-blissement est né de la fusion de l’Ecole nationale supérieure d'ingénieurs de Bourges (ENSIB) et l’Ecole nationale d’ingénieurs du Val-de-Loire (ENIVL). Sur Blois plus de 700 étudiants sont concernés. De nombreuses petites et moyennes entreprises se sont créées et travaillent très étroitement avec l’INSA. Une gouvernance qui se durcit Les relations politiques et administratives entre certaines collectivités se tendent. Malgré un appel à la cohésion on assiste à quelques replis sur soi, chacun tentant malgré tout de sauver ce qui peut l’être, de capter ce qui se présente. Le poids de l’agglomération blaisoise ne laisse pas de place à son propre bassin, rejetant vers les extérieurs ceux qui ne peu-vent pas intégrer une agglomération qui a décidé de limiter son extension pressée par le poids de transports collectifs mais également par la baisse de ses recettes. Sur le reste du département l’agglomération blésoise se conduit comme se conduisent Tours et Orléans à son égard : en con-current implacable. Toutefois on s’aperçoit que renaissent quelques coopérations sur les franges périphériques et que la ville centre commence à négocier avec ces territoires pour éviter une trop grande concentration humaine sur son territoire. La Région, autorité de transport hors des agglomérations, concentre ses efforts sur le rail, complétant par un système routier. Son poids, après avoir fortement progressé suite à la disparition en 2027 des Départements, se trouve désormais cantonnée à assurer une continuité dans les territoires non couverts par les agglomérations, c’est-à-dire dans les zones économiquement les plus fragiles. La gestion du sanitaire et du social pose de plus en plus de problèmes dans les zones interstitielles.

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L’Etat, concentré sur des fonctions régaliennes, n’est plus en mesure de conduire une politique de péréquation sur son terri-toire, laissant ce soin aux Régions, sans toutefois leur en donner les moyens. Une population qui renoue avec le collectif La première réaction, face au changement brutal a été le repli sur soi. C’est ainsi que l’on a constaté des migrations en forte progression dont on peut mesurer désormais les mécanismes économiques : les plus aisés ont réagi plus vite, ayant les capaci-tés financières de ce changement. Cette réaction individuelle s’est asséchée progressivement par la difficulté économique de procéder à ces changements. Dès lors ceux qui sont restés par choix ou par contraintes se sont organisés collectivement, surtout sur la partie du bassin se situant hors agglomération. Ceci se vérifie notamment sur les transports ou le covoiturage se développe là où le système de transport en commun fait défaut. Mais cela se vérifie également sur les activités de garde d’enfants, d’activités culturelles et sportives. On a même pu voir la détermination des parents de Châteauvieux s’organiser pour faire classe aux jeunes de la com-mune après la fermeture de la dernière classe. Ce mouvement opéré sous la contrainte d’un changement très rapide permet d’atténuer certains effets d’une période très incertaine. Il n’est pas prouvé qu’un retour à meilleure fortune collective annihile ces transformations.

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Réalité augmentée

P rès de 10 ans après la fermeture de Matra, les élus et la population restent encore marqués par ce qui fut ressenti comme un désastre et c’est en lançant à nouveau un « cri d’alarme » que le maire de Romorantin, Jeanny Lorgeou ouvrait le forum participatif le 1er février 2011.

S’il est vrai qu’avec un taux de chômage de 11,6 % 1, supérieur à la moyenne régionale (10,2 %), le territoire demeure fragile, son solde migratoire positif (+ 0,2 %) 2, montre qu’il reste néanmoins globalement attractif. Cette relative robustesse, résultat sans doute pour partie de l’attitude volontariste des élus et de l’Etat, provient pour une large part de l‘attachement des popu-lations à leur territoire. Avec ou sans Matra, Romorantin se veut demeurer la capitale de la Sologne, situation à partir de laquelle Romorantin et son bassin se sont construits, situation qui, associée à la proximité de l’axe ligérien (Orléans, Blois, Tours), et du Berry (Bourges Vierzon) constitue toujours le principal levier de redressement et de développement. Bref retour sur le passé - L’histoire économique et industrielle de Romorantin tient beaucoup plus à des atouts « affectifs » ressentis comme essentiels par les décideurs et /ou entrepreneurs (attachement au milieu naturel et au mode de vie) qu’à des caractéristiques spécifiques particulières au profit de telle ou telle activité. - L’implantation de Matra à Romorantin en est l’illustration puisque cette localisation ne provient pas d’une vocation particu-lière du territoire orienté vers l’industrie automobile, mais beaucoup plus de l’attachement de Sylvain Floirat à la Sologne où il possédait une propriété, ce qui le conduisit tout naturellement, en tant que Vice-Président de Matra, à saisir l’opportunité des locaux de l’entreprise de textile Normant, devenus disponibles après sa fermeture. - Les lourdes pertes d’emploi, survenues il y a 10 ans (près de 6 000 avec Matra, GIAT et MBDA) ont été provoquées par l’évo-lution conjoncturelle ou structurelle des métiers de ces grandes entreprises (évolution inhérente à la notion même d’entre-prise, et représentant un risque d’autant plus sensible que la taille de ces entreprises était importante par rapport à celle du bassin) et non d’une soudaine perte d’attractivité de Romorantin qui aurait conduit à des délocalisations au profit d’autres territoires. La situation d’aujourd’hui Les atouts de l’attractivité de la zone d’emploi de Romorantin demeurent ce qu’ils ont toujours été : l’environnement naturel et la qualité de vie d’un territoire revendiqué comme le cœur de la Sologne, territoire auquel les habitants sont particulière-ment attachés, en connexion et complémentarité avec l’axe ligérien (Orléans, Blois, Tours) et le Berry. De cette situation découlent trois leviers de consolidation et de développement : l’activité présentielle, le tourisme et l’activité économique, trois axes ayant chacun leur rôle sans qu’aucun ne soit ni suffisant ni déterminant mais dont l’interaction devrait pouvoir conduire à une dynamique durable. L’activité présentielle L’attirance de certaines populations pour le milieu naturel de la Sologne, son cadre et mode de vie, le maillage de petites villes assurant une couverture de services essentiels, un coût modéré de l’immobilier sont des facteurs qui jouent en faveur de l’ac-cueil en particulier de retraités de bons ou moyens niveaux de revenus, qu’il s’agisse du retour au pays de natifs ayant fait car-rière ailleurs ou de nouveaux résidents venant notamment de la région parisienne ; des retraités, mais pas seulement car cette attirance joue également pour des actifs ayant un emploi hors du bassin mais choisissant de vivre dans le bassin de Romoran-tin. Le tourisme La Sologne et le tourisme ont toujours eu des rapports ambigus dans la mesure où l’attrait des milieux naturels résiste mal aux fréquentations de masse. Les opérateurs professionnels savent jouer de cette ambiguïté pour la retourner en leur faveur, comme le font Center Parc ou le Zoo de Beauval. Ce savoir faire, redouté et critiqué par certains est en réalité incontournable si l’on veut que les atouts touristiques de ce territoire soient véritablement porteurs d’emplois et de valeur ajoutée. La volonté du maire de voir aboutir son projet de Magasin d’usine « Centre des marques » est tout autant un projet écono-mique que touristique dont l’aboutissement serait en résonance favorable avec l’implantation d’Ikea à Ardon, au sud d’Or-léans.

Bassin de Romorantin

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L’activité économique L’image négative du départ de Matra devrait être surmontée et devrait cesser d’être vécue comme une injustice mais seule-ment comme le revers de la chance inattendue que fut son arrivée. La véritable richesse économique endogène du bassin de Romorantin réside dans la diversité de ses PME enracinées locale-ment par l’attachement au territoire de leurs dirigeants et de leur personnel. La mise en réseau de ces entreprises, qu’il s’agisse de réseau de proximité et/ou de réseau de spécialité et leur mobilisation en faveur du territoire serait un levier sinon spectaculaire du moins durable et porteur à moyen terme. Matra comme GIAT et MBDA ont montré que sur un territoire peu peuplé et de faible densité 3, les entreprises à gros effectif ne sont un atout qu’à court terme et que c’est bien le développement des PME en place et la création de nouvelles qui consti-tuent le socle d’une activité économique pérenne. Encore faut-il ne négliger aucun secteur, notamment la filière agricole de cultures spécialisées de pleins champs et de maraîchage à proximité d’un marché de 12 millions d’habitants. Mais il existe aussi une richesse exogène, celle des échanges domicile / travail entre Romorantin d’une part et Orléans et Blois d’autre part. Souvent présentée comme une migration subie par les résidents du bassin, « contraints » de travailler dans un autre bassin, elle peut être le résultat d’un choix d’habitat dans un bassin dont le cadre de vie serait ressenti comme plus favo-rable. Le développement de ces échanges est en lui-même un axe de développement tant économique que présentiel qu’il conviendrait d’encourager en facilitant les conditions de déplacement. Les conditions du renforcement territorial L’activité présentielle, le tourisme et l’activité économique, trois leviers qui ne permettront d’attirer des habitants, ou tout au moins d’en maintenir le nombre, qu’à certaines conditions nécessaires pour donner leur plein effet aux atouts naturels de ce territoire : - Améliorer la mobilité interne dans un espace vaste et peu peuplé : les déplacements vers Orléans, Blois, Tours, Vierzon doi-vent être facilités, principalement par des services efficaces de transport collectifs ou mutualisés (co-voiturage). - Veiller au maintien de la qualité des services de proximité qu’apporte le réseau de petites villes, et en particulier en matière de santé, d’autant que la pyramide des âges montre une population vieillissante 4 dont se nourrit l’activité présentielle. - Pour conserver ce bon niveau de service, maintenir la cohésion territoriale en renforçant les liens entre Romorantin et le tissu des petites villes qui l’entourent. - Imaginer et valoriser les opportunités économiques que pourraient et devraient apporter aux entreprises les grands axes routiers et ferroviaires qui traversent le territoire (A71, N20, POLT), mais aussi l’autoroute A85 et la ligne ferroviaire électrifiée Nantes-Lyon, deux axes structurant qui longent la vallée du Cher, le troisième côté du triangle Tours-Orléans-Bourges-Vierzon. -Enfin au lieu de se considérer comme parfois, « écartelés » entre Tours, Blois, Orléans et Bourges, les acteurs de ce territoire devraient au contraire tirer profit des complémentarités que lui procure cette position centrale. Conclusion Après le traumatisme qu’il a subi, le bassin de Romorantin avait besoin de l’aide et de la solidarité régionale et nationale pour passer un cap difficile. Mais en réalité c’est au sein de son propre territoire, de ses atouts, de la volonté de ses acteurs et de ses habitants que sont les véritables leviers du redressement dont la combinaison et l’interaction doit, dans la persévérance et la durée, apporter la voie de la consolidation et du redressement. 1 Chiffre INSEE 2009

2 Solde migratoire en perte de vitesse depuis les années 70

3 108 050 habitants en 2008, soit 4,2 % de la population régionale ; 40,3 habitants/km² contre 64,7 pour l’ensemble de la ré-gion Centre

4 28,4 % de la population a plus de 60 ans contre 23,7 % pour la région

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Réalité décalée

Un nouveau développement qui s’inscrit dans son histoire

E n 2015, suite à forte hausse du prix du baril, le sous-préfet a réunit tous les services de l’Etat et l’ensemble des acteurs économiques et associatifs du bassin pour anticiper les effets de la crise et prendre des mesures adaptées. Pour faire face aux problèmes immédiats, les habitants ont utilisé les services internet disponibles pour trouver des solutions : les

sites de covoiturage pour se rendre à leur travail, les sites de revente d’objets pour s’approvisionner moins cher… Mais ces solutions sont devenues difficiles car devant l’importance de la crise, ces sites n’arrivaient pas à suivre. Les mesures immédiates de proximité L’assemblée, après discussion, a conclu que la destiné de leur bassin dépendait aujourd’hui de la volonté des habitants de con-tinuer d’y vivre. Il fallait éviter que les plus démunis « émigrent » et aillent augmenter le nombre d’habitants pauvres dans la périphérie de Blois. Il fut décidé de proposer à Blois de mutualiser les transports afin d’assurer l’approvisionnement des mar-chandises et des habitants. La première étape fut de renforcer les transports collectifs pour permettre aux salariés de pouvoir se rendre sur leur lieu de travail sans avoir besoin de prendre leurs véhicules personnels. La fréquence et les itinéraires des transports furent modifiés. De nouvelles lignes de cars desservent aujourd’hui un itinéraire entre Blois et Romorantin en passant par Contres, un autre entre Romorantin et Montrichard. Un accord fut également conclu avec Orléans et Center parc pour assurer le transport des salariés, accord qui profite également au réseau de PME sur le parcours. Le renchérissement du coût énergétique s’est répercuté rapidement sur le prix des produits agricoles et agro alimentaires. Les conséquences étaient d’autant plus importantes qu’une partie de la population du bassin est peu qualifiée et le taux de chô-mage relativement élevé depuis une dizaine d’années. Des terrains communaux inoccupés ont pu être transformés en jardins partagés grâce aux paysagistes et jardiniers de la commune. Des éducateurs des foyers d’accueil d’adolescents les ont animés. Les habitants des quartiers pouvaient ainsi se rencontrer, travailler ensemble et profiter des légumes et petits élevages (poules et lapins). Les enfants des écoles ont été associés à ce chantier ; cela a facilité les relations entre leurs parents tout en les sen-sibilisant à la démarche de développement durable. Un autre problème préoccupant était la santé. Le déplacement en véhicule particulier devenant plus couteux, les habitants des zones éloignées du centre renonçaient à se déplacer et les appels d’urgence auprès des pompiers et du SAMU se multipliaient. Il fut décidé de faciliter le déplacement d’auxiliaires médicaux dans les zones les plus rurales, un centre téléphonique perfor-mant permettant de juger préalablement de la gravité des symptômes… Après cette première réunion, l’assemblée décide de faire le point régulièrement. Progressivement, les divergences institution-nelles et politiques s’estompent. Devant l’urgence des décisions à prendre, travailler ensemble devient plus facile. Une gouvernance partagée et participative Une réorganisation du système de santé Il fallait trouver une solution pour faire venir des médecins, et des personnels para médicaux supplémentaires. Le bassin souffrait déjà d’un manque de gynécologues et de pédiatres. L’hôpital avait également du mal à recruter des médecins, des anesthésistes, des chirurgiens et des urgentistes. Il devenait urgent, au-delà de l’hébergement temporaire déjà proposé aux nouveaux arrivants, d’envisager de mettre à disposition des logements de fonction. Le but était d’augmenter l’attractivité du territoire pour des médecins que la vie parisienne de plus en plus chère et les conditions de travail de plus en plus difficiles décourageaient et qui aspireraient à un autre cadre de vie. Une solution fut trouvée. La réhabilitation de l’usine Normant en plein centre-ville, après le départ de Matra, avait laissé des logements nouvellement construits sans acheteurs. La mairie a proposé de les mettre à disposition de ces médecins arrivants. Le résultat dépassa les espérances. Progressivement ces médecins sont devenus propriétaires de maisons en centre ville libé-rées par les personnes âgées et les logements de fonction continuent d’accueillir de nouveaux praticiens. Les résidences pour personnes âgées se sont remplies, créant de nouveaux emplois de proximité et permettant à des salariés de retrouver un em-ploi près de chez eux. Penser une nouvelle ville Grâce à la mobilisation d’un historien, les habitants ont repris confiance. En effet, à la renaissance, Romorantin a failli devenir la première ville de France, François 1er avait choisi de s’y établir et avait demandé à Léonard de Vinci, qui vivait à Amboise, de concevoir une ville nouvelle et une résidence royale sur les bords de la Sauldre. Léonard de Vinci a dessiné les plans d’un gi-gantesque palais à cheval sur les deux rives de la Sauldre, à l’ouest du château des Comtes d’Angoulême mais surtout, il conçut une ville « idéale » traversée par un axe central aquatique et par des canaux. Malheureusement, ce projet n’a pas été réalisé

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après la mort de Léonard de Vinci. On décida d’étudier ces travaux et de s’appuyer sur le projet « de ville en termes de flux d’eau, d’air, d’énergie et de créativité humaine, d’un centre de vie, de culture et de production agro-industrielle ». Seule la construction d’un moulin le long de la rivière locale fut engagée. Sur le feuillet 785b de son Codex Atlanticus, Léonard de Vinci présentait une liste d’industries pou-vant fonctionner grâce à la force motrice de l’eau. Aujourd’hui la scierie qui s’est installée a une activité florissante grâce au développement de l’éco conception. Conserver la tradition agricole, favoriser l’agriculture locale Toujours en s’inspirant de l’étude de Leonard de Vinci, il fut décidé, sur les bonnes terres agricoles, de favoriser l’implantation et le développement d’entreprises de culture biologique. Elles ont pu développer un marché devenu de plus en plus important avec les villes urbaines (surtout Blois). Renouer avec son passé industriel La réhabilitation de l’usine Matra du centre ville s’est poursuivie mais la crise avait diminué l’intérêt des promoteurs. Des habi-tants bénévoles ont travaillé avec les adolescents des centres d’hébergement et des artisans afin d’achever le centre culturel. Finalement à la demande des habitants des cours du soir ont été ouverts, cours d’anglais mais aussi de couture et de tricot à l’initiative de bénévoles souhaitant mettre à disposition des autres leur savoir faire. Des cours de réparation de vélo et d’autos ont ensuite été ouverts, assurés par des anciens ouvriers et techniciens de chez Matra. Les habitants aiment à rappeler la re-nommée de Romorantin du temps des 2 000 drapiers et des 3 000 salariés qui fabriquaient les fameux « espaces » dans les années 1990. Ils organisent des expositions de photos, qui attirent aujourd’hui des chercheurs et des salariés chinois représen-tants du personnel, intéressés par l’histoire industrielle de l’Europe. La crise favorise un nouvel essor industriel Enfin, le centre de déconstruction automobile, crée par des anciens cadres de l’usine Matra après sa fermeture assure la prise en charge complète des véhicules hors d’usages (de la gestion administrative à la valorisation des matières et la vente de pièces détachées). La vente de pièces détachées s’est développée mais c’est aussi grâce à l’ouverture d’un atelier de recondi-tionnement de voitures que le bassin connaît aujourd’hui un nouvel essor industriel. La baisse du pouvoir d’achat oblige les gens à conserver, à réparer leur véhicule mais aussi à acheter des véhicules de « deuxième vie ». Finalement, le bassin a réussi à tirer partie du savoir faire de cette entreprise en situation de quasi monopole en 2015. Il a sur-tout su s’appuyer sur son expérience automobile pour se diversifier vers d’autres métiers et propose aujourd’hui la gestion de déchets d’équipements électriques et électroniques (EEE) notamment. Ce renouveau industriel a impulsé les activités annexes : le nombre de garages où les conducteurs peuvent réparer eux mêmes (grâce aux équipements mis à disposition) a augmenté, de même que les entreprises de dépannage (appareil électrique, élec-troménager, agricole), les gens ne remplaçant plus systématiquement leurs biens en panne. Des petits commerces de proximi-té se sont aussi créés en centre ville, en complément des commerces de périphérie. Culture, loisirs, vie associative S’appuyant sur quelques initiatives locales, le créneau de l’hébergement collectif s’est développé. Au début de la crise, la mu-nicipalité de Romorantin a encouragé les initiatives originales (dont un centre de vacances) pour procurer un hébergement et un système de restauration aux personnes travaillant en ville mais habitant au-delà de 20 kms. Ces hébergements, libres le weekend à des prix très bas, sont progressivement devenus attractifs pour des urbains (principalement des parisiens) dont les moyens de partir loin pendant les vacances se sont trouvés réduits par la crise. Ce nouvel essor touristique, fut aussi créateur d’emplois. Globalement, ces initiatives ont mis en valeur l’attachement des habitants à leur terre, ils ont su valoriser le potentiel de leur patrimoine historique et culturel. L’ensemble des mesures prises ont contribué à renforcer l’image d’une région où il fait bon vivre et progressivement, après quelques années difficiles, Center Par et le zoo de Beauval bénéficient de retombées posi-tives. Conclusion Aujourd’hui la ville de Romorantin s’est adaptée aux nouveaux enjeux du développement économique de 2030 : une écono-mie de proximité avec des petits commerces, un développement de l’artisanat (scieries, garage, réparation), un environne-ment urbain adapté aux personnes vieillissantes (résidences de services, système de santé de proximité, visites médicales à domicile), mais aussi une économie de développement durable (éco conception, gestion des déchets automobiles et élec-triques, tourisme éthique). Un bassin où il fait toujours bon vivre qui sait se faire connaître et qui attire de nombreux touristes.

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Réalité augmentée

V endôme est la 3ème ville du Loir-et-Cher et la sous-préfecture du département. C’est une des principales villes sur le loir qui se divise en plusieurs bras. Vendôme est connue pour sa gare TGV, Ronsard et ses poèmes, Balzac, Alfred de Musset et plus près de nous, Marie-

Amélie Le Fur, athlète qui a remporté une médaille d’or aux jeux paralympiques à Londres en 2012. Elle a également un riche passé médiéval et de nombreux monuments historiques. Ainsi, depuis 1986, elle bénéficie du la-bel « ville d’art et d’histoire ». La commune de Lavardin est également reconnue comme un des « plus beaux villages de France ». L’aménagement d’une gare TGV en 1990 place la ville de Vendôme à 43 minutes de Paris. La présence de la gare TGV est un atout. Elle attire des chefs d’entreprises parisiens qui bénéficient d’habitation moins onéreuses qu’à Paris ainsi qu’un cadre de vie agréable. Cela a cependant fait monter les tarifs de l'immobilier pour les habitants du territoire. Mais paradoxalement le territoire est mal relié aux autres capitales régionales. L'articulation avec le TER va s'avérer nécessaire pour permettre le dé-senclavement. La mise en service de la ligne SEA en 2017 offrira en plus une liaison avec Bordeaux et Madrid. L'arrivee du TGV s’est accompagné d’une mutation importante du tissu économique. Il s’articule autour de trois pôles indus-triels distincts : aéronautique, électroménager et automobile. Grâce à son offre de commerces et de services diversifiée et son dynamisme culturel et associatif, Vendôme s’affirme comme un pôle régional de développement rayonnant sur une aire de 70 000 habitants dont 18 500 habitants pour Vendôme. 2009 a vu la fermeture de l’usine Thyssen Krupp, représentant 500 emplois, et la crise économique que l'on connait a forte-ment touché le territoire. Les entreprises Vendôme fermeture, MD Impression, Alliance Support Services n’ont pas été rempla-cées. Le chômage a augmenté de 17 % sur Vendôme en 2012, pour atteindre 8,4 %, alors qu’il n’était que de 5,9 % en 2007. Projets de la ville pour les deux années à venir Vendôme s’est lancée dans la création d’un CIAP (Centre d’Interprétation et d’Animation du Patrimoine). Ce site sera dédié à la découverte interactive des principaux monuments de la ville. Le CIAP donnera toutes les clés de lecture pour comprendre le développement de la ville au fil des siècles. Sur l’aspect culturel et associatif, le bassin s’est également engagé dans l’aménage-ment d’un espace jeune dans l’ancien cinéma « Le Ronsard » à destination des 15-35 ans, dans l’aménagement du pôle asso-ciatif Jules Ferry qui accueillera 15 associations dont celle « Québec en vendômois », ou bien encore la construction d’une nou-velle salle de répétition pour l’école de musique. En matière d’aménagement urbain, un nouveau quartier urbain sera créé en privilégiant la mixité sociale et en proposant diffé-rentes formes d’habitats, publics et privés. Le but est également de favoriser des bâtiments à haute qualité environnementale. La rénovation du Centre de Vendôme et l’aménagement d’une nouvelle gare routière à proximité de la gare TER entrent égale-ment dans ce cadre afin de rendre la ville plus attractive. Les services à la population et aux entreprises font aussi l’objet de toutes les attentions avec la réhabilitation du centre aqua-tique des Grands Près, l’ouverture d’un nouvel établissement d’hébergement pour personnes âgées et/ou dépendantes avec 70 lits en EHPAD et 34 chambres en foyer logement ou bien encore avec la création de la ZAC de la vallée Laurent à St Ouen pouvant accueillir de 20 à 30 entreprises. Sur le développement durable, en association avec St Ouen et Meslay, Vendôme a lancé la construction d’une nouvelle unité de traitement des eaux usées, la mise en place d’un site de covoiturage pour pallier le déficit de transport collectif ou bien encore une réflexion sur un projet de ferme photovoltaïque sur le site de l’ancienne décharge de la Pilleterie dans le but de lutter contre le réchauffement climatique. Bassin démographique de Vendôme à l’horizon 2020 Si la ville de Vendôme perd de la population au profit des communes de la banlieue surtout en direction du sud-est, la zone enregistre un solde migratoire positif et croissant mais la population est plus âgée que la moyenne régionale. Le secteur des services doit donc pouvoir satisfaire la population vieillissante et des formations sanitaires et sociales sont créées notamment par le CFA hors les murs de Blois. Des maisons de retraites sont également ouvertes ainsi que des services d’aide à domicile. Le tourisme a été développé en misant sur des atouts importants comme la vallée du loir (à cheval sur le département de la

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Sarthe), l'oenotourisme, la randonnée en cyclotourisme, les circuits de randonnée pédestre, le train touristique, etc. L'agriculture a également évolué. Le Vendômois qui est une zone intermédiaire accrochée au bassin laitier de la Sarthe a vu diminué fortement l’élevage pur au profit d'exploitations céréalières. L'élevage de granivore s’est développé ce qui a entrainé la présence d'abattoirs de volailles. Les abattoirs du Perche Vendômois se sont lancés dans le développement des circuits courts pour les éleveurs de proximité avec des ventes à la ferme au marché ou sur commande avec un engagement de certifi-cation agriculture biologique. La grande réussite sur le territoire a été l'obtention de l'AOP vinicole Coteaux du Vendomois grâce au dynamisme de la profes-sion. Bassin démographique de Vendôme à l’horizon 2030 Les années 2020 à 2030 ont vu un nouvel essor du Bassin de Vendôme. Il s’est ainsi rapproché des autres bassins de vie limi-trophe comme la Sarthe, Blois, Tours … Il a su rebondir avec des politiques innovantes. Les investisseurs économiques bénéficient de nouvelles technologies avancées sur les zones d’activités. L’arrivée du Très Haut Débit via la fibre optique donne un certain avantage au bassin. Le jumelage avec le Canada a permis de faire venir de jeunes investisseurs nord américains qui se sont implantés et ont béné-ficié de la situation géographique (près de Paris, sur les bords du Loir, prés de l’axe ligérien). Le tourisme est bien implanté. Le CIAP a permis de faire découvrir le patrimoine de Vendôme. Le tourisme viticole connait un essor particulier grâce au rapprochement avec les viticulteurs canadiens. Les formations dans l’œnologie connaissent un cer-tain essor. L’accueil et l’hébergement des touristes se font dans des structures qui respectent l’environnement. Des moyens de locomotions pauvres en énergie fossile voient le jour. Le covoiturage est un moyen de se déplacer qui est inté-gré pour la majorité des Vendômois. La politique du vivre ensemble commence à porter ses fruits. La population âgée arrive à bien vivre sur le territoire. Les struc-tures d’accueil et d’accompagnement avec du personnel qualifié est en nombre suffisant. Les moyens de déplacements pour les personnes à mobilité réduite satisfont le plus grand nombre. Cela a pour conséquences qu’au final, de plus en plus de jeunes viennent s’installer et notamment des familles qui apprécient le cadre et les services de proximité, les loisirs...

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Réalité décalée Le bassin de Vendôme face à la crise : un territoire fragilisé et des potentialités de résilience

E n dépit d’atouts importants, la grande crise de 2015 a renforcé les fragilités du Vendômois, dans la mesure où le bassin n’était pas encore parvenu à cette date à s’affranchir de sa situation de dépendance forte par rapport à Paris ou Blois.

Un bassin doté d’atouts importants… Avant que la crise ne se déclenche, le bassin de Vendôme, fort d’une longue tradition industrielle, semblait pouvoir tirer parti d’un nombre d’atouts importants, notamment le maintien de pôles industriels importants (avionique, automobile, agro-alimentaire…) dominés par quelques leaders mondiaux de leur secteur (THALES AVIONICS, ZF Systèmes de Direction NACAM, TRESCAL, FAGOR-BRANDT, GETINGE LA CALHENE, BEL Fromagerie …) et rassemblant un nombre important de PME – PMI sous-traitantes dans des secteurs à forte spécificité locale (en particulier en ce qui concerne les équipements automobiles, les in-dustries diverses, la fabrication d'équipements électriques et électroniques et l'agroalimentaire - filière volailles notamment). L’arrivée du TGV, permettant une connexion directe avec l’immense marché du Bassin parisien et le sud-ouest atlantique avait eu un impact important, dans les années qui ont suivi sa mise en service, en termes d’implantation de ménages d’origine pari-sienne effectuant une navette quotidienne, et, de localisation d’entreprises industrielles sous-traitantes et dépendantes de donneurs d’ordre éloignés. L’ouverture de la ligne SEA en 2017 l’a par ailleurs rapproché du sud-ouest atlantique et de la pé-ninsule ibérique, renforçant ainsi les avantages d’une localisation a priori favorable. En outre, le Vendômois bénéficiant d’un cadre de vie naturel attrayant (Vallées du Loir et de la Braye), et d’une notoriété liée à la richesse de son histoire, dispose d’un potentiel important à l’heure où les stratégies de marketing territorial sont de plus en plus marquées par le paradigme de l’attractivité, le développement local étant de plus en plus pensé en termes de concur-rence territoriale et de nécessité d’attirer des investissements exogènes. La ville de Vendôme pouvait ainsi se prévaloir sur son site d’une position stratégique entre les centres universitaires et organismes de formation de grandes villes telles Tours, Or-léans ou encore Le Mans, Chartres, Blois, et bien entendu Paris, toutes situées à moins d'une heure. … mais aussi de fragilités exacerbées par la crise La crise de 2015 fut le révélateur du revers des médailles, les atouts évoqués plus haut masquant un certain nombre de fai-blesses potentielles transformées alors en forts handicaps : Malgré (ou à cause de) la bonne qualité des liaisons ferroviaires et routières nord-sud, Vendôme est paradoxalement restée dans une situation caractérisée par la faiblesse des liaisons transversales, à l’exception de Blois. Malgré ses atouts en matière d’attractivité, le bassin est resté sous-peuplé, avec une densité de population largement infé-rieure à la moyenne régionale, la population étant par ailleurs très dispersée entre des communes à population réduite, et ayant un niveau de formation très largement inférieur à la moyenne régionale. Le fort tissu d’entreprises sous-traitantes se révèle une source de fragilité indéniable dans un contexte de crise généralisée. A contrario, la faiblesse relative du secteur des services et des activités résidentielles ne permettent pas à ceux-ci de jouer un rôle d’amortisseur de crise… L’agriculture, importante pour l’économie générale de ce bassin et restée positionnée dans une situation intermédiaire entre élevage et grandes cultures, n’a pas encore réellement entrepris en 2015 la mise en valeur de ses fortes potentialités en ma-tière énergétique. Enfin le tourisme est resté bien en deçà de ses potentialités de développement. La crise engendre des effets délétères Dès lors, on comprend aisément que la crise a eu des effets profondément dévastateurs, dans un bassin qui n’a peut-être pas su jusque-là jouer la carte de sa complémentarité avec le Blésois. La crise de 2015 a en effet entraîné un processus de délitement du tissu de la sous-traitance, notamment dans le secteur de la sous-traitance automobile et le départ ou la fermeture de filiales de grands groupes internationaux… Par contrecoup, le bassin perd également des emplois dans l’économie résidentielle, une partie de la population qui avait été attirée par les nouvelles activités et l’effet TGV est désormais privée d’emploi et quitte le territoire. Mais les conséquences de la crise s’expriment éga-lement par des impacts directs sur la population résidente, notamment celle qui du fait de sa dispersion dans l’espace rural et de la faiblesse de ses revenus se trouve en situation « d’assignation territoriale », et dans l’incapacité pratique d’accéder aux services procurés par Vendôme ou les grandes villes plus éloignées (rappelons que le revenu moyen dans le bassin est infé-rieur à la moyenne régionale et que le taux de non-imposition parmi l’ensemble des ménages y est supérieur). Cela se traduit, entre autres conséquences, par le fait que la proportion d’élèves s’engageant dans des formations post-bac, déjà inférieure de 5 points à la moyenne régionale, connait une forte baisse. Le renchérissement du coût de la mobilité compromet par ailleurs les perspectives de développement touristique que le CESER avait envisagé dans ses travaux de 2012 et 2013. Et au total, le bassin renoue avec le déclin démographique, principalement dans sa composante rurale, notamment du Perche. Seule la ville de Vendôme échappe au déclin démographique, alors que les communes périphériques, ayant connu une dynamique impor-

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tante dans les années 2000, à l’instar de Saint Ouen, voient leur progression stoppée. Toutefois, le pire n’est jamais sûr, dès lors que l’on cherche à l’anticiper. Face à la crise, des perspectives de résilience sous condition… … de renforcement de coopération territoriale… Les décideurs territoriaux du bassin se sont fortement mobilisés en faveur de la coopération territoriale, tant en interne avec la fusion des Communautés de communes devenue impérative pour mieux gérer les conséquences économiques et sociales de la crise, qu’en externe pour jouer à plein la carte de la complémentarité avec Blois. Cette stratégie a débouché sur une volonté de planification territoriale commune et intégrée prenant en considération la réalité de deux aires urbaines contigües. Cela s’est notamment concrétisé à travers l’élaboration d’un inter-SCOT, adopté en 2020, dont le périmètre englobe les deux bas-sins, ou encore par une concertation en vue d’harmoniser les PDU. Les deux territoires se sont engagés dans des coopérations fructueuses, notamment en termes d’offres de formation supé-rieures courtes. Fort de la richesse de son milieu associatif et de sa vitalité culturelle qui ne se sont pas entièrement délités sous l’effet des départs de population, le Vendômois a pu apporter une forte contribution à une stratégie, partagée avec Blois et son agglomération, en faveur de l’économie de la connaissance, de l’innovation et de la créativité. Ainsi par exemple, une Ecole de photographie a-t-elle pu s’implanter grâce à la notoriété acquise par la ville dans ce domaine, avec l’aide des pouvoirs publics locaux et régionaux. Un fort partenariat avec Arles a pu donner une forte visibilité nationale à ce projet. De même par le renforcement de la coopération territoriale, des améliorations ont pu être apportées au système de transport collectif local (rappelons que plus de 60 communes de la zone d’emploi de Vendôme ne bénéficie d’aucune forme de transport en commun en 2013). En outre, la réouverture de la ligne Blois-Vendôme a été remise à l’étude dès 2015 et est devenue effec-tive en 2023. C’est donc en prenant le parti de jouer ouvertement la carte de l’interterritorialité avec Blois que les élus du bassin ont pu trouver des éléments de réponse aux conséquences délétères de la crise dans le bassin. … d’amélioration de l’offre de services aux ménages et aux entreprises… Un appui important à la création de services de proximité, sous représentés dans l’appareil productif local, est venu pallier partiellement le déclin des emplois industriels et renforcer une économie résidentielle jusqu’alors insuffisante pour répondre à l’ensemble des besoins. ... et de mise en valeur de son potentiel patrimonial et paysager… Enfin, toujours en partenariat avec les acteurs blésois, un effort significatif a été entrepris en faveur de la promotion d’un tou-risme rural, fondé sur la valorisation des atouts paysagers. En mettant le paysage, le patrimoine et la culture au cœur d’un pro-jet de territoire renouvelé, cette stratégie vise à diminuer la part relative du tourisme de transit au profit du tourisme de sé-jour. Là encore, une coopération renforcée avec Blois, en vue d’une promotion commune du patrimoine des deux villes, tant bâti que naturel, contribue à créer dans le bassin de Vendôme une nouvelle dynamique, permettant aux mauvais souvenirs de la grande crise de 2015 de commencer à s’estomper. On rentre alors dans un nouveau cercle vertueux, où le renouvellement de l’image du bassin et le déploiement des nouvelles activités liées au secteur de la connaissance, à la culture, à la valorisation du patrimoine, suscitent un regain d’attractivité du territoire, où l’on voit à nouveau en 2030 des activités productives à haut niveau de technologie et de valeur ajoutée recom-mencer à s’installer dans un territoire recomposé, à l’image renouvelée, et bénéficiant toujours d’un avantage comparatif de localisation important.

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Réalité augmentée Situation

A l’horizon 2030, le bassin démographique de Tours sera touché par le vieillissement de la population, mais le pourcen-tage de l’ensemble des « moins de 20 ans » et des « 20-59 ans » est en augmentation et représente plus de 70 %. Le solde migratoire est positif sauf pour la tranche d’âge entre 24 et 30 ans, période de recherche d’emploi pour les

jeunes diplômés. Pour ce qui concerne les « services à la personne » tous les critères sont bons ou très bons. Pour ce qui concerne « l’attractivité des entreprises », les critères sont également bons ou très bons à l’exception du risque de crues importantes. Les atouts majeurs La situation géographique et les transports : Un nœud autoroutier important (A10, A28, A85) proche de Tours et d’Amboise, un réseau ferroviaire dense avec Tours épi-centre d’une étoile ferrée à neuf branches et une liaison TGV mettant Paris à une heure, un aéroport en extension. Des transports collectifs bien développés au niveau de l’agglomération avec notamment la mise en service d’une première ligne de tramway. L’économie : - Présence d’une main d’œuvre qualifiée et adaptable avec une population diplômée et un niveau de formation plus élevé que la moyenne. - Présence également de grandes entreprises avec une structure productive importante et diversifiée (caoutchouc, plastique, mécanique, électronique, métallurgie, pharmacie…). Ces grandes entreprises et l’Université collaborent dans des pôles de compétitivité et d’innovation. - Il existe aussi un tissu important de PME, diversifiées, non délocalisables. - Une agriculture importante et diversifiée notamment : cultures maraîchères, horticulture et surtout viticulture. Le Tourisme : une renommée internationale : - Au cœur du Val de Loire : Tours, Amboise, Azay-le-Rideau, villes d’art et d’histoire, bénéficient d’une situation exceptionnelle. Hôtels, chambres d’hôtes, campings, tous les équipements sont en place ainsi que des structures d’accueil pour recevoir toutes catégories de visiteurs. Qualité et cadre de vie : - Logement, santé, éducation, formation, culture, sport, espaces naturelles, le « Jardin de la France » est doté de nombreux équipements. « TOUR(S)PLUS », Une dynamique engagée depuis 2000 : En janvier 2000, création de la communauté d’agglomérations « Tour(s)Plus » avec au départ 9 communes de la couronne tou-rangelle. Dés janvier 2001, 5 communes situées au Nord-Ouest de l’agglomération rejoignent « Tour(s)Plus ». En janvier 2010, 5 nouvelles communes à l’Ouest rejoignent « Tour(s)Plus ». La population de l’ensemble des 19 communes est de 285 000 habitants. Cette dynamique mise en palce depuis plus de 12 ans est d’autant plus forte qu’elle a été réalisée malgré les différentes appar-tenances politiques, l’objectif pour tous est la mise en place de projets structurants. La décision récente du Préfet de valider le rapprochement de trois nouvelles communes à l’Est et au Nord Est de Tours a été un peu plus compliquée mais devient réalité sous réserve d’un recours toujours possible. On constate à ce jour que : 1/« Tour(s)Plus » dépasse les 300 000 habitants. 2/ L’extension de l’agglomération, hors couronne périphérique, se situe (pour le moment) au Nord et à l’Ouest de Tours. A l’Ouest notamment, où les communes « annexées » sont limitrophes des communes de la Communauté d’Azay-le-Rideau 3/ Dans le périmètre du territoire, « Tour(s)Plus » représente plus de 65 % de la population. On peut donc penser que, d’ici 2030 « Tour’s Plus » augmentera son périmètre, notamment à l’Est, ce qui permettrait de ter-miner le contournement de Tours (périphérique ou bretelle autoroutière). 4/En ce qui concerne Amboise qui fait partie du bassin démographique de Tours, les deux communautés de communes du « Val d’Amboise » et des « Deux Rives » viennent de fusionner. Leurs pôles, industriel et touristique sont, après Tours, les se-

Bassin de Tours - Amboise

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conds en Indre-et-Loire . 5/En ce qui concerne Azay-le-Rideau, de par sa position entre « Tour(s)Plus » et le bassin de Chinon on peut penser qu’un rap-prochement d’ici 2030 est probable. Horizons 2030 Des priorités sont affichées dans le SRADDT, notamment : « une société de la connaissance » et « des territoires attractifs or-ganisés en réseau », « une mobilité et une accessibilité favorisée ». Seront-elles suffisantes pour que Tours devienne la métro-pole dont elle rêve ? On peut supposer que : 1/« Tour(s)Plus » continue à étendre son périmètre à l’Est de Tours, permettant à Amboise de bénéficier de la dynamique de la métropole, et éventuellement de l’intégrer. Le « Plan de Déplacement Urbain » géré par le SITCAT a permis : - de terminer le contournement de Tours, - de construire deux nouvelles lignes de tramway permettant le désengorgement de l’A10 dans la traversée de Tours, - et d’améliorer la mobilité entre les différents territoires du bassin démographique, par la mise en place de transports collec-tifs. Le « Plan local de l’Habitat » mis en place pour favoriser une gestion durable adaptée a permis un vaste programme de réno-vation urbaine, en particulier à Tours où certaines zones industrielles ont été transférées dans l’agglo pour faire place à des zones d’habitation durables 2/ La Communauté d’Amboise, après la fusion évoquée ci-dessus a renforcé ses structures et compétences, mais n’a pas pu résister à l’attrait d’intégrer « Tours la Métropole ». 3/La communauté d’Azay-le-Rideau, insérées entre Tours et Chinon, après avoir tenté de résister, a choisi aussi d’inté-grer « Tours la Métropole ». Une prochaine réforme des territoires, dont on parle régulièrement, pourrait accélérer ce mouvement d’intégration. 4/ Tours, avec la synergie d’Amboise et d’Azay-le-Rideau, a pu développer des complémentarités et améliorer son offre de « tout ce qui peut exister » en réussissant aussi à augmenter le niveau de son économie tertiaire, de la recherche et de l’inno-vation. 5/Les migrations domicile/travail, notamment avec les autres bassins (Chinon, Loches) peuvent laisser supposer un rapproche-ment avec ces deux bassins démographiques qui, notamment sur le plan du tourisme, pourraient augmenter une offre déjà forte. Conclusion Le « bassin démographique » de Tours dispose d’atouts exceptionnels, de par sa situation géographique, de par son histoire et sa culture, de par son cadre et sa qualité de vie. Dans une société où il faut toujours « aller plus vite », on peut penser que, qualité et cadre de vie, seront les principaux fac-teurs d’attractivité, aussi bien pour les « actifs » que pour les autres. Les synergies déjà en place, au niveau de la recherche et du développement, au niveau de la mobilité, au niveau des équipements devraient permettre de créer les emplois évitant un solde migratoire négatif, notamment pour les jeunes diplômés (25/30 ans) formés à Tours. Alors « Tours Métropole » et non plus « ville intermédiaire » ? Les échanges sont déjà positifs avec les régions voisines, notamment vers les Pays-de-la Loire et Poitou/Charente. Ils le sont moins avec l’Ile-de-France, mais tout peut dépendre de la réalisation (ou non) du « barreau Sud » en Ile-de-France. Mais c’est probablement « l’axe ligérien », vers Blois, Orléans qui permettrait la réalisation de cette métropole. Il restera à surmonter les « rivalités », mais pourquoi ne pas en rêver ?

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Réalité décalée Et si ça ne se passait pas aussi bien ?

A ctuellement, le bassin tourangeau s’étend sur 241 610 km², comprend 111 communes, 17 chefs-lieux de canton, 11 unités urbaines (entières), pour un total de 451 254 habitants. Le scénario tendanciel incarnait une perspective globa-lement optimiste de son devenir, en misant sur sa dynamique économique et démographique ainsi que sur l’image

qu’elle inspire. L’option prise ici est celle d’explorer une réalité décalée, intégrant un brutal choc énergétique exogène. Il s’ajouterait alors à une forte augmentation des 60-74 ans et des plus de 75 ans, sans que n’ait été trouvé un bon équilibre entre l’utilisation éco-nome et équilibrée de l'espace, la protection des patrimoines et la préservation des espaces naturels et des ressources natu-relles (ex. épuisement du cénomanien). Parmi les principales conséquences d’un choc énergétique, on pourrait retenir les sui-vantes : Impact sur la vie des habitants (transport, logement, santé, éducation) En l’absence d’une offre de transport alternative à la voiture, le surenchérissement du coût des transports serait majeur pour les habitants des bassins les plus excentrés et pour ceux résidant dans les bassins limitrophes. Les étudiants des zones rurales, pourraient chercher à habiter à Tours ou à proximité. Ils pourraient tout aussi vouloir s’installer dans d’autres académies (Ile-de-France), affectant l’image et le fonctionnement de ses pôles d’excellence, et aussi le projet de bâtir un grand pôle universi-taire entre Tours et Orléans (PRES). Cette situation contrecarrerait alors les efforts déployés par l’Université de Tours pour accroître sa visibilité et son attractivité nationale et internationale (ex. microelectronique, alimentation, Renaissance…). Par ailleurs, l’essentiel de l’offre médicale étant concentrée à Tours, le coût des déplacements serait alourdi pour les patients venant des zones rurales et des bassins périphériques. Mais peut-être assisterons-nous à un retour vers les cœurs de villes exigeant de nouveaux logements ou la réhabilitation de l’existant pour héberger ce supplément de population ? Enfin, si les habitants (et les collectivités) se reportaient massivement vers le chauffage au bois, la politique de l’exploitation durable du patrimoine forestier risquerait d’être compromise. Impact sur l’organisation administrative et économique des territoires du bassin Les collectivités devraient alors gérer les tensions pesant sur le logement, les implantations des zones d’activités, les moyens roulants et les équipements de transport (ex. bouclage du contournement de la section urbaine de l’A10 qui pourraient être contestés par les habitants (nuisances) et/ou les usagers (coût). Le scénario serait encore plus dramatique si le SCOT 1 n’arri-vait pas à offrir des alternatives à la voiture, dans une logique de modularité (tram, train, tram-train, LGV,…) et d’équilibre (coût, zones à desservir, cadencement) notamment entre les territoires géographiquement, politiquement et/ou économique-ment centraux et ceux plus périphériques. Il en serait de même si la couverture en haut débit n’était pas totale, notamment pour favoriser le télétravail. Mais le montant des investissements nécessaires à une telle offre alternative exige la solidarité et la complémentarité entre plusieurs échelons territoriaux (Ville, Agglo, Département, Intercommunalité, Région, voire Europe). Le pire serait que chaque territoire se replie sur lui-même ; mais aussi que les « gros » (éventuellement encouragés par l’Etat qui se serait plus ou moins désengagé) tentent de faire le bonheur des « petits » malgré eux, via des regroupements non con-sentis (ex. du Vouvrillon). Ainsi, le renforcement de liens multifacettes entre les territoires de l’axe ligérien (Tours-Amboise-Blois-Orléans) est plus que jamais incontournable (ex. LGV, mutualisation de la production et des réserves d’énergies, mais aussi navigation sur la Loire ?). L’absence d’un tel maillage pourrait aussi décourager les entreprises étrangères ou faire partir celles déjà installées, réduisant encore l’attractivité du bassin. Dans ce sens, le défi demeure celui de « faire coïncider les zones à développer avec la présence d’une offre de transports collectifs attractive, notamment fondée sur l’étoile ferroviaire de l’agglomération », (…) « Arlésienne dont on nous rabat les oreilles depuis plusieurs décennies ! », et qui devrait pourtant contribuer atténuer l’impact du réchauffement climatique et de la vulnérabilité écologique du territoire. Une autre conséquence pourrait être l’accentuation de la pression sur le coût de transports des marchandises. Ne pourrait-on pas craindre une concentration des zones d’activités au cœur des agglomérations ? Peut-être avec pour effets positifs le dé-couragement de l’étalement urbain avec une meilleure maîtrise des coûts de l’urbanisation, et négatifs le renchérissement du foncier urbain entraînant l’augmentation de la pollution en ville ? Par ailleurs, la fréquentation touristique notamment par les étrangers pourrait être affectée (Val de Loire inscrit au patrimoine de l’UNESCO, Loire à Vélo, châteaux). Enfin, et paradoxale-ment, le surenchérissement du coût de l’énergie pourrait contribuer à réduire les circuits agricoles longs (Rungis) au profit de circuits courts (maraîchage tourangeau, ZAP et ZVP,…). En définitive, et globalement, le bassin tourangeau possède un réel potentiel diversifié et relativement bien identifié. Mais il ne tient qu’à ses autorités locales et à ses habitants de le transformer en atout (ou en citrouille ?), dans une interdépendance, certes parfois inégale, mais librement consentie, en particulier entre les territoires de l’axe ligérien.

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Ni Tours, en particulier, ni l’Agglomération tourangelle en général, ne s’en sortiront seules. Il leur faudra absolument dévelop-per une capacité à articler et à faire projet avec les grands territoires du Centre Ouest, dans le cadre d’une coopération métro-politaine renforcée, tout en restant dans un rapport de complémentarité avec Paris et l’Europe. 1 En font partie : Tour(s)plus, la Communauté de Communes de l’Est Tourangeau, le Vouvrillon, le Val-de-l’Indre. La question de l’extension de l’agglo tourangelle à l’Est (CCET, Val d’Amboise) devra être résolue.

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Réalité augmentée

E n 2014, les travaux du CESER et les projections démographiques de l’INSEE ont finalement interpellé les élus du bassin démographique de Chinon, qui, aux côtés des acteurs locaux, se sont engagés, non seulement dans la prise en main concertée et coordonnée d’enjeux forts pour l’aménagement et le développement de ce territoire, mais aussi dans

une restructuration en profondeur de son organisation intercommunale, au service de ce projet « politique » renouvelé et ambitieux afin de garantir des moyens à la hauteur des ambitions affichées. Les enjeux stratégiques pris en main : A la faveur des réflexions menées par la Région dans le cadre de la démarche Ambitions 2020 des bassins de vie de Chinon et Tours, mais aussi des travaux menés au sein du Pays du Chinonais via l’élaboration d’un SCOT notamment, plusieurs enjeux de taille ont été relevés collectivement. Ces enjeux, affirmés au sein d’un projet politique pour le territoire, ont été déclinés d’ac-tions concrètes à engager, et des moyens ont ainsi été négociés pour y parvenir. Au-delà des enjeux liés au vieillissement de la population, dont les élus ont pris conscience, et qu’ils ont souhaité intégrer pleinement à leur réflexion, une volonté d’agir pour accueillir des jeunes actifs a été affirmée de manière forte. Conscients des enjeux forts en matière d’emploi dans un contexte difficile pour le territoire, l’enjeu de la diversification de l’économie a été mis à l’avant des priorités, étant entendu que cette diversification devait nécessairement être traitée en pa-rallèle du confortement des filières prédominantes, notamment le nucléaire mais aussi le tourisme. L’objectif sous-tendu était de faire en sorte que l’activité économique ainsi générée puisse être en capacité de créer des emplois occupés par des person-nels résidant sur le territoire afin d’infléchir la tendance démographique constatée. Les questions ainsi générées de manière consécutive : formation, attractivité et qualité de vie du territoire pour les salariés, mobilité, ont aussi été prises en main de manière concomitante, ce qui fut une avancée notoire et sans doute la clé du succès relatif constaté aujourd’hui de la poli-tique menée. Ainsi, la structuration de la filière bois, qui en était en 2012 à ses « balbutiements », a été prise en main de manière forte, conduisant à la création d’une véritable économie locale basée sur les ressources du territoire, en lien avec des acteurs clés tels que le PNR Loire Anjou Touraine. La coopération avec le Pays Touraine Côté Sud, engagé dans la structuration d’une filière biomasse énergie, a aussi été amplifiée, permettant d’arriver à des effets de seuil intéressants en matière de structuration de filière. Ce projet a été mené dans un cadre cohérent prenant en compte l’ensemble des usages de la forêt et ayant permis de diffuser vers d’autres champs, notamment celui de l’économie touristique. Comme évoqué précédemment, la diversification de l’économie s’est engagée parallèlement à un confortement des filières prédominantes. Le nucléaire, tout d’abord, au vu des ambitions de maintien de la centrale de Chinon a fait l’objet d’un travail intense pour le renouvellement des compétences. Dès 2012, une action de Gestion Prévisionnelle des Emplois et Compétences Territoriale ayant mis en avant, notamment, la problématique forte des nombreux départs en retraite à venir dans ce secteur. Un vaste programme de renouvellement des compétences a ainsi été mis en œuvre afin d’assurer la transition. Le confortement de la vocation touristique du territoire a aussi été engagé, en lien avec les ressources naturelles, patrimo-niales et le cadre de vie, reconnus comme des éléments forts de l’attractivité de ce territoire. La structuration de l’oenotou-risme (notamment sur les vignobles Chinon / Bourgueil), a permis, par une meilleure organisation des acteurs n’ayant finale-ment pas engendré des coûts très importants, et par un travail coordonné, de tirer partie de cette ressource reconnue au plan régional et national. Plus généralement, sur le tourisme qui était en 2012-2013 considéré comme une force, les acteurs ont su anticiper pour renouveler l’offre afin qu’elle ne devienne pas obsolète, en redynamisant l’image de la destination. Des outils de visites « modernes », basés sur le numérique, couplant patrimoine naturel (vallée de la Loire, PNR, ..), culturel (Forteresse, mais aussi petit patrimoine bâti historique réparti sur l’ensemble du bassin) et viticole … ont ainsi été développés. Une stratégie concertée de développement économique a aussi été établie, abordant non seulement les différentes théma-tiques constitutives du développement économique de ce bassin, mais aussi les outils à leur service. Une réflexion de fond sur le foncier économique a ainsi permis de requalifier les zones existantes dans un objectif de qualité afin de les rendre plus attractives. Le temps du soutien systématique à tous les projets de zones d’activités a trouvé un terme définitif à ce moment-là, ce qui fut un signal fort de la volonté d’accroître la qualité de l’intervention publique en la matière. La question de l’accom-pagnement a aussi été travaillée en lien avec l’organisation intercommunale. Comme évoqué précédemment, la diversification de l’économie n’a pas été abordée comme une fin en soi mais aussi comme

Bassin de Chinon

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un moteur potentiel de l’arrivée sur le territoire de nouvelles populations. A cet effet, le projet de développement écono-mique n’a pas été pris en main, comme un îlot déconnecté de son territoire. Des interrogations poussées ont été menées pour mettre le territoire en capacité d’accueillir de nouvelles populations actives, tout en garantissant la possibilité pour les popu-lations déjà présentes d’y rester, et d’y vieillir (notamment sur les questions d’habitat, de commerce, d’accès la culture, de santé et de mobilité / transports). L’habitat a ainsi été abordé à une échelle « supra » dépassant les limites des Communautés de Communes compétentes en la matière afin de développer une politique stratégique intégrant l’ensemble des besoins. En effet, l’état de l’habitat depuis long-temps repéré comme un facteur limitant, non seulement pour le maintien des populations vieillissantes, mais aussi pour l’ac-cueil de nouvelles populations, nécessitait une prise en main concertée avec des financements optimisés. A cet égard, la mobi-lisation de l’ensemble des acteurs de l’habitat initiée par la Région Centre dans le cadre de sa nouvelle politique de soutien au logement social, a permis de décloisonner les acteurs et de traiter les problématiques de manière coordonnée et mieux articu-lée. La rénovation thermique a ainsi été plus spécifiquement soutenue par la Région, et l’adaptation des logements par le Con-seil Général, les deux étant à la marge soutenus par l’Etat. Le facteur déterminant fut, en la matière, l’investissement accru des Communautés de Communes. Le repérage de secteurs à enjeux (proche des commerces, ou desservis par des lignes de transports ou des services de mobilité) et la décision de concentrer les moyens sur ces derniers a permis de limiter considéra-blement la dilution de fonds publics et d’obtenir rapidement des résultats. Le travail mené en parallèle avec les artisans du bâtiment, dans le cadre de la stratégie de développement économique évoquée précédemment a aussi permis d’engendrer, sur le territoire, une véritable économie de proximité vectrice d’activité et d’emplois. Un soutien efficace aux commerces de proximité, accompagné de fortes campagnes de sensibilisation des populations locales, mais aussi d’exigences affichées quant au commerces soutenus (qualité des produits, plages d’ouverture mieux adaptées aux nouveaux rythmes de vie, crédibilité du business plan…), a permis de redévelopper un tissu cohérent, y-compris dans le sud du territoire. La question de l’emploi du conjoint a systématiquement été traitée conjointement lorsque cela était nécessaire et notamment lorsque l’outil ne pouvait permettre de dégager deux salaires. Au final, moins de projets ont été soutenus que dans les décennies précédentes, mais les projets soutenus l’ont été avec plus de précautions qu’auparavant et des avis sur la viabilité du projet beaucoup plus argumentés, à la faveur de la demande des financeurs, au premier rang desquels la Région Centre. De manière complémentaire, la qualité des programmations culturelles, le développement des lieux de diffusion et de pra-tiques a permis d’accroître l’attractivité du territoire pour des populations actives en recherche d’activités culturelles et de loisirs ne nécessitant pas systématiquement un déplacement vers l’agglomération tourangelle. Le réseau associatif dynamique a ainsi été mis à profit de manière forte, une coordination des acteurs culturels s’est progressivement structurée à l’échelle du bassin, permettant de développer une véritable politique de programmation et de diffusion rayonnant sur l’ensemble du bas-sin, y-compris dans de petites salles, et toute l’année. En effet, si la saison touristique, au vu des efforts poursuivis dans ce secteur, nécessite toujours une forte mobilisation, les acteurs ont pris conscience de la nécessité d’une programmation cultu-relle de qualité tout au long de l’année. Enfin, si la santé n’était pas pointée dans les travaux du CESER comme une menace pour ce bassin, les élus et acteurs du terri-toire ont su faire preuve, sur ce point, d’une anticipation aujourd’hui salutaire, ayant permis un renouvellement de la démo-graphie médicale. En effet, le besoin de renouvellement des professionnels s’est finalement rapidement fait sentir, notam-ment dans la partie Sud de ce territoire, plus particulièrement menacée, particulièrement au regard de son manque d’attracti-vité pour l’accueil de ces professionnels, de la typologie de sa population, et de son isolement plus fort rendant plus difficile l’accès aux soins et le développement d‘actions de santé publique. La mise en réseau des acteurs de la santé a permis de don-ner corps à un véritable projet de santé pour le territoire, très connecté à l’hôpital de Chinon et à la faculté de médecine de Tours, en lien fort avec les acteurs en promotion et prévention de la santé. L’ensemble des politiques évoquées précédem-ment (habitat et culture notamment) liées à la qualité du cadre de vie ont permis de conforter ces initiatives. De manière transversale, au regard de l’ensemble des enjeux pris en main, il s’est avéré indispensable de rester vigilant auprès des autorités organisatrices de transport, et plus précisément auprès de la Région concernant l’importance stratégique de la ligne Tours-Chinon. La forte volonté politique locale de structurer un véritable projet d’aménagement du territoire a permis de constituer une force de négociation importante pour intégrer la pérennité de cette ligne et engager des discussions sur l’augmentation nécessaire du trafic. Une organisation intercommunale renouvelée et ouverte aux territoires alentours, pour plus d’efficience Au service du projet politique évoqué dans son contenu de manière assez rapide ci-dessus, résolument tourné vers la volonté d’accueillir de nouvelles populations y compris actives, les élus ont pris en main de manière forte les outils nécessaires, en période de raréfaction des fonds publics, obligeant à plus d’efficience et plus de lisibilité. Ce point a été considéré comme d’autant plus nécessaire, dans la mesure où l’ancrage de l’action politique s’est voulu résolu-ment tourné vers le développement économique, compétence première des Communautés de Communes.

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Ainsi, en matière d’organisation intercommunale, la multiplicité des acteurs et leur apparent manque de coordination en ma-tière d’accompagnement et d’accueil des entreprises, ont suscité une réflexion de fond sur le mode d’exercice de la compé-tence « développement économique » au sein des Communautés de Communes. A la faveur de la démarche « entreprendre en chinonais » initiée par 3 CC en partie situées sur ce bassin démographique, une réflexion de fond a été engagée aboutissant à une structuration intercommunale ambitieuse sur la base d’un projet écono-mique partagé, les outils évoqués précédemment : foncier économique, outils d’accompagnement des projets,… ont ainsi pu être développés par une organisation efficace et lisible, évitant les doublons, complètement intégrée aux réseaux d’acteurs. Sur ce point, la relance d’une agence de développement économique à l’échelon départemental, fortement ancrée dans le réseau régional initié à la faveur de la montée en puissance des Régions sur ce point, a été déterminante pour garantir les effets escomptés de la politique volontariste du territoire. Enraciné sur ce projet économique, au service duquel des moyens forts ont été dégagés par l’ensemble des parties prenantes (Région, Département, CC), le projet politique a finalement été abouti au sein du SCOT, abordant les questions « connexes » capitales pour le développement économique et finalement centrales en matière d’aménagement du territoire : mobilité, ha-bitat, localisation des services, préservation des ressources naturelles, gestion intégrée du risque industriel. Malgré un territoire vaste et présentant des logiques de développement parfois hétérogènes, la structuration intercommunale a pu se faire grâce notamment à un mode de gouvernance adapté, permettant à la fois l’expression de tous les besoins, et des prises de décision rapides. L’exercice des compétences de manière « territorialisée », en mettant en avant un intérêt commu-nautaire réellement débattu au service de l’efficacité de l’action publique a permis de rassurer les citoyens et les équipes mu-nicipales qui craignaient la mise en place d’une « grosse machine » éloignée des réalités de terrain. Les acteurs, ainsi organisés et parlant d’une seule voix, ont engagé une discussion aboutie avec l’agglomération tourangelle. Cette discussion et l’engagement de coopérations étaient devenus d’autant plus nécessaires que les liens entre la partie Nord du Bassin et l’agglomération tourangelle, de plus en plus forts, s’étaient vu confortés notamment dans le cadre des discussions Ambitions 2020 initiées par la Région, intégrant totalement cette partie du territoire au « grand bassin de vie » de l’aggloméra-tion tourangelle. Au final, les fortes interrelations ont ainsi été affirmées et un espace de discussion entre élus a ainsi été créé. Les questions de mobilité, de santé, et de développement économique ont ainsi été discutées de manière aboutie avec cette agglomération tourangelle en expansion.

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Réalité décalée 27 mars 2020 – Radio Agora-Cités – interview du maire de Chinon

J ournaliste : Monsieur le Maire, vous venez d’accueillir les nouveaux citoyens qui ont fait le choix de s’installer dans votre ville de Chinon durant l’année écoulée. Vous avez dit dans votre discours de clôture qu’il s’agissait d’un bon cru.

Le Maire : 62 arrivants sur l’année, oui, c’est encourageant, surtout que la répartition entre actifs – jeunes et moins jeunes – et retraités est assez bien équilibrée. J : Compte tenu du contexte actuel, nombre de vos collègues pourraient vous envier. M : C’est peut-être justement à ce contexte que nous devons cette relative - sachons rester modestes - vitalité. J : Et comment expliquez vous ce paradoxe ? M : Les crises ont un mérite, celui de nous obliger à rebondir. Elles nous contraignent à remettre en question les rentes de situation dans lesquelles on tend à s’assoupir. A grande échelle, ça peut être le coût du carburant ou des matières premières, à une échelle locale, le vin ou le tourisme patrimonial. Face au choc que nous avons subi il y a cinq ans, plutôt que de crier à la catastrophe, il m’apparaît plus porteur de voir si la situation n’offre pas de nouvelles opportunités. Mais cela suppose d’explo-rer aussi d’autres stratégies. J : Tout de même, beaucoup de petites villes ont souffert d’une hémorragie de leur population… M : Oui, mais ça ne s’est pas passé pareil partout. Chinon n’est nullement un cas isolé. Cette crise du carburant et des ma-tières premières, on la voyait venir. Son ampleur et sa brutalité ont pu surprendre, mais ceux qui l’ont anticipée - même par-tiellement - ont pu au moins limiter les dégâts. Dans le cas de Chinon, nous sommes partis du constat déjà ancien que pas loin d’un tiers des actifs travaillaient hors de la zone d’emploi, dans l’agglo de Tours, et dans une moindre mesure sur Saumur, voire Chatellerault pour le Richelais. Il fallait à tout prix maintenir les possibilités de mobilité pour nos habitants. C’était la pre-mière priorité. J : L’objectif était valable pour bien des communes, mais il semble que Chinon s’en soit mieux tiré que d’autres… M : Reconnaissons tout d’abord que toutes les villes n’ont pas forcément nos atouts géographiques. Mais surtout, nous avions la conviction que nous ne pouvions pas nous en sortir seuls dans notre coin, et qu’il fallait agir en association avec les commu-nautés de communes voisines. Nous partagions tous les mêmes problèmes, alors on pouvait partager aussi les solutions ! Cette synergie nous a permis de développer sinon plus facilement, du moins de façon plus efficace, une nouvelle offre de dé-placements, via le co-voiturage, l’autopartage, les transports à la demande. Nous avons aussi pris ensemble conscience de l’intérêt que nous avions à limiter une trop grande diffusion de l’habitat, pas seulement pour les transports d’ailleurs, tout en prenant en compte les aspirations de nos habitants et des arrivants potentiels, qui veulent pouvoir respirer, si j’ose dire, notre douceur de vivre. Et puis en se regroupant pour bâtir un projet concerté, cohérent, on est un peu plus fort pour parler avec des interlocuteurs du calibre de la SNCF, pour ne citer qu’elle. C’est ce qui nous a permis non seulement de maintenir, mais d’améliorer l’offre sur les lignes existantes, pas seulement dans l’intérêt de Chinon. Seuls, nous n’aurions sûrement pas obtenu les mêmes résultats. Les rencontres avec nos collègues de Richelieu, de Bourgueil, et par delà le département avec Loudun et Saumur nous ont permis de maintenir et renforcer une offre de transports sur tout le territoire, en ne regardant pas seule-ment vers Tours, mais aussi vers le Maine-et-Loire et Châtellerault. J : A l’initiative de Chinon ? M : Non, sincèrement, je ne saurai pas vous dire vraiment d’où tout cela est parti… Je pense qu’il existait un terreau favorable, dû sans doute en bonne part au label Unesco, ainsi qu’à la présence du Parc naturel régional. Nous avions l’habitude de longue date de nous y rencontrer pour réfléchir à notre territoire commun. La nécessité d’apporter rapidement des réponses à une situation pour le moins critique pour tout le monde a fait le reste. J : On entend parfois vos collègues élus dire que le travail en commun prend beaucoup trop de temps. M : Du temps, oui, trop, je ne crois pas, car ce temps passé assure l’avenir. Et puis tout se tient : nous sommes partis de la mo-bilité, mais très vite cela nous a permis de déboucher sur des projets économiques. Nous avions un petit tissu d’entreprises, mais il fallait le consolider et le diversifier pour redynamiser notre offre, en gardant la mesure de notre taille. Là encore, tra-vailler avec les intercommunalités voisines nous a permis de repérer des créneaux pour renforcer l’existant, je pense à la fi-lière bois, au plastiques, aux activités de recyclage… L’objectif n’était pas de chercher à capter tout ce qui pouvait se présen-ter, mais de cibler des créneaux correspondants aux atouts du territoire : je pense par exemple à toutes les activités liées à

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l’exploitation de la forêt et à ses différentes filières de transformation, qu’il s’agisse de la construction, des meubles ou de l’énergie. Nous avons aussi agi sur l’offre de services dans un objectif de complémentarité, y compris avec Tours. De même sur le logement, pour rénover notre parc quelque peu ancien, mal adapté à nos aînés qui sont aujourd’hui nombreux. C’est un critère d’attractivité qui nous a paru très vite essentiel, tant pour accueillir des jeunes actifs que pour les retraités. Je pense aussi à l’offre de formation. Il fallait faire quelque chose pour améliorer notre offre de main d’œuvre, insuffisamment qualifiée pour les activités qui se développent dans notre zone d’emploi ou celle de Tours. Nous avons beaucoup travaillé avec les chefs d’entreprises pour identifier les besoins, mais après, il fallait concrétiser. Ne pas agir en ordre dispersé, présenter des projets plus crédibles parce que conçus sur un territoire élargi, ça ne résout certes pas tout, mais on est plus crédibles et cela renforce les chances d’aboutir… Nous avons en tout cas réussi non seulement à pérenniser mais à consolider notre antenne universi-taire, en particulier sur la thématique des corridors fluviaux, et à ouvrir des BTS au lycée professionnel. J : Ca ne doit quand même pas être toujours simple… M : Oh que non, il faut une bonne dose de détermination, d’énergie, de pédagogie, de diplomatie, pas mal de culot, mais aussi montrer qu’on est vraiment capables de partager les bénéfices, quitte à renoncer à capter chez soi telle ou telle activité ou service. Il ne s’agit pas de nier la concurrence, mais de réaliser que l’attractivité, la compétitivité, ça passe aussi par la complé-mentarité. Je dirais même plus que jamais quand les temps sont difficiles. J : Vous avez dit un jour que l’avenir de Chinon n’était pas lié à l’avenir de la centrale… M : J’ai dit : pas uniquement. La décision de réduire la production à deux réacteurs va certes entraîner des pertes d’emplois dans le bassin, mais elles sont en partie atténuées par les investissements importants que nécessite la prolongation de la cen-trale. Au moins pour un temps, ils ne sont pas négligeables en termes de retombées sur l’activité et l’emploi du territoire. Nous n’avons de toute façon guère de prise là-dessus. Par contre, chercher à renforcer le plus intelligemment possible notre réseau de PME ou nos services, c’est davantage à notre main. Par ailleurs, si la présence de la centrale a incontestablement des retombées bénéfiques, elle ne doit pas non plus constituer un élément de répulsion pour les habitants qui n’en vivent pas – ils sont après tout les plus nombreux – ni bien sûr pour les candidats potentiels à l’installation. D’où cette réflexion avec nos collègues des communes concernées pour faire du site d’Avoine/Chinon une référence en terme de transparence : autrement dit, au lieu d’esquiver le débat sur le risque, prendre le risque de le rendre permanent… Nous avons proposé ce challenge à EDF qui a décidé de le relever avec nous. J : Et puis vous avez lancé les Journées du Gai Savoir M : Pas moi, ni Chinon, mais toutes les communes du chinonais, avec l’appui du PNR. C’est l’aboutissement de tout un travail collectif, et nous en sommes très fiers. Chinon, c’est comme vous le savez une petite ville de grand renom, mais il n’y pas que les vins ou le patrimoine ligérien. Nous avons aussi un illustre enfant du pays, Rabelais, un des maitres de cet humanisme de la Renaissance qui a su faire le lien entre son temps - qui était une extraordinaire époque de découverte à tous égards - et celui du savoir hérité de l’Antiquité greco-romaine. Nous avons donc décidé de nous fédérer sur l’idée de promouvoir « les 3 H », Humanisme, Humanités, Humour. D’où ces Journées du Gai Savoir qui rassemblent sur ce thème littérature, théâtre, philoso-phie, musique, mais aussi la recherche, la médecine - Rabelais était médecin - les inventions technologiques, avec une ligne de force commune : l’interdiction de se prendre au sérieux. J : Et ça marche… M : Au-delà de nos espérances les plus folles. La troisième édition approche. Rien n’aurait pu se faire, je dois le souligner, si Tours n’avait d’emblée choisi de se lancer avec nous dans l’aventure. Le Gai Savoir a un point de départ très tourangeau, mais depuis, il s’est élargi, l’an passé avec Montpellier, cette année avec Florence, Salamanque, Louvain qui vont apporter leur par-ticipation. Les manifestations ont lieu sur un territoire allant de Tours à Richelieu en passant par Saumur et Sainte Maure, c’est toute l’image de notre région qui bénéficie du patronage de Maître Alcofrybas Nasier, bien au-delà des seuls aspects touris-tiques et gastronomiques. J : Comment voyez-vous Chinon dans dix ans ? M : Oh, rien n’est jamais acquis, et je me garderai bien de toute prévision. Mais je crois plus que jamais à deux choses : la pre-mière, c’est qu’on s’en sort mieux ensemble que seul dans son coin. La seconde, c’est qu’il faut savoir regarder l’avenir, même si on ne peut s’en faire qu’une idée imparfaite, même s’il y aura des imprévus : l’important, c’est d’avoir déjà pris quelques longueurs d’avance. Anticiper fait gagner du temps et facilite l’adaptation aux aléas. A cet égard, la mise en place des inter-communalités – aussi difficile qu’elle ait pu être et d’ailleurs précisément pour cela, et tout l’apprentissage d’un travail en commun sur l’échelle des bassins de vie nous auront obligés à regarder au-delà des limites de nos mandats dans l’espace et dans le temps.

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Réalité augmentée Résumé de la réalité augmentée du bassin de Loches à l’horizon 2030

A près trois décennies 70-90 de déclin démographique et de mutations économiques, le bassin de Loches s’est redressé au début des années 2000 grâce à la périurbanisation tourangelle et à certains atouts propres au territoire. Le bassin s’est appuyé sur cette nouvelle dynamique pour poursuivre son développement durant les décennies sui-

vantes, toutes proportions gardées. Il reste un des bassins démographiques les moins peuplés de la région avec 57 000 habi-tants en 2030, 4 000 de plus qu’en 2010. Jusqu’en 2030, il a continué d’être attractif pour les seniors grâce à son offre de services et son cadre de vie, et pour les actifs et leurs familles grâce, en plus, à son activité économique et la proximité de Tours. Ces populations se sont installées principa-lement dans la moitié nord de la zone, sur l’axe Tours-Loches, à proximité d’Amboise et de la vallée du Cher. Les différents acteurs du territoire, soutenus par la dynamique de population, ont mis en œuvre des actions permettant le développement du territoire : maintien d’équipements et de services à la population, effort sur les infrastructures de trans-port, sur l’image du territoire et sur l’implantation d’entreprises. Ils ont œuvré en ayant conscience que tous les territoires du bassin n’ont pas la même vocation et qu’ils peuvent être complémentaires : une partie Nord et Ouest plus peuplée et basée sur l’activité productive et les services à la population, et une partie Sud et Est en déclin démographique mais avec des condi-tions de vie soutenables autour de quelques communes équipées et une activité basée sur ses richesses naturelles (tourisme vert, agriculture). Les difficultés sociales liées à la précarité énergétique des ménages (logements énergivores, déplacements, installation de fa-milles modestes s’éloignant de Tours en raison du coût de l’immobilier) et aux faibles revenus de retraités (difficulté de santé notamment) s’accroissent avec le vieillissement de population et la poursuite de la périurbanisation, sans qu’elles puissent être vraiment enrayées par les pouvoirs publics locaux. Une situation actuelle héritée du passé lointain et d’une dynamique récente Loches est une cité royale ayant connu une forte renommé du XIIème au XVIIème siècle. De la révolution française à la Se-conde Guerre mondiale du XXème siècle, l’activité du bassin démographique s’est transformé, tournée vers l’industrie (textile, papier-carton, métaux), mais sa population a stagné. Après un nouvel essor économique jusqu’aux années 60-70, sa popula-tion a décliné jusqu’aux années 90, puis elle connaît un renouveau à partir du début des années 2000. Le bassin démographique de Loches est très peu peuplé, avec 53 000 habitants en 2010 (moins que les bassins de Le Blanc, de St Amand-Montrond, de Sancerre-Aubigny), 28 habitants au km² (un peu plus que les bassins précédemment cités). Il est situé dans un département où les deux autres bassins (Chinon, Tours) ont un plus grand rayonnement. Il est fortement lié à celui de Tours puisque de nombreux actifs qui s’installent dans le bassin de Loches travaillent dans le pôle d’emploi de Tours. Il a peu d’échange au Sud avec la Vienne et à l’Est avec un bassin de l’Indre encore plus dépeuplé, ce qui ne favorise pas son dévelop-pement. Les infrastructures de transport sont relativement faibles sur la zone avec seulement 4 routes départementales et une ligne de TER vers Tours et Châteauroux très limitée. Deux autoroutes à proximité (A10, A85) permettent à la population d’accéder plus rapidement à des territoires plus éloignés. Il possède des richesses naturelles (vallée de l’Indre, prairies bocagères, bois, forêt), des terres agricoles et d’élevage, un patri-moine historique, des activités économiques assez diversifiées, mais une population vieillissante. L’emploi a progressé sensiblement entre 2000 et 2008 grâce à l’accroissement de population (construction, commerce, ser-vices), notamment à proximité des agglomérations de Tours et d’Amboise, mais aussi en direction de Ste-Maure-de-Touraine. L’économie est assez diversifiée avec une présence de plusieurs activités industrielles (articles de cuirs, produits métalliques, matériel de transport, imprimerie, caoutchouc, agroalimentaire) et de nombreux emplois dans le domaine sanitaire et social (hôpital, maisons de santé, EHPAD). Le tourisme génère aussi quelques emplois et l’activité culturelle est importante. Malgré la hausse de population active, le chômage reste inférieur à la moyenne nationale et régionale et le bassin est moins touché par la crise économique actuelle que plusieurs autres bassins démographiques. Les acteurs locaux, notamment les 4 commu-nautés de communes, œuvrent ensemble et efficacement pour développer le territoire Les leviers stratégiques et points de vigilance Le développement du territoire à l’horizon 2030 est passé par : - Une arrivée d’actifs résidents mais aussi d’entreprises grâce à la proximité et du rayonnement de l’agglomération Tours-Amboise. Des actions ont été menées par les acteurs locaux sur l’image du territoire, et pour faciliter l’installation de popula-tion et d’entreprises dépendantes du bassin de Tours. Des filières de formation initiale ou continue sont développées ainsi que des partenariats avec des centres de formation du bassin de Tours pour attirer des actifs plus qualifiés.

Bassin de Loches

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- Un développement de l’économie présentielle compte tenu de la hausse de population (commerce, services, construction) avec un appui important des pouvoirs publics. Plusieurs équipements et services à la population (crèches, écoles/collèges/lycée, équipements culturels et sportifs, services publics, commerces, maisons de santé et de retraite…) ont été créés pour accompagner cette augmentation de familles avec enfants et de retraités. Les nouveaux logements sont proposés à proximité des villes ou des axes de transport. - Dans le Sud du bassin, un maintien d’équipements et de services dans les plus grandes communes (Descartes, Ligueil, Preuilly-sur-Claise) grâce à une solidarité territoriale, afin d’aider les populations en développant les services à distance et à domicile. L’enjeu n’a pas été d’enrayer la baisse de population mais plutôt de mettre en place des conditions de vie pérennes pour la population restante et celle qui voudrait s’y installer. - Une amélioration des infrastructures de transport et l’utilisation de nouvelles technologiques de services à distance afin d’améliorer l’accès aux besoins de la population. Un développement en particulier des transports collectifs (bus, TER) voire d’autres modes de transport (covoiturage, auto-partage) a été nécessaire. - Un soutien important aux ménages pour rénover leurs logements ou les inciter à se rapprocher des villes-centres afin de ré-duire leur facture énergétique et, pour le second point, diminuer leurs déplacements vers les pôles de services. Les principaux points de vigilance sur des situations qui se sont dégradées La population de retraités, déjà nombreuse en 2010, s’est fortement accru jusqu’en 2030. Les retraités de ce territoire sont plus pauvres en moyenne que sur l’ensemble de la région. Leur état de santé, voire de dépendance, sont globalement moins bons compte tenu du niveau social et des emplois occupés (ouvriers de l’agriculture et de l’industrie). Grâce à la proximité de Tours et aux efforts des acteurs locaux, les équipements et services de santé se sont maintenus voire ont progressé, mais ils sont insuffisants face à l’ampleur des difficultés. Le niveau de vie des actifs du territoire, plus faible qu’en moyenne régionale (emplois plus précaires et moins rémunérés) ne permet pas une redistribution sociale locale. L’espérance de vie a ainsi légère-ment reculé, notamment dans le sud du bassin. Face aux difficultés financières de l’État et des collectivités, les investissements sur les infrastructures de transport ne sont réalisés que lorsqu’ils sont vraiment efficients. Ainsi, l’axe Tours/Loches est amélioré, ainsi que très localement certaines voies vers cet axe et les deux autoroutes, mais le reste du territoire pâti d’infrastructures insuffisantes. De même, certains services publics ou équipements se sont réduits sur des territoires isolés, rendant la vie plus difficile pour ses habitants.

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Réalité décalée

U n scénario résolument optimiste mais pas idéaliste : de réelle potentialité du territoire en période de pénurie (énergie et carburant), il nécessite néanmoins un changement radical (mais moins qu’ailleurs) des modes de vie, une approche plus collective et moins individualiste.

L’obligation de faire des économies d’énergie change radicalement la physionomie du territoire, ces changements subis de-viennent une force pour le territoire car appellent à des changements moins radicaux qu’en aire urbaine. Le bassin bénéficie de l’exode urbain de Tours : en effet, le coût des matières premières et les envolées des prix de l’énergie contraignent les habi-tants (notamment classes moyennes et pas seulement les personnes aux revenus modestes) à adapter leur mode de vie et à s’installer dans de petites villes. Le coût de l’immobilier et du foncier déjà discriminant avant cette « crise » devient insuppor-table additionné au nouveau cout de l’énergie, et à l’explosion du prix des denrées alimentaires. Cela ne tardent pas à avoir des conséquences sur la consommation des ménages, qui optent pour des circuits de proximité, des consommations plus rai-sonnées (fruits et légumes de saison, produits du terroir qui deviennent moins chers du fait des faibles couts de transport, du développement possible de jardins individuels et collectifs rendus possible par le cout des terrains…). Le modèle urbain tel que conçu depuis plusieurs années devient obsolète, les territoires ruraux attirent de plus en plus les populations jeunes et jeunes adultes, plus propices à ces nouveaux modes de vie. Les villes centres s’appuient sur des savoirs et savoirs faire conservés en milieu rural : cela permettant au territoire une adap-tation plus rapide qu’autour des grandes villes qui ont basé leur développement sur des facteurs exogènes. La facture énergé-tique des logements explosent, populations jeunes et âgées s’éloignent du périmètre de l’agglomération tourangelle ; Loches devient attractif. Le territoire tire donc son épingle du jeu et commence à attirer de plus en plus de populations jeunes, garan-tissant ainsi le maintien des équilibres générationnels. Des jeunes couples sont attirés par ces modes de vie coopératifs et les solidarités organisées s’effectuent plus rapidement que dans l’agglomération tourangelle car s’appuyant sur l’existant. Transport Le territoire auparavant attractif via sa proximité avec l’agglomération de Tours étant mal desservi par les transports en de-hors de cet axe (et encore) se retrouve isolé. Les impacts de la pénurie de pétrole en termes de transport sont importants et contraints au développement de solidarités territoriales avec le développement de réseaux de covoiturages généralisés, de lignes de taxis collectifs et l’organisation du transport des personnes âgées devient une nécessité. Le territoire s’adapte plutôt bien. Il est décidé de réhabiliter le réseau ferroviaire auparavant inexploité mais cela prend du temps et de l’argent (à long terme la ligne SNCF sera électrifiée et réactivée notamment sur l’axe Tours/Loches/Châteauroux), les déplacements pendu-laires et loisirs se développeront via cette ligne : l’offre devrait suivre la demande et le cout diminuerait ainsi de façon impor-tante, un projet de ligne de fret est engagée pour remplacer à terme le ferroutage. Consommation de proximité sur le mode coopératif L’abandon des voitures individuelles aboutit à un recentrage sur la consommation de proximité. Il y a désaffection des grandes surfaces dont les prix ont explosé en raison des coûts de transports et développement concomitant des coopératives (non dans le seul secteur agricole mais également dans le champ de l’habitat, de la culture, des transports…) On assiste à une organisation généralisée en coopératives dans tous les domaines (transports, agriculture, la revalorisation remplace la seule gestion des déchets…). Il y a développement et renforcement de nouvelles filières (bois), suivis d’améliora-tion de l’habitat, développement de nouvelles formes d’habitat (colocation, habitat individuels avec espaces collectifs, jardins partagés), et organisation d’une filière construction. Gouvernance La gouvernance s’organise de 2 façons : - D’une part d’une façon informelle, il y a reprise en main par les habitants de leur gouvernance, et nombre d’entre eux s’investissent davantage. Les solidarités et coopérations remplacent les replis sur soi constatés et l’on assiste au développe-ment d’une vie sociale et collective… Cela aboutit au développement de structures portées par la société civile sous diverses formes (associations de solidarité, AMAP, coopératives SCOP ou autres) sur le modèle privé. - Par ailleurs, ces initiatives privées trouvent rapidement écho auprès des structures institutionnelles déjà en place mais mises à mal (notamment les Conseils généraux qui ne peuvent plus financièrement assumer la solidarité collective). Plutôt que de traiter les conséquences du modèle de société valorisé auparavant, ces structures agissent sur les causes, s’appuyant sur et déléguant aux structures privées des missions d’intérêt général qui ont des conséquences structurantes sur les territoires (le soutien de ces initiatives citoyennes contribue à leur organisation et structuration) : un nouveau modèle économique se déve-loppe (au sens plus large que purement financier ou monétaire) : il prend en compte les échanges en termes de services, de denrées et les économies engendrées par le développement des solidarités permettent le maintien des services publics délé-gués à des organisations collectives ou récupérées/portées par la puissance publique.

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Services de proximité La notion de qualité de vie supplante celle de développement économique qui ne constitue plus qu’un outil parmi d’autres et non plus une fin. Les gouffres financiers produits par les projets de grandes infrastructures ne sont plus qu’un mauvais souvenir, le développe-ment endogène des territoires les rendant obsolètes. Les structures institutionnelles se recentrent sur leur mission première : l’assouvissement des besoins primaires des populations (santé, nourriture, habitat, lien social, solidarité). Le développement de coopérations par la mutualisation des équipements, les jardins partagés, les chantiers de co-construction, le troc… et leur rationalisation permet de maintenir des services essentiels en mutualisant et réduisant leurs coûts (santé, social, accompagnement, soin des personnes âgées, gardes d’enfant…). Transition écologique La politique de l’habitat se transforme en profondeur avec la généralisation de nouvelles formes de construction (paille, bois…), l’utilisation des matières premières de proximité pour la construction de logements ; la forêt domaniale de Loches re-prends ainsi une fonction tournée autour des besoins primaires (chauffage, construction bois…). La mobilité est encouragée sur le mode collectif (désaffection de voies autoroutières et routières, et développement des modes collectifs (trains, voitures partagées…) et écologiques. Le photovoltaïque et l’éolien se développent fortement, d’abord à partir d’initiatives individuelles puis en mode organisé. La recherche et développement dans ces domaines attirant des populations jeunes et dynamique pour le territoire. Emplois Le bassin de vie s’en sort plutôt bien par rapport au reste du territoire régional : les entreprises type petit artisanat et petits commerces se développent en réseaux et s’organisent en coopératives, mutualisant les risques et opportunités. Le lait produit dans le bassin irrigue l’ensemble de la région Centre, de nombreux emplois voient le jour dans le domaine du bio et des circuits courts autour d’une économie de services de proximité. Les zones industrielles et commerciales périclitent au profit des commerces de proximité, de l’emploi en relation avec des ser-vices ou autour de la valorisation des déchets et du patrimoine naturel et culturel. Des filières s’organisent et la recherche et développement de nouveau valorisée pour tirer profit des savoirs/savoirs faire dans les domaines de la construction, de la consommation, de la préservation et de l’économie des ressources naturelles… De nouvelles formations verront le jour pour valoriser ces acquis. La réactivation des industries du bois, du papier, des industries textiles, de la construction qui deviennent les moteurs de dé-veloppement de la zone. La forte présence de l’agriculture et de l’agroalimentaire permet au bassin d’irriguer Tours et les bassins environnants avec un recentrage sur des productions plus locales et moins consommatrice d’énergies. Tourisme Le territoire se réoriente vers un tourisme de proximité et de nature endogène plutôt qu’exogène, accueillant les habitants des pôles urbains régionaux qui redécouvrent ainsi un « écotourisme », les routes a vélo se développent. Les expériences menées sur le territoire montrent une réelle capacité d’adaptation de celui-ci. Le territoire devient attractif pour l’extérieur. Cela participe à l’acceuil de touristes venus voir ces nouveaux modes de vie (notamment dans le domaine de la construction, de la valorisation des déchets, de la consommation rationnalisée…). Plus structurellement, cela participe éga-lement à l’installation et au développement de résidences secondaires, de pôles de recherche sur le développement des terri-toires ruraux, jusqu’alors peu pris en compte dans les formations secondaires (sous réserve d’une politique de promotion du territoires, de ces acquis et de capitalisation des expériences innovantes mises en place autour des notions de proximité, de partage et de solidarité, d’échanges de savoirs et d’utilisation raisonnée et raisonnable des matières premières). Cette situation participe à l’attractivité du territoire, au maintien et au développement de services de proximité qui attirent de nouvelles populations, jeunes parents notamment et familles.

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Réalité augmentée

Le soleil de Chine se lève désormais aussi à l'ouest...

中国的太阳即日起也将从西边升起…

9 mai 2028

U n Airbus A680 atterrit à Déols sur l'aéroport de Châteauroux Centre en provenance directe de Shenzhen. À son bord, quelques dizaines d'investisseurs industriels chinois mais aussi des commerçants dans les différents secteurs du luxe, de la gastronomie et de l'électronique. Ce sont des acteurs économiques majeurs de cette ville, capitale de la Rivière

des Perles, et à ce titre intéressés pour renforcer les liens avec la région berceau du Val de Loire Patrimoine Mondial. C'est vrai que la décennie qui vient de s'écouler a profondément changé le paysage castelroussin ainsi que son positionne-ment au sein de la région Centre. La capitale départementale de l'Indre était en 2015 l'une des moins attractives de la région surtout après le départ des activi-tés militaires et des 1 000 soldats du 517ème, symbole de toute une page d'histoire remontant à la coopération avec les alliés. Mais au lieu d'adopter des stratégies de développement et d'attractivité similaires à celles des autres chefs-lieux de Départe-ment, Châteauroux a misé sur ses différences et complémentarités avec les territoires limitrophes. Le vieillissement prédit par les études de l’INSEE et du CESER a bien été constaté et les élus du territoire en ont pris conscience très tôt. Il fallait impérativement attirer et renforcer les compétences disponibles sur le territoire et pour cela, trouver une locomotive économique. Le projet Phénix, la renaissance Un projet sommeillait depuis plus d'une décennie, un projet qui consistait à créer un lien direct avec la Chine, principalement avec les provinces de Chenzhou, de Shenzhen et de Shangai. Mais les réticences franco-françaises liées à la crainte de perte d'identité et la compétition entre territoires n'avaient pas permis de faire aboutir ce projet. Les élus se sont mobilisés à la fois pour convaincre Paris de faciliter cette initiative, mais aussi pour créer une réelle synergie avec les autres territoires du Berry. Cette double démarche a permis à la fois : - De mettre un terme à la compétition entre les aéroports franciliens et celui de Châteauroux Centre. Aéroport De Paris (ADP) a enfin admis que cette infrastructure remarquable n'était en aucune façon une menace mais au contraire un complément utile pour désengorger l'espace aérien tout en augmentant les trafics marchands et passagers du territoire national. - Et de compléter l'approche foncière de Châteauroux par une approche filière économique que les réseaux consulaires du Cher et de l'Indre avaient entamé quelques années auparavant mais sans succès. La nouvelle donne du territoire La crise économique des années 2010 n'avait pas eu réellement de fin. Désormais, les finances publiques doivent être exem-plaires pour garantir la solvabilité du pays et des collectivités et ainsi faire revenir la confiance des investisseurs publics ou privés, et ce, pour des projets industriels, résidentiels ou collectifs. Cette situation n'était pas spécifique à Châteauroux mais la conséquence fut assez étonnante pour ce territoire avec le report sine die du projet POCL et en contrepartie un renforcement des liaisons POLT qui avait été le parent pauvre de la politique ferroviaire à une certaine époque. Ceci a permis de développer et de rentabiliser un embranchement direct vers l'aéroport de Châteauroux Centre et ainsi compléter harmonieusement l'offre logistique permise par l'A20 qui depuis 2020 est passée à 2 fois 3 voies. Ces investissements dans des infrastructures de dimension internationale en complément de la mobilisation des élus locaux ont permis de mettre Châteauroux Centre à moins de 2 heures de l'aéroport Charles de Gaulle et avaient convaincu les inves-tisseurs chinois de concrétiser enfin ce projet Phénix. Les alliances politiques et économiques Châteauroux n'est pas le seul territoire concerné par le projet Phénix. En effet, la dynamique économique rendue possible par la coopération des réseaux consulaires du Cher et de l'Indre avait rapproché Châteauroux de Bourges ce qui nécessita une amélioration de la liaison routière entre ces 2 capitales départementales. L'augmentation des flux d'échanges entre ces 2 villes eut pour conséquence heureuse d'entraîner Issoudun dans cette même dynamique. De plus, la proximité de la Cosmetic Val-

Bassin de Châteauroux - Issoudun

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ley, des PNR Loire-Anjou-Touraine et de la Brenne, de la Vallée de la Loire, dont l'inscription au patrimoine mondial de l'UNES-CO venait d'être confirmée pour la deuxième fois, ont conforté le sens et le contenu des échanges qui au départ étaient une simple vision politique. Les échanges commerciaux, qui étaient essentiellement dans le secteur de la gastronomie et de l'élec-tronique, ont été complétés par ceux du luxe, ce qui permis de redynamiser les activités du groupe Vuitton, ainsi que du tou-risme. Ce dernier secteur a contribué au développement économique mais a aussi et surtout permis de renforcer l'attractivité du territoire pour les talents internationaux qui y ont vu un intérêt pour passer quelques années avec leur famille dans cette belle région Centre en profitant des animations nature et culture à l'instar du Festival DARC qui bénéficie désormais d'une renommée internationale. De plus, dans le domaine industriel, les coopérations avec les centres d'ingénierie de production d'électricité présents sur Tours se sont amplifiées et plutôt que de voir l'Empire aux 20 Dynasties et 16 royaumes comme un rival, des projets mondiaux sont conduits par des consortiums franco-chinois dont les flux de compétences passent en partie par le territoire castelroussin. Les facteurs clés de succès, les conséquences heureuses et les dommages collatéraux Le territoire castelroussin retrouvait une dynamique économique tout en respectant et en profitant de ses atouts environne-mentaux. Mais pour soutenir ce développement, il fallait des talents qui ne pouvaient pas tous venir de l'extérieur de la ré-gion. Certes, il y eut les reconversions issues des secteurs historiques comme la métallurgie ou le caoutchouc mais cela ne suffisait pas. Aussi, le Rectorat, les Ecoles, les réseaux consulaires et tous les opérateurs de formation se sont mobilisés en anticipant la demande de compétences et ainsi répondre aux besoins dans un large éventail d'activités. L'amélioration de la liaison ferroviaire et autoroutière avec Tours avait rendu crédible l'offre de formation notamment pour l'enseignement supé-rieur mais aussi pour la formation continue et ce, à la fois pour les jeunes mais aussi pour les employeurs du territoire. Une des conditions d'attractivité pour ces 2 catégories était aussi de bénéficier de liaison en très haut débit numérique, ce qui était rendu possible depuis une décennie grâce aux politiques d'investissement portées par la Région Centre et coordonnées avec les autres acteurs politiques et opérateurs privés. Certes, ce développement économique n'a pas été facile et tous les territoires n'ont pu suivre la cadence imposée. Ainsi, les zones rurales ont continué de perdre de l'activité mais elles ont trouvé un nouvel équilibre avec une population moins impor-tante et une économie rénovée notamment grâce à un essor tout à fait justifié des circuits courts et locaux permettant une activité agricole de qualité. Ceci a permis de focaliser les besoins vitaux de ces territoires ruraux sur les points nodaux structu-rant le département. Un minimum de services publics, d'éducation, de santé, aidé en cela par le déploiement de la téléméde-cine, a pu ainsi être maintenu. Par ailleurs, le parc logement vieillissant a fait l'objet d'investissements ciblés permettant d'offrir aux nouveaux arrivants des conditions de vie tout à fait intéressantes. Cette activité centrée sur certaines zones rurales a permis aussi de donner une raison de faire vivre les commerces de proximité et réciproquement. L'avenir, une histoire à construire Il est vrai que cette dynamique mondiale a permis de redonner une nouvelle place à ce territoire Castelroussin qui désormais fait l'articulation entre la Région Centre, laquelle avait gardé la maîtrise d'ouvrage de l'aéroport, et la région francilienne mais aussi avec les régions du sud-ouest. Ce projet Phénix a ainsi permis de rappeler l'intérêt stratégique du positionnement de Châteauroux. Ce révélateur a bien été compris par les élus et les acteurs économiques qui ont ainsi écrit, pour ce territoire, une nouvelle histoire sur les bases de ses acquis historiques et géographiques.

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Réalité décalée

E n 2015, le nouveau « choc pétrolier » n'avait pas épargné le bassin démographique de Châteauroux-Issoudun. Comme ailleurs, on assiste rapidement à une augmentation considérable des prix des carburants et des énergies notamment fossiles. Et par contrecoup des hausses importantes sur de nombreuses matières premières mais également sur des

produits finis. Tout le monde était touché : salariés, entreprises industrielles ou de transports, agriculteurs, personnes âgées occupant très souvent des bâtiments anciens et mal isolés. Certes, ce n'était pas le premier coup dur que ce bassin avait con-nu dans son histoire, mais il arrivait en pleine crise dont on ne voyait pas le bout et qui finissait par décourager une partie de la population. Comment dans ces conditions d'explosion des coûts de transports, pouvait-on encore croire de façon réaliste - et attendre que cela se fasse - à une arrivée et une implantation plus ou moins durable des Chinois sur Châteauroux, de leurs capitaux, de leurs produits et qu'en retour, des productions nationales seraient exportées dans de grandes proportions vers l'Extrême-Orient ? Nombre d'élus de ce bassin n'avaient-ils pas trop cru à ce « miracle chinois » ? Une riche histoire notamment industrielle Dans la seconde moitié du XIXème siècle, ce bassin avait connu un essor industriel très important, profitant de l'arrivée du chemin de fer Paris-Toulouse en 1847, tout en conservant d'anciennes industries du XVIIIème siècle (textile et habillement), présentes encore aujourd'hui mais de façons plus modestes. Entre les deux guerres, une industrie aéronautique s'est dévelop-pée à Châteauroux ; elle a disparu dans les années 70. L'industrie du tabac a disparu également à la veille des années 2000. La base aérienne de l'OTAN, installée en 1950 sur Châteauroux, a fermé en 1966 : ce fut un coup très dur pour le bassin en entrai-nant la disparition de milliers d'emplois civils. La plupart des autres secteurs industriels (métallurgie, caoutchouc-plastiques...) continuaient de péricliter ou disparaissaient (papier-carton). Tout récemment, en 2012, dans le cadre de la restructuration de la carte militaire, près de 1 000 militaires et leurs familles sont partis : nouveau coup dur. Seuls arrivaient à progresser des emplois tertiaires, administratifs ou du secteur sanitaire et social dans ce territoire, essentiellement en raison de la concentra-tion des services du département sur les deux grosses agglomérations que sont Châteauroux et Issoudun. Issoudun avait con-nu, mais plus tôt, un déclin. Le choix de Châteauroux, deuxième ville du Berry, comme préfecture du département de l'Indre, fit bien sûr « du tort » au développement d'Issoudun qui vit sa population baisser de 20 % ces 40 dernières années. Précédent en quelque sorte Châteauroux (c'était pendant la 1ère Guerre Mondiale) en accueillant la plus grande base aérienne américaine hors USA, cette sous-préfecture avait vu, dès 1917, 7500 personnes travailler au service de la formation de pilotes. 1919 vit sa fermeture. Et, ville de garnisons françaises également, celles-ci disparurent bien avant celles de Châteauroux. En 2015, on ne pouvait que constater un nombre de créations d'entreprises particulièrement bas : l'industrie continuait à perdre des emplois risquant d'entrainer le territoire dans une spirale de déclin. Des projets de (re)développement, s'appuyant notamment sur l'aéroport de Châteauroux dédié au fret avaient bien été faits mais n'avaient pas abouti : qui allait venir s'ins-taller dans ce territoire du sud de la région en train de vieillir et de se désertifier ? C'est le « choc » de 2015 qui provoqua des réactions des acteurs locaux du territoire. Comment faire face au manque d'attrac-tivité du bassin, un des moins attractifs de la région pour les entreprises, les jeunes, les salariés et même les retraités, avait constaté le CESER dans une étude de 2013 ? Ce bassin avait pourtant des atouts : une ligne très importante de chemin de fer nord-sud quoique dégradée par manque d'entretien, un grand aéroport pour le fret, l'autoroute A 20 ; mais aussi une vie cul-turelle et associative riche, des établissements de formation de qualité... Une coopération fructueuse retrouvée Depuis longtemps les bassins de Bourges-Vierzon et de Châteauroux-Issoudun formant pour l'essentiel l'ancienne région du Berry (le Haut Berry et le Bas Berry), voulaient coopérer pour créer un « troisième pôle économique » dans le sud de la région. On parlait alors du « Triangle Bourges-Vierzon-Châteauroux », conçu comme un pôle d'équilibre en face de ceux de l'axe ligé-rien, avec Issoudun au « centre » de ce triangle à égale distance proche de ces trois villes. C'était la volonté de nombre d'habi-tants de ces territoires de vouloir coopérer. En 2030 - 15 ans plus tard - où en était-on ? Ce triangle territorial avait de très gros atouts : une infrastructure de transports assez unique qui avait été entièrement rénovée et modernisée ces 15 dernières années. La LGV POCL avait vu le jour et appor-tait un plus incontestable, y compris pour du fret à grande vitesse. Le POLT, ligne historique nord-sud, irriguant le territoire Châteauroux-Issoudun, rénovée alors que la SNCF voulait partiellement la condamner il y a 25 ans, pouvait supporter désor-mais la circulation de trains à grande vitesse (supérieure à celle du célèbre Capitole abandonné au début des années 80), ligne que l'on pouvait largement dédier au fret. Les TER avaient été développés et permettaient des échanges rapides et confor-tables entre les villes des 2 bassins ; la ligne transversale est-ouest St Nazaire - Centre Europe, désormais électrifiée sur toute sa longueur (menacée elle aussi en son temps), pouvait dorénavant supporter un trafic fret important et la ligne Châteauroux-Loches (fret et voyageurs) achevait un maillage ferroviaire en direction de Tours. Toutes ces lignes étaient désormais connec-tées au réseau national. Le réseau routier avait lui aussi été fortement amélioré pour faciliter les liaisons entre les territoires : élargissement de la

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route entre Bourges, Issoudun et Châteauroux et de celle reliant Châteauroux à Tours. Vers l'ouest, la route Châteauroux-Poitiers avait elle aussi été élargie. Et la liaison routière « à vocation européenne » vers l'est, dont le principe avait été arrêté au début des années 2020, était en voie d'achèvement en 2030. Un tel réseau associé au réseau autoroutier nord-sud avec l'A 20 et est-ouest / sud-est avec l'A 71 permettait de multiplier les échanges dans la région et offrait des ouvertures vers tous les pôles de développement du pays et ceux situés à l'étranger. L'aéroport de Châteauroux-Déols dédié pour l'essentiel au fret, en liaison directe avec les aéroports parisiens de fret, offrait une dimension supplémentaire à ce réseau de transport. Toutes ces modernisations des réseaux de transport avaient demandé de très gros investissements qui n'auraient jamais pu être réalisés sans financements européens mais aussi régionaux. Ne se trouvait-on pas dans une situation analogue à celle de 1847 - bien sûr adaptée aux conditions du XXIème siècle - lorsque le train est arrivé à Châteauroux ? Un renouveau d'attractivité Rapidement, dès le début des années 2020, le bassin de Châteauroux, ainsi que celui de Bourges-Vierzon, retrouvait une attractivité. Avec la perspective de l'excellence du réseau de transports et le renouveau du fret ferroviaire (des lois favorisant ce mode de transport avaient été votées récemment) le bassin attirait de nouvelles entreprises industrielles souvent liées à l'automobile ou l'aéronautique. Des centaines d'emplois nouveaux, qualifiés, ont été créés. Des projets - qui n'avaient jusqu'ici pas pu être réalisés - se sont concrétisés. Ainsi, par exemple, Châteauroux développa une importante industrie de déconstruc-tion d'avions. L'expérience acquise dans ce domaine a permis d'amorcer quelques années plus tard l'extension de ce type d'industrie à d'autres matériels industriels, aux camions, aux automobiles et même au matériel électronique. Des industries plus anciennes ont retrouvé du souffle : le textile par exemple et les matériaux souples. Assez rapidement les problèmes « matériels » (infrastructures diverses, développement du haut débit,...) liés à l'installation des entreprises ont pu être résolus. Il restait cependant d'énormes investissements à réaliser pour faire face aux développements futurs auxquels dans le bassin on commençait à croire sérieusement. Elever les qualifications de tous Autre problème à résoudre, étroitement lié aux créations d'emploi : comment répondre aux besoins de qualifications élevées indispensables aux entreprises qui arrivaient ainsi qu'aux plus anciennes déjà installées ? Dans le bassin de Châteauroux, la main d'œuvre était encore en 2015 dans l'ensemble peu qualifiée, très loin des qualifications nécessaires. Et, en dépit d'un taux de chômage élevé - supérieur à 10 % en 2015 - il était difficile dans un bassin où la population active était de l'ordre de 50 000, de pourvoir à tous les besoins (remplacements des départs, nouveaux emplois créés). Un effort considérable a été fait sur la formation continue des actifs pour une reconversion notamment des chômeurs, reconversion assez bien réussie, bien mieux que celle qui avait suivi la fermeture de la base aérienne. A terme, il était nécessaire de pérenniser un système de formation de haut niveau (les besoins en formations à bac + 2 ou + 3 allaient rapidement devenir la norme pour les ouvriers et les techni-ciens). Des acteurs - notamment des responsables d'entreprises - auraient souhaité une offre de formations rapides, les plus courtes possibles, y compris en formation initiale, débouchant directement sur des emplois à pourvoir. Tenant compte des difficultés passées et regardant la formation comme un véritable investissement pour l'avenir, d'autres choix furent faits en prônant et facilitant pour tous des formations du plus haut niveau possible. Idée qui dépassa largement le bassin de Châteauroux-Issoudun et fut reprise par les élus régionaux. Sur Châteauroux et Issoudun de nombreuses formations post-bac - en IUT, en lycées et lycées agricoles, CFA, à l'antenne uni-versitaire, à l'institut de formation de soins infirmiers... - permettaient dès 2015 de répondre à la fois aux demandes de nom-breux jeunes pour une formation générale initiale, y compris dans les domaines technologiques et professionnels, et aux be-soins exprimés par les entreprises. En même temps, ces organismes qui offraient de larges garanties de compétences, pou-vaient contribuer à développer une formation continue efficace. En coopération avec les nombreuses autres formations du bassin de Bourges-Vierzon et grâce à la facilité des déplacements entre les deux bassins, l'offre de formation s'est trouvée con-sidérablement élargie. En même temps fallait également offrir à tous les jeunes de ce bassin les possibilités réelles de suivre facilement d'autres formations, s'ils le souhaitaient, en particulier celles des universités, écoles et instituts de Tours, d'Orléans ou extérieurs à la région. Des efforts prometteurs Rapidement, alors que la rénovation des réseaux de transports n'était pas encore achevée, on a pu observer un intérêt nou-veau pour ce bassin de Châteauroux et même pour les deux bassins voisins pourtant en très grande difficulté. Des entreprises nouvelles, y compris étrangères, ont été séduites par la position centrale de ce Berry rénové et du bassin de Châteauroux-Issoudun en particulier, ses possibilités d'y trouver des salariés formés mais aussi la présence de l'aéroport dédié au fret. Pro-gressivement les entreprises locales se sont étoffées, d'autres se sont implantées. De nouveaux salariés sont venus s'installer avec leurs familles qui ont pu trouver dans le territoire des services qui se créaient et des perspectives pour leurs enfants : enseignement, études supérieures éventuelles, vie culturelle et associative dynamique, équipements sportifs... De nouvelles dynamiques ont pu s'enclencher comme le développement de l'artisanat du bâtiment ou un développement urbain plus har-

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monieux. L'influence sur les deux bassins voisins de l'Indre a été important : une redynamisation certes limitée mais réelle de La Châtre, Valençay et Le Blanc et plus encore d'Argenton. La vie associative et culturelle - déjà riche dans le bassin et les bas-sins voisins - s'en est trouvée portée à un niveau envié par de nombreux territoires. L'activité agro-alimentaire s'est renforcée et une agriculture de proximité de qualité a dû et a pu se développer. Les établissements agricoles de l'Indre ont largement contribué à ces évolutions. Sans pouvoir régler totalement les problèmes de démographie médicale particulièrement aigus du département, les dyna-miques engagées, les mobilisations ont permis en 2030 des avancées : des maisons de santé pluridisciplinaires ont vu le jour, mais surtout les projets, les réformes ont évolué et laissent entrevoir des solutions rapides. Il était temps lorsque l'on connait la sensibilité - et les besoins - des familles avec enfants et des personnes âgées et leurs proches sur ces questions. En 2030, les perspectives de désertification du département de l'Indre se sont éloignées. L'ensemble berrichon Châteauroux-Issoudun / Bourges-Vierzon avait pris un poids suffisant quoiqu'encore fragile pour apporter plus d'équilibre dans la région Centre tout en étant largement ouvert aux autres régions limitrophes.

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Réalité augmentée

L e 18 juin 2033, la Nouvelle République rend compte de la journée de rencontre des responsables locaux avec la popu-lation à l’occasion des 20 ans de la création des Maisons de santé disciplinaires d’Argenton sur Creuse et La Châtre.

« Une approche territoriale justifiée ! » C’est en ces termes que le Président du Conseil régional du Centre, en visite sur les territoires d’Argenton et La Châtre, quali-fiait les choix qui avaient été opérés, dans les années 2010 en se rapprochant des territoires, en proposant une politique vo-lontariste en matière de santé. C’était l’occasion de rappeler la série de forums locaux qui avaient été réalisés sur toute la ré-gion pour mettre en place le premier Schéma Régional d’Aménagement du Territoire : un modèle de concertation tant avec les élus que les habitants qui se poursuit encore aujourd’hui. Cet effort de prospective a vu la démographie s’améliorer avec, comme projeté par l’INSEE, un fort vieillissement de la popula-tion dont il fallait se préoccuper, entre autres, du fait de la situation catastrophique sur le plan médical et para médical. Le Directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS), confirmait que la création simultanée des Maisons de Santé avaient été déterminante dans le redressement d’une offre de soin défaillante sur les deux communes du bassin de vie. Au-jourd’hui des professionnels de santé et paramédicaux en nombre suffisant, avec pour certains un statut de salariés, assurent le fonctionnement des MSP et des Ehpad (fréquentés à 80 % par les habitants) auxquels sont associés des unités spéciales Alzheimer. La télémédecine a largement contribué à la sécurisation des populations locales en partenariat avec les hôpitaux de Châteauroux et le CHU de Tours, grâce à un effort stratégique particulier des collectivités réunies au sein du RIP 36 (Réseau d’Initiative Publique) pour développer le très haut débit et la fibre optique. Dans ce contexte rassurant, les maires de La Châtre et Argenton, qui s’étaient rapprochés à cette époque, reconnaissent que leurs villes ont évolué certes modestement, mais en conservant un cadre de vie de qualité. Argenton-sur-Creuse bénéfice quant à elle d’une situation plus favorable que La Châtre avec des accès routiers et ferroviaires préexistants : l'Occitane (A20), un acheminement de fret et la ligne POLT (Paris – Orléans – Limoges – Toulouse) qui avait fait en son temps couler beaucoup d’encre… Eu égard à la situation démographique des moins de vingt ans, que rappelait le Directeur de l’INSEE, les infrastructures de for-mation scolaires et professionnelles sont restées adaptées tout en faisant l’objet d’attentions particulières tant sur le plan im-mobilier que sur la qualité des prestations. C’est ainsi que des sections des formations professionnelles ont été ouvertes en complément de celles des structures de formations de Châteauroux. Le lycée professionnel d’Argenton accueille 800 élèves qui suivent des formations diversifiées dans les secteurs industriels, tertiaires et hôtellerie restauration, ce dernier organisant des formations initiales et continues. L'établissement dispose en outre d'un internat moderne et d'une salle de conférences. Lors de leurs allocutions, les élus ont insisté sur le souci qu’ils ont eu, au cours de ces années, d’améliorer le parc immobilier en profitant de la mise en œuvre de plans de type OPAH, de conserver des réseaux de services publics adaptés (recettes-perception, un centre des impôts, deux gendarmeries dont une brigade motorisée autoroutière, de polices municipales, des bureaux de poste, de services sociaux, ainsi qu’une offre culturelle (musées, cinémas, théâtres, écoles de musique) et sportive (stades, salles de sports, piscines et soutien aux unions associations). Les Présidents des Chambres consulaires ont, pour leur part, évoqués les infrastructures tant en matière d’offre d’emplois que de services aux populations. Plusieurs zones industrielles ont été créées par les syndicats intercommunaux à vocation multiple (SIVOM qui regroupent no-tamment des industries de transformation, des entreprises de transformation alimentaire, des entreprises de produits métal-lurgiques, etc.). Argenton-sur-Creuse et La Châtre accueillent quelques entreprises d’importance moyenne dont une importante entreprise de parapharmacie implantée sur la commune de longue date. On notera la forte présence de nombreux artisans, et l’existence d’une gamme de commerces jusqu’ici situés dans des centres villes rénovés et conviviaux qui bénéficient aujourd’hui d’incitations et soutiens particuliers pour une meilleure répartition sur le bassin de vie, parmi lesquels on peut citer le Contrat d’Appui aux projets (CAP) de transmissions. Seule l’agriculture, qui a perdu une part importante de ses professionnels surtout dans le secteur de l’élevage (son abattoir a d’ailleurs dû fermer), peine encore à trouver un équilibre entre l’entretien des espaces naturels devenu nécessaire et l’organi-sation de « circuits courts » tant au profit des particuliers que des collectivités. Situé au sud du département de l'Indre, le secteur est riche d'un patrimoine très apprécié qui a fait l'objet récemment

Bassin de La Châtre - Argenton-sur-Creuse

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d'efforts importants de revalorisation. Situé aux portes de la vallée de la Creuse, non loin du Parc Naturel Régional de la Brenne et du lac d'Eguzon (base nautique), le territoire bénéficie du voisinage de « la dame de Nohant » et sa « Vallée Noire, l'écrivain George Sand, qui n'est pas sans influence sur la vie locale. Un certain nombre de manifestations sont devenues tradi-tionnelles tels les « Fêtes Romantiques de Nohant », le Festival des luthiers et maîtres sonneurs et la nuit Chopin qui célèbre en musique l'anniversaire de la disparition de l'hôte privilégié de George Sand. Sur le sujet, le Vice-Président du Conseil régional délégué au tourisme, rappelait les efforts consentis par la Région et l’office régional du tourisme pour relancer et coordonner l’activité de ce secteur en mutualisant les synergies des divers acteurs (offices de tourisme, professionnels, associations) autour d’offres d’accueils diversifiés, de parcours organisés, de programmes modulables… Le Président du Conseil départemental de l’Indre, clôturait cette journée en remerciant les habitants de leur mobilisation au-tour des diverses manifestations de la journée destinées à démontrer la vitalité certaine d’un territoire dont beaucoup ne don-nait « pas cher » il y a quelques année et qui a prouvé que l’on pouvait conserver, voire attirer une population constituée à la fois de familles et de séniors. Un vin d’honneur, servi à la salle polyvalente de La Chatre, réunissait élus et habitants pour des échanges moins protocolaires.

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Réalité décalée

« La Châtre joue sa partition »

Un combat gagné mais à contre temps ! Quelques 2000 camions ont traversé la ville quotidiennement, sans jamais s’arrêter et juste pour regagner les villes de Poi-

tiers de Montluçon ou Châteauroux et cela pendant des dizaines d’années! Obtenir le contournement de la ville de La Châtre,

projet couteux mais enfin abouti en 2018 grâce à une population tenace, très mobilisée contre les nuisances exceptionnelles

qui donnaient à cette ville médiévale une affreuse allure années 50, ou les camions, « les routiers sont sympas » utilisait ce

centre bourg pour rejoindre à moindre prix de grands axes économiques. L’ironie du sort est bien que ce contournement

aboutit au moment où le choc pétrolier et le coût exorbitant de l’essence amenuisent considérablement les trafics routiers

automobiles ou camions, ce qui fait que ce contournement pour utile qu’il fut, est aujourd’hui d’une réalité un peu…décalée.

C’est le moment dans cette période traumatique, de se concentrer sur son histoire, son patrimoine, sa campagne, sur ses

ressources humaines, ses productions agricoles et industrielles, sur ses services, de faire germer ce que peut devenir ce bas-

sin de la Châtre en 2030 où de 1839 à 1846 pas moins de 40 morceaux de musique ont été composés par Frédéric Chopin.

La force de l’invention et la mise en musique

Il a fallu un maire, président de l’intercommunalité, pour que l’idée jaillisse : 40 mazurkas polkas, et valses ici ont été créés

dans le pays de Nohant, il y a maintenant deux cent ans, c’est aujourd’hui 40 projets pour ce bassin, 40 projets qui porteront

chacun le nom d’une partition de Chopin. Ces 40 projets, s’était laissé rêver le maire, seront recueillis auprès de la population

en veillant à ce que chacun ici et alentour, éprouve le sentiment audacieux et conquérant, que sa terre contient en elle une

musicalité profonde qu’il suffit d’écouter et d’orchestrer. Pour cela il fallut convaincre, pas question de laisser dire que ce

n’était que promesse politique et que ce bassin de La Châtre finirait par mourir. Les 40 projets Co-construits avec les habi-

tants, l’intercommunalité et les représentants de la société civile de la Châtre se sont donc structurés à partir des 3 grandes

fonctions repérées de ce territoire vulnérable :

La fonction PRODUCTION (notamment AGRICOLE), CULTURELLE, ici le patrimoine est riche mais désespérément discret et

mal valorisé, et enfin NATURELLE qui est l’essentiel de ce territoire et sa richesse intrinsèque.

Un projet d’ambition, à mettre en partition

La fonction production

« Bien se nourrir en Noir Berry »

Il fallait valoriser et tisser des liens entre les diverses activités agricole. L’idée force a été de construire une image reposant sur

une nourriture saine, originaire de la campagne, et bénéfique pour la santé. L’inventaire du patrimoine culinaire réalisé en

2012 avait révélé les trésors culinaires de la région Centre. L’intelligence du territoire de La Châtre a été de créer une valeur

ajoutée aux produits du Berry, dont elle ne disposait d’ailleurs pas des meilleurs (AOC, marques et label) en les mettant en

symbiose parfaite avec ce bassin resté naturel, peu pollué et pouvant se réclamer d’une qualité de vie et de savoir-faire au

naturel qui n’a que peu d’équivalent en France. La campagne a été moins défigurée ici qu’ailleurs, c’est un atout.

Les habitants ont identifiés 10 produits alimentaires pour définir le projet guide, avec une mise en partition du bio, déclinai-son fine des produits du terroir de la région, mais aussi un véritable itinéraire gustatif pour bien vivre en mangeant. Dans ces 10 projets1 on retrouve donc à sa première place le fromage de chèvre, et sa puissante accroche, car on le sait maintenant le chèvre est un fromage consommable même pendant un régime alimentaire, il est d’ailleurs recommandé et bénéficie d’un engouement considérable : La Châtre en a sophistiqué l’appellation, car c’était déjà un formage réputé, c’est aujourd’hui un « alicament » et plusieurs fermes tentent l’aventure de « la semaine diététique », encore un projet phare du territoire de La Châtre, qui est de recevoir des petits groupes de personnes soucieuses de se remettre en forme en jouant sur la fonction apaisante de la campagne, sur une gastronomie simple mais efficace à base de fromage , de volaille et de légumes, et sur le potage « sorcier » réalisé avec les plantes et les lentilles du Berry noir. La volaille noire du Berry est évidemment du projet, sa chair exceptionnelle, et viande maigre par définition, elle accompagne le concept du « bien se nourrir en Noir Berry »2 ; sa notoriété est désormais acquise depuis que Tours, capitale de la Gastronomie, l’a intronisé avec sa géline, dans ses saveurs gourmandes de renommée internationale : une vingtaine d’éleveurs dont une partie aux communes alentours de La Châtre valorisent cette activité, qui a fait l’objet d’un encouragement financier de la Région et de l’Europe sur le thème « innovons de nos savoirs faire ». Renforcé par ce dynamisme, un projet bois énergie a été entièrement mis en œuvre alliant la préservation du patrimoine et l’énergie renouvelable grâce au bois déchiqueté des bocages : la coopérative centrale de Neuvy St Sépulchre

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est leader en région Centre, avec son modèle de chaudière bois qui est désormais utilisé dans de nombreuses communes ru-rales et qui fournit l’énergie centrale pour des lotissements, et pour des établissements de santé et lycée de la région : preuve que l’économie rurale peut produire des idées économiquement très rentables. La fonction culturelle

Le chemin des dames émancipées

Naturellement la chance d’être sur un axe européen (l’E62 Nantes-Gênes avec un barreau direct Poitiers-Montluçon) favorise

la mise en valeur du patrimoine culturel. Comment ne pas songer à George Sand, à Frédéric Chopin et à Delacroix, tous trois

ont vécu dans ce périmètre, comment ne pas mettre en avant cette femme exceptionnelle modèle d’émancipation dans un

pays dont la parité vient seulement d’être incarnée par une présidente de la république ! George Sand fait partie de ces

grandes figures féminines et « le chemin des Dames émancipées »3, constitue un parcours plaisant, éducatif et historique, Eu-

ropéen, où La Châtre figure en ville étape. Cette reconnaissance, offre une nouvelle perspective à Nohant et à sa campagne

alentours, car désormais outre la maison natale, des semaines de séminaires sont mis en place sur des thématiques et des

ateliers d’excellence comme « l’égalité des hommes et des femmes, une nouvelle humanité ». Cette activité a renforcé le ré-

seau hôtelier de La Châtre ainsi que ses fermes d’hôtes.

Le chemin pour faire voyager l’âme

Pressentant que le XXIème siècle serait spirituel ou pas… Neuvy St Sépulchre une des plus belles basiliques de France, sur le

chemin de St Jacques de Compostelle depuis Vézelay est enfin un repère pour accueillir ou guider les nombreux pèlerins :

signalétiques, emblèmes, mais aussi effort considérable des habitants pour jouer le jeu de l’accueil fraternel de ces chercheurs

de mystère. Pour ce faire le territoire de La Châtre a habilement tiré parti d’un monde en mal de repères et soucieux de l’ave-

nir, elle a également en synergie avec les chemins de St Martin de Tours, mis en intelligence une carte du sacré, et du partage,

pour le plus grand bénéfice de la région Centre, qui désormais affiche, en plus de la Loire en vélo, deux « immortelles randon-

nées » qu’elle fait reconnaitre dans le monde entier. Enfin ces voyages, à pied ou à vélo, sont opportunément une façon de

voyager dans une complète économie énergétique ; le bénéfice d’image est très important, et les territoires en ont compris

tout le sens et l’importance.

Le chemin du pianiste

Il fallait simplement redonner de l’ampleur aux fêtes musicales de la Châtre, en s’appuyant sur Chopin, mais aussi en liant le

festival à la musique, et aux pratiques musicales et surtout à la création musicale ; un ensemble de passeports pour la mu-

sique fut ainsi mis en place par les écoles, par les conservatoires et écoles de musique pour proposer dans des cadres adaptés,

des semaines de chants, d’écriture au piano, dans l’esprit des 40 créations de Chopin4.

La fonction nature

Deux projets préalables indispensables

Dans un territoire aussi rural que celui-ci, la Nature est un argument incontestable pour développer le concept du bien-être de

la qualité de vie, et aussi ce qui est un atout d’une vie peu chère. Cet argument est très fort, et offre de l’attractivité. Encore

fallait-il prendre en compte deux éléments de modernité dont aucun homme de 2030 ne peut se priver : le premier est l’accès

aux réseaux internet, car c’est le centre nerveux de toute l’intelligence économique, comment, sans le très haut débit, en-

voyer ses volailles noires vers la Chine grand amateur de cette volaille si atypique. Cette mise en œuvre a réellement permis à

La Châtre d’aller vers de l’innovation. La deuxième est le service de santé, pour que sans risque on puisse vivre et travailler

dans ce territoire, y compris en télétravail, tout en bénéficiant des meilleurs soins ; le deuxième projet a donc été construit

avec la maison de santé, mais surtout en s’entourant d’une télémédecine raccordée à Orléans, Châteauroux, Tours et Poitiers.

La Nature est ici un héritage bien préservé, si on le compare aux campagnes européennes : diversité de paysages et beautés

naturelles ont fait éclore une activité en lien avec la préservation, le patrimoine et le tourisme rural. Innovante, elle s’inscrit

dans le programme de développement durable, avec plusieurs projets, celui lié à la limitation de l’effet de serre, par l’apport

de lin dans l’alimentation du bétail ; cette filière participe à « l’effort Nature »5, programme gouvernemental dont il a pu ob-

tenir un financement pour la filière agricole, tant élevage que culture agricole.

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Sur les 40 projets initiés par ce bassin, plus de la moitié est à l’œuvre, ce bassin au final a su stabiliser sa population, et per-

mettre l’émergence d’une énergie collective, fortement identitaire mais accueillante aux autres, consciente de ses atouts et

libérée de son impression d’être privée d’avenir…

1 Lentille, huile de noix, fromage de chèvre, volaille noire, truffe, potage du Berry… 2 A reçu le prix d’excellence de Médéric prévoyance, ainsi que de l’ARS Centre pour la qualité de ce programme de santé et le

prix de l’innovation en 2028 3 Initiative du Parlement européen, ce chemin fait revivre les grandes figures féminines de l’émancipation, parmi elles, Simone

Veil, Olympe de Gouges, George Sand… 4 Université de La Châtre et de Nohant en synergie avec le festival de musique de chant choral de Tours 5 Programme national destiné à promouvoir et aider au financement de toute initiative visant à réduire les risques pour la pla-

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Réalité augmentée 20 mars 2025 Les élus locaux du Blanc et de Valençay invitent une délégation du Conseil régional et du CESER pour procéder à la présenta-tion de l’évaluation de la stratégie conduite depuis une quinzaine d’année sur leur territoire. C’est dans le prolongement de la forte mobilisation sur des projets de santé qu’une concertation avait été conduite par les responsables locaux en vue de déter-miner les opportunités d’autonomie et de mutualisation susceptibles d’améliorer l’attractivité de leurs territoires excentrés. Un conseiller général rappelait, en ouverture, les propos tenus en 2013 : « Le cadre et la qualité de vie, le moindre coût du logement sont des atouts importants. Le déclin démographique et économique de nos belles contrées n’est donc en rien inéluctable, bien au contraire. Le travail constitue encore et toujours le nœud du problème, l’accueil d’entreprises industrielles, artisanales et commerciales, de services publics, pourquoi pas d’administrations décentralisées permettrait à de nombreux compatriotes d’espérer s’installer avec leurs enfants dans des lieux où il ferait bon vivre. Il importe qu’une politique volontariste d’aménagement du territoire soit menée à son terme !» Une volonté de survie En 2012, le Blancois comptait une population de 35 000 personnes, Valençay plus modeste 8 500 habitants et les villes con-centraient l’ensemble des infrastructures commerciales et de services. Les positions de l’ARS, nouvellement créée, en matière de santé avaient cristallisé les craintes de perdre toutes crédibilités quant à la sécurisation des populations appelées, selon l’INSEE, à voir le nombre d’habitants progresser, mais avec un taux de vieillissement plus important que sur le reste du territoire départemental. Les populations interrogées s’étaient, dans leur majorité, montrées plutôt satisfaites d’un cadre de vie souvent assumé, si ce n’est choisi. Le sentiment de handicap véhiculé par un quasi isolement par rapport aux agglomérations voisines telles que Châ-teauroux, Blois, Poitiers et Châtellerault se devait d’être dépassé. Un secteur des services largement conforté Au cœur du dispositif du Blanc, le Centre hospitalier a été restructuré et dispose aujourd’hui d’un plateau technique moderne et performant (un SMUR, un scanner et un poste aménagé pour hélicoptères), doté d’un personnel compétent et qualifié qui bénéficie largement des mutualisations instaurées avec les Etablissement de santé de Châteauroux, Tours et Poitiers. La maternité – un temps contesté –, associée à une structure de suivi périnatal, assure aujourd’hui un nombre satisfaisant d’accompagnements à la maternité et d’accouchements dans des conditions de sécurité maîtrisées. Valençay a vu ses souhaits réalisés avec la création du pôle de santé installé dans les locaux de l’Hôpital St Charles, complété par les quatre pôles de santé secondaires de Vicq-sur-Nahon, Luçay-le-Mâle, Lye et Poulaines. Enfin, un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes d’une capacité de 111 lits et un service de soins de suite et de réadaptation de 30 lits sont aujourd’hui opérationnels, comme les 4 établissements en service sur Le Blanc (2 EHPAD et 2 foyers logements). Ces structures sont ouvertes depuis quelques années à des professionnels de santé libéraux salariés souvent jeunes, assistés de personnels soignants pour partie formés dans un établissement sanitaire et social implanté au Blanc. Cet établissement complète également les besoins manifestés au profit des personnels mis à disposition par les services d’aide à domicile de Familles Rurales, opérateur principal dans ce secteur d’activité, indispensable à des populations de plus en plus âgées, mais également aux familles et personnes handicapées. Par ailleurs, le personnel médical pratique le système des vacations partagées et les missions dites « hors les murs ». Enfin, les travaux d'aménagement numérique réalisés par le Syndicat RIP 36 pour le déploiement du Très Haut Débit ont permis la généralisation de la télémédecine indispensable pour suppléer les problématiques liées aux distances et à la pénurie de professionnels qui ne se résorbe que très progressivement. Avec le renforcement de la compétence régionale en matière de formation, le bassin de vie a pu bénéficier, outre les forma-tions sanitaires déjà évoquées, de l’ouverture de sections commerce et bâtiment à vocation territoriale et ouverte aux forma-tions tout au long de la vie. L’accès aux formations supérieures reste une problématique compte tenu de l’éloignement des lieux de formation (notamment Poitiers) et des perspectives de retour à un emploi sur le secteur. Seules les formations scolaires n’ont pas évolué depuis que leur gestion est assurée par les communautés de commune qui ont opéré des regroupements en 2014 (Communauté de Communes de Valençay avec la Communauté de Communes du Pays d’Ecueillé, Communauté de communes Brenne avec celle de Val de Creuse), faute bien sûr de besoins supplémentaires justi-

Bassin du Blanc

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fiés. Par contre une politique en direction de l’enfance et la petite enfance a pu voir le jour favorisée par l’intervention concer-tée des organismes sociaux : centre de loisirs, relais assistantes maternelles, structure multi-accueil… Un secteur économique adapté au territoire C’est principalement les communes « centre » qui portent le pôle économique au service du territoire doté d’un secteur com-mercial et artisanal diversifié tant en centre-ville (commerces de proximité) qu’en périphérie (enseignes, moyennes surfaces). Les zones industrielles, aménagées dans les années 2005 – 2010 et équipées d’accès Internet et Haut Débit, ont principale-ment attirées des TPE et quelques PME qui ont peu à peu investi les lieux : 75 % de ces entreprises comptent moins de 3 sala-riés. En partenariat avec le CIVAM, Valençay a pu conserver son abattoir doté d’un atelier de découpe qui a permis le développement des circuits courts permettant d’associer l’ensemble des acteurs de la filière viande, en particulier les éleveurs et les bouchers avec la restauration collective. Les capacités d’emplois locaux, bien qu’en progression, restent insuffisants pour satisfaire une partie de la population qui doit rechercher du travail hors du bassin de vie. Pour ce faire la liaison routière du Blanc en direction d’Argenton-sur-Creuse qui donne accès à la gare SNCF (39 km sur la ligne des Aubrais-Orléans) a été aménagée, comme celle pour accéder plus aisément à Tours. Le réseau de transport collectif a été repensé de façon concerté ces toutes dernières années sur les lignes TER Centre, Aile Bleue et lignes en Vienne, tant en ce qui concerne la répartition des dessertes que les aménagements d’horaires. Valençay a obtenu, après plus d’un an de combat avec les élus concernés du Loir-et-Cher, le maintien de la ligne du Blanc-Argent de Salbris à Luçay-le-Mâle. Les élus locaux se sont attachés, au cours des 15 dernières années à développer et à accompagner l’économie locale par une politique volontariste de construction de logements en mettant en œuvre des OPAH (Opérations Programmées d'Amélioration de l'Habitat), redonnant aux villes et à la population un bâti rénové et adapté. A noter que l'Établissement Central de l'Administration et du Soutien de la Gendarmerie Nationale (ECASGN) qui a été mainte-nu sur le territoire du Blanc, est, de loin, le premier employeur de la commune, avec près de 500 agents, civils et militaires confondus. Il existe également un centre de la marine nationale (Roncay) destiné aux télétransmissions. Des atouts aménagés au fil du temps… Le Parc Naturel Régional de la Brenne avec ses 8 801 hectares d’eau, dont Le Blanc est la ville principale, et la vallée de la Creuse voient émerger un tourisme d’amoureux des paysages. Les difficultés d’accès et l’insuffisance des structures d’accueil demeurent des handicaps à surmonter. L’agriculture, qui a longtemps constitué une activité majeure du bassin de vie, a beaucoup souffert de la crise de l’élevage des années 2010 – 2015. De leur côté, les « niches » agricoles et piscicoles ne se sont pas développées comme espérées trop con-currencées et insuffisamment rentables. Quelques circuits courts se sont cependant constitués au profit d’une clientèle locale (2 appellations de fromages de chèvres, vin de Valençays, viande de l’abattoir…). Valençay, surtout en saison, bénéficie de l’attrait de son Château, entre architecture de la Renaissance et Classique, demeure du Prince de Talleyrand. L’association gestionnaire du site a su, au fur et à mesure des années, agréger un certain nombre d’attractions (spectacles, concerts, restauration, jardin, animaux, labyrinthe, parc de 50 ha ..) Le bilan présenté démontre que le bassin de vie du Blanc a su maintenir un cadre de vie acceptable dans une situation qui était jugées dégradée. Les services publics y sont jugés efficaces et la vie associative dynamique compense autant que possible l’éloignement des lieux culturels. Cet environnement a été favorisé, malgré une longue période de restriction de fonds publics, par une mobilisation particulière des divers acteurs (communauté de commune, PNR, Conseil général et régional, ARS) autour de projets adaptés au territoire qui restent à conforter avec une plus grande ouverture sur l’extérieur.

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Réalité décalée

Le choc 2015 : alors que le doublement du prix des énergies fossiles et des matières premières alimente les unes des médias natio-naux, Le Blanc et son bassin démographique subissent silencieusement les contrecoups de ce choc économique. Alors que près d’un tiers de la population est retraitée, consommatrice et demandeuse de services, notamment de santé, les perspec-tives de développement de ceux-ci semblent sérieusement compromises. Le choc est difficile à absorber dans un territoire où le revenu moyen est de 15 % inférieur à la moyenne régionale. L’enjeu n’est plus seulement de trouver une main d’œuvre pour occuper les métiers de service et de proximité (aide à la per-sonne, maisons pluridisciplinaires, …) mais de convaincre cette main d’œuvre d’habiter sur le bassin. Il n’est plus possible pour les professions concernées et donc leurs familles de venir travailler sur place, tout en habitant à proximité de Châteauroux. L’usage personnel de la voiture est devenu trop coûteux. Et ce qui s’impose à tous les territoires ruraux menace aussi Le Blanc : la désertification ; d’autant que les exercices prospectivistes ont confirmé la très faible attractivité du bassin. Le prix du foncier s’effondre définitivement et les rares PME industrielles anticipent un dépôt de bilan à très court terme. Beaucoup de familles sont cependant « condamnées » à rester sur place dans un contexte de précarité énergétique. Le sursaut C’est dans ce climat morose que quelques élus locaux, accompagnés de responsables associatifs, lancent un appel au premier ministre nouvellement désigné, ancien maire d’Argenton/Creuse : les slogans fleurissent, « non assistance à territoire en dan-ger de mort » … D’autres occupent le château de Valençay et en appellent à Talleyrand qui disait: " Le désespoir et la misère ont toujours eu les plus terribles conséquences." Une expérimentation nationale est alors lancée sur ce territoire, sous l’égide de la Commission du développement durable de l’Assemblée nationale, présidée par un élu local : elle décide de s’appuyer sur l’atout principal du bassin, son patrimoine natu-rel exceptionnel et en utilisant les instruments d’une politique de transition écologique définie à l’échelon européen. Une cam-pagne de communication, « de quelle couleur est Le Blanc : vert ! », est même lancée, popularisant l’image d’un bassin « vert et dynamique » (les seniors qui restent encore « verts » sont même mis en avant !) Le PNR, animateur de la transition De par son rayonnement sur le bassin, très vite le Parc Naturel Régional de la Brenne se voit confier une mission d’animation du programme de redynamisation du bassin. Dans un contexte législatif très actif (lois sur la décentralisation, la transition énergétique, la biodiversité, l’agriculture, les territoires), le PNR joue un rôle d’assemblier des politiques publiques ; très rapi-dement, son territoire s’élargit à d’autres communes. Le comité constitué avec l’appui des collectivités locales, des instances consulaires et des représentations professionnelles met en avant l’urgence de déployer la fibre sur le territoire et identifie d’emblée un ensemble de niches d’activités à maintenir et/ou à développer : agriculture biologique, circuits courts agro-alimentaires, biomasse énergie, sous-traitance mécanique de précision, économie sociale et solidaire, fonctionnement en réseau des services etc … Les régions limitrophes (Poitou-Charentes, Limousin) sont associées à cette réflexion, l’aire d’influence du PNR notamment débordant le seul territoire du bassin du Blanc. La « bio-économie durable » La présence de sites naturels exceptionnels et le dynamisme du parc régional de la Brenne soutiennent une démarche de bio -économie durable : le secteur agricole est conforté dans sa vocation de principal acteur économique du bassin ; le développe-ment important du label bio permet de maintenir une activité d’élevage essentielle alors que dans d’autres territoires compa-rables, le prix des matières premières agricoles finit d’achever la résistance des prairies et des haies à l’implantation des cul-tures céréalières. Ce mouvement est largement soutenu par les aides européennes, que la France a pu défendre sous réserve d’un verdissement effectif et accru qui permet de réorienter plus largement ce budget vers les surfaces herbagères et les éle-vages extensifs. Le secteur de l’agro-alimentaire continue de progresser via des TPE et le renforcement d’un tissu de petites coopératives, valo-risant un savoir-faire local, des circuits courts et l’image d’un terroir dont la notoriété s’installe à l’échelon national et au-delà. Valençay et Pouligny-Saint-Pierre ne sont plus les seuls produits AOP connus. Après avoir connu un déclin important, la pisciculture grâce à une politique de labellisation et de mise en avant de produits locaux, reprend un essor significatif et la Brenne concurrence sérieusement la Dombe.

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La filière biomasse-énergie contribue également à l’emploi local tout en contribuant à réduire le déficit énergétique du bassin. Le PNR de la Brenne (dont les limites se confondent quasiment avec celles du bassin démographique) joue un rôle majeur d’animation dans la mise en œuvre de cette démarche. La fibre, enfin Très rapidement, l’initiative « Le Blanc vert » identifie la mise en réseau des principales activités (grâce notamment au déve-loppement du numérique via un fonds de péréquation) et la mutualisation des services comme des leviers prioritaires compte tenu des handicaps du bassin : structure de la démographie au début des années 2010, isolement, absence de réseau de transports. Ainsi, l’absence de perspective de développement et de remise en route d’infrastructures ferroviaires incitent les autorités nationales et régionales à soutenir le déploiement d’un réseau fibre, reprenant l’expérimentation lancée quelques années auparavant dans des communes rurales, comme à Issoire. Cette stratégie d’équipement du bassin permet la mise en œuvre de nouvelles formes de travail, réduisant les trajets quoti-diens. Partant d’un socle de PME solides, souvent tournées vers des activités de précision, une stratégie de sous-traitance à domicile s’implante peu à peu : le modèle des paysans-horlogers du XIXème siècle est ainsi remis au goût du jour, avec des employés pluri-actifs : dans l’économie de service ou l’agriculture, et dans l’industrie de précision, cette dynamique étant favorisée par le développement du réseau numérique. Travailler en réseau et en coopération L’accès facilité et efficace à internet permet le développement de services d’e-santé, d’e-formation, de démarches administra-tives à partir de pôles de compétence à l’échelle du bassin ou des bassins voisins, le Blanc restant un pôle de services supé-rieur. Des logements anciens sont achetés et rénovés par des structures inter-communales dans les villages et centres-bourgs, qui sont proposés comme logements de fonction aux différents métiers de service et d’aide à la personne. Soutenue par la hausse des matières premières, l’activité de recyclage prend diverses formes sur le bassin : ainsi le marché du démantèlement aéronautique connaît un regain de croissance et le site de Châteauroux en profite ; des transports collectifs et des co-voiturages sont mis en place pour les salariés dont le domicile est distant. Un nombre significatif vient du Blanc, de Valençay, de Châtillon sur Indre, ayant choisi de préserver la qualité de leur habitat. Des ateliers de recyclage spécialisés, fondés sur un modèle d’économie solidaire ou des coopératives d’activité, se dévelop-pent sur le territoire du bassin, bénéficiant de locaux et terrains mis à disposition. L’activité du bâtiment se maintient grâce notamment à la rénovation de l’ancien et aux activités de rénovation thermique sou-tenues par des dispositions fiscales avantageuses. Enfin, le bassin du Blanc maintient une activité de tourisme rural et naturel, sous l’emblème d’espèces protégées embléma-tiques comme la Cistude d’Europe. Ce territoire, suffisamment proche de grandes infrastructures routières et ferroviaires, reste un lieu de villégiature prisé et continue d’attirer une population retraitée. Au final, le vivre et travailler à la campagne reste possible, car on a réduit les dépenses énergétiques, mis en avant une qualité du cadre de vie et développé d’autres formes d’activité économique. Après un fléchissement de sa démographie, le bassin du Blanc voit sa population se stabiliser et après un net vieillissement jusqu’en 2020, celle-ci opère peu à peu un rajeunissement.

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Réalité augmentée

Bref retour sur le passé

L e Berry a connu à la fin du XVIIIème et au XIXème siècle un essor industriel important, tant dans les industries sidérur-giques avec 3 000 employés dans le bassin de Vierzon (batteuses, presses, locomotives, mœurs, etc..) qui le place par-mi les capitales industrielles importantes en France. Le Cher c’est également 24 hauts fourneaux et 30 forges avec près

de 5 000 employés, des industries de la porcelaine, de la verrerie et du bois. Profitant ainsi de sa position stratégique en termes de moyen de communications (canal du Berry, voies terrestres routières, puis centre ferroviaire) le Berry connait alors une croissance économique et industrielle importante. La zone de Bourges est également spécialisée dans la pyrotechnie, l’armement et l’aéronautique. Ainsi, les hommes politiques du XIXème siècle pense que la ville peu devenir l’ultime rempart, elle est proposée comme place forte de dernier recours en 1896 par Henry-Paul Guenet, officier mécanicien de marine. Cet essor industriel déclinera cependant à partir de 1930 et ne cessera de s’accroître au fil du temps. Situation actuelle L’armée représente un potentiel humain et économique important. C’est une présence importante qui n’en doutons pas ne risque pas d’être affectée par les tensions politiques et la situation économique, bien au contraire. Mais le Berry manque d’attractivité, même si le maillage de petites entreprises est important puisqu’elles emploient près de 11 % des effectifs sala-riés (Séco, Stromag, Ronis, Rosinox, etc…), et un tertiaire très développé dans le commerce, les services, la logistique et la communication. Par contre, cette zone ne bénéficie plus de grosses sociétés en dehors de Michelin et de l’armement. En fait ce sont les emplois de la sphère présentielle qui dominent le marché du travail avec 2/3 des emplois. Avec un taux de chômage supérieur à la moyenne régionale la zone d’emploi du Cher demeure moins attractive que les autres territoires de la région. Les moyens de transport Comme l’écrit l’auteur du livre « Le Berry d’antan » (Patrick Martinat), si le Berry est le point le plus central de la France répu-blicaine, comme il l’était de l’ancienne Gaule, il n’est ni un lieu de passage de premier ordre, ni un lieu de rencontre. Le déve-loppement des réseaux, en apportant la vitesse et la concurrence, a surtout et paradoxalement plongé le Berry dans son isole-ment. Partant de ce constat, Gouvernement et RFF, viennent en juin 2013 d’annoncer la création de la ligne POCL dans sa version Ouest/Sud, quel sera l’avenir de ces territoires à l’horizon 2030 ? Le POCL véritable levier économique Le développement économique de notre territoire passe inévitablement par une ouverture vers les grandes métropoles euro-péenne. Aujourd’hui, il appartient aux acteurs économiques et politiques de tout mettre en œuvre pour qu’à la mise en ser-vice du POCL, raccordé entre Vierzon et Bourges sur le POLT pour que de nouvelles entreprises viennent s’installer et ainsi développer l’emploi et l’économie locale, et que le Berry attire de nouvelles générations. En effet, la réalisation de la ligne LGV POCL, même si elle n’est pas en soit suffisante, est nécessaire au développement économique et social. Avec ses carrefours routiers, autoroutiers (A20, A71, A85) et ferroviaires (transversale Nantes/Lyon, Paris/Toulouse, Paris/Montluçon), même si avec une seule bretelle d’autoroute cette situation constitue un handicap au regard des besoins de dé-placements, demain avec POCL en direction des pays du Nord de l’Europe (Allemagne, Angleterre) et des pays du Sud (Espagne/Italie) et avec une relation directe avec les aéroports internationaux, le POCL peut devenir le moteur du développe-ment du centre de la France. Le POCL, facteur de développement touristique, un potentiel d’atouts et d’images à valoriser Le bassin est notamment connu pour ses monuments et en premier lieux sa cathédrale de Bourges, patrimoine mondiale de l’UNESCO, mais aussi par ses villages.

Bassin de Bourges - Vierzon

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Le tourisme, c’est aussi le canal du Berry et le prolongement à cet itinéraire du Plan « Loire à Vélo ». Toutefois, le Berry doit réfléchir à sa sous-capacité d’hébergement de qualité et s’engager notamment dans des projets de maisons d’hôtes pour per-mettre aux touristes de passage de bénéficier d’un accueil près des territoires et des habitants permettant ainsi de développer la culture du monde rural. En cela, le label « Berry », s’il représente pour certains une image ringarde, doit au contraire valori-ser le territoire et son ancrage à la terre et aux paysages protégés. Bourges et le logement Le bassin de Bourges est surtout marqué par un parc de logements anciens et peu disponible qui nécessite de grands efforts de réhabilitation. En effet, ce bassin ne saurait se satisfaire d’une rente de situation héritée du passée. Pour accueillir de nou-veaux habitants qui délaissent peu à peu les zones rurales pour s’installer dans les centres villes ou centres bourgs, il est indis-pensable d’engager un programme ambitieux de rénovation et de construction d’un parc de logements sociaux de qualité. Bourges, l’agriculture et le maraichage L’agriculture représente un poids important de l’économie berrichonne. Profitant de cet atout, de la présence de la capitale du Berry et du retour vers les centres villes (Bourges), il semble indispensable de mettre en œuvre une politique alimentaire en circuits courts permis par les disponibilités de terres maraichères. Bourges et l’enseignement. Bourges bénéficie de nombreuses structures d’enseignements supérieurs (fac de droit, de sciences, IUT, BU), de centres de recherches universitaires (LASEP, LEES, LVR), d’autres centres de formation et de transfert de technologies (CNAM, ISECF, EN-SI, d’un pôle capteurs et automatismes, etc.). Tout cela fait du Campus de Bourges un centre d’intérêt de renom, capable d’attirer de nouvelles générations. Bourges et la culture Bourges peut s’appuyer sur son fleuron architectural à savoir la cathédrale Saint-Etienne classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, le palais Jacques Cœur, ses maisons et hôtels à pans de bois et sur son statut de première ville ayant ouvert une maison de la culture (1963). De ce fait, le socle associatif et culturel est très présent dans cette localité. Surtout connu des jeunes comme des plus anciens pour « son printemps » qui attire chaque année de nombreux visiteurs (60 000 à 70 000), mais aussi par le palais Jacques Cœur qui est repris aux ressources immatérielles et qu’il convient de valoriser. Bourges est aussi connu pour son école nationale des beaux-arts, de la danse, etc... Mais c’est évidemment en synergie avec l’ensemble du patrimoine architectural du Berry, et en lien avec tous les autres évé-nements à thèmes, que Bourges affirmera sa notoriété. Mais le Berry est également riche de fêtes populaires, de villages autour du canal du Berry, de l’agriculture et de l’élevage (moissons à l’ancienne, fête du Charbon de bois, poneys, etc…). Tout cela relayé par l’activité importante déployée par son milieu associatif est un facteur de lien entre les habitants. Bourges et le Sport Le CREPS avec ses activités d’accueil et l’ouverture de son nouveau vélodrome doit donner une image beaucoup plus marquée dans le sport de haut niveau au-delà des basketteuses dont la renommée mondiale n’est plus à faire. En conclusion Dans un territoire où l’économie et la population sont en déclin et vieillissantes et dont les chiffres laissent présager que cette situation pourrait s’amplifier au fil des ans, il est temps que les différents acteurs se saisissent de l’opportunité offerte par l’ar-rivée d’une liaison à grande vitesse pour faire valoir les atouts de leurs territoires, à défaut, le déclin se poursuivra et conduira à la désertification.

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Réalité décalée

S i en 2015, la dynamique de déclin démographique, amorcée dès 1975, semble se ralentir, le doublement du prix des énergies fossiles, et les tensions internationales persistantes qui en découlent, rendent encore plus incertaines les pers-pectives à l’horizon 2030, pour un territoire, certes polarisé par la troisième agglomération régionale, mais dont l’évolu-

tion a été jusque là la plus défavorable de la région ; une évolution marquée par un vieillissement accentué d’une population en diminution, par des pertes d’emploi importantes dans le secteur industriel (on se souvient que déjà lors de la mise en œuvre de l’agenda européen 2000 - 2006, ce territoire avait été le seul de la région à être éligible à l’objectif 2 de la politique régionale européenne, à savoir l’objectif de reconversion industrielle), et par un taux de chômage durablement supérieur à celui de la région. Le déficit d’attractivité démographique et économique, révélé notamment par une demande foncière faible, risque donc de s’amplifier. De plus, le projet de ligne TGV POCL a été remis en question, et son absence prive le bassin d’une connexion directe aux grands réseaux européens, ce qui conforte Bourges dans sa position de ville moyenne régionale et la prive de la possibilité de s’inscrire dans la compétition toujours plus rude entre les villes à visibilité supra-régionale. Pour autant, le pire n’est jamais sûr : ce bassin peut, de façon paradoxale, espérer tirer parti de la crise pétrolière et des ma-tières premières et en compenser partiellement, mais partiellement seulement, les effets régressifs, pour peu que les straté-gies des acteurs locaux et les politiques publiques s’inscrivent dans une démarche pro-active. La crise, comme dans la plupart des agglomérations françaises, favorise un retour vers les centres. Ainsi le bipôle Bourges-Vierzon qui forme déjà une réalité morphologique et un axe continu – les aires urbaines de ces deux villes sont depuis 2010 en parfaite contiguïté – voit revenir une partie des populations placées en position intermédiaire dans l’échelle des revenus, qui s’étaient éloignées en troisième et quatrième couronnes ; ceci au détriment des communes les plus rurales du bassin - surtout dans sa partie orientale - qui abritent de plus en plus une population « d’assignés territoriaux » et de ménages socialement vulnérables, ne pouvant espérer se relocaliser au plus près des centres urbains, du fait de leur précarité sociale, ou de leur âge avancé. Bourges bénéficie plus directement de ce mouvement de « recentrage » que Vierzon, qui a beaucoup de mal à se remettre de son « décrochage » des années 2000. Ainsi Bourges voit-elle son déclin démographique stoppé, et renforce au niveau régional son rôle de pôle de services de second rang. Le poids de l’économie présentielle, déjà élevé en 2010 (64,9 % de l’emploi salarié en 2010) augmente, d’autant plus nettement que l’éloignement relatif des grands pôles de services régio-naux (Tours et Orléans) et le renchérissement des coûts de transport renforcent le recours aux services locaux. Dotée d’un bon équipement commercial (le Centre Avaricum a été achevé en 2014) et d’un bon niveau de services, Bourges creuse l’écart avec le reste du bassin et Vierzon en termes d’attractivité. Au total, la crise s’exprime en un approfondissement des disparités au sein du bassin lui-même. En matière de développement économique, le bassin subit de façon directe les effets de la crise, mais là encore de façon diffé-renciée. Si rien ne semble en première analyse pouvoir s’opposer au dépérissement des communes les plus rurales, Bourges et Vierzon peuvent espérer en amortir les conséquences, notamment en matière industrielle. Paradoxalement, Vierzon, du fait de sa longue et forte tradition industrielle, et d’une politique d’accueil « encourageante » peut espérer bénéficier d’un nombre limité de relocalisations industrielles, en particulier dans le secteur de la mécanique, que vont provoquer à la fois le développement des tensions géopolitiques à l’échelle mondiale, et le renchérissement des coûts de production (transports compris) dans les pays émergents, tandis que l’industrie de l’armement de Bourges voit certaines des activités (missiles) relan-cées. D’autre part, le contexte de la crise ne se révèle pas défavorable à l’essor des nouvelles spécialités développées par les deux principales villes du Bassin : La technopole de Lahitolle, qui accueille des activités de formation, de recherche et de pro-duction dans des domaines tels que la maîtrise des risques ou l’utilisation de l’énergie, connaît un essor relatif grâce à ces spé-cialisations, et renforce ainsi son ancrage territorial. Le Bassin dans sa composante urbaine (l’axe Bourges - Vierzon) résiste ainsi mieux à la crise qu’on aurait pu le penser, lorsque celle-ci s’est déclenchée en 2015. Cela est surtout vrai de Bourges qui a su pendant cette période préserver une image positive procurée par une vie culturelle intense à l’échelle d’une ville moyenne, par la mise en valeur de son patrimoine bâti, et sa politique volontariste en matière de développement durable. Elle parvient ainsi à limiter les effets négatifs de la baisse de l’activité touristique constatée à l’échelle nationale. De plus, Bourges a pu tirer parti de l’intégration de ses établissements supérieurs et de recherche au sein de la Communauté Universitaire de Région, fondée en 2014 dans le cadre de la réforme Fioraso. En accueillant des formations très spécifiques, et complémentaires de celles des grands pôles de Tours et d’Orléans, en particulier à travers la création du 6ème INSA de France (INSA Centre Val-de-Loire, bicéphale, en partage avec Blois), Bourges accueille en 2030 une population étudiante dépassant désormais les 5 000 étudiants. L’impact en termes d’économie présentielle est important, chaque étudiant dépensant locale-ment en moyenne plus de 800 € par mois (valeur 2013), mais surtout cet essor des formations supérieures en créant les condi-tions d’accueil d’une population jeune favorise la régénération de l’agglomération tant sur le plan démographique qu’écono-mique. Au total, la crise met à mal la cohésion territoriale du bassin, dès lors qu’elle induit des effets fortement différenciés sur le territoire, et s’accompagne de nouvelles opportunités à Bourges que les politiques locales cherchent à exploiter, tandis que les communes rurales extérieures à l’axe Vierzon – Bourges sont profondément affectées par le dépeuplement, le vieillissement de la population « captive » à faible revenu, et la disparition des services publics et privés. De plus, au début des années 2020, une communauté d’agglomération unique rassemblant l’ancienne Communauté d’agglomération de Bourges et les 4 commu-

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nautés de communes du pays de Vierzon a enfin vu le jour, en application des dispositions de l’acte 3 de la décentralisation et en dépit des réticences locales (en revanche, aucun accord de coopération territoriale n’a pu être trouvé avec Issoudun et Châteauroux). Dès lors, les espaces à faible densité extérieurs à l’axe urbain du bassin se trouvent dans la nécessité de négo-cier de nouvelles coopérations territoriales entre elles, et avec la nouvelle Communauté d’Agglomération, ne serait-ce que pour mettre en place les nouvelles formes de mobilité (transport à la demande, auto-partage, nouveaux transports en com-mun, centrale de mobilité…) qu’exige la nouvelle situation héritée de la crise de 2015. On ne peut en effet espérer freiner la désertification annoncée et permettre aux populations en situation de fragilité de rester sur le territoire et de conserver leur localisation initiale que si on leur apporte les moyens d’en sortir au quotidien ; ne serait-ce que pour accéder aux services es-sentiels (santé, éducation, culture…) de plus en plus concentrés sur Bourges. Cela passe par des solutions innovantes qui ne résument pas à une offre « classique » de transport en commun. Cette réorganisation de la mobilité locale est également né-cessaire pour permettre l’essor d’une agriculture de proximité, écoulant ses produits dans l’axe Vierzon-Bourges, surtout dans la partie nord du bassin à orientation polyculture-élevage, plus menacée de déclin que les cultures céréalières du sud. Cette nécessité d’un renforcement des coopérations territoriales entres les différentes composantes du bassin est rendue d’autant plus forte que l’Etat lui-même ne pense plus l’aménagement du territoire en termes d’équipement, mais de coordina-tion territoriale. Toutefois, la tentation du repli sur soi, renforcée par les conséquences brutales de la crise, freine la mise en place d’une gouvernance intégrée à l’échelle du bassin et fondée sur un dispositif généralisé de coopération territoriale. Le processus de négociation entre la Communauté d’Agglomération de Bourges-Vierzon et les Communautés de Communes envi-ronnantes initié au début des années 2020 se poursuit laborieusement, et ne débouche pas encore sur une organisation terri-toriale cohérente. Au total, ce scénario de mise en question de la cohésion du bassin, ou si l’on veut encore de « fracture » territoriale, résulte de l’occurrence d’hypothèses externes et internes au bassin. Les hypothèses externes ont trait au renforcement de la crise globale et au renchérissement brutal de l’énergie et des matières premières, tandis que les hypothèses internes s’expriment en un recentrage des populations sur l’axe central urbain et un dépérissement corrélatif des zones rurales à faible densité, l’absence de connexion au réseau TGV, un maintien voire un renforcement de l’industrie de l’armement… En réponse à ce scénario et aux enjeux qui en découlent, les acteurs et les pouvoirs publics locaux se trouvent dans la nécessi-té de conjuguer plusieurs objectifs stratégiques, en particulier (et de façon non exhaustive) : - Repenser la gouvernance territoriale à l’échelle du bassin de façon à mieux maîtriser les effets de la fracture territoriale. - Développer dans l’axe Vierzon-Bourges une politique volontariste de maîtrise foncière et d’offre de logements destinée à améliorer les conditions d’accueil des populations à l’origine de la reconcentration géographique. - Renforcer les spécificités productives innovantes du bassin, notamment sur la technopole. - Organiser une offre de formation supérieure spécifique et non directement concurrente des grands pôles urbains. - Favoriser le développement de nouvelles formes de mobilité garantissant la réalité des flux entre l’axe urbain et les zones rurales. - Appuyer le développement d’une agriculture de proximité, à circuits courts. - Veiller au maintien du rayonnement culturel de Bourges.

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Réalité augmentée Situation en 2012

E n 2012, le bassin Aubigny Sancerre, affichait une situation paradoxale et hétérogène, présentant à la fois de grandes faiblesses, pouvant entraîner un déclin inéluctable, mais aussi de vrais potentiels, sous réserve qu’ils soient exploités :

- Territoire rural à très faible densité (plus d’une heure de route entre ses limites extrêmes), il subissait le vieillissement de sa population et le déclin d’activités traditionnelles, notamment de celles liées à l‘agriculture, sans avoir pu bénéficier du déve-loppement des emplois de services, compte tenu de sa faiblesse démographique par rapport à la taille critique nécessaire pour développer des activités tertiaires, tant marchandes que non marchandes. - Il était donc caractérisé par des carences grandissantes en matière de santé, de service public, de formation, et de voies de communication : pas de liaison voyageur SNCF, suppression de la liaison fret ferroviaire « aubigny-sully » en 2012, réseau rou-tier insuffisant pour relier rapidement et de façon sécurisée les différents pôles. Tout ceci ne pouvait que dégrader son attrac-tivité et accentuer son déclin. Son habitat, représentatif d’un passé « rural », avait vieilli avec la population, était vétuste et n’était adapté ni à l’accentuation du vieillissement ni aux besoins des nouveaux actifs. Peu de logements sociaux, mais un es-pace naturel attractif pour les résidences secondaires entre Aubigny et Sancerre. - Bassin caractérisé par des industries tournées vers des secteurs de pointe (aéronautique, armement, biens d’équipements…) moins sensibles que d’autres à la crise, il avait réussi à maintenir un taux de chômage inférieur à la moyenne, mais rencontrait des difficultés à offrir des emplois pour d’autres compétences et d’autres filières. Par ailleurs ces implantations industrielles avaient été pour la plupart le résultat de choix personnels de dirigeants, sans logique de filière ni de ressources particulières attachées au territoire. Ce modèle pouvait donc apparaître fragile pour l’avenir, compte tenu de sa dépendance à l’égard de quelques entreprises. Une de ses entreprises phares, Mécachrome, avait fait le choix depuis plusieurs années d’assurer son développement au travers d’autres sites situés dans des bassins démographiques plus importants. Par ailleurs, confrontée à de grandes difficultés dues à des erreurs de stratégie financière, elle avait récemment subit un changement de propriétaire et de management, la conduisant à ne pas tenir ses engagements en matière de formation par apprentissage et remettant ainsi en cause l’avenir du CFAI implanté quelques années auparavant pour assurer la pérennité et le développement de ce secteur industriel. En 2013, ce CFAI devait être délocalisé à Bourges, privant ainsi le territoire d’une régénération de ses forces vives pour l’avenir. - Caractérisé par ailleurs par des vignobles renommés et fortement exportateurs, le bassin disposait de quelques poches im-portantes de richesses, mais à faible contenu en emplois directs et ne bénéficiant qu’à une minorité. - Le seul atout du territoire semblait résider dans son cadre de vie, ses espaces naturels, sa vie associative et culturelle, mais était-ce suffisant pour attirer des entreprises ou simplement les actifs nécessaires à pérenniser et développer son patrimoine industriel encore relativement compétitif et performant ? Le deuxième souffle économique Les années 2012/2015 allaient être décisives pour valoriser les potentiels du territoire et prendre un nouveau tournant. Le nucléaire Courant 2012, EDF annonçait un important programme de rénovation de la centrale de Belleville située dans le bassin (à 40 km d’Aubigny, 23 km de sancerre), dont un grand carénage et des investissements supplémentaires en matière de sécurité, nécessitant la mobilisation de milliers d’emplois pour les 15 ans à venir et impactant l ‘industrie et le bâtiment pour 1 mil-liards d’euros. Un vaste programme de construction de logements (168 logements sur 8 communes) allait être mené pour ac-cueillir une population supplémentaire. Les chambres consulaires et les collectivités locales s’étaient alors mobilisées pour inciter les entreprises locales à s’organiser en réseau pour prendre la meilleur part de ces nouveaux marchés, acquérir de nou-velles compétences et, fortes de cette expérience, élaborer des projets pour pérenniser le développement au-delà de ces 15 ans de travaux. Ce grand chantier allait aussi être l’occasion d’améliorer fortement l’offre de « réceptif » (hôtellerie, restau-rant, chambre d’hôtes…) jusqu’alors très insuffisante pour contribuer au développement du « tourisme vert » cher à la région (Loire a vélo, voies naturelles, route Jacques Cœur…). Courant 2013, après un grand débat sur la transition énergétique, il était apparu nécessaire de maintenir la production d’élec-tricité nucléaire en France, tout en réduisant sa part relative, à la fois pour des raisons de compétitivité mais surtout eu égard à l’urgence de lutter contre le réchauffement climatique, dont les conséquences à moyen terme étaient apparues à la fois plus importantes et plus certaines que les risques liés au nucléaire. Le gouvernement avait alors relancé un programme ambitieux de rénovation/création/démantèlement de centrales nucléaires, par ailleurs fortement créateur d’emplois, dans ce domaine d’excellence de l‘industrie française. Le site de Belleville avait alors était ciblé en priorité compte tenu de sa situation logis-

Bassin de Sancerre - Aubigny

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tique, sa capacité à pouvoir accueillir des réacteurs supplémentaires, sa bonne évaluation en matière de risque et une bonne acceptation de la population environnante. Fin 2013, la Région Centre prenait elle-même la décision, sur préconisation du CESER, d’accompagner le choix politique natio-nal, en valorisant le potentiel de production d’énergie nucléaire présent sur son territoire et en le reconnaissant comme son premier pôle de développement économique. Cette stratégie devait s’appuyer à la fois : - sur un cluster industriel régional, au sein duquel les industries de pointe situées à Aubigny allaient jouer un rôle très impor-tant compte tenu de leur proximité de la centrale, - et sur la mise en place d’une offre de formation de niveau 5 à 1, dont le fer de lance devait être le nouvel INSA ouvert en sep-tembre 2013 à Bourges (site spécialisé depuis 10 ans en matière de « risques industriels ») et Blois. Ce nouveau marché allait donner de nouvelles perspectives de développement aux industriels d’Aubigny, qui disposaient déjà d’avantages compétitifs en la matière, et qui allaient pouvoir exporter leur savoir-faire non seulement sur les autres sites de la région Centre mais aussi dans le monde entier. En 2018, une antenne du CFAI de Bourges a été réimplantée à Aubigny pour satisfaire les besoins récurrents de recrutement. Un programme de logements sociaux a été lancé à la même époque pour faciliter l’accueil de familles en provenance d’an-ciens territoires industriels en déclin. La richesse de la vie associative et culturelle locale, associée à la qualité du cadre de vie naturel, avait joué un rôle très important dans la décision des familles. Ainsi, en 2030, 1 000 emplois industriels supplémentaires ont été créés par rapport à 2012. Le tourisme L’afflux de nouvelles populations grâce à la centrale, dont une partie sur de courtes périodes a permis le développement d’une offre réceptive ambitieuse et l’implantation d’enseignes contribuant à la promotion touristique de la région. Des agences de voyages se sont impliquées dans l’organisation d’offres exploitant les potentiels locaux de façon plus « industrielle » : spec-tacles, reconstitutions historiques, sorcellerie, gastronomie, vins, tourisme vert, les poteries de la Borne… Le rachat de certains vignobles par des Chinois et les changements de génération permirent la réalisation d’un grand projet « réceptif » (golf, sport, attractions,…) sur le bassin de Sancerre, qui n’avait jusqu’alors pas pu aboutir, (alors que le bassin de Sancerre se situait bien à moins de 30 min de la centrale de belleville satisfaisant ainsi la contrainte de résidence imposée aux personnels de la centrale sous astreinte), et qui permit d’amorcer des flux touristiques beaucoup plus importants en liaison avec le Val-de-Loire et le Berry. L’agroalimentaire Au-delà des vignobles, l’agriculture (grandes cultures et élevage) et l’agroalimentaire représentaient en 2012 un poids impor-tant de l’activité économique de la zone avec 14,6 % des emplois contre 3,7 % en région Centre. A ce titre d’ailleurs, le décou-page de la zone d’emploi, excluant Rians et la laiterie Triballat (acteur structurant de la filière du lait) du périmètre, rend mal compte de l’importance de ce secteur. Les nouvelles normes sanitaires imposées par l’Europe dans les années 2010/2020, avait menacé de disparition les éleveurs, mais la profession avait réussi à se moderniser en se redéployant dans les circuits courts grâce à la promotion du label « Berry », trouvant ainsi les volumes et la rentabilité nécessaire à couvrir les gros investis-sements imposés. L’inauguration du pôle d’innovation en génie alimentaire à Henrichemont début 2013, allait marquer le début d’un nouveau développement de l’agroalimentaire pour des PME/PMI, plus axées sur les marchés de niche, la qualité et l’innovation, que sur la conquête des marchés de masse qui avait, par le passé, mené à sa perte l’industrie de la volaille locale. Encouragée par les chambres consulaires, ces dynamiques avaient encouragé des artisans et TPE/PME à grandir en taille et en ambitions, dans le cadre d’actions collectives en matière de marketing et d’exportation. Repris par d’anciens dirigeants salariés, les équipements lourds des abattages de volaille avaient pu être réutilisés au service de ces nouvelles stratégies marketing et grâce à une nou-velle organisation logistique, compétitive mais appropriée aux circuits courts. En 2030, le nombre d’exploitations agricoles avait continué de décroitre au profit en partie d’une augmentation de tailles des exploitations restantes mais aussi au profit de productions plus qualitatives et bio pour certaines, alimentant la consommation locale et des PME/PMI agroalimentaires présentes sur des marchés de niche. Filière bois et habitat Suite aux actions menées par la chambre de commerce et la chambre d’agriculture, en partenariat avec Arbocentre et les pays de Vierzon et de Sologne au début 2011, la filière avait lentement commencé à se restructurer. L’exploitation du bois de chauffage, sa transformation et l’installation de chaudières collectives à bois fut la première étape d’une meilleure exploita-tion de la forêt locale. Le retour d’expérience de la chaudière municipale de Bourges avait permis de rendre ce type d’énergie compétitive. Le rôle de la technopole de « Bourges plus » fut par ailleurs déterminant pour innover en matière de rénovation thermique des bâtiments existants et permettre ainsi la reconversion des bourgs au profit des nouvelles familles implantées, tandis que les installations pour personnes âgées étaient réalisées à base de bois et gérées de façon plus économiques grâce à une domotique spécialement développée pour cette utilisation dans les laboratoires de l‘IUT et de l’INSA de Bourges. L’im-

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plantation à Bourges de l’usine Recticel de panneaux isolants en 2013, avait permis de résoudre plus rapidement les pro-blèmes techniques posés par la rénovation, grâce à une plus grande capacité d’expérimentation et surtout de trouver plus rapidement des solutions économiques. L’habitat du bassin d’Aubigny-Sancerre, particulièrement vétuste et inadapté, servit de terrain d’expérience et fut le premier à bénéficier de ces avancées techniques. L‘activité du bâtiment, fut donc dans un premier temps soutenue par la centrale de Belleville, puis par la suite par la reconver-sion de l’habitat existant et la réalisation de nouveaux équipements, nécessités d’une part par le développement des activités industrielles et d’autre part par l’adaptation de l’habitat au vieillissement de la population. Ceci permet ainsi de développer l’emploi sur le bassin dans cette filière. Il avait fallu pour cela faire évoluer l’offre de formation sur Bourges (lycées profession-nels, INSA, CFA interpro), notamment sur les courants faibles, le bois et l’efficacité énergétique. De nouveaux opérateurs étaient réapparus : scierie, fabrication de granulés de bois… Activité résidentielle L’afflux de nouvelles populations grâce à la centrale a redonné un élan au développement des activités résidentielles sur une période de changement de génération et de transmission d’entreprises. Le nombre d’entreprises et d’artisans a diminué à cette occasion mais a permis aux entreprises restantes de gagner en taille et en capacité d’innovation et d’adaptation aux be-soins des nouvelles populations. Services L’hôpital de Sancerre a été fermé mais transformé en maison de santé capable d’assumer les urgences et un système de transport rapide a été mis en place avec l’hôpital de Bourges pour assurer le même service aux populations. Les maisons de santé et la dynamique apportée par Belleville, le tourisme et le développement industriel, ont permis d’assurer les remplacements des départs en retraite en temps voulu. Les voies de communication sont restées un handicap pour l’attractivité et la qualité de vie des actifs ou étudiants devant faire des navettes avec Bourges ou Cosne. Il a seulement été possible d’améliorer les fréquences et le confort des lignes de cars. L’Education nationale a par ailleurs permis aux jeunes d’aller au lycée dans la Nièvre plutôt que dans le Cher. De façon géné-rale l’offre de services a été organisée selon des critères de proximité entre les deux régions. Les établissements scolaires de Bourges ont fortement amélioré leurs capacités d’hébergement et de restauration. Les services aux personnes âgées ont permis d ‘élargir et diversifier les offres d’emplois, contribuant ainsi fortement à l’attrac-tivité du bassin, par les possibilités d’emplois offerts aux conjoints en complément des emplois industriels. Le bassin a conti-nué d’afficher un taux de chômage parmi les plus bas de la région. La diversité des activités et des populations réunies sur le territoire a renforcé la richesse de vie associative, sportive et cultu-relle, renforçant ainsi l’image d’un territoire accueillant et solidaire ou il fait bon vivre.

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Réalité décalée Un bassin sinistré à faire revivre

D ébut 2013, le seul quotidien encore présent dans le département interviewait un habitant de ce bassin qui affirmait : « on est dans un secteur rural, les gens ont besoin de leur voiture pour aller travailler ». Deux ans plus tard, c'est le choc : une hausse très forte du prix du baril de pétrole avec pour conséquence un quasi

doublement des prix des carburants en quelques mois et, par répercussions plus ou moins directes, des hausses sur les ma-tières premières mais aussi sur des produits finis. Les prix de l'électricité suivirent ce mouvement. Tous les habitants du bassin étaient touchés. Les actifs pour aller travailler ou se rendre à Pôle emploi, les familles qui s'étaient installées dans le sud du bassin à une vingtaine de km de Bourges pour des raisons de coût de logement et qui devaient se rendre souvent dans cette ville. Tout cela sur un fond de pauvreté relative des habitants, plus de la moitié des ménages de ce bassin n'étant pas imposables. De plus, cette augmentation intervenait en pleine crise qui avait considérablement appauvri la population - les actifs comme les retraités - et gravement affecté nombre d'entreprises. Un bassin contrasté, sans pôle central, à très faible densité démographique et aux migrations quotidiennes particulière-ment importantes Les activités y sont concentrées sur quelques pôles situés en périphérie : une zone industrielle au Nord autour d'Aubigny, au Nord-Est la centrale nucléaire de Belleville, à l'Est le pôle emblématique de Sancerre-Chavignol proche de Cosne en région Bourgogne et au Sud-Est, dans le Val d'Aubois, un petit pôle industriel encore important se maintenant grâce notamment à quelques entreprises dynamiques et à la vigilance des salariés et de la population locale. Au centre de ce vaste bassin - à la densité démographique très faible (la plus faible des bassins de la région) - quelques gros villages, le plus important Henrichemont atteignant 1 800 habitants. Peu d'emplois dans ce « désert central » : juste de quoi « alimenter » une petite industrie agro-alimentaire laitière et fromagère performante et de qualité. Aucune voie ferrée dans ce territoire. Elles sont à l'extérieur : Nord-Sud de chaque côté et, au Sud, à une vingtaine de km du bassin, une ligne Est-Ouest. Trois axes routiers principaux traversent ce quasi désert : l'un de Bourges vers Aubigny et Gien et deux autres reliant Bourges à la région Bourgogne. En 2015, seules 3 lignes de car irriguaient ce vaste bassin pour relier Bourges aux pôles d'activités mais très peu utilisées vu les horaires inadaptés. Les migrations domicile-travail étaient très im-portantes : plus de 4 000 salariés allaient travailler de la zone d'Aubigny dans la région Bourgogne, 1 300 changeaient de dé-partement et 10 000 travaillaient dans le département hors du bassin. A peu près autant venaient du Loiret et de Bourgogne pour travailler dans le bassin. Face à l'explosion des coûts des déplacements, il fallait réagir vite, la plupart des actifs ne pouvant plus les supporter. Cela menaçait même des entreprises de la zone d'Aubigny qui voyaient non seulement leurs charges augmenter mais risquaient de perdre nombre de salariés qualifiés. A la demande de nombreux habitants et d'élus, des réunions furent organisées par le Conseil général et la Préfecture associant élus, acteurs économiques et associatifs des territoires du bassin avec des représentants des départements voisins du Loiret et de la Nièvre ainsi que du Conseil régional du Centre et de la région Bourgogne. Une urgence : répondre aux problèmes des déplacements On développa bien sûr le covoiturage notamment pour se rendre à son travail. Mais les limites de cette organisation ont été vite atteintes. Et cela ne pouvait pas répondre entièrement aux nombreux besoins de la population. Le réseau de transports en commun par autocar fut restructuré et développé rapidement : déjà pour desservir les principales zones d'activité où les em-plois étaient concentrés. Le bassin se trouva mieux drainé, le maillage du réseau plus serré, la fréquence des autocars aug-mentée et les horaires adaptés. Et cela en maintenant les tarifs particulièrement bas. Des transports « à la demande » - comme il en existait déjà sur l'agglomération de Bourges - ont été créés dont les principaux bénéficiaires ont été les personnes âgées. On put éviter ainsi le déplacement d'une partie de la population du bassin vers Bourges ou Vierzon. Faire face au coût de l'énergie devenant intenable pour les habitants Dans le bassin, 90 % des résidences principales - essentiellement des maisons individuelles - étaient anciennes, mal isolées et pour une majorité d'entre elles dotées d'un chauffage tout électrique. Les factures devenaient astronomiques, difficilement abordables notamment pour les 50 % de ménages non imposables. Une campagne de réhabilitation des logements fut lancée avec des aides diverses du Département, de la Région et de l'Etat : isolation, développement de l'utilisation du bois - très abondant dans le bassin - pour le chauffage et la production d'eau chaude. En dix ans, une majorité de logements furent ainsi réhabilités. En parallèle, des discussions étaient menées avec l'Etat et EDF pour éviter une répercussion importante de la hausse des tarifs.

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Objectif essentiel : revitaliser le « désert central » du bassin Des habitants se rappelaient avoir lu 5 ans auparavant un document de prospective élaboré par le Conseil Economique Social et Environnemental de la Région Centre et voyaient déjà se réaliser dans leur bassin le pire des scénarios qui y figurait, celui intitulé « Osons le désert ». Ils alertèrent les élus et la population. Rapidement une majorité des habitants prit conscience que « leur » bassin ne résisterait pas au tsunami s'ils ne réagissaient pas. Et ils refusèrent les conclusions de ce scénario qui consi-dérait non réaliste de revitaliser les déserts. Les projets se multiplièrent. Ainsi certains imaginaient la réouverture de lignes de chemin de fer abandonnées depuis long-temps comme celle du célèbre Le Blanc - Argent ou celle de Bourges à Aubigny. D'autres pensaient même pouvoir relier les gros villages du bassin par un réseau de tramways comme ils en avaient vu le long des routes au Portugal ! Revitaliser ce bassin passait par la résolution de problèmes aigus : - Celui de la démographie médicale dans une situation dramatique. L'hôpital de proximité de Sancerre ne pouvait évidemment pas répondre aux besoins du territoire. D'autant que le nombre de personnes âgées dépassait déjà le tiers de la population et allait encore augmenter. Et elles souhaitaient se maintenir dans ce bassin dont elles appréciaient le cadre de vie. Des médecins, infirmiers et autres personnels médicaux et sociaux se sont mobilisés pour faire ouvrir plusieurs maisons de santé pluridisciplinaires. Pour atteindre un objectif de 5 MSP nouvelles dans le bassin avant 2030, ils se sont appuyés sur l 'ex-périence acquise par leurs confrères quelques années auparavant. De jeunes médecins sortant de formation, d'autres recher-chant une qualité de vie différente s'installèrent. La question des urgences fut résolue par les hôpitaux de la périphérie du bas-sin : Bourges, Gien, Cosne, La Charité et Nevers. - Celui du maintien des services publics qui disparaissaient à grande vitesse. C'est par une résistance de tous les instants que purent être maintenus l'essentiel des services publics : petite enfance, écoles, collèges, services administratifs, postes... et bien sûr tous les services nécessaires au maintien dans le territoire des personnes âgées dont le nombre allait augmenter fortement. De nombreux emplois ont pu être ainsi créés. On mobilisa également d'im-portants moyens pour permettre aux jeunes de ce bassin de poursuivre des études en lycée et en post-bac notamment grâce à la proximité des lycées généraux, techniques, professionnels et agricole ainsi que les établissements supérieurs de Bourges. - Un développement nouveau de l'agriculture. Dans ce bassin, le Pays-Fort occupe une large place. Relativement pauvre et peu peuplé - moins de 15 habitants au km² - il n'avait jamais connu un important développement. L'essentiel de son économie reposait sur la polyculture (élevage bovin, caprin et cultures d'oléagineux). On décida d'y favoriser une agriculture de proximité, saine et de qualité notamment pour répondre à la forte demande en produits bio. Le lycée agricole près de Bourges y contribua fortement. Des jeunes, intéressés, s'engagèrent. Ils y développèrent même des variétés anciennes de légumes abandonnés depuis des siècles ainsi que des pro-ductions « exotiques » comme celles très appréciées introduites par des immigrés cambodgiens dans les jardins maraichers de Bourges. Bien sûr, dans ce bassin, la vigne, avec ses AOC de Sancerre et Mènetou-Salon, avait toute sa place, de même que l'élevage caprin et son AOP des crottins de Chavignol. On favorisa également la création de « pôles d'excellence ruraux » comme celui lancé à Henrichemont en 2013 abritant un futur pôle d'innovation en génie alimentaire : recherche, innovation et bien sûr emplois s'y développèrent. Ainsi modernité et tradition se renforçaient mutuellement. La vie associative et la culture avaient toujours eu dans ce bassin une place très importante. Le renouveau impulsé permit qu'elle se renforce. Clubs, associations sportives, d'études et de défense des espaces naturels, groupes musicaux, etc se sont multipliés. Toujours plus de manifestations culturelles (littéraires, musicales, théâtrales, historiques,....), de festivals, de foires, etc. se déroulent dans les villes et les villages de ce bassin et y attirent de très nombreux spectateurs bien au-delà de ses li-mites. Des liens se sont développés avec des associations éducatives, les établissements d'enseignement supérieur notam-ment de Bourges (établissements scientifiques, écoles nationales des Beaux-Arts, de Musique et de Danse), l'Université popu-laire du Berry, la Maison de la culture, etc. Le hameau de La Borne, près d'Henrichemont, haut lieu de création artistique dans le domaine de la céramique, qui attire de nombreux artistes de tous les pays, a renforcé sa notoriété. Autant de facteurs qui ont donné une attractivité nouvelle à ce territoire. En 15 ans le bassin a su stopper son déclin que beau-coup avaient pronostiqué.

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Réalité augmentée Situation géographique et atouts touristiques

S itué aux confins du Berry et du Bourbonnais, au confluent de deux rivières paisibles (le Cher et la Marmande) et au pied de trois éperons rocheux, le site semble avoir attiré l'homme dès le néolithique, les collines voisines portant en effet sur leurs pentes de nombreuses traces de cette occupation primitive. En lisière de la forêt de Tronçais, elle offre également

des atouts non négligeables et pour l’exploitation forestière et surtout pour le tourisme. Sur ce dernier point bien précis, les sites de Noirlac et son abbaye, le château de Montrond, le musée Saint-Vic, le pôle de l’or et sa pyramide, récemment le centre Balnéor (aqualudique) et le site nautique du lac de Virlay (40 hectares) sont autant d’attractivités offertes au grand public. Après quelques décennies de 1970-2000 de déclin démographique et de mutations économiques, le bassin Saint-Amandois amorce depuis dix ans une légère croissance. Pourvu également d’un tissu associatif et culturel très bien représenté ce bassin affiche fièrement ces ambitions. Lignières (4 200 habitants) et son canton, abrite en son sein, un hippodrome, une salle culturelle « les bains douches » qui organise ré-gulièrement des manifestations musicales et théâtrales, une foire aux ânes connue et reconnue nationalement. Saint Amand Montrond, environ 11 000 habitants avec sa municipalité est également partie prenante dans l'organisation des manifestations de grande envergure, comme par exemple les Foires d’Orval sur 9 jours (créées en 1412 elles sont la 3ème plus grande foire nationale), la foire aux vins (réputée en région Centre et Auvergne), les 100 ans de la fête de l’aviation (avec le passage de la patrouille de France), elle accueille régulièrement des étapes du Tour de France féminin & masculin, et bien d’autres manifestations encore autour de sa Pyramide de l’Or, qui sont toutes des retombées non négligeables tant finan-cières qu’en terme d’image pour la ville. Situation actuelle Le bassin démographique de Saint-Amand Montrond est très peu peuplé, les courbes concernant la population le démontrent Avec Dun/Auron, Chezal-Benoit et Ainay-le-château (03) comme centres Hospitaliers psychiatriques spécialisés, l’hôpital de Saint Amand fait dans ce bassin office de centre de référence pour tous ces établissements. Actuellement, le plus gros employeur de la ville (660 personnes) est le centre hospitalier suite à une fusion intelligente Public-Privé. A souligner, il sert régulièrement de soutien logistique au centre hospitalier de Bourges. Son importance est fondamen-tale dans ce sud régional en carence de médecins de campagne. Un pôle d’excellence santé avec vocation d'équilibre et de régulation est en cours de réalisation, il interviendra pour les ur-gences médicales jusqu’à Bourges-Nevers-Montluçon-Châteauroux dans un rayon de 100 km autour de l’hôpital de Saint-Amand Montrond et ceci en lien direct avec les gros centres hospitaliers universitaires de Tours, d'Orléans et de Clermont -Ferrand. Ceci sous contrôle de l’Agence Régionale de Santé afin de garantir l’équilibre Public-Privé. L’industrie n’est pas en reste dans le dynamisme de cette ville puisque pour enrayer les conséquences dramatiques de la crise, un pôle d’excellence rurale appelé « Pôle du Luxe » a été créé en février 2010 sur un fond de modernisation des entreprises avec un investissement de 3,4 Millions d’euros dont 1,2 d’aides de l’état. Cette année 2 entreprises concernées par ce projet vont doubler leurs effectifs soit environ 120 créations de postes au total. Actuellement ces personnes vont bénéficier d'une formation en prévision de leurs futures embauches dans des locaux mis à disposition par la municipalité. L’imprimerie Bussière « fer de lance du bassin Saint-Amandois », après avoir subi des déconvenues suite à la conjoncture actuelle, a modernisé son outil industriel (15 millions d'euros) et est revenue à l’équilibre financier, situation à l’identique pour les chantiers d’Orval (rénovation de wagons SNCF) qui a transformé son outil de production pour pouvoir capter des parts de marchés. A noter que certaines PME des cantons de Châteauneuf-sur-Cher et Dun-sur-Auron travaillent en sous-traitance pour les industries berruyères. La filière bois, comme évoquée en préambule étant située à proximité de la forêt de Tronçais, celle-ci ne donne pas toutes les satisfactions escomptées lors de sa création. Elle travaille essentiellement à la construction du bois prévu pour faire les ton-neaux des grands vins. La filière agricole, bicéphale, avec l’activité céréalière, est malgré tout à majorité bovine, elle a également créé son Pôle d’ex-cellence. Ce qui a permis le rachat de l’abattoir Saint-Amandois par le groupement de défense Sanitaire du cher après une remise en conformité de 1,5 millions d’euros par la municipalité de saint-Amand Montrond. A ce jour quelques emplois ont été créés et l’activité est pérenne. Aujourd’hui cette même activité offre une complémentarité importante avec le marché aux bestiaux « des Grivelles » à Sancoins.

Bassin de Saint-Amand-Montrond

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Le Logement Le parc locatif reste assez vétuste malgré de gros efforts réalisés ces dernières années sur la ville de Saint Amand. L’offre y est supérieure à la demande malheureusement celui-ci reste inadapté en périphérie de ce bassin. Enseignement Le bassin offre à sa population des variantes d’enseignement non négligeable pour la grandeur de ce territoire, avec 3 lycées dont deux à spécialisation avec un professionnel et un agricole, à ceci s’ajoute divers collèges. Néanmoins malgré cette offre correcte, un risque de fermeture pèse sur les collèges de Chateaumeillant et du Châtelet. Activités commerciales Elle a un office du commerce et de l’artisanat comprenant 226 commerçants dont 3 associations de commerces, plusieurs centres commerciaux à grandes superficies et 8 millions d’euros d’investissements pour l’amélioration de ceux-ci, 1 grand marché (le samedi matin) qui attire les commerçants et producteurs du Nivernais, de l’Auvergne. Ce qui représente environ tous commerces confondus 43 000 habitants en zone chalandise. Infrastructures Bien située la ville se trouve au carrefour de l’Auvergne du Nivernais et de la région Centre dotée d’une sortie d’autoroute sur l'A71 et d’une des plus importantes lignes ferroviaires « Paris Montluçon » desservant l’Auvergne, Saint-Amand offre des atouts non négligeables. Elle compte dans un avenir proche sur l’électrification du tronçon Bourges - Montluçon pour anticiper sur la venue du POCL Projets à l’horizon 2020-2030 Récemment depuis l’année 2012, ce bassin vient de se doter d’une communauté de communes « Cœur de France », celle-ci est dynamique et pleine d’ambition pour le futur. Elle travaille à l’arrivée du très haut débit pour 2015 avec objectif de développer en particulier la télémédecine. Son souhait en complément du scanner déjà présent, se doter d’un IRM et d’une seconde équipe SMUR au sein des urgences, ce qui per-mettrait de pérenniser à l’horizon 2020 l’hôpital menacé récemment de restructuration et favoriserai l’attractivité du terri-toire. Les technologies informatiques et industrielles évoluant, plusieurs projets sont à l’étude, dont un bien avancé, qui consiste à faire s’implanter des entreprises dans la zone industrielle avec en perspective plusieurs dizaines d’emplois créés. L’infrastructure le permettant, des dispositions sont en cours afin d’aménager une base de logistique autour de sa sortie de péage. Les constructions, d’un golf 9 trous autour du lac de Virlay et d’une importante zone pavillonnaire à proximité de celui-ci, les prix du foncier local favorisant l’accession à la propriété sont budgétés dans la décennie à venir. Conclusion Le « bassin démographique » du Saint-Amandois dispose d’atouts intéressants, de par sa situation géographique et son dyna-misme. On y trouve une vraie qualité de vie.

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Réalité décalée

Q uelques temps avant cette crise des matières premières dont tout le monde se souvient aujourd’hui, Saint Amand

n’était déjà plus une zone en « désertification ». Depuis les années 2010, progressivement, son solde migratoire

s’était amélioré essentiellement par l’arrivée de personnes de plus de 59 ans désireuses d’y séjourner pour leur re-

traite mais aussi par l’arrivée de familles avec des enfants qui avaient quitté les zones urbaines (Bourges, Tours et Orléans

principalement). Ces arrivées tenaient surtout à la facilité pour des familles de trouver des logements assez grands sur le bas-

sin pour aller travailler à Bourges le plus souvent. Lors de « la crise », le renchérissement brutal du prix du pétrole remettait

sérieusement en cause cette économie familiale.

A cette époque Saint Amand bénéficiait d’un pôle hospitalier important. Les élus portaient avec fierté la réussite du pôle d’ex-

cellence santé. Un système très bien organisé assurait la rapidité d’intervention des urgences en lien avec les hôpitaux de

Tours, Orléans et Bourges. C’est pour assurer la continuité de ce service que les élus se sont tout d’abord mobilisés avec ces

mêmes partenaires.

Parallèlement, plusieurs réunions furent organisées avec la population pour recenser les problèmes de transport afin d’éviter

que les gens ne perdent leur emploi et trouver des solutions transitoires.

Une idée simple : renouer avec la tradition de l’accueil familial

Au cours de ces réunions, les plus âgés rappelaient la période où leur famille accueillait des personnes handicapées mentales,

en lien avec l’hôpital : On les appelait « les pas bien ». La question s’est alors posée de renouer avec cette coutume. L’idée

étant de permettre aux familles d’obtenir un complément de revenus. Très rapidement une étude d’opportunité fut votée.

Une enquête auprès de la population fut engagée. Les familles ont largement répondu à l’appel. Certaines y trouvaient une

alternative à la difficulté de trouver des emplois sur la zone. D’autres voyaient ainsi une possibilité d’un rapprochement fami-

liale : des frères et sœurs sans emploi ailleurs pourraient « revenir s’installer au pays ». De même des amis qui s’étaient per-

dus de vue et qui avaient des difficultés auraient envie de revenir. Mais la faisabilité se révéla un peu compliquée à mettre en

œuvre rapidement. Et c’est progressivement que fut évoqué la proposition d’accueillir plutôt des séniors.

En effet, les capacités d’accueil régionales étaient saturées. La prise en charge à domicile était limitée par la difficulté de trou-

ver du personnel qualifié et par la hausse du prix des carburants. La crise ne permettait plus de créer des institutions et le

nombre de séniors était de plus en plus nombreux. Ce problème dépassait d’ailleurs la région elle-même.

Pour ce projet la situation de Saint Amand était très favorable : le bassin bénéficie de bonnes infrastructures routières avec

l'autoroute A71 Orléans/Clermont-Ferrand, mais également de liaisons avec Bourges, Montluçon (N144 et D943) et Château-

roux (D925). De plus Saint Amand est desservie par la ligne SNCF Paris-Montluçon.

Le bassin était reconnu pour sa part importante d’établissements du secteur sanitaire social et médicosocial. Il bénéficiait aus-

si de la présence d’un institut de formation d’aides-soignants au centre hospitalier communal, qui formait une quarantaine de

personnes, doublée pas les formations sanitaires et sociales en lycée professionnel.

S’appuyant sur ces compétences, un plan de formation des familles fut lancé et le placement des personnes âgées dans les

familles fut organisé. Plusieurs cas ont été envisagés : des accueils en semaine, des accueils en vacances, des accueils le temps

d’une rééducation après hospitalisation, pendant les vacances et quelques accueils permanents.

Eviter que les jeunes ne partent ou s’enlisent

Dans le même temps le bassin devait éviter une hémorragie de population jeune. Les deux collèges craignaient régulièrement

les sous effectifs. Les parents d’élèves se mobilisèrent pour que ces collèges développent des méthodes pédagogiques inno-

vantes pour favoriser la poursuite d’études de tous les jeunes car le taux de décrochage était important dans la zone, comme

d’ailleurs dans toute la région. Beaucoup de jeunes ne voulaient pas « retourner à l’école » et peu d’endroits pouvaient leurs

offrir des conditions facilitantes s’ils avaient quelque peu dépassé l’âge normal. Quelques initiatives furent acceptées par le

rectorat dans un premier temps. L’intérêt des élèves et des familles a permis de les stabiliser et le taux de décrochage, dimi-

nua de façon significative.

Cette solution restait néanmoins insuffisante pour sauver les collèges au regard des capacités d’accueil. Il fallait donc faire ve-

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nir des jeunes des bassins environnants. L’idée fut alors de proposer un accueil des jeunes de milieux urbains en difficultés

scolaires pour une ou deux années afin qu’ils puissent ensuite être rescolarisé dans leur ville d’origine. Restait la question de

l’accessibilité et l’hébergement. Pour l’accessibilité le Conseil Général aménagea les parcours des cars et augmentât la fré-

quence du ramassage scolaire, mais il n’était pas envisageable de créer des internats. Il fut de nouveau fait appel à la popula-

tion et très vite, les familles qui accueillaient déjà des séniors ainsi que de nouvelles familles se portèrent volontaires. Cela

permettait à leurs propres enfants d’avoir de nouveaux amis et de préserver le collège.

Une première expérimentation fut faite et après bilan, les élus, l’inspecteur d’académie et les parents d’élèves demandèrent

au Ministère d’ouvrir dans les trois collèges de Saint Amand un programme très spécifique, individualisé, pour que chaque

élève reçu puisse rattraper le niveau exigé d’entrée en seconde sur un ou deux ans. Des enseignants volontaires se sont instal-

lés à Saint Amand. Il faut dire qu’ils trouvaient sur place un patrimoine renommé telle l’abbaye de Noirlac, avec ses concerts.

Et puis la campagne, le faible coût des logements et le centre de balnéothérapie ont fini de les séduire. Bien sûr, ils étaient loin

de Paris mais c’était un plaisir de recevoir la famille et les amis le week-end. Ils avaient le temps de les voir, de faire des bal-

lades, une qualité de vie qu’ils n’avaient jamais eu avant. Mais c’est surtout la mobilisation et les initiatives des habitants pour

préserver leur territoire et retrouver des valeurs anciennes d’accueil, qui les ont motivé à s’installer et à participer à ce mouve-

ment. Ils furent très entourés et s’intégrèrent facilement.

Cette initiative fut très positive. 75 % des jeunes retournent dans leur ville d’origine en deux ans et intègrent en lycée un ensei-

gnement général ou professionnel. Ils croisent souvent les plus jeunes lorsqu’ils reviennent en week-end dans leur ancienne

famille d’accueil. Une faible part (10 %) sont restés dans les familles d’accueil pour poursuivre leur scolarité en lycée et 15 %

ont trouvé un maitre d’apprentissage.

Parmi les jeunes du bassin, quelques-uns ont bénéficié d’un cursus « sport études » à Châteauroux et même à Paris grâce à un

hébergement dans la famille des jeunes qui avaient été reçus chez eux. Au-delà des études, ce sont donc des vrais liens d’ami-

tiés qui se sont noués.

Eviter la stigmatisation

Ces résultats ont progressivement renforcé la renommée de Saint Amand et les opportunités se sont ouvertes. En effet, le

système judiciaire ayant eu l’écho de la réussite des jeunes suivant un enseignement très individualisé a demandé aux élus

l’autorisation de créer deux petits lieux d’hébergement avec des éducateurs spécialisés pour réinsérer de très jeunes délin-

quants.

La communauté de communes jugea cette proposition intéressante mais après consultation des habitants, refusa la création

d’une institution. Il ne fallait pas que le bassin soit trop marqué par la présence de jeunes en difficultés. C’est surtout sur l’ac-

cueil que le bassin voulait asseoir sa visibilité. C’est alors qu’un agriculteur proposa d’offrir un lieu de vie à des jeunes qui au-

raient commis des petits délits, le temps qu’ils retrouvent leur milieu familial. Il avait un diplôme d’éducateur. Pour ces jeunes

en très grande difficulté, il a travaillé en partenariat avec le pôle du cheval. Les jeunes sont vites attendris par « le grand noir

du Berry », cet âne dont le bassin a su préserver la race, comme il a su préservé les ressources génétiques telle que la poule

noire du Berry, la chèvre « cou-clair », les pommes, les vignes… Progressivement ces jeunes ont été reçus dans les entreprises

de productions agricoles et d’élevage, qui leur offraient la possibilité d’un contact avec la terre et les animaux. Ceux qui ve-

naient des grands pôles urbains découvraient avec étonnement les foires aux bestiaux de Châteaumeillant et surtout Sancoins

et après une période de « découverte », ils intégraient le collège.

En dehors de leur temps scolaire et de stages en milieu agricole, ils sont accueillis à la salle de spectacle « bains douche » où ils

s’initient aux « dessous du décor ». Ils se retrouvent et donnent un coup de main en cas de besoin. Ils sont fiers de participer à

ce lieu. Ils en parlent sur Facebook et font ainsi la promotion pour ce lieu « branché » en pleine nature.

Développer des « échanges durables »

Enfin, le lycée Jean GUEHENNO, initialement centré sur la formation en cuisine, avait développé des formations en bijouterie à

partir de 1985. Dans les années 2010, il était considéré comme un lieu de formation incontournable de la filière « art du bijou

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et du joyau ». Près de 260 jeunes y préparaient un diplôme dans ce domaine, presque plus de 20 % des effectifs de la zone

d’emploi. Ces formations accompagnaient une tradition. En effet, en 1888, la ville accueillait son premier bijoutier. Après la

deuxième guerre mondiale, la ville était devenue le 3ème pôle français de fabrication de bijoux, spécialisé dans la maille

creuse. Puis les industriels des secteurs de la maroquinerie, du prêt à porter de luxe, des arts de la table (céramique) et de la

fonderie ont décidé de se rassembler autour des industries de la bijouterie du Pôle technologique de l’Or pour créer un pôle

des métiers du luxe. St-Amand avait obtenu le label de Pôle d'Excellence Rurale des Métiers D'art.

Le Ministère de l’Education National était souvent sollicité pour ouvrir des CAP d’extraction de l’or en Guyane. C’est autour de

ce pôle qu’ils furent créés. Ainsi, bénéficiant de financements spécifiques, les jeunes guyanais purent engager des parcours de

formation dès le collège pour entrer au lycée GUEHENNO en étant hébergés dans les familles et retourner dans leur départe-

ment pour y exercer leur métier. Au-delà des échanges scolaires, ce fut une ouverture pour les familles. Certaines continuent

de rester en contact.

L’ensemble de ces transformations a contribué à préserver un certain niveau industriel. Le territoire étant régulièrement par-

couru par les familles des séniors et jeunes hébergés, quelques contacts commerciaux se nouèrent et le bouche à oreilles fit le

reste.

Ainsi, le territoire, par la mobilisation des élus, de la DRES, du rectorat et de la population, a pu trouver une issue pérenne à la

crise. Il ne s’agit pas d’un « développement spectaculaire » mais d’une organisation efficace pour la prise en charge de deux

problèmes majeurs : l’accueil des séniors et la remédiation au décrochage scolaire.

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Conception CESER

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