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2030.regionpaca.fr RdV du SRADDT « saison 2 » Quelles orientations stratégiques pour notre région en 2030 ? Diagnostic stratégique et prospectif GROUPEMENT d’ETUDES ACADIE PLACE | MRS PARTNER | ENERGIES DEMAIN | PLANETE PUBLIQUE 20 SEPTEMBRE 2012

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RdV du SRADDT « saison 2 »

Quelles orientations stratégiques pour notre région en 2030 ?

Diagnostic stratégique et prospectif

GROUPEMENT d’ETUDES ACADIE

PLACE | MRS PARTNER | ENERGIES DEMAIN | PLANETE PUBLIQUE

20 SEPTEMBRE 2012

Document de mise en débat

Révision du SRADDT Provence-Alpes-Côte d’Azur -Diagnostic prospectif stratégique – 20/09/2012

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Préambule

Au-delà de l’attractivité…

Depuis plus de trente ans, le développement de la région « Provence-

Alpes-Côte d'Azur » s’est largement fondé son attractivité grâce à ses

exceptionnels atouts climatiques, paysagers, patrimoniaux et culturels.

Ce modèle a été efficace, car il a lancé de grandes dynamiques.

« Provence-Alpes-Côte d'Azur » se classe au 3ème rang des régions

françaises pour le PIB par habitant. Avec une forte progression de

l’emploi et de la population, elle dispose d’équipements et de ressources

de niveau national et mondial.

Dans le même temps, les territoires et les acteurs de Provence Alpes Côte

d'Azur sont inscrits dans des stratégies innovantes au plan social,

économique, environnemental.

Cependant, aujourd’hui, cette attractivité trouve ses limites. La capacité

d’accueil de la région s’essouffle. Les territoires ne parviennent plus à

faire face à la demande de logements et d’équipements ; la concurrence

entre les différents usages du sol, l’agriculture et la croissance urbaine, la

population résidente et la population touristique, conduit à une

périurbanisation accrue, qui s’étend bien au-delà des aires urbaines

existantes ; la localisation des populations exprime des fragmentations

sociales de l’espace ; l’économie trop tournée vers la demande et pas

assez vers la production ne permet pas de résorber des inégalités de

revenus parmi les plus élevées de France métropolitaine ; les

infrastructures et l’offre de transport peinent à suivre le rythme de

croissance des mobilités.

D’autant que cette attractivité est menacée : le rythme des migrations

s’est ralenti et « Provence-Alpes-Côte d'Azur » se trouve distanciée par

d’autres régions, « Languedoc-Roussillon » et « Midi-Pyrénées »

notamment; le développement des résidences secondaires produit des

enclaves « off shore » ; l’économie fondée largement sur la

consommation est plus vulnérable à la crise économique mondiale que

l’économie de production. Plus globalement, les changements climatiques

font peser des risques avérés sur les ressources et menacent leur

exploitation comme l’équilibre des écosystèmes méditerranéens et alpins.

La révision du SRADDT intervient à un moment charnière de l’évolution du

modèle de développement de « Provence-Alpes-Côte d'Azur », où un

retournement conjoncturel est possible. Pour autant, la région est loin

d’être démunie face aux défis des vingt prochaines années : une armature

urbaine dense et dynamique, des espaces naturels et agricoles de très

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grande qualité, une population active nombreuse, des atouts en matière

d’activité économique, de recherche et d’innovation, un potentiel de

mutation autour de l’économie verte et des acteurs territoriaux

impliqués…

Le temps est donc venu de passer d’une stratégie focalisée sur

l’attractivité et sur l’apport exogène à une stratégie visant à faire

fructifier les ressources et les atouts régionaux : faire face aux défis ne

suffit plus, il faut profiter de ces défis pour accroître la valeur ajoutée

régionale, dans les domaines de l’environnement, de l’économie et de la

cohésion sociale. « Provence-Alpes-Côte d’Azur » doit prendre toute sa

place dans les flux mondialisés de manière active et non plus seulement

par le biais d’avantage comparatifs désormais fragiles.

L’accroissement de la valeur ajoutée régionale passe par la coopération

des différents territoires qui composent la région. C’est l’ambition du

SRADDT que de mettre en débat les principes, et les modalités, de cette

coopération.

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Introduction

La « saison 1 » de débats autour de l’aménagement du territoire régional a permis

de mettre en lumière deux lignes d’enjeux que doit traiter le SRADDT :

Une première ligne d’enjeu découle des conséquences des phénomènes nationaux et mondiaux vont entraîner sur les territoires de « Provence-Alpes-Côte d’Azur ». Il s’agit là des trois défis du SRADDT : le défi des changements climatiques ; le défi de l’économie mondiale et du ralentissement de la croissance ; le défi de la démographie, du vieillissement et des inégalités sociales1.

Une deuxième ligne d’enjeux consiste dans la façon dont les territoires régionaux vont s’organiser pour traiter ensemble de questions d’aménagement de l’espace régional, à trois échelles : l’échelle des grands systèmes géographiques (Alpes, Rhône, littoral) ; l’échelle des systèmes métropolisés; l’échelle des systèmes de proximités.

Ces deux lignes d’enjeux —défis et échelles— se croisent : chaque défi a des

incidences particulières à chaque échelle.

LES DEFIS

Les changements climatiques

L’économie mondiale et le ralentissement

de la croissance

La démographie, le vieillissement et

les inégalités sociales

LES E

CH

ELL

ES

Les grands systèmes

géographiques (Alpes, Rhône,

Littoral)

Les systèmes métropolisés

Les systèmes de proximités

1 Ces trois défis sont issus des trois lignes directrices qui orientent la révision du SRADDT et qui ont

été identifiées lors de la première phase : l’anticipation du changement climatique, la réduction des inégalités sociales et territoriales, le développement local et les recompositions territoriales.

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Dès lors, l’objectif du SRADDT est de construire avec les acteurs les orientations d’aménagement qui permettent aux différents territoires de la région de se

positionner au mieux pour relever ces défis.

Comment atteindre cet objectif ?

Deux partis-pris fondent le SRADDT.

Le premier parti-pris est qu’à travers le SRADDT, il s’agit non seulement de s’adapter aux défis, mais aussi d’élaborer une stratégie active : les territoires de la région ne souhaitent plus simplement subir les changements climatiques, s’adapter à la nouvelle donne économique ou faire face à la croissance et au vieillissement de la population. Les territoires de la région veulent être des acteurs de ces transformations, en tirer le meilleur pour eux-mêmes, pour la région et pour tous ceux qui passent ou qui vivent sur son sol. Il ne s’agit donc pas seulement de protéger, préserver, limiter, lutter contre, mais de faire fructifier les resources humaines, économiques et environnementales régionales. Le SRADDT veut contribuer à accroître la « valeur ajoutée » régionale dans tous les domaines :

sociaux, environnementaux, culturels, économiques,....

Le deuxième parti-pris est que tous les territoires de « Provence-Alpes-Côte d'Azur » sont concernés par ces défis ; ils sont, dès lors, acteurs de cette stratégie. Chaque territoire a ses caractéristiques propres, mais tous sont traversés par les défis. La construction de la valeur ajoutée régionale se fera par l’implication des territoires, la mise en commun de leurs capacités à agir, la reconnaissance des interdépendances et des solidarités. Dès lors, une grande part de la mise en œuvre des orientations du SRADDT passera par les politiques conduites par les territoires

de projet (pays, communautés, métropoles, parcs).

Ce document met en débat trois questions, intimement liées :

A quels défis, et comment, les territoires de la région « Provence-Alpes-Côte d'Azur » doivent-ils « faire face » dans les vingt prochaines années ?

Quels sont les modes d’organisation entre territoires qui permettent de « faire système » de façon à mieux répondre aux défis ?

Quelles sont les dimensions opérationnelles qui permettront de « faire levier » pour traduire ces orientations en actes ?

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SOMMAIRE

Première partie: FAIRE FACE : LES DEFIS DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE EN PROVENCE ALPES COTE

D'AZUR ........................................................................................................................................................... 8

FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE, LE DEFI DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE ET ENERGETIQUE ..................... 8

FACE AUX MUTATIONS ECONOMIQUES : LE DEFI D’UN MODELE DE DEVELOPPEMENT PLUS JUSTE PLUS DURABLE

FAISANT PLACE A L’INNOVATION ................................................................................................................. 13

FACE AUX EVOLUTIONS DEMOGRAPHIQUES ET SOCIALES : LE DEFI DE LA COHESION SOCIALE ET TERRITORIALE 18

Deuxième partie: FAIRE SYSTEME : LES ECHELLES DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE EN PROVENCE

ALPES COTE D'AZUR .................................................................................................................................... 22

LES GRANDES CONTINUITES GEOGRAPHIQUES : LE LITTORAL MEDITERRANEEN, LA MONTAGNE, LE BASSIN DU

RHONE ...................................................................................................................................................... 23

LES SYSTEMES METROPOLISES..................................................................................................................... 27

LES SYSTEMES DE PROXIMITE ...................................................................................................................... 33

Troisième partie: FAIRE LEVIER : UN SRADDT OPERATIONNEL .............................................................. 38

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Première partie

FAIRE FACE : LES DEFIS DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE EN PROVENCE

ALPES COTE D'AZUR

Comme toutes les régions, « Provence-Alpes-Côte d'Azur » est confrontée à des transformations majeures qui interviennent dans les domaines de l’environnement, de l’économie et de la société. Ces transformations ont des manifestations et des incidences particulières sur les habitants et les territoires de la région. Ce sont ces manifestations et ces incidences que la « saison 1 » du SRADDT a permis de mieux

cerner.

FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE, LE DEFI DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE ET ENERGETIQUE

Les tendances probables

Tous les territoires de « Provence-Alpes-Côte d'Azur » sont impactés par les changements climatiques. Les impacts sont différents selon les situations géographiques, les morphologies (dense/diffus) et les modes d’occupation des sols (résidentiel, naturel, agricole, industriel ou tertiaire). Tous les territoires n’ont pas les mêmes capacités d’adaptation, ni les mêmes possibilités de tirer parti des changements climatiques.

Le scénario climatique considéré comme médian2 indique, pour l’horizon 2030 :

Le réchauffement global, été comme hiver, est plus marqué sur le pourtour méditerranéen, plus intense en été, avec une augmentation de la fréquence et de l’intensité des canicules : augmentation du nombre de périodes de 5 à 10 jours de « fortes chaleurs » (supérieure à 40°) et surexposition du littoral et de la vallée du Rhône, moindre exposition des territoires alpins.

Diminution des vagues de froid et augmentation des précipitations intenses en hiver.

Diminution significative des précipitations, surtout au printemps dans toute la zone Sud-est sauf pour le Massif Alpin concerné par une diminution surtout en Hiver. Des périodes de sécheresse en été avec le passage de 30 jours maximum par an à 40 jours dans le delta du Rhône (à l’horizon 2080 les massifs Alpins seraient aussi concernés), affaiblissement de la réserve en eau.

Au-delà de ces projections globales, les changements climatiques ouvrent surtout une période d’incertitude qui va devenir le cadre ordinaire des politiques publiques

territoriales.

2 Préfectures des régions Auvergne, Corse, Languedoc-Roussillon, Provence Alpes Côte d'Azur, Rhône-Alpes (2009), Etudes des effets du changement climatique.

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Les conséquences possibles

La région Provence Alpes Côte d'Azur se trouve confrontée, au cours des 20 prochaines années, à des vulnérabilités croissantes qui concernent l’environnement, l’économie et la société.

Les vulnérabilités environnementales sont d’abord liées à la diminution des réserves d’eau (conséquence de la fonte des neiges et du recul des glaciers) conjuguée à une sécheresse chronique qui risque de s’accentuer. Le réchauffement et le recul de la ressource en eau influent sur la biodiversité de la région : certaines espèces sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques comme l’emblématique lagopède3 ; en milieu marin, le recul du phytoplancton influe sur les ressources de pêche. Les équilibres des milieux humides comme la Camargue sont particulièrement menacés. Enfin, le réchauffement menace les essences montagnardes, hêtres et certains chênes. Le dépérissement de ces essences est d’autant plus inéluctable que

les forêts sont sous-exploitées.

Dans le champ de l’économie, les conséquences sont plus contrastées. L’agriculture est concernée par le recul de la ressource en eau, notamment dans les élevages bovins et ovins, mais aussi dans les cultures fruitières et la vigne. En matière touristique, en dessous de 4° d’augmentation des températures, l’enneigement des stations des Alpes de Haute-Provence reste fiable, alors que se développe de plus en plus un tourisme estival de montagne. Dans le domaine du bâtiment et des travaux publics, les changements climatiques ouvrent un marché considérable, pour l’adaptation énergétique et thermique notamment. Dans le domaine de l’énergie, le secteur hydroélectrique est particulièrement exposé, ce qui peut entraîner des tensions importantes en cas de forte demande estivale, notamment dans la partie orientale de « Provence-Alpes-Côte d'Azur », déjà très vulnérable. En revanche, la mobilisation d’autres filières énergétiques, comme le photovoltaïque et la géothermie, représente un important potentiel. Plus globalement, les activités économiques vont devoir faire évoluer leur mode de production et d’organisation : consommation d’énergie, consommation d’eau, conception des bâtiments, usage de la logistique, etc. C’est donc toute l’activité économique régionale qui est concernée

par les changements climatiques.

Dans le champ social, les changements climatiques accroissent les vulnérabilités de certains groupes humains, particulièrement des personnes âgées et très âgées, et particulièrement dans les zones urbanisées où les îlots de chaleur se combinent à la pollution industrielle et urbaine.

Les changements climatiques entraînent des conséquences d’échelles régionale et

interrégionale qui devront être traitées dans le cadre du SRADDT :

Une tension accrue sur l’approvisionnement énergétique de l’Est de Provence Alpes Côte d'Azur.

Le considérable effort d’adaptation des espaces urbanisés : qualité énergétique des bâtiments, réduction des consommations fossiles émettrices de Gaz à Effet de Serre liées aux mobilités ;

3 Le lagopède alpin est un oiseau qui mesure de 34 cm - 36 cm de longueur. Il est totalement blanc en hiver (à l'exception des rectrices sous-caudales qui restent sombres), puis se recouvre de brun en été. En automne, il devient grisâtre, le dessous des ailes et le ventre restent blancs.

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L’accroissement des risques de submersion sur le littoral, accrus par la concentration du peuplement.

Une attractivité touristique et résidentielle croissante des territoires de montagne.

Une tension sur la production et la consommation de l’eau entre les châteaux d’eau et les territoires consommateurs.

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Trois données clés :

Des territoires très inégalement impactés par le changement climatique :

Un décalage entre la géographie de la ressource en eau et de la présence humaine :

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Quelles orientations pour l’aménagement durable des territoires de Provence Alpes Côte

d'Azur ?

Chaque territoire, à son échelle, poursuit des stratégies adaptées face aux changements climatiques. Il est en revanche plus délicat, aux échelles locales, de concevoir des politiques d’atténuation. Celles-ci demandent un point de vue plus global, qui permette notamment de piloter des actions de complémentarité et de

solidarités entre les territoires.

Solidarités énergétiques entre les territoires producteurs et les territoires consommateurs, et sobriété énergétique globale ;

Solidarités amont-aval sur l’utilisation rationnelle de la ressource en eau ;

Continuités biologiques entre territoires pour préserver la biodiversité ;

Coopérations interterritoriales sur les évolutions en matière de réponses aux besoins de l’habitat;

Coopération interterritoriales sur les évolutions des modalités d’aménagement du territoire afin de contribuer à limiter les besoins en mobilité et/ou à rationaliser/massifier les déplacements.

Des potentiels d’énergies renouvelables susceptibles d’atténuer la vulnérabilité énergétique

de l’est de la région ?

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FACE AUX MUTATIONS ECONOMIQUES : LE DEFI D’UN MODELE DE DEVELOPPEMENT PLUS JUSTE

PLUS DURABLE FAISANT PLACE A L’INNOVATION

Les tendances probables

Les ressources économiques de la région sont majoritairement d’ordre « résidentiel ». En « Provence-Alpes-Côte d’Azur », l’économie résidentielle génère plus de la moitié de la circulation monétaire (55 %), contre 13,5 % pour l’économie productive, et 31,5 % pour les fonctions publiques et les dépenses sociales (santé, aide sociale). Cette prédominance résidentielle se retrouve dans la totalité des territoires de la région, mais s’explique par des dynamiques différenciées : dans la montagne, la base résidentielle est composée presque exclusivement du tourisme ; dans l’espace littoral, les retraites et le tourisme y contribuent à égalité, tandis que dans les moyens pays, elle est alimentée de manière équilibrée par le tourisme, les retraites, et les revenus issus des navettes domicile-travail. On distingue ainsi cinq « systèmes » résidentiels : le système régional, le système « national-littoral », le

système « national-intérieur », le système local et les systèmes combinés.

Cependant, les activités productives sont présentes, et tendent à se développer,

ce qui constitue une originalité au regard des tendances nationales.

« Provence-Alpes-Côte d’Azur » n’est certes pas une « grande région industrielle », comme en témoigne le poids des activités dans l’emploi (6.2% en 2006, contre une moyenne de 11,1% en province). Néanmoins, la région a globalement enregistré une progression de ses emplois de fabrication entre 1999 et 2006. Sur cette période, on observe un gain net de 10 000 emplois de fabrication (soit une croissance de 9,6%, alors que le reste des régions en a perdu 4% sur la même période.) Par ailleurs, l’agriculture régionale est très productive et exportatrice. Elle bénéficie de nombreux labels de qualité. Ce tissu productif a bénéficié avec les

pôles de compétitivité et les PRIDES de points d’appui significatifs.

Mais ce renouveau ne doit pas masquer les risques qui pèsent sur une partie de l’appareil productif de la région. Le pourtour de l’étang de Berre, notamment, cumule le degré d’exposition aux mutations économiques le plus fort et les difficultés potentielles les plus grandes à absorber des chocs : l’emploi salarié y est très concentré et spécialisé, et le chômage de longue durée important. C’est également le cas des zones de Châteaurenard, Carpentras et Orange, très spécialisées dans l’agriculture et l’agro-alimentaire et fortement dépendantes de marchés extérieurs. Dans l’ensemble, l’industrie en Provence Alpes Côte d'Azur n’est pas autonome : comme dans la plupart des régions françaises, les centres de décision sont à l’extérieur et les entreprises indépendantes sont le plus souvent en situation de sous-traitants. Les donneurs d’ordre sont extra régionaux.

Pour autant, « Provence-Alpes-Côte d'Azur » présente un modèle original qui parvient à conjuguer l’attractivité résidentielle et le maintien, voire le développement, d’une activité productive.

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Les conséquences possibles

La production de richesses en région Provence Alpes Côte d'Azur se caractérise,

jusqu’à présent, par une logique dominante de développement exogène ; par l’attractivité, liée à des décisions extérieures. Le développement résidentiel est lié à l’immigration, à l’apport important du tourisme et des revenus de transferts ; une part importante du développement industriel est liée aux grands équipements décidés par l’Etat au cours des années de croissance.

Ce modèle est relativement efficace, mais court le risque de l’épuisement face à des territoires, proches ou lointains, qui sont en situation d’émergence ou qui confirment leur développement — les pays riverains de la Méditerranée ne sont plus, aujourd’hui, des débouchés naturels des activités régionales. Ils en sont, de plus en plus, concurrents : il suffit de voir comment le port de Tanger Med a conquis, en quelques années, de spectaculaires parts de marché. Les mutations climatiques pourraient également entraîner des transformations économiques importantes, notamment autour de l’Etang de Berre, dont le tissu économique est directement impacté par les enjeux de transition énergétique (pétrochimie et raffinage,..). D’autre part, ce modèle de développement est profondément inégalitaire et a tracé, depuis une quarantaine d’années, des lignes de fractures sociales et territoriales. « Provence-Alpes-Côte d'Azur » est l’une des régions où l’écart des revenus est le plus élevé. Ceci est dû à la très forte attractivité régionale, qui attire des ménages à hauts revenus tout en engendrant des emplois mal rémunérés et à la constitution progressive d’enclaves « hors sol », notamment sur le littoral, liées à l’hyperspécialisation touristique. Ces inégalités pourraient s’accentuer en raison de la fragilité des ressources résidentielles, largement composées des revenus de transferts (revenus sociaux, retraites,…) dont la diminution, dans l’actuel contexte de crise de l’Etat Providence, est plus qu’à

craindre.

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Trois données clés :

La majorité des zones d’emploi de la région ont un profil résidentiel…

…mais dont les modalités varient d’un territoire à un autre :

Typologie issue de l’étude sur les systèmes productivo-résidentiels, identifiant les moteurs de développement propres à chaque territoires régionaux.

Le « système régional » tire les revenus dépensés de sources essentiellement régionales. Les deux « systèmes nationaux » bénéficient d’une part importante de transferts, essentiellement liés au tourisme et à la bi-résidence. Le « système local » bénéficie

essentiellement des revenus résidentiels liés aux mobilités domicile-travail de proximité.

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Quelles orientations pour l’aménagement du territoire en Provence Alpes Côte d'Azur ?

Face à une division mondiale du travail qui met les territoires en concurrence, il s’agit de conforter une perspective plus locale, plus endogène, de façon à accroître la « valeur ajoutée » régionale à partir de ses propres ressources : agriculture et activité forestière, production et distribution des énergies renouvelables et des technologies « vertes », ressources liées au transport-logistique et aux industries de la mer. Ce n’est pas une stratégie de repli, mais une autre façon de négocier le

rapport au monde de la région. Traduit en termes d’aménagement :

Une diffusion territoriale de l’innovation et de la création d’entreprises à partir des pôles d’excellence ;

Des « territoires laboratoires » tirant parti des potentialités économiques de la transition énergétique, et développant des innovations exploitant les caractéristiques et les ressources régionales (énergie, construction…) ;

Des gestions plus territorialisées de l’emploi et de la formation ;

Des activités mondialisées qui connaissent la concurrence croissante des pays émergents :

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Une attention portée à la place de la logistique comme activité à part entière ;

La préservation d’un principe de mixité fonctionnelle dans les opérations d’aménagement, en tenant compte notamment de la place de « l’économie banale » (services, artisanat, commerces) ;

Des outils financiers d’appui à l’ancrage territorial des entreprises (accès au crédit, BPI,…)..

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FACE AUX EVOLUTIONS DEMOGRAPHIQUES ET SOCIALES : LE DEFI DE LA COHESION SOCIALE ET

TERRITORIALE

Les tendances probables

Très attractive, la région connaît une croissance démographique plus rapide que prévue : forte de 5 Millions d’habitants, « Provence-Alpes-Côte d’Azur » a aujourd’hui atteint le niveau de population que l’INSEE projetait à l’horizon 2020. Ce chiffre témoigne de l’accélération inattendue de la croissance démographique et de l’attractivité migratoire de la région. Même si l’attractivité de la région se ralentit (le solde migratoire passe de 17 000 habitants supplémentaires par an entre 1990 et 1999 à environ 13 000 habitants par an depuis 2000), et que le solde naturel se tasse, le scénario central de projection démographique de l’INSEE prévoit 24 000 habitants supplémentaires chaque année, soit 400 000

habitants de plus d’ici à 2030.

Cette tendance globale s’accompagne de trois tendances qualitatives :

Une sélectivité croissante de l’apport migratoire, liée à l’augmentation du « ticket d’entrée » en « Provence-Alpes-Côte d'Azur » ;

Un accroissement de la part des personnes de plus de 60 ans (un habitant sur quatre aujourd’hui, un habitant sur trois en 2030) ;

Une croissance continue des départements alpins qui, en proportion, ne changerait pas globalement la répartition de la population régionale, mais qui entraînerait des conséquences importantes dans des territoires peu

denses.

Cependant, il faut ajouter que la population « résidente » ne représente pas la totalité de la population présente. Forte de son attractivité saisonnière, la région accueille aussi une part très importante de population non résidente (touristes, utilisateurs de résidences secondaires), qui pèse fortement sur le marché du logement, l’usage des équipements4 et des infrastructures et la consommation de

ressources.

Les conséquences possibles

Ces tendances démographiques conduisent à une aggravation des points de

tensions déjà repérables :

- une pénurie de logements

Dans la région, la production de logements est insuffisante. Le rythme de construction est de l’ordre de 5 logements par an pour 1000 habitants, soit moins

4 La forte présence des populations non résidentes permet cependant d’assurer un bon niveau d’équipement dans certains territoires peu denses.

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qu’au niveau national. Par ailleurs, une grande part de ces constructions est utilisée pour des résidences secondaires (17% contre une moyenne nationale de 8%). En « Provence-Alpes-Côte d'Azur », pour deux emplois créés, un seul logement est programmé. La règle généralement retenue en France et acceptée en matière d’aménagement du territoire est la suivante : un emploi créé correspond à un nouveau logement. De ce fait, à quelques exceptions près, la totalité du territoire régional est déficitaire. L’accroissement du nombre de personnes âgées et la baisse régulière du nombre de personnes par ménages

risquent d’aggraver ce déséquilibre.

- une consommation rapide de l’espace

Alors qu’au niveau national, les populations de l’espace rural et de l’espace urbain progressent de manière parallèle (+0.7% par an), la région se distingue par une croissance record de son espace rural (+1.5% par an). Cette croissance démographique de l’espace rural entraîne une pression foncière sur l’espace agricole et une forte consommation de celui-ci. Le dernier recensement agricole de 2010 souligne une déprise générale de l’agriculture dans la région (entre 2000 et 2010 : on enregistre une diminution de 12% de la surface agricole utilisée et une baisse de 24% du nombre des exploitations agricoles). En conséquence, la région « Provence-Alpes-Côte d'Azur » est celle qui, en France

métropolitaine, connaît la croissance périurbaine la plus rapide.

- Un accroissement des inégalités sociales et spatiales

La région est marquée par de fortes disparités socio-territoriales. L’écart entre les 10% des ménages les plus riches et les 10% des plus pauvres place la région « Provence-Alpes-Côte d’Azur » en deuxième position derrière « l’Ile de France ». De plus, cette situation tend à s’aggraver sur la dernière période : les territoires aisés ont connu une forte progression du niveau de vie, tandis que les territoires en difficulté sont loin de suivre le mouvement. Cet accroissement des inégalités s’accompagne d’une diminution de la mixité sociale et-territoriale : au cours des années 2000, les ménages les plus aisés des territoires les plus pauvres ont migré vers des territoires plus favorisés, tandis que des ménages plus fragiles ont suivi le chemin inverse. Ainsi, le creusement des inégalités territoriales dans la région s’explique non seulement par des dynamiques endogènes, mais également

par les flux migratoires et le profil des migrants.

- une forte dépendance à la mobilité individuelle.

Le polycentrisme des aires urbaines présente des avantages : en moyenne, les habitants de PACA se déplacent moins pour aller travailler. Mais il a un inconvénient : ceux qui se déplacent utilisent considérablement moins les transports collectifs que dans d’autres régions : systèmes de transports défaillants et difficulté à massifier les flux expliquent ce déficit, aggravé dans les territoires

peu denses.

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Trois données clés :

Une région qui reste attractive, mais beaucoup moins que ses voisines :

Un marché de l’habitat qui compte parmi les plus tendus de France, même dans les zones

peu denses :

Le gradient synthétique de la tension du marché de l’habitat est construit à partir de quatre critères : les niveaux de prix de vente du parc privé, la mobilité dans le parc social, la sur-

occupation du parc privé, le taux d’effort dans le parc locatif privé.

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Quelles orientations pour l’aménagement du territoire en « Provence-Alpes-Côte

d'Azur » ?

L’orientation centrale consiste à passer à une régulation démographique et sociale plus active et plus concertée, permettant d’offrir à chacun une meilleure qualité de vie. L’objectif est, notamment, de limiter les effets de « blocage » liés au marché foncier et immobilier et à la fragmentation des territoires. Nous

devons les mettre en œuvre au travers :

Des concertations sur les politiques d’accueil démographique entre territoires (qui, combien, où…), en insistant sur les liaisons entre grandes

villes, communes périurbaines et villes moyennes ;

Des concertations sur la diversité de l’offre d’habitat et tout particulièrement d’habitat accessible à des ménages à revenus modestes mais aussi pour des

ménages à revenus moyens ;

Des coordinations entre autorités organisatrices de transport pour assurer une meilleure offre à des échelles qui correspondent à celles de la vie quotidienne des habitants ;

Des coordinations sur la localisation des lieux d’activité et leur accessibilité.

Une dispersion résidentielle qui allonge les distances domicile-travail, et qui nécessitent

souvent le recours à la voiture individuelle :

Selon l’Insee, entre 1999 et 2007, les trajets domicile-travail se sont rallongés de 9% en moyenne. La distance moyenne est cependant moins élevée que dans les autres régions

françaises (17 km contre 19.6 km).

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Deuxième partie

FAIRE SYSTEME : LES ECHELLES DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE EN

PROVENCE ALPES COTE D'AZUR

La région « Provence-Alpes-Côte d'Azur » est constituée d’une grande diversité d’espaces et de territoires de projet (agglomérations, parcs, pays…). Progressivement, ces territoires de projet ont construit des stratégies de développement particulièrement actives. L’enjeu d’une politique régionale d’aménagement n’est pas seulement d’accompagner ces stratégies locales, il est

aussi —et surtout— d’aider ces territoires à articuler, à « faire système ».

Cet enjeu de mise en système doit être entendu de trois points de vue :

L’identification des interdépendances qui lient les territoires entre eux : interdépendances dues aux continuités physiques et géographiques, interdépendances énergétiques et hydrauliques, interdépendances liées aux mobilités des personnes et des biens, interdépendances engendrées par les relations économiques et l’usage réciproque de « ressources » (éducation, formation santé, emploi, loisirs).

La compréhension des « externalités » de ces territoires qui produisent des effets de débordement sur les territoires voisins : effets de débordement liés à l’extension des marchés du logement et du travail ; effets de débordement liés à la consommation de ressources et aux rejets (eau, déchets…) ; effets de débordement liés aux impacts de l’attractivité de certains territoires (accroissement des mobilités par exemple).

La mise en valeur des nécessités et des opportunités de coordination, de solidarité et de synergie entre territoires, de façon à faire face aux défis de l’aménagement durable en « Provence-Alpes-Côte d'Azur » : coordination et synergie des politiques environnementales, coordination et synergie des politiques économiques, coordination et synergie des politiques de l’habitat et des transports.

Pour mieux appréhender les enjeux de mise en système, on privilégie une approche à trois échelles, qui correspondent à des caractéristiques régionales,

que partagent, plus ou moins, tous les territoires :

Tous les territoires de la région sont inscrits dans de grands systèmes géographiques : Rhône, Alpes, littoral méditerranéen ;

Tous les territoires de la région, ou presque, sont inscrits dans des systèmes métropolisés, structurés par un nombre important de pôles (Marseille, Nice, Aix-en-Provence, Avignon, Toulon, Monaco…) ;

Tous les territoires de la région sont concernés par une évolution des

systèmes de proximité du fait de la mobilité des personnes.

Ces trois échelles constituent les points d’appui de la stratégie régionale

d’aménagement et de développement durable du territoire.

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LES GRANDES CONTINUITES GEOGRAPHIQUES : LE LITTORAL MEDITERRANEEN, LA MONTAGNE, LE

BASSIN DU RHONE

Constats

Les territoires de la région Provence Alpes Côte d'Azur sont tous inscrits dans un ou plusieurs systèmes géographiques construits autour d’entités « naturelles » ou

physiques. Ces systèmes sont principalement caractérisés par trois dimensions :

Une continuité physique qui « traverse » les territoires sans pour autant nécessairement faire lien entre eux : le littoral, la vallée du Rhône, les composantes du massif alpin. (forts cloisonnements internes à chaque grand territoire, échanges relativement limités avec les territoires voisins, spécificités fonctionnelles discontinues,…)

Des enjeux spécifiques liés à l’exploitation et à la préservation des ressources naturelles : le fleuve comme voie de circulation et ressource hydrique et énergétique; la montagne comme ressource agricole, touristique, énergétique… ; le littoral comme point de contact avec l’espace méditerranéen, ressource halieutique, capital touristique…

Les enjeux de protection des entités naturelles contre la pression anthropique et des occupations humaines contre les risques naturels : préservation des ressources et de la biodiversité d’un côté, protection contre les crues, l’érosion marine, les feux de forêts de l’autre …

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Par leur nature même et les enjeux qu’ils représentent, ces grands territoires sont les lieux d’accueil des grandes infrastructures d’aménagement qui ont, depuis près de cinquante ans, porté le développement territorial : aménagement de couloirs de circulation le long des voies fluviales, ouvrages de protection contre les crues et de production hydraulique, grands ports fluviaux ou maritimes, stations de ski exploitant « l’or blanc », etc. Ce sont donc des systèmes qui supportent un capital investi considérable et qui a longtemps structuré la physionomie régionale. C’est à ces échelles que s’inscrivent les grands projets : vallée des énergies nouvelles en Durance, desserte à grande vitesse littorale,

augmentation de la capacité ferroviaire…

D’autre part, ces grands systèmes physiques inscrivent la région dans des interdépendances d’échelles interrégionale ou internationale : avec les régions riveraines du Rhône ; avec les régions et les pays concernés par le massif alpin ;

avec l’ensemble des pays riverains de la Méditerranée.

Enfin, chacun de ces grands systèmes physiques joue un rôle spécifique dans les

dynamiques économiques et sociales de la région.

Le bassin du Rhône est avant tout le couloir de circulation entre « Provence-Alpes-Côte d'Azur », le reste du territoire français et l’Europe du Nord. C’est le couloir qui canalise les migrations définitives et les migrations temporaires.

L’espace littoral est celui de l’accueil des populations. Il est le lieu où se développent le fait urbain et l’essentiel des activités économiques.

L’espace de montagne est de plus en plus lié à la « présence » : une occupation temporaire, qui se marque notamment par un taux élevé de résidences secondaires.

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Défis

A l’horizon d’une vingtaine d’années, ces grands systèmes territoriaux sont engagés dans des logiques de transformation qui vont fortement impacter le

territoire régional :

Le défi de la transition écologique et énergétique

C’est à l’échelle de ces grands systèmes —avec évidemment de fortes variations locales— que les enjeux environnementaux vont se manifester avec le plus d’évidence : impact des changements climatiques sur le tourisme, sur l’exploitation des ressources naturelles (hydroélectricité), sur les « épisodes extrêmes » (crues, tempêtes, canicules…). Inversement, des ressources nouvelles peuvent apparaître ou être valorisées : énergies nouvelles, nouveaux modes d’exploitation touristique, ressources marines, etc. Face aux différents risques, il faudra inventer des solutions nouvelles de précaution et de prévoyance, passant par des solidarités interterritoriales plus denses. Tous les secteurs sont concernés : les territoires consommateurs d’eau vont devoir adopter des comportement de sobriété et intégrer un principe de solidarité aval/amont ; l’ensemble des activités économiques va devoir aussi adapter ses fonctionnements : renchérissement du prix de l’énergie, précaution dans l’usage de l’eau, etc.

Le défi d’un modèle de développement plus juste et plus durable

Ces grands systèmes sont engagés dans des logiques sinon mondiales du moins transnationales qui en transforment l’économie : affaiblissement de la fonction du Rhône comme axe majeur européen au profit d’axes existants (réseau Rhin/Meuse) ou de nouveaux axes (Le Havre/Seine/Nord, Arc latin) ; constitution de puissances économiques méditerranéennes (Turquie, Maroc) et intervention croissante d’opérateurs non riverains dans le développement des pays de la rive Sud (Allemagne, Chine, USA). A ces échelles, notamment dans le système rhodanien, l’agriculture peut trouver des opportunités —productivité accrue, nouvelles productions— à condition de perpétuer, et d’accentuer, les pratiques

culturales économisant l’eau.

Le défi de la cohésion sociale et territoriale

Enfin, du point de vue sociodémographique, ces grands systèmes territoriaux sont soumis à des conflits d’usages croissants engendrés par les tensions entre les modes d’exploitation des ressources et les dynamiques sociodémographiques : consommation d’espace agricole et naturel, tension entre occupations temporaire (touristique) et occupation permanente, conflits d’échelle entre les grandes infrastructures que supportent ces systèmes territoriaux et les aspirations des résidents (installations à risque, réseaux d’énergie, réseaux de communication), confrontation de plus en plus fréquente entre l’occupation humaine et les risques

naturels (crues, incendies…).

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Orientations d’aménagement à l’échelle des grands systèmes géographique ?

Face au défi des changements climatiques, les grands territoires posent la question de la solidarité énergétique, de la préservation de la biodiversité et de la ressource en eau : résorption du stress énergétique de l’Est de la région, développement d’une capacité de production dans le domaine des ENR, transition vers une sobriété généralisée en matière de consommation d’eau, et des ressources en général

Quelles politiques pour développer les capacités d’autonomie de la région en matière énergétique ? Quelle méthode pour résorber le stress énergétique de l’Est de la région ? Quels dispositifs pour améliorer les solidarités aval/amont dans la distribution et la production de l’eau ? Quelles interdépendances entre territoires pour préserver la biodiversité ?

Le second enjeu est celui de la régulation de la consommation de la ressource foncière, dans un contexte d’amplification des risques sur les grands territoires (incendies, inondations,….)

Comment ménager l’espace et les populations ? Et quelles solidarités territoriales face aux risques ?

Face au défi économique, l’enjeu est celui de l’évolution des grands pôles issus de l’aménagement du territoire des années 1960-70 : Etang de Berre, Val de Durance, Sophia-Antipolis, port de Marseille-Fos.

Quelles sont les perspectives d’évolution à court, moyen et long terme ? Comment ces pôles peuvent-ils « diffuser » des activités dans leur environnement régional ?

Face au défi de la cohésion, il s’agit de proposer une vision d’ensemble des équilibres démographique et des capacités d’accueil entre les grands systèmes territoriaux.

La répartition actuelle de la population entre ces grands territoires est-elle satisfaisante ? Les tendances au repeuplement des départements alpins sont-elles de bonnes ou de mauvaises nouvelles ? Faut-il « geler » les répartitions actuelles de l’usage des sols à l’échelle des grandes fonctions (agriculture, nature, bâti) ou bien accepter des évolutions nécessaires, et dans quelles

proportion et où ?

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LES SYSTEMES METROPOLISES

Constats

Par métropolisation, il faut entendre une configuration du territoire qui conjugue concentration, diffusion et dissociation. Concentration des emplois dans certains pôles spécialisés ; diffusion de l’habitat et des pratiques de consommation et de loisir ; dissociation entre domicile, lieu de travail, lieux de consommation, de loisirs, d’études… La métropolisation est très liée à la mobilité des personnes et des marchandises. Ces phénomènes de dissociation (domicile-travail-consommation) entraînent en retour un accroissement des mobilités. La métropolisation ne se résume pas à la croissance des grandes villes, elle comprend aussi les phénomènes de périurbanisation et, de plus en plus, la résidentialisation et la « mise en tourisme » des espaces ruraux et naturels. La métropolisation n’est pas seulement la « trace au sol » de la mondialisation. Elle est aussi le reflet de l’évolution des modes de vie et des marchés : préférence pour la maison individuelle, difficultés de logement dans le cœur des villes historiques, souhait de ne pas vivre à proximité des zones d’activité et de ce qui est perçu comme des contraintes ou des nuisances (activités industrielles, bruit, pollution, etc.). C’est donc un phénomène complexe qui résulte de la conjonction de pratiques individuelles, de logiques de marché (immobilier, foncier, automobile) et de l’évolution des systèmes productifs. La métropolisation entraîne enfin un double phénomène : la spécialisation croissante des espaces (résidence, travail, consommation, loisirs) et l’interdépendance de ces espaces. Ainsi les communes

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périurbaines dépendent des zones d’activités et réciproquement et, de plus en plus, les espaces ruraux sont alimentés par des revenus (tourisme, résidences secondaires) issus des zones urbaines et périurbaines. Tous les territoires régionaux sont concernés, à un titre ou à un autre par les phénomènes de métropolisation. Ceux-ci présentent, en « Provence-Alpes-Côte

d'Azur », quatre caractéristiques :

« Provence-Alpes-Côte d'Azur » est la seule région française qui dispose, sur son territoire, de deux métropoles clairement identifiables —la métropole provençale autour de Marseille et d’Aix-en-Provence ; la métropole azuréenne autour de Nice et Sophia Antipolis. Imbriquées dans ces deux systèmes métropolitains, deux aires urbaines d’importance —Avignon et Toulon— jouent un rôle important d’attraction et d’organisation du territoire.

Ces métropoles sont polycentriques : elles sont au moins bipolaires et exercent leur influence sur un nombre important de villes petites et moyennes. En conséquence, les habitants de « Provence-Alpes-Côte d'Azur » sont moins nombreux que dans le reste de l’hexagone à quitter leur commune de domicile pour aller travailler5.

Les villes centres n’exercent pas de leadership incontesté sur les autres composantes des aires métropolitaines : à bien des égards, les « villes secondaires » (Aix-en-Provence, Cannes…) apparaissent souvent plus dynamiques et plus riches que la ville centre (Nice, Marseille…). Globalement ces systèmes métropolitains sont très inégalitaires : les écarts de revenus au sein de l’aire métropolitaine marseillaise sont les plus élevés des métropoles françaises. Ils sont formés de « niches » socio-spatiales spécialisées et juxtaposées.

Au-delà des systèmes métropolitains proprement dit, l’ensemble des territoires régionaux est inscrit dans un processus de métropolisation qui se traduit par une tendance à la division des fonctions entre les métropoles proprement dites, qui se spécialisent dans l’économie productive, et des espaces de peuplement denses ou diffus où dominent diverses formes d’économie résidentielle alimentée par les mouvements de population (domicile-travail, migration de retraités, occupation touristique). La métropolisation en « Provence-Alpes-Côte d'Azur » se traduit par la constitution de vastes systèmes productivo-résidentiels qui tendent à couvrir

l’ensemble de la région.

La métropolisation en « Provence-Alpes-Côte d'Azur » est, à bien des égards, un processus spontané et faiblement régulé, qui résulte de l’attractivité globale du territoire, de la pression démographique et de la fragmentation politique des espaces métropolitains. Cependant, elle s’appuie sur une structure urbaine préexistante, celle des villes méditerranéennes, denses et organisées, ce qui explique largement le polycentrisme actuel : la métropolisation et la

périurbanisation n’ont pas « noyé » la structuration urbaine historique.

Au sein de chaque espace métropolitain, les relations entre les pôles passent plus par la périphérie que directement entre eux : c’est l’espace périurbain qui assure

5 La distance moyenne domicile-travail, plus faible en Provence Alpes Côte d'Azur que dans le reste de la France métropolitaine, s’explique aussi par une taille moyenne des communes plus grande dans la région.

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les continuités par les stratégies de localisation des ménages et des zones d’activités. Cette situation pose ainsi un enjeu de gouvernance et de transaction

entre les cœurs d’agglomérations et le reste de leurs aires urbaines. .

Pour autant, les deux systèmes métropolitains de « Provence-Alpes-Côte d'Azur » figurent en bonne place dans les comparaisons nationales : ils sont inscrit dans des réseaux d’échanges de portée nationale et internationale et sont encore

nettement distincts l’un de l’autre.

Défis

Le défi de la transition écologique et énergétique

S’agissant de l’impact environnemental, il faut distinguer les espaces denses des espaces peu denses. Les espaces denses disposent d’avantages spécifiques important en matière environnementale, notamment par la capacité à massifier les flux de mobilité, ce qui facilite l’usage des transports collectifs. Les espaces moins denses (périurbain, rural), sont eux très dépendants de la circulation automobile. Inversement, la densité n’est pas un avantage décisif face aux changements climatiques : des densités plus faibles peuvent avoir des bilans

énergétiques meilleurs (notamment en diminuant les effets d’îlots de chaleur).

D’autre part, l’espace métropolitain de « Provence-Alpes-Côte d'Azur » dispose d’une caractéristique importante au regard de son impact environnemental, c’est sa forte imbrication avec des espaces naturels et agricoles. Cette caractéristique provoque des conflits d’usages (rapport entre terres agricoles et terrains urbanisés, exposition au risque,…) mais constitue un point d’appui

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important pour l’adaptation des espaces urbanisés au changement climatique. La concentration métropolitaine sur l’espace littoral est à la fois un risque (pression sur les ressources, saturation) et un atout dans la mesure où il offre des opportunités d’aménagement de réseaux linéaires efficaces (transport, énergie, eau…) permettant des économies d’échelles et une optimisation des

infrastructures.

Enfin, les systèmes métropolitains sont les bonnes échelles pour penser l’évolution nécessaire des modes de production économique (transports, usage des ressources, consommation d’énergie…) et le développement de pratiques nouvelles permettant aux activités de s’adapter aux conséquences des

changements climatique (écologie industrielle par exemple).

Le défi d’un modèle de développement plus juste et plus durable

Même si les fonctions supérieures et productives ne sont pas négligeables, les systèmes métropolisés de « Provence-Alpes-Côte d'Azur » restent encore trop dépendants des revenus tirés sur l’extérieur, qu’ils proviennent du tourisme ou des transferts. La part du productif, c’est-à-dire les biens et services produits sur place et vendus au reste du monde (y compris le territoire national) est insuffisante pour garantir le maintien de la place des métropoles régionales dans les relations transnationales et méditerranéennes. En particulier, malgré des liens culturels et familiaux importants, les relations d’affaire avec les villes de la Méditerranée ont régressé depuis une trentaine d’années. Le risque de marginalisation des métropoles régionales dans l’économie monde n’est pas à négliger. A quoi s’ajoute une certaine concurrence des mondialisations : la mondialisation des économies productives des métropoles de la région peut-être freinée par l’hyper mondialisation touristique. La capacité des systèmes métropolitains à articuler mondialisation touristique et mondialisation

productive sera décisive pour l’avenir de la région.

Enfin, les logiques de spécialisation devraient conduire à réguler la concurrence intra et inter-métropolitaines, à miser sur les complémentarités entre les deux systèmes métropolitains régionaux et à améliorer le partage des ressources et des fonctions supérieures (fonction productive, fonction de recherche, fonction de création artistique…). Sauf à envisager un radical changement de modèle économique et social (par exemple, la réduction drastique des mobilités entraînement une considérable relocalisation des activités économiques), la qualité de vie et la production de richesses en « Provence-Alpes-Côte d'Azur »

demandera des métropoles actives, ouvertes sur le monde et créatives.

Le défi de la cohésion sociale et territoriale

L’enjeu de réduction des inégalités sociales et territoriales dans les systèmes métropolisés s’affirme central du fait de la conjonction d’une démographie très dynamique et d’une organisation relativement cloisonnée des espaces métropolitains. La croissance démographique dans les conditions actuelles peut accentuer les déficits déjà constatés (logements, équipements, infrastructures) et contribuer à retourner l’avantage métropolitain, en rendant de plus en plus difficile l’accès au logement, à l’emploi et aux ressources d’éducation, de culture, etc. La conséquence, paradoxale, pourrait être le blocage de la dynamique métropolitaine (qualification, innovation, ouverture) du fait d’une croissance

démographique mal maîtrisée.

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Pour autant, le maintien d’une attractivité « cosmopolite » est un facteur de dynamisme pour les systèmes métropolitains de la région. L’accessibilité des ressources métropolitaines (emploi, éducation, culture…) est une condition nécessaire de la cohésion sociale des métropoles de la région. En ce sens, le polycentrisme peut être un atout si les différentes centralités s’articulent bien

entre elles et ne poursuivent pas des stratégies cloisonnées et concurrentes.

Orientations d’aménagement à l’échelle des systèmes métropolisés

Face au défi des changements climatiques, l’atout principal des systèmes métropolisés réside dans les économies d’échelles qu’ils permettent en matière de qualité climatique des bâtiments et de transition vers des modes de déplacements moins consommateurs d’énergie et moins émetteurs de GES. Ceci a des conséquences sur les politiques de localisations respectives des zones d’habitat, d’emploi, de commerce et sur les politiques de mobilité aux échelles inter et intra urbaines.

Comment mettre en place des dispositifs d’échelle métropolitaine qui permettent la standardisation des opérations de rénovation thermique des bâtiments ? Comment avancer vers des politiques d’échelle métropolitaine pour constituer des réseaux de transport collectif efficaces ? Comment inciter à des concertations entre collectivités et acteurs économiques et sociaux sur la localisation des zones d’activité et leur accessibilité ? Comment assurer la transition des activités économiques vers des modes de production moins consommateurs en énergie et en eau ? Comment enfin construire le dialogue entre territoires amont et territoires aval sur la production et la consommation de l’eau ?

Face au défi économique, l’atout des systèmes métropolitains réside dans l’existence de technopôles, de pôles régionaux (PRIDES) et de réseaux liant recherche/formation/innovation/production. Pour valoriser ces atouts, il s’agit de rechercher par un meilleur ancrage territorial de ces filières économiques, par la mise en chantiers d’équipements et de dispositifs, et le développement d’innovations et d’expérimentations.

Quels sont les équipements stratégiques de nature à améliorer les performances des technopôles et des pôles d’excellence existants ? Quelles sont les stratégies d’aménagement d’échelle métropolitaine permettant de diffuser les innovations des pôles, de façon à susciter plus de création d’activités nouvelles ? Quels sont les infrastructures et les services qu’il faut mettre en place pour assurer une croissance durable des activités nouvelles ? Peut-on envisager que certains territoires deviennent des terrains d’expérimentation et de démonstration pour des innovations technologiques et/ou sociale ? Comment développer des relations entre les territoires métropolitains pour croiser les filières et les spécialités de façon à inventer de nouveaux produits, procédés, services ?

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Face au défi de la cohésion, il s’agit d’optimiser les opportunités métropolitaines pour les individus (parcours dans l’habitat et dans l’emploi, accès aux services) tout en concevant un aménagement efficace et économe de l’espace. L’enjeu est celui de la répartition des capacités d’accueil et des fonctions entre les villes centres et « leurs périphéries », et de la densification autour de pôles secondaires au sein des aires urbaines.

Faut-il densifier les villes-centres et consolider leurs fonctions supérieures de façon à leur conférer un rôle plus évident d’entraînement de l’ensemble des systèmes métropolitains ? Faut-il maintenir et encourager l’organisation polycentrique des systèmes métropolitains ? Comment construire des stratégies coordonnées en matière foncière et immobilière au sein des réseaux métropolitains ? Comment répartir et partager les efforts en matière d’habitat et de services pour accueillir l’accroissement de la population et répondre aux besoins de la population présente ? Comment réduire les inégalités d’accès aux différentes ressources métropolitaines (emploi, formation, culture, santé,…) ? Quelles interdépendances, complémentarités et mutualisations mettre en place pour les grands services métropolitains ? Comment faire ou refaire société à l’intérieur et entre ces pôles ?

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LES SYSTEMES DE PROXIMITE

Constats

Tout en étant inscrite dans les grands systèmes présentés ci-dessus, la région est en même temps formée, de façon bien plus accentuée que la plupart des régions hexagonale, d’une mosaïque de quartiers, de bourgs, de petites villes, de terroirs et de paysages très différenciés. La mobilité et l’interdépendance n’abolissent pas les proximités en « Provence-Alpes-Côte d'Azur ». Elles les reconfigurent, selon quatre logiques :

Les identités territoriales ne disparaissent pas et restent fortes, qu’il s’agisse des quartiers au sein des grandes villes, des villes moyennes et des bourgs, des territoires de projet. On ne constate pas de banalisation des espaces de proximité, on pourrait même parler, à certains égards, d’une différenciation accrue. La contrepartie de cette permanence des identités est un territoire mosaïque, juxtaposant des poches de grande richesse et des poches de grande pauvreté.

Les fonctions offertes par les systèmes de proximité varient considérablement selon la taille, la densité et les profils sociaux et économiques des territoires : fonctions purement résidentielles, espaces identitaires, entre soi, espaces de solidarité et de cohésion, espaces de travail ou de consommation. Plus les espaces de proximité sont intégrés dans des systèmes métropolitains, plus ils

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tendent à être spécialisés alors que les villes moyennes conservent une certaine polyvalence et que les espaces sous faible influence urbaine maintiennent un équilibre emploi/actifs. Il n’y a donc pas une seule figure de la proximité mais une grande diversité de proximités possibles. Dans l’ensemble cependant, la densité urbaine apporte une accessibilité aux équipements et aux services meilleure en « Provence-Alpes-Côte d'Azur » que dans les régions voisines.

Ces espaces de proximité sont interconnectés, par les mobilités des habitants. Ceux-ci construisent des systèmes en reliant les espaces résidentiels, de travail, de loisirs, d’études, de consommation, etc. La proximité n’est donc pas que résidentielle, elle ne se réduit pas à l’habitat. La proximité, c’est la possibilité de construire un sentiment de familiarité voire d’appartenance : ce sont les espaces dont on possède les « clés » au sein de systèmes plus vastes qui, en général, nous dépassent.

Le système des proximités se dilate, par l’extension périurbaine qui est, en

« Provence-Alpes-Côte d'Azur », l’une des plus fortes de France.

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Défis

Le défi de la transition écologique et énergétique

Du fait de la grande diversité des proximités possibles, il n’existe sans doute pas de « figure unique » de l’organisation des espaces de proximité permettant une bonne adaptation aux effets des changements climatiques. La première question est l’échelle pertinente pour le calcul des empreintes écologiques et, par conséquent, l’échelle des autonomies et de la sobriété (énergie, mobilité, espace, ressources en eau, déchet) et celle des solidarités des grands réseaux qui assurent la connexion des proximités. La multiplication des « éco quartiers » n’est pas toujours compatible avec la conception de systèmes urbains économes en ressource (par le

biais notamment de techniques de recyclage et de réversibilité).

La deuxième question porte sur la conception d’espaces de proximité articulant au mieux la relation homme/nature et accueillant une grande diversité d’espèces vivantes, végétales et animales. La troisième question est celle de l’articulation entre fonctions dans les espaces de proximité : résidence, activités, nature, agriculture. Ici encore surgiront des problèmes d’échelle : à quelle échelle placer les grands équilibres d’occupation de l’espace ?

Le défi d’un modèle de développement plus juste et plus durable

Du point de vue de la production de richesses, les systèmes de proximité sont confrontés aux phénomènes de spécialisation fonctionnelle : les espaces sont de plus en plus spécialisés dans la résidence, l’activité, la consommation, etc. A moyen terme, ce processus de spécialisation pose deux questions. La première question est celle du degré de mixité fonctionnelle souhaitable : si certaines activités doivent être nécessairement regroupées (pour des raisons d’accessibilité ou de compatibilité avec la fonction résidentielle par exemple), d’autres peuvent très bien conserver leur place dans des quartiers mixtes. C’est le cas notamment des activités liées à la demande locale, comme le commerce, l’artisanat, les services aux personnes. La conception de quartiers offrant une palette diversifiée de fonction constitue donc un élément important pour garantir la place et la qualité de l’économie ordinaire en « Provence-Alpes-Côte d'Azur ». Cet enjeu ne concerne pas que les espaces urbains ou urbanisés ; les petites villes et les bourgs sont confrontés à la même

problématique.

L’autre problématique est celle de la connexion des espaces de proximité. Dans un univers où les besoins de mobilité vont demeurer importants, la façon dont les espaces de proximité seront reliés au reste du territoire sera un élément décisif de l’efficacité globale du territoire régional. La desserte en transport, la conception de gares et de stations permettant une réelle multimodalité, mais aussi l’invention de modalités nouvelles pour assurer la logistique du « dernier kilomètre » constituent déjà et constitueront toujours plus des critères de conception des espaces de

proximité.

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Le défi de la cohésion sociale et territoriale

Les espaces de proximité sont de moins en moins de espaces de « frottement »des différents groupes sociaux et des différentes classes d’âge. On constate des tendances, mi subies, mi choisies, une spécialisation des quartiers par classe sociale et par classe d’âge. Il en va d’ailleurs de même dans les lieux de travail, où les différentes classes sociales se croisent sans se rencontrer véritablement. Pour partie, ces tendances séparatistes procèdent des logiques de marché (coût d’accès au foncier et au logement très discriminant), des modalités de l’organisation du travail (on travaille de plus en plus « entre pairs »), d’offre d’équipements et de services

(par exemple offres spécialisées en direction des retraités et les personnes âgées).

Sans entrer dans un débat trop général sur la cohésion sociale, il devient néanmoins nécessaire (et dans certains territoires de la région, urgent) de s’interroger sur le degré et les échelles souhaitables de la mixité sociale et intergénérationnelle. D’abord parce que les territoires de la région doivent pouvoir accueillir une population socialement diversifiée (ne serait-ce que pour des raisons très pratiques, il est difficile d’imaginer un monde peuplé uniquement de cadres et de techniciens supérieurs) ; ensuite parce que la diversité de l’offre de logements dans les quartiers et les petites villes facilite l’accès des jeunes au premier logement autonome ; enfin parce que l’accroissement du nombre de personnes très âgées (l’INSEE projette un accroissement des personnes de plus de 80 ans de l’ordre de 300 000 personnes en 2030) va demander la présence d’actifs à proximité,

susceptibles de participer à la prise en charge des besoins.

En parallèle à ces interrogations sur la mixité sociale et entre générations, se pose la question de la conception des espaces de proximité comme des lieux de vie relativement polyvalents équipés en services collectifs. Elle se pose particulièrement dans les espaces peu denses et dans les quartiers périurbains. En termes d’aménagement, cela renvoie plus précisément à des conceptions nouvelles des espaces publics (équipements, rues, places, parcs et jardins) et au développement des fonctions de nœuds de communication : aménagement des gares, des stations de

métro, d’autobus et de tramway, organisation intelligente des mobilités.

Plus globalement, les espaces de proximité sont ceux où peuvent se conjuguer les enjeux d’aménagement (adaptation aux changements climatiques, accueil démographique, cohésion socio-spatiale) et les initiatives des habitants et des usagers de ces espaces. La conception partagée des espaces de proximité, la participation des usagers à la production de solutions nouvelles (transports, services,

etc.) sera une ligne directrice des politiques d’aménagement.

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Orientations d’aménagement à l’échelle des systèmes de proximité

Face au défi des changements climatiques, l’enjeu principal est celui de la proximité homme/nature et des politiques de « verdissement » des espaces bâtis pour prévenir les effets d’îlots de chaleur. Ceci entraîne des conséquences sur la conception des espaces urbains et notamment sur les équilibres à préserver, dans la proximité, entre espaces artificialisés, les espaces naturels et espaces agricoles.

Faut-il multiplier les éco-quartiers ? Comment construire des espaces de proximité qui permettent la cohabitation des usages du sol (nature, agriculture, bâti, infrastructures) ? Quelle évolution des réseaux techniques (eau, énergie) aux échelles de proximité ? Comment concevoir des aménagements évolutifs et réversibles ? Quelles options prendre en matière de normes climatiques et énergétiques pour les bâtiments ? Comment associer les habitants et les usagers des espaces de proximité (résidentiels, professionnels, commerciaux) dans la conception et la gestion de ces espaces ?

Face au défi économique, deux enjeux majeurs: la réduction des disparités socio-économiques et la place accordée à l’économie « banale » qui forme la grande majorité de l’activité régionale : commerce, artisanat, services aux personnes. Ceci entraîne des conséquences sur la territorialisation des politiques d’emploi et de formation, à l’échelle des bassins d’emplois ; et sur le degré de mixité fonctionnelle souhaitable dans les opérations de renouvellement urbain et de construction neuve.

Comment, dans les opérations nouvelles, maintenir des espaces pour des activités de service, d’artisanat ou de commerce ? Faut-il systématiquement évacuer les activités productives et manufacturières hors des lieux d’habitat ? Quels sont les bons systèmes pour articuler les mobilités de moyenne distance et les mobilités de proximité ? Quelles sont les modalités permettant d’organiser les ruptures de charge de façon la plus fluide possible (marche à pied/transport collectif/voiture/vélo…) ? Quelle place pour la logistique urbaine ?

Face au défi de la cohésion, l’enjeu est de produire des lieux de vie polyvalents, permettant une relative mixité sociale et surtout, par une offre d’habitat et de services diversifiée, la possibilité d’organiser des parcours résidentiels pour les ménages. Cela entraîne des conséquences sur les politiques locales de l’habitat. Cela entraîne aussi un changement d’attitude de la puissance publique, qui devra être plus ouverte aux initiatives de la société civile.

Doit-on définir des règles communes en termes de mixité sociale dans les espaces résidentiels au-delà des obligations légales ? Comment mobiliser des disponibilités foncières et créer des modèles économiques pour produire de l’habitat accessible ? Comment accueillir les innovations sociales et laisser plus de place aux capacités locales dans la conception et la gestion de services collectifs ?

Document de mise en débat

Révision du SRADDT Provence-Alpes-Côte d’Azur -Diagnostic prospectif stratégique – 20/09/2012

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Troisième partie

FAIRE LEVIER : UN SRADDT OPERATIONNEL

Les options ne prendront véritablement sens que si elles permettent d’alimenter des politiques opérationnelles. Au-delà du débat d’orientations, l’intention de la Région pour le SRADDT est d’en construire les orientations et la mise en œuvre avec les acteurs sociaux, économiques, environnementaux et territoriaux. C’est pourquoi il est nécessaire d’aboutir à la conception d’instruments de politiques publiques

permettant de traduire ces orientations en actes.

Quatre grands leviers constitueront l’opérationnalité du SRADDT :

Des politiques concertées entre la Région, les territoires de projet et les acteurs de l’aménagement portant sur des principes et des règles communes de construction, de protection, d’usage du sol : les directives régionales d’aménagement.

Une logique de conditionnalité des aides de la Région liées aux orientations d’aménagement du territoire.

L’inscription de projets stratégiques d’aménagement dans les contrats avec l’Etat et les programmes opérationnels européens.

Des politiques régionales spécifiques concentrées sur des territoires ou des projets stratégiques et emblématiques : les territoires à enjeux et les

opérations d’intérêt régional.

Le débat collectif sur les orientations doit permettre d’aboutir à des propositions précises susceptibles d’être traduites dans des mesures et des dispositifs de politiques publiques. On ne peut en préjuger ici, mais on peut en citer quelques

illustrations possibles :

Principes de localisation et d’organisation des zones d’activités ;

Principes d’organisation et de connexion des réseaux de transport inter et intra métropolitains ;

Principes d’équilibre en termes d’usage des sols à l’échelle des grands territoires ;

Principes de densité souhaitable pour les nouveaux espaces à urbaniser ou pour les opérations de rénovation urbaine ; différenciation nécessaire selon les situations territoriales ;

Principes de mixité fonctionnelle souhaitable dans les quartiers ; différenciation nécessaire selon les situations territoriales ;

Principes de mixité sociale et de diversité de l’offre de logement ; différenciation nécessaire selon les situations territoriales ;

Grands équipements nécessaires à l’accroissement de la valeur ajoutée régionale ;

Etc.

Ces éléments seront largement débattus avec les acteurs, de façon à bien cerner la « valeur ajoutée régionale » en matière d’aménagement par rapport aux politiques sectorielles et territoriales menées notamment par les territoires de projet. Tout l’enjeu consiste dans la conception d’une intervention régionale se situant en

subsidiarité active par rapport aux stratégies territoriales.