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- 1 - Centre(s) 2030 : quelles pistes de développement pour les territoires ? RAPPORT 14 octobre 2013

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Centre(s) 2030 : quelles pistes de développement pour les territoires ?

RAPPORT 14 octobre 2013

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CENTRE(S) 2030 : QUELLES PISTES DE DEVELOPPEMENT POUR LES TERRITOIRES ?

AVIS Adopté par le Conseil économique, social et environ nemental de la région Centre au cours de la séance du 14 octobr e 2013 ANNEXE A L’AVIS (SCRUTIN) RAPPORT Présenté par Jean-Pierre BARNAGAUD ANNEXES AU RAPPORT

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RÉGION CENTRE CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL

AVIS Adopté par le Conseil économique, social et environ nemental

régional au cours de la séance du 14 octobre 2013

SUR CENTRE(S) 2030 : QUELLES PISTES DE DEVELOPPEMENT POUR

LES TERRITOIRES ?

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(Question dont le Conseil économique, social et environnemental s’est saisi en application de l’article 63 de la loi n°82-213 du 2 mars 1982 modifiée relative à la

composition et au fonctionnement des conseils économiques et sociaux régionaux)

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Séance plénière du 14 octobre 2013

« CENTRE(S) 2030 : QUELLES PISTES DE DEVELOPPEMENT POUR LES TERRITOIRES ? »

Le Conseil économique, social et environnemental régional,

Vu le code général des collectivités territoriales et notamment ses articles L 4131-2, L 4134-1 et suivants ;

Vu le décret n° 2001-731 du 31 juillet 2001, modifiant le code général des collectivités territoriales et relatif à la composition et au renouvellement des conseils économiques et sociaux régionaux ;

Vu l’avis des 1ère, 2ème, 3ème et 4ème commissions ;

Vu l’avis du bureau ;

Monsieur Geoffroy de MONCUIT, rapporteur entendu ;

DÉLIBÈRE Penser l’avenir d’un territoire est un exercice complexe. Il s’agit d’approcher une situation qui n’existera que dans 20 ans. Ce travail est d’autant plus délicat que les territoires d’une région ne sont pas uniformes, ils sont le résultat d’une évolution géologique, climatique, économique et humaine complexe. Ils sont tout autant le résultat d’influences proches et lointaines issues de l’Histoire. Ainsi, par exemple, peut-on lire dans la toponymie locale le passage des différents envahisseurs de nos territoires, à la fois celtes, germains et romains. Les rois de France le savaient bien, ils ne parlaient jamais de leur royaume, mais de leurs « états ». Le solde migratoire comme variable stratégique La Section prospective a fait le choix de s’appuyer pour sa réflexion sur des projections statistiques réalisées par l’INSEE, qui ont donné naissance en 2010 à un rapport intitulé « Populations et territoires de la région Centre : scénarios pour 2030 ». Ce rapport a mis en lumière 18 bassins démographiques aux devenirs contrastés en raison de leur position géographique et de contextes plus ou moins favorables.

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Des quatre scénarios présentés dans ce rapport, et pour tenter de sortir de la situation peu encourageante décrite par le scénario tendanciel, la Section en a retenu un pour nourrir sa réflexion pour son nouveau rapport : c’est celui dit des « différences », qui suggère « que soit défini pour chaque bassin un rôle et un développement spécifiques à partir de son contexte socio-économique, de ses forces et de ses faiblesses, en évitant autant l’imitation que le repli sur soi ». La région Centre a pour particularité d’arriver en tête des régions pour le plus fort renouvellement de population. En effet, aux migrations résidentielles, qui s’élèvent en cinq ans (2006-2010) à 200 000 entrées et quasiment autant de sorties, il faut ajouter sur cette même période 370 000 personnes qui ont changé de commune à l’intérieur de la région. Fort de ce constat, la Section a alors choisi pour moteur de réflexion le solde migratoire ce qui revient, de fait, à se poser la question de l’attractivité ou des attractivités des territoires de la région. Pourquoi vient-on s’installer dans telle région plutôt que dans une autre ou dans tel bassin dans une même région ? Il est certain que les évolutions démographiques des différents bassins sont fortement guidées par l’attractivité de ces territoires ; l’attractivité d’un territoire étant pour la Section « sa capacité à attirer de nouvelles populations (ou entreprises) tout en étant capable de maintenir les populations et/ou les entreprises déjà présentes. » Une réflexion locale et régionale indispensable Le CESER, à travers la réflexion de sa Section prospective, a pour seule ambition d’aider les décideurs régionaux à arrêter la meilleure stratégie possible pour son développement et celui de ses territoires. C’est le but affiché des 38 scénarios rédigés par les membres de la Section qui, par leurs diversités, par les idées qu’ils développent, peuvent servir de base ou de « boite à outils » pour les acteurs locaux. La difficulté vient d’abord de l’hétérogénéité des territoires qui constituent la région. Un territoire n’est pas quelque chose de figé, c’est un espace occupé par un ensemble d’acteurs aux intérêts divergents, voire contradictoires. C’est également un espace aux limites incertaines en fonction des activités et des besoins des populations qui le peuplent. Il peut y avoir des liens forts entre bassins de vie, qui ne sont pas obligatoirement économiques, mais culturels, associatifs, etc. La Région doit essayer de prendre en compte cette diversité dans une ou plutôt des politiques qui peuvent difficilement être uniformes. L’exercice n’est certes pas aisé car aider chaque territoire ne doit pas être exclusif de ses obligations générales. Pour autant doit-elle imposer sa vision du développement des bassins de vie au double motif des compétences qu’elle détient et des financements qu’elle apporte ? La politique des bassins de vie ne peut se résumer, comme le souhaitent encore trop souvent certains élus locaux contrairement aux attentes de la Région, à une politique de « guichet ». Il ne doit pas y avoir d’opposition entre stratégie régionale et stratégies locales. Au contraire, cela doit être le résultat d’un dialogue constant entre la Région et ses territoires et entre les territoires et la Région. En sachant que le développement crée la différence, la recherche de l’homogénéité systématique n’est donc pas forcement souhaitable. Pour attirer et retenir les populations dans les territoires, il y a bien sûr les « incontournables », activités, travail, logement, moyens de transports, etc., mais il y a aussi une autre manière de penser. Par exemple, on sait qu’il y a beaucoup de personnes qui n’habitent pas dans le bassin de vie où elles travaillent : repenser la mobilité devient stratégique car le maintien des populations dans les territoires ne sera possible que si on leur donne la possibilité d’en sortir, même quotidiennement.

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Cela suppose également la prise en compte de tous les paramètres du développement durable et tout particulièrement le problème du réchauffement climatique qui peut et doit être traité localement. L’exercice de prospective s’attache avant tout aux indicateurs objectifs, mais les hommes ont aussi des raisons subjectives à être attachés à un territoire : patrimoine naturel, histoire locale, attaches personnelles... Il est très difficile de quantifier le « subjectif » et il n’est pas nécessaire de le faire, mais les décideurs doivent avoir en tête ces éléments plus immatériels qui font la différence entre territoires. Une démarche porteuse d’interrogations Comment parvenir à une politique régionale équilibrée qui permette d’optimiser les qualités de tous les territoires et de leurs responsables politiques dans le cadre des obligations générales liées à la fonction régionale ? Qui peut prétendre avoir la réponse à cette question ? Personne. Mais la réflexion prospective amène à faire quelques remarques utiles. Si l’on part de l’hypothèse que les acteurs n’ont pour seule ambition que le succès de leurs territoires et la volonté d’harmoniser leurs diversités dans le cadre d’une politique régionale partagée, les maîtres mots qui peuvent leur servir de ligne de conduite ne pourraient-ils pas être : écouter, susciter, accompagner, faire confiance ? Tout l’art de la politique n’est-il pas au final de faire le pari de l’intelligence au service de l’intérêt général ? Avis adopté à l’unanimité.

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RÉGION CENTRE CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL

ANNEXE A L’AVIS Adopté par le Conseil économique, social et environ nemental

régional au cours de la séance du 14 octobre 2013

SUR CENTRE(S) 2030 : QUELLES PISTES DE DEVELOPPEMENT POUR

LES TERRITOIRES ?

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SCRUTIN

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SCRUTIN

sur l’ensemble du projet d’avis

---------- Nombre de votants……………………………………..80 Ont voté pour……………………………………………80 Ont voté contre………………………………...............0 Se sont abstenus……………………………………….0

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Le Conseil économique, social et environnemental ré gional a adopté à l’unanimité

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RÉGION CENTRE CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL RÉGIONAL

CENTRE(S) 2030 : QUELLES PISTES DE DEVELOPPEMENT POUR

LES TERRITOIRES ?

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RAPPORT présenté au nom

DU CONSEIL ECONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL REGIONAL

par Monsieur Jean-Pierre BARNAGAUD

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COMPOSITION DE LA SECTION PROSPECTIVE

Président de la Section Jean-Pierre BARNAGAUD

Représentant de la Fédération régionale des Sociétés de Protection de la Nature

Vice-président Olivier AGUER

Membre extérieur INSEE

Secrétaire

Christine LECERF Représentante Union régionale CFTC

Conseillers économiques, sociaux et environnementau x

Noël ADAM Daniel BERNARD Odile BORDIER Alain BRUNAUD

Jean-Paul CARRIERE Jean-Luc CHEVET

Philippe DEFOSSEZ Bernard DUBOIS

Jacqueline DUMAS Jean-Jacques FRANCOIS

Yves LAUVERGEAT Claude LEBEY

Elisabeth MAUPOINT Jean-Pierre MENARD

Joël MIRLOUP Jean-Pierre PAUL

Jacques THIBAULT Algue VANMAELDERGEM

Jacques VRAIN

Membres extérieurs Philippe BEL – Ancien conseiller économique, social et environnemental

François BRECHEMIER – DREAL Centre Nathalie GEORGES – Pays de la Touraine Côté Sud

Gérard GIMENEZ – SGAR Rodolphe LEGENDRE – DRJCS

René MOKOUNKOLO – Université F. Rabelais Valéry MORARD – MEDDE/CGDD/SOeS

Marie-Béatrice ROCHARD – GIP ALFA Centre Sarah ROUX-PERINET – Rectorat

Olivier JOUIN (invité permanent) – Conseil régional du Centre

Service CESER Julien MAUGÉ – Chargé de missions

Sylvie LAMBERT - Assistante

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Table des matières

INTRODUCTION ............................................................................................................................................ - 18 - LES MIGRATIONS RESIDENTIELLES DESSINENT DES PROFILS D’ATTRACTIVITE DIFFERENTS SELON LES TERRITOIRES DU CENTRE ................................................................................................ - 20 -

1- DES MIGRATIONS AUX CAUSES VARIÉES ............................................................................................. - 20 - 2- LES PROFILS MIGRATOIRES DES TERRITOIRES DE LA RÉGION .............................................................. - 21 -

A- L’emploi et l’offre d’enseignement comme facteur d’installation : Bourges, Châteauroux, Blois et Orléans .................................................................................................................................................... - 21 - B- Tours-Amboise : un bassin très attractif pour étudier et travailler ..................................................... - 23 -

C- Des bassins peu dynamiques démographiquement mais marqués par la périurbanisation et un cadre de vie agréable : Le Blanc, La Châtre, Sancerre et Saint-Amand-Montrond ..................................................... - 24 - D- L’attractivité des bassins de Montargis, Gien, Vendôme, Loches et Romorantin : Cadre de vie, périurbanisation et emploi ........................................................................................................................... - 25 - E- La périurbanisation comme principal facteur d’installation : Chinon, Dunois-Perche, Pithiviers et Chartres ........................................................................................................................................................ - 26 -

LES CRITÈRES D’ATTRACTIVITÉ ............................................................................................................. - 28 -

1- LES CRITÈRES D’ATTRACTIVITÉ POUR LES POPULATIONS .................................................................... - 28 - 2- LES NIVEAUX D’ACCEPTABILITÉ DES CRITÈRES D’ATTRACTIVITÉ ......................................................... - 29 - 3- LES CRITÈRES D’ATTRACTIVITÉ POUR LES ENTREPRISES ...................................................................... - 30 - 4- ATTRACTIVITÉ DE CHAQUE BASSIN ...................................................................................................... - 30 -

CAHIER DES SCÉNARIOS .......................................................................................................................... - 32 - 38 SCÉNARIOS POUR 19 BASSINS ......................................................................................................... - 33 -

1- MÉTHODOLOGIE DE LA CONSTRUCTION DES SCÉNARIOS ................................................................... - 33 -

A- Un principe commun de volonté d’action… ......................................................................................... - 33 - B- …mais des actions très diverses ........................................................................................................... - 33 -

C- Des clés de réussite ............................................................................................................................. - 35 - 2- ANALYSE DES SCÉNARIOS : APPROCHE GLOBALE ET THÈMES D’ACTIONS .......................................... - 35 -

A- Scénarios privilégiant une approche globale ...................................................................................... - 35 - B- Gouvernance et stratégie d’ouverture ................................................................................................ - 37 - C- Position géographique ........................................................................................................................ - 38 - D- La santé ............................................................................................................................................... - 38 - E- Le logement ......................................................................................................................................... - 39 - G- La formation et l’éducation................................................................................................................. - 41 - H- L’économie .......................................................................................................................................... - 42 - I- Services, économie présentielle ........................................................................................................... - 43 - J- Energie ................................................................................................................................................. - 44 - K- La culture ............................................................................................................................................. - 45 - L- Le tourisme .......................................................................................................................................... - 45 -

STRATÉGIE RÉGIONALE ET STRATÉGIES LOCALES : POUR UNE ARTICULATION GAGNANTE . - 47 -

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1- UNE RÉGION A L'ÉCOUTE, INCITATRICE, AIDANTE MAIS AUSSI FÉDÉRATRICE .................................... - 47 - A- Une stratégie régionale au service de chaque bassin ......................................................................... - 47 - B- Une stratégie régionale globale dont les bassins doivent être partie prenante ................................. - 48 -

2- DES STRATÉGIES DE BASSIN PRIVILÉGIANT L'IMAGINATION, L'OUVERTURE, LES MISES EN RESEAUX... ... - 49 -

A- L'imagination au pouvoir. ................................................................................................................... - 49 - B- Une nécessité d'ouverture .................................................................................................................. - 49 - C- Un travail en réseaux ........................................................................................................................... - 50 - D- Une vision non limitée au futur immédiat .......................................................................................... - 50 -

3- UNE COORDINATION STRATÉGIQUE RÉGION/BASSINS ADAPTÉE AUX GRANDES PROBLÉMATIQUES ET AUX SPÉCIFICITÉS LOCALES .......................................................................................................................... - 50 -

A- Le bassin est principalement à l'initiative et à la mise en œuvre........................................................ - 51 - B- La Région est principalement à l'initiative et à la mise en œuvre ....................................................... - 52 - C- Initiative et mise en œuvre partagées entre Région et territoires ...................................................... - 53 -

CONCLUSION ................................................................................................................................................ - 55 - ANNEXES ....................................................................................................................................................... - 57 - ANNEXE N°1 : PROFILS D’ATTRACTIVITÉ DES BASSINS DÉMOGRAPHIQUES ..................................................... - 58 -

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INTRODUCTION

En octobre 2010, la Section prospective du CESER Centre présentait son rapport « Populations et

Territoires de la région Centre : scénarios pour 2030 ». A partir des projections statistiques réalisées

par l’INSEE Centre, partenaire essentiel de la Section, 18 bassins démographiques étaient identifiés1,

promis à des futurs démographiques très contrastés selon leur position géographique et des

contextes plus ou moins favorables. Quatre scénarios s’appliquaient à réagir contre un « tendanciel »

peu encourageant pour l’avenir régional, en imaginant des politiques issues de choix stratégiques

forts. Parmi ces scénarios, celui dit « des différences » suggérait que soit défini pour chaque bassin

un rôle et un développement spécifiques à partir de son contexte socio-économique, de ses forces et

de ses faiblesses, en évitant autant l’imitation que le repli sur soi.

C’est ce scénario que la Section a voulu approfondir en prenant pour moteur de réflexion le solde

migratoire2, la seule variable susceptible aujourd’hui de faire bouger les lignes démographique. La

question était d’évaluer comment cette variable pouvait agir dans les 20 ans à venir pour chacun des

bassins démographiques. Elle peut se formuler autrement : sur quel(s) critère(s) d’attractivité ces

territoires pourront-ils jouer à l’avenir pour stabiliser voire augmenter leur population ?

L’attractivité est un mot très prisé des instances politiques et économiques, et des CESER en

particulier. Qui oserait imaginer un territoire dénué de la moindre attractivité, ou mettre en doute la

nécessité de rendre nos territoires plus attractifs (ce qui suppose qu’ils ne le sont pas assez) ou du

moins de garder leur attractivité (elle peut donc se perdre…). Encore faut-il s’entendre sur ce que

peut recouvrir une telle notion dont les composants ne se déclinent pas nécessairement avec la

même échelle de valeur selon les individus.

La Section a donc commencé par préciser ce qu’elle entendait par attractivité, en définissant des

critères auxquels elle a attribué une valeur respective en fonction de grandes catégories d’âge de la

population, ainsi que pour les entreprises. Puis, elle a scruté chaque bassin à l’aune de ces critères

étalonnés en s’interrogeant sur leur solidité dans le temps et leur caractère plus ou moins

stratégique pour le territoire. Cette analyse, révélatrice de forces, faiblesses, atouts et menaces, a

donné matière à deux scénarios par bassin. Le premier, intitulé « réalité augmentée », déroule

l’analyse précitée dans les vingt prochaines années : dans quels domaines agir en priorité, sur quels

leviers d’actions appuyer pour que le bassin optimise ses atouts, compense ses faiblesses et conjure

les risques qui peuvent le menacer ? Le second, intitulé « réalité décalée », part d’un point commun :

le doublement du coût des carburants et des matières premières en un an, qui agit comme un

révélateur, obligeant les territoires à « réinventer » leur réalité et se projeter dans l’avenir3.

La synthèse des 38 scénarios (le bassin de Chartres-Dreux ayant été dédoublé), permet de discerner

des types - ou des combinaisons - d’actions sur diverses thématiques. Elle est suivie d’un chapitre

1 Les bassins de vie de la Région ayant été créés après les bassins démographiques la Section prospective a

choisi de conserver ce découpage territorial 2 Solde migratoire : différence entre les entrées et sorties de population sur un même territoire pendant une

période donnée 3 Il s’agit évidemment d’une simple hypothèse de travail, obligeant les acteurs à faire preuve d’imagination

pour faire face à la situation

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rapportant ces stratégies locales à l’échelle régionale: comment permettre à chaque territoire de

jouer un rôle à sa mesure dans l’ensemble régional, sans qu’aucun ne soit oublié ?

Cette étude prospective se lit donc à deux niveaux. L’attractivité de la région ne saurait se résumer à

l’addition d’attractivités locales quelque peu disparates. Celles-ci la nourrissent, mais sans vision

d’ensemble, aucune partie ne saurait réaliser seule ses propres espérances. C’est cette double

approche qui a guidé le travail de la Section. L’avenir de la région et de ses territoires se jouera sur

les flux de toutes sortes (populations, capitaux, idées…) qui s’exerceront - ou non - entre ces deux

niveaux.

Acteurs du monde économique, social et environnemental, les membres de la Section prospective

n’ont d’autre vocation que de représenter la société civile dans ses divers aspects. Comme pour tous

les travaux du CESER, leur légitimité à donner un avis sur ce que pourrait être demain l’attractivité de

la région et de ses territoires tient essentiellement au fait qu’ils y vivent et qu’ils en ont par

conséquent une expérience personnelle, qu’elle soit professionnelle, syndicale, ou associative, à

laquelle s’ajoute leur force de conviction et d’intuition. C’est cette approche, certes subjective, mais

nourrie par l’appropriation des données statistiques de l’INSEE sur les évolutions démographiques, et

issue de débats et de confrontations de points de vue, qui ont abouti aux scénarios proposés pour

chaque bassin démographique. Vingt-huit membres de la section ont rédigé au moins un scénario.

Toute liberté d’idées et de style a été laissée aux auteurs dans le pari que cette disparité serait

féconde pour le résultat final. Il n’existe pas de modèle d’attractivité standard qui serait partout et en

toute circonstance également applicable. Au fond, l’objet final de ce travail n’est pas de donner clef

en main un quelconque plan de développement stratégique de la Région et de ses territoires. Il ne

fait pas de préconisations précises mais propose simplement des pistes d’actions possibles qui

constituent autant d’exemples pour motiver le désir de s’installer en région Centre. Ce qui suppose

de répondre à des attentes très diverses, mais aussi d’aider les acteurs et les habitants de ces

territoires à identifier les pistes d’actions qui leur permettront d’agir pour susciter ce désir.

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LES MIGRATIONS RESIDENTIELLES DESSINENT DES PROFILS D’ATTRACTIVITE DIFFERENTS SELON LES TERRITOIRES DU CENTRE

La région Centre connaît de nombreuses migrations résidentielles sur l’ensemble de son territoire. En

moyenne, sur une période de cinq ans (2006-2010), une personne sur huit est nouvelle dans chaque

bassin démographique. La première cause de migrations est liée au travail, avec l’arrivée de familles

contribuant au renouvellement des générations sur les territoires. Ces ménages ne s’installent pas

forcément là où ils travaillent, mais aussi dans les bassins plus ruraux et les franges franciliennes. Les

jeunes retraités et les nouveaux étudiants ont d’autres motivations pour choisir leur destination. Un

territoire est d’autant plus dynamique démographiquement à moyen terme s’il possède les atouts

pour attirer une forte part d’actifs et d’étudiants.

1- DES MIGRATIONS AUX CAUSES VARIÉES

La région est particulièrement concernée par les migrations résidentielles, avec 200 000 entrées et presque autant de sorties enregistrées en cinq ans. Rapportés à sa population, ces flux la placent en tête des régions pour le plus fort renouvellement de population. En particulier, le Centre est la deuxième terre d’accueil des Franciliens qui représentent près de la moitié des nouvelles arrivées. Les mobilités infra-régionales sont aussi très importantes avec, sur une période de cinq ans, 370 000 habitants ayant changé de commune tout en restant en région Centre. Pour l’ensemble des bassins démographiques, en cinq ans, une personne sur huit est nouvelle, en provenance soit d’un autre bassin démographique régional soit de l’extérieur de la région. Le rapprochement du lieu de travail ou d’études, le passage à la retraite, le choix d’un logement plus grand ou d’un meilleur cadre de vie pour les familles, sont les principales causes des migrations résidentielles. La plus importante est liée au travail, avec les deux tiers des mouvements au sein des bassins démographiques. En plus des personnes venues pour travailler, de nombreux conjoints et enfants les accompagnent dans ces déménagements. La mobilité de populations à la périphérie des villes (la périurbanisation), qu’elles viennent de celles-ci ou d’autres territoires, s’explique par le choix d’un logement plus grand ou accessible financièrement. Ces populations s’éloignent ainsi des pôles d’emploi : 60 000 actifs ont changé de bassin démographique mais ne résident pas dans celui où ils travaillent. Ainsi, alors que les emplois restent concentrés dans les grands pôles, sans changement majeur depuis un demi-siècle, la croissance de population est plus forte à leur périphérie. L’arrivée d’étudiants est également bénéfique pour un territoire, notamment parce qu’elle alimente à moyen terme le marché du travail. En cinq ans, 30 600 élèves ou étudiants se rapprochent de leur lieu d’études, principalement dans les pôles universitaires de Tours et Orléans. Le départ en retraite

L’attractivité des territoires est un fort enjeu de politique publique. Dans le cadre de la démarche menée par le CESER, l’observation des migrations résidentielles sert de base aux réflexions sur l’attractivité des territoires. Les migrations résidentielles retracent ainsi l’attrait d’un territoire à travers les choix de déménagement de différents types de ménages : les actifs, les étudiants et les retraités. Ces mouvements modifient le profil de la population et ses besoins sur les territoires : équipement pour personnes âgées, besoins d’infrastructures de transport, plans locaux d’urbanisation, services publics... Cette étude apporte ainsi un éclairage sur les caractéristiques des migrations résidentielles au sein des bassins démographiques régionaux.

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induit d’autres migrations, avec 37 500 jeunes retraités ayant changé de bassin démographique afin de s’installer sur des territoires urbains attractifs et dans le rural à proximité de pôles de services. Ces diverses causes permettent de caractériser les bassins démographiques selon plusieurs critères d’attractivité : le cadre de vie, la périurbanisation, les études et le dynamisme des zones d’emploi. Ces bassins sont regroupés en cinq profils de territoire.

2- LES PROFILS MIGRATOIRES DES TERRITOIRES DE LA RÉGION

A- L’emploi et l’offre d’enseignement comme facteur d’installation : Bourges, Châteauroux, Blois et Orléans

Un premier groupe comprend des bassins démographiques attractifs par la proximité de l’emploi et l’offre d’études. Il est composé de quatre bassins démographiques dont la principale ville est chef-lieu de département : Bourges, Châteauroux, Blois et Orléans. Ces zones attirent de nombreux actifs, avec près de trois arrivants sur quatre. Ils accueillent également des jeunes pour leurs études, grâce à leur offre, à des degrés différents, d’enseignement supérieur. Le solde migratoire de ces bassins est cependant négatif car une forte part de population quitte ces territoires pour d’autres régions ou pour des zones périurbaines éloignées. Au total, ces bassins gagnent cependant de la population grâce aux naissances liées à une population jeune, en particulier à Orléans. Ils s’auto-alimentent ainsi en étudiants et actifs.

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Quels enjeux pour ces territoires ? La forte concentration de population et d’emploi facilite la présence de nombreux commerces et services, qui contribuent à leur attractivité. L’adaptation de cette offre à la hausse future de population sur son territoire et ceux limitrophes qui l’utilisent représente un défi à venir. L’autre enjeu majeur concernera l’offre de logements pour faire face à la hausse du nombre de ménages, notamment pour les bassins d’Orléans et Blois. Pour Bourges et Châteauroux, moins dynamiques en termes de population, les enjeux portent sur le recentrage des populations vers les villes et la rénovation des logements existants. Chacun de ces bassins possède ses particularités. Celui d’Orléans est le plus concerné par les mobilités, en particulier avec l’Île-de-France, véritable vivier de renouvellement. À Orléans, la forte part d’actifs parmi les 42 000 arrivées ne suffit cependant pas à compenser les 50 000 départs. Le marché du travail, assez dynamique, est alors approvisionné par les étudiants, même si les emplois s’avèrent insuffisants pour absorber l’ensemble des diplômés du pôle universitaire. Si les tendances récentes se poursuivaient, la progression de la population resterait importante dans le bassin d’Orléans du fait de l’arrivée de familles et donc d’une population assez jeune. La population du bassin démographique de Châteauroux se maintient grâce à un solde naturel légèrement positif. Les nombreuses arrivées d’employés, ouvriers et professions intermédiaires, souvent d’origine francilienne, ne suffisent pas à compenser les pertes avec la plupart des autres bassins démographiques et les autres régions françaises. Le bassin de Bourges-Vierzon connaît le même apport de population, mais des départs encore plus importants en raison de la situation économique et de l’installation de population à la périphérie parfois éloignée. Ce bassin aurait une baisse modérée de population d’ici 2030 si les tendances récentes se poursuivaient. Le cas de Blois Le bassin de Blois est le plus attractif de ce premier groupe car il bénéficie du phénomène de périurbanisation des grands pôles de Tours et d’Orléans. Les apports migratoires nombreux parmi les 25-40 ans contribuent aussi à l’excédent naturel de ce bassin. Il présente cependant un solde migratoire négatif avec celui de Tours, dû notamment aux étudiants. Le gain de population s'observe pour toutes les catégories socioprofessionnelles, hormis les ouvriers non qualifiés. En lien avec cette attractivité, ce bassin compterait davantage d’habitants à horizon 2030.

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B- Tours-Amboise : un bassin très attractif pour étudier et travailler

Un solde migratoire positif… Tours-Amboise constitue un bassin démographique central du point de vue de l’attractivité en raison des nombreuses arrivées d’étudiants et d’actifs. Il attire près d’un migrant régional sur cinq. Tours se distingue du groupe précédent en raison d’un solde migratoire positif, supérieur à 1 % sur cinq ans. L’attractivité principale du bassin de Tours vient en partie de son pôle universitaire. Environ 12 000 étudiants sont nouvellement arrivés, soit un flux deux fois supérieurs à celui des départs d’étudiants, la plupart d’entre eux vers Paris. L’emploi a sensiblement progressé dans ce bassin, alimenté par l’arrivée de 31 000 actifs. Néanmoins, ils sont encore plus nombreux à être partis (34 000). Les autres emplois sont occupés par les anciens étudiants du territoire, même si d’autres le quittent pour démarrer une carrière professionnelle. Près de 2 000 cadres et professions intermédiaires d’Île-de-France, âgés de 25 à 29 ans, résidaient à Tours-Amboise cinq ans auparavant. … sauf chez les jeunes actifs Les départs sont encore nombreux et supérieurs aux arrivées parmi les trentenaires et concernent toutes les catégories socioprofessionnelles, l’intensité des flux se réduisant fortement au-delà de 40 ans. Les départs d’employés et d’ouvriers sont majoritairement à destination de la région Centre et s’expliquent par un effet de périurbanisation. Les retraités ne représentent qu’une faible part des migrants avec 5 000 arrivées pour 12 600 arrivées d’étudiants. Cependant, ce bassin est celui qui accueille le plus de retraités de la région et il en gagne légèrement plus qu’il n’en perd. Au sein de la région, le bassin n’est déficitaire qu’avec les bassins proches. En effet, de nombreux actifs travaillant dans la zone de Tours ont déménagé dans des communes éloignées pour y trouver un logement plus accessible dans un cadre de vie agréable. Cette attractivité migratoire, conjuguée à un solde naturel

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positif explique la forte hausse de population, qui pourrait se poursuivre d’ici 2030, avec plus de 60 000 habitants supplémentaires (+ 14 %). Cette croissance représenterait près du tiers de l’accroissement régional. Elle s’accompagnera d’un très net vieillissement de la population. Les enjeux majeurs concernent l'offre de logements et d’équipements adaptés.

C- Des bassins peu dynamiques démographiquement mais marqués par la périurbanisation et un cadre de vie agréable : Le Blanc, La Châtre, Sancerre et Saint-Amand-Montrond

Un phénomène important de périurbanisation Un troisième groupe, situé au sud de la région, est constitué des bassins du Blanc, de la Châtre -Argenton-sur-Creuse, de Sancerre-Aubigny et de Saint Amand-Montrond. Il se caractérise par des arrivées liées principalement à la périurbanisation de pôles d’emploi extérieurs et par la venue de retraités. Le solde migratoire est positif dans ces quatre bassins démographiques mais l’augmentation de population est limitée du fait de la faiblesse du nombre des naissances. Les arrivées d’actifs sont relativement nombreuses, au sein de ces bassins ruraux ceinturant ceux de Bourges et de Châteauroux. Plus de 19 000 actifs ont récemment rejoint ces zones tandis que 17 000 en sont partis. Les nouveaux actifs de ces bassins sont fréquemment des employés et des ouvriers qualifiés. L’arrivée de plus de 7 000 retraités contribue encore plus largement à l’excédent migratoire de ce groupe (+ 5 500). La plupart des arrivées proviennent ici aussi d’Île-de-France. Les 2 300 jeunes partis étudier dans les bassins chefs-lieux et les pôles universitaires limitent le solde migratoire. Ces départs contribuent au déséquilibre démographique en diminuant la part des moins de 25 ans au profit de celle des plus de 60 ans. Quelle situation en 2030 sur ces territoires ? D’ici 2030, si les tendances récentes de périurbanisation et d’attractivité résidentielle se poursuivaient, ces territoires pourraient bénéficier davantage que par le passé récent de l’arrivée de retraités. Ces flux devraient permettre de stopper la baisse de population sur le bassin de La Châtre (+ 1 %), et d’accroître de 2,4 % celle de Saint Amand-Montrond et de 4 % celle des deux derniers bassins. Les difficultés d’accès aux divers services (de proximité, médicaux ou aux personnes âgées) pourraient cependant freiner ces tendances et soulignent l’enjeu du maintien et du développement de ces services.

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D- L’attractivité des bassins de Montargis, Gien, Vendôme, Loches et Romorantin : Cadre de vie, périurbanisation et emploi

Dans ce quatrième groupe, la périurbanisation et le cadre de vie profitent aux bassins de Montargis, Gien, Vendôme, Loches et Romorantin : ils ont ainsi un solde migratoire positif pour les actifs et les retraités, les premiers représentant deux arrivants sur trois. De plus, l’évolution positive de l’emploi à Gien et Loches accentue l’attractivité pour les actifs. La périurbanisation et l’attrait du bassin de Romorantin compensent largement l’impact des pertes d’emplois dans cette zone. Ces bassins attirent les employés et les ouvriers qualifiés. Ces zones sont voisines de l’axe ligérien ou d’autres grands pôles économiques franciliens. Une partie importante du développement de ces cinq bassins est liée à la périurbanisation. Celle-ci est facilitée par les infrastructures de transport. La proximité de services et le cadre de vie favorisent également la venue de retraités, qui représentent un arrivant sur cinq. Ils s’installent à proximité des villes moyennes ou dans l’espace périurbain proche. À l’horizon 2030, Montargis serait le bassin régional qui pourrait croître le plus (+ 15 %). Son développement reposerait sur une offre de logements abordable et conséquente. Les employés en provenance de l’Île-de-France sont nombreux à s’y installer. Les déplacements domicile-travail conséquents rendent ainsi vulnérables énergétiquement une partie de la population. Romorantin est fortement attractif pour les retraités. Vendôme bénéficie de la gare TGV vis-à-vis de l’Île-de-France. Le solde migratoire des cadres est positif dans ce bassin. La périurbanisation éloignée d’Orléans profite également à l’est de cette zone. Le bassin de Loches attire de nombreux actifs en lien avec une forte augmentation de l’emploi. Si la zone de Gien est légèrement moins attractive que les quatre autres bassins de ce groupe, la population y croîtrait tout de même de 6 %. De nombreuses familles, en provenance d’Orléans continueraient de s’installer à l’ouest de la zone afin d’accéder à la propriété.

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E- La périurbanisation comme principal facteur d’installation : Chinon, Dunois-Perche, Pithiviers et Chartres

Un cinquième groupe est constitué de bassins limitrophes de grandes aires urbaines : Chinon, Dunois-Perche, Pithiviers et Chartres. Ce groupe est caractérisé par de forts flux d’actifs, trois arrivées sur quatre, mais un éloignement important du lieu de travail avec une périurbanisation marquée. Environ 60 % des nouveaux actifs de ces bassins travaillent dans une autre zone, soit 10 points de plus que dans le groupe précédent. À Chartres, le solde migratoire est négatif, contrairement aux trois autres bassins. Plus de 76 000 personnes se sont installées dans ces bassins au cours des cinq dernières années. Beaucoup d’arrivants travaillent dans un autre bassin : à Tours pour ceux de Chinon, en Île-de-France pour ceux de Chartres, à Chartres pour ceux de la zone Dunois-Perche, à Orléans et en Île-de-France pour ceux de Pithiviers. Ces actifs profitent d’un maillage très important en termes d’infrastructures de transport, ce qui limite les temps de trajets. Ils s’installent avec leurs familles là où la pression foncière est moins marquée, ce qui permet à plus de la moitié des nouveaux arrivants, souvent des familles avec enfants, d’accéder à la propriété. Le solde migratoire est positif dans toutes les catégories socioprofessionnelles et dans toutes les tranches d’âge. Seuls les étudiants, attirés par les grands pôles universitaires, réduisent l’excédent migratoire. L’accueil de retraités étant relativement faible, les migrations résidentielles contribuent peu au vieillissement global de la population.

À l’horizon 2030, la poursuite des tendances actuelles entraînerait une hausse importante de la population de ces quatre bassins démographiques (de 8 à 14 %). Cela nécessitera une offre

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cohérente de logements, de structures et de services adaptés. Le bassin de Chartres-Dreux attire peu d’étudiants mais surtout des actifs qui accèdent très nombreux à la propriété tout en continuant de travailler en Île-de-France. Il séduit les professions intermédiaires et les cadres. L’attractivité chartraine est supérieure à celle du Drouais. Le bassin démographique est très déficitaire pour les personnes de plus de 40 ans au bénéfice des zones voisines, en particulier pour les jeunes retraités. Il attire des familles parmi les 25-34 ans, contribuant au solde naturel positif. Néanmoins, le solde migratoire est négatif. Le nord-est du bassin de Chinon profite de la périurbanisation tourangelle avec l’arrivée fréquente d’employés. Celui de Dunois-Perche gagne aussi des populations de classe moyenne : ouvriers qualifiés, employés et professions intermédiaires. Le bassin de Pithiviers attire plus de 5 200 franciliens, principalement des professions intermédiaires et des employés. Cela compense largement les départs au bénéfice de la zone d’Orléans (déficit migratoire de 900 personnes).

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LES CRITÈRES D’ATTRACTIVITÉ

Partant du principe que les évolutions démographiques des différents bassins seraient largement guidées par l’attractivité de ces différents territoires, la Section a exploré quelles pouvaient être les composantes économiques, sociales voire sociologiques de cette attractivité.

En premier lieu, la définition retenue pour l’attractivité d’un territoire est sa capacité à attirer de nouvelles populations (ou entreprises) tout en étant capable de maintenir les populations et/ou les entreprises déjà présentes.

1- LES CRITÈRES D’ATTRACTIVITÉ POUR LES POPULATIONS

Les critères retenus pour permettre d’objectiver et de quantifier cette attractivité ont été repris du premier rapport. Pour les populations, huit critères d’attractivité sont retenus : la santé, l’éducation, le logement, les transports, l’emploi, les espaces naturels (environnement), les services (publics et commerces), la vie culturelle et sociale. Ces critères n’ayant pas le même impact selon la composition du foyer et la tranche d’âge, une hiérarchisation de ces critères par les membres de la Section a été établie pour trois tranches d’âge (20-40 ans ou « actifs sans enfants », 40-60 ans ou « actifs avec enfants », 60 ans et plus ou « retraités »).

Répartition des critères d’attractivité selon les c lasses d’âges

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

jeunes actifs sans enfants actifs avec enfants retrai tés

culture - vie associative-loisirs

services publics

espaces et ressources naturelles

éducation

emploi

transport

logement

santé

Note 1 : le classement des critères est réalisé pour des personnes qui ont déjà un emploi ; le travail de la

Section ne visait pas à définir l’attractivité économique. Aussi, la hiérarchisation des critères a été établie en prenant pour hypothèse « j’ai un emploi, mais il ne faut pas exclure la possibilité d’évolution ou de rebond ».

Note 2 : les trois catégories d’âge déterminent des besoins et des styles de vie différents que les limites retenues ne peuvent qu’englober imparfaitement.

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Les profils ainsi établis reflètent bien des différences de besoins (styles de vie) très tranchées : pour les jeunes actifs sans enfants, la culture et la vie associative, les transports (les jeunes n’ont pas forcément de voiture) et le logement sont des critères d’attractivité importants. Les besoins de santé et de services publics augmentent lorsque la population vieillit. Dans la catégorie « actifs avec enfants », aucun critère, sauf peut-être les espaces naturels, ne peut être négligé. Les transports (ramassage scolaire pour les enfants), le logement et l’éducation sont primordiaux pour cette catégorie et si les espaces naturels comptent peu c’est qu’ils sont inclus dans le logement (renvoi aux aménités naturelles). Les jeunes actifs avec enfants ont tendance à s’éloigner du centre-ville pour bénéficier d’un cadre de vie plus agréable. Pour les 3 catégories, le couple logement/transport est primordial car c’est très certainement une variable d’ajustement. Le prix du foncier peut également être un critère essentiel.

2- LES NIVEAUX D’ACCEPTABILITÉ DES CRITÈRES D’ATTRACTIVITÉ

Au-delà de l’importance relative de chaque critère d’attractivité, il convient de bien cerner la signification de chacun d’eux, son acception par les populations ou en d’autres termes son niveau d’acceptabilité. Ainsi, comment juger qu’un territoire répond correctement au critère « santé » ? Cette question relève autant d’une notion de densité que d’une notion de proximité (répartition sur le territoire).

Les conditions d’acceptabilité des critères d’attractivité ont ainsi pu être définies par la section :

Santé Temps d’accès :

- un généraliste par canton - un spécialiste par arrondissement - un hôpital par chef-lieu de département

Temps et possibilité pour obtenir un rendez-vous (densité médicale) Education Maternelle et primaire à l’échelle de la commune

Collège à l’échelle du canton Lycée à moins de 30 min (et internat de qualité)

Logement 40 % du salaire max (loyer – charges – chauffage) Durée d’accessibilité au logement : 3 mois Offre diversifiée (logement locatif, logement social…)

Transport Etudiant-lycéens : Au minimum, 1 aller-retour matin et soir avec temps maximum pour un aller : 45 min ; Coût maximum : 80 € par mois Salarié : Temps pour un aller : 1h30 max ; coût : 10 % du salaire (≈ 160 €)

Emploi Taux d’emploi / densité de l’emploi Structure diversifiée des emplois Niveau des revenus

Vie culturelle et sociale

Importance de l’image et réputation de l’accueil (aide à l’installation, emploi pour le conjoint, structure d’accueil pour les enfants) Minimum de vie associative au niveau communal et intercommunal (notamment en matière de sport), Présence d’un cinéma, d’une bibliothèque, d’un théâtre, des équipements sportifs à une échelle plus large.

Services Densité commerciale / nombre d’établissements pour les retraités / accès couverture numérique... Petits commerces (1/4h max) Temps d’accès aux services publics : 30 min max

Espaces et ressources naturelles

Pas de critère déterminant

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3- LES CRITÈRES D’ATTRACTIVITÉ POUR LES ENTREPRISES

A l’instar du classement des critères d’attractivité de la région Centre pour les ménages, la Section a réalisé un classement des critères d’attractivité pour les entreprises. Et ce, en distinguant les entreprises « déjà implantées » et les entreprises « en recherche d’installation ».

Degré d’importance (%) Entreprise déjà implantée

Entreprise en recherche d’installation

Disponibilité, adaptabilité et qualification de la main d’oeuvre

18% 15%

Structure du bassin (variété des entreprises, proximité

d’entreprises sous traitantes, polyvalence et culture de

production

20% 17%

Infrastructures de transport et accès au T.I.C. 17% 16%

Disponibilité et coût du foncier/bâtiment existant

disponible 14% 16%

Aides et fiscalité 9% 10% Aides indirectes et qualité de

l’accueil 8% 10%

Cadre de vie et représentation du cadre de vie

8% 8%

Analyse des risques naturels et industriels

6% 6%

Note : d’après une enquête nationale, le critère principal serait la disponibilité, l’adaptabilité et la qualification de la main d’œuvre ce que ne reflètent pas les résultats de la Section.

Les différences de hiérarchisation des critères entre les 2 catégories d’entreprises (installées ou en recherche d’installation) apparaissent minimes au final. La disponibilité du foncier est un critère déterminant. Il semble cependant ici sous-estimé ; il semble à l’inverse qu’un faible poids soit donné au cadre de vie (au sens strict, sans inclure la formation, la culture…). Le critère « structure du bassin » arrive en tête, ce qui reflète les tendances actuelles : les emplois sont créés en très grande majorité dans les pôles les plus importants. Les aides à l’installation apparaissent peu déterminantes (Il ne sera pas retenu dans l’analyse ultérieure). A l’inverse, les critères « risques », « cadre de vie » apparaissent sous-estimés. Les grands groupes ou les petites entreprises ne privilégieront pas les mêmes critères. Au final, sans sous-estimer aucun critère, le bloc des 4 premiers critères parait le plus important.

4- ATTRACTIVITÉ DE CHAQUE BASSIN

Pour chaque bassin démographique, les 8 critères d’attractivité « population » et les 7 critères « entreprises » sont évalués, au vu notamment des conditions d’acceptabilité (cf. tableau). Il est ainsi possible d’établir un profil du bassin que l’on peut comparer au profil théorique (cf. hiérarchies des critères précisées pour les populations et les entreprises) Exemple du bassin de Chinon : pour chacune des catégories de population (actifs sans enfant, actifs avec enfants, retraités), une estimation des 8 critères d’attractivité a été réalisée par la Section selon

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5 niveaux d’appréciation (très bon ; bon ; moyen ; mauvais ; très mauvais). Cette estimation a été croisée avec la hiérarchisation des critères établie par la Section pour la catégorie de population considérée. Un profil de bassin peut ainsi être représenté permettant de repérer les critères d’attractivité les plus sensibles, par comparaison au profil théorique.

Exemple du bassin de Chinon 4

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

profil de référence(théorique)

Bassin de Chinon

profil de référence(théorique)

Bassin de Chinon

profil de référence(théorique)

Bassin de Chinon

actif

s sa

ns e

nfan

tac

tifs

avec

enf

ants

retr

aité

s

santélogementtransportemploiéducationespaces et ressources naturellesservices publicsculture - vie associative-loisirs

4 Les autres profils de bassins sont regroupés en Annexe n°2

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CAHIER DES SCÉNARIOS

(Cf. document accompagnant le rapport)

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38 SCÉNARIOS POUR 19 BASSINS

1- MÉTHODOLOGIE DE LA CONSTRUCTION DES SCÉNARIOS

Toute prospective s’exprime pour l’essentiel par des scénarios suffisamment contrastés se déroulant

sur une période précise, et s’appuyant sur diverses données : celles-ci étant posées dans les chapitres

précédents (état des lieux des migrations résidentielles en région Centre, définition des critères

d’attractivité par catégorie d’âge et pour les entreprises, estimation de leurs valeurs respectives, état

des lieux de ces critères par bassin démographique), le moment est venu de passer à cette étape

centrale. La Section pouvait faire le choix de scénarios globaux, appliqués à l’ensemble des bassins,

ou, à l’inverse d’élaborer des scénarios par bassin. L’objet de notre réflexion portant en premier lieu

sur l’approche territoriale, c’est logiquement la seconde option qui a été retenue. La cartographie

démographique régionale identifiée par la Section comprenant 18 bassins, portés ici à 19 par le

découplage du bassin de Chartres-Dreux apparu nécessaire en raison de contextes trop différents,

2 scénarios seulement ont été rédigés par bassin selon les principes suivants :

- Un scénario de « réalité augmentée » s’appuyant sur le prolongement de l’état des lieux

dans le temps (une vingtaine d’années) : la stratégie déployée dans ces scénarios tend à

valoriser les atouts du bassin, à réduire ses faiblesses, à conjurer les menaces qui peuvent

peser sur lui à terme, à jouer d’opportunités, le tout sans rupture forte, mais dans un objectif

résolu de le rendre plus attractif avec tous les moyens du bord.

- Un scénario de « réalité décalée », courant lui aussi sur les vingt ans à venir, mais partant

contrairement au précédent d’une rupture de taille : le doublement en un an (l’année 2015)

du prix des carburants et des matières premières. Une crise brutale qui se rajoute à une

situation ambiante déjà peu facile, tout en rebattant les cartes, offrant des opportunités de

rebonds à condition de savoir faire preuve d’inventivité, d’audace, d’ouverture, et de se saisir

d’opportunités.

A- Un principe commun de volonté d’action…

Avant tout, précisons s’il en est besoin que ces « histoires d’avenir » n’ont nullement la prétention de

décrire la politique que chaque territoire devrait mener. Elles n’ont qu’une valeur illustrative dont

l’intention est de donner matière à réagir. C’est aux acteurs locaux de les réécrire, soit en s’inspirant

de certaines idées d’action, soit en en recherchant de plus appropriées. La seule voie discutable

serait de considérer que toute stratégie sur l’avenir est vouée à se voir démentie par les faits, et de

s’en remettre au seul hasard dans l’espoir qu’il fera peut-être bien les choses, ou pas si mal. La

démarche prospective se place à l’inverse dans une vision où le choix et la décision peuvent orienter

le cours de l’histoire, et c’est clairement ce principe de volonté et d’action qui forme le point

commun de tous les scénarios proposés.

B- …mais des actions très diverses

Ces 38 scénarios ont été rédigés par 28 auteurs. Il en résulte une disparité de style qui ne facilite

probablement pas la lecture. Mais elle est l’inconvénient d’un grand avantage, celui d’offrir une

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multiplicité d’approches, d’idées, de sensibilités, de convictions, qui après tout constitue la « marque

de fabrique » d’un CESER. D’ailleurs, cette diversité devrait inciter le lecteur à ne pas seulement lire

les deux seuls scénarios concernant son bassin de résidence ou de prédilection : si les scénarios

partent du contexte propre à chaque bassin, les actions qu’ils décrivent sont souvent applicables à

d’autres territoires de nature plus ou moins similaire.

Pour faciliter l’appropriation des scénarios, le présent chapitre en propose une synthèse sous la

forme d’une mise en perspective des pistes et des leviers d’action qu’on peut y trouver. Avant de les

examiner par thématiques, il est possible d’avancer quelques remarques communes à l’ensemble :

Des actions de natures différentes selon les deux scénarios…

La nature des actions diffère sensiblement selon les scénarios « réalité augmentée » et

« réalité décalée », les premiers s’appuyant davantage sur des critères d’attractivité d’ordre socio-

économique, les seconds, qui doivent bon gré mal gré faire souffler un air plus neuf, se construisant

soit à partir d’un ou plusieurs grands projets susceptibles d’entraîner de multiples effets positifs, soit

sur l’histoire, le patrimoine, et plus généralement la « culture » du bassin, soit encore (c’est le cas de

la plupart) sur une gouvernance émanant moins des institutions que des projets eux-mêmes.

… appuyées sur les spécificités de chaque bassin…

Pour cette raison, il se dégage une certaine typologie d’actions, sans pour autant qu’apparaisse une

corrélation flagrante avec des catégories de bassin de contextes similaires. Il ne faudrait pas en

conclure pour autant que tous les scénarios sont reproductibles partout de la même manière : une

attention particulière doit être apportée à la façon dont ils sont construits. Beaucoup reposent sur

une ou plusieurs spécificités du territoire, qu’il s’agisse de forces à développer ou de faiblesses à

conjurer, pour agencer un processus d’actions. Cela n’est pas sans conséquence pour l’action

régionale, qui du même coup, apparait « en creux » dans les scénarios : la politique territoriale peut

et doit être un moteur de l’action régionale, mais son bon fonctionnement suppose une approche

différenciée, idée qui sera développée dans le chapitre suivant car elle n’est pas sans questions ni

conséquences.

… et très diverses dans leur déroulement

Les auteurs des scénarios ont eu toute liberté pour le choix des hypothèses de déroulement. Certains

ont ainsi pu faire le pari de la réalisation d’une grande infrastructure (le POCL, par exemple), d’autres

non. Ou encore de se situer dans un prolongement de la production nucléaire, voire son

augmentation, ou à l’inverse, dans la réduction de cette production. Encore une fois, nous sommes

dans un exercice de prospective, il n’est en aucun cas question de prédire l’avenir, mais d’imaginer

toute une gamme d’évolutions possibles.

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C- Des clés de réussite

Aucun scénario ne raconte la sombre histoire du naufrage d’un bassin, même si dans certains, le pire

n’est évité que de justesse par un changement radical de la politique jusque-là suivie par les acteurs.

Tous sont résolument positifs (ou presque), du moins par leur parti-pris de volontarisme, bien que

certains ne s’interdisent pas d’attirer l’attention sur des risques de fragilité. On pourra certes

observer que cela ne suffit pas, que des conditions minimales existent pour que l’impulsion initiale

soit couronnée de succès, que tous les territoires sont à l’évidence bien loin d’avoir le même

réservoir d’atouts sur lesquels jouer… C’est vrai, mais on peut aussi remarquer que si les bassins,

dans les scénarios, jouent leur avenir sur leurs propres ressources, aucun ne le fait sans rechercher

des alliances internes et externes. S’il existe donc une condition préalable et commune à tous les

scénarios proposés, elle réside dans un mot-clef : l’ouverture, celle-ci se conjuguant à diverses

échelles, selon la localisation, le contexte et les potentialités de chacun. De même, il est difficile

d’imaginer que ces différentes partitions puissent apporter la richesse de leur registre spécifique à

l’ensemble, sans que soit assuré à un niveau plus élevé une orchestration permettant à chacune

d’exister et veillant à ce qu’aucune ne le fasse au détriment d’une autre.

Des histoires de « possibles »

Certains projets mis en avant par les scénarios paraîtront sans doute relever plus ou moins du « rêve

éveillé », voire de sacrifier un peu facilement à l’air du temps, sans que leur impact réel sur la vitalité

du bassin concerné soit bien avéré. Mais il faut les prendre pour ce qu’ils sont, des exemples à valeur

de symbole de solutions possibles. Il n’est au reste pas non plus impensable qu’une nouvelle donne

socio-économique ou une évolution des comportements leur confèrent avec le temps davantage de

crédibilité et de consistance, sous réserve que les acteurs locaux sachent les approfondir en y

mettant la conviction, la méthode et les moyens nécessaires, que ce soit en termes de Recherche et

Développement, de procédures techniques ou d’organisation.

2- ANALYSE DES SCÉNARIOS : APPROCHE GLOBALE ET THÈMES D’ACTIONS

RA : scénarios « réalité augmentée » RD : scénarios « réalité décalée »

A- Scénarios privilégiant une approche globale

Les scénarios qui présentent une approche globale s’appuient sur une ligne directrice, qui permet de

décider des priorités autour desquelles s’organisent les actions qui touchent à l’ensemble des

critères (économie, éducation, santé, logement…). Ils se construisent le plus souvent autour un

ancrage social, culturel et économique. Ils sont le fruit d’une habitude de travail en commun entre

acteurs du territoire, avec des territoires voisins et parfois même avec des partenaires étrangers.

Ils présentent trois points communs forts :

- Une prise de conscience collective. Ce peut être à l’occasion d’un événement déclencheur

comme la réouverture de la ligne SNCF (Chartres RD). Dans certain cas, lorsqu’une situation

de crise a perduré longtemps, qu’elle devient exacerbée, s’organiser devient un enjeu vital.

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Ainsi la perte de compétences disponibles à Châteauroux (RA) pose le problème du

renouvellement des actifs après plusieurs années de crise. Plus rare la prise de conscience

peut être le fruit d’une anticipation, qui permet de déclencher une mise en œuvre rapide en

cas de crise soudaine (la mise en place de l’intercommunalité à Chinon RD). Enfin, la crise

peut aussi être l’accélérateur d’une stratégie déjà pensée mais qui tardait à se mettre en

place, comme à Dreux (RD).

- Un (ou des) acteur(s) moteur(s), qui arrive (nt) à fédérer un ensemble plus large pour réfléchir

et mettre en place la stratégie : Il s’agit de « Thomas » à Chartres (RD), du maire de Chinon (RD)

de celui de La Châtre (RD), d’un groupe d’élus à Châteauroux (RA), au Blanc (RD), à Pithiviers

(RD), le sous-préfet à Romorantin (RD)…

- Des idées : la stratégie globale peut reprendre des projets pensés par le passé mais jamais

aboutis (la déconstruction d’avions et le développement d’un aéroport de fret avec des

investissements chinois à Châteauroux RA), des projets « nouveaux » ou des projets qui

trouvent un ancrage dans l’existant (l’éolien à Chartres RD, le centre de déconstruction

automobile à Romorantin RD), la diversification de l’économie autour de quelques axes

prioritaires (Chinon RD), la valorisation de l’histoire locale ou des produits et la mise en

réseau des entreprises (La Chatre RD et « l’économie verte » au Blanc RD).

Et puis il y a les bassins où l’histoire est prédominante. Elle se réinvente à Orléans (RD), qui bénéficie

de l’élection du Président de la république, pour asseoir une position de « capitale fédérale » et

Chinon avait anticipé

« Le maire interviewé : Je crois plus que jamais à deux choses : la première, c’est qu’on s’en

sort mieux ensemble que seul dans son coin. La seconde, c’est qu’il faut savoir regarder

l’avenir, même si on ne peut s’en faire qu’une idée imparfaite, même s’il y aura des

imprévus : l’important, c’est d’avoir déjà pris quelques longueurs d’avance. Anticiper fait

gagner du temps et facilite l’adaptation aux aléas. A cet égard, la mise en place des

intercommunalités – aussi difficile qu’elles aient pu être et d’ailleurs précisément pour cela,

et tout l’apprentissage d’un travail en commun sur l’échelle des bassins de vie nous auront

obligés à regarder au-delà des limites de nos mandats dans l’espace et dans le temps. »

Bassin de Chinon, scénario réalité décalée

Dreux revisite les anciens projets

« Or, la menace ne s’est pas concrétisée. On en vient même à se demander si la brutalité de

la crise du carburant n’a pas été au final salutaire, jouant le rôle d’accélérateur d’une

stratégie dont les bonnes intentions risquaient fort de se diluer, comme on l’a vu en maints

autres lieux, dans l’atonie de l’air du temps. Que s’est-il donc passé ? Pas facile de répondre

à une telle question, qui tient parfois d’une alchimie mystérieuse entre volontarisme,

opportunités et coup de chance. Ce qui frappe malgré tout, c’est que très vite, les acteurs

locaux ont su opérer des choix dans le panel hérité de l’agenda 21 et de leur politique

contractuelle avec la Région. »

Bassin de Dreux, scénario réalité décalée

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rayonner au-delà. Quant au bassin de Montargis (RD), il s’appuie sur son passé pour s’ouvrir aux

investissements chinois et retrouver la place, qu’il avait occupée par le passé dans le développement

industriel de la région.

Un scénario propose une approche de développement endogène qui « mobilise les potentialités du

territoire en période de pénurie (énergie et carburant), mais qui nécessite un changement radical des

modes de vie, une approche plus collective et moins individualiste » (Loches RD).

Sursaut de vitalité, pour sortir de la crise, certains scénarios interpellent par l’apparente facilité de

mise en œuvre d’actions déterminantes mais peuvent aussi parfois faire penser à un rêve éveillé.

L’auteur de celui de Pithiviers (RD) va même jusqu’à le présenter ainsi.

B- Gouvernance et stratégie d’ouverture

Peu présent dans les scénarios « réalité augmentée », hormis dans des bassins tels qu’Orléans, Tours

ou Dreux qui engagent des rapprochements motivés par un intérêt bien compris avec leur périphérie,

le thème est en revanche repris dans une bonne dizaine de scénarios « réalité décalée », et sous

plusieurs formes : renforcement plus ou moins volontaire – au sens nécessité fait loi – des

coopérations territoriales (Bourges-Vierzon), la ville centre comme « concurrent implacable » de sa

périphérie (Blois), animation et mise en réseau d’une stratégie de sursaut confiée à un organisme

tiers (le PNR de Brenne au Blanc), ou prise en main par la société civile vivant loin des centres de

services ou d’activités que les acteurs institutionnels peinent ou renoncent à assurer. Mais presque

tous les scénarios s’accordent de façon plus ou moins explicite sur un point : le repli sur soi équivaut

à la tentation du pire. A contrario, « l’esprit d’ouverture » apparait comme la forme actualisée de la

gouvernance, la condition sans laquelle aucun territoire, même les plus riches et les plus

dynamiques, ne pourront affronter l’avenir. Et cela même si ce n’est pas simple.

13 bassins tissent des liens avec leurs voisins en région Centre (Gien avec Orléans ; Tours avec

Loches, Chinon, mais aussi Blois, Châteauroux et Chartres ; Le Blanc avec Tours ; Orléans avec

l’ensemble de l’axe ligérien ; Saint Amand et Sancerre avec Bourges ; Pithiviers avec Orléans…).

Mais ces liens peuvent aussi concerner l’extérieur de la région : Châteauroux avec Limoges et sa

région ; Malesherbes avec la région parisienne ; Sancerre avec Nevers ; Saint Amand avec

Montluçon ; Le Blanc avec le département de la Vienne ; tandis que Chartres regarde vers le Grand

Paris, Haute Normandie comprise ; et Orléans jusqu’à Lyon !

A Chinon, le pari de la complémentarité

« Le maire interviewé : Oh que non, il faut une bonne dose de détermination, d’énergie, de

pédagogie, de diplomatie, pas mal de culot, mais aussi montrer qu’on est vraiment

capables de partager les bénéfices, quitte à renoncer à capter chez soi telle ou telle activité

ou service. Il ne s’agit pas de nier la concurrence, mais de réaliser que l’attractivité, la

compétitivité, ça passe aussi par la complémentarité… »

Bassin de Chinon, scénario réalité décalée

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C- Position géographique

La volonté de tirer parti de la situation géographique existe dans la quasi-totalité des scénarios à des

degrés divers - aucun ne se risque à essayer l’autarcie ! - mais certains en font le déclencheur de leur

action stratégique. Ce thème se retrouve surtout dans les scénarios « réalité augmentée », même s’il

est également présent dans les scénarios « réalité décalée » sous la forme d’une recherche de

complémentarité imposée par les faits. On voit ainsi Dreux se saisir des opportunités offertes par la

proximité et les flux avec l’Ile-de-France et la Normandie pour se faire reconnaître comme l’interface

avec la région parisienne ouest et les sites portuaires de Rouen et du Havre. Orléans passe du « ou »

au « et », s’intéressant au plateau de Saclay sans oublier de renforcer son partenariat avec

l’université de Tours, de mettre à profit ses relations avec Paris sans se désintéresser de tout ce qui

peut être développé vers l’axe ligérien, le sud et l’est. Montargis élargit son regard à d’autres repères

que la région parisienne et Orléans, Chinon affirme sans état d’âme son appartenance au grand

bassin de vie de l’agglomération tourangelle, Saint-Amand vise aussi bien le Berry que le

Bourbonnais, Châteauroux met en avant une proximité relative aussi bien avec la Cosmétic Valley

qu’avec les parcs naturels régionaux de Brenne et de Loire Anjou Touraine, la vallée de la Loire et

Tours.

D- La santé

La santé n’est abordée de façon spécifique que dans environ 50 % des scénarios. Elle est cependant

toujours considérée comme un préalable au maintien de la population (Bourges-Vierzon RD).

Quand elle est abordée dans les territoires ruraux, elle l’est comme un moyen de freiner la

désertification, au même titre que la culture et l’éducation comme à Bourges (RD), Chartres (RA),

Gien (RA, RD)… Il s’agit la plupart du temps d’installer des maisons de santé, d’encourager

l’installation de médecins (Blois RA, Romorantin RD, Chartres RA, Loches RA).

A minima, le scénario prévoit les moyens pour accéder aux services essentiels (santé, éducation,

culture) de plus en plus concentrés dans les grandes agglomérations (Bourges RD). Certains scénarios

vont jusqu’à proposer des solutions innovantes comme relier les malades aux médecins par un

Smartphone (Chartres RD), ou favoriser la mise en réseau des personnels soignants (Chinon RA,

Dreux RD).

A Blois, un état de fait assumé

« Situé entre les deux grandes agglomérations de la région, le développement du bassin ne

pouvait passer que par une coopération entre tous les acteurs de l’axe ligérien. Partant du

constat que les aires urbaines entre Tours et Orléans étaient désormais contigües, les élus

blésois encouragent l’institutionnalisation de cette entité en militant pour la constitution

d’un pôle métropolitain, devenu possible grâce à la réforme territoriale de décembre 2010.

Ce renforcement de la coopération territoriale s’effectue en intégrant Vendôme (et sa gare

TGV) à l’ensemble des débats… »

Bassin de Blois, scénario réalité augmentée

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Les bassins plus importants qui ont un hôpital tentent de le conserver en proposant des soins complémentaires, en lien avec les grandes villes avoisinantes (télémédecine à Blois RA), structure hospitalière commune (Dreux RA), tandis qu’au Blanc a été créé un plateau technique important et un poste aménagé pour hélicoptère, en organisant une mutualisation avec les hôpitaux de Châteauroux, Tours et Poitiers. C’est alors la question du dimensionnement et de l’articulation avec les bassins environnants qui est généralement traitée ou qui pose problème (Orléans RD).

E- Le logement

Comme la santé, c’est un thème qui, lorsqu’il est abordé, l’est surtout comme une condition pour

maintenir des populations seniors ou pour attirer des populations de jeunes actifs. Il peut aussi être

mis à contribution pour développer et accompagner l’économie locale par une politique volontariste.

Bien que jamais levier principal de mobilisation, la réhabilitation des logements, des projets d’éco-

quartiers (Dreux RA) ou de « quartier urbain mixte et durable (Vendôme RA) peuvent être à l’origine,

quand les conditions s’y prêtent, du développement de la filière bois (Loches SD).

La Châtre : une politique volontariste en matière de santé

« Le Directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS), confirmait que la création

simultanée des Maisons de Santé avait été déterminante dans le redressement d’une offre

de soin défaillante sur les deux communes du bassin de vie. Aujourd’hui, des professionnels

de santé et paramédicaux en nombre suffisant, avec pour certains un statut de salariés,

assurent le fonctionnement des MSP et des Ehpad (fréquentés à 80 % par les habitants)

auxquels sont associés des unités spéciales Alzheimer. La télémédecine a largement

contribué à la sécurisation des populations locales en partenariat avec les hôpitaux de

Châteauroux et le CHU de Tours, grâce à un effort stratégique particulier des collectivités

réunies au sein du RIP 36 (Réseau d’Initiative Publique) pour développer le très haut débit et

la fibre optique. »

Bassin de La Châtre, scénario réalité augmentée

La santé à Chinon, un projet cohérent intégré dans une stratégie globale

« Enfin, si la santé n’était pas pointée dans les travaux du CESER comme une menace pour

ce bassin, les élus et acteurs du territoire ont su faire preuve, sur ce point, d’une anticipation

aujourd’hui salutaire, ayant permis un renouvellement de la démographie médicale. En

effet, le besoin de renouvellement des professionnels s’est finalement rapidement fait

sentir, notamment dans la partie Sud de ce territoire, plus particulièrement menacée,

particulièrement au regard de son manque d’attractivité pour l’accueil de ces

professionnels, de la typologie de sa population, et de son isolement plus fort rendant plus

difficile l’accès aux soins et le développement d‘actions de santé publique. La mise en réseau

des acteurs de la santé a permis de donner corps à un véritable projet de santé pour le

territoire, très connecté à l’hôpital de Chinon et à la faculté de médecine de Tours, en lien

fort avec les acteurs en promotion et prévention de la santé. L’ensemble des politiques

évoquées précédemment (habitat culture notamment) liées à la qualité du cadre de vie ont

permis de conforter ces initiatives. »

Bassin de Chinon, scénario réalité augmentée

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Globalement, trois grands axes sont abordés dans les scénarios :

- le premier tourne autour de la rénovation et la construction de logement neufs (Bourges-

Vierzon RA, Chartes RA, « d’éco quartier » à Dreux RA, Sancerre-Aubigny RA),

- le second autour de l’adaptation des logements aux besoins des seniors (Sancerre-Aubigny

RD),

- le troisième autour de la sensibilisation du public aux travaux d’isolation et d’économie

d’énergie comme à Chartres (RA).

F- Transports et mobilité

A la lecture de la quasi-totalité des scénarios, les transports apparaissent comme un préalable : sans

offre de mobilité suffisante, la vie future des territoires semble bien incertaine. Il en va d’ailleurs de

même pour les technologies de la communication, peu abordées dans les scénarios (sauf dans le

scénario RD de La Châtre qui en fait un préalable, ainsi que dans celui du Blanc) peut-être

précisément parce qu’il s’agit d’une évidence… Il est vrai que répondre aux besoins de transports

suppose de pouvoir faire face à des coûts d’investissement et de fonctionnement sans commune

mesure. Sur ce point, la lecture des scénarios peut donner matière à quelques interrogations. La

plupart des scénarios RA évoquent des rénovations de liaisons ferroviaires, parfois routières, voire

des créations (POCL). C’est parfaitement compréhensible, mais à quelle capacité de réalisation faut-il

s’attendre à l’avenir ? Existe-t-il pour Orléans et Bourges une vie possible sans le POCL ? Dans les

scénarios RD, la nouvelle donne oblige à repenser la question de l’offre de transports en termes de

consolidation plutôt que de réalisations nouvelles. Une fois encore, l’évidence que l’union fait la

force s’y impose - ne serait-ce que pour discuter avec la SNCF ! - et parce qu’elle permet une

organisation plus efficace permettant le développement de nouveaux services. Ainsi, Tours ne

pourrait maintenir son bon potentiel sans coopération avec les bassins environnants. Tout ne se

maîtrise pas pour autant : les scénarios de Blois et de Bourges redessinent le territoire via un

mouvement migratoire vers les centres les plus importants ou les axes de transport collectif. Mais

une situation de crise peut aussi parfois ouvrir de nouveaux horizons : la montée du coût du

transport favorisera-t-elle les relocalisations de production (scénario RD d’Orléans). Faut-il y voir une

chance de relance du fret ferroviaire donnant à certains « nœuds » comme Montargis une occasion

de développement (scénario RD) ? Les transports doivent-ils être considérés comme un objectif en

soi, ou bien peuvent-ils s’intégrer à une stratégie définie visant d’autres cibles (scénario RD de

Dreux) ?

Le bassin du Dunois-Perche favorise le regroupement de l’habitat et les économies

d’énergie

« En matière d’habitat, deux réponses sont apportées aux conséquences de la crise

énergétique. D’une part, les territoires disposant d’un foncier accessible, le regroupement

d’habitations autour des pôles de centralité est encouragé par la mise à disposition de

terrains et de maisons au plus proche des centres, l’objectif étant de réduire l’impact des

déplacements domicile-travail ou domicile-loisirs. D’autre part, et au vu de l’ancienneté de

l’habitat, les travaux d’économie d’énergie sont en partie subventionnés par les collectivités

locales et des artisans locaux sont fléchés pour réaliser les travaux. Ces deux mesures

doivent permettre de réaliser des économies pour les habitants. »

Bassin du Dunois-Perche, scénario réalité décalée

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G- La formation et l’éducation

Présentes de façon directe ou plus diffuse dans presque tous les scénarios. Les acteurs sont sensibles

au décalage entre le niveau de formation de la population et les besoins des entreprises

(préoccupation centrale à Châteauroux RA). Préoccupation marquée dans les bassins qui

maintiennent une centrale nucléaire (Blois RA, Chinon RA, Gien RA, Sancerre-Aubigny RA) où il peut

être envisagé de créer un centre de formation spécialisé mais surtout de mutualiser les centres

existants sur les risques industriels.

La formation est considérée comme un préalable au développement économique des bassins et par

voie de conséquence à leur attractivité voire à l’évitement d’une désertification certaine. Aussi, en

présence d’une crise importante autant que brutale, le maintien d’une offre de formation supérieure

diversifiée devient un enjeu pour permettre aux jeunes de se former sans devoir aller à Orléans,

Tours ou Paris (Chartres RA). Se construisent aussi des complémentarités entre des bassins

limitrophes sur des formations en lycées professionnels.

Les bassins qui bénéficient aujourd’hui d’une présence de l’enseignement supérieur font tout pour la

maintenir, voire la développer (Blois, Chartres, Bourges, Châteauroux). Ce peut être en accueillant

des formations spécifiques et complémentaires (INSA Centre Val de Loire à Bourges RD, et Blois RA).

Beaucoup de bassins tentent de développer les formations supérieures courtes pour maintenir les

jeunes sur le territoire.

Plusieurs voient en l’apprentissage une solution pour répondre aux besoins des entreprises et les

accompagner dans de nouvelles orientations (Chartres avec l’ouverture d’un CFA pour l’éco-

construction (RD) et Aubigny RA avec la création d’un CFAI). Enfin, certains réfléchissent à une

meilleure articulation entre formation initiale et formation tout au long de la vie (Châteauroux RD).

A Loches, le bassin s’adapte…

« Les impacts de la pénurie de pétrole en termes de transports sont importants et

contraignent au développement de solidarités territoriales avec le développement de

réseaux de co-voiturage généralisés, de lignes de taxis collectifs, et l’organisation du

transport des personnes âgées devient une nécessité. (…) L’abandon des voitures

individuelles aboutit à un recentrage sur la consommation de proximité. Il y a une

désaffection des grandes surfaces dont les prix ont explosé en raison des coûts de

transports, et un développement concomitant des coopératives, non dans le seul secteur

agricole, mais également dans le champ de l’habitat, de la culture, des transports… »

Bassin de Loches, scénario réalité décalée

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H- L’économie

Les deux tiers des scénarios développent des mesures économiques, qu’elles soient au centre d’une

stratégie ou non. Il peut s’agir de maintenir ou de développer l’existant, comme Chinon qui choisit de

développer son tissu de PME (RA et RD), comme Blois (RD) qui encourage la diversification des

entreprises par des mesures d’aide à l’innovation. Chartres (RA et RD) s’appuie et aide au

développement des pôles de compétitivité. Bourges-Vierzon (RA) table plutôt sur l’opportunité de

relocalisations industrielles en lien avec des tensions géopolitiques à l’échelle mondiale et au

renchérissement du coût des transports.

Les grands bassins industriels pour lesquels la crise est très antérieure à 2008, « risquent d’être

entrainés dans une spirale de déclin » (Vendôme RD). Certains s’ouvrent alors aux capitaux étrangers

du « nouveau monde économique » : Châteauroux (RA) avec le projet Phénix et l’industrie de

déconstruction d’avions (Châteauroux RD et Montargis RD). Ils tentent aussi de se relever en se

rapprochant de territoires plus proches (créer un troisième Pôle économique dans le sud de la région

(Châteauroux RD).

La majorité des scénarios considère le haut débit ou le déploiement d’un réseau fibre comme une

condition de maintien de l’activité en particulier dans les zones rurales. Il permet aux entreprises de

se mettre en réseau ou de développer des marchés et facilite la « sous-traitance à domicile » et la

télémédecine.

Beaucoup de bassins, en particulier les bassins ruraux, contraints de s’adapter à la crise, saisissent

des opportunités pour développer les activités autour du développement durable (Filière bois,

écoconstruction, développement de l’agriculture et de l’élevage ciblés sur les circuits courts). Citons

Chartres (RD) où la stratégie devient plus globale avec les voitures électriques, le transport collectif,

le covoiturage ainsi que l’éolien, l’éco construction, l’économie d’énergie. C’est le choix également

clairement affiché du Blanc.

A Châteauroux, la formation soutient le développement économique

« De plus, dans le domaine industriel, les coopérations avec les centres d'ingénierie de

production d'électricité présents sur Tours se sont amplifiées et plutôt que de voir l'Empire

aux 20 Dynasties et 16 royaumes comme un rival, des projets mondiaux sont conduits par

des consortiums franco-chinois dont les flux de compétences passent en partie par le

territoire castelroussin.

Le territoire castelroussin retrouvait une dynamique économique tout en respectant et

profitant de atouts environnementaux. Mais pour soutenir ce développement, il fallait des

talents qui ne pouvaient pas tous venir de l'extérieur de la région. Aussi, le Rectorat, les

écoles, les réseaux consulaires et tous les opérateurs de formation se sont mobilisés en

anticipant la demande de compétences et ainsi répondre aux besoins dans un large éventail

d'activités. »

Bassin de Châteauroux, scénario réalité augmentée

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Dans d’autres bassins, plutôt ruraux, il s’agit de remobiliser l’histoire en s’appuyant sur la mémoire

encore vivante des territoires pour construire une cohérence économique et un art de vivre : c’est le

cas pour La Châtre (RD), Romorantin (RD) ou Saint Amand (RD).

I- Services, économie présentielle

Sans être développé par tous les scénarios, ce thème demeure dans la plupart des cas un objectif à

maintenir à tout prix ou à renforcer. Mais les moyens d’y parvenir peuvent être très différents selon

les scénarios. A Loches, Aubigny-Sancerre, ou Montargis (RA), il faut surtout répondre à une hausse

de la population due à d’autres facteurs, alors qu’à Blois, les initiatives prises dans ce domaine visent

à attirer certaines catégories de population. Le Blanc (RD) fait le pari, dans un contexte pour le moins

difficile, de la mise en réseau et de la mutualisation, et traite en partie la question par l’ouverture de

sections de formation dans le bâtiment et les commerces. Chinon (RA) soutient le développement

d’un tissu de commerces de proximité mais en conditionnant ses aides à certaines exigences.

Bourges (RD) opte pour la concentration en s’attachant surtout à favoriser la mobilité dans les zones

les plus isolées du bassin. A Blois (RD), les habitants de ces mêmes zones finissent par se prendre en

main. Mais c’est sans doute dans le scénario RD de Loches que l’évolution est la plus forte : autour de

Le Blanc, un bassin vert

« Une expérimentation nationale est alors lancée sur ce territoire, sous l’égide de la

Commission du développement durable de l’Assemblée nationale, présidée par un élu local :

elle décide de s’appuyer sur l’atout principal du bassin, son patrimoine naturel exceptionnel

et en utilisant les instruments d’une politique de transition écologique définie à l’échelon

européen. Une campagne de communication, « de quelle couleur est Le Blanc : vert ! », est

même lancée, popularisant l’image d’un bassin « vert et dynamique » (les seniors qui

restent encore « verts » sont même mis en avant !). »

Bassin du Blanc, scénario réalité décalée

La Chatre « re-compose » son territoire

« C’est le moment dans cette période traumatique, de se concentrer sur son histoire, son

patrimoine, sa campagne, sur ses ressources humaines, ses productions agricoles et

industrielles, sur ses services, de faire germer ce que peut devenir ce bassin de La Châtre en

2020 où de 1839 à 1846 pas moins de 40 morceaux de musique ont été composés par

Frédéric Chopin. Il a fallu un maire, président de l’intercommunalité, pour que l’idée

jaillisse : 40 mazurkas polkas, et valses ici ont été créés dans le pays de Nohant, il y a

maintenant deux cent ans, c’est aujourd’hui 40 projets pour ce bassin, 40 projets qui

porteront chacun le nom d’une partition de Chopin… Les 40 projets co-construits avec les

habitants, l’intercommunalité et les représentants de la société civile de La Châtre se sont

donc structurés à partir des 3 grandes fonctions repérées de ce territoire vulnérable : La

fonction PRODUCTION (notamment AGRICOLE), CULTURELLE, ici le patrimoine est riche

mais désespérément discret et mal valorisé, et enfin NATURELLE qui est l’essentiel de ce

territoire et sa richesse intrinsèque. »

Bassin de La Châtre, scénario réalité décalée

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la notion de qualité de vie qui prend une importance de plus en plus grande, un partage des rôles

s’opère progressivement entre institution et habitants par le développement de coopérations…

J- Energie

On aurait pu s’attendre à ce que nombre de scénarios s’emparent du thème de la transition

énergétique comme facteur possible de dynamisation de l’activité des bassins. C’est le cas dans un

nombre limité de scénarios « réalité décalée » à Loches, Gien, Le Blanc, Aubigny-Sancerre et Dunois-

Perche, qui décrivent des actions d’ailleurs reproductibles dans d’autres bassins. Mais si ce thème

mérite de figurer dans cette mise en exergue des leviers d’action développés dans les scénarios, c’est

en raison des approches concernant le devenir des centrales nucléaires, déclinées de façon différente

pour les bassins concernés au premier chef. A Blois (scénario RD), la décision nationale de relance du

nucléaire aboutit à la construction de deux nouveaux réacteurs à Saint-Laurent-des-Eaux, avec des

milliers d’emplois à la clef que le bassin espère bien capter pour l’essentiel. Situation différente à

Chinon dans le scénario RD, car c’est, pour le coup, la réduction de la part du nucléaire qui a été

décidée, et la centrale d’Avoine voit sa capacité de production réduite de moitié, mais le bassin a

anticipé en concentrant ses efforts sur d’autres activités. A l’inverse, le bassin d’Aubigny-Sancerre

(RA) fait de la relance de Belleville le fer de lance d’une active stratégie de développement, appuyée

par la Région. Gien verra aussi s’implanter à Dampierre le premier « réacthorium » français qui

prendra à terme le relais de la centrale actuelle (scénario RD)…

A Aubigny/Sancerre, la centrale mobilise les énergies…

« Courant 2012, EDF annonçait un important programme de rénovation de la centrale de

Belleville située dans le bassin(…) Les chambres consulaires et les collectivités locales

s’étaient alors mobilisées pour inciter les entreprises locales à s’organiser en réseaux pour

prendre la meilleure part de ces nouveaux marchés, acquérir de nouvelles compétences et

fortes de cette expérience, élaborer des projets pour pérenniser le développement au-delà

de ces 15 ans de travaux. »

Bassin d’Aubigny/Sancerre, scénario réalité augmentée

A Châteauroux-Issoudun, solution rime avec structuration

« … Ainsi, les zones rurales ont continué à perdre de l’activité mais elles ont trouvé un

nouvel équilibre avec une population moins importante. Ceci a permis de focaliser les

besoins vitaux de ces territoires sur les points nodaux structurant le département. Un

minimum de services publics, d’éducation, de santé a pu ainsi être maintenu, et le parc de

logements vieillissant a fait l’objet d’investissements ciblés permettant d’offrir aux

nouveaux arrivants des conditions de vie tout à fait intéressantes. Cette activité centrée sur

certaines zones rurales a permis aussi de donner une raison de faire vivre les commerces de

proximité et réciproquement. »

Châteauroux-Issoudun, scénario réalité augmentée

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K- La culture

Elle peut être considérée comme une condition de l’attractivité du territoire surtout s’il existe un tissu associatif actif notamment par le lien social qu’il engendre. La culture peut être considérée comme un bon vecteur pour maintenir et développer une activité touristique. Cela est mis en évidence à Bourges (RA) avec son « Printemps » et son patrimoine mais aussi dans le scénario de Chinon (RA) qui souligne la nécessité d’assurer une programmation culturelle de qualité tout au long de l’année pour attirer une population d’actifs sur le territoire. Cela est important pour les jeunes, avec une déclinaison académique quand dans le scénario de Blois (RA) le caractère culturel de la cité sert de promotion pour attirer des étudiants et maintenir une offre d’enseignement supérieur (les cafés de l’histoire), mais également avec une déclinaison distanciée et ludique : « les journées du Gai savoir » à Chinon (RD).

Si l’on étend la définition du terme à l’histoire d’un territoire qui imprègne le comportement collectif de ses habitants, alors la culture devient prégnante dans certains scénarios (Montargis RD, Châteauroux RD, Orléans RD, Romorantin RD, La Châtre RD, Saint Amand RD…).

L- Le tourisme

12 scénarios sur 38 évoquent le tourisme, avec une intensité variable. Modestie relative, qui

s’explique sans doute en partie par la question centrale : il s’agit de garder ou d’attirer des habitants

et non d’attirer des visiteurs. Il reste que l’un n’exclut pas l’autre, le tourisme aidant à diffuser une

Chinon et les Journées du Gai Savoir « Le maire interviewé : Chinon, c’est comme vous le savez une petite ville de grand renom,

mais il n’y pas que les vins ou le patrimoine ligérien. Nous avons aussi un illustre enfant du

pays, Rabelais, un des maitres de cet humanisme de la Renaissance qui a su faire le lien

entre son temps - qui était une extraordinaire époque de découverte à tous égards - et celui

du savoir hérité de l’Antiquité gréco-romaine. Nous avons donc décidé de nous fédérer sur

l’idée de promouvoir « les 3 H », Humanisme, Humanités, Humour. D’où ces Journées du Gai

Savoir qui rassemblent sur ce thème littérature, théâtre, philosophie, musique, mais aussi la

recherche, la médecine - Rabelais était médecin - les inventions technologiques, avec une

ligne de force commune : l’interdiction de se prendre au sérieux. »

Bassin de Chinon, scénario réalité décalée

Montargis, une histoire avec la Chine « Il faut bien voir que, vu de Pékin, Montargis n'est pas une simple petite ville, à la rigueur

moyenne, telle que perçue ou ignorée par les Français. Elle a accueilli dans l'entre-deux

guerres nombre des futurs acteurs de la Révolution chinoise, dont Zhou En Laï, qui à partir

de la France fonda ici le PCC, ou Deng Xiao Ping qui deviendra plus d'un demi-siècle plus

tard le chef suprême, de fait, de la République populaire… Comme ouvriers chez Hutchinson,

ils vinrent surtout se former politiquement dans le pays de l'autre grande Révolution, mais

aussi l'un des pays de la révolution industrielle. Ainsi, Montargis figure en bonne place dans

l'historiographie de la révolution chinoise, et y investir relève autant du symbole que de la

stratégie industrielle. Un tel investissement ne saurait donc souffrir d'un quelconque

renoncement de dernière heure, ou se limiter à une opération mineure. »

Bassin de Montargis, scénario réalité décalée

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image aux multiples retombées potentielles. Les auteurs se sont pourtant refusés à le considérer

comme une solution miracle, ou du moins celle que l’on ose encore avancer quand on est sceptique

sur tout le reste… Les scénarios, réalités augmentée et décalée confondues, abordent le thème sur

des angles variés : amélioration d’une offre d’hébergement estimée insuffisante (Bourges-Vierzon et

Le Blanc (RA), ciblage d’un tourisme de proximité (Dunois-Perche RA), travail sur l’organisation et la

mise en synergies des acteurs (La Châtre et Chinon RA). Mais c’est sur la nature même de l’offre que

beaucoup de scénarios insistent : Aubigny-Sancerre (RA) monte une véritable filière multi-activités et

multi-cibles et n’hésite pas à se rapprocher du Berry et du Val-de-Loire voisins pour élargir le panel

proposé, tout comme Chartres (RD) fait équipe avec Dreux, Tours avec Loches et Chinon (RA),

Vendôme avec Blois et le sud de la Sarthe (RA et RD), la plus-value de la complémentarité pouvant se

vérifier dans tous les domaines ! Pour Châteaudun, il s’agit d’un véritable facteur de développement,

Montargis valorise sa position de carrefour de canaux, Loches vise l’éco-tourisme (scénarios RD).

Mais le tourisme lui-même bénéficie souvent des retombées d’initiatives beaucoup plus larges,

dépassant la seule mise en valeur du patrimoine pour y puiser une inspiration sur laquelle le

territoire renouvelle son image et sa stratégie : Romorantin fait appel pour se repenser à Léonard

de Vinci, Chinon à Rabelais, La Châtre joue sa partition sur trois chemins (scénarios RD)…

Un des trois chemins de La Châtre…

« George Sand fait partie de ces grandes figures féminines et « le Chemin des Dames

émancipées » constitue un parcours plaisant, éducatif et historique, européen, où La Châtre

figure en ville étape. Cette reconnaissance ouvre une nouvelle perspective à Nohant et à sa

campagne alentour, car désormais, outre la maison natale, des semaines de séminaire sont

mises en place sur des thématiques et des ateliers « d’excellence » comme « l’égalité des

hommes et des femmes, une nouvelle humanité ». Cette activité a renforcé le réseau

hôtelier de La Châtre ainsi que ses fermes d’hôte. »

Bassin de La Châtre, scénario réalité décalée

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STRATÉGIE RÉGIONALE ET STRATÉGIES LOCALES : POUR UN E ARTICULATION GAGNANTE Les scénarios ci-dessus analysés constituent un gisement d'idées appréciable dans sa diversité quelque soit le degré de crédibilité de chacune d'entre elles. Il appartiendra aux acteurs locaux et au Conseil régional d'en prendre connaissance et de mesurer leur degré de faisabilité. C'est là une des attentes de la Section prospective du CESER. L'autre attente renvoie aux stratégies à mettre en œuvre pour que certaines de ces idées, et d'autres, puissent devenir réalité. Plus précisément, comment concilier une stratégie régionale et une vingtaine de stratégies territoriales ? Doit-on privilégier ces dernières (démarche ascendante), ou celle du Conseil régional (démarche descendante) ? Un peu courte serait la réponse consistant à trancher au profit d'un « coup par coup » contraire au concept même de stratégie. Aussi proposons-nous, dans un premier et deuxième temps, d'analyser au plan des principes les positionnements stratégiques souhaitables de l'institution régionale d'une part, des acteurs de bassin d'autre part. Sur cette base, un troisième temps sera consacré à la nécessaire coordination des stratégies, selon un schéma clarifié.

1- UNE RÉGION A L'ÉCOUTE, INCITATRICE, AIDANTE MAIS AUSSI FÉDÉRATRICE

La politique des bassins de vie initiée par le Conseil régional, d'abord annoncée au sein du SRADDT5, s'est traduite par un rapport spécifique voté en octobre 2012. Ce rapport a donné lieu, dans un avis du CESER, à un certain nombre d'interrogations sur la stratégie proposée. Les travaux de la Section prospective ont permis de les préciser, d'en élargir le champ, particulièrement en matière de positionnement stratégique de l'institution régionale. De par sa compétence en aménagement du territoire, la Région a une double obligation : - celle d'œuvrer pour le développement de l'ensemble de son territoire, c'est-à-dire pour l'intérêt général des populations de la région ; - celle d'aider au développement plus spécifique de chacun des territoires qui la composent, à différentes échelles, dont celle qui nous occupe prioritairement dans ce rapport. Cette dernière obligation ne saurait faire oublier la précédente, tant il est vrai que le devenir de chaque bassin tient au moins pour partie au devenir de l'ensemble de la région, et réciproquement.

A- Une stratégie régionale au service de chaque bassin

Cette stratégie renvoie d'une certaine manière à des obligations « régaliennes » vis-à-vis de chaque territoire, mais aussi à des obligations simplement morales, dictées par les grands problèmes du moment, comme l'emploi ou la santé. Cela étant, au double motif des compétences qu'elle détient et des financements qu'elle apporte, la Région peut-elle imposer sa vision en matière de politique des territoires ? Doit-on attendre qu'elle 5 Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire

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intervienne seulement sur les problématiques où des solutions comparables peuvent être appliquées partout ? Doit-on attendre de cette Région, au nom du principe de subsidiarité, qu'elle intervienne seulement là où le bassin ne peut agir ? Il n’existe évidemment pas une réponse unique et la Région l’a déjà montré dans ses orientations. Quelques exemples... Lorsque, dans le cadre d'une politique de l'emploi, la Région se bat pour que le POCL soit effectivement réalisé, et opte pour tel ou tel tracé, le bénéfice à en attendre n'est certes pas le même selon la situation géographique de chaque bassin et son accessibilité à la gare TGV la plus proche. Et pourtant, il faut le faire au nom de l'intérêt général, faute de quoi ce serait les bassins les plus fragiles qui, bien qu'éloignés d'une gare, souffriraient le plus d'un déclassement général de la région ou d'une partie substantielle de celle-ci. En revanche, s'agissant d'une politique de la Santé, l'opération « Maisons pluridisciplinaires de Santé » apparaît bien comme une manière, pour la Région, d'aider le plus équitablement possible tous les bassins de vie en difficulté sur ce plan ; de même pour la politique « Très Haut Débit » qui doit être assimilée à ce que fut en un temps l'électrification du territoire et des campagnes les plus reculées. Tout cela devant être fait sans automaticité. Il ne saurait être question de faire du « tout partout ». L'hétérogénéité des territoires est un fait qu'il convient d'aborder positivement dans toute politique de développement. La Région doit être attentive aux problèmes de tous les bassins, à l'écoute de leurs demandes et de leurs initiatives, tout en intervenant avec discernement. A cet égard, si les déclarations d'intention au sein du rapport du Conseil régional sur sa nouvelle politique territoriale vont dans ce sens, un dispositif de mise en œuvre trop normé pourrait se révéler contre-productif. On comprend bien qu'il faille aider les acteurs locaux, et en même temps éviter une politique de guichet contraire au concept même de stratégie. Mais il est indispensable de ne pas « brider » ces acteurs locaux, et les détourner d'un indispensable effort d'imagination et d'initiative tel que les scénarios de la Section prospective les y incitent.

B- Une stratégie régionale globale dont les bassins doivent être partie prenante

Une stratégie régionale ne peut se résumer à la juxtaposition d'une vingtaine de stratégies échafaudées à la seule échelle de chacun des bassins, fussent-elles partagées avec la Région. Celle-ci doit être aussi en capacité d'évaluer ce que tel Bassin de vie peut apporter au devenir de la Région dans son entièreté, afin d'agir pour que ce bassin serve au mieux l'intérêt général. A cet égard, certains des scénarios présentés par la Section prospective gagneraient à être évalués au niveau de la Région. Il n'y a pas là instrumentalisation d'un bassin de vie au profit d'un niveau spatial « supérieur », mais reconnaissance de sa possible participation, modeste ou substantielle, à des objectifs « supérieurs », de manière concrète mais aussi en termes d'image, à vrai dire, une reconnaissance de l'existence de chacun des bassins considérés. Cette participation n'implique pas une démarche strictement descendante : les territoires et leurs acteurs doivent être associés à des problématiques qui dépassent leurs intérêts propres. Mais cela suppose des choix clairs dans la nature et l'ampleur de l'appui apporté à chacun d'entre eux. Le « traitement » des bassins du Blanc ou de Dreux par l'institution régionale ne saurait être le même que celui des bassins d'Orléans ou de Tours, au nom d'un égalitarisme spatial mal compris et globalement destructeur. S'agissant de ces deux derniers bassins, on ne peut à la fois regretter l'absence d'une métropole régionale unique et incontestée (elles ne sont pas si nombreuses en France), et négliger d'optimiser l'atout que constitue, pour l'ensemble de la région, les territoires de

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l'axe « métropolitain » ligérien. Sans tomber pour autant dans un schéma simpliste du type : occupons-nous de la locomotive, le reste suivra... De la même manière, le « Sud régional » comme le « Nord régional », espaces intermédiaires, entre le niveau du territoire local et le niveau régional, méritent une appréhension et des traitements spécifiques à ces échelles dans l'intérêt de tous les territoires qui les composent.

2- DES STRATÉGIES DE BASSIN PRIVILÉGIANT L'IMAGINATION, L'OUVERTURE, LES MISES EN RESEAUX...

Une trop longue habitude des pratiques de guichet, le report de thématiques et d'actions réajustées à la marge d'une mandature « régionale » à l'autre et d'un CPER6 à l'autre, une certaine frilosité face aux électeurs, la difficulté réelle pour trouver des solutions à des problèmes réels, ont à la fois : - peu favorisé la recherche de politiques vraiment innovantes et l'émergence, à l'échelle des territoires de vie, d'une gouvernance digne de ce nom tournée résolument vers l'avenir ; - incité à « utiliser » les fonds régionaux comme de simples compléments de ressources et non comme un « plus » permettant d'aller au-delà d'une gestion traditionnelle et à terme rapproché ; - et maintenu un certain enfermement au mieux dans l'espace vécu des habitants, et en fait le plus souvent dans les espaces plus restreints, collant moins aux réalités, que sont les communautés de communes ou d'agglomération, les Pays, voire les communes elles-mêmes (contrats Ville Moyenne).

A- L'imagination au pouvoir.

Pour cette imagination, nous renvoyons aux scénarios notamment « décalés » de la Section prospective, non pas tant pour qu'ils soient suivis mais pour que l'esprit dans lequel ils ont été conçus interpelle et pour que, dans certains cas peut-être, une expertise soit menée avec éventuelle validation in fine. Cet effort d'imagination ne signifie pas tomber dans l'irréalisme et des initiatives vouées à l'échec. Il suppose un diagnostic renouvelé, parfois une remise en cause raisonnée de certitudes devenues discutables. Il suppose un examen plus approfondi de ce qui se passe ailleurs. Il suppose aussi une sollicitation bien comprise du regard de la Région, laquelle avec plus de recul mais aussi d'expérience, peut être d'un accompagnement précieux dès ce stade conceptuel.

B- Une nécessité d'ouverture

En d'autres termes, l'ouverture doit donc être de règle, ne serait-ce que parce qu'elle est porteuse d'imagination. La mise en place des bassins de vie par la Région ne doit surtout pas aboutir à ce que l'horizon des initiatives s'y arrête, même si ce bassin de vie peut constituer déjà un élargissement de l'horizon qui prévalait. Cela vaut pour les bassins les plus ruraux et aux atouts a priori les plus limités. Cela vaut aussi pour les plus favorisés démographiquement, économiquement et par leur situation géographique. Ainsi, deux bassins voisins et « cousins » par leurs spécificités comme ceux de Saint-Amand-Montrond et de La Châtre peuvent gagner à mettre en commun certaines de leurs analyses et de leurs initiatives, l'union pouvant faire la force. Plus précisément, il n'est pas dit que La Châtre et Saint-Amand, chacun de leur côté, puissent seuls répondre aux besoins et attentes des populations qui en dépendent. Certains équipements et/ou services demandant des déplacements non 6 Contrat de Projet État-Région

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quotidiens ou même non hebdomadaires peuvent en concertation se répartir entre les deux pôles pour éviter soit des doublons coûteux, soit des niveaux de satisfaction médiocres, soit tout simplement qu'ils ne puissent se maintenir ou émerger ni dans un pôle ni dans l'autre. Cette ouverture des bassins ruraux centrés sur de petits pôles sur leurs voisins immédiats peut s'élargir, notamment à l'échelle des grands sous-ensembles que constituent le Sud régional et le Nord régional. Les enjeux y sont différents, et à la différence d'un rapprochement entre bassins voisins de même nature, ils intègrent des relations et synergies souhaitables avec les chefs-lieux départementaux que sont Bourges et Châteauroux pour le Sud, Chartres pour le Nord, voire Vierzon et Dreux. Que ce soit dans les domaines de la santé, de la formation, de la culture et du tourisme... certaines stratégies ne peuvent être conçues qu'à cette échelle tout en permettant une diffusion des effets dans l'ensemble des bassins. Ouverture enfin pour les bassins de vie les mieux « dotés », dont sans doute les chefs-lieux précédents, mais surtout ceux sous-tendus par les deux agglomérations de Tours et Orléans. Grande est la tentation pour chacune de ces agglomérations et de leurs aires urbaines de faire cavalier seul. Même abstraction faite d'une éthique régionale qu'on aimerait voir mieux affirmée, l'ouverture sur l'autre, la mise en commun de certaines initiatives, voire structures et équipements, relèvent d'une pertinence bien comprise. Cela renvoie aux dossiers hospitaliers et universitaires de Tours et d'Orléans, mais aussi à des politiques de transports, des politiques culturelles, touristiques, promotionnelles au-delà des frontières... toutes choses ne pouvant qu'être profitables aux trois bassins de cet axe ligérien sans porter ombrage, au contraire, aux bassins septentrionaux ou méridionaux.

C- Un travail en réseaux

C'est là une nécessité quasi vitale, en corollaire avec celle de l'ouverture à l'instant évoquée. Le territoire n'est pas en tant que tel une individualité agissante, d'autant que pour l'heure il n'existe pas institutionnellement. Dans l'attente d'une réforme territoriale radicale, ses acteurs émargeant à plusieurs structures et espaces de réflexion et de décisions doivent se fédérer. Il ne s'agit pas que des élus. Certains territoires peu densément peuplés ne peuvent pas se permettre d'ignorer tous ceux qui, eux-aussi, en assurent la dynamique : associations, socio-professionnels... Il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine.

D- Une vision non limitée au futur immédiat

La Section prospective - c'est sa raison d'être - se plaît à le recommander, même s'il est des urgences impliquant des réponses rapides. Ce rapport prend en compte une durée de 20 ans et c'est en soi un message et non un automatisme technocratique. Les acteurs locaux doivent se faire une obligation d'agir pour des résultats qui s'affirmeront au-delà de leur mandature. Certains font cet effort de désintéressement ; d'autres peuvent progresser.

3- UNE COORDINATION STRATÉGIQUE RÉGION/BASSINS ADAPTÉE AUX GRANDES PROBLÉMATIQUES ET AUX SPÉCIFICITÉS LOCALES

Trois cas de figures recouvrant divers questionnements ont été ci-dessous retenus selon que le territoire ou la Région sont à l'initiative, ou que leurs stratégies sont partagées. Ces trois situations possibles seront illustrées de manière non exhaustive, en renvoyant aux critères d'attractivité mis en

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exergue dans le deuxième chapitre, et aux scénarios dits de « réalité augmentée » ou de « réalité décalée » (3ème chap. et Cahiers des scénarios).

A- Le bassin est principalement à l'initiative et à la mise en œuvre

Dans ce premier cas de figure le territoire est en capacité d'élaborer, de mettre en œuvre et de financer pour l'essentiel sa propre stratégie ; ce qui n'exclut pas une mise à profit des réflexions et expériences de la Région. Plusieurs des scénarios territoriaux proposés s'inscrivent dans cette perspective, dans des domaines aisément identifiables. Au premier rang d'entre eux, très logiquement, la gouvernance. Point de stratégie locale digne de crédibilité sans un effort de rationalisation, de coopération entre les acteurs du bassin, d'ouverture en direction des territoires voisins. Les scénarios privilégiant une « stratégie globale » (3ème chap.) sont les mieux-disant en la matière, à partir d'une réalité préexistante, d'une histoire, ou d'un évènement provoqué... jouant non seulement le rôle de déclencheurs, mais favorisant une prise de conscience collective. Tel est le cas pour les scénarios RA de Châteauroux (à partir du dossier aéroportuaire) ou les scénarios RD de Dreux, de Romorantin (déconstruction automobile)... De même pour les scénarios « globaux » misant sur une action particulièrement visible ou sortant de l'ordinaire, avec l'espoir que cette visibilité jouera sur l'attractivité générale du territoire. Les thématiques plus sectorielles renvoyant à l'organisation de l'espace au sein du bassin ont également une vocation forte à relever d'une stratégie propre. Sont concernées les politiques du logement, de l'implantation des zones d'activités, de la protection des espaces agricoles et naturels, mais aussi des transports strictement locaux. C'est ce qu'illustrent, pour les politiques du logement, les scénarios RA de Bourges-Vierzon, de Chartres, de Dreux, et ceux de Sancerre-Aubigny (RA et RD), en notant qu'ils se cantonnent à la rénovation, l'isolation, l'adaptation aux seniors et évoquent assez peu la construction de logements neufs et, ipso facto, des politiques foncières renouvelées. Comme si l'arsenal POS/PLU, SCOT... était a priori perçu comme un domaine trop sensible pour que les acteurs locaux fassent d'eux-mêmes évoluer sensiblement leurs pratiques. On touche là, s'agissant de l'occupation de l'espace au sens strict, à une forme de limite en matière de stratégie autonome des territoires. A cet égard, le niveau régional, via la mise en place d'un EPFR7 tel que cela a été prévu dans le SRADDT, devrait être concerné à l'avenir, avec une mise en synergie des stratégies locales et régionale. Ce niveau régional n'a pas vocation, a priori, à interférer de manière significative dans la politique des déplacements strictement internes d'un territoire ; en notant que cette politique locale a certes à répondre aux besoins présents des populations en matière de mobilité, mais peut aussi jouer un rôle de levier dans le cadre d'une stratégie de réorganisation dudit espace. Et d'évidence, une telle stratégie ne saurait être la même selon les territoires. En milieu rural, il ne peut s'agir que de stratégies « douces » (Loches RD), relevant effectivement de l'initiative locale, et adaptées à la dispersion des habitants et aux faisabilités financières locales ; l'objectif étant de favoriser le maintien et le développement des services de relative proximité dans la ville-centre, petite ou moyenne, faute de pouvoir le faire ailleurs. La chose n'est pas aisée du fait de l'interférence avec des stratégies volontaristes d'économie d'énergie et de limitation des émissions de CO2, ce qui explique sans doute que la question soit peu abordée dans les scénarios. Il y a néanmoins à progresser en direction de modes de déplacement plus économes en énergie et prenant plus en compte, y compris à cette modeste échelle d'un territoire, le changement climatique annoncé.

7 Établissement Public Foncier Régional

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En milieu urbain dense, les possibilités qui s'offrent à l'initiative locale sont beaucoup plus larges, de même que les financements : les budgets des collectivités concernées sont d'une autre dimension ; la massivité des besoins diminue d'autant les seuils de rentabilité. En outre, l'ampleur même des investissements se prête plus aisément à des appuis extérieurs, et donc à des stratégies partagées avec celles de la Région, de l'Etat, de l'Europe. Ainsi que l'illustrent plusieurs des scénarios présentés (Chinon RA et RD, Nogent-le-Rotrou RA, scénarios RD de Loches, La Châtre, Romorantin, Montargis, Orléans, St Amand, Châteauroux...), les domaines de la culture, du sport, du tourisme entrent également et prioritairement dans le champ de stratégies locales largement autonomes. Et il doit en être ainsi, sauf évènement majeur, éventuellement récurrent et exigeant une aide extérieure (Le Printemps de Bourges par exemple). Plus peut-être que des retombées économiques à en attendre, il en va de l'attachement des populations à leur territoire, à son patrimoine naturel et culturel, à ses traditions festives, sportives... et au-delà, il en va de l'existence même de ce territoire en tant qu'entité humaine et agissante à cette échelle. Sous réserve que cet attachement ne glisse vers un repli identitaire... la culture, les sports, le tourisme étant des domaines où l'enfermement dans l'espace immédiatement perçu et vécu n'est pas souhaitable. D'évidence, certaines structures et actions, certains équipements relativement lourds appellent des stratégies communes entre territoires voisins, en particulier lorsque chacun d'entre eux n'a ni les moyens financiers suffisants, ni la masse démographique critique. On le voit, aux échelles définies par la Section prospective, les territoires peuvent générer une riche palette d'initiatives, avec mises en œuvre largement autonomes, y compris pour des bassins peu densément peuplés et relativement isolés. Mais cela suppose, dans tous les cas, une mise en réseau des acteurs du territoire concerné, voire de plusieurs territoires voisins. Malheureusement, pour l'heure, il faut compter avec le handicap que constitue la non correspondance entre l'échelle spatiale du bassin et celles des structures locales de réflexion et de décision (communautés de communes et d'agglomération, Pays, PNR...). La politique des bassins de vie proposée récemment par le Conseil régional vise certes à réduire ce handicap, mais très incomplètement. De véritables stratégies de territoires prendront corps de manière durable et efficace lorsque correspondront « territoires de vie, territoires de projet, et territoires de gestion ». Telle était la phrase de conclusion de l'avis porté par le CESER sur la nouvelle politique territoriale annoncée par le Conseil régional en septembre 2012.

B- La Région est principalement à l'initiative et à la mise en œuvre

Ce deuxième cas de figure renvoie certes aux compétences de la Région-institution, mais aussi à tout ce qui relève de l'intérêt supérieur de la région et de ses habitants. Cela n'exclut pas pour autant une concertation avec les territoires, notamment à l'amont des prises de décision stratégique, mais également au stade des réalisations sur le terrain afin que la dite décision stratégique s'y traduise de manière optimale. Se trouve au premier chef concerné tout ce qui relève au sens large des communications : les transports autres que ceux internes à chaque territoire, le Très Haut Débit. Un certain nombre de scénarios privilégient les transports mais comptent implicitement sur des décisions et des financements extérieurs aux territoires concernés, lesquels en sont donc totalement dépendants. C'est vrai tant pour le POCL (notamment pour les scénarios de Bourges et Orléans) que pour la modernisation du réseau ferroviaire existant, que ce soit le POLT (scénarios de Châteauroux ...), ou les relations avec Paris (scénarios de Dreux et Chartres) ou des liaisons plus localisées (scénarios de Loches ou d'Orléans pour la réactivation de la ligne de Châteauneuf-sur-Loire). Il en est de même

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pour l'amélioration du réseau routier/autoroutier (axe de l'ex-N151 reliant Bourges et Châteauroux). Sans oublier l'aéroportuaire avec les scénarios de Châteauroux, ou la prise de conscience de l'importance jusque-là minimisée du carrefour montargois. Bien entendu, la généralisation du Très Haut Débit est attendue dans plusieurs scénarios, et plus souvent sous-entendue comme si cela allait de soi... tant cela dépasse la compétence et les possibilités d'un territoire. Et pourtant, il faut bien que cela se fasse, et seule une stratégie régionale doit y pourvoir. Le niveau départemental, malgré un « coup parti » relativement réussi dans le Loiret, ne saurait être retenu sous peine d'introduire des inégalités insupportables d'un département à l'autre. Il en va du développement socio-économique de chacun des territoires comme de l'ensemble de la région en faveur duquel l'institution, dans le cadre du CPER notamment (hors volet territorial), a logiquement pris l'initiative en développant sa politique de « Grands Projets ». Les uns devant favoriser l'innovation (Pôles de développement et d'excellence de la Recherche, Pôle d'efficacité énergétique, Pôle de recherche et d'enseignement supérieur) ; les autres devant consolider la compétitivité et l'attractivité de l'ensemble des territoires. Même si ces derniers, pris individuellement, se trouvent associés de fait à ces stratégies régionales en fonction de leurs spécificités et ne peuvent donc que gagner à les intégrer, au moins dans certains cas, dans leur propre stratégie. Cela n'est d'ailleurs pas évident dans tous les domaines, tel celui de l'enseignement supérieur (dont la compétence relève théoriquement de l'Etat, mais aussi, en pratique, de la Région). Plusieurs scénarios répondent bien au désir de certains territoires de mener leur propre politique en la matière, forts de « réussites » antérieures comme l'INSA Centre Val de Loire. Mais jusqu'où peut aller une prise en compte des stratégies locales par la Région, ou l'Etat, sans que soit compromis le devenir des deux universités existantes ? La réponse se trouve dans le PRES8 mais certainement pas dans un esprit de concurrence entre territoires censés appartenir à une même région. C'est particulièrement d'actualité pour la formation des médecins.

C- Initiative et mise en œuvre partagées entre Région et territoires

Ce troisième cas de figure recouvre tout ce que ni la Région, ni tel territoire ne peuvent raisonnablement initier et assumer seuls ; il est aussi le « lieu » qui assure de manière concrète la mise en cohérence, la connaissance réciproque des problématiques locales et régionales par les acteurs concernés. Il trouve sa traduction notamment dans le volet dit « territorial » du CPER, voire dans les Fonds Européens. Les scénarios élaborés par la Section prospective l'ont été dans un esprit assez éloigné de celui qui transparaît à la lecture de ce volet territorial. Le plus souvent, d'ailleurs, la Région n'apparaît qu'en creux dans ces scénarios, de manière implicite, entendons financièrement. Il y a là comme un message involontaire en direction des acteurs de la Région et des territoires pour qu'ils fassent un effort d'imagination et se rapprochent pour s'auto-convaincre et agir ensemble. A vrai dire, la gravité de certains problèmes tend aujourd'hui à encourager ces acteurs à aller dans ce sens. C'est le cas pour la Santé en tant que service existentiel de proximité. La Région a initié une politique courageuse de « Maisons de santé » dont on notera qu'elle « colle » bien à l'échelle des territoires de vie. Les acteurs locaux en ont bien compris l'intérêt, d'autant qu'ils l'avaient parfois anticipée sous une forme voisine. Plusieurs scénarios s'y réfèrent, mais les suggestions de certains

8 Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur

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d'entre eux en direction d'initiatives plus innovantes montrent bien, face au déficit en médecins, que ces maisons ne suffiront pas à résoudre les problèmes si personne ne s'y installe. C'est le cas pour les scénarios de Chinon et de Dreux (mise en réseau des acteurs de la santé), de Blois (télémédecine), de Chartres (lien « Smartphone » entre patient et médecin), du Blanc (recours plus systématisé à l'hélicoptère). Un partage optimal des stratégies régionale et locale doit donc intégrer plus concrètement ces idées dont certaines viennent du terrain. La formation professionnelle relève des compétences de la Région. Mais comme pour la Santé, elle émarge à une problématique existentielle majeure (celle de l'emploi), qui exige des stratégies étroitement partagées dépassant le cadre des compétences institutionnelles. Les scénarios de la Section prospective y sont sensibles : incitation à réduire le décalage entre niveau de formation et besoins des entreprises (scénario RA de Châteauroux...), formations spécifiques pour les bassins dotés d'une centrale nucléaire (scénarios RA de Sancerre-Aubigny, Gien, Chinon, Blois), adaptation des formations en apprentissage aux nouvelles orientations des entreprises (scénarios RA d'Aubigny, Chartres). En toile de fond : le développement économique pour lequel la majorité des scénarios propose des mesures forcément en ordre dispersé. Certaines de ces mesures méritent de « remonter » au niveau régional pour expertise, et éventuellement prise en compte dans des stratégies qui ne peuvent qu'être partagées. Cela vaut pour les scénarios bâtis à partir de grands projets faisant appel aux capitaux étrangers (scénarios de Montargis ou de Châteauroux). Cela vaudrait aussi pour cette zone d'activité d'intérêt régional que le CESER avait proposé, dans le cadre de l'élaboration du SRADDT, de greffer entre Bourges et Vierzon sur la future gare TGV... Enfin, cela vaut pour les scénarios bâtis autour du développement durable. A cet égard, et d'évidence, la gravité de la problématique environnementale, elle aussi existentielle, exige une mise en commun des stratégies transcendant compétences et positionnements politiques. Il n'est de stratégie « régionale » en la matière si les territoires, au-delà de la relayer, ne la co-construisent dans la durée. La Région a de manière très volontariste montré la direction et proposé des collaborations dans son Agenda 21, ou dans le volet « Climat » de son SRADDT. La formule a fait florès et c'est tant mieux. Mais l'interdépendance des stratégies reste à parfaire, notamment dans le domaine sensible du foncier plus avant évoqué. Au total, en termes d'articulation des stratégies régionale et locales, et au regard des scénarios élaborés par la Section prospective, l'analyse des trois cas de figures retenus incite à clarifier les vocations des uns et des autres : - en s'appuyant sur le principe de subsidiarité (premier et deuxième cas de figure) : la Région laisse (tout en les encourageant) les territoires prendre des initiatives et les mettre en œuvre dans les domaines où cela est possible et souhaitable; elle assume de son côté, certes en concertation, ce qui doit et ne peut que lui revenir ; - en complétant ce principe de subsidiarité (troisième cas de figure) pour les problématiques où le territoire comme la Région ne peuvent agir l'un sans l'autre, où initiatives, financements et mises en œuvre doivent être pleinement partagées. Autrement dit, souhaiter une articulation optimale entre stratégies régionale et locales ne saurait signifier ni une intervention tous azimuts de la Région en matière de politique territoriale, ni une attente tous azimuts des initiatives et aides régionales de la part des territoires.

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CONCLUSION

L’attractivité des territoires est une notion qui tend à subir le sort des évidences par trop ressassées : elles en deviennent presque abstraites. Le travail qui vient d’être présenté s’est efforcé de lui redonner chair et vie, ne serait-ce pour commencer qu’en s’abstenant d’en donner une définition. Il est vite apparu, au fil des réflexions des membres de la Section prospective et de leurs échanges, qu’il n’existait pas un modèle standard d’attractivité, mais des formes d’attractivité qui dépendent en grande partie des spécificités de chaque territoire, tout comme il existe par ailleurs des attentes propres à chaque individu. L’approche retenue s’appuie donc principalement sur les réalités locales, dans la conviction que par leur diversité même, elles sont riches de potentialités. Elle fait aussi le constat que les attractivités - le pluriel semble en effet de mise - évoluent avec le temps. Ainsi, la carte de l’attractivité économique ne peut plus de nos jours se dessiner en indépendance totale de la carte de l’attractivité pour la population. Des critères tels que les transports, la santé, l’éducation, les loisirs, la culture, l’environnement naturel, et plus généralement tout ce qui contribue à la qualité de la vie, ont pris une place qu’ils n’avaient pas à un tel degré auparavant. On ne peut donc plus parler - si tant est que cela n’ait jamais été le cas - d’un modèle unique de développement territorial. Les « recettes » pour attirer telle ou telle catégorie de population, ou même pour implanter une entreprise, sont devenues très diverses, et d’ailleurs parfois même contradictoires, la présence de telle ou telle activité pouvant parfois s’avérer répulsive pour la population. La notion même de territoire devient quasiment insaisissable dès lors que l’on cherche à l’enfermer dans une acception par trop conceptuelle. D’abord, les territoires sont en pleine mutation et leurs périmètres deviennent bien difficiles à définir tant ils sont mouvants et soumis à des phénomènes d’attraction entre agglomérats plus ou moins denses. Ensuite, et il importe d’insister sur ce point, parce qu’ils ne se résument pas à un espace géographique ou administratif : ils sont certes cela, mais aussi des supports où s’exercent diverses forces : des activités multiples, un écheveau de relations, un héritage de mémoires plus ou moins diffuses tout autant qu’une source de projets, et ce qui est peut-être essentiel, un creuset d’espérances collectives. Les 38 scénarios proposés jouent sur des registres très variés, chacun avec une logique qui lui est propre, mais la plupart sinon tous ont en commun, de façon plus ou moins explicite, de parier davantage sur les initiatives locales que sur l’application de stratégies globales venues « d’en haut », sans exclure pour autant le bon usage de toute opportunité qui pourrait se présenter. Ce pari n’ignore pas que l’échelon local puisse être amené à subir, pour le meilleur et pour le pire, les effets de décisions prises à une échelle supérieure sur lesquelles il n’aurait guère de prise. Il part simplement du principe qu’il s’agit là d’une sorte de règle du jeu commune dont les forces créatrices de chaque territoire sont l’indispensable contrepoids. Si celles-ci s’exercent isolément, sans aucun lien entre elles, le risque est grand de les voir rapidement s’étioler et sombrer dans l’impuissance. Or, un territoire se fonde aussi sur tout un système complexe de relations humaines : c’est là son atout principal, qui existe quelle que soit la densité de sa population ou son dynamisme socio-économique, même s’il leur est relatif. La clef d’une politique territoriale réside au fond dans l’art - le mot n’est sans doute pas trop fort - de faire interagir les éléments divers de ce système, qu’ils soient politiques, économiques, sociaux, culturels ou patrimoniaux, afin de le conduire à un fonctionnement optimal. La dominance d’une vision fondée à l’excès sur la concurrence a favorisé ces dernières années l’analyse des relations entre les territoires et leurs acteurs en termes de rivalité : il s’agit de faire mieux que les rivaux. Dans cette approche, le rôle des pouvoirs publics consiste à renforcer les

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avantages concurrentiels des territoires en ne considérant leur attractivité que par le prisme de la compétitivité. Les territoires sont alors perçus comme des espaces ressources mis à disposition des activités les plus porteuses. A ce jeu, ceux qui ne pourront prétendre à jouer dans la cour des grands devraient se résoudre à ne pas accueillir grand monde, sinon des touristes ou des retraités : il n’est pas sûr dans une telle logique que la région Centre puisse prétendre à beaucoup mieux pour une bonne part de son territoire. L’approche proposée par notre Section propose une voie différente combinant dans la plupart des cas développement endogène et recherche d’ouverture extérieure, ainsi que la mise en œuvre de stratégies coopératives, non seulement internes à chaque type d’activité, mais cherchant à se combiner entre elles. Cela suppose sans doute une certaine capacité de révolution mentale pour toutes les parties prenantes, qu’elles soient internes au territoire ou d’un échelon plus large. Les relations humaines ne se quantifient pas, ne se décident pas, et ne se « gèrent » que de façon très approximative. En revanche, on peut les susciter, les accompagner, les favoriser. Et avoir le courage de leur faire confiance, en sachant les laisser aller leur chemin… « Ce qui est probable n’arrive pas toujours : parfois, un dieu malin fait jaillir l’imprévu ». Ce propos du dramaturge grec Euripide9 peut paraître pour le moins paradoxal pour conclure un travail de prospective. Il ponctue en forme de point de suspension trois tragédies où tout parait jouer d’avance, dans le sens d’un désastre inéluctable ! Mais le coryphée rappelle qu’il existe au moins l’espoir de l’imprévu. Le « dieu malin », on peut pour cela s’en remettre à l’humanisme grec, n’est à chercher nulle part ailleurs qu’en nous-mêmes. L’imprévu est en ce sens ce qui fonde la réflexion prospective. D’abord parce qu’on n’est jamais à l’abri d’un coup de chance, comme d’un coup du sort : encore faut-il s’y préparer. Ensuite parce que l’imprévu réside aussi dans notre capacité à refuser tout ce qui nous apparaît - ou nous est présenté - comme une fatalité, à contrarier le cours réel ou supposé des choses par des idées, des paris, des initiatives que nous savons partager, au-delà de tout système trop globalisant et construit sur lui-même, qui ne peut avec le temps que se rigidifier jusqu’à l’insoutenable. A l’issue de ce travail, notre conviction est que l’imprévu viendra - et vient déjà - des territoires, aussi mouvant soient-ils, et qu’ils seront à l’avenir le champ des espoirs, des inventions et des évolutions de nos sociétés.

9 Cité par Edgar Morin dans plusieurs ouvrages et conférences. La traduction littérale serait plus précisément :

« Ce qu’on attendait demeure inachevé / A l’inattendu les dieux livrent passage »

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ANNEXE

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ANNEXE N°1 : PROFILS D’ATTRACTIVITÉ DES BASSINS DÉMOGRAPHIQUES

Bassin de Chartres

Bassin de Dreux

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Bassin du Dunois-Perche

Bassin d’Orléans

Bassin de Gien

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Bassin de Montargis

Bassin de Pithiviers

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Bassin de Blois

Bassin de Romorantin

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Bassin de Vendôme

Bassin de Tours - Amboise

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Bassin de Chinon

Bassin de Loches

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Bassin de Châteauroux - Issoudun

Bassin de La Châtre - Argenton-sur-Creuse

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Bassin du Blanc

Bassin de Bourges - Vierzon

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Bassin de Sancerre - Aubigny-sur-Nère

Bassin de Saint-Amand-Montrond

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