Quinze propositions pour

le collègePhilippe Meirieu

1• Définir clairement les connaissances et les

compétences exigibles à l’issue de la scolarité obligatoire :– savoir « lire le monde » dans des

différents domaines (historique, politique, économique, social, juridique, culturel, technologique…) ;

– savoir « vivre dans le monde de telle manière que le monde vive plus longtemps que nous » (enseigner « le principe responsabilité » de Hans Jonas).

2• Mettre en place une formule souple de

certification de ces connaissances et compétences sous forme d’unités capitalisables. Elaborer un référentiel des compétences attendues en fin de collège, tant sur le plan de la maîtrise des programmes que sur celui des capacités acquises dans les domaines de l’expression orale, de l’implication dans un projet collectif, de la démarche expérimentale, de l’autonomie documentaire, de l’expression artistique

3• Repousser toute forme de filiarisation et de

sélection après le collège et la fin de la scolarité obligatoire. Donner au collège le statut d ’ « école moyenne », tronc commun pour tous les enfants. Repenser, pour cela, le découpage des secteurs scolaires afin de favoriser la mixité sociale.

4• Instituer une formule de tutorat

individualisé permettant à tout élève d’être suivi, tout au long de sa scolarité au collège, en référence au « référentiel » de fin de scolarité obligatoire ; utiliser, pour cela, l’ensemble des professeurs, cadres éducatifs, mais également les élèves des « grandes classes » qui peuvent servir de « tuteurs » à leurs camarades de sixième et cinquième.

5• Mettre à disposition des élèves, dans le

collège, un ensemble de situations d’apprentissage et de ressources d’enseignement utilisables pour acquérir les connaissances et les compétences requises : faire de la recherche documentaire, dans toutes les disciplines, une priorité pédagogique associant acquisition exigeante de savoirs et acquisition de l’esprit critique.

6• Mettre en place un dispositif d’interface

avec les ressources extérieures du tissu économique, social et culturel, sous contrôle des enseignants : permettre aux élèves d’utiliser ces ressources pour finaliser et compléter les acquisitions scolaires.

7 • Articuler systématiquement, dans toutes les

situations d’apprentissage : – « savoirs scolaires » et « culture », en

particulier en développant une approche historique des connaissances enseignées.

– « singularité des parcours et des préoccupations » et « universalité des interrogations et des œuvres humaines ».

• Relier l’intime et l’universel sans jamais sacrifier ni l’un ni l’autre.

8• Mettre en place un système de groupes de

référence hétérogènes finalisés par une « production collective », encadrés par une équipe d’enseignants et comportant les réunions régulières d’un « conseil de régulation ».

9• Prévoir des regroupements réguliers mais

provisoires, dans des espaces conçus à cet effet, d’ensembles d’élèves d’un même niveau dans un domaine particulier ou ayant les mêmes besoins au regard du référentiel final. Instituer « le droit au retour » dans tous les cas de regroupements spécifiques.

10• Travailler systématiquement avec les élèves et dans

toutes les situations d’apprentissage, sur les conditions de « l ’apprendre ensemble » :– la recherche de la vérité plutôt que la loi du plus fort,– la primauté du « comprendre » sur le « réussir »,– le pari de l ’éducabilité de tous plutôt que l ’élimination

du « maillon faible ».

• Faire de la formation du citoyen « le vecteur » commun de tous les enseignements et le principe de l’ensemble des activités mises en œuvre dans l’établissement.

11• Donner au professeur principal un statut de

cadre, un rôle fort dans l’animation et le coordination des groupes de référence, ainsi que dans les relations avec les familles : décharger partiellement le professeur principal et lui permettre de disposer d’un bureau dans l’établissement.

12

• Favoriser la polyvalence des enseignants, en particulier en sixième et cinquième, en s’appuyant sur le volontariat et en garantissant un bon niveau de formation universitaire dans les disciplines enseignées.

13• Associer les parents à l’élaboration, à la

mise en œuvre et à l’évaluation du projet d’établissement (en particulier, pour ce dernier point, en les associant au travail de repérage des indicateurs de réussite pertinents).

14• Mettre le collège en réseau avec les écoles

primaires de son bassin, organiser l ’information, développer les échanges, favoriser les activités communes.

15• Donner à la classe de seconde, y compris en

lycée technologique et professionnel, son rôle de classe de détermination. Faire en sorte que les élèves découvrent les différents secteurs qui leur sont proposés avant d’effectuer des choix irréversibles.