quatre phases de travaux ont été programmées. les

17

Upload: others

Post on 23-Jun-2022

6 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les
Page 2: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les
Page 3: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

24

Le site, comme bon nombre de ses pairs, – et davan-

tage peut-être tellement il reste chargé d’émotion –,

a toujours été un lieu de mémoire respecté, mais

néanmoins rongé par l’abandon forcé, le désœuvre-

ment. L’ensemble architectural est classé comme

monument en 1990 et la Région, avec les forces

locales, choisit d’en faire un des sites phares du

renouveau hennuyer en lançant un vaste projet

de réhabilitation dans le cadre de l’Objectif 1. Ce

patrimoine industriel, si controversé, doit redeve-

nir un lieu de vie et de rencontre pour donner une

nouvelle dimension au souvenir et surtout témoigner

de la vitalité retrouvée de toute une région. Malgré

les affres du temps, le Bois du Cazier est resté un

site remarquable : sa silhouette qui demeure ancrée

dans les esprits, ses élégants châssis à molettes qui

portent toujours le regard de la terre vers le ciel, la

grille d’entrée au cœur de toutes les mémoires, sont

autant de témoins auxquels on a redonné un sens.

Aujourd’hui, le site ceinturé de trois terrils réamé-

nagés en sentiers de promenade, offre un parcours

muséal complet consacré au charbon, à l’acier et au

verre. Le lieu s’organise en trois espaces : l’un est dé-

dié à la tragédie du 8 août 1956, l’autre à l’histoire de

la région marquée profondément par la Révolution

industrielle ; tous deux encadrent un lieu, propice au

souvenir, situé au pied des châssis à molettes. Un

troisième espace, le forum, accueille des manifes-

tations culturelles et des expositions temporaires.

Depuis 2007, le Musée du verre de Charleroi est aussi

présent sur le site.

Pour mener à bien ce projet en tenant compte de

l’importance des monuments et des messages que

véhicule ce symbole, la Région wallonne est devenue

propriétaire du site. Elle en a confié la gestion à l’asbl

« Le Bois du Cazier ». La réhabilitation du Bois du

Cazier a embrassé tous les lieux où jadis s’organisait

le travail, donc la vie : aménagement de l’espace

d’entrée et des abords, remise en état de la loge, des

écuries, de l’atelier, de la menuiserie, des bureaux,

de la centrale électrique, de la machinerie d’extrac-

tion, de la lingerie et des bureaux, du vestiaire qui

a connu tant d’agitations, des bains, des douches,

de la salle des pendus... comme autant d’évoca-

tions muettes à ceux qui ne veulent pas entendre et

assourdissantes pour les humbles qui sentent plus

les choses qu’ils ne les voient. L’ancien charbonnage

requalifié est bien devenu le site emblématique du

Pays de Charleroi.

Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

trois premières sont achevées. En 2002, la première

phase qui concernait principalement l’Espace 8 août

1956, le Musée de l’Industrie et le Forum, a déjà pu

être inaugurée. Les deuxième et troisième phases qui

concernaient le Mémorial avec la restauration des

châssis à molettes, les ateliers et le domaine boisé

ont été ouverts au public pour commémorer le 50e

« anniversaire » de la catastrophe. La quatrième phase

envisagée est toujours en projet. Il s’agit d’implanter

sur le site un centre de documentation et d’archives

sur le passé économique et industriel du Pays de

Charleroi (le futur Musée Destrée-Pastur), qui sera

complété par un centre de rencontre et de réunion.

La mise en œuvre d’un tel projet est une entreprise

de longue haleine. Grâce à l’intervention de toute une

équipe mobilisée à cet effet par l’Intercommunale

IGRETEC, avec l’appui des spécialistes de l’asbl A.I.S.

(Archéologie Industrielle de la Sambre) et grâce au

soutien des services administratifs concernés, depuis

le jaillissement des idées qui initient le projet, jusqu’à

sa matérialisation finale, en passant par les dossiers

administratifs, les plans, les cahiers de charges, les

marchés publics, les démolitions, les nivellements,

les équipements, les restaurations proprement dites,

puis l’ouverture et la promotion, ce site est aujourd’hui

un carrefour culturel vivant et polyvalent, devenu

incontournable. Il répond ainsi non seulement aux as-

pirations de la population carolorégienne mais aussi

aux objectifs préalablement fixés dans le cadre des

contraintes du cofinancement, en attirant un large

public de près de 50.000 visiteurs par an.

De site mémorial remarquable, ce lieu hautement

symbolique est aujourd’hui devenu un patrimoine

exceptionnel et unique, grâce à la mobilisation d’une

région, aidée par les cofinancements du Feder.

Page 4: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

25

Péronnes-lez-Binche/Le Triage-Lavoir –

Réhabilitation d’un Site d’activités économiques

désaffecté et restauration d’un élément

du patrimoine industriel récent

Inauguré en 1954, financé par les crédits du plan

« Marshall », le triage-lavoir de Binche marque de

sa silhouette imposante l’entrée de la ville. Les

systèmes d’ossatures intégrales en béton armé, la

gare qui se développe au rez-de-chaussée, les 450

pieux Franki, les grandes verrières en verre dépoli

font de cette infrastructure une construction assez

exceptionnelle dans l’architecture industrielle de

nos charbonnages09. Le charbon extrait des mines

des environs y était trié, puis lavé. Sa silhouette ne

peut laisser personne indifférent et nombreux sont

ceux qui parmi les thuriféraires du patrimoine in-

dustriel, le considèrent comme une œuvre majeure,

occupant une place à part dans notre paysage

patrimonial.

Construit à une époque peu propice, le site était à

l’abandon depuis 1969. Les bétons extérieurs étaient

fortement dégradés (éclatements et décollements).

La cause principale de ces dégradations est la

carbonatation du béton qui atteignait à certains en-

droits plusieurs centimètres, ainsi que l’insuffisance

d’enrobage des armatures à de nombreux endroits.

Le béton carbonaté ne protégeant plus les armatures

efficacement, celles-ci se sont corrodées et ont pro-

voqué par leur gonflement, l’éclatement des bétons.

En 2000, le bâtiment était menacé puisque les cré-

dits Feder avaient à l’origine été obtenus par la Ville

de Binche, propriétaire, pour le démolir dans le cadre

de l’assainissement de sites d’activités économiques

désaffectés. En 2001, l’Institut du Patrimoine wallon

propose au Ministre du Patrimoine l’inscription du

bien sur une liste de sauvegarde et au Gouvernement

wallon l’inscription sur la liste des biens en péril

sur lesquels l’Institut du Patrimoine wallon exerce

une mission de gestion. Classé en 2003, le monu-

ment est acquis dans un premier temps par l’IPW,

puis devient la propriété de la SA « Triage-lavoir du

Centre » constituée de l’IPW, de l’intercommunale de

développement économique IDEA, et de la SPAQue

(Société publique d’Aide à l’Environnement) pour les

organismes publics et de deux sociétés privées,

la SA TPF et la SA IMMOCITA.

La reconnaissance patrimoniale du bien va de pair

avec le souci de sa réaffectation. Les acteurs dé-

sormais chargés du sauvetage du bien poursuivent

comme objectif la réhabilitation du site d’activités

économiques désaffecté et la restauration d’un

élément du patrimoine industriel récent par sa

réoccupation avec plusieurs fonctions : un centre du

FOREM pour la formation professionnelle (IFAPME)

pour les métiers d’art/du design, un centre de stoc-

kage pour les établissements scientifiques et cultu-

rels fédéraux, via la Régie des Bâtiments, d’archives

(section des Archives Générales du Royaume), des

bureaux pour plusieurs PME mutualisant une partie

de leurs services. et 5.000m2 répartis en différents

lots encore disponibles à la vente. Aujourd’hui,

les deux premières phases du chantier ont été

entamées. En septembre 2005, la restauration des

bétons extérieurs a démarré et s’est achevée en

septembre 2006. Elle est suivie par la restauration

des châssis.

Le partenariat public-privé mis en place devrait

permettre non seulement de réhabiliter un site

monumental particulier de notre héritage industriel,

mais surtout de recréer un lieu d’activités avec à la

clé, la création d’emplois, qui reste une des priorités

majeures pour cette région.

09On mesure mieux l’ampleur de cette architecture avec quelques chiffres : 1.000 tonnes d’acier, 7.500 m3 de béton, 72.000 m2 de coffrage et 3.500 m2 de surface vitrée.

< Image de synthèse de l’intérieur du triage-lavoir du Centre à Péronnes-lez-Binche (Binche)© s.a. « Triage-lavoir du Centre » / TPF

> Le triage-lavoir du Centre à Péronnes-lez-Binche (Binche) avant sa restaurationPhoto F. Dor, © MRW

ClassementArrêté ministériel du 15 mai 2003Maître d’ouvrageSA « Triage-lavoir du Centre »Valeur du projet8M€ (valeur estimée des subsides)Auteur(s) de projetBasic Design : am. Jourda-Groupe GammaIdea – TPF ArcoteamEntreprises Renofor (bétons), Vitrerie athoise (châssis)PartenariatIPW, IDEA, SPAQuE, Immocita s.a. et TPF s.a.Ouverture/Fin des travauxdébut en 2005, achèvement 2e phase prévu en 2008

Page 5: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

26

Mons/Le Beffroi, classé au patrimoine mondial

de l’UNESCO

Fier symbole de l’identité montoise, bâti en style ba-

roque entre 1662 et 1671, point de repère marquant

du paysage, le Beffroi est élevé à la suite de l’écrou-

lement de la Tour horloge (1661). Véritable balise

pour la ville et ses citoyens, cet édifice de 87 mètres

de haut rassure par son imposante présence. Il

s’agit d’un témoin unique en tant que beffroi de style

baroque en Belgique. Depuis le 1er décembre 1999,

avec ses confrères de Wallonie, de Flandre et du nord

de la France, il est inscrit sur la liste du patrimoine

mondial de l’Humanité. La tour carrée abrite un ca-

rillon de 49 cloches. Des concerts sont régulièrement

organisés pendant la période estivale.

La reconnaissance patrimoniale est ancienne.

Classé en 1936, l’édifice a subi les outrages du temps

et l’accélération de son érosion, notamment tout au

long du 20e siècle. Dès 1984, la Ville de Mons entre-

prend des mesures de sauvetage qui finissent par

déboucher sur une vaste entreprise de restauration

construite pas à pas et en phases successives, sur

une période d’une vingtaine d’années.

Les financements des pouvoirs publics commu-

nautaires puis régionaux, ont permis la réalisation

des trois premières phases qui concernaient la

restauration des toitures et des charpentes de

1984 à 1987. Les deux dernières phases relatives

à la restauration des structures des façades et au

renforcement de la stabilité générale de l’ensemble

ont, quant à elles, fait l’objet de l’intervention des

subsides du Feder dans le cadre du Phasing Out

de l’Objectif 1, avec une aide à 95% du Patrimoine

conformément à la réglementation en vigueur pour

le patrimoine exceptionnel.

Grâce à cette cure de jouvence et à un éclairage

adapté, le beffroi de Mons s’affirme par sa visibilité

et son lustre retrouvé comme symbole attractif de la

capitale culturelle de la Wallonie. L’attrait touristique

de ce monument majeur sera renforcé par le mise sur

pied du circuit de découverte des beffrois, en Hainaut

dans un premier temps, pour s’étendre au territoire

belge dans un second temps. Pour compléter l’opéra-

tion, la Ville de Mons réaménage le square au pied du

beffroi et escompte ainsi d’importantes retombées

positives sur les secteurs Horeca et culturel.

Le beffroi de Mons après sa restaurationPhoto G. Focant, © MRW

ClassementArrêté ministériel du 15 janvier 1936Maître d’ouvragela Ville de MonsValeur du projet cofi nancé9.710.563,00 €Auteur(s) de projet Atelier d’Architecture et Urbanisme Odon Dupire et Lucette FrançoisEntreprises s.a. LixonPartenariat la Fédération du Tourisme de la Province de Hainaut et la Maison du Tourisme de la Région de MonsFin des travauxavril 2005

Page 6: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

27

Mons/La Grand’Place

La Grand’Place de Mons est située au centre du noyau

le plus ancien de la ville, sur la colline jadis fortifiée.

L’organisation intra-muros de la ville est en grande

partie conservée depuis le Moyen Âge parce qu’elle

est le fruit des adaptations naturelles à la configura-

tion de cette colline. Les circulations pour pénétrer

en ville ou en sortir s’organisent pour converger sur

la Grand’Place, et ce, quasi depuis la même époque.

L’expansion de la ville hors les murs ne débutera pas

avant la deuxième moitié du 19e siècle, soit après la

démolition des remparts, à partir de 1865. Á peu de

distance de cette Grand’Place, bon nombre de monu-

ments historiques protégés émaillent le paysage ur-

bain et renforcent l’importance patrimoniale de la cité

du doudou. Si le beffroi les domine tous, la silhouette

de la Collégiale Sainte-Waudru en style gothique reste

assez imposante et n’échappe pas aux regards. La

Grand’Place s’organise au pied de l’Hôtel de Ville qui

date du 15e siècle comme certains édifices privés tout

proches. D’autres maisons privées voisines possèdent

également de hautes qualités patrimoniales et témoi-

gnent de toutes les époques : l’époque « espagnole »,

la Renaissance, le baroque, le 17e siècle.

Bordée d’édifices, dont tous n’ont pas la même

valeur patrimoniale mais qui forment néanmoins

un belle unité urbanistique et architecturale, la

place est pavée à la manière des vieilles villes. Bon

nombre de ceux-ci abritent des tavernes, des cafés

et des restaurants. Chaque année, la Grand’Place

est le théâtre du combat dit du « Lumeçon », combat

de saint Georges contre un faux dragon, lors de la

ducasse de Mons.

Le projet d’aménagement de la Grand’Place, retenu

dans le cadre du Phasing-Out de l’Objectif 1, pour

la mesure de valorisation du potentiel touristique

et culturel, s’appuie sur un partenariat public-privé

original et efficace. Presque tous les propriétaires des

édifices qui s’ouvrent vers la Grand’Place ont accepté

de signer une convention avec la Ville de Mons pour

la mise à disposition temporaire de la façade de leur

bien. Il s’agissait de permettre à la Ville d’assurer la

maîtrise d’ouvrage de la restauration et de la mise en

valeur de ces façades dans le cadre d’un projet unique,

favorisant une approche harmonieuse et concen-

trant l’ensemble des opérations sur des plages de

calendrier bien déterminées en évitant de condamner

La Grand’Place de Mons Photo G. Focant, © MRW

Maître d’ouvrage La Ville de MonsValeur du projet cofi nancé242.849,00 €Auteur(s) de projet AAD, Alain Dirix, architecteEntreprises Entreprises BEG Greisch, BajartPartenariat Propriétaires privés, Ville de Mons, Région wallonneFin des travauxjuin 2006

Page 7: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

28

l’organisation des nombreuses manifestations qui

prennent possession de la Grand’Place tout au long

de l’année. Cette opération de requalification urbaine

a permis la mise en valeur des façades de bâtiments

publics et privés, classés ou non, par un traitement

approprié, en concertation avec les propriétaires

et les usagers. Le projet a aussi intégré la mise en

lumière de ces bâtiments, celle de l’ensemble de la

Grand’Place, le traitement de l’espace public et l’amé-

nagement du Jardin du Maïeur.

Le projet de valorisation urbaine visait aussi la mise

en valeur de rues dont le caractère touristique est

prioritaire, afin d’y favoriser l’ancrage et le dévelop-

pement des commerces. Là aussi, la même méthode

pour le traitement de façades a été mis en œuvre. Il

s’agit de favoriser ou renforcer les cheminements

culturel et touristique au départ de la Grand’Place

de Mons. Cette politique, à l’initiative communale, a

permis la restructuration, l’assainissement et la ré-

habilitation du périmètre urbain intra-muros de ma-

nière à y favoriser le maintien ou le développement

de la population locale et à promouvoir sa fonction

sociale, économique et culturelle dans le respect de

ses caractéristiques culturelles et architecturales

propres. Cette opération rencontre pleinement les

objectifs des cofinancements européens. Elle est

aussi conforme à ceux fixés par le Contrat d’Avenir en

matière de requalification et de redynamisation des

centres urbains.

Lessines/Valorisation touristique, culturelle

et patrimoniale de l’ancien Hôpital Notre-Dame

à la Rose – un des derniers temoignages en Europe

d’un site hospitalier autarcique complet

L’Hôpital Notre-Dame à la Rose est fondé en 1242 par

Alix de Rosoit, princesse française, dame d’honneur

de la reine Blanche de Castille et veuve d’Arnould IV

d’Oudenaarde, grand bailli de Flandres et seigneur

de Lessines. L’Hôtel-Dieu lessinois est contemporain

de tout le mouvement hospitalier qui se développe

en Europe aux 12e et 13e siècles, période pendant

laquelle sont créés de nombreux hôpitaux dans les

comtés de Flandre et de Hainaut. L’hôpital Saint-

Jean de Bruges, fondé vers 1180, est l’un des pre-

miers. Bien d’autres vont suivre : l’hôpital Saint-Jean

de Damme, l’hospice Comtesse de Lille, Notre-Dame

de la Bijloke à Gand, les hôpitaux de Tournai et de

Bruxelles, etc. Par comparaison, les célèbres hos-

pices de Beaune ne sont fondés que beaucoup plus

tard, au milieu du 15e siècle.

Ces hôpitaux étaient destinés à accueillir les

malades, les pauvres, les indigents et les laissés-

pour-compte de la société. A l’époque, à l’abri des

ceintures des remparts, les populations des villes

connaissaient une croissance démographique im-

portante. Mais il n’existait aucune forme de « sécu-

rité sociale ». Les petits artisans ou commerçants qui

tombaient malades perdaient très vite leur gagne-

pain et risquaient de se retrouver à la rue, obligés

La salle des malades de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose de LessinesPhoto G. Focant, © MRW

Façade arrière de l’Hôpital Notre-Dame à la Rose de Lessines, côté DendrePhoto G. Focant, © MRW

Classement Arrêté ministériel du 14 mars 1940Maître d’ouvrage La Ville de LessinesValeur du projet cofi nancé 11.954.091,00 €Auteur(s) de projet Bureau d’Architecture Dulière et DossogneEntreprises a.m. Monument Hainaut – Monument VandekerckhovePartenariat DGEE (Direction générale de l’Economie et de l’Emploi), CGT (Commissariat général au Tourisme), DGATLP (Direction générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine) et Ministère de la Communauté françaiseOuverture/Fin des travaux septembre 2003

Page 8: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

29

de mendier pour survivre. Cette situation sociale a

posé rapidement des problèmes aux gouvernants

des cités qui tentèrent de les résoudre en créant des

« hôpitaux ». Ces nouvelles institutions vont accueillir

ceux qui ne peuvent se payer une « médecine privée »

à domicile, réservée aux nobles et aux bourgeois.

L’Hôpital de Lessines est érigé à une époque de pros-

périté pour la ville qui connaît un véritable essor depuis

le 12e siècle. Lessines est florissante et réputée pour

son commerce de draps, mais intra muros, les pauvres

et les indigents sont nombreux. L’Hôpital Notre-Dame

à la Rose, comme beaucoup d’autres hôpitaux fondés

à cette période, est l’ancêtre des structures sociales

d’aujourd’hui et constitue un véritable témoignage,

en synthèse et en résumé, de notre histoire sociale.

Plusieurs siècles après la mise en place de ces hô-

pitaux, même si la situation n’est plus comparable, il

s’agit toujours d’un véritable enjeu de société.

Transformé en partie en maison de retraite, l’hôpital

ferme ses portes en 1980. Malgré son classement

en 1940, les perspectives qui se dessinent sont peu

favorables à son maintien. Il est question de le raser

et d’aménager le site en parking... Mais quelques

passionnés se mobilisent. Après plusieurs étapes,

dont l’inscription sur la liste du patrimoine excep-

tionnel de Wallonie, un projet de restauration et de

valorisation voit le jour, laissant augurer un avenir

meilleur pour l’ancien Hôpital Notre-Dame à la Rose.

Le projet identifie trois zones d’intervention sur le

site : les zones historiques les plus authentiques qui

vont bénéficier d’une restauration scrupuleuse et

scientifique : la chapelle, le réfectoire, l’infirmerie... ;

les zones historiques reconstituées : l’architecture

y est conservée, mais le décor doit être réalisé. Il

s’agit par exemple de la salle des malades. La

troisième zone est celle où la scénographie doit

être totalement renouvelée, notamment celle des

« Salles du Siècle d’Or » consacrées au 18e siècle. Les

chanoinesses de cette époque, ayant de nombreux

contacts avec la haute société et les artistes, ont

amené à l’Hôpital des œuvres d’art fort importantes.

Le site propose aussi un véritable voyage dans le

temps au sujet du développement des sciences et de

la médecine. La communauté religieuse a conservé

nombre d’objets et ustensiles médicaux utilisés au fil

du temps : bouteilles et pots de pharmacie, alambics,

instruments de trépanation, appareils pour anes-

thésie et autres clystères qui plongent le public avec

effarement dans un monde où médecine et douleur

étaient communément associées, faisant partie de

la vie quotidienne dans une mesure bien plus large

qu’aujourd’hui. C’est donc bien aussi d’humanité qu’il

est question. Bien plus qu’un périple dans l’histoire

patrimoniale, architecturale, sociale, économique,

scientifique, humaine, c’est un parcours sur soi-

même que l’on accomplit lorsqu’on déambule entre

ces grands murs imprégnés par le passé. On en sort

impressionné, et sans doute un peu différent...

L’ancien Hôpital Notre Dame à la Rose de Lessines

est sans conteste un des sites majeurs du patri-

moine de Wallonie. Sa restauration et sa valorisation

n’ont été possibles que grâce aux investissements

importants consentis dans le cadre des cofinance-

ments du Phasing Out de l’objectif 1. Aujourd’hui, ce

site prestigieux est devenu un site muséal et touristi-

que incontournable en Hainaut, occupant 10 person-

nes à temps plein et ayant totalisé 40.000 visiteurs

en 2006. Il est l’un des principaux pôles touristiques

retenus par le « Plan stratégique de développement

touristique du Tournaisis » initié par l’intercom-

munale IDETA, pour la période 1995-2005, dans le

cadre de l’Objectif 1. Son intérêt dépasse largement

le cadre sous-régional et régional. L’Hôpital Notre-

Dame à la Rose a été retenu à ce titre comme point

d’appui du développement touristique de la Wallonie

par le Gouvernement wallon dans le Schéma de

Développement de l’Espace Régional (SDER) adopté

en 1999. Le projet de valorisation touristique du site

s’insère aussi dans une démarche plus globale de

revitalisation du cœur de l’ancienne cité industrielle

de Lessines. Plusieurs phases de travaux restent

à réaliser pour finaliser l’opération qui est déjà en

cours de fonctionnement conformément à l’écono-

mie générale du projet initial.

Le patrimoine et l’Objectif 2

Pour l’ensemble de la Belgique, l’Europe a accordé

au titre de l’Objectif 2 une enveloppe de 433 millions

d’euros. Pour la Wallonie, des zones urbaines et

industrielles d’une part, et des zones rurales d’autre

part, ont été différenciées. Dans les deux cas, cer-

taines zones définies relèvent aussi d’un phasing out,

au même titre que celui du Hainaut pour l’Objectif 1.

Page 9: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

30

Le programme « Feder Objectif 2 Meuse-Vesdre 2000-

2006 » cofinance des projets lorsqu’ils s’inscrivent

dans des objectifs bien déterminés : « la diversifi-

cation de la base économique ; l’inscription dans

la société de la connaissance ; le renforcement de

l’employabilité et des savoir-faire ; la consolidation

de la fonction internationale de Liège ; la promotion

d’un développement durable ».

Verviers/Création et développement du Centre

touristique de la laine et de la mode – ancienne

usine Bettonville/ancienne manufacture Dethier

Les anciennes usines Dethier ont été construites

en 1802-1803. Dès 1813, la famille Dethier cesse ses

activités et revend les bâtiments à Jules de Grand’Ry

d’Eupen et Prosper Poswick qui y installent une

fabrique de coton. En août 1855, l’usine passe aux

mains de Lambert Bettonville. Ce dernier réhabi-

lite l’immeuble en une fabrique de draps et filature

de laine. Les usines restent alors la propriété de la

famille Bettonville jusqu’en 1976, époque où elles sont

cédées à la Ville de Verviers. Les bâtiments de l’usine

forment un rectangle presque fermé et présentent

une vaste cour intérieure à laquelle on accède via un

large porche qui s’ouvre sur la rue de la Chapelle. La

cour s’ouvre sur trois ailes en U, de trois niveaux d’une

grande rigueur néo-classique. Le classement comme

monument intervient en 1978 pour les façades et les

toitures de l’usine Bettonville à Verviers qui regroupe

une série de bâtiments : l’ancien hôtel de Maître de

Thier ; la partie de l’ancienne usine Bettonville propre-

ment dite ; la partie de la Maison Louis XIII du début

du 18e siècle; le portail d’entrée de l’ancienne usine

Bettonville et l’ancienne conciergerie, et ce, en raison

de leur valeur historique et artistique.

En 1997, le projet de scénographie du futur Centre

touristique de la laine et de la mode est approuvé

dans le cadre de l’Objectif 2 Meuse-Vesdre pour

la programmation 1997-1999. Le Commissariat

Général au Tourisme autorise dès lors la poursuite

et la finalisation du projet de réhabilitation qui

prévoit des interventions lourdes (modules métal-

liques), la restauration ou la création des décors,

divers aménagements intérieurs, des réalisations

audiovisuelles d’appui, la restauration des machi-

nes du parcours-spectacle et, enfin, la restauration

des machines du parcours urbain « Je file en ville ».

La restauration de l’enveloppe des bâtiments a

été respectueuse des qualités rigoureuses de leur

architecture.

Actuellement, le Centre de la laine et de la mode

accueille la Maison du tourisme du pays de Vesdre,

le Centre de documentation sur la laine, des salles

de séminaire, des expositions temporaires, le salon

Dethier et le parcours-spectacle « Du Fil à la Mode »

qui met en scène les diverses étapes du processus

de fabrication du drap de laine. Le Centre organise

régulièrement des expositions temporaires et est

aujourd’hui devenu un des outils culturels majeurs

de la ville de Verviers, en assurant la transition entre

le passé économique prestigieux de la cité lainière et

son actuelle reconversion, en plein essor.

Cour intérieure du Musée de la laine et de la mode de VerviersPhoto G. Focant, © MRW

Classement Arrêtés ministériels du 24 mai 1978 et du 4 décembre 1979Maître d’ouvrage La Ville de VerviersValeur du projet 2.585.941,00 €Auteur(s) de projet J.P. Dawaide, architecte-urbaniste communalEntreprises Gilles Mourez s.a.Fin des travaux 1998

Page 10: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

31

Seraing/Le Château du Val Saint-Lambert,

ancien palais abbatial du 18e siecle –

fleuron du patrimoine architectural10

Construit de 1762 à 1765 par les moines cisterciens,

pour remplacer leur ancienne abbaye qui datait du

12e siècle, le palais abbatial du Val Saint Lambert

constitue un témoin majeur de l’architecture de la

seconde moitié du 18e siècle dans l’ancien pays de

Liège. L’édifice présente un plan en L autour d’un

jardin où s’élevait jadis l’église consacrée en 1760 et

détruite 42 ans plus tard.

La façade de l’aile ouest associe la brique et la pierre

calcaire, elle se dresse sur deux niveaux et s’étend

sur 17 travées. Elle reçoit l’entrée principale du bâ-

timent, marquée par un avant-corps central en léger

ressaut coiffé d’un fronton triangulaire. L’aile sud

logeait les moines et le prieur, tandis que l’aile nord

abritait les quartiers de l’abbé.

À la suite de l’abandon du site par les cisterciens en

1796, le Val Saint-Lambert change de vocation pour

accueillir des activités industrielles et commercia-

les. De 1797 à 1812, c’est la filature de lin De Neef

qui y prend place. Avec l’installation des cristalliers

à partir de 1825, l’ancien complexe monastique

connaît une seconde vie qui engendre d’importan-

tes modifications immobilières. Le palais abbatial

abrite le siège administratif de la S.A. des Verreries

et Etablissements du Val Saint-Lambert ainsi que

d’autres services comme l’imprimerie, la bibliothè-

que et l’école de dessin des cristalleries. En 1976, la

société est déclarée en faillite. L’édifice est progres-

sivement abandonné. Au milieu des années ’90, le

monument menace ruine ; il est victime de pillages

et de déprédations. Le site est un véritable chan-

cre urbain en périphérie de la métropole liégeoise.

Menacée de destruction, l’aile nord est rachetée en

1979 par la Ville de Seraing qui fait ainsi un premier

geste pour tenter de sauver ce précieux patrimoine,

témoin des heures glorieuses du passé industriel

des serésiens. La Ville poursuit dans la même voie

en se portant acquéreur du reste du complexe en

1988.

Depuis la première acquisition, la Ville de Seraing a

multiplié les démarches pour tenter de sauver les

édifices dont le nom, associé à celui de la cristal-

lerie, reste un symbole international du savoir faire

industriel mosan. Classés en 1973 comme monu-

ment pour certaines parties, il s’agit d’un vaste

ensemble de bâtiments qui constituaient jadis

l’ancienne abbaye du Val Saint Lambert. Les faça-

des et toitures des maisons constituant la « cour »

du Val Saint Lambert sont également protégées

en 1976, puis intervient le classement comme site

en 1998 qui précise et augmente le classement des

monuments.

En 1995, un projet de développement touristique

et économique d’une ampleur adaptée à la qualité

et à l’importance du site est mis en œuvre grâce au

soutien du Feder. Deux importantes phases de tra-

vaux seront nécessaires. La première s’inscrit dans

le cadre de la programmation de l’Objectif 2 (1994-

1996) Meuse-Vesdre et s’attache à l’aménagement

du Château. La seconde phase, dans le cadre de la

programmation de l’Objectif 2 (1997-1999) Meuse-

Vesdre, complète la première par l’aménagement de

tous les autres espaces libres. Pour la programma-

tion 2000-2006, le projet initial est amplifié par la

valorisation des potentialités de développement et

de promotion du tourisme qu’offre le site. Il s’agit non

seulement de finaliser la restauration, les aména-

gement et la valorisation du Château, mais aussi de

mettre en place des infrastructures d’accueil, de

loisirs et d’affaires, au Château et pour l’ensemble du

site du Val Saint-Lambert.

Ces travaux ont consisté à mettre hors eau défi-

nitivement de l’aile Nord du château du Val Saint-

Lambert et à restaurer ces mêmes bâtiments, y

Le château du Val-Saint-Lambert à Seraing Photo G. Focant, © MRW

Classement Arrêtés ministériels du 26 novembre 1973 et du 18 janvier 1998Maître de l’ouvragela Commune de SeraingValeur du projet cofi nancé7.076.482,00€Auteur(s) de projet a.m. Dethier et DeharengEntreprises a.m. Monument Hainaut – Monument Vandekerckhove, Doome & Fils et Menuiserie FresonOuverture/Fin des travauxmai 2007

10P. HENRION, Liège, Seraing, le Palais abbatial du Val Saint-Lambert, dans Patri-moine et réaffectation en Wallonie, Namur, 2005, p. 181-184.

Page 11: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

32

compris les aménagement intérieurs. Ceux-ci

mettent ainsi à disposition des espaces à caractère

économique et des locaux où il est possible d’orga-

niser des colloques, des séminaires et des mani-

festations touristiques ainsi que des expositions

temporaires. Des aménagements complémentaires,

avec l’installation d’équipements adéquats sont

destinés à accueillir les visiteurs (hall d’accueil avec

comptoir, sanitaires, etc.). Enfin, les aménagements

des abords immédiats (chemins d’accès et signali-

sation adaptée, plantations) complètent et finalisent

l’ensemble du projet.

Véritable fleuron du patrimoine architectural

serésien et du patrimoine industriel de Wallonie, le

château du Val-Saint-Lambert connaissait un franc

succès au point de vue de sa fréquentation depuis sa

restauration. En 2006, un incendie a ravagé la toiture

du 18e siècle, mettant cet outil touristique en panne

pendant de longs mois. Grâce à l’intervention des

assurances, tout est mis en œuvre pour refaire cette

toiture et permettre de poursuivre les activités, et ce,

dans les meilleurs délais.

Liège/Le palais des congrès, dans la continuité

de l’expo universelle de 195811

Planté dans un écrin de verdure au parc de la Boverie,

le palais des congrès de Liège s’étire le long des

courbes de la Meuse qu’il épouse parfaitement.

Exemple architectural unique en son genre en

Wallonie, cet édifice est dû au Groupe Equerre en

collaboration avec Paul Fitschy, Edgard Klutz, Emile

Parent et Albert Tibaux, architectes avant-gardistes

désignés par la Ville de Liège pour penser et réaliser

cet ouvrage. Le bâtiment est inauguré en septem-

bre 1958. Proche des Pays-Bas et de l’Allemagne, il

répond à la vocation internationale de Liège qui s’af-

firme déjà comme un point de rencontre des grands

axes de communication européens.

Les architectes ont fait preuve dans cette réalisation

d’une grande maîtrise tant au niveau structurel qu’au

niveau du traitement des volumes, de la lumière

et des qualités spatiales. Le palais des congrès

dispose de plus de 20 salles polyvalentes permettant

d’accueillir congrès, salons, séminaires, expositions,

banquets ou cocktails. Grâce à sa récente rénova-

tion, le palais des congrès offre désormais tout le

confort moderne et un équipement spécifique à la

pointe des technologies pouvant satisfaire les desi-

derata les plus sévères.

Le palais des congrès a fait l’objet d’une première pha-

se de restauration dans le cadre du programme Resider

2 qui s’est achevée fin juin 1999. Cette phase portait sur

la restauration d’une partie des façades et des toitures.

La deuxième phase du projet a été menée grâce au

soutien du programme de l’Objectif 2 « Meuse-Vesdre »

pour la période 2000-2006 et porte sur la restauration

des parements et remplacements des menuiseries

métalliques de la façade avant vers la Meuse.

L’Intercommunale de gestion des bâtiments du

« Palais des congrès » et de la « Foire internationale

de Liège » (IGIL), est l’opérateur principal du projet et

également le gestionnaire responsable des activités

du Palais des congrès. Classé en 1997, le palais des

congrès est une institution en pleine expansion dans

la mesure où Liège s’affirme comme la métropole

économique de la Wallonie. Progressivement, il de-

vient le « palais des congrès de Wallonie », s’imposant

comme un lieu de rencontre essentiel dans l’Euregio

Meuse-Rhin.

Le Palais des Congrès de LiègePhoto G. Focant, © MRW

Classement Arrêté ministériel du 29 décembre 1997Maître d’ouvrage IGILValeur du projet cofi nancé 3.438.064,00€Auteur(s) de projet la Ville de LiègeEntreprisess.a. Design Metal, Germeau Carrière et Galère s.a.Ouverture/Fin des travaux août 2005

11P. HENRION, Le Patrimoine moderne et contemporain de Wallonie de 1792 à 1958, Namur, 1999, p. 258-260.

Page 12: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

33

La restauration du palais des congrès a permis

de rencontrer les objectifs de départ qui visaient

l’amélioration de l’efficacité et de l’attractivité

d’un outil unique dans le bassin liégeois, tout en

renforçant l’image de marque du Pays de Liège au

sein de l’Euregio Meuse-Rhin. C’est aussi un outil au

service de la mise en valeur de bon nombre d’ins-

titutions économiques et d’entreprises liégeoises

(Chambres de commerce, SPI+, Meusinvest ...) et

éducatives (Université, Hautes écoles ...). Il contri-

bue au développement du tourisme d’affaires et de

ses retombées économiques en plein essor dans la

région liégeoise. Cependant, afin que le palais des

congrès puisse être pleinement efficace et proposer

un produit intégré et rénové aux organisateurs de

congrès, des investissements pour des aména-

gements intérieurs (hors patrimoine) sont encore

nécessaires.

Dès à présent, les retombées économiques pour le

secteur Horeca qui y sont directement liées sont

particulièrement favorables. Les investissements

consentis ont été extrêmement positifs pour la va-

leur patrimoniale du palais mais également pour les

sociétés sous-traitantes et les fournisseurs.

Au moyen de l’Objectif 2 « rural », l’Union européenne et la Région wallonne soutiennent plus d’une centaine de projets

L’Union européenne et la Région wallonne soutien-

nent au moyen du programme de l’Objectif 2 « rural »

de très nombreux projets qui répondent à l’objectif

de stimulation et d’encadrement du développe-

ment des arrondissements de Dinant, Philippeville,

Bastogne, Marche-en-Famenne et Neufchâteau,

ainsi que de la commune d’Aubange.

Une véritable politique européenne de développe-

ment rural, à la fois différenciée et complémentaire

de la politique agricole est mise en place. Au-delà

des retombées économiques, ce programme vise

la création d’emplois secondaires et tertiaires pour

contrebalancer les pertes d’emplois agricoles, four-

nir de nouveaux services et permettre ainsi aux po-

pulations rurales de demeurer sur place. Il convient

d’assurer aux entreprises rurales la compétitivité

nécessaire à leur développement. Celui-ci passe par

la sauvegarde et la valorisation du patrimoine natu-

rel qui reste un atout majeur du milieu rural, et par la

consolidation des liens entre les villes et les campa-

gnes. D’une manière plus générale, cette politique de

développement rural est une condition indispensa-

ble pour assurer la cohésion territoriale dans l’Union

européenne et réussir son élargissement.

Les espaces ruraux représentent près de 80 % de la

surface du territoire de l’Union européenne. Ce sont

les terreaux du fondement de l’identité européenne

où s’enracinent la diversité des cultures et qui recè-

lent une grande partie de notre patrimoine naturel,

architectural et historique. Ces espaces d’activités,

de Culture, de production de biens et de services,

contribuent aussi au bien-être de l’ensemble de la

société par les réponses qu’ils peuvent fournir face

aux demandes sociétales en matière de repères, de

nature, d’accueil et de diversité paysagère. Compte

tenu de cette diversité et de ces richesses territoria-

les, patrimoniales et culturelles, l’avenir de l’espace

rural est un enjeu pour l’ensemble de la société

européenne. Garantir aux différents territoires une

égalité des chances de développement passe par la

sauvegarde du modèle agricole européen, celle des

modes de vie ruraux et celle de la cohésion territoria-

le, dans un rapport positif avec les espaces urbains.

Page 13: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

34

Lavaux-Sainte-Anne/Le Château au cœur

du territoire famennais, classé patrimoine

exceptionnel de Wallonie12

Lové depuis le 13e siècle au pied d’un petit village

pittoresque de la Famenne, le Château de Lavaux-

Sainte-Anne, jadis forteresse militaire, a aujourd’hui

vocation d’étape historique et touristique. Il présente

une architecture accueillante, entourée d’un beau

parc naturel. L’aspect médiéval du château avec ses

tours et ses douves, remonte à 1450. C’est au

17e siècle que les luxueuses pièces situées autour de

la cour intérieure du château et sa porte d’entrée de

style Renaissance sont construites pour lui don-

ner sa physionomie actuelle. Le château restauré

accueille aujourd’hui trois musées réaménagés

pour permettre de se familiariser avec trois aspects

très différents de la vie en Famenne : une nouvelle

présentation de la vie seigneuriale aux 17e et 18e siè-

cles ; une collection très documentée qui témoigne

de la vie paysanne à Lavaux-Sainte-Anne au 19e et

au début du 20e siècle et un musée de la nature en-

tièrement rénové. Face au château s’étendent trois

espaces naturels où sont aménagés des sentiers

de promenade pour découvrir la nature famennoise

qui révèle la beauté de sa faune et de sa flore au fil

des saisons. Les marais constituent une zone de

prédilection pour les batraciens et les insectes, en

ces lieux où roseaux, joncs et autres saules têtards

poussent en abondance. Dans la prairie, différentes

sortes de haies organisent les prés où broute le bé-

tail et où l’on fauche les herbes hautes. L’étang cons-

titue un site d’hivernage et de relais pour bon nombre

d’oiseaux ; brochets et gardons y ont élu domicile.

La forteresse primitive du château de Lavaux-Sainte-

Anne13, au cœur du territoire famennais, construite

durant la première moitié du 15e siècle, subsiste pour

une bonne part. Son enceinte est cantonnée de quatre

tours rondes massives et trapues. La tour nord-est, la

plus importante, forme un donjon. Classé en 1937 et

patrimoine exceptionnel de Wallonie, le château de

Lavaux-Sainte-Anne est un remarquable quadrilatère,

en moellons de calcaire, renforcé de tours d’angle

et ceinturé de douves. La seigneurie est rachetée en

1630 par le baron Jacques-Renard de Rouveroy qui y

entreprend des travaux très importants, nettement

influencés par la Renaissance italienne. Trois nouvelles

ailes d’habitation en moellons de grès, de calcaire et de

brique ajustées aux tours préexistantes, sont adossées

aux courtines ou les remplacent. Le flanc nord, libre

de construction, était fermé par un haut mur qui a été

abattu au 18e siècle pour ouvrir la cour sur l’extérieur.

Pendant près de deux siècles, le château est quasi-

ment déserté. Puis, la baronne Lemonier, suivie par

les « Amis du Château de Lavaux-Sainte-Anne » en-

treprennent une importante restauration du château

qui fait aujourd’hui l’objet d’une démarche globale

de revalorisation et de repositionnement, avec le

soutien du BEP.

12J.-L. JAVAUX, Le château de Lavaux, dans Le patrimoine exceptionnel de Wallonie, Na-mur, 2004, p. 596-599.

13Voir le site offi ciel www.chateau-lavaux.com et les autres sites comme www.connections.be ou encore beptourisme.be/beptourisme/nosrealisations/chateaulavauxsa/index.asp, dans lequel les extraits de textes ont été puisés.

Vue aérienne du Château de Lavaux-Sainte-Anne (Rochefort)Photo G. Focant, © MRW

Classement Arrêté ministériel du 1er

février 1937 et du 22 février 1951Maître de l’ouvrage asbl Les Amis du Château de Lavaux-Sainte-AnneValeur du projet 271.357,00€Auteur(s) de projet Hughes Van de WalleEntreprises G. & Y. Liégeois, Maurice Bodart et FanckiPartenariat CGT (Commissariat général au Tourisme), DGATLP (Direction générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine) et Ministère de la Communauté françaiseOuverture/Fin des travauxen cours (2007)

Page 14: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

35

14L’Objectif 5b était un objec-tif rural lors de la période 1994-1999.

15Voir le site offi ciel www.fermedumonceau.be

Le réaménagement du site du château de Lavaux-

Sainte-Anne s’articule autour de trois composantes

majeures. Pour le patrimoine architectural et muséal,

les travaux de restauration portent sur le château

proprement dit et les douves. Le repositionnement

thématique des musées passe par le réaménage-

ment des fonctions et des services avec la création

d’activités nouvelles (salle polyvalente et salle

d’exposition) et la rénovation du parking. Pour le

patrimoine naturel, la plaine de Famenne située face

au château, est aménagée en zone humide avec une

zone de promenade et de délassement qui valorise

le biotope local. Un bureau d’accueil et la billetterie

sont réaménagés pour assurer les services d’accom-

pagnement. Un shopping et une cafétéria complètent

l’ensemble du dispositif.

Dans le cadre de la programmation 2000-2006 pour

l’Objectif 2 « rural », deux phases distinctes sont éla-

borées pour la restauration de ce château. En 2002,

la première phase vise les travaux de restauration de

la maçonnerie et des revêtements de toiture du châ-

teau. En 2004, la seconde phase est approuvée pour

la restauration et la réfection des menuiseries ex-

térieures. De nombreux sites remarquables existent

dans le Namurois, dans le Condroz ou la Famenne,

mais peu sont dotés des équipements touristiques

minimum que le visiteur exige aujourd’hui et qui en

feraient de véritables outils au service du dévelop-

pement de ces régions rurales. Pour le Château de

Lavaux-Sainte-Anne, ces efforts ont été accomplis

et le site va pouvoir donner la pleine mesure de ses

qualités dans les années qui viennent.

Phasing out de l’Objectif 5b rural14

Vaux-sur-Sûre/Juseret : la ferme du Monceau,

lieu d’animation adapté aux handicapés15

Le château-ferme du Monceau à Juseret date du

17e siècle. Autrefois demeure des seigneurs du

Monceau et ferme à vocation essentiellement pas-

torale, il se situe au cœur des Ardennes, au centre

du triangle Bastogne, Libramont, Neufchâteau. Un

peu à l’écart du village, l’édifice fortifié avec ses deux

tours et sa cour intérieure est entouré de pâtures,

de forêts et longé sur une des ailes par un terrain

fangeux qui est une réserve ornithologique protégée.

Une équipe pluridisciplinaire propose une pédagogie

active et participative pour mettre le patrimoine

rural à la portée de tous, valides et moins valides.

Les lieux réaménagés permettent d’accueillir des

enfants ou des adultes porteurs d’un handicap et qui

entreprennent de mieux se connaître ou qui ont le

souhait de s’épanouir au contact et au rythme de la

nature. Mieux comprendre l’évolution du patrimoine

et du monde rural en découvrant activement la

ferme et l’origine des produits que l’on consomme est

un véritable retour aux sources, une tentative pour

retrouver concrètement ses racines.

Le bâtiment est classé comme monument en 1981 et

les alentours comme site, depuis 1989. Le châ-

teau-ferme disposé en carré a des murs extérieurs

pratiquement aveugles. Les caves redécouvertes

sous l’aile disparue sont également protégées par le

classement. Grâce au soutien de l’Objectif 2 « rural »

(Phasing out de l’Objectif 5b), le projet initial a pu

être finalisé dans sa totalité. Ce projet visait dans un

premier temps la restauration des façades, celle des

toitures, du portail d’entrée et du faux-plafond du

porche. La restauration des menuiseries extérieures

de la ferme est aujourd’hui en voie d’achèvement.

Fondée en 1979 par des bénévoles, le projet de l’asbl

« La Boîte à Couleurs » a pu réellement se dévelop-

per à partir de 1984 grâce à la mise à disposition

d’un personnel temporaire. En 1990, l’association

s’installe à la ferme du Monceau à Juseret pour

mieux répondre aux besoins à rencontrer et mettre la

nature à la portée d’un plus grand nombre d’usagers

des services proposés. Le projet de restauration a

permis de réaménager tous les locaux et le site pour

diverses animations en les rendant accessibles aux

personnes à mobilité réduite.

Les adaptations de la ferme à sa nouvelle destina-

tion sont envisagées comme les plus discrètes possi-

ble. Ces aménagements ont été réalisés petit à petit

grâce à beaucoup de persévérance et de générosité.

La restauration et, ici, la réaffectation à vocation so-

ciale font revivre cet ensemble tout en lui conservant

ses qualités patrimoniales et son authenticité. La

ferme du Monceau est chargée d’histoire et offre ac-

tuellement un accueil convivial accessible à tous. Le

projet de ferme d’animation adaptée aux handicaps a

maintenant plus de 20 ans d’expérience. Aujourd’hui,

toute une équipe pluridisciplinaire de 20 personnes

(soit environ 13 ETP) organise plus de 9.000 journées

d’animation avec un accueil de plus de 60% de grou-

pes de personnes handicapées.

La ferme du Monceau à Juseret (Vaux-sur-Sûre) avant et après sa restauration

Classement Arrêté ministériel du 26 mars 1981Maître d’ouvrage asbl La Boîte à CouleursValeur du projet cofi nancé125.250,00€Auteur(s) de projet s.a. Architectes associésEntreprises Wanlin-Body sprlOuverture/Fin des travaux septembre 2004

Page 15: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

36

Le patrimoine et l’INTERREG III

L’initiative communautaire INTERREG III16 en faveur

de la coopération entre les régions de l’Union euro-

péenne pour la période 2000-2006 poursuit comme

objectif le renforcement de la cohésion économique

et sociale dans l’Union en promouvant la coopération

transfrontalière, transnationale et interrégionale

ainsi que le développement équilibré du territoire.

Une attention particulière est accordée à l’implica-

tion des régions ultrapériphériques et à celle des

régions situées aux frontières externes de l’Union

avec des pays candidats à l’adhésion.

La programmation INTERREG III pour la période

2000-2006 poursuit celles lancées depuis 1991

(INTERREG I : 1991-1993 et INTERREG II : 1995-1999),

et s’articule en trois volets distincts : la coopération

transfrontalière (entre zones contiguës qui visent

à développer des centres économiques et sociaux

transfrontaliers en mettant en œuvre des straté-

gies communes de développement), la coopération

transnationale (impliquant les autorités nationales,

régionales et locales dans le but de promouvoir une

meilleure intégration au sein de l’Union par la for-

mation de grands groupes de régions européennes)

et la coopération interrégionale (qui vise à améliorer

l’efficacité des politiques et des outils de développe-

ment régional par un vaste échange d’informations et

un partage d’expériences).

Plombières/Restauration « énergétique »

d’une maison historique

La Gueule est une petite rivière de 56 km qui par-

court le pays de Herve et le Mergelland. Cette rivière

forme dans le paysage du parc des trois rivières une

vallée qui porte le nom de « Vallée de la Gueule ». Au

vu du capital transfrontalier commun, les commu-

nes de Plombières (B) et de Gulpen (P-B) ont pris

l’initiative en septembre 2000 de développer le projet

de « Tourisme doux dans la Vallée de Gueule – Parc

des trois vallées ». Ce projet touristique et environne-

mental a pour but de préserver et restaurer les quali-

tés paysagères, culturelles et historiques du site. Le

projet met en place un partenariat durable entre les

pouvoirs régionaux, provinciaux, communautaires,

les associations de conservation de la nature, les

organismes touristiques et la population, et ce, de

part et d’autre de la frontière belgo-hollandaise. Le

sentier didactique qui parcourt la vallée de la Gueule

est le fil conducteur entre les différents partenaires.

Ce projet permet d’intégrer et de relier les acteurs et

la population en abordant diverses thématiques : la

nature, l’écologie, le patrimoine historique et culturel

et le développement touristique respectueux.

Dans ce cadre, le projet de restauration de la « Maison

Wouters » est porté par la Commune de Plombières.

Le bâtiment classé en 1982 se trouve au cœur du site

minier de la Calamine. Il est accessible au public dans

le cadre du projet INTERREG pour lequel on a procédé

à la restauration générale de l’édifice, une des plus

anciennes habitations de la commune. L’étude

dendrochronologique17 indique que la construction a

été réalisée vers 1645. Le projet qui s’inscrit dans le

cadre de la mise en valeur des richesses naturelles de

la vallée de la Gueule, vise à offrir un espace d’inter-

prétation du site d’extraction de la Calamine devenu

réserve naturelle et lieu de promenades.

Le programme de restauration du monument com-

prend un espace d’exposition au rez-de-chaussée.

À l’étage, indépendant du rez-de-chaussée et initia-

lement destiné à un appartement, est désormais ins-

tallé le bureau destiné à l’Agence de Développement

Local (ADL) qui complète ainsi utilement le dispositif.

La restauration de ce vénérable édifice s’est doublée

d’un travail de recherche architecturale intéressant.

Une extension contemporaine est venue s’accoler à

la maison existante en remplacement d’annexes ré-

centes de manière à augmenter la superficie dispo-

nible en vue de répondre au programme. L’extension

est recouverte d’un bardage en bois non traité dont

la couleur se patinera avec les ans. La logique des

baies de l’extension qui cadrent les vues sur le site

minier s’inscrit en contrepoint de la logique des an-

ciennes fenêtres liées aux modes de construction de

l’époque. Un chemin d’accès en caillebotis métalli-

que mène à l’entrée qui articule les deux volumes et

conduit à l’escalier extérieur desservant l’étage.

La particularité de cette restauration réside notam-

ment dans l’attention portée aux problématiques

écologiques. Les choix techniques s’inscrivent no-

tamment dans une optique de limitation des besoins

en énergie pour le chauffage. Les matériaux ont

quant à eux été sélectionnés pour limiter leur impact

sur l’environnement et sur la santé des utilisateurs

du lieu. Il s’agit d’un projet en basse consommation

d’énergie bénéficiant d’une isolation en laine de

cellulose.

La Maison Wouters à Plombières avant et après sa restauration

Classement Arrêté ministériel du 2 décembre 1982Maître de l’ouvrageAdministration communale de PlombièresValeur du projet Montant total des travaux : 227.448,00€, dont 51.223,00€ de subsides en matière de patrimoine ; Montant du cofi nancement de l’INTERREG : 20.000,00€ (salaires)Auteur(s) de projetFHW architectes scprlEntreprisesG. & Y. LiégeoisPartenariat DGATLP (Direction générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine) et Agence de Développement LocalFin des travaux septembre 2005

16Pour le détail des initiatives communautaires INTERREG, voir www.interreg- fwf.org

17La dendrochronologie est la datation des bois, notam-ment ceux utilisés dans les constructions (ossatures, pans-de-bois, charpentes, etc.) par l’étude des cernes de croissance.

Page 16: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

37

Le projet a bénéficié de subsides du Patrimoine pour

la restauration de la partie classée et d’une aide du

Commissariat général au Tourisme pour la partie liée

au développement touristique. Le solde a été financé

directement par la Commune. La mise en valeur des

richesses de la vallée de la Gueule s’opère dans le

cadre de l’INTERREG en partenariat avec les commu-

nes des Pays-Bas baignées par la rivière.

Le patrimoine et les Fonds structurels pour la programmation 2007-201318

La Wallonie est aujourd’hui jalonnée de sites, de

constructions neuves et de monuments qui affichent

ostensiblement sur leur seuil des panneaux portant

la mention « réalisé avec l’appui de l’Union euro-

péenne ». Beaucoup de Wallons savent aussi que

la province du Hainaut a été retenue comme région

éligible aux aides des fonds structurels de l’Objectif 1

de l’Union européenne qui apporte par ce biais des

moyens financiers considérables pour aider au re-

dressement des régions concernées. Les initiatives

communautaires complètent le dispositif des fonds

structurels et les communes wallonnes, avec leurs

partenaires, en sont les premières bénéficiaires,

notamment dans le cadre des « INTERREG » dont le

but est de créer des collaborations entre des régions

transfrontalières.

Toutes les réalisations qui viennent d’être évoquées

de manière très synthétique, n’ont été rendues

possibles que grâce à l’apport des fonds structurels

européens qui les ont cofinancées. L’élargissement

récent de l’Union européenne à dix nouveaux États

membres a des effets sur l’utilisation et la réparti-

tion de ces fonds. L’Union européenne des 25 pays

membres, avec ses 254 régions, est l’une des zones

économiques les plus prospères du monde, forte

d’un marché intérieur et d’un potentiel humain de

plus de 450 millions de citoyens. Par rapport à l’Eu-

rope des 15, les disparités économiques et sociales

sont désormais deux fois plus grandes. Aussi des

réorientations majeures sont mises en œuvre pour

les années à venir. Au travers de sa politique régiona-

le, l’Union européenne consacre plus du tiers de son

budget à la réduction des écarts de développement

entre les régions et des disparités de bien-être entre

les citoyens. En 2004, la Commission européenne a

adopté les propositions législatives pour la réforme

de cette politique de cohésion. Ces propositions

prévoient que l’Union européenne consacre 336,1

milliards d’euros pour les années 2007 à 2013. Cette

nouvelle politique clairement identifiée de « cohé-

sion » est axée sur quelques grands principes : con-

centration dans les régions les moins développées

et donc dans les nouveaux États membres, maintien

d’aides dans les anciens États membres, simplifica-

tion et décentralisation des procédures.

Doté de 264 milliards d’euros, l’Objectif 1 devient

l’Objectif de Convergence. Il est centré sur les États

ou Régions dont le produit intérieur brut (PIB) par

habitant n’atteint pas 75 % de la moyenne de l’UE

élargie, ce qui est principalement le cas pour la ma-

jorité des nouveaux États membres. Un soutien tran-

sitoire et spécifique est prévu, sur un mode dégressif,

pour les régions qui dépasseront l’indice de 75 % en

raison de l’effet statistique de l’élargissement.

L’Objectif 2 devient l’Objectif de la « compétitivité

régionale et l’emploi ». Dans le reste de l’Union, une

double approche est mise en place. Près de 57,9 mil-

liards d’euros lui seront consacrés. Il s’agit, d’une part,

à travers les programmes de développement régional

(Feder), de renforcer la compétitivité et l’attractivité

des régions et, d’autre part, à travers les programmes

nationaux ou de niveau territorial approprié financés

par le FSE, de favoriser, sur base de la stratégie euro-

péenne pour l’emploi, l’adaptabilité des travailleurs et

des entreprises et le développement de marchés du

travail orientés vers l’inclusion sociale.

Cette architecture législative simplifiée fait l’objet de

concertation entre les États membres et au sein des

Gouvernements respectifs. De profonds change-

ments vont intervenir dans l’attribution des budgets.

Toutes les opérations qui s’appuient sur le patrimoine

restent possibles, à condition qu’elles s’inscrivent

dans des projets qui rencontrent les objectifs de

convergence ou de compétitivité, selon les sous-ré-

gions concernées. Les fonds structurels ne sont pas

ou ne devraient pas être des opportunités à saisir,

mais bien des moyens complémentaire à mettre

en œuvre pour consolider les actions qui poursui-

vront ces objectifs. Il est par ailleurs nécessaire de

rappeler que si les fonds structurels peuvent encore

être sollicités, leur évolution ne peut qu’inciter les

responsables de projets en Wallonie à se montrer

moins timides face aux programmes gérés directe-

ment par la Commission européenne, appelés aussi

programmes « centralisés ». Plus de 300 program-

mes thématiques européens de financement sont

accessibles aux collectivités locales, pour un poids

total de 15 milliards d’euros. En matière de patrimoi-

ne, ces programmes spécifiques sont très rarement

sollicités.

18Voir le site http://europa.wallonie.be/

Page 17: Quatre phases de travaux ont été programmées. Les

38

Conclusions

Les quelques exemples qui précédent illustrent

d’une part les enjeux auxquels le patrimoine est

soumis, et d’autre part, l’apport et la plus-value

qu’il apporte pour donner une assise durable et une

reconnaissance aux projets cofinancés. Ces exem-

ples témoignent par leur diversité, du potentiel très

large offert par le patrimoine en général et surtout,

démontrent, contrairement à bon nombre d’idées

reçues, que le patrimoine de Wallonie n’est pas un

outil figé en voie de fossilisation. Au contraire, une

gestion proactive des biens, doublée d’un grand

attachement de la population et plus encore celui

des acteurs du patrimoine, en général des passion-

nés, permettent dans bien des cas de renverser le

cours inexorable de l’érosion du patrimoine. Non

seulement ces projets mobilisent des énergies et

des moyens financiers considérables, avec une

incidence non négligeable en termes d’emplois –

sur base des montants totaux des dépenses pour

les projets cofinancés recensés jusqu’ici en matière

de patrimoine, en équivalents temps plein on peut

estimer ces emplois à environ 1.267, pour les deux

périodes de programmation et les trois program-

mes19–, mais ils sont aussi par nature fédérateurs.

La plupart des actions menées sont le fruit d’une

collaboration étroite entre acteurs privés et insti-

tutionnels qui démontrent la capacité des acteurs

de terrain à mener à bien des projets parfois de

grande envergure et souvent complexes. En cela

aussi, les fonds structurels ont été pour les acteurs

wallons concernés une aide, un stimulant qui ont

permis une forme d’émancipation. La plupart de

ces acteurs sont aujourd’hui à maturité pour gérer

des projets ambitieux et nul doute que la nouvelle

programmation traduira, dans sa mise en œuvre,

les effets de l’expérience acquise.

Il ne serait pas objectif de laisser croire que les

aides des fonds structurels et que tous ces projets

s’élaborent, se développent et se concrétisent sans

heurts, sans difficultés. Des effets pervers existent

et ont été relevés afin de tenter de les corriger. En

particulier pour le patrimoine, on peut relever deux

grandes difficultés. D’une part, le facteur temps qui

est aujourd’hui primordial, a parfois une dimension

contradictoire entre les contraintes des cofinan-

cements et les exigences d’un travail de qualité

et de respect d’un substrat patrimonial qui a déjà

traversé les siècles. D’autre part, les réglementa-

tions préexistantes auxquelles sont soumis tous les

autres propriétaires de biens classés en Wallonie,

se révèlent trop lourdes, trop complexes en soi en

venant s’ajouter aux autres contraintes spécifiques,

elles aussi assez lourdes, des dossiers cofinancés

par l’Europe. La première difficulté ne peut être

rencontrée que par une meilleure sensibilisation de

tous les acteurs, régionaux et européens, aux carac-

téristiques propres de la gestion du patrimoine. Elle

a une dimension plus sociétale ; c’est avant tout une

prise de conscience, une reconnaissance qui s’avère

nécessaire. La seconde paraît plus abordable et

chaque niveau de pouvoir ou chaque acteur concerné

travaille aujourd’hui pour essayer de simplifier les

procédures et les démarches qui accompagnent la

mise en œuvre de ces projets.

Cet éventail d’interventions réussies, tant en ce

qui concerne les aspects patrimoniaux qu’en ce qui

concerne les objectifs des différents programmes

d’aides offertes par l’Europe, même en guise de

bilan quelque peu sommaire et réducteur, permet

néanmoins d’ouvrir les yeux sur l’importance et l’op-

portunité de considérer le patrimoine de la Wallonie

comme un outil de développement au service des

politiques de redressement de la Wallonie mise

en œuvre par le Gouvernement. Le potentiel de ce

patrimoine existe bel et bien. Toutes les opérations

menées ne représentent qu’une petite partie de ce

qu’il est encore possible, voire nécessaire d’envisa-

ger. Les acteurs du patrimoine sont prêts et mobili-

sables. Le patrimoine de Wallonie est un patrimoine

européen qui mérite l’attention des entrepreneurs et

le soutien des décideurs.

19Les incidences des investis-sements consentis pour les travaux de restauration du patrimoine restent diffi ciles à appréhender faute d’in-dicateurs prédéterminés et valides. Il faut distinguer les incidences directes et les incidences indirectes, en les relativisant dans le temps. D’une manière générale, en termes d’incidences directes, pour les travaux de restauration uniquement, on peut raisonnablement considérer que les deux tiers des montants investis sont consacrés à de l’emploi pour les entreprises concer-nées et un tiers pour la four-niture de matériaux locaux. Le respect des qualités patrimoniales exige dans la plupart des cas, d’utiliser des matériaux conformes à ceux utilisés pour la construction originelle et qui le plus souvent ont une origine dans la sous-ré-gion agro-géographique correspondante. Le chiffre de 1267 correspond à une extrapolation sur base des chiffres des montants dépensés pour l’ensemble des dossiers cofi nancés pour lesquels le patrimoine est intervenu, en prenant en compte l’Objectif 1, l’Objectif 2 et l’Objectif V B rural, et ce, depuis 1994. Ce montant doit être revu à la hausse si on tient compte des montants réels totaux des travaux.

20Les chiffres présentés sont limités aux dépenses recensées à ce jour pour les dossiers cofi nancés qui font l’objet d’un subside en matière de patrimoine.

21Certains dossiers ont fait l’objet de cofi nancements pour les deux program-mation (1994-1999 et 2000-2006) et sont donc comptabilisés pour chaque programmation.

Tableau récapitulatif, par programme, de l’ensemble des dossiers cofinancés

par l’Europe en matière de patrimoine

Total dépenses20 Total Patrimoine21 Dossiers

Objectif 1 1994-1999 19.312.580,00 € 7.340.480,00 € 8

Objectif Meuse Vesdre 1994-1999 12.890.979,00 € 4.884.924,00 € 11

Objectif V B 1994-1999 4.329.714,00 € 1.753.192,00 € 7

Objectif 1 2000-2006 phasing out 15.805.732,00 € 6.942.719,00 € 8

Objectif 2 Meuse Vesdre 2000-2006 3.988.419,00 € 1.636.684,00 € 3

Objectif V B 2000-2006 668.340,00 € 250.787,00 € 3

Total 56.995.764,00 € 22.808.786,00 € 40

Moyenne par an 4.749.647,00 € 1.900.732,17 €