projet éducatif 2015-2017 - colonies de vacances wakanga

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2015 - 2017 PROJET ÉDUCATIF PRÉAMBULE Partir c’est grandir ENGAGEMENT Cinq intentions éducatives REPORTAGE Comme un vent de liberté... 2015 - 2017 3 e édition

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Projet éducatif de l'association Wakanga, couvrant la période 2015-2017. Les intentions éducatives détaillées dans ce document définissent les grandes lignes qui s'appliquent dans les colonies de vacances organisées par Wakanga.

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Page 1: Projet éducatif 2015-2017 - Colonies de vacances Wakanga

2015 - 2017

PROJET ÉDUCATIF

PRÉAMBULEPartir c’est grandir

ENGAGEMENTCinq intentions éducatives

REPORTAGEComme un vent de liberté...

2015 - 20173e édition

Page 2: Projet éducatif 2015-2017 - Colonies de vacances Wakanga

Maintenons le cap !Voici venir la troisième édition de notre projet éducatif.

Si la première reflétait la jeunesse de notre association, la seconde mon-trait déjà sa maturité et a donc servi de base à cette nouvelle édition. Six ans que nos intentions sont mises à rude épreuve sur différents séjours de vacances, sans jamais avoir été démenties. Six ans que des géné-rations d’animateurs et de direc-teurs les décortiquent pour mieux les mettre en application auprès des enfants dont ils ont la charge.

Alors, quand il a fallu remettre au goût du jour ce document central pour nos actions, ce sont ces mêmes animateurs, directeurs et personnels techniques qui choisirent de contri-buer à dresser le bilan des précé-dentes évolutions et retoucher en conséquence les chapitres le né-cessitant.

Si le fond n’a que peu évolué, il nous a semblé important de réaffir-mer tout au long de ce fascicule les orientations de notre association. Il est de plus en plus criant qu’une fracture menace les colos : celles obéissant aux recettes des voyages pour adultes avec la mise en avant d’une ultra-consommation récréa-tive d’un côté, et de l’autre, celles qui encore aujourd’hui s’estiment partie prenante de l’éducation des enfants et des jeunes au travers des temps de vacances. Évidemment, Wakanga a depuis longtemps choisi son camp.

Reste que ce clivage, s’il se confirme, n’est pas de nature à nous rassurer. Quelle lisibilité permettra aux pa-rents d’effectuer un choix conscient, en dehors de critères communs tels que le prix ou les dates ? Gageons que ce document saura éclairer autant que certaines plaquettes éblouissantes.

Nicolas GruauPrésident de Wakanga

EDITO

Mais au fait, c’est quoi un projet éducatif ?

Préambule Partir c’est grandir

ConstatLa colo, un enjeu moderne

Point de vueD’hier à demain, passeur d’avenir

EngagementsIntentions éducatives

De la suite dans les idées

Quand le projet éducatif prend vie

Pratiques pédagogiques en séjours de vacances

ReportageComme un vent de liberté

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Directeur de la publication et coordination éditoriale Nicolas GRUAU

Comité de rédactionQuentin JOSTE Nicolas GRUAU,Camille JAUMARD, Simon MORIN,

RelectureMélissa PERON

Mise en page Esméralda PICQUET

ImpressionExaprint

Edité parWakanga20, rue Frédéric Cournet 35000 RENNES

Rédaction1, rue des Charmilles35750 - IFFENDIC02 99 09 12 39 [email protected] www.wakanga.org

Wakanga remercie toutes les personnes qui se sont associées à la réalisation de ce projet éducatif.

PROJET ÉDUCATIF 2015-2017

02WAKANGA - PROJET ÉDUCATIF 2015-2017

Photo // Rassemblement des équipes

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Une obligation réglementaireLe projet éducatif est d’abord une obligation régle-mentaire. Toute personne morale souhaitant organi-ser des Accueils Collectifs de Mineurs (ACM) se doit d’en disposer et de le faire parvenir aux services de Jeunesse et Sport. Le code de l’action sociale et des familles est d’ailleurs précis sur ce point puisqu’il sti-pule que le projet éducatif doit « définir les objectifs de l’action éducative des personnes qui dirigent et animent les centres de vacances  » et que celui-ci doit être porté à la connaissance des personnes qui vont diriger et animer ces séjours avant leur entrée en fonction ainsi qu’aux représentants légaux des mineurs accueillis.

Une utopie éducativeSoyons clair, un projet éducatif repose avant tout sur des intentions, des buts vers lesquels nous voulons tendre. L’objectif n’est pas de savoir comment ils se-ront atteints, ni même s’ils le seront un jour. Il repré-sente un idéal – et c’est tout ce qui en fait la force – sans non plus être totalement irréaliste. Il donne donc le cap à suivre pendant un laps de temps défini, au bout duquel il sera réinterrogé et corrigé (même si ce n’est pas une obligation réglementaire) pour suivre l’évolution de nos idées et de la société en général.

Du projet au contratCe projet a aussi valeur de contrat d’une certaine façon. Un contrat qui engage bien sûr la structure organisatrice dans ce qu’elle définit, mais aussi, les équipes pédagogiques qui devront traduire au quo-tidien les intentions éducatives au cours de leur en-

gagement occasionnel. Mais ce contrat engage éga-lement les parents qui, en inscrivant leurs enfants sur les séjours d’un organisateur, en approuvent de fait les valeurs et les méthodes. L’Education au sens large est trop importante pour avancer à pas cachés, et c’est tout l’objectif de ce document : accorder des partenaires d’un jour autour d’une vision commune et définie.

Un travail collectifPour garantir cette adhésion de tous, la rédaction de notre projet éducatif n’est pas organisée à la légère. Ainsi, tous les acteurs concernés, qu’ils soient per-manents, saisonniers, bénévoles, parents ou même enfants sont conviés à dresser le bilan des actions précédentes dans le but d’affiner plus encore nos in-tentions. Si chacun participe à des stades différents de l’écriture et avec des implications évidemment disparates, cela garantit tout de même à ce docu-ment d’être une œuvre collective.

Des déclinaisons sur le terrainMais un projet éducatif n’est pas une fin en soi. Il arti-cule et coordonne la politique éducative d’un organi-sateur et se doit donc de rester assez large. Chaque équipe s’en saisit ensuite pour construire un projet pédagogique. Celui-ci déclinera concrètement et de façon adaptée à chaque séjour les intentions éduca-tives. Ces deux niveaux de formalisation sont la clef de voûte du système, permettant tout à la fois une véritable réflexion politique au sein de chaque orga-nisateur et une cohérence dans les fonctionnements décidés par chaque équipe d’encadrement présente sur le terrain.

Mais au fait, c’est quoi un projet éducatif ?

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Photo //Rencontre avec un chien de traineau

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Partir, c’est grandir !

La valise chargée dans les soutes, bien installé dans le siège de l’autocar, un dernier regard lancé aux pa-rents qui agitent les bras derrière les vitres, et c’est le départ vers l’ailleurs. Le séjour de vacances va commencer, avec de nouvelles amitiés, des activi-tés inconnues, un lieu nouveau... Une aventure qui va permettre la rencontre et le dépaysement, loin des parents, mais avec les copains.

S’éloigner du cocon familial pour aller vivre avec un groupe d’enfants dans un endroit inexploré est tou-jours une étape marquante dans la vie d’un enfant. C’est un départ vers l’inconnu, qui peut inquiéter, mais qui donne une occasion unique à l’enfant de gagner en autonomie. Cela permet de délier pro-gressivement les attaches familiales pour en initier de nouvelles avec d’autres enfants et adultes.

La colo permet de faire l’expérience de la vie en col-lectivité, celle qui forge les amitiés et donne envie de rencontrer, de s’ouvrir à l’autre. C’est un lieu du

« vivre ensemble », mais aussi du « faire ensemble » : les projets individuels se transforment vite en projets collectifs, l’activité se construit grâce au débat et à l’acceptation des idées des autres. En résumé, les idées personnelles fusionnent pour créer une acti-vité collective. C’est ainsi que le souhait « Je voudrais faire une cabane » ne tarde pas à se muer en « On aimerait faire un grand tipi avec des murs en fou-gère ! ».

La colo, c’est enfin la découverte de nouvelles acti-vités et de futures passions. Fabriquer un bateau en bois et aller le mettre à l’eau, préparer un tiramisu au chocolat pour le déguster au goûter, passer sa première nuit à la belle étoile emmitouflé dans un duvet en discutant avec les copains… Ce sont ces ex-périences inoubliables qui forgent les souvenirs des enfants et leur offrent de nouveaux savoirs.

Aller en colo, c’est faire un pas de plus vers l’éman-cipation, c’est partir à l’inconnu et en revenir grandi.

Quitter les parents quelques jours et partir vers l’inconnu... Les séjours de vacances sont un temps éducatif essentiel dans la vie de l’enfant.

PRÉAMBULE

04WAKANGA - PROJET ÉDUCATIF 2015-2017

Page 5: Projet éducatif 2015-2017 - Colonies de vacances Wakanga

La colo, un enjeu moderneCONSTAT

C’est un paradoxe qui a la vie dure : les sondages disent régulièrement que les parents plébiscitent les colonies de vacances pour leur intérêt éducatif alors que leur fréquentation stagne depuis des années. Les contraintes économiques pesant sur les familles ont déjà été décrites comme le frein principal au départ. De même, la vente d’un grand nombre de centres de vacances au cours de la dernière décen-nie a mécaniquement influé sur le nombre d’enfants partant en colonie. Mais, le contexte économique ne doit pas servir de paravent aux organisateurs de séjours : ils ont eux aussi une part de responsabilité dans la situation actuelle.

Citons en premier lieu les offres de séjours. Certaines colos figent les participants dans une position de consommateurs de prestations, choisies et planifiées avant leur arrivée. D’autres séjours naissent en fonc-tion d’effets de mode et disparaîtront tout aussi vite. Oui, le public a changé et la colo d’hier devait inévi-tablement s’adapter. Pour autant, la modernité n’est pas la seule affaire du marketing. Etre moderne, c’est d’abord répondre aux enjeux éducatifs du moment : confier un véritable pouvoir de décision aux ado-lescents et instaurer un cadre favorisant l’autonomie des enfants sont quelques-unes des urgences dont la colo doit se saisir.

Ensuite, l’inscription à un séjour de vacances sup-pose la confiance des parents. Mais les agences de voyages qui ont investi le secteur, parce qu’elles ne jouent qu’un rôle d’intermédiaires, trompent les pa-

rents sur l’organisateur réel du séjour de leur enfant. Pour lever d’éventuelles réticences des familles à l’idée de la séparation, il faut au contraire favoriser un contact direct avec l’organisateur mais aussi avec le directeur du séjour. Les chartes et les labels dont se prévalent des organisateurs de colos ne doivent pas empêcher la naissance d’un dialogue avec la famille, essentiel pour déclencher l’inscription.

Enfin, les recettes du tourisme adulte ne devraient pas s’appliquer aux colonies de vacances. Et pour-tant... On voit fleurir à destination des parents des réductions de dernière minute, des ventes flash, des jeux concours. Si ces outils promotionnels per-mettent effectivement de diminuer le coût d’un sé-jour, ils participent aussi à l’opacité du secteur. Ils en-tretiennent également l’idée qu’une colonie ne doit être choisie qu’en fonction de son prix. Or, c’est bien le projet éducatif porté par l’organisateur qui doit susciter l’adhésion des familles, non le rabais obtenu avec un code promo.

Afficher ses intentions éducatives est une obligation légale. Nous pourrions ajouter que c’est surtout une nécessité pour renforcer le lien avec les parents et les convaincre des bienfaits d’une colonie de vacances. Les choix éducatifs nous engagent sur notre vision de l’enfant, de la société, des vacances... Le projet éducatif de Wakanga a été revu avec l’ambition de défendre fièrement notre conception d’une colonie de vacances, en prise directe avec les besoins des enfants.

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Photo //Journée surf

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Lorsque Wakanga fut fondé, en 2008, une structure associative s’est imposée tout naturellement. Cela nous permettait, au quo-tidien, d’assurer un fonctionne-ment interne démocratique en cohérence avec celui que nous défendons dans nos actes. Cela répondait aussi à un principe que nous jugeons encore au-jourd’hui intangible et qui guide une grande part de notre action : ne pas rendre lucratif le secteur des vacances pour enfants et adolescents. Comment en effet permettre au plus grand nombre de s’évader quelques jours ou quelques semaines s’il faut assu-rer une rentabilité toujours plus grande de capitaux ?

Parce que c’est bien cela qui nous anime en premier lieu : permettre au maximum d’enfants d’avoir une expérience de vie en col-lectivité. Le droit aux vacances, déjà reconnu dans la convention internationale des droits de l’en-fant n’est guère appliqué. Bien que tous les enfants dans notre pays aient effectivement des va-cances, ils ne sont qu’une faible majorité à pouvoir y effectuer des activités de loisir : Réduire au maximum le coût d’une colonie de vacances, sans renier ses va-leurs fondatrices, n’est donc pas neutre s’il permet à des enfants supplémentaires de partir valise à la main. Dans le même temps, il nous semble important de ne pas

oublier que c’est bien à l’Etat de remettre sur pied une véritable politique d’aide au départ à des-tination des classes moyennes, laissées pour compte ces der-nières années.

Redonner un sens au mot vivre-ensemble est le cœur de notre action. Mais pour y arriver, il est évidemment nécessaire que la composition d’un séjour de vacances reflète celle de la société et ne soit pas tronquée. Apprendre à des enfants à se côtoyer, à débattre, à s’entre-ai-der, c’est évidemment investir pour le futur et dans une société moins individualiste. Au quoti-dien, les intolérances, petites et

D’hier à demain : passeurs d’avenirLe secteur des vacances pour enfants continue sa mutation année après année.

Cette évolution transforme profondément ce que l’on appelait encore, il y a peu, des « colos ». Aujourd’hui, l’offre est plus diverse (séjours thématiques, colos linguistiques, mini-séjours en centre de

loisirs…), et les organisateurs parfois très différents (associations, sociétés, mairies, comité d’entreprises…).

POINT DE VUE

06WAKANGA - PROJET ÉDUCATIF 2015-2017

Page 7: Projet éducatif 2015-2017 - Colonies de vacances Wakanga

grandes, arrivent à miner notre société, à favoriser le repli sur soi lorsqu’il faudrait s’ouvrir à l’autre. Le monde de demain sera mul-ticulturel, avec des frontières physiques qui s’effaceront peu à peu. Mais elles pourraient, si nous n’y prenons pas garde, lais-ser place à des frontières idéolo-giques plus dures encore. A nous éducateurs, d’aider les enfants d’aujourd’hui à trouver leurs re-pères de demain.

C’est dans ce but que dans tous nos séjours, l’apprentissage de l’autonomie est au cœur de nos pratiques. L’autonomie ne réside pas que dans l’agir, elle est bien sûr aussi présente dans les pen-sées. Tout notre travail consiste alors, non pas à transmettre nos convictions, mais bien à mettre en place des espaces qui per-mettront aux adultes en devenir que nous accueillons de se for-ger leurs propres opinions, de les confronter à celles des autres, de les mettre en pratique. Et tout cela dans un cadre, non pas aseptisé comme on le voit par-

fois sous prétexte de protection renforcés, mais adapté, limité, pour ceux qui ne sont encore que des enfants.

Pour y arriver, quoi de plus natu-rel que de construire nos séjours avec les jeunes ? De leur laisser la possibilité d’influer sur le dérou-lement de leurs vacances ? Cette méthode permet à chacun de s’approprier ses vacances et de participer à la construction d’un ouvrage collectif, si différent d’un groupe à l’autre, d’un lieu à un autre… Les enfants sont capables de décider, si tant est que l’on leur offre cette possibilité. C’est pour cela que nous continuons à proposer des séjours qui ne sont que peu ou pas thématisés, seuls à même à laisser une marge. Il nous apparait par ailleurs que les temps de loisirs et de repos ne sont compatibles ni avec un planning dicté par les adultes et leurs sacro-saintes activités de consommation, toujours plus spectaculaires et chronophages, ni avec des temps d’apprentis-sage scolaire.

Cette capacité de décision, les parents, bénévoles et salariés de l’association la possède égale-ment. Nous nous devons donc, collectivement, d’expliciter en per-manence les choix et orientations de l’association, tout en laissant à chacun la possibilité d’influer sur ceux-ci. Nous sommes bien un maillon éducatif, imbriqué entre l’école et la famille, entre l’accueil périscolaire et l’aide au devoir. C’est donc à ce titre qu’au quoti-dien nous devons mener des ac-tions de coéducation avec tous les acteurs du champ de l’enfance.

Enfin, nous réaffirmons que les temps d’exception que sont et que doivent rester les colonies de va-cances, ne pourraient exister sans l’engagement fort des équipes d’encadrement occasionnel pré-sentes sur le terrain. Ces anima-teurs, directeurs et personnels techniques sont bien ceux à qui il revient, in fine, la lourde tâche de mettre en œuvre ce projet éduca-tif, de le confronter au terrain, de vivre ses réussites et d’affronter ses désillusions.

POINT DE VUE

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Photo // Conseil d’enfant

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L’action éducative de Wakanga se décline en cinq intentions majeures,véritable ossature de l’ensemble de nos séjours

Consciente de sa responsabilité envers les générations fu-tures, notre association promeut des actions d’éducation à l’environnement pour garantir son respect et sa valorisation. Cette politique se traduit auprès des enfants par des activités qui favorisent la rencontre avec le milieu environnant (natu-rel, humain et culturel). Notre association est notamment sou-cieuse de son impact environnemental. En ce sens, elle privi-légie l’achat de produits écologiques, locaux et durables. Elle s’impose également de limiter sa production de déchets et veille à leur valorisation (réutilisation et tri sélectif).

Pour une démarche durable

Les séjours n’ont pas vocation à rendre les enfants prisonniers d’un programme d’activités et d’un fonctionnement unique-ment décidés par les adultes. En ce sens, l’association défend une organisation facilitant la parole quotidienne des enfants et prenant en compte leurs envies. Elle permet aux enfants d’agir concrètement sur le déroulement des activités et de la vie collective. L’adulte favorise ainsi la naissance de projets par les enfants et les accompagne dans leur réalisation.

Pour des enfants auteurs de leurs vacances

A l’heure où l’aspect éducatif des loisirs collectifs tend à être dilué dans un catalogue d’activités qui fait la part belle à la consommation, nous réaffirmons qu’offrir à un enfant un séjour de vacances est un acte d’éducation. Les équipes de direction expliciteront leurs choix pédagogiques auprès des familles afin de les mettre en position de partenaires éducatifs. Pour que cet échange ne soit pas limité aux étapes de l’inscrip-tion en amont du départ, une communication à double sens est mise en place entre les responsables des enfants et les équipes d’animation, tout au long des séjours.

Pour une véritable co-éducation

08WAKANGA - PROJET ÉDUCATIF 2015-2017

Intentions éducatives

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La vie en collectivité est, pour l’enfant, facteur d’enrichisse-ment. Au contact de ses pairs, il construit et intègre les règles nécessaires au «vivre ensemble», fondateur d’une société de demain. Le rôle des adultes est de mettre en place des outils permettant l’intégration et l’épanouissement de chacun, notamment en prenant en compte les handicaps. Ils veillent également à l’installation de relations de qualité dans le groupe. La vie en collectivité est l’occasion, pour les enfants, d’apprendre à exprimer leurs opinions en étant respectés et en respectant les autres. Il s’agit aussi de grandir en appre-nant à s’entraider, en coopérant dans un même projet, en se confrontant aux autres (par le jeu, par le débat), en négociant, en échangeant, en acceptant la différence.

Pour un vivre-ensemble harmonieux

L’Agir au sens large, qu’il s’agisse d’activités accompagnées par l’adulte, de temps sans animateurs ou de vie quotidienne est un support pour gagner en autonomie. Aussi, notre fonc-tionnement est pensé pour garantir à l’enfant une liberté d’action importante, limitée avant tout par le cadre de la vie collective et non uniquement par les contraintes des adultes. Des temps et des espaces réfléchis par l’équipe sont aména-gés pour permettre aux enfants de gagner en autonomie. Les vacances sont également une occasion de prendre le temps de mettre les enfants en situation d’apprentissage adaptée à leur âge et ce, à chaque instant du séjour, avec ou sans adulte.

Pour le développement de l’autonomie

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Wakanga inscrit ses actions dans le cadre des valeurs répu-blicaines. En cela, la pratique de la religion ne peut s’exercer pendant nos séjours que de façon personnelle et en dehorsde tout prosélytisme. Elle ne doit ni interférer avec le dérou-lement du séjour ni nécessiter d’action contraignante pour l’équipe. Elle sera limitée par la sécurité des mineurs.

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De la suite dans les idéesUne bourse pour aider au départ

Wakanga, dans son souci de permettre au plus grand nombre d’enfants de partir en vacances, a mis en place un système de ‘‘bourses au départ’’. Indépendamment des aides financières des CAF et autres organismes publics, notre association pro-pose chaque année aux familles dont le quotient familial en justifie la demande une aide supplémentaire. L’objet de cette aide n’est pas de financer entièrement un séjour, mais elle permet dans bien des cas d’apporter le ‘‘coup de pouce’’ né-cessaire à l’inscription d’un enfant. Par ailleurs, pour les familles qui font partir trois enfants ou plus en colo, Wakanga propose un tarif ‘‘famille nombreuse’’ avec une réduction sur les inscriptions.

Une attention portée au taux d’encadrement

La politique de Wakanga est basée sur le principe du développement de l’auto-nomie des enfants et la valorisation des initiatives personnelles au sein du groupe. Pour permettre aux enfants d’expérimenter une réelle autonomie durant les sé-jours, il est nécessaire qu’une équipe nombreuse les encadre. En effet, être auto-nome ne signifie pas être livré à soi-même, c’est pourquoi nous nous engageons à respecter un taux d’encadrement élevé bien supérieur à celui que la loi nous im-pose. Ainsi, les équipes d’encadrement peuvent se consacrer à de petits groupes d’enfants et permettre aux individualités de s’exprimer librement.

Des moyens matériels conséquents

Soucieux de déléguer le moins possible ses activités, Wakanga met à disposition sur ses séjours un équipement de qualité. En effet, le choix des fournitures péda-gogiques est étudié en amont des séjours, afin de permettre aux équipes d’ani-mation de proposer des activités variées et de qualité, et de répondre aux souhaits des enfants. Le choix des activités par les enfants est favorisé par la multiplicité des activités possibles  : ils peuvent notamment apprécier les ‘‘ateliers bois’’, la présence de vélos, le grand éventail de fournitures pour travaux manuels, ou du matériel de camping.

Fidélisation des salariés

Au sein de l’association, nous essayons de fidéliser les salariés. Dans ce but, nous organisons chaque année deux week-ends de formation. C’est pour eux l’occasion de poursuivre leur formation et cela permet à l’activité de l’association de ne pas s’arrêter aux séjours. De plus, nous accordons des bourses BAFA et BAFD aux personnes qui s’engagent à retravailler pour l’association. Afin de poursuivre les interactions entre l’association et ses salariés, une lettre d’information est écrite à leur attention chaque trimestre. Il est important pour nous, d’avoir au sein de l’association, des salariés qui la connaissent et en partagent les valeurs.

Le Contrat d’Engagement Éducatif

Le contrat d’engagement éducatif est le contrat sous lequel travaillent depuis 2006, tous les animateurs et directeurs de l’animation volontaire. Ce contrat a subi une grande modification en 2012 pour être plus en adéquation avec le code du travail. Il oblige entre autres les salariés à avoir chaque jour 11h de repos consécutif. Ce repos peut être supprimé mais il doit alors être pris à la fin du séjour sous forme de repos compensateur. Il oblige de fait les directeurs à jongler avec des plannings très com-plexes voir fantaisistes pour les petites équipes. Nous estimons, comme d’autres organisateurs, que ce texte est contraire à nos idées et aux valeurs de l’éducation populaire. En ce sens, nous militons pour un statut de volontaire de l’animation, in-dépendant du code du travail, mais reconnaissant et valorisant l’engagement des animateurs et directeurs.

10WAKANGA - PROJET ÉDUCATIF 2015-2017

Photo //Après-midi au soleil

Page 11: Projet éducatif 2015-2017 - Colonies de vacances Wakanga

Quand le projet éducatif prend vieAvant le séjourLe directeur du séjour de vacances établit les grandes lignes de son propre projet - appelé projet pédagogique - en s’appuyant sur les orientations éducatives défendues par Wakanga, mais aussi sur les valeurs qui lui sont propres. En cela, le projet pédagogique est un carrefour entre le projet éducatif et le projet personnel de direction. Un à deux mois avant le début du séjour, l’association prend connaissance des objectifs pédagogiques mis en place par le directeur et s’assure de leur adéquation avec le pro-jet éducatif. Nous demandons ensuite au directeur d’associer l’ensemble de son équipe à la suite de l’écriture du projet pédagogique, afin qu’il soit partagé par tous et issu d’une réflexion commune. Une fois cette étape achevée, le document est à nouveau lu par l’équipe de Wakanga puis mis à la disposition des parents.

Pendant le séjourChaque séjour est visité au moins une fois par l’équipe de Wakanga. Du-rant cette étape, l’association est investie d’une double mission de contrôle et de conseils. La rencontre avec le directeur du séjour permet dans un premier temps d’étudier la pertinence du fonctionnement mis en place au regard des objectifs pédagogiques. Les valeurs portées par Wakanga se doivent d’être traduites dans l’action quotidienne auprès des enfants. Cette visite est aussi l’occasion pour le directeur d’échanger autour des contraintes qu’il peut rencontrer dans la poursuite de ses objectifs : en s’ap-puyant sur son expérience, l’équipe de Wakanga prodigue des conseils et avance des pistes de remédiation. Le projet pédagogique n’a donc rien de figé : pour répondre au mieux aux intentions éducatives de l’association, il est amené à évoluer en fonction des constats de l’équipe d’animation ou des remarques de Wakanga.

Après le séjourUn important travail d’évaluation du projet pédagogique est mené par le directeur une fois le séjour terminé. Les réussites et les échecs sont rele-vés et analysés. Ce travail, en plus d’alimenter sa propre réflexion, vient nourrir le projet éducatif de l’association. Les constats du directeur et des animateurs, leurs démarches pédagogiques initées lors du séjour et leurs récits de projets d’activité sont autant d’éléments qui permettent d’interro-ger l’action éducative défendue par Wakanga. C’est ainsi que le projet édu-catif est régulièrement renouvelé pour répondre, au plus près, aux enjeux de la société, du temps libre, de l’éducation et de l’enfance.

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Page 12: Projet éducatif 2015-2017 - Colonies de vacances Wakanga

Pratiques pédagogiques en séjours de vacancesLes directeurs de nos séjours, à travers le récit de leurs expériences,

témoignent de la mise en mouvement de notre projet éducatif.

Tisser des liens avec les parents«On pourra quand même vous joindre en cas d’urgence ?» Formulée quelques jours avant le départ de sa fille, la question de ce père sonne comme un rappel : ils sont encore nombreux, les collègues directeurs, à dresser des barricades entre eux et les familles. Trop souvent, la com-munication en colo se résume à l’écoute passive d’une messagerie téléphonique.

Si le séjour représente un monde à part pendant quelques jours, ses frontières avec l’extérieur sont heureusement poreuses. En équipe, nous avons choisi de tout faire pour encourager la communication avec les parents pendant le séjour, notamment par le biais du téléphone que nous ne limitons pas à un créneau horaire restreint. Et que nous disent-ils, ces parents ? Ils questionnent le moral de leur enfant, interrogent son intégration dans le groupe, s’en-quièrent des dernières activités réalisées… Ils attendent parfois de la conversation qu’elle valide leur choix d’avoir fait partir leur enfant en colo. Ils se confient aussi, lorsque les échanges glissent doucement vers eux et sur les mo-ments de vide parfois ressentis sans leur enfant.

S’éloigne-t-on de notre mission première lorsqu’on consacre du temps aux parents ? De notre point de vue, c’est tout le contraire ! Ces moments nous permettent de faire connaître nos choix pédagogiques, de raconter le fonctionnement - finalement mal connu - d’une colo, d’en-richir notre regard sur chaque enfant, de questionner nos pratiques... Premiers pas sur le chemin de la co-éducation.

Décider de ses activités, c’est d’abord échangerC’est l’histoire d’un plateau, d’un drôle de plateau avec des petits drapeaux. Un plateau avec cinq cases de couleurs différentes dans lesquelles était scotché un joli papier avec le nom d’une activité. Et tous les soirs, le groupe se réunissait autour de ce plateau, sur lequel chacun venait poser son drapeau sur l’activité de son choix. S’en suivait une discussion s’il n’était pas possible de respecter le choix de chacun (nombre de places maximum dépassé sur une activité) et il était alors possible de déplacer son drapeau.Cette solution, nous l’avons trouvée pour répondre au pro-blème récurrent du choix d’activité. Rendre l’enfant auteur de ses vacances, c’est notamment lui donner un pouvoir de décision. Pour cela, il doit avoir la possibilité de proposer des activités (ce qui ne pose pas vraiment de problème) et de pratiquer celles qui lui plaisent le plus. Malheureu-sement, dans notre séjour les contraintes techniques sont fortes et le nombre de places à une activité souvent limité.

Alors, pour sortir du système ‘‘premier inscrit / premier servi’’, nous avons décidé en réunion de préparation d’utili-ser des plateaux, permettant à chacun de faire un premier choix selon ses envies, tout en rendant ensuite possible des discussions entre enfants pour éliminer les points de blocages. Petit à petit, les débats se sont étoffés, chacun

prenant ce moment au sérieux, nous obligeant même par-fois à décaler le début du repas. C’est ainsi que chaque enfant a construit sa propre colo tout en limitant grande-ment ses frustrations.

Le pari de l’alimentation localeLe rituel était précis. Tous les mardis et vendredis reten-tissait dans l’arrière-cour le même coup de klaxon. Et quelques instants plus tard, notre cuisinière sortait à la rencontre de Joël, le livreur de légumes. Le contenu des cageots, lui, différait d’une fois sur l’autre. Les pommes de terre laissaient leur place aux aubergines et les salades aux tomates. Mais ce qui en faisait la spécificité, c’était la provenance : Joël et son camion n’avaient que 15 km à faire pour rallier la colo depuis ses champs.

Après plusieurs années à inscrire le développement durable dans notre projet, nous avons voulu en explorer une nouvelle piste à travers la cuisine. Malheureusement, nous avons, au départ, rencontré plus de problèmes que de solutions. Fallait-il manger bio, au risque d’augmenter le coût des repas ? Fallait-il opter pour des fournisseurs locaux, aux risques de devoir les multiplier ? Et puis cela augmenterait les heures de travail... Et devait-on continuer à manger des kiwis d’Australie ?

Alors, on s’est mis autour d’une table et on a rassemblé tous les intervenants de la direction et de la cuisine. On a discuté, augmenté un peu les ressources humaines, fait des compromis et surtout, on est parti à la recherche de fournisseurs locaux. Pas bio, ce serait trop cher, mais culti-vé tout de même de façon responsable. Pour la première année, le choix s’est limité aux légumes, afin de tester et de se rassurer sur la faisabilité de la démarche. Et c’est là qu’on a rencontré Joël, sa bonne humeur et son camion. Depuis, une bonne partie des légumes mangés par les enfants ont illustré, d’une certaine façon, notre objectif de développement durable.

L’histoire des balais ou la recherche de solutions communes

3ème jour de la colo. Valentine, directrice adjointe qui anime la réunion du groupe des 10-12 ans, déplore l’état de certaines chambres. La règle commune était pourtant qu’elles soient balayées avant de se disperser dans les ateliers du matin. La remarque de Mathis fuse : «On part tôt à la voile, on a pas le temps !» Théo embraie et fait valoir qu’il n’a pas trouvé le balai ce matin. Il est approuvé par Romain : il a bien demandé le balai à un animateur mais en vain.

Jérôme, un animateur du groupe, intervient alors : ce matin, les deux balais étaient monopolisés par les chambres de filles. Océane, 10 ans, concède que les filles gardent en ef-

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fet un balai dans leurs chambres. Pour régler le problème, elle suggère d’en mettre un par chambre. Mais sa propo-sition se heurte au manque de matériel. Théo reprend la parole et propose que les deux balais soient posés au mi-lieu du couloir des chambres pour que chacun puisse s’en servir. Regards approbateurs échangés, sa proposition est acceptée. Un endroit précis est alors trouvé pour ranger les balais.

Reste un écueil : quid des enfants partis à la séance de voile  ? Doivent-ils être ‘‘dispensés’’ de rangement de chambre ? Faut-il qu’on les réveille plus tôt ? Les enfants doivent alors composer avec les contraintes matérielles mais aussi avec le respect évident des autres : se lever plus tôt pour ranger, c’est risquer de réveiller ses voisins de chambre ! Devant les interrogations des enfants, Valen-tine propose que les chambres du groupe de voile soient rangées le midi après manger. Les enfants s’engagent à expérimenter cette solution les jours suivants.

Cet exemple, comme bien d’autres, montre que les va-cances collectives sont des lieux où les enfants peuvent s’exercer à la citoyenneté, à la vie démocratique, en parti-culier à travers leur action sur le fonctionnement de la vie quotidienne, sur la vie du groupe et sur leur vie d’individu dans le groupe. Pour cela, nous avons mis en place sur ce séjour des moments où les enfants peuvent s’exprimer, écouter, donner leur avis en argumentant, réfléchir, adhé-rer, s’opposer... et prendre des décisions, sur le fonctionne-ment de la colo, sur les règles de vie qui y sont pratiquées, sur le comportement du groupe, sur les moyens de régler les différents petits problèmes pouvant surgir dans toute situation de vie en collectivité.

Trois ados, deux jours et un projet en autonomie Ce matin-là, il faisait frais. Une légère brume entourait le camping encore endormi. Et pourtant, ils étaient bien là, tous les trois, un peu engourdis et hésitants. Mais au-jourd’hui n’était pas un jour comme un autre, c’était le jour du départ. Oh ! pas le jour du grand départ, non. Plutôt ce-lui d’un départ vers l’inconnu, en autonomie. D’ici quelques minutes, ils se retrouveraient seuls pour deux jours, sans ces animateurs présents depuis le début. Certes, les vélos étaient chargés, l’itinéraire repéré, le budget calculé. Mais se retrouver maître de soi-même à 15 ans ne se fait pas sans une légère appréhension.

Ce projet n’est pas né du hasard. Lorsque nous préparions le séjour, nous avions choisi d’exploiter au maximum cette notion d’autonomie. L’adolescence est un âge de transi-tion, où l’on aimerait devenir adulte sans pour autant ne plus être un enfant. Alors, laisser l’occasion aux jeunes de quitter, l’espace de plusieurs jours, le groupe encadré était pour nous un véritable objectif pédagogique, permettant de les responsabiliser en les rendant moins dépendants de notre présence, rassurante mais parfois étouffante.

Nous avons donc expliqué notre démarche à tous les parti-cipants dès le premier jour. Il était possible, en petit groupe, de partir en expédition pendant deux à trois jours sans ani-mateur. Certains ont adhéré immédiatement, d’autres n’ont jamais souhaité partir. Au final, trois groupes (dont un mixte) ont saisi cette occasion. Nous les avons accompagné dans la préparation, leur avons égrené nos consignes de sécu-rité d’adultes anxieux et les avons regardé partir, puis reve-nir. Sans jamais avoir vraiment su ce qu’il s’est passé dans ce laps de temps, «en autonomie».

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Photo // Construction d’un radeau

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Une colonie de vacances en Bre-tagne, à quelques pas de l’océan. Juchée sur un muret, Cindy nous accueille dans la cour du centre d’un vibrant : «Bonjour, t’es qui ?» Les présentations faites, la fillette de 8 ans nous entraîne d’un pas assuré, en traversant une course de trottinettes et une partie de foot disputée, jusqu’à Isabelle, la directrice du séjour. Cinquante enfants sont sous sa responsabi-lité et celle de neuf animateurs.

Il est bientôt 10h, les activités démarrent. «Certains enfants se sont réveillés au petit matin, d’autres viennent d’émerger il y a une heure», témoigne Isabelle. Ici, le lever est individualisé : les lève-tôt ont le droit de rejoindre la bibliothèque et la ludothèque du centre avant même le petit dé-jeuner. Quant aux gros dormeurs, rien ne les presse : les activités ne démarrent jamais trop tôt.

L’organisation du lever, qui exige une grande coordination de l’équipe, est à l’image de l’en-semble du fonctionnement de la colonie de vacances. Le cadre de ce séjour a été pensé pour mettre les enfants en situation d’agir, sans être en permanence sous la coupe réglée des adultes. L’orga-nisation de la colo vise à s’adapter aux enfants, et non l’inverse. Un renversement qui n’est possible que parce que l’enfant est ici invi-té à s’exprimer, encouragé à agir, poussé à décider par lui-même.

«L’investissement des adultes dans ce type de fonctionnement est essentiel mais n’a rien d’évi-dent. Car donner du pouvoir aux enfants, c’est accepter de céder un peu du sien», explique Isa-belle, qui avoue avoir consacré beaucoup de temps en équipe à la préparation de ce séjour.

Comme un vent de liberté...Faire émerger les envies des enfants et les accompagner dans leurs projets :

plongée dans une colo où chacun décide de son programme.

REPORTAGE

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Faire aboutir les projets des enfants

Un peu plus loin, nous retrouvons Axel, accaparé par la construc-tion de son catamaran en bois. Ce garçon de 12 ans et demi, l’un des plus âgés, a vite pris ses marques dans le séjour. «Au début, je savais pas trop quoi construire et mainte-nant, j’ai plein idées. Là, je réfléchis à la matière de la voile du bateau», dit-il, deux bouts de plastique dans une main et une paire de ciseaux dans l’autre. Eva, son ani-matrice, fait le tour des tables de l’atelier pour conseiller chaque enfant dans son projet. Elle n’est pas réellement moteur de l’activi-té - même si elle a contribué dans les premiers jours à la rendre inté-ressante aux yeux des enfants - mais se retrouve pleinement dans un rôle d’accompagnement pour faire aboutir les idées des enfants.

A l’intérieur d’une des salles, une carte IGN a été dépliée : un groupe de huit enfants et un animateur planifient leur nuit en bivouac. Un agriculteur installé à quelques kilomètres a mis son champ à disposition des enfants. Ils le re-joindront en vélo et décident dès maintenant de l’itinéraire le plus adapté. Juste après, ils enchaî-neront avec le choix des menus, préparés au barbecue et au four artisanal construit pour l’occasion.

La colo idéale ? La directrice nous arrête sans détour : elle et son équipe ont aussi à gérer des disputes, des frustrations ou des coups de blues. «Parce qu’on donne un espace aux enfants pour

s’exprimer, des plaintes remon-tent fréquemment jusqu’à nous». Au rayon des petits conflits, les frictions nées de la vie en collec-tivité sont les plus nombreuses. L’autre jour, deux enfants ont pro-testé pour le bruit provoqué par la chambre voisine au début de la nuit. Hier, c’était les «grands» mis sur le banc des accusés pour uti-liser trop souvent les trottinettes. Isabelle encore : «Certains pro-blèmes de fonctionnement sont discutés en groupe, d’autres sont réglés de façon plus discrète. Ils trouvent des solutions rapides, c’est ce qui évite d’envenimer les choses».

Activités en autonomie

On l’interroge ensuite sur ce groupe de quatre enfants, affai-rés à écrire le journal du centre sans animateur auprès d’eux. Ils mettent en page un article sur l’un des ordinateurs. «Ils savent faire. Et s’ils rencontrent un souci, l’animateur qui suit ce projet est juste à côté», avance Ia directrice. Qui reconnaît ensuite que ce fonctionnement a fait l’objet d’un débat lors de la préparation du séjour. A l’heure où l’on réclame une surveillance continue des enfants, la directrice assume ses choix et les argumente. «Avant le séjour, certains animateurs étaient d’accord avec ce fonc-tionnement mais craignaient de ne pas trouver leur place. Pour-tant, si ces petites activités en autonomie sont possibles, c’est justement parce que le cadre a été beaucoup réfléchi en amont par ces mêmes animateurs».

Une des clés de voûte du séjour, c’est aussi le rythme de vie des enfants. Thomas, l’assistant sani-taire de la colo, garde un oeil sur ce paramètre en plus d’assurer la gestion des soins courants. «Les vacances ne sont pas synonymes de couchers tardifs ni d’activités intensives, au contraire.» Des pro-testations des enfants sur les ho-raires du soir ? «Etrangement, non. Les couchers ne suivent jamais la fin de la veillée. Les enfants ont une vraie transition avant de se coucher, c’est sans doute ce qui aide.» Quant aux différentes acti-vités pratiquées, elles ne sont pas toutes basées sur une pratique physique. Mais Thomas reconnaît que les sollicitations des enfants sont nombreuses : leur inves-tissement dans un projet le sur-prend parfois, surtout quand ils en oublient les horaires élémen-taires du repas !

Retour dans la cour du centre. Les enfants achèvent leur activité avant d’aller manger, au moment où le ciel se couvre fortement. Premier accroc en vue. La pluie est attendue pour l’après-midi, l’annonce en est faite aux en-fants. Malgré la déception légi-time, certains ne se laissent pas abattre. Kathleen, 7 ans, a déjà trouvé deux copines intéressées pour partir chasser les escargots. D’autres se verraient bien rester au centre à préparer le goûter pour toute la colo. Les animateurs échangent des sourires enten-dus. Le programme de la journée est changé en un tour de main !

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Photo //Accrobranche à Tremelin

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Wakanga en quelques chiffres...ET SINON...

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