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174 Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac Diagnostic territorial

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Page 1: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

174 Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

Diagnostic territorial

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A. La gestion des ressources en eau : une thématique phare du territoire

Préambule :

Une procédure de gestion intégrée de l’eau et des milieux aquatiques est en place sur la partie sud du territoire : le SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) du Lot amont couvre l’ensemble du bassin versant du Lot en Lozère et en Aveyron jusqu’à l’amont immédiat de la confluence avec la Truyère (Carte « La gestion intégrée de la ressource en eau »). Aucune démarche de ce type (SAGE ou Contrat de Rivière) n’existe sur le reste du territoire (bassin de la Truyère).

Un relatif bon état des masses d’eau

a. Des cours d’eau majoritairement en bon état

Rappel : Le bon état d’une masse d’eau superficielle (cours d’eau ou lac) est atteint lorsque son état écologique et son état chimique sont au moins ''bons''. 84 % des 102 masses d’eau sont en bon, voire en très bon état écologique dans l’état des lieux du SDAGE actuel. La même proportion se retrouve dans le nouvel état des lieux mais plus aucune masse d’eau n’est déclassée en médiocre ou mauvais pour l’état écologique.

État des lieux SDAGE 2010-2015 État des lieux SDAGE 2016-2021 Nombre de cours

d’eau État écologique État

chimique État écologique État chimique

Très bon 38 (9 associées) 37 (9 associées) Bon 48 (17 associées) 60 48 (17 associées) 55

Moyen 8 (dont 3 associées) 17 (5 associées) Moyen MEFM95 4

Médiocre 3 (dont 2 associées) Mauvais 1 1 1

Non classé 41 46 Tableau 16 : État des masses d'eaux « cours d’eau » du territoire de projet au regard des critères DCE Il est à noter que l’état écologique de seulement 22 masses d’eau cours d’eau a été déterminé à partir de mesures réalisées sur des stations de suivi de la qualité. L’état des 80 autres masses d’eau a été modélisé. La proportion de masses d’eau modélisées est plus importante pour les très petites masses d’eau : l’état de seulement 5 des 73 très petites masses d’eau est issu de mesures effectives. L’annexe 19 (Tableau des masses d’eau « cours d’eau » déclassées dans l’un des 2 états des lieux) liste les masses d’eau déclassées dans l’un des 2 états des lieux. On remarque que nombre de masses d’eau ont été déclassées ou reclassées, la variation la plus courante étant de Moyen à Bon ou inversement. Ces évolutions entre les 2 états des lieux montrent que certaines masses d’eau sont probablement en « limites » de classes et que le passage entre bon état ou état moyen est fragile. Une des limites de ces états des lieux est l’hydrologie des années utilisées pour les mesures, une année sèche sera beaucoup plus défavorable en raison de la faible dilution des éventuels polluants.

95 Masse d’Eau Fortement Modifiée : s’applique au cours d’eau fortement anthropisés

84 % des masses d’eau en bon ou très bon

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b. Des lacs fortement modifiés

Rappel : seuls les lacs d’une taille supérieure à 50 ha font l’objet d’une évaluation dans le cadre de la DCE et d’un rapportage européen.

Les 8 masses d’eau « plans d’eau » du territoire sont toutes des masses d’eau fortement modifiées car d’origine anthropique (lacs de barrage). Les lacs glaciaires du haut plateau ne sont pas évalués.

Lacs État des lieux SDAGE 2010-2015 État des lieux SDAGE 2016-2021

État écologique État chimique État écologique État chimique Bon 1 2

Moyen 3 2 Non classé 5 7 6 5

Tableau 17 : État des masses d'eaux « plan d'eau » du territoire de projet au regard des critères DCE

c. Des eaux souterraines en bon état

Rappel : le bon état d’une masse d’eau souterraine est atteint lorsque son état quantitatif et son état chimique sont au moins "bons".

4 masses d’eau souterraines sont présentes sur le territoire dont 2 principales (aquifères liés au volcanisme de l’Aubrac et au socle granitique) et 2 sur les marges (Calcaires des Grands Causses et socle bassin du Lot). Toutes sont considérées en bon état chimique et quantitatif dans les 2 états des lieux.

d. Le maintien du bon état comme principal objectif

La DCE fixe également des objectifs d’amélioration ou de maintien de l’état des eaux à diverses échéances. Les plans d’eau et eaux souterraines ont toutes un objectif de bon état en 2015. Les 18 masses d’eau avec des objectifs de reconquête du bon état dans le SDAGE 2010-2015 sont listées en annexe : Tableau des masses d’eau à Objectifs de reconquête du bon état des masses d’eau dans le SDAGE 2010-2015, pour les autres (82 %) l’enjeu du SDAGE est le maintien du bon état ou du très bon état.

La préparation du second cycle de gestion 2016-2021, qui intègre la révision du SDAGE et du programme de mesures, a été engagée dès 2012 par l’actualisation de la mise à jour de l’état des lieux mais aussi par la détermination du risque de non atteinte des objectifs environnementaux (RNAOE) sur les masses d’eau. Le futur programme de mesures du SDAGE devra se focaliser sur ces masses d’eau à risque afin de diminuer les pressions et d’obtenir le bon état des eaux.

Sur le territoire 20 masses d’eau « cours d’eau » sont classées en RNAOE (voir carte ci-après et annexe 20 : Tableau des masses d’eau à Objectifs de reconquête du bon état des masses d’eau dans le SDAGE 2010-2015), 19 en raison d’un risque écologique et 1 en raison d’un risque chimique (La Truyère de la Rimeize au barrage de Granval). Les cours d’eau les plus concernés sont le Lot (4 masses d’eau) et la Selves (3 masses d’eau). Les 8 masses d’eau lacs du périmètre sont également jugées en RNAOE ainsi que 2 masses d’eau souterraines : Socle bassin versant Lot secteurs hydro o7-o8 et Calcaires des Grands Causses bassin versant du Lot.

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Carte 11 : Risque de Non Atteinte des Objectifs Environnementaux

À l’échelle départementale, des Plans d’Action Opérationnels Territorialisés (PAOT), élaborés par la Mission InterservicesEau et Nature (ou Biodiversité) programment les actions concrètes à mettre en place afin de mettre en œuvre le programme de mesure du SDAGE et d’atteindre ainsi les objectifs fixés.

e. Bilan, perspectives

Si la plupart de masses d’eau sont en bon état, il existe néanmoins un risque de non atteinte du bon état sur les axes Lot et Truyère et sur les bassins de la Selves et de l’Argence. Sur ces masses d’eau il est important de poursuivre les mesures engagées par les collectivités compétentes. Le bon (ou très bon) état des autres cours d’eau ne dispense pas d’engager des actions de maintien, la forte patrimonialité des rivières du plateau doit être protégée et constitue un enjeu majeur pour le territoire.

Un état qualitatif de la ressource en eau connu de manière hétérogène

a. Des eaux superficielles globalement de bonne qualité

L’état des masses d’eau décrit précédemment est issu, hors modélisation, de stations de suivi de la qualité. 45 sont présentes sur le périmètre élargi ou à proximité immédiate (voir annexe 21 : Liste des stations de suivi de la qualité de l’eau) et nous renseignent sur la qualité physico-chimique des cours d’eau. Ces stations sont présentes en nombre important et plus anciennes sur les axes Lot et Truyère. Le réseau est nettement moins dense sur les affluents et les stations y sont plus récentes.

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Groupe de paramètre

Stations ponctuellement déclassées de 2008 à 2012 Paramètres déclassant

Bilan de l’Oxygène

6 stations déclassées 2 ans sur 5 : Rimeize à Rimeize, Limagnole en aval de St Alban sur Limagnole, Truyère en aval de la Limagnole et de la

Rimeize, Chapouillet à St Chély d’Apcher, Remontalou à l’aval de Chaudes Aigues, Rivières en

aval d’Aumont Aubrac

Dans la presque totalité des cas, le Carbone Organique Dissous est déclassant. Il s’agit

essentiellement de stations à l’aval de bourgs connaissant des problèmes d’assainissement.

Nutriments

5 stations déclassées 2 ans sur 5 : Colagne en aval de Marvejols, Limagnole en aval de

Saint Alban sur Limagnole, Chapouillet à St Chély d’Apcher, Remontalou à l’aval de Chaudes Aigues,

Rivières en aval d’Aumont Aubrac

Les paramètres déclassant sont dans l’ordre : phosphore total, orthophosphates, ammonium

et nitrites. Les points de suivi sont à l’aval d’agglomérations, une origine domestique des

nutriments est à privilégier.

Nitrates

Les Nitrates ne sont jamais déclassants. Quelques stations suivies depuis plus de 40 ans permettent d’étudier les évolutions sur une longue période (Lot et Truyère à Entraygues, Chapouillet, Rimeize, Lot à

Espalion et Banassac). On y observe une légère tendance à l’augmentation des concentrations en Nitrates (passage de 2 à 4 mg/L en moyenne) durant ces 40 dernières années. Les valeurs mesurées

demeurent toutefois très correctes au regard du bon état des cours d’eau ou des normes encadrant les usages de l’eau. On ne dispose pas de chroniques suffisamment longues sur les cours d’eau de tête de

bassin pour réaliser le même type d’analyse de l’évolution temporelle. C’est pourtant sur ces zones que les enjeux liés aux espèces sensibles sont les plus importants.

pH et conductivité

Le pH ne constitue jamais un paramètre déclassant. L’eau est relativement acide et de faible conductivité de façon naturelle en raison du substrat rocheux.

Température

Le Bès est particulièrement sensible au réchauffement ainsi que l’Argence Vive ou le Cantoinet. Ces hausses peuvent impacter fortement la vie aquatique de ces secteurs salmonicoles pourtant considérés

en bon ou très bon état. Les réseaux de suivi « classiques » (Agence de l’eau, CG) sont trop ponctuels pour mesurer ce problème. Les suivis estivaux en continus des Fédérations de Pêche permettent de le

mettre en évidence.

Indices biologique

Les dégradations physico-chimiques impactent les organismes aquatiques ce qui se traduit par des indices biologiques déclassant sur les stations qui ont également des problèmes de qualité physico-

chimique : Colagne à Marvejols, Limagnole, Rimeize, Chapouillet et Rivières. Plusieurs stations ont des qualités biologiques moyennes alors que la qualité physico-chimique est

meilleure : Truyère à St Léger, Selves, Ruisseau des Vergnes. Lorsqu’il est mesuré c’est l’IBMR qui est le plus déclassant.

Certaines limites se posent à l’interprétation de ces résultats : fréquence de mesure plus faible que pour les analyses physico-chimiques ; indices sont de création récente et dont le mode de calcul est en évolution ; type et fréquence de mesure variable selon les stations entrainant des difficultés de

comparaison. Tableau 18 : Bilan des suivis de la qualité physico-chimique et biologique

Les suivis sont réalisés via divers opérateurs (Agence de l’Eau, Conseils départementaux…). L’arrêt du réseau complémentaire départemental de l’Aveyron interroge sur le futur de certains suivis.

b. Des eaux souterraines très peu suivies

Le réseau de suivi de la qualité des eaux souterraines est particulièrement peu dense. 7 sites sont suivis dans le cadre du réseau de suivi de la qualité des eaux souterraines du bassin Adour Garonne. Aucun problème de qualité n’est relevé sur ces stations.

c. Bilan, perspectives

Le réseau de stations de suivi de la qualité met en évidence peu de problèmes, hormis quelques déclassements liés à l’assainissement. La densité des points de suivi gagnerait à être améliorée sur les petits cours d’eau. Le maintien de certains suivis dans le futur est également un enjeu.

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Des ressources considérées comme abondantes mais un risque de sécheresse marqué

a. Des cours d’eau productifs mais aux étiages marqués

Le réseau des stations hydrométriques sur le territoire de projet est relativement dense, en particulier sur les cours d’eau principaux : Lot, Colagne et Truyère. Les affluents sont par contre moins suivis (voir annexe 22 : Liste des stations hydrobiologiques).

Le régime hydrologique des cours d’eau est pluvial. Les débits mensuels maximaux sont observés entre décembre et avril, tous les minima mensuels ont été mesurés en août. Le contraste entre les périodes de hautes et de basses eaux varie selon les cours d’eau :

- Très fort sur l’amont du Bès (Marchastel) puisque le rapport entre les débits mensuel maximaux et minimaux est de 12 : l’étiage est sévère sur cette partie de cours d’eau ;

- Fort sur le bassin du Lot, la Truyère et l’aval du Bès puisque le rapport entre les débits mensuels maximal et minimal est de 6,5 à 8 : aux importants débits d'automne et d'hiver succèdent des étiages forts.

- Faible sur la Rimeize et le Remontalou (respectivement 5,2 et 3,6), l’étiage sur ces cours d’eau est moins marqué

Les débits spécifiques96 les plus élevés sont ceux de la Boralde de Saint Chély (30,5 l/s/km²) malgré l’important prélèvement existant à l’amont de ce cours d’eau. Les Boraldes, qui arrivent en rive droite du Lot, représentent un apport conséquent y compris en été où elles restent plus productives que les autres cours d’eau. Le débit spécifique du Lot augmente entre Banassac et Lassouts puis reste stable entre Lassouts et Entraygues. Sur le bassin de la Truyère, le Bès est en moyenne le plus productif des affluents suivis. En été il est par contre moins productif que le Remontalou et la Rimeize ce qui démontre sa forte sensibilité à l’étiage.

À Entraygues, à la confluence du Lot et de la Truyère, le bassin versant représente environ 50 % de la surface du bassin total du Lot et apporte 70 % de l’ensemble des volumes écoulés en moyenne annuelle et près de 80 % des débits mensuels en août (le soutien d’étiage permettant d’apporter un surplus d’eau a cette période). Le Lot et la Truyère à Entraygues représentent donc la majorité des apports sur l’ensemble du bassin du Lot et sont particulièrement important pour l’approvisionnement en eau des territoires aval.

b. Des dispositifs pour faire face aux étiages sévères

Les indicateurs statistiques sur les débits des eaux (QMNA et VCN) indiquent qu’à l’exception du Remontalou, la probabilité d’un étiage durant au minimum 10 jours, voire même 30 jours et de débit inférieur au 1/10ème du module est élevée. Plus d’une année sur 5 il est probable que le débit ne puisse satisfaire ni les usages ni les besoins écologiques (1/10ème du module. Au vu des régimes hydrologiques, ce type d’événement concerne principalement le mois d’août où des restrictions d’usages doivent alors être prises afin de partager au mieux les volumes disponibles et de maintenir un débit suffisant pour la vie aquatique. Pour remédier aux étiages sévères dont le Lot souffrait régulièrement, une convention a été signée en 1979 entre l’Entente Lot et EDF afin de réalimenter le Lot à l’aval d’Entraygues à partir des retenues hydroélectriques et de satisfaire les besoins en eau pour la navigation. Dans les faits elle permet de maintenir les différents usages (eau potable, prélèvements agricoles et industriels, activités nautiques et tourisme lié à la rivière). Du 1er

96 Le débit spécifique correspond au nombre de litres d'eau qui s'écoule en moyenne chaque seconde par kilomètre carré du bassin.

En moyenne 17 millions de m3

sont destockés par

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juillet au 30 septembre (avec possibilité de report au 31 octobre),l’Entente Lot peut donner une consigne de déstockage à EDF afin de maintenir un débit plancher de 9, 12, 14, 16 ou 18 m3/s à Entraygues sur Truyère après la confluence avec un volume total maximal de 33 millions de m3..

Pour optimiser le partage de cette ressource sur l’ensemble du bassin par les différents usagers, l’Entente possède depuis 2008 un Plan de Gestion des Étiages (PGE). 2 mesures concernent plus particulièrement le territoire de projet du PNR :

- La gestion du niveau des barrages hydroélectriques : la baisse ne doit impacter ni la production hydroélectrique ni l’activité touristique sur les plans d’eau (maintien d’une côte).

- Pour les rivières non réalimentées (cas du territoire Aubrac) il s’agit de mieux connaitre les caractéristiques des étiages en développant le réseau de suivi et de mettre en place des projets de substitution ou d’économies d’eau.

Rappel : en plus de la réglementation nationale fixant le débit minimum des cours d’eau à 1/10ème du module (qui a vocation à garantir un équilibre milieu/usages à l’échelle des bassins versants), le SDAGE Adour Garonne fixe des objectifs de quantité d’eau sur des points de contrôle, nommés points nodaux :

- Débit Objectif d’Étiage (DOE) : débit au-dessus duquel sont assurés tous les usages et le bon fonctionnement des milieux aquatiques. Il doit être respecté 8 années sur 10.

- Débit de CRise (DCR) : débit au-dessous duquel sont mis en péril l’alimentation en eau potable et la survie des espèces présentes dans le milieu et qui doit par conséquent être maintenu par des mesures préalables (restriction des usages notamment).

Sur le bassin du Lot, le SDAGE fixe 5 points de contrôle de ces débits dont 2 se situent sur le périmètre de projet. Le PGE a complété ce réseau par d’autres stations de suivi (voir tableau ci-après) :

- Station de suivi des Débits d’Objectifs Complémentaires (DOC) : les débits qui y sont mesurés sont inscrits dans le PGE et doivent être maintenus de la même façon que les DOE ;

- Stations d’observation (OBS): elles sont inscrites dans le PGE et servent au suivi des étiages, mais aucune valeur de débit minimale n’est fixée (Huit sur le périmètre élargi : le Coulagnet à Marvejols, le Lot à Banassac, la Rimeize à Rimeize, le Chapouillet à Rimeize, le Bès à Marchastel, le Bès à St Juéry, la Bromme à Brommat et la Rimeize au Fau de Peyre. La création de 2 stations d’observation supplémentaires est préconisée par le PGE sur la Boralde de Flaujac et sur la Coussane.)

Station DOE ou DOC Valeur DO DCR 80 % DOE VCN10 1/5 Module

Colagne au Monastier DOE 0,75 0,6 0,6 0,35 5,87 Lot à Entraygues (aval) DOE 9 6 7,2 8 106 Boralde de Saint Chély DOC 0,16 0,08 0,13 0,120 1,61

Truyère au Malzieu Ville DOC 0,76 0,49 Tableau 14 : Débits d'objectifs (m3/s) aux stations de contrôle hydrologique du périmètre d’étude

Les DOE sont régulièrement franchis (été 2011, 2012 et 2013) sur la Boralde, la Colagne et la Truyère. En 2012 les DCR ont également été franchis sur ces 3 stations. La mise en place des 2 nouvelles stations préconisées permettrait de mieux connaitre les régimes hydrologiques des Boraldes. La seule suivie à l’heure actuelle (Boralde de St Chély) étant influencée par un important prélèvement à l’amont.

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c. Un risque inondation présent et des outils pour y faire face

Les crues de 1994 et de 2003 sont les 2 plus importantes connues depuis l’existence des stations hydrométriques. La crue de décembre 2003 a été générée par d’importantes précipitations de type méditerranéennes sur l’amont du bassin (Mont Lozère, Goulet et Margeride) entre le 30 novembre et le 5 décembre avec des cumuls sur 3 jours dépassant les 150 mm mais aussi et surtout par de fortes pluies sur tout le bassin tombées sur de la neige présente en Aubrac. Un débit de pointe de 1 100 m3/s a été mesuré à la station hydrométrique EDF d’Espalion.

Dans la vallée du Lot plusieurs secteurs d’habitat ou d’activités économiques ont été identifiés comme vulnérables et exposés au risque inondation. Il s’agit notamment des secteurs où la vallée s’élargit et où des bourgs importants sont implantés : Marvejols, Le Monastier, La Canourgue-Banassac, St Geniez d’Olt, Espalion, Entraygues sur Truyère. Dans ces zones, la population reste marquée par l’historique des crues subies, cette culture du risque est moins présente dans la vallée de la Truyère qui est soumise à un aléa bien moins important. Sur les hauteurs, les villages ne sont pas soumis à un risque important mais localement des événements de crues ont déjà provoqué des dégâts, souvent en lien avec des accumulations d’embâcles amplifiant les débordements.

Dans le cadre de la mise en œuvre de la Directive Inondation, des Territoires à Risque Important Inondation (TRI) ont été identifiés. Ce sont des zones prioritaires où une concentration d’enjeux se situe dans une zone potentiellement inondable. L’Arrêté du Préfet Coordonnateur du Bassin Adour-Garonne fixe comme TRI le secteur Mende-Marvejols, soit 17 communes (Mende, Barjac, Balsièges, Cultures, Esclanedes, Chanac, Les Salelles, Saint Bonnet de Chirac, Le Monastier Pin Mories, Chirac, Palhers, Marvejols, Montrodat, Antrenas, Saint Léger de Peyre, La Canourgue, Banassac). Les 7 communes en gras font partie du périmètre de projet du PNR ou sont des communes associées au projet. Sur chaque TRI un plan de gestion doit être élaboré et une stratégie locale est déclinée.

L’Entente Vallée du Lot a déposé auprès de l’État en 2013 un dossier de candidature pour la réalisation d’un PAPI (Programme d’Action et de Prévention des Inondations) d’intention sur l’ensemble du bassin versant du Lot. Cette démarche permettra d’aider les collectivités à avancer sur la prévention des inondations grâce à un appui technique, une mutualisation des moyens et la sollicitation de subventions de l'État, via le programme PAPI.

d. Des ressources souterraines méconnues mais potentiellement importantes

Les informations sur les ressources en eau souterraine sont peu nombreuses, qu’il s’agisse des niveaux piézométriques (niveau d’eau dans les nappes) ou du débit des sources. L’aquifère volcanique de l’Aubrac n’est suivi par aucune mesure piézométrique. Du fait de la pluviométrie importante (1 400 mm/an) et de sa nature géologique il renferme pourtant des ressources souterraines importantes et supérieures à celles du socle granitique et métamorphique. Cet aquifère volcanique, constitué de roches basaltiques fissurées dans lesquelles l’eau circule a un fonctionnement mal connu.

Un projet de recherche appliquée (ALOZ) a débuté en 2011 sur l’Aubrac Lozérien, à l’initiative du BRGM. Son objectif est de combler le manque de connaissances de l’aquifère infra-basaltique en apportant des informations sur sa structure et son fonctionnement ; en caractérisant les interactions entre les systèmes de surface et les systèmes profonds et en évaluant si ces aquifères sont potentiellement favorables pour une exploitation durable sur le plan quantitatif et qualitatif. À l’heure actuelle il est à l’arrêt en raison des craintes exprimées par une partie des élus locaux et de la population autour du possible impact des forages de reconnaissance sur le débit des sources existantes et sur le risque d’une surexploitation future et extérieure de cette ressource. Ce projet est centré autour de la source de Fontrouge, sur la commune de Nasbinals, qui présente un débit d’étiage important (13 l/s) malgré un faible bassin versant topographique (2 à 4 km²).

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e. Bilan, perspectives

Le Lot et la Truyère jouent un rôle stratégique pour la réalimentation du lot à l’aval d’Entraygues mais malgré son image de « château d’eau » le territoire de l’Aubrac est sensible aux étiages et toute la zone granitique ne possède pas d’aquifères importants. Les cours d’eau descendant du plateau sont sensibles aux étiages et il n’existe pas de possibilité de réalimentation. Dans un contexte de réchauffement climatique, les restrictions d’usages pourraient devenir plus fréquentes et il est nécessaire que le territoire commence à se préparer à cet enjeu futur en optimisant la gestion de ses ressources en eau.

Des prélèvements essentiellement destinés à l’eau potable et à l’abreuvement du bétail

a. Un territoire important pour l’alimentation en eau potable

Une organisation essentiellement communales avec de nombreux captages

Au total 66 collectivités gestionnaires interviennent sur le service eau potable sur le périmètre de projet, dont 8 groupements de communes. La gestion du service AEP s’effectue en majorité par des syndicats intercommunaux en Aveyron et plutôt à l’échelle communale en Lozère ou dans le Cantal. Seuls 3 syndicats du périmètre de projet font appel à un fermier (Montbazens-Rignac, Viadène et Vallée de Serre et d’Olt), les autres gestionnaires assurent le service en régie. Pour les communes, seules 3 faisant partie du périmètre élargi font appel à un fermier (Saint Hippolythe, Saint Alban sur Limagnole et Saint Chély d’Apcher) ainsi que la Communauté de Communes du Carladez. À noter que pour certains hameaux ou habitations isolées le service eau potable est parfois géré par des privés qui s’alimentent de façon autonome, sans autorisation ni contrôle (non autorisé), ou par des associations syndicales autorisées (ASA) dont certaines sont connues et suivies par l’ARS.

Ces 66 Unités De Gestion (UGE) du périmètre (voir annexe 23 : Collectivités compétentes en matière d’eau potable) regroupent 211 Unités De Distribution (UDI) et 316 captages. Ce terme désigne un secteur où l’eau distribuée aux usagers est de qualité homogène, gérée par le même exploitant et appartenant au même maître d’ouvrage.

En moyenne une commune du périmètre est approvisionnée en eau potable à partir de 3,8 captages, mais ce nombre est beaucoup plus important sur les parties lozérienne et cantalienne du territoire (Carte « L’eau potable »). C’est moins que la moyenne en Lozère (5,9) ou dans le Cantal (4,4) mais plus qu’en Aveyron (1,4). 3 types de prélèvements sont recensés sur le périmètre :

- Les captages de sources (environ 370), essentiellement dans le Cantal et la Lozère. La plupart sont en zone granitique et ont des débits faibles (< 100 m3/jour) et irréguliers (étiages marqués).

- Les prélèvements les plus importants en volumes sont réalisés sur des rivières (9), essentiellement en Aveyron.

- Les forages ou puits (10 à 15) : un seul en Aveyron (forage du Royal Aubrac), les autres sont en Lozère, sur les marges du périmètre ou sur des communes associées.

D’importants volumes prélevés sur quelques captages Peu peuplé, le territoire peut aller jusqu’à doubler sa population en période estivale, ce qui provoque une augmentation sensible de la consommation en eau potable.

3,8 captages par commune en moyenne

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À certaines périodes, l’abreuvement du cheptel peut entraîner une pression supplémentaire sur les réseaux d’alimentation en eau potable. C’est notamment le cas lors des étiages sévères, comme en 2003 ou 2011, où des sources utilisées pour les troupeaux se sont taries, entrainant un report vers le réseau AEP déjà fortement sollicité durant cette période. En 2011 les volumes prélevés et déclarés à l’Agence de l’eau sur les 82 communes du périmètre s’élèvent à 11 millions de m3. À noter que les prélèvements de moins de 7 000 m3/an ne sont pas soumis à redevance et ne figurent donc pas nécessairement dans ce total. Les 7 plus importants sont détaillés dans le tableau ci-après. Ceux effectués sur les Boraldes de St Chély d’Aubrac et de Flaujac pour approvisionner le syndicat Montbazens-Rignac représentent 6,5 millions de m3, soit 52 % des prélèvements AEP réalisés sur le territoire. Ils alimentent essentiellement des usagers en Aveyron, hors du périmètre.

Compte tenu de la population et de la fréquentation touristique, les besoins annuels d’eau potable sont estimés entre 2,07 et 2,22 millions de m3. En comparaison avec les volumes prélevés et destinés au territoire (3.31 millions de m3), la consommation pour les usages domestiques représente entre 55 et 58 % des volumes prélevés comptabilisés par l’Agence de l’Eau. La différence peut correspondre à des pertes sur les réseaux ou à des utilisations de l’eau potable pour des usages non domestiques (industrie, agriculture…). A noter que certains volumes prélevés ne sont pas comptabilisés par l’Agence de l’eau (captages privés ou de petite taille).

Commune Ressource prélevée Gestionnaire

Volume prélevé en 2011 en m3

(AEAG)

Type de ressource

Localisation du prélèvement et de la

distribution

SAINT-CHELY-D'AUBRAC

Boralde de Saint Chély

(sécurisé par lac des

Moines)

SIAEP Montbazens Rignac 3 502 754 Cours

d’eau

Captages sur le périmètre, alimentent

des communes associées et hors

périmètre CONDOM-D'AUBRAC

Boralde de la Poujade

SIAEP Montbazens Rignac 3 063 042 Cours

d’eau

LA TERRISSE Selvet (lac des Chèvres) SIAEP de la Viadène 905 230 Cours

d’eau Sur le périmètre d’étude

LACALM Source Les Boules

SIAEP Cantoin Ste Geneviève 337 517 Source Sur le périmètre d’étude

LAGUIOLE Source du Parrou

Commune de Laguiole 760 124 Source Sur le périmètre d’étude

SAINT-LEGER-DE-PEYRE Colagne Commune de

Marvejols 504 018 Cours d’eau

Captage sur le périmètre, alimente une

commune associée Total autres

(172 captages) - - 1 779 562 - Périmètre d’étude

THERONDELS (périmètre

élargi) Goul

Communauté de communes du

Carladez 532 303 Cours

d’eau

Captage sur une commune associée,

alimente des communes associées

Tableau 20 : Principaux prélèvements sur le territoire (source : redevance AEAG 2011)

Page 12: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

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Des difficultés de gestion et une protection encore insuffisante Sur le périmètre de projet, 47 % des captages disposent d’une Déclaration d’Utilité Publique (DUP) en 2013 (56 % en France en 2009). Sur au moins 28 % des captages sans DUP la démarche a été engagée, les captages restant sont généralement de petite taille et sur des communes en régie.

Le territoire, de par son relief et le caractère dispersé de l’habitat, oblige les gestionnaires du service d’eau potable à avoir de grands linéaires de réseau à l’entretien souvent difficile :

- Réseaux souvent méconnus, anciens, sans traitements et vétustes, pour les communes en régie impliquant des problèmes de fuites et de qualité.

- Le renouvellement des canalisations pose problème car la gestion patrimoniale n’est pas en place (pas d’amortissement des infrastructures). Les fuites et les coûts de réparation peuvent inciter certains gestionnaires à multiplier les points de prélèvements.

- Les rendements sont très variés selon les UDI mais peuvent parfois être particulièrement faibles (moins de 30 %) ou inconnus en l’absence d’appareils de mesure des débits.

De manière générale la gestion des équipements et le respect de la réglementation demandent de plus en plus de technicité à des gestionnaires qui ne possèdent pas toujours de « vrai » services techniques de l’eau et ont parfois une faible capacité financière (communes en régie). La professionalisation du service nécessiterait le regroupement et la mutualisation entre collectivités.

Dans quelques communes (au moins 6 en 2011) les abonnés ne possédaient pas en 2011 de compteurs individuels ou de facturation. L’absence de compteurs et de prix de l’eau est problématique pour la connaissance des consommations et des rendements des réseaux et pour l’absence d’incitation aux économies d’eau, celle-ci étant gratuite ou payée forfaitairement.

2/3 des UDI du territoire sont dépourvues de tout système de traitement. Les communes aveyronnaises du territoire, en majorité organisées autour de syndicats gérant d’importantes ressources, sont moins concernées par l’absence de traitement. Les données sur la population desservie par une eau traitée viennent conforter le fait que ce sont les petites UDI qui souffrent le plus du manque de moyens pour leurs infrastructures : 84 % des habitants sont desservis par les 29 % d’UDI ayant un traitement en place. La majorité des traitements existants sont des traitements primaires : désinfection au chlore.

28 % des UDI (70) présentent des contaminations périodiques ou chroniques (moins de 80 % des analyses conformes aux normes de qualité). En termes de population permanente desservie, ces UDI ne représentent que 3 500 personnes sur environ 107 000 personnes approvisionnées par de l’eau prélevée sur l’Aubrac. Ces 3 500 personnes représentent 6,5 % de la population du périmètre élargi. En période touristique la population desservie par une eau de mauvaise qualité peut doubler.

Ces 70 UDI concernent 35 communes, essentiellement en Lozère, en relation avec les nombreux captages et UDI par commune. La contamination plus fréquente de l’eau distribuée dans ces secteurs peut impacter l’image touristique du territoire. La reconquête de la qualité passe par la mise en place d’un traitement de désinfection, des périmètres de protection et par un meilleur suivi et entretien des réseaux.

Hormis ces problèmes bactériologiques, aucun problème de pollution aux nitrates ou aux pesticides n’est relevé sur le territoire, l’ensemble des analyses effectuées pour ces paramètres respectent les normes de qualité. Le pH acide de l’eau (6,5 à 6,9) peut corroder les canalisations, en libérer des éléments constitutifs (fer, plomb…) et entrainer un vieillissement prématuré des installations.

Contamination fréquente ou périodique

Aveyron 6 communes 13 UDI Cantal 6 communes 8 UDI Lozère 23 communes 49 UDI

47 % des captages sont dotés d’une

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Des secteurs en déficit actuel ou futur Les perspectives sont étudiées dans les Schémas Directeurs Eau Potable menés à l’échelle départementale (Aveyron et Lozère) ou locale (Cantal).

Aveyron Le SDAEP, réalisé en 2006, identifie les bilans suivants :

Équilibré (la collectivité peut faire face sans excédents)

Négatif (déficit probable pour le futur)

Positif (la collectivité peut faire face avec

possibilité d’excédents) Non estimé

SIAEP Cantoin - Ste Geneviève,

SIAP Viadène, Commune de Laguiole

CDC Carladez, Communes de

Cassuejouls, Condom d’Aubrac, Prades

d’Aubrac SIAEP Montbazens

Rignac, SIAEP Vallée de Serre et d’Olt

Commune de Castelnau de Mandailles

Communes d’Espeyrac, Lacalm, Alpuech, La

Terrisse, Curières, St Chély d’Aubrac, St Côme d’Olt,

Aurelle-Verlac, Pomayrols, St Geniez d’Olt, Ste Eulalie

d’Olt

Cantal L’étude menée de 2005 à 2009 par l’entente intercommunale regroupant les communes de

l’Aubrac Cantalien (sauf Maurines) indique que 8 UDI sur les 29 étudiées seraient déficitaires : les UDI du Village Vacances de Chaudes-Aigues, du bourg d’Espinasse, du bourg, du Tillet et de La

Besse de Jabrun, des Vayssières de Lieutadès, du bourg de Saint Martial et du bourg de St Urcize. Cette dernière UDI est particulièrement déficitaire en raison d’un rendement brut très faible.

Lozère

À partir d’un état des lieux réalisé en 2004, le SDAEP identifie les UDI déficitaires à l’horizon 2015 sur le département. Ce sont principalement les UDI situées autour de l’axe A75 qui sont

déficitaires (actuellement et avec un risque d’aggravation dans le futur) : Saint Chély d’Apcher, SIAEP Aumont-La Chaze-Javols, Marvejols et Saint Germain du Teil. Des projets sont proposés pour

palier à ces déficits

La modification en 2014 des débits réservés sur les prélèvements en cours d’eau accentue les difficultés de gestion en période de sécheresse. Certains captages ne sont pas régularisables pour le respect du débit réservé et des ressources de substitution doivent être trouvées.

De manière générale les schémas départementaux ont évalué les besoins futurs au regard des perspectives d’évolution de la population et des activités économiques, l’impact éventuel des changements climatiques n’a pas été pris en compte. Pour les collectivités en déficit la difficulté consiste à trouver une autre ressource mobilisable à la fois techniquement mais également en terme environnemental et d’acceptation sociale vis-à-vis du territoire où cette eau sera prélevée.

b. L’hydroélectricité : une activité industrielle majeure du territoire

Le « système Truyère » constitue une pièce maîtresse du réseau électrique français grâce à une puissance importante (voir partie B.5 ci-après) et une grande souplesse de fonctionnement (voir annexe 24 : Tableau des caractéristiques des aménagements hydroélectriques d'EDF sur le périmètre). La gestion des barrages doit répondre à des impératifs de production électrique mais également tenir compte :

- de problématiques environnementales (maintien du débit réservé) : les ouvrages doivent comporter des dispositifs permettant le maintien d’un débit minimal dans le tronçon court-circuité afin de garantir en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces vivant dans les eaux. La configuration en chaine des ouvrages du Lot et de la Truyère implique

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que ce sont les derniers qui contrôlent le débit réservé pour l’aval : 1,7 m3/s à Golinhac sur le Lot (1/20ème du module) et 6 m3/s à Cambeyrac sur la Truyère (1/10ème du module), ces débits pourront évoluer dans le cadre du renouvellement des concessions. Les tronçons court-circuités peuvent tout de même être impactés : débit trop faible, ensablement dû à l’absence de crues naturelles qui chassent les sédiments ou au contraire déficit sédimentaire… Le fonctionnement par éclusées des barrages provoque d’importantes variations de débit et de niveau d’eau à l’aval des ouvrages de production. En cours d’étude par l’Entente Lot, ces variations peuvent impacter la qualité des habitats par succession d’assecs et d’inondations, perturber les cycles de développement des poissons et favoriser l’érosion des berges. Le mode de restitution de l’eau au niveau du barrage, en surverse ou par turbinage de la tranche plus profonde, influe sur la température des eaux et peut être pénalisante pour l’écosystème entre 2 éclusées.

- de problématiques de conciliation des usages : réalimentation du Lot à l’aval d’Entraygues par le biais d’une convention de soutien d’étiage entre EDF et l’Entente Vallée du Lot (voir partie sur les étiages) ; activités sur les retenues (navigation de plaisance, baignade, pêche,…) qui nécessitent un niveau d’eau minimal, notamment en période estivale lorsque de l’eau est déstockée pour les besoins du soutien d’étiage. Des accords ont été passés afin de maintenir une côte touristique de 408 m du 1er juillet au 30 septembre à Golinhac (convention avec le CG12), Sarrans et Maury (accord tacite).

- de problématiques de sécurité civile : le seul risque identifié qui pourrait menacer éventuellement la sécurité et la stabilité de ces ouvrages est la crue exceptionnelle (d’occurrence supramillénale), aucun accident lié à une rupture de barrage n’est à déplorer à ce jour sur le territoire. A noter que les plans d’eau n’ont pas été conçus dans le but d’écrêter les crues. Ils peuvent permettre de les tamponner lorsque leur remplissage n’est pas complet mais en revanche, lorsqu’ils sont pleins ils sont « transparents » (débits entrants égaux aux débits sortants).

On compte plusieurs centrales hydroélectriques exploitées par d’autres gestionnaires qu’EDF sur le territoire (Carte « Les retenues hydroélectriques »). Certaines de ces centrales sont concernées par le classement en lot 2 du Grenelle de l’Environnement de leurs chaussées ou par le classement en Liste 2 des cours d’eau sur lesquelles elles prélèvent ; des travaux de restauration de la continuité devront donc être engagés (Carte « Les cours d’eau classés »).

c. Des prélèvements agricoles majoritairement destinés à l’abreuvement

Une irrigation très peu développée En 2011, un peu plus de 350 000 m3 ont été prélevés sur le périmètre élargi pour l’irrigation, dont 200 000 m3 sur des communes associées. Les volumes prélevés pour l’irrigation sur le périmètre d’étude sont donc relativement anecdotiques par rapport aux prélèvements globaux. L’irrigation est essentiellement pratiquée dans la vallée du Lot, de la Colagne et de la Selves pour des prairies temporaires, du maïs ou du maraichage.

Nb

prélèvements en retenue

Nb prélèvements en

cours d’eau

Volume pris en retenue (m3)

Volume pris en cours d’eau

(m3)

Volume total (m3)

Périmètre d’étude 4 8 50 440 100 294 150 734 Périmètre élargi 7 14 75 850 274 426 350 276

Tableau 15 : Volumes prélevés pour l'irrigation sur le territoire (Source : redevances AEAG 2011) Sur quelques parcelles, l’irrigation gravitaire traditionnelle par rases (fossés à ciel ouvert) est encore pratiquée. Aucune donnée précise à ce sujet n’est disponible, il est donc impossible de la quantifier.

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Sa pratique étant fortement consommatrice en main d’œuvre elle a tendance à se raréfier ou à n’être utilisée qu’en cas d’importante sécheresse.

D’importants besoins pour l’abreuvement La prédominance de l’élevage sur le territoire implique la nécessité d’avoir de l’eau en quantité et en qualité suffisante pour l’abreuvement. L’accès à l’eau est primordial pour les éleveurs : dans les pâturages l’été et à proximité des bâtiments l’hiver.

Au pâturage l’alimentation en eau du bétail peut s’effectuer au moyen de :

- Apport d’une tonne à eau dans les parcelles dépourvues de point d’eau. - Abreuvoirs aménagés à partir de captages de sources ou de dérivation des cours d’eau. Ceux

dotés d’un système de trop-plein permettent d’éviter le gaspillage, contrairement aux systèmes alimentés en continu, mais ne sont pas réalisables sur toutes les parcelles.

- Alimentation directe dans le cours d’eau sur les parcelles en bord de ruisseau. Cette pratique est répandue en raison de la densité du réseau hydrographique et du grand nombre de parcelles riveraines des berges. Elle constitue la solution la plus simple en termes de coûts et d’aménagements mais peut présenter des effets néfastes pour le cheptel (transmission de pathogènes et parasites de l’amont vers l’aval, mortalité des jeunes…) et pour le milieu naturel (piétinement des berges, ensablement, risque de colmatage, rejets de bactéries et produits vétérinaires via les urines et excréments).

L’hiver, lorsque le cheptel est à l’intérieur, les exploitants utilisent des sources privées ou sont dans l’obligation d’avoir recours au réseau d’eau potable. Celui-ci peut également devenir nécessaire en années sèches. Les volumes destinés à l’abreuvement, prélevés sur le réseau d’eau potable ne sont pas connus. Les besoins en eau du bétail sont évalués dans le tableau suivant à partir des données du Recensement Agricole Général de 2010 sur le cheptel et des consommations moyennes par UGB. Le cheptel indiqué dans le RGA ne tient compte que des animaux appartenant à des exploitations dont le siège est sur le périmètre, les animaux venant de l’extérieur ne peuvent être comptabilisés.

Hiver Été

Besoins d’une UGBTA* (l/jour) 55 80 Besoins cheptel périmètre d’étude (m3/j) 8 200 12 000 Besoins cheptel périmètre élargi (m3/j) 10 400 15 000

Besoins annuel du cheptel périmètre d’étude 3 Mm3 en hypothèse de

consommation basse (55 l/jour)

4,36 Mm3 en hypothèse de consommation haute

(80 l/jour) *Une UGBTA désigne une Unité Gros Bétail Tout Aliment, cette unité permet d’additionner les différentes espèces animales. Tableau 16 : Besoins en eau estimés pour l'abreuvement du bétail sur le périmètre

Les différences de prélèvement entre l’été et l’hiver tiennent compte de l’augmentation des prélèvements par animal en raison de la chaleur mais pas des modifications du nombre de bêtes sur le territoire. Celui-ci est pourtant soumis à d’importants changements en raison de l’arrivée sur le territoire ou à l’inverse du départ hors territoire de certains troupeaux en estive.

Les besoins du bétail sont estimés entre 3 et 4,3 millions de m3 par an. Ils sont supérieurs aux besoins de la consommation humaine sur le territoire (hors exports d’eau).

Des besoins pour le matériel des élevages laitiers Pour des raisons d’hygiène le lavage des salles de traite doit être effectué à partir d’eau potable. Le diagnostic agricole du territoire signale 173 exploitations bovins lait sur le territoire avec un quota total

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d’environ 35 millions de litres de lait par an. En moyenne la consommation d'eau par litre de lait produit est estimée entre 3 à 6 litres en laiterie et 10 à 15 litres en salle de traite. Ce sont donc entre 455 000 et 735 000 m3 d’eau qui sont utilisés dans les salles de traite annuellement et comptabilisés dans les prélèvements AEP.

d. Quelques prélèvements industriels

Les prélèvements industriels supérieurs à 7 000 m3 sont connus à travers la base de données des redevances de l’Agence de l’Eau Adour Garonne. 7 industries préleveuses sont recensées sur le territoire, au total ce sont environ 615 000 m3 qui ont été prélevés par les industries en 2011 dont environ 450 000 m3 pour Arcelor Mittal (situé à St Chély d’Apcher, sur le périmètre élargi).

Les prélèvements industriels sont minimes par rapport aux autres usages (12 millions de m3 pour les usages domestiques). Ils peuvent par contre être localement importants, le prélèvement effectué sur le ruisseau de Malagazagne par Arcelor Mittal est le 7ème plus important prélèvement du territoire (après 6 captages pour l’AEP). La consommation d’eau potable par les petites industries est difficile à estimer car confondue avec les prélèvements pour les usages domestiques (AEP).

e. Bilan, perspectives

Les besoins en eau potable du territoire sont estimés à un peu plus de 2 millions de m3, les prélèvements s’élèvent par contre a plus de 11 millions, dont plus de la moitié destinés à l’extérieur du périmètre. L’eau potable est une problématique importante du territoire avec une situation contrastée entre : - quelques très importants captages, gérés par des syndicats, où les volumes prélevés sont

importants et dont beaucoup d’usagers hors périmètre dépendent. Ces prélèvements sont potentiellement impactant sur les cours d’eau aval en cas de sécheresse.

- une multitude de petits captages sur des communes gérées en régie, rencontrant souvent des difficultés de gestion et des problèmes de qualité. La professionnalisation du service sur ces secteurs doit être développée.

Plusieurs secteurs apparaissent en déficit futur, les abords de l’A75 en Lozère risquent d’être la zone la plus impactée et la recherche de ressources mobilisables techniquement, réglementairement et du point de vue environnemental est un enjeu important.

Les besoins agricoles représentent au total de 3.5 à 5.2 millions de m3/an et sont majoritairement destinés à l’abreuvement et l’accès en eau est un enjeu important pour les éleveurs. Les pratiques d’abreuvement direct au cours d’eau sont répandues car simples et peu onéreuses mais peuvent être problématiques pour les troupeaux (risque accru de parasitisme) et pour les cours d’eau (destruction des berges, charge organique directe dans le cours d’eau). Une attention particulière sera à porter sur ces pratiques.

Des risques de rejets liés aux activités humaines

a. Un impact de localisé de certains systèmes d’assainissement

Des disfonctionnement constatés sur une partie du parc d’assainissement collectif

Parmi les 82 communes du périmètre d’étude, 59 sont dotées d’un ou de plusieurs systèmes d’assainissement collectifs (STEP) pour l’épuration de leurs eaux usées (et 20 des 25 communes associées). Les autres communes sont soit dépourvues de système de traitement soit disposent

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seulement de systèmes d’assainissement non collectifs. À l’exception du SIVU d’Espalion et Saint Côme d’Olt, la compétence Assainissement collectif est uniquement communale sur le territoire.

On recense 185 systèmes d’assainissement collectifs dont 130 sur le périmètre d’étude de 4 types :

- Géoassainissement (filtres à sables, plantés de roseaux, compacts…) : majoritaire (52 %) en nombre de stations mais de faible capacité (9 % de la capacité épuratoire du territoire)

- 10 % de stations de type lagunage - 15 % de stations avec traitement primaire (décanteur digesteur) - Traitements par cultures bactériennes pour 24 % des stations, représentant 84 % de la

capacité de traitement. 5 grosses stations de plus de 5 000 équivalents habitants représentent près de la moitié des capacités de traitement du territoire.

Plus de 30 % des STEP ont plus de 20 ans. Elles ont une capacité épuratoire totale de 33 800 équivalents habitants, soit la moitié de la capacité épuratoire du territoire. Parmi ces STEP, les suivantes sont de grande taille : Saint Geniez d’Olt, Sainte Geneviève sur Argence, Laguiole, Aumont Aubrac, Chaudes Aigues. On peut également citer Brommat, Saint Chély d’Apcher et Marvejols pour les communes associées. De fait, parmi les grandes stations (plus de 2000 EH), seule celle d’Espalion est récente.

Les stations jugées non conformes ERU sont listées dans le tableau ci-après, elles sont prioritaires pour les futurs travaux d’amélioration des traitements. Les problèmes sur les petites stations (moins de 200 EH) peuvent être inconnus car leur conformité n’est pas évaluée.

Dpt Nom station Capacité Cause de non-conformité 12 Laguiole 4 833 Non conforme DBO5 sur l'ensemble des bilans réalisés dans

l'année 12 St Amans des Côts 1 200 Non conforme car pas de bilan d’autosurveillance depuis

2006. 12 Ste Geneviève sur

Argence 3 800 Jugée non conforme car pas de bilan d'autosurveillance

depuis 2008. 15 Chaudes-Aigues 6 300 Impact milieu 48 Fournels 300 File eau obsolète et problèmes de collecte, travaux de mise

en conformité non commencés 48 Aumont Aubrac 3 900 Non conforme en performance depuis 2011

Tableau 17 : Stations non conformes à la directive ERU (données 2012) Les services de l’État ont proposé une liste de stations dites « non conformes DCE » permettant de prioriser les travaux sur des ouvrages qui ont un impact avéré sur le milieu : les stations de Chirac, Le Monastier Pins Moriès, Les Bessons, Chaudes Aigues, Aumont Aubrac sont notamment citées comme posant des problèmes de qualité. Les disfonctionnements les plus fréquemment constatés sur le territoire sont :

- la présence récurrente en quantité importante d’eaux claires parasites par infiltration d’eaux pluviales dans le réseau de collecte des eaux usées. Elles provoquent la dilution des effluents et des surcharges hydrauliques au niveau des systèmes de traitement qui surversent directement dans le milieu. Les volumes d’effluents produits en théorie sur le périmètre (8 051 m3/jour, données Agence de l’Eau), sont nettement inférieurs aux volumes mesurés en entrée de station (13 052 m3/j).

- la vétusté, le manque d’entretien des ouvrages… - le surdimensionnement : la capacité nominale est supérieure à la population raccordée et les

stations sont en sous-charge hydraulique et/ou organique (Saint Urcize, Ste Eulalie d’Olt, Rimeize, Ste Geneviève sur Argence…)

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- la surcharge hydraulique et/ou organique (station de Laguiole lors des pics d’activité industrielle).

Les insuffisances de gestion par des collectivités de petite taille ne disposant pas des moyens nécessaires est également un frein à la fiabilité de certaines stations d’épuration.

Quelques agglomérations dépourvues de systèmes d’assainissement

Certaines agglomérations (terme désignant un regroupement d’habitations) possèdent un système de collecte sans ouvrage d’épuration. Les effluents sont donc récoltés dans un réseau, concentrés puis rejetés directement dans le milieu ce qui peut être localement très impactant. Les plus importantes agglomérations sans traitement sont connues par les services de la DDT. En 2011, 18 agglomérations regroupant 1 305 EH étaient signalées comme problématiques. Beaucoup sont situées en Aveyron en raison d’un inventaire qui a été mené de façon plus exhaustive dans ce département.

Des problématiques liées aux établissements raccordés au réseau collectif

La majorité des établissements industriels, d’accueil, de restauration… utilisent les réseaux et stations des collectivités mais ne disposent pas toujours de prétraitements précédent le rejet dans le réseau de collecte (bac dégraisseur pour les restaurants et entreprises agro-alimentaires, bac séparateur d’hydrocarbures pour les garages…) et les raccordements ne sont pas toujours formalisés par des conventions. Celles-ci permettent de mieux connaitre la production d’effluents et sont utiles au gestionnaire de l’assainissement collectif. Leur absence constitue une lacune pour le bon entretien des systèmes concernés.

Un contrôle de l’assainissement non collectif inégal La mise en œuvre des contrôles des installations existantes est à un stade d’avancement très inégal selon les collectivités et le résultat des diagnostics menés par chaque service n’est pas centralisé. 17 communes du périmètre de projet et 4 communes associées ont des zonages communaux entièrement en assainissement non collectif, soit 2 950 équivalents habitants. Sur les autres communes les systèmes d’assainissement non collectifs sont préconisés sur les secteurs d’habitat dispersé pour lesquels le coût de mise en place d’un réseau de collecte et d’une filière de traitement est prohibitif. La quasi-totalité des communes du périmètre sont couvertes par un SPANC (Service Public de l’Assainissement Non Collectif), certains créés récemment. Ce sont les communautés de communes et un syndicat (SIVU Espalion-St Côme d’Olt) qui ont cette compétence. Sur les CDC de l’Aubrac Lozérien, des Hautes Terres et de la Terre de Peyre, le service SPANC est mutualisé entre les 3 intercommunalités. Les contrôles des systèmes d’assainissement étant loin d’être achevés sur le territoire, les informations n’étant pas centralisées et la fonctionnalité des SPANC étant hétérogène, il n’est pas possible d’estimer leur performance à l’échelle du périmètre d’étude et de connaitre la proportion de population raccordée.

Déchets issus de l’épuration : priorité à l’épandage agricole Les stations d’épuration traitent les eaux usées et les matières de vidanges, il résulte plusieurs déchets de ce traitement :

- Les boues issues des stations biologiques ou du lagunage. Sur la partie aveyronnaise l’ensemble des boues des principales stations d’épuration est valorisé par épandage. En Lozère, une partie des boues (stations de St Chély d’Apcher, de Rimeize, de l’Aire de la Lozère, de Chirac et du Monastier Pin Moriès) est enfouie au Centre Départemental de Traitement des Déchets de Mende. Celles des autres stations sont épandues sur terres agricoles.

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- Les matières de vidange des stations type « filtre à sable » et des assainissements non collectifs sont dépotées dans des stations d’épuration équipées pour les recevoir (Laguiole, Espalion, Entraygues sur Truyère, Chirac et La Canourgue ; l’équipement des stations de Saint Chély d’Apcher, Marvejols et Aumont Aubrac est en projet.)

- Les graisses sont traitées dans certaines STEP équipées spécifiquement : Laguiole, Espalion, La Canourgue. L’équipement des stations de Marvejols et Saint Chély d’Apcher est en projet.

- Les produits de dégrillage et les sables sont considérés comme des ordures ménagères résiduelles et collectés et éliminés à travers cette filière.

NB : La vidange « sauvage » des campings cars, parfois directement dans certains cours d’eau ou plans d’eau, est signalée comme problématique sur certaines zones du territoire. Ce phénomène pourrait être lié à un manque de bornes de vidange, un manque de sensibilisation et d’information de la population touristique a également été évoqué par certains acteurs locaux.

b. Peu d’industries produisant des rejets

Peu d’industries sont présentes sur le territoire, celles qui sont redevables auprès de l’Agence de l’eau pour rejets sont essentiellement :

- des industries agroalimentaires qui rejettent des matières organiques, azotées et phosphorées ainsi que des matières en suspension

- des hôpitaux et l’usine Arcelor Mittal qui, en plus des matières organiques, rejettent des substances dangereuses de types organo-halogénés, métaux, matières inhibitrices.

Parmi les 17 industries redevables, 10 sont raccordées à un système de collecte des eaux usées d’une collectivité. Les données sur les pollutions ne font pas état de problèmes particuliers même si localement des charges polluantes en matières organiques peuvent surcharger les systèmes d’assainissement. Les 7 autres industries possèdent leur propre système de traitement des eaux :

- l’abattoir de Ste Geneviève sur Argence - les 2 usines de traitement de l’eau de Salgues et Marvejols - les carrières Méric et Salles - Gaillard Rondino (traitement du bois) - Laboratoire Monique Remy (extraction de parfums)

L’usine de potabilisation de Salgues et les 2 carrières n’ont pas de rejet associés en 2011 mais figurent dans la base de données en raison de rejets de Matières en suspension par le passé.

c. Un impact méconnu des infrastructures routières

L’entretien des infrastructures routières peut engendrer un impact sur l’eau et les milieux aquatiques lorsque des produits phytosanitaires sont utilisés en bord de route à proximité du réseau hydrographique (cours d’eau mais également fossés permettant le transfert rapide des polluants). Les Conseils départementaux, qui sont en charge de l’entretien des routes départementales et la DIR Massif Central qui gère l’autoroute A75 ont adopté des démarches de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires : la tonte et le débroussaillage des bords de route est privilégiée. Aucune information n’est disponible pour les traitements utilisés sur les voiries communales.

Le réseau routier peut également avoir un impact sur les milieux en cas d’accident de véhicules transportant des matières dangereuses. La zone de l’autoroute A75 est particulièrement concernée par ce risque. Plusieurs bassins de rétention existent sur l’A75 afin de prévenir la diffusion de polluants issus d’un éventuel accident mais également du ruissellement sur la chaussée qui entraine hydrocarbures et matières bitumineuses. Au sud du périmètre d’étude, un protocole a été mis en place entre le PNR des Grands Causses et la DIR Massif Central afin d’optimiser le fonctionnement des bassins de rétention.

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Ce type de protocole n’existe pas sur le territoire de l’Aubrac traversé par l’A75. Certains acteurs interrogés ont signalé des déficiences dans le fonctionnement des bassins de rétention en Lozère. La DIR MC engage régulièrement des travaux d’amélioration mais certains secteurs sont encore dépourvus de bassins de rétention ou ceux en place sont vétustes.

Enfin, l’une des problématiques abordée par plusieurs personnes ressources est l’impact des sels de déneigement sur les milieux naturels. Des études montrant l’impact de la salinité sur la végétation à proximité des routes existent hors du périmètre d’étude (A39) et montrent des phénomènes de dessèchement de certaines espèces. Aucune évaluation du risque réel sur l’Aubrac (au regard des quantités employées) n’a été réalisée à ce jour.

d. Des risques ponctuels liés à l’activité agricole

Activité dominante du territoire, l’agriculture est fortement en interaction avec les milieux qu’elle utilise et peut potentiellement avoir des effets sur les milieux aquatiques selon les pratiques et les conditions locales (climat, sols, pente…).

Un stockage des effluents et des pratiques d’épandage contraints par les hivers longs

Les effluents d’élevage (fumiers ou lisiers) et eaux souillées peuvent générer des perturbations des milieux par apport de certaines matières polluantes (matières organiques, azote, phosphore, bactéries...) s’ils ne sont pas gérés de manière optimale. Pour pallier ces risques la réglementation dans le cadre des RSD (Règlement Sanitaire Départemental) ou la réglementation ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) impose aux bâtiments d’élevage d’être implantés à distance des points d’eau afin d’éviter toute pollution ponctuelle.

Les RSD précisent également les conditions de stockage et les durées de stockage nécessaires entre 2 évacuations des effluents : de 1,5 à 2 mois selon le département. Pour les élevages soumis à la réglementation ICPE les durées de stockage nécessaires sont de 4 mois pour les lisiers et fumiers mous et 2 mois pour les fumiers compacts. Le respect de la réglementation permet donc de limiter les risques de pollutions ponctuelles à partir des bâtiments d’élevage. Des programmes de modernisation des bâtiments (PMPOA et PMBE) ont permis à certains exploitants de financer des travaux de mise aux normes des ouvrages de stockage des effluents. Tout comme les règles d’implantation des bâtiments, les épandages d’effluents sont soumis à la réglementation RSD ou ICPE. Le réseau hydrographique dense de l’Aubrac et les fortes pentes entrainent des contraintes fortes pour les épandages qui doivent être réalisés à plus de 200 m des cours d’eau sur de nombreuses parcelles en pente.

Distance bâtiments RSD et ICPE Distances d’épandage RSD et ICPE

Puits, forages, berges des cours d’eau, sources… 35 m

35 m (et 10 m si bande enherbée ou boisée ne recevant pas d’intrants)

200 m si pente >7 % (Aveyron et Lozère) 200 m si pente > 10 % (Cantal)

50m pour lisiers porcins Zones de baignade 200 m 200 m

Point de prélèvement AEP 35 m 50 m Piscicultures 200 m (500 m pour ICPE) 500 m à l’amont

Tableau 24 : Règlementation sur les distances d'épandage d'effluents agricoles

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Lorsqu’un plan d’épandage, indiquant précisément les parcelles retenues pour recevoir les effluents, est établi et approuvé par l’autorité sanitaire, les dispositions prévues par celui-ci et définies en fonction des caractéristiques locales sont seules applicables et remplacent le RSD.

Les épandages de lisiers ou de fumiers mous sont interdits sur sol gelés ou enneigés, l’épandage des fumiers solides est par contre autorisé. Les épandages sont également interdits en période de forte pluie afin d’éviter le ruissèlement et l’entrainement des effluents dans le réseau hydrographique. De manière générale l’épandage n’est pas envisageable sur des sols trop humides en raison de leur manque de portance pour permettre le passage du matériel agricole. En raison de la longueur des hivers sur l’Aubrac le volume nécessaire pour stocker les lisiers durant toute la période d’interdiction des épandages (jusqu’à 5 mois) est bien plus important que le volume réglementaire. Il s’agit d’un surcoût important pour les exploitations et toutes n’ont pas la possibilité de réaliser des stockages aussi importants. Il en résulte, lors des hivers les plus longs, une obligation pour certaines exploitations de réaliser une partie des épandages sur sols gelés ou enneigés, les fosses étant pleines. Les exploitations ayant recours à des aires paillées et produisant du fumier sont moins contraintes car le stockage peut être réalisé au champ et les épandages sont autorisés sur sols gelés. Les conditions réglementaires et le climat impliquent que les périodes disponibles pour l’épandage sont parfois très réduites. À la fin de l’hiver ceux-ci sont généralement réalisés simultanément par tous les agriculteurs dès que les conditions s’y prêtent. Des risques ponctuels de contamination ne peuvent être écartés.

Des risques ponctuels de pollution organiques La comparaison du nombre d’UGB sur le périmètre d’étude (150 000 UGB) et de la population (33 800 habitants) met en évidence que la charge organique brute des effluents produits par le bétail est largement supérieure à celle produite par l’activité domestique. Les effluents produits par le bétail se répartissent ainsi :

- Effluents produits au pâturage : le risque de transfert est minime à l’exception de zones de regroupement situées dans les secteurs d’accès direct au cours d’eau. Ils peuvent potentiellement être impactant pour les petits cours d’eau où la dilution des déjections animales sera faible (une UGB équivaut à 3 à 4 équivalents-habitants en termes d’apports organiques) ou peuvent impacter la qualité bactériologique à l’amont des captages d’eau potable ou de certaines zones de baignade.

- Effluents produits en bâtiment : leur épandage doit être réalisé dans de bonnes conditions et dans le respect de la réglementation et des recommandations agronomiques, ceci permettant d’éviter les transferts au réseau hydrographique.

Plutôt que la valeur absolue de la charge brute produite par le bétail c’est la gestion des effluents qui va conditionner l’effet sur les milieux à travers la charge nette qui risque d’être transférée aux cours d’eau.

Des taux de fertilisation adaptés Rappel : Le périmètre de projet est situé hors zone vulnérable aux nitrates.

En moyenne, sur les surfaces à stock (prairies de fauche) les taux de fertilisation déterminés dans le diagnostic agricole sont de 20 à 25 m3/ha de lisier (50 N, 35 P, 90 K) ou 15 à 20 tonnes/ha de fumier. Sur certaines parcelles, les apports organiques sont complétés par une fertilisation minérale essentiellement azotée (de 24 à 50 unités). Les niveaux globaux de fertilisation sont donc relativement faibles.

Il existe des excédents à l’échelle de l’exploitation, essentiellement azotés, comme le montre le bilan apparent des minéraux, réalisé sur les cas-types bovins viande Aubrac de l’Institut de l’Élevage :

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Tableau 18 : Bilan des minéraux sur les exploitations types bovin viande

Aubrac (u/ha) (Sources : Cas types SUAMME, Institut de l’élevage)

Une moyenne de 40 unités d’azote d’excédent/ha reste faible par rapport aux moyennes régionales ou nationales. Ces excédents proviennent de l’achat de concentrés à l’extérieur de l’exploitation et des achats d’engrais minéraux. Le devenir de ces excédents peut être la volatilisation sous forme NH3, le stockage dans le sol, le ruissellement et le lessivage vers les cours d’eau.

Les cas-types montrent des pratiques de fertilisation globalement équilibrées. Ceci ne peut toutefois écarter, à des échelles plus petites (exploitation ou parcelle), des sur-fertilisations. Mais les systèmes d’élevage relativement extensifs permettent de limiter ces risques (pas d’élevages en excédents structurels, nécessité d’acheter des fertilisants minéraux…).

La prédominance des surfaces toujours en herbe sur le territoire limite les risques de lessivage et de ruissellement des fertilisants (sauf si une pluie intervient juste après l’apport). Les surfaces en sol nus l’hiver sont très rares. Les suivis de la qualité de l’eau, notamment les concentrations en nitrates, corroborent le constat d’un territoire relativement exempt de surfertilisation.

D’autres intrants aux effets parfois méconnus Chaulage : les sols acides de l’Aubrac sont chaulés afin d’augmenter le pH et ainsi d’améliorer leur structure et leur productivité. Le calcium est apporté par un amendement calcique (roche calcaire broyée, chaux vive) environ tous les 3 ans. Le chaulage de milieux naturellement acides comme les zones tourbeuses ou certaines prairies naturelles peut provoquer une modification du cortège d’espèces, particulièrement préjudiciable. Plusieurs MAE ont été développées ces dernières années pour contenir ces pratiques.

Traitements vétérinaires : les animaux d’élevage reçoivent des traitements de manière curative ou préventive notamment pour les protéger de parasites qu’ils peuvent contracter via leur environnement. Les molécules utilisées et leurs métabolites relâchés dans l’environnement via les excréments conservent parfois leurs propriétés insecticides plus ou moins longtemps. Le premier effet néfaste touche la faune coprophage qui dégrade les excréments et qui est sensible à certaines molécules. La destruction de ces insectes a des conséquences écologiques mais aussi économiques car les bouses mettent du temps à disparaitre et empêchent la pousse de l’herbe sur des surfaces pouvant être importantes. L’effet des produits antiparasitaires sur les organismes aquatiques après passage par le système digestif des animaux est peu connu. Ceux qui présentent à la fois une toxicité pour les organismes aquatiques sous forme brute et une rémanence importante dans les excréments présentent logiquement un risque en cas de défécation directe dans ou à proximité des cours d’eau.

Produits phytosanitaires : leur utilisation par les agriculteurs est très faible sur le territoire. En effet les surfaces toujours en herbe sont majoritaires et ne reçoivent aucun traitement. Elle concerne les surfaces en céréales qui sont relativement peu présentes (herbicides sur moins de 50 % des surfaces en céréales ; fongicides sur quelques surfaces ; surfaces en maïs systématiquement traitées avec un herbicide et semences toujours enrobées) et les surfaces viticoles (moins de 20 ha sur le territoire). Des traitements ponctuels au désherbant en bordure de parcelles peuvent être faits sur les clôtures ou sur les chardons.

N P KBV1 Broutards lourds 12 50 6 12BV2 Broutards lourds à l'export 48 30 3 4BV3 Broutards + sélectionneur 15 43 4 5BV4 Broutards + sélectionneur 15 27 7 10BV5 Broutards + génisses de boucherie 48 38 5 17BV6 Broutards + génisses de boucherie 12 51 1 6

Bilan des minérauxCode Cas-type Département assimilé

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e. Activités forestières

Avec un tiers du territoire couvert par des surfaces forestières, la ressource eau est souvent en interaction avec le milieu forestier : zones de captages, traversée de massifs forestiers par les rivières, zones humides boisées… La forêt influe sur la qualité des eaux par le rôle de filtre des différentes strates de la végétation et la gestion forestière pratiquée. Les captages forestiers offrent généralement des eaux de bonne qualité et on retrouve des milieux humides particulièrement intéressants dans certaines forêts (tourbières boisées). Le couvert forestier permet de limiter le ruissellement et l’érosion, de favoriser l’infiltration de l’eau via les racines et l’absence d’intrant protège la qualité de l’eau. De manière générale les pratiques forestières impactent donc peu la qualité de l’eau. Toutefois des risques d’altération liés à de mauvaises conditions d’exploitation existent : création de dessertes mal conçue, circulation d’engins dans des conditions météorologiques défavorables, coupes à blanc entrainant la mise à nu des sols et des phénomènes d’érosion… Des problèmes d’ensablement lié aux pistes en forêt et à l’exploitation forestière ont, par exemple, été mis en évidence par une étude de la Fédération de pêche du cantal sur le bassin versant du Tailladès. Ce type de problème est également signalé sur le massif du Puy de la Tuile, (Cantal).

f. Bilan, perspectives

Plusieurs STEP de grande taille sont non conformes vis-à-vis de la directive ERU et/ou ont un impact sur la qualité des milieux récepteurs. L’un des principaux problèmes des systèmes d’assainissement du territoire est la présence importante d’eaux claires parasites dans les réseaux de collecte en raison de défauts de gestion ou d’entretien des réseaux et qui provoquent des surverses dans le milieu. L’autre problème concerne quelques communes dotées de réseaux, sans système de traitement avant rejet.

Certaines collectivités de petite taille ne disposent pas des moyens nécessaires pour le bon fonctionnement de l’assainissement collectif et non collectif, une mutualisation de moyen pourrait pallier à ce problème.

Concernant les déchets de l’assainissement, les politiques départementales souhaitent favoriser l’épandage agricole pour les boues d’épuration. Cette pratique prévaut à ce jour, toutefois, l’acceptation par les agriculteurs et le public peut être un frein à cette pratique.

Au niveau agricole, les cas types « bovins viande » étudiés mettent en évidence une fertilisation globalement équilibrée à l’échelle des exploitations types.

Concernant les produits phytosanitaires, ils sont peu utilisés, au regard du type de couvert majoritaire (prairies permamnentes et temporaires).

Les principaux risque de rejets proviennent de transferts de charges organiques au réseau hydrographique peuvent être observés : - au niveau de zones d’accès du bétail au cours d’eau, - en cas de fortes pluies suites aux épandages, - en cas d’hiver très long favorisant les pratiques d’épandage sur neige ou sol gelé une fois les fosses

pleines.

Ce sont donc surtout les très petits cours d’eau de tête de bassin versant qui peuvent être impactés par ces situations. Des solutions peuvent être proposées via des actions collectives menées à l’échelle des bassins versants afin de les solutionner si un impact est avéré sur des cours d’eau.

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B. L’énergie sur le territoire

Une planification essentiellement à l’échelle régionale

Rappel : La Loi n°2010-788 portant engagement national pour l’environnement, dite Loi Grenelle II, instaure les Schémas régionaux du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE), dont l’élaboration est confiée aux Préfets de région et aux Présidents des Conseils régionaux. L’objectif de ces schémas est de définir les orientations et objectifs régionaux à l’horizon 2020 et 2050 en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de maîtrise de la demande énergétique, de développement des énergies renouvelables, de lutte contre la pollution atmosphérique et d’adaptation au changement climatique. Les SRCAE ont été adoptés pour les 3 régions Auvergne, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées.

L’essor massif des énergies renouvelables confère un rôle central au réseau de transport d’électricité qui doit permettre de garantir la sécurité et la fiabilité de l’approvisionnement en électricité en raccordant les nouveaux sites de production, compensant l’intermittence des énergies renouvelables et mutualisant les productions pour gommer les disparités régionales. La loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010, dite « loi Grenelle II », en plus des SRCAE a institué des schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies renouvelables (S3REnR). Ces schémas sont basés sur les objectifs fixés par les SRCAE et doivent être élaborés par RTE (Réseau de Transport d’Électricité) en accord avec les gestionnaires des réseaux publics de distribution d’électricité. Les S3REnR ont été publiés en Auvergne et Midi-Pyrénées début 2013, en Languedoc-Roussillon le schéma a été transmis au préfet de région pour approbation.

Un Plan Climat Energie Territorial (PCET) est un projet territorial de développement durable qui a pour finalité la lutte contre le changement climatique. Institué par le Plan Climat national et repris par les lois Grenelle, c’est un cadre d’engagement pour le territoire qui vise 2 objectifs :

- atténuation / réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre ; - adaptation au changement climatique.

Les Départements de l’Aveyron et du Cantal sont dotés de PCET qui s’appliquent à leurs propres services. La Lozère n’est actuellement pas dotée de cet outil.

La réalisation d’un PCET est possible à l’échelle d’un territoire de PNR.

Des modes de consommations caractéristiques des territoires ruraux

Les données sur les consommations énergétiques ne sont disponibles qu’à des échelles régionales ou départementales. Néanmoins les données valables pour le département de la Lozère, à majorité rurale et dont la situation est proche de celles de l’Aubrac (altitude et climat) indiquent une forte dépendance aux produits pétroliers pour le chauffage et les déplacements avec des consommations par an et par habitant supérieures aux moyennes nationales.

Figure 12 : Modes de chauffage des résidences principales (Périmètre élargi ; source : INSEE, 2009) Les données fournies par ERDF permettent d’estimer la consommation électrique à l’échelle du périmètre élargi à environ 300 000 MWh consommés/an. Cela représente en moyenne

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5 669 kW/an/habitant (toute consommation, domestique et industrielle, confondue). C’est inférieur à la moyenne nationale calculée selon la méthode « banque mondiale » qui est similaire à celle employée pour calculer la consommation moyenne par habitant du territoire = les consommations totales d’électricité divisées par le nombre d’habitants. La consommation moyenne sur le territoire par habitant est inférieure au chiffre national en raison du faible nombre de gros consommateurs (industries).

Des réseaux de transport parfois saturés

Un réseau haute tension, géré par RTE s’est historiquement développé autour des moyens de production hydraulique, aujourd’hui il a vocation, en plus de l’évacuation de la production hydraulique, à alimenter la consommation et relier les territoires. C’est également une source de revenu pour les collectivités qui supportent les infrastructures. Les réseaux de distribution basse et moyenne tension sont la propriété des communes qui ont transféré ce patrimoine à des syndicats d’électrification (SDEE en Lozère, SIEDA dans l’Aveyron, SDEC dans le Cantal). L’exploitation est confiée à ERDF par un contrat de concession.

L’un des enjeux lié aux réseaux électriques est la possibilité d’accueillir des productions électriques à partir d’énergies renouvelables (solaire, éolien, méthanisation…).

Certains secteurs du territoire sont saturés et ne peuvent accueillir de nouvelles productions électriques, ce qui peut freiner le développement des énergies renouvelables. La partie lozérienne du territoire semble plus particulièrement affectée par ce problème. Le climat peut également être source de fragilité du réseau (forts vents, chutes d’arbres, neige…)

Optimiser la performance énergétique et les économies d’énergie

Sur le territoire 5 espaces Info Énergie ont pour mission d’informer et de conseiller gratuitement le grand public sur les solutions pour réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre :

- PACT Cantal (informations et conseil au grand public et aux collectivités sur les économies d’énergie et énergies renouvelables) et Bois énergie 15 (promotion du bois énergie et autres énergies renouvelables issues de la biomasse).

- ADIL de l’Aveyron (Agence Départementale d’Information sur le Logement) qui en plus de ses missions de conseil liées à l’habitat porte l’Espace Info Énergie de l’Aveyron.

- Agence Locale de l’Énergie et du Climat et CLCV 48 en Lozère qui ont pour mission les économies d’énergie, la promotion des énergies renouvelables et la lutte contre le changement climatique.

La résorption de la précarité énergétique et l’amélioration de l’habitat sont des enjeux particulièrement importants pour l’Aubrac (territoires rural montagnard où l’habitat est souvent ancien, le climat difficile, les hivers longs et la population âgée). Pour faire face au problème global et local de la consommation énergétique du secteur du logement, des programmes départementaux « Habiter mieux » dédiés à la lutte contre la précarité énergétique ont vu le jour (voir partie sur le logement).

L’enjeu du développement raisonné des énergies renouvelables

a. L’hydroélectricité : un atout majeur du territoire

Le « système Truyère » constitue une pièce maîtresse du réseau électrique français grâce à une puissance importante et une grande souplesse de fonctionnement. Il est reconnu d’intérêt national et permet de produire 10 % de l’énergie hydroélectrique nationale (l’hydroélectricité représentant 12 %

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de la production française d’électricité). Au total, la chaine Lot-Truyère peut fournir au réseau électrique une puissance de 1 950 MW (équivalent à 2 réacteurs nucléaires et à la consommation d’une ville de 960 000 habitants). La Station de Transfert d’Énergie par Pompage de Montézic est la plus importante de la chaine avec une puissance de 900 MW. L’ensemble des ouvrages EDF et leurs caractéristiques principales sont présentés en annexe 24 : Tableau des caractéristiques des aménagements hydroélectriques d'EDF sur le périmètre.

Une partie des concessions hydroélectriques du territoire devraient être mises en concurrence dans le cadre de leur renouvellement : Sarrans -Le Bousquet, Brommat, Couesque qui inclut le Goul et la STEP de Montezic, Lardit qui inclut Maury, Cambeyrac, Castelnau-Lassouts et Golhinac. Les ouvrages de Lanau, Grandval et Touluch ne sont pas prévus dans le renouvellement des concessions. L’Entente Lot et l’Agence de l’Eau Adour Garonne ont émis le souhait auprès du ministère qu’ils soient intégrés afin de préserver la cohérence de la gestion par vallée. Initialement le choix du concessionnaire aurait dû être réalisé en 2012, actuellement des solutions alternatives sont examinées par le gouvernement. Des augmentations de production doivent être proposées par les candidats à la reprise des concessions, tout en diminuant les impacts sur les milieux. La présence de l’industrie hydroélectrique est particulièrement importante pour le territoire (tourisme nautique et industriel, soutien financier…) et le renouvellement des concessions est donc un enjeu majeur pour le territoire. À noter que l’on compte plusieurs centrales hydroélectriques exploitées par d’autres gestionnaires qu’EDF sur le territoire. Ces centrales, généralement de petite taille, sont associées à des ouvrages transversaux (de type chaussées) au niveau desquels se situent les prises d’eau. On en recense 20 sur le territoire La majorité a une puissance inférieure à 1 MW et fonctionne « au fil de l’eau » (sans réserve d’eau). Les plus importants de ces ouvrages et les seuls soumis au régime de la concession en dehors des ouvrages gérés par EDF sont :

la centrale du Vergne qui turbine à partir de prélèvements sur le Bès et la Bédaule afin d’alimenter en électricité l’usine Arcelor Mittal à St Chély d’Apcher (Puissance de 13 500 kW)

la centrale de Touluch qui turbine les eaux de la retenue des Galens sur la Selves en Aveyron et qui est en concession auprès de la SHEM (Puissance de 9 700 kW)

la concesssion des Ondes, sur le ruisseau du même nom d’une puissance de 4600 kW

Le classement en Liste 1 et 2 des cours d’eau au titre de l’article L214-17 du code de l’Environnement (Carte « Les cours d’eau classés ») limite la possibilité de nouvelles installations hydroélectriques afin de préserver la continuité des cours d’eau. L’augmentation de la production sur le territoire devra passer par l’amélioration d’ouvrages hydroélectriques existants ou l’équipement de seuils (anciens moulins par exemple).

b. Le solaire photovoltaïque, développé sur bâtiments agricoles

Aucune unité de production d’électricité photovoltaïque au sol n’existe sur la zone. Plusieurs documents cadre (Réflexion cadre sur l’énergie solaire photovoltaïque en Aveyron, 2010, DDT 12 ; Potentiel de production d’électricité d’origine solaire en Lozère, 2011, DREAL LR) privilégient le développement de ce type de projet sur les friches ou terrains sans autre possibilité de valorisation afin de préserver les terres agricoles, forestières ou naturelles ainsi que le paysage.

Des panneaux sont par contre installés sur toitures. Les données sur les surfaces installées ne sont pas connues de la même manière sur les 3 départements (données 2013).

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Surface (m²) Puissance maximale (kW) Type surface

Aveyron 173 000 24 664 84 % Agricole 16 % Autres

Cantal 27 900 3 984

81 % Neuf agricole 11 % Existant agricole

7 % Neuf tertiaire/industriel 1 % Existant résidentiel

Lozère Aucune donnée disponible Tableau 19 : Répartition des surfaces photovoltaïques sur le périmètre (Source : DDT 12 et 15, 2013)

Les panneaux photovoltaïques sur bâtiments agricoles neufs sont parfois soumis à controverse, les projets de plus grande ampleur pouvant impacter le paysage. Le cas de bâtiments « prétextes » aux panneaux photovoltaïques et sans utilisation agricole a également été soulevé lors des ateliers ceux-ci étant jugés généralement de grande taille et pas suffisamment intégrés dans le paysage.

c. Des projets éolien controversés en raison de leur impact paysager

Rappel : les Schémas Régionaux Éoliens (SRE) réalisés en annexe des SRCAE, permettent de planifier le développement de l’éolien à l’échelle régionale en définissant des zones favorables au développement de l’éolien dont les autorisations d’exploiter délivrées dans le cadre de la procédure ICPE devront tenir compte. La carte « Les zonages des Schémas Régionaux Éoliens » compile les informations des 3 SRE concernant le périmètre de projet. Les SRE de l’Auvergne et de Midi-Pyrénées sont conçus sur un principe similaire avec la détermination de zones favorables. Sur le périmètre seules les communes de St Geniez d’Olt, Ste Eulalie d’Olt et Pierrefiche (périmètre élargi) sont en zonage favorable. Elles sont situées sur la limite nord de la zone favorable « Comtal et Séverac ». En Languedoc-Roussillon les zonages sont conçus différemment :

- Zones à enjeux faibles, particulièrement propices (aucune sur le périmètre) - Zones favorables à enjeux forts : développement éolien sous réserve de la prise en compte

de ces enjeux forts - Zones d’exclusion pour raison réglementaire

L’ensemble des communes lozériennes du projet de PNR sont en zone à enjeux forts ce qui a vocation à attirer l’attention des porteurs de projets sur les enjeux à prendre en compte pour l’étude de projets éoliens. Elles ne préjugent pas des autorisations de projets (ICPE, permis de construire….) et constituent une étape dans l'ensemble du processus permettant l'implantation d'éolienne. La forte sensibilité paysagère de l’Aubrac et la continuité avec les SRCAE limitrophes ont conduit à délimiter au sein du SRE LR un territoire Aubrac à l’intérieur duquel le développement de l’éolien est jugé peu opportun (délimité en bleu sur la carte). C’est en Lozère que se trouvent les seuls projets éoliens du périmètre d’étude. Si plusieurs ont été refusés, un champ d’éolienne a vu son permis de construire accordé et 7 machines de 12 MW au total ont été installées en 2014 sur le massif du Truc de l’Homme (communes de La Fage Montivernoux et du Fau de Peyre). Les projets éoliens sont controversés sur le secteur, leur impact environnemental étant jugé important et incompatible avec le paysage. Plusieurs associations ont été créées afin de s’opposer aux projets éoliens industriels considérés comme non respectueux du paysage et de l’environnement sur l’Aubrac et la Margeride (Association pour la protection des bassins du Bès et de la Truyère, Aubrac - Biodiversité, Association Collectif Terre de Peyre en Haute Lozère, Robins des bois de la Margeride…).

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En plus des SRE, la réflexion sur le développement de l’éolien industriel a été prise en compte par les collectivités du territoire et certaines (Syndicat des Communes de l’Aubrac Aveyronnais en 2005 et Communauté de Communes Caldagues Aubrac en 2011) ont délibéré contre la réalisation de champs éoliens sur leur territoire. À l’échelle départementale, des réflexions ont également été menées par les DDT (ces études sont des documents techniques non opposables aux tiers) :

Par la DDT de l’Aveyron en 2009 dans le cadre d’une « Réflexion cadre pour un développement de l’énergie éolienne ». L’Aubrac y est décrit comme ayant un patrimoine de caractère et d’intérêt majeur présentant une forte à très forte sensibilité par rapport à l’éolien. Toute implantation y est interdite car elle perturbe des lieux de grands intérêts paysagers, naturels, urbains ou architecturaux, en les concurrençant par une covisibilité directe. Sur la carte combinatoire des enjeux et sensibilités en Aveyron, le périmètre du PNR Aubrac est classé comme zone interdite au développement de l’énergie éolienne.

Par la DDT de Lozère en 2011 à travers l’ « étude des sensibilités paysagère et naturaliste au regard de l’éolien industriel ». Cette étude indique que « par leur caractère emblématique, les paysages ouverts du plateau de l’Aubrac sont inadaptés à une implantation d’éoliennes. Bien qu’ayant peu de caractères forts et une faible sensibilité, les paysages boisés de l’Aubrac ne peuvent généralement pas tolérer des éoliennes sous peine d’être en situation de visibilité depuis les paysages ouverts. Afin de ne pas impacter les premiers plans des paysages ouverts de l’Aubrac, il faudra bien souvent descendre sous la courbe de niveau des 1 100 m pour que les éoliennes ne soient plus visibles ». À partir cette étude, 4 sites potentiels ont été retenus en Lozère mais aucun n’est sur le périmètre d’étude.

Par la DDT du Cantal à travers l’étude « Regard sur l’éolien dans le Cantal » mis à jour en 2012, cet outil de cadrage et d’aide à la décision classe la majorité du territoire Aubrac en territoire très sensible.

À l’heure actuelle, si le développement de projets éoliens semble peu probable en Aveyron et dans le Cantal, il existe un risque de « multiplication en Lozère ». Cette situation peut entrainer des préjudices paysagers mais également des tensions déjà constatées entre acteurs locaux.

d. Une filière bois énergie en pleine évolution

La filière bois énergie offre une alternative écologique et économique pour le chauffage collectif ou individuel. Le bois bûche est largement utilisé par les habitants qui se le procurent notamment par auto-approvisionnement ou via l’affouage et les droits sur les domaniaux et sectionaux. La bûche « commerciale » voit sa demande augmenter (à l’export notamment) et les agriculteurs locaux y trouvent une source de revenus complémentaires en valorisant leurs arbres.

Les nouveaux produits (granulés et plaquettes) voient également leur demande exploser. Ces dernières années, près de 60 chaufferies bois collectives ou individuelles (pour une puissance totale installée de près de 16 660 KW et une consommation supérieure à 20 000 t de bois par an) ont été construites sur l’Aubrac (périmètre élargi) et des unités de production se sont installées tout autour du territoire. Seulement 2 producteurs professionnels sont recensés dans la zone d’étude, à Aumont-Aubrac et Marvejols (périmètre élargi). Très souvent, le bois rond quitte donc l’Aubrac pour être réimporté sous forme de plaquettes ou granulés alors qu’il pourrait être transformé plus localement. La filière bois énergie est particulièrement suivie puisque 3 structures départementales ont vu le jour pour assurer un développement réfléchi de cette filière et, entre autres, une bonne corrélation entre le dimensionnement des installations et les capacités locales des peuplements forestiers. Il s’agit d’Aveyron Énergie Bois, de Bois Énergie 15 et de la mission bois énergie de la CCI de la Lozère. Au vu de l’essor des projets de cogénération de plus ample envergure, les interprofessions régionales suivent

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également à la loupe le développement de cette filière de façon à ce qu’elle ne perturbe pas de façon irréversible le fragile équilibre de la filière bois en général.

e. Des projets de méthanisation en développement

Aucune unité de de méthanisation n’est en fonctionnement sur le territoire. L’intérêt du traitement des effluents par ce procédé est multiple : apport financier complémentaire pour les agriculteurs par la vente de l’électricité et la valorisation de la chaleur ; obtention d’un digestat fertilisant inodore et assaini ou vente du biométhane par injection au réseau gaz ; regroupement pour assurer l’épandage du diogestat… Sur le territoire, plusieurs projets de méthanisation agricole sont à l’étude, à des stades plus ou moins avancés : à Sainte Geneviève sur Argence, Lieutadès (suspendu), Laguiole, Aumont Aubrac.

Le développement de la méthanisation est une opportunité intéressante pour le territoire compte tenu du gisement disponible (importance de l’élevage). L’un des enjeux sera de développer cette production d’énergie malgré la saisonnalité de la production d’effluents sur la majorité des exploitations agricoles et en prenant en compte la question du transport (éloignement) des effluents.

f. Un potentiel géothermique autour de Chaudes Aigues

Un projet d’exploitation de la ressource en eau chaude (géothermie) est en cours d’étude dans le secteur de Chaudes Aigues-Coren. Un Permis Exclusif de Recherche a été accordé le 14 mars 2013 à la société Electerre de France pour une durée de 5 ans. Les premières études géotechniques ont montré qu’une ressource haute température (> 150 °C) à grande profondeur était peu plausible dans ce secteur. Le projet est donc actuellement en cours de redéfinition par le bureau d’étude et les élus, autour de l’exploitation d’une ressource à plus basse température (environ 100 °C) et à moindre profondeur, pour des projets de valorisation de la chaleur. À noter que dans ce secteur l’exploitation privée de sources chaudes existe depuis le Moyen Age.

Action de préfiguration : Projet Méthanaubrac 28 exploitants agricoles ont constitué la SAS Méthanaubrac. Le Syndicat mixte de préfiguration du PNR Aubrac apporte une assistance technique et administrative à ce projet de création d’unité de méthanisation collective, du fait de son caractère exemplaire (collectif) et reproductible sur le reste du territoire. L’installation, d’une puissance de 500 KW, permettra d’injecter de l’électricité dans le réseau et de fournir en chaleur l’abattoir de Ste Geneviève sur Argence.

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C. Les ressources forestières

Une ressource renouvelable importante et variée mais moyennement accessible

La forêt de l’Aubrac occupe actuellement 73 010 ha pour près de 32 % de taux de boisement et est à plus de 85 % privée. Elle est présente sur les secteurs les moins propices à l’activité humaines, notamment les zones de pente ou de plus faible épaisseur de sol...

Il est assez facile de distinguer 2 zones forestières : à l’ouest, une forêt à dominante feuillue, en équilibre avec les activités humaines et à l’est, une forêt à dominante résineuse, très étroitement imbriquée aux activités agricoles et soumise à une pression plutôt forte. Ces 2 faciès, en forme de croissants, se complètent plus ou moins. Il est toutefois possible de trouver des peuplements de Pins sylvestres, des plantations de Douglas ou d’Épicéas ou des peuplements mixtes à l’ouest tout comme on observe une part croissante de feuillus à l’est, au fur et à mesure qu’on s’éloigne du cœur de la Margeride. Les peuplements mélangés, à l’image de la hêtraie-sapinière de la forêt communale de Laguiole, sont ainsi fréquents.

Les stocks de bois sur pied de l’Aubrac ont été estimés à 6,5 Mm3 de feuillus et 3 Mm3 de résineux. Les principales essences sont :

- Le Hêtre, les Chênes (sessile, pédonculé et pubescent) et le Châtaigner pour les feuillus, - Le Pin sylvestre, l’Épicéa, le Douglas et le Sapin pour les résineux.

L’estimation de la production annuelle de ces peuplements avoisine les 212 000 m3/an pour les feuillus et 170 000 m3/an pour les résineux. Ces valeurs mettent en évidence la productivité supérieure des résineux par rapport aux feuillus, ce qui explique en grande partie le fait que les reboisements soient essentiellement résineux.

Afin de caractériser la ressource forestière nationale, l’IFN a mis en place une échelle d’accessibilité de la ressource selon des critères de distance de débardage et de pente. Ainsi, la forêt de l’Aubrac se répartit à 40 % dans la classe « accès facile », à 52 % dans la classe « accès difficile » et les classes « moyenne » et « très difficile » se partagent les 8 % restants. Ces données statistiques ne permettent pas de connaître la distribution géographique des classes d’accès mais elles montrent que plus de la moitié de la forêt de l’Aubrac est difficile d’accès. Ce constat est encore plus marqué pour la forêt feuillue. L’exploitation dans les pentes nécessite un équipement plus onéreux ou des techniques plus complexes pour permettre une bonne gestion. Par conséquent, plus la pente est forte, plus l’exploitation est coûteuse et moins elle est rentable. La situation est d’autant plus préoccupante que la forêt feuillue rapporte moins que la forêt résineuse et qu’elle ne trouve quasiment plus de débouchés en dehors du bois de feu à faible valeur marchande. La rentabilité d’exploitation de cette forêt est difficile à atteindre et son taux de récolte n’excède pas 20 % (même en intégrant des estimations sur le bois de feu). À l’inverse, plus de 50 % de la production annuelle de résineux serait récoltée (taux supérieur à la moyenne nationale mais certainement dû aux défrichements).

Bien qu’en partie à l’origine de la richesse de la forêt de l’Aubrac, le climat peut s’avérer néfaste pour elle et sa gestion. Premièrement, sur le plateau, la période hivernale peut s’étendre du mois de novembre jusqu’au mois de mai et l’exploitation, surtout en zone de pente, est très fortement pénalisée par la neige. Les vents forts ou la neige lourde peuvent provoquer des bris de cimes ou de chablis et anéantir les efforts du sylviculteur.

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204

Un manque de culture forestière

Dès la première occupation de l’Aubrac par l’Homme, l’avantage a été donné à l’agriculture, repoussant petit à petit la forêt aux zones les moins propices. Au fil du temps, la forêt s’est morcelée (par transmission) ou s’est retrouvée incluse dans des terres pâturées et son intérêt économique s’est progressivement effacé. Son exploitation s’est alors organisée au coup par coup selon les besoins divers de la « vie quotidienne » des propriétaires. Les parcelles étant devenues trop petites pour tirer des revenus suffisamment conséquents, le choix de la coupe rase, plus facile à mettre en œuvre et permettant l’exploitation d’un plus gros volume, s’est doucement imposé. L’absence de réelle gestion démontre le manque de culture forestière aujourd’hui perçu par de nombreux acteurs locaux. La forêt est omniprésente sur l’Aubrac mais semble n’apparaître que lorsqu’elle disparaît ; et les trouées dues aux coupes rases viennent nuire à l’image de marque que veut afficher le territoire.

Toutefois, les propriétaires publics (10 450 ha de forêts sous aménagement forestier) et quelques propriétaires privés (76 Plans Simples de Gestion agréés pour 6,7 % de la forêt privée) gèrent durablement leurs forêts alors que d’autres commencent à entrevoir un potentiel pour leurs forêts. Ils se mettent à rechercher des conseils pour gérer durablement leur bien en accord avec les éventuels débouchés locaux. Des organismes comme les CRPF ou les Chambres d’Agriculture leur prodiguent des conseils et les mettent en relation avec des gestionnaires (techniciens ou ingénieurs forestiers indépendants, experts forestiers ou encore les 5 coopératives forestières intervenant sur le territoire). Sur le périmètre élargi, on note également la présence de 93 adhérents à la démarche PEFC (programme de reconnaissance des certifications forestières) pour une superficie de 8 792 ha.

Par ailleurs, sur le territoire d’étude, 3 établissements scolaires forment aux métiers du bois et de la forêt de la seconde au BTS : le collège privé d’Espalion qui propose un module « Métier Étude Bois et Ameublement », la Maison Familiale Rurale de Javols qui forme à la gestion et l’exploitation des forêts et le Lycée Agricole de Saint-Chély-d’Apcher qui enseigne entre autres, la gestion des espaces naturels. Ainsi, ces 3 formations peuvent être à l’origine d’une dissémination de l’idée de culture forestière globale pour l’Aubrac.

Différents types de forêts et boisements

a. Des forêts privées plus ou moins rentables

Une forêt privée, morcelée Plus les propriétés sont petites, moins il est facile, voire possible, d’y appliquer une gestion durable. Les seuils de viabilité couramment admis pour l’exploitation sont de 4 ha pour une coupe rase et de 10 ha pour une coupe d’éclaircie. Ces seuils dépendent bien entendu du volume prélevé et de la qualité du peuplement. La superficie moyenne de la propriété forestière est de 2,9 ha à l’échelle nationale et monte à 4,81 ha sur le périmètre d’étude : cette moyenne est donc très proche du premier seuil de viabilité. Un cinquième de la superficie forestière de l’Aubrac est soumise à de fortes contraintes de morcellement (75 % des propriétaires se partagent 15 % de la forêt). La situation n’est cependant pas si catastrophique puisque 2 autres cinquièmes dépassent la limite de 25 ha (seuil réglementaire pour l’obligation de constitution d’un Plan Simple de Gestion) et au total, plus de 80 % de la propriété forestière atteint les seuils de viabilité. Cette interprétation est toutefois faussée par la présence de la propriété publique dans les données possédées (situation plus critique en forêt privée seule).

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NB : le total de la superficie forestière figurant sur le graphique ne fait que 59 065 ha, ce qui est loin des 73 010 ha proposés par l’IFN. Cette différence s’explique par la source des données : des photographies aériennes d’un côté et le cadastre de l’autre. Il n’est pas rare d’observer d’importantes différences entre la nature de culture du cadastre et la réalité de terrain : anciennes terres agricoles ou anciens vergers de châtaigniers qui se sont boisés naturellement depuis plusieurs décennies mais dont la description au cadastre n’a pas été modifiée.

Une forêt sous-équipée La dualité de la forêt de l’Aubrac apparait encore avec, à l’est peu de problème d’équipement alors qu’à l’ouest, malgré l’important effort d’animation dans le passé (création de desserte), la forêt apparait sous-équipée aux yeux des professionnels locaux. Pourtant sur cette zone, on recense 5 Schémas Directeurs de Desserte Forestière :

- 2 sont terminés : schémas de desserte forestière du Massif du Puy de la Tuile (Cantal) et de la Viadène (Aveyron)

- 1 est en cours d’étude (validation prévu fin 2014 début 2015) : schéma de desserte forestière de Chaudes-Aigues (Cantal),

- 2 autres ont été réalisés dans l’Aveyron (Vallée de la Truyère et Vallée du Lot). Ces 2 documents semblent (dires d’experts) aujourd’hui obsolètes.

Les massifs résineux les plus jeunes restent encore à équiper ainsi que la grande majorité de la forêt feuillue. La principale difficulté rencontrée actuellement reste la liaison entre les routes goudronnées et les massifs forestiers : pistes forestières existantes pentues traversant des parcelles agricoles, passages étroits dans les hameaux...

Les données chiffrées ou cartographiques (linéaires de pistes ou routes, places de dépôt…) n’existent pas (seule la cartographie IGN approche cette information mais son utilisation n’est pas valorisable dans notre cas : absence d’information sur la nature du linéaire cartographié – piste, sentier, route forestière, état du chemin…). Ainsi, aucune donnée ne permet d’appuyer l’avis des acteurs locaux.

b. Des forêts publiques soumises à des contraintes additionnelles

Les forêts publiques soumises au régime forestier représentent 14 % des forêts de l’Aubrac. Elles se divisent en 3 groupes :

- 2 990 ha de grandes forêts domaniales situées principalement sur la partie aveyronnaise du plateau (42 ha dans le Cantal pour la forêt domaniale du Prieur et 11 ha à Chirac en Lozère),

- 3 020 ha de forêts communales, majoritairement grandes, réparties sur les rebords du plateau,

- 4 440 ha de forêts sectionales de taille moyenne disséminées sur tout l’Aubrac. Des forêts domaniales grevées de droits d’usage

En vertu du code forestier, les forêts domaniales sont gérées par l’ONF, au titre de ses missions d’établissement de l’État. Une partie des forêts domaniales de l’Aubrac présente toutefois la spécificité d’être grevées de droits d’usage au bénéfice des habitants des communes dites « usagères ». Ces droits ont été initialement accordés dès le Moyen-Âge par les ordres religieux, devenus propriétaires de

Figure 13 : Compte de propriété (domaine public inclus)

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206

forêts par le biais des donations. Les populations vivant sur le plateau disposaient ainsi de bois pour le chauffage, la construction... À la Révolution française, ces droits ont été reconnus par l’État. Toutefois, du 19e siècle au début du 20e siècle, les revendications de plus en plus fortes des habitants des communes usagères concernant la délivrance du bois ont donné lieu à des procès avec l’administration des Eaux et Forêts. Les jugements rendus par les tribunaux ont confirmé les droits d’usage ancestraux tout en adaptant les modalités d’exercice de ces droits au contexte actuel.

De nos jours, le droit d’usage consiste principalement en la délivrance de bois de chauffage aux usagers, les quantités étant limitées à 6 stères par foyer ; le droit au pâturage s’exerce également sur une zone très localisée de la forêt domaniale d’Aubrac.

Des forêts au statut particulier : les forêts sectionales

Les forêts sectionales sont un peu singulières car elles ne bénéficient qu’à une partie seulement des habitants d’une commune. Elles sont issues le plus souvent d’une forme de maintien des droits d’usages des habitants des anciennes paroisses lors de la création des communes à la Révolution française. Les habitants des sections bénéficient des mêmes avantages issus des forêts sectionales que ceux qu’auraient les concitoyens d’une commune sur leur forêt communale (affouage, entrée d’argent pour le budget collectif…).

La gestion de ce type de forêt est quelquefois délicate et la législation s’efforce de trouver des solutions pour qu’elles ne soient pas laissées à l’abandon (loi n° 2013-428 du 27 mai 2013). La plupart des forêts sectionales de l’Aubrac sont dotées d’un plan d’aménagement forestier et gérées par l’ONF. Elles ne rencontrent a priori pas de problèmes particuliers.

Les biens de section peuvent cependant être sources de jalousies et de tensions dans les communes. Sur l’Aubrac, ces problèmes concernent plutôt les terrains sectionaux agricoles car l’intérêt qu’ils représentent attire plus de convoitises.

c. Des boisements linéaires feuillus sous-valorisés

Au fil du temps, les boisements linéaires feuillus (haies, ripisylves, alignements de Frênes têtards, environ 5 300 km identifiés dans la cartographie d’occupation du sol en 2011) ont perdu de leur intérêt et leur valorisation s’est estompée. Le réservoir de biomasse est donc en forte croissance. Le monde agricole et les collectivités territoriales commencent actuellement à percevoir un nouveau potentiel économique pour ces boisements particuliers ; notamment grâce à l’essor du bois déchiqueté. Sur l’Aubrac, 2 débouchés principaux se dessinent pour cette ressource : le bois énergie et le paillage agricole. Les CUMA présentes en Aubrac ont anticipé cette nouvelle évolution et ont investi dans du matériel spécifique (broyeurs, têtes d’abatteuses spécialement conçues pour le traitement des haies…). Certains agriculteurs le mettent déjà à contribution pour valoriser leurs bois. Le territoire est doté de structures, les Missions Haies locales, permettant d’accompagner les propriétaires volontaires dans la gestion de leurs arbres hors forêt. Elles soulignent que les alignements de Frênes têtards et les ripisylves, grâce à leur traitement sylvicole ou leur emplacement, font partie des peuplements les plus productifs en termes de biomasse. Parallèlement, des projets de chaufferies collectives voient le jour. Ressource, techniques de gestion, matériels de transformation, consommateurs, tout est réuni sur l’Aubrac pour relancer la valorisation locale de ces boisements. Les projets bien menés, mettant en relation les producteurs locaux et les consommateurs, présenteraient alors un double intérêt : assurer un complément de revenu aux propriétaires tout en réduisant les dépenses publiques et l’impact environnemental lié au transport.

L’État aussi appuie la valorisation de la forêt paysanne notamment en accordant de l’importance au développement de l’agroforesterie et du sylvopastoralisme. Aujourd’hui, aucune de ces 2 pratiques n’est réellement observée sur l’Aubrac bien qu’une grande partie du territoire (Plateau fermé, Margeride, Viadène) pourrait être concernée : l’arbre ou les boisements ne sont que très rarement

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207

gérés et ne permettent pas la production de bois de qualité. Une partie des gains supplémentaires engendrés par la vente de bois déchiqueté pourrait alors être réintroduite dans la gestion des peuplements de façon à les améliorer et s’orienter vers une production de bois d’œuvre à plus forte valeur ajoutée (Sorbiers, Cormiers, Merisiers…).

Un approvisionnement des structures locales peu orienté vers l’Aubrac

Le maillage d’entreprises de l’Aubrac et de ses abords pourrait être en mesure d’absorber une grande partie du bois produit par les forêts locales. Cependant, la majorité des entreprises de première transformation préfère s’approvisionner en dehors du territoire. Ceci s’explique par le manque de culture forestière. L’intérêt des forêts n’étant pas perçu par les propriétaires, très peu de peuplements ont été gérés. Les troncs sont donc fréquemment branchus, tordus, blessés… autant de défauts qui font perdre de la valeur et des débouchés potentiels aux grumes. La qualité n’est pourtant pas absente de l’Aubrac mais elle se trouve noyée dans des lots plus gros et aucune structure locale n’est en mesure de trier les bois et de les regrouper en lots de taille suffisante pour une commercialisation efficace. Actuellement, sur le territoire, que la grume soit de qualité ou non, sa destination privilégiée est le bois fragmenté. Un problème supplémentaire apparait pour les bois d’altitude à la croissance naturellement ralentie à cause des conditions climatiques (cas du Hêtre notamment) : ces bois sont nerveux et se déforment au séchage une fois qu’ils ont été sciés.

Les scieries (surtout résineuses) préfèrent donc s’orienter vers la Margeride pour s’approvisionner : les Pins sylvestres y sont plus droits et les lots sont plus homogènes. L’Aubrac n’est toutefois pas définitivement abandonné par les scieurs : en cas de tensions sur la Margeride, ils se retournent vers l’autre côté de l’A75 pour chercher le bois dont ils ont besoin.

Une ressource forestière adaptée à la production de bois fragmenté

La ressource forestière de l’Aubrac est parfaitement adaptée à la production de bois fragmenté qui ne nécessite pas de grumes de qualité. Cela peut s’avérer problématique car même les grumes de belle qualité qui pourraient être – et qui étaient – bien mieux valorisées en sciage sont réduites en bûches ou en copeaux. Des inquiétudes naissent déjà sur la partie lozérienne où les billons de Pins sylvestres anciennement débités sont de plus en plus destinés au bois énergie. À cause d’une méconnaissance des critères de qualité ou des débouchés valorisants, les propriétaires vendent souvent en bloc leurs coupes à des prix globaux correspondant aux faibles qualités ou broient ou fendent eux-mêmes les troncs de qualité supérieure. De plus, comme ils trouvent enfin un débouché pour leurs bois, ils ont tendance à en profiter et les défrichements s’intensifient. Cette manne économique risque de modifier le visage de l’Aubrac si une vision à plus long terme n’est pas prise en compte.

Par ailleurs, les très grosses unités consommatrices de bois d’industrie telles que les papeteries ou les fabriques de panneaux de particules s’approvisionnent sur le même compartiment que la filière bois énergie et ont tendance à créer des tensions sur la ressource bois. Par chance, l’Aubrac n’est pas situé dans le rayon restreint d’approvisionnement d’une telle structure et le marché n’est donc pas encore sous forte contrainte mais il pourrait le devenir. En effet, l’A75 représente une belle opportunité pour l’import de bois pour les entreprises locales mais cette facilité d’accès est à double tranchant : déjà quelques bois de l’Aubrac partent vers la Chine et l’implantation de nouvelles superstructures (projet de centrale biomasse E-ON à Gardanne par exemple) pourraient se saisir de cette ouverture.

Certains acteurs soulignent toutefois que cette future superstructure peut présenter une opportunité pour le territoire car elle pourrait être en mesure de dynamiser la mobilisation du bois dans des secteurs actuellement sous-exploités. D’autres, à l’inverse, pensent qu’elle risque de gravement perturber l’équilibre de la filière, déjà fragile

actuellement.

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208

D. Les ressources minérales Rappel : La loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 relatives aux installations classées pour la protection de l'environnement, modifiée par la loi n° 93-3 du 4 janvier 1993 relative aux carrières, introduit l'obligation de la réalisation du schéma départemental des carrières par son article 16-3. Les autorisations de carrières devront être compatibles avec les orientations et objectifs définis par ce schéma. Il prend en compte la couverture des besoins en matériaux, la protection des paysages et des milieux naturels sensibles, la gestion équilibrée de l'espace, tout en favorisant une utilisation économe des matières premières, celles-ci étant une ressource non renouvelable à économiser.

Le Schéma de l’Aveyron a été approuvé en 2001, celui du Cantal en 1999 et modifié en 2005 et celui de Lozère en 2000. En théorie ils doivent être renouvelés tous les 10 ans mais la réalisation des prochains schémas devrait être faite à l’échelle régionale et non plus départementale. Ces schémas intégreront toute la dimension d’exploitation des ressources minérales depuis l’extraction à l’utilisation en prenant en compte les enjeux d’optimisation de gestion : transport, consommation de proximité, réutilisation des inertes, etc.

On dénombre 21 carrières en activité (voir tableau ci-après) sur le territoire d’étude qui extraient des matériaux variés : sables et graviers, calcaires, basalte, granite et schistes. L’extraction de sables et graviers se fait dans des terrains alluvionnaires, c’est la plus susceptible d’impacter les cours d’eau, de par sa proximité et de par la modification du lit majeur. 2 carrières importantes d’extraction de sables se situent à proximité du Bès sur la commune de Saint Laurent de Muret. En 2006 une étude sur le Bès mettait en évidence des problèmes d’ensablement sur le cours d’eau à l’aval de ces carrières. Des aménagements réalisés depuis ont permis de limiter cette problématique mais aucun suivi récent n’a été signalé. L’une de ces carrières arrivera en fin d’exploitation en 2018, les conditions de renouvellement de l’exploitation ou de réhabilitation du site seront contrôlées par la DREAL.

Les matériaux extraits sont majoritairement du calcaire, du basalte et des sables et graviers.

Figure 14 : Quantités (en tonnes) maximales autorisées à l'extraction sur le territoire

Les carrières de sable du haut plateau sont celles susceptibles d’engendrer le plus grand impact paysager. Les plus petites carrières (moins de 10 000 tonnes/an) ont un impact très limité. Certains matériaux (schistes ardoisiers) sont fortement liés à l’architecture du territoire et leur exploitation possède même un caractère patrimonial. La tourbe était extraite jusqu’il y à peu de temps, les schémas des carrières découragent les nouvelles extractions de ce matériau.

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12 Curières basalte 500 29/11/2004 30 ans 29/11/2034

4 Ca

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res :

m

oins

de

10

000

t/an

12 Taussac basalte 1 500 31/08/2007 30 ans 31/08/2037 12 Montpeyroux micaschistes 2000 23/03/1990 30 ans 23/03/2020 12 Montpeyroux micaschistes 2 000 23/03/1990 30 ans 23/03/2020 12 Saint-Hippolyte* schistes ardoisiers 10 000 26/02/1993 30 ans 26/02/2023

5 Ca

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res :

de

10 0

00 à

100

00

0 t/

an

12 Brommat* basalte 20 000 06/04/2004 15 ans 06/04/2019 48 Chauchailles basaltes et granites 39 000 08/01/2004 25 ans 08/01/2029 48 Mont verts* granite 40 000 25/05/2010 20 ans 25/05/2030 48 Marchastel sables et graviers 50 000 11/05/2012 18 ans 11/05/2030 12 Prades-d'Aubrac basalte 100 000 02/04/2004 25 ans 02/04/2029

12 c

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res :

100

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lus

12 Saint-Hippolyte rhyolite 100 000 10/01/2008 30 ans 10/01/2038 48 Marchastel sables et graviers 100 000 24/10/2008 10 ans 24/10/2018

48 St-Laurent-de-Muret sables et graviers 100 000 21/09/1993 25 ans 21/09/2018

12 Cantoin basalte 120 000 23/06/1998 20 ans 23/06/2018 12 Pierrefiche calcaires 140 000 02/04/2004 25 ans 06/04/2029 48 Chirac calcaires 165 000 12/12/2005 15 ans 12/12/2020 12 Espalion calcaires 200 000 11/07/1996 20 ans 11/07/2016 12 Pierrefiche calcaires 200 000 14/03/2011 30 ans 14/03/2041

48 St-Laurent-de-Muret sables et graviers 200 000 17/06/1999 25 ans 17/06/2024

48 Fau-de-Peyre basalte 300 000 07/06/1991 30 ans 07/06/2021

48 Ste-Colombe-de-Peyre leucogranites 300 000 12/04/2002 25 ans 12/04/2027

TOTAL = 23 carrières en activité ; 2,19 millions de T * Communes associées

Tableau 27 : Liste et caractéristiques des carrières sur le territoire 3 carrières viennent de finir leur concession ou ont cessé d’exploiter :

Dépt

Com

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nces

sion

Fin

conc

essi

on

12 Saint-Hippolyte schistes ardoisiers 1 000 04/11/1991 20 ans 04/11/2011

48 St-Pierre-le-Vieux feldspath et granulites 180 000 28/03/1990 20 ans 28/03/2010

12 St Chély d'Aubrac tourbe 27/11/1985 30 ans 27/11/2015

A ces extractions il faut ajouter l’utilisation de déchets inertes du BTP qui mérite d’être optimisée dans une perspective de réutilisation de ces matériaux.

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210

E. La cueillette d’espèces sauvages Dans l’Aubrac, la cueillette d’espèces sauvages est régulièrement pratiquée, dans le cadre d’activités économiques ou à caractère plus familial.

Les espèces végétales - La gentiane jaune (Gentiana lutea)

Elle est largement répartie sur les pelouses montagnardes du Plateau ouvert et du Plateau fermé. Sa racine est utilisée dans divers domaines : pharmacie, médecine vétérinaire, cosmétique, liquoristerie et fait l’objet d’une cueillette commerciale représentant de gros enjeux : le Massif Central en est le principal pourvoyeur en volume. 60 à 70 tonnes sont récoltées annuellement sur la zone. Sa cueillette est réglementée et peut poser des problèmes environnementaux (quantité de racines cueillies, perturbation des milieux, cueillette en zone interdite) mais aussi socio-économiques (travail non déclaré, conflit entre cueilleurs...). Elle fait l’objet d’un programme porté par le Comité économique des Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales (CPPARM) qui permet de travailler sur différentes actions dont un état des lieux de la ressource, une évaluation de l’impact de l’arrachage sur le renouvellement des pieds, un cahier des charges de cueillette durable... Une association est en cours de création pour le développement et la sauvegarde de la Gentiane du Massif central.

- Le Narcisse des poètes (Narcissus poeticus) et la Jonquille (Narcissus pseudonarcissus)

Ils croissent dans les prairies humides, notamment sur le Plateau ouvert et le Plateau fermé de l’Aubrac. Utilisés en parfumerie, ils font l’objet d’une cueillette manuelle ou mécanique et sont ensuite commercialisés dans des circuits spécialisés. A Aumont-Aubrac, une usine est dédiée à la transformation des fleurs fraichement cueillies en produit (l’absolue) qui sera vendu en parfumerie. Environ 30 tonnes de jonquilles et de 70 à 80 tonnes de Narcisses mais le nombre de récoltants est inconnu. L’usine veille à ce que la récolte se fasse dans le respect de la plante et permette une nouvelle floraison l’année suivante : seule la fleur est cueillie, sans dommage pour les feuilles et le bulbe.

- Le Thé d’Aubrac (Calamintha grandiflora)

Il est un des emblèmes du territoire. Cette plante, non endémique de l’Aubrac, apprécie les lisières des hêtraies du haut plateau et fait l’objet depuis très longtemps d’une cueillette traditionnelle familiale. Grâce à ses qualités diurétiques, sédatives et digestives ainsi qu’à ses propriétés stimulantes, elle est utilisée en infusion pour lutter contre les maux de ventre. Une vingtaine de producteurs sont engagés actuellement dans la production de Thé d’Aubrac et la récolte a atteint 30 kg en 2012 et 100 kg en 2013. Cette démarche novatrice s’inscrit dans un Pôle d’excellence rurale « Thé d’Aubrac » labellisé par l’État en 2011. Aujourd’hui, le procédé fonctionne et une ligne de produits a été développée ainsi qu’un magasin de vente à Nasbinals. D’autres récoltants/transformateurs proposent aussi des produits dérivés tels que liqueurs, glaces, biscuits… pouvant être transformés sur le territoire ou à l’extérieur.

- L’arnica (Arnica montana)

Elle se développe sur les pelouses et prairies d’altitude du Plateau ouvert et du Plateau fermé essentiellement. Elle est utilisée dans le domaine pharmaceutique et fait l’objet de cueillettes commerciales réglementées. Sur l’Aubrac, les données sur les volumes prélevés manquent et ne permettent pas d’évaluer s’il y a surexploitation de la ressource

La châtaigne

Initialement plantés pour assurer le nourrissage des animaux (cochons), les vergers de Châtaigniers (Castanea sativa) ont aussi servi à l’alimentation courante (châtaigne grillée, farine…). Au fil du temps, la récolte s’est quasiment arrêtée mais une cueillette familiale occasionnelle perdure en Aubrac. Seuls quelques producteurs/transformateurs ont été identifiés, notamment dans le secteur d’Entraygues-sur-Truyère. Aujourd’hui, la châtaigneraie locale, située principalement en bas de versants, est

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211

constituée des anciens vergers laissés à l’abandon ou de taillis issus de leur reconversion. Cette essence représente tout de même près de 10 % de la ressource forestière du territoire mais est largement sous-valorisée. L’Aubrac est aux portes de la châtaigneraie auvergnate où la culture « Châtaignier » est plus marquée et où des actions de valorisation donnent des résultats encourageants : récolte commerciale des châtaignes, production de piquets…

Les champignons

Le champignon le plus recherché sur l’Aubrac est le Cèpe (Boletus edulis). La grande majorité des cueilleurs sont des habitants locaux et des alentours du territoire qui pratiquent une récolte familiale pour leur propre consommation et les conflits avec les propriétaires sont encore rares. Selon les acteurs locaux, quelques ramasseurs parcourent les forêts plus régulièrement pour revendre leur récolte notamment sur les marchés et aux restaurateurs. Depuis quelques années, les forêts françaises attirent de plus en plus de ramasseurs qui viennent avec des camions frigorifiques durant les périodes propices et cueillent les champignons en grande quantité pour les revendre dans toute l’Europe. Cette nouvelle pratique ne s’était jamais observée sur l’Aubrac mais suite à un arrêté préfectoral l’interdisant en Haute-Loire, pour la première fois, en 2013, des PV ont été dressés sur la partie cantalienne du périmètre d’étude.

F. Les ressources cynégétiques Le gibier emblématique de l’Aubrac est le Cerf élaphe (Cervus elaphus). Réintroduit vers la fin des années 50, il s’est rapidement acclimaté et ses effectifs ont explosé pour se compter aujourd’hui en milliers d’individus. Cette densité associée à une prestation d’accompagnement, notamment par l’ONF, pour une chasse à l’approche permet d’attirer des chasseurs depuis Paris. Même si le Cerf est apprécié des chasseurs locaux, beaucoup d’entre eux préfèrent la chasse au Sanglier qui, avec le Chevreuil, constituent les 2 autres types de grand gibier de l’Aubrac. La chasse attire de moins en moins les jeunes et le nombre de chasseurs est en baisse. Conjugué à des organisations de chasse diverses sur l’Aubrac (92 associations recensées sur le périmètre élargi ; sans compter les chasses privées ou publiques), à des techniques d’attributions des plans de chasse différentes et à la difficulté d’estimer les niveaux de populations, la régulation de ces dernières devient très délicate et n’est pas encore optimale malgré le millier de bracelets accordés annuellement (chiffre 2014). Il n’est pas rare d’observer des plantations de résineux ruinées à 80 % par écorçage ou des parcelles dont la régénération naturelle a totalement été abroutie. Les dégâts varient fortement entre secteurs et entrainent des conflits entre les chasseurs et les forestiers ou agriculteurs affectés par les dégâts ou les promeneurs qui se plaignent de ne plus entendre bramer. Les différents collèges d’acteurs (forestiers, chasseurs et promeneurs) sont cependant prêts à travailler ensemble pour tenter d’approcher un équilibre « agro-sylvo-touristico-cynégétique » qui permettrait le maintien de toutes les activités dans de bonnes conditions. La limitation des pullulations de Campagnol terrestre est un autre exemple qui témoigne que la gestion cynégétique mériterait d’être partagée et réfléchie par plusieurs acteurs et en étant replacée dans des problématiques plus générales. En effet, la lutte biologique est une des solutions à mettre en œuvre sur les territoires touchés par les pullulations. Or certains prédateurs naturels du Campagnol terrestre sont chassables en tant que gibier (Renard roux) ou « nuisible » (certaines mustelidés par exemple).

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G. Les déchets : ressources du futur La planification de la gestion et de la prévention des différents types de déchets relève de la compétence des départements (déchets ménagers et déchets du BTP) ou des régions (déchets dangereux). Sur le territoire d’étude, il existe 9 plans qui ont pour objectif d’orienter et de coordonner l’action des structures de gestion, de collecte et de traitement des déchets et de définir des stratégies de prévention.

Aveyron Cantal Lozère

Déchets non dangereux Nouveau plan adopté en octobre 2013

2007, en cours de révision

2000, en cours de révision

Déchets BTP (dont inertes)

2005, révision prévue

2005, en cours de révision (disponible mi 2014)

2004, pas de révision pour le

moment Déchets dangereux 2007 2009 2009

Tableau 28 : Année d’application ou de mise en révision des différents plans de gestion des déchets

Les acteurs de la collecte et du traitement

a. Une collecte primaire organisée à l’échelle intercommunale

La collecte primaire des déchets ménagers et la gestion des déchèteries sur le territoire sont assurées par 14 collectivités locales (Communautés de communes et syndicats) dotées de cette compétence. Les déchets collectés sont regroupés dans des centres de transit permettant ensuite d’acheminer des volumes plus conséquents vers les centres de traitement.

Ces intercommunalités sont également gestionnaires des déchèteries. 13 sont présentes sur le territoire et 3 supplémentaires sont à l’extérieur mais servent à des communes du territoire (St Flour, Le Malzieu Ville et Le Massegros). En moyenne un habitant produit 177 kg/an de déchets partant en déchèterie en Aveyron et 112 kg/an en Lozère ; la moyenne française étant de 184 kg/hab/an (données ADEME 2009). Chaque intercommunalité ayant la compétence « déchets » est pourvue d’au moins une déchèterie, à l’exception de la Communauté de Communes Caldaguès-Aubrac. Cette dernière a signé une convention avec les Communautés de Communes voisines pour l'utilisation de leurs déchèteries.

À noter que les anciennes décharges communales ont été fermées et réhabilitées mais la qualité de la réhabilitation peut être variable. Enfin, il n’existe pas d’inventaire récent des décharges sauvages présentes sur le territoire de projet. Quelques zones de dépôts sauvages ont été signalées mais sans localisation précise. Il s’agit généralement de dépôts de déchets verts et/ou de gravats.

b. Une collecte secondaire organisée à l’échelle départementale

Après dépôt dans les centres de transit par les collectivités locales de proximité, le transport des ordures ménagères et des recyclables jusqu’aux centres de traitement et leur élimination/valorisation relève de la compétence de syndicats de taille plus importante :

En Aveyron, le syndicat départemental des ordures ménagères de l’Aveyron (SYDOM) couvre la quasi-totalité du département dont les communes incluses dans le périmètre de projet. Les ordures ménagères résiduelles sont acheminées par le SYDOM au bioréacteur de Labessière-Candeil dans le Tarn dans le cadre d’un partenariat avec le Syndicat Mixte Trifyl. Le nouveau plan départemental de prévention des déchets préconise la mise en place d’un site de traitement en Aveyron. Ce dossier, problématique depuis plusieurs années, se heurte à des questions d’opposition d’élus locaux ou de riverains sur les sites pressentis. Les déchets recyclables sont amenés au centre de tri de Bozouls (hors périmètre de projet) au travers de la prestation réalisée par l’entreprise Braley Rouergue Loca Benne.

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En Lozère, le Syndicat Départemental d’Électrification et d’Équipement, regroupe l'ensemble des communes du département pour les compétences « collecte secondaire et traitement des déchets ». Il est propriétaire et gestionnaire du centre d’enfouissement du Redoundel, sur la commune de Badaroux (hors périmètre de projet) qui reçoit les ordures ménagères de l’ensemble du département. Les déchets recyclables vont au centre de tri optique géré par Environnement 48 près de Mende. Cette entreprise est également responsable de la collecte secondaire.

Dans le Cantal, il existe plusieurs syndicats ayant les compétences « collecte secondaire et traitement des déchets ». Pour la partie est du département qui concerne le périmètre de projet du PNR, c’est le Syndicat des Cramades qui assure ces missions. Ce syndicat gère la seule Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux (ISDND) en activité du département, située à Saint-Flour. Le Syndicat des Cramades gère également un centre de tri à Saint-Flour, dont la capacité technique est de l’ordre de 2 300 t/an. Les 3 sites de traitement des déchets valorisent le biogaz produit par la fraction fermentescible des déchets pour produire de la chaleur et de l’électricité.

Des volumes collectés représentatifs des zones rurales et/ou touristiques

En 2012, environ 8 780 tonnes d’ordures ménagères résiduelles (OMR) et 2 340 tonnes de recyclables ont été collectées sur le territoire et 14 200 tonnes d’OMR et 3 600 tonnes de recyclables sur le périmètre élargi. En moyenne sur le périmètre, les collectes représentent 264 kg d’OMR/an/habitant et 70 kg/an/habitant de tri sélectif. Ces chiffres sont inférieurs aux moyennes nationales (voir tableau ci-après), ce qui est cohérent avec le caractère rural du territoire.

Les quantités collectées par habitant varient fortement entre les différentes collectivités du territoire de 210 à 315 kg/an/habitant d’OMR et de 47 à 94 kg/an/habitant de recyclables. Les collectivités considérées comme touristiques ou mixtes dans la typologie SINOE produisent des volumes de déchets plus importants que les collectivités rurales.

Selon la collectivité, 16 à 26 % des tonnages d’ordures ménagères produites par habitant sont collectés sélectivement pour une moyenne de 19,7 %. Si l’on compare ce chiffre avec les moyennes départementales il apparait comme inférieur en termes de performance, il est par contre similaire aux moyennes nationales.

Collecte sélective (kg/hab/an) OMR (kg/an/hab) Total OM

produites France 76 20,3 % 298 79,7 % 374

Aveyron 86 26,3 % 241 73,7 % 327 Cantal 77 22,4 % 266 77,6 % 343 Lozère 77 21,3 % 284 78,7 % 361

Périmètre élargi projet PNR 68 19,7 % 268 80,3 % 336

Périmètre labellisable projet

PNR 70 20,9 % 264 79,1 % 334

Tableau 20 : Volumes moyens collectés / habitant sur le périmètre, en France et dans les différents départements Les syndicats de collecte secondaire ont signalé des problèmes de qualité de la collecte sélective pour certaines collectivités qui ont plus de 20 % de refus de tri, ceux-ci repartant avec les ordures ménagères résiduelles.

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Une gestion spécifique des déchets des professionnels

Rappel : le Code de l’Environnement précise que les professionnels sont responsables de leurs déchets, de leur production à leur élimination. Le maître d’ouvrage doit également prévoir les coûts associés à l’élimination des déchets.

a. Un manque de structures d’accueil des déchets inertes

Rappel : les déchets inertes (gravats par exemple) réutilisés comme remblai / matériaux de travaux publics ou doivent être stockés en décharges de classe III aussi appelées ISDI (Installations de Stockage des Déchets Inertes).

Des projets de création sont en cours à Ste Geneviève sur Argence et St Amans des Côts (moins avancé). Certaines zones, notamment le centre du plateau, sont dépourvues d’installations ce qui peut accentuer le risque de dépôts sauvages, en raison d’un trop grand éloignement du centre le plus proche.

b. Peu de déchets dangereux industriels

La planification de la gestion des déchets dangereux est une compétence des Régions, les déchets dangereux doivent être stockés ou traités dans des installations spécifiques. Les entreprises produisant plus de 2 tonnes par an doivent se déclarer à la DREAL. Sur le territoire d’étude, il existe peu d’entreprises produisant des déchets dangereux, Arcelor Mittal à St Chély d’Apcher et la SADEV à Aumont Aubrac, ces industries ont leur propre dispositif de stockage et de traitement. Pour les petites entreprises les déchèteries peuvent prendre en charge certains déchets en quantité limitée.

c. Des déchets agricoles pris en charge par la profession et les collectivités

Les activités agricoles produisent des déchets issus de diverses activités : Plastiques Agricoles Usagés (PAU) issus des activités d'ensilage et d'enrubannage, « Big-bags » contenant des engrais, Emballages Vides de Produits Phytosanitaires (EVPP), Emballages Vides des Produits d'Hygiène de l'Élevage Laitier (EVPHEL), ficelles des balles...

Aveyron

La collecte est organisée par plusieurs organismes : la Chambre d'Agriculture assure la communication en amont et la planification des collectes qui sont ensuite gérées par les déchèteries des collectivités locales et/ou les responsables professionnels locaux et ADIVALOR pour les plastiques agricoles usagés. Pour les autres déchets, ce sont les distributeurs agricoles qui assurent la collecte.

Cantal

La Chambre d'Agriculture communique auprès des exploitants qui ramènent les PAU, big-bags, EVPP et EVPHEL auprès des distributeurs, et les PPNU chez quelques fournisseurs prédéfinis. Sur le territoire, le GVA (Groupement de Valorisation Agricole) local organise ces collectes en partenariat avec la communauté de communes Caldaguès Aubrac.

Lozère

La collecte de tous ces déchets est organisée par le COPAGE (Comité Pour la Mise en Œuvre du Plan Agri-environnemental et de Gestion de l’Espace en Lozère) et s'appuie sur un fort partenariat avec les collectivités locales (tenue des points de collecte au niveau des déchèteries) et ADIVALOR97 (pour la récupération et le traitement des déchets).

L'organisation est donc similaire dans les 3 départements avec une forte participation des professionnels, des OPA (Organisations Professionnelles Agricoles) et des collectivités territoriales, avec pour résultat une filière de revalorisation qui fonctionne.

97 ADIVALOR est une société créée par les organisations représentant l'industrie de la protection des plantes, les coopératives agricoles, les négociants agricoles et les agriculteurs. Le sigle ADIVALOR signifie « Agriculteurs, Distributeurs, Industriels pour la VALORisation des déchets de l’agro-fourniture ». Cette société s'appuie sur d'autres entreprises pour retraiter les produits collectés (SOPANE sur le territoire de projet)

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Les déchets vétérinaires sont gérés par les Groupements de Défense Sanitaire, ils organisent des collectes auprès de leurs adhérents, à travers l'achat de « bacs jaunes » permettant de stocker sans

danger ces déchets sur l'exploitation. Il faut bien noter que la participation à ces collectes est volontaire, même si le traitement des déchets sanitaires est une obligation réglementaire.

À dire d’expert, cette filière de gestion des déchets d'élevage fonctionne bien.

Des expériences de revalorisation sur le territoire

Des initiatives existent sur le territoire pour donner une seconde vie aux déchets : - Recyclerie Olt et Aubrac à St Geniez d’Olt avec un atelier boutique depuis mai 2011 - Association « Passerelle Nord Aveyron » à Espalion : chantier d’insertion sociale et

professionnelle s’adressant aux femmes et assurant la revalorisation et la vente en boutique d’objets de seconde main, essentiellement textiles et mobilier.

- Des structures de ce type existent également sur des communes associées ou hors du territoire : Emmaüs à Marvejols, Aurillac et Rodez, association La Traverse à Mende...

La pratique du brûlage des déchets verts, bien qu’interdite pour les particuliers, est encore largement répandue. Afin de limiter cette pratique, les collectivités s’engagent dans des opérations de sensibilisation et de valorisation de ces déchets sous forme de compostage :

- Le Syndicat des Cramades prévoit la construction d’une plate-forme de compostage des boues et déchets verts, ce qui permettra de valoriser ces déchets actuellement stockés.

- Un groupement de commandes a également été réalisé sur le Nord Aveyron pour l’enlèvement, le traitement et la valorisation des déchets verts (SMICTOM Olt Viadène, SICTOM Espalion, Communautés de Communes d’Entraygues sur Truyère, du Carladez et de l’Argence).

Par ailleurs, afin de réduire la part des ordures ménagères résiduelles à collecter, plusieurs collectivités se sont engagées dans des opérations de promotion du compostage individuel. On peut notamment citer le Syndicat des Cramades, le SICTOM d’Espalion…

Des actions de prévention et de sensibilisation

Conformément au Grenelle de l’Environnement, dès 2012, les collectivités compétentes en collecte ou traitement des déchets ménagers ont eu l’obligation de réaliser et de mettre en place un programme local de prévention des déchets. Plusieurs programmes de ce type existent sur le territoire, leur objectif étant de réduire la production de déchets à la source.

Aveyron Il existe plusieurs programmes locaux de prévention dans le département mais aucun ne concerne le périmètre d’étude actuellement. Le SYDOM étudie la possibilité de porter un programme de prévention mutualisé.

Cantal Le programme local de prévention des déchets du Syndicat des Cramades est en cours et couvre le territoire. Il a pour objectif de réduire la production d’ordures ménagères de -26 kg/an/habitant soit 1 190 tonnes au total.

Lozère

Le Conseil départemental promeut l’émergence de programmes locaux de prévention sur tout le département et un programme local de prévention des déchets est en cours d’élaboration sur la moitié nord de l’Aubrac Lozérien. Il regroupe les communautés de communes des Hautes Terres et de l’Aubrac Lozérien ainsi que le SIVOM La Montagne, ce dernier étant le porteur. Sur la zone sud de l’Aubrac Lozérien aucun programme n’a démarré actuellement.

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Les collectivités en charge de la collecte primaire réalisent également des actions de sensibilisation à leur échelle (diffusion de documents de sensibilisation, opérations de collecte, promotion du compostage, du réemploi…).

Enfin les chambres consulaires (Chambres de commerce et d’Industrie, Chambres des Métiers et de l’Artisanat, Chambres d’Agriculture) mènent des actions de prévention en direction des professionnels. En Lozère les 3 chambres consulaires ont par exemple édité un guide des déchets professionnels en partenariat avec le Conseil départemental. Des opérations spécifiques à certaines professions sont menées : « Pressing propre », Garage propre »…

Bilan, perspectives

La gestion des déchets est bien organisée à l’échelle de chaque département et aucune action interdépartementale à l’échelle du PNR n’a été identifiée.

La qualité du tri et la prévention peuvent être améliorées, la généralisation de programmes locaux de prévention est une des pistes pour y parvenir dans le futur.

Concernant les déchets professionnels, les filières sont également en place, notamment via la participation des chambres consulaires. Une des lacunes est le manque d’installations de stockage des déchets inertes qui peut favoriser les dépôts sauvages.

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Atouts

Ressource en eau : - Nombreuses stations de suivi de la qualité et de l’hydrologie sur les axes Lot et Truyère - DCE : cours d’eau majoritairement en bon ou très bon état et masses d’eaux

souterraines en bon état - Assainissement : SPANC sur tout le territoire, bon rendement des stations d’épuration

et existence de dispositifs de traitement des boues (plans d’épandage) - Bonne productivité des cours d’eau issus du massif de l’Aubrac - Soutien d’étiage à partir des retenues d’eau = intérêt écologique et économique - Existence de documents cadre pour la prise en compte du risque inondation - Développement économique en lien avec l’eau : tourisme, énergie hydraulique,

agriculture, pêche, thermalisme, pisciculture… - Agriculture : pratiques extensives en zone d’élevage, faibles besoins pour l’irrigation - AEP : professionnalisation du service grâce à la gestion par groupement de communes

Energie : - Production importante d’énergies renouvelables sur le territoire (hydroélectricité et

photovoltaïque) - Bon réseau Très Haute Tension (THT) sur la partie aveyronnaise permettant le

raccordement de nouvelles productions - Filière bois énergie consommatrice de bois de faible qualité en expansion - Territoire plutôt économe au niveau des consommations - Bois énergie : approvisionnement encore globalement peu concurrentiel

Forêt : - Très gros réservoir de bois à valoriser, notamment par le bois énergie - Ressource variée et ayant la capacité de produire du bois de qualité supérieure - Bon taux de récolte de la ressource résineuse - Boisements linéaires représentant un réservoir de biomasse considérable et en

croissance. - Volonté des acteurs locaux pour redonner de l’intérêt à ces boisements et des

matériels d’exploitation et des compétences de gestion disponibles au niveau local Ressources minérales : - Des productions localisées qui peuvent être mobilisées pour restaurer les éléments du patrimoine bâti (Lauze, murets, piquets granite…) Déchets : - Production de déchets plus faible sur le territoire que la moyenne nationale :

comportements « économes » des habitants, gestion des déchets organiques plus facile à la campagne (compostage)

- Équipements importants : structures et équipements existant qui permettent de bien gérer les déchets du territoire, bonne couverture des déchèteries, centres de transit

- Filières spécifiques organisées (déchets industriels spéciaux, déchets agricoles), peu de production de déchets dangereux

Faiblesses

Ressource en eau : - DCE : l’état de 80 % des masses d’eau est modélisé par manque de connaissance - Peu de stations de suivi sur les têtes de bassin versant et les eaux souterraines - Assainissement : manque de connaissance sur les hameaux sans système de

traitement, sur le devenir des boues des petites stations et sur les raccordements des activités économiques ; stations d’épuration âgées, eaux claires parasites...

- DCE : une vingtaine de cours d’eau déclassés, potentiel écologique des plans d’eau suivis, moyen à médiocre

- Fortes hausses des températures en été sur les cours d’eau de tête de bassins - Cours d’eau de mauvaise qualité bactériologique (pb baignade, AEP, abreuvement) - Régimes hydrologiques modifiés (ouvrages hydroélectriques, transferts de bassin)

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- Risques de pénurie : étiages marqués et aquifères granitiques peu productifs - Risque inondation assez fort dans la vallée du Lot - AEP : difficultés techniques et financières des services en raison de la multitude de

captages, des linéaires de réseau à entretenir et du faible nombre d’abonnés - Agriculture : accès direct du bétail au cours d’eau (ensablement, érosion, bactéries) - Absence de gestion intégrée sur de nombreux secteurs du territoire, ce qui empêche

de résoudre les conflits d’usages Energie : - Réseau de distribution insuffisant sur une partie du territoire, limitant le

développement des EnR - Energies renouvelables peu mobilisées dans l’habitat, notamment le bois énergie - Précarité énergétique importante, aggravée par le caractère semi-montagnard - Oppositions marquées sur le développement de certaines EnR (éolien) - Risque de dénaturation des paysages et d’appropriation du territoire par les

promoteurs pour certains / trop grand conservatisme pour d’autres - Faible approvisionnement en bois énergie sur l’Aubrac - Peu ou pas de tri des bois sur l’Aubrac (beaucoup part en bois énergie)

Forêt : - Manque de culture forestière et de connaissance des circuits de valorisation : faible

taux de parcelles forestières gérées, qualité des peuplements assez faible - Fort morcellement de la forêt privée - Contraintes climatiques et topographiques pénalisant la récolte (feuillus) - Desserte insuffisante : accessibilité réduite ou inadaptée, manque d’équipement de la

forêt feuillue - Contraintes sur les forêts publiques (biens de section et droits d’usage) - Coupes à blancs et pistes forestières parfois mal conçues (érosion des sols) Ressources minérales : - Nombreuses et importantes carrières dont certaines présentent un réel impact

paysager Déchets : - Manque d’infrastructures de stockage des déchets inertes, souvent payantes et

éloignées - Manque de sensibilisation de certains professionnels et particuliers - Culture du tri et du réemploi pas encore assimilée, économie circulaire peu

développée - Non-respect de la réglementation : pratique illégale du brûlage des déchets, existence

de décharges sauvages, vidange sauvage des camping-cars - Distances de collecte très importantes (population faible et habitat diffus)

Opportunités

Ressource en eau : - Création de stations hydrométriques préconisées par le Plan de Gestion des Étiages - Enjeu de maintien du bon ou du très bon état DCE. Actions de prévention de la

dégradation qui nécessitent de moindres modifications des activités humaines - Démarches déjà engagées sur le volet inondation (SAGE Lot Amont, Entente Lot) - AEP : stratégies pour répondre aux déficits actuels et futurs (SDDAEP), perspectives

d’économies d’eau importantes (amélioration des rendements des réseaux) - Carrières : possibilité de réhabiliter les sites ou de réduire les rejets dans le cadre de la

fin des arrêtés préfectoraux d’exploitation de certaines carrières Energie : - Potentiel de développement des énergies renouvelables : bois, biomasse,

géothermie... - Projets pilotes autour du bois énergie, de la méthanisation, de la géothermie

Page 46: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

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- 3 programmes départementaux « Habiter mieux » multi-partenaires, pour lutter contre la précarité énergétique

Forêt : - Nouveaux marchés à saisir : bois énergie pouvant permettre une amélioration de la

qualité des peuplements en rentabilisant la sylviculture - Accompagnement possible pour la gestion ou la desserte par des structures locales

encore trop peu connues - Débouchés prometteurs pour les boisements linéaires (litière plaquettes, bois énergie)

Ressources minérales : - Plusieurs sites d’extraction dont le renouvellement de concessions est programmé

prochainement Déchets : - Poursuite des programmes de prévention existants (Cantal et Lozère) - Révision des plans de gestion départementaux - En Aveyron, éventualité que le SYDOM porte un programme de prévention mutualisé ?

Menaces

Ressource en eau : - Remise en question de la pérennité de certains réseaux de suivis - Pas de suivi des molécules vétérinaires et manque de connaissance sur leurs impacts - DCE : Risque de non atteinte des objectifs environnementaux en 2021 pour 20 masses

d’eau « cours d’eau », 8 lacs et 2 masses d’eau souterraines - Risque de non prise en compte des problématiques qui ne relèvent pas de la DCE

(bactériologie, matières en suspensions…) - Étiages : le déficit en eau peut limiter l’accueil de nouvelle population et le

développement les activités économiques - Inondations : menace de répétition de très fortes crues (1994, 2003) - AEP : risque de déficit futur qui peut conduire à la multiplication des points de

prélèvement au lieu d’agir sur la réduction des pertes - Assainissement : non restauration des stations vieillissantes sous peine d’aggraver les

impacts sur le milieu (pannes récurrentes). - Risque de surexploitation des ressources selon certains acteurs locaux. La ressource

est perçue comme très convoitée Energie : - Forte dépendance énergétique : pour les besoins en chauffage (climat froid) ; aux

énergies fossiles, notamment pour les transports - Interrogations sur le renouvellement des concessions hydroélectriques. - Population vieillissante et publics en difficulté sociale qui nécessitent une forte

implication de la part des collectivités - Bois énergie : l’Aubrac se situe dans le rayon d’approvisionnement potentiel de futures

superstructures qui risquent de déstabiliser la filière Forêt : - Des solutions de facilité (coupe rase pour le bois énergie) trop souvent privilégiées et

pouvant priver les scieries d’une ressource locale Déchets : - En Midi Pyrénées les fonds ADEME ne sont plus mobilisables pour les programmes

locaux de prévention qui n’ont pas démarré avant 2012, d’où un risque de difficulté de mise en place de ces programmes

- Manque d’ISDI peut entraîner la multiplication de décharges sauvages

En gras : éléments mis en exergue dans le « diagnostic citoyen »

Page 47: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

220

Eau :

Principaux enjeux identifiés Sécuriser les prélèvements en adéquation avec la ressource disponible et le respect des milieux Communiquer et sensibiliser sur les enjeux de l’eau Instaurer le dialogue et la concertation entre usagers Améliorer la connaissance des milieux et de la ressource Prendre en compte le renouvellement des concessions des barrages hydro-électriques

Energie :

Principaux enjeux identifiés Communiquer sur les bonnes pratiques en matière d’économies d’énergie Encourager les économies d’énergie Mieux valoriser les ressources énergétiques locales Concilier le développement des énergies renouvelables avec la préservation des patrimoines

Déchets :

Principaux enjeux identifiés Communiquer sur les bonnes pratiques en matière de gestion des déchets Renforcer les filières et les infrastructures de traitement et de stockage des déchets Améliorer la connaissance des dépôts sauvages et les réhabiliter

Ressources minérales :

Principaux enjeux identifiés Favoriser l’exemplarité environnementale des entreprises Limiter l’impact des activités d’extraction sur les paysages, la ressource en eau

Forêt :

Principaux enjeux identifiés Limiter l’impact du morcellement forestier Renforcer la valorisation locale des bois de l’Aubrac à tous les niveaux de la filière Développer des conditions favorables au partage du milieu forestier Développer une gestion forestière plus respectueuse de la qualité du territoire Rechercher un équilibre agro-sylvo-cynégético-touristique Créer une culture forestière globale pour l’Aubrac Améliorer la desserte forestière à l’intérieur et à l’extérieur des massifs de l’Aubrac Veiller au maintien de la bonne santé des forêts de l’Aubrac et se préparer aux changements climatiques Améliorer la gestion et la valorisation des boisements linéaires Améliorer la connaissance de la ressource et de ses débouchés potentiels

En gras : enjeux prioritaires retenus par les acteurs locaux

Page 48: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

221

Pour réaliser le diagnostic économique du territoire, plusieurs sources ont été exploitées98 :

- Le diagnostic du secteur « Commerce, Industrie, Services », effectué par la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Auvergne (pour le compte des 3 chambres départementales) ;

- Les données fournies par les 3 Chambres des Métiers et de l’Artisanat ; - Le diagnostic « Forêt et filière-bois » réalisé dans le cadre de la Charte forestière de l’Aubrac ; - Les données de l’INSEE (2011) : « Connaissance Locale de l’Appareil Productif » (ensemble des

activités) et « Répertoire des Entreprises et Établissements » (activités marchandes hors agriculture).

A. Le portrait des entreprises et de l’emploi sur l’Aubrac

Avant de présenter les entreprises, respectivement des secteurs « Commerce, Industrie, Services » et de l’« Artisanat », l’INSEE permet de dresser le portrait global des entreprises et de l’emploi sur le territoire. Il faut également préciser que chacun de ces deux secteurs va être traité sur la base de son

registre professionnel d’immatriculation.

À dire d’expert, 1/3 des établissements relève à la fois du « Registre du Commerce et des Sociétés » et du « Registre des Métiers », ce qui induit des doublons en termes de décompte du nombre d’entreprises.

Deux secteurs prédominants en nombre d’établissements : l’agriculture et les commerces/services

Au 31 décembre 2011, 5 984 établissements actifs ont été recensés sur le périmètre labellisable.

Les 2 secteurs « Agriculture (sylviculture) » et « Commerce, transports et services » totalisent près de 75 % des établissements, ce qui est proche des moyennes départementales et nationale. Toutefois, la part du secteur agricole est très largement supérieure sur l’Aubrac par rapport au territoire français. De plus, le rapport de poids local entre « Agriculture » et « Commerce, transport, service » est inverse de celui des départements. L’Aubrac se caractérise donc par la prédominance de l’agriculture en nombre d’établissements actifs.

Figure 15 : Les établissements par secteur d’activité

98 Les données concernant les entreprises sous forme associative et les professions libérales n’ont pas pu être collectées à l’échelle territoriale.

Page 49: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

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Des entreprises très majoritairement de petite taille tournées vers le territoire lui-même

a. Des entreprises très majoritairement sans salarié…

Plus des ¾ des établissements n’emploient aucun salarié, tandis qu’un peu moins de 20 % emploient entre 1 et 9 salariés. La part des entreprises sans salarié est sensiblement plus élevée sur le territoire de projet, que dans les départements d’appartenance.

Figure 13 : Les établissements par tranche d’effectifs salariés

b. …qui produisent des biens et services pour les personnes du territoire

Près de 78 % des emplois dans les établissements du territoire relèvent de la sphère présentielle99. Ils sont donc très majoritairement orientés vers la production de biens et de services à destination des personnes du territoire (résidents ou visiteurs)100. Il semble que ce ne soit pas l’agriculture qui y contribue le plus, au regard de « l’export » important d’animaux hors du territoire, mais surtout l’ensemble des commerces, services et entreprises artisanales qui s’adressent à la population locale, et les prestataires de services « touristiques ». La spatialisation (à l’échelle cantonale – voir annexe 25 : Part de l’économie présentielle sur les cantons du territoire d’étude) met en évidence des secteurs surtout ruraux où la part de cette sphère dépasse la moyenne territoriale : cantons de Chaudes-Aigues, Estaing, Saint Chély d’Aubrac, Saint Geniez d’Olt et Saint Germain du Teil.

Un taux de création d’entreprises dopé par les Commerces/Services mais en-dessous de la moyenne nationale

La création d’établissements sur le périmètre labellisable a bien progressé entre 2008 et 2010 (presque un doublement, notamment grâce à la création du statut d’autoentrepreneur) et connaît un léger fléchissement depuis. En 2012, le nombre total de créations identifiées par l’INSEE s’élève à 272. À celles-ci s’ajoutent les installations d’agriculteurs, qui, en 2011 pour les installations aidées uniquement101, étaient au nombre de 50 (contre 57 en 2010). Les créations s’opèrent, pour près de 50 %, dans le secteur « Commerce, transports et services divers », puis en part similaire, en agriculture et dans l’industrie (autour de 15 %).

99 Les activités de la sphère présentielle sont les activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant la satisfaction des besoins de personnes présentes dans la zone, qu'elles soient résidentes ou touristes. Les activités de la sphère non-présentielle produisent des biens majoritairement consommés hors de la zone, et développent des activités de services tournées principalement vers les entreprises de cette sphère. Source : INSEE. 100 Références départementales : 69,1 % en Aveyron, 75,8 % dans le Cantal et 82,5 % en Lozère. 101 Seules données sur les installations agricoles en notre possession.

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Figure 17 : Les créations d’établissements par secteur d’activité

Enfin, le taux de création d’entreprises du territoire, autour de 10 %, est assez proche de celui des départements d’appartenance mais en-dessous du taux national (15,6 %).

Des emplois qui se répartissent dans 3 grands secteurs d’activité

Les 3 secteurs d’activité principaux sur l’Aubrac sont (par ordre d’importance) : - Administration, enseignement, santé et action sociale (30,5 %) ; - Commerces, transports et services (30,1 %) ; - Agriculture, sylviculture (21,3 %).

L’agriculture et l’industrie sont les secteurs d’activité qui ont connu une baisse des emplois entre 1999 et 2010, tandis qu’ils progressent surtout dans « Commerce, transports et services » et « Administration, enseignement, santé et action sociale ». Dans le secteur de la « Construction », l’emploi connaît une très légère progression.

Figure 18 : L’emploi par secteur d’activité

Une part de chefs d’entreprises supérieure à la moyenne nationale mais en baisse

En 2010, la part des emplois non-salariés s’élevait à 35,3 % en Aubrac contre 12,2 % au niveau national. Cette différence peut s’expliquer par l’importance du secteur agricole composé très souvent d’entreprises individuelles. Toutefois, la diminution de la part de ce secteur dans l’emploi total induit une baisse de près de 5 points de l’emploi non salarié tous secteurs confondus entre 1999 et 2010.

À contrario, la part des emplois salariés progresse (passant de 60 % en 1999 à 64,7 % en 2010), certainement du fait de l’augmentation dans les secteurs « Commerces, transports et services » et « Administration, enseignement, santé, action sociale ».

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Figure 19 : Part de l’emploi salarié par secteur d’activité

Des emplois stables et exercés dans la commune de résidence

85,5 % des salariés sont en contrat à durée indéterminée ou sont titulaires de la fonction publique territoriale (contre 74,6 % au niveau national). De plus, malgré une baisse d’environ 10 points entre 1999 et 2010, plus de la moitié des actifs de 15 ans et plus travaillent sur leur commune de résidence.

Les femmes et l’emploi

La part des femmes, quel que soit le statut professionnel, est proche de celle observée au niveau national (49,4 % pour l’emploi salarié et 33,6 % pour l’emploi non salarié). Toutefois, parmi celles qui sont salariées, 35,7 % travaillent à temps partiel (contre 29,1 % au niveau national), même s’il semble que la tendance soit à la baisse depuis 1999.

Leurs secteurs d’activités prioritaires sont « Administration, enseignement, santé, action sociale », puis « Commerces, transports, services » ; un peu moins d’un tiers travaille dans l’« Agriculture ».

Figure 14 : Part de l’emploi féminin par secteur d’activité

Des actions en faveur des entreprises

a. Le rôle des partenaires

Les chambres consulaires assurent un accompagnement des entreprises du territoire dans des domaines variés :

- appui aux porteurs de projet (création, reprise, cession d’entreprises ; formation et professionnalisation) ;

- accompagnement des entreprises pour la qualification, la mise aux normes, le classement ; - réalisation de diagnostics environnementaux ;

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- accompagnement pour la labellisation et la promotion via des démarches départementales, régionales (concours et récompenses des savoir-faire, démarches environnementales) ou nationales (« Entreprises du patrimoine vivant », « Logis de France ») ;

- promotion des foires et marchés, organisation/soutien des manifestations professionnelles ou grand public ;

- appui aux réseaux et aux démarches collectives…

Au regard des besoins exprimés et des questions d’avenir auxquelles les entreprises sont confrontées, le territoire de projet devra susciter une coordination des actions prioritaires à l’échelle de son périmètre.

b. Création de zones d’activités = rôle des collectivités locales

Le long de l’A75 et de quelques bourgs que l’on peut qualifier comme « pôles économiques du territoire », s’est développée offre immobilière à destination des entreprises : des zones d’activités102. Les maîtres d’ouvrages de ces installations sont soit des Communautés de communes, soit des communes. En Lozère, s’y ajoute le Syndicat Mixte Lozérien de l’A75.

Une carte de synthèse (voir carte 3 « Les zones d’activité ») fait état des données qui ont pu être collectées auprès des partenaires concernés par le suivi et l’animation de cette offre, tout comme l’accompagnement des entreprises à la recherche d’un lieu d’implantation103. Sur le périmètre labellisable, les surfaces les plus importantes se situent dans les communes d’Espalion, Sainte Geneviève sur Argence, Laguiole et Antrenas. La densité semble surtout inféodée à la présence de l’A75, sur le flanc est du territoire, en Lozère ; à un degré moindre, dans la vallée du Lot en Aveyron et en Lozère. Le taux d’occupation est relativement important le long de l’autoroute, par contre le rythme de consommation est assez disparate. Le taux moyen d’occupation de l’ensemble des zones (du périmètre élargi lozérien et cantalien) se situe autour de 75 %104.

Pour améliorer la connaissance et ainsi pouvoir agir avec les collectivités sur la « qualification » de ces espaces urbanisés, les partenaires qui ont fourni les données assurent une mission de recensement et d’observation. Un observatoire est en place en Lozère et en cours de réalisation en Aveyron.

Le renforcement de l’attractivité économique du territoire pour les entreprises passe par la promotion voire le développement de ces offres. Toutefois, les questions de la pertinence de leur implantation, de leur éventuelle « redondance » (dans des communes proches) et de l’impact sur les paysages et le patrimoine naturel, ont été mises en évidence par les acteurs locaux et les partenaires ; autant de points qui sont analysés dans les parties dédiées105.

Bilan, perspectives

Le portrait global des entreprises de l’Aubrac met en évidence la prépondérance du secteur « Agriculture » quand il s’agit des établissements actifs, et des secteurs « Administration, enseignement, santé et action sociale » et « Commerces, transports et services », pour ce qui est des emplois. Ces établissements sont de petite taille, avec peu ou pas de salarié ; la part de l’emploi non salarié révèle une présence significative de chefs d’entreprises, cependant en baisse. L’activité de ces établissements est majoritairement orientée vers la fourniture de biens et services aux habitants et visiteurs du territoire. Quant à la création d’entreprises, elle s’opère principalement dans le secteur « Commerces, transports et services ».

102 Auxquelles s’ajoutent des « ateliers-relais » dont la connaissance demeure à approfondir. D’ores et déjà, plusieurs communautés de communes créent et/ou gèrent de telles infrastructures, dans le cadre de la compétence « Développement économique ». 103 Aveyron Expansion et Lozère Développement, ainsi que la Communauté de communes Caldaguès-Aubrac pour la fourniture des données. 104 80 % dans le Cantal et 85 % en Lozère. 105 « Urbanisme » et « Patrimoine paysager ».

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B. Le commerce, l’industrie et les services Dans cette partie, sont traitées les entreprises des secteurs du commerce, de l’industrie et des services (inscrites au « Registre du Commerce et des Sociétés » (RCS).

Des entreprises de petite taille dominées par les services

Au 31 décembre 2012, l’Aubrac comptait 1 624 établissements inscrits au RCS106 pour 3 669 salariés, soit une moyenne de 2,3 salariés par entreprise. Le secteur d’activité principal est celui des services avec 40 % des établissements, et 34 % des effectifs salariés. La présence des Très Petites Entreprises (TPE) est avérée dans tous les secteurs : les services, le commerce et les activités secondaires (dont le BTP). Ainsi, 98 % des établissements ont moins de 20 salariés et seulement 0,2 % en ont plus de 50.

Une progression du nombre d’établissements et des effectifs

De 2010 à 2012 (seule donnée disponible à l’échelle du territoire), le périmètre d’étude a vu le nombre de ses établissements progresser de 12 % (hors énergie107), soit une augmentation de 151 établissements. Les effectifs salariés ont également progressé mais dans une moindre mesure : 4 %, soit + 142 salariés. Tous les secteurs progressent en nombre d'établissements. Du point de vue des effectifs, seule l'industrie (hors énergie) a connu une baisse de ses effectifs (- 2 %, - 17 salariés).

SECTEUR NOMBRE D’ETABLISSEMENTS EFFECTIF SALARIE Commerce + 13 % (+54 éts.) + 6 % (+ 61 sal.)

Construction + 15 % (+ 22 éts.) + 6 % (+ 32 sal.) Industrie (hors énergie) + 7 % (+ 10 éts.) - 2 % (- 17 sal.)

Services + 11 % (+ 65 éts.) + 6 % (+ 66 sal.) TOTAL + 12 % (+ 151 éts.) + 4 % (+ 142 sal.)

Tableau 21 : Synthèse des évolutions 2010/2012 par secteur d’activité

Une industrie tournée vers la production de biens intermédiaires et agro-alimentaires

Au 31 décembre 2012, le secteur de l’industrie (hors BTP) comptait 330 établissements. Hors énergie, 164 établissements fonctionnaient à cette date. Ils totalisaient 802 salariés. Les entreprises de ce secteur sont de petite taille : 4,9 salariés en moyenne par établissement (hors énergie).

En termes d’effectifs, 2 activités concentrent l’essentiel des postes « industriels » du périmètre labellisable :

- l’industrie des biens intermédiaires108 : première activité industrielle par ses effectifs ; - et les industries agroalimentaires.

106 Hors autoentrepreneurs. 107 Le secteur de l’industrie intègre les établissements de production d'énergies renouvelables (panneaux photovoltaïques...) qui ne sont parfois que des toits, et faussent les statistiques vu leur forte progression ces dernières années. 108 Elles recouvrent des activités qui produisent des biens le plus souvent destinés à être réincorporés dans d'autres biens ou qui sont détruits par leur utilisation pour produire d'autres biens. Source : INSEE.

Établissements Effectifs salariés

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Figure 15 : Répartition des industries (effectif salarié 2012).

Le poids territorial des entreprises de l’industrie diffère selon le secteur d'activité : - 81 % des effectifs des industries des biens de consommation109 et 79 % de ceux des industries

agroalimentaires se situent dans les communes labellisables ; - Par opposition, 75 % des effectifs des industries des biens d'équipement et 61 % de ceux des

industries des biens intermédiaires se trouvent dans les communes associées.

De 2010 à 2012, 2 activités progressent en nombre d'établissements et d'effectifs salariés : - les industries des biens d'équipement (+ 14 % d'établissements et + 14 % d'effectifs), - les industries des biens intermédiaires (+ 17,5 % d'établissements et + 4 % d'effectifs).

2 autres activités progressent en nombre d'établissements mais ont perdu des effectifs : - l'industrie des biens d'équipement, - les industries agricoles.

Un secteur des services dominé par l’hébergement-restauration

Au 31 décembre 2012, le secteur des services totalisait 642 établissements, pour un effectif global de 1 237 salariés.

Dans ce secteur, l’hébergement-restauration110 est la première activité en nombre d’établissements. La deuxième activité par l’effectif salarié concerne les activités de transports et logistique. Puis la troisième activité par l’effectif salarié est celle des services aux particuliers. Au total, ces 3 activités de services concentrent près des ¾ des effectifs du secteur sur le territoire.

Un poids territorial différent selon l'activité : - 72 % des effectifs de l'hébergement-restauration, 61 % de ceux des transports/logistique et

60 % des effectifs des services aux particuliers se trouvent dans les communes labellisables ; - Au contraire, 78 % des effectifs des services aux entreprises, 66 % de ceux des activités

immobilières et financières et 63 % des effectifs des services aux entreprises et aux particuliers se situent dans les communes associées.

109 Elles recouvrent des activités dont le débouché « naturel » est la consommation finale des ménages (ex : habillement et cuir, édition, imprimerie et reproduction, pharmacie, parfumerie, entretien et équipements du foyer). Source : INSEE. 110 Au sens large de l’INSEE : tout hébergement – hôtels, campings, meublés…– et tous types de restauration, y compris traiteur, restauration collective…

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900

Industrie des biens intermédiairesIndustries agroalimentaires

Industrie des biens d'équipementIndustrie des biens de consommation

Industries agricolesEnergie

Collecte et traitement des déchetsInformation et communication

Industrie automobile

Communes labellisables Communes Associées

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Figure 22 : Répartition des services (effectif salarié 2012).

De 2010 à 2012, toutes les activités de services ont progressé en nombre d'établissements et en effectifs, sauf les services aux entreprises (-2 % d'effectifs alors que le nombre d'établissements a augmenté de 22 %) et les transports/logistique (-1 % d'effectifs pour +6 % d'établissements).

Un secteur du commerce dominé par le commerce de détail, surtout alimentaire

Fin 2012, 479 établissements étaient recensés dans le domaine du commerce. Pour un effectif total de 1 123 salariés.

Le commerce de détail affiche un poids largement prépondérant dans ce secteur (289 établissements pour 610 salariés), ainsi qu’une dynamique positive de 2010 à 2012 : + 14 % d’établissements et +7 % d'effectifs. Parmi les commerces de détail, le commerce alimentaire totalise à lui seul plus des ¾ des établissements tout comme des effectifs.

Figure 23 : Répartition des commerces de détail (effectif salarié 2012).

Bilan, perspectives

Les 3 secteurs d’activité (industrie, services et commerce) connaissent une certaine vitalité même si la tendance est au ralentissement dans les créations/reprises, ces dernières années.

Les activités qui dominent se situent principalement dans la sphère présentielle : commerce de détail, hébergement-restauration et services notamment.

Le secteur de l’industrie est tourné vers la production de biens intermédiaires, hors de cette sphère : il est surtout présent sur les communes associées. Sur le périmètre labellisable, il concerne surtout la valorisation de ressources et savoir-faire locaux (coutellerie, bois, ressources minérales).

Le territoire de projet se caractérise également par une forte présence de services à la population, de commerces de proximité et de l’hébergement-restauration, en lien avec sa vocation touristique.

Pour ce qui est du commerce de détail, il progresse en nombre d’établissements et représente la majorité des créations/reprises d’entreprises. Cependant, l’hyper-représentation du commerce alimentaire traduit un resserrement de ce secteur à la réponse aux besoins de première nécessité.

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900

Hébergement - RestaurationTransports et logistique

Services aux particuliersServices aux entreprises

Activités immobilières et financièresServices aux entreprises et aux particuliers

Information et communicationEnseignement et administration

Communes labellisables Communes Associées

Communes labellisablesCommunes Associées

0 100 200 300 400 500 600 700

Commerce alimentaireHygiène-Santé-Beauté

Equipement de la personneEquipement et entretien de la maison

Culture-Sport-Loisirs

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C. L’artisanat Cette partie du diagnostic s’attache à présenter les entreprises inscrites au « Registre des Métiers ».

Un tissu dense d’entreprises plutôt bien réparties sur l’Aubrac

a. Une densité révélatrice d’un territoire rural

En 2012, 910 entreprises artisanales ont été recensées sur le périmètre labellisable, soit 269 entreprises pour 10 000 habitants. Ce chiffre est comparable à celui de la Lozère (271 entreprises pour 10 000 habitants) mais bien supérieur à ceux de l’Aveyron (221 entreprises pour 10 000 habitants) et du Cantal (202 entreprises pour 10 000 habitants).

Cette densité révèle le poids important de l’artisanat sur ce territoire rural, ne disposant que d’une seule ville avec un nombre important d’habitants (Espalion). Sur les communes du périmètre élargi, plus peuplées surtout à l’est du territoire, la densité des entreprises artisanales est plus faible (250 entreprises pour 10 000 habitants), par cont re, le parc des entreprises y est plus diversifié.

Carte 5 : Distribution géographique des entreprises

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230

b. Des entreprises disséminées sur presque toutes les communes et constituant localement des « pôles artisanaux »

L’analyse de la répartition géographique permet d’abord d’identifier quelques pôles artisanaux importants. Le premier d’entre eux est logiquement Espalion, la commune la plus importante du périmètre d’étude : elle abrite 135 entreprises.

6 autres communes viennent ensuite avec un parc d’entreprises qui va de 39 à 71 : Saint Geniez d’Olt (71 entreprises), Laguiole (52 entreprises), Saint Côme d’Olt (47 entreprises), Aumont-Aubrac (45 entreprises) et Entraygues sur Truyère (39 entreprises). Ces 7 communes hébergent 46,7 % des entreprises artisanales, tandis que 10 communes n’en abritent aucune. Les 53,3 % d’entreprises restantes se répartissent donc sur les 65 dernières communes. Ainsi, malgré la présence de pôles plus importants, l’artisanat connaît une implantation territoriale assez diffuse.

De petites entreprises, vieillissantes

a. Des entreprises individuelles…

Les entreprises individuelles sont prépondérantes dans le milieu de l’artisanat et représentent quasiment les 2/3 des établissements recensés.

b. …qui ont plus de 10 ans d’existence…

L’âge moyen d’une entreprise du territoire est de 12 ans (presque 16 ans dans le Cantal, seule référence identifiée). La répartition des entreprises par âge ou tranche d’âge fait apparaître que plus de la moitié d’entre elles ont 10 ans ou plus : signe que ces entreprises sont relativement pérennes.

c. …dont les chefs d’entreprise ont plus de 50 ans…

Quant aux chefs d’entreprise, 1/3 d’entre eux a entre 40 et 49 ans mais environ 40 % ont plus de 50 ans comme en Lozère et en Aveyron. L’âge moyen du chef d’entreprise sur le périmètre d’étude est de 46 ans, comme dans le Cantal ; il est supérieur à la moyenne nationale qui est de 43, 8 ans.

Figure 24 : L’âge des entreprises

Figure 25 : L’âge des chefs d’entreprises

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231

d. … et exercent leur activité artisanale sans salarié.

Près de 40 % des entreprises artisanales n’ont aucun salarié et 50 % ont entre 1 à 5 salariés. Pour se situer par rapport aux départements d’appartenance, c’est l’effectif moyen qui permet de positionner le territoire : 2,2 salariés sur l’Aubrac, tout comme en Lozère, alors qu’en Aveyron, il atteint 4 salariés.

Figure 16 : L’effectif salarié des entreprises artisanales

Une prépondérance du secteur du bâtiment

Dans 4 des 7 communes qualifiées de « pôles artisanaux », le secteur du bâtiment domine, comme sur l’ensemble du territoire.

Laguiole fait exception avec un secteur « Production » équivalent au « Bâtiment », par sa spécificité liée à la coutellerie. Espalion et Chaudes-Aigues détiennent des entreprises du secteur « Services/réparations/transports » équivalant à celles du secteur « Bâtiment » : la première le doit à son positionnement économique « multifonctionnel » et la seconde, aux activités gravitant autour du paramédical, du thermalisme et du bien-être.

La forte densité d’entreprises des secteurs « Alimentation » et « Services » se retrouve surtout dans les chefs-lieux de canton, alors que de nombreuses communes rurales ne disposent d’aucune entreprise de la sorte. Les artisans, dans ces 2 domaines, sont certainement aussi des commerçants et des prestataires de services qui se regroupent traditionnellement dans les bourgs centres.

Bilan, perspectives

Les principales caractéristiques du monde de l’artisanat sur l’Aubrac : - Un tissu dense d’entreprises, plutôt bien réparties sur le territoire ; - Toutefois, quelques communes dépourvues d’entreprises artisanales ; - Des petites entreprises par leur effectif ; - Un secteur du bâtiment qui domine largement ;

Des entreprises détenues à plus de 40 % par des chefs d’entreprise de plus de 50 ans.

Se posent alors les questions de la pérennité future de ces entreprises et plus concrètement de leur transmission, indispensable à la préservation des savoir-faire locaux. Cette double préoccupation a été évoquée de manière récurrente et transversale lors des ateliers participatifs.

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D. L’apport de la concertation pour affiner la connaissance globale des entreprises

La phase de concertation a permis de compléter les données statistiques sur les entreprises, par une approche qualitative, fruit du ressenti des acteurs locaux et des partenaires techniques.

Un territoire identitaire, fragile et partiellement désenclavé

Dans le domaine des entreprises, le territoire préservé et porté par une forte identité fédératrice apparaît attractif pour le monde économique, mais il est reconnu comme fragile. La présence de l’A75, la situation du territoire « au centre de la France » et dans une « zone de convergence » touristique ainsi que le « faible » éloignement des grandes agglomérations régionales (2 heures), permettent aujourd’hui de le considérer comme accessible. Pourtant l’accessibilité demeure relative dès que l’on s’éloigne de l’axe autoroutier : réseau de qualité inégale, parfois inadapté, qui souffre de l’enclavement hivernal. Cette mauvaise desserte a des conséquences néfastes sur les activités économiques et sur le déplacement des personnes.

De plus, la rudesse du climat engendre un fonctionnement du territoire « à plusieurs vitesses » : le haut plateau se trouve défavorisé par rapport aux terroirs environnants. Les conditions de travail hivernales en extérieur y sont difficiles, notamment pour les artisans.

Quant à la démographie, son renouvellement est surtout assuré par les nouveaux arrivants, les classes d’âge sont déséquilibrées et la population vieillissante. Le déséquilibre est aussi visible dans l’espace : pour quelques centres-bourgs qui se maintiennent, voire s’accroissent, le reste du territoire est en perte de vitesse.

Une dynamique économique, un ancrage territorial, des savoir-faire à préserver et à transmettre

Malgré ces freins et ces faiblesses, une dynamique économique se maintient. La richesse des savoir-faire et des compétences se retrouve dans tous les secteurs d’activité (agriculture, agro-alimentaire, artisanat, filière bois, filière pierre…). Elle s’appuie sur des ressources locales très diversifiées et sur des traditions vivantes et renouvelées. La mise en valeur des savoir-faire s’opère majoritairement grâce à de petites entreprises du bâtiment (rénovation du bâti traditionnel…) et des secteurs d’activités « porteurs » pour le territoire (transformation du bois, agro-alimentaire en lien avec les productions locales, coutellerie…) qui peuvent s’appuyer sur un indispensable réseau de commerces et services de proximité.

L’ancrage territorial de ces entreprises à taille humaine et pérennes les met partiellement à l’abri d’éventuelles délocalisations et de leurs conséquences, d’autant plus que leurs prestations sont reconnues comme sérieuses et de bonne qualité. Attention toutefois à la faible ou insuffisante visibilité à l’extérieur du territoire, car le marché local paraît globalement insuffisant, même si la sphère économique « présentielle » domine. La dynamique économique territoriale, aidée par l’exploitation des barrages génératrice de retombées fiscales pour les collectivités concernées et par le soutien affirmé de l’exploitant (EDF) aux initiatives locales, se traduit par un nombre jugé significatif de créations d’entreprises. Toutefois, la transmission des savoir-faire, lié à l’âge avancé d’une grande part des chefs d’entreprises, commence à apparaitre comme une préoccupation de fond.

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233

La pérennité des entreprises : une préoccupation de fond

La pérennité des entreprises du territoire se retrouve ainsi au cœur des préoccupations des acteurs et partenaires : le soutien technique autant que financier paraît insuffisant surtout pour s’assurer de la reprise des entreprises existantes. Ce soutien doit aussi permettre d’assurer la pérennité des « jeunes » entreprises fragiles dans leurs premières années d’existence.

Enfin, le développement économique indispensable à la dynamique du territoire ne doit pas « surexploiter » les ressources du territoire : « attention au développement mal maîtrisé », aux risques de nuisances, de pollutions, de banalisation (paysages, eau, milieux naturels). Même si l’Aubrac dispose d’une faible population et d’espaces « disponibles » pour l’implantation d’activités, « elle ne doit pas se faire dans n’importe quelles conditions ». Il importe dans le cadre du projet de Parc de collaborer avec les entreprises du territoire et de les accompagner, notamment avec les partenaires techniques, vers une maîtrise des impacts et des rejets, préjudiciables à la pérennité des milieux naturels qui font la qualité du lieu d’exercice de ces mêmes activités économiques.

Bilan, perspectives

Quelques points de conclusion apportent une lecture transversale du territoire en matière d’entreprises et de dynamique économique. Tout d’abord, un relatif cloisonnement entre les différents secteurs d’activités caractérise la région : peu de réseaux intersectoriels ou de professionnels existent à l’échelle territoriale (sauf dans le domaine agricole) ; une première opportunité pour aller à dans ce sens : la valorisation du patrimoine alimentaire.

L’implantation des entreprises connaît des disparités territoriales : 10 communes détiennent 50 % des entreprises artisanales, la population, les services et les commerces se concentrent également sur quelques secteurs « favorisés ». Enfin, une faible intégration des nouvelles technologies (télétravail peu développé) est constatée et les nouvelles formes d’entreprises sont peu développées (peu d’entreprises d’insertion, relevant de l’économie sociale et solidaire, de groupements d’employeurs surtout présents dans le monde agricole, pas de coopérative d’activité et d’emploi).

Enfin, il faut adjoindre à ces éléments de fond, la difficile caractérisation du monde économique sur le territoire de projet, en partie due à l’origine différenciée des données (trois sources départementales, deux registres professionnels d’immatriculation des entreprises analysés). Les partenaires techniques s’accordent sur la nécessaire mise en place d’une coordination à l’avenir, pour l’observation, la connaissance et ensuite l’accompagnement des entreprises du territoire.

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E. Focus sur la filière bois (hors bois énergie)

NB : La filière bois englobe des entreprises relevant du Registre du Commerce et des Sociétés, et du Registre des Métiers. Les données ayant servi à la rédaction de cette partie étant issues de l’annuaire des entreprises de France (2013) tenu par les Chambres de Commerce et d’Industrie, il se peut que certaines structures ne relevant que du Registre des Métiers n’aient pas été prises en compte.

Carte 6 : Distribution géographique des entreprises de la filière bois de l’Aubrac.

Une filière bois bien représentée sur l’Aubrac

La filière bois ne peut habituellement pas être traitée à l’échelle d’un territoire comme l’Aubrac car les rayons d’approvisionnement et de diffusion des produits dépassent largement son étendue. Toutefois, sa position par rapport à l’implantation des grosses structures consommatrices de bois permet une autre approche, dès lors que l’on traite du périmètre élargi.

a. Des entreprises de 1ère transformation concentrées dans les secteurs bien desservis

L’implantation des entreprises de 1ère transformation du bois répond à une logique de facilité d’import de la matière première et d’export des produits bruts. Ainsi, la quinzaine d’entreprises de 1ère transformation se concentre le long de l’A75 et vient à constituer des « pôles » dans les communes de Saint-Chély-d’Apcher, Aumont-Aubrac, Marvejols… On retrouve d’autres plus petites structures dans la partie accessible de la vallée du Lot et à Chaudes-Aigues (voir Carte 12).

L’ensemble de ces entreprises totalise près de 225 emplois. Elles opèrent dans les domaines du sciage, du fraisage (Gaillard-Rondino, leader national) et déroulage (ESAT-SEVE, ligne de déroulage la plus récente de France). 7 de ces entreprises se sont aussi développées vers des activités aval :

- 2 vers l’emballage (dont c’est l’activité principale de l’ESAT de la Colagne qui compte 127 salariés dédiés au travail du bois),

- 2 vers l’équipement extérieur (tables, bancs… – dont Gaillard-Rondino, 38 salariés),

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235

- 3 vers des produits dérivés sans grande transformation (rabotage et parquet).

b. Des entreprises de seconde transformation bien distribuées sur le territoire

Sur le périmètre élargi, on comptabilise 36 entreprises de 2ème transformation du bois pour environ 250 emplois. Elles réalisent principalement des activités de menuiserie, d’ébénisterie, de construction bois, de fabrication de charpentes ou de meubles d’agencement…

Historiquement, l’Aveyron était un département phare de France dans le domaine du meuble en bois massif, une filière qui s’est effondrée suite à l’essor du meuble en kit. Aujourd’hui, la filière de 2nde transformation locale s’est réorientée vers la construction (menuiserie, charpente et construction bois). Il subsiste tout de même un réseau d’ébénistes dont les carnets de commande sont bien remplis.

L’implantation des entreprises de 2nde transformation ne répond pas à la même logique que celle retenue par la 1ère transformation. En effet, les entreprises locales sont peu tournées vers la grande distribution et occupent plutôt des marchés « sur mesure » (que ce soient les ébénistes ou les constructeurs de maisons en bois). Leur nécessaire proximité avec les clients explique sans doute la répartition relativement équilibrée de ces entreprises sur tout le territoire (voir carte 12).

Une filière assez peu orientée sur les bois de l’Aubrac

La reconversion de la filière bois locale du meuble à la construction bois a inversé les besoins de la filière. Aujourd’hui, l’essentiel de la demande en bois porte sur les résineux (pour la construction) qui constituent la principale ressource traitée par les scieries. Or, la plus grande partie de la forêt de l’Aubrac est feuillue. Ainsi, seule la partie est du territoire et les quelques peuplements résineux de l’ouest (futaies d’Épicéas, Sapins, plantations de Douglas ou de Pins noirs) sont encore valorisés localement. L’absence de structures super consommatrice de bois dans un rayon proche de l’Aubrac permet encore aux entreprises du territoire de s’approvisionner sur un marché local non soumis à de fortes contraintes. Toutefois, l’essor de l’utilisation du bois fragmenté pour l’énergie ou les besoins agricoles, en plus de la papeterie et du panneau de particules, commence à réorienter la destination de certains billons qui ne sont donc plus sciés. Les effets de l’implantation d’EON (centrale électrique au bois), à Gardanne, sera à suivre avec attention pour qu’elle ne modifie pas les fragiles équilibres actuels de la filière.

Bilan, perspectives

L’Aubrac est doté d’un maillage d’entreprises de première et de seconde transformation du bois encore bien présent. Aucune de ces entreprises n’entre dans la catégorie des « super consommatrices » de bois mais plusieurs d’entre elles sont leader national. Ainsi, le marché de l’approvisionnement local reste soumis à peu de tensions, surtout sur les bois feuillus.

Par ailleurs, la filière est actuellement en mutation pour tous les niveaux de transformation. D’une part, le débouché traditionnel aveyronnais – le meuble d’ébénisterie – est en perte de vitesse au profit du meuble en kit. Ceci induit une réorientation de ce secteur (sciage et seconde transformation feuillus) souvent vers la construction bois. D’autre part, la filière bois énergie se développe à grande vitesse. Elle a déjà tendance à absorber une partie des bois qui devraient être destinés au sciage et de très grosses structures sont en cours d’implantation à une distance plaçant l’Aubrac dans leur rayon d’approvisionnement.

Page 63: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

236

Atouts

- Situation géographique assez privilégiée : présence de l’autoroute - Ressources locales diversifiées et abondantes, différents « terroirs » - Dynamique économique : créations, entreprises pérennes, mixité et diversité du tissu

économique - Richesse et complémentarité des savoir-faire et des compétences - Produits et prestations de qualité, ancrage territorial fort des entreprises - Implication dans des démarches pour garantir l’origine des produits - Filière bois = maillage d’entreprises de première et seconde transformations important - Plusieurs entreprises leader dans leurs domaines (emballages, fraisage…) - Import/export de la matière première et des produits transformés, facilité (A75)

Faiblesses

- Territoire fragile, nécessaire vigilance pour préserver son « potentiel » - Territoire partiellement isolé et enclavé, aux contraintes climatiques fortes - Découpage territorial handicapant, manque de coordination entre partenaires - Démographie, environnement socio-humain peu favorables à l’économie - Difficultés à préserver les compétences et savoir-faire - Relatif cloisonnement entre les différents secteurs d’activités - Inégalités territoriales (implantation d’entreprises, de zones d’activités, de services) - Nouvelles technologies et nouvelles formes d’entreprises peu présentes - Filière bois fragile et en mutation ; faible approvisionnement sur l’Aubrac

Opportunités

- Identité forte, fédératrice et véhiculée par des ambassadeurs reconnus - Nombreux partenaires et des actions de valorisation potentielles - Initiatives en faveur du désenclavement numérique, du télétravail, de l’accueil de

nouvelles populations - Thématique de valorisation « transversale » : le patrimoine alimentaire - Soutien au développement de la filière bois prioritaire à l’échelle du Massif Central

Menaces

- Cession et reprise d’entreprises ressenties comme problématiques - Cloisonnement et enclavement numérique - Renouvellement démographique non assuré - Liens difficiles entre les jeunes et l’entreprise - Risques de nuisances, sensibilité paysagère de l’Aubrac / création de zones d’activités - Développement mal maîtrisé, risques de surfréquentation touristique - L’Aubrac dans le rayon d’approvisionnement (bois) de futures « superstructures »

En gras : éléments mis en exergue dans le « diagnostic citoyen »

Principaux enjeux identifiés Favoriser une économie locale, ouverte sur l'extérieur Maintenir et pérenniser un tissu d’entreprises de proximité en favorisant un équilibre territorial Favoriser l’appropriation des savoir-faire et des ressources locales par les jeunes générations Favoriser un développement économique durable et solidaire grâce à des entreprises innovantes et alternatives Promouvoir l'identité des produits et des prestations « Aubrac » Faciliter et accompagner la transmission des entreprises Soutenir les actions de préservation des savoir-faire locaux Favoriser les coopérations et les réseaux locaux pour maintenir les plus-values sur le territoire Favoriser l’exemplarité environnementale des entreprises

En gras : enjeux prioritaires retenus par les acteurs locaux

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237

A. L’activité agricole Ce diagnostic est issu du travail de Chambres d’Agriculture et de l’UPRA Aubrac, partenaires de l’Association d’Émergence pour la réalisation du diagnostic agricole.

Un territoire forgé par l’élevage

Les paysages de l’Aubrac ont été forgés par l’agropastoralisme et l’histoire récente du territoire est étroitement liée à celle de la race Aubrac. Décrire l’évolution du territoire par cette race bovine permet de saisir les points clés de son histoire récente et montre une analogie parfaite à la résistance au déclin que le relatif enclavement de l’Aubrac et ses handicaps naturels pouvaient – comme pour d’autres régions de montagne – laisser présager. L’histoire de cette race et de l’activité agricole est présentée plus en détail dans la partie sur les patrimoines et les savoir-faire.

Ce territoire rural a vécu et vit encore aujourd’hui largement de l’agriculture (emplois directs et indirects, filières agro-alimentaires…) qui reste une activité majeure au cœur de l’économie du territoire. De plus l’agriculture est l’une des rares thématiques pour lesquelles le découpage administratif en 3 départements n’est pas une limite : les signes officiels de qualité, les interprofessions… couvrent de manière similaire les 3 départements.

Figure 17 : Évolution de la population active par secteur d’activité (en %, de 1968 à 2008)

Portrait de l’agriculture du territoire

a. Chiffres clés sur l’évolution des exploitations de 1988 à 2010

Les données du Recensement Général Agricole réalisé tous les 10 ans permettent de montrer les tendances suivantes :

Si la SAU totale est restée stable, la surface des exploitations a fortement augmenté, avec des disparités entre exploitations, plus petites en vallée que sur le plateau (voir Tableau 31 et Carte 12) et une moyenne (76 ha) plus importante que la moyenne française (55 ha).

Au sein de la SAU, les Surfaces Toujours en Herbe (STH) prédominent largement malgré une légère baisse depuis 1988. La STH est même extrêmement élevée, supérieure à 95 % de la SAU sur le plateau central. La surface de ces prairies permanentes doit dorénavant être maintenue à l’échelle de l’exploitation pour maintenir les aides versées. Le reste des surfaces est labouré pour implanter des céréales ou renouveler des prairies temporaires.

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Années 1988 2000 2010 Évolution

de 1988 à 2010 Nombre

d’exploitations 3 278 2 380 2 017 Diminution - 38 %

SAU (ha) 151 130 158 197 153 955 (65 % de la surface du PNR)

Stable + 1,8 %

SAU (ha) par exploitation 46 66 76 Augmentation

+ 43 %

STH (ha) 130 738 (87 % SAU)

136 928 (87 % SAU)

128 190 % SAU)

Stable - 1,67 %

Surfaces labourées (ha)

20 392 (13 % SAU)

21 269 (13 % SAU)

25 765 (17 % SAU)

Augmentation + 26 %

Cheptel (UGBTA) 125 612 148 533 147 100 Augmentation + 13 %

UGB/exploitation 38,3 62,4 72,9 Augmentation + 90 %

Chargement (UGBTA/ha) 0,83 0,94 0,95 Augmentation

+ 14 % Unités de Travail

Agricole (UTA) 4 566 3 232 2 916 Diminution - 36 %

UTA/exploitation 1,39 1,48 1,45 Stable + 4 %

UGB/UTA 27,5 41,9 50,4 Augmentation + 83 %

SAU/UTA 33,1 44,8 52,8 Augmentation + 59 %

Tableau 22 : Chiffres clés sur les exploitations agricoles du territoire (RGA 1988, 2000, 2010)

Le cheptel a légèrement augmenté, tout comme le chargement à l’hectare mais celui-ci reste inférieur à 1 UGB/ha et largement inférieur au seuil de la PHAE (Prime Herbagère Agro Environnementale qui limite le chargement à 1,4 UGB/ha pour favoriser les pratiques extensives).

Carte 7 : SAU par exploitation et nombre d'exploitations par commune en 2010

La chute du nombre d’exploitations de 2000 à 2010 (-15 %) est moins

importante que la moyenne

Page 66: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

239

Le nombre d’unités de travail (UTA) recensées sur les exploitations est en forte diminution depuis 1988, en lien avec la diminution du nombre d’exploitation. Le nombre d’UTA par exploitation n’a que très légèrement augmenté, alors que le nombre d’UGB et la SAU par exploitation et par UTA ont plus que doublé. De moins en moins d’unités de travail sont présentes pour gérer de plus en plus de surfaces et de cheptel. Malgré de meilleures conditions d’exploitation (amélioration du matériel, modernisation…) cette charge est difficile à compenser par une meilleure organisation du travail ou une meilleure productivité. Peu de salariés permanents sont déclarés par les exploitations lors du RGA (hors salariés des groupements d’employeurs) et il devient de plus en plus difficile au chef d’exploitation de faire face à l’ensemble des tâches nécessaires au maintien ou au développement de sa structure.

Les GAEC représentent 9 % et les EARL 4 % (le solde étant les autres formes sociétaires SARL, SA…). Globalement, les formes sociétaires ont augmenté entre 1988 et 2010 : le nombre de GAEC a par exemple été multiplié par 10 durant cette période. En comparaison, au niveau national, le pourcentage d’exploitations individuelles est de 70 %, la part des GAEC est de 7 % et la part des EARL est de 15 %.

b. Une orientation technico-économique en majorité en bovin viande

La majorité des exploitations (72 %) a une production de bovins allaitants très largement orientée vers le maigre, et dépendante de la filière italienne. Pour autant, et même si les volumes commercialisés restent limités, la diversification vers des produits finis traduit une recherche de valeur ajoutée par les éleveurs, encore limitée du fait de la solidité relative de la filière « classique ». Ces aspects sur la valorisation des produits sont développés plus loin (voir la partie sur la valorisation des produits).

Les autres exploitations se répartissent ainsi :

Figure 28 : Orientation technico-économique des exploitations (RGA 2010)

La carte des OTEX (voir carte « L’orientation technique des exploitations agricoles ») illustre la répartition cantonale de ces orientations technico économiques. Les productions sont plus diversifiées sur les marges du périmètre, à proximité des vallées.

La majeure partie des structures agricoles (67 %) sont des exploitations

individuelles.

Page 67: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

240

Figure 29 : Répartition du cheptel en nombre de têtes (RGA 2010)

Les bovins sont largement dominants sur le territoire et la majeure partie des vaches allaitantes sont de race Aubrac (65 % du cheptel de mères sur le territoire selon le comptage ARSOE au 1er janvier 2010 – source ARSOE de Soual).

c. L’herbe, élément clé des élevages du territoire

La première caractéristique des exploitations d'élevage de l'Aubrac est la part des fourrages et de l'herbe dans l'assolement : la surface fourragère principale (SFP) représente plus de 90 % (Viadène, vallée du Lot) à 100 % de la SAU, et la STH représente de 65 à 100 % de la SAU (Carte « La surface toujours en herbe »). Cette propriété influence l'ensemble des systèmes de production et a forgé une partie de l'identité de l’Aubrac.

Pour faire face aux hivers longs et rigoureux, 40 à 60 % de la SAU des exploitations est dévolue aux stocks, dont 75 % sont constitués de foin avec des rendements de 3,5 à 4 tMS/ha. On remarque qu'il y a peu de deuxièmes coupes réalisées à cause de la courte fenêtre climatique favorable. Le séchage en grange peut apporter des améliorations sur ce point, mais est extrêmement coûteux.

L'enrubannage et l'ensilage sont beaucoup moins pratiqués, ils permettent de sécuriser les stocks avec une première coupe précoce et une éventuelle deuxième coupe pâturée ou fauchée.

Les céréales sont très peu cultivées (seulement en Viadène, Carladez, vallée du Lot et Margeride) à cause des contraintes pédoclimatiques. Les systèmes d'élevage ne sont donc autonomes, ni en concentrés (céréales, tourteaux…), ni en paille. Les élevages contournent en partie ce problème pour la litière avec des bâtiments sur caillebotis ou aire raclée, en achetant de la paille ou parfois en utilisant de la « litière-plaquette » en complément de la paille. Par ailleurs, des stratégies sont mises en place pour optimiser l'utilisation des surfaces en herbe, permettant aux exploitations d'être en majorité autonomes en fourrages.

La marge de manœuvre reste cependant faible, ce qui rend les exploitations fragiles en cas de sécheresse, par exemple. En ce qui concerne les concentrés (céréales, tourteaux, aliments complets du commerce, CMV...), les élevages sont très dépendants. Cette absence d'autonomie n’incite pas à l'engraissement des animaux car les exploitations sont assujetties aux cours fluctuants des céréales.

Enfin, s’ajoute à cela la présence du campagnol terrestre qui, en phase de pullulation, peut faire chuter les rendements des prairies de plus de 80 %. Il est fortement présent sur le territoire depuis quelques années. L'estive est pratiquée par bon nombre d’exploitations, elle permet de décharger des surfaces pour constituer des stocks et libère aussi du temps aux exploitants pour réaliser d'autres travaux (moissons, fauches, autres...). À noter que des animaux du territoire partent estiver hors périmètre et que des animaux de l’extérieur viennent sur l’Aubrac pour l’été, ces mouvements entrants/sortants ne pouvant être finement estimés à ce jour.

Page 68: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

241

d. Une population agricole encore importante

En 2010, les exploitants agricoles représentent 16 % de la population active sur le territoire, tandis que leur part au sein de la population active en France est inférieure à 4 %.

Le RGA 2010 recense les chiffres suivants pour les actifs agricoles :

Ensemble

Chefs d'exploitation

et co-exploitants

Conjoints non co-exploitants

actifs sur l'exploitation

Autres actifs familiaux

Salariés permanents hors famille

Périmètre d’étude 3547 2521 580 124 68

Tableau 32 : Les actifs agricoles du territoire (RGA 2010)

27 % des chefs d’exploitation et co-exploitants sont des femmes. Seulement 15,6 % des chefs d’exploitations ont moins de 40 ans en 2010, en 2000 ce chiffre était de 28 %. La population agricole a donc tendance à vieillir sur le territoire. À noter que dans la figure ci-dessous les données d’âge de seulement 1739 exploitants (et non 2521) ont pu être agrégées en raison du secret statistique sur certaines communes.

Figure 18 : Effectifs des classes d'âge des chefs d'exploitation

ou 1er exploitant sur le territoire (RGA 2010)

En 2010, 57 installations aidées ont été enregistrées sur le territoire du PNR Aubrac et 50 en 2011. Ces installations, même si elles sont stables en volume sur les dernières années, ne compensent pas les départs en retraite. Ceci se traduit par la diminution continue de la population active agricole, mais également, compte-tenu de la structure de la pyramide des âges, par un vieillissement de celle-ci. Concernant la succession des exploitants agricoles de plus de 55 ans, le graphique ci-après confirme qu’elle est rarement assurée.

Figure 31 : Successions des exploitations agricoles sur le territoire (RGA 2010)

0 500 1000 1500 2000

313 573 600 253

Moins de 40 ans De 40 à 49 ans De 50 à 59 ans 60 ans ou plus

0 500 1000 1500 2000 2500

1294 311 107 612

Sans objet (l'un au moins des coexploitants a moins de 50 ans)Succession assuréeExploitation sans repreneurNe sait pas

La grande majorité (70 %) des exploitants concernés par une question de succession n’ont pas de repreneur ou ne savent pas quel

Page 69: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

242

e. Le choix de la mutualisation de moyens

Le coût du matériel, les besoins d’organisation collective pour les chantiers et l’intérêt du travail en commun sont les raisons principales qui expliquent qu’un pourcentage significatif d’agriculteurs (estimé entre 60 et 80 % selon les communes en Aveyron et en Lozère, et plus proche de 35 % dans le Cantal111) est adhérent à une ou plusieurs CUMA. Sans distinguer les doubles adhésions, on compte sur le territoire 30 CUMA et 1174 adhérents sur la partie aveyronnaise, 7 CUMA et 500 adhérents en Lozère dont 290 pour une seule CUMA de Marvejols et 10 CUMA dans le Cantal.

D’autre part, afin de faciliter le travail, certains agriculteurs font partie d’un groupement d’employeurs. Il existe sur le territoire 20 groupements d’employeurs dont 15 en Aveyron (> 100 adhérents), 3 en Lozère (16 adhérents) et 2 dans le Cantal (8 adhérents). Certains agriculteurs font également appel au service de remplacement de chaque département.

f. Conclusion/chiffres clefs

La surface agricole globale se maintient et représente 65 % de la superficie totale du PNR. L’espace est donc bien occupé par l’agriculture d’autant que le cheptel se maintient également. Dans le même temps, la baisse du nombre d’actifs agricoles non compensée par les installations pose la question du maintien de cette dynamique d’occupation et d’entretien de l’espace, et plus largement du tissu rural, fortement dépendant de l’activité agricole.

Les surfaces sont utilisées essentiellement en herbe : la productivité des prairies (production fourragère et pâture) et l’autonomie alimentaire, tout comme les besoins en paille pour les stabulations sont des problématiques importantes.

Typologie des exploitations

a. Systèmes bovins viande

Les systèmes bovin viande représentent l’écrasante majorité des exploitations, notamment sur les zones hautes du plateau de l’Aubrac et de Margeride, où l’herbe représente 100 % de la SAU. En 15 ans on constate la quasi-disparition des plus petites structures, absorbées par les exploitations voisines. On peut schématiquement classer les exploitations bovins viande en 3 groupes :

Système % Caractéristiques Enjeu pour l’avenir

Moins de 40 vaches sur 35

à 75 ha en moyenne

environ 50 %

18 à 25 vaches allaitantes et 35 à 75 ha de SAU ; plus présentes en vallée (les

plus petites) et en Margeride. Certains exploitants sont âgés et pratiquent la

prise de pensions.

Peu d’installations sur les structures les plus petites car nécessité d’agrandir et de développer

l’activité pour s’installer à titre principal ou de combiner une autre sur l’exploitation

(agrotourisme par exemple) ou en dehors (salarié agricole). Le devenir de ces petites

structures est très incertain.

De 40 à 80 vaches sur 75 à 140 ha

environ 40 %

En moyenne 55 vaches allaitantes et 75 à 140 ha de SAU. Les chargements sont

parfois importants et elles ont souvent recours aux estives.

La consolidation de ces structures amène à considérer les problématiques de main-d’œuvre

(dont le remplacement à terme de la main-d’œuvre bénévole – familiale), d’autonomie

fourragère qui reste fragile.

Plus de 80 vaches sur

plus de 140 ha

environ 10 %

Entre 95 et 130 vaches allaitantes sur une SAU moyenne de 160 à 220 ha,

exploitations qui bénéficient d’investissement récents, sociétaires

pour la plupart ou qui font appel à de la main d’œuvre salariée.

Maintenir une bonne rentabilité de l’exploitation et d’assurer sa pérennité. Celle-ci doit se réfléchir sur l’organisation du travail et la

transmission d’un outil de travail qui représente un capital souvent important.

111 L’hétérogénéité des sources, l‘imprécision des définitions et la multiplicité des institutions qui enregistrent les données liées au salariat rendent les données collectées imprécises. Pour autant les ordres de grandeur donnent une idée correcte des volumes considérés.

Page 70: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

243

Les plus petites exploitations sont fragilisées et risquent de disparaitre au profit des exploitations plus importantes.

b. Systèmes bovins lait

Bien que très minoritaires (8 % des exploitations) l’image de l’Aubrac repose en partie sur ces élevages liés à l’histoire d’un territoire jadis largement orienté vers la production fromagère. La carte des orientations techniques des exploitations agricoles montre une plus forte proportion d’exploitations orientées en bovin lait ou mixte sur le pourtour du plateau (Carladez, Vallée du Lot, Margeride). 2 grands systèmes différents coexistent sur l’Aubrac :

Les systèmes laitiers du type « Jeune Montagne » :

Il s’agit d’exploitations familiales en société pour plus d’un tiers d’entre elles, les vaches traites sont exclusivement de race Simmental ou Aubrac. Pour les 80 exploitations adhérentes à la coopérative, les problématiques principales sont le maintien d’une bonne technicité des élevages pour assurer le respect du cahier des charges de l’AOC Fromage de Laguiole, la qualité sanitaire du lait, ainsi que la conservation de l’autonomie fourragère. Le cahier des charges définit une production en lien avec son territoire et son potentiel fourrager (voir partie « Les SIQO fromagères » pour le détail du cahier des charges de l’AOC). Pour compenser cette exigence, le lait est valorisé par une rémunération du producteur en cohérence avec les exigences de l’AOC bien supérieure au prix du lait de vache « standard » (en 2012, 518 €/1000 l contre 314 €/1000 l en moyenne pour du lait « standard »). Des systèmes bovin-lait « classiques » :

Ils représentent plus de la moitié des exploitations laitières sur le territoire avec : - De petites exploitations résiduelles (Carladez) ou des systèmes peu intensifs (Margeride). - Des systèmes de type « Ségala » à forte composante de céréales et ensilage de maïs (Carladez

et Vallée) avec des races spécialisées qui produisent entre 6500 et 7000 l/lactation. Ces exploitations produisent annuellement autour de 300 000 l de lait sur 65 ha. Elles sont familiales, en société pour plus d’un tiers d’entre elles et bien équipées avec des bâtiments neufs et une forte technicité. Dans ces structures, les élevages mixtes (associés à une autre production pour valoriser l’ensemble des parcelles) sont bien représentés. Dans un contexte de crise laitière et de politique de prix dépendante de la stratégie des grands groupes collecteurs, les conditions de maintien de ces exploitations sont à considérer en termes de sécurisation du débouché et du prix proposé par les organismes de collecte. La capacité d’autonomie fourragère, et plus généralement la maîtrise des coûts de production, est une problématique importante pour ces systèmes où les aides représentent une part relative moindre du revenu qu’en bovin-viande.

c. Les systèmes ovins/caprins

Relativement marginaux numériquement (un peu plus de 200 exploitations spécialisées recensées), ces systèmes n’en sont pas moins constitutifs de l’identité du territoire, autant par les productions emblématiques qu’elles proposent (Roquefort) que pour le rôle de ces élevages dans le maintien de l’ouverture des espaces. Leur répartition concerne essentiellement la périphérie du plateau et les vallées.

Au-delà des élevages ovins stricts, au moins une quarantaine d’élevages associent production ovine et bovine.

Page 71: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

244

Les troupeaux ovins laitiers constitués de 200 à 500 brebis se trouvent essentiellement en vallée du Lot et livrent pour Roquefort. On trouve de plus petites exploitations dans les pentes de la vallée, morcelées avec des prairies naturelles peu productives. Ces systèmes à l’avenir incertain représentent pourtant un réel enjeu pour le territoire tant en termes de maintien d’actifs que d’entretien paysager.

En ce qui concerne les systèmes ovin-viande, on trouve quelques exploitations sur le plateau, mais la majorité est plutôt localisée en Vallée et Margeride.

La vente des agneaux se fait en démarche de qualité (Label Rouge ou IGP). Beaucoup ont un troupeau « résiduel » (< 50 têtes), qui ne leur permet pas d’obtenir l’aide ovine. Pour autant, et selon certains techniciens accompagnant la filière, ces structures par les volumes qu’elles apportent, restent importantes pour les organisations de producteurs en ce qui concerne la sécurisation de l’approvisionnement de cette filière et leur maintien est donc d’une certaine importance.

Les autres productions (caprins, porcins, équins, maraichage, apiculture…) représentent un potentiel pour certaines exploitations ou parties du territoire, mais pèsent de façon limitée dans l’économie générale.

La viticulture est localement importante avec les AOC Estaing et Entraygues – Le Fel (voir ci-après la partie sur les AOC du territoire).

d. Bilan, perspectives

Les systèmes bovin viande sont très largement majoritaires sur le territoire, et lui donnent son caractère à travers la race Aubrac. L’élevage bovin lait est aujourd’hui plus marginal que dans le passé et concerne moins de deux cents élevages. Les éleveurs engagés dans la filière Jeune Montagne bénéficient de la sécurité de celle-ci, les filières « classiques » restent soumises à la conjoncture laitière générale.

Au-delà de la baisse continue du nombre d’actifs et d’exploitations d’élevage parallèle à la progression de la dimension de ces structures (surface, troupeau), d’autres évolutions sont marquantes. Les pratiques fourragères et les choix techniques d’élevage changent. En bovin viande, la recherche de la précocité concerne aussi bien les pratiques de constitution de stocks (enrubannage), que les dates des vêlages et l’âge à la vente des jeunes repoussés. La recherche de l’autonomie alimentaire amène certains éleveurs à produire leurs céréales.

Les installations se font de plus en plus sous forme sociétaire et se pose la question pour les plus grosses structures de leur transmissibilité, tant en terme de capital à engager que de quantité de travail et de son organisation.

Page 72: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

245

La race Aubrac, emblème du territoire

a. Des effectifs en augmentation

Le territoire de projet recense 1 400 exploitations détenant des vaches Aubrac avec un effectif moyen de 43 vaches pour un total de 60 188 mères. L’élevage Aubrac domine sur le territoire du projet de PNR et est quasi-exclusif sur certaines zones centrales. La race, bien qu’ayant un développement national, maintient une accroche très forte dans son berceau d’origine où elle concentre une part essentielle de ses effectifs, notamment en sélection.

Les principaux produits sont :

En FILIERE MAIGRE (≈ 75 % du revenu)

En FILIERE VIANDE

Broutards (6 à 15 mois), purs et croisés

Bourrets

(+ de 15 mois), purs et croisés

Génisses de boucherie, pures et croisées, hors SIQO ; Velles (veaux femelles) Génisses IGP « Fleur d’Aubrac » ; Vaches de réforme non finies (vaches

herbagères) ; Vaches de réforme finies hors démarcation ; Vaches de réforme finies en démarche d’entreprise ; Vaches de réforme finies Label Rouge

« Bœuf Fermier Aubrac »

À l’échelle nationale le nombre d’Aubrac est en constante augmentation depuis 1979, année de création de l’UNION AUBRAC, passant de 56 000 vaches à cette époque à plus de 170 000 en 2013. La zone d’extension progresse également et l’on trouve aujourd’hui des Aubrac dans la majorité des départements et dans de nombreux pays étrangers ou elle rencontre un succès grandissant grâce à ses qualités de vêlage et de rusticité.

Le croisement Charolais x Aubrac est pratiqué sur 34 % des mères du territoire, ce croisement permet de combiner les qualités de conformation du Charolais avec les facilités de vêlage de l’Aubrac. Le territoire recèle un savoir-faire important en termes de création de progrès génétique qui est ensuite vendu en France et à l’étranger sous forme de taureaux, génisses et paillettes d’insémination. Au niveau national, plus de 46 % des reproducteurs mâles Aubrac sont nés sur le territoire de projet (≈1 000 taureaux/an) et plus de 61 % des taureaux d’insémination (nés depuis 1990), la diffusion génétique de la race reste fortement ancrée au territoire.

b. Un site de sélection sur le territoire

Via la station d’évaluation de La Borie, propriété de l’UPRA Aubrac, le territoire dispose d’un outil d’évaluation des jeunes mâles Aubrac permettant de valoriser et diffuser la génétique Aubrac. Environ 125 taureaux sont évalués chaque année et la moitié des reproducteurs mâles du territoire national sont fils ou petits-fils de taureaux évalués à la station.

Des questions se posent actuellement quant au devenir de cet outil, dans un contexte financier très défavorable au niveau des accompagnements nationaux. Pour cette raison l’UPRA a engagé une réflexion globale sur le devenir de l’outil qui garderait sa finalité d’évaluation des animaux, enrichie d’autres fonctions au service de la race et du territoire = vitrine des actions de sélection engagées, outil support de séances de promotions organisées par les professionnels…

35 % des vaches Aubrac françaises sont élevées sur le

territoire du projet d PNR A b

Page 73: Projet de Parc Naturel Régional de l’Aubrac

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Données économiques sur les élevages

En première approche, la Production Brute Standard (PBS), qui permet de calculer un potentiel de production des exploitations (hors subvention) et de classer les exploitations suivant leur dimension économique et leur orientation de production, permet de comparer d’un point de vue économique la production des différentes exploitations françaises.

Sur le territoire, la PBS n’est pas très élevée. Elle s’établit en moyenne à 44 800 € par exploitation soit bien en-deçà de la moyenne française (101 200 €) alors même que la taille moyenne de ces exploitations est supérieure. Cet indicateur ne permet pas de différencier les types de production.

Les élevages autres qu’allaitants ne sont pas suffisamment nombreux pour réaliser des cas types permettant d’examiner leur résultat économique. En revanche, les cas-types Bovin Viande Aubrac issus du travail des Chambres d’Agriculture et de l’Institut de l’Élevage montrent que les revenus permis par ces systèmes, majoritaires sur le territoire, sont relativement modestes et sont sensibles à certains événements (sécheresse, prix des veaux, prix des engrais et des concentrés…) dont la probabilité d’occurrence est assez élevée sur le cycle de vie de l’exploitation. Malgré la recherche d’une meilleure valorisation des produits par des démarches de qualité et de vente directe du produit transformé sur un nombre croissant d’élevage, les éleveurs ne peuvent vivre uniquement de leur travail. Le niveau de leur revenu est donc intimement lié aux aides perçues. Par exemple, pour le cas type « Bovin Viande Aubrac naisseur alourdisseur 2011», l’ensemble des aides représente autour de 80 % du produit des ventes. Avec celles-ci, le revenu annuel disponible atteint 13 800 €/Unité de main d’œuvre.

La comparaison d’exploitations type entre 1988 et 2011 permet de montrer les éléments suivants :

- une intensification du système, tant sur l’exploitation du sol (augmentation de la surface fourragère des exploitations), que sur l’alimentation animale (5 fois plus de concentrés par UGB) et que sur la quantité de travail par UMO : nombre d’animaux (+ 38 %), quantité de viande produite (+ 80 %)…

- dans le même temps les charges ont aussi fortement augmenté : quantité d’intrants, concentrés, mécanisation (+ 50 % par UGB en euros constants) ;

- en euros constants, la valorisation du travail de l’éleveur a chuté : les prix unitaires de la viande sont largement plus faibles que 25 ans auparavant et surtout la valeur ajoutée qui s’en dégage montre un effondrement littéral de la valorisation du travail des éleveurs et un manque à gagner pour des exploitations fortement orientées vers cette production. Hors aides, on passe d’une valeur ajoutée de 120 €/T de viande produite à 10 € aujourd’hui (ou encore 6 € en euros constants, soit un rapport de 1 à 20).

Les aides, malgré leur forte revalorisation, ne compensent pas cette chute : le Revenu Agricole Disponible en euros constants passe de 16 000 €/UMO en 1988 à 12 000 € en 2011.

La question de la valorisation des produits est au centre de la stratégie d’intensification des élevages : la chute des prix et du revenu amènent les éleveurs à une intensification du travail et les évolutions sociologiques ont rendu la main d’œuvre bénévole moins disponible sur les exploitations, ce qui semble se traduire par un surcroît de travail sur les exploitations, à rebours de ce qui est observé dans beaucoup autres catégories socioprofessionnelles. Sur l’exploitation type (Bovin viande), malgré une stratégie de recherche de valeur ajoutée (vente des réformes dans la filière BFA), la valorisation obtenue ainsi que les aides ne permettent pas de maintenir le revenu à moyen terme à un niveau stable. Cela remet en question la réponse que peuvent apporter ces stratégies sur le moyen terme si la dégradation de la valorisation des produits ou la stagnation du volume d’aides devait se poursuivre et la question de la recherche de stratégies de valorisation alternatives se pose donc fortement.

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En complément se pose aussi la question de la réduction des coûts sur les exploitations. La stratégie d’intensification atteint ses limites : les charges en euros constants ont quasiment doublé par UGB (multiplication par 5 de la quantité de concentrés par UGB) et il n’est pas sûr que le gain marginal de production obtenu à ce coût est valorisé compte-tenu de l’effort réalisé. La recherche de l’autonomie alimentaire et l’allègement des charges de mécanisation, postes sur lesquels il existe des marges de progrès, est à recommander, à l’échelle de l’exploitation, en parallèle de la recherche de gain de valeur ajoutée sur les animaux. La refonte de la PAC apporte évidemment certains espoirs mais les effets positifs seront fonction des systèmes et variables d’une exploitation à l’autre.

Conclusion : Les exploitations bovin viande restent fragiles sur le territoire car elles sont très dépendantes des marchés extérieurs et de l’évolution des cours des broutards. Leur revenu moyen se situe structurellement parmi les plus bas du monde agricole et est fortement dépendant des aides de la PAC. L’essentiel de la production n’étant pas valorisé sur le territoire, il est difficile de générer localement de la valeur ajoutée.

La dépendance aux aides est prégnante et doit être prise en compte dans tout projet d’accompagnement des élevages du territoire ; la recherche de gain de valeur ajoutée et de réduction des coûts est également l’une des pistes à privilégier pour maintenir l’activité agricole sur l’Aubrac. De la rentabilité économique des exploitations dépend l’avenir de l’agriculture du territoire et en conséquent le maintien de la qualité de ses produits et de ses paysages, éléments clés de sa notoriété de son attractivité touristique.

La valorisation des produits

a. Une filière bovin viande majoritairement dirigée vers l’export

Les productions de viande bovine peuvent se regrouper de manière très schématique en 3 types :

- des animaux maigres pour près de 80 % de la production (les conditions pédoclimatiques de la zone ne permettant pas d’engraisser facilement le bétail) destinés à l’export, vers l’Italie principalement. La majorité des veaux (78 %) sont vendus en broutards (7 à 15 mois). La commercialisation se fait via des organisations de producteurs ;

- des animaux reproducteurs ; - des animaux « finis » de boucherie qui représentent de 15 % à 20 % des volumes produits, et

sur lesquels se sont développés des signes de qualité. Les animaux sont abattus et consommés localement ou dans d’autres bassins de consommation (région parisienne et Hérault).

Pour la production d’animaux de boucherie (engraissés sur le territoire), plusieurs abattoirs de petite et moyenne dimensions sont présents sur la zone d’étude (Ste Geneviève sur Argence, Antrenas) ou à proximité.

Il existe toutefois peu d’ateliers de transformation. Ces derniers sont saturés et les agriculteurs souhaitant abattre et transformer eux-mêmes certains de leurs animaux doivent faire face à des délais importants. Il s’agit d’un frein important au développement des circuits de commercialisation alternatifs ainsi qu’à la valorisation des animaux sur le territoire.

b. Des circuits de vente majoritairement en filières longues

La vente en circuit court sur le périmètre d’étude est peu développée et peu structurée dans l’ensemble. Moins de 200 exploitations ont déclaré réaliser tout ou partie de la vente de leur

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production en circuits courts (RGA 2010). Ceci s’explique en partie par l’orientation très marquée des exploitations en production bovin viande, production pour laquelle la transformation et la commercialisation sont plus contraignantes et moins intéressantes en termes de création de valeur ajoutée. Toutefois, on peut supposer que dans la réalité le chiffre des exploitations commercialisant en vente directe est plus élevé car il semble assez courant pour certains éleveurs de vendre directement et occasionnellement quelques bêtes sous forme de colis de viande.

Le mode de commercialisation majoritaire des exploitations vendant en circuits courts est la vente directe aux commerces de détail (plus de la moitié des exploitations y a recours). Arrivent ensuite la vente à la ferme puis la vente sur les marchés.

c. Des signes officiels de qualité bien présents

Sur les 2017 exploitations du territoire, 568 produisent sous signe officiel de qualité (Label Rouge, AOP, IGP, AB). La proportion est largement supérieure à la moyenne française (14 %) mais inférieur aux moyennes des départements de rattachement de l’Aubrac. Les exploitations en bovin viande et bovin lait sont les plus représentées.

Les SIQO liés à la race Aubrac Les signes d’indication de la qualité et de l’origine (SIQO) en viande bovine sur le territoire sont étroitement liés à la race Aubrac et s’appuient sur sa notoriété.

Label Rouge Bœuf Fermier Aubrac Rappel : Le Label Rouge désigne des produits qui, par leurs conditions de production ou de fabrication, ont un niveau de qualité supérieur par rapport aux autres produits similaires.

Le cahier des charges « Bœuf Fermier Aubrac » exige des animaux de race Aubrac et une transhumance à plus de 800 mètres d’altitude pendant au moins 4 mois par an. La zone de production est ainsi essentiellement circonscrite dans le Sud Massif central autour du berceau historique de la race Aubrac. Plus de la moitié des exploitations du territoire sous SIQO produisent en Label Rouge Bœuf Fermier d’Aubrac (299 en 2012). Ces exploitations représentent 59 % des producteurs de Label Rouge BFA au niveau national. Le nombre de producteurs a fortement augmenté au cours des années 2000 même si on assiste à un léger fléchissement aujourd’hui. En 2012, 1795 animaux ont été labellisés. La viande est commercialisée essentiellement localement, dans le Sud-Est (Hérault) et la région parisienne.

Le Label Rouge BFA se heurte dans son développement à un problème d’offre alors que la demande est en constante augmentation. Plusieurs raisons expliquent cette faiblesse de l’offre : la zone n’est pas adaptée à l’engraissement des animaux et peu d’éleveurs le pratiquent ; la majorité des éleveurs sous ce label produit en moyenne moins de 5 animaux par an ; la demande forte et les cours élevés pour les animaux maigres n’incitent pas les exploitants à garder des animaux pour les engraisser.

Indication Géographique Protégée (IGP) Fleur d’Aubrac

Rappel : L’IGP désigne un produit dont les caractéristiques sont liées au lieu géographique dans lequel se déroule au moins sa production ou sa transformation selon des conditions bien déterminées. L’IGP Fleur d’Aubrac est le 2nd signe de qualité le plus répandu sur le territoire. La génisse Fleur d’Aubrac est issue d’un croisement entre une mère de race Aubrac et un père de race charolaise. Elle doit être née sur la zone de l’IGP, y être élevée puis y être abattue entre ses 24 et 42ème mois. La zone de l’IGP comprend 313 communes dont l’intégralité du périmètre d’étude du Parc naturel régional de l’Aubrac.

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On dénombre au total 202 éleveurs naisseurs-engraisseurs sous IGP Fleur d’Aubrac sur l’ensemble de la zone et 175 naisseurs stricts. Même si le nombre de producteurs a légèrement diminué ces dernières années, on assiste à une augmentation du volume moyen de génisses produites par éleveur ce qui entraîne une progression globale des volumes abattus. Depuis la création de la marque, le nombre de génisses produites a plus que triplé pour atteindre 1 563 animaux en 2012. La commercialisation s’effectue principalement dans l’Hérault via des boucheries traditionnelles et dans quelques supermarchés et restaurants. Tout comme le Label Rouge BFA, malgré un potentiel de développement et de débouchés réels, le développement de l’IGP est freiné par le manque d’offre et d’éleveurs engraisseurs sur le territoire.

Nombre d’animaux France Projet PNR Part du territoire dans le cheptel national

Label rouge BFA 1845 1015 55 % IGP Fleur d'Aubrac 1535 1105 72 %

TOTAL 3380 2129 63 % Tableau 33 : Production de BFA et Fleur d'Aubrac (nombre d’animaux) en 2012

Les SIQO fromagères Un éleveur laitier sur 3 produit sous AOP « Laguiole ». La production de ce fromage a connu son apogée à la fin du 19ème siècle pour décliner au cours de la première moitié du 20ème. Ce fromage de vache à pâte pressée non cuite au lait cru et entier a obtenu l’AOC en 1961 à l’initiative de la coopérative Jeune Montage dont l’objectif était d’enrayer le déclin de la production laitière sur la zone. Aujourd’hui, la zone d’appellation compte 71 communes dont 70 sont dans le périmètre d’étude du projet de PNR112 (Carte « Les signes d’identification de la qualité et de l’origine ») et 78 éleveurs sont recensés dont 3 producteurs fermiers. Une procédure d’extension de l’aire géographique est en cours aujourd’hui pour accueillir de nouveaux producteurs (communes du sud-est de l’Aubrac lozérien et secteur du canton de Saint Chély d’Apcher).

Le cahier des charges définit une production en lien avec son territoire et son potentiel fourrager. Elle impose les races laitières utilisées (Simmental et Aubrac), une limite de 6 000 l/lactation/vache et une alimentation stricte : interdiction de l’ensilage et de l’enrubannage entre autre. Ces exigences incitent la coopérative à rémunérer le lait aux producteurs à un prix supérieur au standard. Pour les exploitations adhérentes, les problématiques principales sont le maintien d’une bonne technicité des élevages pour assurer une qualité sanitaire du lait, ainsi que la conservation de l’autonomie fourragère. Pour la coopérative, la sécurisation du volume de lait produit reste très importante, d'où des actions d'anticipation pour maintenir ou inverser la pyramide des âges des producteurs et conserver une juste rémunération du travail.

En 2011, la production s’est élevée à 14,5 millions de litres de lait pour un quota détenu par l’ensemble des adhérents à la coopérative de 17,4 millions de litres. Le volume de lait produit est en constante augmentation ces dernières années. 750 tonnes de Laguiole sont fabriquées chaque année et la majorité est vendue en grandes et moyennes surfaces (70 % de la production). Le reste est commercialisé en vente directe à la coopérative ou par des grossistes. Le lait est également transformé en tome fraiche qui entre dans la fabrication de l’aligot.

112 La 71ème commune de l’appellation - Saint Laurent d’Olt - se situe dans la frange nord du Parc Naturel Régional des Grands Causses.

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D’autres SIQO en production fromagère existent également sur cette zone :

- AOP « Cantal » : 15 communes du périmètre sont incluses dans la zone de cet AOP (les 12 communes cantaliennes, Lacalm, Ste Geneviève sur Argence et Cantoin) mais aucune exploitation ne produit sous ce SIQO. 28 exploitations produisent par contre sous ce SIQO l’équivalent de 4,7 millions de litres de lait dans le Carladez (périmètre élargi).

- AOP « Bleu d’Auvergne » : le zonage est en redéfinition, un certain nombre de communes du périmètre va en être exclu. La production est minime sur cette zone.

- AOP « Roquefort » : 19 communes du sud du territoire. - AOP « Bleu des Causses » : le zonage est en cours de redéfinition. Au final peu de communes

du périmètre devraient rester dans la zone de l’appellation.

Les AOC viticoles 2 vignobles sont situés dans le périmètre d’étude du PNR Aubrac, dans la vallée du Lot : l’AOC « Estaing » et l’AOC « Entraygues – Le Fel » (Carte « Les signes d’identification de la qualité et de l’origine »). Cette zone bénéficie d’un climat plus propice à la culture de la vigne (culture en terrasses), le relief de la vallée protégeant les vignes contre les grands froids. Ces vins sont constitués majoritairement de Gamay, Cabernet Franc et Fer Servadou (appelé également Mansois, cépage typique des vignobles aveyronnais) pour les vins rouges et de Chenin et Mauzac pour les vins blancs. Plus de 80 % des ventes se font localement dans le Nord Aveyron et le Cantal, en majorité en circuits courts avec vente directe chez les viticulteurs. De 10 à 15 % de la production est vendue en région parisienne via le réseau aveyronnais des « Cafés de Paris ». Une production de vin de pays se maintient également en dehors de ces 2 zones en AOC. La culture de la vigne après avoir décliné au cours du XXème siècle a connu un nouvel essor au début des années 2000.

L’appellation AOC Estaing. On dénombre 11 viticulteurs qui exploitent 17 ha sur 3 communes (Coubisou, Estaing et Sébrazac) et 2 unités de vinification, la coopérative d’Estaing et le GAEC des Camps. La production moyenne s’établit à 500 hectolitres par an environ. Un projet est en cours pour augmenter la surface en production.

L’AOC Entraygues – Le Fel regroupe 5 viticulteurs sur 19 ha situés dans 8 communes (dont 3 dans le périmètre d’étude : Entraygues, Campouriez, Florentin la Capelle). La production moyenne s’élève à 700 hectolitres par an. Les 2 vignobles sont positionnés sur un marché de niche qui leur permet d’écouler leur production facilement. Concernant le vignoble d’Estaing, un problème de renouvellement des producteurs se pose. Ces derniers sont relativement âgés et les successions ne sont pas assurées. Le vignoble d’Entraygues, en développement, ne rencontre pas les mêmes problématiques.

Les autres labels La production ovine est couverte par plusieurs labels : IGP « Agneaux de Lozère – Elovel », IGP « Agneaux de l’Aveyron » et Label Rouge « Agneaux Fermiers des Pays d’Oc » et « Lou Paillol ». Contrairement à la production bovine et aux labels liés à la race Aubrac, les SIQO en production ovine ne sont pas associés à l’image de l’Aubrac. Ils s’appuient sur des logiques départementales voire régionales pour les labels rouges « Agneaux Fermiers des pays d’oc » et « Lou Paillol ».

À titre plus anecdotique, tout ou partie du territoire appartient également à plusieurs zones d’autres SIQO en viande : « Veaux d’Aveyron et du Ségala », IGP « Jambon de Bayonne », IGP « Canard à Foie

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Gras », IGP « Volaille d’Auvergne », « Volailles du Languedoc », « Porcs d’Auvergne », « Veaux du Limousin », Label Rouge « Blason Prestige ».

La production en AB encore peu développée Le territoire d’étude du PNR Aubrac compte 34 exploitations engagées en AB. Elles représentent donc moins de 2 % des exploitations totales de la zone. Ce chiffre est relativement faible comparé au nombre d’exploitations engagées en AB113 en France (4,7 %), en Aveyron (5,2 %) et surtout en Lozère (7 %). Il se rapproche de celui du Cantal (2,4 % d’exploitations en AB). Le faible pourcentage d’exploitations engagées en AB s’explique par l’orientation majoritaire des exploitations en bovin viande produisant des broutards. Cette production est en effet peu propice à une valorisation sous certification bio par le biais de filières longues. L’autonomie alimentaire (fourrages et céréales) est une priorité pour les exploitations engagées en AB compte tenu du coût des intrants mais les contraintes naturelles de ce territoire limitent les possibilités de cultures céréalières et par conséquent les possibilités de passage en AB.

Bien qu’en proportion, le nombre d’exploitations en AB soit plus faible qu’à l’échelle nationale, la dynamique de développement sur le territoire du projet de PNR a suivi les tendances nationales. 2 phases de développement de la production biologique sur le territoire sont clairement visibles : début des années 2000 et ces 4 dernières années. Cette évolution suit la tendance nationale de consommation des produits bio.

La majorité des broutards produits en AB, part à l’export dans les circuits conventionnels par manque de filières de valorisation pour ces « produits ». Le marché est surtout demandeur d’animaux finis mais le surcoût des aliments AB nécessaires à l’engraissement n’est pas compensé par la plus-value générée par la vente de ces animaux finis. Pour diminuer les coûts d’engraissement à la saison de pâturage, il serait intéressant de travailler sur « l’engraissement à l’herbe » en valorisant au maximum cette ressource pâturée et pour la période en bâtiment, en améliorant la qualité des fourrages récoltés.

Une nouvelle filière pour la valorisation des jeunes bovins bio va être mise en place dans le Languedoc-Roussillon : "Tendre d'Oc". Cette filière a pour objectif de mieux structurer la filière viande bio pour que l’ensemble des opérateurs de la zone puisse répondre en complémentarité aux demandes des marchés.

d. De nombreuses autres filières territorialisées

En plus des productions sous SIQO « officiels », d’autres produits à forte notoriété (aligot) ou plus confidentiels complètent la gamme produits identitaires de l’Aubrac.

- Bien que l’aligot de l’Aubrac ne dispose pas d’une appellation d’origine114, il s’agit d’un produit emblématique et patrimonial de cette zone. Son origine remonterait au Moyen-Âge, où les moines présents du plateau offraient aux pèlerins faisant route vers Saint Jacques de Compostelle une soupe de pain et de tome fraîche. Depuis cette époque, la pomme de terre a remplacé le pain. Aujourd’hui, 2 coopératives principales le fabriquent sur le territoire et à proximité : Jeune Montagne à Laguiole qui en produit environ 1 200 tonnes/an et la coopérative de Thérondels (commune associée). La production d’aligot contribue à la meilleure valorisation du lait produit sur le territoire.

113 Chiffres calculés à partir des données de l’Agence Bio 114 Une demande d’IGP est en cours depuis 2002 pour la reconnaissance de l’appellation Aligot de l’Aubrac mais rencontre des difficultés car l’aligot est un produit transformé qui n’entre pas automatiquement dans le champ des produits susceptibles de bénéficier de ce label. De plus, les pommes de terre entrant dans sa fabrication ne sont pas issues du territoire.

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- La broutarde « L’Estivelle » suit un cahier des charges précis défini par une association de producteurs et qui spécifie les conditions d’élevage et d’abattage des animaux ainsi que la méthode pour la transformation de la viande. Pour bénéficier de cette marque, les animaux doivent être des femelles de race Aubrac nées sur l’exploitation, non engraissées, élevées uniquement au lait de la mère et à l’herbe broutée. Les animaux sont abattus entre 7 à 9 mois, avant leur sevrage. La commercialisation des animaux s’effectue sous la marque collective « L’Estivelle », en circuit court, avec vente directe auprès d’une vingtaine de restaurateurs locaux.

- Des ressources issues de la cueillette participent également à la diversification du revenu des exploitants et font partie intégrante des « biens patrimoniaux » de la zone (elles sont détaillées dans la partie « ressources ») :

o Le Thé d’Aubrac ou Calament à grandes fleurs (Calamintha grandiflora) ; o La Gentiane jaune (Gentiana lutea) ; o Les Narcisses des poètes (Narcissus Poeticus) et les Jonquilles (Narcissus

Pseudonarcissus).

e. Des marques « départementales »

L’association « de Lozère » a été créée en 1996 en partenariat avec le Conseil départemental de la Lozère et les 3 chambres consulaires. Cette marque collective concerne les produits élaborés dans le département à partir de matières premières dont le cycle est couvert en intégralité sur le territoire et qui valorise un savoir-faire traditionnel (viande bovine, ovine, porcine, volailles, produits laitiers, miel...). 55 à 60 exploitations agricoles de la zone d’étude produisent sous cette marque. La marque « Fabriqué en Aveyron » a été créée à l’initiative du Conseil départemental en partenariat avec les chambres consulaires. Cette signature peut être attribuée à tout produit emblématique transformé sur le territoire de l’Aveyron (y compris agroalimentaire). 10 entreprises agroalimentaires en bénéficient sur le territoire de projet.

f. La diversification peu pratiquée

6,4 % des exploitations (129 exploitations) situées dans le périmètre d’étude ont déclaré avoir une activité de diversification lors du recensement général agricole de 2010. Une fois encore ce chiffre apparaît singulièrement faible eu égard à la moyenne française (12 % des exploitations).

Ce chiffre est très certainement sous-évalué. En effet, les activités assez éloignées de l’activité agricole principale comme l’agro-tourisme ou la production d’énergie sont le plus souvent considérées par les exploitants comme une double activité plutôt que comme une diversification. Toutefois, ces résultats sont la traduction d’une réalité de l’agriculture de l’Aubrac, à savoir que les exploitations sont restées ancrées dans des schémas traditionnels de production (bovin viande) et sont dans l’ensemble peu diversifiées.

La diversification constitue un complément de revenu non négligeable : pour plus de 20 % des exploitations concernées, cette activité génère plus de 50 % de leur chiffre d’affaires. L’hébergement arrive en tête des activités de diversification, suivi de l’activité de transformation du lait puis de la viande. Les activités de loisirs et de restauration sont, elles, peu développées.

Si l’on se concentre sur l’agrotourisme (hébergement, restauration, activités de loisirs) 60 exploitations ont déclaré cette activité. Ces chiffres sont largement sous-estimés car cette activité est le plus souvent

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exercée à titre privé, indépendamment de l’entité juridique de l’exploitation. Toutefois, plusieurs freins expliquent le développement limité de l’agrotourisme dans cette zone, parmi lesquels :

- l’investissement important tant matériel qu’humain que nécessite la mise en place d’une activité agrotouristique sur l’Aubrac où la saison peut être courte ;

- un manque d’intérêt manifesté par les agriculteurs pour ces activités souligné dans plusieurs études précédemment menées sur le sujet.

Ces données semblent mettre en lumière un paradoxe du territoire : si l’activité agricole y semble peu diversifiée, elle n’en est pas moins le support d’une véritable promotion de la zone. Le dynamisme des éleveurs transparaît à travers les manifestations organisées sur l’Aubrac et directement liées à l’agriculture dont les fêtes de la transhumance sont une illustration parmi d’autres. L’agrotourisme ou tourisme à la ferme pourraient donc représenter une activité de diversification de choix pour les exploitants agricoles étant donné la forte image patrimoniale du territoire.

g. Bilan, perspectives

Le développement de filières locales jouant sur la notoriété de la viande Aubrac constitue une des réponses pour pallier à la dépendance aux marchés extérieurs et aux aides, en permettant de valoriser les animaux sur place tout en sécurisant le revenu des exploitants. Un des freins majeurs à ce développement reste les conditions pédoclimatiques du territoire, l’éloignement des zones céréalières qui rendent difficiles la finition des animaux (surcoût) et l’éloignement des principaux centres de consommation. De plus, la variation des cours des broutards (notamment à la hausse) n’incite pas les exploitants à engraisser car la plus-value générée par la vente d’animaux finis n’est pas suffisamment incitative. En conséquence les deux SIQO en viande bovine souffrent d’un manque de volume disponible.

La diversification est une autre possibilité de produire de la valeur ajoutée sur les exploitations, celles-ci pouvant bénéficier de la notoriété du territoire pour développer des activités agrotouristiques. Elle reste faible à ce jour et constitue un réel potentiel de développement.

Le foncier : une problématique majeure pour l’avenir

Une concurrence importante sur le foncier agricole est observée sur l'ensemble du territoire. L’Aubrac, jadis délaissé, a laissé place à un Aubrac « surestimé ». La pression qui en résulte, si elle est gage de dynamisme dans l'usage des surfaces agricoles, l'entretien du paysage et le maintien d'un espace ouvert, présente malgré tout des contraintes importantes par son impact négatif sur les économies des exploitations, l’installation des jeunes voire à terme sur la dynamique paysagère.

a. Des outils d’aide à la régulation

Afin de maintenir une destination productive au foncier agricole, mais également pour assurer un équilibre dans l'équité des répartitions et dans l'aménagement du territoire, tant la profession que les pouvoirs publics ont mis en place des outils institutionnels de longue date (Safer, Schéma des structures, Commission Départementale d'Orientation Agricole) ou plus récemment (Commission Départementale de Consommation des Espaces Agricole). Ces instances ont des missions d'orientation voire d’attribution, y compris avec possibilité de préemption. L'existence de Programmes d'appui aux échanges fonciers restructurant (Chambre d’Agriculture – SAFALT – Conseil

Figure 19 : Zone en déprise

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départemental de l'Aveyron) œuvre aussi à l'amélioration de la productivité foncière. Enfin, les organisations professionnelles pilotent également des outils qui facilitent les installations et la mise en relation des cédants et repreneurs (Répertoire Départ Installation – Point Info Installation).

b. Des effets négatifs de la pression foncière

La pression foncière actuelle conforte la déconnexion des prix de vente et de location proposés du potentiel productif réel des terres. De fait, la transparence des transactions est fortement limitée par la faiblesse des volumes : beaucoup d’agriculteurs en âge de retraite ne cessent pas et ne cèdent pas (retraites agricoles faibles, succession inexistante ou incertaine, démarche patrimoniale...) ce qui retarde ou empêche la mobilité et la libération du foncier. La rareté maintient un niveau de prix élevé.

Ce phénomène inquiétant est renforcé par la précarisation des contrats de location, notamment si le foncier est conservé après arrêt de l'activité par l’ancien exploitant ou par ses héritiers. On observe ainsi une utilisation importante et croissante des conventions pluriannuelles de pâturage ou d’exploitation ou autres contrats de courte durée, qui sont un obstacle à l’installation et aux investissements de long terme. Cette dynamique foncière est un des facteurs expliquant le ralentissement des installations. Pour les systèmes majoritaires, consommateurs de fonciers, celles-ci se font uniquement dans le cadre familial, avec recherche de foncier supplémentaire et essentiellement en bovin viande. On observe très peu de GAEC avec des tiers hors-cadre familiaux, une augmentation du phénomène des « installations » non aidées et des installations en pluriactivité avec prise de pensions ou vente d'herbe. Dans le même temps, ce mouvement est un frein à la restructuration et à l’agrandissement des plus petites structures ou des structures les plus fragiles. On observe un quasi équilibre entre les modes de faire-valoir, dans la mesure où environ la moitié de la SAU est exploitée par le propriétaire des parcelles et l’autre moitié est exploitée en fermage. La « course » à l'agrandissement est une caractéristique qui dépasse largement le territoire et qui prend aussi sa source dans les contraintes de valorisation de la production. Cela dit, une dynamique endogène patrimoniale ne peut être écartée, au profit de ceux qui peuvent s'y lancer, mais au détriment de l'entretien réel des parcelles les plus difficiles à travailler (pentes, éloignement, mode de gestion...). Dans ce contexte, certaines surfaces agricoles, initialement en prairie, évoluent vers l’embroussaillement, perdant alors leur intérêt pastoral, mais aussi paysager et contraire à la biodiversité qui caractérise les espaces ouverts. Afin de retrouver les conditions d’un bon entretien de ces espaces, il est nécessaire d’agir pour réhabiliter leur potentiel pastoral et pour améliorer les pratiques de gestion. Il faut aussi mentionner les répercussions de cette survalorisation foncière sur les estimations pour les arrangements de famille, les successions, … ; ce qui rend les structures difficilement transmissibles et accentue le phénomène mentionné précédemment.

La sanctuarisation des primes à la surface à un haut niveau dans la nouvelle PAC, si elle est positive dans le fait qu'elle permet le maintien d'un niveau d'aide susceptible de consolider les revenus, risque de renforcer la poursuite de la course à la hausse des prix du foncier avec les conséquences déjà décrites (voir ci-après, partie liée à la PAC).

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c. Le cas particulier des biens communaux et sectionaux

L’utilisation des communaux ou sectionaux est également une problématique importante. L’utilisation des biens de sections est parfois sujette à de vives tensions avec une gestion pas toujours bien définie et des conflits d’usages sur certaines communes. Ils représentent une surface assez importante sur le territoire (134 km² biens agricoles et forestiers confondus, voir carte 13).

Ces biens sont la propriété collective des habitants d’une section cadastrale d’une commune et doivent être gérés par une commission syndicale ou, en cas d’inexistence de celle-ci, par le conseil municipal.

La loi de mai 2013 introduit la notion de « section vivante ». Si une section n’est plus vivante (plus de membres ou plus en mesure de payer l’impôt foncier sur 3 années consécutives), les biens de la section peuvent alors être transférés au patrimoine communal.

Les terres à vocation agricole ou pastorale propriétés de la section sont attribuées par bail rural, par convention pluriannuelle de pâturage ou par convention de mise à disposition d'une société d'aménagement foncier et d'établissement rural au profit des exploitants agricoles ayant un domicile réel et fixe, ainsi que le siège d'exploitation sur la section. L'ensemble de ces dispositions, qui concerne les usages agricoles et pastoraux des biens de section, ne fait pas obstacle au maintien, pour les ayants droit non agriculteurs, des droits et usages traditionnels tels que l'affouage, la cueillette, la chasse notamment, dans le respect de la multifonctionnalité de l'espace rural.

d. Bilan, perspectives

La rétention, la précarisation et l’inflation des prix du foncier agricole sont sources d’inégalités qui ont pour effet de consolider les structures existantes, aux dépends parfois de leur transmissibilité. Cette consolidation se fait également au détriment d'un travail homogène des surfaces, avec un risque d'enfrichement des parcelles les moins productives et de fermeture de portions de paysages. Apporter des réponses à cette problématique permettrait de redynamiser les installations tout en reonforçant les exploitations existantes dans le cadre d’un agrandissement économiquement justifié.

Carte 13 : Localisation des sectionaux

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Les perspectives pour l’agriculture du territoire au regard de la nouvelle PAC

Attention, les informations communiquées ci-après sont celles connues à la fin de l’année 2014.

a. 1er pilier de la PAC

Fin 2014, les Droits à Paiement Unique (DPU) actuels ont été supprimés. En 2015, de nouveaux « droits à paiement de base » (DPB) ont été créés et ils entament une convergence vers le montant moyen national par hectare. Les montants de ces paiements directs, liés aux surfaces de l’exploitation, vont se rapprocher progressivement de la moyenne nationale gommant en partie les différences entre exploitations. En outre, la France a décidé d’introduire un paiement « redistributif » : il va avoir pour effet de majorer les aides découplées versées sur les 52 premiers hectares de surface.

Les surfaces comme les landes et parcours ou les sous-bois où l’herbe n’est pas prédominante mais qui sont traditionnellement pâturés seront bien considérés comme des «prairies permanentes» et donc admissibles aux DPB. Néanmoins, à partir de 2015, certains éléments peu productifs actuellement admissibles devront être écartés en application de la réglementation communautaire.

Un « Paiement Vert » pour les pratiques agricoles bénéfiques pour le climat et l'environnement représentera 30 % des crédits du premier pilier. En France, il sera chaque année proportionnel au DPB de l’exploitation qui devra observer 3 pratiques agricoles pour l’obtenir (les exploitations en agriculture biologique recevront automatiquement le paiement additionnel) :

- diversité des cultures : les exploitations ayant plus de 30 ha de terres labourables devront avoir plus de 3 cultures différentes, avec moins de 75 % en une seule culture. Les exploitations ayant entre 10 et 30 ha de terres labourables devront avoir au moins 2 cultures.

- maintien des prairies permanentes : si le ratio PP/surface agricole diminue de plus de 5 % par rapport au ratio 2012, au niveau national, les agriculteurs qui ont retourné plus de 5 % de leurs pâturages auront pour obligation d’en réimplanter.

- 3,5 % de surfaces d’intérêt écologique : si la surface labourable est supérieure à 15 ha avec moins de 75 % de prairies permanentes, les agriculteurs devront consacrer en 2015 au moins 5 % de leur surface labourable à des haies, bordures des champs, arbres, terres en jachère, particularités topographiques, bandes tampons...

Sur le territoire, la majorité des exploitations remplit d’ores et déjà ces 3 conditions sans modification de pratique.

b. 2nd pilier de la PAC

La mesure phare pour le territoire concerne l’ICHN (Indemnité Compensatoire de Handicap Naturel) : - la revalorisation de l’ICHN au travers d’une augmentation de 15 % de la dotation dès 2014, - l’arrêt de la PHAE et le basculement de son budget vers celui de l’ICHN, ce qui dotera les

hectares éligibles à l’ICHN de 70 €/ha environ jusqu’à hauteur de 75 ha.

De nouvelles Mesures Agro Environnementales Climatiques (MAEC) sont définies avec une enveloppe à la hausse et mises en œuvre dans le cadre de Programmes Agro Environnementaux et Climatiques correspondant à l’élaboration d’un projet territorial global intégrant les enjeux du territoire et la définition de MAEC.

c. Bilan, perspectives

Le cas de chaque exploitation est unique mais les aides devraient plutôt augmenter. Si cela permettra de conforter l’activité agricole il existe également un risque de voir se maintenir les prix élevés du foncier et donc de poser problème pour les reprises d’exploitations.

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Atouts

- Prédominance de l’activité agricole sur le territoire (part de la SAU élevée et stable ; exploitations bien réparties et encore nombreuses)

- Systèmes basés sur la culture de l’herbe : conduite traditionnelle (globalement favorable à l’environnement, intérêt paysager, patrimoine lié à la transhumance

- Production dominante de viande bovine, emblématique, identitaire, adaptée aux potentialités du territoire. Savoir-faire naisseur des éleveurs bovin viande et vigueur du marché italien

- Forte présence de la race Aubrac, rustique et adaptée aux conditions locales, ancrée dans son territoire d’origine ; station d’évaluation de la race aubrac sur le territoire

- Productions sous SIQO et filières territorialisées fortes et emblématiques, créatrices de notoriété pour le territoire et de valeur ajoutée pour les exploitants

- Place de l’agriculture = part significative des actifs, rôle sur l’aval en terme d’emploi, de valeur ajoutée (Organisation de Producteurs, outils de transformation…)

- Outils développés pour conserver la vocation agricole du foncier et rendre les transactions foncières transparentes

- Territoire « actif », forte participation du monde agricole à la vie du territoire (évènements…)

Faiblesses

- Démographie agricole inquiétante : diminution du nombre d’agriculteurs et main d’œuvre, vieillissement de la population active agricole, forte incertitude sur les successions (peu d’installation ou de reprise, agrandissement des exploitations…)

- Filière « broutard » majoritaire, fortement soumise aux aléas du marché pour la vente et l’achat des matières premières, et qui n’est pas valorisée sur le territoire

- Dépendance très forte des exploitations agricoles aux aides de la PAC (systèmes BV) - Handicaps naturels et contraintes du milieu entraînant des coûts de production plus

élevés ou quelques externalités négatives environnementales - Difficultés pour la reprise et la succession des exploitations - Phénomène inquiétant de rétention et précarisation du foncier :

- agriculteurs en âge de retraite qui ne cessent pas/ne cèdent pas, augmentation des « installations » non aidées ou en pluriactivité

- des prix de vente et locations proposés déconnectés du potentiel productif - des systèmes de transfert de droits qui favorisent les transmissions intégrales

d'exploitations - précarisation des contrats de location, des conventions pluriannuelles de

pâturage ou autres contrats de courte durée - Des productions sous SIQO « fragiles » : concurrence du marché du maigre, volume

produit encore faible, offre en animaux insuffisante par rapport à la demande, difficulté de « recrutement » de producteurs en lait (Laguiole).

- Peu de diversification, de vente en circuit cours et de production en Agriculture Biologique ; un manque d’outils de transformation

- Hivers longs et contraignants : nécessité de grands bâtiments (coût), gestion délicate des effluents, obligation d’autonomie fourragère maximale (problème de la paille)

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Opportunités

- Notoriété et image du territoire et de l’agriculture locale (élevage, herbe) et de ses produits

- Développement des productions et filières de qualité en lien avec les évolutions des attentes des consommateurs : achat local, authenticité, qualité…

- Potentiel de diversification des exploitations et recherche de valeur ajoutée importante (agritourisme, énergie, bois…)

- Débouchés pour les productions : bassin de population du sud Est, région parisienne - Installations qui se font de plus en plus en société ; solidarité, entraide, mutualisation

fréquente (CUMA, service de remplacement) - Foncier : loi récente qui facilite le droit de gestion des sectionaux par les communes ;

Programmes d'appui aux échanges fonciers restructurants

Menaces

- Devenir des aides publiques au développement rural et instabilité sur le long terme du fait de l’évolution régulière des orientations politiques de la PAC

- Poursuite du mouvement d’agrandissement des exploitations, et déprise agricole sur certaines zones moins productives

- Risques associés au réchauffement climatique (sécheresses marquées) et conséquences sur l’autonomie fourragère

- Problèmes (économiques, sanitaires et écologiques) liés au campagnol terrestre - Baisse du pouvoir d’achat des ménages pour des produits de qualité plus chers - Pérennité de certaines exploitations menacée par les stratégies des groupes

industriels (période de production, maintien de la collecte) et par les évolutions du marché du maigre

- Poursuite de la hausse des prix du foncier : - répercussions sur les estimations pour les arrangements de famille, les

successions, … et des structures difficilement transmissibles - freins à l’installation renforcés - freins à la restructuration et à l’agrandissement des structures (petites ou fragiles)

- Vieillissement de la population agricole corrélé à la baisse de l’installation - Pérennité de la station d’évaluation de la race Aubrac ?

En gras : éléments mis en exergue dans le « diagnostic citoyen »

Principaux enjeux identifiés Valoriser les productions agricoles spécifiques du territoire Faciliter la reprise d’exploitations Maintenir une agriculture forte et spécifique Renforcer l’attractivité du territoire Rechercher l’exemplarité environnementale des exploitations agricoles Favoriser la diversification des activités pour renforcer la viabilité des structures Améliorer l’autonomie des exploitations Renforcer l’image, la notoriété, l’identité territoriale Développer l’agriculture biologique Communiquer sur le rôle de l’agriculture sur le territoire Optimiser les conditions de travail face à l’agrandissement des exploitations

En gras : enjeux prioritaires retenus par les acteurs locaux

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B. Le tourisme et les activités de pleine nature Le tourisme actuel repose essentiellement sur la mise en valeur du patrimoine et des paysages emblématiques, faisant la part belle à la pleine nature. Il occupe aujourd’hui une vraie place dans l’économie locale en étant un secteur économique majeur, troisième employeur du territoire.

Les patrimoines : une véritable « ressource » touristique

La richesse patrimoniale du territoire constitue une ressource pour les loisirs de pleine nature permettant d’allier pratique et découverte de paysages emblématiques et de patrimoines, notamment naturels, préservés.

a. Les patrimoines paysager et naturel

Les patrimoines paysager et naturel, sont particulièrement recherchés par les visiteurs, mis en évidence dans les supports des offices de tourisme115 et reconnus par les acteurs locaux : de grands espaces, peu peuplés et un patrimoine naturel exceptionnel, une qualité de l’air et de la lumière…

Les principaux sites et ensembles paysagers reconnus 3 catégories de sites naturels cumulent intérêt paysager et valeur du patrimoine naturel :

- Le paysage identitaire agro-pastoral, composé de montagnes d’estives parsemées de burons. - De grands ensembles : la région des Lacs glaciaires ; la vallée et les gorges du Bès ; la vallée du

Lot ; les gorges de la Truyère ; - Des sites ponctuels : la cascade du Déroc ; la source du Par.

Bien d’autres sites naturels émaillent le territoire et sont mis en avant par les professionnels du tourisme : ils sont de l’ordre d’une quarantaine sur le périmètre labellisable et font l’objet d’une mise en valeur différenciée (aménagés ou pas, dotés d’équipements, présence d’un patrimoine bâti historique, sur un itinéraire de randonnée…).

La fréquentation des sites est difficilement estimable. Néanmoins, celui qui semble accueillir le plus grand nombre de visiteurs, grâce à sa forte notoriété et son accessibilité, est la Cascade du Déroc116, premier site de la route des Lacs, sur la commune de Nasbinals. La Source du Par (Chaudes-Aigues) est aussi remarquable car elle symbolise à elle seule la particularité des eaux chaudes de la ville thermale, parmi « les plus chaudes d’Europe ».

Des routes paysagères et thématiques Des routes thématiques complètent l’offre touristique de découverte du patrimoine naturel : la Route des lacs (de Nasbinals au col de Bonnecombe), la Trans Aubrac (de Laguiole à Trélans par Curières, Condom d’Aubrac et Vieurals117) et la Route de l’Énergie (en cours de réalisation dans la vallée de la Truyère). Enfin, des itinéraires touristiques thématiques, à l’initiative des départements,

115 Sources : sites Internet et documentation. 116 Site inscrit au titre de la loi de 1930 (voir diagnostic « Patrimoine bâti et historique »). 117 Voir Partie « Transports et mobilités », page…

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complètent ces routes spécifiques : la route des Thermes dans le Cantal et les routes « en Aubrac » et « du Gévaudan », côté Lozère.

Des parcours d’interprétation : une offre hétérogène mais porteuse pour des actions éducatives

12 sentiers d’interprétation ont été recensés sur le périmètre labellisable (voir annexe 26 : Liste des sentiers d’interprétation) : 4 concernent le patrimoine naturel, 10 d’entre eux se situent en forêt. Plus marginalement, la géologie et le patrimoine historique sont mis en valeur. Enfin, une initiative à visée plus artistique, de type « land art » ou art environnemental existe à Lacalm.

Le recensement de ces parcours d’interprétation met en évidence leur caractère hétérogène même s’ils présentent l’intérêt de traiter de thématiques représentatives des patrimoines du territoire. Dans le cadre du projet de PNR, il s’agira de les intégrer aux démarches de porter à connaissance, d’animation éducative, dans un souci de mise en cohérence avec un projet plus global d’éducation au territoire et à ses patrimoines118.

b. Le patrimoine bâti et historique : un potentiel de valorisation également important

La riche histoire de l’Aubrac trouve une traduction dans le patrimoine immobilier sous des formes variées qui sont le support de la promotion touristique : châteaux, villages et bourgs, musées, édifices religieux parmi lesquels la domerie d’Aubrac au cœur du village d’Aubrac et du territoire.

Propriétaires privés, associations, collectivités locales ou territoriales et partenaires investis dans le patrimoine collaborent avec les structures chargées du développement touristique pour organiser l’ouverture au public de ces monuments.

Il faut également citer des formes récentes ou contemporaines de patrimoines bâti qui revêtent un intérêt certain pour les visiteurs : notamment le patrimoine thermal, les barrages hydro-électriques…

118 Voir également Partie « Enseignement et actions éducatives », page…

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Pour clore ce tour d’horizon, il faut citer le patrimoine rural traditionnel et vernaculaire, composante forte des paysages du territoire : burons, habitat permanent des hommes et des animaux, villages, petit patrimoine rural sont autant d’éléments qui assurent la reconnaissance et la notoriété de l’Aubrac. Facteur d’attractivité, ce patrimoine rural n’en demeure pas moins frafgile et connaît des risques d’abandon et de perte d’identité.

Finalement, au regard de la grande richesse de ce patrimoine, quelques éléments significatifs bénéficient d’une valorisation touristique mais le potentiel semble aller bien au-delà de ce qui est proposé aujourd’hui aux visiteurs.

c. Le patrimoine alimentaire : innover par la mise en réseau des acteurs touristiques

Le patrimoine alimentaire119 constitue également un élément clé de l’attractivité touristique en Aubrac. C’est un facteur d’appartenance et de reconnaissance : un atout qui contribue à renforcer l’identité territoriale.

Des produits emblématiques issus de l’histoire agro-pastorale de l’Aubrac, aux grands chefs étoilés dont la renommée dépasse les limites du territoire (Michel et Sébastien BRAS - Laguiole, Cyril ATTRAZIC

- Aumont-Aubrac et Serge VIEIRA - Chaudes-Aigues), le patrimoine alimentaire recouvre des formes et des démarches plurielles qui sont recherchées par les visiteurs.

L’offre en la matière est pléthorique : son recensement et sa qualification restent à faire, tout comme la définition d’un projet concerté de préservation et de valorisation de ce patrimoine issu de l’histoire et des savoir-faire paysans, traditionnels de l’Aubrac. Dans le domaine du patrimoine alimentaire et gastronomique, l’Aubrac représente un sujet de recherche depuis de nombreuses années au sein de l’Université Toulouse II120 : la place significative qu’il occupe sur ce territoire a conduit une équipe d’enseignants-chercheurs à s’interroger sur son rôle dans la dynamique de développement territorial et plus particulièrement en lien avec le tourisme. Cette activité peut permettre la mise en valeur économique et culturelle des produits de terroir, grâce à des stratégies d’innovation visant la participation active et la mise en réseau de nombreux acteurs locaux. C’est à la fois une approche territoriale et transversale du patrimoine alimentaire et une démarche d’innovation dans

119 Produits locaux, recettes, savoir-faire, professionnels (producteurs, artisans, restaurateurs, entreprises, coopératives…). 120 Sous l’égide de Jacinthe BESSIERE, maître de conférences en sociologie, qui a publié, en 2001, un ouvrage sur le sujet intitulé « Valorisation du patrimoine gastronomique et dynamiques de développement territorial, Le haut plateau de l’Aubrac, le pays de Roquefort et le Périgord noir » aux Éditions L’Harmattan.

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l’organisation des acteurs qui sont envisagées. Dans le cadre du projet de territoire, l’Aubrac pourrait bénéficier d’un accompagnement par l’équipe de chercheurs, pour développer une dynamique collective en matière de valorisation du patrimoine alimentaire.

d. Les savoir-faire et le patrimoine immatériel

Grâce à des visites, des programmes d’animation, des programmations culturelles et à l’organisation d’évènementiels, les acteurs du tourisme promeuvent les savoir-faire artisanaux (coutellerie, taille de la pierre, travail du bois…), artistiques et culturels (artisans d’art, artistes, créateurs), le patrimoine immatériel et plus largement la culture locale (traditions orales, musiques et danses). Le bilan croisé, issu des échanges avec les partenaires dans les domaines du tourisme, des patrimoines et de la culture/arts vivants, montre que le tourisme est effectivement une activité privilégiée pour la promotion et la mise en valeur des patrimoines, mais certainement de manière insuffisante au regard de leur extrême variété et richesse : seuls quelques lieux semblent « profiter » de la fréquentation touristique et quelques évènements ponctuels le permettent (exemple des Journées du Patrimoine). La valorisation touristique s’adresse principalement aux visiteurs et peu aux locaux ou aux habitants, surtout en dehors de la période estivale.

Les activités de pleine nature

L’osmose entre patrimoines naturel, culturel et paysager trouve une expression particulièrement significative dans l’offre d’activités de pleine nature, au premier rang desquelles se situe la randonnée pédestre.

a. Des offres significatives, complémentaires et plutôt bien réparties sur le territoire

L’approche de l’offre d’activités par l’implantation des sites de pratique

Environ 30 sites naturels accueillent des pratiquants d’activités de pleine nature : ce sont des lieux plus ou moins équipés et aménagés, qui accueillent le public avec ou sans encadrement. Une vingtaine de sites est dédiée à une seule activité (pêche, parcours sportif, parcours dans les arbres…) ou une famille d’activités (nautiques et baignade). 8 sites permettent la multi-pratique estivale : des bases nautiques (qui proposent des activités liées à l’eau et aux randonnées) ou des sites équipés pour plusieurs pratiques (escalade, via ferrata ou parcours dans les arbres). Se retrouvent enfin, les sites hivernaux qui ont tous développé des équipements et des activités visant la multi-pratique estivale et hivernale.

Les prestataires d’activités Grâce aux bases de données départementales, 65 prestataires d’activités de pleine nature ont été repérés sur le périmètre labellisable. L’importance de la randonnée sur le territoire de projet se traduit par la présence d’un nombre important d’accompagnateurs qui exercent sous forme d’entreprises individuelles ou associatives : 12 ont été repérés (plus 2 installés sur le périmètre élargi et ayant une activité sur le territoire). Leur activité est souvent multi-saisons et multi-pratiques ; ce sont également des pluriactifs pour certains d’entre eux.

2 groupements d’accompagnateurs en montagne issus des 3 départements se sont constitués, les sièges de ces 2 réseaux se situant à Aubrac et Lacalm. On retrouve également des prestataires équestres, au nombre de 10, qui proposent des prestations d’enseignement, d’accompagnement de balades et randonnées montées ou en attelage.

65 prestataires d’activités de pleine nature

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Carte 14. Prestataires d’activités de pleine nature

Dans le domaine des activités aquatiques, il faut distinguer celles qui se déroulent dans le milieu naturel (15 prestataires : canoë-kayak, canyoning, pêche, activités nautiques), de celles qui sont proposées dans des établissements et valorisent la ressource « eau » dans le cadre de prestations « bien-être et remise en forme » (2 stations thermales et thermoludiques et 2 prestataires privés). En matière d’activités hivernales, les prestataires sont des stations de ski de descente/ski nordique, au nombre de 4 (Brameloup, Laguiole, Nasbinals et Saint Urcize), un site nordique au col de Bonnecombe et un site hivernal à Aubrac (actuellement fermé) sur lequel subsiste une patinoire. Une école de ski français est active sur la station de Laguiole. Un prestataire « chiens de traineau » est installé sur le territoire et propose des activités sur plusieurs sites. Enfin, les accompagnateurs développent des prestations hivernales ou pour certains, ont en charge la gestion de sites ou stations de ski (Brameloup, Bonnecombe).

Pour terminer le panorama général des prestataires d’activités, il faut signaler la faible présence de prestataires dans le domaine des loisirs motorisés. L’ensemble de ces activités sont décrites plus en détail dans la suite du document.

La forte implication du monde associatif dans le développement des activités de pleine nature

Le monde associatif s’implique fortement dans les activités de pleine nature en termes de développement, d’organisation, d’animation. Dans le domaine de la randonnée pédestre, activité « phare » sur l’Aubrac, les Comités départementaux sont des partenaires de longue date, au titre de leur fédération de tutelle, la Fédération Française de la Randonnée (FFR). Ils participent à l’émergence, au balisage et à la promotion des itinéraires de randonnée. Dans les autres activités de pleine nature, à des degrés différents, en fonction de la prégnance de l’activité sur le territoire, l’implication des Comités départementaux sportifs et des associations locales de pratiquants revêt une importance certaine et concerne des champs similaires à ceux pris en charge par ceux de la randonnée. C’est notamment le cas pour le VTT, le cyclo, l’équitation, l’escalade ou la pêche.

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b. La randonnée pédestre : une activité « phare » du territoire, une offre foisonnante

Dans le courant des années 70, l’itinérance renaît grâce aux sentiers thématiques et culturels (le premier d’entre eux, étant le Chemin de Saint Jacques) et aux tours de pays qui se sont adaptés à l’itinérance douce et courte (2-3 jours à 1 semaine).

Les sentiers de grande randonnée Territoire de montagne, l’Aubrac est parcouru par 8 itinéraires de grande randonnée (©FFR121) d’un kilométrage total de 540 km : soit 5 de grande randonnée et 3 de grande randonnée dits « de pays ». L’intérêt de ces itinéraires réside dans l’interconnexion (voire le chevauchement) créant un maillage relativement intéressant pour parcourir le territoire.

2 itinéraires de grande randonnée prédominent : - Le « Chemin de Saint Jacques de Compostelle » : l’axe structurant

Considéré comme un itinéraire culturel majeur, il est plus qu’un sentier de randonnée. C’est une porte d’entrée importante pour l’Aubrac : facteur de notoriété, outil de fidélisation et de redistribution sur le territoire. Des initiatives locales sont menées depuis plusieurs années autour du développement du GR 65, du Pôle d’Excellence Rurale

« Valorisation du chemin de Saint Jacques de Compostelle – GR 65 d’Aubrac à Conques » ou de l’initiative interrégionale de mise en accessibilité aux malvoyants portée par Braille et Culture et les Pays Haut Rouergue et Gévaudan Lozère. Ce chemin fait l’objet d’une forte valorisation touristique, toutefois peu dans une dimension interterritoriale, réalité du territoire de projet de l’Aubrac et plus largement de la voie du Puy. Par ailleurs, sur ce chemin, les risques de surfréquentation et d’atteinte aux milieux traversés (estives) sont réels (20 000 visiteurs/an). Les autres risques identifiés concernent les dérives « mercantiles », le déficit d’information et de sensibilisation des cheminants, la multiplication des panneaux d’information/interprétation, le manque de coordination entre les différents acteurs concernés sur l’ensemble de l’itinéraire du Puy à Conques.

- Le « Tour des monts d’Aubrac » : un sentier « historique » pour une itinérance à la carte.

Ce sont des « pionniers » du tourisme rural, dans les années 70, qui initient le sentier du « Tour des monts d’Aubrac » grâce à une association dont le nom définit l’ambition : l’ADECA122. Inauguré en 1979, il allie, déjà et aujourd’hui encore, la découverte du territoire par la randonnée et l’offre d’accueil chez l’habitant ou à la ferme.

Le « retour en grâce » de l’itinérance, sous une forme renouvelée (courte, thématique, douce), a entraîné sur le périmètre de projet, le développement de nombreuses autres initiatives : le « chemin Urbain V », le « chemin de Saint Gausbert », le « chemin de Saint Gilles, d’Aurillac à Laguiole », le « chemin clunisien », le « tour des plus beaux villages de l’Aveyron »… Ce sont souvent des parcours non décrits, des chemins non-inscrits au PDIPR, dotés d’un balisage spécifique et pour lesquels se pose potentiellement la question de la sécurité.

Au final, malgré le succès de quelques itinéraires emblématiques, la clientèle itinérante demeure limitée (8 % à dire d’expert), questionnant l’adaptation de l’offre à la demande, ainsi que de la nécessaire coordination des acteurs. Par ailleurs, ces nombreux itinéraires

121 Fédération Française de la Randonnée. 122 Association pour le développement économique et culturel de l’Aubrac.

8 itinéraires de grande randonnée

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engendrent des engagements en matière de protection des chemins empruntés pour assurer leur pérennité, d’entretien et de balisage.

Les promenades et randonnées à la journée Pour répondre à la demande des visiteurs, des habitants et des clubs de randonnée, en sortie à la journée, et des touristes en séjour, l’offre de promenades et randonnées s’est considérablement développée depuis 30 ans à l’initiative d’acteurs très divers (locaux, départementaux voire d’organismes extérieurs au territoire). Le recensement des itinéraires présents dans les topo-guides a permis d’en repérer 270 sur le périmètre d’étude, pour un kilométrage d’environ 2500 km. La durée de parcours va de 30 min à 6 h. Il apparaît que quasiment chaque commune propose au moins un itinéraire. L’écart dans l’offre d’une commune va de 1 à 12 itinéraires. 12 topo-guides locaux (réalisés par des offices de tourisme ou des communautés de communes, en partenariat avec les collectivités locales et départementales, …) et 3 topo-guides « régionaux » présentent cette offre foisonnante. La disparité des topo-guides est en partie liée au découpage administratif du territoire, chaque département exerçant sa compétence en matière de gestion des itinéraires de randonnée de manière différenciée. Cependant, en 1992, une initiative territoriale a permis la publication d’un topo-guide à l’échelle de l’Aubrac, peu ou prou celle du périmètre d’étude élargi du projet de PNR, pour s’inscrire dans une logique de « destination randonnée », le pendant à la journée du « Tour des monts d’Aubrac ».

La première édition du guide « L’Aubrac » a vu le jour en 1992 à l’issue de 2 années de travail sur le terrain. Elle est le fruit d’une collaboration entre le réseau des stations de ski de l’Espace nordique des monts d’Aubrac, une association touristique locale (de syndicats d’initiative) et l’association « Chamina ». C'est encore aujourd'hui le seul outil au service de la promotion de la randonnée à la journée sur l’ensemble du territoire de l’Aubrac et un support pour découvrir ses richesses patrimoniales. Néanmoins, malgré sa couverture territoriale et son succès auprès du public, il ne fait l’objet d’aucun suivi à l’échelle du territoire. Aujourd’hui, il est cantonné à une édition commerciale, portée par un opérateur distant avec toutes les difficultés que cela peut générer : défaut d’entretien pour les itinéraires non valorisés localement, absence d’interlocuteur local pour gérer les retours d’usagers mécontents et au final, risque de contre-publicité pour le territoire.

Les chemins de randonnée : un patrimoine insuffisamment géré L’offre d’itinéraires, importante en quantité et en variété, est en contrepartie difficile à entretenir : la qualité du réseau n’est pas assurée (entretien déficient).

Concernant la qualité des chemins, des problèmes croisés se posent. Tout d’abord, le statut du chemin (rural, domaine public, privé) ne doit pas être aliéné et son inscription au PDIPR, qui est un préalable, est loin d’être assurée (sauf une bonne part des itinéraires du secteur cantalien). L’organisation de l’entretien des chemins (nettoyage, équipement et balisage) est fonction des stratégies départementales et donc prise en charge au niveau local de manière très différente selon les parties du

territoire (offices de tourisme, Communautés de communes, SIVOM, communes…).

Entretien et balisage sont souvent distingués : l’un assuré par les collectivités, l’autre par les associations de randonneurs ou les offices de tourisme. Seuls les sentiers de grande randonnée sont pris en charge par les Comités départementaux de la randonnée et les clubs qui y sont affiliés, dans le cadre d’une coordination départementale assurée par les services des Conseils départementaux.

2500 km d’itinéraires de randonnée

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Globalement de nombreux itinéraires empruntent des chemins ruraux, mais d’autres, y compris le plus emblématique (GR 65) traversent des propriétés privées (notamment des estives ou des forêts) et le partage de l’espace entre usage agricole/forestier et usage touristique ne va pas de soi. Sur l’Aubrac, se cumulent la méfiance du monde agricole face à une pratique peu gérée et « l’effet barbelés » sans franchissement structuré, mis en avant par les acteurs locaux comme les pratiquants, antinomique avec l’image d’un pays aux grands espaces qui semble dédié à la « randonnée en liberté ». L’identité du territoire passe en partie par le maintien d’un réseau de chemins multifonctionnels.

c. Les autres formes de randonnées : VTT, cyclotourisme et équitation

Quelques espaces et itinéraires dédiés au VTT Sur le périmètre d’étude, 5 sites (ou espaces) « VTT FFC »123 ont été développés :

- Gorges du Lot et de la Truyère -> 12 circuits ; - Aubrac – Vallée du Lot : Saint Geniez d’Olt/Brameloup -> 11 circuits ; - Pays de Pierrefort -> 12 circuits (dont certains sur la commune de Lieutadès) ; - Carladez -> 15 circuits ; - St Chély d’Apcher (Monts du midi) -> 8 circuits.

D’autres initiatives permettent aux pratiquants de VTT de disposer d’itinéraires spécifiques avec une édition associée. Enfin, quasiment tous les topo-guides de randonnée pédestre indiquent les particularités pour la pratique VTT.

Cette mise en valeur de la pratique du VTT repose principalement sur le monde associatif qui s’investit dans la reconnaissance, les descriptifs, le balisage et les animations, en collaboration régulière, avec les offices du Tourisme sur les volets édition, promotion et diffusion de l’information. Les principales questions qui surgissent à l’examen de l’état des lieux concernent le niveau de connaissance qualitatif et quantitatif de l’offre et de la demande, ainsi que la spatialisation précise de cette offre. Parfois, cette dernière se superpose aux itinéraires de randonnée pédestre et demande donc de vérifier la compatibilité des pratiques entre elles, avec les autres usagers (agriculteurs, forestiers…) et l’impact potentiel sur les milieux.

Une offre « cyclo »assez limitée Concernant la pratique cyclo-touristique, plusieurs guides matérialisent l’offre de circuits :

- 2 guides départementaux124 dans le Cantal et l’Aveyron ; - Le « Tour de la Lozère cyclotouriste » qui traverse le périmètre d’étude (de la vallée du Lot à

Fournels par Saint Germain du Teil, le col du Trébatut et Nasbinals) ; - Des initiatives locales portées par des clubs et les offices de tourisme pour produire une offre

à destination des visiteurs et des touristes (Entraygues sur Truyère et La Canourgue). La dynamique autour de la pratique douce du vélo (sur route ou voie dédiée) a abouti à des schémas125 dans lesquels certains itinéraires présents sur le territoire ont été inscrits, sans pour autant faire l’objet d’un développement. Les principaux itinéraires repérés (en projet, avec des portions réalisées ou entièrement opérationnels) sont : la Vélo-route « Vallée du Lot », l’ancienne route nationale 9 (des Ajustons à la limite départementale du Cantal), le projet de « Voie verte du Gévaudan »126 (dont le parcours proposé traverse les communes du Monastier-Pin-Moriès, Chirac et Marvejols), l’ancienne voie ferrée d’Espalion à Bertholène.

123 Fédération Française de Cyclisme 124 Cyclo-guides ©IGN/FFCT (Fédération Française de Cyclotourisme). 125 Notamment le schéma national (AF3V) qui a été validé en 1998 et révisé en 2010. 126 Quelques portions démarrées (à Chirac notamment).

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Une réflexion sur le développement de ces offres sur le territoire semble opportune : présence de petites routes et de nouveaux équipements (vélos à assistance électrique) adaptés aux pratiques familiales, sur le haut plateau ou dans la vallée du Lot.

Équitation, attelage, ânes : une offre assez diversifiée et abondante

Sur le périmètre labellisable, 16 prestataires exercent une activité dans le domaine de l’équitation et proposent de l’enseignement ou de l’accompagnement de balades et randonnées montées ou en attelage. Il ressort de l’analyse de l’offre un nombre important d’établissements répartis de manière équilibrée sur le territoire. Cette offre est relativement diversifiée et s’adresse potentiellement autant aux touristes qu’aux habitants. Le tourisme équestre développé dans les 3 départements semble particulièrement structuré en Lozère et bien représenté sur le périmètre d’étude. Au-delà de ces quelques constats, surtout dans le domaine de la randonnée équestre, une

analyse plus approfondie s’impose avec un préalable : une meilleure connaissance des itinéraires, des professionnels, de leurs prestations et des hébergements en capacité de recevoir ces clientèles avec leur monture.

Le développement de cette activité est envisageable à l’image de l’offre « cyclo » ou VTT.

d. Les activités « verticales » et en hauteur : escalade et via ferrata

L’état des lieux dans ces domaines fait logiquement apparaître l’implantation des activités dans les zones rupestres du territoire : gorges de la Truyère, du Bès, du Lot, de la Crueize et de la Selves. 5 sites d’escalade et 3 via ferrata/corda ont été équipés sur le périmètre labellisable.

Il faut noter l’importance du rôle des associations/clubs dans l’équipement de certains sites, ainsi que celle des guides professionnels à la fois impliqués dans les clubs (animation locale) et dans l’accueil des visiteurs/touristes (ex : Club Truyère à Sainte Geneviève sur Argence et du Club nautique du Gévaudan, pour le site des gorges de l’Enfer).

Aucun site d’escalade et de via ferrata n’est inscrit au PDESI en Aveyron et en Lozère sur le périmètre d’étude ; seul le site des gorges du Bès a été pressenti pour une inscription dans le Cantal. À noter côté Lozère, les démarches conjointes Conseil départemental/DDCSPP127, dans le cadre du PDESI, engagées en faveur des via ferrata : sécurisation foncière et technique, préservation des milieux naturels, promotion et communication. C’est le cas à

La Canourgue, pour le site de Roqueprins (sur le périmètre élargi).

En termes de gestion et d’animation, les situations diffèrent d’un site d’escalade à l’autre : côté Truyère, l’engagement des professionnels ou associations de pratiquants dans l’équipement des sites est une première garantie de prise en compte de leurs spécificités et de leur éventuelle fragilité ; la rédaction des topo-guides attire l’attention des utilisateurs sur les gestes de sécurité et de respect des propriétés privées et des milieux. Ils apportent aussi leur expertise et leurs conseils aux collectivités dans la mise en place des conventions avec les propriétaires privés. Des réflexions sont actuellement en cours entre les collectivités locales (de part et d’autre des gorges de la Truyère) et l’agence territoriale EDF, pour développer ce site autour de l’escalade et de la via ferrata (dont une partie est incluse dans le périmètre d’un Espace naturel sensible).

127 Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations.

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Par ailleurs, il faut également souligner le développement des « parcours dans les arbres » qui, en s’adressant à des publics variés, connaissent un vif succès. On dénombre 5 sites sur le périmètre d’étude : à Chaudes-Aigues, Le Nayrac, Saint-Geniez d’Olt et sur les stations de ski de Nasbinals et Brameloup.

e. Les activités de loisirs liées à l’eau

La forte présence de l’eau sur le territoire a favorisé le développement d’activités de loisirs liées à cette ressource : la pêche, les activités nautiques et la baignade, le canyoning.

NB : le thermalisme et le thermoludisme sont présentés dans un chapitre distinct.

Le tourisme pêche : une offre pour tous les publics L’activité pêche est importante en période estivale et bénéficie d’une bonne attractivité pour les visiteurs. Le territoire est réputé pour son intérêt halieutique notamment grâce à la diversité des milieux : torrents d’altitude, lacs glaciaires, grandes retenues... Ces différents sites de pêche permettent des pratiques diverses composant une offre pour tous les publics. Les cours d’eau de première catégorie sont largement majoritaires. Sur les cours d’eau du plateau de l’Aubrac et de ses marges (Bès, Boraldes, Argence…), c’est la pêche à la truite

fario, au toc ou à la mouche qui est essentiellement pratiquée. Le Lot, la Truyère et des plans d’eau sur le plateau de la Viadène sont en deuxième catégorie. Les plans d’eau du Lot et de la Truyère sont réputés pour la pêche à la carpe et aux carnassiers (brochets, silures). La pêche de nuit à la carpe est autorisée sur plusieurs de ces plans d’eau.

Un site est aménagé pour les pêcheurs en situation de handicap (Entraygues sur Truyère). La plupart, des retenues hydroélectriques sont aménagées pour l’accueil des pêcheurs avec notamment des rampes de mise à l’eau pour les embarcations. 2 sites de pêche, avec vente de cartes spécifiques, dédiés aux pêcheurs de tout niveau (notamment débutants) et empoissonnés en truites fario portions, existent sur le territoire (lac des Picades, étang de Bonnecombe).

Le dynamisme du tourisme pêche se concrétise également par la présence de 6 guides de pêche professionnels et 2 écoles de pêche sur le territoire. La promotion est assurée au niveau départemental : plaquettes thématiques et sites Internet dédiés. La mise en tourisme est assurée par des hébergements labellisés « pêche » et la commercialisation de séjours spécifiques. Enfin, il faut noter le rôle de l’Entente Bassin du Lot qui assure une promotion128 coordonnée de cette activité avec les Fédérations départementales et les Comités départementaux du tourisme.

Les activités nautiques et la baignade Plusieurs secteurs du Lot sont favorables à la pratique du canoë-kayak. Cette activité est organisée autour des bases nautiques de Saint Geniez d’Olt, Sainte Eulalie d’Olt, Espalion et Entraygues sur Truyère. Les plans d’eau hydroélectriques ont permis, sur certaines retenues, l’implantation de bases pour la pratique d’activités aquatiques et nautiques (canoë, pédalo, barque, planche à voile…) : Saint Gervais (retenue de Montézic), Les Tours et La Romiguière (retenue de Maury), Mallet (retenue de Grandval) et le lac des Galens. Il faut ajouter le lac du Moulinet, lac de retenue sur la Crueize et le plan d’eau du Nayrac.

128 Documentation spécifique, relations et accueils presse, opérations sur les marchés étrangers (Belgique et Angleterre notamment).

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On dénombre également 9 sites de baignade contrôlés par les Agences Régionales de la Santé (ARS) sur le périmètre de projet. Il existe d’autres sites utilisés ponctuellement pour la baignade, non contrôlés par les ARS et non inventoriés, ainsi que de la baignade au fil de l’eau, sur le Lot, en lien avec les activités nautiques.

Le canyoning 5 sites ont été repérés sur le territoire : les gorges du Bès, le ruisseau d’Arzenc d’Apcher, l’Argence les gorges de la Truyère et le ruisseau des Ondes. A l’heure actuelle, la fréquentation de ces sites de pratique, valorisés par les guides professionnels du territoire ou de l’extérieur, n’est pas suffisamment connue. Une collaboration avec les professionnels du secteur serait nécessaire pour y parvenir. Comme pour l’escalade, une sensibilisation des pratiquants sur les caractéristiques naturelles et environnementales des sites est déjà intégrée aux documents de promotion des professionnels et des offices de tourisme.

f. Les activités hivernales, les stations et sites de pratique

Un contexte historique, socio-économique et culturel particulier Jusque dans les années 90, la neige « va de soi » en Aubrac : elle a toujours marqué la vie du haut plateau et sa permanence ne fait aucun doute quand il s’agit d’investir dans des équipements lourds en faveur du ski de descente (canons à neige notamment. La Zone nordique des monts d’Aubrac129 qui voit le jour en 1985, regroupe 5 stations du plateau (Aubrac, Brameloup, Laguiole, Nasbinals et Saint Urcize), autour d’un réseau de pistes et itinéraires de ski de fond. C’est le début d’une aventure humaine qui permet d’harmoniser le travail d’entretien du réseau tout comme les pratiques tarifaires, de fixer les règles de damage pour que la liaison fonctionne, de promouvoir l’ensemble du domaine à l’échelle du plateau et de développer l’entraide (damage, entretien du matériel…) et la professionnalisation. « L’hiver » porte alors la dynamique de développement.

À l’« euphorie des années 80/90 », succède une période « noire » pendant laquelle l’enneigement fait durablement défaut. En une décennie, l’identité hivernale se perd (réduction des équipements tels que canons à neige, télésièges et rétrécissement du réseau nordique). Le regard porté sur l’hiver a été et est encore critique a posteriori : coûts trop importants et difficile amortissement des investissements, remise en cause de la légitimité des installations...

Carte d’identité des stations Aujourd’hui, on compte 5 stations et sites pour la pratique d’activités hivernales en Aubrac (voir carte « Les sites de pratique d’activités hivernales ») et 1 site en arrêt :

- Le site nordique du col de Bonnecombe ; - Les stations de Brameloup, Laguiole, Nasbinals et Saint Urcize proposant une offre qui repose

à la fois sur du ski de descente et des activités nordiques (ski, raquettes, chiens de traineau…) ; - Le site d’Aubrac : site privé, intégré à l’origine au réseau des stations de l’Espace nordique. Il

n’est plus considéré comme une station depuis le changement de propriétaire en 2007 et sa mise en sommeil ; les équipements ne sont plus fonctionnels (téléski), le réseau des pistes de ski nordique n’est plus damé et aucune redevance pour leur emprunt n’est perçue.

129 Qui devient l’Espace nordique des monts d’Aubrac en 1987, puis l’Espace Aubrac en 1992, au moment des premières réflexions sur un projet de développement territorial toutes saisons.

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Site Altitude Gestion Domaine Principaux équipements Aubrac 1300 m Privé Patinoire à l’arrêt

1 tk à l’arrêt (7 pylônes, 260 m)

Bonnecombe 1350 m Association 3 pistes de ski nordique 2 itinéraires de randonnée nordique 2 itinéraires raquettes 1 « Nordic zone initiation » Zones de snow kite

Brameloup 1250/ 1388 m

SIVU (Saint Chély d’Aubrac, Prades d’Aubrac et Saint Geniez d’Olt)

4 pistes de ski nordique 2 itinéraires raquettes 1 itinéraire de randonnée nordique, liaison avec Saint Urcize par la draille d’Aubrac 8 pistes de ski alpin

5 tk (42 pylônes, 2897 m) 2 tk à l’arrêt (15 pylônes) Installation de canons à neige démantelée

Laguiole 1219/ 1302/ 1404 m

Commune 5 pistes de ski nordique, dont liaison avec Saint Urcize 6 itinéraires raquettes 2 itinéraires de randonnée nordique 13 pistes de ski alpin

10 tk (65 pylônes, 4286 m) Canons à neige sur 4 pistes (réserve d’eau de 2000 m3)

Nasbinals 1269/ 1321 m

Association 3 pistes de ski nordique dont une qui permet de se connecter sur la liaison Saint Urcize/Laguiole /Brameloup (sur la draille d’Aubrac) 3 pistes de ski alpin 2 itinéraires raquettes

1 tk (6 pylônes, 200 m)

Saint Urcize 1222/ 1380 m

Commune et association

6 pistes de ski nordique 5 pistes de ski alpin 3 itinéraires raquettes 2 itinéraires de randonnée nordique, liaison avec Brameloup via la draille d’Aubrac et avec Laguiole 2 itinéraires chiens de traineau

3 tk (20 pylônes, 1450 m)

Tableau 34 : carte d’identité des stations nordiques

Résultats de fréquentation L’analyse des résultats de fréquentation des stations et sites de pratique hivernale a pour but de montrer les difficiles conditions auxquelles peuvent être confrontées les stations dans l’exploitation au quotidien, au regard d’un enneigement très fluctuant.

De 2007 à 2013, le nombre de forfaits vendus, exprimé en nombre de journées, sur les 4 sites concernés, montre la prédominance de la station de Laguiole grâce à la neige de culture. Brameloup suit la même courbe mais à un niveau inférieur en nombre de journées vendues et ne peut que subir l’absence de neige naturelle. Les petites stations de ski de descente que sont Saint Urcize et Nasbinals, ont une faible activité en ski de descente et sont également très inféodées aux chutes de neige.

Figure 20 : Évolution du nombre de journées ski descente vendues

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La vente de forfaits pour la pratique du ski nordique est suivie par Montagnes Massif central, réseau des sites nordiques du Massif central, qui perçoit une partie de la redevance collectée sur chacun d’eux et finance ainsi des actions communes (formation, promotion, communication, appui en ingénierie…). L’évolution sur 10 ans traduit bien le caractère particulièrement irrégulier de l’enneigement mais aussi le rebond assez significatif de ces dernières saisons. Hormis l’enneigement, les niveaux de vente des forfaits pour le ski nordique sont intimement liés à la dimension du domaine nordique, aux moyens alloués à son entretien (estival, damage) et à la présence suffisante de personnel pour effectuer du contrôle en saison130.

Figure 32 : Évolution de la vente de forfaits pour la pratique du ski nordique

Malgré l’irrégularité de l’enneigement, « la clientèle est là dès qu’il y a de la neige ». Au-delà des chiffres, l’attrait de la neige et la présence de sites de proximité ouverts dès qu’elle tombe, suscitent une fréquentation quasi instantanée, d’où la nécessité de travailler dans une logique d’offre de loisirs « neige » à destination des habitants, des

locaux (villes proches) autant qu’en faveur d’un tourisme hivernal.

Il faut également souligner l’émergence de l’activité « snow kite » qui attire un public jeune sur les secteurs les plus hauts et ventés du plateau. En 2011, un accident survenu sur le secteur de Bonnecombe a fait prendre conscience de la nécessaire organisation et sécurisation de la pratique : une collaboration interdépartementale (Conseil départemental de la Lozère et DDCSPP de l’Aveyron notamment) s’est mise en place pour définir différentes zones de pratique, sensibiliser les pratiquants aux risques en fonction de ces zones et organiser l’intervention des secours en cas de nécessité.

L’orientation estivale de l’équipement des stations En lien ou non avec les problèmes d’enneigement qu’elles ont connus, les stations ont mis en place au fil des années des équipements destinés à la pratique d’activités hors hiver (randonnée pédestre, VTT, pêche, parcours dans les arbres, course d’orientation…). Malgré la variété des propositions, ces différents équipements, fruits de démarches individuelles, ont un caractère isolé (loin des villages) et bénéficient peu ou pas d’animation permettant une collaboration et une recherche de complémentarité entre ces différents sites.

Des opportunités à saisir Après plusieurs années de « repliement sur soi », des pistes de coopération entre les sites se font jour :

- des partenariats sont à nouveau engagés entre les sites pour améliorer l’offre hivernale ; - une volonté de rapprochement et de mutualisation vient d’être actée par le lancement d’une

étude de schéma de développement des 5 sites nordiques, dans le cadre de la candidature à l’appel à projet « pôle de pleine nature » initié par le GIP Massif central et le CGET.

130 À dire d’experts, 30 ans après son instauration, le paiement de la redevance pour accéder au domaine nordique ne va pas de soi.

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g. Thermalisme, bien-être et remise en forme

Sur le périmètre labellisable, on trouve 2 stations thermales aux offres diversifiées :

- Les cures thermales sont surtout assurées à Chaudes-Aigues, d’avril à novembre. C’est une part importante de l’activité du centre Caleden131, avec les volets « forme et bien-être » et « thermoludisme ». La réalisation du centre thermoludique en 2009 a modernisé l’image de la station thermale traditionnelle attirant à la fois des touristes pour des séjours « forme, détente et bien-être », des locaux et des curistes dont le nombre a également progressé. A noter que la commune de Chaudes-Aigues a obtenu, en 2012, le classement « Station de Tourisme ».

- La Chaldette qui affiche le slogan du « Thermalisme vert en Lozère » et fête son 20ème anniversaire en 2014, propose également un espace thermal. Cependant, c’est l’alliance d’un « cadre 100 % naturel » et d’offres très diversifiées autour de la détente et de la remise en forme qui sont les spécificités de cette station de pleine nature.

Par ailleurs, il faut également souligner la présence de 2 prestataires privés d’hébergement proposant des prestations « bien-être » : à La Terrisse et à Saint Geniez d’Olt.

La présence des 2 stations thermales sur l’Aubrac est ressentie comme un véritable atout pour la région et son économie touristique : retombées directes et indirectes par leur fréquentation, étalement de la saison, valorisation complémentaire du « bien-être » et des activités de nature.

h. Les loisirs motorisés

Sur le périmètre labellisable, 10 clubs proposent des activités de loisirs motorisés dans le cadre associatif (voir Annexe 27 : État des lieux des loisirs motorisés). Ils couvrent les différents types de pratiques recensées sur le territoire de projet : moto verte, quad et 4X4. Des évènementiels sont également proposés notamment en moto. Deux compétitions d’enduro se déroulent en partie sur l’Aubrac chaque année : le Trèfle Lozèrien et l’Aveyronnaise Classic. Sur trois jours, environs 500 pilotes participent à ces 2 épreuves.

Dans le cadre de la concertation, des représentants associatifs ont participé aux ateliers et se sont fait écho de leur engagement dans l’entretien des chemins132 aux côtés des collectivités locales et dans la sensibilisation des jeunes à des pratiques respectueuses des autres usagers et de l’environnement. Ceci se traduit également par un encadrement de plus en plus systématique des randonnées et balades organisées par les clubs locaux. A cet effet, une formation de guide randonnée a été mise en place à Marjevols permettant aux clubs de préparer certains de leurs adhérants à l’encadrement et à l’animation de balades et de séances de découverte.

A dire d’expert, la pratique de la moto verte se situe majoritairement sur les contreforts du territoire (boraldes) et le haut plateau n’est pratiqué uniquement qu’en dehors des périodes de haute fréquentation. La volonté des clubs locaux est celle d’un partage des usages et donc de limiter la pratique sur le haut plateau, notamment sur le Chemin de Saint-Jacques de mai à septembre. Selon les représentants associatifs, ce partage de l’espace sur le Chemin de Saint-Jacques se fait naturellement et ne pose aucun problème. Globalement, la pratique de la moto verte se déroule sur les deux périodes de mars à juin et de septembre à novembre.

131 Nom de l’exploitant du centre thermal et thermoludique de Chaudes-Aigues. Une filiale du groupe Eurospa qui gère également les thermes de Châtel-Guyon, Contrexéville (Vosges) et de Rennes-les-Bains (Aude). La SAEM (société anonyme d'économie mixte) Caleden, est quant à elle, propriétaire du centre thermal. 132 Notamment la « Journée des chemins » organisée par les clubs locaux et promue au niveau national par le CODEVER

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Concernant les communes disposant d’un arrêté de réglementation, on en dénombre 10 sur le territoire de projet : Castelnau de mandailles, Laguiole, Montpeyroux, St Symphorien de thénières, Deux verges, Jabrun, St Rémy de Chaudes aigues, Le Buisson, Nasbinals, Prinsuéjols.

Le Conseil départemental de la Lozère, dans le cadre de la mission « PDIPR/PDESI », a engagé une démarche pour favoriser la pratique « raisonnée » des loisirs motorisés sur le territoire départemental. Il accompagne également les organisateurs d’évènementiels pour limiter conflits d’usage et dégradations des itinéraires empruntés. C’est une démarche de concertation avec les associations de pratiquants, pour un usage partagé de l’espace. Une charte de bonnes pratiques a été élaborée, assortie d’une communication auprès de tous les acteurs concernés. Cette démarche revêt un intérêt certain pour le projet de territoire.Par ailleurs, plusieurs points de vigilance sont néanmoins à souligner :

• Certains cas de pratiques « sauvages » (pratiques isolées ou groupes nombreux, non encadrés par un prestataire ou membre d’un club local, chemin fragilisé…) ont été signalés ;

• La fréquentation importante de randonneurs pendant la période estivale sur certains itinéraires questionne sur l’utilité d’une coexistance de plusieurs usages. Il serait souhaitable de privilégier, sur les itinéraires emblématiques (Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, Tour des Monts d’Aubrac) un usage strictement randonnée pendant la période de forte affluence afin d’éviter les conflits, voire les problèmes de sécurité potentiels.

Le bilan de la pratique des loisirs motorisés montre que le territoire de l’Aubrac est surtout recherché par le milieu associatif (loisirs et manifestations). Peu de professionnels y sont présents. Aucun conflit d’usage régulier n’a été signalé et la dégradation des milieux naturels par ces pratiques n’est actuellement documentée que marginalement. Au sein des sites Natura 2000, la législation sur les études d’incidence permet de mieux anticiper les pratiques et d’éviter des impacts sur les habitats et espèces d’intérêt communautaire.

Cependant, l’amélioration de la connaissance des pratiques actuelles et la valorisation de l’expérience lozérienne semblent des pistes de travail à privilégier pour la suite de la démarche.

i. La gestion des espaces, sites et itinéraires

Outre les constats effectués sur la qualité et les problèmes d’entretien des chemins de randonnée (partie B.b.3), le bilan général des différentes démarches PDIPR et PDESI dans les départements d’appartenance de l’Aubrac met en évidence les points clés suivants :

- L’enjeu fort concerne les usages partagés de l’espace, notamment entre agriculture/élevage ou exploitation forestière et pratiques de pleine nature.

- Le problème majeur se situe au niveau du foncier : les sites naturels sont majoritairement dans des propriétés privées.

- La conséquence principale qui en découle est la faible demande d’inscriptions.

- Pour les sites et les espaces : ils accueillent une pratique diffuse et bénéficient d’une animation limitée.

- Pour les itinéraires : l’inscription demeure un préalable qui n’est pas vraiment assuré (volet juridique) ; leur qualité doit être confortée et la promotion améliorée.

Sur le territoire, les interventions et actions en lien avec les démarches PDIPR et PDESI concernent principalement la randonnée (voir annexe 28 : Interventions et actions en lien avec les démarches PDIPR et PDESI). Leur traduction sur le périmètre d’étude montre la disparité des

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démarches notamment dans la mise en œuvre des politiques départementales en matière de sports de nature et plus particulièrement de gestion des itinéraires de randonnée.

Ceci nécessite de conventionner avec les propriétaires et surtout d’instaurer un nécessaire dialogue avec le monde agricole et forestier de manière plus structurée qu’aujourd’hui et pour toutes les pratiques (hivernales comprises).

j. Bilan, perspectives

Les activités de pleine nature constituent une offre riche et diversifiée et s’inscrivent en complémentarité les unes par rapport aux autres. En général, elles sont jugées peu impactantes au regard de la fréquentation actuelle plutôt diffuse.

L’amélioration de la connaissance de la fréquentation (pratiquants indépendants, personnes encadrées, présence et origine des professionnels) est un besoin pour les différents sites naturels du territoire et quelle que soit la pratique. Il en va de même pour les modes de gestion, notamment sur les terrains privés où les conventionnenments sont à rechercher pour sécuriser les pratiques et les propriétaires de sites.

Les risques de surfréquentation semblent encore limités mais une nécessaire vigilance doit être de mise : par l’observation et le travail en réseau avec les professionnels du secteur.

L’évènementiel : une offre touristique à part entière

À partir des années 80, le renouveau des produits identitaires de l’Aubrac se conjugue avec le démarrage d’une valorisation par la gastronomie et le tourisme.

a. Une particularité : « des rendez-vous annuels » typés « Aubrac »

L’analyse de l’offre par saison et la typologie qui permet de « classer » les évènements du calendrier mettent en évidence une série d’évènements que l’on peut qualifier de « typés Aubrac » : de l’ordre d’une douzaine, ce sont des manifestations spécifiques et qualifiantes pour l’Aubrac, car elles permettent une valorisation des patrimoines spécifiques au territoire (élevage, gastronomie, culture, savoir-faire) et des activités de pleine nature. Ces manifestations se distinguent donc des autres animations annuelles :

- par un lien direct avec la race bovine Aubrac ; - par la mise en avant de la filière laitière et fromagère sous signe de qualité ; - grâce à un festival photo qui centre son thème annuel sur une particularité de l’Aubrac

(élevage, estives, paysages…) ; - en valorisant les pratiques « pleine nature » été/hiver.

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Événement Structure organisatrice Date annuelle Trail hivernal du Grand Parcours Association Le Grand Parcours 1er dimanche mars

Les Traces du Fromage AOC Laguiole et de l'Aligot de l'Aubrac Syndicat de Défense AOP Laguiole 2ème ou 3ème dimanche mars

Festival des Bœufs Gras de Pâques Association Laguiole Expo 3ème weekend avant Pâques La vache Aubrac en Transhumance, le Salon du

Terroir Association Traditions en Aubrac Dimanche proche 25 mai

La Transhumance au Col de Bonnecombe Association Aubrac Sud Lozère Dimanche proche 25 mai

La Fête de l'Estive Association des Eleveurs Aubrac du Pays d'Olt Samedi proche 25 mai

Transhumance Autrement Communauté de Communes de l'Aubrac Lozérien Samedi proche 25 mai

Le Grand Parcours Association Le Grand Parcours Samedi mi-juin

La Fête de la Race Aubrac Association des Eleveurs Aubrac du Pays d'Olt Mercredi mi-août

Phot'Aubrac Communauté de Communes de l'Aubrac Lozérien Dernier weekend septembre

La Davalada Office de Tourisme du canton de Sainte Geneviève sur Argence Dimanche proche 13 octobre

Tableau 35 : Evènements

b. Des évènements porteurs et transversaux, mais relativement fragiles

Leurs particularités touchent à la fois à l’approche multisectorielle de la valorisation du territoire et à un relatif étalement dans l’année. À des niveaux variés de fréquentation, car de nature différente (grand public ou public ciblé, sur inscription ou d’accès libre, payant ou gratuit), ce sont des évènements « phares » attractifs et médiatiques. Certains sont anciens (plus de 30 ans), d’autres plus récents mais sont devenus, comme leurs devanciers des « rendez-vous » à succès, reconnus sur et en dehors du territoire. Toutefois, ces initiatives qui reposent sur une importante mobilisation humaine, associative et donc bénévole, sont fragiles. Entre risque d’essoufflement et exigences d’organisation, gestion de fortes affluences et déroulement risqué en pleine nature, l’avenir et la pérennisation de ces manifestations posent question, d’autant que l’équilibre financier est rendu difficile avec la raréfaction des aides publiques.

Dernier point important, assez récurrent en Aubrac, c’est la juxtaposition des initiatives : l’existence de plusieurs « fêtes de la Transhumance » en témoigne ; l’absence de mutualisation et de coordination est à regretter, d’autant que le public, lui, semble parcourir le territoire pour participer aux différentes manifestations et « piocher » ce qui peut l’intéresser dans chacun des programmes.

L’offre d’hébergement : une capacité d’accueil significative mais inégalement répartie

a. Une part de lits marchands comparable aux départements d’appartenance

La capacité d’accueil totale133 sur le périmètre labellisable, lits marchands et non marchands confondus, est de l’ordre de 49 948 lits. La part des lits marchands est de 30 % (14 948) ; elle est proche des références des départements d’appartenance du territoire (31 % en Aveyron, 30,5 % dans le Cantal, 26,5 % en Lozère ; 28,3 % en France).

133 Sources : bases de données des CDT 12/15 (2011)/48 (2012).

49 948 lits touristiques

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b. Hôtellerie de plein air et hôtellerie : les 2 premières catégories d’hébergement

Les lits marchands se répartissent entre les différentes catégories d’hébergement de la façon suivante. L’hôtellerie de plein air représente la première catégorie d’hébergement marchand, devant l’hôtellerie. À elles deux, elles offrent plus des 2/3 de la capacité d’accueil touristique marchande. Ensuite, arrivent le locatif saisonnier et les hébergements collectifs ; quant aux chambres d’hôtes, elles représentent une offre marginale sur le périmètre d’étude.

c. Une disparité géographique dans la répartition des lits touristiques

Les lits non marchands, ceux des résidences secondaires, représentent les 2/3 des lits touristiques totaux. Ces derniers se situent plutôt en Aveyron (Carte « Les lits touristiques »). 3 communes abritent un nombre important de lits non marchands : Saint Geniez d’Olt (2800), Espalion (2000) et Laguiole (1800).

La répartition géographique des lits marchands fait également apparaître une disparité territoriale en termes de capacité d’accueil touristique. Au regard de la distribution géographique des différentes catégories d’hébergements, l’hôtellerie est surtout bien présente à Saint Geniez d’Olt et Entraygues sur Truyère, puis à Laguiole, Chaudes-Aigues et Aumont-Aubrac. Ces mêmes communes abritent un nombre important de lits en hôtellerie de plein air : il faut y ajouter Saint Amans des Côts, Sainte Eulalie d’Olt et Estaing.

Pour ce qui est du locatif saisonnier, c’est Chaudes-Aigues avec sa vocation thermale qui abrite le plus de lits dans cette catégorie, puis viennent Nasbinals, Saint Geniez d’Olt et Castelnau de Mandailles. Les chambres d’hôtes, peu représentées sur le territoire, le sont surtout à Laguiole, Les Salces et Fridefont. Enfin, les hébergements collectifs, qui rassemblent une offre hétérogène mais relativement importante, se concentrent à Saint Geniez d’Olt, Espalion, Laguiole et Chaudes-Aigues. On retrouve à la fois dans cette catégorie « fourre-tout » : les gîtes de groupes, d’étape et de séjour, les villages vacances et les centres d’hébergements hérités en partie de la tradition d’accueil de groupes de jeunes et de classes, tout au long de l’année.

Au final, la géographie touristique traduit une capacité d’accueil très limitée dans bon nombre de communes « hyper-rurales », phénomène très marqué en Lozère et à un degré moindre dans le Cantal et l’Aveyron. Les principales stations touristiques se situent dans la vallée aveyronnaise du Lot, auxquelles s’ajoutent Chaudes-Aigues, puis Laguiole, Saint Amans des Côts, Aumont-Aubrac, Saint Chély d’Aubrac et Nasbinals.

d. L’accueil des camping-cars : des initiatives publiques et privées

La fréquentation des camping-cars est significative sur le territoire, surtout lors de manifestations importantes comme les fêtes de la Transhumance (environ 800 à Aubrac, lors de la fête 2011) et en plein cœur de l’été. En conséquence, des aires d’accueil ont été créées soit par des collectivités soit par des privés.

Figure 33 : Répartition des lits marchands par catégories d’hébergement

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277

30 lieux d’accueil (dédiés ou non) aux camping-cars sont recensés sur le périmètre d’étude du Parc : - 9 aires municipales ou publiques ; - 14 équipements au sein d’un camping ou chez un privé ; - 7 agriculteurs adhérents au réseau France Passion134.

Une qualification de ces offres reste à réaliser (typologie, équipements, …) ainsi que la vérification de l’adaptation de l’offre à la demande et de la cohérence avec la préservation des milieux naturels. Dans cette optique, un diagnostic de l’offre, une analyse du marché et des préconisations en termes d’aménagement et de communication touristique ont été réalisés par le département de la Lozère, dans le cadre du « Schéma d’accueil des camping-cars » en 2011. Il s’agit d’un outil d’aide à la décision pour les collectivités et les professionnels dans l’aménagement ou la requalification de cette offre. Cette expérience revêt un intérêt certain pour le territoire de projet, au regard des préoccupations de qualification de l’offre et de gestion de la fréquentation évoquées ci-dessus.

e. La qualification de l’offre d’hébergements

Une connaissance limitée en période de reclassement Depuis la loi du 22 juillet 2009 dite « de développement et de modernisation des services touristiques », modifiant les niveaux de classement officiel et les modalités d’attribution, l’approche qualitative de l’offre d’hébergement s’avère délicate et n’a pu être effectuée qu’au travers de données partielles.

Pour l’hôtellerie, au moment où les données ont été traitées (courant 2013), seul un tiers du parc avait été reclassé en Aveyron.

Concernant l’hôtellerie de plein air, particulièrement implantée sur le périmètre aveyronnais, le parc affiche un niveau de qualité qui se situe à plus de 50 % dans les

catégories 3 et 4 étoiles. Il s’agit de campings le plus souvent situés près des rivières et plans d’eau, proposant une offre locative (chalets, mobil-homes et bungalows) et s’inscrivant dans des démarches commerciales ambitieuses (prestations, animations, équipements). À l’inverse de l’hôtellerie, ici, c’est seulement un tiers du parc qui n’est pas classé (campings à la ferme, campings municipaux).

Pour ce qui est des meublés de tourisme, le niveau de qualité se situe principalement entre le classement 2 étoiles (37,9 % du parc) et 3 étoiles (23,9 %). Près du quart des structures n’est pas classé. Il faut noter que le parc locatif est important côté Lozère : de nombreux villages de gîtes ont été développés avec des logements en gîtes ou chalets.

Enfin, la catégorie des « hébergements collectifs » rassemble une offre hétérogène (gîtes de groupes, d’étape et de séjour ; villages et centres de vacances ; centres d’hébergements et centres d’accueil « jeunes ») dont la connaissance doit être affinée. Au final, quelques questions se posent sur le volet qualitatif de l’offre. La première concerne le devenir des structures non classées, notamment les hôtels qui doivent dans les prochaines années faire face à l’obligation de mise en accessibilité de leurs équipements et qui sont confrontés à des problématiques questionnant leur pérennité : poids de la réglementation, exigence du classement, difficulté de recrutement et de transmission, concurrence des hébergements ruraux soumis à des réglementations moins exigeantes, difficile rentabilité hors des « hauts lieux » touristiques…

L’autre point qui questionne est l’adaptation de l’offre d’hébergement à la demande et aux spécificités du territoire : la connaissance qualitative de l’offre est donc à améliorer, tout comme celle des clientèles pour favoriser un développement touristique harmonieux (des pratiques en adéquation avec les patrimoines présents, des offres qualifiées en cohérence avec leur territoire d’implantation).

134 Source : guide « France Passion » 2013.

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Les autres offres, peu développées L’accueil agritouristique (hébergement, loisirs, produits et restauration) est assez limité. Seuls 23 lieux d’accueil ont été recensés135 sur le périmètre labellisable. Une connaissance approfondie, qualitative et quantitative, de ces prestataires manque, comme cela a été mis en évidence dans le diagnostic « Agriculture ».

Dans le domaine de l’agritourisme, doit être mis en avant le réseau territorial « Aubrac de ferme en ferme » qui rassemble, depuis sa création en 1992, une douzaine de prestataires agritouristiques (hébergement, vente directe, ferme de découverte…). Il peine aujourd’hui à se pérenniser (faible nombre d’adhérents, essoufflement des initiateurs),

alors même que son ambition est bien de fédérer les prestataires agritouristiques et de promouvoir ce territoire à vocation agricole. L’accessibilité aux personnes handicapées ou à mobilité réduite fait l’objet d’une labellisation touristique136 à laquelle s’ajoute le travail de recensement des offres accessibles fait par le Pays Gévaudan Lozère137. Sur le périmètre labellisable, le recensement de ces différentes offres met en évidence 17 sites : 11 hébergements, 2 restaurants, 3 lieux de visites et 1 site « bien-être ». Ainsi, la majeure partie des structures accessibles sont des hébergements. L’accessibilité dans les domaines des activités, fêtes, manifestations et des patrimoines est quasiment inexistante.

En matière d’accessibilité des structures et activités touristiques, par-delà l’exigence normative, doivent être citées 2 démarches engagées sur le territoire :

- « Gévaudan pour tous »138, un axe important de la Charte du Pays Gévaudan Lozère, qui a vu une traduction concrète, dans le recensement de l’offre accessible, dans des actions de sensibilisation des acteurs locaux et d’appui aux porteurs de projet.

- L’étude et la mise en accessibilité du Chemin de Saint Jacques de Compostelle, réalisée par l’association « Braille et Culture », en partenariat avec les Pays du Haut Rouergue et Gévaudan Lozère.

Quant à la labellisation écotouristique, elle est très marginale : 2 hôtels et 2 campings sont labellisés « Clef Verte », un camping dispose de l’« Eco label » européen. Néanmoins, cette démarche suscite un intérêt, de la part des professionnels, notamment mis en évidence lors de la conférence organisée par l’Association d’émergence du Parc naturel régional de l’Aubrac sur le tourisme durable (présentation de la Charte européenne du tourisme durable par le directeur de l’IPAMAC) durant l’automne 2013.

f. Bilan, perspectives

La vocation touristique du territoire transparaît à l’examen de l’offre d’hébergements, notamment marchands, relativement diversifiée. Toutefois, la disparité territoriale dans la répartition des lits (concentration d’un côté, caractère très diffus par ailleurs) est une faiblesse à laquelle s’ajoute le faible engagement des professionnels dans des démarches qualifiantes.

Des inquiétudes pèsent également sur le devenir de certaines structures d’hébergement (hôtellerie et centres d’accueil de groupes) face aux évolutions réglementaires ou de la demande. Quant au développement touristique plus largement, il engendre des questions sur sa maîtrise (urbanisation) et les impacts pressentis de certaines pratiques qui semblent mal contrôlées à ce jour (fréquentation des camping-cars, certaines manifestations).

135 Dans les réseaux départementaux, affiliés à des réseaux nationaux (« Bienvenue à la ferme » et « Accueil paysan ») et dans les offres des Offices de tourisme. 136 Tourisme et Handicap 137 Voir présentation détaillée dans le diagnostic « Services ». 138 Idem note précédente.

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Les clientèles

La connaissance des clientèles sur un territoire partagé entre 3 départements, où l’offre est pléthorique et où de nombreuses initiatives se sont développées dans l’espace et le temps, s’avère inégale et cloisonnée. Aucune étude récente n’existe à l’échelle du territoire. Les clientèles sont plus perçues que connues et l’analyse qui est faite ci-après ne donne de ce fait que des tendances.

a. Ce que traduisent les études et enquêtes départementales

Le bilan de la fréquentation des hôtels réalisé par le Comité Départemental du Tourisme de la Lozère permet d’extraire quelques données pour le territoire touristique « Aubrac Margeride ».

Le taux d’occupation en hôtellerie Le taux d’occupation moyen annuel des hôtels de ce secteur depuis 2008 se situe autour de 40 %. Comparativement aux départements d’appartenance, il est plus bas qu’en Lozère et en Aveyron et se rapproche de celui du Cantal.

Par ailleurs, le graphique ci-après montre le taux d’occupation mensuel pour l’année 2012, sur le secteur « Aubrac Margeride » en Lozère : l’hôtellerie connaît la pointe traditionnelle de fréquentation en août (presque 70 %), tandis que 5 autres mois représentent ce qui peut être estimé comme la saison touristique, à savoir les mois d’avril à septembre.

Concernant la durée moyenne des séjours, elle n’a pu être approchée que grâce aux chiffres de l’hôtellerie à Chaudes-Aigues, ce qui en limite l’interprétation : le court séjour caractérise le comportement des clientèles en hôtellerie avec une moyenne entre 2 et 3 jours.

Figure 21 : Le taux d’occupation en hôtellerie

Les semaines louées dans les gîtes ruraux Le nombre moyen de semaines louées en gîtes ruraux sur le Nord Aveyron est de 12,5 en 2011, plus bas que celui du département de la Lozère et un peu au-dessus de celui du département de l’Aveyron. Cette moyenne s’entend tous niveaux de qualité confondus mais quand on prend la moyenne des 3 étoiles/3 épis, on atteint 14 semaines de location. Côté Lozère, la moyenne de 14 semaines est issue des chiffres de la centrale de réservation qui détient plutôt un parc majoritairement dans la partie haute de la gamme.

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Figure 35 : Nombre de semaines louées des Gîtes Ruraux

Plus largement, les réservations passent aujourd'hui par des canaux très variés (décloisonnement lié à Internet), ce qui rend difficile la connaissance précise des fréquentations.

b. Les données issues du territoire

La fréquentation des principaux sites touristiques En fonction du nombre de visiteurs accueillis par les différents sites pour lesquels nous disposons de données de fréquentation, des tranches significatives se détachent :

Autour de 80 000 visiteurs Maison de l’Aubrac (Aubrac)

Autour de 70 000 visiteurs Parc animalier « Les Loups du Gévaudan » (Sainte-Lucie, Saint Léger de Peyre)

Autour de 40 000 visiteurs Coopérative Jeune Montagne (Laguiole)

Autour de 15 000 visiteurs

Château de Calmont (Espalion) Château d’Estaing (Estaing) Musée du Couteau (Laguiole) Géothermia (Chaudes-Aigues)

Autour de 4 000 visiteurs

Musée d’Espalion (Espalion) Musée de Saint Geniez d’Olt Château du Bousquet (Montpeyroux) Jardin botanique de l’Aubrac (Aubrac) Parcours de découverte des fouilles archéologiques (Javols)

Autour de 1 500 visiteurs Musée du Rouergue (Espalion) Musée de la Résistance (Anterrieux)

Tableau 36 : Fréquentation des principaux sites touristiques

En complément, il peut juste être rappelé la fréquentation du Chemin de Saint Jacques, itinéraire « phare » qui draine autour de 20 000 randonneurs par an. Les chiffres de fréquentation des stations thermales sont également connus :

- à La Chaldette, ce sont entre 10 et 15 000 personnes qui sont accueillies pour le « bien-être » ; - à Chaudes-Aigues, environ 35 000 personnes profitent du centre « thermoludique ».

Sur le territoire, quelques sites affichent donc une fréquentation significative et parmi eux, figure la Maison de l’Aubrac : c’est à la fois un site vers lequel convergent les visiteurs mais également un lieu dont la vocation est de les « renvoyer » vers d’autres sites et à la découverte des patrimoines locaux.

Au regard de l’analyse de la fréquentation des sites touristiques, on constate une relative complémentarité des offres qui se situent dans les champs des patrimoines naturels, culturels, historiques, alimentaires.

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Les visiteurs des offices de tourisme Les données sont issues de 9 Offices du tourisme (sur 12 situés sur le périmètre élargi) : les principales régions émettrices françaises sont l’Ile de France, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Par ailleurs, les OT reçoivent entre 2 et 16 % de visiteurs étrangers.

Un focus sur la part des clientèles « Compostelle » dans la fréquentation des offices montre que selon leur implantation dans une station touristique à l’offre variée ou dans une commune plus rurale, l’apport de ces randonneurs peut être plus ou moins significatif, notamment pour l’économie locale : ils représentent entre 17 et 53 % des visiteurs.

D’autres informations peuvent être tirées de ces données collectées dans les Offices du tourisme : - Les familles et les couples sont les clientèles les plus représentées. - La moyenne d’âge paraît assez élevée (proche de 50 ans), du fait d’une augmentation de la

part des retraités. - La part des étrangers est inégale : plutôt faible en général, elle augmente de manière

significative le long du Chemin de Saint Jacques. - Les visiteurs sont fidèles. - La pratique en randonnée itinérante apparaît comme un type de « séjour » sur le territoire. - Randonnée et gastronomie sont des valeurs sûres en termes d’attractivité du territoire,

d’activités et d’informations recherchées.

Attnetion, toutefois, ces données demanderaient à être actualisées sur l’ensemble du territoire de projet, en les élargissant à la collecte d’informations sur la satisfaction des attentes des clientèles.

Ainsi, il ressort un réel besoin d’améliorer l’observation et la connaissance des clientèles à l’échelle du territoire de projet : par la collaboration avec et entre les observatoires départementaux, les offices de tourisme, les chambres de commerce et d’industrie et bien entendu les professionnels (hébergements et sites), mais aussi ceux en charge des activités

de pleine nature.

c. Un focus sur la saisonnalité de l’activité touristique

L’analyse de la fréquentation des offices de tourisme (ouvert toute l’année et enregistrant le nombre de leurs visiteurs) permet de caractériser la saisonnalité touristique.

Figure 36 : Saisonnalité de la fréquentation des Offices de Tourisme

Les mois d’août et de juillet sont toujours les principaux mois en nombre de visiteurs ; mai, juin et septembre voient une fréquentation bien moindre mais assez proche entre eux. Durant les autres mois de l’année, les visiteurs sont en nombre assez dérisoire.

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282

L’été est toujours la saison « phare » et ensuite, en fonction de la situation de chaque office de tourisme, l’étalement va se produire plutôt au printemps (à Aumont-Aubrac, sur le chemin de Saint Jacques) ou à l’automne (à Chaudes-Aigues, grâce aux cures thermales et aux séjours « bien-être »). L’hiver reste une saison « résiduelle » en termes de fréquentation des offices de tourisme : seul celui de Laguiole enregistre plus de visiteurs dès que la neige est là.

Par ailleurs, comme cela transparaît en partie dans les chapitres précédents, la fréquentation du Chemin de Saint Jacques de Compostelle contribue à l’étalement de la saison. Dès le mois de mars et jusqu’au mois d’octobre, la clientèle « Compostelle » est présente, de manière différenciée selon les étapes, mais relativement significative.

d. Bilan, perspectives

Même si nous ne disposons pas de « vraies » enquêtes clientèles à léchelle du territoire, les éléments d’informations suivants sont souvent remontés par les professionnels du tourisme : tout d’abord, c’est l’image positive de l’Aubrac qui ressort : faite de convivialité, d’authenticité, de ruralité. La présence de l’agro-pastoralisme contribue à renforcer cette image, pour des clientèles à la recherche d’une vraie rupture avec le monde urbain dont elles sont majoritairement issues.

Vient ensuite l’accessibilité favorisée par la proximité de l’A75 qui est unanimement mise en avant, notamment pour les courts séjours et donc sa contribution à un certain étalement de la saison. Par contre, cette accessibilité faiblit dès que l’on s’éloigne de l’autoroute. L’absence de transports en commun et la dépendance à la voiture pour les déplacements sont jugés préjudiciables à l’activité touristique, tout comme la difficile circulation hivernale. Enfin, comme les clientèles interrogées sur les principaux manques le soulignent, la présence limitée des services est vécue comme un handicap pour un territoire à vocation touristique (éloignement des commerces, nombre limité de distributeurs de billets, couverture numérique discontinue).

L’accueil des visiteurs

a. Les offices de tourisme

Sur le périmètre labellisable, les offices de tourisme sont au nombre de 12, auxquels s’ajoutent les 3 situés sur les communes du périmètre élargi et qui ont des liens avec le territoire (Carte « Les offices de tourisme »).

Le classement et les démarches de qualité Un nouveau système de classement des Offices du tourisme est entré en vigueur récemment. L’ancien classement faisait apparaître une majorité d’offices classés en 2 étoiles, soit 9 sur 15.

Figure 37 : Répartition saisonnière des clientèles touristiques

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283

À noter, une (autre) démarche « qualité » réalisée en Lozère avec les offices de tourisme, dans le contexte du reclassement : un « Diagnostic Qualité » dont les principaux objectifs sont d’améliorer la fonction d’accueil, d’optimiser l’organisation et le fonctionnement interne des offices de tourisme, de collaborer et mutualiser entre structures et enfin, de professionnaliser les équipes quand cela est nécessaire.

La politique de travail Au-delà de leurs missions de base (accueil, information, promotion, coordination des acteurs touristique), certains offices de tourisme ont développé des domaines d’intervention multiples :

- L’appui aux associations qui portent des évènementiels et manifestations, mènent des activités culturelles et artistiques ou des activités de pleine nature… ;

- Le renfort apporté à l’animation locale, au-delà de l’animation liée à leurs propres missions ; - L’organisation d’évènements (programmation culturelle, festivals, transhumances…) et

d’animations (programme hebdomadaire d’activités, de visites, visites thématiques… ; - Des prestations « guidées » majoritairement en été (visites de ville, de sites).

L’examen des supports de communication montre les spécificités de chaque secteur et les axes de valorisation qui en découlent.

Néanmoins, des axes communs et fédérateurs transparaissent : l’identité de l’Aubrac et l’activité de prédilection qu’est la randonnée. Des offres complémentaires et d’une grande diversité forment ensuite le fondement de la destination territoriale : les patrimoines, les activités de pleine nature, le thermalisme, les animations et manifestations (et bien entendu les prestataires qui les gèrent et les animent). Cependant, cette richesse et cette diversité sont disséminées dans un nombre important de supports, l’accès à l’information ne se fait qu’à l’échelle locale alors que la « destination Aubrac » semble valorisée par tous. Ce même cloisonnement de l’information se retrouve aux autres échelles de l’organisation touristique : l’Aubrac est une destination touristique qui se partage entre 3 départements et 3 régions… Même si le côté positif est la démultiplication de la promotion, elle n’en demeure que peu coordonnée.

Des réseaux de travail de niveau intra-départemental Les instances touristiques de rattachement sont principalement les Comités Départementaux de Tourisme (ou assimilés) et les réseaux des Offices de tourisme (UDOTSI139 quand elles existent140).

De plus, d’autres réseaux touristiques intra et infra-départementaux regroupent les offices de tourisme sur des champs thématiques de collaboration assez variés (programmes communs d’animation, promotion conjointe et coordonnée, voire projet de regroupement de certains offices notamment sur une partie du Nord-Aveyron) : Haut Rouergue Tourisme en Aveyron, l’Association Touristique de Haute Lozère et l’Agence Locale de Tourisme des Pays de Saint Flour, côté Cantal (devenue aujourd’hui l’Office de tourisme intercommunautaire des Pays de Saint Flour).

b. Les « communes touristiques »

10 communes bénéficient du classement « Commune touristique » et 1 commune du label « Station de tourisme ». Cette dernière dénomination répond à des critères sélectifs et exigeants sur la diversité des modes d’hébergements, la qualité de l’animation, les facilités de transports et d’accès ainsi que la qualité environnementale.

139 Union Départementale des Offices de Tourisme et Syndicats d’Initiative. 140 En Aveyron, en cours en Lozère.

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c. Des dynamiques territoriales en devenir

En portant un regard plus large que l’action locale des offices de tourisme et en prenant en compte les points communs qu’ils véhiculent et les projets dans lesquels ils s’inscrivent individuellement, des dynamiques territoriales se profilent.

• En premier lieu, il faut rappeler l’existence du réseau L’Aubrac Tourisme depuis 1999, qui fédère 9 offices de tourisme de l’Aubrac (sur les 15 recensés sur le périmètre élargi), l’ADECA, l’Aubrac de ferme en ferme et l’Espace Aubrac (héritier de l’Espace nordique des années 80/90).

Une réflexion sur le devenir du projet du réseau à moyen et long termes est en cours, en lien avec le projet de PNR de l’Aubrac. C’est d’ailleurs une action de préfiguration dans laquelle s’est investie l’Association d’émergence à la demande des membres de L’Aubrac Tourisme (communautés de communes et associations de professionnels) qui souhaitent associer activement le futur Parc à l’élaboration de leur stratégie. La démarche engagée doit permettre de définir de nouveaux objectifs pour l’association et d’élaborer un plan d’actions coordonné entre les collectivités, les offices et les réseaux professionnels (moyens humains et techniques, outils de promotion et de communication mutualisés, formation et interconnaissance).

• Ensuite, la Maison de l’Aubrac représente un outil d’information, de valorisation et de rayonnement territorial pour les initiatives et acteurs du tourisme, de la culture et des patrimoines. Le projet de la Maison de l’Aubrac a été porté par le Syndicat des communes de l’Aubrac aveyronnais au début des années 2000, avec pour objectifs : valoriser les ressources territoriales de l’Aubrac, redéployer les flux de visiteurs vers le territoire et développer une offre spécifique au sein de la maison et pour le territoire. Dans sa mise en œuvre en 2002, le projet s’est structuré autour d’un partenariat public-privé réunissant le Syndicat des communes de l’Aubrac aveyronnais, en charge de la mission public d’accueil des clientèles (Espace Tourisme, Expositions), et la SARL « Couleurs Aubrac »141, en charge des espaces marchands de la structure (boutique et librairie, espace Bar et Tartinerie, Espace audio-visuel). La perception des visiteurs, des acteurs et des partenaires reconnaît à cette maison son caractère atypique. C’est plus qu’un site touristique : un lieu ouvert sur le territoire, une première étape avant de partir à sa découverte. Toutefois, après plus de 10 ans de fonctionnement, plusieurs points de bilan s’imposent : la requalification des différents espaces pour renouveler un concept qui a tendance à vieillir, la difficile gestion dans laquelle plusieurs organismes interviennent et développent des activités complémentaires, et la nécessaire « ouverture » vers les trois territoires départementaux qui constituent l’Aubrac.

Au fil du présent diagnostic, d’autres réseaux ont été mis en évidence et sont également révélateurs d’une volonté locale de travailler à une échelle territoriale :

- L’Aubrac de ferme en ferme qui regroupe des prestataires agritouristiques. - L’ADECA qui gère et promeut le « Tour des monts d’Aubrac ». - Les 2 groupements d’accompagnateurs en montagne. - L’Espace Aubrac, association issue de l’Espace nordique des monts d’Aubrac des années 90 et

dont l’ambition d’origine portait sur le développement touristique été/hiver.

Malgré cette volonté, ils peinent à formaliser leur projet associatif ou à pérenniser leur action dans le temps (notamment les plus anciens). De l’avis des acteurs locaux, malgré des démarches de réseau, un certain individualisme perdure ainsi qu’un « esprit de clocher ». Dans ce même registre, ils déplorent également les dérives du « mercantilisme » et d’une communication pas toujours respectueuse de la vérité. Au moment où le projet de PNR émerge, ces différents réseaux souhaitent s’inscrire dans cette démarche et bénéficier de la dynamique territoriale qu’il engendre. Ils sont donc

141 Et ses quatre associés : la Coopérative Jeune Montagne, la Forge de Laguiole, Marius Bonal et Michel Bras.

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demandeurs d’une coordination, voire d’une gouvernance territoriale, comme l’ont révélé les échanges au sein des ateliers participatifs. Investis dans des domaines très variés et complémentaires, ils peuvent représenter les « futures têtes de réseau » du territoire, des points d’appui professionnels et associatifs du futur Parc. Le besoin d’actions conjointes et convergentes a également été souligné par les structures départementales (Conseils départementaux, Comités départementaux de tourisme, Chambres consulaires) aux côtés des professionnels et des acteurs locaux (collectivités, associations…).

d. Bilan, perspectives

Le territoire partagé et cloisonné et le difficile travail en réseau à l’échelle territoriale des structures engagées dans l’accueil et l’animation touristique neutralisent en partie la lisibilité de la destination touristique « Aubrac », ne facilitent pas l’observation des clientèles et empêchent l’analyse et la connaissance optimales de l’offre.

Cependant, l’Aubrac transparaît dans la prolifique documentation et bénéficie d’une reconnaissance certaine de la part des visiteurs : constitué du haut plateau emblématique mais aussi de régions naturelles rattachées au massif, qui servent de territoires « portes », souvent au carrefour de plusieurs « destinations touristiques ». Des liens existent entre ces « régions touristiques » grâce au chemin de Saint Jacques de Compostelle ; des interactions fortes sont observées avec les vallées du Lot et de la Truyère et fonctionnent en complémentarité grâce à un ensemble d’activités et de sites. Cette complémentarité contribue à la destination « Aubrac » qui demeure à consolider mais dont le

fondement repose sur l’identité territoriale et les patrimoines spécifiques au territoire.

La présence en Aubrac de réseaux territoriaux qui, d’hier à aujourd’hui, ont pensé leurs projets et leurs actions à une échelle large, peut être considérée d’abord comme un atout mais surtout comme une opportunité pour l’avenir touristique de la destination.

L'enjeu est d’encourager l’élaboration d’une stratégie touristique durable, cohérente avec les stratégies départementales et régionales, et basée sur une coordination des acteurs, une valorisation durable des spécificités du territoire et une mise à disposition d'infrastructures et de services de qualité.

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Atouts

L’offre touristique : - Richesse des patrimoines (naturel, paysager, culturel) supports de l’activité touristique - Territoire entretenu et vivant grâce à la vitalité de l’agriculture - Offre foisonnante en matière de randonnée : pratique itinérante et à la journée - Fréquentation plutôt diffuse, pratiques peu impactantes pour les milieux naturels - Importante mobilisation associative et présence de professionnels diplômés - Présence de sites nordiques complémentaires - Promotion du territoire par l’évènementiel, « typé Aubrac » (ex : les « Transhumances ») La demande touristique : - Territoire reconnu, attractif et accessible - Mixité des clientèles, clients fidèles et prescripteurs - Sites et activités qui connaissent une fréquentation significative L’accueil des visiteurs, les réseaux et partenaires : - Territoire accueillant : une plus-value à pérenniser - Offices de tourisme ouverts toute l’année et multifonctionnels (animation locale, …) - Spécificités par secteur mais points communs fédérateurs (identité « Aubrac », randonnée) - Présence de la Maison de l’Aubrac Réseaux inscrits dans des thématiques porteuses (activités de pleine nature, agritourisme…)

Faiblesses

L’offre touristique : - Patrimoines et thématiques peu valorisés : patrimoine géologique, forêt, cieux nocturnes - Disparité territoriale dans la répartition des lits marchands - Peu de démarches qualifiantes engagées par les professionnels - Absence de coordination dans la gestion de la randonnée itinérante ; manque de lisibilité

de l’offre pléthorique de randonnées à la journée - Difficile prise en charge d’un réseau « démesuré » ; faible inscription au PDIPR/PDESI - Manque d’enneigement : « resserrement » des différents domaines - Cloisonnement entre les sites de pratiques hivernales et entre les saisons - Méconnaissance des pratiques et impacts potentiels des loisirs motorisés - Difficile gestion de l’évènementiel (portage associatif, fortes affluences, sans coordination) La demande touristique : - Méconnaissance des publics et de la fréquentation des sites et itinéraires - Faible part des étrangers, perte des clientèles enfants/jeunes (fermeture de centres) - Disparité territoriale de la fréquentation, relative saisonnalité, « relégation » de l’hiver - Méconnaissance et faible prise en compte des « visiteurs locaux » L’accueil des visiteurs, les réseaux et partenaires : - Faible coordination des offices de tourisme - « Dilution » des informations dans de nombreux supports locaux de promotion - Stratégie touristique sans cohérence entre les niveaux institutionnels

Opportunités

L’offre touristique : - Patrimoine alimentaire, bâti et historique porteur pour une valorisation touristique - Démarches en faveur de l’accessibilité de l’offre, des offres potentielles « toutes saisons » - Action Massif central en faveur de la valorisation de l’itinérance - Potentiel de développement : activités liées à l’eau, cyclo, mobilités douces, snow kite… - Initiatives porteuses : Schéma accueil campings cars en Lozère, gestion des itinéraires de

randonnée dans le Cantal - Une dynamique humaine et des coopérations entre les sites nordiques - Potentiel du « couple » thermalisme/randonnée La demande touristique : - Facteurs favorables à une fréquentation toutes saisons : thermalisme/forme, A75, chemin

de Saint Jacques, évènementiel, activités hivernales… - Ouverture des sites culturels pour faire face aux aléas météorologiques

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En gras : éléments mis en exergue dans le « diagnostic citoyen »

Principaux enjeux identifiés Améliorer l’organisation, la coordination et assurer la pérennité de la randonnée et des activités de pleine nature Engager les acteurs touristiques dans des démarches de réseaux collaboratives, transversales et innovantes Soutenir et accompagner les collectivités et professionnels vers une gouvernance touristique territoriale, garante d’une gestion équilibrée et durable de la destination « Aubrac » Soutenir et développer une offre touristique valorisant l’identité du territoire et respectueuse des patrimoines et des autres usagers Pérenniser et renforcer le tissu des entreprises touristiques Favoriser une répartition harmonieuse de l'activité touristique (offre et fréquentation), dans l’espace et dans le temps Conforter, diversifier et homogénéiser l'offre touristique Sensibiliser, informer, former les publics, les professionnels et les collectivités au tourisme durable Maitriser et qualifier la signalisation et la signalétique touristique Mettre en avant la dimension « montagne » Développer l'accessibilité des équipements et des structures d'accueil à tous les publics Maintenir et développer les activités de tourisme et de loisirs liées à l’eau

En gras : enjeux prioritaires retenus par les acteurs locaux

L’accueil des visiteurs, les réseaux et partenaires : - Des démarches « qualité » engagées dans des offices de tourisme - Des dynamiques territoriales en faveur d’un accueil coordonné des visiteurs - Expérience de la Maison de l’Aubrac à dynamiser et renouveler - Présence de l’autoroute (accessibilité et aires, portes d’entrée) - Des « têtes de réseau » touristiques, demandeuses d’une coordination territoriale - Charte européenne du tourisme durable : une opportunité pour cadrer la stratégie

Menaces

L’offre touristique : - Risques de sur-fréquentation et de banalisation paysagère ; perte d’identité des burons - Devenir de l’hôtellerie, difficile pérennité des centres d’hébergements - Fréquentation des camping-cars mal maîtrisée et méconnaissance des impacts potentiels - Difficile maîtrise de l’urbanisation « touristique » - Quasi absence de gestion du foncier, conflits d’usage avec le monde agricole ou forestier - Sur-exploitation ou abandon des chemins, un patrimoine insuffisamment reconnu et géré - Changement climatique et impact sur l’enneigement - Essoufflement du bénévolat et fragilisation des structures organisatrices d’évènementiels La demande touristique : - Connaissance insuffisante et cloisonnée pour construire une stratégie touristique - Territoire à « deux vitesses » : forte fréquentation localisée et relatif étalement de la

saison ; secteurs peu fréquentés, avec une « hyper-saisonnalité » estivale - Hors saison, fermeture des sites et hébergements - Un tourisme majoritairement pensé pour attirer des visiteurs extérieurs - Niveau de services inégal, voire insuffisant (commerces de proximité, distributeurs CB, …) L’accueil des visiteurs : - Cloisonnement administratif du territoire et gestion départementale différenciée de l’offre - Signalétique « sauvage » et désordonnée qui décrédibilise l’image du territoire Réseaux et partenaires : - Individualisme, « esprit de clocher » et mercantilisme