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UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ANNEE 2008 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Médecine Générale Présentée et soutenue publiquement à CRETEIL (PARIS XII) Par : Diane Gabay, épouse Attias Née le 19.06.1979 à Trappes (78) FIEVRE DE L’ENFANT : Évaluation des connaissances et de la prise en charge des parents. DIRECTEUR DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA DR E. MARC BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE

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UNIVERSITE PARIS VAL-DE-MARNE

FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

ANNEE 2008 N°

THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT

DE

DOCTEUR EN MEDECINE

Discipline : Médecine Générale

Présentée et soutenue publiquement à CRETEIL (PARIS XII)

Par : Diane Gabay, épouse Attias

Née le 19.06.1979 à Trappes (78)

FIEVRE DE L’ENFANT :

Évaluation des connaissances et de la prise en

charge des parents.

DIRECTEUR DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA

DR E. MARC BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE

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REMERCIEMENTS

A David et Ambre mes deux amours.

Merci surtout à toi David, sans qui rien ne pourrait être possible.

Merci d’être toujours à mes cotés, et d’être le plus beau papa du monde.

A ma fille Ambre qui est mon rayon de soleil.

A mes parents qui m’ont toujours soutenue et encouragée.

A Cyrille et Nathanael mes deux frères préférés

A Eva et Joanna

A ma belle famille

Merci à mes copines de toujours qui se sont très bien occupées pendant mon repos

forcé. : Charlotte, Aurore, Carole, Sarah, Rebecca, Jennyfer, ma cousine Déborah et

Romain.

Merci à toi Elisabeth pour ta disponibilité, ta simplicité et ta gentillesse, et merci pour

ton aide précieuse pour la réalisation de ce projet.

Merci à toute l’équipe des urgences de KB : Irina, Arnaud, Marion, Wafa, Pana,…les

infirmières : Alan-SO, Priscilla, Audrey….

Merci à mes co-internes de chocs : Laure, Caro, Marina et Gustave et Jérémy.

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TABLE DES MATIERES

I INTRODUCTION ................................................................................................. 5

II RAPPELS ........................................................................................................... 6 A. Régulation de la température corporelle ..................................................... 6

B. Définition de la fièvre ..................................................................................... 7

C. Mécanismes d’induction de la fièvre ............................................................ 7

D. Rôle physiologique de la fièvre .................................................................... 9

E. Prise en charge de la fièvre ........................................................................ 10

1. Mesure de la fièvre ..................................................................................... 10

2. Reconnaissance des signes de gravité ...................................................... 11

F. Traitement de la fièvre ................................................................................. 14

1. Un peu d’histoire ........................................................................................ 14

2. Objectifs du traitement antipyrétique .......................................................... 14

3. Méthodes physiques de traitement de la fièvre .......................................... 15

4. Traitements médicamenteux ...................................................................... 16

5. Modalités d’administration des antipyrétiques ........................................... 22

G. Habitudes de prescription des médecins français vis-à-vis de la fièvre 24

III MATERIEL ET METHODES ............................................................................. 25 •••• Méthode statistique ..................................................................................... 27

IV RESULTATS ..................................................................................................... 28 A. Caractéristiques de la population .............................................................. 28

B. Caractéristiques de l’épisode fébrile ............................................................ 29

C. Prise en charge initiale de la fièvre par les parents .................................... 31

D. Traitement médicamenteux de la fièvre ..................................................... 32

Figure 6 : Schéma récapitulant le traitement antipyrétique administré par les

parents ................................................................................................................. 33

E. Perception de la fièvre de l’enfant par les parents ...................................... 34

F. Analyse de sous-groupes ........................................................................... 34

1. Selon l’origine des familles ......................................................................... 34

2. Selon l’âge de l’enfant ................................................................................ 34

3. Selon la tolérance de la fièvre .................................................................... 35

4. Selon le sentiment d’information des parents ............................................. 35

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V DISCUSSION .................................................................................................... 36 A. Prise en charge de la fièvre : aspects positifs de notre étude ................. 36

1. Mesure de la température .......................................................................... 36

2. Définition de la fièvre .................................................................................. 36

3. Température conduisant à débuter le traitement ........................................ 37

4. Traitement de première intention ............................................................... 38

B. Prise en charge de la fièvre : aspects négatifs de notre étude ................ 38

1. Les méthodes physiques ............................................................................ 38

2. AINS et alternance thérapeutique .............................................................. 39

3. Posologies non adaptées ........................................................................... 41

C. Facteurs influençant la prise en charge .................................................... 42

1. Selon l’âge de l’enfant ................................................................................ 42

2. Selon le sentiment d’éducation des parents ............................................... 42

3. Selon la tolérance de la fièvre .................................................................... 42

4. Selon l’origine des parents ......................................................................... 43

D. Perception de la fièvre par les parents ...................................................... 43

1. La fièvre reste perçue comme dangereuse ................................................ 43

2. L’angoisse conduit aux services des Urgences .......................................... 44

3. Manque d’information ................................................................................. 45

4. Améliorer l’information des parents .......................................................... 45

5. Propositions pour améliorer l’éducation des parents .................................. 46

E. Biais et limites de l’étude ............................................................................ 47

1. Biais de sélection ....................................................................................... 47

2. Limites de l’étude ....................................................................................... 48

VI CONCLUSION .................................................................................................. 49

VII BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................. 50

VIII ANNEXE

Questionnaire établi pour la réalisation de l’étude…………………………………55

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I INTRODUCTION

La fièvre est un symptôme extrêmement fréquent chez l’enfant. Première cause de

consultation aux urgences pédiatriques, elle représente également un motif de

consultation extrêmement courant en médecine générale (1er symptôme en 2005

d’après l’observatoire de médecine générale, soit 15% du total des consultations de

médecine générale). La fièvre accompagne le plus souvent des maladies

infectieuses bénignes et banales à cet âge. Néanmoins, elle peut représenter le

signe d’alarme d’une pathologie plus sévère et rapidement évolutive. Pour cette

raison, la survenue d’une fièvre chez un enfant est souvent source d’angoisse chez

les parents. Cette anxiété, liée à une méconnaissance de la fièvre, conduit souvent à

la mise en place de thérapeutiques inappropriées et à une augmentation régulière

des consultations pédiatriques aussi bien auprès des services d’urgences

hospitalières que des médecins libéraux . Tout ceci a entraîné, ces dernières

années, une saturation des structures de soins pédiatriques (1).

Toute la difficulté est donc d’amener les parents à un niveau de connaissances leur

permettant de gérer au mieux la fièvre de l’enfant ; tout en sachant à quel moment le

recours au médecin est nécessaire et diminuer ainsi leur anxiété, facteur déterminant

important de leur conduite (2).

Récemment, l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé

(AFSSAPS) a publié une mise au point sur la prise en charge de la fièvre chez

l ‘enfant, destinée à la fois aux professionnels de santé et aux parents (3). Les

différents traitements (méthodes physiques et traitements médicamenteux

antipyrétiques) y sont précisés afin de permettre une prise en charge précoce et

adaptée par les parents et les médecins.

Nous avons donc réalisé une étude prospective observationnelle, aux urgences

pédiatrique de l’hôpital Kremlin-Bicêtre, en incluant tous les enfants de 3 mois à 15

ans, qui consultaient pour fièvre.

L’objet de cette étude était double :

- observer la prise en charge et les connaissances des parents concernant la

fièvre de leur enfant.

- évaluer cette prise en charge au domicile comparativement à celle

recommandée récemment par l’AFSSAPS.

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II RAPPELS

Les rappels sont divisés en trois parties. En premier lieu, nous avons rappelé

brièvement les mécanismes de régulation de la température corporelle ainsi que les

mécanismes d’induction de la fièvre. Ensuite, nous avons discuté des étapes

successives de la prise en charge d’un enfant fébrile. Enfin, nous avons rappelé les

différents traitements antipyrétiques possibles.

A. Régulation de la température corporelle

• L’homéothermie résulte d’un équilibre entre thermogenèse et thermolyse. Le

maintien d’une température à 37°C s’effectue grâce aux réactions d’adaptation de

l’organisme, déclenchées par un centre régulateur, situé au niveau de

l’hypothalamus antérieur.

• La thermogenèse (ou production de chaleur) provient de réactions métaboliques

intenses au niveau de la graisse brune et des muscles ainsi que de l’activité

musculaire lors des frissons.

• La thermolyse (ou perte de chaleur) s’effectue de différentes façons :

- par convection en réchauffant les couches d’air avoisinantes.

- par radiation : ce phénomène est entravé par le port de vêtements.

- par conduction en empruntant la voie circulatoire ce qui permet un refroidissement

cutané superficiel.

- par évaporation cutanée et respiratoire ; on estime la majoration des pertes

hydriques à 80 ml/m2/24h/°C au dessus de 37°C.

Suite à l’information reçue par les thermorécepteurs, l’organisme va mettre en œuvre

plusieurs mécanismes adaptateurs permettant de réguler la température corporelle :

- la vasomotricité cutanée : la vasodilatation augmente la déperdition de chaleur

tandis que la vasoconstriction la diminue.

- la sudation

- l’augmentation du tonus musculaire et les frissons augmentent la production de

chaleur.

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B. Définition de la fièvre

Il est important de différencier hyperthermie et fièvre.

• L’hyperthermie est due à une augmentation de la thermogenèse (exercices

musculaires intenses) et/ou à une diminution de la thermolyse (température

extérieure élevée, diminution de la sudation, insuffisance d’apport hydrique).

• La fièvre est définie par une élévation de la température centrale au dessus de

38°C, en l’absence d’activité physique intense, chez un enfant normalement

couvert, à température ambiante. Elle correspond à l’augmentation de la

température corporelle centrale due à une modification du point d‘équilibre

thermique. On parle de fièvre aiguë lorsqu’elle dure depuis moins de 5 jours et de

fièvre prolongée ou «au long cours» lorsqu’elle persiste au delà de 5 jours. Il n’y a

pas de consensus pour différencier les fièvres « modérées » ou « élevées » en

fonction du niveau de température.

C. Mécanismes d’induction de la fièvre

• Le contrôle de la température corporelle se situe au niveau de l’hypothalamus,

région régulant de nombreuses fonctions telles le sommeil et sécrétant de

nombreux facteurs neuroendocrines. L’hypothalamus antérieur contient des

neurones thermosensibles, sensibles à la température sanguine ou en connexion

avec de thermorécepteurs périphériques permettant ainsi un très haut degré de

régulation de la température corporelle (4).

• La réaction fébrile fait partie des réactions de défense de l’organisme face à des

infections, les causes non infectieuses de la fièvre étant plus rares. Divers stimuli

(infectieux, toxiques, inflammatoires ou immunologiques) vont activer une réaction

en chaîne (figure 1) aboutissant à la production et à la libération de cytokines

pyrogènes endogènes. Les toxines bactériennes et les cytokines pro-

inflammatoires libérées vont artificiellement élever le « point d’équilibre »du centre

hypothalamique de la thermorégulation et ainsi entraîner de la fièvre (5).

• L’induction de la fièvre est activée par deux voies distinctes : une voie dépendante

des prostaglandines et une voie indépendantes des prostaglandines :

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- la voie prostaglandines indépendante est médiée par le MIP-1 (macrophage

inflammatory protein 1) qui est sécrété en réponse aux endotoxines. Le MIP-1

traverse la barrière hémato-encéphalique, agissant ainsi directement sur les centres

de thermorégulations. Il n’est pas inactivé par les inhibiteurs de la cyclo-oxygénase.

- la voie des prostaglandines dépendante est représentée principalement par la

prostaglandine E2 (PGE2), sécrétée via la cyclo-oxygénase 2 localisée dans les

cellules endothéliales de l’hypothalamus. La prostaglandine E2 (PGE2) joue un rôle

central dans la physiopathogénie de la fièvre en augmentant la valeur cible du centre

de thermorégulation hypothalamique.

• L’étape importante de l’induction de la fièvre est liée à l’augmentation de la

synthèse de métabolites de l’acide arachidonique, principalement la PGE2. La

PGE2 crée au niveau de l l’hypothalamus une réaction conduisant à la libération

systémique de protéines pyrogènes endogènes telles IL1, IL6, TNFα, et l’IFN,

induisant ainsi une fièvre en quelques minutes. Ces substances vont entretenir la

fièvre en favorisant la sécrétion de PGE2, créant ainsi un cercle vicieux. La

production et la sécrétion de ces cytokines pyrogènes endogènes (notamment IL1,

IL6, TNFα et l’IFNα) expliquent donc la fièvre observée en cas d’infection,

d’inflammation ou de maladie auto-immune (Figure 1).

• Des mécanismes d’adaptation de thermogenèse ou de rétention thermique

(vasoconstriction, modification du comportement (position corporelle, habillement)

sont mis en place par l’organisme afin que la nouvelle valeur cible de la

température corporelle soit atteinte. Après normalisation de la valeur cible (soit par

une évolution spontanée de la maladie, soit induite par des antipyrétiques) la

thermogenèse est réduite et la libération de chaleur est augmentée par

vasodilatation et transpiration (4).

• Au cours de l’induction de la fièvre, il existe des mécanismes de régulation qui

limitent la montée de la température corporelle, contrairement à ce qui peut être

observé dans l’hyperthermie. Ce feed-back négatif se fait grâce à l’hypothalamus

qui sécrète de manière physiologique des facteurs neuro-endocrines : l’hormone

α-melanotropin-stimuling, l’arginine vasopressine et l’hormone corticotropin-

releasing, capables d’inhiber la synthèse des pyrogènes endogènes et donc la

synthèse de la PGE2.

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Figure 1 : Physiopathologie de la fièvre, d’après (4)

D. Rôle physiologique de la fièvre

• La fièvre est un des moyens de réponse de l’organisme aux infections. Elle est

également présente dans les maladies inflammatoires, plus rares chez l’enfant.

Elle peut avoir un effet bénéfique lors d’infections invasives sévères (purpura

infectieux, septicémie) ; en effet, la croissance et la virulence de certaines

bactéries sont altérées lorsque la température augmente (le pneumocoque de

type 3 peut être lysé par une température de 41 °C). De plus, il a été observé que

des infections graves non fébriles étaient associées à une augmentation de la

mortalité (6).

• La fièvre aide l’organisme à lutter contre l’infection en augmentant la phagocytose

et la bactéricidie des polynucléaires neutrophiles et en augmentant l’effet

cytotoxique des lymphocytes. Néanmoins, la fièvre augmente le métabolisme de

base et les besoins en oxygène. La diminution de l’oxygène au niveau cérébral

réduit le niveau de vigilance et peut favoriser les convulsions chez certains enfants

prédisposés.

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E. Prise en charge de la fièvre

1. Mesure de la fièvre

• La prise de température est un des éléments clés de la démarche diagnostique.

Elle dépend directement de la technique utilisée. Une bonne connaissance des

différents moyens mis à la disposition des parents est nécessaire. Il est important

pour les parents d’apprendre à mesurer soi-même la température de l’enfant afin

d’éliminer une fièvre factice ou simulée. Quatre méthodes de mesure sont

possibles :

- La voie rectale avec le thermomètre électronique reste la technique de

référence (21). Il faut savoir que cette mesure reflète avec 30 à 45 minutes de

retard les variations de la température centrale (5).

- La voie buccale est trop imprécise, sujette à de nombreuses variations qui

dépendent de l’emplacement de l’embout dans la cavité buccale, de la

fréquence respiratoire du sujet, de l’ingestion récente de boissons chaudes ou

froides, de l’état d’humidité ou de l’existence d’une sécheresse buccale.

- La voie axillaire, peu invasive, souvent utilisée chez les plus jeunes est en

réalité peu précise. Elle doit être réservée aux nouveau-nés.

- La voie tympanique serait la plus intéressante en pratique courante de

médecine d’urgence. Elle est très rapide et est un excellent reflet de la

température centrale. Elle permet en outre de respecter les mesures

d’hygiène. Elle présente tout de même des limites qui sont l’étroitesse des

conduits auditifs des jeunes enfants ainsi que la présence de cérumen ou d‘un

épanchement rétro-tympanique.

• La définition de la fièvre peut varier selon la méthode utilisée (Tableau I) (7).

Toutes ces situations peuvent conduire à une sous-estimation de la fièvre. Il est

ainsi conseiller d’effectuer une triple mesure chez les nourrissons en ne gardant

que la valeur la plus élevée

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Tableau I : Définition des différentes températures normales et de la fièvre, d’après (7)

Type de température Température normale Fièvre

Centrale 36,4 à 37,9°C A partir de 38,3°C

Rectale 36,6 à 38°C A partir de 38,2°C

Axillaire 34,7 à 37,3°C A partir de 37,4°C

Orale 35,5 à 37,5°C A partir de 37,6°C

2. Reconnaissance des signes de gravité

Cette étape est essentielle dans la prise en charge de l’enfant fébile. Elle consiste à

ne pas passer à côté de situations potentiellement dangereuses et implique une

démarche médicale extrêmement rigoureuse basée sur l’interrogatoire et l’examen

clinique. Elle aboutira si besoin à l’orientation du patient vers un service d’urgences

pour une surveillance médicale rapprochée, des examens complémentaires

éventuels ou un traitement.

a) Enfants à risque plus élevés

• Certains terrains «à risque» doivent être connus. Les nourrissons de moins de

trois mois et les nouveau-nés (prise en charge spécifique, non détaillée ici) ainsi

que les enfants porteurs d’un déficit immunitaire congénital ou acquis sont

susceptibles de développer des tableaux infectieux plus sévères.

• L’analyse du contexte social et familial (moyen de transport, distance domicile-

hôpital, anxiété parentale, compréhension) doit également être prise en compte

dans les décisions de prise en charge et l’évaluation des facteurs de risque de

complications de la fièvre.

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b) Signes cliniques de gravité

• Le premier temps de repérage est celui de l’observation de l’enfant à la recherche

de signes généraux alarmants, en faveur d’une maladie infection bactérienne

sévère qui représentait 6 à 20% des cas (méningite, entérite, pneumonie,

arthrites, ostéomyélite, pyélonéphrite) (8).

• Il existe pour cela des scores cliniques de gravité. Le plus fréquemment cité est

le YOS (Yale Observation Scale) (Tableau II). Il comprend 6 points d’observation,

chacun pouvant être noté de 1 à 5. Plus le score final est élevé, plus le risque

d’infection bactérienne sévère est important. La sensibilité de ce score est élevée

mais sa valeur prédictive positive est faible (50% environ). En revanche sa valeur

prédictive négative est bonne (environ 97%) ce qui permet aux médecins d’être

rassurant avec les parents lorsque le score est bas.

• L’état hémodynamique de l’enfant doit être évalué avec précision. On recherche

pour cela des signes de vasoconstriction périphérique qui indiquent le début d‘un

choc septique : extrémités froides, marbrées, cyanosées, allongement du temps

de recoloration cutanée au delà de 3 secondes, teint gris ainsi qu’une tachycardie.

• Un purpura diffus, à fortiori extensif avec une composante nécrotique, est un

signe d’urgence absolue faisant toujours suspecter un purpura fulminans.

L’association de signes de déshydratation au tableau fébrile est un facteur de

gravité car cela entrave la thermolyse par évaporation et augmente le risque

d’hyperthermie maligne.

• Tout signe neurologique en contexte fébrile doit mettre en alerte. Il faut craindre

dans ce cas la possibilité d’une atteinte méningée (hypotonie axiale chez le

nourrisson, vomissements, bombement de la fontanelle, somnolence,

geignements) ou encéphalitique (hypersomnie, agitation, désorientation).

• La présence de frissons est en rapport avec une libération massive de substances

pyrogènes, ce qui se voit plus souvent dans les bactériémies.

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Tableau II : Score de gravité tiré de l’observation d’un nourrisson fébrile, d’après (9)

scores 1 point

Normal

3 points

Altération modérée de

l’état général

5 points

Altération sévère de

l’état générale

Qualité du cri Fort et rigoureux ou

enfant calme ne

pleurant pas

Geignements,

sanglots

Gémissements, ou

cris faibles ou cris

aigus

Réactions aux

stimulations

parentales

Pleurs brefs qui

s’arrêtent ou enfant

heureux ne pleurant

pas

Accès de pleurs Pleurs permanents ou

absence de réponse

Eveil Eveil permanent, si

endormi se réveille

vite

Eveil si stimulation

prolongée

Apathique, somnolent

Couleur Rose Extrémités pâles ou

cyanosées

Pâle ou cyanosé ou

marbré ou gris

hydratation Normale Bouche sèche, peau

et yeux normaux

Plis cutané, yeux

enfoncés, muqueuses

sèches

Contact avec

l’entourage

Sourires, sens en

éveil.

Sourire bref, peu

intéressé

Pas de sourire,

indifférent ou anxieux

A chaque élément de l’observation correspond un score (de 1, 3 ou 5) : un score global <10 est

associé à une infection bénigne dans 97% des cas ; un score global >16 est associé à une

infection sévère dans 92% des cas.

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c) L’intensité de la fièvre

• Ce n’est pas un critère de gravité. Toutefois, lorsqu’elle dépasse 40°C, il est plus

probable qu’elle soit liée à une infection bactérienne. Des fièvres supérieures à

41°C, peuvent exceptionnellement s’accompagner de choc avec collapsus et

défaillance multi viscérales, dans le cadre d’un syndrome « fièvre-hyperthermie ».

Ce syndrome peut se voir chez des enfants fébriles trop couverts par les parents

(10).

F. Traitement de la fièvre

1. Un peu d’histoire

• L’origine du traitement antipyrétique n’est pas connue avec certitude. Les

premières descriptions datent d’il y a plus de 3500 ans. Ainsi les Egyptiens

utilisaient des feuilles de saule pour traiter des états inflammatoires et Hippocrate

conseillait l’utilisation de l’écorce de saule comme antalgique après un

accouchement et comme antipyrétique. Il existe aussi des documents historiques

qui décrivent des méthodes pour rafraîchir et soulager les maladies fébriles.

2. Objectifs du traitement antipyrétique

• L’objectif de la prise en charge de l’enfant fébrile a considérablement évolué au

cours de ces dernières années ; il est désormais plus centré sur l’amélioration de

son confort que sur une recherche systématique de l’apyrexie (3). En dehors des

crises d’origines neurologiques (méningites ou encéphalites), des convulsions

sont observées chez 2 à 5 % des enfants lors d’accès fébriles, avec une incidence

maximale entre 18 et 24 mois (mais elles sont possibles jusqu’à l’âge de 5 ans).

Ces enfants présentent généralement une prédisposition familiale (11). De plus,

les enfants ayant des antécédents de fièvre accompagnée de convulsions ont un

risque de récurrence élevé au cours des deux années qui suivent le premier

épisode, surtout si la première crise a eu lieu avant l’âge de 2 ans(12).

• Il convient de souligner que l’adjonction systématique de traitements

antipyrétiques ou anti-convulsivants (notamment l’ibuprofène, le paracétamol, le

diazépam, seuls ou en association versus placebo), s’est révélée inefficace dans

la prévention des convulsions hyperthermiques de l’enfant (13).

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15

• Toute fièvre nécessite une recherche de sa cause, ce qui pourra conduire à un

traitement spécifique ; cette recherche peut apporter des éléments importants

pour le choix du traitement symptomatique en identifiant, par exemple, une contre-

indication éventuelle à tel ou tel antipyrétique (3).

• Il est donc important de retenir que, le plus souvent, la fièvre n’est qu’un

symptôme et qu’elle n’entraîne que très rarement des complications. Il faut

donc avertir les parents qu’il n’y a pas lieu de la craindre spécifiquement.

Aussi, la recherche de l’apyrexie ne constitue pas un objectif en soi et ne doit pas

conduire à des traitements systématiques (notamment pour maintenir l’enfant en

collectivité). En revanche, la fièvre peut s’accompagner d’un inconfort (diminution

de l’activité, de la vigilance, de l’appétit, des rapports sociaux, présence de

céphalées, changement de l’humeur…) qui peut être important et dont le

soulagement est justifié.

• Si les antipyrétiques suppriment les signes qui accompagnent la fièvre (myalgies,

céphalées), en dehors de certaines situations (température > 41 °C, grossesse,

nourrisson, insuffisants cardiaque et respiratoire), il est probable que la fièvre soit

utile surtout au cours des infections bactériennes. De plus, quelques publications

indiquent que l’utilisation d’antipyrétique pourrait retarder la guérison de certaines

infections virales Mais, il n’existe cependant pas de données ayant un niveau de

preuves suffisant pour soutenir l’hypothèse que la fièvre doit être respectée (14).

• Enfin, traiter la fièvre de manière irrationnelle risque de masquer des informations

utiles apportées par l’évolution spontanée de la courbe thermique (15) (16) (17).

3. Méthodes physiques de traitement de la fièvre

• Il existe des méthodes physiques, mesures simples et de bons sens que les

parents doivent connaître et mettre en œuvre pour améliorer le confort de l’enfant.

Elles reproduisent les échanges que l’organisme met naturellement en jeu avec le

milieu extérieur pour assurer sa régulation thermique :

- par radiation : le déshabillage de l’enfant

- par conduction : prise de boissons fraîches, bain frais, poche de glace…

- par évaporation : brumisation, mouillage

- par convection : utilisation d’un ventilateur, qui potentialise par exemple, l’effet

du mouillage, ou du déshabillage.

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16

• Les facteurs limitant de ces différentes méthodes physiques sont :

- l’absence d’étude de méthodologie correcte les évaluant

- une efficacité modeste : seules quelques études sur le mouillage apportent la

preuve d’un effet antipyrétique (14)

- un effet qui cède très rapidement à l’arrêt de la méthode de refroidissement

- un inconfort, parfois important et toujours présent, car tout ce qui tend à réduire

la température déterminée par l’organisme au niveau central est perçu comme

désagréable.

• D’après l’AFSSAPS (3), trois mesures simples sont à privilégier en association au

traitement médicamenteux:

1- Proposer à boire fréquemment, en préférant une boisson bien acceptée par

l’enfant à une boisson très fraîche qui n’entraînera au mieux qu’une baisse limitée de

la température

2- Ne pas trop couvrir l’enfant

3- Aérer la pièce.

• L’utilité des autres mesures, en particulier le bain frais, est remise en cause.

4. Traitements médicamenteux

Les médicaments, à la différence des méthodes physiques, agissent principalement

sur les mécanismes de régulation centrale de la température corporelle. Les AINS et

le paracétamol sont les plus couramment utilisés chez l’enfant.

a) Anti-inflammatoires non stéroïdiens

� Pharmacocinétique et métabolisme

• La dénomination « anti-inflammatoires non stéroïdiens » regroupe un groupe

chimiquement hétérogène qui réunit des substances ayant en commun un effet

anti-inflammatoire, analgésique et antipyrétique. Le mécanisme d’action principal

des AINS est l’inhibition de la biosynthèse des prostaglandines par inhibition de la

cyclo-oxygénase. L’effet antipyrétique semble essentiellement être lié à une

inhibition de la synthèse de PGE2 (cellules endothéliales des vaisseaux

cérébraux). Ainsi la réduction (ou normalisation) de la valeur cible du centre de

thermorégulation aboutit à une réduction de la température corporelle comme

décrit plus haut.

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17

• Deux iso formes de la cyclo-oxygénase (COX-1 et COX-2) ont été décrites. On

attribue à la COX-1, forme constitutive, la production de prostaglandines liées à

divers mécanismes de régulation (cytoprotection gastro-intestinale, flux sanguin

rénal, agrégation thrombocytaire etc.). On impute à la COX-2, forme inductible, la

production de prostaglandines dans les tissus inflammatoires.

• L’effet anti-inflammatoire des AINS a été imputé surtout à une inhibition de la

COX-2, alors que beaucoup des effets secondaires des AINS ont été attribué à

l’inhibition non spécifique de la COX-1. Un lien inversement proportionnel de

causalité entre sélectivité pour la COX-2 et fréquence des effets secondaires a

ainsi pu être démontré (18) ;

• Cependant, il a récemment été mis en évidence que cette schématisation n’était

pas entièrement correcte. La COX-1 n’est pas uniquement exprimée sous forme

constitutive dans la plupart des tissus, elle est également induite de façon

significative dans les réactions inflammatoires. Il a été également démontré que la

COX-2 présente des formes constitutives en particulier au niveau des reins,

ovaires, utérus, cerveau, et os. Ainsi il faut abandonner le concept simple selon

lequel les effets thérapeutiques seraient liés à une inhibition de la COX-2 et les

effets secondaires à celle de la COX-1. Ceci a été documenté dans la pratique

clinique (comme par exemple la survenues d’effets secondaires rénaux des

inhibiteurs sélectifs COX-2). Théoriquement les inhibiteurs COX-2 pourraient être

utilisés comme antipyrétiques mais ils n’ont pas encore été évalués de façon

rigoureuse dans cette indication.

� AINS et indications thérapeutiques

• Parmi les 6 AINS ayant une AMM chez l’enfant (l’ibuprofène, le kétoprofène acide

tiaprophénique, l’acide méfénamique, l’acide niflumique et l’aspirine), seuls

l’ibuprofène, le kétoprofene et l’aspirine sont commercialisés comme traitement de

première intention de la fièvre (19). Parmi ces AINS, seul l’ibuprofène peut être

obtenu sans prescription médicale. En 2003 en France, l’ibuprofène représentait

environ 25% du total des ventes d’antipyrétiques et son utilisation augmentait. Le

kétoprofène n’est pratiquement pas prescrit et la place de l’aspirine a été

considérablement restreinte depuis sa mise en cause dans le syndrome de Reyes

(associant une encéphalopathie et une hépatite aigue, le plus souvent à la suite

d’une infection virale).

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18

� Efficacité antipyrétique

• Son effet est relativement rapide (3 à 4 h) et croit avec la posologie de à 0.625 à

10 mg /kg en dose unique. Le pic plasmatique est atteint en 1,5 à 2 h La

biodisponibilité est élevée, approchant 100%. L’ibuprofène administré à dose

unique à une cinétique linéaire, c’est à dire que la concentration sanguine est

proportionnelle à la dose. L’alimentation retarde l’absorption sans modifier la

biodisponibilité orale de l’ibuprofène (20). L’efficacité antipyrétique de l’ibuprofène

est maintenant bien démontrée. Il a été établi l’existence d’une corrélation entre la

dose, les concentrations plasmatiques et la décroissance des températures avec

néanmoins un décalage temporel très significatif entre le pic des concentrations

plasmatiques (atteint en 1 h) et la réduction maximale de la température corporelle

(obtenue de 2 à 4 h après l’administration) (21).

� Effets secondaires

• Infections des tissus mous

En 2003, la Commission nationale de pharmacovigilance a examiné 22 cas d’abcès

cutané, de cellulite, de fasciite nécrosante, d’infection cutanée, de nécrose cutanée,

de pyodermite et de pyodermite gangréneuse, survenus chez des enfants de moins

de 15 ans dont 18/22 avaient la varicelle (22). De plus, des publications

internationales ne permettent pas d’écarter le rôle favorisant des AINS dans

l’aggravation de ces infections (23) . Dans ces conditions, la prise d’AINS doit être

évitée en contexte de varicelle (24).

• Effets indésirables digestifs

La même enquête a recensé des cas exceptionnels d’hémorragies digestives et

d’ulcérations œsophagiennes ou gastriques, chez l’enfant de moins de 15 ans,

confirmant le risque décrit dans la littérature internationale (22).

• Effets indésirables rénaux

En 2004, une autre enquête nationale de pharmacovigilance portant sur les AINS a

recensé des cas exceptionnels d’insuffisance rénale aiguë, qui sont également

rapportés dans la littérature (25). La déshydratation (notamment en cas de gastro-

entérite) et la présence d’un terrain particulier (insuffisance rénale débutante, rein

unique) sont des facteurs favorisants. Dans certaines situations pathologiques, du

fait de leurs actions inhibitrices de la synthèse des prostaglandines (vasodilatatrices

intra rénales), les AINS sont susceptibles d’induire une insuffisance rénale aigue. En

effet, ils peuvent entraver l’adaptation circulatoire intra rénale nécessaire en cas

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19

d’hypo-volémie liée à une diarrhée et/ou à des vomissements abondants, notamment

en cas de maladie rénale préexistante (21).

• Effets sur l’hémostase

L’action réversible des AINS sur les plaquettes entraîne un risque d’allongement du

temps de saignement.

• Autres

Des réactions allergiques cutanées exceptionnelles, des atteintes cutanées sévères

(syndrome de Stevens Johnson, syndrome de Lyell), des atteintes hématologiques

(anémie hémolytique, neutropénie…) et des atteintes hépatiques (cytolyse,

cholestase…) ont également été rapportées.

� Posologies et indications :

Les posologies actuellement recommandées par AFSSAPS sont pour l’ibuprofène :

20 à 30 mg /kg/j en 3 ou 4 prises sans dépasser 30 mg/kg/J.

L’ibuprofène est indiqué chez l’enfant de plus de 3 mois et le kétoprofène chez

l’enfant de plus de 6 mois.

b) Paracétamol

En 2003, l’utilisation du paracétamol, en France, restait largement prédominante

chez l’enfant fébrile, avec près des deux tiers des prescriptions.

� Pharmacocinétique

• Contrairement aux AINS, le paracétamol induit une inhibition centrale

préférentielle de la cyclo-oxygénase. Ceci explique l’effet antipyrétique et

antalgique dominant, alors que l’effet anti-inflammatoire est pratiquement

inexistant. Le paracétamol a une cinétique linéaire dans la gamme des doses

thérapeutiques, mais qui devient non linéaire pour les doses élevées, en cas

d’administration prolongée et répétée, d’ou les risques d’accumulation et d’hépato

toxicité.(21)

• Le pic plasmatique est atteint en 1,5 à 2 heures. La biodisponibilité du

paracétamol est élevée, approchant 100%. L’alimentation retarde l’absorption

sans modifier la biodisponibilité orale.

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20

� Etudes d’efficacité

• L’efficacité antipyrétique du paracétamol est dose dépendante et nécessite, à la

dose de 15 mg /kg, un délai de plusieurs heures avant d’obtenir l’effet

antipyrétique maximum. Ainsi pour accélérer la baisse de la température, il a été

proposé de recourir à une dose de charge initiale (30 mg /kg), double de la dose

d’entretien (15 mg /kg) afin d’obtenir la concentration plasmatique efficace plus

rapidement. Une étude suggère que cette dose réduit en moyenne de 30 min le

temps nécessaire à une diminution significativement plus importante (0,5°C) de la

température par rapport à celle obtenue avec une dose initiale de maintenance de

15 mg/kg (26). Néanmoins ce régime posologique particulier nécessite d’être

évalué par une étude à dose répétée afin de déterminer sa praticabilité, sa

tolérance et sa sécurité d’emploi.

� Effets secondaires

Il ne partage pas les effets indésirables communs aux AINS (notamment aux niveaux

digestif et rénal) et présente un faible risque d’interactions médicamenteuses, ce qui

n’est pas le cas des AINS. Les principaux effets indésirables du paracétamol sont :

• Toxicité hépatique

Une cytolyse hépatique peut survenir dans deux circonstances : en cas de prise

massive unique ou lors d'administration répétée de doses quotidiennes supra-

thérapeutiques. En cas de prise massive en une seule fois, la dose hépatotoxique

est atteinte en cas de dose supérieure à 150 mg/kg chez l'enfant. Une toxicité

augmentée du paracétamol est possible lors de maladie hépatique préexistante, de

malnutrition sévère, d’administration répétée, et lors de médication avec des

inducteurs du cytochrome P450 (par exemple : phénobarbital, phenytoïne,

rifampicine, isoniazide etc.). Il est cependant intéressant de noter les résultats d’une

étude récente (27) qui ne met pas en évidence d’effets secondaires hépatiques pour

des doses cumulées de paracétamol supérieures à 200 mg/kg, ou pour des doses

journalières supérieures à 120 mg/kg.

La multiplication des prises, les erreurs d'administration ou encore

l'administration concomitante de plusieurs médicaments contenant du

paracétamol sont les principales causes de surdosage. Les familles doivent être

mises en garde contre ce risque de surdosage. En effet, environ 140 spécialités, à

usage pédiatrique et contenant du paracétamol, sont commercialisées en France et,

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21

lors de la prescription, il convient de vérifier l'absence de paracétamol dans la

composition des autres médicaments pris simultanément.

• Autres

Des cas exceptionnels d’allergie et de thrombopénie ont été signalés.

� Posologie

La posologie de paracétamol actuellement recommandée par AFSSAPS est de

60mg/kg/j en 4 à 6 prises, sans dépasser 80 mg /kg/j.

c) Aspirine

Au contraire de l’ibuprofène, l’utilisation de l’aspirine chez l’enfant s’est restreinte au

cours des dernières années pour se situer, en France, aux environs de 5 % du total

des prescriptions d’antipyrétiques (AFSSAPS).

� Mode d’action

Mode d’action commun avec les AINS

� Effets secondaires

Elle partage les effets indésirables des AINS, notamment en ce qui concerne les

risques allergique, digestif et rénal. En outre, il faut rappeler la survenue éventuelle

des effets indésirables suivants :

• Syndrome de Reyes

L’utilisation de l’aspirine chez l’enfant est significativement associée à la survenue de

ce syndrome (atteinte cérébrale non inflammatoire et atteinte hépatique) souvent

mortel, dans un contexte d’infection virale. En France, son incidence était, en 1996,

de 0,7/100 000 enfants.

• Effets sur l’hémostase

Du fait d’une inhibition irréversible de la cyclo-oxygénase plaquettaire, l’aspirine

allonge, de façon marquée, le temps de saignement.

• Toxicité aiguë

Elle survient pour une dose unitaire supérieure à 120 mg/kg, qui entraîne des signes

respiratoires (hyperpnée), des anomalies métaboliques (acidose, troubles de

l’équilibre acido-basique),des troubles neurologiques et digestifs.

� Posologie

La posologie actuellement recommandée par l’AFSSAPS est de 60mg/kg/J en 4 ou

6 prises.

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22

5. Modalités d’administration des antipyrétiques

a) Voie d’administration

• De façon générale, le profil pharmacocinétique des antipyrétiques montre un effet

plus rapide et plus soutenu lors d’administration orale (sirops, élixir, suspension)

en comparaison à une administration rectale ou solide (comprimés)(28). Ainsi il

est préférable d’utiliser la voie orale si des formes galéniques adaptées au poids

et à l’âge existent.

• Cependant, il ne faut pas oublier que la forme suppositoire peut être utile dans

certaines conditions cliniques (nausées, vomissements) avec toutefois une

absorption plus aléatoire qui conduit à des pics de concentration moins élevés,

plus tardif et plus dispersés que les formes orales, entraînant ainsi une importante

variabilités intra et inter individuelles. Par exemple, la biodisponibilité de

l’ibuprofène administré par voie rectale représentait 87% de celle de la voie orale

(24).

b) Peut-on choisir entre ibuprofène et

paracétamol ?

� Eléments en faveur de l’ibuprofène

• En dépit d’une administration très répandue de l’ibuprofène chez l’enfant, il est

difficile de guider le prescripteur. En effet, 2 méta analyses récentes, ont conclu à

la supériorité de l’ibuprofène en prise unique (de 2,5à 10mg/kg) à la 2eme, 4eme

6eme heure après la prise, par rapport au paracétamol (de 8 à 15 mg/kg). Cet

avantage ne peut cependant être affirmé compte tenu de la diversité des

méthodologies mises en œuvre d’autant plus que l’ibuprofène semble équivalent

au paracétamol en cas de prises multiples (29) (30). De plus, il est prudent de ne

pas choisir l’ibuprofène pour le traitement de la fièvre ou de la douleur modérée en

cas de varicelle, ou de pathologie à risque de déshydratation, en attendant

d’autres études pharmaco- épidémiologiques estimant mieux le risque de

l’ibuprofène chez l’enfant.

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23

� Eléments en faveur du paracétamol

• Plus que la lutte contre la fièvre, c’est l’amélioration du confort de l’enfant qui est

désormais l’objectif principal du traitement et le paracétamol semble être efficace

sur l’activité et la vigilance (31)

� Intérêt de l’utilisation d’une bithérapie (AINS et paracétamol)

• Il est déconseillé d’associer deux AINS ou l’aspirine à un AINS. Lors de la

rédaction des recommandations de l’ AFSSAPS, il n’existait aucune étude

disponible concernant l’intérêt de l’administration alternée du paracétamol et de l’

ibuprofène. C’est pourquoi, il a été conclu que : seule une fièvre mal tolérée,

malgré un traitement bien conduit pendant au moins 24h, nécessite une

réévaluation médicale, qui peut juger du bien fondé de la substitution éventuelle

du médicament, voire de l’adjonction d’un second antipyrétique.(3).

• Cependant 2 études plus récentes semblent rapporter l’intérêt d’une bithérapie :

- la première étude (étude randomisée en double aveugle incluant 480 enfants) a

montré que l’alternance du paracétamol (12,5mg/kg) et de l’ibuprofène (5mg/kg)

toutes les 4 heures pendant 3 jours, était significativement plus efficace qu’une

monothérapie en réduisant plus rapidement et plus longtemps la fièvre de manière

significative, sans augmentation des effets secondaires. Le groupe qui alternait les 2

molécules a eu recours à des doses totales d’antipyrétiques significativement moins

importantes et présentait moins d’absentéisme au travail des parents et dans les

crèches ou écoles. Enfin, il existait dans ce groupe une diminution significative de la

récurrence de la fièvre à J5 et J10 et une diminution significative du « niveau de

stress » parental (32) .

- la deuxième étude (étude randomisée en double aveugle contre placebo, incluant

70 enfants) comparait l’efficacité et la sécurité d’une simple dose d’ibuprofène

versus ibuprofène plus paracétamol (10mg/kg d’ibuprofène à H0 puis 15 mg/kg de

paracétamol à H4 ou 10mg/kg d’ibuprofène à H0 puis placebo à H4). La bithérapie

était significativement plus efficace à H6 (83% des enfants en apyrexie versus 57%).

Cette différence est accentuée à H7 et H8 avec un délai de récurrence de la fièvre

significativement plus long dans le groupe bithérapie (33).

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24

G. Habitudes de prescription des médecins français

vis-à-vis de la fièvre

• Une revue des prescriptions médicales françaises d’antipyrétiques de janvier à

Décembre 2003 a été réalisée pour les patients de moins de 12 ans par la caisse

médicale des professions indépendantes (34). Les résultats étaient les suivants :

- 79% des prescriptions d’antipyrétiques concernaient les 6 à 24 mois (maximum des

infections virales)

- le paracétamol seul ou en combinaison représentait le principal antipyrétique

prescrit

- la prescription d’ibuprofène seul ou en combinaison augmentait avec l’âge (elle est

maximum chez les 6 mois /2 ans (38.7%) ; l’ibuprofène seul représentait 17% des

prescriptions d’antipyrétique chez les 2 à 6 ans.

- la prescription de paracétamol seul diminuait avec l’âge (90% chez les moins de 3

mois et 57% chez les 6/12 ans)

- l’aspirine représentait 5,5% des prescriptions d’antipyrétiques chez les 6/12 ans.

- L’association paracétamol plus ibuprofène reste exceptionnelle avant 6 mois mais

représentait tout de même 21.7% des prescriptions d’antipyrétiques.

- Il n’y avait pas de différence de prescription entre les pédiatres et les médecins

généralistes chez les moins de 3 mois ; en revanche après 3 mois , les pédiatres

prescrivaient plus volontiers du paracétamol en monothérapie , moins d’ibuprofène

seul ou moins d’association ibuprofène/ paracétamol que les médecins généralistes.

• Même si les recommandations de l’AFSSAPS ont été publiées ultérieurement à

l’étude, elles restaient en accord avec les résultats de cette recherche :

l’association paracétamol/ibuprofène n’était pas conseillée, et comme le

recommandait la société française de pédiatrie, le paracétamol en monothérapie

devait être l’antipyrétique utilisé en première intention.

• En pratique le prescripteur était amené à choisir entre l’ibuprofène et le

paracétamol. Le traitement antipyrétique, compte tenu du rapport bénéfice / risque

tel qu’il est estimé actuellement, conduisait à privilégier le paracétamol en

monothérapie en première intention comme le recommande la groupe de pédiatrie

générale de la société française de pédiatrie (35). Toutefois les dernières

recommandations de l’AFSSAPS 2005 stipulaient que le paracétamol, l’ibuprofène

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et l’aspirine, utilisés aux posologies recommandées par l’AMM avaient une

efficacité identique. En revanche le profil d’effets indésirables des 3 molécules

diffère sensiblement, ce qui en faisait un critère de choix déterminant.

III MATERIEL ET METHODES

• Notre étude observationnelle a eu lieu au sein du service des urgences

pédiatriques de l’hôpital Kremlin Bicêtre (région parisienne). Il s’agissait d’une

enquête prospective qui s’est déroulée du 15/02/07 au 15/04/07.

• Nous avons inclus dans notre étude les enfants de 3 mois à 15 ans qui

consultaient en journée (de 8h30 à 18h30) pour fièvre, associée ou non à d’autres

symptômes.

• L’objectif principal de cette étude était d’évaluer la prise en charge de la fièvre par

les parents : notamment sur la connaissance des thérapeutiques, et sur leur

niveau d’anxiété. L’objectif secondaire de cette étude était de comparer le

traitement mis en place par les parents, aux traitements recommandés par

l’AFSSAPS et la Société Française de Pédiatrie.

• Le recueil de données, effectué sous forme d’un questionnaire, était rempli au

cours de la consultation par le médecin ayant en charge l’enfant, puis validé par

un seul médecin (Diane Gabay) pour assurer l’homogénéité de l’étude. Nous

avons établi un questionnaire comportant les items suivants :

� Caractéristiques de la population

• Age (en mois), sexe

• Antécédents de crises convulsives hyperthermiques (CCH)

• Antécédents de consultation aux urgences pour de la fièvre

• Origine des parents (Europe, Afrique, Asie, autre)

• Suivi médical habituel : médecin généraliste, pédiatre, PMI, urgences,

aucun.

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� Caractéristiques de l’épisode fébrile actuel

• Motif de consultation aux urgences : fièvre isolée, toux, diarrhées,

vomissements, éruption cutanée, autre.

• Diagnostic clinique final retenu.

• Existence de signes de mauvaise tolérance de la fièvre : frissons,

douleur, marbrure, cyanose, temps de recoloration cutanée supérieure

à 3 sec, geignements, apathie.

• Devenir de l’enfant : retour à domicile ou hospitalisation.

� Prise en charge initiale de la fièvre par les parents

• Définition de la fièvre : on notait la température indiquée par les parents

• Présence d’un thermomètre à domicile

• Prise de température à domicile avant la consultation aux urgences

• Méthode de mesure de la fièvre : rectale, axillaire, auriculaire, buccale,

autre.

• Méthodes physiques connues et appliquées par les parents : question

ouverte. On considérait que les méthodes étaient connues si les

parents en citaient et appliquaient au moins 2 des propositions

suivantes : aérer la pièce, découvrir l’enfant, faire boire, donner un

bain.

• Durée estimée entre le début de la fièvre et la consultation (en heures)

� Traitement médicamenteux instauré par les parents

• Température ayant conduit à débuter le traitement

• Traitement antipyrétique déjà instauré avant la visite aux urgences :

type de médicament, posologie et fréquence d’administration

• Origine de la prescription médicamenteuse : médecin généraliste,

pédiatre, PMI, de manière spontanée par la famille, pharmacien ou

après une visite aux urgences.

• Existence d’un contrôle de température entre deux prises

médicamenteuses

• Persistance de la fièvre ou non après administration du traitement

médicamenteux

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• En cas de persistance de la fièvre, type de médicaments administrés

et origine de la prescription : de manière spontanée par la famille,

médecin généraliste, pédiatre, PMI, après conseils du pharmacien, ou

après une visite aux urgences.

• Absorption de la même molécule antipyrétique sous forme galénique

ou nom différent.

• Comparaison entre le traitement antipyrétique utilisé par les parents

avant la consultation et le traitement de sortie prescrit par le médecin

des urgences

� Perception de la fièvre de l’enfant par les parents

• La fièvre paraissait elle dangereuse aux parents ?

• Les parents avaient-ils l’impression d’être suffisamment informés sur la

fièvre et sa prise en charge ?

• Quelle était leur principale source d’information ?

• Méthode statistique

Les variables quantitatives ont été décrites par leur valeur moyenne +/- écart-type.

Les variables qualitatives ont été décrites par leurs effectif et pourcentage par

modalité de réponse. Les variables qualitatives ont été comparées en utilisant le test

du χ2 (ou le test exact de Fisher si les conditions de validité du χ2 n’étaient pas

remplies).

Pour toutes les analyses statistiques, le risque de première espèce a été fixé à 5%.

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28

IV RESULTATS

A. Caractéristiques de la population

La description des résultats concernant la population étudiée a été détaillée ci-

dessous (Tableau III).

Tableau III : Descriptif de la population étudiée (n=127)

Population

Nombre d’enfants inclus 127

Âge des enfants (mois) Âge moyen : 31.7 +/- 31

Âge variant de 3 à 168 mois

Âge médian : 20 mois

Nombre de garçons 68

Antécédent de CCH 6 (4.27 %)

Enfant ayant déjà consulté pour fièvre 64 (50.4 %)

L’origine des parents a été décrite dans le schéma ci-dessous (Figure 2).

Figure 2 : répartition des parents selon leur origine

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Le suivi médical habituel des enfants avant leur consultation aux urgences a été

décrit ci-dessous (Figure 3 :

Figure 3 : Suivi médical habituel des enfants

B. Caractéristiques de l’épisode fébrile

• La fièvre était bien tolérée dans 85 % des cas.

• 14 enfants sur 127 (11 %) ont dû être hospitalisés.

• Les motifs de consultations et les diagnostics finaux retenus étaient les suivants

(Figure 4 et Figure 5).

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Figure 4 : Motif de consultation aux urgences

Figure 5 : Etiologies des épisodes fébriles

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31

C. Prise en charge initiale de la fièvre par les parents

• La fièvre était définie par les parents en moyenne à 38.1 +/- 0.4 °C, avec des

valeurs variant de 37 à 39.6 °C. La médiane était de 38°C.

• 56.7 % des parents (72/127) connaissaient la valeur exacte définissant la fièvre

(38°C).

• 8,6 % des parents (11/127) citaient un chiffre inférieur ou égal à 37,5°C et 27,5%

(35/127) pensaient que la fièvre correspondait à une température supérieure ou

égale à 38,5°C.

• Les autres résultats sont décrits dans le tableau ci-dessous (Tableau IV)

Tableau IV : Prise en charge initiale de la fièvre par les parents

Définition de la fièvre (°C) 38,1 +/- 0.4

Présence d’un thermomètre à domicile 119 (93.7 %)

Prise de température à domicile avant la

consultation aux urgences

110 (86.6 %)

Méthode de mesure de la fièvre : rectale,

axillaire, auriculaire, buccale, autre

Par voie rectale : 63 parents (49.6 %)

Par voie axillaire : 34 parents (26.7 %)

Par voie auriculaire : 13 parents (10.1 %)

Aucune mesure : 17 parents (14.5 %)

Méthodes physiques connues et appliquées

par les parents

72 (56.7 %)

Temps écoulé entre le début de la fièvre et la

consultation aux urgences (en heures)

Délai moyen : 57,1 +/- 62.8

Délai variant de 1 heure à 15 jours

Délai médian : à 48 heures.

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32

D. Traitement médicamenteux de la fièvre

Tableau V : Traitement médicamenteux de la fièvre par le parents

Prise en charge

Température moyenne ayant conduit à débuter le

traitement (°C) 38,6 +/- 0,76

Existence d’un contrôle de température entre deux

prises médicamenteuses

83/127 (65,3 %)

Prescription de première intention

Origine - Famille : 120 (94.4 %)

- Médecin généraliste : 3 (2.4 %)

- Pédiatre : 2 (1.6 %)

- Aucun traitement : 2 (1.6 %)

Posologie du traitement antipyrétique - Adaptée : 65 (51.2 %)

- Inadaptée : 60 (47.2 %)

dont 28 sous dosés et 32 sur dosés

Nombre de parents débutant un traitement pour une

température ≤ 38 °C 33/127 (26 %)

Nombre de parents débutant un traitement sans

prise de température préalable

15/127 (11,8 %) dont 12/15 (80 %) d’origine

extra-européenne

Prescription de seconde intention 28/127

Circonstances - 10/28 (35,7 %) avec une fièvre

jugulée par le premier traitement

- 18/28 (64,2 %) avec une fièvre

persistante malgré le premier

traitement

Origine de la prescription de seconde intention - Famille : 17/28 (60.7 %)

- Médecin généraliste : 7/28 (25 %)

- Pédiatre : 4/28 (14.3 %)

Indication du traitement de deuxième intention - Fièvre bien tolérée : 20/28 (71,4 %)

- Fièvre mal tolérée : 8/28 (28,6 %)

Traitement de sortie

Traitement de sortie prescrit par le médecin des

urgences

Modifié par rapport au traitement des

parents dans 56,7 % des cas

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33

• Dans les cas où un deuxième traitement a été administré, 6 enfants (6/28 soit

21,4 %) ont absorbé la même molécule sous forme ou nom commercial différent.

Dans ces 6 cas, il s’agissait d’une automédication parentale.

• Parmi les enfants présentant une fièvre mal tolérée, non jugulée par le traitement

de première intention (8/127 soit 6,3 % de la population étudiée), la moitié n’a pas

reçu de traitement antipyrétique en deuxième intention.

Figure 6 : Schéma récapitulant le traitement antipyrétique administré par les parents

127 enfants fébriles

125 enfants traités par les parents :

- 104 (83.2 %) par paracétamol

- 12 (9.6 %) par ibuprofène

- 2 (1.6 %) par aspirine

- 9 (7.2 %) par bithérapie paracétamol + ibuprofène

2 enfants non traités

par les parents

82 fièvres jugulées

43 fièvres persistantes

Aucun traitement de 2ème intention :

25 enfants Traitement de 2ème intention chez 18 enfants :

- 4 par paracétamol

- 12 par ibuprofène

- 2 par poursuite de la bithérapie paracétamol +

ibuprofène

Traitement de 2ème

intention pour 10

enfants.

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34

E. Perception de la fièvre de l’enfant par les parents

Tableau VI : Résultats concernant la perception de la fièvre par les parents

La fièvre paraît elle dangereuse aux parents ? Oui pour 101/127 (79%) des parents

Les parents ont-ils l’impression d’être suffisamment

informés sur la fièvre et sa prise en charge ?

71/127 (44%) ne se sentent pas assez

informés

Quelle est leur principale source d’information ?

- Médecin de ville : 76 ( 60%)

- PMI : 23 (18%)

- Hôpital : 12 (9.5%)

- Pharmacien : 4 (3%)

- Autre (famille, amis,magazines,

Internet…) : 12 (9.5%)

F. Analyse de sous-groupes

1. Selon l’origine des familles

Les familles d’origines européennes connaissent et appliquent mieux les mesures

physiques, que les familles d’origines africaines ou asiatique (p=0,0038), mais se

sentaient moins bien informés (p=0,0023). Il n’y avait pas de différences

significatives selon les origines des familles concernant le traitement de première

intention, les posologies, ou la perception de la fièvre comme un danger.

2. Selon l’âge de l’enfant

Nous avons comparé 2 sous groupes : les nourrissons de moins de 1 an et les

enfants de plus de 1 an.

La seule différence significative qui a pu être mise en évidence concernait les

mesures physiques, qui sont plus appliquées chez les enfant de plus de 1 an

(p=0,0016). L’âge n’était pas un critère discriminant concernant la perception de la

fièvre, le traitement de première intention, les posologies, et l’information des

parents.

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35

3. Selon la tolérance de la fièvre

En cas de fièvre mal tolérée, les mesures physiques étaient davantage appliquées

(p=0,004). Ces enfants étaient plus souvent hospitalisés (p=0,00012)

4. Selon le sentiment d’information des parents

Les parents se sentant bien informés sur la conduite en tenir en cas de fièvre

connaissaient significativement mieux les mesures physiques (p=0,0024) et les

posologies des antipyrétiques (p=0,022). Il n’y avait en revanche pas de différence

significative concernant l’administration d’un traitement de première intention et la

perception de la fièvre comme un danger.

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36

V DISCUSSION

Le but de notre étude était de nous permettre d’évaluer de manière prospective le

comportement des parents quand leur enfant était fébrile et d’essayer de comparer

cette prise en charge à celles recommandées par l’AFSSAPS et la Société

Française de Pédiatrie.

A. Prise en charge de la fièvre : aspects positifs de

notre étude

Cette enquête a permis de relever des éléments positifs qui semblaient globalement

acquis par les parents.

1. Mesure de la température

• Dans notre étude, 93% des familles possédaient un thermomètre au domicile et la

température a été prise à domicile dans 86% des cas avant la consultation aux

urgences pédiatriques. Ce résultat montrait une bonne sensibilisation des parents

concernant la démarche diagnostique vis-à-vis d’une fièvre chez leur enfant. Pour

49,6% des parents, la mesure de la température par voie rectale, restait

conformément aux recommandations, la méthode de référence.

2. Définition de la fièvre

• 84,3 % des parents définissaient la fièvre comme une température supérieure ou

égale à 38°C et 56% connaissaient le seuil exact de la fièvre à 38°C. Ils étaient

12% à définir le seuil de la fièvre comme une température corporelle inférieure ou

égale à 38°C Nos résultats étaient concordants avec les précédentes études

réalisées sur le même thème : le pourcentage des parents indiquant le seuil de

fièvre à 38°C variait de 51 % à 62.3 % pour des parents interrogés en cabinet de

ville (2, 36, 37) et de 60 à 87% pour des parents interrogés aux urgences (38,

39).

• Ces bons résultats observés dans ces études françaises étaient à mettre en

balance avec ceux observés dans une étude américaine réalisée en 2004 qui

montrait que seulement 42% des parents connaissent la définition de la fièvre(40)

ou ceux d’une étude anglaise dans laquelle 30% des parents ne connaissaient

pas la température normale du corps (41).

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37

3. Température conduisant à débuter le traitement

• Dans notre étude, la température qui a conduit au traitement était en moyenne de

38,6°C. Pour mémoire, l’AFSSAPS ne proposait une prise en charge

symptomatique de la fièvre qu’à partir de 38,5°C.

• Des efforts d’éducation et d’information parentale restaient à réaliser puisque 26%

des parents débutaient un traitement pour des températures inférieures à 38°C.

Ce résultat était comparable à celui observé dans une étude américaine réalisée

aux urgences pédiatrique de Baltimore où 25 % des parents initiaient un

traitement antipyrétique pour des températures inf à 37,8°C (42). Par contre, il

demeurait particulièrement élevé comparativement à ceux d’études réalisées en

ville. En effet, Grass n’observait que 14,6% des parents qui traitaient leur enfant

pour des températures inférieures à 38°C(36).

• Enfin, dans notre étude, presque 12% des parents entreprenaient un traitement

antipyrétique sans aucune mesure de la température. Parmi ces parents, 80%

étaient d’origine extra européenne. Ce « sur-traitement » observé était

probablement lié à une méconnaissance de la fièvre et de ces conséquences.

Cela devait être mis en rapport avec une moins bonne éducation des parents

consultant aux urgences comparativement aux parents ayant un suivi régulier par

leur médecin généraliste ou pédiatre. En effet, l’information et l’éducation des

patients restaient un moment privilégié et essentiel de la consultation de ville. De

plus, le niveau de compréhension des familles d’origine étrangère était souvent

limité, la prise en charge devenant par conséquent plus compliquée. Enfin, ce

manque d’éducation engendrait beaucoup d’anxiété lors de l’épisode fébrile,

conduisant souvent à une administration trop hâtive d’antipyrétiques.

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38

4. Traitement de première intention

• Un quatrième point positif a pu être mis en évidence dans notre étude : le

paracétamol en monothérapie était le traitement antipyrétique de première

intention le plus utilisé (83%), conformément aux recommandations de la société

française de pédiatrie (35).

• Ce résultat était concordant avec celui de nombreuses autres études menées

aussi bien en ville qu’aux urgences. En effet, le paracétamol demeurait le

traitement de première intention respectivement dans 72% des cas (38), 91% des

cas (2), 87% des cas (43) et enfin 64% des cas (41).

B. Prise en charge de la fièvre : aspects négatifs de

notre étude

Ces points positifs d’acquisition des connaissances étaient contrebalancés par

certaines lacunes.

1. Les méthodes physiques

• Dans notre travail, 43,3% des parents ne connaissaient pas ou n’appliquaient pas

les mesures physiques. Ces mauvais résultats s’apparentaient à ceux des patients

des urgences pédiatriques de Brest où seulement 21% appliquaient des mesures

physiques (43). Il semblerait que les patients consultant en ville étaient plus au fait

de ces mesures. Dans une étude qui s’est déroulée en ville dans l’agglomération

de Metz, sur 1038 familles interrogées, 70% des parents découvraient leur enfants

et 30% pensaient à les hydrater correctement (2).

• Même si peu d’études ont prouvé l’efficacité des méthodes physiques dans le

traitement antipyrétique (44), trois mesures simples et de bon sens pouvaient

contribuer à limiter l’ascension de la température, à augmenter l’efficacité du

traitement médicamenteux et à maintenir une hydratation correcte de l’enfant :

éviter de couvrir l’enfant, aérer la pièce, et faire boire l’enfant régulièrement.

• Néanmoins, l’utilisation des moyens physiques devait tenir compte de la notion de

confort thermique (45). Le confort thermique était un aspect affectif essentiel de la

fièvre. Le sujet fébrile mettait en œuvre un ensemble d’action pour que sa

température corporelle corresponde à celle désirée par le thermostat central. Tout

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39

ce qui l’empêchait d’atteindre cette valeur était jugé désagréable (le froid). Tout ce

qui le facilite était agréable (le chaud). Cette notion permettrait d’expliquer

pourquoi les moyens physiques pouvaient être mal vécus quand la fièvre

augmentait, leur faible utilisation par les parents et enfin, la remise en cause de

nos conseils de prévention.

2. AINS et alternance thérapeutique

• Notre étude a mis en évidence une utilisation relativement modérée des AINS :

9,6% des parents traitaient leur enfant avec de l’ibuprofène et 7,2% avec une

association ibuprofène et paracétamol en première intention. Même si une étude

israélienne semblait montrer un certain avantage pour l’alternance thérapeutique

(32), l’utilisation en première intention de l’association paracétamol/ibuprofène

était fortement déconseillée par l’AFSSAPS. Par contre, même si l’AFSSAPS ne

déconseillait pas clairement l’utilisation des AINS en première intention, la Société

Française de Pédiatrie, au vu du rapport bénéfices/risques a recommandé le

paracétamol en monothérapie.

• La fièvre persistait chez 43 enfants (34%). Parmi ces 43 enfants, près de la moitié

(18/43 soit 42 %) ont reçu une bithérapie de seconde intention. Dans notre étude,

seuls 39% des enfants ayant reçu une bithérapie de seconde intention avaient

consulté au préalable un médecin tandis que 61% l’avaient reçu suite à une

automédication parentale. De plus, près de 35,7 % des enfants dont la fièvre avait

été jugulé après administration d’un premier antipyrétique ont reçu tout de même

un second antipyrétique (le plus souvent un AINS). Ce second traitement a été

administré à chaque fois par la famille. Ces pratiques allaient à l’encontre des

recommandations de l’AFSSAPS. En effet, celle-ci conseillait de ne prescrire

qu’un antipyrétique à la fois et de consulter un médecin avant la substitution

éventuelle ou l’adjonction d’un second antipyrétique.

• De plus, notre étude a souligné le danger potentiel de l’automédication, en

particulier avec des AINS, trop souvent perçus comme anodins par les parents

d’autant plus que l’ibuprofène était disponible en pharmacie sans prescription

médicale. Une étude lilloise a d’ailleurs montré que 51% des familles possédaient

de l’ibuprofène à domicile qui provenait de prescriptions antérieures ou d’achat en

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40

vente libre(46). Il serait intéressant de réfléchir sur la délivrance en pharmacie du

nombre exact de médicament, pour limiter l’automédication et tous les risques en

découlant.

• Des résultats assez disparates ont été observés concernant l’alternance

thérapeutique : 75% des parents interrogés dans les établissement scolaires de

l’agglomération de Metz déclaraient pratiquer l’alternance thérapeutique (2), alors

que seulement 4,7% des parents interrogés aux urgences de Brest donnaient

d’emblée une bithérapie à leurs enfants fébriles (43).

• Le rôle des médecins dans l’indication de la bithérapie antipyrétique pouvait

également être discuté. En effet, dans notre étude, 71.4% des prescriptions de

bithérapie concernaient des fièvres bien tolérées, qui auraient peut être pu être

traitées uniquement en monothérapie. Les raisons de cette pratique médicale

consistant à alterner deux médicaments antipyrétiques (y compris en cas de

fièvre bien tolérée) avaient des raisons diverses. Une étude américaine (47) a

montré que la prescription d’un traitement alterné était d’autant plus fréquente que

l’expérience du médecin était faible, reflétant peut être une anxiété plus grande

des médecins ayant le moins d’expérience vis à vis de la fièvre. Les auteurs

rappelaient les dangers inhérents à l’usage des antipyrétiques qui ne devaient pas

être considérés comme des médicaments anodins par les parents et encore moins

par les médecins. De plus, inciter les parents à alterner les antipyrétiques pouvait

entraîner une confusion et augmenter le risque d’erreur de dosage. Enfin,

l’alternance des antipyrétiques contribuait à l’image d’un traitement agressif de la

fièvre, entretenant ainsi la phobie chez les parents.

• Il faut donc sensibiliser à la fois parents et médecins sur les dangers potentiels

d’une telle association. De plus, en cas de manifestations allergiques, il devenait

très difficile d’identifier le médicament responsable obligeant parfois à contre

indiquer les 2 molécules.

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41

3. Posologies non adaptées

• Dans notre étude, les posologies n’étaient pas adaptées dans 47,2% des cas. 28

enfants avaient des posologies sous- dosées et 32 enfants des posologies sur -

dosées. Il existait plusieurs causes possibles à ces erreurs de posologies.

• Tout d’abord, les intervalles entre 2 prises pouvaient ne pas être respectés :

- soit trop rapprochés (2 prises en moins de 4 heures) dans un but de recherche

systématique de l’apyrexie, avec des risques de surdosage.

- soit trop éloignés (2 prises espacées de plus 6h) pouvant faussement conduire à

l’inefficacité du traitement.

• Ces erreurs de posologies ont également été rapportées dans différentes études

françaises : entre 21 et 28 % de nombres de prises inappropriées (2) ; 63% de

traitement sous dosés (43) ; 7% des patients espaçant leurs prises de plus de

6h (38) et enfin 6% des patients prenant leur traitement antipyrétique toutes les 3

heures (37). Il était donc fondamental de toujours rappeler aux parents que la

posologie était fonction du poids de l’enfant et qu’il fallait respecter les fréquences

d’administration des antipyrétiques.

• Dans notre étude, une galénique particulière pouvait être source d’erreur : les

suppositoires. Bilenko et al ont recherché les facteurs de risques de mésusages

des antipyrétiques et ont retrouvé une relation significative et indépendante entre

la galénique et le surdosage en antipyrétique : le suppositoire est 4,9 fois plus

relié à un surdosage que les autres formes galéniques (suppositoire non adaptés

au poids de l’enfant, suppositoire coupé en 2, absorption aléatoire) (48).

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42

C. Facteurs influençant la prise en charge

1. Selon l’âge de l’enfant

• Malgré les fiches conseils figurant dans les nouveaux carnets de santé et les

visites obligatoires chez le pédiatre, les parents de nourrissons de moins de un an

ne se sentaient pas mieux informés que les parents d’enfant de plus de un an

concernant la prise en charge de la fièvre de leur enfant (20/34 Vs 51/93, p =

0.84). Ces parents avaient même tendance à moins appliquer de manière

significative les mesures physiques comme découvrir l’enfant ou le faire boire

(11/34 Vs 61/93, p = 0.0016). Ces comportements pouvaient être expliqués par la

peur de découvrir le nourrisson fébrile, comportement dangereux car augmentant

le risque de déshydratation.

2. Selon le sentiment d’éducation des parents

• Les parents qui se sentaient bien informés connaissaient mieux de manière

significative les posologies et les mesures physiques, preuve que l’éducation des

parents a pu être bénéfique sur certains points. Néanmoins, même chez ces

parents mieux informés, la fièvre en soi représentait toujours un danger. Ceci était

la preuve que « la fièvre en tant que symptôme bénin » restait un message qui

avait du mal à être entendu par les parents. C’était un des points sur lequel nous

devons nous efforcer d’améliorer notre information.

3. Selon la tolérance de la fièvre

• Comparativement aux parents d’enfants présentant une fièvre bien tolérée, les

parents dont les enfants avaient une fièvre mal tolérée appliquaient d’avantage les

mesures physiques (p=0.004), probablement par peur des complications.

L’éducation reste donc à parfaire car ces mesures devraient être

systématiquement appliquées, y compris en cas de fièvre bien tolérée.

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43

4. Selon l’origine des parents

• De manière surprenante, les familles d’origines étrangères se sentaient mieux

informées que les familles européennes (47/68 Vs 24/59, p = 0.002). Cela pouvait

s’expliquer par le fait que ces familles consultaient volontiers en PMI où un travail

de prévention et d’écoute était effectué au quotidien (ce qui était peut être plus

difficile en cabinet de ville par manque de temps). Par contre, ces familles ne

connaissaient pas bien les mesures physiques par rapport aux familles

européennes (30/68 vs 42/59, p = 0.004).

D. Perception de la fièvre par les parents

1. La fièvre reste perçue comme dangereuse

• Dans notre étude, 79% des parents considéraient la fièvre comme dangereuse.

Beaucoup de parents avaient des idées reçues à propos de la fièvre et de ses

conséquences potentielles. Les parents avaient peur de ne plus pouvoir contrôler

la fièvre, de ne pas reconnaître quelque chose de grave ou que la fièvre fut à

l’origine de séquelle neurologique irréversible. La fièvre était ressentie comme une

menace pour les parents

• Cette angoisse vis-à-vis de la fièvre semble assez universelle. En effet,

Blumenthal rapportait dans une étude anglaise que 81% des parents pensaient

qu’une fièvre non traitée pouvait causer des lésions cérébrales et même entraîner

la mort (7%) (41).

• Plusieurs travaux ont montré que l’attitude des parents était liée à une

méconnaissance de certains aspects de la fièvre. Une étude américaine réalisée

aux Etats-Unis en 1980 (49) auprès d’une population ayant un niveau socio

économique plutôt faible montrait que :

- 16% des parents pensaient que la température pouvait dépasser 43,3°C

- 46% des parents pensaient que la fièvre pouvait provoquer des séquelles

neurologiques permanentes

- 8% pensent qu’elle pouvait entraîner la mort.

C’était la première fois que l’on parlait de « fever phobia » pour désigner les

peurs non réalistes des parents, le sur- traitement et la sur-consommation de

soins médicaux. La même étude réalisée 20 ans plus tard retrouvait des résultats

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44

comparables (42). La phobie de la fièvre a donc persisté parmi les parents et il

semblerait que ces idées étaient transmises de génération en génération.

• Une étude française réalisée aux urgences pédiatrique du Havre rapportait les

mêmes craintes des parents ; en effet, 22% des parents redoutaient une

convulsion hyperthermique, 7% craignaient une maladie grave et 5% redoutaient

une méningite (39). Cette peur de la fièvre pouvait avoir une origine sociale. Boivin

(1) et al ont mis en évidence une exacerbation des méconnaissance et des

attitudes des parents parmi avec une condition socio économique défavorable.

• Par ailleurs, l’origine ethnique ou culturelle ne semblait pas influer sur la

perception de la fièvre. Dans notre étude, nous n’avons pas montré de différence

significative entre les parents d’origine européenne et les parents d’origine extra-

européenne concernant la dangerosité de la fièvre (44/59 Vs 56/68, p = 0.39). Nos

données étaient concordantes avec une revue de la littérature qui indiquait que les

craintes étaient partagées d’un pays à l’autre et d’une origine à l’autre (50).

2. L’angoisse conduit aux services des Urgences

• Mais pourquoi consulter le médecin des urgences ? Les parents voulaient

partager leurs responsabilités et leur angoisse avec le médecin (51). « Quand le

médecin est passé, on se sent beaucoup mieux ». La peur de la fièvre poussait

les parents à trouver une consultation médicale le plus rapidement possible. Pour

cela, beaucoup se dirigeaient vers les urgences pédiatriques car les parents y

trouvaient un moyen rapide de se rassurer. Cela semblait être moins évident chez

le médecin généraliste ou le pédiatre, surtout en période d’épidémie hivernale.

• Aux urgences, les parents n’avaient pas besoin de rendez-vous, ils étaient

assurés de voir un médecin jour et nuit, permettant une accessibilité aux

personnes de tout niveau socioéconomique. Dans une étude danoise, les attentes

des parents consultant aux urgences étaient, par ordre prioritaire : le besoin d’un

examen clinique par un médecin (98%), d’une explication ou d’un diagnostic

(79%), d’un conseil (20%), d’une prescription (13%) ou de réassurance (9%) (52).

Enfin, les parents étaient rassurés par les moyens de diagnostic rapide (biologie,

imagerie) disponible à l’hôpital, ces moyens permettant de dépister rapidement

une infection ou une maladie grave (53).

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45

3. Manque d’information

• Dans notre étude, 44% des parents ne se considéraient pas assez bien informés

concernant la prise en charge de la fièvre. Ce manque d’information a

probablement conduit à une surmédicalisation. Stagnara et al ont montré que

93% des épisodes fébriles survenus sur un an conduisaient à une consultation

médicale. De plus, près d’un quart des patients téléphonaient à un médecin moins

de 3 heures après le début de l’épisode (1). L’information et l’éducation des

parents est donc insuffisante et nécessite des efforts des médecins et des

pouvoirs publics.

• Concernant la sensibilisation des parents, plusieurs travaux ont montré qu’il était

beaucoup plus productif d’envisager une éducation des parents en dehors des

périodes de fièvre (anxiété des parents interférant avec la compréhension) (54),

les examens systématiques du nourrisson et les vaccinations restant un moment

idéal.

• Il parait toutefois évident de continuer à informer les parents de manière claire et

précise sur la fièvre et sa prise en charge, y compris lors d’un épisode infectieux,

notamment aux urgences. Il serait utile que l’information débute dès la sortie de la

maternité, lors de la remise du carnet de santé qui contient déjà de nombreuses

informations pratiques concernant la fièvre.

4. Améliorer l’information des parents

• Le médecin (généraliste ou pédiatre) se doit de transmettre des messages clairs

en accord avec les recommandations du moment. Sa maîtrise de l’information est

un préambule indispensable à sa transmission. Le médecin peut corriger avec tact

et pédagogie les idées fausses des parents, en évitant de remettre en cause de

façon brutale et définitive, les acquis d’un parent en une seule consultation. Le

praticien doit apprendre à expliquer les comportements adaptés à la situation. Il

faut par exemple prendre la température de l’enfant avec les parents, démarche

pratique et éducative permettant de rappeler les méthodes de mesures, les

valeurs seuils de la fièvre et de donner quelques conseils notamment sur

l’importance de la monothérapie par paracétamol en première intention.

• Il faut ensuite débarrasser les parents de leurs angoisses naturelles et

culpabilisantes. Le médecin doit reconnaître l’angoisse des parents, juger de leur

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compétence face à la maladie de leur enfant, sans ébranler leur confiance. C’est

en répétant l’information à plusieurs reprises qu’elle est mieux assimilée par les

parents (55). Deux programmes éducatifs sur la prise en charge de l’enfant fébrile

ont récemment été évalués :

- le premier a montré qu’un programme interactif était équivalent à un programme

écrit ; au terme de ce programme éducatif, le nombre de parents anxieux avait

diminué de 30%. La prise en charge à domicile a été également nettement

améliorée, avec notamment, un meilleur usage du thermomètre et des

antipyrétiques, réduisant par conséquence les visites inutiles aux urgences (56).

- la deuxième étude montrait l’intérêt d’une cession éducative orale initiale (le jour de

la visite), renforcée par une deuxième cession (avec support écrit et dessins). Les

connaissances des parents ont été évaluées après chaque cession d’information

puis comparées. On a pu mettre en évidence une amélioration significative

concernant les points suivants : définition de la fièvre ; température nécessitant de

débuter un traitement antipyrétique ; connaissance des mesures physiques ;

évaluation de la nécessité d’une consultation médicale (57).

5. Propositions pour améliorer l’éducation des parents

• Pour optimiser ’information des parents aussi bien aux urgences que chez le

médecin généraliste, il serait intéressant de leur proposer simplement un dépliant

avec les recommandations de l’AFSSAPS ou un dépliant explicatif avec des

illustrations et un langage simple, disponible en plusieurs langues à l’attention des

populations immigrées consultant aux urgences pédiatriques. La population

étudiée comportait un grand nombre de parents d’origine étrangère (54 % des

parents). L’éducation de ces parents doit tenir compte de leurs croyances, de

leurs rites, de leur mode de vie et de leur différente représentation de la maladie,

qui influencent sûrement leur comportement face à la fièvre.

• Cet outil simple de communication pourrait contenir la définition de la fièvre, les

signes de mauvaise tolérance, les mesures physiques simples à mettre en

œuvre, les moyens thérapeutiques disponibles et les situations nécessitant

rapidement une consultation médicale. Certains auteurs ont proposé des fiches

didactiques dans ce sens (58). Malheureusement, l’impact de ces campagnes

d’information n’a pas encore été évalué à grande échelle.

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E. Biais et limites de l’étude

1. Biais de sélection

• La population étudiée dans notre enquête n’était pas tout à fait représentative de

la population générale. En effet, les parents ayant recours aux Urgences

pédiatriques du Kremlin- Bicêtre, avaient un niveau socio économique plutôt

faible, avaient moins recours à un médecin généraliste ou un pédiatre, et étaient

pour une grande majorité d’origine étrangère. C’est pour toutes ces raisons que la

compréhension et l’éducation était peut être plus délicate, et enfin, que la

comparaison avec les études réalisées sur le même sujet mais dans un autre

contexte (cabinet de ville notamment) était intéressante.

• Les parents étaient interrogés dans un contexte de « stress », pouvant influencer

leurs réponses. Il aurait été intéressant de réinterroger ces parents à distance de

l’épisode aigu.

• A contrario, nous avons éliminé ainsi le biais de mémorisation ; c'est-à-dire que les

parents se souvenaient d’autant plus de leur prise en charge que nous les

interrogions au début de l’épisode fébrile.

• Les nourrissons de moins de 3 mois n’ont pas été inclus dans notre étude, car la

prise en charge de l’enfant fébrile de moins de 3 mois est tout à fait spécifique.

• De même, les enfants consultant après 18h 30 n’ont pas été inclus car nous

voulions limiter les données manquantes (diminution d’effectif médical et surplus

de travail la nuit).Si nous avions interrogés les parents la nuit, nos résultats

auraient pu être modifiés, car il semblerait que l’inquiétude parentale soit souvent

majorée la nuit en raison de la limitation de l’offre de soins.

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2. Limites de l’étude

• Nous n’avons pas demandé aux parents s’ils avaient déjà consulté un médecin

pour l’épisode fébrile actuel. En effet, si c’était le cas, le délai entre le début de la

fièvre et la consultation aux urgences serait retardé.

• Plusieurs variables n’ont pu être étudiées dans notre étude. Certaines auraient pu

influencer la prise en charge de la fièvre. Par exemple :

- le rang dans la fratrie : la prise en charge d’un enfant fébrile était sûrement

différente si il s’agissait du premier enfant. Pour les enfants suivants, l’attitude

parentale aurait probablement pu s’améliorer grâce à l’expérience acquise.

- le niveau socio économique pouvait influencer la prise en charge de l’enfant

fébrile, les connaissances pouvant varier avec le niveau d’étude.

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VI CONCLUSION

• La fièvre est un motif de consultation extrêmement fréquent, aussi bien en

médecine générale, qu’en pédiatre. Nous avons donc voulu évaluer l’attitude des

parents qui consultaient aux urgences pédiatriques pour fièvre, afin d’améliorer

leur connaissance et prise en charge.

• Cette étude a permis de montrer que quelques notions étaient plutôt bien connues

(paracétamol comme antipyrétique de première intention, définition de la fièvre) ;

en revanche, elle a mis en exergue le fait que la fièvre était toujours source

d’anxiété et de crainte infondées. Elle a également mis en évidence le sentiment

de manque d’information des parents sur la fièvre, notamment des

recommandations de l’AFSSAPS. Ce manque d’éducation est à l’origine de leur

prise en charge inadaptée : peu d’utilisation des méthodes physiques, alternance

thérapeutique (paracétamol et AINS) en première intention, traitement de la fièvre

sans prise de température, posologies non adaptées.

• Tout ceci rappelle le rôle primordial du médecin de soins primaire, que ce soit

l’urgentiste dans notre étude, ou le médecin généraliste, dans l’éducation de ces

familles. De nombreuses publications ont montré que l’éducation des parents

permettait une meilleure prise en charge de l’épisode fébrile. Une information

simple, claire et adaptée à leur niveau de compréhension sur les modalités

actuelles de la prise en charge des enfants fébriles est donc indispensable.

• Cette information doit comporter les mesures symptomatiques à mettre en place

(notamment les mesures physiques et les posologies adaptées), et permettre aux

parents d’apprendre à reconnaître les signes de mauvaise tolérance qui

nécessitent rapidement une consultation médicale. Des fiches de conseils

pourraient être élaborées à partir des recommandations de l’AFSSAPS, ou des

conseils figurant sur le carnet de santé.

• Le médecin reste le pilier central de l’éducation parental en rappelant à chaque

consultation la prise en charge de la fièvre et en les rassurant en cas de « fever

phobia ».

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VIII ANNEXE : Questionnaire établi pour la

réalisation de l’étude utilisé au cours de l’étude

Evaluation dans un service d’urgence pédiatrique de la prise en charge de la

fièvre de l’enfant .

(tout enfant consultant aux urgences pour fièvre +/- autres symptômes)

Entourer les réponses citées SVP

Nom (3eres lettres et étiquette)

Date de la consultation

Age (en mois si moins de 2 ans) Poids : kg

Sexe : M F Origine :

Antécédents de CCH ? oui non

Suivi habituel : PMI Pédiatre libéral Médecin généraliste Urgences

Aucun

Motif de consultation aux urgences?

Fièvre toux diarrhée vomissements éruption autres

Avez-vous déjà consulté aux urgences pour fièvre ? oui non

Si oui : aviez vous reçus des conseils oui non

Lesquels ?

Les avez-vous appliqués ? oui non

Avez-vous un thermomètre à la maison ? Oui non

Avez-vous pris la température à la maison ? Oui non

Si oui quels signes vous ont incités à mesurer la température ?

Méthode de mesure de la fièvre : rectale axillaire auriculaire buccale

autres

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Définition de la fièvre comprise par les parents : (noter la température indiquée

par les parents) :

Date début de la fièvre :(si moins de 24h préciser en heures)

Caractéristiques de la fièvre :

Température maxi :

Frissons douleurs Marbrure Cyanose Geignard Apathique

Méthodes physiques connues et appliquées par les parents :

- ne pas trop couvrir l’enfant : oui non

- faire boire régulièrement l’enfant : oui non

- aérer la pièce : oui non

- donner un bain frais : oui non

Traitement antipyrétique déjà instauré ? : oui non

Si oui -quelle est la température qui a conduit à la mise en route du

traitement ?

- combien de temps après , le traitement a-t-il été instauré ?

- Par qui : -de manière spontanée par la famille oui non

- après conseil du pharmacien oui non

- après consultation : - médecin généraliste

- pédiatre

- PMI

- Urgences

Quel(s) traitement(s) a été administré en première intention et à quelle dose ?

-paracétamol : mg /kg/j en prises

-AINS : mg /kg /j en prises

-Aspirine : mg /kg /j en prises

La température a-t-elle été contrôlée entre les prises médicamenteuses ? oui

non

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Effets sur la fièvre : Persistante ou jugulée

Si fièvre persistante, autres médicaments administrés ? :

-paracétamol : mg /kg/j en prises

-AINS : mg /kg /j en prises

-Aspirine : mg /kg /j en prises

- Par qui ? - de manière spontanée par la famille oui non

- Après conseil du pharmacien oui non

- Après consultation : - médecin généraliste

- pédiatre

- PMI

- Urgences

L’enfant a-t-il absorbé le même antipyrétique (ex doliprane et efferalgan)?

Oui non

Si oui lequel ?

La fièvre en soi parait elle dangereuse aux parents ? Oui non

Les parents ont il l’impression d’être suffisamment informé sur la fièvre et sa

prise en charge ? Oui non

Quelle est leur principale source d’information ?

Diagnostique retenu :

Devenir : retour à domicile hospitalisation

Modification du traitement antipyrétique ? Oui Non

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