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PRÉSENTATION

Ont eu la chance de participer à cette mission :

Cette mission a été rendue possible dans le cadre d’un accord de coopération entre l’État du Paraná et le

Québec. Le gouvernement du Paraná nous a soutenus dans cette mission par l’intermédiaire d’une ressource,

mais également avec la mise à disposition gratuite d’un autobus et de deux chauffeurs pour la durée du séjour.

C’est également un soutien de la part de partenaires financiers majeurs : L’Office Québec-Amériques pour la

jeunesse, l’Union des producteurs agricoles, l’Institut interaméricain pour la coopération agricole, et La

Financière agricole du Québec.

Notre accompagnateur et co-

organisateur sans qui rien n’aurait pu se

produire : Filipe Braga Farhat

Notre interprète qui a traduit à toute heure et

qui a été un guide très généreux et un excellent

complice : Geferson Ecker

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LA MISSION

Le Brésil étant un joueur mondial majeur de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire ainsi qu’un concurrent de plus en plus compétitif sur les marchés nord-américains, la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) a souhaité voir ce qu’il en était de plus près. Parmi les missions de la FRAQ, la formation et l’ouverture sur le monde de la jeune génération d’agriculteurs demeurent une priorité. Une telle mission de sensibilisation est une chance inestimable pour les participants, mais aussi pour les membres de la FRAQ. Initialement les objectifs visés par le projet étaient principalement de :

Comprendre le potentiel agronomique et commercial du Brésil ainsi que ses avancées en matière d’innovation.

Connaître la politique agricole du Brésil, son système de mise en marché et son système coopératif. Cerner la position du Brésil au niveau des échanges commerciaux (internationaux – bilatéraux). Rencontrer les organisations syndicales et comprendre les différents rapports de force. Aborder certaines problématiques rencontrées au Québec : enjeux des terres agricoles, bioénergies,

mesures environnementale etc. Aborder la problématique du renouvèlement des générations en agriculture et connaître les éventuelles

politiques et programmes en matière de relève agricole. Comprendre la place de l’enseignement et de la recherche agricoles.

À l’heure du bilan, nous pouvons clamer : mission accomplie! En effet, la qualité du programme dont fait état ce rapport, nous aura permis de mieux comprendre et appréhender l’ensemble de ces éléments.

NOTRE CIRCUIT

Notre mission s’est concentrée sur l’État du Paraná, qui ne reflète pas la réalité agricole de l’ensemble du Brésil mais qui est la figure de proue de cette industrie. Cinquième économie nationale parmi les 27 États et district Brésiliens, l’État du Paraná est notamment le deuxième producteur de grains du pays. Notre circuit a consisté à sillonner cet état du Sud du Brésil, en partant de la capitale Curitiba, pour terminer aux fabuleuses chutes d’Iguaçu, à la frontière de l’Argentine et du Paraguay.

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NOTRE MISSION JOUR APRÈS JOUR

Visite au bureau de la FAEP

Le 14 mai 2013. Curitiba, capitale du Paraná. Nous arrivons vers 8 h au quartier général de la FAEP. L’accueil est chaleureux. Ses principaux dirigeants nous présentent leur organisation et nous dressent un portrait de l’agriculture et de l’agroalimentaire au Paraná. La FAEP, Federação da Agricultura do Estado do Paraná, regroupe à travers 182 syndicats ruraux affiliés, plus de 79 000 producteurs ruraux au Paraná. Ces producteurs sont responsables de 70 % de la production agricole de l’État. La FAEP lutte pour que le secteur agricole ait accès à de meilleures conditions sociales et économiques ainsi que pour un environnement favorable au développement de ses activités. Elle aborde, dans ses représentations et actions, les enjeux relatifs à l’endettement, au crédit agricole, aux infrastructures, à l’environnement, aux questions sanitaires, aux coûts de production, aux politiques agricoles et au fonctionnement des filières de commercialisation. La FAEP est aussi affiliée au CNA, Confederação da Agricultura e Pecuária do Brasil, qui regroupe 27 fédérations œuvrant à l’échelle de chacun des États du Brésil et qui représente, à l’échelle nationale, environ 2 millions de producteurs agricoles. En fait, selon les informations recueillies, si tous les agriculteurs au Brésil doivent être syndiqués, tous ne sont pas représentés par la CNA. Au Paraná, la FAEP représente tous les agriculteurs qui emploient au moins un travailleur rural ainsi que tous ceux qui exploitent une superficie d’au moins 40 ha à des fins agricoles. La FAEP est appelée communément le syndicat « patronal » puisqu’elle négocie pour ses membres, qui ont presque tous un statut d’employeur, les conventions de travail avec leurs vis-à-vis, les syndicats de travailleurs agricoles et de l’agriculture familiale. Une autre composante du CNA est le SENAR, le centre national de formation professionnelle en agriculture. La mission de l’organisme, tout en valorisant socialement les métiers de l’agriculture, est de développer et d’offrir des cours de formation agricole visant les membres des familles rurales, afin de contribuer à leur professionnalisation, leur intégration dans la société, l’amélioration de leur qualité de vie et de les faire contribuer pleinement à l’exercice de leur citoyenneté. Le SENAR a été fondé en 1991. Aujourd’hui, au Paraná, le SENAR offre plus de 230 formations différentes en agriculture suivies annuellement par plus de 21 000 participants, agriculteurs et travailleurs agricoles. Une proportion importante des budgets du SENAR est consacrée aux jeunes ruraux à travers différents programmes, soit près de 18 %. Le SENAR est financé par les agriculteurs à partir d’une contribution obligatoire représentant 0,2 % de leurs revenus agricoles. Enfin, après les différentes présentations de la FAEP, nous comprenons que la politique agricole du Brésil s’articule autour de deux grands axes : (1) le crédit agricole, pour financer les investissements requis au développement du secteur et (2) l’assistance technique, par le service-conseil et la formation, pour développer les habiletés de gestionnaire des producteurs et les habiletés professionnelles des travailleurs agricoles.

- Charles-Félix Ross -

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Visite au bureau de la FETAEP

Le 14 mai 2013. Curitiba, capitale du Paraná. Nous avons ensuite pris le chemin de la Fédération des travailleurs de l’agriculture de l’État du Paraná (FETAEP), qui se trouve être l’autre branche syndicale du monde agricole brésilien. L’Organisation syndicale des travailleurs de l’agriculture regroupe en fait les travailleurs agricoles et les petits propriétaires de moins de 40 ha qui ne sont pas dans l’organisation syndicale patronale. Cela représente 25 millions de personnes au Brésil, dont 1,6 millions au Paraná! La confédération regroupe 27 fédérations dont celle de l’État du Paraná, sous-divisés en 4 200 syndicats à travers le Brésil. Une organisation syndicale immense, qui fête ses 50 ans d’histoire secouée de luttes et de gains à plusieurs égards! Les piliers de travail de l’organisation sont :

- Sociaux (éducation en milieu rural, contrer l’exode rurale, accès aux soins de santé) - Économiques (reconnaissance légale des employés et accès aux avantages sociaux, niveau salarial des

employés) – près de 70 % des travailleurs agricoles brésiliens ne sont pas encore enregistrés et ne bénéficient pas des régimes sociaux.

- Environnementaux (promotion de l’agroécologie, de l’agroforesterie) - Culturels (place des femmes et des jeunes en agriculture et dans le syndicalisme) – à titre indicatif, 30 %

des membres dirigeants du syndicat doivent être des femmes, et 20 % des jeunes de 16 à 32 ans. La FETAEP a notamment soutenu le Mouvement des sans terre (MST) qui s’est mis en place lors de la réforme agraire, dans les années 80. La terre a été reconnue comme un bien de richesse et beaucoup de paysans et de population amérindienne se sont fait expulser de leur terre lors de la construction d’infrastructures. Le mouvement s’est mis à occuper massivement des terres agricoles et à revendiquer une réforme agraire juste et non commerciale. Les luttes du MST ont permis de reconquérir 7 millions d’hectares de terres, non sans des confrontations parfois violentes. Encore aujourd’hui, de nombreuses pressions sont exercées dans la rétribution des terres dans le cadre de la réforme agraire. La FETAEP met également de l’avant l’agriculture de type familiale au Brésil, qui se caractérise par des petites surfaces de culture, par l’utilisation d’une main-d’œuvre familiale et par un chiffre d’affaires et un salaire basés à la ferme. Il existe, depuis 2006, un secrétariat spécifique à l’agriculture familiale, avec 21 programmes dédiés (accès aux marchés, assurances, formation, tourisme rural), dont une ligne de crédit dédié à ce type d’agriculture. L’agriculture familiale a été très documentée ces dernières années, et les statistiques montrent une croissance marquée en terme de nombre d’établissements (88 % des établissements sont de type agriculture familiale), de nombre d’emplois, de surface de terre et de richesse générée en milieu rural : 677 Real/ha/an par l’agriculture familiale contre 58 Real/ha/an par l’agriculture dite non familiale. Au niveau de la question des jeunes en agriculture, l’exode rural est encore très présent. La valeur des terres et les crédits insuffisants pour les acheter, ne permettent pas aux jeunes d’acquérir la ferme des leurs parents. Par ailleurs, les transferts intergénérationnels fonctionnent encore beaucoup selon la succession familiale au décès des parents. Certains attendent du crédit du programme national du crédit foncier afin d’acquérir des petites terres. Comme à bien des endroits dans le monde, l’accès aux biens de production est un des défis majeurs des jeunes désirant vivre de l’agriculture. Il nous a également été permis de rencontrer, ce jour-là, un représentant d’OCEPAR, l’organisation des coopératives du Paraná, représentant 11 branches de coopératives, dont les coopératives agricoles. Sur 240 coopératives au Paraná, 81 sont agricoles et, plus particulièrement céréalières. Un cinquième de la production de céréales au Brésil se fait au Paraná, à travers des producteurs de toutes tailles. À titre d’exemple, 67 % des 10,3 millions de tonnes de soya produites transigent par des coopératives, 71 % des 1,7 tonnes de blé produit au

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Paraná, 29 % du poulet, ou encore 38 % du porc. Nous aurons la chance par la suite de visiter plusieurs coopératives agricoles, parmi lesquelles une des plus grandes coopératives d’Amérique du Sud, COAMO. - Magali Delomier -

Rencontre avec EMATER et visites de fermes et d’écoles

Le 15 mai 2013. Colombo en périphérie de Curitiba. Dans cette municipalité, il y a 800 familles agricoles avec des cadastres qui possèdent entre 6 et 8 hectares chacune. Colombo compte 240 000 habitants, il s’y fait très peu d’élevage et de maïs, mais plutôt du vin et des légumes. Il s’agit aussi de la commune la plus importante en production biologique dans l’État du Paraná. Colombo est aussi le deuxième producteur de chou-fleur au Paraná. Nous sommes accueillis par les techniciens d’EMATER (l’Institut Paranéen d'Assistance Technique et d’Extension Rural) qui donnent des conseils de commercialisation par l’implantation de coopératives, de conservation des sols, de gestion des maladies, de techniques de fertilisation et d’irrigation, ainsi que de projets pour obtenir du crédit. Ils nous ont fait visiter la ferme d’Edmar Gasparin qui compte 12 hectares. Il s’agissait d’une petite ferme très diversifiée qui offre aux touristes de pêcher des poissons (Carpe, Cat Fish, Tilapia) et de cueillir des légumes biologiques certifiés, le tout payé à la sortie. Il emploie huit personnes en saison forte et ils sont quatre de sa famille à travailler. Il reçoit environ 500 personnes durant les week-ends à la ferme. Le dimanche, ils comblent 150 places pour le dîner. Les consommateurs de Curitiba sont prêts à payer le prix, qui est environ deux fois plus cher que les produits conventionnels pour acheter du bio. Il devient, par contre, difficile de se différencier parce que les producteurs conventionnels, sans être bio, commencent à utiliser des techniques plus respectueuses de l’environnement, par exemple, moins d’engrais. Comparaison avec le Québec : Le bio ressemble à celui du Québec. On connait aussi l’autocueillette au Québec, mais les fermes sont moins diversifiées. L’agrotourisme est aussi important près des grandes villes. La ferme est dirigée par la famille comme chez nous. Les méthodes de gestion des sols par des analyses, l’utilisation de la chaux, d’engrais et de pesticides ressemble à ici. Mais tout est fait à la main, c’est la plus grande différence.

La FETAEP avait fait faire une bannière

spécialement pour nous accueillir!

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Nous avons ensuite visité la ferme de presque 20 hectares de Fatima qui est propriétaire depuis 1984. Elle cultive des grains de café, des fruits et des légumes en production biologique. Elle fait la livraison de ses produits aux maisons, mais de plus en plus les gens se déplacent chez elle pour acheter ses produits. Elle reçoit beaucoup de groupes de visiteurs et elle a un partenariat avec les écoles de la région qui viennent découvrir l’art du biologique. Elle a pris l’habitude de planter des arbres avec les visiteurs qui viennent à sa ferme pour reboiser. Nous en avons d’ailleurs planté deux avec elle et nous nous sommes promenés sur sa propriété. Elle a semé de l’avoine comme plante couverture sous les pommiers, parce qu’elles permettent de contrôler les mauvaises herbes. Nous avons pu constater qu’elle pratique beaucoup de reboisement avec des plantes natives pour reproduire les boisés d’origine. Elle fait partie du groupe Écovida bio, qui inclut douze familles de son coin et, si une personne commet un acte répressible, le groupe au complet perd sa certification biologique. Ce groupe veut sensibiliser la population à la production biologique et à la diversité. Comparaison avec le Québec : Le reboisement est beaucoup plus important au Brésil qu’ici. Encore une fois, la diversité de la ferme est surprenante. La gestion de l’érosion par les petites bosses est quelque chose qu’on n’utilise pas du tout au Québec. Les serres sont plus artisanales qu’au Québec, évidemment sans hiver, cela permet des infrastructures plus simples.

Nous avons poursuivi nos visites par le Centre professionnel éducatif de l’État du Paraná (CEEP), fondé en 2007, dans lequel il y a des cours d’agriculture, mais aussi un volet sur l’énergie. Deux étudiants nous ont présenté leurs projets de fabrication d’énergie qui leur a permis de participer à des concours. Cette école accueille gratuitement les jeunes de 14 à 17 ans durant quatre ans et elle offre aussi des cours pour adultes d’une durée d’un an et demi. La particularité de cette école est que les étudiants assistent à leurs cours pendant deux semaines et ils restent ensuite une semaine à la maison pour mettre en application leurs apprentissages. Ils souhaitent ainsi que les jeunes ne perdent pas le lien entre la théorie et la ferme. Les jeunes peuvent contribuer immédiatement à la ferme et les parents apprécient beaucoup. Il y a des cours de base (mathématiques, géographie, Portugais, histoire) et des cours spécifiques liés à l’agroforesterie, à l’agriculture et à l’élevage. L’agriculture biologique et conventionnelle y sont enseignées. Il y a présentement 119 élèves qui étudient en agriculture, 114 y logent gratuitement et 50 % sont des filles. Près de 20 % des étudiants poursuivent leurs études à l’université. Comparaison avec le Québec : Ils commencent les cours pratique plus jeune, ils sont hébergés et nourris gratuitement.

Souvenir de notre passage : la

plantation de deux arbres dans

la forêt de Fatima

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Enfin, Evendro, un vétérinaire nous a fait visiter le Centre de référence en agroécologie paranéen (CPRA). Ils y font l’utilisation intensive des pâturages et tout est biologique, même le lait, mais il est présentement commercialisé avec le lait conventionnel en attendant l’ouverture d’une laiterie qui transformera le lait bio séparément. Il se fait peu de lait biologique au Brésil pour l’instant, mais il y a un projet en cours pour certifier plus de producteurs. Le pâturage permet de marier les vaches et la sylviculture puisqu’il y a des rangées d’arbres dans le pâturage entre les différents enclos. Cela crée un microclimat qui limite les écarts de température. Ils ont aussi une espèce d’arbre qui fixe l’azote, comme la luzerne et le soya, qui sont plantés dans le pâturage. Ils ont les races Jersey, Suisse brune, Holstein et Zirolande (Holstein croisé Zébu). Ils calculent la rentabilité par surface et non par vache. Les vaches produisent 2 000 litres par année mais ils visent 4 500 litres. Les coûts sont de 0,31 Real/l et le prix de vente est de 0,81 Real/l, le bénéfice est donc l’équivalent de 25 $ par hectolitre. Ils visent à obtenir 1,20 Real/l avec le projet de laiterie bio. Ils n’ont pas de prime pour leur lait, parce que le volume fourni est trop petit. Un petit abri comportait des carcans en bambou très simples, mais efficaces et une toiture en Tétrapak recyclé. Comparaison avec le Québec : Vaches au pâturage, production plus faible, prix du lait et coût de production plus faibles. Ils connaissent leur coût de production, contrairement à nous. Utilisation des arbres au bénéfice des vaches, au Québec on défriche. Notre lait est payé en fonction de la qualité et des composantes, peu importe le volume que l’on livre, contrairement à eux. - Emmanuelle Vincent - Visite du Centre de capacité d’élevage de Castrolanda

Le 16 mai 2013. Castro. Par un début de journée maussade dans la ville de Curitiba, direction ville de Castro. Dans un trajet qui devait durer environ deux heures, mais qui en a fait plus de quatre, nous nous sommes finalement rendus à destination. Donc, nous voilà au Centre de capacité d’élevage Castrolanda. Qu’est-ce que le Centre de capacité d’élevage ou CTP? C’est un organisme sans but lucratif fondé en 1966, qui a pour but la promotion et la formation en agriculture, et particulièrement de l’élevage. Elle offre deux cours par mois dans le lait, totalisant cinq jours de formation pour des groupes d’environ 15 à 20 personnes, et délivre un certificat en collaboration avec le SENAR. Les cours y sont gratuits, les étudiants logés et nourris. Plus de 12 500 élèves sont passés par le centre depuis de début. Elle offre une gamme de formation sur l’élevage, la traite et ce qui s’y rattache : qualité du lait, alimentation des fourrages, installations, cours sur le coût de production et cours de gestion en collaboration avec la coopérative locale. C’est une ferme qui s’étire sur 175 hectares de terres divisés en deux sites de production laitière distincte, la grosse (220 vaches Holstein en lactation) et la petite (40 Jerseys en lactation). Le centre produit du lait, du soya et du maïs. Elle est membre de la coopérative locale et fait transformer son soya par celle-ci. À notre arrivée, nous sommes accueillis par des responsables du centre et du corps professoral, en charge de la formation pédagogique et des logements. Une personne de l’équipe technique et gérant de la petite unité nous fait notamment visiter les deux sites d’exploitation. Bien avant les visites des deux fermes et la présentation du CTP, un petit café avec gâteaux nous est généreusement fourni.

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Caractéristiques de la petite unité : Surface : 15 hectares Nombre litres livrés par jour : 900 Nombre de vaches jerseys : 40 Pourquoi les jerseys? : Petite et efficace Bio digesteur qui produit du gaz pour les cuisines du

centre, les dépôts servent de fertilisant aux champs. Stabulation libre avec accès au pâturage en tout temps. Moyenne : 7700 kg par année Gras : 4,76 % de protéines, 3,6% ccs, 70 000 bactéries,

coût de production de 80 Réal/hl soit ±40$ Prix reçu final avec prime de qualité de volume et de

température : 112,62 Réal/hl, soit ± 56 $

Caractéristiques de la grande unité : Surface : 104 hectares Nombre de litres livrés par jour : 6 500 Nombre de vaches Holstein : 220 Moyenne : 10 000 kg par année Stabulation libre avec accès au pâturage en tout temps.

Quand je compare avec le Québec? La moyenne nationale pour le lait au Brésil est de 4 500 kg de lait par année, toutes races confondues. Pour ce qui est de l’État du Paraná, elle est supérieure à la moyenne brésilienne, mais je n’ai pas le chiffre exact. Pour ce qui est du Québec, la moyenne oscille vers les 8 500 kg par année. On peut donc en déduire, qu’ils ont une place à une amélioration marquée.

Ce centre doit et est une référence dans son domaine. Les producteurs apprennent grandement durant leurs cours et peuvent mettre en application immédiatement sur leur entreprise pour améliorer leurs résultats. Ce centre me fait penser à l’équivalent du DEP au Québec, très concret. Pour ce qui est du Brésil en général, j’ai eu le coup de foudre et mes préjugés sont tombés les uns après les autres! Je pensais que les lois environnementales étaient presque inexistantes, mais, bien au contraire, elles sont souvent plus invasives sur le quotidien des agriculteurs que les nôtres. Les superficies de ferme m’ont aussi surpris! Elles sont petites et je pensais voir au contraire des fermes de grandes cultures moyennes de plus de 2000 hectares. Mais comme souvent, quand on pense à un pays, nous stéréotypons et pensons qu’il est identique d’un bout à l’autre. Pourtant avec notre pays le Canada, nous devrions savoir que c’est loin d’être pareil partout. Le dernier point qui m’a marqué : les transferts de ferme. Je trouve un peu désolant de faire rimer transfert familial avec égalité entre tous les enfants. Cela amène à rapetisser les fermes et nuire à leur rayonnement futur. Je repense aussi à ce producteur de 60 ans, qui n’a même pas encore commencé à penser à sa succession… il me semble qu’il y a encore place à l’amélioration sur cet enjeu. - Jean-Sébastien Savaria - Nous avons pu voir que le litre de lait était vendu

à 2,33 Réal en épicerie (soit environ 1,07 $).

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Visite du CTA et de IAPAR

Le 17 mai 2013. Londrina. Nous avons eu la chance de faire deux visites durant notre journée : la première était au Centre de Capacitation d' Agriculture et Élevage (CTA) à Ibipora et la seconde à l’Institut agronomique du Paraná (IAPAR) qui est un centre de recherche et une école située dans la ville de Londrina, Paraná. Lors de la première visite, nous avons été accompagnés par la coordonnatrice du centre. C’est une école qui a été fondée en mars 1991 et qui peut accueillir jusqu’à 60 personnes (étudiants et intervenants). Les cours offerts sont : la mécanique, l’apiculture, la cuisine et l’agronomie. La durée des cours est d’une semaine maximum. Donc, le type d’enseignement permet d’avoir une base dans les domaines offerts et non une spécialisation. Il peut y avoir 5 à 10 cours par mois, ce qui représente en moyenne 250 étudiants par mois. Les élèves qui vont à cette école voient la théorie et par la suite la pratique, ce qui peut être comparé au Diplôme d’études professionnelles (DEP) au Québec. Enfin, pour être admissible dans cet établissement, les élèves doivent avoir minimum 18 ans.

Lors de notre visite au IAPAR, nous avons, dans un premier temps, eu une présentation du professeur chercheur, M. Ruy Seijigamaoka sur les agro-énergies et, par la suite, une visite en « petit train » de ce centre de recherche avec sa présidente, Mme Armande Androciolli. La présentation de M. Seijigamaoka était axée sur le biodiesel. En fait, depuis 2007, le gouvernement brésilien a obligé l’industrie pétrolière d’ajouter 2 % de biodiesel dans tous les types de combustible destinés aux voitures. Ce programme a été nommé B2. L’introduction du biodiesel a été motivée par les préoccupations environnementales (protocole de Kyoto) et l’indépendance vis-à-vis du pétrole.

Suite aux différentes crises du pétrole, le Brésil avait déjà accès sa politique énergétique sur la diversification de ses sources d’énergie, avec la production d’éthanol à partir de la canne à sucre (17 % de son énergie est issue de la canne à sucre, contre 14 % par l’hydroélectricité, et 54 % par le pétrole). Selon le professeur, le biodiesel est une énergie renouvelable, biodégradable, non toxique, elle est produite à partir des huiles végétales et graisses animales et participe à la baisse des émissions de gaz polluant. Le gouvernement a décidé qu’en 2013, le pourcentage de biodiesel dans tous les types de combustibles serait de 5 %, ce qui représente environ 2,4 billions de litres par an de biodiesel. Le problème à cette hausse est l’approvisionnement en biodiesel, qui nécessite un apport important en huile, alliée à l’éthanol. En 2009, la demande était de 1,92 billions de litres, mais en réalité, il s’est produit 1,608 billions de litres de biodiesel. Pour atteindre le 5 % de mélange obligatoire, le défi va être de rechercher de nouvelles huiles faciles à produire et ne rentrant pas en concurrence avec l’alimentation.

Lors de notre passage, la production laitière au Québec

a été présentée par des personnes du groupe.

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Suite à la présentation, nous avons fait un tour des installations et plantation du centre de recherche. Nous y avons notamment découvert la production du caoutchouc, marié à un champ de café. - Alex Berthiaume -

Visite d’une ferme agroécologique

Le 18 mai 2013. Santa Fe. Nous nous sommes rendus à Santa Fe afin de rencontrer un groupe d’étudiants d’agronomie, qui ont formé une organisation de promotion de l’agroécologie* (GAAMA). Nous avons été accueillis dans une entreprise agroforestière familiale, tenue par une communauté religieuse, qui reçoit régulièrement des étudiants. Le but de notre rencontre était d’échanger sur les techniques mises de l’avant par le groupe pour sensibiliser, promouvoir et former la population à une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Ils ont donc relaté, depuis la formation du groupe en 1984, leur cheminement jusqu’à aujourd’hui. L’Université d’agriculture de Santa Fe leur accorde gratuitement une parcelle de leur ferme expérimentale. 6,5 ha sont donc consacrés à l’agriculture biologique. Ils cherchent à démontrer que l’agroécologie a sa place dans le monde agricole et qu’elle peut être rentable et équitable. Les résultats de leurs recherches sont transmis à la population. Ainsi, les transferts technologiques qu’ils ont effectués jusqu’à maintenant ont portés sur les engrais verts, les plantes médicinales, le compagnonnage et cultures intercalaires, l’architecture horticole, les divers variétés potagères et l’association animaux-foresterie. Depuis plus de 30 ans, aucun labour n’est effectué sur la parcelle. Le groupe GAAMA s’est aussi donné une mission sociale plus grande. Bénévolement, ils assistent des agriculteurs ayant un besoin technique spécifique. Ils offrent des cours gratuits aux familles d’agriculteurs et incitent à l’innovation en proposant leur site de recherche comme incubateur de projets. Après une période de questions, certains membres de notre groupe ont présenté leur production. Florence à présenter la culture de la canneberge et Simon a parlé de l’acériculture. Leurs présentations ont suscité la curiosité. Dommage que nous n’avions pas apporté de sirop d’érable! Après les présentations, nous avons visité la propriété de notre hôte. Cette entreprise agroforestière fut achetée en 2005 dans le but de fournir la famille et un groupe de 11 personnes en produits forestiers spécifiques. Le but était d’adapter au climat du Paraná une plante provenant de l’Amazonie.

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Plusieurs essais ont été effectués pour finalement arriver à implanter la plante en question, une liane un peu capricieuse en terme de lumière et d’environnement et qui nécessite des associations de plantes. Cette liane, associée à des feuilles d’un arbuste, permet de produire une boisson psychoactive, « l’ayahuasca », utilisée comme vin sacré lors de cérémonies de la religion Daïmé, issue de l’Amazonie. Toute l’entreprise est reboisée et est entretenue comme un grand jardin. Il faut comprendre qu’il y a quatre saisons de végétation et qu’en huit ans la forêt brésilienne atteint la dimension de notre forêt de quarante ans. Ce que je retiens de ma visite Au Québec comme au Brésil, on sent un vent de changement. Les aliments sains sont de plus en plus recherchés. L’aliment local à la cote et son image surpasse celle du produit provenant de l’extérieur. Des groupes se mobilisent pour faire la promotion de pratiques agricoles différentes. Moi, je fais partie de ces gens qui pensent l’agriculture différemment. Je me suis retrouvée dans les idéaux de ces jeunes. Nos réalités géographiques et climatiques sont différentes, mais le besoin « d’équilibre » est le même. * L’agroécologie est une variante plus fondamentale de l’agriculture biologique. Étant donné que l’agriculture biologique requiert une certification, certains puristes soutiennent que la certification dénature l’agriculture biologique pour n’en faire qu’un cahier de charges à respecter. - Carole Marcoux -

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Visite d’EXPOINGA

Le 19 mai 2013. Maringá. Expoinga, la plus importante exposition agricole de l’État du Paraná, en est à sa 41e édition. Le site de l’exposition est grandiose. En entrant par le quai de chargement des animaux, nous avons eu la chance de voir de près les Nélores (race bovine brésilienne). Les animaux sont tous enregistrés, inspectés et contrôlés afin de s’assurer qu’ils respectent les normes sanitaires avant même d’entrer sur le site. Les différentes étables présentent des animaux de toutes sortes : vache laitière, bovin de boucherie, mouton, porc, etc. La Girolande, race laitière issue d’un croisement entre la Holstein et la Gir, présente à la fois rusticité et longévité ainsi qu’une production de lait élevée. Ces vaches seront ensuite dirigées vers l’arène de jugement pour déterminer la grande championne 2013. Parmi les exposants, plusieurs dévoilent les plus récentes nouveautés dans le domaine des technologies agricoles. Jusqu’à maintenant, cela ressemble à une exposition agricole du Québec sauf pour les kiosques sur la culture du café, de la production en agroforesterie de l’eucalyptus, des structures agricoles faites de bambou et de la production de vers à soie! Nous assistons ensuite à une compétition équestre de course de barils. Et finalement, nous sommes chaleureusement accueillis par la Sociedade Rural de Maringá qui sont les hôtes de l’exposition. Ils nous invitent dans leur loge VIP pour le rodéo qui a lieu le soir même. Ce rodéo mémorable clôt cette magnifique journée dans la ville de Maringá. - Véronique Dionne -

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Rencontre avec le syndicat rural de Maringá

Le 20 mai 2013. Maringá. Une fois de plus, cette journée n’était pas sans répit. Le programme était chargé, mais très prometteur. Alors que la veille nous profitions des festivités que la ville de Maringá pouvait nous offrir grâce à sa finale de Rodéo, on nous amenait maintenant à découvrir les réalités agricoles de cette région, somme toute très jeune, la création de la ville de Maringá datant seulement de 66 ans. Reçus une fois de plus comme des rois dans les bureaux du syndicat rural de Maringà, c’est par la présence de ses plus grands dirigeants, dont le responsable de la commission pour les femmes, que nous avons discuté de plusieurs enjeux. L’atmosphère était vraiment à l’échange et l’apprentissage mutuel des deux groupes qui se rencontraient autour d’une table de conférence. Les plus grands défis pour eux semblent être la relève et le manque de main d’œuvre agricole, parallèlement à un manque de politique agricole à moyen et long terme. Le syndicat semblait particulièrement fier de nous montrer que les femmes étaient inclues dans leur organisation, et qu’elles y étaient actives. Le climat était tel que même les sujets qu’on aurait pensés tabous, tels le mouvement des Sans-terre et la protection environnementale, ont été abordés. Autre fait intéressant appris lors des discussions est que le prix des terres est déterminé en fonction du prix du soya, par rapport au rendement de la terre. Topo du Syndicat de Maringá : Syndicat agissant depuis 1967 auprès des « grandes » fermes, donc affilié à la FAEP. Dessert cinq municipalités, soit 350 producteurs et une superficie d’environ 150 000 ha, représentant 30 km en périphérie de la ville de Maringá. Les propriétés ont en moyenne une superficie de 50 ha, avec un rendement de 3,5 tonnes de soya/ha. Arrivé à la ville de Campo Mourão, nous n’avons eu qu’un petit moment pour dîner en compagnie des représentants du syndicat rural de la région. On nous pressait, car la coopérative native de cette ville, nous attendait afin de nous faire découvrir une entreprise de renom. Incroyable mais vrai, nous étions le premier groupe depuis trois ans à visiter les installations de la COAMO. Guidé par un des fondateurs de la coopérative, Nelson Teodoro de Oliveira, nous avons commencé par la visualisation d’une vidéo récapitulative de l’année 2012 (résumé sommairement plus bas). Alors que la vidéo terminait, c’était le président, Dr José Aroldo Gallassini, qui tenait à rencontrer le groupe de jeunes agriculteurs du Québec en nous souhaitant la bienvenue en personne. L’après-midi s’est terminé par une visite terrain des installations d’entreposage et de transformation de la coopérative. Les camions ne semblaient pas arrêter d’entrer et de sortir, une vraie fourmilière! Topo de la COAMO : Jeune de ses 43 ans, la coopérative de grains la plus importante de l’Amérique latine générait, en 2012, 7 150 millions de R$ de recettes globales et elle remettait 195 millions de R$ en ristourne à ses quelques 25 000 membres. Pour cette même année, elle a reçu 5,63 millions de tonnes de produits agricoles, soit 3,4 % de la production brésilienne de grains et fibres. Elle agit principalement dans le soya, mais

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aussi dans le maïs, le blé, le coton et le café. Visant toujours à être à la fine pointe de la technologie, elle assure de la production à la transformation la qualité de ses produits. Elle détient sa propre ferme expérimentale. La Coamo occupe la 36ième position parmi les plus grandes entreprises exportatrices du Brésil. Ce ne sont que quelques statistiques pour démontrer l’avancée phénoménale de cette jeune coopérative. Une journée encore une fois bien remplie, mais qui n’aurait su être plus intéressante. À la Pousada Fazendinha, nous avons pu ensuite nous détendre au bord de la piscine! De cette journée, ce qui m’a le plus impressionnée, c’est la rapidité de l’avancée et de l’organisation des choses. Le matin, nous nous trouvions dans une ville naissante, mais déjà grouillante d’activités agricoles et reconnue comme une capitale de l’agro-industrie, et en après-midi, nous mettions les pieds dans une des coopératives capable de compétitionner avec les grandes multinationales. Je ne peux pas non plus m’empêcher de souligner l’accueil dont nous avons bénéficié. Sans l’organisation de cette mission, jamais nous n’aurions pu faire de telles visites. - Esther Boissonneault -

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Visite de la coopérative AGRARIA – communauté Allemande

Le 23 mai 2013. Entre Rios. Ce jour-là, nous avons visité une coopérative dénommée Agraria. Elle a été fondée le 5 mai 1951 par une communauté d’Allemands. Fait surprenant, sa fondation s’est faite avant même que les immigrants mettent le pied au Brésil, pour être plus organisés en arrivant sur leurs nouvelles terres. Lors de leur arrivée, les membres ont tous unis leurs efforts pour construire des habitations pour se loger et commencer à exploiter les terres. Chaque membre a aujourd’hui obligation de tout livrer et acheter à la coopérative. Elle compte à présent 550 membres dans 12 municipalités et 1 150 employés. Son chiffre d’affaire est vraiment impressionnant avec 2,1 milliards de Réal. La croissance de la coop est de 5 % par année et cette croissance ne se fait pas par l’augmentation de membres, puisque le membership est fermé, mais bien par l’amélioration de la productivité des producteurs. L’ensemble de ses membres cultive 115 118 hectares en été pour une moyenne de 550 ha par famille. Agraria est un très gros producteur de malte. La coopérative produit 240 000 tonnes de maltes par année, ce qui équivaut à 23 % du marché brésilien, ça en fait de la bière ça! En plus du malte, l’entreprise transforme 149 000 tonnes de blé en farine pour les usines de transformation, 506 000 tonnes de tourteau de soya et produit 170 000 tonnes de semences. De plus, elle fait de la reforestation sur 4 500 ha pour pouvoir être autosuffisant en énergie. Elle offre aussi du service technique par des agronomes. Il y a environ un agronome pour 30 producteurs qui leur rendent visite au moins aux deux semaines. Ce qui distingue cette coopérative, c’est qu’elle est très présente dans sa communauté. À titre d’exemple, l’hôpital de la région est déficitaire de 1 000 000 de Réal et c’est la coopérative qui absorbe les pertes. On ne verrait pas cela au Québec! De plus, la coopérative a une école qui enseigne à 300 élèves du primaire au secondaire. Elle soutient aussi plus de 30 groupes culturels qui perpétuent la tradition Allemande et Slave. Ceci fait en sorte que les membres sont très fidèles à la coopérative. Agraria possède aussi un centre de recherche. L’entreprise y investit 2,5 millions de Réals. Ce qui est spécial, c’est que les producteurs peuvent amener leurs idées de recherche et le centre va les réaliser. Les producteurs ont donc toujours accès au centre de recherche, ce qui n’est vraiment pas commun en Amérique du Nord. La coopérative a d’ailleurs un projet de contrôle contre les ravageurs et les maladies. Elle veut installer 33 points de contrôle dans la région pour indiquer aux producteurs quand traiter pour les maladies. La rotation type du centre de recherche et des producteurs membres est de l’orge, du blé ou de l’engrais vert en hiver et du soya et du maïs en été. Pour satisfaire les besoins de la coop, il doit y avoir 70 % des surfaces ensemencées en soya et 30 % en maïs. Agraria est active seulement dans le secteur des grandes cultures, mais elle veut diversifier ses producteurs dans la production animale pour réduire le risque de la volatilité des marchés. Je trouve personnellement ce modèle de coopérative intéressant, mais ça ne fonctionnerait pas partout. Ce qui fait la force de cette coopérative, c’est la proximité qu’elle a avec la communauté, mais il serait difficile pour une plus grosse coopérative avec un plus grand territoire et plus de membres d’avoir ce fonctionnement. - Simon Laflamme -

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Visite du Collège Agricole de Clevelândia CEEP Assis Brasil

Le 22 mai 2013. Clevelandia. Nous sommes allés visiter une école d’agriculture dans la municipalité de Clevelandia. Assis Brazil est une institution d’enseignement comptant 414 étudiants âgés entre 14 et 18 ans, dont 260 résident sur place. Les étudiants sont des fils et filles d’agriculteurs qui visent pour la plupart à reprendre l’entreprise familiale. D’ailleurs, le fait d’être un enfant d’agriculteur constitue un critère d’admission de l’école, ce qui est assez particulier. En plus des cours généraux variés, tels les mathématiques, les sciences, l’informatique et les langues (l’Anglais et l’Espagnol y sont enseignés en plus du Portugais), des cours pratiques en production et transformation agricoles y sont également enseignés sur la ferme-école. On peut donc comparer l’enseignement de cet établissement au programme DEP du Québec. Assis Brazil est un établissement très réputé au pays, qui a gagné un prix au niveau national durant trois années consécutives pour la qualité de son enseignement. Ainsi, le nombre de demandes d’admission est supérieur à la capacité des installations; l’an dernier 180 appliquants n’ont pas été admis. L’admission, une fois les critères de base remplis, se fait selon l’ordre d’application. Les étudiants proviennent des quatre coins de la province du Paraná, et même de provinces voisines tels le Mato Grosso do Sul, Santa Catarina, Rio Grande do Sul, et de pays voisins tel le Paraguay. L’école est sans frais pour les étudiants comme au Québec. Par contre, la particularité est que le logement et l’alimentation aux étudiants sont également gratuits. C’est un élément important sinon plusieurs petits producteurs n’auraient pas les moyens d’envoyer leurs enfants étudier au loin. La plupart des aliments consommés à l’école sont produits et transformés sur la ferme-école, les étudiants profitent donc des fruits de leur labeur et les coûts d’alimentation de l’école sont réduits. Les étudiants ont la chance de bénéficier d’installations de production très diversifiés, avec des vaches laitières, des cailles, des chèvres boers, des moutons, du poulet à chair et des poules pondeuses, des lapins, de la pisciculture, de la production de grandes cultures ainsi que de fruits et de légumes, en plus des installations nécessaires à la production de lait pasteurisé, de fromage, de yogourt, de dulce de leche (similaire au lait condensé), de saucisses et de charcuterie. Les élèves ne choisissent pas une spécialité mais sont amenés à travailler dans tous les domaines lors de leur formation. Un des buts de procéder ainsi est d’encourager la diversification des petites fermes familiales au Brésil, afin que les producteurs soient moins dépendants d’une seule production. Cela ouvre également des portes aux finissants qui deviendront ouvriers agricoles. Les bâtiments agricoles sont de tailles modestes et reposent surtout sur le travail manuel, ce qui est conforme à la majorité des fermes familiales au Brésil et donc les jeunes apprennent dans un contexte similaire à la réalité des agriculteurs. Personnellement, j’ai été impressionnée par la grande diversité des activités de la ferme-école, surtout au niveau de la transformation, qui n’est pas étudiée conjointement avec la production au Québec. Il me semble que cet établissement est bien adapté au besoin de la population locale et que le gouvernement utilise efficacement l’éducation pour à la fois orienter l’agriculture de la province et améliorer la situation des agriculteurs. - Lyna L’Heureux -

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Visite d’une propriété maraichère

Le 23 mai 2013. Santa Lucia. Quelle ne fut pas notre surprise en arrivant sur cette petite propriété! Ce sont près de 30 personnes qui nous attendaient avec une myriade de produits locaux et de délicieux plats préparés maison. Des représentants de la municipalité, des journalistes, la radio locale, des producteurs, des agronomes, des vétérinaires, le banquier du coin… tous nous ont accueillis chaleureusement, nous ont interviewés, questionnés et ont écouté attentivement certaines de nos présentations sur l’agriculture québécoise. La propriété qui nous a été présentée, était typique de l’agriculture dite familiale, représentant 80 % des propriétés de la municipalité. C’est Odaïr, le fils ainé de la famille qui nous a présenté la ferme et surtout son établissement grâce au programme de crédit de terres*. Dès l’âge de 16 ans, il y a déposé sa demande, pour finalement avoir accès quelques années plus tard à du financement lui permettant d’acquérir 3,1 ha pour un total financé de 37 750 Réal sur une valeur totale de 45 000 Réal. La superficie acquise permet de compléter la production maraîchère de la ferme familiale, qui organise elle-même sa mise en marché : supermarché et marché locaux (40 %), programme d’acquisition des aliments par la municipalité (10 %), centre de revente de fruits et légumes frais (40 %).

La sœur et le frère sont également impliqués sur la ferme et ont déposé une demande de crédit pour acquérir d’autres parcelles de terres et se lancer dans la production de lait. Ils participent, en attendant, à de nombreuses formations, notamment en transformation, qui semble être une avenue pour s’adapter à la demande des clients. Nous avons pu constater un partenariat très fort avec la communauté qui soutient l’installation des jeunes et le maintien des fermes familiales.

*Le programme de crédit s’applique dans tout le Brésil et vise les personnes issues de l’agriculture : enfants d’agriculteurs ne possédant pas plus de 30 000 Réals de patrimoine et travailleurs agricoles n’ayant pas plus de 15 000 Réal de revenu annuel. Le programme permet de recevoir jusqu’à 80 000 Réals d’aide, avec des prêts à condition avantageuse (trois ans libre de remboursement), moyennant un compromis de production à respecter. Ce sont plus de 100 000 familles qui ont pu bénéficier de ce programme depuis sa mise en place en 2009.

Nous avons ensuite poursuivi notre journée par la visite du Collège agricole de Toledo, où le Maire en personne nous a accueillis. Cette municipalité de 120 000 habitants souhaite orienter davantage l’agriculture de son territoire vers la production d’énergie renouvelable, avec un système organisé de biodigestion. La pisciculture est également une avenue prometteuse avec l’arrivée de sociétés étrangères pour la production de Tilapias. S’y trouve également un programme de développement des routes jusqu’aux fermes.

Habituel présentation des membres du groupe,

en Brésilien s’il-vous-plaît!

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Quant au collège, il forme des travailleurs de l’agriculture d’élevage tournée vers l’agriculture familiale. C’est une école d’État du Paraná accueillant 310 élèves, dont 70 % vivent sur place, et préparant durant trois ans de cours à temps plein des futurs techniciens agricoles, ou la poursuite des études à l’Université. 20% des collégiens sont des étudiantes. Nous sommes surpris de voir à quel point la question de l’environnement prend une place importante de l’enseignement (agroécologie, production d’énergie), comme à de nombreux autres endroits visités lors de cette mission. - Magali Delomier - Visite de la Ferme StarMilk

Le 24 mai 2013. Ceu Azul. Le propriétaire, M. Ibrahim Faiad, est très fier de nous accueillir sur sa ferme située dans la municipalité de Céu azul (Ciel bleu). Ferme laitière de grande taille, l’entreprise StarMilk a comme mission d’être innovatrice dans son domaine. Elle est la première ferme laitière au Brésil à vendre l’énergie produite par la transformation du biogaz des lisiers. Avec 1 500 têtes sur le site, la production laitière des 600 vaches Holstein atteint une moyenne de 32 litres/jour par vache. Les vaches sont traites trois fois par jour dans un salon de traite double 12. Les génisses logent dans un tout nouveau bâtiment ayant la plus récente gestion sur compostage de litière. Trente et un employés y travaillent à temps plein. Le plus grand défi de l’entreprise? Le manque de main d’œuvre! Ça ressemble drôlement au Québec, vous ne trouvez pas?

La ferme cultive également 1 000 hectares de terres, effectue du reboisement et a comme vision le développement durable de l’entreprise. Respectueuse de l’environnement, efficace économiquement, l’entreprise met également un point d’honneur à s’impliquer socialement et auprès de ses employés. Le programme d’avantages sociaux offerts aux employés m’a particulièrement impressionné (logement à la ferme, travail pour les conjointes et les enfants de plus de 16 ans, Internet gratuit, journée de travail ne dépassant jamais 8 heures, suivi social…), ainsi que le souhait bien affirmé de cette entreprise de continuer de se développer de façon durable.

Nous avons poursuivi notre journée par la visite du syndicat rural de Sao Miguel do Iguaçu, appartenant au réseau de la FETAEP. Le syndicat comprend 3 000 fermes sur son territoire, dont 2 500 de petite taille. Le syndicat offre de nombreux services aux producteurs : montage financier, aide juridique, assistance technique, coopérative de crédit solidaire… Fondé en 1972, ce syndicat a vu naître sur son territoire le Mouvement des sans terres en 1983 et a connu de nombreux épisodes houleux de batailles syndicales et d’actions parfois violentes. - Véronique Dionne -

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Bouquet final : visite du barrage d’Itaipu et des chutes d’Iguaçu

Le 24 et 25 mai 2013. Foz do Iguaçu. C’est déjà la fin du voyage. Nous clôturons cette merveilleuse mission en faisant quelques activités touristiques. Nous visitons tout d’abord le Parc des oiseaux, qui regroupe de nombreux spécimens tropicaux et subtropicaux, tous plus colorés les uns que les autres. Et nous terminons la journée avec un spectacle sons et lumières sur le barrage d’Itaipu, qui nous dévoile l’ampleur de ce monument architectural.

Mais ce n’est que le lendemain matin pour notre dernière journée en terres paranéennes que nous réalisons réellement les prouesses techniques du barrage, lors d’une visite de l’intérieur. Cette centrale hydro-électrique est située sur le rio Paraná, à la frontière entre le Brésil et le Paraguay et fut construite par les deux pays entre 1975 et 1982. La centrale est, aujourd'hui, la seconde au monde en termes de puissance installée et reste la

première en termes de quantité cumulée d'énergie produite. Elle peut fournir en électricité 25 % de la population brésilienne et 95 % de la population paraguayenne. L’association américaine des ingénieurs civils a classé cette centrale comme l’une des sept merveilles du monde moderne.

Le clou final du voyage avant de reprendre l’avion pour le Québec fut la découverte des Chutes d’Iguaçu, une pure merveille de la nature : imaginez 250 chutes d’eau entourées de végétation tropicale, le tout bien préservé dans un parc naturel! Nous avons pu vivre la puissance et la beauté des chutes en parcourant le sentier nous amenant littéralement au-dessus des chutes, mais aussi en prenant un bateau nous conduisant au pied des chutes. Douche et rires garantis!

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ET ENCORE…

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UN GROS MERCI…

… sincère à nos commanditaires financiers, sans qui la mission n’aurait pu être mise sur pied.

… chaleureux à toutes les personnes du Gouvernement du Paraná (Secrétariat à l’Éducation, Secrétariat à l’agriculture) qui ont agi de près ou de loin pour que cette mission soit une réussite et qui ont fourni bus, accompagnateur, contacts, etc.

… amical à tous nos confrères de la FAEP et de la FETAEP, ainsi que du SENAR pour leur accueil et leur partage : obrigada especial ao Henrique e Marcos!

… tout spécial à Gef, qui fut plus qu’un interprète pour nous, un véritable guide, généreux de ses connaissances et d’une grande complicité avec le groupe. Sa générosité nous a même amenés jusqu’à une soirée mémorable dans la maison de son enfance avec sa famille et un souper d’adieu surprise dans sa propre maison. Obrigada Gef!

… très particulier à notre super accompagnateur et co-organisateur Filipe, qui a planifié un

programme exceptionnel et qui nous a pris en main tout au long du voyage. Muito obrigada Filipe por sua simpatia e seu compromisso com a 100 %!

… pour finir, à l’Union qui a cru en notre projet, qui nous a suivi et soutenu financièrement (Obrigada Charles-Félix!), à La Terre de chez nous qui a couvert l’ensemble de la mission (Obrigada Julie!), et enfin à tous les participants qui ont constitué un groupe soudé, intéressé, participatif, alliant la bonne humeur à la découverte. Ce projet n’aurait pas été aussi réussi sans votre enthousiasme et votre envie de partage. Gardez cette expérience en vous et continuez à vous ouvrir sur le monde!

Magali Delomier, Directrice générale de la FRAQ, fière de ce beau projet et heureuse qu’une fois de plus la FRAQ mette en pratique avec succès le

fameux adage : « Les voyages forment la jeunesse » (et les moins jeunes…).