préalable : un problème de définitions femmes ou genre ?

LES FEMMES DANS LA CITE : FEMMES ET CITOYENNETE

ou comment faire une place aux femmes dans nos cours de géographie et intégrer la

géographie du genre

14/03/2013 1Stage PAF / Les femmes dans la cité : la géographie du genre / Véronique Teychenné

Préalable : un problème de définitions femmes ou genre ?

Point de départ de la conception du stage : - Accorder une place aux femmes dans nos cours - pour de changer nos représentations et celles des élèves - pour essayer de parvenir à une égalité des sexes.

Au niveau universitaire : nombreux travaux sur les femmes depuis une trentaine d’années avec le concept de genre.

Nous n’aborderons pas tous les aspects sur le genre mais uniquement les femmes à travers le concept de genre


la moitié de l’humanité, une catégorie sociale, une identité sexuelle, et depuis une trentaine d’année un genre, c’est-à-dire, à la différence du sexe, une construction culturelle et non une donnée naturelle

Femmes =

I. Un constat : toujours des inégalités dans les faits et dans nos représentations

II. Une commande de l’éducation nationale

Modifier nos représentations et nos pratiques de classe V. Quelques exemples d’activités pédagogiques à partir du thème « les mobilités »

IV. Recherche universitaire : La géographie du genre

III. Les programmes scolaires


I. Un constat : toujours des inégalités


Malgré la proclamation de l’égalité (lois) et discrimination positive :

- Dans les faits : • salaire• poste à responsabilité• orientation sexuée

- Dans les représentations (élèves et professeurs) : femmes associées à :

• certaines fonctions• certaines tâches• certaines valeurs (don de soi)

II. Une commande institutionnelle

BO n° 6 du 7 février 2013 Convention interministérielle pour une égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif 2013-2018

Trois chantiers prioritaires :


A. Acquérir et transmettre une culture de l'égalité entre les sexes

Établir un bilan du traitement de l'égalité entre les femmes et les hommes dans les programmes actuels qui sera pris en compte à chaque renouvellement de programme.

Engager une réflexion avec les éditeurs pour éviter les stéréotypes sexistes dans les manuels et ouvrages scolaires et à destination des étudiant(e)s et favoriser la sensibilisation à la culture de l'égalité entre les femmes et les hommes.

Donner aux élèves, étudiants et étudiantes les outils nécessaires pour mieux appréhender le traitement du genre dans les médias : mettre en place des actions de décryptage des représentations stéréotypées des femmes et des hommes dans les médias, jeux vidéo, clips musicaux, en y associant le CLEMI.

Intégrer des actions de formation à l'égalité et de déconstruction des stéréotypes sexistes dans la formation continue des personnels enseignants, d'éducation et d'orientation (…) ( qui doit comprendre) (…) une formation au genre et à l'égalité


B. Renforcer l'éducation au respect mutuel et à l'égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes


C. S'engager pour une plus grande mixité des filières de formation et à tous les niveaux d'étude.

Développer les expérimentations et innovations conduites à partir d'une analyse sexuée de l'orientation scolaire et professionnelle des filles et des garçons pour favoriser un rééquilibrage.

III. Nos programmes en géographie


EN COLLÈGE : Dans les objectifs de connaissances et capacités

6E : aucune allusion explicite aux femmes or le programme porte sur le concept d’habiter, l’habiter est-il identique pour un homme ou une femme ?

5E : une seule fois le mot femme or le fil directeur du programme est humanité et développement durable ! (cf les 3 piliers du DD économique, environnemental et social )

Thème 2 : Des inégalités devant l’alphabétisation« L’inégal accès à l’éducation et au savoir représente un frein majeur au développement en particulier lorsqu’il touche les femmes. Les inégalités dans ce domaine sont mises en relation avec les inégalités de développement.

4E : aucune allusion explicite aux femmes

3E : aucune allusion explicite aux femmes

2NDE GT

1E ET TERM GÉNÉRALES

1E ET TERM TECHNOLOGIQUES


EN LYCÉE

aucune allusion explicite aux femmes

Quelques allusions implicites ou placées en dehors des thèmes proprement dits abordent le genre


COLLÈGE : Dans l’introduction du programme de collège

LYCÉE : 2nd : Introduction

« En classe de sixième, après une prise en compte de l’expérience vécue de l’élève sur son territoire , l’accent est mis sur la diversité d’occupation de la planète, lisible notamment dans les paysages. »

« Comme le programme de géographie, celui d’histoire place clairement au cœur des problématiques les femmes et les hommes qui constituent les sociétés et y agissent. Le libre choix laissé entre plusieurs études doit permettre en particulier de montrer la place des femmes dans l’histoire de ces sociétés »

Donc peu d’allusions explicites aux femmes dans les programmes scolaires

Paradoxe : le programme de STG de 1995


« le projet éducatif de l’enseignement de l’histoire et de la géographie repose sur une étude précise des contenus scientifiques de ces deux disciplines (…); il se nourrit des problématiques et des avancées de la recherche universitaire »

La recherche universitaire aborde la question des femmes et du genre

IV. Dans la recherche universitaire

Quels sont les apports de la géographie du genre ?


A. Un état des lieux rapide sur la géographie du genre


Le genre : concept qui permet d’envisager la différence sexuelle comme une construction sociale et non biologique

« Les personnes, parce qu’elles appartiennent à un sexe donné, vont être soumises à des conditionnements sociaux les amenant à se construire une identité sexuée liée aux attentes qu’on a vis-à-vis d’elles, aux normes de conduites qui leur sont dictées »

(C. HANCOCK)

1. Histoire de la géographie du genre.

Le concept de genre émerge dans les années 60 et 70 dans le monde anglo-saxon (apparition du concept 1er fois en 1972 dans ouvrage de Ann Oakley)

Dans un contexte post-moderniste (but : questionner les vérités scientifiques, tout discours est situé, toute vérité scientifique est relative et historiquement située)

Dans un contexte féministe (revendications des inégalités de pouvoir entre les sexes)

Succès dans le monde anglo-saxon car selon Christine CHIVALLON • « c’est un mode de pensée fondé sur l’importance de l’appartenance

communautaire (…). • La société est pensée de façon non englobante, comme une multiplicité de communautés aux intérêts potentiellement différents »


En France, l’émergence du genre dans les sciences sociales en général et en géographie en particulier est relativement récente :

Les années 80 avec Jacqueline COUTRAS

Diffusion essentiellement dans les années 90-2000

Raisons de ce « retard » :

- Selon Christine CHIVALLON la géographie de genre est « un mode de pensée fondée sur l’appartenance communautaire et en contradiction directe avec la pensée française universaliste. (La question des minorités est plus difficile)

- Selon Claire HANCOCK cela est dû au biais « masculiniste » d’une large part de la discipline pratiquée en majorité par des hommes, centrée sur des thématiques les concernant et associée à des modes de pensées conventionnellement connotés comme « masculin »


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Sexe et genre : essence ou construction ?

Les essentialistes : • Les différences de sexe sont des réalités premières et naturelles expliquant les inégalités de genre

• Le féminisme radical qui adhère à ce point de vue va jusqu’à refuser la cohabitation hétérosexuelle : le rejet est l’unique moyen d’éviter une domination pour les femmes et les minorités sexuelles.

• En termes spatiaux : revendication de territoires séparés car dès que c’est mixité il y a domination masculine et hétérosexuelle


Sexe et genre : essence ou construction ?

Les constructivistes (tenants du post-modernisme)

• Les rapports dissymétriques de genre reposent sur une différentiation initiale de sexe mais culturellement construite donc historiquement et géographiquement situés

• Le genre en tant que rapport de domination, construit à son tour la différence sexuelle et l’inscrit sur les corps (T.Carver)

• S’inscrire dans une problématique du genre implique de penser en permanence le rapport masculin/féminin, d’un point de vue relationnel , en interaction, un rapport jamais figé

• Pour certaines féministes, le genre est un RAPPORT non un attribut à un sexe.


Queer theory et géographie sociale :

• Déconstruire le genre dans son acception binaire, celle de la simple confrontation du masculin et du féminin

• Le discours queer (Judith BUTLER et Eve Kosofsky SEDGWICK) consiste à dépasser toutes les classification de sexe pour promouvoir une personnalité humaine générique qui transcenderait ces clivages

• La pensée queer : donner droit de cité à toutes les formes d’orientations sexuelles ainsi qu’à leurs déclinaisons sociales

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2. Axes de recherches en France actuellement : trois directions principales

La place des femmes dans l’espace de travail et les mobilités- Chadia ARAB (circulation migratoire des Marocains)- Nadine CATTAN (mobilités)- Claire HANCOCK (représentation, identité)- Kamala MARIUS-GNANOU (mondialisation, rapports de genre)- Guy DI MEO (femmes espace public, ville de Bordeaux)

L’articulation genre et développement dans les territoires de projet- Sophie LOUARGANT (trajectoire hommes-femmes dans les projets touristiques ruraux)- Hélène GUETAT-BERNARD (Développement rural et genre au Cameroun)

Les espaces des homosexualités- Marianne BLIDON (thèse sur une géographie des homosexualités)- Emmanuel JAURAND (plages)- Yves RAIBAUD (dans les 3 domaines cités)

14/03/2013 Stage PAF / Les femmes dans la cité : la géographie du genre / Véronique Teychenné

3. Supports et outils de la géographie de genre

Manuels- DI MEO Guy (2011), Les murs invisibles. Femmes, genre et géographie sociale, Paris, Armand Colin.- BARD Christine, (dir), Le genre des territoires : masculin, féminin, neutre, Presses de l’université d’Angers- RAIBAUD Yves (2011), Géographie socioculturelle, Paris, L’Harmattan- DENEFLE Sylvette (dir.), ( 2009), Utopies féministes et expérimentations urbaines, PU Rennes, coll. « Géographie sociale »

Revues consacrant des articles sur le genre- Géographie et cultures (2004/ 54 n° sur le genre)- Justice spatiale (2011/3)- Cultures et conflits (2011/83)- Annales de géographie (2012/2)- L’information géographique (2012/ 2 le colloque de Bordeaux masculins/féminins 2010)- Hérodote (2010/ 136)- Espace géographique (2011/2)- Les cahiers du CEDREF (2008/6 sur femmes, genre, migration et mondialisation) - L´Espace politique : (2011/1)


Colloques :

Une biennale sur le genre (Lyon 2004, Bordeaux 2010, Grenoble 2012)

Paris VII Diderot et pôle du CEDREF (Centre d’Enseignement, de Documentation et de Recherche pour les études féministes) : 2 colloques récents : • Colloque international Genre en nouvements : Conflits, négociations,

recompositions, Université Paris Diderot, 2009• Colloque international Le tourant spatial dans les études de genre, Université Paris Diderot, novembre 2012


4. En dehors du champ purement géographique

Prise en compte du genre :

Par les Nations Unies

- Prise en compte du genre pour chacun des huit objectifs lors de l’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le Développement en septembre 2010 à New York.

- Introduction par le Programme pour le Développement Humain de 2 critères pour mesurer la condition des femmes :

• l’ISDH : un indicateur sexospécifique pour dégager les inégalités sociologiques

• l’IPF : un indicateur de la participation des femmes à la vie éco et publique



Par l’Union Européenne

Une charte des femmes en 2010

« Par cette Charte, la Commission s'engage à faire de l'égalité entre les sexes une réalité au sein de l'UE.(…). Il importe par conséquent d'intégrer résolument les spécificités de genre dans la future stratégie Europe 2020

Par des collectifs et associations

Exemple : Le genre en action / voir le site : www.genreenaction.net

B. Quelques notions et concepts issus de la géographie du genre issus du 1er axe de recherche :

Trois thèmes développés :

Thème 1 : Les femmes dans l’espace public

Thème 2 : Le déplacement des femmes dans l’espace métropolitain

Thème 3 : Les femmes dans les circulations migratoires


Thème 1 :Les femmes dans l’espace public


Quelle présence des femmes dans les espaces publics urbains ?

Aujourd’hui la femme est bien présente dans la ville. Elle n’a plus besoin de légitimer sa présence car elle fait partie de cet espace : elle y vit, y travaille, y accompagne ses enfants à l’école, va faire des courses ... Mais tous les travaux scientifiques nuancent cela :


Guy DI MEO :

- Le rapport des femmes à l’espace public urbain en général est déterminée par la conscience aiguë des risques encourus en tant que femme

- Di Méo parle de « stratégie d’évitement spatial ». Sorte d’interdits spatiaux

- Ces interdits spatiaux varient d’un sexe à l’autre ou plutôt d’un versant masculin du genre à l’autre .

- Il existe des « murs invisibles » qui modèlent et brident les trajets des femmes dans la ville. Ce sont des frontières imposées et que les femmes s’imposent. Les femmes ne franchissent pas ces murs et refusent de voir ce qu’il y a derrière

- Les femmes s’adaptent. Elles privilégient certaines parties de la ville, certains modes de transport et certains horaires. Par exemple elles désertent les parkings souterrains ou adoptent des tenues plus discrètes.


Les espaces publics sont-ils masculins ou féminins ?

Jacqueline COUTRAS :

- Généralement les espaces publics sont rarement monosexués c’est-à-dire fréquentés par un des deux sexes.

- Même lorsqu’ils fréquentés par les deux sexes, l’espace a un genre

- Montre que l’espace public, bien que mixte, est fondamentalement masculin c’est-à-dire que les hommes le contrôlent spatialement et temporellement


Yves RAIBAUD : - Montre que les espaces de loisirs, du temps libre sont genrés

1er critère : la sexuation des espaces cad part des hommes et des femmes2e critère : l’hétéronormativité, cad système qui impose le couple hétérosexuel comme norme sociale

- Selon lui c’est la domination masculine qui est le vecteur de différences spatiales.

- Cela est bien perçu par les femmes qui adoptent la tenue et l’attitude adéquates en fonction des lieux de la ville et en fonction des moments (jour/ nuit).

- Il qualifie des espaces « anxiogènes » pour les femmes

Prend l’exemple de la rue saint Jean à Constantine



Exemple : La rue Saint Jean

rue commerçante très animée qui a une histoire qui date de l’époque coloniale.

Organisée par l’usage en plusieurs segments actuellement investie par les pratiques libérées des deux sexes.

Dans un premier segment :• la rue commerçante est occupée par des commerces traditionnels (épiceries, boucheries, bazars…) et par de nombreux cafés uniquement masculins dont les terrasses occupent la totalité des trottoirs.

• Les femmes sont voilées et marchent sur la rue pour les éviter (ni trop vite pour ne pas montrer la peur, ni trop lentement pour ne pas donner l’impression de vouloir attirer les hommes).

• Lorsqu’elles ne vont pas vers la deuxième partie de la rue, les jeunes femmes se font souvent accompagner par un petit frère ou une petite soeur pour faire croire qu’elles sont mariées.


Le deuxième segment • occupé par des boutiques de vêtements, de son, vidéo, multimédia, cinémas, bars « modernes ».

• Les jeunes y sont habillés à l’européenne

• les femmes ne sont pas voilées et ont souvent les cheveux détachés.

La transition entre les deux quartiers est progressive. • Les toilettes et les cabines d’essayage des salons de thé et des grands magasins de mode permettent aux jeunes femmes d’ôter voiles et robes traditionnelles sous lesquelles elles sont habillées en jeans.

• Les jeunes garçons ont une attitude tolérante, la drague se fait dans les deux sens.

Christine Bard

- la frontière qui matérialise la séparation des sexes est discrète, particulièrement dans une ville d’Europe

- elle est indicible pour notre culture qui fait rimer mixité avec liberté, égalité, fraternité

- La mixité sexuelle signifie qu’aucun lieu ne semble vraiment inaccessible aux femmes

- Utile pour relativiser les femmes dans le monde musulman


Judith BUTLER

- Rôle fondamental de la présence physique ou de l’absence des corps féminins dans l’espace pour reproduire la dissymétrie de genre

- à travers la notion de performance corporelle, a montré que la répétition des performances contribuait à perpétuer les normes de genre : l’absence ou la faible visibilité des femmes dans telle partie de la ville ne font que confirmer que celle-ci est en quelque sorte réservée aux hommes.(ex : skate-parc)

Donc : - l’absence ou la présence des femmes et les postures du corps féminins ne font pas qu’exprimer des rapports de sexe. Elles sont aussi productrices de normes relatives au genre. C’est une boucle de rétroaction

- L’espace n’est pas que support des rapports de sexe. Il contribue à rendre pour les individus des rapports de sexe fondamentalement dissymétriques


Thème 2 :Le déplacement des femmes dans la ville


Les femmes se déplacent-elles comme les hommes ?

Les femmes, comme les hommes, se déplacent (propres moyens, transports publics).

Mais des différences selon les hommes et les femmes (direction, distance).

Jusqu’à ces dernières années : Dans toutes les études en rapport avec la politique de l’habitat : Etude du déplacement d’une seule personne comme référent du ménage,

à savoir l’homme

Mais les études en sont donc faussées car- les stratégies d’habitat aujourd’hui, se construisent à partir du rôle de la femme, en tout cas à partir de son trajet domicile - travail.

- pour un couple bi-actif c’est le lieu d’habitation qui est le plus proche du travail de la femme qui est privilégié, car, malgré l’égalité affichée dans le couple moderne, c’est la femme qui continue à vaquer à certaines occupations : l’entretien de la maison, les enfants, les courses ...


Comment se pratique la mobilité quotidienne?

SOURCE : Les sens du mouvement (synthèse du colloque organisé par l’IVM à Cérisy-La-Salle 2004)

Christine BAUHARDT

Dans nos sociétés, importance de la vitesse qui est assimilée au progrès économique, à la modernisation technique et à l’autonomie spatiale�

Pour elle c’est la conséquence de la construction du sujet masculin de l’époque �des Lumières.

Sujet masculin = - se constitue dans la domination de l’esprit sur le corps et la nature. - valorisation de l’autonomie individuelle par rapport aux liens sociaux

Il existe un concept androcentrique du développement urbain, qui mène directement à une orientation androcentrique de la planification des transports.


- Dans la perspective androcentrique, le problème le plus important est de savoir comment les gens se rendent à leur travail.

- L’homme qui fait la navette � entre son domicile et son lieu de travail devient le support du modèle dominant de mobilité.

- Or , les gens accomplissent bien plus d’activités au quotidien. �Ils font les courses, ils participent à la vie culturelle et sociale,ils accompagnent des petits enfants ou des personnes âgées.


C’est ce qu’elle illustre à partir de l� � �’exemple du bassin de la Ruhr (1993)

Dans un rayon de 1km à partir du domicile

Dans un rayon de 5 km à partir du domicile

40% des déplacements pour les courses

80% des déplacements pour les courses

25% des déplacements pour les zones de repos ou de loisirs

70% des déplacements pour les zones de repos ou de loisirs

10% pour tous les lieux de travail professionnel


Le modèle de mobilité des femmes - combine des déplacements plutôt courts et en chaîne.

- Cela implique une appréhension qualitative de la mobilité :

L’appréhension qualitative de la mobilité analyse les motivations des besoins de mobilité

L’appréhension � quantitative de la mobilité se contente de calculer les kilomètres ou des tonnes transportées et le temps investi


L’approche de genre :� - fait de la réappropriation du temps et de l’espace une condition �

préalable à la communication et à la qualité de vie dans la ville - débouche sur une planification durable de l’espace et des transports.�

Plusieurs visions de la planification du développement urbain et des transports dans une perspective de genre.

Points communs de toutes ces approches :

- prise en charge de l �’autre et du lien social dans la planification urbaine

- Augmentation du nombre de femmes dans le processus de planification (en particulier dans les transports).

BilanLe genre n’est pas que théorie mais est de plus en plus utilisé dans la géographie appliquée : les réflexions sur l’aménagement urbain intègrent de + en + la question des perceptions et usages sexués de la ville.


Thème 3 :les femmes dans les circulations migratoires


Les femmes sont-elles des migrantes comme les hommes ?

Source : Christine Catarino and Mirjana Morokvasic, « Femmes, genre, migration et mobilités », Revue européenne des migrations internationales [Online], vol. 21 - n°1 | 2005,


Les femmes en migration : Part des migrants

En 1960 : 47 % des migrants étaient des femmesEn 2000 : 49 % des migrants étaient des femmesEn 2009 : 50% des migrants étaient des femmes

(rapport sur le développement humain, 2009, PNUD)

L’expression « féminisation de la migration »- est devenue courante- mais elle est trompeuse car en 1960, déjà 47 % des migrants étaient des femmes

Le vrai changement : - n’est pas sur le nombre - mais sur la façon dont les femmes se déplacent : un plus grand nombre de

femmes émigrent aujourd’hui d’une manière indépendante en quête d’emploi, plutôt « qu’à charge » de la famille », voyageant avec leur mari ou le rejoignant à l’étranger


Les femmes sont restées longtemps invisibles dans les études sur les migrations

Jusqu’au années 80 le genre a été ignoré dans l’étude des migrations : - Le masculin a été utilisé pour représenter tous les migrants- On supposait que les migrants étaient des hommes et les femmes

seulement des épouses qui suivaient leur mari ou des personnes à la charge du mari.

- Par exemple en France la présence des femmes a été perçue comme le résultat de l’arrêt de la migration de travail et du regroupement familial en 1974

Depuis les années 80, prise en compte du genre dans les études sur les migrations.

Cela a permis d’aborder les femmes mais aussi, et c’est l’avantage du genre, d’étudier le masculin dans les migrations

Aujourd’hui : 2 orientations dans les travaux

Des travaux qui se limitent à une étude des femmes

Des travaux qui proposent une comparaison de l’expérience migratoire des hommes et des femmes


De nombreux travaux sur les quelques secteurs où prédominent les femmes : - Services domestiques- Emploi du care- Prostitution et traite des femmes

Exemple sur le travail domestique :

- il y a un transfert international de reproduction sociale (TRUONG, 1996) : les femmes des pays nantis exercent une activité professionnelle en se déchargeant des tâches domestiques ou assimilées sur d’autres femmes immigrées ou de minorités ethniques

- Des femmes migrent pour occuper des emplois domestiques ou de care en laissant leur propres enfants aux soins d’autres femmes (de la parenté ou recrutées à cet effet).

- HOCHSCHILD a nommé ce transfert qui se répercute en chaîne : le global care chain


Cela entraîne une maternité transnationale.

Les bémols d’une approche genrée sur cette maternité transnationale :

- Les travaux sur le coût social n’est calculé qu’au féminin- Indirectement reproche aux femmes sur l’éloignement vis-à-vis de leurs enfants

- Mais pas de reproche sur l’absence paternelle

Il existe une migration de femmes qualifiées mais peu de travaux

Quelques exemples : les infirmières étudiées par Yen Le Espiritu et Marie Percot

Marie Percot, « Les infirmières indiennes émigrées dans les pays du Golfe : de l’opportunité à la stratégie », Revue européenne des migrations internationales [Online], vol. 21 - n°1 | 2005


La migration des femmes dépend de phénomènes structurels :

- La législation du pays : les femmes migrantes vont se conformer à la division sexuelle du travail, elles se dirigent vers certains secteurs où les femmes sont admises.

- les politiques migratoires de fermeture des frontières : cela influence le développement de la traite des femmes.

- Importance de l’histoire coloniale du pays d’accueil : Par exemple Yen Le Espiritu montre que les bordels philippins fréquentés par les Américains ont donné aux femmes philippines une image hyper sexualisée dont sont encore victimes celles qui migrent aujourd’hui.

- Une mobilité liée à celle des hommes : le déplacement des hommes d’affaire ou des militaires entraîne une demande de services, une mobilité des ménages et donc une mobilité du personnel de service.

14/03/2013

Des femmes comme figure du transnational et du savoir-circuler : exemple des commerçantes tunisiennes

Source : Camille Schmoll, « Pratiques spatiales transnationales et stratégies de mobilité des commerçantes tunisiennes »,Revue européenne des migrations internationales [En ligne], vol. 21 - n°1 | 2005

Transnational (anglo-saxon) ou circulation ou territoire circulatoire

Ce concept :- met l’accent sur l’acceptation « à travers », c’est-à-dire une mise en relation des espaces, sur les mobilités franchissant les frontières

- brouille les schémas migratoires classiques : opposition forte entre pays de départ/ pays d’arrivée, changement définitif, rupture de liens entre pays de départ et d’origine.

47Stage PAF / Les femmes dans la cité : la géographie du genre / Véronique Teychenné


Quelques caractéristiques de ces circulations migratoires féminines :

- Il y a une féminisation de flux : les femmes partent seules

- Les femmes proviennent d’espaces où la mobilité féminine n’était pas répandue

- Leur mobilité ne correspond pas une demande de travail des sociétés européennes (différent pour les infirmières des pays de l’Est)

- Elles négocient avec leur famille leur mobilité avant le départ

- Peuvent investir en Tunisie

- Elles savent circuler : (un « savoir-circuler » TARRIUS)• au sein de groupes mixtes, ce sont les femmes qui négocient avec les douaniers.

• elles jouent de leur attributs de la féminité• se servent du voile pour se protéger du regard et de la convoitise des hommes


Des femmes actrices des migrations :

- ont une aptitude à orienter leurs parcours migratoires (infirmières indiennes dans le Golfe)

- aptitude à trouver des solutions face à des contraintes structurelles (femmes roumaines qualifiées au Canada qui se lancent dans l’entreprenariat faute d’accès à des emplois qualifiés)

- maximisation de leur épargne pour prévoir le retour (choix d’emploi de concierge car logement payé par exemple)

- capacité de se défendre (forme des alliances comme au sein du réseau Respect pour effectuer du lobbying auprès de l’UE)

« Etre femme peut finalement constituer ou devenir un atout dans la migration ». (Christine CATARINO et Mirjana MOROKVASIC)

V. Propositions d’activités pédagogiques


Sur les représentations : •Tests de représentation n° 1 et n°2•Activité 1: Initiation à une approche genrée à partir de mon espace proche•Activité 2 : Les femmes comme enjeu géopolitique (l’affiche publicitaire pour l’emprunt national )

Sur l’espace urbain :•Activité 3: Habiter la ville en tant que femme

Sur le déplacement des femmes dans la ville•Activité 4 : Des mobilités citadines (La Paz)•Activité 5 : La mobilité quotidienne des femmes de Téhéran

Sur les femmes dans les circulations migratoires•Activité 6 : Les femmes dans les circulations migratoires

préalable : un problème de définitions femmes ou genre ?

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