praeventio - mars 2008 - volume 9, numéro 1...mars 2008 volume 9 no 1 sommaire l’avocat a-t-il un...

6
« Avoir les yeux fermés ne veut pas toujours dire qu'on dort,   ni les avoir ouverts qu'on voit. »     Bill Cosby L’AVOCAT A-T-IL UN DEVOIR DE CONSEIL ENVERS UNE AUTRE PARTIE QUE SON CLIENT ? Trois décisions permettent de cerner les paramètres de ce devoir. L'affaire Abou-Kasm c. Levine  1 Dans cette affaire, la Cour supérieure a déclaré que l’avocat, qui représentait le vendeur lors de la vente d’une résidence pour personnes âgées, avait une obligation de conseil envers l’autre partie, l’acheteur, cette dernière n’étant pas représentée par avocat. Les circonstances étaient les suivantes: les acheteurs avaient signé une offre d’achat conditionnelle au transfert du permis requis pour l’exploitation de la résidence. Des négociations s’engagent et une première contre-offre indique qu’il n’y aura aucune garantie sur le nombre de résidents de la part du vendeur, et que les acheteurs devront acheter la compagnie pour que le permis de résidence soit transférable. Les acheteurs signent alors une contre- contre-offre modifiant légèrement l’étalement du prix payable et précisant que le permis du Ministère des affaires sociales doit être obtenu pour 80 résidents. Le vendeur a accepté ces conditions mais le courtier demande alors aux acheteurs de signer une nouvelle offre au même effet que l’en- semble des offres antérieures, consolidant ces conditions au motif qu’elles étaient manuscrites. L’offre dactylographiée par le courtier mentionne que les acheteurs doivent acquérir la compagnie pour que le permis de rési- dence pour 80 personnes soit transféré. Le vendeur signe son acceptation sur un document identique sauf pour l’addendum où il est écrit que les acheteurs feront l’acquisition de la compagnie pour que le permis soit transférable et qu’un notaire a été mandaté pour obtenir le permis. Après quelques tribulations sur le financement de la transaction, les parties se rencontrent au bureau des avocats pour la signature du contrat de vente. PRÆVENTIO PAGE 1 PRÆVENTIO PRÆVENTIO « Les plaisirs de l’hiver », œuvre de Claude Théberge Mars 2008 Volume 9 n o 1 SOMMAIRE L’avocat a-t-il un devoir de conseil envers une autre partie que son client ? 1 Alerte à la fraude ! Chèques certifiés contrefaits 6 Assurance responsabilité professionnelle Dès le début de la rencontre, l’avocat du ven- deur, sachant que les acheteurs ne seraient pas représentés par avocat, leur présente un projet de lettre précisant que ceux-ci recon- naissent qu’en tout temps pertinent, son cabinet a été retenu par le vendeur et qu’il n’a aucunement été impliqué ni comme « aviseur légal » ni comme représentant dans les pourparlers et négociations de cette tran- saction. Les acheteurs reconnaissent égale- ment que la seule implication de l’avocat a été de préparer le contrat d’achat et de ven- te d’actions et un acte d’hypothèque en conformité avec l’offre d’achat déjà négo- ciée. Les acheteurs signent cette lettre. Par la suite, l'avocat montre aux parties le contrat rédigé en anglais à la demande du vendeur et l'un des acheteurs indique qu'il n'a qu'une connaissance restreinte de cette langue. L'avocat offre alors de rédiger le contrat en français et de remettre la clôture au lendemain mais le vendeur s'oppose à la remise et, finalement, les acheteurs déci- dent de procéder pourvu que l'avocat tra- duise verbalement en français, de façon Par M e Odette Jobin-Laberge, Lavery, De Billy, S.E.N.C.R.L. 1 [2003] R.R.A. 643 (C.S.), règlement hors cour, en appel le 27-04-2005, no : 500-09-013393-038.

Upload: others

Post on 24-Mar-2021

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Praeventio - Mars 2008 - Volume 9, numéro 1...Mars 2008 volume 9 no 1 Sommaire L’avocat a-t-il un devoir de conseil envers une autre partie que son client ? 1 Alerte à la fraude

Siletiersn'estpasreprésenté,ilpeutyavoirobligationdeconseilmaiscelle-ciseramoduléeselonledegrédeconnais-sancejuridiqueetdescolaritédecettepersonne;danstouslescas,l'avocatprudentdevraitprévenirlapartienonreprésentéenonseulementqu'ilreprésentel'autrepartiemaiségalementqu'iln'estpastenudeprotégerlesdroitsdecettepersonneaveclamêmevigilancequeluidevraitsonpropreconseiller(l'affaireBouchard).

L'existenced'unécritavisantlapartienonreprésentéequel'avocatn'agitpaspourelleetn'apasl'obligationdeveilleràsesintérêtsdefaçonaussivigilantequeleferaitsonpropreavocatestcertesprudentemaisondoits'assurerque,parlarédactiond'untelécrit,l'avocatnefassepasdereprésentationsquipuissentengagersaresponsabilitécontrac-tuellecommecelafutlecasdansl'affaireAbou-Kasm.Devantunesituationdélicate,latransparenceestprobablementlameilleurefaçond’agirtelquecelafutfaitdansl’affaireSavard.

« Avoir les yeux fermés ne veut pas toujours dire qu'on dort,  ni les avoir ouverts qu'on voit. »    Bill Cosby

L’avocat a-t-iL un devoir de conseiL envers une autre partie que son cLient ?

Trois décisions permettent de cerner les paramètres de ce devoir.

L'affaire Abou-Kasm c. Levine 1

Danscetteaffaire,laCoursupérieureadéclaréquel’avocat,quireprésentaitlevendeurlorsdelavented’unerésidencepourpersonnesâgées,avaituneobligationdeconseilenversl’autrepartie,l’acheteur,cettedernièren’étantpasreprésentéeparavocat.

Lescirconstancesétaient lessuivantes: lesacheteursavaientsignéuneoffred’achatconditionnelleautransfertdupermisrequispourl’exploitationdelarésidence.Desnégociationss’engagentetunepremièrecontre-offreindiquequ’iln’yauraaucunegarantiesurlenombrederésidentsdelapartduvendeur,etquelesacheteursdevrontacheterlacompagniepourquelepermisderésidencesoittransférable.Lesacheteurssignentalorsunecontre-contre-offremodifiantlégèrementl’étalementduprixpayableetprécisantquelepermisduMinistèredesaffairessocialesdoitêtreobtenupour80résidents.Levendeuraacceptécesconditionsmaislecourtierdemandealorsauxacheteursdesignerunenouvelleoffreaumêmeeffetquel’en-sembledesoffresantérieures,consolidantcesconditionsaumotifqu’ellesétaientmanuscrites.L’offredactylographiéeparlecourtiermentionnequelesacheteursdoiventacquérirlacompagniepourquelepermisderési-dencepour80personnessoittransféré.Levendeursignesonacceptationsurundocumentidentiquesaufpourl’addendumoùilestécritquelesacheteursferont l’acquisitionde lacompagniepourquelepermissoittransférableetqu’unnotaireaétémandatépourobtenirlepermis.

Aprèsquelquestribulationssurlefinancementdelatransaction,lespartiesserencontrentaubureaudesavocatspourlasignatureducontratdevente.

præventio page 1

præventiopræventio

præventio Mars 2008 page 6

aLerte À La Fraude !

Chèques certifiés contrefaitsNousavonsétéavisésqueplusieursavocatsenOntarioontétérécemmentvictimesd’unenouvellesériedefraudesconcernantdeschèquescertifiéscontrefaits.

Defaçongénérale,cesfraudesvisentdesopérationsdeprêtscommerciaux,tel l’achatd’équipement.L’avocatestmandatéàlafoisparleprêteuretl’emprunteurafind’obtenirlesgarantiesnécessairespourl’emprunt.

Évidemment,l’affairesemblelégitime.Habituellement,ils’agitd’unnou-veauclientquiestpresséd’agir.Àcejour,lesfraudeursontviséprincipa-lementlesavocatstravaillantàleurproprecompteetlesavocatsexerçantenpetitscabinets.

Ainsi, l’avocatreçoitetdéposelechèquecertifiéquifinancel’opération,tirantensuitedeschèquescertifiésselonlesinstructionsdel’emprunteur.Évidemment,quelquesjoursplustard,oninformel’avocatquelechèquecertifiéduprêteurestunfaux…L’avocatseretrouvealorsavecunmanqueàgagnerdanssoncompteenfidéicommis.

Lavigilanceetlaprudences’imposentdoncentouttemps,particulièrementàl’égarddeclientsquevousneconnaissezpasdepuistrèslongtemps.Pro-tégez-vousendemandantàvotre institutionfinancièredecontacter labanquequiaémislechèquecertifiépourenvérifierl’authenticitéetpourconfirmerqu’ilyaeffectivementdesfondsdanslecompte.1

præventio

Service de prévention

MeIsabelleGuiral,CoordonnateurauxactivitésdepréventionFondsd’assuranceresponsabilitéprofessionnelleduBarreauduQuébec445,boul.Saint-Laurent,bureau300Montréal(Québec)H2Y3T8Téléphone:(514)954-3452ou1-800-361-8495,poste3282Télécopieur:(514)954-3454Courrierélectronique:[email protected]:www.assurance-barreau.comUneversionanglaiseestaussidisponiblesurdemande./AnEnglishversionisavailableuponrequest.TouslesbulletinsPraeventioantérieurssontdisponiblesàl'adressesuivante:www.assurance-barreau.com/fr/bulletin.html

Cette publication est un outil d’information dontcertainesindicationsvisentàréduirelesrisquesdepoursuite,mêmemalfondée,enresponsabilitépro-fessionnelle.Soncontenunesauraitêtreinterprétécommeétantuneétudeexhaustivedessujetsquiysonttraités,nicommeunavisjuridiqueetencoremoinscommesuggérantdesstandardsdeconduiteprofessionnelle.

CeBulletin de préventionestpubliéparleFondsd’assurance responsabilité professionnelle duBarreauduQuébec.

av

is

«Lesplaisirsdel’hiver»,œuvredeClaudeThéberge

Mars 2008 volume 9 no 1

Sommaire

L’avocata-t-ilundevoirdeconseilenversuneautrepartiequesonclient? 1

Alerteàlafraude!Chèquescertifiéscontrefaits 6

Assuranceresponsabilité

professionnelle

Assuranceresponsabilité

professionnelle

Dèsledébutdelarencontre,l’avocatduven-deur,sachantquelesacheteursneseraientpasreprésentésparavocat,leurprésenteunprojetdelettreprécisantqueceux-cirecon-naissentqu’entouttempspertinent,soncabinetaétéretenuparlevendeuretqu’iln’a aucunement été impliquéni comme«aviseurlégal»nicommereprésentantdanslespourparlersetnégociationsdecettetran-saction.Lesacheteursreconnaissentégale-mentquelaseuleimplicationdel’avocataétédepréparerlecontratd’achatetdeven-te d’actions et un acte d’hypothèque enconformitéavecl’offred’achatdéjànégo-ciée.Lesacheteurssignentcettelettre.

Parlasuite,l'avocatmontreauxpartieslecontratrédigéenanglaisàlademandeduvendeuretl'undesacheteursindiquequ'iln'aqu'uneconnaissancerestreintedecettelangue.L'avocatoffrealorsderédiger lecontratenfrançaisetderemettrelaclôtureaulendemainmaislevendeurs'opposeàlaremiseet,finalement,lesacheteursdéci-dentdeprocéderpourvuquel'avocattra-duiseverbalementen français,de façon

præventio Mars 2008 page 5

confié un quelconque mandat. Sonrôleactifdanslarédactionduprospec-tus,lapréparationetlaconduitedelaséance de clôture l’ont simplementplacée en contact avec Marleau. Laconclusiondelapremièrejugesuivantlaquellecelle-ciétaitl’avocatedesven-deurs et de personne d’autre, estconformeàlapreuve5.

LaCourexamineensuitelaresponsa-bilitéextracontractuelledesavocatsetrappellequenotredroitreconnaîtquel’exécutiond’uncontratpeutdonnerouvertureàunrecoursextracontrac-tuelcontreuntiers.Enl’espèce,l’exé-cutionducontratentrelasociétéencommandite et les commanditairespouvait-elledonnerouvertureàunre-courscontrelesavocatsayantagipourl’uneoul’autredesparties?SelonlaCour:«…l’avocat n’agit pas, ne décide pas, il avise. Son devoir consiste à conseiller son client avec compétence, à observer à son endroit une stricte loyauté et à maintenir confidentiels leurs échanges. Certes, ces règles souf-frent exceptions. L’avocat ne doit pas, par exemple, conseiller, endosser, cou-vrir ou participer à un acte criminel. En dehors des cas d’exceptions - on n’en plaide aucun ici - l’avocat peut-il enga-ger sa responsabilité personnelle pour le préjudice économique subi par une personne qui n’est pas son client ? »6

Lafauteextracontractuelled’unavocatrésulterad’unmanquementàlaloioudelacommissiond’unenégligenceen-versunepersonneàl’endroitdelaquel-le,danslesfaitsouparsaconduite,ilacontractéuneobligationdeprudenceetdediligence.7L’évaluationdelares-ponsabilitédoitaussis’inscriredansle

contextespatiotemporeldanslequelsesituelegriefallégué.Elles’évalueraàlalumière«des circonstances de fait extérieures qui ont entouré l’acte ou l’omission reproché ».8

L’avocatpourraitêtreresponsabledesdommagessubisparuntierssi,enrai-sondescirconstancesde l’espèce, larelationprofessionnelles’étendau-delàduclientpourrejoindrecetierseten-gendrerainsiuneobligationenverscelui-ci,entreautreslorsquel’actepro-fessionnelestfautifensoietquel’avo-catsaitoudevraitsavoirquecetacteestaussidestinéàuneautrepersonnedontlaconduiteseranécessairementdictéeparcetteopinionoucetavis.9

Réexaminantlesfaits,laCourestd’avisqu’ilestincontestablequelaconditionpréalableduconsentementdelaSDIétaitimportanteetqu’ellen’apasétésatisfaite. Contractuellement, cettefauteest imputableaucommanditémaislessouscripteursetfuturscom-manditairesavaient,entouteconnais-sancedecause,confiéaucommandité,enréalitéàMarleaului-même,leman-datd’agirenleurnometc’estdanscecontextequel’ondoitexaminersilesavocatsontcommisunefaute.

LaCourécarterapidementlecasdel’avocat qui avait déjà représentéMarleau car saprésence lorsde laséancedeclôtureétait limitéeà laproductiondecertainespièceset iln’apasétédémontréqu’ilreprésen-taitsesanciensclients.

Quantà l’avocatedesvendeursquiavaitobtenulalettrederéconfortdelapartdelaSDI,ellel’adéposéeàla

séancedeclôture.Bienqu’ellerepré-sentaitlesvendeursayantintérêtàlaréalisationdelatransaction,elleavaitsoulignéàtouteslespartieslefaitquelalettreneconstituaitpasl’autorisa-tionformellerequisepar lescondi-tionspréalables.Lespartiesontalorsagideleurproprechefensignantlesattestationsdeconformitéenpleineconnaissancedecauseetaucuned’el-lesn’aprétenduà l’existenced’uneopinionerronéeoufautive.Pourre-prendrelestermesdelaCour,l’avo-cate«ne leur a rien caché ni n’a tenté de les influencer. Elle les a avisés, ils ont agi.» Sa responsabilité ne futdoncpasretenue.

ConclusionOnpeutdonctirerdecestroisarrêtslesconclusionssuivantes:

L'obligationdeconseilenverslapar-tiequin'estpassonpropreclientvarieraselonlescirconstances.

Il pourra s'agir d'une obligationcontractuelle, malgré une recon-naissanceque l'avocatn'agitpaspourletiers,parlesimplefaitdes'être engagé à transcrire fidèle-mentlavolontédetouteslespar-tiesexpriméedansdesactesanté-rieurs(l'affaireAbou-Kasm).

Ilpourrayavoiruneobligationex-tracontractuelled'agirdanscertai-nescirconstancesmaissil'avocatafidèlementreprésentélaréalitédeschosesetquelespartiesentreellesontchoisid'agirentouteconnais-sancedecause,laresponsabilitédel'avocatneserapasretenue(l'af-faireSavard).

suite à la page 6

Par Me Odette Jobin-Laberge, Lavery, De Billy, S.e.N.C.r.L.

1 – [2003] R.R.A. 643 (C.S.), règlement hors cour, en appel le 27-04-2005, no : 500-09-013393-038.

5 – Par. [89] et [91].6 – Par. [94],7 – Par. [97].8 – Par. [98].9 – Par. [99].

1 – Tiré de Fraud alert – Counterfeit certified cheques; Law Society of Upper Canada

Page 2: Praeventio - Mars 2008 - Volume 9, numéro 1...Mars 2008 volume 9 no 1 Sommaire L’avocat a-t-il un devoir de conseil envers une autre partie que son client ? 1 Alerte à la fraude

præventio Mars 2008 page 2 præventio Mars 2008 page 3

præventioParlasuite,Bouchardadeladifficultéàresterencontactaveclesdirigeantsde lanouvelle compagnie et,unanplustard,constatantdesactivitéssurleterrainqu’ilavaitvendu,ilapprendque celui-ci avait été revendu pourprèsde500000$etqu’iln’enavaitjamaisétéinformé.Iln’apuretrouverlesdirigeantsdelacompagniedontilétaitactionnaireetiladoncpoursuivilenotaire.

L’action fut rejetéeenpremière ins-tance,lejugeayantévaluéqu’ilyavaitunedistinctionàfaireentre levoletrelatifàlaventedel’immeubleetceluivisantl’organisationdelasociétéquantà laportéedudevoirdeconseil. Ilaconcluquesilevoletimmobiliern’avaitpasexisté,lenotaireBouchern’auraiteuaucuneobligationdeconseilenversBouchard;celui-cin’avaitjamaisparléaunotaireet,danslecasd’unetransac-tionentredeuxcompagnies,lenotairen’avaitaucuneobligationdeconseillerunnouvelactionnaireetaucunedispo-sitionl’empêchaitd’accepterlemandatd’unseulclient.

LaCourd’appel,par lavoixdu jugeMorissette,réexamine laquestionetindiquequeledevoirdeconseilduno-taireestrelatifets’analyseenfonctiondesparticularitésdechaquecas: im-portancedelacontributiondunotaire,niveaudeconnaissanceetdeconfiancedutiers,importanceounouveautédelaréglementationencause,étenduedumandat,âgeetscolarisationdutierset,enfin, laprésenced’unautreprofes-sionnelpourleconseiller.

Bouchardn’avaitjamaiseuderelationavec lenotaire lequel ignorait l’exis-tencedesonententeantérieureavecl’entrepreneur,àsavoirlaventedesonterrainàunecompagnieànuméros

2 – 2007 QCCA 1559.

sommaire,lesdispositionsprincipalesducontrat.Laversionanglaiseducontratindiquequelevendeurnefaitaucunereprésentationougarantieàproposdutransfertdupermisd'exploitationdelarésidenceetsignalequecetransfertn'apasencoreétéobtenuparlenotaireParé.L'avocattraduitsimplementqueleper-misseratransféréparlenotaireParé.Devantl'insistancedesacheteurs,l'avo-catquestionnelevendeuretapprendqu'enfait,aucunpermisn'ajamaisen-coreétéémisetqueleministèretolèrel'opérationducentre.L'avocatestsur-prisd'apprendrequelepermisn'existepasetaviselesacheteursquelarésiden-cefonctionnepartolérance.

Enfin,arrivecequidevaitarriver: lepermisn’estjamaisoctroyé.

Lesquestionsenlitigeétaientdesavoirsil’avocatavaitassuméuneobligationcontractuelleenvers lesacheteursenfaisantcertainesreprésentations.Siunetelleobligationexistait,l’avocatl’a-t-ellerespectéeetexécutéecorrectementet,enfin,enl’absencedefautecontractuel-le,y-a-t-ileufauteextracontractuelle?

LejugeBishopreconnaîtquelebutprin-cipaldelalettrequel’avocataprésentéepoursignatureauxacheteursétaitdeli-mitersaresponsabilitéenregarddelaventeet,surtout,qu’iln’avaitétéaucu-nementimpliquédanslesnégociationsentrelesparties.Cependant,l’avocatareprésentéauxacheteursqu’ilavaitpré-parél’actedevente« substantiellement en conformité »avecl’offred’achat.Lejuge est d’avis que cette affirmationconstituaitunereprésentation«contrac-tuelle»surlaquellelesacheteursétaientendroitdesefier.Ilajoutequelesrepré-sentationsàl’effetqueMeParépouvaitobtenirlepermisetque,mêmeenl’ab-sencedepermis,leMinistèredelasanté

tolérait l’opération du centre, étaientvraiesetqu’ils’agissaitdereprésenta-tionsfaitesdansuncadrecontractuel.

Examinants’ilyavaitfautedansl’exé-cutiondesobligationscontractuellesetprincipalementdanscelledepréparerl’actedeventeenconformitéaveclesoffresetcontre-offreséchangées,lejugeestimequel’avocatauraitdûmodifierletexteducontratlorsqu’ilaconstatéqu’aucunpermisn’existait.

Quant au devoir de conseil, le jugeconclutque l’avocat a accepté tacite-mentdeconseillerlesacheteurs.Enef-fet,l’avocatsavaitoudevaitsavoirquelepermisgouvernementalrequispourl’exploitationdelarésidenceétaituneconditionessentielleàlaventeet,ayantapprisqu’iln’yavaitpasdepermis,ilsavaitoudevaitsavoirquesontransfertserait impossibleetque la conditionquantàsontransfertdevaitêtremodi-fiée.Ildevaitdoncenaviserl’acheteurdefaçonpréciseenluiexpliquantlesrisquesetconséquencesdecetteinexis-tenceetenleconseillantquantauxme-suresappropriéesrequisespoursepro-téger.Selonlejuge,lapreuvenedémon-trepasquel’avocataremplicedevoirdeconseil.

Malgrélaprésencedelalettrevisantàdéterminer l’étendue du mandat del’avocatetàindiqueràlapartieadversequ’il ne la représentait pas, le jugeconclutquel’avocatavaittoutdemêmeuneobligationcontractuelleàrespecterlorsqu’ilareprésentéqu’ils’étaitengagéà reproduire dans l’acte de vente lesconditionsdesoffres et contre-offresprécédentes.Unavocatraisonnablementprudentetdiligentauraitdonnédesex-plicationsprécisesquantauxrisquesetconséquencesdécoulantdel’inexistencedupermis.Lejugeneseprononcepas

surlafauteextracontractuellepuisquecelaestinutile.Ànoter,toutefois,quesilerecoursavaitétéexercésurlabaseextracontractuelle,ilétaitprescritpuis-que,àl’époque,cetteprescriptionétaitde2ansalorsquelaprescriptioncontrac-tuelleétaitde30ans.

L'arrêt Bouchard c. Boucher2

Dans cette décision récente, la Courd’appelréfèreàl’affaireAbou-Kasmetréitèrequeleconseillerjuridique–enl’espèceunnotairequiagitdanslecadred’unetransactioncommerciale–doitindiqueràunepartienonconseilléeparunprofessionnelqu’ilestmandatéparuneautrepartieetl’aviserqu’iln’estpastenuàlamêmevigilancedanslapro-tectiondesesdroitsqueleseraitsonpropreconseiller.

Danscetteaffaireassezcomplexe,Bou-chardavaitconcluuneententeavecunentrepreneurenconstructionenvertudelaquellecelui-cidevaittrouverlefi-nancementnécessairepourlaréalisa-tiond’unprojetdecopropriétérésiden-tiellesurunterrainappartenantà lacompagniedeBouchard.

Unmoisplustard,l’entrepreneurl’in-formequ’ilavaittrouvédesbailleursdefondsetonconvoqueBouchardchezlenotaireBoucherpourlasignaturedesdocumentspertinents.Lorsdelaren-contre,l’entrepreneurestaccompagnédetroisindividusqu’ilprésentecommesesassociés.Bouchardsignel’actedeventenotariéenvertuduquelilvendleterrainàlacompagnieforméedel’en-trepreneuretdesesassociéspour lasommede1$enéchangede25%desactionsdecettecompagnie.Unerésolu-tionledésigneàtitredeco-signataireàla banque conformément à l’ententeconvenuedansl’actedevente.

pourlasommede1$enéchangede25%desactions.Bouchardn’ajamaisdivulguécetteententeaunotaireetn’apascherchéàobtenird’autresprécisionsquecellesquecelui-ciluiafournieslorsdelaséancedeclôture.

Enl’espèce,l’obligationdeconseildunotaireétaitréduiteauminimumetiln’apastrompélaconfiancedeBouchardenluiprésentantlarésolutionbancairepuisquecelui-ciconnaissaitunetellepratiquedanslagestiond’unecompagnie.Toutefois,mêmesilaCourd’appelenvientàlaconclusionquelenotairen’acommisaucunefautecausale,elleestimequ’ilatoutdemêmecommisunefauteencequ’ilauraitdûfairepreuvedeplusdetransparenceetrévéleràBouchardqu’ilétaitmandatéetrémunéréparl’undesassociésdelacompagnieànumérosetqu’iln’étaitpastenudeprotégersesdroitsaveclamêmevigilancequ’unconseillermandatéparluipourraitlefaire.

præventio Mars 2008 page 4

L'arrêt Savard c. 2329-1297  Québec inc. (Hôtel Lord Berri inc.) 3

Savardetplusieursautresinvestisseurs(«lescommanditaires»)dansuneso-ciétéencommanditeopérant l’HôtelLordBerriàMontréal,ontentreprisdesprocéduressuiteauxpertesfinancièressubiesdanscetinvestissement.

OutreMarleauetsescompagniesquiagissaientcommepromoteur,placeurpourcompteetcommandité(ci-aprèsMarleau),lescommanditairesontpour-suivilesavocatsayantagipourleven-deurdel’immeubleetpourMarleau.

Le fondement de leur recours estbasésurlemanquementàunecondi-tionpréalableàlaclôturedelatran-saction,conditionquiétaiténoncéeauprospectusprésentéauxcomman-ditaires.Laconditionlitigieusepré-voyaitque laventeétait sujetteauconsentementdelaSDIetduprêteurhypothécaireau transfertde l’hôtelà lasociétéencommandite.LaSDIavaitdéjàverséunecertainesommeetdevaitverserdesmontantspourlesannéessubséquentessicertainesconditionsétaientmaintenues.

Aumomentdeladatedeclôture, laSDIn’avaittoujourspasconfirmésonapprobationpourletransfertdelapro-priétéetduprêtàlasociétéencom-manditemaisavaitacceptédecontre-signerune«lettrederéconfort»quirecherchaitunedéclarationd’intentionquantàl’acceptationfuturedutrans-fertparleconseild’administrationdelaSDI.

Ilestclairquel’avocatereprésentantlesvendeursetresponsabledelaséan-cedeclôture,aavisétouslesinterve-nantsprésents lorsde laditeséancequeleconsentementformeldelaSDI

n’avaitpasétéobtenuetqu’ilpourrait,éventuellement,êtrerefusé.Endépitdecefait, lespartiesàlatransactionprocèdentàlaclôture,telqueprévu,le13mai1987.

De fait, laSDI refused’autoriser letransfertàlafinmai1987.Toutefois,lasociétéencommanditecontinueàopérerl’hôtelet lesdifficultésfinan-cièrenecommencentqu’en1990,cequicoïncideavecunebaisseapprécia-bledutauxd’occupationdeschambresàMontréalquis’estpoursuivie jus-qu’en1992.En1991, lescommandi-tairesacceptentd’injecterunesommeadditionnellepourcouvrirlamargedecréditetassurerunfondsderoule-ment,maissanssuccès.Enmai1992,uneactionestintentéecontreMarleauainsiquecontrelesavocatsprésentsà la séance de clôture. En cours deroute,ilyaeudésistementcontreMar-leauetlesdifférentespersonnesmo-ralesqu’il représentaitenraisondeleursfaillitesrespectives,etseule laresponsabilitédesavocatsfutexami-néeparlestribunaux.

Enpremièreinstance,l’actionfutreje-téecontrelesavocatsetcejugementfutconfirméparlaCourd’appel.

DansunjugementrédigéparlaCour,celle-ciexaminelaresponsabilitédesavocatsdanslecontextedumécanismedelevéedefondsdanslepublicparunesociétéencommanditeetlerôledelaréglementationapplicableàcetypedeplacement.Elleconclutqueleprospectusdonnaitauxfutursinves-tisseurstouslesrenseignementsperti-nentstantsurl’identitédesacteursduprojetquesurlesavantagesquelesunset lesautrespouvaientenretirer.Leprospectus prévenait également lescommanditairesducaractèrespécula-

tifdel’investissementetdel’absencedemarchésecondairepourlaventedeleursparts.

Aprèsunexamenattentifdelaconven-tiondeplacementspourcompte, laCourn’yvoitaucuneindicationquelesavocatsontaccepté,àtitreperson-nel,deseportergarantsdesobliga-tions assumées par le placeur pourcompte,niqu’ilssesontengagésen-verslessouscripteursàempêcherlatenuedelaséancedeclôtureetl’émis-siondespartsdanslasociétéencom-manditesil’uneoul’autredescondi-tionspréalablesn’étaitpassatisfaite4.LaCourconclutdoncquelesavocatsnepeuventêtretenusresponsablesàl’égarddessouscripteursques’ilsontmanquéauxobligationsdécoulantdeleurmandatoudesexigencesdelaLoisur lesvaleursmobilièresousi leurcomportementdénoteunmanquedediligencequipourraitêtrequalifiédefautif.Elleexaminedoncsi leurres-ponsabilitépeutêtreretenueàtitrecontractuelouextracontractuel.

Selon laCoursupérieureet laCourd’appel,aucundesavocatsn’avaitreçulemandatdereprésenterlasociétéencommanditeou les investisseurs lajournée de la clôture. L’avocat quiavaitreprésentéMarleauetlasociétéen commandite l’année précédentes’étaitretirédudossieret,s’ilétaitpré-sentlejourdelaclôture,saparticipa-tionn’était lerésultatd’aucunnou-veaumandatconfiéparMarleauoulasociétéencommandite;iln’avaitdoncaucundevoircontractuelenvers lesinvestisseurs.Quantàl’avocaterepré-sentant lesvendeurset lecréancierhypothécaire,aucunélémentdepreu-ven’établitqueMarleauouencorelasociétéencommanditeaitpuluiavoir

suite à la page 5

3 – 2005 QCCA 705. 4 – Par. [80],

Page 3: Praeventio - Mars 2008 - Volume 9, numéro 1...Mars 2008 volume 9 no 1 Sommaire L’avocat a-t-il un devoir de conseil envers une autre partie que son client ? 1 Alerte à la fraude

præventio Mars 2008 page 2 præventio Mars 2008 page 3

præventioParlasuite,Bouchardadeladifficultéàresterencontactaveclesdirigeantsde lanouvelle compagnie et,unanplustard,constatantdesactivitéssurleterrainqu’ilavaitvendu,ilapprendque celui-ci avait été revendu pourprèsde500000$etqu’iln’enavaitjamaisétéinformé.Iln’apuretrouverlesdirigeantsdelacompagniedontilétaitactionnaireetiladoncpoursuivilenotaire.

L’action fut rejetéeenpremière ins-tance,lejugeayantévaluéqu’ilyavaitunedistinctionàfaireentre levoletrelatifàlaventedel’immeubleetceluivisantl’organisationdelasociétéquantà laportéedudevoirdeconseil. Ilaconcluquesilevoletimmobiliern’avaitpasexisté,lenotaireBouchern’auraiteuaucuneobligationdeconseilenversBouchard;celui-cin’avaitjamaisparléaunotaireet,danslecasd’unetransac-tionentredeuxcompagnies,lenotairen’avaitaucuneobligationdeconseillerunnouvelactionnaireetaucunedispo-sitionl’empêchaitd’accepterlemandatd’unseulclient.

LaCourd’appel,par lavoixdu jugeMorissette,réexamine laquestionetindiquequeledevoirdeconseilduno-taireestrelatifets’analyseenfonctiondesparticularitésdechaquecas: im-portancedelacontributiondunotaire,niveaudeconnaissanceetdeconfiancedutiers,importanceounouveautédelaréglementationencause,étenduedumandat,âgeetscolarisationdutierset,enfin, laprésenced’unautreprofes-sionnelpourleconseiller.

Bouchardn’avaitjamaiseuderelationavec lenotaire lequel ignorait l’exis-tencedesonententeantérieureavecl’entrepreneur,àsavoirlaventedesonterrainàunecompagnieànuméros

2 – 2007 QCCA 1559.

sommaire,lesdispositionsprincipalesducontrat.Laversionanglaiseducontratindiquequelevendeurnefaitaucunereprésentationougarantieàproposdutransfertdupermisd'exploitationdelarésidenceetsignalequecetransfertn'apasencoreétéobtenuparlenotaireParé.L'avocattraduitsimplementqueleper-misseratransféréparlenotaireParé.Devantl'insistancedesacheteurs,l'avo-catquestionnelevendeuretapprendqu'enfait,aucunpermisn'ajamaisen-coreétéémisetqueleministèretolèrel'opérationducentre.L'avocatestsur-prisd'apprendrequelepermisn'existepasetaviselesacheteursquelarésiden-cefonctionnepartolérance.

Enfin,arrivecequidevaitarriver: lepermisn’estjamaisoctroyé.

Lesquestionsenlitigeétaientdesavoirsil’avocatavaitassuméuneobligationcontractuelleenvers lesacheteursenfaisantcertainesreprésentations.Siunetelleobligationexistait,l’avocatl’a-t-ellerespectéeetexécutéecorrectementet,enfin,enl’absencedefautecontractuel-le,y-a-t-ileufauteextracontractuelle?

LejugeBishopreconnaîtquelebutprin-cipaldelalettrequel’avocataprésentéepoursignatureauxacheteursétaitdeli-mitersaresponsabilitéenregarddelaventeet,surtout,qu’iln’avaitétéaucu-nementimpliquédanslesnégociationsentrelesparties.Cependant,l’avocatareprésentéauxacheteursqu’ilavaitpré-parél’actedevente« substantiellement en conformité »avecl’offred’achat.Lejuge est d’avis que cette affirmationconstituaitunereprésentation«contrac-tuelle»surlaquellelesacheteursétaientendroitdesefier.Ilajoutequelesrepré-sentationsàl’effetqueMeParépouvaitobtenirlepermisetque,mêmeenl’ab-sencedepermis,leMinistèredelasanté

tolérait l’opération du centre, étaientvraiesetqu’ils’agissaitdereprésenta-tionsfaitesdansuncadrecontractuel.

Examinants’ilyavaitfautedansl’exé-cutiondesobligationscontractuellesetprincipalementdanscelledepréparerl’actedeventeenconformitéaveclesoffresetcontre-offreséchangées,lejugeestimequel’avocatauraitdûmodifierletexteducontratlorsqu’ilaconstatéqu’aucunpermisn’existait.

Quant au devoir de conseil, le jugeconclutque l’avocat a accepté tacite-mentdeconseillerlesacheteurs.Enef-fet,l’avocatsavaitoudevaitsavoirquelepermisgouvernementalrequispourl’exploitationdelarésidenceétaituneconditionessentielleàlaventeet,ayantapprisqu’iln’yavaitpasdepermis,ilsavaitoudevaitsavoirquesontransfertserait impossibleetque la conditionquantàsontransfertdevaitêtremodi-fiée.Ildevaitdoncenaviserl’acheteurdefaçonpréciseenluiexpliquantlesrisquesetconséquencesdecetteinexis-tenceetenleconseillantquantauxme-suresappropriéesrequisespoursepro-téger.Selonlejuge,lapreuvenedémon-trepasquel’avocataremplicedevoirdeconseil.

Malgrélaprésencedelalettrevisantàdéterminer l’étendue du mandat del’avocatetàindiqueràlapartieadversequ’il ne la représentait pas, le jugeconclutquel’avocatavaittoutdemêmeuneobligationcontractuelleàrespecterlorsqu’ilareprésentéqu’ils’étaitengagéà reproduire dans l’acte de vente lesconditionsdesoffres et contre-offresprécédentes.Unavocatraisonnablementprudentetdiligentauraitdonnédesex-plicationsprécisesquantauxrisquesetconséquencesdécoulantdel’inexistencedupermis.Lejugeneseprononcepas

surlafauteextracontractuellepuisquecelaestinutile.Ànoter,toutefois,quesilerecoursavaitétéexercésurlabaseextracontractuelle,ilétaitprescritpuis-que,àl’époque,cetteprescriptionétaitde2ansalorsquelaprescriptioncontrac-tuelleétaitde30ans.

L'arrêt Bouchard c. Boucher2

Dans cette décision récente, la Courd’appelréfèreàl’affaireAbou-Kasmetréitèrequeleconseillerjuridique–enl’espèceunnotairequiagitdanslecadred’unetransactioncommerciale–doitindiqueràunepartienonconseilléeparunprofessionnelqu’ilestmandatéparuneautrepartieetl’aviserqu’iln’estpastenuàlamêmevigilancedanslapro-tectiondesesdroitsqueleseraitsonpropreconseiller.

Danscetteaffaireassezcomplexe,Bou-chardavaitconcluuneententeavecunentrepreneurenconstructionenvertudelaquellecelui-cidevaittrouverlefi-nancementnécessairepourlaréalisa-tiond’unprojetdecopropriétérésiden-tiellesurunterrainappartenantà lacompagniedeBouchard.

Unmoisplustard,l’entrepreneurl’in-formequ’ilavaittrouvédesbailleursdefondsetonconvoqueBouchardchezlenotaireBoucherpourlasignaturedesdocumentspertinents.Lorsdelaren-contre,l’entrepreneurestaccompagnédetroisindividusqu’ilprésentecommesesassociés.Bouchardsignel’actedeventenotariéenvertuduquelilvendleterrainàlacompagnieforméedel’en-trepreneuretdesesassociéspour lasommede1$enéchangede25%desactionsdecettecompagnie.Unerésolu-tionledésigneàtitredeco-signataireàla banque conformément à l’ententeconvenuedansl’actedevente.

pourlasommede1$enéchangede25%desactions.Bouchardn’ajamaisdivulguécetteententeaunotaireetn’apascherchéàobtenird’autresprécisionsquecellesquecelui-ciluiafournieslorsdelaséancedeclôture.

Enl’espèce,l’obligationdeconseildunotaireétaitréduiteauminimumetiln’apastrompélaconfiancedeBouchardenluiprésentantlarésolutionbancairepuisquecelui-ciconnaissaitunetellepratiquedanslagestiond’unecompagnie.Toutefois,mêmesilaCourd’appelenvientàlaconclusionquelenotairen’acommisaucunefautecausale,elleestimequ’ilatoutdemêmecommisunefauteencequ’ilauraitdûfairepreuvedeplusdetransparenceetrévéleràBouchardqu’ilétaitmandatéetrémunéréparl’undesassociésdelacompagnieànumérosetqu’iln’étaitpastenudeprotégersesdroitsaveclamêmevigilancequ’unconseillermandatéparluipourraitlefaire.

præventio Mars 2008 page 4

L'arrêt Savard c. 2329-1297  Québec inc. (Hôtel Lord Berri inc.) 3

Savardetplusieursautresinvestisseurs(«lescommanditaires»)dansuneso-ciétéencommanditeopérant l’HôtelLordBerriàMontréal,ontentreprisdesprocéduressuiteauxpertesfinancièressubiesdanscetinvestissement.

OutreMarleauetsescompagniesquiagissaientcommepromoteur,placeurpourcompteetcommandité(ci-aprèsMarleau),lescommanditairesontpour-suivilesavocatsayantagipourleven-deurdel’immeubleetpourMarleau.

Le fondement de leur recours estbasésurlemanquementàunecondi-tionpréalableàlaclôturedelatran-saction,conditionquiétaiténoncéeauprospectusprésentéauxcomman-ditaires.Laconditionlitigieusepré-voyaitque laventeétait sujetteauconsentementdelaSDIetduprêteurhypothécaireau transfertde l’hôtelà lasociétéencommandite.LaSDIavaitdéjàverséunecertainesommeetdevaitverserdesmontantspourlesannéessubséquentessicertainesconditionsétaientmaintenues.

Aumomentdeladatedeclôture, laSDIn’avaittoujourspasconfirmésonapprobationpourletransfertdelapro-priétéetduprêtàlasociétéencom-manditemaisavaitacceptédecontre-signerune«lettrederéconfort»quirecherchaitunedéclarationd’intentionquantàl’acceptationfuturedutrans-fertparleconseild’administrationdelaSDI.

Ilestclairquel’avocatereprésentantlesvendeursetresponsabledelaséan-cedeclôture,aavisétouslesinterve-nantsprésents lorsde laditeséancequeleconsentementformeldelaSDI

n’avaitpasétéobtenuetqu’ilpourrait,éventuellement,êtrerefusé.Endépitdecefait, lespartiesàlatransactionprocèdentàlaclôture,telqueprévu,le13mai1987.

De fait, laSDI refused’autoriser letransfertàlafinmai1987.Toutefois,lasociétéencommanditecontinueàopérerl’hôtelet lesdifficultésfinan-cièrenecommencentqu’en1990,cequicoïncideavecunebaisseapprécia-bledutauxd’occupationdeschambresàMontréalquis’estpoursuivie jus-qu’en1992.En1991, lescommandi-tairesacceptentd’injecterunesommeadditionnellepourcouvrirlamargedecréditetassurerunfondsderoule-ment,maissanssuccès.Enmai1992,uneactionestintentéecontreMarleauainsiquecontrelesavocatsprésentsà la séance de clôture. En cours deroute,ilyaeudésistementcontreMar-leauetlesdifférentespersonnesmo-ralesqu’il représentaitenraisondeleursfaillitesrespectives,etseule laresponsabilitédesavocatsfutexami-néeparlestribunaux.

Enpremièreinstance,l’actionfutreje-téecontrelesavocatsetcejugementfutconfirméparlaCourd’appel.

DansunjugementrédigéparlaCour,celle-ciexaminelaresponsabilitédesavocatsdanslecontextedumécanismedelevéedefondsdanslepublicparunesociétéencommanditeetlerôledelaréglementationapplicableàcetypedeplacement.Elleconclutqueleprospectusdonnaitauxfutursinves-tisseurstouslesrenseignementsperti-nentstantsurl’identitédesacteursduprojetquesurlesavantagesquelesunset lesautrespouvaientenretirer.Leprospectus prévenait également lescommanditairesducaractèrespécula-

tifdel’investissementetdel’absencedemarchésecondairepourlaventedeleursparts.

Aprèsunexamenattentifdelaconven-tiondeplacementspourcompte, laCourn’yvoitaucuneindicationquelesavocatsontaccepté,àtitreperson-nel,deseportergarantsdesobliga-tions assumées par le placeur pourcompte,niqu’ilssesontengagésen-verslessouscripteursàempêcherlatenuedelaséancedeclôtureetl’émis-siondespartsdanslasociétéencom-manditesil’uneoul’autredescondi-tionspréalablesn’étaitpassatisfaite4.LaCourconclutdoncquelesavocatsnepeuventêtretenusresponsablesàl’égarddessouscripteursques’ilsontmanquéauxobligationsdécoulantdeleurmandatoudesexigencesdelaLoisur lesvaleursmobilièresousi leurcomportementdénoteunmanquedediligencequipourraitêtrequalifiédefautif.Elleexaminedoncsi leurres-ponsabilitépeutêtreretenueàtitrecontractuelouextracontractuel.

Selon laCoursupérieureet laCourd’appel,aucundesavocatsn’avaitreçulemandatdereprésenterlasociétéencommanditeou les investisseurs lajournée de la clôture. L’avocat quiavaitreprésentéMarleauetlasociétéen commandite l’année précédentes’étaitretirédudossieret,s’ilétaitpré-sentlejourdelaclôture,saparticipa-tionn’était lerésultatd’aucunnou-veaumandatconfiéparMarleauoulasociétéencommandite;iln’avaitdoncaucundevoircontractuelenvers lesinvestisseurs.Quantàl’avocaterepré-sentant lesvendeurset lecréancierhypothécaire,aucunélémentdepreu-ven’établitqueMarleauouencorelasociétéencommanditeaitpuluiavoir

suite à la page 5

3 – 2005 QCCA 705. 4 – Par. [80],

Page 4: Praeventio - Mars 2008 - Volume 9, numéro 1...Mars 2008 volume 9 no 1 Sommaire L’avocat a-t-il un devoir de conseil envers une autre partie que son client ? 1 Alerte à la fraude

præventio Mars 2008 page 2 præventio Mars 2008 page 3

præventioParlasuite,Bouchardadeladifficultéàresterencontactaveclesdirigeantsde lanouvelle compagnie et,unanplustard,constatantdesactivitéssurleterrainqu’ilavaitvendu,ilapprendque celui-ci avait été revendu pourprèsde500000$etqu’iln’enavaitjamaisétéinformé.Iln’apuretrouverlesdirigeantsdelacompagniedontilétaitactionnaireetiladoncpoursuivilenotaire.

L’action fut rejetéeenpremière ins-tance,lejugeayantévaluéqu’ilyavaitunedistinctionàfaireentre levoletrelatifàlaventedel’immeubleetceluivisantl’organisationdelasociétéquantà laportéedudevoirdeconseil. Ilaconcluquesilevoletimmobiliern’avaitpasexisté,lenotaireBouchern’auraiteuaucuneobligationdeconseilenversBouchard;celui-cin’avaitjamaisparléaunotaireet,danslecasd’unetransac-tionentredeuxcompagnies,lenotairen’avaitaucuneobligationdeconseillerunnouvelactionnaireetaucunedispo-sitionl’empêchaitd’accepterlemandatd’unseulclient.

LaCourd’appel,par lavoixdu jugeMorissette,réexamine laquestionetindiquequeledevoirdeconseilduno-taireestrelatifets’analyseenfonctiondesparticularitésdechaquecas: im-portancedelacontributiondunotaire,niveaudeconnaissanceetdeconfiancedutiers,importanceounouveautédelaréglementationencause,étenduedumandat,âgeetscolarisationdutierset,enfin, laprésenced’unautreprofes-sionnelpourleconseiller.

Bouchardn’avaitjamaiseuderelationavec lenotaire lequel ignorait l’exis-tencedesonententeantérieureavecl’entrepreneur,àsavoirlaventedesonterrainàunecompagnieànuméros

2 – 2007 QCCA 1559.

sommaire,lesdispositionsprincipalesducontrat.Laversionanglaiseducontratindiquequelevendeurnefaitaucunereprésentationougarantieàproposdutransfertdupermisd'exploitationdelarésidenceetsignalequecetransfertn'apasencoreétéobtenuparlenotaireParé.L'avocattraduitsimplementqueleper-misseratransféréparlenotaireParé.Devantl'insistancedesacheteurs,l'avo-catquestionnelevendeuretapprendqu'enfait,aucunpermisn'ajamaisen-coreétéémisetqueleministèretolèrel'opérationducentre.L'avocatestsur-prisd'apprendrequelepermisn'existepasetaviselesacheteursquelarésiden-cefonctionnepartolérance.

Enfin,arrivecequidevaitarriver: lepermisn’estjamaisoctroyé.

Lesquestionsenlitigeétaientdesavoirsil’avocatavaitassuméuneobligationcontractuelleenvers lesacheteursenfaisantcertainesreprésentations.Siunetelleobligationexistait,l’avocatl’a-t-ellerespectéeetexécutéecorrectementet,enfin,enl’absencedefautecontractuel-le,y-a-t-ileufauteextracontractuelle?

LejugeBishopreconnaîtquelebutprin-cipaldelalettrequel’avocataprésentéepoursignatureauxacheteursétaitdeli-mitersaresponsabilitéenregarddelaventeet,surtout,qu’iln’avaitétéaucu-nementimpliquédanslesnégociationsentrelesparties.Cependant,l’avocatareprésentéauxacheteursqu’ilavaitpré-parél’actedevente« substantiellement en conformité »avecl’offred’achat.Lejuge est d’avis que cette affirmationconstituaitunereprésentation«contrac-tuelle»surlaquellelesacheteursétaientendroitdesefier.Ilajoutequelesrepré-sentationsàl’effetqueMeParépouvaitobtenirlepermisetque,mêmeenl’ab-sencedepermis,leMinistèredelasanté

tolérait l’opération du centre, étaientvraiesetqu’ils’agissaitdereprésenta-tionsfaitesdansuncadrecontractuel.

Examinants’ilyavaitfautedansl’exé-cutiondesobligationscontractuellesetprincipalementdanscelledepréparerl’actedeventeenconformitéaveclesoffresetcontre-offreséchangées,lejugeestimequel’avocatauraitdûmodifierletexteducontratlorsqu’ilaconstatéqu’aucunpermisn’existait.

Quant au devoir de conseil, le jugeconclutque l’avocat a accepté tacite-mentdeconseillerlesacheteurs.Enef-fet,l’avocatsavaitoudevaitsavoirquelepermisgouvernementalrequispourl’exploitationdelarésidenceétaituneconditionessentielleàlaventeet,ayantapprisqu’iln’yavaitpasdepermis,ilsavaitoudevaitsavoirquesontransfertserait impossibleetque la conditionquantàsontransfertdevaitêtremodi-fiée.Ildevaitdoncenaviserl’acheteurdefaçonpréciseenluiexpliquantlesrisquesetconséquencesdecetteinexis-tenceetenleconseillantquantauxme-suresappropriéesrequisespoursepro-téger.Selonlejuge,lapreuvenedémon-trepasquel’avocataremplicedevoirdeconseil.

Malgrélaprésencedelalettrevisantàdéterminer l’étendue du mandat del’avocatetàindiqueràlapartieadversequ’il ne la représentait pas, le jugeconclutquel’avocatavaittoutdemêmeuneobligationcontractuelleàrespecterlorsqu’ilareprésentéqu’ils’étaitengagéà reproduire dans l’acte de vente lesconditionsdesoffres et contre-offresprécédentes.Unavocatraisonnablementprudentetdiligentauraitdonnédesex-plicationsprécisesquantauxrisquesetconséquencesdécoulantdel’inexistencedupermis.Lejugeneseprononcepas

surlafauteextracontractuellepuisquecelaestinutile.Ànoter,toutefois,quesilerecoursavaitétéexercésurlabaseextracontractuelle,ilétaitprescritpuis-que,àl’époque,cetteprescriptionétaitde2ansalorsquelaprescriptioncontrac-tuelleétaitde30ans.

L'arrêt Bouchard c. Boucher2

Dans cette décision récente, la Courd’appelréfèreàl’affaireAbou-Kasmetréitèrequeleconseillerjuridique–enl’espèceunnotairequiagitdanslecadred’unetransactioncommerciale–doitindiqueràunepartienonconseilléeparunprofessionnelqu’ilestmandatéparuneautrepartieetl’aviserqu’iln’estpastenuàlamêmevigilancedanslapro-tectiondesesdroitsqueleseraitsonpropreconseiller.

Danscetteaffaireassezcomplexe,Bou-chardavaitconcluuneententeavecunentrepreneurenconstructionenvertudelaquellecelui-cidevaittrouverlefi-nancementnécessairepourlaréalisa-tiond’unprojetdecopropriétérésiden-tiellesurunterrainappartenantà lacompagniedeBouchard.

Unmoisplustard,l’entrepreneurl’in-formequ’ilavaittrouvédesbailleursdefondsetonconvoqueBouchardchezlenotaireBoucherpourlasignaturedesdocumentspertinents.Lorsdelaren-contre,l’entrepreneurestaccompagnédetroisindividusqu’ilprésentecommesesassociés.Bouchardsignel’actedeventenotariéenvertuduquelilvendleterrainàlacompagnieforméedel’en-trepreneuretdesesassociéspour lasommede1$enéchangede25%desactionsdecettecompagnie.Unerésolu-tionledésigneàtitredeco-signataireàla banque conformément à l’ententeconvenuedansl’actedevente.

pourlasommede1$enéchangede25%desactions.Bouchardn’ajamaisdivulguécetteententeaunotaireetn’apascherchéàobtenird’autresprécisionsquecellesquecelui-ciluiafournieslorsdelaséancedeclôture.

Enl’espèce,l’obligationdeconseildunotaireétaitréduiteauminimumetiln’apastrompélaconfiancedeBouchardenluiprésentantlarésolutionbancairepuisquecelui-ciconnaissaitunetellepratiquedanslagestiond’unecompagnie.Toutefois,mêmesilaCourd’appelenvientàlaconclusionquelenotairen’acommisaucunefautecausale,elleestimequ’ilatoutdemêmecommisunefauteencequ’ilauraitdûfairepreuvedeplusdetransparenceetrévéleràBouchardqu’ilétaitmandatéetrémunéréparl’undesassociésdelacompagnieànumérosetqu’iln’étaitpastenudeprotégersesdroitsaveclamêmevigilancequ’unconseillermandatéparluipourraitlefaire.

præventio Mars 2008 page 4

L'arrêt Savard c. 2329-1297  Québec inc. (Hôtel Lord Berri inc.) 3

Savardetplusieursautresinvestisseurs(«lescommanditaires»)dansuneso-ciétéencommanditeopérant l’HôtelLordBerriàMontréal,ontentreprisdesprocéduressuiteauxpertesfinancièressubiesdanscetinvestissement.

OutreMarleauetsescompagniesquiagissaientcommepromoteur,placeurpourcompteetcommandité(ci-aprèsMarleau),lescommanditairesontpour-suivilesavocatsayantagipourleven-deurdel’immeubleetpourMarleau.

Le fondement de leur recours estbasésurlemanquementàunecondi-tionpréalableàlaclôturedelatran-saction,conditionquiétaiténoncéeauprospectusprésentéauxcomman-ditaires.Laconditionlitigieusepré-voyaitque laventeétait sujetteauconsentementdelaSDIetduprêteurhypothécaireau transfertde l’hôtelà lasociétéencommandite.LaSDIavaitdéjàverséunecertainesommeetdevaitverserdesmontantspourlesannéessubséquentessicertainesconditionsétaientmaintenues.

Aumomentdeladatedeclôture, laSDIn’avaittoujourspasconfirmésonapprobationpourletransfertdelapro-priétéetduprêtàlasociétéencom-manditemaisavaitacceptédecontre-signerune«lettrederéconfort»quirecherchaitunedéclarationd’intentionquantàl’acceptationfuturedutrans-fertparleconseild’administrationdelaSDI.

Ilestclairquel’avocatereprésentantlesvendeursetresponsabledelaséan-cedeclôture,aavisétouslesinterve-nantsprésents lorsde laditeséancequeleconsentementformeldelaSDI

n’avaitpasétéobtenuetqu’ilpourrait,éventuellement,êtrerefusé.Endépitdecefait, lespartiesàlatransactionprocèdentàlaclôture,telqueprévu,le13mai1987.

De fait, laSDI refused’autoriser letransfertàlafinmai1987.Toutefois,lasociétéencommanditecontinueàopérerl’hôtelet lesdifficultésfinan-cièrenecommencentqu’en1990,cequicoïncideavecunebaisseapprécia-bledutauxd’occupationdeschambresàMontréalquis’estpoursuivie jus-qu’en1992.En1991, lescommandi-tairesacceptentd’injecterunesommeadditionnellepourcouvrirlamargedecréditetassurerunfondsderoule-ment,maissanssuccès.Enmai1992,uneactionestintentéecontreMarleauainsiquecontrelesavocatsprésentsà la séance de clôture. En cours deroute,ilyaeudésistementcontreMar-leauetlesdifférentespersonnesmo-ralesqu’il représentaitenraisondeleursfaillitesrespectives,etseule laresponsabilitédesavocatsfutexami-néeparlestribunaux.

Enpremièreinstance,l’actionfutreje-téecontrelesavocatsetcejugementfutconfirméparlaCourd’appel.

DansunjugementrédigéparlaCour,celle-ciexaminelaresponsabilitédesavocatsdanslecontextedumécanismedelevéedefondsdanslepublicparunesociétéencommanditeetlerôledelaréglementationapplicableàcetypedeplacement.Elleconclutqueleprospectusdonnaitauxfutursinves-tisseurstouslesrenseignementsperti-nentstantsurl’identitédesacteursduprojetquesurlesavantagesquelesunset lesautrespouvaientenretirer.Leprospectus prévenait également lescommanditairesducaractèrespécula-

tifdel’investissementetdel’absencedemarchésecondairepourlaventedeleursparts.

Aprèsunexamenattentifdelaconven-tiondeplacementspourcompte, laCourn’yvoitaucuneindicationquelesavocatsontaccepté,àtitreperson-nel,deseportergarantsdesobliga-tions assumées par le placeur pourcompte,niqu’ilssesontengagésen-verslessouscripteursàempêcherlatenuedelaséancedeclôtureetl’émis-siondespartsdanslasociétéencom-manditesil’uneoul’autredescondi-tionspréalablesn’étaitpassatisfaite4.LaCourconclutdoncquelesavocatsnepeuventêtretenusresponsablesàl’égarddessouscripteursques’ilsontmanquéauxobligationsdécoulantdeleurmandatoudesexigencesdelaLoisur lesvaleursmobilièresousi leurcomportementdénoteunmanquedediligencequipourraitêtrequalifiédefautif.Elleexaminedoncsi leurres-ponsabilitépeutêtreretenueàtitrecontractuelouextracontractuel.

Selon laCoursupérieureet laCourd’appel,aucundesavocatsn’avaitreçulemandatdereprésenterlasociétéencommanditeou les investisseurs lajournée de la clôture. L’avocat quiavaitreprésentéMarleauetlasociétéen commandite l’année précédentes’étaitretirédudossieret,s’ilétaitpré-sentlejourdelaclôture,saparticipa-tionn’était lerésultatd’aucunnou-veaumandatconfiéparMarleauoulasociétéencommandite;iln’avaitdoncaucundevoircontractuelenvers lesinvestisseurs.Quantàl’avocaterepré-sentant lesvendeurset lecréancierhypothécaire,aucunélémentdepreu-ven’établitqueMarleauouencorelasociétéencommanditeaitpuluiavoir

suite à la page 5

3 – 2005 QCCA 705. 4 – Par. [80],

Page 5: Praeventio - Mars 2008 - Volume 9, numéro 1...Mars 2008 volume 9 no 1 Sommaire L’avocat a-t-il un devoir de conseil envers une autre partie que son client ? 1 Alerte à la fraude

Siletiersn'estpasreprésenté,ilpeutyavoirobligationdeconseilmaiscelle-ciseramoduléeselonledegrédeconnais-sancejuridiqueetdescolaritédecettepersonne;danstouslescas,l'avocatprudentdevraitprévenirlapartienonreprésentéenonseulementqu'ilreprésentel'autrepartiemaiségalementqu'iln'estpastenudeprotégerlesdroitsdecettepersonneaveclamêmevigilancequeluidevraitsonpropreconseiller(l'affaireBouchard).

L'existenced'unécritavisantlapartienonreprésentéequel'avocatn'agitpaspourelleetn'apasl'obligationdeveilleràsesintérêtsdefaçonaussivigilantequeleferaitsonpropreavocatestcertesprudentemaisondoits'assurerque,parlarédactiond'untelécrit,l'avocatnefassepasdereprésentationsquipuissentengagersaresponsabilitécontrac-tuellecommecelafutlecasdansl'affaireAbou-Kasm.Devantunesituationdélicate,latransparenceestprobablementlameilleurefaçond’agirtelquecelafutfaitdansl’affaireSavard.

« Avoir les yeux fermés ne veut pas toujours dire qu'on dort,  ni les avoir ouverts qu'on voit. »    Bill Cosby

L’avocat a-t-iL un devoir de conseiL envers une autre partie que son cLient ?

Trois décisions permettent de cerner les paramètres de ce devoir.

L'affaire Abou-Kasm c. Levine 1

Danscetteaffaire,laCoursupérieureadéclaréquel’avocat,quireprésentaitlevendeurlorsdelavented’unerésidencepourpersonnesâgées,avaituneobligationdeconseilenversl’autrepartie,l’acheteur,cettedernièren’étantpasreprésentéeparavocat.

Lescirconstancesétaient lessuivantes: lesacheteursavaientsignéuneoffred’achatconditionnelleautransfertdupermisrequispourl’exploitationdelarésidence.Desnégociationss’engagentetunepremièrecontre-offreindiquequ’iln’yauraaucunegarantiesurlenombrederésidentsdelapartduvendeur,etquelesacheteursdevrontacheterlacompagniepourquelepermisderésidencesoittransférable.Lesacheteurssignentalorsunecontre-contre-offremodifiantlégèrementl’étalementduprixpayableetprécisantquelepermisduMinistèredesaffairessocialesdoitêtreobtenupour80résidents.Levendeuraacceptécesconditionsmaislecourtierdemandealorsauxacheteursdesignerunenouvelleoffreaumêmeeffetquel’en-sembledesoffresantérieures,consolidantcesconditionsaumotifqu’ellesétaientmanuscrites.L’offredactylographiéeparlecourtiermentionnequelesacheteursdoiventacquérirlacompagniepourquelepermisderési-dencepour80personnessoittransféré.Levendeursignesonacceptationsurundocumentidentiquesaufpourl’addendumoùilestécritquelesacheteursferont l’acquisitionde lacompagniepourquelepermissoittransférableetqu’unnotaireaétémandatépourobtenirlepermis.

Aprèsquelquestribulationssurlefinancementdelatransaction,lespartiesserencontrentaubureaudesavocatspourlasignatureducontratdevente.

præventio page 1

præventiopræventio

præventio Mars 2008 page 6

aLerte À La Fraude !

Chèques certifiés contrefaitsNousavonsétéavisésqueplusieursavocatsenOntarioontétérécemmentvictimesd’unenouvellesériedefraudesconcernantdeschèquescertifiéscontrefaits.

Defaçongénérale,cesfraudesvisentdesopérationsdeprêtscommerciaux,tel l’achatd’équipement.L’avocatestmandatéàlafoisparleprêteuretl’emprunteurafind’obtenirlesgarantiesnécessairespourl’emprunt.

Évidemment,l’affairesemblelégitime.Habituellement,ils’agitd’unnou-veauclientquiestpresséd’agir.Àcejour,lesfraudeursontviséprincipa-lementlesavocatstravaillantàleurproprecompteetlesavocatsexerçantenpetitscabinets.

Ainsi, l’avocatreçoitetdéposelechèquecertifiéquifinancel’opération,tirantensuitedeschèquescertifiésselonlesinstructionsdel’emprunteur.Évidemment,quelquesjoursplustard,oninformel’avocatquelechèquecertifiéduprêteurestunfaux…L’avocatseretrouvealorsavecunmanqueàgagnerdanssoncompteenfidéicommis.

Lavigilanceetlaprudences’imposentdoncentouttemps,particulièrementàl’égarddeclientsquevousneconnaissezpasdepuistrèslongtemps.Pro-tégez-vousendemandantàvotre institutionfinancièredecontacter labanquequiaémislechèquecertifiépourenvérifierl’authenticitéetpourconfirmerqu’ilyaeffectivementdesfondsdanslecompte.1

præventio

Service de prévention

MeIsabelleGuiral,CoordonnateurauxactivitésdepréventionFondsd’assuranceresponsabilitéprofessionnelleduBarreauduQuébec445,boul.Saint-Laurent,bureau300Montréal(Québec)H2Y3T8Téléphone:(514)954-3452ou1-800-361-8495,poste3282Télécopieur:(514)954-3454Courrierélectronique:[email protected]:www.assurance-barreau.comUneversionanglaiseestaussidisponiblesurdemande./AnEnglishversionisavailableuponrequest.TouslesbulletinsPraeventioantérieurssontdisponiblesàl'adressesuivante:www.assurance-barreau.com/fr/bulletin.html

Cette publication est un outil d’information dontcertainesindicationsvisentàréduirelesrisquesdepoursuite,mêmemalfondée,enresponsabilitépro-fessionnelle.Soncontenunesauraitêtreinterprétécommeétantuneétudeexhaustivedessujetsquiysonttraités,nicommeunavisjuridiqueetencoremoinscommesuggérantdesstandardsdeconduiteprofessionnelle.

CeBulletin de préventionestpubliéparleFondsd’assurance responsabilité professionnelle duBarreauduQuébec.

av

is

«Lesplaisirsdel’hiver»,œuvredeClaudeThéberge

Mars 2008 volume 9 no 1

Sommaire

L’avocata-t-ilundevoirdeconseilenversuneautrepartiequesonclient? 1

Alerteàlafraude!Chèquescertifiéscontrefaits 6

Assuranceresponsabilité

professionnelle

Assuranceresponsabilité

professionnelle

Dèsledébutdelarencontre,l’avocatduven-deur,sachantquelesacheteursneseraientpasreprésentésparavocat,leurprésenteunprojetdelettreprécisantqueceux-cirecon-naissentqu’entouttempspertinent,soncabinetaétéretenuparlevendeuretqu’iln’a aucunement été impliquéni comme«aviseurlégal»nicommereprésentantdanslespourparlersetnégociationsdecettetran-saction.Lesacheteursreconnaissentégale-mentquelaseuleimplicationdel’avocataétédepréparerlecontratd’achatetdeven-te d’actions et un acte d’hypothèque enconformitéavecl’offred’achatdéjànégo-ciée.Lesacheteurssignentcettelettre.

Parlasuite,l'avocatmontreauxpartieslecontratrédigéenanglaisàlademandeduvendeuretl'undesacheteursindiquequ'iln'aqu'uneconnaissancerestreintedecettelangue.L'avocatoffrealorsderédiger lecontratenfrançaisetderemettrelaclôtureaulendemainmaislevendeurs'opposeàlaremiseet,finalement,lesacheteursdéci-dentdeprocéderpourvuquel'avocattra-duiseverbalementen français,de façon

præventio Mars 2008 page 5

confié un quelconque mandat. Sonrôleactifdanslarédactionduprospec-tus,lapréparationetlaconduitedelaséance de clôture l’ont simplementplacée en contact avec Marleau. Laconclusiondelapremièrejugesuivantlaquellecelle-ciétaitl’avocatedesven-deurs et de personne d’autre, estconformeàlapreuve5.

LaCourexamineensuitelaresponsa-bilitéextracontractuelledesavocatsetrappellequenotredroitreconnaîtquel’exécutiond’uncontratpeutdonnerouvertureàunrecoursextracontrac-tuelcontreuntiers.Enl’espèce,l’exé-cutionducontratentrelasociétéencommandite et les commanditairespouvait-elledonnerouvertureàunre-courscontrelesavocatsayantagipourl’uneoul’autredesparties?SelonlaCour:«…l’avocat n’agit pas, ne décide pas, il avise. Son devoir consiste à conseiller son client avec compétence, à observer à son endroit une stricte loyauté et à maintenir confidentiels leurs échanges. Certes, ces règles souf-frent exceptions. L’avocat ne doit pas, par exemple, conseiller, endosser, cou-vrir ou participer à un acte criminel. En dehors des cas d’exceptions - on n’en plaide aucun ici - l’avocat peut-il enga-ger sa responsabilité personnelle pour le préjudice économique subi par une personne qui n’est pas son client ? »6

Lafauteextracontractuelled’unavocatrésulterad’unmanquementàlaloioudelacommissiond’unenégligenceen-versunepersonneàl’endroitdelaquel-le,danslesfaitsouparsaconduite,ilacontractéuneobligationdeprudenceetdediligence.7L’évaluationdelares-ponsabilitédoitaussis’inscriredansle

contextespatiotemporeldanslequelsesituelegriefallégué.Elles’évalueraàlalumière«des circonstances de fait extérieures qui ont entouré l’acte ou l’omission reproché ».8

L’avocatpourraitêtreresponsabledesdommagessubisparuntierssi,enrai-sondescirconstancesde l’espèce, larelationprofessionnelles’étendau-delàduclientpourrejoindrecetierseten-gendrerainsiuneobligationenverscelui-ci,entreautreslorsquel’actepro-fessionnelestfautifensoietquel’avo-catsaitoudevraitsavoirquecetacteestaussidestinéàuneautrepersonnedontlaconduiteseranécessairementdictéeparcetteopinionoucetavis.9

Réexaminantlesfaits,laCourestd’avisqu’ilestincontestablequelaconditionpréalableduconsentementdelaSDIétaitimportanteetqu’ellen’apasétésatisfaite. Contractuellement, cettefauteest imputableaucommanditémaislessouscripteursetfuturscom-manditairesavaient,entouteconnais-sancedecause,confiéaucommandité,enréalitéàMarleaului-même,leman-datd’agirenleurnometc’estdanscecontextequel’ondoitexaminersilesavocatsontcommisunefaute.

LaCourécarterapidementlecasdel’avocat qui avait déjà représentéMarleau car saprésence lorsde laséancedeclôtureétait limitéeà laproductiondecertainespièceset iln’apasétédémontréqu’ilreprésen-taitsesanciensclients.

Quantà l’avocatedesvendeursquiavaitobtenulalettrederéconfortdelapartdelaSDI,ellel’adéposéeàla

séancedeclôture.Bienqu’ellerepré-sentaitlesvendeursayantintérêtàlaréalisationdelatransaction,elleavaitsoulignéàtouteslespartieslefaitquelalettreneconstituaitpasl’autorisa-tionformellerequisepar lescondi-tionspréalables.Lespartiesontalorsagideleurproprechefensignantlesattestationsdeconformitéenpleineconnaissancedecauseetaucuned’el-lesn’aprétenduà l’existenced’uneopinionerronéeoufautive.Pourre-prendrelestermesdelaCour,l’avo-cate«ne leur a rien caché ni n’a tenté de les influencer. Elle les a avisés, ils ont agi.» Sa responsabilité ne futdoncpasretenue.

ConclusionOnpeutdonctirerdecestroisarrêtslesconclusionssuivantes:

L'obligationdeconseilenverslapar-tiequin'estpassonpropreclientvarieraselonlescirconstances.

Il pourra s'agir d'une obligationcontractuelle, malgré une recon-naissanceque l'avocatn'agitpaspourletiers,parlesimplefaitdes'être engagé à transcrire fidèle-mentlavolontédetouteslespar-tiesexpriméedansdesactesanté-rieurs(l'affaireAbou-Kasm).

Ilpourrayavoiruneobligationex-tracontractuelled'agirdanscertai-nescirconstancesmaissil'avocatafidèlementreprésentélaréalitédeschosesetquelespartiesentreellesontchoisid'agirentouteconnais-sancedecause,laresponsabilitédel'avocatneserapasretenue(l'af-faireSavard).

suite à la page 6

Par Me Odette Jobin-Laberge, Lavery, De Billy, S.e.N.C.r.L.

1 – [2003] R.R.A. 643 (C.S.), règlement hors cour, en appel le 27-04-2005, no : 500-09-013393-038.

5 – Par. [89] et [91].6 – Par. [94],7 – Par. [97].8 – Par. [98].9 – Par. [99].

1 – Tiré de Fraud alert – Counterfeit certified cheques; Law Society of Upper Canada

Page 6: Praeventio - Mars 2008 - Volume 9, numéro 1...Mars 2008 volume 9 no 1 Sommaire L’avocat a-t-il un devoir de conseil envers une autre partie que son client ? 1 Alerte à la fraude

Siletiersn'estpasreprésenté,ilpeutyavoirobligationdeconseilmaiscelle-ciseramoduléeselonledegrédeconnais-sancejuridiqueetdescolaritédecettepersonne;danstouslescas,l'avocatprudentdevraitprévenirlapartienonreprésentéenonseulementqu'ilreprésentel'autrepartiemaiségalementqu'iln'estpastenudeprotégerlesdroitsdecettepersonneaveclamêmevigilancequeluidevraitsonpropreconseiller(l'affaireBouchard).

L'existenced'unécritavisantlapartienonreprésentéequel'avocatn'agitpaspourelleetn'apasl'obligationdeveilleràsesintérêtsdefaçonaussivigilantequeleferaitsonpropreavocatestcertesprudentemaisondoits'assurerque,parlarédactiond'untelécrit,l'avocatnefassepasdereprésentationsquipuissentengagersaresponsabilitécontrac-tuellecommecelafutlecasdansl'affaireAbou-Kasm.Devantunesituationdélicate,latransparenceestprobablementlameilleurefaçond’agirtelquecelafutfaitdansl’affaireSavard.

« Avoir les yeux fermés ne veut pas toujours dire qu'on dort,  ni les avoir ouverts qu'on voit. »    Bill Cosby

L’avocat a-t-iL un devoir de conseiL envers une autre partie que son cLient ?

Trois décisions permettent de cerner les paramètres de ce devoir.

L'affaire Abou-Kasm c. Levine 1

Danscetteaffaire,laCoursupérieureadéclaréquel’avocat,quireprésentaitlevendeurlorsdelavented’unerésidencepourpersonnesâgées,avaituneobligationdeconseilenversl’autrepartie,l’acheteur,cettedernièren’étantpasreprésentéeparavocat.

Lescirconstancesétaient lessuivantes: lesacheteursavaientsignéuneoffred’achatconditionnelleautransfertdupermisrequispourl’exploitationdelarésidence.Desnégociationss’engagentetunepremièrecontre-offreindiquequ’iln’yauraaucunegarantiesurlenombrederésidentsdelapartduvendeur,etquelesacheteursdevrontacheterlacompagniepourquelepermisderésidencesoittransférable.Lesacheteurssignentalorsunecontre-contre-offremodifiantlégèrementl’étalementduprixpayableetprécisantquelepermisduMinistèredesaffairessocialesdoitêtreobtenupour80résidents.Levendeuraacceptécesconditionsmaislecourtierdemandealorsauxacheteursdesignerunenouvelleoffreaumêmeeffetquel’en-sembledesoffresantérieures,consolidantcesconditionsaumotifqu’ellesétaientmanuscrites.L’offredactylographiéeparlecourtiermentionnequelesacheteursdoiventacquérirlacompagniepourquelepermisderési-dencepour80personnessoittransféré.Levendeursignesonacceptationsurundocumentidentiquesaufpourl’addendumoùilestécritquelesacheteursferont l’acquisitionde lacompagniepourquelepermissoittransférableetqu’unnotaireaétémandatépourobtenirlepermis.

Aprèsquelquestribulationssurlefinancementdelatransaction,lespartiesserencontrentaubureaudesavocatspourlasignatureducontratdevente.

præventio page 1

præventiopræventio

præventio Mars 2008 page 6

aLerte À La Fraude !

Chèques certifiés contrefaitsNousavonsétéavisésqueplusieursavocatsenOntarioontétérécemmentvictimesd’unenouvellesériedefraudesconcernantdeschèquescertifiéscontrefaits.

Defaçongénérale,cesfraudesvisentdesopérationsdeprêtscommerciaux,tel l’achatd’équipement.L’avocatestmandatéàlafoisparleprêteuretl’emprunteurafind’obtenirlesgarantiesnécessairespourl’emprunt.

Évidemment,l’affairesemblelégitime.Habituellement,ils’agitd’unnou-veauclientquiestpresséd’agir.Àcejour,lesfraudeursontviséprincipa-lementlesavocatstravaillantàleurproprecompteetlesavocatsexerçantenpetitscabinets.

Ainsi, l’avocatreçoitetdéposelechèquecertifiéquifinancel’opération,tirantensuitedeschèquescertifiésselonlesinstructionsdel’emprunteur.Évidemment,quelquesjoursplustard,oninformel’avocatquelechèquecertifiéduprêteurestunfaux…L’avocatseretrouvealorsavecunmanqueàgagnerdanssoncompteenfidéicommis.

Lavigilanceetlaprudences’imposentdoncentouttemps,particulièrementàl’égarddeclientsquevousneconnaissezpasdepuistrèslongtemps.Pro-tégez-vousendemandantàvotre institutionfinancièredecontacter labanquequiaémislechèquecertifiépourenvérifierl’authenticitéetpourconfirmerqu’ilyaeffectivementdesfondsdanslecompte.1

præventio

Service de prévention

MeIsabelleGuiral,CoordonnateurauxactivitésdepréventionFondsd’assuranceresponsabilitéprofessionnelleduBarreauduQuébec445,boul.Saint-Laurent,bureau300Montréal(Québec)H2Y3T8Téléphone:(514)954-3452ou1-800-361-8495,poste3282Télécopieur:(514)954-3454Courrierélectronique:[email protected]:www.assurance-barreau.comUneversionanglaiseestaussidisponiblesurdemande./AnEnglishversionisavailableuponrequest.TouslesbulletinsPraeventioantérieurssontdisponiblesàl'adressesuivante:www.assurance-barreau.com/fr/bulletin.html

Cette publication est un outil d’information dontcertainesindicationsvisentàréduirelesrisquesdepoursuite,mêmemalfondée,enresponsabilitépro-fessionnelle.Soncontenunesauraitêtreinterprétécommeétantuneétudeexhaustivedessujetsquiysonttraités,nicommeunavisjuridiqueetencoremoinscommesuggérantdesstandardsdeconduiteprofessionnelle.

CeBulletin de préventionestpubliéparleFondsd’assurance responsabilité professionnelle duBarreauduQuébec.

av

is

«Lesplaisirsdel’hiver»,œuvredeClaudeThéberge

Mars 2008 volume 9 no 1

Sommaire

L’avocata-t-ilundevoirdeconseilenversuneautrepartiequesonclient? 1

Alerteàlafraude!Chèquescertifiéscontrefaits 6

Assuranceresponsabilité

professionnelle

Assuranceresponsabilité

professionnelle

Dèsledébutdelarencontre,l’avocatduven-deur,sachantquelesacheteursneseraientpasreprésentésparavocat,leurprésenteunprojetdelettreprécisantqueceux-cirecon-naissentqu’entouttempspertinent,soncabinetaétéretenuparlevendeuretqu’iln’a aucunement été impliquéni comme«aviseurlégal»nicommereprésentantdanslespourparlersetnégociationsdecettetran-saction.Lesacheteursreconnaissentégale-mentquelaseuleimplicationdel’avocataétédepréparerlecontratd’achatetdeven-te d’actions et un acte d’hypothèque enconformitéavecl’offred’achatdéjànégo-ciée.Lesacheteurssignentcettelettre.

Parlasuite,l'avocatmontreauxpartieslecontratrédigéenanglaisàlademandeduvendeuretl'undesacheteursindiquequ'iln'aqu'uneconnaissancerestreintedecettelangue.L'avocatoffrealorsderédiger lecontratenfrançaisetderemettrelaclôtureaulendemainmaislevendeurs'opposeàlaremiseet,finalement,lesacheteursdéci-dentdeprocéderpourvuquel'avocattra-duiseverbalementen français,de façon

præventio Mars 2008 page 5

confié un quelconque mandat. Sonrôleactifdanslarédactionduprospec-tus,lapréparationetlaconduitedelaséance de clôture l’ont simplementplacée en contact avec Marleau. Laconclusiondelapremièrejugesuivantlaquellecelle-ciétaitl’avocatedesven-deurs et de personne d’autre, estconformeàlapreuve5.

LaCourexamineensuitelaresponsa-bilitéextracontractuelledesavocatsetrappellequenotredroitreconnaîtquel’exécutiond’uncontratpeutdonnerouvertureàunrecoursextracontrac-tuelcontreuntiers.Enl’espèce,l’exé-cutionducontratentrelasociétéencommandite et les commanditairespouvait-elledonnerouvertureàunre-courscontrelesavocatsayantagipourl’uneoul’autredesparties?SelonlaCour:«…l’avocat n’agit pas, ne décide pas, il avise. Son devoir consiste à conseiller son client avec compétence, à observer à son endroit une stricte loyauté et à maintenir confidentiels leurs échanges. Certes, ces règles souf-frent exceptions. L’avocat ne doit pas, par exemple, conseiller, endosser, cou-vrir ou participer à un acte criminel. En dehors des cas d’exceptions - on n’en plaide aucun ici - l’avocat peut-il enga-ger sa responsabilité personnelle pour le préjudice économique subi par une personne qui n’est pas son client ? »6

Lafauteextracontractuelled’unavocatrésulterad’unmanquementàlaloioudelacommissiond’unenégligenceen-versunepersonneàl’endroitdelaquel-le,danslesfaitsouparsaconduite,ilacontractéuneobligationdeprudenceetdediligence.7L’évaluationdelares-ponsabilitédoitaussis’inscriredansle

contextespatiotemporeldanslequelsesituelegriefallégué.Elles’évalueraàlalumière«des circonstances de fait extérieures qui ont entouré l’acte ou l’omission reproché ».8

L’avocatpourraitêtreresponsabledesdommagessubisparuntierssi,enrai-sondescirconstancesde l’espèce, larelationprofessionnelles’étendau-delàduclientpourrejoindrecetierseten-gendrerainsiuneobligationenverscelui-ci,entreautreslorsquel’actepro-fessionnelestfautifensoietquel’avo-catsaitoudevraitsavoirquecetacteestaussidestinéàuneautrepersonnedontlaconduiteseranécessairementdictéeparcetteopinionoucetavis.9

Réexaminantlesfaits,laCourestd’avisqu’ilestincontestablequelaconditionpréalableduconsentementdelaSDIétaitimportanteetqu’ellen’apasétésatisfaite. Contractuellement, cettefauteest imputableaucommanditémaislessouscripteursetfuturscom-manditairesavaient,entouteconnais-sancedecause,confiéaucommandité,enréalitéàMarleaului-même,leman-datd’agirenleurnometc’estdanscecontextequel’ondoitexaminersilesavocatsontcommisunefaute.

LaCourécarterapidementlecasdel’avocat qui avait déjà représentéMarleau car saprésence lorsde laséancedeclôtureétait limitéeà laproductiondecertainespièceset iln’apasétédémontréqu’ilreprésen-taitsesanciensclients.

Quantà l’avocatedesvendeursquiavaitobtenulalettrederéconfortdelapartdelaSDI,ellel’adéposéeàla

séancedeclôture.Bienqu’ellerepré-sentaitlesvendeursayantintérêtàlaréalisationdelatransaction,elleavaitsoulignéàtouteslespartieslefaitquelalettreneconstituaitpasl’autorisa-tionformellerequisepar lescondi-tionspréalables.Lespartiesontalorsagideleurproprechefensignantlesattestationsdeconformitéenpleineconnaissancedecauseetaucuned’el-lesn’aprétenduà l’existenced’uneopinionerronéeoufautive.Pourre-prendrelestermesdelaCour,l’avo-cate«ne leur a rien caché ni n’a tenté de les influencer. Elle les a avisés, ils ont agi.» Sa responsabilité ne futdoncpasretenue.

ConclusionOnpeutdonctirerdecestroisarrêtslesconclusionssuivantes:

L'obligationdeconseilenverslapar-tiequin'estpassonpropreclientvarieraselonlescirconstances.

Il pourra s'agir d'une obligationcontractuelle, malgré une recon-naissanceque l'avocatn'agitpaspourletiers,parlesimplefaitdes'être engagé à transcrire fidèle-mentlavolontédetouteslespar-tiesexpriméedansdesactesanté-rieurs(l'affaireAbou-Kasm).

Ilpourrayavoiruneobligationex-tracontractuelled'agirdanscertai-nescirconstancesmaissil'avocatafidèlementreprésentélaréalitédeschosesetquelespartiesentreellesontchoisid'agirentouteconnais-sancedecause,laresponsabilitédel'avocatneserapasretenue(l'af-faireSavard).

suite à la page 6

Par Me Odette Jobin-Laberge, Lavery, De Billy, S.e.N.C.r.L.

1 – [2003] R.R.A. 643 (C.S.), règlement hors cour, en appel le 27-04-2005, no : 500-09-013393-038.

5 – Par. [89] et [91].6 – Par. [94],7 – Par. [97].8 – Par. [98].9 – Par. [99].

1 – Tiré de Fraud alert – Counterfeit certified cheques; Law Society of Upper Canada