pour réduire la transmission des bactéries multirésistantes à l’hôpital, il faut un...

1
actualités | biomed 8 OptionBio | lundi 21 mai 2012 | n° 472 - 473 médecine interne Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil ne semble pas influer sur la phase circadienne Les effets du syndrome d’apnées obstructives (SAOS) sur les marqueurs du métabolisme glucidique et sur diverses hormones méritent d’être pris en compte, d’autant que ce syndrome favoriserait l’insulinorésistance. Il semblerait en outre qu’au cours du SAOS, les rythmes circadiens hormonaux soient perturbés du fait de la fragmentation du sommeil, mais cette dernière hypothèse n’est pas confirmée. Ce qui fait tout l’intérêt d’une étude cas-témoins « made in China » dans laquelle ont été inclus 22 patients (âge moyen, 45,1+/-8,8  ans) tous atteints d’un SAOS et 22 témoins en bonne santé apparente (âge moyen, 47,9+/-ans). Le diagnostic du syndrome a reposé sur les données cliniques, mais aussi sur la valeur de l’index d’ap- nées et d’hypopnées (en moyenne 37+/-24 versus 3+/-1 événements par heure dans le groupe témoin). Ce paramètre essentiel a été établi à partir d’un enregistrement polysom- nographique systématique dans les 2 groupes. Le dosage de la mélato- nine a été fait sur des échantillons salivaires prélevés chez des sujets au repos exposés à une lumière tamisée, ceci à intervalles réguliers (toutes les 30 minutes) entre 19h30 et 22h30. Dans ces conditions de repos et de tamisage de la lumière, l’élévation des taux salivaires de mélatonine constitue un marqueur de la phase circadienne. C’est leur valeur maximale qui a été retenue dans la comparaison intergroupe. Celle-ci n’a révélé aucune différence significative des taux salivaires de la mélatonine. Le délai (en mn) avant ce nadir a été de 90 [60-150] en cas de SAOS versus 135 [90-150] chez les témoins (p = 0,19). En bref, le SAOS ne semble n’avoir aucun impact sur la phase circadienne, tout au moins dans cette population. | DR PHILIPPE T ELLIER © http://www.jim.fr Source Papaioannou I et coll. Melatonin concentration as a marker of the circadian phase in patients with obs- tructivesleep apnoea. Sleep Med 2012;13:167-71. © DR/ PRESSMASTER Les infections associées aux soins sont une préoccupation quotidienne en réanimation et la menace pour la sécurité des patients est d’autant plus grande en cas de bactérie multi-résistante. Comprendre les modes de transmission de ces germes constitue donc un enjeu important. Pour évaluer le rôle de la contamina- tion de l'environnement dans le pas- sage de bactéries multirésistantes sur les vêtements des soignants, une équipe américaine a réalisé une étude prospective dans six unités de soins intensifs d’un hôpital universitaire. Diverses catégories de profession- nels de santé (infirmières, aides-soi- gnantes, kinésithérapeutes et méde- cins) en charge de patients porteurs de bactéries multi-résistantes ont participé, entre mai et juillet 2009, à ce travail : des prélèvements au niveau des mains, des gants et des blouses ont été effectués. L’environ- nement du malade a été également examiné avec plusieurs sites de pré- lèvements : lavabo, bords du lit, table de nuit, moniteur, poignée de porte, ventilateur, pompes intraveineuses, sol...). Globalement, 20,5 % (120 sur 585) des interactions entre soignants et patients colonisés à bactéries mul- tirésistantes entraînent une contami- nation des gants ou des blouses. Le germe le plus fréquemment à l’origine d’une contamination est Acinetobac- ter baumannii, cultivé sur 55 des 167 prélèvements (32,9 %), suivi par Pseudomonas aeruginosa multirésis- tant, soit 15 cultures positives sur 86 (17,4 %), puis par les entérocoques résistants à la vancomycine avec 25  contaminations sur 180 (13,9 %,), et enfin par les staphylocoques dorés résistants à la méthicilline (21 cas sur 152 soit 13,8 %) . Les facteurs associés au risque de contamination des vêtements du per- sonnel soignant sont la colonisation de l’environnement (odds ratio [OR] de 4,2, intervalle de confiance à 95 % [IC 95] de 2,7 à 6,5), une présence dans la chambre pendant plus de 5  minutes (OR 2,0, IC 95 de 1,2 à 3,4), la réalisation d’un examen physique du malade (OR de 1,7, IC 95 de 1,1 à 2,8) et le contact avec le ventilateur (OR de 1,8, IC 95 de 1,1 à 2,8). L’électro- phorèse en champ pulsé a permis de confirmer que 91 % des isolats retrou- vés sur les gants et les blouses des personnels soignants correspondent à la souche prélevée dans l'environne- ment de la chambre du malade colo- nisé ou à celle présente au niveau du patient. Ces résultats suggèrent que toutes les bactéries multirésistantes n’ont pas le même potentiel de conta- mination et que dans cette catégorie, A. baumannii est le plus « performant ». La contamination de l'environnement apparaît comme le principal facteur déterminant de cette transmission aux gants ou aux blouses du personnel au cours des soins de routine. Le strict respect des précautions de contact et un nettoyage plus radical de l'environ- nement pourraient peut-être diminuer ce risque de transmission. | DR BÉATRICE JOURDAIN © http://www.jim.fr Source Morgan D. et coll. Transfer of multidrug-resistant bacteria to healthcare workers’ gloves and gowns after patient contact increases with environmental contamination Crit Care Med 2012;40:1045-51. hygiène hospitalière Pour réduire la transmission des bactéries multirésistantes à l’hôpital, il faut un nettoyage…plus radical ! © FOTOLIA/ ALEXANDER RATHS

Upload: beatrice

Post on 02-Jan-2017

212 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

actualités | biomed

8 OptionBio | lundi 21 mai 2012 | n° 472 - 473

médecine interne

Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil ne semble pas influer sur la phase circadienne

Les effets du syndrome d’apnées

obstructives (SAOS) sur les

marqueurs du métabolisme

glucidique et sur diverses

hormones méritent d’être pris en

compte, d’autant que ce syndrome

favoriserait l’insulinorésistance.

Il semblerait en outre qu’au cours du SAOS, les rythmes circadiens hormonaux soient perturbés du fait de la fragmentation du sommeil, mais cette dernière hypothèse n’est pas confirmée. Ce qui fait tout l’intérêt d’une étude cas-témoins « made in China » dans laquelle ont

été inclus 22 patients (âge moyen, 45,1+/-8,8  ans) tous atteints d’un SAOS et 22 témoins en bonne santé apparente (âge moyen, 47,9+/-ans). Le diagnostic du syndrome a reposé sur les données cliniques, mais aussi sur la valeur de l’index d’ap-nées et d’hypopnées (en moyenne 37+/-24 versus 3+/-1 événements

par heure dans le groupe témoin). Ce paramètre essentiel a été établi à partir d’un enregistrement polysom-nographique systématique dans les 2 groupes. Le dosage de la mélato-nine a été fait sur des échantillons salivaires prélevés chez des sujets au repos exposés à une lumière tamisée, ceci à intervalles réguliers (toutes les 30 minutes) entre 19h30 et 22h30. Dans ces conditions de repos et de tamisage de la lumière, l’élévation des taux salivaires de mélatonine constitue un marqueur de la phase circadienne. C’est leur valeur maximale qui a été retenue

dans la comparaison intergroupe. Celle-ci n’a révélé aucune différence significative des taux salivaires de la mélatonine. Le délai (en mn) avant ce nadir a été de 90 [60-150] en cas de SAOS versus 135 [90-150] chez les témoins (p = 0,19). En bref, le SAOS ne semble n’avoir aucun impact sur la phase circadienne, tout au moins dans cette population. |

DR PHILIPPE TELLIER© http://www.jim.fr

SourcePapaioannou I et coll. Melatonin concentration as a

marker of the circadian phase in patients with obs-

tructivesleep apnoea. Sleep Med 2012;13:167-71.

© D

R/

PR

ESS

MA

STE

R

Les infections associées aux soins

sont une préoccupation quotidienne

en réanimation et la menace pour

la sécurité des patients est d’autant

plus grande en cas de bactérie

multi-résistante. Comprendre les

modes de transmission de ces

germes constitue donc un enjeu

important.

Pour évaluer le rôle de la contamina-tion de l'environnement dans le pas-sage de bactéries multirésistantes sur les vêtements des soignants, une équipe américaine a réalisé une étude prospective dans six unités de soins intensifs d’un hôpital universitaire. Diverses catégories de profession-nels de santé (infirmières, aides-soi-gnantes, kinésithérapeutes et méde-cins) en charge de patients porteurs de bactéries multi-résistantes ont participé, entre mai et juillet 2009, à ce travail : des prélèvements au

niveau des mains, des gants et des blouses ont été effectués. L’environ-nement du malade a été également examiné avec plusieurs sites de pré-lèvements : lavabo, bords du lit, table de nuit, moniteur, poignée de porte, ventilateur, pompes intraveineuses, sol...). Globalement, 20,5 % (120 sur 585) des interactions entre soignants et patients colonisés à bactéries mul-tirésistantes entraînent une contami-nation des gants ou des blouses. Le germe le plus fréquemment à l’origine d’une contamination est Acinetobac-ter baumannii, cultivé sur 55 des 167 prélèvements (32,9 %), suivi par Pseudomonas aeruginosa multirésis-

tant, soit 15 cultures positives sur 86 (17,4 %), puis par les entérocoques résistants à la vancomycine avec 25  contaminations sur 180 (13,9 %,), et enfin par les staphylocoques dorés résistants à la méthicilline (21 cas sur 152 soit 13,8 %) . Les facteurs associés au risque de contamination des vêtements du per-sonnel soignant sont la colonisation de l’environnement (odds ratio [OR] de 4,2, intervalle de confiance à 95 % [IC 95] de 2,7 à 6,5), une présence dans la chambre pendant plus de 5  minutes (OR 2,0, IC 95 de 1,2 à 3,4), la réalisation d’un examen physique du malade (OR de 1,7, IC 95 de 1,1 à 2,8) et le contact avec le ventilateur (OR de 1,8, IC 95 de 1,1 à 2,8). L’électro-phorèse en champ pulsé a permis de confirmer que 91 % des isolats retrou-vés sur les gants et les blouses des personnels soignants correspondent à la souche prélevée dans l'environne-

ment de la chambre du malade colo-nisé ou à celle présente au niveau du patient. Ces résultats suggèrent que toutes les bactéries multirésistantes n’ont pas le même potentiel de conta-mination et que dans cette catégorie, A. baumannii est le plus « performant ». La contamination de l'environnement apparaît comme le principal facteur déterminant de cette transmission aux gants ou aux blouses du personnel au cours des soins de routine. Le strict respect des précautions de contact et un nettoyage plus radical de l'environ-nement pourraient peut-être diminuer ce risque de transmission. |

DR BÉATRICE JOURDAIN© http://www.jim.fr

SourceMorgan D. et coll. Transfer of multidrug-resistant

bacteria to healthcare workers’ gloves and gowns

after patient contact increases with environmental

contamination Crit Care Med 2012;40:1045-51.

hygiène hospitalière

Pour réduire la transmission des bactéries multirésistantes à l’hôpital, il faut un nettoyage…plus radical !

© F

OTO

LIA

/ A

LEXA

ND

ER R

ATH

S