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Magazine édité et publié par Ingénieurs du Monde EPFL - http://idm.epfl.ch/ Avril 2012 DOSSIER LES NÉO-TOURISMES : faux-amis ou véritables facteurs de croissance pour les pays en développement ? STAGES Cameroun, Inde, Népal, Madagascar ACTUALITE Exposition : "l'autre côté du monde" n°40 regards sur le monde fffriendly

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Magazine édité et publié par Ingénieurs du Monde EPFL - http://idm.epfl.ch/Avril 2012

DOSSIERlES néO-tOuRISMES : faux-amis ou véritables facteurs de croissance pour les pays en développement ?

StAGESCameroun, Inde,Népal, Madagascar

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sommaire

2 point sud - n°40-avril 2012

Numéro 40: avril 2012300 exemplaires.Pour plus d’informations : [email protected]

Avec le soutien de : EPFl, DDC, FEDEVACO

L’opinion exprimée dans les articles n’engage que leurs auteurs.

IMPRESSUM

Rédaction: naïg Chenais,Stanislas de la Rivière, Alexandra Barraquand, Jill Conzade, laura Salamon, thomas MacMullin, Gaëlle Minger, Michaël Claude, Charles Marmy

Ligne graphique : Marc-Olivier MétraillerContact: Point Sud - Regards surle monde - EPFl - Ingénieurs du Monde, case postale 80, 1015 Lausanne http://idm.epfl.ch/

ÉDITODes ailes et des valises

IDM BOUGEDu 23 au 27 Avril : élargissez vos horizons !SEMAInE Du MOnDE 2012

DOSSIER Ecotourisme : idéal ou business ?French Doctor par interimLe tourisme médical décrypté

PROPOSITIONS DE STAGESCamerounInde

PORTFOLIO

RETOURS DE STAGESnépal : une installation photovoltaïque sur le toit du mondeLa culture sur terre brûlée à Madagascar

AcTUALITÉUne coutume sanglante aux Iles FeroeExposition "l'autre côté du monde"

RÉFLExIONAnamnèse d'un songe

cULTURE

LE SAvIEz-vOUSLa fraude aux tickets de caisse dans les supermarchés chinois

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éditoPar Naïg Chenais

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On dit que l'on se trouve en voyage parce que l'on y est seul, confronté à l'autre, à l'étranger, aux coutumes désarçonnantes de l'ailleurs.... ne peut-on pas prétendre à la même introspection avec suffisamment de détachement et d’esprit critique envers sa propre civilisation ? Serait-ce une mode, un caprice, une échappatoire? Voyager est un des rites initiatiques consensuels de notre civilisation occidentale. Mais un voyage est une parenthèse lugubre, parce qu'il a un retour. Un retour de grâce, puisque si le contexte et le dépaysement total, l'ivresse de l'inconnu, nous poussent dans le précipice d’un nouveau départ, le chemin du retour réveille les fantômes inverses. Et la seule conviction qui émane est que quoi que l'on fasse, nous ne pourrons jamais changer le soi.Sachant cela, faut-il encore partir ? Je serais tentée de répondre oui : pour le rêve, pour la magie, pour les paysages et la féérie du mouvement, pour l'exhaltation de la liberté et de la découverte. Mais sans espoir de revenir autre. Il ne faut pas cracher sur les parenthèses. Alors nous ne pouvons que vous inciter à venir partager notre voyage virtuel autour du globe et savourer, au sens propre comme au figuré, ce que vous offre la désormais traditionnelle Semaine du Monde. •

Quoi de plus grisant que l'air qui s'engouffre entre les ailes d'un aéroplane, que la sensation de l'absolu offert et de la liberté sans bornes des territoires qui défilent à nos pieds? le touriste est un mégalomane épris de liberté et d'ivresse. Bien que le mot "touriste" lui-même soit récent, les modes de voyages subissent une constante révolution et la tendance est au responsable, au bien-séant et à l'utile, concepts qui siéent bien à la culpabilité environnementale et sociale qui fait foi dans nos contrées occidentales. Se refaire un espoir, se refaire une conscience, et si comme Antonin Artaud dans le Pèse- nerf, le touriste occidental confronté à sa vacuité quotidienne "n'a(vait) qu'une occupation, (se) refaire" ? Cette recherche est-elle résolument consciente ou la propagande voyagiste combinée à l'enfin matériellement possible est-elle la véritable instigatrice de nos départs? Pourquoi voyageons-nous ? Pourquoi aspirer à l'Inde, à l'Afrique, aux terres originelles ? Peut-on prétendre à la richesse spirituelle en restant immobile? L’association récurrente voyage-sagesse ou voyage-murissement est-elle incontournable ? et si ce n’était qu’une démonstration de plus, une inévitable facette de notre apparence savamment élaborée … Le voyage, fierté que l'on montre, ou véritable construction ?

Des ailes et des valises

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> Événement

Idm bougeDu 23 au 27 avril : élargissez vos horizons!

SEMAInE Du MOnDE 2012

Par Charles Marmy

Si l’EPFl ne peut pas voyager, il suffit d’y amener le monde… C’est la performance que notre association Ingénieurs du Monde va réaliser, en offrant aux étudiants et visiteurs la traditionnelle Semaine du Monde, qui aura lieu du 23 au 27 avril 2012. A cette occasion, de nombreuses activités ayant trait à différents pays du Sud seront proposées.

Quiconque a déjà voyagé sait qu’une grande partie du contraste culturel est ressenti d’abord au travers de la nourriture. Imaginez-vous, sortant d’un aéroport après des dizaines d’heures de vol sans sommeil, l’attente dans la froideur climatisée des escales, les innombrables contrôles de sécurité. Vous passez les ultimes guichets de douane, récupérez votre sac et traversez les portes vitrées pour vous jeter dans la pollution et le bruit d’une grande ville asiatique. Il fait chaud, vous êtes fatigué, et vous avez faim ! C’est à ce moment là que l’aventure commence, in-variablement. Qu’est-ce que vous allez manger ? Comment choisir ? Vous passez d’une échoppe à l’autre, regardez les plats et les gens qui les mangent, vous reniflez l’air ambiant et attrapez quelques odeurs. une assiette appé-tissante attire votre attention. Qu'est ce que c'est ? Est-ce que c’est fort ? Est-ce que c’est bon ? Cherchez tant que vous voulez, vous ne trouverez pas le "truc normal" dont vous avez envie… Autant se lancer. Vous vous asseyez sur un tabouret en plastique, dans une petite échoppe sym-pathique et vous montrez un plat au hasard sur la carte à

l’adolescent qui vient vous amener de l’eau dans un pichet en inox… Evidemment, cette expérience est incomparable, et vaut la peine d’être vécue. Mais à Ingénieurs du Monde, nous voulons au moins vous en donner une idée, en vous proposant des repas à thème à midi sur l’Esplanade. Vous pourrez choisir entre des plats Syriens ou Vietnamiens les mardi et mercredi, ainsi que des mets marocains ou came-rounais les jeudi ou vendredi.

Une autre voie d'accès aux cultures qui ne nécessite pas de parcourir des milliers de kilomètres est la musique. Pour faire partie du voyage, rendez-vous à Satellite, le mercredi 25 avril à partir de 20 heures. nous irons en Afrique. Pas besoin d’avion, les Frères Coulibaly vont em-mener tout le monde au Burkina Fasso, grâce aux rythmes entraînants de leurs instruments à percussion. Tout en as-sumant pleinement les diverses influences reçues au fil de son impressionnant parcours, le groupe propose une mu-sique riche dont les racines sont fortement ancrées dans les traditions ancestrales de leur pays. Le résultat est vi-vant, évolue sans cesse. Oubliez vos soucis, venez danser et laissez-vous transporter par leur groove africain. Pour la suite de la soirée, DJ iKke proposera un set afrobeat, un dépaysement garanti. Plus d’informations sont disponibles sur les affiches ré-parties sur le campus (ci-contre) ou sur satellite.epfl.ch.

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Dans le même thème, mais sur un autre continent, venez apprécier la sensualité du tango argentin avec l’associa-tion Architango. une présentation, une démonstration et surtout une initiation vous permettront de vous glisser dans l’ambiance d’une milonga de Buenos Aires, parmi les danseurs élégants et gracieux qui virevoltent au son de l’orchestre. Le rythme varie beaucoup, la musique a du caractère. Chez les danseurs expérimentés, le pas simple, le pas de base devient presque imperceptible tant il est ef-fectué naturellement et tant les figures sont complexes et bien executées. Ils ne marchent plus, ils glissent, flottent presque et maîtrisent parfaitement cette communication sans paroles, faite de légères pressions des mains dans le dos, de petites accélérations dans le rythme des pas… Ainsi, un homme et une femme qui ne se sont jamais vus peuvent se comprendre par le corps, et improviser en par-faite harmonie ! une bonne danseuse ou un bon danseur sont capables de pratiquer avec n’importe qui. Symbole de la classe et de la galanterie "old school" mais aussi de la sensualité de l’Amérique latine, le tango vous attend jeudi 26 avril à midi sur l’esplanade.

Le récit est partie intégrante de tout voyage. Il est donc tout naturel d’en trouver au menu de cette semaine autour du monde. Promis, pas d’albums photos de vacances "moi devant les pyramides", "moi sur la tour Eiffel", "moi avec un collier de fleurs" … Au contraire, ce lundi 23 avril à 18h00 aura lieu en salle cM1 une présentation des stages effectués par des étudiants avec l'aide d'Ingénieurs du Monde, par les étudiants eux-mêmes. (plus d'information sur idm.epfl.ch). Si un stage à l’étranger vous intéresse, c’est l’occasion d’avoir des informations concrètes sur ce qui vous attend.

le film Galileo Mobile, qui sera projeté en CO2, le jeudi 26 avril à 17h00 est une belle histoire vraie. Il raconte le projet d’éducation mobile d'un groupe de passionnés qui voyagent en Amérique du Sud afin d’organiser des cours d’astronomie dans les écoles des villages, tranportant avec eux leurs cartes, leurs téléscopes et leur désir d'en-seigner. Amour du voyage, volonté de partager une pas-sion, ou convictions humanistes sont autant de raisons qui animent les acteurs de ce projet et c’est ce qu’ils ont voulu transmettre dans ce film-documentaire.

« Women are Heroes » est un film de JR, dédié à toutes les femmes silencieuses aux existences ardues. Ce pho-tographe français est connu pour ses actions artistiques chocs dans différentes favelas et autres bidons-villes des pays du Sud. Il dédie dans ce film son talent à des femmes, le plus souvent anonymes, aux histoires de vie singulières

mais ayant en commun un courage face à la vie et à l’ad-versité. leur impressionnante volonté vaut la peine d’être racontée et entendue.. Ce film sera projeté en SG1, le mar-di 24 avril à 19h00.

Cette semaine du monde est l’occasion d’enrichir sa culture et d’élargir ses horizons, mais aussi de rêver et d’entretenir sa curiosité. Venez nombreux, la planète vous attend !•

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> Dossier

Ecotourisme : idéal ou business ?Par Alexandra Barraquand

«L’écotourisme est un voyage responsable dans des environnements naturels où les ressources et le bien-être des populations sont préservés ». Cette définition officielle d'un terme utilisé depuis une trentaine d'année seulement a été énoncée par la TIES (Société Internationale de l’Écotourisme) en 1991.Depuis la prise de conscience collective de l'état écologique alarmant de notre planète, l'écotourisme s'est développé dans plusieurs régions du globe. Il consiste à effectuer un voyage plus « constructif » tourné vers l'observation et le respect de la nature. Les sites les plus évidents sont des pays riches en réserves naturelles comme le Costa Rica, où la faune et la flore sont des plus variées au monde.Une façon moderne, comme il se veut, de passer son temps libre et de découvrir un pays. Loin du cliché de la consommation de masse et des plages bétonnées où les ordures n'en finissent pas d’asphyxier ce qu'il reste de vie sauvage.Si cette nouvelle forme de tourisme a autant de succès c'est bien en réponse à une indignation face aux anciens sites naturels saccagés. En effet, pendant des années,

Les néo-tourismesFaux amis ou véritables facteurs de croissance pour les pays en développement?

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l'arrivée en masse de promoteurs immobiliers, qui ne se souciaient pas de respecter ces trésors au nom du profit de leur entreprise, a changé à jamais le paysage de bien des sites.Un article du site offensive.samizdat.net donne un avis tranché et véhément sur les ravages du tourisme et pointe du doigt les principales raisons qui font que la prise de conscience est urgente : "Dans une société polluée et agressive, les individus stressés et oppressés par un travail rationalisé cherchent une compensation thérapeutique. le monde idéalisé, épargné des ravages de la société industrielle que promeuvent les voyagistes les attire. Ils ont soif d’exotisme et de dépaysement. Ils veulent jouir d’une pureté originelle fantasmée. Pourtant, l’industrie touristique vend ce qu’elle contribue à détruire, "le touriste ne doit pas être là où il veut aller" . Le monde est alors mis en production et les villes se transforment en musées, les campagnes en parcs d’attractions géants. Tout se consomme, la nature comme les humains. Le marché globalisé des corps et des espaces se généralise, plus aucune zone ne doit être préservée. Au contraire, plus une zone apparaît protégée, plus elle attire, car la recherche d’authenticité est devenue le leitmotiv de l’industrie touristique. Des peuples se retrouvent ainsi folklorisés par ceux-là mêmes qui ont entraîné des désordres sociaux irréversibles - introduction de l’argent, destruction des modes de production traditionnels, exode rural, etc.- "Si, comme il est dit plus haut, « plus une zone est préservée plus elle attire», la balle est dans le camp des voyagistes. C'est à eux de responsabiliser leurs clients et de ne pas subventionner des sociétés cupides et non soucieuses du respect du patrimoine local des pays concernés.

Les quatre piliers de l'écotourisme sont résumés ainsi: "respect mutuel entre touristes et hôtes, participation active des populations, valorisation des sociétés d’accueil et découverte de celles-ci par les touristes."Une réflexion sociologique quasi-philosophique sur l'écotourisme vient ensuite préciser qu' "il s’agit en fait

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Sources : nouvelle-caledonie.wwf.fr offensive.samizdat.net

d’un modèle évolutif de développement durable dans lequel les besoins économiques, sociaux et esthétiques sont satisfaits tout en préservant l’intégrité culturelle, les processus écologiques essentiels, la biodiversité et les cycles vitaux".Il faut tout de même souligner que si l'écotourisme soutient une démarche écologique, cela ne va pas, pour la plupart, jusqu'au militantisme. Aussi, Il s'agit pour chaque pays de faire sa propre définition et de poser ses propres conditions - selon ses exigences, besoins, sa situation économique - à la légitimité du terme devant les compagnies vacancières.

« la recherche d'authenticité est

devenue le leitmotiv de l'industrie

touristique »

Mais alors les voyages "éco-responsables" proposés par ces derniers sont-ils vraiment ce qu'ils clament être ?Un site touristique biovacances.net va lui jusqu'à vendre des vacances "militantes" en Guadeloupe. Le séjour, proposé sur le site par l'association Fleur D'Ecume, y est présenté ainsi : "Stage écologique d'observation des cétacés dans leur milieu naturel aux Antilles. Energies renouvelables, ambiance hippie à bord de fleur d'écume, notre voilier d'observation. Quand l'association n'est pas en campagne d'observations, nous militons contre la reprise de la chasse à la baleine et la mise en place d'un sanctuaire en mer caraïbe. "On peut penser en lisant ces lignes que l'association vend plus un style de vie idéalisé qu'une vraie implication écologique. Employer le terme "Hippie", quand on sait que les plus grands festivals laissaient derrière eux des hectares de terre recouverte de déchets, montre une utilisation légère de termes qui attirent la clientèle.Pourquoi pas, si en fin de compte l'argent récolté par ces séjours est utilisée à des fins honnêtes de protection de l'environnement et des espèces.une question légitime vient finalement. le tourisme responsable est-il une mode ou bien la preuve d'une évolution logique de notre façon de voyager ?Pour ma part, il ne me reste plus qu'à espérer que l'écotourisme soit bel et bien le tourisme de l'avenir. •

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Par Michaël Claude

Le tourisme humanitaire associe le voyage au bénévolat, ce qui est une manne supplémentaire pour les tours-opéra-teurs. En 2005, ce nouvel hybride du tourisme correspondait à moins de 0.5 % des séjours à l'étranger soit un chiffre d'af-faire de 50 millions d'euros, autant dire une somme insigni-fiante dans le monde du tourisme. Mais par contre le phé-nomène est sur-médiatisé un peu partout. Devenir un bon citoyen du monde, c'est devenir coûte que coûte un acteur dans les pays que l'on visite. Passer de spectateur à acteur. Sur le papier, tout semble présager un bel augure. le touriste pourrait enfin devenir un vecteur de la paix universelle! Mais une question se pose : comment être un bon touriste et en même temps un bon humanitaire? Les deux fonctions sont-elles réellement associables?Les voyagistes offrent des forfaits incluant de l'aide aux po-pulations locales, comme construire des écoles, donner des cours de langues, apporter des biens de première nécessité. Comment devenir un héros au fin fond du Congo? Ou com-ment faire du néo-colonialisme sans armes? Le client est prêt à payer cher son voyage afin d'assouvir ses envies de

> Dossier

bénévolat exotique. Il partira pour deux ou trois semaines maximum et reviendra avec un appareil rempli de photos afin de prouver à son entourage son expérience hors du commun. Il aura vibré pendant quelques jours en ayant l'im-pression d'avoir été utile. Il sera parti à la recherche de son propre épanouissement. Il aura pu vivre pendant quelque temps dans la misère avec les autochtones. Un jeu de rôle grandeur nature sans déguisement aucun.Mais la question se pose avant même de partir, si n'importe quel individu est bien apte à faire de l'humanitaire. Cette fibre coule-t-elle naturellement dans les veines de chacun? Pouvons-nous tous être un french-doctor en herbe? Et par ailleurs, Ingénieurs du Monde est-elle légitime dans l'envoi d'étudiants dans les pays du tiers-monde?

la première tension qui nait de l'humanitaire est l'apport in-trusif d'une technologie nouvelle. Tout humanitaire arrivant avec ses propres connaissances occidentales risque d'écra-ser dans l'œuf une technologie locale naissante ou existante. Et comme disait très justement le philosophe africain Albert

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sources : Le tourisme : émancipation ou contrôle social?, Christin & Bourdeau Débat : Faut-il être contre le tourisme?, La Décroissance septembre 2011 http://www.servicevolontaire.org/

Tévoédjrè : "dès qu'une technologie en élimine une autre ou constitue un apport ex-nihilo, il y a danger d'installer un em-pire, un pouvoir impérial extérieur ". tout œuvre humanitaire est confrontée à ce paradigme, mais le tourisme humanitaire est sans nul doute le plus vulnérable. En pensant bien faire, il tendra à appliquer ses propres connaissances dans la courte temporalité de son séjour et ne prendra que rarement en compte la parole de la population locale. Sous l'égide du bé-névolat, il se sentira supérieur parce que le service qu'il rend est gratuit et la conviction de sa propre générosité lui fera oublier de consulter les autochtones. Les touristes passent, la pauvreté reste.

« Arrêtons de vouloir perpétuer

cette relation colonialiste entre

le Nord et le Sud et l'approche

charitable qui en découle »

Le tourisme humanitaire est un fléau pour les pays pauvres, un fléau d'illusions qui ne les aidera pas de manière pro-fonde. Par contre l'humanitaire a un sens qui lui est propre, il demande des personnes qualifiées qui resteront un temps plus conséquent sur place, apprendront à connaître la popu-lation afin d'installer une réelle entraide où aidant et aidé seront sur un même pied d'égalité. l'humanitaire est une affaire délicate qui demande des individus humbles et sen-sibles.

Concernant notre propre association Ingénieurs du Monde, ne faisons-nous pas également du tourisme humanitaire? On aurait envie de répondre que non, que nous ne faisons pas partie de cette mouvance moribonde. Tout dépend fina-lement de la sélection des étudiants, elle doit être en mesure de détecter les qualités humanitaires d'un candidat avant son départ. De plus, un stage dont la durée s'échelonne de trois à six mois, peut être jugé adapté pour un réel inves-tissement et une vraie symbiose avec la population locale. Maintenant, partir c'est bien, aider c'est parfait, mais sur-tout, l'essentiel est de rester à l'écoute et toujours chercher à partager les connaissances afin de pouvoir les comparer et en tirer un profit mutuel. La réponse ne vient pas forcément toujours de l'Occident. Arrêtons de vouloir perpétuer cette relation colonialiste entre le Nord et le Sud et l'approche charitable qui en découle. Aujourd'hui le monde doit évoluer, et nos étudiants-ingénieurs du monde se doivent d'être les acteurs de cette évolution en agissant d'égal à égal avec les populations du Sud.le touriste doit aujourd'hui véritablement se remettre en question, il ne peut pas continuer à voyager en consommant

le monde. Combien de gens de retour de vacances racontent leur périple avec l'expression consacrée "j'ai fait le Maroc"? La langue même s'est habituée et transformée afin de signi-fier que l'on absorbe la mappemonde sans vraiment prêter attention aux habitants du lieu. les touristes ne sont, pour la plupart, qu'à la recherche de l'épanouissement de soi par le voyage. Arrêtons d'être des touristes qui ne sont bons qu'à faire des tours -comme leur nom l'indique- et redevenons des voyageurs allant à la rencontre de l'autre. Je citerai le sociologue Enzensberger en guise de conclusion : « le tou-riste est une sorte de révolutionnaire frustré qui, faute de pouvoir changer le monde change de monde ». •

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ment en chirurgie plastique, d’autres ont choisi la chirurgie dentaire, ou encore l’ophtalmologie. En tête de lice des pays proposant des actes de chirurgie esthétique viennent le Bré-sil, la Bolivie, et le Costa Rica ; viennent ensuite les pays du Maghreb : Tunisie, Maroc… En Europe, la Hongrie, la Rouma-nie, ou encore la République Tchèque se sont spécialisées dans la chirurgie dentaire. La Thaïlande et l’Inde ont opté pour les greffes d’organes, des spécialités en cardiologie, et la chirurgie à cœur ouvert.

Mais malgré la controverse, ce type de tourisme peut avoir des effets positifs sur les systèmes de santé nationaux des différents pays concernés. En effet, la santé a été un secteur économique jusqu'alors très peu soumis à la concurrence, en raison de la difficulté pour un malade à se déplacer loin de chez lui pour se faire soigner. Le tourisme médical permet d'introduire cette concurrence, au bénéfice du patient. Plus précisément, on estime ainsi que les patients bénéficient di-rectement de prix plus bas, mais également indirectement de l'amélioration de la qualité, permise par la concurrence accrue. En effet, les hôpitaux des pays développés sont de plus en plus obligés de tenir compte du tourisme médical et doivent adapter leur offre en améliorant les prestations ou en diminuant leurs prix. De même dans les pays qui reçoivent des touristes médicaux et peuvent bénéficier de l'apport en devises, un transfert de compétences et la créations de nou-veaux emplois est nécessaire, ce qui bénéficie à l'économie locale et à la qualité des soins.

« Le tourisme médical est

une industrie gigantesque

qui comprend aussi bien la

procréation assistée que les

soins cardiovasculaires ou les

médecines traditionnelles »

Mais comme toujours, tout n’est pas que « marguerite et co-quelicot», et la pratique commence à être remise en cause.

Par Stanislas De La Rivière

Le but de ce qu'on appelle le tourisme médical est pour les malades de se faire soigner à moindre coût dans un pays étranger, ou d'y faire les opérations qui ne pourraient avoir lieu chez eux. Ce sont tout d’abord les différences de niveaux de vie entre les pays qui permettent d'abaisser le coût de revient de l'offre de soins par rapport au pays d'origine du patient. Ainsi, une étude citée par The Economist estime qu'un Amé-ricain peut économiser jusqu'à 85 % sur ses frais médicaux en se faisant soigner à l'étranger.

« l’Asie, l' Europe de l'Est et

maintenant l’Afrique du nord se

sont lancées dans ce secteur

porteur. »

Les disparités d'infrastructures sanitaires sont la cause pre-mière de cette mondialisation des soins. Elles vont conduire par exemple un citoyen britannique à rechercher une offre de soins dans un pays tel que la France, parfois dans le cadre d'accords bilatéraux, faute de pouvoir bénéficier d'une offre de soins adéquate dans son pays. Puis les différences de lé-gislations, qui limitent parfois l'accès à certains actes médi-caux tels que l'avortement ou la stérilisation. C’est l'ouverture des frontières depuis la fin du 20ème siècle et la démocratisation des transports qui ont permis l’explo-sion du tourisme médical. Les centres médicaux peuvent dès lors attirer plus facilement des clients potentiels à l'étran-ger. De plus, certaines interventions comme la chirurgie es-thétique (hors chirurgie réparatrice) ne sont pas prises en charge dans tous les pays européens.

Depuis quelques années, le phénomène du tourisme médical s’est répandu mondialement : l’Asie, Europe de l'Est (Hon-grie, Serbie, Pologne, République Tchèque), et maintenant l’Afrique du Nord (Tunisie, Maroc) se sont lancées dans ce secteur. Près de 3 millions de touristes, issus principalement des pays riches, se rendent chaque année dans ces pays pour subir des actes médicaux ou de chirurgie esthétique. Les prévisions estiment à 20 millions le nombre de touristes médicaux qui pourraient franchir les frontières dès 2015. Si certains pays d'Amérique du Sud se spécialisent essentielle-

10 point sud - n°40avril 2012

Le tourisme médical décrypté

> Dossier

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11point sud - n°40 avril 2012

Le cas de l’Inde par exemple est symptomatique des pro-blèmes que peuvent engendrer ce tourisme.Mercredi 18 aout 2010, la parution d'un article dans la célèbre revue médicale The Lancet, spécialisée dans les maladies in-fectieuses, a mis en alerte les autorités médicales anglaises: l'enzyme NDM-1, qui contribuerait à la super-résistance de certaines bactéries aux antibiotiques, se diffuserait à grande vitesse dans la péninsule indienne et pourrait toucher les Bri-tanniques qui vont se soigner à moindre coût dans le sous-continent. Aussitôt, les médias anglo-saxons ont évoqué une "menace sanitaire planétaire", tandis que le Ministère de la Santé appelait ses concitoyens à annuler leurs voyages sani-taires. En France, le professeur Patrice Nordmann, de l'Insti-tut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), répète dans plusieurs médias qu'il "faut absolument éviter de se faire opérer ou hospitaliser en Inde".Le tapage médiatique autour des révélations de The Lancet a entraîné, à New Delhi ainsi qu'en Europe, une double polé-mique, médicale et politique.Contrairement à ce que semble avancer l'auteur de l'article de The Lancet, l'archétype du touriste médical n'est pas la riche londonienne souhaitant se faire refaire la poitrine :"le tourisme médical est une industrie gigantesque qui com-prend aussi bien la procréation assistée que les soins car-dio-vasculaires, l'ophtalmologie ou les recours auprès des médecines traditionnelles", indique au JDD.fr Laurent Por-dié, anthropologue à l'Institut français de Pondichéry et à l’université de Heidelberg et qui s'est penché, entre autres, sur le tourisme sanitaire et reproductif.

Les voyages sanitaires occupent ainsi une place particu-lière dans l'économie du tourisme, à tel point que l'état indien par exemple investit une partie importante de ses crédits sanitaires dans les cliniques ou hôpitaux privés dé-diés aux étrangers. Ces établissements, gérés comme des entreprises, parfois cotés en bourse, et dont une majorité de la population indienne est déconnectée, accueillent les

meilleurs praticiens et investissent dans le dernier matériel de pointe. Selon le cabinet d'étude Mc Kinsey, l'industrie de la santé pourrait ainsi rapporter 2 à 3 milliards de dollars en 2012 à l'Inde. New Delhi apprécie donc fort peu la remise en cause de son tourisme médical par les autorités sanitaires anglaises. Le Ministère Indien de la Santé a qualifié l'étude de The Lancet de "non-scientifique" et "économiquement motivée", dénonçant au passage les nombreux conflits d'intérêts autour des auteurs de l'article. "La résistance au médicament existe dans le monde entier. […] Monter toute une histoire [autour de la NDM-1] et déclarer en conclusion que les gens ne devraient plus aller en Inde semble émaner d'intérêts autres que médicaux." dénonce pour sa part le docteur Naresh Trehan dans le Financial Times .Il est pourtant impératif de s’interroger sur certains écueils du tourisme médical. Selon Laurent Pordié, "il ne faut as-surément pas tout dramatiser, mais l’épisode des bactéries super-résistantes attire au moins l’attention publique sur les risques post-opératoires en général, qui sont assez mal évalués et généralement sans contrôle. Le fait que cette in-dustrie soit jusqu’à aujourd’hui systématiquement présen-tée sous son meilleur jour est symptomatique d’un dysfonc-tionnement plus profond du système où aucune structure d’accompagnement post-opératoire n’existe vraiment. Le patient traité à l’étranger se trouve souvent dépourvu per-sonnellement, médicalement et légalement en cas de com-plications." •

Sources : anthropologiesante.revues.org/819 www.maxisciences.com/tourisme-mE9dical/tourisme-medical-des-avan tages-financiers-mais-des-risques-accrus_art8755.html www.lejdd.fr/Societe/Sante/Actualite/Le-tourisme-medical-mis-en- cause-214610/ www.doctissimo.fr/html/sante/voyageurs/10405-tourisme-medical-voya geurs-visa.htm

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12 point sud - n°40 avril 2012

> Proposition de stage

Circuit de Protection pour système à rayons-X adapté aux besoins des pays en développement

Cameroun

• Objectifs du stageDans le but d’installer un tel système de diagnostic au Cameroun, le stagiaire devra analyser sur place les différents problèmes liés à l’alimentation électrique du pays (surtensions,…). Dans un second temps, il devra élaborer et proposer une solution innovante, peu coûteuse, qui permettra de protéger le système de diagnostic de ces problèmes électriques et ainsi permettre sa durabilité.

• Profil du stagiaireCe stage s'adresse à un étudiant en Génie Electrique et Electronique ou en Microtechnique, préférablement en master.

• PériodeLe stage dure de 2 à 3 mois et est déjà disponible.

• ContexteDans les pays en voie de développement comme le Cameroun, les éléments technologiques les plus importants pouvant servir aux hôpitaux ne sont pas disponibles, alors que des techniques comme les rayons-X ou l’ultrason pourraient permettre de diagnostiquer entre 80 et 90% des problèmes médicaux.Cependant dans les pays d' Afrique de l’Ouest, ce genre de service est difficile à mettre en place. En effet, les hôpitaux manquent cruellement d’infrastructures mais aussi de personnel qualifié.C’est pourquoi certains centres de recherches parmi lesquels plusieurs laboratoires de l’EPFl ainsi que l’institut Paul Scherrer ont entrepris de créer un système de diagnostic adapté aux contraintes de ces pays.

> INTÉRESSÉ(E) ? ENVOYEZ UN CV ET UNE LETTRE DE MOTIVATION À : [email protected]

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Considéré comme la petite Afrique au coeur de la grande, le Cameroun est un pays magnifique à découvrir. D’est en ouest et du nord au sud, il y a de grandes variétés tant dans la culture que dans les paysages. Les endroits à visiter sont nombreux, pour n’en citer qu’un petit nombre : la ville cô-tière de Kribi avec ses plages de sable blanc ensoleillées, où vous mangerez surement les plus gros poissons que vous n'ayez jamais vu ; Rhumsiki, village connu pour la beauté de ses levers et ses couchers de soleil ainsi que pour ses pitons rocheux ; le parc naturel de Waza, regorgeant de nom-breuses espèces animales ; ou encore Foumban, la cité des arts qui fût l’un des plus anciens royaumes de l’Afrique noire. Le pays est officiellement bilingue, le français est parlé par environ 80% de la population tandis que l’anglais est sur-tout parlé dans les régions proches du Nigéria, par les 20% restant. Cependant, on y recense plus de 200 ethnies avec chacune son dialecte, bien qu'ils tendent à se perdre de nos jours. Ces différentes ethnies contribuent à la richesse du patri-moine artistique et culturel du pays, en apportant chacune leur rites, traditions, arts et musiques. Il reste encore des chefferies, micro-états qui existaient avant la colonisation et où vivaient le chef de village et sa suite. L’un des plus importants groupes ethniques est celui des Bamiléké , connu pour ses danses traditionnelles et ses rites. Il subsite encore quelques villages pigmées, hélas partiellement devenus at-tractions touristiques. Au quotidien, la vie camerounaise s'organise autour des marchés : on y trouve de tout, denrées comestibles, cahiers,

artisanat, savons, CDs et autres étals improbables. l'at-mosphère y est trépidante, entre les rythmes des musiques locales qui émanent des enceintes des vendeurs et les marchandages enflammés, un sport qui semble très prati-qué par les Camerounais. Chacun participe à ce concentré d’échanges et de gagne-pains divers : vendeurs enjoués, pe-tits porteurs de fruits et légumes qui vous proposent leurs services, jeunes filles des faubourgs venant vendre leurs bei-gnets, femmes portant les paniers traditionnels en équilibre sur la tête, vendeurs à la sauvette, etc...Sans aucun doute, le Cameroun est le pays de la bonne hu-meur. Dans les villages ou les faubourgs des villes, la vie paraitrait certainement rude aux européens habitués à leur habitat confortable. Mais cette précarité relative n’empêche nullement la sérénité de régner dans le quotidien camerou-nais. On dit que le sourire des Camerounais est légendaire : avec un soupçon d’humilité et de détente, s’intégrer dans la bonne humeur locale ne devrait pas trop être difficile. -AïdAtou SAkho -NAïg CheNAiS •

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Bien que le Français soit la langue officielle du Cameroun, il existe certains mots ou expressions exclusifs, matinés d’anglais ou d’argot local. Bref aperçu de quelques locutions typiques :

Le Char des Dieux : le Mont Cameroun, volcan situé dans le sud-ouest du pays, considéré comme le plus actif d’Afrique de l’Ouest. Sa dernière éruption date de 1999. Matango : vin de palmeTournedos : gargote sur le trottoir où l’on mange le dos tourné à la routeNgo ou Ngola : en ville "je vais à Ngola"

Johnny ou Johnny Waka : marcher, se promener. Provient de la célèbre étiquette de whisky Johnny Walker. "J’ai Johnny pour venir chez toi"Njoh : gratuitSauveteur : marchand ambulant, vendeur à la sauvetteNangaboko : enfant des rues

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14 point sud - n°40 avril 2012

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> Portfolio

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01 Depuis les ruines du Krak des Cheva-liers, ancienne forteresse croisée, la vue est imprenable sur les collines syriennes, la côte libanaise et la Méditerranée. Ce n'est pas seulement son panorama, mais aussi sa grande importance stratégique qui ont poussé les Croisés à le défendre durant des siècles !

02 Le visage viril et marqué par les an-nées de ce touriste local peut donner une fausse impression sur le personnage. La rencontre de cet homme intimidant, au pied d'une forteresse en plein désert, fut mémorable d'ouverture et de sympathie. Ceci malgré notre incapacité à parler une langue commune.

03 Les inévitables épices, qui ont une place réservée dans tous les albums photos de touristes revenant du Moyen-Orient. Ce cliché a été pris dans le Souq d'Alepp, où l'odeur persistante et les cou-leurs vives des épices contrastent avec le vert émeraude et le parfum caractéris-tique des savons à l'huile d'olive qui em-plissent les étals.

04 Cette forteresse arabe des environs de Palmyre est perçue à la mi-journée comme une excroissance naturelle de la colline qu'elle surplombe. En fin d'après-midi cependant, la lumière rasante, chaude, fait fi de l'uniformité des couleurs et joue avec les formes et les textures pour lui rendre toute sa grâce.

05 Alepp pendant l'après-midi, baignant dans les fumées des feux de bois et des moteurs.

06 et 07 Deux adolescentes, qui m'ont abordé dans l'enceinte de la mosquée des Ommeyades à Damas, le jour des célébra-tions de la naissance du Prophète Maho-met.

08 Le visage tatoué de cette bergère bé-douine, rencontrée au hasard d'une visite, m'a beaucoup fasciné. Elle ne parlait pas un mot d'anglais, mais m'a invité à m'as-seoir à côté d'elle, parmi son âne et ses moutons.

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PhotoS : ChArleS MArMy

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> Proposition de stage

TRANSITIONAL SHELTERS FOR DEVELOPING REGIONS, Gandhinagar (Inde)

Inde

• Objectifs du stage L'ICOM est en partenariat avec L’IIT Gandhinagar sur place, et ils ont besoin d’un étudiant sur place pour conduire des recherches sur les habitats provisoires devenant durables. Il s'agit d'établir si les populations seraient réceptives à de tels logements, sur les critères culturels qui pourraient influencer leur décision, ainsi que le coût d’un tel système en Inde.

• Profil du stagiaireCete proposition de stage s'adresse à des étudiants en Sciences et Ingénieurie de l'Environnement, Génie Civil, ou Architecture.

• PériodeLe stage à lieu à Gandhinagar, en Inde, pendant 2 à 3 mois.

• Contexte Les catastrophes naturelles dans les pays en développement forcent les populations à vivre pendant un temps dans des logements de fortune comme des tentes ou des "shanties", et cette situation peut devenir quasi-permanente lorsque les reconstructions se prolongent. Un modèle de logement facile à construire et durable a été développé pour permettre aux familles de garder le plus possible des conditions de vie décentes. L’institut de la structure métallique (ICOM) forme des étudiants, collabore avec des associations et des industries, est active dans le domaine de la recherche, et propose, conjointement avec l'ENAC et le Swiss Federal Institute of Technology (EPFL) ce stage à Gandhinagar, en vue d'une étude préliminaire.

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17point sud - n°40 avril 2012

L’Inde avec sa diversité culturelle et son histoire millénaire n’a pas fini d’attirer. On est autant fascinés par ses temples, ses paysages et la richesse de son histoire. En effet avec plus d’un milliard d’habitants et une vingtaine de langues officielles, des centaines de communautés cohabitent dans un des plus grands états de la planète. Aujourd'hui, l'Inde fait également partie des grandes puissances émergentes aux côtés de la Chine, de la Russie et du Brésil.Mais c’est aussi un pays qui compte une des populations les plus pauvres du monde, et qui est fréquemment ravagé par des inondations, tremblements de terre. C’est donc un endroit idéal pour essayer d’implanter les SLC (steel-log ca-bin). D'autant qu'à Mumbai et Delhi, et toutes les grandes métropoles du sous-contient, la structuration économique et sociale accentue les fractures : face aux problèmes aigus de logements, la croissance de l'habitat précaire est specta-culaire. Selon un recensement de 2001, 15% de la population du pays vivrait dans des "slum", chiffre qui s'accroît encore dans les grandes agglomérations.

Nommée en référence au Mahatma Gandhi, Gandhinagar est la capitale de l'État du Gujarat. La zone est économiquement très active, plongée dans un couloir industriel qui va de Delhi à Bombay, mais également imprégnée de culture. Cette ville est aussi la plus verte de la région. En effet, elle s'efforce de lutter contre la pollution et fait la part belle aux espaces verts. Vous y trouverez même de nombreux parcs arrosés même en pleine sécheresse pendant le mois de juin. Le Temple hindou Akshardham qu‘elle abrite, une merveille ar-chitecturale, est un des plus grands de cette partie du pays. Néanmoins, l'importance de la ville est récente, aussi elle offre peu d'intêrets touristiques. lAurA SAlAMoN •

La langue officielle est le gujarati. Quelques mots pour vous introduire, sachant que la population locale sera probablement indulgente !

Bonjour : hele'lo Au revoir : legue bayComment t’appelles-tu ? : temarum name shum chhe?

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> Retour de stage

18 point sud - n°40 avril 2012

cadre que je suis parti au Népal trois mois afin d’effectuer un stage, faisant aussi office de travail de Master en Sciences et Ingénierie de l’Environnement. Le but était d’aider une équipe d’électriciens volontaires à réaliser une installation photovoltaïque "pilote" dans l’école secondaire de Chaurikharka.

« l'objectif était d'équiper

l'école de Chaurikharha en

panneaux solaires et de ce fait

permettre l'installation d'une salle

informatique. »

Tout le matériel nécessaire a été acheminé par hélicoptère et à dos d’homme entre le 7 et le 9 octobre 2011. Autant de locaux que de volontaires ont prêté main forte à l’accomplissement des travaux l’espace de deux semaines.

Par Julien Waehlti

L'association LUKLASS soutient le développement durable et la scolarisation de plus de 600 enfants dans la vallée des Sherpas au pied du mont Everest, au nord-est du Népal. Ses activités se concentrent principalement dans les écoles de Lukla et de Chaurikharka situées à environ 3'000 mètres d’altitude et difficiles d'accès. l’énergie disponible provient de petites et moyennes installations hydroélectriques qui peinent à fournir suffisamment de puissance et de fiabilité pour l’éclairage des classes. C’est pour combler ce manque d’énergie que l’association s’est fixé comme objectif d'équiper les deux écoles en panneaux solaires, et de ce fait permettre l’installation de salles informatiques indispensables à l’éducation. En effet, ces écoles offrent aux enfants, généralement issus des familles les plus démunies, des connaissances de base en mathématiques, en anglais et en informatique, élargissant ainsi leurs choix d’orientation professionnelle.Ayant eu connaissance du projet, Jean-Claude Bolay, directeur du Centre Coopération & Développement de l’EPFL, a mis en contact l'association LUKLASS avec Ingénieurs du Monde , qui a proposé de mettre à sa disposition les compétences d'un étudiant. C’est dans ce

une installation photovoltaïque sur le toit du monde

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19point sud - n°40 avril 2012

En guise de remerciements, l’école a organisé une cérémonie d’inauguration avec chants et danses traditionnels et la remise de longues écharpes en soie appelées «katas». Cette ancienne coutume vise à témoigner le respect et l’admiration envers une personne, ou en l’occurrence un groupe de personnes, pour un accomplissement significatif. Une formation du personnel de l’école a été effectuée afin d’assurer le maintien du système sur le long terme ainsi que le monitoring de l’état de charge de la batterie, cruciale pour l’autonomie et le bon fonctionnement de celui-ci. Finalement, la salle informatique a été équipée d’une douzaine d'ordinateurs seconde main offerts par diverses associations actives dans la région.

« l'école a organisé une

cérémonie d'inauguration avec

chants et danses traditionnels,

[...] une ancienne coutume

qui vise à témoigner le

respect et l'admiration pour un

accomplissement significatif »

Mon travail consistait aussi à dimensionner la future installation photovoltaïque pour l’école primaire de Lukla en se basant sur celle de Chaurikharka puis à réaliser une étude permettant l’optimisation et la duplication ultérieure

de la méthode aux autres écoles et infrastructures publiques de la région. Pour cela, j’ai utilisé des modèles d'estimation de l'irradiation solaire et des données météorologiques récoltées sur place ainsi que le logiciel PVsyst développé par l'université de Genève.

Ayant remporté le Prix de la solidarité étudiante 2011 de la Fondation d'entreprise Veolia Environnement, le projet a reçu un appui considérable tant sur le plan technique que financier. •

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Ce type de champ est appelé « monka ». Après quelques années d’abandon, certains cultivateurs réutilisent les monkas, mais un grand nombre préfère défricher de nouvelles zones de forêt primaire, plus facilement apprêtables. La culture des forêts secondaires devrait donc être optimisée, pour contribuer à trouver des solutions au problème de la déforestation de la région du Menabe Central.

« La technique de la terre brûlée

est le moyen traditionnel le plus

répandu de faire usage de la terre

et constitue la première cause de

déforestation à Madagascar. »

L’agriculture sur brûlis traditionnelle est considérée comme un système d’exploitation durable lorsque les terres cultivables sont abondantes et la densité de population faible. Mais si ces conditions ne sont pas respectées, les

Par Estelle Schneider

Madagascar est une î le bien connue pour sa biodiversité. Il est indéniable qu’elle est l’une des zones sensibles du globe de ce point de vue. Les forêts de Madagascar sont parmi les écosystèmes les plus riches et les plus singuliers au monde, et sont aussi extrêmement importantes pour les populations locales : elles leur fournissent le bois pour leurs constructions et leur chauffage, c’est une ressource naturelle essentielle. Le problème est que ces forêts tendent à disparaître, à cause notamment du défrichage pour les terres agricoles. En effet, la technique de la terre brûlée est le moyen traditionnel le plus répandu de faire usage de la terre, et constitue la première source de déforestation à Madagascar. Le procédé de défrichage se déroule généralement ainsi: pendant les saisons froide et sèche, les branches des plus grands arbres sont coupées et les bûches débitées, puis laissées à sécher pendant plusieurs semaines. A la fin de la saison sèche, tout est brûlé. Une fois la végétation brûlée, les fermiers peuvent commencer à cultiver leurs terres, les cendres ayant fertilisé le sol. Ils commencent généralement par y cultiver du maïs pendant 2 à 3 ans, après quoi la fertilité du sol commence à décroître et les champs sont envahis par les mauvaises herbes. Les fermiers cultivent alors du manioc ou de l’arachide quelques années encore, avant d’abandonner la terre.

La culture sur terre brûlée à Madagascar

> Retour de stage

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21point sud - n°40 avril 2012

champs n’ont pas suffisamment de temps pour retrouver une fertilité adéquate avant d’être à nouveau cultivés. En outre, les défrichages répétés induisent un changement de végétation, dont le stade ultime de dégradation serait une savane herbeuse impropre à la recultivation.J’ai passé deux mois à Madagascar dans le cadre de mon projet de Master. Ce projet fait partie d’un plus grand programme (BRULIS) mené par le laboratoire ECOS (Ecological Systems) de l’EPFL. L’objectif général de ce projet est d’optimiser les cultures sur brûlis, plus particulièrement dans les zones de végétation secondaire de la forêt tropicale sèche situées dans la région de Morondava (Madagascar). Plus précisément, il s’agit de récolter des informations précises sur l’usage du feu dans l’agriculture traditionnelle et d’évaluer dans quelle mesure il nuit aux écosystèmes, pour pouvoir développer des solutions appropriées en vue d’optimiser les méthodes de culture sur brûlis tout en préservant la biodiversité des forêts. C’est dans ce contexte qu’a été publié un premier article sur l’évolution du modèle sol-végétation dans le Menabe Central après les cultures sur brûlis. Le but de cette étude était d’estimer le temps nécessaire aux monkas abandonnés pour recouvrir une fertilité suffisante et être de nouveau cultivables par les agriculteurs locaux, afin de réduire la déforestation. Les résultats de cette étude ont permis de conclure qu’au-delà de 20 ans, les champs avaient retrouvé une fertilité suffisante pour pouvoir être réutilisés comme terres agricoles.

« les agriculteurs devraient

attendre dix ans au minimum

avant de recultiver la terre, sans

quoi l'état d'infertilité serait

irréversible »

Mon projet de Master visait à analyser de façon plus précise les changements de fertilité du sol selon un gradient d’"âge de jachère", pour avoir une vue plus complète du processus de régénération après les brûlis ; l’objectif final étant de déterminer la période d’abandon minimale pour qu’un champ retrouve une fertilité suffisante. Les propriétés physico-chimiques du sol ont été déterminées à partir de 28 parcelles : 4 parcelles pour chacune des sept classes choisies selon leur degré d’abandon, allant du terrain en culture jusqu’à des terrains abandonnées depuis plus de 40 ans. Les mesures ont permis de conclure qu’une période de 11 à 30 ans permettait au sol de retrouver sa fertilité, ce qui suggère que les agriculteurs

devraient attendre 10 ans minimum avant d’entreprendre un nouveau cycle de culture, mais que 20 ans assureraient une quantité d’éléments nutritifs meilleure. Cependant avec l’augmentation de la population, de plus en plus de terres sont nécessaires et une telle période sans culture serait passablement longue pour les fermiers. Pourtant, un temps de jachère plus court mènerait la terre vers un état d’infertilité irréversible. Il est donc essentiel de sensibiliser les paysans sur les autres modes de culture plus durables qui sont à leur disposition.

Afin de mieux comprendre les traditions et les coutumes liées à l’agriculture sur brûlis, j’ai également interviewé 22 cultivateurs de la région. Accompagnée d’un guide et d’un traducteur, je me suis rendue dans plusieurs petits villages où j’ai questionné les habitants sur leurs cultures et les méthodes qu’ils utilisaient. Il ressort de ces interviews que les fermiers sont dans une situation extrêmenent précaire. Ils ne disposent que du minimum vital et produisent la nourriture nécessaire à la survie de leur famille. Ils aimeraient pouvoir posséder plus de terres et produire un peu plus, mais ils n’ont la plupart du temps pas assez d’argent pour la procédure

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22 point sud - n°40 avril 2012

administrative d’acquisition de nouvelles parcelles, elle-même couteuse et laborieuse. Ils sont très attachés à leurs traditions et pratiquent l’agriculture sur brûlis depuis de nombreuses générations.

« les fermiers locaux sont dans

une situation extrêmement

précaire et ne produisent que la

nourriture nécessaire à la survie

de leur famille »

Cette étude de terrain à Madagascar aura été une très bonne expérience. J’ai pu découvrir le mode de vie de la population locale et me rendre compte de tous les problèmes reliés à la culture sur brûlis. Le travail que j’ai effectué a été envoyé au CNFEREF (Centre National de Formation, d’Etude et de Recherche en Environnement et Foresterie) de Morondava, qui est en collaboration avec l’ETHZ et qui, entre autres activités, se charge de transmettre les programmes de recherche et leurs résultats. Si vous avez l’opportunité de réaliser un stage avec Ingénieurs du Monde, je vous le recommande vivement! C’est une expérience exceptionnelle et très différente de celle qui consiste à juste partir en vacances dans un pays. En travaillant sur place, vous êtes directement en contact avec les populations et les autorités locales, ce qui vous permettra sans doute par la suite d’avoir une meilleure compréhension de l’organisation et des mœurs du pays. •

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23point sud - n°40 avril 2012

> Actualité

Une coutume sanglante aux Iles Féroe

gens sortent alors leurs couteaux et les abattent. Il faut prendre conscience que ce massacre collectif, qui a lieu dans une ambiance festive, est une véritable tradition dans ces î les, à tel point que les enfants même y participent, étant mis spécialement en congé afin de pouvoir y assister. Dès le plus jeune âge, on leur montre ce spectacle, en leur promettant que lorsqu’ils seront grands, ils pourront eux aussi se baigner dans cette mer de sang. En attendant, ils se promènent sur la plage et sautent sur le dos des globicéphales agonisant. Au XXIème, il y a toutes les raisons de s’indigner contre ce rituel révoltant.

les î les Féroé sont très peu visitées, mais ne sont pourtant pas très loin de la France et de l’Angleterre… Le Danemark aurait signé des engagements pour la sauvegarde des mammifères et condamnant ainsi ces actes. Mais ces î les ayant une certaine autonomie politique, ces massacres se poursuivent encore aujourd’hui, malgré les directives européennes signées par le Danemark ,mais dont l’application dépend du gouvernement local. Ce genre d'actions "traditionnelles" est autorisé par le gouvernement local des Féroé dans 21 baies dépendantes de dix-sept villages, bien que les globicéphales soient strictement protégés par les conventions internationales…•

Par Jill Conzade

Les î les Féroé forment un archipel d’une quinzaine d’î les, à mi-chemin entre l’Ecosse et l’Islande. Ce territoire, ancienne colonie Viking et toujours dépendant du Danemark, est surtout connu pour ses activités rituelles ancestrales. Fait peu connu, chaque année y a lieu une mise à mort de milliers de dauphins Calderon appelés "globicéphales". Presque deux milles individus de cette espèce y seraient massacrés avec barbarie et ce gratuitement. Cette tuerie se répète chaque année sans que les choses ne bougent. Qui aurait pu imaginer qu’à notre époque, de tels rituels sanguinaires existaient encore ? Comment expliquer cette boucherie d’une cruauté incontestable ?

Il s'agit d'une ancienne tradition : les habitants des î les Féroé prouvent leur virilité au cours de cette pratique qui aurait 1000 ans d’existence. Cette tradition appelée “grindadráp” remonte au XVIème siècle, une époque où l’on ne se savait pas que les globicéphales constituent une espèce sensible et intelligente. Ces descendants des Vikings disent perpétuer cette pratique “traditionnelle” censée marquer l’entrée dans l’âge adulte des jeunes Féringiens. Ils se justifient aussi en prétendant se procurer de la viande pour leur alimentation. Ces espèces sont des proies faciles. Ils sont certes intelligents mais ne conçoivent pas la cruauté dont font preuve les humains et laissent la curiosité les gagner lorsqu’ils les aperçoivent au bord du rivage. les jeunes

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Sources : Marianne du 6 Novembre 2008 : "Iles féroé : le massacre des dauphins pour le fun" www.dauphinlibre.be/feroe.htm

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> Actualité

Exposition « L'Autre côté du Monde »

« "Cinquante ans d'humanitaire en

Suisse" aborde le rôle des médias,

de l'argent, des motivations

personnelles dans le travail

humanitaire »

Le financement des actions humanitaires est fondamental et doit être géré avec soin. En 2004, après le Tsunami en Asie du sud-est, Toni Fish de la DDC (Direction du développement et de la coopération) raconte que l'organisation a fourni entre 1000$ et 2500$ par foyer pour

Par Michaël Claude

En mars dernier avait lieu à Genève l'exposition itinérante "Cinquante ans d'humanitaire en Suisse". Des bornes interactives-vidéos étaient installées afin de pouvoir naviguer librement d'un sujet à l'autre, comme le rôle des médias, la neutralité, les financements, l'aide au développement ou les motivations à partir en mission humanitaire.

les médias sont, dans toutes les guerres, une arme redoutable, décidant du lieu et de l'intensité d'un conflit. Ce sont les yeux du public et ils prennent toujours parti. C'est bien pour cela que nous aurions tort de prendre les récits des médias au pied de la lettre, et qu'il n y a que sur le terrain que l'on peut vraiment se faire une opinion plus objective. Selon ses propres statuts, le CICR est un espace de neutralité entre les deux camps. De chaque côté se trouvent des gens avec des idéaux louables et des monstres. La tâche difficile qui incombe à la Croix-Rouge est de négocier cet espace de neutralité entre les deux belligérants. l'aide humanitaire doit être neutre. Cependant, des organisations comme Amnesty International ou MSF (Médecins sans Frontières) ne le sont pas, elles prennent ouvertement parti et jugent qui est la victime d'un conflit. Amnesty est polémique, le CICR est discret, les deux sont complémentaires. Pour effectuer sa tâche la Croix-Rouge doit respecter l'esprit de la neutralité et son code. Ceci lui permet d'intervenir dans les deux camps sans parti pris, ce qui augmente son efficacité durant un conflit car elle n'est perçue ni comme alliée, ni comme ennemie. Un problème que pose cette neutralité est qu'en soignant des militaires dans les deux camps, elle permet aussi de fournir de la nouvelle chair à canon et ainsi de faire perdurer la guerre. Ceci dit, la mission de la Croix Rouge n'est pas de faire arrêter une guerre, mais de fournir une aide humanitaire à toutes les victimes de celle-ci. L'armistice d'une guerre doit être obtenue par d'autres instances comme l'ONU ou les diplomates des pays concernés qui seront eux informés de la réalité du terrain par des organisations comme Amnesty ou MSF.

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25point sud - n°40 avril 2012

la reconstruction de leur maison. Ainsi, plus de dix milles familles ont pu bénéficier de cette aide financière, les étapes de construction étaient suivies et photographiées, l'argent était lui aussi distribué petit à petit, afin de vérifier que l'argent serve réellement à la reconstruction. Cette action a été un succès pour la DDC. Mais l'argent n'est pas toujours versé sans conditions, une majorité des pays de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) pratiquant "l'aide-lié". Olivier Berthoud de la DDC, affirme que seuls la Suisse et les pays scandinaves n'ont pas recours à cette pratique. L'aide-lié est une sorte de contrat qui lie le bénéficiaire de l'aide financière à son donateur. Par exemple, si un pays finance un projet de construction de silos à grains, il demandera que le zinc soit acheté dans son pays. C'est une façon de faire du chantage économique. L'aide-lié ne devrait pas être pratiquée, l'humanitaire ne se fait pas sous conditions. C'est d'autant plus absurde si les matériaux de construction sont présents dans le pays aidé.

« Pour effectuer sa tâche la Croix-

Rouge doit respecter l'esprit de

neutralité [...], ce qui augmente

son efficacité durant un conflit

car elle n'est perçue ni comme

alliée, ni comme ennemie. »

Un exemple réussi d'aide au développement est la vache du Kerala en Inde. Martin Menzi (DDC) est parti en 1968 pour 10 ans dans le but de faire produire plus de lait aux vaches indiennes. Il effectua donc un croisement par insémination artificielle entre les vaches locales et un taureau suisse. les premiers veaux naquirent et ils baptisèrent cette nouvelle race « Sunandini », du nom de la mère de l'abondance dans la mythologie indienne. Cette vache produit plus de lait et a permis une amélioration du niveau de vie de la population, avec la possibilité de vendre le surplus de lait. Un autre exemple moins fructueux est celui des chèvres du Toggenburg (Saint-Gall) sur l'î le de Lefkas en Grèce. Aucun croisement n'a été fait, on a simplement amené les chèvres sur place car elles produisent plus de lait que le chèvres locales. Le problème survint très vite, les bêtes n'étaient pas adaptées au climat et à la flore locale trop épineuse. On a donc construit des étables sèches abritées du vent et

de l'humidité pour y mettre les chèvres. Les gens trouvant ces étables bien plus confortables que leurs maisons, y emménagèrent et mirent les chèvres dans leurs anciens domiciles. Le problème était donc loin d'être réglé.

Quelles motivations peuvent pousser quelqu'un à partir en mission humanitaire? Pour Al Imfeld, elle vient de son héros d'enfance le docteur Albert Schweitzer. Il fait ses études de médecine dans l'unique but de partir pour l'Afrique rejoindre le célèbre médecin. En arrivant sur place, c'est la déception face à ce docteur qui prend les autochtones pour des enfants, qui se comporte comme le chef du village et qui, n'arrivant pas à différencier les habitants, va même jusqu'à les numéroter! Al Imfeld rentre déçu, et ne fera plus aucune mission humanitaire.Une autre motivation pour apporter son aide à l'étranger est souvent le côté romantique et exotique de la démarche, il y a quelque chose d'héroïque à partir à l'autre bout du monde. Les véritables héros ne seraient-ils pas ceux qui, silencieusement, aident les démunis dans leur propre pays? En 1964, Jean Ziegler s'adresse à Ché Guevara en visite à Genève en lui proposant son aide à Cuba contre l'hégémonie américaine. Le Ché lui répond : « Jean, c'est à Genève que le monstre est, tu dois rester à Genève. » C'est en effet dans l'antre du capitalisme qu'on le combat le mieux, même s'il semble beaucoup plus glorieux de faire la révolution à Cuba. Il en va de même pour la question humanitaire.

Aujourd'hui les mentalités ont évolué. nous sommes passés d'aide unilatérale en 1960 à la coopération, mais beaucoup d'acteurs de l'aide humanitaire ont encore à l'esprit les concepts des années soixante. Il est important de faire en sorte que celui qui reçoit soit impliqué. Auparavant, on partait plus par vocation que par choix réfléchi, et la vocation a une connotation morale, elle vient de la foi pure et dure et peut être une idée dangereuse. Mais laissons conclure Martin Menzi: « ce qui compte c'est le temps, l'engagement individuel, la confiance réciproque et se

Sources : www.humem.ch/cms/

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26 point sud - n°40 avril 2012

> Réflexion

Anamnèse d'un songe

Par Naïg Chenais

Le subconscient est comme une poignée de riz pas cuit : il absorbe l’humidité fétide de l’air ambiant. D’où surgissent-ils, ces rêves, ces hommes, ces femmes, ces théâtres ? Au réveil on aurait presque honte de tant de vraisemblance. Leurs traits bien qu’éteints nous ont lais-sés la conviction que c’était eux. Le songe est le monde des possibles, comme ces livres d’enfants qui nous amusaient tant parce que nous pouvions choisir les chapitres à venir. C’est du conditionnel électrique, vous êtes en sueur dans l’immatériel. Parfois vous ouvrez les yeux, un impercep-tible papillon de cils, et vous voilà de nouveau en apnée dans le décor mi-éprouvant mi-intriguant de votre imagi-naire. Il subsiste malgré tout une forme d’éveil clairvoyant, qui questionne depuis son fauteuil, analytique et acerbe, en plongée cinématographique omnisciente au-dessus des studios où les machinistes du subconscient s’en donnent à cœur joie. Il pointe du doigt une silhouette : que fait-il là celui-ci ? pourquoi celle-là ? en suis-je sûr ? que veux-je penser? Mais une fois n’est pas coutume, les rôles s’inversent, et c’est le moi quotidien de chair qui se trouve réduit en ob-servateur impuissant d’un moi de craintes, en troisième œil prisonnier dans un étau physique. le regard du moi de songes lui apparaît comme au travers de jumelles : il est loin, devine le cadre noir indicateur des frontières du monde virtuel, pressent que l’image en son milieu est

un caléidoscope d’idées, mais pourtant la voit, réelle de sensations. Et ne sait s’il doit y croire. C’est le monde du Doute.

« Les rôles s'inversent et le

moi quotidien de chair se

trouve réduit en observateur

impuissant»

Et puis soudain il meurt, la bulle éclate, et ne restent plus que les particules perfides que le rêve a brassé. Les pous-sières de réalité que l’on croyait avoir balayé, la crasse incrustée sur les murs que l’on ne voit plus par habitude, mais que la vapeur des songes détache en coulées noires. Et le matin elles sont là sur le sol. Ce n’était qu’un rêve. Mais la distinction est trop mince. La puissance machiavé-lique de nos propres pensées, leur fonctionnement auto-nome et hostile, ingrate envers leur Mère Conscience, dé-range. Mais qui cela peut-il bien être, celui qui pense dans mes nuits ? -•

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point sud - n°40, avril 2012

> Culture

Nul besoin d’être un grand spécialiste en Lettres pour pouvoir apprécier ce classique de la littérature de voyage. Considéré par certains comme un chef d’œuvre littéraire magnifique-ment écrit, par d’autres comme un témoignage historique du début du XXème siècle, ou simplement comme une ode à l’audace, l’insouciance et la liberté, ce livre a quelque chose à offrir à tout le monde.

« L'Islam appelle cela "les racines du ciel" [...], un besoin de protection auquel les obstinés comme Morel cherchent à échapper par des pétitions, des comités de lutte et des syndicats de défense – ils essaient de s'arranger entre eux, de répondre eux-mêmes à leur besoin de justice, de liberté, d'amour – ces racines du ciel si profondément enfoncées dans leur poitrine. » Les Racines du Ciel relate l’aventure morale et humaine de Morel, un curieux misanthrope émigré au Tchad, alors faisant partie de l’AEF (Afrique Equatoriale Française ), décidé à livrer un combat titanesque et insensé pour la sauvegarde des éléphants. Autour de lui gravitent des personnages

On y découvre les récits de Blaise Cen-drars à différentes époques de sa vie, toujours en voyage, toujours enthou-siaste et fasciné par le monde qui l’en-toure. Chaque chapitre, nommé d’après un port européen, est un point d’an-crage temporel ou spatial. A partir de celui-ci, le lecteur voyage avec l’auteur, vit ses aventures et découvre au fil de descriptions parfois crues, humoris-tiques, directes, fines ou vivantes une autre conception de la vie, une autre époque et d’autres lieux. Cette profonde liberté recherchée et assumée que le livre exprime en toute occasion fait du bien, rafraîchit l’esprit et appelle des questions essentielles. Pourquoi vou-lons-nous sans cesse plus, poursuivant la productivité ? Les principes dirigeant nos vies sont-ils réellement nôtres ?

Bourlinguer, Blaise Cendrars (1948)

Les racines du Ciel, romain Gary (1956)

La Colline aux Coquelicots conte l'histoire d'Umi et Shun, deux adolescents réservés mais déterminés, qui se voient éprouver une attirance certaine l'un pour l'autre. Umi incarne le courage, se vouant aux autres, s'investissant pour sa famille et la communauté, se noyant dans diverses tâches afin d'oublier le départ prématuré de son père, un marin s'en étant allé un jour, hélas jamais revenu. Shun lui, lutte pour ses idées, n'hésitant pas à débattre, manifester, dénoncer par le biais du journal de l'école. En-semble, ils luttent pour la conservation du quartier latin et partent accidentellement sur les traces de leur passé commun. Les thématiques ne relèvent pas d'une franche innovation mais restent néanmoins des sujets chers à la culture japonaise. Les personnages, le décor, les paysages, le trait très épuré, l'éclat des couleurs et le style effacent bien vite les faiblesses du scénario. Rappelant le travail de son père, Hayao Miyazaki, c'est un film plein de poésie et de finesse que Goro Miyazaki nous livre, et qui ne manquera pas de toucher le spectateur. -gAëlle MiNger •

La Colline aux Coquelicots, un film de Goro Miyazaki (2012)

Apprécions-nous les personnes qui nous entourent pour leur compagnie ou pour ce qu’elles sont vraiment ? A défaut d’y répondre, le récit amène des pistes de réflexion alternatives, intéres-santes et cohérentes. Au fil de la lecture, certains thèmes ré-currents sont abordés sous différents angles, apportant à chaque fois un point de vue distinct et complémentaire aux autres. la liberté, par exemple, est décrite comme une chose rare et coû-teuse, mais paradoxalement à la portée de tous. Blaise Cendrars a décidé d’en payer le prix, en argent, en sacrifices, en confort, en sécurité… Quant à nous, tout dépend de ce que nous sommes prêts à laisser derrière. -ChArleS MArMy •

blessés : Minna, la serveuse allemande, un photographe américain cynique, un naturaliste danois, un militaire américain désho-noré, ou encore Waïtari, chef du mouvement indépendantiste rebelle. Si l’éventail des personnages évoque un récit picaresque et frivole, il n’en est rien : Les Racines du Ciel est un cri à l’humanité, la vision utopique et désespérée d’un homme qui croit dur comme fer au genre humain et aux ressources de générosité et de respect qu’il recèle, l’aventure d’une résistance, d’un véritable maquis combattant pour les éléphants et le droit à la marge. Que l’on ne s’y trompe pas : Romain Gary précise lui-même que les éléphants de son roman ne sont «nullement allégoriques : ils sont de chair et de sang». Dès lors, l’association récurrente entre le combat physique pour la sauvegarde écologique et le combat moral pour la dignité humaine trouve son origine dans l’histoire du héros Morel, rescapé des camps et de l’oppression nazie. Romain Gary, à travers ses personnages singuliers et taciturnes, obsédés par leur passé et leur rêve insensé, crée un climat de solitude criante, la solitude de l'être hu-main, son aspiration à l’infini, sa tristesse qui ne pourront être comblées que par quelque chose de plus grand, de plus noble : les éléphants. Ajoutez à cela la main de fer entre les idéaux européanisant progressistes forcenés des jeunes partisans rebelles et ceux des défenseurs de l’humanité nue, de la nature et de la "marge humaine" et vous aurez une idée du climat grisant et dévastateur dans lequel vous emporte ce livre. - NAïg CheNAiS •

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Le saviez-vous...?

Il existe en Chine une véritable fraude à la facture. En effet, il suffit de présenter à son entreprise une facture 办公用品 (ban4 gong1 yong4 pin3 = « matériel de bureau ») pour se faire rembourser ses achats.Jusque-là, rien d’aberrant, sauf que l’on peut demander à la caisse des supermarchés une facture 办公用品 pour ses courses de la semaine ou son nouvel équipement de golf ! Alors des petits malins vous sautent dessus pour vous chiper vos tickets de caisse à la sortie des supermarchés, et filent en faire des factures 办公用品 pour les revendre.

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