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Magazine édité et publié par Ingénieurs du Monde EPFL - http://idm.ep.ch/ Avril 2011 DOSSIER L'implantation de la Chine en Afrique INTERVIEWS Une étudiante au coeur de la révo- lution égyptienne SEMAINE DU MONDE Aérez-vous l'esprit ! STAGES Intéressé(e) par la coopération ? 9 nouveaux stages disponibles n°37 regards sur le monde Dominique Faivre

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Point sud 37

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Page 1: Point sud 37

Magazine édité et publié par Ingénieurs du Monde EPFL - http://idm.epfl .ch/Avril 2011

DOSSIERL'implantation de la Chine en Afrique

INTERVIEWSUne étudiante au coeur de la révo-lution égyptienne

SEMAINE DU MONDEAérez-vous l'esprit !

STAGES Intéressé(e) par la coopération ? 9 nouveaux stages disponibles

n°37

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sommaire

2 point sud - n°37 - avril 2011

Contact: Point Sud - Regards surle monde - EPFL - Ingénieurs du Monde, case postale 80, 1015 Lausanne http://idm.epfl .ch/

Numéro 37: Avril 2011, 350 exemplaires.

Pour plus d’informations : idm@epfl .ch

Avec le soutien de : EPFL, DDC, FEDEVACO

L’opinion exprimée dans les articles n’engage que leurs auteurs.

IMPRESSUM

Rédaction: Eleanor Berry, Aïdatou Sakho, Stanislas de La Rivière, Alexandra Barraquand, Naïg Chenais, Xavier Bellagamba, Chloé Rivière, Guillaume Rérat, Julien Waehlti,

Léandre Del Giudice, Delphine Schuep-bach, Ariane Schertenleib, Juliana León, Jan P. Robra, Baptiste Pretre

Ligne graphique : Marc-Olivier Métrailler

ÉDITOAprès la forme, le fond

CE QUI SE FAIT À IdMProjet RESCIFProgramme de la Semaine du Monde

DOSSIER: LE DRAGON ET LA GAZELLELa Chinafrique, une amitié en puissanceAfrique : la conquête de l'Ouest revisitée à la sauce chinoiseLa Chine mène-t-elle l'Afrique à la baguette ?

PROPOSITIONS DE STAGESCamerounBurkina FasoRépublique Démocratique du Congo

Le Sichuan, un autre regard sur la Chine

Palestine

RETOURS DE STAGESDe l'air irrespirable à BogotaDeux mois dans la brousseDes e-déchets à débarrasser

INTERVIEWSLa révolution égyptienne vue de l'intérieur par une étu-diante britanniqueLe mariage de deux mondes : commerce et humanitaireDes étudiantes s'engagent : la révolution du micro-crédit.

LE SAVIEZ-VOUSUn moyen de paiement original en Micronésie

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éditoPar Guillaume Rérat

3point sud - n°37 - avril 2011

Monde, agencée du 18 au 21 avril, IdM va collaborer avec le projet RESCIF, programme de coopération rassemblant les meilleures universités technologiques de langue française. Ces deux évènements ont et vont contribuer à garder le dynamisme présent dans notre association, en permettant une responsabilisation importante de chacun de ses membres.

Mais le but principal de Point Sud est et reste de vous permettre de vous impliquer vous-mêmes dans des projets de coopération, à travers les divers stages proposés. Les neuf supplémentaires décrits dans ce journal font monter à treize les opportunités que vous pouvez saisir pour vous lancer dans un projet qui vous apportera à la fois les compétences techniques propres à tout stage, avec l'avantage d'être accompagnées ici d'une forte dimension humaine.

De plus, la palette des sections concernées ne cesse de s’agrandir, permettant maintenant aussi à des étudiants en électricité, microtechnique ou informatique d’effectuer des stages dans un pays du sud.

Le fait d’être étudiant permet de garder ouvertes un maximum de portes, qui seront peut-être closes au moment de notre entrée dans le monde professionnel. Poussez donc l’une d'entre elles !

PS : En parlant de porte, celle du bureau d’Ingénieurs du Monde, au bout du CM, reste toujours ouverte. Si notre univers associatif vous intéresse, n’hésitez pas à venir nous voir… •

Voici enfi n le premier numéro 2011 de Point Sud. Après les nombreux bouleversements graphiques de la dernière édition, nous avons cette fois décidé de nous axer nettement plus sur les textes.

En effet, ce journal doit permettre à ses rédacteurs de s’échapper des protocoles mathématiques et de prendre le temps d'effectuer des recherches sur des sujets qui les intéressent, tout en travaillant avec la rigueur suffi sante pour garder un maximum d’objectivité.

De plus, cela permet d’écrire, tout simplement, action souvent trop mise de côté dans notre cursus scientifi que. Et c’est parfois à ce moment-là que l’on remarque que l’orthographe aussi, ça s’oublie…

Afi n de mettre à exécution ces bonnes résolutions, nous vous proposons un dossier sur l’implantation de la Chine en Afrique et ses effets, autant économiques que sociaux. D'autre part, une section du journal est maintenant dédiée aux interviews, afi n de permettre à des personnes actives dans la coopération ou simplement proches des pays du sud de dévoiler une partie de leur vie.

Cette édition nous permet aussi de vous présenter les principales actions effectuées par IdM durant ce premier semestre 2011. En plus de la traditionnelle Semaine du

Après la forme, le fond

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> Événement

Ce qui se fait à IdMLe RESCIF, accélérateur francophone de l’in-novation technologiquePar Julien Waehlti, Président

Un programme unique de coopération rassemblant les meilleures universités technologiques de langue fran-çaise est en cours de création : le RESCIF (Réseau d’ex-cellence des sciences de l’ingénieur de la Francophonie). C'est l’une des trois initiatives principales lancées par la Confédération suisse à l’occasion du 13ème Sommet de la Francophonie, qui s'est déroulé à Montreux du 22 au 24 octobre 2010.

Formule unique de par sa philosophie, son ampleur et sa dimension linguistique, ce programme a pour enjeu princi-pal d’apporter des réponses concrètes aux problèmes d’eau, de nutrition et d’énergie qui se posent à travers le monde.

Initiée par l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), forte d’une expérience de 40 ans dans les par-tenariats scientifiques nord-sud, le RESCIF réunit cinq autres universités technologiques francophones de pays développés – Paristech (France), l’Université catholique de Louvain (Belgique), l’Ecole polytechnique de Montréal (Canada), l’Ecole Normale Supérieure de Lyon (France) et l’Institut polytechnique de Grenoble (France) – et huit uni-versités francophones de pays émergents parmi les plus reconnues sur la place scientifique mondiale. Il s’agit de l’Ecole Mohammadia d’ingénieurs de Rabat (Maroc), l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé (Came-roun), l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar (Séné-

gal), l’Institut international d’ingénierie en Eau et Envi-ronnement 2IE d’Ouagadougou (Burkina Faso), l’Université St-Joseph de Beyrouth (Liban) et l’Institut polytechnique d’Ho-Chi-Minh-Ville (Vietnam).

Le RESCIF prévoit également un appui à la reconstruction de l’Université d’Etat et de l’Université Quisqueya en Haïti, détruites suite au tremblement de terre de 2010.

Les premiers projets estampillés RESCIF verront le jour dans le courant de l'année 2011. Trois axes ont été déter-minés, à savoir les échanges d’étudiants autour de forma-tions communes, la mise en place d’équipes de recherche et de laboratoires communs dans les pays émergents, et le développement de partenariats avec des entreprises.

De par son implication dans la recherche et l’aide dans les pays du Sud, Ingénieurs du Monde (IdM) s’est vu proposer de participer à ce projet.Le président et vice-président d’IdM ont donc été invités à présenter les activités de l’association et à participer à un tour de table lors de la « Réunion de travail inaugurale des Présidents du RESCIF » prévue le 14 et 15 avril 2011 entre Lausanne et Genève. Celle-ci devrait permettre notam-ment de définir la première action scientifique du RESCIF dès l’été 2011, centrée autour des étudiants des universi-tés membres, sous l’égide de l’association Ingénieurs du monde… Affaire à suivre ! •

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Programme complet de la Semaine du Monde, qui se déroulera du 18 au 21 avril 2011Delphine Schuepbach, Léandre Del Giudice, Julien Waehlti

L’association Ingénieurs du Monde (IdM) organise des activités tant sur le campus qu’à l’interne pour offrir aux étudiant(e)s une ouverture sur les pays émergents du Sud et de l’Est, par l’intermédiaire de différents moyens. Comme chaque année, la Semaine du Monde permettra de porter un regard sur divers aspects de ces pays.

IdM a pour vocation principale d'encourager et de promouvoir la coopération internationale, de sensibiliser le corps professoral et estudiantin aux problèmes de développement dans les pays émergents et de servir de plateforme d'échange entre le monde académique et les divers acteurs de la scène internationale.

La Semaine du Monde, un des événements phares de l’association, se tiendra du 18 au 21 avril et aura pour but d’animer le campus EPFL à travers une multitude d’activités… de quoi offrir à tout un chacun une certaine ouverture d’esprit et de découvrir de nouvelles perspectives et points de vue sur le monde actuel !

Voici un bref descriptif de ce que vous pourrez trouver tout au long de cette semaine :

Une exposition photo sera installée dans le hall du CM durant l’intégralité de l’évènement. Quelques étudiants nous ont fourni des images des familles, habitations et moments forts de leurs voyages ou stages IdM. Ceci permettra de mieux se rendre compte de la diversité des lieux de vie et de se plonger quelques instants dans un contexte autre que le train-train quotidien EPFLien.

Mardi 19 avril, à 19h15 en SG1, la soirée sera dédiée à la projection du film Benda Bilili, réalisé par Renaud Barret et Florent de La Tullaye. Basé sur une histoire vraie, il raconte l'histoire d'un groupe de musique de Kinshasa composé de personnes atteintes de poliomyélite, écumant la ville sur des fauteuils roulants « customisés », mais qui deviendra le meilleur orchestre du Congo.

Mercredi 20 avril, un concert sera organisé à Satellite. Nous commencerons la soirée avec Anach Cuan, un groupe interprétant de la musique celtique irlandaise, bretonne ou encore anglaise. Ce folk ne devrait laisser personne

en place. Puis nous enchainerons avec Jackson Wahengo, dont la musique se rapproche plus du reggae et de l’afro-pop.

Outre ces soirées, cette semaine permettra à l’association de montrer ses différentes activités puisque celle-ci fait aussi office de plateforme entre des ONG et les étudiants afin de leur offrir des stages dans des pays émergents du sud et de l’est. Sans oublier les possibilités d’obtention de bourses couvrant billet d’avion, visa et vaccins !Mardi midi, en CM3, des anciens stagiaires IdM auront justement l’occasion de présenter leur travail et de partager leurs expériences vécue sur place.

Nos papilles gustatives seront éveillées durant les repas de midi par des repas camerounais et tunisiens. Soyez à 12h00 tapantes sur l’esplanade pour profiter de ces nouvelles saveurs. Différentes associations seront aussi sur place pour présenter leurs activités.

Nous espérons vous voir nombreux durant cette semaine et en attendant, vous pouvez toujours vous rendre sur www.idm.epfl.ch/sdm, nous contacter sur [email protected] ou passer au bureau dès que le cœur vous en dit. •

Semaine du Monde

Lundi 18 au Jeudi 21 avril

Programme :Expo photo - Conférences - Cuisine du Monde -

Présentation de stages -

Concert - Film -

Lundi 18 au Jeudi 21 a

Présentation de stages -

Concert - Film -

By: Ingénieurs du Monde

Sur le campus de l’EPFL

Entrée gratuite

Plus d’infos: http://idm.epfl .ch/sdm

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> Dossier

La Chinafrique, une amitié en puissance

Par Naïg Chenais

Et si la Chine était en train de ramener l’Afrique au centre de la géopolitique mondiale ? Ces 5 dernières années, la Chine a quadruplé ses partenariats avec l’Afrique et s’impose comme le 3ème partenaire commercial des pays africains, juste derrière les USA et la France… décryptage de ce nouvel axe économique contemporain .

Avec un PNB en hausse perpétuelle de 10% chaque année (9.8% pour l’année 2010), la Chine n’est plus désormais une zone d’investissement économique productrice mais a amorcé la transition vers le statut de puissance coordinatrice qui investit, régit et délocalise. Son nouveau fief ? L’Afrique.

Entre 2000 et aujourd’hui, les échanges bilatéraux ont explosé : de 11 milliards de dollars début 2001, ils sont passés à 55 milliards en 2006 puis 126 milliards en 2010 . La Chine est le plus grand partenaire commercial de l’Afrique. Durant les onze premiers mois de l’année 2010, les échanges se chiffraient à 114,81 soit une progression annuelle de 43.5%, a déclaré le ministre chinois du commerce Chen Deming en novembre 2010.

Et si les capitaux s’amoncellent, la présence chinoise sur le sol africain prend aussi de l’ampleur. Selon le site web de The Guardian, la diaspora chinoise en Afrique représente aujourd’hui près d’un million de personnes,

contre moins de cent mille en 2001. Petits investisseurs qui viennent tenter leur chance, main d’œuvre importée en masse pour un chantier... Le total reste encore modeste, mais sa progression est continuelle.

« Malgré l’étendue de son

territoire, la Chine se voit dans

l’insuffisance de subvenir à ses

appétits de croissance par ses

propres ressources naturelles. »

De nombreux facteurs d'ordre économique et politique expliquent l'intérêt déclaré de la Chine pour le continent africain.

Malgré l’étendue de son territoire, la Chine se voit dans l’insuffisance de subvenir à ses appétits de croissance par ses propres ressources naturelles. Les productions de matière première sont assez casanières et/ou spécialisées et destinées à l’importation dans les pays occidentaux (terres rares, néodyme pour la fabrication d’éoliennes) . En clair, l'économie chinoise a besoin de fer, de cuivre, de nickel, de cobalt, de bauxite,

Le dragon et la gazelle

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d'uranium, de bois, de coton, et de pétrole. Déjà 25% du pétrole consommé en Chine provient d'Afrique. Il est en effet « de bon ton » de vouloir diversifier ses sources d’approvisionnement pour ne pas être en position de trop grande faiblesse lors d’une flambée des cours. La Chine est donc d’ores et déjà le deuxième importateur de pétrole africain, derrière les Etats-Unis. Un quart des barils produits en Angola et plus de la moitié de ceux produits au Soudan partent pour la Chine. Les compagnies chinoises se pressent autour des nouveaux gisements dans le golfe de Guinée, en Mauritanie, au Niger ou dans l'océan Indien. A Lagos, le gouvernement chinois a obtenu quatre licences d'exploitation pétrolière. A Nairobi, il a obtenu les droits d'exploitation d'un domaine de 115 000 kilomètres carrés dans l'océan Indien.

Mais la Chine s'intéresse également au marché africain. Le créneau est idéal : le pouvoir d’achat local est insuffisant pour donner accès aux produits européens, la production d’objets manufacturés quasi inexistante, et les besoins se portent sur des objets simples. Les produits chinois basiques et bon marché y sont les bienvenus : 87% des importations africaines en provenance de Chine sont des produits manufacturés. Autre avantage : les exigences de qualité ne sont évidemment pas les mêmes qu’en Europe, en particulier pour les constructeurs automobiles :les voitures chinoises ayant échoués aux crash tests européens se vendent à merveille en Afrique du Sud, en Egypte ou au Soudan.Aujourd’hui, sur les marchés, les produits courants sont « made in China » : ustensiles de cuisine, textiles, outillage électrique, etc..

L'offensive chinoise s’étend sur 49 pays, dans différents secteurs comme les travaux publics, les télécommunications ou les produits manufacturés de base. Les entreprises chinoises pratiquent des coûts inférieurs de plus de 50% à ceux des compagnies européennes et notamment françaises, qui se trouvent donc dans l’impossibilité de rivaliser. Des centaines de millions de dollars sont déversés sous forme de prêts préférentiels ou d’assistance technique, en échange de contrats de mises en valeur des ressources énergétiques ou minières et d’aménagement du territoire. Ainsi plus de 6000 km de routes nationales, 3000 km de voies ferrées, et de nombreux hôpitaux, stades, écoles, ont étés construits par des sociétés de BTP chinoises.

Un atout majeur de la séduction chinoise est son non-alignement à l’Occident et sa relative désinvolture éthique. Prêts sans conditions, rejet de l'ingérence, « allègements » de dettes, Pékin met en avant son propre modèle de développement, dissociant complètement économie et

politique. Le discours chinois qui prône une relation « gagnant-gagnant » se démarque de l'Occident « donneur de leçon » et séduit. La Chine est d’ailleurs montrée du doigt pour ce qu’on qualifie de « diplomatie du carnet de chèque » : sa générosité va souvent à l’encontre des règles établies par le FMI et la Banque mondiale, et elle ferme volontiers les yeux sur la politique de ses partenaires, faisant fi des codes de conduite de l’OCDE. Les investissements chinois assurent entre autre la survie de régimes vilipendés comme le Soudan ou le Zimbabwe. La nouvelle percée chinoise en Afrique ne laisse pas indifférent les partenaires traditionnels de l'Afrique, désormais dépassés. Mauvaise foi ou controverse fondée ? Dans tous les cas, les Etats africains ne s’y trompent pas et hésitent rarement entre les prêts à conditions multiples de bailleurs internationaux ou les « cadeaux » chinois. Cependant, il faut nuancer cette image, et préciser que la position de la Chine face au Soudan semble avoir fléchi : elle participe désormais aux missions de la paix de l’ONU sur place, après s’y être fermement opposée des années durant en invoquant la non-ingérence et se contentant des contrats pétroliers…

Côté gouvernemental, tout est mis en œuvre pour favoriser la coopération sino-africaine.L’amitié historique et les passés coloniaux communs sont mis en avant , le président Hu Jintao et son premier ministre multiplient les visites d’État en Egypte, Soudan, Algérie, Zimbabwe... Plus concrètement, un premier sommet sino-africain s’est tenu à Pékin en novembre 2006 réunissant les représentants de la Chine et de 48 pays africains.

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Chiffres de 2008

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Le président chinois Hu Jintao a formulé les objectifs suivants : • L’accroissement du commerce bilatéral jusqu’à 100

milliards de dollars en 2011• L’attribution de 3 milliards de prêts préférentiels et

l’annulation d’ 1 millard de dettes des pays africains.• La subvention de la lutte anti-malaria, la construction

d’hôpitaux et de centres de prévention..• L’attribution de bourses pour les étudiants africains

qui souhaitent venir étudier en Chine. • La création d’un fond de développement

gouvernemental pour encourager les investissements chinois en Afrique.

Objectifs atteints puisque le commerce Chine-Afrique a totalisé 126,9 milliards de dollars en 2010, et que les contrats bipartites ont quintuplé en l’espace de 5 ans, sous l’impulsion des mesures d’incitation prises par le gouvernement.

« Certes important, l'essor de

la Chine en Afrique doit être

relativisé : la part des échanges

avec le continent ne représente

pour l'instant qu'environ 4%

des échanges commerciaux

chinois. »

Effectivement, depuis 2006, une panoplie de mesures financières est en œuvre : prêts sans intérêts, suppressions de taxes, soutiens des banques publiques et surtout du China-Africa Development Fund. Doté à sa création d’un milliard de dollars, il devrait recevoir jusqu’à 5 milliards, selon les objectifs annoncés en 2006.Ce fond d’aide au développement (CADFund) sélectionne des projets d’investisseurs particuliers et leur fournit les soutiens financiers nécessaires, ainsi que les repères dans le pays. Il s’agit d’une aide ponctuelle à l’installation, le CADFund se retire une fois l’entreprise implantée, ce quipermet de réinvestir rapidement dans un nouveau projet, dans une politique multiplicative et d’échelle locale.

Selon ses statuts, « les projets d’infrastructures, comme la desserte en électricité ou autres besoins énergétiques, transports, télécommunications, eau courante, drainage », « les ressources naturelles, pétrole, gaz, minerais » et « les parcs industriels » sont privilégiés .Selon ces mêmes statuts, le CADFund se réserve également le droit de nommer les directeurs et superviseurs des projets…

Certes important, l'essor de la Chine en Afrique doit être relativisé : la part des échanges avec le continent ne représente pour l'instant qu'environ 4% des échanges commerciaux chinois.

D'autre part, de nombreux risques sont soulignés par les experts internationaux. Les infrastructures pour la production de matières premières ne sont pas fortement créatrices d'emplois . L’OCDE recommanderait plutôt que les pays africains s'équipent aussi de lignes de production de biens de consommation, plutôt que de créer une dépendance aux importations chinoises.

Et si la relation économique se porte bien, les rapports entre chinois et africains ne sont pas toujours aussi faciles… •

Sources : « Chine – Afrique : le dragon et l’autruche », Adama Gaye http://fr.radio86.com/economie-et-environnement-en-chine http://www.cadfund.com HEC eurasia institute, septembre 2007 « Bienvenue en Chinafrique » France5 television www.guardian.co.uk www.Ouestafnews.com

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Afrique : la conquête de l'Ouest revisitée à la sauce chinoisePar Eleanor Berry

Depuis une dizaine d’années, un nombre croissant de Chinois ont émigré vers l’Afrique, jusqu’à atteindre une po-pulation estimée à un million d’individus. Afi n d’expliquer cette forte présence, qualifi ée d'inquiétante par certains médias européens, il faut d’abord comprendre les raisons qui ont poussés ces chinois à abandonner leur nation pour rejoindre des pays totalement différents du leur. En Afrique, une certaine quantité d’entreprises chinoises ont été implantées et sont maintenant gérées par du personnel chinois. Pourtant, il est intéressant de remarquer que tous les immigrés ne sont pas employés par ces entreprises, cer-tains individus ayant su profi ter des lacunes du marché afri-cain pour développer leur propre affaire.

On peut prendre comme exemple ce jeune chinois, Zhang Hao, qui, suivant les conseils de son père qui lui assurait que l’Afrique était le meilleur moyen pour réussir une carrière, a laissé tomber ses études en Chine pour partir en direction de l’Ouganda, en 1999. Là-bas, il a commencé à importer des marchandises chinoises qui étaient plus chères ou introu-vables en Afrique. 12 ans plus tard, il possède un énorme res-taurant, une boulangerie et une entreprise de surveillance, confi rmant ainsi les dires de son père.

« L’Afrique ne représente donc

pas une opportunité que pour

la Chine et son économie, mais

aussi pour des individus isolés. »

En plus des businessmen affutés tels que Zhang Hao, on retrouve aussi en Afrique des Chinois travaillant dans de petites entreprises, ainsi que d’autres présents dans le seul but de voyager. L’Afrique ne représente donc pas une oppor-tunité uniquement pour la Chine et son économie, mais aussi pour des individus isolés.

Néanmoins, si les chinois sont sur le continent africain pour des raisons diverses, il y a certains traits qui se répètent entre les individus. En effet, ils gardent souvent des attaches

profondes à leur pays natal, qui se manifestent de manières différentes. Dans certains cas, ils préfèrent épargner une partie de l’argent qu’ils obtiennent en Afrique, de façon à pouvoir l’investir dans l’immobilier dès leur retour en Chine, même si celui-ci est hypothétique ou lointain. Pour Zhang Hao, cela se manifeste par un refus de prendre le passeport Ougandais, malgré les nombreuses demandes effectués par ce pays. Il est et reste défi nitivement chinois. Enfi n, on peut aussi citer ces grandes entreprises chinoises qui ont amené leurs propres chefs de cuisine pour la préparation de repas traditionnels chinois.

Cette réticence à s’intégrer dans la contrée qui les accueille devient parfois au fi l des ans la cause de friction entre des résidents africains et leurs nouveaux voisins chinois. Au Sé-négal, certains indigènes disent même ressentir du racisme envers les leurs, augmentant encore la frontière entre les peuples.

En fi n de compte, une grande partie des chinois immigrés en Afrique ont eu beaucoup de succès en se construisant des carrières sur le continent. Ils sont perçus comme des gens qui travaillent durs pour gagner suffi samment afi n de faire vivre leurs familles, qu’elles soient en Afrique avec eux ou restées en Chine. L’immigration chinoise en Afrique ne devrait donc pas s’arrêter de si tôt. •

Sources : Rice, Xan. China's economic invasion of Africa. http://www.guardian.co.uk/world/2011/feb/06/chinas-economic-invasion-of- africa.

Malet, Pierre. Sale temps pour les Chinois d'Afrique. http://www.slate.fr/story/8129/sale-temps-pour-les-chinois.

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> Dossier

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auteur de l’article La Chine en Afrique, avantages ou inconvénients pour le développement ?, un des inconvénients sociaux majeurs de ces investissements est que la Chine opère une stratégie de non-ingérence dans les affaires politiques et économiques de leurs pays partenaires africains. En bref elle n’impose aucune législation de transparence dans l’usage des fonds et accepte volontiers de s’implanter dans des pays où les droits de l’homme sont diffi cilement respectés. De plus, Valérie Niquet, directrice du centre Asie de l'Institut Français des Relations Internationales, note que « cette stratégie concerne tout particulièrement des Etats marginalisés, voir quasi-voyous ».

Si on ne peut taxer la Chine d'ingérence, tous les coups sont bons, comme le montre l'ouverture de trois usines de fabrication d’armes légères près de Khartoum.Il faut alors en revenir aux différents événements survenus ces dernières années qui, il est vrai, font penser que le manque de considération sociale de la Chine n’est pas qu’une idée sans fondement.

Déjà aux î les Maurice, on a assisté au démantèlement éclair en quelques mois d’une usine de textile qui a eu pour conséquence le licenciement de centaines d'ouvriers africains « sans préoccupation aucune concernant les conditions sociales de leur départ. »

Un autre problème social est né suite à une trop grande importation de produits manufacturés provenant directement d’usines chinoises et vendus sur le continent africain, en concurrence directe avec les artisans locaux.

Par Alexandra Barraquand

Le 4 avril dernier, le site d’information Africatime annonce qu’un important fabricant de véhicules commerciaux chinois, Foton East Africa, démarrait son activité à Nairobi (Kenya). L’inauguration a eu lieu le jour même dans la capitale africaine, en présence du vice président kenyan Kalonzo Musyoka, réjoui de la confi ance que lui accorde la Chine avec ce nouvel investissement. Celui-ci vient agrandir la liste des quelques 1000 fi rmes chinoises implantées en Afrique depuis 2007.Musyoka a en effet qualifi é la coopération économique pour le développement entres les deux pays de « gagnant-gagnant » et a souligné que les kenyans « trouvent une opportunité de participer pleinement aux projets attribués à des entreprises chinoises. »

Mais que peut-on dire des conséquences sociales et environnementales réelles de ce nouvel engouement de la Chine pour les pays africains ? Le Kenya n’est ni le premier et certainement pas le dernier pays d’Afrique à accueillir des dirigeants et ingénieurs chinois expatriés. Comment les deux cultures totalement différentes parviennent-elles à cohabiter ? Quelles peuvent être les dérives observées plus précisément dans les exploitations minières et pétrolières dans lesquelles des chinois engagent des travailleurs locaux ?

« Un des inconvénients sociaux

majeurs de ces investissements

est que la Chine opère une

stratégie de non-ingérence

dans les affaires politiques et

économiques de leurs pays

partenaires africains. »

Si on en croit Laurent Delcourt, sociologue et historien,

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La Chine mène-t-elle l'Afrique à la baguette ?

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> Dossier

Le vice-Premier ministre chinois Wang Qishan et le vice-président kenyan Kalonzo Musyoka

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On assiste ainsi au foisonnement de petits « Chinatown » dans les centres-villes, proposant toutes sortes de gadgets à des prix défi ant toute concurrence.

Cette situation agace les africains qui expriment leur colère par de violentes réactions d’oppositions : succession de grèves dans les mines zambiennes exploitées par les chinois, enlèvements d’ingénieurs chinois au Nigeria. Ces événements confortent les dirigeants occidentaux dans leur opinion négative de l’implantation chinoise en Afrique.

« Cette politique tend plus

à considérer les dirigeants

africains comme des égaux, bien

loin des traditionnels rapports

de dépendance Nord-Sud que

l’Europe entretient avec l’Afrique

depuis la décolonisation. »

Ce mode de fonctionnement « à la chinoise », comme le qualifi ent les médias européens, n’est cependant pas condamnable sur tous ses aspects. En effet, cette politique tend plus à considérer les dirigeants africains comme des égaux, bien loin des traditionnels rapports de dépendance Nord-Sud que l’Europe entretient avec l’Afrique depuis la décolonisation. Cette attitude fl atteuse fait partie intégrante de la stratégie chinoise, une stratégie visant à sécuriser les différents partenariats mise en place.

De même, la Chine a l'intelligence de ne pas chercher à imposer sa propre culture, les tentatives occidentales du siècle précèdent n'ayant pas été très concluantes. Elle reste consciente des disparités culturelles importantes qui rendent diffi cile une acceptation naturelle. A ce sujet, le premier ministre chinois Wen Jabao a déclaré en 2006 : « Nous ne voulons pas exporter nos propres valeurs et notre modèle de développement. »

Ainsi, soucieuse de s’inscrire dans un dialogue Sud-Sud, la Chine a crée cinq centres Confucius (Kenya, Cameroun, Afrique du Sud, Zimbabwe, Rwanda). Ce sont des centres culturels publics à but non lucratif qui visent à dispenser la culture et la langue chinoise.

Ces centres délivrent des diplômes de langue et soutiennent également des activités d’enseignement locales. Ces branches se soumettent à la loi du pays ou elles se trouvent et à la surveillance du département compétent local.

Le gouvernement chinois a également lancé sa première radio en février 2006 au Kenya, Radio Chine Internationale (RCI) , elle a depuis renforcé encore sa présence sur les ondes en installant en 2010 quatre relais FM au Sénégal (Dakar, Saint Louis, Kaolack et Ziguinchor) et trois autres au Niger (Niamey, Maradi et Zinder). Radio Chine Internationale diffuse en haoussa et en swahili, mais aussi en français, en anglais et, bien sûr, en chinois, langue dont l'apprentissage se développe spectaculairement sur le continent. Ces initiatives ont donc un impact positif sur les relations sino-africaines, et tendent à apaiser les tensions sociales entre syndicats africains et patrons chinois.

Evidemment, l'attitude chinoise ne fait pas l'unanimité, en particulier chez les occidentaux.Selon eux, la Chine, par son détachement, « sape les effets de pression de la communauté internationale.» Mais qu’en est-il si on pousse l’argument aux relations très complices de la France et des occidentaux en général avec des régimes pour le moins peu recommandables en Afrique et au Moyen-Orient ?

Ce n'est pas en tout cas les évènements récents en Afrique du Nord qui viendront contredire le fait que l'Occident s'est souvent satisfait des régimes peu démocratiques, tant que l'on en entendait pas trop parler.Il s’agira donc de faire la part des choses sur le point de vue occidental qui, via les medias, a tendance à diaboliser la « méthode chinoise ». •

Sources : www.strategicsinternational.com http://www.laviedesidees.fr http://gestion-des-risques-interculturels.com www.cetri.be http://www.chine-informations.com http://www.infoguerre.fr http://www.reseau-asie.com

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12 point sud - n°37 - avril 2011

> Proposition de stage

Développement d'un appareil d'imagerie médicale adapté aux besoins des pays du sud

Cameroun

ainsi que du lancement du produit final au Cameroun, pays pilote où la fondation a de nombreux contacts.

• Objectifs du stageEssentialMed propose des stages ayant pour but de trouver des solutions innovantes à trois des défis principaux de GlobalDiagnostiX : 1) proposer une source énergétique économique et durable permettant de parer aux coupures d’électricité fréquentes, 2) créer un système de protection face aux surtensions et autres perturbations du réseau électrique et 3) développer un bras mécanique articulé pour la source et le détecteur radiographique qui soit robuste et financièrement abordable.

• Profil du stagiaireNous recherchons trois étudiant(e)s de master, en micro-technique (MT), mécanique (ME) ou génie électrique et électronique (EL). Ces stages peuvent faire office de projet de master.

• PériodeDeux à trois mois seront effectués au Cameroun, pour l’analyse des contraintes propres à chaque projet. Les dates sont à définir avec le stagiaire.

• ContexteSelon l'OMS, 80 à 90% des problèmes médicaux nécessitant de l'imagerie seraient diagnosticables à l’aide de la simple radiographie et de l'échographie. La radiographie en particulier permet de déceler des traumatismes ou déformations osseuses, mais aussi d'améliorer le diagnostic des maladies infectieuses telles la tuberculose ou la pneumonie.Pourtant, les deux-tiers de la population mondiale n'ont aujourd'hui toujours pas accès à ce type d’appareil, faute entre-autre à des infrastructures souvent vétustes, à des conditions climatiques difficiles ou à du personnel n’ayant pas les compétences nécessaires.

Une alliance de laboratoires, comprenant entre autre des chercheurs de l’EPFL, de l’Institut Paul Scherrer et de l'Institut Tropical et de la Santé Publique de Bâle a donc été créée afin de développer un système d’imagerie qui soit adapté aux contraintes spécifiques des pays en voie de développement. Le but de ce projet, nommé GlobalDiagnostiX, est donc de créer un appareil adapté aux conditions difficiles d’un hôpital de district situé dans des régions éloignées et pauvres. La fondation EssentialMed s’occupe de la coordination du projet, de l’industrialisation

> INTÉRESSÉ(E) ? ENVOYEZ UN CV ET UNE LETTRE DE MOTIVATION À : [email protected]

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Fondation sans but lucratif créée en 2010 et basée au PSE de l'EPFL, EssentialMed a pour but de promouvoir un accès universel, durable et équitable aux bienfaits de la technologie de la santé en général et des appareils et instruments médicaux en particulier.

EssentialMed a pour mission de développer et déployer des appareils médicaux qui soient adaptés au contexte des pays pauvres et financièrement abordables. La fondation vise un haut degré d’innovation et non de simples ajustements de la technologie existante, de façon à obtenir une amélioration radicale et durable des soins au niveau des hôpitaux de district des pays pauvres. EssentialMed travaille en étroite collaboration avec la Cooperation@epfl.

EssentialMedCH-1015 [email protected] - www.essentialmed.orgKlaus Schönenberger - 021/693 86 65

Le Cameroun est un vrai cocktail culturel avec près de 240 ethnies ayant chacune leurs langues, leurs rituels et leurs mystères ! Les Bamilékés sont une de ces nombreuses com-munautés restées très proches de leurs traditions ances-trales.Au niveau de l’organisation de la tribu, on retrouve à chaque fois la fi gure emblématique du chef qui exerce un pouvoir quasi global autant politique que religieux.Avant d’être intronisé, le futur chef doit passer neuf se-maines avec ses femmes au lieu d’initiation des chefs, pen-dant lesquelles il doit rendre enceinte au moins l'une d’entre elles (et qui plus est, d’un garçon).Il se doit également d’apprendre les secrets de la chefferie,.Parmi eux, la puissance du Ké, force surnaturelle et invisible permettant au chef de se transformer en animal et pouvant

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conditionner toute sa vie.Ces traditions très spirituelles perdurent aujourd’hui et ont un rôle fondamental dans la vie culturelle, politique et so-ciale du pays. En plus d’être des plus divertissantes, les danses sont l’ex-pression la plus directe de ces rites. En effet, elles sont le spectacle de la vie quotidienne, et veu-lent enseigner aux plus jeunes les pratiques de la tribu. Sur-tout que les Bamilékés croient en la réincarnation et voient l’enfant comme un deuxième corps pour leurs ancêtres.

Petit détail, les costumes pesent généralement très lourds (près de 8 kilos en moyenne) ce qui rend la danse très tech-nique d’autant plus que le rythme des djembés est très ra-pide ! - CHLOE RIVIERE

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> Proposition de stage

Burkina Faso

14 point sud - n°37 - avril 2011

Stages dans le cadre du projet Info4Dourou à Tambarga

de plantes pouvant être utilisé par les agriculteurs locaux, afin qu’ils adaptent au mieux leurs récoltes avec les données météorologiques.

Une description plus précise de chacun de ces stages est disponible sur le site internet d’Ingénieurs du Monde (idm.epfl.ch)

• Profil du stagiaireNous recherchons 4 étudiant(e)s en Science et Ingénierie de l’Environnement (SIE). Le stage de cartographie peut aussi être brigué par un(e) étudiant(e) de l’UNIL, en géographie.

Chacun des stages demande des connaissances de base variées (hydrologie, pédologie, météorologie) et la maitrise d’un logiciel SIG. Mais le mandataire recherche surtout des personnes intéressées et travaillant avec rigueur.Attention, ce stage se déroule dans la brousse et comporte donc des risques. Prévoyez plus que des tongs !

• PériodeLes stages durent de 4 à 6 mois et sont disponibles dès maintenant.

• ContexteDéveloppé par l'unité Cooperation@EPFL, le projet Info4Dourou a pour but d’aider la population du village de Tamarga, en l’amenant à mettre en place une gestion durable et rationnelle des terres et ressources. Ce projet est mené par une équipe interdisciplinaire internationale travaillant en collaboration avec les communautés locales.

L’eau se présente ici comme élément clé de toute stratégie de développement local. C’est pourquoi le projet va aussi permettre d’établir un bilan du cycle de l’eau dans le bassin versant, afin de modéliser l’impact des stratégies adoptées de façon à garantir un effet positif à long terme.

• Objectifs du stageL'unité Coopération@EPFL propose quatre stages variés : 1) la création d’un modèle simulant l’érosion hydrique, afin d’évaluer l’impact de celle-ci sur la baisse de fertilité des sols, 2) une simulation de l’évolution de l’humidité du sol, facteur essentiel du régime d'infiltration utile aux cultures, 3) une cartographie des variations des surfaces agricoles et de la couverture végétale entre 2008 et 2011, permettant de répertorier les effets déjà visibles du projet Info4Dourou, et 4) la création d’un modèle de croissance

> INTÉRESSÉ(E) ? ENVOYEZ UN CV ET UNE LETTRE DE MOTIVATION À : [email protected]

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La Coopération@EPFL est une unité de l’EPFL active depuis plus de 40 ans, dont les objectifs sont de contribuer à la recherche de solutions pour le développement, par la promotion et le renforcement de la coopération scientifique avec des homologues de pays émergents et en développement, afin d'offrir des solutions scientifiques et technologiques aux problèmes prioritaires auxquels ces pays sont confrontés.

Cette coopération caractérise l'ouverture au monde de l'EPFL, combinant valeurs humanistes et esprit scientifique pour monter des projets de recherche envers les problèmes majeurs auxquels sont confrontées les populations des pays émergents et en développement.

Coopération@EPFLCH-1015 [email protected] - www. cooperation.epfl.ch

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La commune rurale de Tambaga est une des huit communes de la province de la Tapoa au sud du Burkina Faso, et compte près de 40 000 habitants. Son nom « Tambaga » signifi e « la terre est notre richesse » et explique le lien étroit que les habitants ont avec leurs terres. L’agriculture, l’élevage et la poterie sont les activités les plus répandues dans la région.

Ainsi les habitants du village sont restés très proches de leur racines et sont connus pour être des personnes très ac-cueillantes ! Les dialectes locaux sont le mooré et le dioula. Ils se distinguent surtout au niveau de leurs intonations.

Comme il est toujours plus facile de créer un premier contact avec l’habitant quand on connait sa langue, voila une courte liste de termes indispensables à connaître avant un éventuel départ :

Après avoir échangé quelques unes de ces phrases, peut être que vous aurez le privilège de déguster LE plat local et le repas quotidien de beaucoup de Burkinabés, le Tô: une boule de farine de mais, plongées dans une sauce épaisse et verdâtre. Et attention, ici on mange avec les mains et dans un grand plat commun, pas de chichis !

Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, manger pro-prement avec les doigts demande un apparentissage pas plus aisé que celui de la fourchette. Le tout est d’eviter que la sauce coule le long de son coude !

Certes, la viscosité pourra en rebuter plus d’un mais semble-t-il que c’est le plat le plus nourrissant du pays !À voir ! - CHLOE RIVIERE

Francais

Bonne matinéeBon après-midiBonsoirComment ca va?Et la famille?Comment t’appelles-tu?C’est bon!

Moré

Ni-yibéoNi-windigaZabréKiéma? (ou) Kibaré?Zakramba?Foyou oulé?Ya soma!

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16 point sud - n°37 - avril 2011

> Proposition de stage

Responsable de communication et de diffusion de l'information d’une ONG

R.D. Congo

permettent d’assurer la pérennité de l’association.• Profil du stagiaireNous recherchons un(e) étudiant(e) en informatique (IN), ayant effectué 6 semestres a l’EPFL.

Une bonne maîtrise des programmes informatiques nécessaires au développement des outils de communication (Word, Excel, Publisher, Access, Photoshop et autres), ainsi que des logiciels multimédias (Adobe Première, Professionnel, Audition, Pinacle, etc.) est requise. De plus, de l’expérience dans la création de bases de données et la gestion de pages Web serait utile.

Pour ce qui est de la langue, la stagiaire doit avoir une bonne maîtrise du français, ainsi que des connaissances en anglais.

• PériodeLa durée préférable du contrat est d’un an, à partir du mois d’août. Une période d’essai de trois mois est prévue.

Toutefois la durée est discutable selon la disponibilité du stagiaire. Une durée allant d’un à six mois est acceptable.

• ContexteSanté Tropicale est une Organisation Non Gouvernementale congolaise à vocation médicale. Consciente des besoins de la population, de l’urgence médicale et de l’interdépendance des difficultés sanitaires et sociales, Santé Tropicale articule ses opérations sur trois fronts principaux : la santé maternelle et infantile, la lutte contre les maladies endémiques ainsi que l’hygiène et la santé publique.

• Objectifs du stageLe stagiaire sera responsable de l’organisation de l’ensemble du programme de communication, d’informatique et de diffusion de l’information de cette association. Il devra donc préparer un bulletin trimestriel relatant les actions effectuées par Santé Tropicale, développer des moyens de communication permettant une visibilité plus importante de l’ONG, organiser des séminaires et ateliers sur l’informatique de communication, etc…

Le but est donc de pouvoir transmettre au personnel de Santé Tropical des connaissances en informatique qui leur

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Santé TropicaleKinshasa - Rép. Dém. du [email protected] - www.santetropicale.org

Créée en 1998 à l’initiative d’un prêtre catholique, l’ONG Santé Tropicale est reconnue en 2006 comme établissement d’utilité publique par le gouvernement congolais. Aujourd’hui, Santé Tropicale compte 20 membres actifs et contribue activement à la distribution des soins de santé primaire pour tous, en particulier les populations des zones rurales et périphériques des grandes villes.

Santé Tropicale s’engage pour les populations à travers 3 domaines distincts : l’assainissement des centres de santé (mise aux normes sanitaires, approvisionnement de médicaments), la lutte contre les maladies endémiques (sensibilisation des populations, dépistage du VIH) et l’amélioration de l’accès aux soins primaires.

Ses actions se concentrent actuellement sur Kahemba et Kinshasa, où Santé Tropicale soutient respectivement un et cinq centres.

Quand on évoque le Congo (RDC), les premières images qui nous viennent en tête sont plutôt celles du pays abritant le poumon vert de l'Afrique, la plus grosse communauté de la francophonie avec ses 72 millions d'habitants répartis en une multitude d'ethnies différentes, ainsi que celle d'un pays qui peine à se relever de sa sortie du régime dictatorial de Mobutu, destitué il y a bientôt 14 ans.

Il faut savoir que, malgré le fait que la moitié de l'eau du continent africain se situe en RDC, les trois quarts de la po-pulation du pays n'ont pas accès à l'eau potable, principale-ment en raison d'installations vétustes. Les gens ont donc pris l'habitude de la stériliser avant de la consommer. La contamination des eaux touche, à titre indicatif, quatre fois plus le milieu rural qu'urbain.

Du côté de la gastronomie, la cuisine congolaise est une cui-sine aussi variée que raffi née. Si vous visitez, par exemple, la région de Bandundu, vous pourrez y goûter une assiette de chenilles aux arachides accompagnées de feuilles de manioc ou bananes plantains délicatement assaisonnées avec des oignons et du piment. Dépaysement garanti ! Avis aux amateurs de tartares, sushis ou autres mets crus, en RDC, cette pratique reste marginale en raison du climat tropical favorisant le développement des parasites.

Sur le plan sportif, on retrouve une équipe de football na-tionale, les Léopards, comptant de nombreux supporters à

travers le pays, transformant alors chaque match en véri-table fête. Les Léopards, déjà vainqueurs du championnat d'Afrique des nations en 2009, sont d'ors et déjà qualifi és pour les quarts de cette année. Les prochaines soirées de matchs s'annoncent chaudes !

Pour résumer, on peut dire que le Congo démocratique est un pays jeune et potentiellement très riche, de tradition et de culture très éloignées des nôtres, un peuple métissé mais uni. - XAVIER BELLAGAMBA

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> PortfolioLoin des mégapoles côtières et des entreprises fulgurantes, le grenier à blé de la Chine : le Sichuan. sa gastronomie. Mais c'est aussi une démographie mise en péril par l'exode rural, malgré les subvent

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01 Père et sa fi lle, habitants modestes d'une tour de guet dans une région boi-sée du Sichuan. La relative pauvreté de leur habitat n'empêche pas leur bien-veillance et ils se prêtent volontiers à se faire prendre en photo.

02 Le bouddhisme chinois est très pré-sent dans cette culture proche du Tibet. Les bonzes font partie intégrante de la vie quotidienne. Néanmoins, on ne voit pas ici que sous leur robe rouge et sa-fran, les futurs petits moines portent des baskets à l'occidentale et mangent des glaces à la fraise le plus naturellement du monde.

03 La traite du yack. Au nord du Si-chuan, le mode de vie se rapproche de celui de la Mongolie : les paysans élèvent des yacks, récoltent leur laine pour les tissages, et habitent dans de solides yourtes familiales.

04 Femme parée de sa coiffe à l'entrée d'un temple. Son sourire radieux dévoile une dent en or, qui n'est pas du tout une rareté chez les Sichuanais.

05 Femmes sur un marché. Les paysans et artisans locaux viennent y vendre leurs divers produits, tissages, moulins à prières, spécialités, etc.

06 Temple bouddhiste richement orné.Les touristes et les fi dèles y défi lent pour présenter leurs prières. Les versants de la colline sont couverts de drapeaux de prières multicolores.

07 La spiritualité, c'est avant tout la joie de vivre.

08 Vieille travailleuse. Ici, malgré que l'on soit rapidement buriné par le travail et le climat, on prend le temps de viellir.

09 Vieillards prenant le soleil. Même au quotidien, leurs atours rivalisent de couleurs, et leurs sourires de malice.- NAÏG CHENAIS

PHOTOS : DOMINIQUE FAIVRE

UN AUTRE REGARD SUR LA CHINE Plaine agricole à la frontière du Tibet, éclatante et austère, c'est une des plus vastes provinces chinoises, connue pour son poivre et tions du gouvernement pour le developpement de l'arrière-pays. Ici, on continue de mener une existence simple.

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20 point sud - n°37 - avril 2011

> Proposition de stage

Impact du mur de séparation sur les populations palestiniennes

Palestine

de la barrière de Cisjordanie sur les Palestiniens, pour renforcer l’aide juridique afin que les populations aient un meilleur accès à la terre, des moyens de subsistance et des services, de façon à renforcer les capacités locales. C’est pourquoi le BMU cherche la collaboration de chercheurs et universitaires à l'étranger afin de l'aider à regrouper ces données.

• Profil du stagiaireNous recherchons un(e) étudiant(e) de l’EPFL en architecture (AR), en sciences et ingénierie de l’environnement (SIE), en génie civil (GC), en informatique (IN), en management de la technologie (MTE), en sciences humaines et sociales (SHS) ou de l’UNIL, ayant accompli au moins 6 semestres.

De bonnes connaissances en anglais sont requises.

• PériodeCe stage est disponible à partir de juin 2011 pour une durée de 2 à 3 mois environ. Une préparation se fera au préalable en Suisse.

• ContexteLa Cisjordanie est une région du Proche-Orient qui constitue un enjeu du conflit israélo-palestinien. Les frontières de la région suivent le Jourdain, la Mer morte et la Ligne verte (ligne de cessez-le-feu de la Première Guerre israélo-arabe).

Israël, qui la désigne comme « Judée-Samarie », y voit un territoire disputé et la communauté internationale un territoire occupé. L'autorité palestinienne la revendique pour y fonder un État palestinien, déjà reconnu dans ces frontières par plusieurs pays.

La ville de Ramallah, où a lieu le stage, se trouve dans cette région. C’est actuellement le siège de l'Autorité Nationale Palestinienne qui est la représentation politique provisoire des palestiniens de l'intérieur. Elle est considérée comme la capitale de la Palestine, bien que la capitale officielle soit Jérusalem.

• Objectifs du stageCe stage est dirigé par le BMU (Barrier Monitoring Unit, un des départements de l’UNRWA). Son objectif est d'améliorer considérablement la documentation à propos de l'impact

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UNRWAwww.unrwa.org

UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) fournit de l'aide, de la protection et de l’aide juridique aux 4,8 millions de réfugiés palestiniens enregistrés en Jordanie, au Liban, en Syrie et sur le territoire palestinien occupé, en attendant une solution à leur sort.

L'UNRWA est financé presque entièrement par des contributions volontaires des Etats membres de l'ONU.

« Territoires palestiniens » est l’une des dénominations uti-lisées pour désigner l’ensemble des territoires de l’ancienne Palestine sous mandat britannique qui furent occupés par l’Égypte et la Jordanie de 1948 à 1967, puis par Israël à l’issue de la guerre des Six Jours en 1967. Il s’agit essentiellement de la Cisjordanie, où se trouvent Ramallah et Jérusalem-Est, et de la bande de Gaza.

Initialement attribuée par le Plan de Partage de la Pales-tine à un futur État arabe, la Cisjordanie est annexée par la Transjordanie en 1949 à l'issue de la Première Guerre israé-lo-arabe. Suite à la Guerre des six jours, Israël en prend le contrôle. En 1988, l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) déclare solennellement la création d'un État palesti-nien en Cisjordanie et à Gaza avec Jérusalem-Est pour capi-tale. Entre 1990 et 2001, le statut et le partage de la région ont fait l'objet de négociations infructueuses entre l'Autorité palestinienne et Israël.

Depuis 2002, offi ciellement pour lutter contre le « terro-risme palestinien », Israël édifi e en Cisjordanie une barrière de séparation au tracé litigieux, cela malgré les condamna-tions de la communauté internationale. Jérusalem-Est y est comprise. L’accès à cette "West Bank" (zone séparée) est as-sez compliqué, même pour les palestiniens qui doivent être munis de permis.

Outre la situation politique, la Palestine présente une impor-tance majeure au sein des grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam). Des lieux de culte et de vénération sont éparpillés sur tout ce territoire historique (Jérusalem, Hébron, Bethléem, Safed, Jéricho, Haïfa, le mont Carmel, Acre, le Lac de Tibériade, etc.)

Les traditions religieuses sont énormément respectées. Par exemple, chaque semaine a lieu le shabbat, qui dure du ven-dredi soir à la tombée de la nuit au samedi soir. De ce fait, la semaine commence le dimanche, contrairement à la semaine occidentale où l'on débute le lundi. De plus, les magasins te-nus par des musulmans ferment le vendredi et les magasins tenus par des chrétiens ferment le dimanche. Par contre, le samedi est considéré comme un jour ouvrable. - AÏDATOU SAKHO

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> Retour de stage

22 point sud - n°37 - avril 2011

soufrés a été réduite de plus de 1200 ppm à moins de 50 ppm, réduisant par la même la quantité de particules fines produites lors de la combustion.

Afin de pouvoir continuer sur cette lancée, des outils de modélisation météorologique et de qualité de l'air ont été mis à jour ou développé pour l'agence environnementale du district de Bogotá, la Secretaría Distrital de Ambiente (SDA), pour permettre d'évaluer l'impact qu'auraient de futures décisions politiques et leur rapport efficacité-coûts.

« Dans cette ville de plus de 8,5

millions d'habitants et où plus de

1,4 millions de véhicules prennent

la route tous les jours, la

pollution de l'air est aujourd'hui

la cause de mortalité principale

chez les jeunes enfants. »

Dans le cadre de mon projet de master, je suis donc parti durant trois mois en Colombie, où j'ai pu collaborer au sein du groupe de qualité de l'air de l'Université Nationale à cette tâche. L'aide pour les démarches administratives avant mon départ et l'accueil très chaleureux de l'ensemble des membres de l'équipe m'ont permis de

Par Jan P. Robra

La qualité de l'air est, avec des problèmes de pollution de l'eau et de fortes disparités sociales, un des problèmes majeurs dont souffre Bogotá, la capitale de la Colombie.Dans cette ville de plus de 8,5 millions d'habitants et où plus de 1,4 millions de véhicules prennent la route tous les jours, la pollution de l'air est aujourd'hui la cause de mortalité principale chez les jeunes enfants. À plus large échelle, plus de 6000 morts prématurées peuvent être attribuées annuellement à des problèmes respiratoires ou cardiaques en relation directe avec la pollution de l'air.

Dans ce contexte, les autorités de Bogotá ont décidées il y a de cela déjà quelques années, d'agir en faveur d'une meilleure qualité de l'air. Deux fois par semaine, les véhicules privés subissent une interdiction de prendre la route basée sur les plaques d'immatriculation (« pico y placa »), et un système de transport massif par bus articulés (« Transmilenio ») a été mis en place et continue de s’étendre tandis que des projets pour un métro se concrétisent. Chaque dimanche, une bonne partie des routes du centre-ville est fermée à la circulation (« cyclovia ») afin de permettre aux habitants de s'approprier cet espace pour la pratique de la mobilité douce : vélo, rollers, course à pied, etc. La qualité du carburant a aussi été améliorée grâce à des accords avec Ecopetrol, la compagnie pétrolière nationale colombienne. Ainsi, la teneur en composés

De l'air irrespirable à Bogota

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23point sud - n°37 - avril 2011

en haut: La Candelaria, centre historique de Bogotáen bas: L'édifi ce des sciences et technologies un soir pluvieux

page précédente: Vue vers le sud-est de Bogotá de bon matin, la visibilité n'est pas encore réduite par les émissions

m'intégrer rapidement dans ce nouvel environnement de travail et trouver mes premiers repères dans cette grande ville. Mon travail consistait plus précisément à mettre en place, en collaboration avec les gens du groupe, les outils nécessaires pour effectuer un inventaire des émissions de polluants atmosphériques, c'est à dire un calcul des quantités émises pour chaque polluant, et produire un cadastre spatio-temporel de ces mêmes émissions.

Un des plus grands défis à surmonter était la disponibilité d’une faible quantité de données, même si des projets précédents ont pu déterminer les émissions des diverses catégories de véhicules par mesure directe au pot d'échappement, et celles des plus importants sites industriels de la ville par des mesures aux cheminées de leurs chaudières ou autres équipements utilisant des carburants fossiles. Certaines données n'étaient simplement pas disponibles et ont donc dû être déduites sur la base d'autres paramètres. Ceci était notamment le cas de l'intensité de trafic sur les routes secondaires, étant donné que des comptages ont été effectués seulement sur les routes principales. La charge de trafic a donc été estimée à partir des catégories d'utilisation du sol (zone industrielle, commerciale, résidentielle, verte, etc.). Des méthodes d'inventaire classiques, telles qu'Airemis ou Circul'Air, qui sont utilisées en France, ne s'emploient alors que difficilement ou pas du tout. Leur application se voit limitée par l'absence de certaines données indispensables à leur fonctionnement ou par un grand nombre de calculs engendrant une puissance de calcul assez conséquente. De plus, les ordinateurs qui pourraient gérer ces données et calculs en des temps raisonnables sont la plupart du temps trop onéreux.

Pour ces diverses raisons, nous avons utilisé un outil employant une méthodologie simplifiée et développé conjointement entre le laboratoire LIVE de l'Université de Strasbourg et l'EPFL : EMISENS. Cet outil nous a permis sur la base d'un nombre très restreint de données, à savoir

principalement des données de flux de véhicules pour les différentes routes, de kilomètres parcourus et d'émissions par kilomètre pour les divers véhicules, de déterminer les émissions pour chaque heure d'une journée-type sur l'ensemble de la zone étudiée.

Dans un deuxième temps, les émissions industrielles ont été prises en compte. Là encore, des données importantes, comme les heures de fonctionnement des divers équipements, ou les mesures des émissions de certains polluants n'étaient pas disponibles. Il a donc à nouveau fallu trouver des moyens détournés pour déduire ces valeurs et finalement obtenir des émissions horaires pour chaque source et chaque heure de la journée.

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24 point sud - n°37 - avril 2011

Finalement, ces deux informations ont été combinées pour produire une première version du cadastre des émissions de polluants atmosphériques pour la ville de Bogotá. Il a ainsi été possible de démontrer que, bien que le principal responsable de la pollution soit le trafic routier sur l'ensemble de la zone considérée, localement cette affirmation peut s'avérer incorrecte. En effet, la présence d'industries brûlant du charbon de mauvaise qualité dans des installations vétustes et sans aucun traitement des fumées peut avoir une influence bien plus grande que le trafic. En ce qui concerne ces résultats, il y a encore un certain potentiel d'amélioration, notamment par la production ou la mise à disposition de données plus détaillées, mais les outils ont été mis en place et sont maintenant maitrisés par les membres du groupe, leur permettant ainsi de continuer le travail.

Ce voyage en Colombie m'a aussi permis de découvrir un pays assez méconnu dans nos contrées. À l'évocation de son nom, nombreux sont les gens qui pensent à la guérilla, aux enlèvements et au trafic de drogue.

« Il y a encore un certain

potentiel d'amélioration,

notamment par la production

ou la mise à disposition de

données plus détaillées, mais

les outils ont été mis en place

et sont maintenant maitrisés

par les membres du groupe, leur

permettant ainsi de continuer

le travail. »

La situation s'est cependant nettement améliorée ces

dernières années et un grand nombre d'endroits est actuellement suffisamment sûr pour le tourisme. On peut y découvrir un pays aux contrastes très marqués : le niveau va de la mer (la Colombie possède des côtes autant sur l'Océan Pacifique que sur la Mer des Caraïbes) à près de 6000 m d’altitude. Il y a des régions désertiques, où il ne pleut que quelques jours par an, et d'autres, où les précipitations annuelles atteignent plus de 5 mètres (en comparaison, en Suisse, la moyenne des précipitations est de l'ordre du mètre). Comme le pays se situe sur l'Équateur, les températures moyennes annuelles varient d'avantage en fonction de l'altitude que des saisons (sèche ou humide, plutôt que chaude ou froide). Ainsi on rencontre des températures moyennes de près de 30°C près de la côte Caraïbe, alors que des glaciers recouvrent des sommets à seulement quelques kilomètres de là.

Mais les contrastes sont aussi marqués au niveau social, comme par exemple à Bogotá, où l'on trouve des quartiers très aisés (près du centre ou à quelque distance de la ville) et des quartiers très pauvres, par exemple au sud. Je n'irai pas jusqu'à reprendre le slogan du bureau du tourisme colombien, en disant que le seul risque est que l'on ait envie de rester, mais il est sûr, que ce pays vaut le détour et mérite d'être mieux connu. •

en haut : Le trafi c à Bogotá sur la Avenida El Doradoen bas : Vue en direction du sud-ouest l'après-midi, la visibilité est fortement réduite par le smog photo-chimique

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> Association partenaire

Où seriez-vous sans votre éducation ? En Suisse, nous avons accès à une scolarité de bonne qualité, obligatoire et gratuite jusqu'à l'âge de 16 ans, mais ce n'est pas le cas dans tous les pays.

Aiducation International est une start-up sociale permettant à ses sponsors (que nous appelons "AiduMaker") d'avoir un réel impact en accordant des bourses d'études basées sur le mérite à des étudiants talentueux et nécessiteux dans des pays en voie de développement.

Encore une organisation caritative axée sur l'école ? Pas tout à fait. Certains critères nous différencient :

Le principe de performance : nous soutenons les grands potentiels qui sont nécessiteux, ont de bonnes notes à l’école, sont très motivés et ont une vision ambitieuse de leur vie. En conséquence, nous assurons une utilisation efficace de nos finances afin de maximiser l’impact pour nos AiduMakers. Nos équipes sur place s'assurent de cette sélection rigoureuse.

Une relation "une-à-une" entre l'AiduMaker et l’étudiant : les AiduMakers peuvent suivre les progrès de leur étudiant, se renseigner sur comment leur argent est utilisé et comment cela créé un impact pour l’individu et sa communauté.

Aucun frais administratif : nous ne déduisons pas de frais administratifs des paiements des AiduMakers - 100% de l’argent est utilisé pour les bourses d’études. Nous travaillons avec des sponsors industriels (“sponsors d’infrastructure”) afin de financer nos coûts d’administration qui sont très bas grâce à notre noyau de volontaires.

Nos Académies “Mentorship” : pendant ces réunions annuelles, tous nos étudiants se rencontrent, apprennent les uns des autres et sont amenés à réfléchir concrètement aux meilleures façons d’utiliser leur potentiel pour améliorer leur pays durant des séances d’exercices.

Souhaites-tu avoir un réel impact ? Aimerais-tu développer tes compétences en matière de leadership et de travail en équipe ? Penses-tu, comme nous, que l’éducation est le levier le plus important pour des changements sociaux, politiques et économiques ainsi que le développement durable des sociétés ?

Alors contacte-nous ! Nous sommes une organisation en plein développement et recherchons des personnes dévouées, motivées et créatives pour démarrer la première section romande. - BAPTISTE PRETRE

> POUR PLUS D'INFORMATIONS : [email protected] / www.aiducation.org

Ou venez les retrouver en conférence le lundi 18 avril à 12h15 en CM120

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Deux mois dans la brousse

> Retour de stage

Burkina FasoPar Ariane Schertenleib

En entendant parler du projet Info4Dourou de la Cooperation@epfl, j’ai tout de suite été intéressée à y participer. J’ai pu m’intégrer dans ce projet de gestion des ressources du bassin versant de la Singou (Burkina Faso) et de développement de la région, en assurant le suivi d’un projet de master effectué sur place. En juillet 2010, je suis donc partie pour un stage de 2 mois dans la brousse du Burkina Faso. Le but de mon stage était de continuer des mesures sur une culture de mil (millet) afin de modéliser le fonctionnement de l’assèchement du sol. Beaucoup de paramètres entrent en jeu (hauteur des pousses, humidité du sol, pluviométrie, …) et chacun était mesuré d’une certaine manière (appareils, mesures manuelles, …). Assez rapidement, mon travail a consisté à évaluer la fiabilité de la prise de mesures et des mesures elles-mêmes.

Le village de Tambarga se situe dans la brousse du Burkina Faso, à environ 70 km de la ville la plus proche. En saison des pluies (de juin à septembre), un fleuve se crée sur la piste qui relie le village à la ville, ce qui ne la rend praticable qu’à moto. Tambarga est donc un village très isolé, sans eau courante ni électricité.

Effectuer un projet scientifique là-bas (ou ailleurs) n’a de sens que si on essaie de comprendre la culture locale. Il faut trouver le meilleur moyen de l’intégrer, en respectant les habitudes locales, sans imposer une certaine vision des choses. Deux mois est un temps très court pour essayer

de comprendre au mieux le fonctionnement d’un village si éloigné de tout ce que je connaissais. Mais j’ai eu la chance de travailler avec des gens qui m’ont énormément appris, expliqué et qui ont pu faire le lien entre la culture burkinabé et suisse.

« Effectuer un projet scientifique

là-bas (ou ailleurs) n'a de sens

que si on essaie de comprendre

la culture locale. »

La population est très accueillante, comme dans tout le Burkina Faso où l’invité est traité avec énormément de respect. Il y a pourtant des différences culturelles qui forment des obstacles réels. Les enjeux du projet, les attentes vis-à-vis de celui-ci, la manière de travailler, la vitesse de réalisation sont tous perçus différemment par les deux partis. Mais au-delà de la différence culturelle à laquelle je m’attendais en partant, je me suis rendue compte de l’importance primordiale de l’éducation. Je n’avais jamais réfléchi aux enjeux de l’accès à l’enseignement. L’analphabétisme n’implique pas seulement des connaissances de maths ou de grammaire, c’est toute la manière de réfléchir qui change. La logique n’est pas la même, il n’y a pas les mêmes concepts de prévision du futur, de priorités… La plus grande leçon que j’ai apprise pendant ce stage est que l’éducation est la base du développement. Cela ne touche pas uniquement l’implantation de projets scientifiques, mais ces différences de perspectives

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27point sud - n°37 - avril 2011

influencent également des domaines fondamentaux tels que la santé.

« La plus grande leçon que j'ai

apprise pendant ce stage est

que l'éducation est la base du

développement. »

Ce stage a été une expérience fantastique. J’ai énormément appris, autant sur le travail qu’humainement. Avant de partir, où que ce soit, il faut avoir préparé son projet au maximum. Car une fois sur place, la majeur partie du temps est consacrée à l’adaptation et à la compréhension de la vie locale. Ensuite, il faut savoir adapter son travail aux très nombreux imprévus qui arrivent inévitablement, et le projet final ne correspond souvent pas parfaitement à ce qui était prévu. Finalement, j’ai acquis de l’expérience sur le travail de terrain, mais j’ai surtout beaucoup appris sur une nouvelle culture.

Partir en stage à l’étranger, que ce soit loin ou non, se confronter à des opinions différentes, découvrir de nouvelles habitudes et façons de faire, adapter sa vision des choses, mettre de côté ses acquis pour en comprendre d’autres est une expérience infiniment enrichissante. •

en haut: Relevé de données

à droite : Traversée du fl euve avec la moto sur la pirogueà gauche: Cour intérieure du village

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l’EMPA (Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche). Ce projet visant à améliorer le recyclage des e-déchets dans des pays en voie de développement a débuté en 2003 avec la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud, et s’est étendu plus récemment vers la Colombie et le Pérou. Ainsi, avant de partir en Colombie pour trois mois, j’ai passé trois semaines à l’EMPA, à Saint-Gall, et plus précisément au SUSTEC (Sustainable Technology Cooperation Group), où j’ai été coachée par le groupe de travail spécialisé dans les e-déchets et la coopération avec les pays du Sud. Le succès de ce type de projet dépend en grande partie de l’importance concédée aux partenaires locaux. Dans mon cas, le Centro Nacional de Producción más Limpia (CNPML), situé à Medellín, était l’agence locale chargée du suivi du projet e-waste sur place. C’est donc cette institution qui m’a accueillie chaleureusement et qui ma secondée pour la partie « terrain » du projet.

« Le succès de ce type de projet

dépend en grande partie de

l’importance concédée aux

partenaires locaux.»

Les objectifs de mon projet de master étaient, dans un premier temps, d’estimer les flux d’ordinateurs durant leur phase de fin de vie, en tenant compte spécifiquement du secteur informel présent dans les villes colombiennes.

La deuxième partie consistait à proposer des solutions

Par Juliana León

La Colombie est le quatrième pays le plus grand et le deuxième pays le plus peuplé d’Amérique du Sud, avec plus de 45,5 millions d’habitants. C’est aussi mon pays d’origine.

Comme la plupart des pays en voie de développement, la Colombie s’est vue confrontée ces dernières années à une croissance accélérée des ventes de produits électroniques et principalement d’ordinateurs. Diverses mesures prises par le gouvernement colombien pour réduire la fracture numérique (ou digital divide), dont la détaxation des ordinateurs bon marché en 2006, y ont contribué.

Cependant, l’absence d’un système de gestion des e-déchets (déchets électroniques, ou e-waste en anglais), comme ceux qui ont été établis dans les pays développés, combinée à la situation précaire de certains groupes de population a généré l’essor d’un secteur informel. Ainsi, en dehors de tout cadre légal, des travailleurs gagnent leur vie à partir de ces déchets, qui sont, comparés aux déchets recyclables traditionnels (verre, papier, etc.), plus attractifs à cause de leur teneur en métaux, mais aussi plus nocifs s’ils ne sont pas manipulés correctement.

Mon projet de master s’intégrait dans un projet plus large, le « Swiss e-waste Program », financé par le Secrétariat d’Etat à l’Economie (SECO) et conduit par

Des e-déchets à débarrasser

> Retour de stage

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page précédente: Façade peinte dans le quartier de La Candelaria, Bogota

en haut: Désassemblage informel d'ordinateurs dans les rues de Medellìnen bas: Cartes mères triées pour être revendues à un recycleur formel qui les exportera

pour une intégration des acteurs informels dans un futur système formel que le gouvernement et les partenaires du projet envisagent.

Un diagnostic des processus pratiqués dans le secteur informel a été réalisé sur la base d’enquêtes de terrain menées dans les cinq principales villes du pays (Bogotá, Medellín, Barranquilla, Cali et Bucaramanga), dont une partie ont été réalisées par une équipe du CNPML avant mon arrivée et une autre partie par moi-même.

Mon voyage a consisté en des séjours alternés dans 3 villes : Medellín, « la ville du printemps éternel », où se trouve le CNPML. Bogotá, la capitale, une métropole chaotique qui accueille à elle seule plus d’habitants que la Suisse, et où se sont tenues les réunions avec les représentants des entités nationales concernées par le projet : Ministère de l’Environnement, Chambre colombienne des technologies de l’information et des communications (organisation faî tière regroupant les fabricants d’équipements informatiques), Association nationale des recycleurs (une association défendant les recycleurs informels), etc. Finalement, j’ai aussi séjourné à Bucaramanga, ma ville natale, une « petite » ville d’un peu moins d’un million d’habitants, plutôt calme et verte. Aidée par un étudiant, j’ai pu y mener un travail d’enquête afin de recueillir toutes les informations liées au cheminement suivi par les e-déchets dans les réseaux informels de la ville.

Les résultats de l’analyse de flux de matières sont concluants : durant l’année de référence (2009), plus de la moitié des ordinateurs arrivant en fin de vie ont fini en mains des recycleurs informels, tandis que seulement 14% ont été traités par des entreprises agréées, le reste étant déposé directement en décharge ou réutilisé, revendu, ou reconditionné. Il est ainsi apparu que le secteur informel occupait une place bien plus importante que ce que l’on supposait.

Cependant, la situation en Colombie semble moins grave que dans d’autres pays comme l’Inde ou la Chine, puisque l’utilisation de processus thermochimiques sur les circuits imprimés afin d’en extraire les métaux précieux semble peu répandue. En lieu et place de ces pratiques très polluantes et dangereuses pour la santé, la tâche des recycleurs informels colombiens consiste à collecter et désassembler les ordinateurs afin d’en extraire les composants de valeur et de les revendre à des entreprises formelles qui les exportent ensuite vers les pays du Nord pour l’extraction des métaux précieux.

Le problème, c’est qu’en cherchant uniquement les composants à haute valeur ajoutée, les parties les plus nocives, comme le verre des écrans TRC, contenant des

concentrations élevées en plomb, les plastiques souvent imprégnés de retardateurs de flamme, ainsi que certaines catégories de circuits imprimés, sont négligées. Ainsi, en 2009, plus de 2'400 tonnes de déchets électroniques se sont retrouvés dans les rues des principales villes colombiennes, dans des décharges à ciel ouvert ou encore dans des marais, des rivières ou illégalement enfouis.

Un autre constat intéressant est le rôle-clé du reconditionnement et de la réparation d’ordinateurs. Tout d’abord, la réutilisation (et non le recyclage) est la voie la plus efficace pour réintroduire des matériaux et des fonctions dans le système et ainsi modérer la charge de déchets arrivant en fin de vie. En plus, c’est un marché générant plus de valeur ajoutée que le marché formel du recyclage, puisque chaque partie est revendue pour sa fonction et non uniquement pour sa valeur matérielle, ce qui prend tout son sens dans un pays comme la Colombie, où la demande en ordinateurs bon marché est toujours grandissante.

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en haut: Quartier populaire périurbain de Medellìn

En plus de ces considérations quantitatives, le projet visait aussi à proposer des solutions pour intégrer durablement le secteur informel dans un futur système formel de recyclage des appareils électroniques. Le but d’une telle inclusion serait d’éviter les atteintes environnementales sans pour autant priver les familles travaillant dans ce secteur de leur revenu, tout en améliorant leurs conditions de travail afin de minimiser les risques pour la santé.

L’idée principale est le réacheminement des flux collectés informellement vers un traitement formel par des conventions entre les collecteurs informels et les coopératives de recyclage existantes. Ces dernières joueraient le rôle d’interface entre le secteur informel et le secteur formel et pourraient prêter leurs locaux, soit uniquement pour le stockage ou alors pour le stockage et le démantèlement primaire des équipements électroniques. Le problème majeur de ces alternatives est que les composants les plus problématiques pour l’environnement n’ont pas forcément de valeur marchande. L’argent qui manquerait, dès lors, pour inciter cette collecte proviendrait, selon le principe du pollueur-payeur, d’un fonds alimenté par les producteurs et importateurs des équipements électroniques, qui seraient libres de répercuter ces frais sur le prix des équipements ou non.

« Le problème, c’est qu’en

cherchant uniquement les

composants à haute valeur

ajoutée, les parties les plus

nocives sont négligées.»

L’idée de base du gouvernement est cependant de ne pas travailler avec ces informels, qui exercent, par définition, une activité « illégale », mais de transmettre ces déchets à des entreprises bien constituées en imposant des licences à tous les acteurs de la chaîne de traitement de ces déchets. C’est pourquoi il était important de mettre en évidence les conséquences socio-économiques que pourrait avoir la non-prise en compte du secteur informel dans le processus de planification du recyclage des déchets électroniques actuellement en cours.

La quantification des flux a en effet permis de démontrer que le secteur informel permettait aujourd’hui déjà une

redirection d’une partie importante des flux d’e-déchets vers le recyclage ou la réutilisation, qui sans cette intervention se retrouveraient sur les décharges ou dans la nature. De plus, exclure les travailleurs informels équivaudrait à enlever une importante source de revenus à une frange de la population qui en a vraiment besoin.

Depuis mon retour, je suis à distance les avancées du programme en Colombie, qui a notamment abouti à l’entrée en vigueur d’une législation introduisant le principe de la responsabilité étendue des producteurs en les obligeant à mettre en place un système de recyclage et en leur fixant des objectifs concrets à atteindre. Il est à noter que la Colombie fait ainsi partie des précurseurs dans ce domaine en Amérique latine, puisque c‘est le deuxième pays - après le Costa Rica - à adopter une telle règlementation. Cette loi interdit aussi tout démantèlement ou traitement des e-déchets dans les rues et par des intervenants non approuvés par le gouvernement, ce qui criminalise les activités du secteur informel tel qu‘il fonctionne actuellement. Une inclusion de ces acteurs dépend donc dorénavant du bon vouloir des producteurs, puisque la responsabilité de la mise en place des filières de traitement leur incombe. Il serait souhaitable que ces entreprises prennent en compte leur responsabilité sociale dans ce contexte très particulier et s’engagent maintenant en faveur d’une formalisation progressive de ce secteur. •

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> Association partenaire

JARDES Togo (Jeunes Acteurs pour la Rénovation et le Développement Environnemental et Social) est une association à but non lucratif créée le 22 octobre 2001 par un consortium de jeunes dynamiques et soucieux d’un développement social et environnemental durable.

JARDES concentre surtout ses actions sur Atimé, village de 1000 habitants situé à 150 km environ de la capitale Lomé. La majorité de sa population vit de l’agriculture, mais le village dispose d’une école primaire et d’un collège.

Cette association a pour but d’améliorer les conditions de vie des populations rurales à travers diverses actions : alphabétisation des populations, lutte contre le SIDA, promotion de l’agriculture, protection de l’environnement, développement du tourisme, etc.

Pour ce faire, JARDES propose des stages et des camps de chantier, accessibles à tous et de durée variable, permettant de s’investir personnellement pour les habitants de cette région, tout en s’imprégnant de la culture togolaise grâce aux discussions et excursions organisées durant les soirées et les week-ends. - GUILLAUME RÉRAT

Si ces stages vous intéressent, n’hésitez pas à les contacter :

JEUNES ACTEURS POUR LA RENOVATION ET LE DEVELOPPEMENTENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL

JARDES TOGOBP 54 ADETA TOGO

Tel : (228) 908 93 81/878 05 98Email : [email protected]

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> Interviews

La révolution égyptienne vue de l'intérieur par une étudiante britanniqueTraduit de l'anglais par Eleanor Berry

Même si la couverture médiatique de la révolution en Egypte, en janvier et février dernier, a été assez importante pour relater la plupart des faits, nous avons pu récolter le témoignage d’une jeune étudiante britannique ayant vécu ces évènements de l’intérieur.

Emma Jones a 21 ans et a grandi en Suisse, dans le canton de Zürich. Elle étudie maintenant l’arabe et les études internationales à l’université de Leeds, dans le nord de l’Angleterre. En 2010, Emma a commencé une année d’échange à Alexandrie où elle étudie l’arabe.

Emma a déjà vécu des situations dangereuses, en particulier un tremblement de terre et un coup d’Etat durant l’année sabbatique qu’elle a passé au Honduras avant d’entrer à l’université. Mais elle n'aurait jamais imaginé être en Egypte pendant une révolution. Ce qui suit est le compte-rendu des évènements qu’elle a vécus.

Les manifestations à Alexandrie contre la police et la corruption générale du gouvernement ont commencé le 25 janvier, journée nationale de la police. La première manifestation a été organisée par un groupe sur Facebook, créé à la mémoire d’un jeune blogueur égyptien critiquant le régime en place, battu à mort par la police l’année précédente.

Certains contestataires ont pris la police comme cible pendant que celle-ci essayait de stopper les manifestations, causant la mort d’une trentaine de personnes durant les premiers jours de révolte, pour la plupart des agents de police. Des postes de police et des bâtiments gouvernementaux ont été incendiés, ainsi que le bureau du maire. Après ces enchaînements de violence, la police a presque disparu de la rue.

« Le gouvernement aurait voulu

semer la pagaille afin que la

population le ramène au pouvoir

pour ramener l'ordre sur la

ville. »

Emma, de son côté, n’a vu que la fumée des bâtiments en feu et les manifestations de l’autre coté du parc de son appartement, mais tout ce chaos a vite commencé à affecter sa vie quotidienne. En effet, les manifestations ont commencé un mardi, durant une de ses semaines d’examens. Elle a cependant continué d’aller à l’école le matin, tout en suivant les conseils de ses professeurs, qui lui disaient de rentrer tout de suite après la fin des cours,

Autour du monde...

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33point sud - n°37 - avril 2011

et de rester loin de la rue. Heureusement pour elle, l’Egypte restait assez calme le matin, et ce n’était que l’après-midi que les manifestations débutaient.

Selon Emma, la première semaine des manifestations a été plutôt calme, lui permettant même de sortir avec ses amis le jeudi soir, jusqu’au vendredi où les liaisons informatiques et téléphoniques ont été bloquées et le couvre-feu instauré. A partir de ce moment, elle n’est plus vraiment sortie de son appartement. Elle a entendu et vu des manifestations depuis son balcon et a même pu sentir l’odeur des gaz lacrymogènes.

Après le départ de la police, la panique s'est installée au sein de la population, due en grande partie à la présence de pillards et à des rumeurs annonçant l'ouverture des prisons et la libre circulation de leurs criminels. Le gouvernement aurait voulu semer la pagaille afin que la population le ramène au pouvoir pour ramener l'ordre sur la ville.

Mais l'appel au secours du gouvernement n'a pas eu lieu. Des gens dans les quartiers ont organisé la surveillance des immeubles. Ces volontaires se partageaient des rondes pendant la nuit en petits groupes – armés avec des battes et des bâtons. Par ailleurs, d’autres citoyens commençaient à faire le travail de la police – comme la direction de la circulation et la vérification des cartes d’identité.

Malgré cette protection improvisée, beaucoup d'endroits étaient pillés et Emma s'est vue conseillée de quitter le pays aussi tôt que possible. Toutefois, avec le manque de moyens de communications - ni internet ni portables - elle a dû attendre quelques jours avant que ses parents puissent organiser son depart. Emma et ses amis ont ensuite du se déplacer sous la sécurité du consulat pour aller à l’aéroport, car pour l’atteindre, il fallait passer devant les prisons qui étaient encore ouvertes.

« Et ce sont toujours des gens

ordinaires qui continuent de

diriger la circulation. »

Emma a quitté le pays le 3 février, en direction de la Grande-Bretagne (24 heures auparavant, j’avais prévu

d'aller prendre mes vacances chez elle en Egypte), Puis, une semaine plus tard, elle est venue à Lausanne et a pu assister aux célébrations en Egypte après la démission du président Mohammed Hosni Moubarak. Environ une ou deux semaines après sa démission, le feu vert a été donné à Emma par son université pour rentrer en Egypte. Maintenant, elle a repris sa routine quotidienne avec peu de changements, malgré les bouleversements énormes dans la sphère politique du pays.

Au moment de son retour, un couvre-feu est toujours en place, mais à partir de minuit seulement. Emma le considère plutôt comme une protection qu’autre chose. Et ce sont toujours des gens ordinaires qui continuent de diriger la circulation. Chacun semble très fier d’être égyptien – il y a des drapeaux partout. Mais des manifestations persistent encore et il reste un malaise dans la population.

Selon les rumeurs qui arrivent aux oreilles d’Emma, les pillages ne sont pas finis et des foules sont entrées dans des postes de police pour trouver des documents et des preuves de corruption. Des collèges et des universités n’ont pas été rouverts tout de suite de peur que de grands groupes de jeunes ainsi rassemblés commencent à manifester.

Au sujet du devenir politique du pays, Emma se contente d'attendre. Mais quelle que soit l'issue, il est clair qu'elle gardera un bon poste d'observation. •

Manifestations dans les rues d'Alexandrie

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> Interviews

Le mariage de deux mondes : commerce et humanitairePar Stanislas de la Rivière

De nos jours, les médias portent une grande attention sur la recherche contre les maladies et en particulier sur les vaccins. On a d’ailleurs beaucoup parlé récemment du SIDA, par l'intermédiaire de Sidaction 2011.

Un sujet dont on parle moins, et qui mérite d’autant plus notre attention, est la recherche sur le dépistage des ma-ladies, qui demande de grandes avancées pour être dis-ponible au plus grand nombre. C’est le travail de la Foun-dation for Innovative New Diagnostics (FIND) et de son équipe, basées à Genève.

Nous avons rencontré le Dr Mark Perkins, Chief Scientifi c Offi cer du FIND, qui a bien voulu répondre à nos questions.

Quand est-ce qu’a commencé « l’aventure » du FIND ?Les débuts du FIND font suite aux besoins criants de nou-veaux outils de dépistage pour les maladies infectieuses, et en particulier pour la tuberculose.

En 2002, je me trouvais à Montréal pour la 33ème Confe-rence of the International Union Against Tuberculosis and Lung Disease (IUATLD) et nous sommes arrivés à la conclu-sion qu’une recherche concertée, impliquant la communauté scientifi que, ainsi que le domaine public et privé était la clé pour des progrès rapides.

« Notre but fi nal est de

développer des outils disponibles

au plus grand nombre pour un

coût minimal; cela implique de

mêler activement les sciences

de la recherche et les relations

commerciales. »

Ainsi en mai 2003, avec l’aide de l’OMS et de la fondation Bill et Melinda Gates, la première étape du projet a été lancée : le FIND était né.

Quel est le rôle exact joué par le FIND par rapport à un centre de recherche?Justement, nous ne sommes pas uniquement un centre de recherche. Notre mission est d’être impliqué dans l’en-semble du processus. Nous aimons nous considérer comme un agent digne de confi ance qui peut rassembler toutes les différentes entités impliquées dans le transfert de la tech-nologie de diagnostic pour les pays en développement. La recherche, pour être plus effi cace ne doit jamais perdre de vue l’approche industrielle, l’importance des partenariats publics-privés ainsi que les mécanismes fi nanciers néces-saires.

Notre but fi nal est de développer des outils disponibles au plus grand nombre pour un coût minimal; cela implique de mêler activement les sciences de la recherche et les rela-tions commerciales.

Est-ce que certains de vos projets de recherches ont déjà des applications concrètes ?Tout à fait ! Différentes technologies que nous avons déve-loppées sont déjà utilisées.C’est le cas par exemple d’un microscope fl uorescent « low cost » qui permet une détection plus rapide et sensible de la tuberculose.

De même, une méthode très simple de détection extrême-ment sensible de la malaria a été mise au point.Un test en temps réel simplifi ant massivement la détection moléculaire de la tuberculose est un autre exemple de tech-nologie que nous avons développé et désormais utilisé dans le monde. •

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35point sud - n°37 - avril 2011

Par Alexandra Barraquand

Il y a maintenant trois ans, Charlotte Barraquand, étu-diante en Management de la Santé, s’est lancée avec son amie Estelle Eonnet, étudiante en journalisme à Science Po, à Paris, dans un projet humanitaire portant sur la nou-velle révolution du micro-crédit dans les pays en voie de développement. Elle nous en parle :

Bonjour, pour commencer, peux-tu nous expliquer en quoi consiste le micro-crédit ?Le micro-crédit consiste à faire un prêt sans taux de rem-boursement pour fi nancer le lancement de petites activités qui ne nécessitent pas un lourd investissement, et qui ne sont en général pas considérées par les banques car pas assez « solvables ». Ce système vise à soutenir l'initiative et la créativité commerciale à moindre échelle, éléments trop systématiquement laissés pour contre. Les bénéfi ciaires du micro-crédit sont majoritairement des groupes d’artisans qui ont besoin de l’équivalent d’une cinquantaine d’euros pour acheter, par exemple, du bambou et lancer un business de tabourets. Je cite cet exemple car c’est là le premier micro-crédit réalisé par le fondateur de cette pratique de micro-fi nance, Muhammad Yunus (ndlr : fondateur de la Gra-meen Bank qui a reçu le Prix Nobel de la paix en 2005).

« La France est un pays où il y

a énormément d'enthousiasme

pour le social business »

Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans Mi-cious ?C’est Estelle qui a eu cette idée après avoir lu un livre écrit par Muhammad Yunus, où il décrit le social business, et ce concept nous a vraiment frappé. C'était une idée à la fois très simple, et potentiellement révolutionnaire. Donc toutes les deux, nous sommes parties au Bangladesh afi n d'effec-tuer des recherches sur les différents social businesses déjà en place - d'où est née l'association. On a obtenu une invita-tion pour le lancement du Yunus Center à Dhaka... Ce voyage nous a permis de le rencontrer et nous a surtout offert une succession de belles opportunités pour comprendre com-ment marche la Grameen et en apprendre un peu plus sur les social businesses.

Que fait Micious exactement ?Le but de l’association est de promouvoir la création du so-cial business, d’aider à sa conception en termes d’organisa-tion et d’idées.Nous travaillons par exemple, avec Tagatittude sur un pro-jet au Mali qui s'appelle MobiSwitch (anciennement TagPay Mali). Nous l'aidons à rencontrer les spécialistes du milieu et à défi nir son projet. La France est un pays où il y a énormé-ment d'enthousiasme pour le social business, avec danone.communities (Danone a créé une sicav pour fi nancer exclu-sivement des social businesses) et la fondation Grameen Crédit agricole...Le prochain projet de Micious sera de faire un fi lm sur le social business de Maria Nowak, qui va construire des cui-sines aux normes européennes pour les petits agriculteurs qui n'ont pas les moyens d'investir chacun dans leur propre cuisine. C’est un très beau projet.

Quelques mots pour fi nir ?Même si l’engouement pour le micro-crédit est déjà bien marqué, avec l’année 2005 décrétée « Année internatio-nale pour le micro-crédit » par les Nations Unies, il reste un grand travail de communication à réaliser, pour permettre à de plus nombreux pays en développement de bénéfi cier d’une structure adaptée pour le micro-crédit, et d'améliorer ainsi la vie de milliers de gens. En Asie par exemple, 17 per-sonnes sur 100 sont bénéfi ciaires, un bilan positif qu'il s'agit d'étendre sur d'autres continents. •

> Interviews

Des étudiantes s'engagent : la révolution du mico-crédit.

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Mohammad Yunus, avec Charlotte Barraquand et Estelle Eonnet

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Le saviez-vous...?

Sur l’î le de Yap, Micronésie, on utilise un système de paiement original (et probablement ancestral). Les petites transactions s’effectuent à l’aide de coquillages, mais les montants plus conséquents se payent… avec des pierres pouvant aller jusqu’à plusieurs tonnes l’unité ! À noter que la valeur de la "pièce" est déterminée par sa taille mais aussi par la difficulté de l’obtenir sur l’î le.

La pierre de taille n’étant pas à l’état naturel sur l’î le, il a longtemps fallu aller les chercher sur l’î le voisine de Pallau. Et si, durant le voyage, une personne venait à mourir, la valeur de la pierre rapportée augmentait !

Si l’envie vous prend de séjourner quelques jours sur ce coin de paradis, sachez que désormais, les coquillages ont été remplacés par des dollars mais que le cours de la pierre reste, lui, inchangé !

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