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PLATEFORME N°1 — SEPTEMBRE 2017 UN NOUVEAU QUARTIER DES ARTS PARUTION SEMESTRIELLE UN MUSéE EN CARTON AUX ENCHèRES P. 3 AI WEIWEI ENVAHIT LE PALAIS DE RUMINE P. 4 LE CHANTIER EN IMAGES P. 8 GARE AU CROCODILE P. 1O

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PLATEFORMEN°1 — SEPTEMBRE 2017 UN NoUvEaU qUaRTiER dES aRTS PaRUTioN SEMESTRiEllE

Un mUsée en carton aUx enchères P. 3 ai WeiWei envahit le Palais de rUmine P. 4

le chantier en images P. 8 gare aU crocodile P. 1O

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lES MUSéES aU MUSéE (dU ciNéMa)

Cinémathèque suisse, du 20 septembre 2017

au 13 juin 2018

 PRojEcTioNS aU ciNéMa caPiTolE à 20:30

→ MerCredi 20.09.17 ai WEiWEi : NEvER SoRRy Alison Klayman, USA, 2012

→ MerCredi 25.10.17 dRUgSToRE coWBoy Gus Van Sant, USA, 1989

 PRojEcTioNS aU caSiNo dEMoNTBENoN à 18:30

→ MerCredi 04.10.17 dRESSEd To Kill Brian de Palma, USA, 1980

→ MerCredi 08.11.17 ThE aRT of ThE STEal Jonathan Sobol, USA, 2013

→ MerCredi 13.12.17 ThE MoNUMENTS MEN George Clooney, USA, 2014

→ MerCredi 10.01.18 la villE loUvRE Nicolas Philibert, France, 1990

→ MerCredi 14.02.18 ThE da viNci codE ron Howard, USA, 2006

→ MerCredi 14.03.18 ExiT ThRoUgh ThE gifT ShoP (Faites le mur), Banksy, USA/UK, 2010

→ MerCredi 11.04.18 BaNdE à PaRT Jean-Luc Godard, France, 1964

→ MerCredi 9.05.18 RUSSKi KovchEg (L’Arche russe) Alexandre Sokurov, russie/All, 2002

→ MerCredi 13.06.18 hoW To STEal a MillioN William Wyler, USA, 1966

www.cinematheque.ch

est sur un site de 25’000 m2 – une friche ferroviaire à l’ouest de la gare qui abritait depuis le début du XXe siècle une halle aux locomotives réservée

aux seuls cheminots – qu’est en train d’éclore ex nihilo un véritable quartier culturel. Au moment où le nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts commence à sortir de terre, et avant d’accueillir à l’horizon 2021 le second bâti-ment qui abritera le Musée de l’elysée et le mudac – musée de design et d’arts appliqués contemporains, cette gazette souhaite vous immerger dans une aven-ture sans précédent en Suisse.

evoquant la dixième voie de chemin de fer sur laquelle le projet est né, comme la plaque tournante qui rappelle le passé ferroviaire du site, le nom de PLATeFOrMe 10 entend faire germer dans les esprits l’image d’un vaste plateau – favorisant les échanges entre les disciplines, les publics et les usages. Les deux nouveaux bâtiments, les arcades historiques rénovées et reconverties en lieux de restauration et d’animation ouverts même le dimanche, l’esplanade et la liaison reliant la gare au Pont Marc dufour vont redynamiser le centre-ville, en osmose avec la gare de Lausanne agran-die et rénovée, attendue en 2025. Accessible nuit et jour, ce nouveau quartier culturel sera un lieu de vie pour tous les publics.

Structurée par la présence de trois institutions complé mentaires – le mcb-a pour les beaux-arts, dans lequel seront accueillies les Fondations Toms Pauli et

Félix Vallotton, le Musée de l’elysée pour la photographie et le mudac pour le design – PLATeFOrMe 10 sera un lieu d’échanges et de collaboration dont l’action rayon-nera tant sur le plan local qu’à l’échelle internationale. en perpétuelle évolution, ce lieu aura pour ambition constante d’éveiller la curiosité de ses visiteurs en leur offrant un espace d’émerveillement, de découverte mais aussi d’expérimentation.

deux fois par an, cette gazette vous permettra de mieux connaître ce projet ambitieux et pluridisciplinaire en attendant les premières célébrations d’inauguration. Vous pourrez ainsi suivre l’actualité des musées, découvrir les arcanes du projet, plonger dans les entrailles du chantier, rencontrer ceux qui travaillent d’arrache-pied pour vous donner le goût de venir, de découvrir et de participer à l’aventure PLATeFOrMe 10 !

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PARTENARIAT les mUsées aU mUsée (dU cinéma)

édITO Prenez le train en marche

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« MUSéE caRToN » augustin RebetezA voir au Palais de rumine,Musée cantonal des Beaux-Arts, du 23 au 27 septembre 2017. Mercredi 27 septembre, de 18h à 20h, l’installation sera littéralement mise en pièces avant d’être vendue aux enchères.

www.mcba.ch

aUgUstin rebetez

son mUsée est en carton 

commandé par PlaTEfoRME 10 en 2016, le Musée carton de l’artiste jurassien aura vu du pays avant de terminer sa route au Palais de Rumine, à lausanne, le 23 septembre. Rencontre avec le créateur de cette installation itinérante au caractère poétique et délicieusement irrévérencieux.

aites attention de ne pas vous ramasser une tuile en arrivant, les

ouvriers sont en train de refaire le toit. » Avant notre rendez-vous chez lui près de delémont, Augustin rebetez a pris soin d’éviter que le ciel ne nous tombe sur la tête. Contrairement à la demeure de l’artiste jurassien, l’objet de la rencontre est en carton. il s’agit de son Musée carton, une installation itinérante spectaculaire qui terminera sa route au Palais de rumine à Lausanne après avoir vu le jour sous la bannière de PLATeFOrMe 10 à artgenève en janvier 2016. La même année, le musée imaginaire plantait ses fondations

souples aux rencontres de la photogra-phie d’Arles.

A l’image du Musée de l’elysée, du Musée cantonal des Beaux-Arts et du mudac, Augustin rebetez touche autant à la photographie qu’aux beaux-arts et au design. Volontairement sans logique, l’installation mélange de fausses œuvres d’artistes avec les siennes. A Lausanne, il ne manquera pas de faire un clin d’œil à l’artiste chinois emblématique Ai Weiwei qui exposera en même temps que lui au Palais de rumine (→ lire pages 4 et 5).

drôle, un peu foutraque, mais aussi poétique, le projet fait également honneur

au goût de la provocation du jeune artiste. « Les œuvres dont je me moque genti-ment, ce sont des œuvres que j’adore, tient-il à préciser. Comme la fausse vidéo de Fischli/Weiss, l’originale est un véritable chef-d’œuvre. C’est une sorte d’hommage aux artistes que j’aime. On vit dans une époque où les artistes évoluent de plus en plus aux frontières des différents médiums, c’est passionnant. » en guise d’épilogue, ce Musée carton – beau comme un mirage – sera entièrement mis en pièces et vendu lors du finissage, durant lequel une vraie vente aux enchères des « fausses » œuvres d’art aura lieu.

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chantal Prod’hom directrice du mudac Tatyana franck directrice du Musée de l’elysée Bernard fibicher directeur du mcb-a

dEUxièME cyclE dE filMS aUToUR dE l’ESPacE MUSéal aU ciNéMa

Musée du cinéma et des images en mou-vement, la Cinémathèque suisse convie pour la deuxième année consécutive PLATeFOrMe 10 à partager son espace privilégié – la salle de cinéma –, à l’occasion de plusieurs évènements. et quelle meil-leure occasion que la venue d’Ai Weiwei à Lausanne pour inaugurer une nouvelle réflexion autour de l’espace muséal ? invité par le Musée cantonal des Beaux-Arts, l’artiste chinois investit plusieurs espaces d’exposition au Palais de rumine (→ lire pages 4 et 5). A cette occasion, le Cinéma Capitole projettera le documen-taire ai Weiwei : Never Sorry.

Fin octobre, le Capitole accueille un autre invité d’exception, Gus Van Sant, à l’occasion de l’exposition que lui consacre le Musée de l’elysée dès le mois d’octo-bre et de la rétrospective intégrale à la Cinémathèque suisse dédiée en parallèle au cinéaste et artiste.

en marge de ces soirées événements, la Cinémathèque suisse et PLATeFOrMe 10 proposent une deuxième saison au cycle

consacré aux films ayant donné une voix – et une âme – aux musées du monde.

en flânant dans les musées, nous avons tous, un jour ou l’autre, imaginé pouvoir rentrer dans un tableau ou obser-ver une œuvre prendre vie sous nos yeux… Le septième art a souvent utilisé ces espaces voués à la culture, à la science et à l’imagination, pour réaliser ce rêve d’enfant.

A travers des films de fiction (The art of the Steal) ou documentaires (la ville louvre), des comédies (how to Steal a Million) comme des thrillers (dressed to Kill), des classiques du cinéma (Bande à part) et des films rocambolesques (The Monuments Men), le spectateur aura tout le loisir d’imaginer son propre musée idéal.

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iMPRESSUM

edition : etat de Vaud direction de la publication : Conseil de direction PLATeFOrMe 10

responsable de la publication : daniel Abimi rédaction : elisabeth Chardon et Alexandre Lanz

Photographie : Matthieu Gafsou et Jean-Bernard Sieber Graphisme : régis Tosetti et Simon Palmieri

impression : PCL Presses Centrales SA, renens Photographie de couverture : Matthieu Gafsou

www.plateforme10.ch / www.mcba.ch / www.elysee.ch / www.mudac.ch

Texte alexandre lanzPhoto jean-Bernard Sieber

« gUS vaN SaNT » A voir au Musée de l’elysée du 25 octobre 2017 au 7 janvier 2018

www.elysee.ch

chicca Bergonzi, responsable programmation et diffusion, Cinémathèque suisse

N°1 — SEPTEMBRE 2017 PlaTEfoRME 10 PagE 2 N°1 — SEPTEMBRE 2017 UN NoUvEaU qUaRTiER dES aRTS PagE 3

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n 2004, la Kunsthalle de Berne organisait la première exposition

personnelle d’Ai Weiwei en europe – et la dernière à ce jour sur le sol suisse. Son directeur d’alors, Bernard Fibicher, avait rencontré l’artiste en marge de la Biennale de Shanghai en 2000 tandis que ce dernier mettait sur pied une exposition parallèle qui, comme son titre fuck off l’indique, était moins sage que l’événe-ment officiel. Le grand public n’ayant encore guère entendu parler de lui, l’exposition bernoise avait eu une fréquentation plutôt discrète. A la tête du mcb-a depuis 2007, Bernard Fibicher prépare le grand démé-nagement vers PLATeFOrMe 10 à l’hori-zon du premier trimestre 2019. inviter Ai Weiwei – dont les expositions se sont multipliées à travers le monde – lui a semblé un bon moyen de quitter rumine en beauté.

L’artiste a tout de suite très géné-reusement mis ses œuvres à disposition. il est venu visiter les lieux au printemps 2016, publiant quelques images sur

son compte instagram, notamment des anciennes vitrines du Musée de zoologie. Très vite en effet, le projet a conduit à une collaboration inédite entre l’ensemble des occupants du bâtiment.

TRadiTioN ET SUBvERSioNdans les salles du mcb-a, les œuvres se répondent plutôt qu’elles ne se juxta-posent. Souvent grandioses, elles sont réalisées minutieusement grâce à des savoir-faire ancestraux qu’Ai Weiwei aime stimuler. Ainsi de ce vaste parterre de fleurs blanches, composé de grands car-reaux de porcelaine en relief. On peut noyer son regard dans cette floraison immaculée, déploiement d’une œuvre née en 2015, qui témoigne de la colla-boration de l’artiste avec les céramistes de son pays.

dans la même salle est exposée Study of Perspective, ces photographies de doigts d’honneur levés à travers le monde, au premier plan de tant de bâti-ments emblématiques. Le premier doigt

remonte à 1995, sur la place Tiananmen à Pékin. Peu significatif dans la culture chinoise, le signe – et l’œuvre – a pris tout son sens à l’échelle internationale. A Lausanne, les photographies sont accro-chées sur le papier peint finger, dont les motifs reprennent le même geste d’irres-pect, des bras sans corps formant des cercles qui, pour Bernard Fibicher, ne peuvent qu’évoquer une pièce de Bruce Nauman en possession du musée lausan-nois : Sans titre (hands circle), un bronze de 2006.

UN aRTiSTE gloBal ET ToTalAi Weiwei a vécu douze ans aux etats-Unis et réside désormais à Berlin. Ses références, comme ses adresses, concernent autant la Chine que le reste du monde. « C’est le premier artiste global », s’enthousiasme le directeur du mcb-a qui ne manque pas d’évoquer human flow, documentaire d’Ai Weiwei très attendu, tourné dans une vingtaine de régions de la planète touchées par la crise migratoire.

dans la grande salle centrale, c’est un papier peint à motifs de caméras de surveillance, évocatrices de celles braquées sur l’artiste pendant son assignation à résidence, qui recouvre les murs. L’œuvre porte un long titre dont la traduction est « L’animal ressemble à un lama mais en réalité c’est un alpaga ». dans les reflets dorés des caméras, on aperçoit notam-ment Ai Weiwei nu avec, devant le sexe, une sorte d’alpaga en peluche. L’animal est devenu la mascotte des internautes chinois luttant pour la liberté d’expression à cause des jeux de mots que permet son nom dans leur langue.

Parmi les autres pièces, des graines de tournesol en porcelaine (Sunflower Seeds). Pas autant qu’à la Tate Modern de Londres en 2010, lorsque 1600 per-sonnes avaient fabriqué et peint à la main cent millions de graines en deux ans, mais assez pour être spectaculaire. dans la dernière salle, seize sphères de bois assem-blées selon des méthodes traditionnelles, sans clous, agrafes ni colle, condensent

Pour sa dernière exposition à la Riponne, le Musée cantonal des Beaux-arts expose l’artiste chinois. Sous le titre « d’ailleurs c’est toujours les autres », les œuvres d’ai Weiwei dialoguent avec l’ensemble du Palais de Rumine, se glissant parmi les collections des autres musées jusqu’à la bibliothèque.

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1 Ai Weiwei devant le grand cachalot (mâchoire inférieure) au Musée cantonal de zoologie de Lausanne, 2016. Photo : Alfred Weidinge

2 With Wind (avec du vent), 2014, bambou et soie, env. 240 × 5000 cm. Vue de l’installation, New industries Building à Alcatraz, Californie.

© Studio Ai Weiwei

des significations diverses, évocatrices de forces et de fragilités qu’il convient à chacun d’attribuer.

UNE ExPoSiTioN qUi PRolifèREet dans les autres institutions ? L’artiste dialogue avec l’esprit des lieux, qui a du caractère. Ainsi, parmi les cires anato-miques du Musée de zoologie, il a placé Ruyi. Cette pièce en porcelaine, inspirée d’un sceptre symbole du pouvoir en Chine mais composée d’organes, rappelle les trafics dont souffre la Chine et les prélève-ments forcés sur les milliers de condamnés à morts annuels, en tout cas jusqu’en 2015, dénoncés par les ONG. des œuvres décli-nées autour du crabe d’eau douce (he xie) trouvent aussi leur place ici, ainsi que des figures construites à la manière des cerfs-volants, en bambou et papier de soie, inspirées du Shanhaijing, l’antique livre des monts et des mers, source des grandes légendes chinoises. Surtout, un dragon de papier coloré de cinquante mètres de long ondule dans la grande

galerie avec, sur ses anneaux, des citations de prisonniers politiques dont Ai Weiwei. Le monstre a vu le jour pour une exposi-tion dans l’ancienne prison d’Alcatraz, alors même que l’artiste était assigné en rési-dence en Chine.

dans le département de géologie, crystal cube – un bloc d’1 m2 – voisine avec les cristaux tandis que sex-toys et menottes en jade se glissent parmi les pierres semi-précieuses. en archéologie, le triptyque photographique en noir et blanc où l’artiste laisse choir une urne céré-monielle de 2000 ans d’âge est incon-tournable. dès 1995, cet acte fort soulignait les rapports contradictoires de la Chine avec son Histoire. A Lausanne, en dialogue avec la série colored vases – des céra-miques anciennes recouvertes de peintures industrielles –, c’est la version de 2016 de dropping a han dynasty Urn, réalisée avec des briques Lego et comme pixelli-sée, qui est exposée. en 2015, le mcb-a avait participé au vaste financement par-ticipatif, lancé en briques plutôt qu’en

monnaie, lorsque la célèbre marque de jouets avait refusé de vendre à l’artiste les quantités demandées, frileuse à l’idée d’être impliquée dans un projet politique. elle avait fini par céder.

Quant à la Bibliothèque cantonale universitaire, elle n’est pas en reste avec les fameux livres noir, blanc et gris. dans ces ouvrages clandestins, Ai Weiwei a com-pilé ce qu’il a découvert de l’avant-garde chinoise à son retour au pays, en 1993.

hoMMagE à MaRcEl dUchaMPL’exposition porte un titre en français : d’ailleurs c’est toujours les autres. en français, parce qu’il s’agit de l’épitaphe tronquée de Marcel duchamp. « d’ailleurs c’est toujours les autres qui meurent », peut-on lire sur la tombe du pionnier de l’art contemporain. Bien sûr, la référence est loin d’être inattendue de la part d’Ai Weiwei, qui la revendique sans cesse. et ses hommages sont parfois très appuyés. Ainsi, parmi les figures de bambou et de soie de son Shanhaijin, il a glissé le

Nu descendant un escalier du maître et, parmi les images reflétées dans les caméras dorées de la tapisserie This animal looks like a lama but…, on devine la fameuse scène d’Etant donnés : 1° la chute d’eau, 2° le gaz d’éclairage, qui a pour décor la cascade de Forestay, entre Puidoux et Chexbres.

UN gUIdE d’ExcEPTION AU

PALAIs dE RUMINE

AI WEIWEI

3 Sunflower Seeds (graines de tournesol) (détail), 2010, porcelaine peinte à la main, 12 × 8 × 0.1 m. © Studio Ai Weiwei

4 Study of Perspective (Etude de perspective), 1995, photographie n/b

© Studio Ai Weiwei5 The animal That looks like a llama but

is Really an alpaca, 2015, papier peint, dimensions variables. © Studio Ai Weiwei

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Texte Elisabeth chardon

« d’aillEURS c’EST ToUjoURS lES aUTRES » ai Weiwei

A voir au Palais de rumine, Musée cantonal des Beaux-Arts, du 22 septembre 2017 au 28 janvier 2018.

www.mcba.ch

N°1 — SEPTEMBRE 2017 PlaTEfoRME 10 PagE 4 N°1 — SEPTEMBRE 2017 UN NoUvEaU qUaRTiER dES aRTS PagE 5

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LE chANTIER EN IMAgEs

le Musée cantonal des Beaux-arts promet d’être grandiose, tant dans sa forme que par sa taille. visite guidée du chantier une belle journée d’été, avant l’ouverture officielle prévue à l’automne 2019.

mcb-aTexte alexandre lanz Photos Matthieu gafsou

145,5 mètres de long, 21,65 mètres de large, 22,1 mètres de haut. 700’000 briques, quelque 350 ouvriers et 53 entreprises impliquées dans le projet. Le décor est planté, majestueux.

Le chantier du Musée cantonal des Beaux-Arts, conçu par les architectes barcelonais Fabrizio Barozzi et Alberto Veiga, affiche fièrement des dimensions digne d’un palais.

Vu de l’extérieur, le bâtiment aux lignes sobres et puissantes dégage un caractère calme et posé, à l’instar des fenêtres qui se révèlent au gré de la pro-menade côté nord grâce au choix subtil des vitrages en shed, inclinés en dents de scie vers le lac. Seules trois fenêtres sont orientées côté sud – soit du côté

des voies de chemin de fer – dont celle de la grande arche, monumental vestige du passé du site.

Casque et bottes de chantier enfilés, la visite commence avec Carlos Viladoms,

un des associés du bureau Fruehauf Henry & Viladoms, les architectes locaux en charge du suivi architectural. Comme son nom l’indique, PLATeFOrMe 10, et le Musée cantonal des Beaux-Arts en particulier, se déploie en prolongement de la gare, un lieu de rencontre par excellence, pra-tique autant pour les musées que pour les visiteurs. Tout a donc été pensé en harmonie avec cet environnement. A com-mencer par le choix des briques et le gravier autour du bâtiment, clin d’œil au passé industriel des usines au bord des rails tout en instillant une sorte de maté-rialité : « Une petite échelle dans cette grande échelle », précise l’architecte. « Ce sont les volumes qui donnent la généro-sité aux espaces », poursuit-il. et pour

preuve : le hall d’entrée du musée mesure 17 mètres de haut.

Les espaces publics comme la cafété-ria, l’auditoire, la bibliothèque, la boutique, ainsi qu’un espace d’exposition tempo-raire, se trouvent au rez-de-chaussée. des espaces d’expositions temporaires et permanentes à la pointe de la techno-logie sont prévus au 1er étage. Mais la véritable apothéose se situe au 2e étage, où la grande salle d’exposition tempo-raire s’étend sur une superficie de 600 m2. « Une des plus grandes de Suisse », annonce l’architecte, le regard pétillant.

le hall d’entrée du musée mesure 17 mètres

de haut

17retrouvez plus d’images surwww.plateforme10.ch

N°1 — SEPTEMBRE 2017 PlaTEfoRME 10 PagE 8 N°1 — SEPTEMBRE 2017 UN NoUvEaU qUaRTiER dES aRTS PagE 9

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idée paraît presque trop simple : des musées remplacent un site ferro-

viaire et une locomotive évoque le passé du lieu, qui est aussi un peu son avenir si l’on pense au développement de la nouvelle gare juste à côté… de fait, les cinq tonnes de métal peint en vert véhiculeront une histoire beaucoup plus riche que cette première évidence, une histoire qu’ont su repérer les dix membres du jury réunis au printemps 2017 en votant quasiment à l’unanimité pour le projet d’Olivier Mosset (CH,*1944) et Xavier Veilhan (Fr,*1963), parmi les seize rendus.

Quand Xavier Veilhan a découvert qu’il était sur la liste des nominés du premier tour du concours d’intervention artis tique avec Olivier Mosset, lui est venue une idée qui a légèrement bousculé le déroulement du concours, sans contre-venir à son règlement. « Je suis fan, je l’ai appelé pour que nous fassions une pro-position commune », nous a-t-il raconté le jour de l’annonce officielle des résultats, devant le pavillon français de la Biennale internationale d’art de Venise qu’il a

transformé en un étonnant studio d’enre-gistrement boisé.

UNE collaBoRaTioN qUi RoUlEAu MAMCO de Genève, en 1999, Xavier Veilhan avait déjà présenté un véhicule, la Ford T, emblématique de la mise en pra-tique du taylorisme et fabriqué à la chaîne dès 1908. Par contraste, le modèle de l’ar-tiste avait été réalisé de manière artisanale par les élèves d’un lycée technique. Puis le thème de la mobilité n’a cessé d’être présent dans l’œuvre du Français, du cheval au dirigeable en passant par le bateau ou encore le skating.

Quant à Olivier Mosset, également passionné de mécanique, c’est un biker invétéré, amateur de Harley-davidson et conducteur de belles américaines, des passions qui ont parfois interagi avec son œuvre. C’est d’ailleurs de lui que vient l’idée de la locomotive. il raconte que, lorsqu’il a reçu le cahier des charges du concours, il venait de rêver d’une mare aux crocodiles – une réalité bien éloignée de sa nouvelle maison en Arizona bâtie au

milieu des cactus – et c’est comme cela que lui est venue l’idée de développer un projet à partir de la fameuse motrice surnommée Crocodile à cause de sa forme singulière et de sa couleur. L’idée a plu à Xavier Veilhan et le travail a tout de suite commencé.

Près de vingt ans après sa Ford T, l’artiste français revient donc en Suisse grâce à un rêve d’Olivier Mosset, avec un autre véhicule iconique. et très helvétique. La Crocodile a sa place dans l’imaginaire suisse tout comme les fameux toblerones, ces blocs défensifs qui ont ceinturé la Suisse pendant la Seconde Guerre mon-diale et dont Olivier Mosset a décliné la géométrie particulière en une série de sculptures depuis 1994, dans toutes sortes de matériaux, du carton au glaçon. Cette capacité à révéler un objet est bien sûr un point commun avec Xavier Veilhan. Le double visage de la Crocodile enfin – qui comporte deux cabines pour pouvoir être conduite dans les deux sens – semble aussi être un clin d’œil à la réunion des deux artistes.

BEllE MécaNiqUE« Une fourmi de dix-huit mètres, ça n’existe pas », dit le poète avant de demander « et pourquoi pas ? » eh bien, une crocodile de dix-huit mètres, ça existera, cher monsieur desnos. encore faudra-t-il ces prochains mois affiner le projet, faire des essais de matériau et de couleurs, trouver les lignes exactes pour synthétiser la puissante mécanique ferroviaire en un objet identifiable mais aussi assez pur – ni trop agressif, ni trop aimable – afin de permettre des perceptions multiples. crocodile ne sera pas un banal monument ; elle devra pouvoir être déplacée, ne serait-ce que pour accompagner le chantier qui va animer le quartier durant quelques années encore. il serait dommage de figer une si belle évocation de la mobilité.

olivier Mosset et xavier veilhan, deux artistes singuliers, ont trouvé un aiguillage commun à lausanne à l’occasion du concours d’intervention artistique de PlaTEfoRME 10. cette rencontre inédite se concrétisera sous la forme d’une superbe et monumentale modélisation de locomotive à l’échelle 1:1, inspirée de la fameuse crocodile des cff. le public découvrira l’œuvre lauréate lors de l’inauguration du nouveau Musée cantonal des Beaux-arts, au premier trimestre 2019.

cROcOdILE

Jean-Jean

EN cOULIssEs découvrez le portrait de ceux qui mettent en lumière, souvent dans l’ombre, les projets de PlaTEfoRME 10. hommage aux nombreux métiers à l’œuvre sur le site ou dans les musées.

Œil oUvRiER dU MUSéE dE l’ElySéE

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PRèS dE la gaRE, l’aRT MèNE déjà gRaNd TRaiN

Texte Elisabeth chardon

Texte alexandre lanzPhoto jean-Bernard Sieber

es jardins du Musée de l’elysée, fin juin 2017. Sous une chaleur caniculaire

invitant à la torpeur, les techniciens peau-finent les derniers préparatifs de la 7e Nuit des images. Parmi eux, Jean Clivaz, plus connu sous le pseudo de Jean-Jean. Son surnom lui a collé à la peau depuis l’en-fance : « Nous étions deux Jean dans le quartier du village dans lequel j’ai grandi en Valais. Quand elle m’appelait Jean, ma mère ne comprenait pas pourquoi je ne rentrais pas à la maison. Alors elle m’a appelé Jean-Jean et cela s’est révélé beau-coup plus efficace », se souvient-il en sou-riant. A trois ans, sa grand-mère lui fait percer les oreilles. « A l’époque, on disait que c’était bon pour les yeux. J’avais une boucle de chaque côté, puis j’en ai perdu une et gardé l’autre ». Qu’il porte encore à gauche.

il est une des personnalités emblé-matiques du musée, apprécié de tous, témoin de l’histoire de l’institution depuis ses débuts en 1985, en tant que musée pour la photographie. Une fleur tatouée sur l’avant-bras, les cheveux rassemblés

en un catogan, ses yeux clairs dévoilent la franchise de ceux qui ne s’encombrent pas du poids de l’égo. Quand il parle de son métier, il emploie le « on » plutôt que le « je », comme pour souligner l’importance du travail collectif. Technicien d’exposition, c’est lui qui accroche les images. Mais ses fonctions ne se limitent pas à un cahier des charges réducteur. Son champ de compé tences lui a permis de s’adapter

à la constante évolution technologique, le basculement de la photographie vers le numérique et les écrans sous toutes leurs formes, pour devenir médiamaticien. C’est aussi lui qui s’occupe du photomaton, étape incontournable des visiteurs du musée.

A l’ombre des grands arbres, il se remémore son incroyable aventure. « J’en suis à mon quatrième directeur, en

l’occurrence une directrice. C’est une année parti culière pour moi, puisque je vais quitter en décembre », annonce-t-il sans drame. il le sait, il ne sera jamais très loin. Car chez lui, la passion et le plaisir sont intacts.

A 64 ans, dont quasiment trente passés au musée et plus de 300 expo-sitions, il en a vu passer des images. il a même exposé ses propres clichés dans le cadre d’une exposition collective intitulée

ville imprévisible au Forum d’Architectures dans les années 2000. « J’ai été piégé en quelque sorte, plaisante-t-il en tirant sur sa cigarette. Un collègue conservateur m’avait demandé de présenter des pho-tos que j’avais réalisées à Séoul, en Corée du Sud. J’ai été sélectionné et finale ment, j’ai passé plus de temps à accrocher les images des autres que les miennes ». Chassez le naturel, il finit toujours par

revenir au galop. Sans nostalgie et ouvert à la nouveauté, il est aux premières loges pour scruter l’engouement phénoménal pour la photographie dans la société depuis quelques années. il ne vivra pas la migra-tion du musée au sein de PLATeFOrMe 10 mais cela ne l’empêche pas de s’en réjouir. « L’elysée était déjà un musée incontour-nable, il va maintenant devenir essentiel, souligne-t-il. Je suis certain que l’aven-ture sera extraordinaire, aussi d’un point de vue technologique ». Face à la course à l’immédiateté des réseaux sociaux, il pose un regard lucide.

« instagram et Pinterest ont peut-être contribué à changer le regard des gens, mais cela a surtout donné la possi-bilité à la planète entière de voir des photos de toutes sortes », observe-t-il avant de conclure sur un ton philosophique et amusé : « J’espère qu’il n’y aura pas trop de pannes d’électricité. Si un jour c’est le blackout, comment fera-t-on pour vivre sans images ? »

« Si un jour c’est le blackout, comment fera-t-on pour vivre sans images ? »

1 Xavier Veilhan et Olivier Mosset photo : Jean-Bernard Sieber

2 crocodile, 2019 image : Vincent Germond

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N°1 — SEPTEMBRE 2017 PlaTEfoRME 10 PagE 10 N°1 — SEPTEMBRE 2017 UN NoUvEaU qUaRTiER dES aRTS PagE 11

Page 7: PLATEFORME...Félix Vallotton, le Musée de l’elysée pour la photographie et le mudac pour le design – PLATeFOrMe 10 sera un lieu d’échanges et de collaboration dont l’action

dans le prolongement du mur de soutènement, au nord, se trouve une partie du programme

complémentaire au fonctionnement des musées. Cette zone abritera un espace de promotion culturelle

(200 m2), un auditoire de 80 places et des locaux dédiés aux activités socioculturelles.

ESPacES MUTUaliSéS

PRogRaMME coMPléMENTaiRE

Foyer (582 m2), bibliothèque (420 m2), librairie/boutique (310 m2) et café (217 m2).

Zone de livraison, ateliers, dépôts,

locaux de service et espaces administratifs.

MUSéE dE l’ElySéE MUdac

2849Surface utile m2

3653Surface utile m2

2253Surface utile m2

1638Expositions temporaires,

collections et centre pédagogique m2 

1560Expositions temporaires et

espace multimédia, collections et centre pédagogique m2  

1211Réserves pour les collections,

dépôt et espaces administratifs m2 

2093Réserves pour les collections,

dépôt et espaces administratifs m2 

Un mUsée dEUx MUséEs

lES fUTURS MUdac ET MUSéE dE l’ElySéE

après le nouveau mcb-a en 2019, le 2e bâtiment qui abritera le mudac – musée de design et d’arts appliqués contemporains et le Musée de l’Elysée verra le jour en 2021.

Mis en résonance avec le bâtiment du Musée cantonal des Beaux-Arts, cet ouvrage des architectes Manuel et Francisco Aires Mateus dessine une cohérence, une force et une simplicité qui auront valeur d’icône. il est conçu comme une enveloppe unique, ingénieusement compo-sée de deux parties : l’une consacrée à la photographie, l’autre au design et aux arts appliqués contemporains. Chacun des musées y trouve sa place, soudé à l’autre par un formidable espace d’accueil et de rencontres, prolon-gement de l’esplanade publique. Le chantier de ce projet devrait démarrer début 2018. Au total, 100 millions de francs seront investis, dont 40 mil-lions par l’etat de Vaud, 20 millions par la Ville de Lausanne et 40 millions grâce aux mécènes et sponsors.

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