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CONSEIL DE L’ENFANCE ET DE
L’ADOLESCENCE
PILOTAGE DE LA QUALITE AFFECTIVE,
EDUCATIVE ET SOCIALE DE L’ACCUEIL DU
JEUNE ENFANT
Avis
adopté par consensus par le
Conseil de l'Enfance et de l'Adolescence
le 22 mars 2019
PILOTAGE DE LA QUALITE AFFECTIVE, EDUCATIVE ET SOCIALE
DE L’ACCUEIL DU JEUNE ENFANT
AVIS DU CONSEIL DE L’ENFANCE ET DE L’ADOLESCENCE DU HCFEA
Le rapport du Conseil enfance sur le « Pilotage de la qualité affective, éducative, sociale de
l’accueil du jeune enfant » a été adopté à l’unanimité le 22 mars 2019, sa synthèse est annexée au
présent avis.
Le Conseil de l’enfance du HCFEA rappelle que les modes d’accueils ont vocation à s’ajuster à la
situation particulière de chaque enfant, l'évolution des modes de vie et des attentes des familles qui
le lui confient, les ressources et caractéristiques du territoire d'implantation. A l’appui du Cadre
national de l'accueil du jeune enfant publié en 2017, et à partir d’une approche holistique de la
qualité, essentielle au développement et à l’épanouissement des jeunes enfants, le Conseil propose
un pilotage national de la qualité des modes d’accueil individuels et collectifs pour une équité du
service rendu aux enfants et à leurs familles, mais sans objectif de standardisation des pratiques.
Pour ce faire, il adopte :
- 24 propositions de repères pour un référentiel de qualité des acteurs de la petite enfance,
correspondant à une déclinaison opérationnelle des 10 orientations du texte cadre national de
l’accueil de la petite enfance et servant à mettre en place des auto-évaluations internes des
EAJE.
- 24 propositions de pilotage de la qualité qui ressortent du cadre normatif et de la
structuration de l’offre. Elles complètent ces repères pour créer un environnement propice
qui encourage l’amélioration régulière et la réflexivité sur les pratiques, ainsi que la
professionnalisation et la reconnaissance des métiers de la petite enfance.
Le Conseil de l'enfance du HCFEA prend le parti de fournir des appuis opérationnels instruits des
enjeux centraux de la prime éducation, et fournissant un socle commun à l'ensemble des acteurs
pour bâtir une politique petite enfance plus cohérente, tout en laissant une grande place à l'initiative
de chaque mode d’accueil.
A court-terme, ce rapport a vocation à servir de matrice à la campagne de formation continue des
professionnels de la petite enfance prévue par la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. Ce
rapport du Conseil est l’objet d’une saisine « sur le pilotage de la qualité des modes d’accueil du
jeune enfant » du Ministère des Solidarités et de la Santé en date du 27 janvier 2019.
ANNEXE : SYNTHESE DU RAPPORT
Le présent rapport du Conseil de l’enfance et de l’adolescence du HCFEA porte sur les moyens
d’améliorer la qualité des modes d’accueil de la petite enfance, ici définie comme qualité
affective, éducative et sociale. Il s’adresse à toutes les parties prenantes du secteur et s’inscrit à la
suite des travaux engagés par le HCFEA sur ce thème. Il est réalisé dans le cadre d’une saisine
conjointe de la ministre de la Santé et des Solidarités Agnès Buzyn et de la secrétaire d’Etat à la
famille, Christelle Dubos.
Prenant appui sur les 10 articles du texte cadre national de l’accueil du jeune enfant, le rapport
propose des repères de qualité et des axes pour piloter la montée en qualité des modes d’accueil
individuels et collectifs. Centrée sur les conditions favorables au développement et à
l’épanouissement des jeunes enfants, l’approche interactive et multi-dimensionnelle de la qualité
inclut de fait l’accueil des familles et la continuité éducative vers l’entrée en école maternelle. A
court terme, ce rapport a vocation à servir de matrice à la campagne de formation continue des
professionnels de la petite enfance prévue par la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté.
A cette fin, le rapport fait deux types de propositions :
• 24 propositions de repères pour un référentiel de qualité des acteurs de la petite enfance,
en appui sur les 10 articles du texte cadre national de l’accueil de la petite enfance.
• 24 propositions de pilotage de la qualité qui ressortent du cadre normatif et de la
structuration de l’offre et qui complètent ces repères pour créer un environnement propice.
I. PARTIR DES OUTILS ACTUELS DE PILOTAGE DE LA QUALITE DANS LES MODES D’ACCUEIL DE LA
PETITE ENFANCE
Aujourd’hui, plus de la moitié des enfants de moins de trois ans sont accueillis à titre
secondaire ou principal dans des modes d’accueil formels, individuels ou collectifs. L’effort de
structuration institutionnelle de l’offre a d’abord porté sur l’accueil collectif. La préoccupation de
« qualité » n’est pas nouvelle, mais son contenu a évolué. Elle s’est concentrée, dans un premier
temps, sur la préoccupation sanitaire et sur la lutte contre la morbidité infantile. A partir des années
1980, elle est davantage invoquée en parlant des services aux familles, notamment pour faciliter
l’articulation entre vie familiale et vie professionnelle puis l’accompagnement à la parentalité. Les
modes d’accueil collectifs ont progressivement acquis une réputation de « laboratoires » d’éveil
précoce, de socialisation et de réduction des inégalités sociales. A côté des normes sanitaires ou
administratives, l’approche holistique pose les conditions d’un bon développement de l’enfant,
physique, relationnel et intellectuel (cognitif) à partir des composants affectifs et relationnels
(émotionnels), sociaux et culturels de son bien-être. Tous les acteurs s’accordent désormais à penser
que les dimensions prises en compte par la législation ou la règlementation doivent s’élargir dans ce
sens pour garantir la qualité des modes d’accueil. Au-delà du seul respect des normes structurelles
réglementaires, d’autres conditions de qualité des modes d’accueil jouent en effet un rôle
déterminant sur le développement présent et à venir des enfants qui les fréquentent, et sur les
bénéfices majorés que les enfants en situation de vulnérabilité sociale ou médicale sont susceptibles
d’en tirer.
La proposition de la Commission européenne pour des systèmes de qualité pour l’éducation et
l’accueil de la petite enfance montre que de nombreux pays adoptent des orientations dans cette
logique holistique. En outre, les approches de suivi de la qualité des modes d’accueil, aussi
diverses soient-elles, ont toutes en commun une visée d’objectivation à la fois de la qualité
structurelle (taux d’encadrement, niveau de formation, locaux, etc.) et de la qualité des
interactions avec les enfants, qui elle-même dépend de l'organisation de la structure. Selon la
revue de littérature de l’OCDE sur le sujet, les éléments déterminants tiennent avant tout à la
qualité des interactions entre enfants et professionnels qui constituent le cadre de leurs
expériences quotidiennes (climat affectif, soins physiques, environnement riche en situations
éducatives et pédagogiques, savoir-faire pour mobiliser les enfants dans des activités, des jeux et
des interactions avec les autres, rituels créant des repères). Concernant les éléments structurels, la
formation continue et l’amélioration in vivo des compétences ont également un effet significatif
sur le développement des capacités des enfants.
Enfin, l’appropriation de formes diverses d’auto-évaluation, de bilan et documentation
contribue à améliorer la qualité des relations entre enfants et professionnels alors que le contrôle
opératoire des équipes et les indicateurs formels ou partiels fournissent rarement un suivi
adapté de la qualité des processus.
En 2016, le rapport « Développement du jeune enfant, modes d’accueil, formation des
professionnels » a posé un jalon supplémentaire de « la conception qualitative des modes d’accueil
pour la petite enfance basée sur les particularités du développement de l’enfant avant trois ans ».
Avec la publication par le ministère en 2017 du texte cadre national pour l’accueil du jeune
enfant en 10 orientations, une marche institutionnelle a été franchie qui définit les objectifs,
principes et valeurs essentielles autour d’un cadre commun pour l’ensemble des acteurs contribuant
à l’organisation et à l’accueil du jeune enfant.
Restait à poser des repères plus opérationnels déclinant les 10 orientations du texte cadre. C’est
l’objet de ce rapport, dont le contexte politique est le suivant :
– la reprise en cours d’étude du cadre normatif (Art. 50 de la loi pour un Etat au service
d’une société de confiance ou ESSOC) en vue de simplification ;
– la mise en œuvre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté
lancée en septembre 2018 qui promeut « l’accueil dans les crèches ou par les assistants
maternels comme levier efficace de réduction des inégalités liées à l’origine sociale » et
prévoit un plan de formation continue de 600 000 professionnels de la petite enfance.
II. AMELIORER LA QUALITE DE VIE DES ENFANTS CONFIES PAR LEURS PARENTS AUX MODES
D’ACCUEIL A PARTIR DU CADRAGE NATIONAL
Le Conseil de l’enfance du HCFEA propose une déclinaison des 10 articles du texte cadre
national en 24 repères opérationnels pour un référentiel de la qualité des modes d’accueil.
Le HCFEA préconise que ces repères trouvent une traduction réglementaire dans les projets
d’accueil des assistants maternels et dans les projets d’établissements des EAJE (projet éducatif
et projet social). A plus court terme, ces repères permettront de nourrir l’offre de formation des
600 000 professionnels de la petite enfance prévue dans le plan de la Stratégie nationale de lutte
contre la pauvreté.
De manière plus structurelle, les 24 repères sont regroupés autour de trois dimensions (A, B et C)
permettant de soutenir le développement global de l’enfant et d’améliorer la qualité éducative,
affective et sociale de son accueil :
– l’accueil de l’enfant à partir de sa spécificité et de son contexte familial et social ;
– le contenu des interactions avec les enfants favorable à leur sécurisation affective et
relationnelle, à leur développement sensori-moteur, langagier et logique, leur socialité et
leur sensibilité culturelle et environnementale ;
– accueillir les enfants par des organisations bientraitantes et ouvertes sur l’extérieur.
Des propositions complètent ces repères pour décliner les 10 orientations du texte-cadre.
A. L'accueil de l'enfant à partir de sa spécificité et son contexte familial et social : travail des
professionnels de la petite enfance en lien avec les parents (article 1 à 3)
Article 1. L’accueil du jeune enfant doit répondre aux spécificités de sa situation.
Le recours aux modes d’accueil formels réguliers est aujourd’hui avant tout lié à l’exercice d’une
activité professionnelle par les parents qui, de fait, ont un niveau de vie plus élevé que la moyenne
des familles. On sait aussi qu’un quart des parents qui s’occupent eux-mêmes de leur enfant sont
contraints par le manque de place ou par le manque de meilleures solutions1 pour concilier vie
familiale et vie professionnelle ou pour répondre à des besoins spécifiques de l’enfant (situation de
handicap, etc.). Les autres enfants vivent souvent dans des familles où les mères (majoritairement)
ne travaillent pas et/ou peuvent ne pas voir l’intérêt de confier leur enfant en dehors de la famille.
La stratégie de lutte contre la pauvreté affiche l’ambition d’offrir à terme à tous les enfants avant
l’entrée à l’école maternelle une expérience de socialisation précoce dans un accueil formel, qualifié.
Un environnement riche en nouvelles sollicitations, un soutien des interactions ludiques et créatives entre
enfants et enfin des liens positifs entre professionnels et parents favorisent le développement relationnel,
cognitif et social des enfants. Ces éléments constituent des facteurs de réduction ou de prévention des
inégalités, de réduction des discriminations et relèvent du respect des droits de l’enfant tels que définis par
la CIDE.
1 En 2018, le HCFEA avait estimé un besoin de 230 000 solutions d’accueil.
Cette politique volontariste nécessite d’aller davantage vers les familles qui n’envisagent pas de
proposer à leurs enfants une expérience à temps partiel de socialisation et de découverte dans un
mode d’accueil :
� Repère 1 : enrichir le projet social des EAJE pour être en mesure d’aller davantage vers toutes
les familles et en reprendre les axes dans les projets d’établissement et d’accueil. Au moment de
l’autorisation de fonctionnement d’une structure AJE, ou de l’attribution de l’agrément pour
l’implantation d’une MAM, inclure dans le projet social un descriptif de l’environnement socio-
économique d’implantation de l’établissement, de la démographie du secteur, des éléments d’analyse
locale offre/besoins. Le cas échéant en s’appuyant sur les diagnostics des schémas départementaux
de services aux familles.
� Repère 2 : accueil du handicap et maladies chroniques. Prévoir systématiquement dans le projet
d’accueil et d’établissement les moyens alloués et les modalités d’organisation envisagées pour
l’accueil d’un enfant en situation de handicap ou de maladie chronique.
� Repère 3 : laïcité. Inscrire dans le projet d’établissement en EAJE le respect de la charte de la laïcité
de la branche famille de la sécurité sociale (à l’exception des structures d’obédience religieuse), et
plus largement dans tous les modes d’accueil, le respect des principes de laïcité et des valeurs de
neutralité de la République.
On peut estimer plus précisément le besoin d’accueil pour les enfants de plus de 1 an qui ne sont
jamais dans un mode d’accueil formel : selon le rapport HCFEA 2018 sur l’accueil des enfants de
moins de 3 ans, 26 % des enfants de moins de 3 ans sont dans une famille inactive ou mono-active,
soit 400 000 enfants de plus de 1 an et 200 000 de 2 ans2. A côté d’un objectif de développement
d’accueils pour répondre aux besoins des parents actifs, il paraît alors pertinent de chercher à
développer des solutions d’accueils formels plus ponctuels mais réguliers3 pour faire profiter les
enfants de moments d’éveil et de socialisation plus diversifiés lorsqu’ils sont avec leurs parents.
Proposition 1 : prévoir un appui dans le cadre des schémas départementaux de service aux familles pour
mettre en relation les structures d’accueil et les acteurs sociaux qui sont près des familles (notamment
les PMI, services sociaux municipaux, maternités et associations œuvrant pour les personnes en situation de
grande exclusion) et proposer aux parents qui le souhaitent un accueil même partiel en EAJE.
Dans la lignée du rapport « Temps et lieux tiers des enfants et des adolescents » et aux côtés du
soutien aux nombreuses initiatives locales de socialisation et d’éveil avec les parents (LAEP et
maisons vertes, centres sociaux, bibliothèques ou ludothèques, accueil jeux, gymnastique et bébés
nageurs, etc.), le Conseil préconise que l’une des mesures institutionnelles permettant une
expérience d’éveil et de socialisation prenne la forme d’une offre de petits ateliers hebdomadaires
2 En supposant une équi-répartition des besoins entre la naissance et 3 ans, donc 1/3 pour la première année de vie, ce
qui sur pondère le poids des enfants de plus de 1 an.
3 A titre indicatif, si l’objectif était d’offrir à tous ces enfants une solution d’accueil formel de deux demi -journées par
semaine, cela nécessiterait 80 000 places (400 000 /5).
dans les EAJE ouverts à quelques enfants (en plus des enfants déjà accueillis à temps plein ou
partiel par l’EAJE), venant chaque semaine, en invitant les parents à participer aux ateliers avant de
confier leurs enfants. Les 12 000 EAJE ont potentiellement la capacité d’offrir 72 000 à 96 000
« places » d’ateliers d’éveil et de socialisation précoce hebdomadaires. Ce qui permettrait de
couvrir 40 % à 60 % des besoins pour les enfants de 2 ans, sans nécessité de création de places
supplémentaires.
Proposition 2 : développer une pluralité d’accueils partiels et multi-accueils dans toutes les crèches qui
n’en proposent pas déjà, notamment pour des familles à besoins spécifiques (pauvreté, insertion, handicap).
Favoriser la mise en place d’un ou deux ateliers hebdomadaires (par exemple d’une durée 2 heures) dans
les EAJE4, positionnés comme des ateliers d’éveil et de socialisation ouverts aux jeunes enfants vivant à
proximité ou dans des conditions permettant qu’ils viennent accompagnés d’un parent, et en prévoyant la
gratuité pour les familles sans ou à bas revenus. Intégrer cette offre dans les schémas départementaux de
services aux familles. Les référencer dans Mon enfant.fr et dans la plate-forme EAC mise en service en
2020, à ouvrir aux professionnels de la petite enfance. Envisager le même type de démarche en RAM et
MAM, lorsque les missions et le nombre de RAM auront été élargis. Soutenir les initiatives comparables
existantes d’accueil, de socialisation et d’éveil (LAEP et maisons vertes, centres sociaux, bibliothèques ou
ludothèques, accueil jeux, gymnastique ou massage du nourrisson, bébés nageurs, etc.).
A expertiser : prévoir l’accompagnement et les moyens nécessaires pour mettre en place ces ateliers (dont les
modalités d’utilisation des bonus mixité, territoires, handicap, à cet effet).
Proposition 3 : profiter de la reprise du cadre normatif pour accompagner le développement de points
d’accueil et d’inscription obligés, organisés localement en s’assurant de la présence et de la disponibilité
d’un professionnel de la petite enfance, pour les familles cherchant un mode d’accueil individuel ou
collectif pour leur enfant. Une demande de place sera ainsi l’occasion d’analyser l’adéquation de l’offre
aux besoins des familles et de les informer de l’existant. La transparence des attributions de places doit
être systématisée.
Article 2. Un accueil de qualité doit respecter la spécificité du développement global et interactif
du jeune enfant, dans une logique de prime éducation.
� Repère 4 : connaître et observer le développement de chacun des enfants en explicitant dans le
projet d’accueil les références théoriques ou les modèles éducatifs, ainsi que les outils, pratiques et
méthodes dont il s'inspire.
� Repère 5 : personnaliser l’accueil de chaque enfant. Les professionnels de l’accueil doivent se
doter d’outils permettant de personnaliser l’accueil de chaque enfant en fonction de son
développement, de sa personnalité et de son contexte familial. Seront prévus des supports de
dialogue avec les parents sur les rythmes, les relations et les préférences des enfants. Réunir une
documentation individuelle (photos, réalisations, descriptions, récits, etc.), à laquelle on
associe les enfants, témoignant de l’intérêt qu’on leur porte. Partager avec les parents un regard sur
4 Si tous les EAJE développent à terme deux ateliers par semaine (soit 24 000 ateliers en France), cela pourrait offrir des
places pour près de la moitié des enfants de deux ans sans accueil formel.
les progrès et la personnalité de chaque enfant, permettant de réajuster au besoin l’attitude
professionnelle ou les modalités de l’accueil.
� Repère 6 : interdire l’usage du portable personnel par les professionnels pendant leur temps de
présence auprès des enfants en EAJE. Chez l’assistant maternel, l’utilisation personnelle du portable
pendant le temps de présence auprès des enfants sera réduite au strict nécessaire afin de garantir la
disponibilité et l’attention au travail.
Article 3. La relation entre l’enfant et tous les adultes qui l’entourent se construit en confiance et
clarté.
� Repère 7 : mode de participation des parents : le projet d’établissement devra définir
concrètement les modalités formelles et informelles de facilitation de la relation parents-mode
d'accueil. Les EAJE préciseront les modes de relation avec la famille. Pour les assistants maternels,
prévoir dans le contrat de travail, deux fois par an, un temps de dialogue – bilan et projet – avec les
parents en dehors de la présence des enfants, afin d’apporter les réajustements nécessaires à un
accueil personnalisé en fonction de l’évolution de l’enfant et de la situation globale.
� Repère 7 bis : les textes réglementaires doivent mentionner clairement que les parents sont
invités à circuler dans tous les lieux où leurs enfants sont accueillis, dans le respect des rythmes
des enfants (sommeil…) et de leur intimité ainsi que celle des professionnels.
� Repère 8 : pratique de la ou des personnes de référence. En mode d’accueil collectif, systématiser
la fonction de référente au minimum pendant la période de familiarisation et les premiers mois de
l’accueil, et pour les enfants à besoins spécifiques, systématiser la personne de référence sur la durée
de l’accueil.
B. Le contenu des interactions avec les enfants, favorable à leur sécurisation affective et
relationnelle, à leur développement sensori-moteur, langagier et logique, leur socialité et leur
sensibilité culturelle et environnementale (article 4 à 7)
Les bébés viennent au monde avec des capacités et un besoin de communiquer et d’apprendre. L’enjeu au
cours des premières années de la vie est d’abord de ne pas abîmer ou saturer ces aptitudes par des forçages
inappropriés. Les approches « holistiques » de la prime éducation qui font consensus proposent des
contenus éducatifs qui ne séparent pas artificiellement les sphères du développement par des
segmentations pédagogiques : chez le jeune enfant tout est corps, jeu, langage. Ceci nécessite de développer
des connaissances et aptitudes spécifiques chez les professionnels leur permettant de créer et d’adapter à
chaque enfant, au groupe, et au moment donné, des propositions, portant sur les dimensions
interdépendantes du développement :
� Psychomoteur et polysensoriel
� Affectif, relationnel et social
� Langagier dans sa dimension multimodale et interactive
� Logique et mathématique par la découverte de l'espace, du temps, et les manipulations d’objets
� De sensibilité artistique et culturelle
� De sensibilité environnementale (minérale, végétale, animale)
Article 4. Un encadrement bienveillant, sécurisant, pluriel, ludique et ouvert sur le monde
favorise la confiance en soi, en les autres et en l’avenir.
� Repère 9 : développement psychomoteur et polysensoriel
Laisser à l’enfant une possibilité de mouvement libre, et favoriser ses initiatives. Créer des situations
renouvelées, permettant de mobiliser tous les sens en contact avec les personnes, les objets et le
monde : toucher, caresser, modeler, découper, grimper, creuser, construire, défaire. Décrypter le
langage du corps.
� Repère 10 : développement affectif et relationnel et social
Veiller à préserver des moments de calme et de jeux, seul ou avec l’adulte, solliciter la parole
de l’enfant – y compris en plusieurs langues pour les enfants multilingues – pour exprimer ses
sentiments, ses besoins, son point de vue ; savoir poser des repères. Installer des habitudes ou
rituels rassurants, des repères. Observer, analyser et répondre aux comportements dans leur contexte
et laisser les enfants trouver la solution chaque fois que c’est possible, quelle que soit leur situation
spécifique.
� Repère 11 : développement langagier dans sa dimension multimodale et interactive
En EAJE ou chez l’assistant maternel, utiliser la vie quotidienne pour offrir aux jeunes enfants des
occasions de communiquer et soutenir le développement multimodal du langage (berceuses,
histoires contées et lues, expressions diverses, conversations, nommer, etc.) dans des activités
partagées, permettant de s’adresser personnellement à un enfant et propices à l’attention et au
plaisir conjoint entre un adulte et un enfant et entre enfants. Quand le bébé a des difficultés
sensorielles et/ou motrices, chercher avec les parents et les soignants d’autres modes de langage.
� Repère 12 : développement logique par la découverte de l’espace et du temps, et par les
manipulations d’objets.
Profiter des moments de vie quotidienne pour inviter l’enfant à se repérer spatialement, à
observer et organiser logiquement (classer, sérier, comparer, varier les angles de vue, etc.) le
monde qui l’entoure et à manipuler, modifier les objets (physiques, minéraux, végétaux), leurs
formes, leurs quantités.
Article 5. L’art, la culture et les échanges interculturels permettent à l’enfant de construire sa
place dans un monde qu’il découvre.
Proposition 4 : Développer la sensibilité artistique et culturelle. Appliquer le protocole interministériel
d’accord culture/affaires sociales et santé sur l’éveil artistique et culturel. Affecter des budgets
spécifiques pour les supports à l’éveil culturel et artistique au quotidien (livres, instruments de musique,
peintures, terre, tissus, etc.), ainsi que pour la formation, l’intervention, la création en petite enfance, et pour
faciliter le contact des jeunes enfants avec les artistes et les œuvres (expositions, spectacles, résidences
d’artistes).
� Repère 13 : à l’instar de l’obligation d’inscrire l’EAC dans le projet éducatif des
établissements scolaires, inscrire en tant que repère de qualité l’éveil artistique et culturel
des jeunes enfants dans le projet d’accueil ou d’établissement afin que cet éveil soit introduit dans le quotidien des modes d’accueil collectifs et individuels. Développer des
partenariats avec les acteurs et les ressources locales : musées, médiathèques, événements
culturels de proximité. Systématiser l’utilisation d’albums et de livres, les comptines, jeux de doigts, marionnettes, musique, jeux rythmiques, danse, la découverte d’œuvres
et la rencontre avec les artistes. Former des professionnels des EAJE et des assistants
maternels à cet effet.
� Repère 14 : favoriser les initiatives artistiques et culturelles entre parents et enfants et des
professionnels des modes d’accueil. Les pratiques artistiques et culturelles sont par ailleurs des
médiations idéales de réassurance et de valorisation des familles autant que de mise en lien entre
celles-ci à travers des moments joyeux et émouvants partagés. Utiliser ou créer des supports
d’échanges avec et entre les parents (activités réalisées, spectacles vus, etc.). Compléter le
répertoire culturel des supports pédagogiques dans les modes d’accueil, composé usuellement des
formes artistiques traditionnelles et contemporaines, avec des éléments issus des cultures locales et
des cultures familiales des enfants accueillis pour faciliter l’ouverture interculturelle, les passages
entre générations et entre la maison et le lieu d’accueil.
(Le ministère de la culture a confié à Sophie Marinopoulos une mission sur petite enfance, culture et
parentalité en vue d'une remise au printemps 2019, dont les conclusions sont annexées au rapport).
Article 6. La nature joue un rôle essentiel pour l’épanouissement des enfants.
� Repère 15 : développer la sensibilité environnementale (minérale, végétale, animale). Dégager
des temps dédiés au contact avec la nature, à la découverte et à l’exploration des végétaux,
minéraux et animaux (sorties en forêt ou au parc, jardinage au potager ou sur le balcon, courses au
marché, soin porté à un animal domestique, préparation de repas) pour permettre à l’enfant de
prendre conscience et de formaliser son rapport à la nature.
Proposition 5 : développer sur les territoires des programmes et projets donnant une place régulière aux
contacts entre la nature et les enfants. Veiller à ce que les enfants en situation de handicap soient pleinement
associés à ces propositions.
Article 7. La lutte contre les stéréotypes sexistes est un enjeu essentiel dès la prime enfance.
� Repère 16 : solliciter autant les filles que les garçons dans les mêmes activités. Promouvoir le
choix et l’usage éclairé du matériel éducatif proposé aux petites filles et aux petits garçons par les
professionnels de la petite enfance (jeux, albums avec des héros féminins et masculins). Inciter les
professionnels à être attentifs à proposer de manière similaire aux filles et aux garçons les
activités qui ont tendance à être différenciées (par exemple, favoriser suffisamment l’éveil moteur
et le repérage spatial des filles et symétriquement favoriser les temps de lecture, d’activités calmes et
d’expression des émotions chez les garçons).
� Repère 17 : consolider les bases théoriques sur la socialisation différenciée des petites filles et
des petits garçons dans le secteur de la petite enfance.
Et faire de l’égalité filles-garçons une connaissance requise pour l’obtention des diplômes et
concours des professionnels de la petite enfance.
C. Accueillir les enfants par des organisations bientraitantes et ouvertes sur l’extérieur (Art.8
à 10)
Article 8. Les modes d’accueil doivent offrir un environnement sain, garantissant tant la sécurité
de l’enfant que les conditions de déploiement de son éveil.
Proposition 6 : dans le contexte de la reprise du cadre normatif en cours, étudier un assouplissement et une
simplification des autorisations d’aménagement des locaux et de sorties au dehors et dans les
équipements culturels pour une meilleure participation des enfants, pour développer des marges de
manœuvre et pour appliquer avec discernement les normes de sécurité.
Lancé en 2001, le Programme national Nutrition Santé (PNNS) est un plan de santé publique visant
à améliorer l’état de santé de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs : la
nutrition.
Proposition 7 : mettre en place des mesures incitatives permettant d’augmenter la qualité nutritionnelle des
aliments destinés aux enfants de 0 à 3 ans. Créer un Nutri-Score de la petite enfance. Développer les repas
sains, locaux ou fabriqués sur place.
Au-delà de la qualité nutritive, une grande attention doit être portée aux conditions de prise des repas, qui constitue tout à la fois une expérience affective, de découverte du monde, du plaisir et du
lien avec autrui chez le tout-petit.
� Repère 18 : un aménagement des locaux qui prévoit une intimité pour les soins corporels. Les
modes d’accueil des jeunes enfants doivent accorder une attention particulière à la délicatesse des
soins, à l’écoute de l’enfant, à la liberté des mouvements…
� Repère 19 : accorder une grande attention à de bonnes conditions de prise des repas.
� Repère 20: santé environnementale : veiller à un environnement sain dans le mode d’accueil,
notamment prévoir une campagne de sensibilisation des professionnels de la petite enfance aux
risques (bruit, air intérieur, matériaux, produits, etc.).
Article 9. Des modes d’accueil participatifs, évolutifs et bien-traitants pour accompagner
l’intelligence en mouvement des enfants.
� Repère 21 : renouveler au fil du temps l’intelligence professionnelle collective en facilitant
l’accès des professionnels aux connaissances actualisées dans les disciplines clés pour le
développement de l’enfant, en organisant des réflexions collectives et des bilans sur l’évolution
de la qualité d’accueil, et en renforçant les liens entre la recherche et les acteurs de terrain.
Des temps consacrés à la réflexivité sur les pratiques et supervisions doivent être instaurés de
manière réglementaire (partie III).
� Repère 22 : préciser dans le projet éducatif/d’accueil les modalités de liens avec les partenaires
locaux facilitant l’accueil d’un enfant en situation de handicap : Unités mobiles d’appui, PMI,
CAMSP, établir des relations avec les acteurs du suivi et du soin de l’enfant (médecin, référent
scolaire, spécialistes, rééducateurs, ergothérapeutes, etc.).
� Repère 23 : former les professionnels sur la violence dans l’éducation faite aux enfants/petits-
enfants et prévoir au moins un temps annuel de sensibilisation.
� Repère 24 : repérage et prévention obligatoires des maltraitances et négligences : rappeler dans
le projet d’accueil de l’assistant maternel, le projet social des EAJE et le règlement de
fonctionnement le rôle des structures et des professionnels et le dispositif de saisine des CRIP et du
119. Afficher dans les EAJE, les MAM et les RAM les clés du repérage des actes de
maltraitance/négligence et les acteurs à mobiliser en cas de situation repérée. Avec la PMI, former
les professionnels et sensibiliser les parents aux principaux signes de situations de
maltraitance/négligence et aux procédures d’alerte. Ces repères seront le cas échéant à actualiser
avec la stratégie de protection de l’enfance à venir à l’été 2019.
Article 10. Des professionnel.le.s qualifié.e.s et en nombre suffisant sont la garantie première
d’un accueil de qualité.
Proposition 8 : s’appuyer sur des repères détaillant les 10 orientations du texte cadre national pour
établir les plans de formations initiales et continues des professionnels de la petite enfance (voir annexe
de cette synthèse).
On renvoie à la troisième partie de ce rapport pour des éléments plus généraux concernant les modalités
d’accès à la formation, le lien entre la formation et les parcours professionnels.
Par ailleurs, il y a consensus sur le bien-fondé de la continuité éducative de la naissance à
6 ans. Comment éviter la rupture entre la famille – ou les modes d’accueil lorsque les enfants y sont
accueillis – et l’école maternelle ? En France, les modes d’accueil des moins de trois ans et l’école
maternelle ressortent de deux logiques : les cadres institutionnels, les modes de financement, les
modalités de recrutement des personnels et les formations diffèrent entre le rattachement d’un côté
aux administrations de la solidarité et de la santé et de l’autre à l’Education nationale. Si en soi rien
n’interdit de favoriser une meilleure continuité éducative à partir de deux cultures singulières qui
ont leur histoire, encore convient-il de mieux généraliser les passerelles entre ces deux mondes,
entre les professionnels des modes d’accueil de la petite enfance et ceux de l’école maternelle.
Proposition 9: renforcer la continuité éducative jusqu’à 6 ans en instituant via des conventions cadre
des modalités facilitatrices d’actions communes au niveau interministériel. Renforcer la coordination locale
entre les acteurs sur une base plus institutionnelle, notamment : stabiliser l’existant, dont les jardins
d’enfants, et favoriser la mise en place d’actions passerelles avec l’école, le centre de loisirs, les RAM, les
LAEP, et favoriser les rentrées échelonnées en cours d’année ; ouvrir plus systématiquement dans les
écoles maternelles des espaces parents-enfants et convier les professionnels de la petite enfance à partager
des moments communs et réciproquement.
Proposition 10 : développer et mutualiser certaines formations et temps de regroupements relatifs aux
conditions d’une continuité éducative durant la petite enfance entre ATSEM, assistants maternels,
professionnels des EAJE, enseignants de l’école maternelle, encadrants de RAM et d’EAJE.
III. CONDITIONS GENERALES POUR UNE MONTEE EN QUALITE STRUCTUREE
NATIONALEMENT A PARTIR DU TEXTE CADRE: UN ECOSYSTEME BIEN TRAITANT AVEC DE BONNES
CONDITIONS DE TRAVAIL DES PROFESSIONNELS
Nous préconisons que les principaux repères déclinant le texte cadre national trouvent une
traduction singulière et non standardisée dans le projet d’accueil et le projet d’établissement pour
garantir une meilleure appropriation par les professionnels de la petite enfance. Toutefois, dans une
perspective d’égalité des chances pour tous les enfants sur le territoire, on ne peut se contenter
d’une réponse individuelle des professionnels de la petite enfance renvoyée à leur seule
responsabilité, sachant que l’organisation du secteur de la petite enfance est déterminante pour
améliorer la qualité de l’accueil :
� Nécessité d’un environnement pluri-professionnel des personnes s’occupant des enfants
� Des personnels en nombre suffisant et bien formés
� Une attractivité des métiers à soutenir et un accès à la profession et des viviers à encourager
� Rôle avéré des pouvoirs publics et d’une démarche structurée pour améliorer la qualité des
modes de garde formels (éclairages internationaux et locaux).
� Des montées en qualité des modes d’accueil qui passent par la réflexivité, l’interrogation sur
les pratiques en appui sur un référentiel comme en témoignent des exemples locaux.
Aussi les démarches qualité doivent-elles s’organiser. En tirant les enseignements des
expériences positives et négatives, locales, et des pratiques « qualité » dans le social et le
médico-social (interrogation des pratiques, référentiel commun et évaluations), le Conseil propose
d’aller vers des auto-évaluations régulatrices et des évaluations participatives et vers une
amélioration en continu des pratiques documentées. Il préconise de mettre en place trois axes
interdépendants pour faire progresser la qualité éducative, affective et sociale de la petite
enfance :
Axe 1 : Des obligations règlementaires pour améliorer les interactions au quotidien avec les enfants, les parents et les partenaires locaux notamment grâce à la réflexivité sur les pratiques
Proposition 11 : donner une force réglementaire au texte cadre (décret).
Proposition 11 bis : à partir des 24 repères déclinant le texte cadre national de l’accueil du jeune
enfant, mettre en forme un référentiel détaillé de la qualité affective, éducative et sociale, point
d’appui de la rédaction des projets d’accueil et d’établissements. Seront à prévoir des clauses
de revoyure qui incitent les professionnels à se saisir des 10 articles et à les faire vivre dans leur
pratique quotidienne sur trois registres : le travail avec les parents ; le contenu des interactions
avec les enfants au service de leur développement, une bientraitance ouverte sur l’extérieur. Le
Projet d’accueil des assistants maternels doit être rendu obligatoire et le projet éducatif et
d’établissements des EAJE révisé tous les 4 ans (condition d’agrément et de renouvellement pour
les assistants maternels, renouvellement de l’autorisation de fonctionnement pour les EAJE).
Proposition 12 : profiter de la reprise du cadre normatif pour instaurer les moyens réglementaires
(par exemple inscription dans le code de l’action sociale) d’un travail réflexif régulier et
d’amélioration des pratiques avec l’aide du référentiel, en lien notamment avec les évaluations
internes à conduire en EAJE.
Pour les assistants maternels et les gardes à domicile : prévoir un socle minimal obligatoire de
2 demi-journées par an de temps de regroupement sans les enfants pour réfléchir sur la
qualité des pratiques au RAM et obligation pour les parents employeurs de le prévoir sur le
temps de travail pour obtenir le CMG. Des traces de ces journées seront conservées et à joindre
en vue du renouvellement de l’agrément.
En EAJE, prévoir de mobiliser les 6 heures/an/enfant prévues par la nouvelle COG pour
organiser a minima 10 réunions d’analyse des pratiques dédiées par an dans chaque
établissement afin de résoudre les questions rencontrées par les professionnels dans l’accueil des
enfants. Instaurer une auto-évaluation interne en EAJE qui présentera dans un rapport établi
tous les 4 ans et annexé au dossier PSU les démarches régulières d’amélioration des pratiques
engagées sur la période. Sont attendus des rapports non standardisés et une analyse bien
documentée des expériences.
Les rapports des EAJE et des remontées des RAM pourront servir aux collectivités locales pour
identifier des pratiques locales et des besoins. Au niveau national, ils pourront faire l’objet d’études
pour nourrir une plateforme nationale de pratiques pertinentes visant à faire du secteur de la petite
enfance un écosystème apprenant.
Axe II : Des moyens pour soutenir le partage des pratiques et leurs actualisations.
Proposition 13 : accompagner le travail réflexif avec des temps en équipe en présence d’un superviseur,
ou de coordinateurs pédagogiques formés à l’accompagnement, et favoriser des démarches d’observation
en situation, aussi bien en EAJE que pour les assistants maternels. Des interventions de
professionnels (ergothérapeute, ergonome, psychologue du travail, etc.) seront encouragées.
Les modalités pour financer cette supervision sont à étudier.
Proposition 14 : un rôle réglementaire est confié aux RAM pour animer des temps d’échange
sur les pratiques au niveau des territoires. Tous les assistants maternels et gardes à domicile
devront être affiliés à un RAM. A côté des tâches administratives et des relations avec les
familles, la mission des animateurs de RAM doit intégrer l’organisation de temps de regroupements
des assistants maternels avec les enfants et des animations pour les enfants. En outre, doit être prévu
règlementairement l’animation d’un minimum de vingt ateliers annuels sans les enfants consacrés
aux échanges sur les pratiques, en appui sur les articles de la Charte nationale et correspondant aux
besoins rencontrés par les assistants maternels et gardes à domicile du territoire. Le prévoir dans les
schémas départementaux de service aux familles. Favoriser le recours à des intervenants qualifiés
pour animer l’analyse et l’enrichissement des pratiques dans les 20 ateliers annuels. L’animateur du
RAM pourra s’appuyer aussi sur des ressources en ligne (plateforme nationale) et des partenariats
(services culturels, sociaux, de santé) de proximité.
Estimation d’un coût global : environ 26 millions d’euros5.
Proposition 15 : pour les assistants maternels exerçant en MAM, des temps de regroupements communs
seront également prévus.
Proposition 16 : chaque EAJE et AM doit avoir à sa disposition des outils rappelant les évolutions de la
recherche en matière de développement des enfants et des évolutions familiales et sociétales.
Axe III. Des conditions de travail et des perspectives professionnelles suffisamment bonnes pour monter en qualité
Proposition 17 : profiter de la reprise du cadre normatif pour préserver les taux d’encadrement des
enfants en EAJE, en MAM et chez les assistants maternels, et soutenir l’amélioration des
qualifications permettant la disponibilité physique et relationnelle ainsi que la motivation pédagogique
des professionnels s’occupant des enfants et assurant un lien de qualité avec les familles.
Proposition 18 : donner aux assistants maternels un accès à la médecine du travail, comme c’est le cas
pour les gardes d’enfants à domicile (au titre de salariés du particulier employeur).
Proposition 19 : former les encadrants en EAJE, les animateurs des RAM et les superviseurs dans les
RAM, EAJE et MAM à une organisation du travail favorable à la montée en qualité des modes d’accueil : à
côté des réunions d’organisation, ménager les temps et moyens dédiés à l’analyse des pratiques et à l’accès
des professionnels à la formation. Par ailleurs, mieux prévenir les situations de souffrance au travail
(bientraitance, santé physique et mentale, ergonomie,). A horizon 2022, mobiliser le plan de formation des
600 000 professionnels de la petite enfance incluant les animateurs de RAM.
Proposition 20 : développer largement l’offre de formation en situation de travail, à la fois en RAM, en
MAM et en crèche, permettant de mobiliser des temps d’observation des enfants pour faire progresser la
qualité des interactions et favoriser des recherches actions formation en partenariat avec des centres de
recherche. Ouvrir la possibilité pour les assistants maternels de se former dans les crèches.
Pour les nouveaux CAP-AEPE, développer les temps de formations pratiques en modes d’accueil de la
petite enfance.
Proposition 21: créer un réseau de remplacement d’accueil des enfants entre assistants maternels et
professionnels de la petite enfance pour faciliter les formations de ceux-ci.
5 Sur la base d’un taux horaire de 150 euros chargé pour 44 500 RAM et la montée en professionnalisation de 312 000
assistants maternels : chiffrage à expertiser.
Proposition 22 : pour permettre aux mairies de disposer de données actualisées sur l’accueil réel chez les
assistants maternels de leurs communes, engager une réflexion sur l’accès à une base de données sur ces
professionnels (à partir des données de Pajemploi, encadrée par le RGPD et la CNIL).
Produire des données longitudinales sur les métiers de la petite enfance afin de suivre la démographie de
ces professionnels, leur mobilité, leur carrière.
Le cas échéant, s’appuyer sur le futur partenariat Observatoire de la petite enfance de la CNAF/DARES
(horizon 2020) pour mettre en place des études longitudinales de suivi de ces métiers.
Proposition 23 : à terme, construire de véritables filières des métiers de la petite enfance. Pour
ce faire :
– inclure les formations et analyses des pratiques dans un passeport formation de la
petite enfance, en les formalisant suffisamment pour que cela puisse être pris en
considération par un jury de VAE, et expertiser la possibilité de valider des blocs de
compétences par VAE à partir de ces nouvelles pratiques pour obtenir des diplômes
complets, en particulier celui du CAP accompagnant petite enfance bloc 2) (travail
Education nationale en tant que certificateur et DGCS à mener) ;
– faciliter certaines mobilités entre les métiers d’assistants maternels et d’Atsem vers la
crèche, l’encadrement de RAM ou l’accueil périscolaire ou extra-scolaire des jeunes enfants
et développer les formations communes entre Atsem, assistantes maternelles et les autres
professions de la petite enfance ;
– développer les passerelles entre fonction d’encadrement des établissements accueillant
des jeunes enfants ;
– expertiser également la pertinence de mobilités des EJE et des puériculteurs vers l’école
maternelle.
Intégrer ces réflexions dans le parcours emploi compétences, sachant que le champ de la
petite enfance n’est à ce jour pas couvert à ce titre par le ministère du travail.
Proposition 24 : promouvoir un pilotage de la qualité au niveau local (lecture des rapports
d’auto-évaluation, des projets d’accueil et des projets d’établissements, respect des normes)
avec remontées au niveau national. Aller vers une instance nationale animant la montée en qualité
des modes d’accueil au-delà du seul respect des normes. Les ministères sociaux seront chargés de
fournir des guides pour faciliter la rédaction des projets d’accueil et d’établissements en appui sur
les 10 principes de la charte nationale et contribueront à animer une plateforme nationale
constituant des ressources éducatives pour chacun des 10 articles. Prévoir des indicateurs pour
suivre la montée en qualité affective, éducative et sociale.
Annexe de la synthèse
Mots clefs sur 24 repères de qualité issus des 10 orientations du Texte cadre national :
Les dix orientations Thématiques de formation
1. L’accueil du jeune enfant doit
répondre aux spécificités de sa
situation.
Repère 1
- Connaître le contexte territorial du mode d’accueil (besoins des
familles…)
- Le projet social, le projet d’accueil, le projet d’établissement-clarifier
les différences
- Accueillir une famille et sa demande de mode d'accueil
Repère 2
- L’accueil d’un jeune enfant à besoins spécifiques : modalités
d’organisation de l’accueil, moyens d’appui
- Construire un réseau de partenaires
Repère 3
- les cadrages et définitions de la neutralité et la laïcité, dans l'exercice
professionnel
2. Un accueil de qualité doit respecter
la spécificité du développement
global et interactif du jeune enfant,
dans une logique de prime éducation.
Repère 4
- évolution des connaissances sur le développement du jeune enfant :
néoténie, vitalité découvreuse, développement global, rythme de
développement, notion de prime éducation
- Les théories et recherches qui étaient les pratiques pédagogiques et
modèles éducatifs
- Les différents types d'observation : Savoir observer le développement
des enfants, leurs interactions, leurs jeux. - accompagner et penser
l’« activité libre » du tout petit, et la posture de l’adulte- l’observation
active
- Construire à plusieurs et rédiger un projet d’accueil
Repère 5
- personnaliser concrètement l’accueil de chaque enfant et savoir repérer
et lever les « obstacles » à la singularisation y compris en accueil
collectif
- Savoir observer et partager ses observations pour construire une
réponse ajustée à l’enfant
- Organiser des espaces qui ouvrent à l’expérimentation, et favorisent
l’itinérance ludique, mais aussi du temps pour faire ce qu'on a
commencé.
- Organisations différentes des groupes d’enfants
-Réunir une documentation individuelle (photos, réalisations,
descriptions, récits) en associant les enfants et à partager avec les
parents.
Repère 6
Interdiction du portable personnel en dans les lieux de vie des enfants en
accueil collectif, et usage raisonné en accueil individuel.
3. La relation entre l’enfant et tous
les adultes qui l’entourent se construit
en confiance et clarté.
Repère 7 et 7 bis
- accueillir les parents : le premier accueil, et l’accueil au quotidien (en
EAJE, chez l’AM; en MAM)
- Etre formé sur les relations avec les parents et pouvoir échanger avec
un interlocuteur d’appui en cas de besoin
- Les différents modes de relations avec les parent, les temps de dialogue
- La circulation des parents là où les enfants sont accueillis
- Les modes de communication (les limites des communications
virtuelles)
- La démocratie participative en EAJE (modalités de construction, créer
des instances et la faire vivre)
Repère 8
- Les pratiques de la personne « référente » ou "relais" durant la période
de – familiarisation et au long de l’accueil
4. Un encadrement bienveillant,
sécurisant, pluriel, ludique et ouvert
sur le monde favorise la confiance en
soi, en les autres et en l’avenir.
Repère 9
- connaissance sur développement psychomoteur
- Liberté de mouvement de l’enfant, favoriser ses initiatives
- créer des conditions pour que l'enfant mobiliser tous ses sens et
compétences (toucher, caresser, grimper, mimer…)
Repère 10
- Connaissance du développement affectif, relationnel et social
- Veiller à préserver des temps seuls ou avec l’adulte, solliciter la parole
de l’enfant pour lui permettre d’exprimer ce qu’il ressent, ses besoins,
son point de vue
- Accueillir les langues de l’enfant multilingue (boîtes à histoire multi-
lingues, les ressources des professionnels)
- Installer des repères, des rituels
- S’engager dans une relation/maintenir une juste distance
- Les relations des enfants entre eux, imitation, bienveillance et conflit –
place de l’adulte
Repère 11
- Connaissance du développement multi-modale du langage
- Communiquer, s’adresser à chaque enfant et solliciter la parole
enfantine
- Jouer avec les langues, lire, chanter, raconter, nommer,
- Favoriser des conversations libres entre enfants.
- Pour les enfants en situation de handicap spécifiques, ajuster les
attitudes des adultes et chercher avec les soignants d’autres modalités de
langage et de communication que la parole.
Repère 12
- Connaissance du développement logique
- Inviter l’enfant à se repérer spatialement et dans le temps
- Observer le monde, classer, sérier, comparer, varier les angles de
vue…)
- Favoriser la manipulation d’objets, leurs formes,
- Utiliser les activités quotidiennes pour prendre consciences des
quantités, des nombres, des causalités…
5. L’art, la culture et les échanges
interculturels permettent à l’enfant de
construire sa place dans un monde
qu’il découvre.
Repère 13
- Présentation du protocole d’accord éveil culturel et artistique des jeunes
enfants
Connaître les ressources nationales et locales (culturelles et artistiques).
Aller au Musée, à la bibliothèque, médiathèque…
- Qu’est-ce qu’un partenariat ? mettre en place une démarche projet
- Favoriser la rencontre avec les œuvres et avec les artistes, Partager un
spectacle
- Sensibilisation à l’interculturel
- Lire des livres à des bébés, connaissance de l’albums, jeux de doigts,
marionnettes, faire de la musique, jeux rythmiques, danses
- Créativité et expression artistique du jeune enfant
Repère 14
- supports d’échanges avec les parents
- des moments artistiques et culturels partagés avec les parents, mises en
lien avec la famille
- ouverture interculturelle
6. La nature joue un rôle essentiel
pour l’épanouissement des enfants.
Repère 15
- Les espaces naturels : comment accompagner les découvertes des tout-
petits : observation, exploration… (création d’outils…) quels enjeux ?
quelles prises de risques ? (Jardin, animaux…)
- S'inspirer d'expériences des pays nordiques : « le goût du dehors » - les
moyens découverte de la nature en milieu très urbanisé ? -Utiliser les
moments de préparation des repas pour découvrir les fruits, les légumes
etc.. , cultiver des plantes sur le balcon…
7. La lutte contre les stéréotypes
sexistes est un enjeu essentiel dès la
prime enfance.
Repère 16
- Repérer les stéréotypes de discours et de postures
- Solliciter garçons et filles sur des jeux, activités et comportements non
stéréotypés
- Littérature jeunesse avec des héros filles et garçons
- Concevoir des aménagements d’espaces de jeux non stéréotypés
Repère 17
Bases sur la socialisation différenciée des filles et des garçons dans la
petite enfance
8. Les modes d’accueil doivent offrir Repère 18
un environnement sain, garantissant
tant la sécurité de l’enfant que les
conditions de déploiement de son
éveil.
- Respect de l’intimité dans les soins au jeune enfant
Repère 19
- Le plaisir, la relation et la découverte autour des repas
Repère 20
- Guide de l’accueil du jeune enfant dans un environnement sain
(maison, matériaux, produits utilisés…)
- Se nourrir sainement et produits locaux (démarche, réseau, menus et
recettes)
- Les normes en question : se mettre en danger/prendre des risques
- étudier un assouplissement et une simplification des autorisation
d’aménagement des locaux et de sorties
-Les réglementations pour l’accueil du public, l’hygiène alimentaire,
l’accessibilité, la qualité de l’air, la protection contre les ondes
9. Des modes d’accueil participatifs,
évolutifs, et bien-traitants, pour
accompagner l’intelligence en
mouvement des enfants.
Repère 21
- Construire une démarche de documentation professionnelle à partir de
sources fiables
- Fonctions d’encadrement et coordination d’un EAJE (soutenir
l’intelligence collective, tisser des partenariats locaux…)
- Appréhender la conduite de réunion dans le cadre d’analyse de la
pratique
- Mettre en place une démarche d’auto-évaluation participative
Repère 22
Liens avec les unités mobiles d’appui, la PMI, les CAMSP, es acteurs du
suivi du soin de l’enfant
Repère 23 et 24
- Prévenir la violence dans l’éducation
- Formation au Repérage et la prévention obligatoires des maltraitances
et négligences
- Les textes et les dispositifs de protection de l’enfance
10. Des professionnels qualifiés et en
nombre suffisant sont la garantie
première d’un accueil de qualité
+ outils de pilotage de qualité (partie
III)
- Construire des passerelles et des partenariats avec l’école et le centre de
loisirs
- Fonctions d’encadrement et coordination d’un EAJE (soutenir
l’intelligence collective, tisser des partenariats locaux, appréhender la
conduite de réunion dans le cadre d’analyse de la pratique),
- Former les encadrants des RAM à côté des tâches administratives te des
liens avec les familles : organiser 20 ateliers annuels de temps de
regroupements des assistantes maternelles sans les enfants pour
l’échange des pratiques, remplir un passeport formation et aider aux
conseil sur la VAE
- Mettre en place une démarche d’auto-évaluation participative,
d’amélioration des pratiques en appui sur les 24 repères
- Développer les temps de formations théoriques et pratiques en modes
d'accueil petite enfance pour les nouveaux CAP-AEPE.
-Développer largement l’offre de formation en situation de travail, y
compris en RAM et en crèche, permettant de mobiliser des temps
d’observation des enfants et favoriser des recherches actions formation
en partenariat avec des centres de recherche
- Ouvrir la possibilité pour les assistants maternels de se former dans les
crèches.
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