pierre bois - rnd · 4Ème trimestre 2018 les infos #decouvrez le fab lab de marche-en-famenne...

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Éditeur responsable: Nadine Godet - Rue de la Fontaine, 17C - 6900 Marloie / N° agréation: P401047 4 ÈME TRIMESTRE 2018 LES INFOS #DECOUVREZ LE FAB LAB DE MARCHE-EN- FAMENNE OUVRE SES PORTES À RND POUR DES ATELIERS DE COCRÉATION « BOIS » 28 LA CRISE DU SCOLYTE PRÉMICES D’UN AVENIR COMPLEXE DOSSIER #RETROUVEZ RELAIS D’INFORMATION SUR LES MATÉRIAUX BIO-SOURCÉS #PIERRE LES CARRIÈRES DU FOND DES VAULX À WELLIN 12 PIERRE BOIS

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Page 1: PIERRE BOIS - RND · 4Ème trimestre 2018 les infos #decouvrez le fab lab de marche-en-famenne ouvre ses portes À rnd pour des ateliers de cocrÉation « bois » 28 la crise du scolyte

Éditeur responsable: Nadine Godet - Rue de la Fontaine, 17C - 6900 Marloie / N° agréation: P401047

4ÈME TRIMESTRE 2018

LES INFOS

#DECOUVREZLE FAB LAB DE MARCHE-EN-FAMENNE OUVRE SES PORTES À RND POUR DES ATELIERS DE COCRÉATION « BOIS »

28

LA CRISE DU SCOLYTE PRÉMICES D’UNAVENIR COMPLEXE

DOSSIER

#RETROUVEZRELAIS D’INFORMATION SUR LES MATÉRIAUX BIO-SOURCÉS

#PIERRELES CARRIÈRES DU FOND DES VAULX À WELLIN

12

PIERRE BOIS

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RND Ressources Naturelles Développement asblRue de la Fontaine, 17CB-6900 MARLOIE - (Marche-en-Famenne)Tél. 084 32 08 40 - Fax 084 32 08 59 - E-mail : [email protected] - www.portailpierre.be

Équipe de rédaction :Nadine Godet, Pierre Warzée, Jérémie Deprez, Benjamin Willems, Diego Bertrand, Noémie Vanbelinghen, Julien Goijen, Michaël Cravatte, Marie-Caroline Detroz, Coraline Sambon.

Contribution extérieure :Eric Letombe, Jacques Rondeux, Francis Tourneur

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Toute reproduction, même partielle, des textes et des documents de ce numéro est soumise à l’approbation préalable de la rédaction.

Photos © RND sauf indication contraire.

SOMMAIRE

Les Infos de RND sont réalisées avec le soutien financier de la Wallonie, de l’Union européenne et de la Province de Luxembourg

Rejoignez-nous sur

DÉCOUVERTE D’ESSENCES FORESTIÈRES : LE CHÊNE D’AMÉRIQUE

Importé en Europe au 18ème siècle, le chêne d’Amérique est particulièrement apprécié pour ses qualités ornementales et notamment son feuillage rouge en automne, raison pour laquelle on lui confère le nom de chêne rouge…

#RÉSEAUBOIS

LA 14ÈME ÉDITION DU WEEK-END DU BOIS ET DES FORÊTS D’ARDENNE A TENU SES PROMESSES

57 000 visiteurs et plus de 180 activités, notre évènement annuel a été un véritable succès ! Retour sur ce Week-End ensoleillé.

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# NOTRE RENDEZ-VOUS

RELAIS D’INFORMATION SUR LES MATÉRIAUX BIO-SOURCÉS Retrouvez une sélection de produits et procédés innovants autour des matériaux bio-sourcés, fibres naturelles, matériaux composites.

N°9

En supplément

NOUVEAU FORMAT

NOTRE VOLONTÉ D’AMÉLIORER

SANS CESSE CE MAGAZINE CONTINUERA

D’ÊTRE NOTRE MOTEUR EN

MERCI DE L’INTÉRÊT QUE VOUS LUI ACCORDEZ ! 2019

HAPPY NEW YEAR !

MEILLEURS VŒUX DE TOUTE L’ÉQUIPE

DES INFOS POUR CETTE NOUVELLE ANNÉE

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LE FAB LAB DE MARCHE-EN-FAMENNE OUVRE SES PORTES À RND POUR DES ATELIERS DE COCRÉATION

Aménagé avec goût et spacieux sont les premiers mots qui viennent à l’esprit quand on pense au tout nouveau Centre de Créativité Numérique de Marche-en-Famenne. Grâce à une convention négo-ciée avec l’asbl E Square, RND pourra accéder aux installations du Fab Lab pendant une première période test d’une durée de 6 mois renouvelable, au cours de laquelle notre designer sera à la disposition de professionnels wallons de la construction en bois, de menuisiers, d’ébénistes, d’artisans en bois …

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2018 est définitivement une année noire pour la forêt. La crise du scolyte, partiellement occultée par la peste porcine, est une catastrophe majeure comme nous n’en avons plus connue depuis plusieurs dizaines d’années. Si cette situation semble avoir pris par surprise toute la filière, une investigation plus approfondie révèle qu’elle était pourtant annoncée depuis bien longtemps. Aujourd’hui, une question est sur toutes les lèvres : « Que replanter ? Doit-on changer notre façon de faire ? ». Éléments de réponse dans ce dossier.

LA CRISE DU SCOLYTE : PRÉMICES D’UN AVENIR COMPLEXE

DOSSIER DU TRIMESTRE

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RENCONTRE AVEC NICOLAS CHINA DE LA SOCIÉTÉ TOITURES ET OSSATURES BOIS CHINA À NADRIN

Dans le cadre du Week-End du Bois 2018, nous avons organisé un concours grand public destiné à élire parmi différents types de bâtiments proposés votre coup de cœur. C’est la Crèche du Chatelet à Habay-la-Neuve réalisée par l’entreprise China qui a reçu le plus de votes. Rencontre avec Nicolas China, un entrepreneur engagé…

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ÉCONOMIE FILIÈRE BOIS – L’IMPACT DU SCOLYTE SUR LA FILIÈRE

La crise du scolyte actuelle impacte forte-ment les marchés du bois et les activités des transformateurs d’épicéa. Un vent de panique souffle sur l’ensemble de la filière… Eric Letombe, expert de la filière forêt-bois wallonne vous livre son analyse

VEGETERIAN

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NATURE

MARCHÉSTENDANCES

22 LE DÉVELOPPEMENT DE LA MARQUE COLLECTIVE « PIERRE LOCALE »

Officiellement lancée au printemps 2016 par l’association « Pierres et Marbres de Wallonie », la marque collective « Pierre locale » est ouverte-ment inspirée de la marque « Bois local ». Depuis 2017 le concept d’Ambassadeurs de la pierre locale a été introduit. Découvrez dans cet article ces 13 personnalités marquantes…

LA CARRIÈRE DU FOND DES VAULX À WELLIN

C’est par un beau soleil d’octobre, que le respon-sable d’exploitation de la SA Carrière du Fond des Vaulx, Laurent GRELL, nous accueille au cœur même de son activité. Située à Wellin, la carrière exploite sur une étendue d’une centaine d’hectares un gisement calcaire d’une qualité exceptionnelle.

#RÉSEAUPIERRE

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MIEUX COMMUNIQUER POUR LE FORESTIER, QUELQUES PISTES (SUITE)

Cet article sur la communication du forestier fait suite à une précédente note parue dans le 3ème numéro des Infos de RND. Jacques Rondeux, Professeur honoraire émérite de l’ULiège Agro-Bio Tech-Gembloux, nous livre quelques pistes pour une meilleure communication du secteur forestier.

REGARD FORESTIER

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ARCHITECTURE BOIS

Portrait D’ENTREPRISE

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4 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

# BOIS

57.000 VISITEURSET PLUS DE180 ACTIVITÉS POUR LE WEEK-END DU BOIS ET DES FORÊTS D’ARDENNE 2018

LE BILAN EN CHIFFRES

180 activités proposées par près de 80 acteurs dont 60% issus de la filière forêt-bois sur tout le territoire wallon : vi-sites d’entreprises (scieries, menuiseries, constructions bois…), portes ouvertes chez des artisans, démonstration de débar-dage à cheval ou de travail en forêt, montage en «  direct  » d’une ossature bois, promenades guidées et insolites en forêts, visites de maisons en bois … la plupart de ces activités étant constituées en grappes (14) et regroupées géographiquement ou par thématique.

57.000 visiteurs sont venus le plus souvent en famille, soit une augmentation de 10% par rapport à 2017 !

CE SUCCÈS, ON LE DOIT À LA COMBINAISON DE PLUSIEURS ÉLÉMENTS

> Une édition axée sur l’entreprise : cette thématique a plu aux visiteurs. Les deux principales nouveautés que nous détaillerons par la suite ont permis de mettre en avant le savoir-faire de nos entreprises locales et cela a répondu à une certaine attente du grand public ;

> Une campagne de communication ciblée grand public via les journaux du Groupe de l’Avenir, Vivacité, la Une TV, notre site internet www.leweekenddubois.com, les réseaux sociaux, les reportages réalisés par les télévi-sions locales… et la promotion locale dans laquelle les acteurs eux-mêmes se sont impliqués ;

> La qualité des partenariats mis en place  : la Fédération

Wallonne des Menuisiers Belges, l’Union des Artisans du Patrimoine, le Bois local via l’Office Economique Wallon du Bois, les structures d’animation des massifs « Forêts d’Ar-denne », les Gîtes et Chambres d’hôtes de Wallonie, PEFC, Forêt Wallonne, Natagora, Sentiers.be, Accueil Champêtre en Wallonie, les Fédérations et Maisons du Tourisme, au-tant de partenaires qui ont contribué dans leurs sphères d’action à assurer la publicité du Week-end auprès de leurs membres et à le faire connaître à leurs publics cibles ;

> Le soutien financier apporté par les Ministres de l’Econo-mie, du Tourisme et de la Forêt à notre événementiel ;

> Et last but not least - comme déjà évoqué au début de cet article -, les conditions climatiques exceptionnelles de cette saison automnale qui ont véritablement incité le public à profiter de ce week-end et à découvrir le monde de la forêt et du bois….

LES 3 MOMENTS FORTS DE CETTE QUATORZIÈME ÉDITION DU WEEK-END !

1) Le Vendredi Bois : une fenêtre ouverte sur le monde de la forêt à l’attention des écoles

Cette fois encore, pour la troisième année consécutive, plus de 1000 petits écoliers wallons sont partis à la découverte de nos belles forêts. Ils ont été guidés et accompagnés par des agents du Département de la Nature et des Forêts (DNF) tout au long de 33 circuits forestiers…

Cela a été l’occasion de sensibiliser les jeunes à la multifonction-nalité de la forêt, de leur faire prendre conscience que la gestion de celle-ci est entre de bonnes mains : celles de spécialistes !

En guise de préparation à cette journée, nous avions élaboré en partenariat avec le DNF et la Direction Communication Ressources naturelles, Environnement et Agriculture (CREA) et grâce aux conseils avisés du Professeur ordinaire émérite Jacques Rondeux attaché à l’ULG-Agrobiotech Gembloux, un tout nouveau dossier pédagogique «  Les Forêts d’Ardenne s’invitent à l’école » que nous avions adressé préalablement aux élèves inscrits à la journée et à leur instituteur/institutrice.

De beaux moments d’apprentissage et de partage ainsi qu’en témoignent les déclarations de Thierry Petit, Agent DNF du cantonnement de Nassogne et d’Alain Wiesen, Directeur de l’école de Beausaint-Vecmont qui participaient à cette journée.

La 14ème édition du Week-End du Bois a tenu toutes ses promesses ! Le temps - véritable été indien - était de la partie et le soleil a accompagné l’ensemble des visiteurs tout au long de leurs parcours de découverte. Le Week-end du Bois et des Forêts d’Ardenne,

organisé depuis 2005, s’impose véritablement comme l’événement phare de toute la filière forêt bois et des opérateurs touristiques développant des produits, activités et services au service du projet Forêts d’Ardenne.

Un panel d’activités pour petits et grands. © Asbl Ronde maison

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 5

# BOIS

Regards croisés sur cette journée pleine de découvertes :

RND : Que pensez-vous de l’initiative Week-End du Bois et plus particulièrement du Vendredi Bois ?

Thierry Petit : « une de nos missions au DNF consiste à informer et à sensibiliser le grand public sur les richesses de ce biotope particulier. D’après moi, on ne peut respecter et protéger que ce que l’on connaît, il est donc important de sensibiliser les enfants à ce sujet. Cela en fera des adultes plus impliqués et plus responsables de l’environnement ».

Alain Wiesen : « l’école de Beausaint-Vecmont est située dans une région où la plus grande partie du commerce est faite de bois. Ainsi, tant en matière d’environnement qu’au niveau économique ou social, la forêt est omniprésente au sein de notre région. Il est donc important pour notre équipe pédagogique que nos élèves soient en phase avec leur environnement. Cette journée était une occasion de les éveiller aux multiples facettes de ce milieu si particulier ».

RND : D’après vous, que retirent les élèves de leur participationà cette journée ?

TP  : « en discutant avec les enfants, j’ai pu remarquer qu’ils avaient pas mal d’interrogations liées à la chasse et au côté imaginaire de la forêt. Cette rencontre était donc l’occasion de leur expliquer en quoi le cycle de la vie et de la mort fait partie de la forêt et pourquoi il est nécessaire de procéder à une prédation de certaines espèces. D’autre part, il est utile d’informer les enfants sur les différents métiers liés au milieu forestier, à leurs utilités et, pourquoi pas, d’éveiller des vocations ? ».

AW : « le Vendredi Bois est une activité à mettre en lien avec notre programme d’éveil scientifique et plus particulièrement, le contact de l’homme avec la nature. Dans les cours de citoyenneté, on sensibilise également les élèves à l’importance de protéger les milieux naturels. Ce genre d’animation de terrain peut les aider à mieux prendre la mesure de l’impact de certains comportements sur la nature – par exemple jeter des déchets – d’autant mieux qu’elle est développée par un ou des spécialistes, en l’occurrence un garde forestier ! Par ailleurs, les possibilités d’exploiter en classe la thématique de la forêt dans d’autres matières sont multiples. Cette animation contribue au processus d’auto-construction de l’enfant puisqu’il emmagasine du savoir (sur base d’informations dispensées lors de cette journée) qui lui sera utile. Ces acquis sont aussi utiles à l’équipe pédagogique pour aborder d’autres thématiques à partir de l’univers propre à la forêt ».

2) « Ce dimanche, visitez mon entreprise ! » : coup de projecteur sur le savoir-faire de nos entreprises locales

Pour permettre aux visiteurs d’identifier les activités proposées par les entreprises de la filière forêt-bois parmi la masse d’acti-vités programmées le week-end et classées selon des critères géographiques (par province) ou en fonction d’envies person-nelles (j’observe, je déguste, je participe, je me balade), il nous fallait créer un événement dans l’événement  ! D’où l’organisa-tion de « Ce dimanche, visitez mon entreprise ! ».

Les buts recherchés consistaient à : > Informer le grand public sur le savoir-faire local, la qualité

de nos produits ; > Contribuer à modifier les habitudes de consommation ; > Renforcer les liens entre les transformateurs locaux et les

clients potentiels s’inscrivant ainsi dans une démarche de circuits courts.

26 entreprises ont ainsi ouvert leur portes le dimanche du Week-end, de telle sorte que l’ensemble de la filière forêt-bois wallonne soit mise en valeur depuis la graine avec la partici-pation du Comptoir forestier en passant par les travaux fo-restiers (démonstration d’élagage, de débardage à cheval, de découpe de bois ronds,…), la scierie jusqu’à la planche utilisée et transformée au niveau de la menuiserie, la construction bois et l’artisanat (objets d’art et de décoration).

Globalement, les entreprises se disent satisfaites de leur partici-pation. Toutes n’ont pas rencon-tré le même succès mais elles sont unanimes pour dire que le public a manifesté un intérêt in-contestable au cours de sa visite et qu’il se montrait très soucieux d’en savoir plus sur l’entreprise et la situation de la filière en gé-néral. Trois sociétés contactées nous livrent leurs témoignages :

Thierry Petit, garde forestier sur le cantonnement de Nassogne

Alain Wiesen, directeur de l’école de Beausaint-Vecmont

Maisons Bois Meunier (CHIMSCO Groupe) est spécialisée dans la construction de maisons/extensions en ossature bois. « Durant le week-end, nous avons eu l’occasion de présenter notre savoir-faire  ; en effet les visiteurs étaient accueillis au cœur d’une construction en cours ».

Morgan MASSART, Conseiller commercial du Groupe précise  : «  Nous avons reçu une quarantaine de per-sonnes, plus intéressées les unes que les autres par la construction en bois. Nous avons pu mettre à l’honneur les avantages de travailler avec CHIMSCO Groupe de-puis l’auto-construction au « clé sur porte » tant en os-sature, carport, menuiseries extérieures ainsi que char-pente préfabriquée ».

Ce que nous retenons de ce week-end : > L’intérêt marqué par les nombreux visiteurs > La conclusion d’un contrat pour une construction

sur la commune de Gesves

Chimsco préfabrique ses charpentes en atelier

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3) La construction bois, troisième temps fort du Week-End

L’organisation du concours Construction bois est également une première dans le cadre du Week-End du Bois.

Nous avions identifié 14 projets de construction  : maisons à ossature bois, des bâtiments sco-

laires, des magasins et grandes surfaces, une crèche, une étude de notaire, …. réalisés ou coréalisés par des entreprises wallonnes. Ces projets étaient présentés en détail sur notre site internet www.leweekenddubois.com et certains d’entre eux visitables. Nous invitions le public à voter pour leur coup de cœur. Le

gagnant par tirage au sort a remporté un sé-jour d’une nuit pour deux personnes dans un

aqualodge en bois situé à Maredsous et offert par les Gîtes et Chambres d’hôtes de Wallonie.

Nous avons enregistré 57 votes. Le projet qui a remporté le concours est la Crèche du Châtelet à Habay-la-Neuve, conçue de plein pied en ossature bois, réalisée par l’entreprise China que nous vous présentons dans ce numéro. Vient ensuite la Maison du Bucheron à Liège imaginée par le bureau d’Architecture ARTerre et réalisée par la menuiserie Serge Cornelis selon les principes éco et bioconstructifs. En 3ème position, une maison privée implantée à flanc de colline, sur la commune de Wellin. Dessinée par l’atelier d’architecture La Grange, elle a été construite par Chimsco.

Cette initiative a incontestablement permis de mettre en évidence toute la richesse et la diversité de l’utilisation

du bois dans des constructions publiques et privées ainsi que les compétences et savoir-faire de nos constructeurs bois.

Johan QUEWET, scieur qui a repris l’entreprise familiale du même nom située à Malmaison, il y a près de 4 ans nous dit : « J’ai été ravi de participer au Week-end du Bois car pour moi, cela rentre totalement dans cette mouvance d’inciter le public à consom-mer local ». Cette scierie a la particularité de scier des grandes longueurs jusqu’à 12,50 m, de proposer des produits finis grâce à ses 2 raboteuses 4 faces, ce qui la dis-tingue d’autres entreprises. Il poursuit en précisant que «  c’est comme cela, que je m’en sors même si pour moi la problématique de l’approvisionnement reste entier. J’ai besoin de petites quan-tités et j’éprouve des difficultés à me fournir.  » Il précise  : «  j’ai également du-rant ce week-end pu partager ma passion  : celle de transformer le bois de notre région et je constate qu’il y a une prise de conscience par le grand public quant à l’origine locale de la ressource bois. Résultat : je vais également réaliser quelques de-vis. Le Week-end du Bois a été pour moi une formidable opportunité. ».

Jean-Marie LIÉGEOIS, fondateur de la Lutherie de la Gaume basé à Ethe, participait pour la première fois à notre événement du Week-end du Bois et des Fo-rêts d’Ardenne. Passionné par son métier, il nous livre quelques éléments  : « Je suis un artisan et je veux le rester. Je prends ainsi le temps nécessaire pour fabri-quer un violon. Durant ce week-end j’ai expliqué aux visiteurs présents comment je fabrique un instrument, les essences que j’utilise et no-tamment l’épicéa, l’érable, … chacune pos-sède une sonorité particulière. » Il continue en précisant que « le Week-end du Bois fait partie de la promotion générale du bois, c’est un événement important et il faut vrai-ment continuer. De plus, cette initiative per-met aussi de transmettre aux jeunes les mé-tiers du bois, en particulier le mien, celui de la lutherie ».

6 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

# BOIS

‘‘ ‘‘26 ENTREPRISES ONT OUVERT LEURS PORTES LE DIMANCHE DU WEEK-END.

Un panel d’activités pour petits et grands. © Pascal Willems

JM LIEGEOIS, luthier et musicien

Chaque violon demande 200 h d’attention

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 7

# BOIS

Un public attentif aux démonstrations d’insufflation de cellulose Matériel présenté par le bureau TER-consult

Lors de la journée « Ce dimanche, visitez mon entreprise ! », nous avons visité la grappe d’activités de Liège « De la forêt aux artisans » organisée dans le nouvel atelier de François PETGEN, fondateur de la société ISOGEN, active dans le domaine de l’isolation par insufflation de cellulose.

L’atmosphère est à la convivialité. Les participants, des menuisiers, des couvreurs, des architectes du bureau CREA, des conseillers de la marque de cellulose Isocell, des ingénieurs forestiers TER Consult, des brasseurs de la bière « La Forêt » donnent de leurs temps pour faire découvrir leurs métiers.

« Les jeunes qui s’intéressent à nos professions peuvent frapper à notre porte. Nous nous ferons un plaisir de les accueillir afin de leur transmettre notre passion. Un morceau de bois dans les mains d’un enfant, c’est magique ! » nous disent-t-ils.

Tous partagent un objectif commun  : valoriser le patri-moine peu importe qu’il soit urbain ou rural. Alors qu’il travaille calmement à restaurer un châssis en chêne du 19ème, un menuisier nous dit : « On regrette le sort réservé actuellement aux métiers techniques. Depuis 50 ans, on les dévalorise. De nombreux artisans qui prennent leur retraite n’ont personne pour prendre la relève. Dès lors, le savoir se perd. Notre atelier a pour ambition de rame-ner l’artisanat au cœur des villes et d’intégrer les jeunes dans cette dynamique ».

L’équipe partage la conviction qu’il est moins énergivore de restaurer que de construire. La rénovation et l’isolation de maisons anciennes dans les villes wallonnes constitue-rait donc une partie de la solution face aux enjeux envi-ronnementaux actuels.

Amoureuse de la Cité Ardente, l’équipe travaille notam-ment sur des bâtiments de la fin du 19ème. Une époque « où on construisait merveilleusement bien » nous dit-elle. Beaucoup de ces constructions sont fragiles, ce qui demande une attention et un savoir-faire particuliers.

Un important chantier est actuellement mené par cette équipe, Rue Hors-Château, dans le cœur historique de

Liège. Le bâtiment de 1780, avec une façade exceptionnelle classée en 1950, était abandonné. Une fois racheté, l’ensemble a ensuite été restauré avec des matériaux de bois wallons, en adéquation avec l’architecture d’origine. Une nouvelle vie va donc être offerte à ce lieu sous la forme d’un duplex et d’un restaurant.

Le matériau et la main d’œuvre coûtent cher en rénova-tion. Même s’il existe une prise de conscience large de l’urgence environnementale, le coût reste un frein à l’éco construction. Le combat continue donc pour une prise en compte plus large des critères écologiques dans ce secteur. L’équipe s’accorde sur le fait que l’initiative lo-cale est probablement la mieux à même de produire un changement radical des habitudes de consommation. Elle applique ce principe au quotidien et le fait savoir au-tour d’elle. La cellulose est fabriquée à Amel et le bois de construction provient de la scierie Hoffmann à Saint-Vith. Les artisans et architectes sont basés à Liège et dé-veloppent leurs activités en Wallonie avec une vocation particulière à sauvegarder le patrimoine local.

Un Ingénieur Eaux et Forêts nous fait part qu’au quoti-dien, le lien avec l’architecte lui semble souvent lointain. « Lorsque nous gérons les forêts ou les parcs que ce soit en Belgique ou à l’étranger, nous sommes finalement peu en contact avec les métiers en aval de la gestion fo-restière. C’est vraiment intéressant de prendre le temps de voir ce que devient le bois d’après les plans des ar-chitectes ».

Un des gérants du bureau CREA, occupé à présenter une rénovation d’une ancienne grange, s’exprime : « Dans mon travail, on est souvent amenés à travailler le bois. Grâce à cette journée, je me rends compte que sur certains chantiers, je pourrais encore davantage utiliser du local. D’autre part, nous venons d’échanger nos contacts avec le bureau d’études que je ne connaissais pas car de réelles pistes de collaboration existent. Je vais d’ailleurs les contacter pour bénéficier de leur conseils en matière de conservation d’arbres au sein d’un futur parking extérieur à aménager pour une ASBL à Liège ».

Grâce au principe de la Grappe, le Week-End du Bois crée de nouveaux liens entre les professionnels, favorise de nouvelles synergies et offre alors un nouveau souffle à toute une filière. Il s’agit bien là d’une de ses vocations premières.

UN EXEMPLE DE GRAPPE D’ACTIVITÉS « DE LA FORÊT AUX ARTISANS » À LIÈGE

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8 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

ARCHITECTURE BOIS

NICOLAS CHINA UN ENTREPRENEUR CONVAINCU DU BESOIN DE BÂTIR EN ACCORD AVEC NOTRE ENVIRONNEMENT NATUREL

Dans le cadre du Week-End du Bois 2018, nous avons organisé, pour la première fois, un concours grand public destiné à élire un coup de cœur parmi de nom-breuses constructions en bois telles que des mai-sons, des bâtiments scolaires, une grande surface, une crèche, une étude de notaire…

La crèche du Chatelet à Habay-la-Neuve, construite par l’entreprise Toitures et Ossatures Bois China, a retenu l’attention de la majorité des votants. Cap sur Nadrin (Houffalize) où nous avons rencontré Nicolas China...

Nicolas China

NAISSANCE ET DÉVELOPPEMENT DE LA SECTION OSSATURE BOIS

La société toiture China a été créée par Raymond China en 1978. Á l’origine, il s’agit d’une entreprise de couverture qui ré-alise également quelques charpentes. Dès leur adolescence, les deux fils de Raymond, Nicolas et Olivier montent réguliè-rement sur les toits avec leur père.

Après son bachelier en construction, Nicolas rejoint l’entre-prise familiale en 2005. Pendant un an il travaille sur les toits mais, sensible à la question du développement durable, il souhaite lancer l’entreprise dans la construction de maisons en ossature bois. «  Malheureusement, lors de mes études, on n’avait pas abordé la construction bois. Je me suis alors formé au centre Wallonie Bois de Libramont, puis au Centre national de développement du bois à Paris et, finalement, j’ai perfectionné mon apprentissage grâce à la formation « Le bois dans la construction » coorganisée par Hout Info Bois, le Centre Scientifique et Technique de la Construction et l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve. Au cours de cette formation, j’ai approfondi mes connaissances sur le di-mensionnement de structure, l’hygrométrie des bâtiments, l’étanchéité à l’air, l’isolation thermique et acoustique. »

Fin prêt, Nicolas China lance, en 2008, le département ossa-ture bois dans le garage derrière chez ses parents. Cette an-née-là, il réalise avec un ouvrier ses deux premières annexes. L’entreprise connaitra alors une forte expansion jusqu’en 2013. Depuis, la section ossature bois se compose d’une équipe pour la préfabrication et le montage des ossatures, de deux équipes pour la pose du bardage, des terrasses et des châssis et une équipe de trois maçons pour la réalisation des fondations.

Parallèlement, la section couverture est composée de deux équipes, dirigées par Raymond et Olivier qui a rejoint l’entreprise en 2010.

L’entreprise emploie actuellement 19 personnes.

UNE DÉMARCHE HONNÊTE ET RÉFLÉCHIE

« Notre métier c’est de construire des ossatures bois et on veut rester concentrés sur notre métier. On est une société indépendante par rapport aux marques, aux produits, aux architectes et aux bureaux d’études. C’est une volonté de ne pas être liés pour rester totalement libres de décider quels matériaux utiliser en fonction des situations et des souhaits des clients ».

Pour l’entreprise China, la construction est une démarche ré-fléchie. Sans rien imposer aux clients, elle conseille une struc-ture type. Pour Nicolas China « la paroi idéale se compose de la finition intérieure, de l’espace technique, du panneau de contreventement en OSB, de l’ossature bois avec l’isolation, du panneau fibre de bois qui sert de coupure thermique, de la lame d’air et la finition extérieure ». La composition de la toiture est similaire au mur avec un OSB en intérieur et une sous-toiture rigide en fibre de bois, coté froid.

Mais en hiver, pour mieux protéger l’ossature des intempéries, notre interlocuteur préconise une structure avec un panneau de contreventement extérieur. Une membrane pare-vapeur souple remplace l’OSB intérieur. « Cette deuxième solution est moins performante au niveau isolation, précise-t-il, mais elle est légèrement moins chère ».

La préfabrication se limite à l’ossature avec un panneau de contreventement d’un seul côté, le reste est réalisé sur chantier. Crèche du Chatelet en cours de chantier

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 9

L’entreprise réalise en moyenne entre 10 et 15 projets par an, principalement en province du Luxembourg. La structure actuelle permet de réaliser un gros œuvre fermé, des fondations jusqu’à la pose des menuiseries extérieures.

« Avec ce mode de fonctionnement, ajoute encore Nicolas, on préfabrique sur base du plan sans mesurage de la dalle. Cela fait gagner du temps, on peut réaliser un gros œuvre fermé en deux mois.  Cette structure nous permet également de pouvoir répondre aux marchés publics. »

UN SAVOIR-FAIRE DANS LA CONSTRUCTION DE CRÈCHES

En 2011, l’entreprise China obtient son premier marché public avec la construction de la crèche de Léglise. Depuis, China a travaillé sur 3 écoles et, grâce au Plan Cigogne, réalisé 5 crèches supplémentaires. « On essaye d’avoir au moins un projet par an en marché public.  Ce sont des chantiers très intéressants, plus audacieux, nous confie Nicolas China avant de préciser que, l’activité principale de l’entreprise reste le marché privé avec la construction de gros œuvres fermés pour des maisons. »

Et la crèche du Chatelet à Habay-la-Neuve ?

Il s’agit d’un bâtiment de plein pied dessiné par l’atelier Architecture Territoire situé à Lille. L’entreprise a dû construire suivant un système utilisé en France avec un OSB en extérieur et une double couche d’isolation, l’une dans la structure et l’autre entre un chevronnage en extérieur. Ce procédé a généré des raccords qui ont nécessité une attention particulière afin de garantir une bonne étanchéité à l’air. Le bois utilisé provient de la scierie Brever à Gouvy pour le bois massif de structure et de la Scierie Hoffman à Saint-Vith pour les lamellés collés utilisés en toiture.

Le toit est la première particularité du projet. Il est réalisé avec des lamellés collés de 46 cm de haut qui forment des carrés de 1,20m X 1,20m visibles de l’intérieur. Ces caissons carrés accueillent soit des lanterneaux pour faire des puits de lumière soit des panneaux acoustiques. Grâce à ces pièges à son, la crèche est un espace très agréable au niveau acoustique.

Les assemblages entre chaque élément de la toiture ont été réalisés avec des raccorde-ments en queue d’aronde. « Tous les détails ont été dessinés en interne par ma com-

pagne  » commente encore N.China « et en-voyés directement à la scierie Hoffman qui les a

réalisés avec sa machine à commande numérique. » Dans certains endroits, il y des plats en acier cachés au

milieu des lamellés collés pour les renforcer.

Le châssis accordéon de 12m de long constitue l’autre particularité du bâtiment. Il peut s’ouvrir complètement et permet de supprimer la frontière entre intérieur et extérieur. Pour la pose des menuiseries extérieures, l’entreprise China a préféré travailler avec un sous-traitant plus habitué à ce genre de châssis. Le bardage extérieur, une partie de la finition intérieure et la majorité des mobiliers ont été réalisés avec du tripli recouvert de mélèze. Cela donne au bâtiment son caractère chaleureux et agréable. Nicolas China n’ambitionne pas de révolutionner le monde de la construction. Il veut construire des bâtiments en bois qui, à l’image de la crèche de Habay-la-Neuve, présentent d’indéniables qualités pour contribuer à un confort accru et une ambiance de vie plus saine.

‘‘ ‘‘UN SYSTÈME CONSTRUCTIF QUI S’ADAPTE AUX SAISONS

Crèche du Chatelet vue de l’intérieur

Crèche du Chatelet vue d’extérieur

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# PIERRE

10 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

TROIS AMBASSADEURS ÉLUS EN 2017…

Les Ambassadeurs sont des personnalités marquantes de différents profils, convaincues des qualités intrinsèques des pierres locales et des produits qui en sont issus. Bureaux d’études, auteurs de projets, tant en architecture qu’en jardins et espaces verts, mais aussi artistes qui mettent en valeur ces matières traditionnelles et pourtant éminemment contemporaines ! Dans le premier temps, trois noms ont été avancés à l’automne 2017 lors d’une sortie de terrain à Waimes, dans les carrières d’arkose  : Daniel Dethier, natif de la localité (Ovifat), ingénieur civil architecte et urbaniste, Serge Delsemme, dont le talent est largement reconnu comme paysagiste, et Florence Fréson, artiste multiple. Le premier a employé toutes sortes de pierres régionales, tant dans ses réalisations insérées dans le monde rural (maisons individuelles, école de Waimes…) que dans ses constructions urbaines (à Liège, certaines façades du Curtius et celle de la SPI+, entre autres). Le deuxième adore déployer toutes sortes de produits pierreux dans ses parcs et jardins d’une grande originalité. La troisième s’est essayée avec succès à la sculpture que l’on peut dire «  classique  », aux installations monumentales (les mégalithes du rond-point de Stalle à l’entrée de Bruxelles) ou paysagères, et aujourd’hui à la musique sur pierres locales, au sein de l’ensemble Lithos, dont les qualités artistiques sont reconnues par le public et les professionnels (à écouter sur http://www.lithos-music.be/).

… SUIVIS DE 10 NOUVEAUX AMBASSADEURS EN 2018

En septembre 2018, à Waimes toujours mais dans la carrière de Steinbach, où les grès de superbes couleurs sont exploités par l’entreprise TRAGECO, ce sont dix nouveaux ambassadeurs qui se sont ajoutés à la liste, six architectes et quatre artistes.

Présentons-les dans un joyeux dé-sordre !...

Norbert Nelles, également enfant du pays, issu d’une famille où

s’illustrent aussi des maîtres carriers, figure parmi les fondateurs du bureau

ARTAU, dont les réalisations ont marqué et marquent encore le pays de Liège au

sens large. Il a ensuite orienté sa carrière vers l’enseignement, participant activement à la création

de la Faculté d’Architecture de l’Université de Liège, mais il n’exclut de revenir un jour à la pratique de la construction. Impliqué dans la même institution académique, Henri Chaumont est un digne représentant de l’architecture dite «  organique  ». Sa maison personnelle en auto-construction, à Mormont sur la commune d’Érezée, est un véritable manifeste, avec ses formes irrégulières et ses pittoresques mélanges de matériaux, où les maçonneries d’arkose servent d’assise solide à la construction de bois. Le bureau Crahay & Jamaigne occupe une place de choix dans le paysage architectural de Malmedy. Fondé par Jean-François Crahay et Guy Jamaigne, il privilégie dans ses constructions individuelles ou collectives les matériaux locaux, pierres du pays et bois, assemblés en des formes strictes, qui démontrent, si besoin était, toute

La marque collective « Pierre locale » a été lancée officiel-lement au printemps 2016 par l’association « Pierres et Marbres de Wallonie ». Elle est ouvertement inspirée de la marque « Bois local » lancée par l’Office économique wallon du Bois en 2015. L’intention de « Pierre locale » est d’offrir à l’utilisateur final un signal simple pour lui permettre de reconnaître un produit lithique issu d’une carrière régionale et transformé dans un atelier de proximité – garantie ainsi offerte d’un circuit particulièrement court et peu impactant d’un point de vue environnemental. Utilisé dans un premier temps par les producteurs carriers, ce logo a été ensuite

proposé aux distributeurs et aux différents transformateurs (tail-leurs de pierres et marbriers), qui se sont engagés à ne l’employer que sur des produits éla-borés dans le respect de ces valeurs. À ce jour, plus d’une vingtaine d’entreprises se sont vues octroyer l’usage de la marque collective, réparties à travers le pays. Le site inter-net actualisé www.pierrelocale.be donne un état des lieux de ces affiliations. À l’automne 2017 a été introduit le concept d’Ambassadeurs de la pierre locale, qui vient de connaître un nouveau développement.

LE DÉVELOPPEMENT DELA MARQUE COLLECTIVE « PIERRE LOCALE »

© F Fréson Lithophone 4, lames PG et V‘‘

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BUREAUX D’ÉTUDES, AUTEURS DE PROJETS, ARTISTES…, LES AMBASSADEURS METTENT EN VALEUR LA PIERRE DANS LEUR QUOTIDIEN.

Francis Tourneur, Docteur en Géologie et Secrétaire général de Pierres et Marbres de Wallonie asbl.

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# PIERRE

LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 11

la modernité de la maçonnerie. On relève cet emploi de la pierre tant en constructions individuelles que collectives. Quant à Éric Grondal, qui a travaillé d’abord avec son père Marc, il a fondé récemment avec Aurélie Mathieu le bureau qui porte le nom de Pygma Architecture à Embourg. Leurs réalisations mettent fréquemment en avant les qualités des pierres du pays. On retiendra comme exemples marquants le centre d’accueil de Bérinzenne, dans le rude paysage des Fagnes, et le CRIE du Fourneau Saint-Michel, également intégré dans une superbe nature. Enfin, Ralph Schröder, natif d’Eupen, œuvre dans le grand bureau ALTIPLAN°, où il compte à son actif la réhabilitation du complexe d’Heidberg, ancien couvent d’Eupen, et la toute récente restauration de l’ancienne centrale électrique des carrières de Sprimont, devenue Centre d’interprétation de la Pierre, en attendant la transformation de l’ancienne Grand Poste de Liège, entre autres projets.

Les artistes présentent également une très belle diversité de profils. Lambert Rocour est connu d’abord pour les deux hauts monolithes qui marquent le milieu de l’avenue Louise à Bruxelles, mais ses œuvres nombreuses et variées, souvent en pierre bleue, adoptent d’autres formes que totémiques. Les dames du schiste ardoisier que sont Anne Jones et Anne-Marie Klenes déclinent

cette noble matière, on ne peut plus caractéristique des terroirs d’Ardenne, sous de multiples facettes, depuis les petits objets de vitrine jusqu’aux installations monumentales ou paysagères. Quant à Sandrine Brasseur, après un apprentissage plutôt classique de taille de pierre, notamment par le biais des Compagnons, et des activités de restauration, elle a créé « Pierre qui roule  », pour réaliser surtout en pierres bleues toutes sortes d’objets destinés à la table ou à l’ornement, avant de se lancer dans la sculpture, y compris celle que l’on peut qualifier de monumentale (deux œuvres récentes sont exposées l’une à l’entrée du centre des métiers de la Paix-Dieu, l’autre dans le cadre du CIP de Sprimont et de ses rencontres de sculptures. Très belle variété de talents d’exception !...

Tous ces ambassadeurs seront réunis dans une exposition consacrée aux pierres régionales de l’est de la Belgique, ouverte à l’Espace Wallonie d’Eupen, d’octobre 2018 à mi-janvier 2019 – à visiter  ! Les modalités d’accès sont détaillées sur https://www.expositions-wallonie.be/eupen/pierres-et-marbres-de-wallonie/ - en attendant une grande exposition sur tous les « métiers de la pierre », prévue en fin 2019 à l’Espace Wallonie de Liège.

Francis Tourneur

© S Brison – maison Marichal (DETHIER architecture)

© P Baus - Muséum Skt Wendel (AM Klenes)

© G De Kinder - CIP Sprimont (Altiplan)

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12 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

L’exploitation de la carrière du Fond des Vaulx remonte au début des années 1950. En 2014, elle est reprise par Paul BERTRAND (NIFRAC) en association avec Géry DE CLOEDT (DE CLOEDT). Elle devient alors une filiale de ces deux groupes, actifs sur le marché des granulats en Europe.

Cette reprise est à l’origine d’une nouvelle stratégie dont la vocation est de réétudier le fonctionnement des activités pour une gestion permanente de la qualité et une meilleure intégration auprès de la population et de son environnement. Un investissement colossal de 12 millions d’Euros est alors libéré afin de moderniser l’outil, réduire les émissions et les rejets.

Laurent Grell, qui encadre ces évolutions, décrit à quel point l’enjeu des décisions prises est important  : « On vend ici annuellement 1,2 millions de tonnes de granulats et la demande ne cesse d’augmenter. Nos objectifs prioritaires sont évidemment d’ordre économique, mais ils visent aussi à améliorer la qualité, inscrire la carrière dans son environnement et intégrer la population. Cela nécessite donc une réflexion permanente et des moyens importants afin de concilier des intérêts parfois divergents ».

Relever de tels défis nécessite une équipe motivée et un directeur qui connaît le terrain. Celui-ci nous retrace son parcours professionnel : « Cela fait maintenant plus de vingt ans que je travaille dans ce secteur. J’ai occupé plusieurs postes à responsabilité (Tournai, Lessines, Bierghes, Carrières Unies de Porphyre, …). Mes fonctions actuelles consistent notamment à concevoir les plans d’exploitation, l’aménagement paysager, suivre des dossiers d’environnement, gérer les outils, planifier la production ou encore veiller à la qualité des produits  ; un travail de chaque instant » !

INVESTIR POUR LA SÉCURITÉ ET LE BIEN-ÊTRE DE LA POPULATION

Optimaliser le fonctionnement global de l’entreprise est au centre des préoccupations des propriétaires de la carrière.

Notre interlocuteur nous en dit plus à ce sujet : « Nous avons construit de nouvelles installations de concassage avec un passage de la voie humide à la voie sèche. L’ensemble de notre infrastructure a ainsi pu être ramenée d’un seul côté de la route de manière centralisée. Nous avons aussi construit de nouvelles voiries internes. Depuis, toutes nos machines mobiles restent sur le seul lieu d’exploitation. Cela sécurise la circulation, diminue les déplacements et par conséquent la poussière et les bruits pour une meilleure qualité de vie ».

LES CARRIÈRES DU FOND DES VAULX À WELLIN

C’est par un beau soleil d’octobre, que le responsable d’exploitation de la SA Carrière du Fond des Vaulx, Laurent GRELL, nous accueille au cœur même de son activité. Le site est impressionnant. Située à Wellin, aux limites de la province du Luxembourg, dans l’épine dorsale « La Calestienne », la carrière exploite sur une étendue d’une centaine d’hectares un gisement calcaire d’une qualité exceptionnelle, long de 2,5 km sur 400 m de large.

Lovée dans une forme de canyon, c’est surtout de l’intérieur qu’on peut apprécier toute l’étendue et

l’immensité de cette exploitation située au cœur du Geopark carrière Famenne-Ardenne.

Respect de la nature et intégration auprès de la population conditionnent le développement de ce site industriel, que ce soit en limitant les déplacements, en diminuant les émissions, en évitant les pics de consommation, en créant une aire de point de vue ou en développant l’énergie renouvelable. Les carrières du Fond des Vaulx sont en constante évolution.

Laurent GRELL guide l’entreprise dans ses changements

Portrait D’ENTREPRISE

Les voiries internes limitent la circulation extérieure.

Cette aire de point de vue va être aménagée

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 13

UNE GESTION QUI INTÈGRE L’ENVIRONNEMENT EN PRIORITÉ

Chacune des décisions stratégiques prend en considération la problématique environnementale. Laurent Grell nous en dit plus : «  Notre nouvelle structure est gérée de façon automatisée afin d’éviter les pics de consommation énergétique. De plus, comme cela se fait déjà dans certains sites carriers, nous allons investir dans un champ de panneaux photovoltaïques de 5ha, en bordure de la carrière. Dès mars 2019, nous pourrons ainsi couvrir la moitié de notre consommation interne grâce à de l’énergie renouvelable. D’autre part, la carrière déploie d’importants efforts en faveur de la protection des milieux aquatiques puisque le passage en voie sèche permet d’éviter le rejet des eaux de lavage ». Notre interlocuteur attire aussi notre attention sur le matériel roulant « acquis récemment et dont nous contrôlons la consommation de façon assidue ». Il nous annonce également que le prochain grand défi consiste à créer un plan d’aménagement paysager. «  Afin de nous intégrer dans le paysage, nous allons limiter l’impact visuel en bordure de site  ». La réhabilitation naturelle de la partie aujourd’hui inexploitée de la carrière est également prévue. Enfin, lorsque l’activité économique s’arrêtera, ce qui n’est pas à l’ordre du jour, compte-tenu des réserves du gisement, un réaménagement naturel complet sera effectué. Les sites carriers se voient d’ailleurs souvent transformés en réservoirs pour la biodiversité lors d’une seconde vie. Mares, éboulis et pelouses calcaires permettent alors le développement d’espèces rares qui nécessitent des milieux ouverts afin de s’épanouir. Le Responsable compte aussi aller plus loin dans la gestion des déchets : « Nous voulons aussi minimiser nos impropres. Une faible part de la roche extraite ne peut en effet être valorisée. Nous cherchons des solutions afin de créer un produit à base de filler, ce minéral à grains fins issu du processus en voie sèche. Les idées de vos lecteurs sont les bienvenues » !

UNE ACTIVITÉ INSCRITE EN PLEINE ZONE RURALE

La volonté de défendre une activité économique dans cette zone rurale se traduit notamment en termes d’emplois. A ce jour, une trentaine de personnes œuvrent au développement du site. En une phrase, Laurent GRELL résume l’importance attachée à cet ancrage : «  Tout ce qui demande une pierre dans un rayon de 50 km est concerné par notre entreprise. Les exemples de réalisation varient  : voiries, constructions bétons de toutes sortes, socles d’éolienne, chemin de fer, secteur agricole, … » On mesure ainsi l’attache du site dans sa région. D’ailleurs, le travail s’effectue en circuits courts avec de nombreux partenaires. La Centrale à béton voisine en est un exemple probant.

DES NORMES DE QUALITÉ AFIN DE RÉPONDRE AUX EXIGENCES DES CLIENTS

La Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg concentrent à eux seuls la totalité du marché. Afin de répondre aux critères de qualité émis

par ces deux pays, les normes de production les plus exigeantes doivent être respectées. Les

Carrières du Fonds des Vaulx possèdent d’ailleurs un laboratoire interne qui permet de vérifier l’adéquation

des matériaux produits avec les normes de qualité exigées.

IMPLIQUER LA POPULATION GRÂCE AU GEOPARK FAMENNE-ARDENNE

Désireuse d’impliquer la population, l’équipe de la carrière s’associe actuellement avec le Geopark Famenne-Ardenne dans plusieurs projets. Un point de vue va notamment être conçu et intégré dans un nouveau sentier qui longe le site. Un objectif est de sensibiliser le public (dont les riverains et population avoisinante) à la géologie et ainsi participer à la valorisation d’activités liées à la pierre dans ce territoire au cœur duquel elle se situe.

Différentes pistes peuvent être envisagées afin d’impliquer la population au travers de ce partenariat : étudier l’environnement local, participer à l’aménagement du territoire et au développement touristique, maintenir un espace de dialogue et de rencontre, organiser des conférences, … Les différentes actions menées ont toutes pour objectif de trouver des clés face aux questions environnementales que le citoyen pourrait se poser.

LE GEOPARK FAMENNE-ARDENNECe label, décerné par l’UNESCO, valorise un héritage géo-logique d’importance internationale. A ce jour, on compte 140 Geoparks dans 38 pays. Dans le cas présent, la Ca-lestienne a été choisie comme fil conducteur. Cette zone s’étend sur 130 km de Louveigné à Chimay et fait rêver de nombreux géologues. Grottes, résurgences, chantoires, entreprises et autres bâtisses constituent autant d’élé-ments du territoire à valoriser de façon cohérente grâce à ce projet actif sur une superficie de plus de 900 km². C’est surtout grâce à l’implication de la population dans la pré-servation du patrimoine naturel et culturel qui l’entoure qu’un Geopark prend tout son sens.

Une telle activité s’avère d’une importance capitale afin de conserver un tissu économique en zone rurale. On constate que lorsque les moyens financiers suivent une gestion volontaire, l’ensemble des mesures prises créent des répercussions positives pour la population et son environnement afin de maintenir voire améliorer la qualité de vie. En ce sens, la réflexion menée afin de centraliser les infrastructures, permet de s’inscrire dans une gestion moderne et résolument tournée vers l’avenir. Ces actions de gestion durable démontrent que le monde carrier wallon s’active de façon exemplaire. Une démarche qui pourrait devenir un modèle applicable à plus large échelle.

Ici, encore plus qu’ailleurs, l’enjeu est de parvenir à concilier économie et environnement afin de préparer le terrain avant que la nature ne puisse reprendre ses droits…

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TOUT CE QUI DEMANDE UNE PIERRE DANS UN RAYON DE 50 KM EST CONCERNÉ PAR NOTRE ENTREPRISE.

Vue aérienne de deux fosses d‘extraction

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Sécheresse, peste porcine, scolyte… 2018 est définitive-ment une année noire pour la forêt !

Même si elle est partiellement occultée par la peste por-cine qui fait la une de l’actualité, la crise du scolyte est une catastrophe majeure comme nous n’en avons plus connue depuis plusieurs dizaines d’années. Du jour au lendemain, plusieurs centaines de milliers de mètres cubes de bois ont été précipités sur un marché qui n’y était pas préparé.

Face à l’ampleur du phénomène, la filière réagit. Les fo-restiers publics et privés renforcent leur surveillance et font la chasse aux arbres malades. Les exploitants et les scieurs s’organisent pour absorber le volume excédentaire de bois ou trouvent des marchés d’export pour écouler ce qui ne peut être transformé sur place.

Si cette situation a pris au dépourvu toute la filière, un exa-men plus approfondi révèle qu’elle était annoncée depuis bien longtemps. Une réponse rapide a d’ailleurs été ap-portée pour « contrôler » autant que possible l’épidémie.

Aujourd’hui, la question qui est sur toutes les lèvres, parti-culièrement chez ceux et celles qui ont perdu ou qui risquent de perdre d’importants volumes de bois dans cette crise : « Que replanter ? Doit-on changer notre façon de faire ? ».

Eléments de réponse dans ce dossier.

LA CRISE DU SCOLYTEPRÉMICES D’UN AVENIR COMPLEXE

DOSSIER DU TRIMESTRE

14 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

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DOSSIER DU TRIMESTRE

LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 15

LE SCOLYTE, QU’EST-CE QUE C’EST ?

Avant de rentrer dans le vif du sujet, quelques mots d’expli-cation au sujet du scolyte .

Le nom scolyte vient du grec « skôlêx » qui signifie « ver ». Il désigne plusieurs espèces d’insectes différentes pouvant attaquer de nombreuses essences d’arbres. Parmi les scolytes les plus connus, nous pouvons citer :

• Le typographe (Ips typographus) qui s’attaque aux épicéas.

• Le sténographe (Ips sexdentatus) qui parasite les pins.• Le scolyte du frêne (Leperesinus (Hylesinus) fraxini (va-

rius)) qui, comme son nom l’indique, s’attaque au frêne.• Le grand scolyte de l’orme (Scolytus scolytus) qui, en

propageant un champignon, est responsable de la gra-phiose qui a décimé les ormes.

• Et d’autres qui peuvent parasiter les arbres fruitiers.

L’IPS TYPOGRAPHE

En temps normal, l’ips typographe n’est présent que de ma-nière sporadique, sur des chablis ou sur des arbres affaiblis, les arbres sains réagissant très bien aux attaques en laissant couler de la sève pour éjecter les insectes.

Mais dans certaines conditions, lorsqu’il y a à la fois de fortes concentrations d’insectes et de nombreux arbres affaiblis n’ayant plus la capacité de se protéger, l’ips peut causer des dégâts considérables aux pessières. S’attaquant exclusivement aux épicéas, c’est le plus grand ravageur fo-restier européen.

La douceur des températures et les nombreux chablis cau-sés par des vents violents au cours de l’hiver 2017-2018 ont créé les conditions optimales à une prolifération d’insectes.

DESCRIPTION

Le typographe mesure de 2 à 7 mm et est de couleur noire ou brune. Il appartient à l’ordre des coléoptères, comme le hanneton, le scarabée ou la coccinelle. Il fait partie de la

famille des curculionidés qui regroupe des insectes dit «  ravageurs  » comme le charançon par exemple. Insecte xylophage (qui mange le bois), il se nourrit de la couche tendre de bois située juste sous l’écorce (le cambium).

CYCLE DEDÉVELOPPEMENT

Les adultes passent l’hiver en état de torpeur dans la litière du sol. Au printemps, lorsque la température se réchauffe vers 18 à 20° pendant au moins 3 jours consécutifs, généralement vers le mois de mai – juin, le typographe sort de  sa torpeur et peut essaimer (= envol des adultes).

Cette année, en raison des températures anormalement chaudes, un premier envol a été constaté vers le 15 avril.

Le typographe aime les arbres de 60 cm de circonférence et plus. On ne sait si l’insecte se pose au hasard sur les troncs ou s’il est attiré par les phytohormones que les épicéas stressés émettent (arbres nouvellement abattus ou blessés, déshydratés ou affaiblis).

C’est le mâle qui initie l’attaque : une fois arrivé sur le tronc, il perce l’écorce et émet des phéromones d’agrégation qui préviennent les autres individus. Il peut y avoir entre 3 000 et 5 000 insectes par m3 de bois attaqué. Pour tuer un arbre, 200 à 300 scolytes suffisent. Ceux-ci creusent alors une pe-tite cavité dite «  chambre nuptiale  » où a lieu l’accouple-ment. Comme tous les ips, le typographe est polygame, un mâle peut féconder deux à trois femelles. Une fois fécondée, chaque femelle creuse, depuis cette chambre, d’autres ga-leries, dans le sens des fibres de bois, formant des motifs très caractéristiques. Les œufs sont déposés dans des en-coches prévues, de part et d’autre de la galerie. Ces galeries peuvent mesurer jusqu’à 30 cm et contenir entre 20 et 80 œufs. La sciure provoquée est évacuée vers l’extérieur et trahit la présence du scolyte.

L’éclosion des larves survient une à deux semaines après la ponte. Les larves, pour se nourrir, continuent elles-mêmes le travail de perforation en se rapprochant de la surface exté-rieure. Les galeries larvaires vont en s’élargissant au fur et à mesure de la croissance des larves, détruisant progressive-ment le système vasculaire de l’arbre et entraînant la mort de celui-ci. Elles se terminent par une petite loge, où les larves se métamorphosent (nymphe).

Devenus adultes, les scolytes quittent l’épicéa par des trous de sortie forés dans l’écorce. Un arbre attaqué au printemps produit environ 35 000 scolytes par m3 de bois.

Les attaques suivantes seront, en grande majorité, pré-sentes dans un rayon de 100m autour du foyer d’origine. De fortes populations d’insectes peuvent provoquer l’attaque d’arbres sains.

TROIS GÉNÉRATIONS EN 2018

Une génération complète (de l’œuf à l’adulte capable de se reproduire) dure environ 6 semaines. Au cours d’année exceptionnellement chaude, comme cette année 2018, trois générations peuvent se succéder. Le deuxième envol a lieu de la mi-juillet à fin août et le troisième peut se faire éven-tuellement en octobre.

© Quentin Leroy WSF. C’est en regardant sous l’écorce

des épicéas qu’on peut se rendre compte de l’impact de cet insecte sur l’arbre. 

© Quentin Leroy WSF.Les trous de forage le long des troncs trahissent la présence du scolyte. 

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DOSSIER DU TRIMESTRE

16 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

UN VIEIL ENNEMI

Classé parmi les ravageurs fores-tiers les plus actifs en Europe, le scolyte menace continuellement la forêt wallonne. C’est ce que Quentin Leroy, attaché au Dépar-tement d’Etudes du Milieu Naturel et Agricole (DEMNA) et spécialiste du scolyte nous explique : « Le scolyte est présent dans notre environnement en per-manence, cela n’a rien de nouveau. En revanche, l’explosion de la population en 2018 est exceptionnelle  ». Une pullu-lation qui a vu le jour, grâce à une combinaison extraordi-naire de facteurs favorables au scolyte, ajoute le chercheur : « Le scolyte est favorisé par des températures élevées et le temps sec, mais en réalité, c’est surtout l’absence de para-mètres défavorables au scolyte qui est à noter ces dernières années. Au début 2018, tous les voyants étaient au vert pour permettre une explosion de la population  ». L’invasion de 2018 n’est donc pas une surprise, elle s’est préparée durant plusieurs années, nous reviendrons plus tard dans ce dos-sier sur les conditions climatiques et environnementales que nous avons connues en 2018.

La menace du scolyte n’étant pas un phénomène nouveau, il est donc tout à fait possible de réagir rapidement lorsqu’une invasion se produit. « On ne peut pas empêcher le scolyte de pulluler dans des conditions qui lui sont favorables, mais on peut limiter son extension en exportant rapidement les bois atteints qui agissent comme des pièges à insectes géants détruisant les larves avant qu’elles n’arrivent à maturité » explique Quentin Leroy.

Malheureusement, il est impossible d’agir ainsi sur l’ensemble de la forêt wallonne (ni européenne d’ailleurs) pour plusieurs raisons : « Il y a le pro-blème des très petits propriétaires qui ne s’occupent pas toujours de leurs parcelles ou qui ignorent même leur existence, par exemple. Il arrive aussi que des propriétaires ne sou-haitent pas agir en abattant 10 arbres malades, pour des raisons économiques. Dans le cas du scolyte, les 10 arbres peuvent en devenir 100 si on ne fait rien. Même si ce type de réaction reste marginal, cela suffit à créer des foyers d’infec-tions qui peuvent ensuite atteindre les parcelles voisines ».

LE PIRE EST À VENIR

Après une année 2018 aussi dévastatrice, il faut espérer que 2019 soit plus clémente pour la forêt wallonne. Quentin Le-roy n’est pas particulièrement optimiste sur ce point-là : « La plupart des experts européens s’accordent pour dire que le pire est devant nous. Nous avons connu un phénomène rare  : trois générations de scolytes cette année, ce qui va provoquer une augmentation énorme de population de cet insecte. Cette population s’est maintenant réfugiée dans le sol où elle passera l’hiver à l’abri. Si l’hiver n’est pas par-ticulièrement rude et si le printemps est particulièrement pluvieux, les scolytes seront présents en grand nombre au printemps et si les conditions climatiques sont une nouvelle fois favorables, nous devrons faire face à une invasion en-core plus importante » explique-t-il.

Il est pourtant possible de se préparer pour limiter la casse et cela commence dès cet hiver, précise Quentin Leroy : « Les arbres morts ne sont plus porteurs de scolytes, mais il est important de les extraire des forêts tout de même car il sera beaucoup plus facile de repérer les nouveaux arbres touchés au printemps si les forêts sont débarrassées des bois morts. »

La réactivité des gestionnaires et des propriétaires forestiers au printemps 2019 sera donc déterminante si on veut enrayer la nouvelle pullulation que nous risquons de rencontrer !

LES PRÉMICES D’UNE CATASTROPHE

Comme Quentin Leroy nous l’a dit, l’invasion de 2018 n’est pas appa-rue du jour au lendemain, elle est le fruit d’une gestation de plu-sieurs années. Pour comprendre ce phénomène, il faut prendre en compte tous les paramètres qui l’influencent, parmi lesquels le climat joue un rôle prépondé-rant. Pour en savoir plus à ce sujet, nous avons contacté Hugues Titeux, chargé de recherche au laboratoire des sciences forestières de l’UCL, spécialisé dans le suivi de l’état de santé des forêts en lien avec le climat. Sa cellule de recherche travaille d’ailleurs en sous-traitance pour l’Obser-vatoire Wallon de la Santé des Forêts.

Ce qui importe pour ce chercheur c’est de prendre du recul pour analyser la situation, car le nombre de paramètres à

considérer est plus élevé qu’il n’y paraît : « La sécheresse que nous avons connue cet été, était exceptionnelle

mais elle ne peut expliquer à elle seule l’invasion des scolytes, les scolytes s’étant propagés dès le prin-temps. D’une part, cette sécheresse extrême a été précédée de sécheresses modérées durant 3 an-nées consécutives. D’autre part, cette année 2018 est également caractérisée par un épisode de gel

du sol, exceptionnellement fort et tardif, suivi immé-diatement par des pointes de chaleur très précoces.

Cet enchaînement est potentiellement stressant pour les arbres à aiguilles persistantes, car ils ont été soumis à

des pics de transpiration alors que leurs systèmes racinaires n’étaient pas encore « prêts ». Pour ces raisons, les épicéas ont donc entamé l’année 2018, en étant affaiblis et peu aptes à assurer leur propre défense ». La suite, on la connaît.

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LE SCOLYTE EST PRÉSENT DANS NOTRE ENVIRONNEMENT EN PERMANENCE, CELA N’A RIEN D’ÉTONNANT.

Hugues Titeux

Quentin Leroy

© Quentin Leroy WSF. Les dégâts causés par les scolytes sont visibles de loin. Mais il est tout à fait possible de détecter la présence de l’insecte bien avant ce stade.

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DOSSIER DU TRIMESTRE

LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 17

Doit-on redouter la répétition de situations semblables ? « La sécheresse de 2018 n’est pas un phénomène unique ; nous en avons déjà connu de semblables dans les années 40 puis 70, par exemple. Ces situations extrêmes à caractère cycli-que ne sont pas particulièrement alarmantes pour l’instant. Cependant, on observe depuis 20 ans une nette augmen-

tation de la fréquence des sécheresses modérées, ce qui est vraiment inquiétant » explique Hugues Titeux avant de conclure que : « Cette augmentation est directement impu-table aux changements climatiques et engendre vraisembla-blement un affaiblissement lent et continu des arbres, car ils n’ont plus le temps de récupérer après un stress ».

© Hugues Titeux UCL. Les relevés scientifiques illustrent l’importance de la sécheresse qui nous a frappé en 2018.

400.000 MÈTRES CUBE SUPPLÉMENTAIRES POUR LA FILIÈRE

François De Meersman, Secré-taire général de la Confédéra-tion Belge du Bois, nous explique l’impact de l’invasion de scolytes sur la filière bois wallonne. «  On estime à 400.000 m³ le volume de bois scolyté qui doit être traité au plus vite par la fi-lière. Après avoir consulté les entreprises, nous estimons que ce volume pourra être réparti entre les entreprises wallonnes et transformé dans les délais. Cependant, il ne faudrait pas que la situation se poursuive en 2019  » précise-t-il. En effet, on aurait alors des volumes supplé-mentaires de bois scolytés sur un marché européen déjà largement saturé, qu’il faudrait stocker en attendant de pouvoir les scier, et ceci représenterait un surcoût impor-

tant. Ce n’est pas tout, ajoute Fran-çois De Meersman «  Il ne faut pas oublier que les entreprises doivent aussi remplir leurs carnets de com-mandes habituels, on ne peut pas demander aux scieurs de les mettre de côté pour transformer les arbres scolytés, cela représenterait une perte économique importante voire même la perte de marchés ».

2019 sera donc déterminante au-tant pour les entreprises de la fi-lière que pour les gestionnaires et propriétaires.

SCIERIES RÉSINEUSES : LES BOIS SCOLYTÉS, UNE AUBAINE OU PAS ?

Voir arriver sur le marché des bois à prix cassé est-ce inté-ressant pour le scieur ou au contraire, est-ce difficile voire

impossible de transformer et/ou de vendre une matière première déclassée ? Pour y voir clair, nous avons contacté Alain Louis, scieur à Vaux-sur-Sûre, qui a répondu à cette question. « Tout d’abord, les dégâts causés par les sco-lytes doivent être appréciés en fonction du diamètre des bois. Sur les grumes imposantes (150 cm de circonférence et plus), la perte est moindre que sur des bois plus petits car les cernes sont moins larges et l’aubier est plus étroit, ce qui limite les dégâts » explique le scieur.

La taille des grumes mais aussi l’ampleur de l’attaque de scolyte, qui peut varier d’un arbre à l’autre, détermine comment le bois peut ensuite être valorisé. Le scieur doit donc prendre le temps d’analyser et de classer la res-source. Mais les difficultés ne s’arrêtent pas là : « Les bois scolytés sont souvent vendus en petits lots de quelques arbres isolés. Cela nécessite beaucoup plus de manœuvre et de manutention pour sortir ces bois de la forêt, tout ça a un coût. De plus, on ne peut pas stocker les bois scoly-tés, une fois sciés ils doivent être écoulés très rapidement sinon ils bleuissent, il faut donc que le marché suive, ce qui n’est pas toujours le cas. »Cet éclairage nous permet de prendre conscience que cette crise impacte directement toute la filière bois en compliquant les processus habituels. Alain Louis n’est d’ailleurs pas rassu-ré pour l’avenir  : «  La situation actuelle n’est pas catastro-phique mais nous sommes dans l’incertitude totale par rap-port à l’avenir. Qu’en sera-t-il des quantités de bois scolytés mises sur le marché ? augmenteront-elles ? Quel marché au-rons-nous encore pour le bois bleui ou échauffé ? »Wait and see comme on dit …

F. De Meersman

Les scieries de résineux doivent agir vite pour absorber rapidement les bois scolytés

avant saturation du marché.

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DOSSIER DU TRIMESTRE

18 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

UNE SITUATION EXPLOSIVE

Si les premiers signes de l’invasion de scolytes que nous connaissons remontent à plusieurs années déjà, certains scientifiques s’alar-maient d’une pullulation massive depuis bien plus longtemps encore.

Pour Hugues Claessens, professeur à l’Université de Liège - Gembloux Agro-Bio Tech, « cette inva-sion était prévisible, la seule question qui se posait était de savoir quand elle se produirait » nous a-t-il confié. « En 2017, des forestiers prévenaient déjà que 2018 serait une année difficile en matière de scolytes et ce sans même savoir que nous serions touchés par des conditions climatiques excep-tionnelles » explique le chercheur pour qui les conditions cli-matiques ne sont pas seules en cause. Il précise en effet que « aujourd’hui, on constate que beaucoup d’épicéas sont encore présents dans des zones qui ne leur sont pas fa-vorables, or si on veut que ces arbres soient en pleine capacité de se défendre face aux attaques de scolytes, il faut absolument que les peuplements soient en sta-tion optimale ».

Il suffit de regarder attentivement le paysage ajoute Hu-gues Claessens : « Partout où on trouve des foyers d’in-fection, on constate que les premiers épicéas touchés se situent le long des versants sud, des lisières sud ou sont stationnés à une altitude trop basse ». Exposés à des tempé-ratures moyennes trop élevées ou à des vents desséchants, ces épicéas sont particulièrement sensibles aux chaleurs et aux sécheresses. Ils subissent donc les assauts de l’insecte de plein fouet, sans pouvoir s’en défendre.

UN « TERRAIN DE JEU » POUR LES SCOLYTES

Et de poursuivre ainsi son analyse : «  La masse d’épicéas présente en Wallonie est aussi un risque à elle seule, lors-qu’on a une essence aussi fortement présente et presque toujours en monoculture, le risque d’invasion de scolytes est maximal. Ce risque s’est accru avec les changements clima-tiques et va s’accroître encore dans les prochaines années. On va vers une catastrophe » commente le scientifique.

La Wallonie n’est pas la seule région concernée par le pro-blème. Il en va de même dans les pays voisins comme en Alle-magne. Cette situation peut être mise sous contrôle en appli-quant de bonnes pratiques : il s’agit de surveiller étroitement les forêts et d’agir rapidement quand on détecte un foyer d’infection. Cependant, avec l’augmentation et l’allongement des périodes climatiques chaudes et sèches, ces bonnes pra-tiques sont insuffisantes à enrayer un fléau aussi puissant que le scolyte surtout quand les conditions lui sont favorables.

LE CHANGEMENT, C’EST MAINTENANT ?

Le chercheur espère que 2018 marquera un changement important dans l’histoire de la sylviculture wallonne et peut-être même européenne. Les dégâts que vient de causer le scolyte ont sans doute déjà semé le doute dans l’esprit des nombreux propriétaires forestiers qui ont per-du beaucoup d’argent à cause du ravageur. L’heure devrait être à la remise en question !

« On a déjà connu des épisodes compliqués pour l’épicéa, mais cette fois je pense que cela va donner lieu à des ré-flexions plus poussées » poursuit Hugues Claessens. Pour mieux appréhender la situation du point de vue des ges-tionnaires et propriétaires forestiers, il prend comme point de comparaison un placement financier en bourse : « Le sys-

tème d’épicéas plantés en peuplements équiens est le sys-tème le plus performant sur le plan économique, raison pour laquelle il est très largement répandu. Mais c’est aussi le sys-tème le plus fragile et le moins résilient. En forêt comme en bourse, on peut, soit choisir de mettre ses économies dans des placements très rentables mais risqués ou faire des pla-cements moins rentables mais plus stables à long terme ».

En sylviculture comme dans la finance, tout est question de risque. Depuis de nombreuses années, les

épicéas ont représenté un placement risqué mais dont la productivité

compensait et même dépassait les pertes éventuelles. Mais avec les changements climatiques et l’affaiblissement global des forêts, le risque ne fait qu’aug-menter et rend le système épi-céa équien trop instable.

La solution ? En réalité, c’est avant tout une question de bon sens pour

Hugues Claessens : « Il faut une prise de conscience globale et ne plus mettre

tous ses œufs dans le même panier. Nous avons aujourd’hui besoin de réfléchir à d’autres modèles sylvicoles, plus tech-niques et plus fins. Certes, cela demande des compétences pointues, mais c’est à ce prix que nous aurons une forêt en bonne santé » conclut-il.

Hugues Claessens

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C’ÉTAIT PRÉVISIBLE, LA SEULE QUESTION QUI SE POSAIT ÉTAIT DE SAVOIR QUAND CELA SE PRODUIRAIT

La monoculture d’épicéa : un modèle qui pose question.

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DOSSIER DU TRIMESTRE

LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 19

GÉRER LA CRISE POUR MIEUX REBONDIR

Mais avant même d’envisager des changements ou des adaptations des pratiques sylvicoles, il faut commencer par gérer correctement et efficacement la crise actuelle.

Le seul principe de gestion que doivent impérativement appliquer les gestionnaires forestiers

publics et privés en cas de scolyte est simple  : repérer, exploiter et exporter les arbres touchés et tout cela dans un laps de temps aussi court que possible  ! Mais son application est moins aisée qu’il n’y paraît au premier regard comme en témoigne Etienne

Duchêne, expert forestier et membre de la Fédération National des Experts Forestiers.

En effet, une fois sur le terrain, comment déterminer si un arbre doit être prélevé ou non  ? Certains sujets ne posent aucun problème car les traces qui trahissent la présence de scolytes sont très nettes. Mais pour les autres ? Ceux dont les traces sont moins visibles ou ceux qui présentent des signes de faiblesses sans pour autant présenter de traces de scolytes ? Pour l’expert, « C’est une question délicate, cela va dépendre de différents paramètres. On va d’abord récolter les bois qui sont scolytés mais également ceux que l’on estime douteux. En effet, ces arbres affaiblis risquent d’être les premiers touchés lors du prochain envol des scolytes, au prin-temps 2019. La mise à blanc, quant à elle, ne sera appli-quée qu’en dernier recours. Chaque peuplement atteint doit être géré au cas par cas, en prenant en compte différents facteurs ».

Parmi ces paramètres, le facteur économique : «  Il nous faudra aussi tenir compte du marché du bois. Au-jourd’hui (22/10/18), la valeur marchande d’un épicéa frais se voit diminuer de 20 % à 25 % par rapport aux prix de vente de l’automne-hiver 2018 (voir mercuriale de la Fédération Nationale des Experts Forestiers). Et pire encore pour un épicéa scolyté, dont la valeur di-minue de 50%, voire plus encore, comme certains bois vendus à 5-15 €/m³, lorsqu’il est encore possible de les valoriser » développe Etienne Duchêne.

Un autre problème non négligeable se pose ensuite  : le prélèvement des arbres scolytés provoque des trouées en bordure ou au sein d’un peuplement. Les arbres sains sont alors d’autant plus exposés aux aléas climatiques et tout particulièrement aux vents forts de l’hiver. Pour l’expert forestier, il s’agit d’un véritable casse-tête : « Là encore, nous essayons de faire au mieux par rapport à la situation donnée. On va tout d’abord concentrer nos efforts de gestion, et ce dans des délais rapides, sur les arbres scolytés au sein du peuplement car, ne pas cou-per n’est pas non plus la solution. Quant aux arbres at-teints, situés en bordure de peuplement, il faut de nou-veau analyser chaque situation. » Certains gestionnaires préféreront ne pas exploiter les bois de bordure scolytés afin de minimiser le risque de chablis par la suite (même si le risque de voir progresser les scolytes est réel). Une fois encore, précisons que cette décision est contraire à la loi qui oblige à l’exportation hors de la forêt de tous les bois scolytés.

PRIVÉS, PUBLICS, TOUS CONCERNÉS !

Comment gère-t-on la crise du scolyte en forêt publique  ? pour le savoir nous avons rencontré J-P Scohy, Inspecteur général du Départe-ment de la Nature et des Forêts. Il se montre davantage inquiet pour l’année à venir que celle écoulée. « Afin de se préparer à l’année 2019 qui s’annonce en-core plus inquiétante, nous nous attelons à prélever le maximum – l’idéal serait la totalité- des arbres touchés par les scolytes. En effet, moins il y aura d’arbres encore touchés, plus on y verra clair sur les nouveaux arbres atteints en début de saison prochaine » déclare-t-il d’emblée.

Notons que le Département de la Nature et des Fo-rêts dispose d’un atout important dans la lutte contre le scolyte : l’organisation et la cohérence de la gestion sur le territoire. Comme l’explique J-P Scohy, « nous al-lons mettre en place des formations pour nos agents de terrain afin qu’ils soient encore plus efficaces dans le repérage des arbres nouvellement attaqués, ce qui n’est pas toujours évident. Ceci afin de concentrer le travail sur notre priorité n°1 qui est l’endiguement de la pullulation des scolytes dès le printemps prochain. Ensuite, s’il en reste, nous nous occuperons des arbres complètement morts qui ne constituent plus des réser-voirs à scolytes ».

Bien entendu, outre les directives et tout comme en forêt privée, le DNF devra s’adapter au terrain. La ges-tion des trouées et le choix des essences pour reconsti-tuer les peuplements, par exemple, s’avèrent tout aus-si compliqués que pour les experts forestiers privés  : «  Cela va dépendre de l’appréciation de l’agent qui devra, dans son analyse, intégrer la gestion du risque. Chaque peuplement est à évaluer au cas par cas. Pour cela, nous pouvons nous reposer sur l’expérience de nos forestiers ».

Etienne Duchêne

Repérer et extraire au plus vite les épicéas touchés par le scolyte est primordial pour espérer sortir de cette crise.

Jean-Pierre Scohy

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Si 2018 fut une année compliquée pour la forêt, beaucoup de forestiers craignent une année 2019 pire encore.

DOSSIER DU TRIMESTRE

20 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

LA FORMATION : UNE DES CLÉS DE LA RÉUSSITE

Si le DNF mise sur la formation de ses agents pour gérer au mieux la situation, le secteur privé en fait aussi une priorité. La Société Royale Forestière de Belgique a ainsi pris les choses en main pour apporter aux propriétaires forestiers privés toutes les infor-mations nécessaires. C’est ce que nous a expliqué Philippe de Wou-ters, son directeur. «  Nous avons diffusé, lors d’une séance d’infor-mation notamment, une fiche produite par l’Observatoire wallon de la Santé des Forêts intitulée « Le typographe et sa gestion ». Cette fiche technique permet d’en savoir un peu plus sur la biologie du scolyte mais également sur les différentes gestions à appliquer soit en cas d’at-taques ou en préventif ». Mais la formation ne s’arrête pas là, il faut également répondre aux nombreuses ques-tions des propriétaires privés qui s’interrogent sur l’ave-nir de l’épicéa en Wallonie. « Si chaque propriétaire a une vision et des objectifs spécifiques pour sa forêt, la SRFB les invite à penser aux mélanges tant en essences qu’en structure. En cas d’épidémie, on peut ainsi d’une part se rabattre sur une autre essence du peuplement ou bien sur un étage dominé encore sain. D’autre part, on peut sauvegarder la valeur patrimoniale du bien » ajoute le directeur de la Royale.

ET AU NIVEAU DU GOUVERNEMENT WALLON ?

Son Ministre de la Forêt, René Collin, a dû réagir immé-diatement lors de l’explosion du scolyte en septembre 2018. Sa réponse ne s’est pas fait attendre : il a décidé de la constitution d’une task force chapeautée par l’Office Economique Wallon du Bois et composée des principaux représentants du secteur forestier (parmi lesquels, le Dé-partement de la Nature et des Forêts, l’Observatoire Wal-lon de la Santé des Forêts, la Société Royale Forestière de Belgique, Nature Terre et Forêt, l’Union des villes et communes, la FNEF, la Confédération du Bois, Fedustria, Cobelpa, la Febhel et l’UAP).

Directeur de l’Office Economique Wallon du Bois (OEWB), Em-manuel Defays, nous explique le rôle de cette task force et le travail réalisé.

«  La task force est char-gée d’exprimer au Ministre de la forêt des recomman-dations afin de limiter l’im-pact socio-économique de la crise des scolytes sur les entreprises de la filière. Elle s’est d’abord attelée à tenter de chiffrer l’am-pleur du phénomène (évalué à 400.000 m³) et à éva-luer la capacité de la filière à absorber les volumes de bois scolyté.    D’après la task force, ce dernier point ne constituerait pas un problème, du moins actuel-lement. Les principaux défis seront de localiser les foyers d’épicéas scolytés et d’entrer en contact avec tous les propriétaires privés concernés afin que tous les bois scolytés soient sortis de la forêt d’ici fin mars.

La task force a en outre réfléchi aux différentes ac-tions de communication à mettre en place et diffé-rents communiqués ont été diffusés depuis le début du mois d’octobre dernier. La réflexion a aussi porté sur une possible augmentation de la masse maximale au-torisée pour les grumiers, sur le report des délais d’ex-ploitation des lots de bois sains en forêt publique et sur les scénarios à privilégier pour le stockage des bois.

Enfin, à plus long terme l’objectif de la task force se-rait que la Région se dote d’un plan scolyte prévoyant notamment un contrat sanitaire liant transformateurs, exploitants et propriétaires. » développe le directeur de l’OEWB.

Quant à Vincent Colson, responsable de la Cellule d’Appui au sein de l’OEWB,

il nous en dit plus sur les compli-cations liées aux petits foyers de scolytés en forêt privée. « Nous observons beaucoup de petits foyers en lisière de forêts et au sein de peuplements encore

jeunes. Il s’agit alors de bois de bordure de faibles dimensions et donc peu valorisables. Pour les propriétaires qui ne savent pas

comment s’y prendre ni à qui s’adresser, cela devient vite impossible à gérer » précise-t-il. Cette situation a d’ailleurs fait l’objet de discussions au sein de la Task force, comme l’explique Vincent Colson  : «  Cela nous a amené à tester des chantiers groupés d’exploitation de bois scolytés, afin d’atteindre un volume minimum de 100m³ qui pourrait intéresser un exploitant forestier. La Cellule d’Appui réalise ces premiers tests à Gedinne, Bièvre et Lierneux ».

Vincent Colson

Emmanuel Defays

Philippe De Wouters© Isaline de Wilde

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DOSSIER DU TRIMESTRE

L’évolution des pratiques sylvicoles à long terme est un sujet brûlant. L’épicéa fait-il encore partie des essences adéquates en Wallonie (voire même en Europe) ? Doit-on l’abandonner pour ne plus jamais connaître de catastrophe comme celle que nous connaissons ?

Nul besoin d’être aussi radical à en-tendre Pascal Balleux, directeur du Centre de Développement Agro-Fo-restier de Chimay. Si des leçons doivent être tirées de la situation actuelle, il ne faut pas verser dans le sectarisme qui ne serait en rien profitable au secteur.

Notre interlocuteur propose une réflexion menée sur 5 points :

1) Une station optimale

Aujourd’hui encore, un épicéa sur trois est situé dans une station incompatible avec ses exigences. L’arbre y est d’autant plus vulnérable aux aléas climatiques et, en définitive … aux attaques de scolytes.

La première des mesures à prendre pour l’avenir est donc simple : redoubler d’attention lors du choix des essences et examiner notamment in situ tous les fac-teurs pédoclimatiques ; le sondage des sols s’avère indispensable pour détecter d’éventuelles contraintes locales, surtout en terme de profondeur de sol, de charge trop caillouteuse, de traces d’hydromorphie ou de compactage …

Pour rappel, l’épicéa préfère les sols frais, humides et acides avec une profondeur suffisante pour lui per-mettre de développer un système racinaire puissant, garant de sa stabilité face aux vents et d’un meilleur état sanitaire. A l’inverse, les sols superficiels, en-

gorgés, trop riches, secs ou dont l’altitude est inférieure à 250 m constituent des risques d’affaiblissement et de sensibilité aux chablis et insectes.

2) Des peuplementsmélangés

La résilience de la forêt, un terme de plus en plus à la mode dont il faut percevoir l’exacte signi-fication ! Il s’agit pour-tant d’un atout principal pour assurer la péren-nité et la bonne santé de nos forêts. Principe de précaution : vive les peuplements mélangés … mais comment et au prix de quel compromis technico-économique ?

Actuellement, plus de 70 % des peuplements d’épi-céas sont purs, recouvrant parfois de larges étendues pouvant aller jusqu’à plusieurs dizaines d’hectares. Cette monoculture intensive fragilise certainement la forêt ; au contraire, une forêt diversifiée offre plus de résilience : sa viabilité repose sur plusieurs essences de production bénéficiant des fonctions culturales et éducatives des essences « d’accompagnement ».

Doit-on mélanger ces essences pied par pied pour que l’alchimie fonctionne ? Pas nécessairement, d’au-tant plus que les producteurs de bois doivent éga-lement penser à leur valorisation et donc aux condi-tions futures d’exploitation.

A cet égard, les mélanges par bande ou par damier offrent une première possibilité des plus intéres-santes, avec des îlots compatibles avec une exploita-tion rationnelle. Mais lorsque les conditions station-nelles le permettent, les mélanges par pied ou par cellule peuvent également être favorisés, soit par ré-génération naturelle ou plantation : épicéa, douglas, mélèzes, recrûs naturels feuillus (bouleau, sorbier, tremble, bourdaine …). Le mélange d’essences est d’ailleurs une source exceptionnelle de réflexions et d’expérimentations pour le futur car, comme nous l’a dit Hugues Claessens lors de notre entrevue pour ce dossier : « Il existe énormément de combinaisons pos-sibles si on fait preuve d’inventivité et de cohérence ». Le moment est venu de faire parler son imagination.

3) Des peuplements sains et vigoureux

Pour que les épicéas soient plus résistants face aux sécheresses répétitives ou aux attaques de scolytes, ils doivent être en parfaite santé. Pour leur garantir un certain « bien-être », il est indispensable de limiter les sources de dégradation des arbres ou de leur mi-lieu.

Dans ce contexte, l’équilibre forêt-gibier est un point important car on estime qu’actuellement, 15 % du vo-lume total de bois sur pied est atteint par l’écorçage des grands cervidés ; le bois mis à nu fragilise les arbres : colorations, pourritures … et ips !

La phase d’exploitation est également une étape délicate : les chantiers d’abattage et de débardage doivent être réalisés avec grand soin en limitant les blessures aux troncs et systèmes racinaires des arbres lors du passage des machines ; de même, le tassement du sol affaiblit aussi les arbres et com-plique leur alimentation en eau.

On peut limiter ces facteurs de risques en favorisant l’utilisation d’engins motorisés légers ou en effec-tuant des exploitations mixtes combinant cheval de trait à l’intérieur du peuplement et opérations méca-nisées sur des pites de débardage ou lits de branches faisant office de matelas anti-tassement. Les layons d’exploitation sont d’autant plus indispensables si le sol est lourd (texture argileuse) et trop humide ; il faut stopper toute opération mécanisée en cas d’in-tempéries prolongées.

LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 21

Prévenir les dégâts de gibier contribue à maintenir des peuplements sains et vigoureux.

Pascal Balleux

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Après une coupe, la parcelle voisine se retrouve exposée aux vents sans y avoir été préparée. Le risque de chablis est décuplé.

DOSSIER DU TRIMESTRE

22 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

Par ailleurs si on plante des épicéas sur d’anciennes terres agricoles- trop riches- ceux-ci souffrent fré-quemment de la pourriture rouge au cœur de leur pied et ils sont affaiblis.

4) Des peuplements plus stables

A ce jour, près de 50 % des pessières sont actuelle-ment estimées instables : elles sont source de chablis propices au développement de foyers d’infection de scolytes. La stabilité des peuplements d’épicéas doit donc être renforcée. Comment  ? Primo, la concor-dance entre l’arbre et son milieu est capitale ; secun-do, les épicéas doivent aussi être bien positionnés vis-à-vis des vents dominants : éviter de les exposer au sud-sud-ouest ou de les introduire dans des vallées trop encaissées et orientées dans le sens des vent ; tertio, il faut se méfier des fausses lisières car elles sont particulièrement propices à la verse des arbres de bordure, devant résister aux vents de plein fouet sans y avoir été préparés.

La densité des pessières influe aussi sur leur stabilité ; d’après de récentes études scientifiques, une surface terrière de 32 m2/ha est l’optimum pour avoir une pro-duction de bois de bonne qualité mécanique et une bonne résistance des peuplements contre les chablis.

5) Une sylviculture plus dynamique

L’objectif de la sylviculture «d’arbre» en futaie claire fait son chemin dans l’esprit des forestiers. La syl-

viculture dynamique c’est un ensemble de bonnes pratiques ayant pour vocation de renforcer la bonne santé et la productivité des forêts par des actions ciblées et pertinentes.

Ainsi pour commencer, il faut éviter de dépasser les 2.500 plants à l’hectare lors de la plantation, idéa-lement 2.000 pour le mélange 2/3 épicéa - 1/3 dou-glas. Après une compression favorisant l’élagage naturel des basses branches des résineux, il faut sélectionner des arbres objectifs en favorisant leur croissance libre avec minimum 40 % de cime vivante pour garantir leur bonne vigueur ; une végétation ac-compagnatrice peut servir de gainage par le bas tout en leur offrant une protection plus efficace contre les extrêmes climatiques et la pression du gibier. Une seule règle pour les arbres adultes : leur pied à l’ombre, leur tête au soleil !

En pratiquant des éclaircies fortes et régulières, on favorise d’autant plus la solidité et donc la stabilité des arbres objectifs. Prélever 30 % du matériel sur pied lors de la première éclaircie et 15 % lors des pas-sages en coupe suivants semble donner de bons ré-sultats en ce sens. Souvent, des éclaircies de rattra-page s’imposent aussi pour «revitaliser» les arbres objectifs.

Le but final est d’obtenir un peuplement contenant environ 150 à 250 arbres objectifs à l’hectare accom-pagnés par une végétation compagne contrôlée, na-turelle ou non.

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 23

DOSSIER DU TRIMESTRE

QUE RETENIR DE CE DOSSIER ?

Si 2018 est une année noire pour la forêt wallonne, il est presque sûr que 2019 sera pire encore.

Il faudra alors remettre ses pratiques sylvicoles en question et procéder aux ajustements nécessaires. Est-ce la fin de l’épicéa pour autant  ? Non. Doit-on proscrire la monoculture d’épicéa  ? Non plus. Comme pour toute chose, la voie de la raison est dans la nuance.

Comme l’ont dit tous nos interlocuteurs dans le cadre de ce dossier : « ce que nous ne devrions plus voir, ce sont des plaques de plusieurs dizaines voire centaines d’hectares d’épicéas purs ». C’est ce mo-dèle et surtout sa profusion en Wallonie qui a amor-cé la catastrophe que nous avons vécue et que nous devrions encore connaître en 2019.

On peut se réjouir de l’apport majeur des scienti-fiques sur la question : leurs enseignements, leur vi-sion, les points de vue qu’ils expriment sont source d’évolution. Une évolution qui ne se fera pas en un jour, mais qui percolera dans les esprits et influera progressivement sur les méthodes de chaque fo-restier pour aboutir un jour, espérons-le, à une forêt plus stable, plus vivante et plus riche que jamais.

Car on ne le rappellera jamais assez, le bois est une ressource organique. Avant d’être une planche, une bûche ou un panneau, il est un organisme vivant. Respectons-le.

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MARCHÉSTENDANCES

24 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

Le climat, et en particulier la météo de cet été, défraye régulièrement la chronique. La une du JT de 19h30 de la RTBF du 13 octobre a même fait l’objet d’une polémique politique. Les propriétaires forestiers se sentent concernés à 100% par le sujet. Ils suivent de près les prévisions météo. En effet, une bonne gestion de leur patrimoine se doit d’intégrer une dose de probabilité de catastrophes naturelles. Le cas le plus spectaculaire est bien sûr la destruction d’une partie de la forêt suite à une tempête. Notre pays a été particulièrement épargné ces dernières décennies. Cela fait bientôt 30 ans que notre forêt n’a pas connu de dégâts majeurs. Pour rappel, le dernier grand épisode de tempêtes a eu lieu entre le 25 janvier et le 1er mars 1990. Trois tempêtes importantes s’étaient alors succédé et elles avaient couché des millions de m3 de bois dans les forêts wallonnes.

De nombreuses régions ou pays ont déjà mis en place des outils de suivi des évènements climatiques (même ponctuels) affectant la forêt. Les publications de chiffres et de statistiques sont encore trop rares en Wallonie. Comme exemple de ce qui se pratique dans d’autres régions ou pays, le diagramme ci-dessous reprend les dégâts engendrés par les tempêtes, la neige ou les scolytes en Autriche.

La courbe rouge indique le volume de bois touchés par les scolytes chaque année dans ce pays. La progression est spectaculaire depuis une vingtaine d’années. 2017 avait été, pensait-on, une année record. Certaines régions autrichiennes ont déjà inventorié 3 fois plus de scolytes cette année qu’en 2017 !

Les propriétaires belges, à l’image malheureusement des propriétaires d’épicéa d’autres régions européennes, devront sûrement tenir compte d’invasions importantes de scolytes dans les prochaines années. Pour essayer de maitriser la situation, il faut la connaitre au mieux. Le premier travail du propriétaire sera de suivre de près sa forêt. Comme pour un départ de feu, le signalement est le premier outil à utiliser et demeure le plus efficace. Dès qu’il est repéré, il faut sortir l’arbre infecté de la forêt. C’est la seule méthode connue afin de limiter la propagation du scolyte lorsque les conditions lui seront favorables. Evidemment, on pourrait toujours compter sur des conditions climatiques défavorables mais statistiquement cela est extrèmement risqué. Il faudrait plusieurs semaines de gel intense cet hiver suivi d’un printemps très pluvieux et frais pour réduire naturellement les invasions en 2019.

LA RÉACTION DES PROFESSIONNELS

La première conséquence pour les transformateurs est un afflux de bois inattendu. Comme mentionné dans le paragraphe précédent, le gestionnaire forestier se doit de couper les arbres nouvellement infectés et de les sortir de la forêt dans les plus brefs délais. Ce volume supplémentaire perturbe les marchés. L’offre dépasse largement la demande. En conséquence, les prix des épicéas baissent.

Des pays européens comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Suisse ont une certaine habitude dans la gestion de ce type de crise sanitaire. Leur gestion forestière est particulièrement pointue. Des plans d’urgence existent et sont activés rapidement. La réactivité des professionnels est un facteur déterminant dans la résolution de la crise. Par exemple, dès l’apparition de scolytes, les scieries ont la possibilité de

La crise sanitaire en forêt, à la suite des attaques de scolytes, impacte de façon très importante les marchés du bois et les activités des transformateurs d’épicéa. Un vent de panique souffle sur l’ensemble de la filière. Un phénomène exceptionnel mais probablement récurrent à l’avenir.

Ingénieur sorti de l’École Supérieure du Bois en 1990, Éric Letombe est un expert de la filière bois. Aujourd’hui responsable des approvisionnements de Spanolux (groupe Unilin) à Vielsalm, il côtoie quotidiennement la filière bois en Belgique, Allemagne, France, Pays-Bas, Luxembourg… Il anime ici une rubrique consacrée à l’actualité économique de la filière bois.

ÉCONOMIE FILIÈRE BOIS : IMPACT ÉCONOMIQUE DU SCOLYTE SUR LA FILIÈRE-BOIS

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 25

réceptionner ces bois avec une décote importante sur le prix d’achat. Cette décote permet aux bois scolytés d’être travaillés en priorité.

En Wallonie, une «  Task Force Scolytes  » a été créée à l’initiative du Ministre Collin. C’est l’Office Economique Wallon du Bois qui est l’animateur et le rapporteur de ce groupe de travail. Le but de cette Task force est de recommander la mise en place d’une série de mesures lors d’apparition de scolytes. Outre l’établissement d’une stratégie de communication auprès des propriétaires publics et privés, il s’agit aussi d’élaborer avec l’ensemble de la filière wallonne une participation active à l’évacuation et à la transformation de ces bois.

Au Canada, où les attaques d’insectes sont parfois gigantesques, en 2012, un site de West Fraser ayant une capacité annuelle de sciage de 1,6 millions de m3, alors la plus grande scierie au monde, a pris l’habitude de scier de grands volumes de bois scolytés. Ces bois étaient principalement vendus aux acheteurs chinois, qui représentaient plus de 35% de la clientèle de la scierie.

Il faut rappeler ici que le problème du bleuissement des arbres scolytés est un frein majeur à la commercialisation du bois même si le bleuissement n’engendre pourtant aucune perte des propriétés mécaniques du bois. Le problème est que le bleuissement est souvent suivi par une coloration rouge due à la présence de champignons. Ce champignon provoquera alors une dégradation mécanique du bois, puisqu’il s’attaque à la lignine (sans lignine le bois est impropre à une utilisation mécanique).

En résumé, les capacités de transformation actuellement présentes en Wallonie sont à même de faire face aux problèmes de scolytes (400 000 m3 de bois à traiter avant le printemps 2019). Il n’y a pas de nécessité de développer de nouvelles alternatives d’utilisation. Cependant, le facteur inconnu reste l’évolution de la qualité du bois et, finalement, vers quel type d’utilisation sera destiné ce bois. En ce début d’automne, les bois sont essentiellement dirigés vers les scieries. Les lots de bois scolytés se sont vendus et, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de blocage des exploitations pour ces bois. Certaines régions ou pays ont simplement interdit l’exploitation d’épicéa frais. Le Land de Hesse (Francfort) a arrêté toutes les exploitations de bois sains jusqu’à la fin juin 2019. La Tchéquie a même annoncé vouloir se concentrer uniquement sur l’exploitation

des bois scolytés jusqu’en septembre 2019. Les conséquences économiques de telles mesures ne sont pas quantifiées. Les marchés traditionnels de bois de moindre qualité (tels que les marchés d’Afrique du Nord) sont déjà saturés. Les clients européens risquent d’être réticents et le prix ne sera peut-être pas un argument suffisant.

VERS UNE GESTION PLUS DYNAMIQUE DE NOS FORÊTS

De réels partenariats entre forestiers, pro-priétaires forestiers et transformateurs de bois seront le gage de survie de la filière forêt-bois en région wallonne (et ailleurs). Trop longtemps, le cloisonnement de chaque métier a nui à l’ensemble du secteur.

Ces dernières années, les demandes de scieurs de feuillu ou de l’industrie n’ont pas

souvent été entendues par les gestionnaires de forêt. Aujourd’hui, ces mêmes gestionnaires

semblent prendre conscience de l’intérêt d’avoir des entreprises locales capables d’aider à résoudre un

sérieux problème en forêt.

Une gestion plus dynamique et plus efficace des forêts est un impératif pour répondre aux multiples défis qui nous attendent. L’European Forest Institute, organe de référence regroupant des associations forestières dans plus de 37 pays, aide à la promotion d’une meilleure gouvernance en faveur de la forêt. Les disparités dans la production de bois des différentes forêts européennes sont énormes. Même si les espèces d’arbres influent la production de bois, la gestion de la forêt demeure un facteur déterminant.

La bioéconomie et l’économie décarbonée seront peut-être une aide précieuse pour soutenir un programme important de plantation en Europe.

Éric Letombe

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DE RÉELS PARTENARIATS ENTRE FORESTIERS, PROPRIÉTAIRES FORESTIERS ET TRANSFORMATEURS DE BOIS SERONT LE GAGE DE SURVIE DE LA FILIÈRE FORÊT-BOIS.

Bleuissement du bois. Bois échauffé.

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26 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

REGARD FORESTIER

UNE SITUATION DE FAIT

La multiplicité des fonctions oblige le forestier à revêtir plu-sieurs habits, l’oblige à plus de contacts et d’échanges mais force est de constater que la formation au sein d’écoles spé-cialisées ou au travers d’autres structures n’a manifestement pas suffisamment intégré ou suivi cette évolution.

Or communiquer est un moyen d’exister, de défendre ses intérêts et aussi de mieux faire comprendre le bien-fondé d’actions ou de mesures prises. Comment le faire sur un thème si vaste, complexe et si chargé d’affectif que chacun aurait tendance à se l’approprier.

Il est significatif de constater à quel point la forêt et le forestier peuvent encore être perçus ou présentés aujourd’hui quand on voit par exemple qu’un moyen de communication tel que le petit Larousse – certes en perte de vitesse par rapport à l’omni présence d’internet en reste à des définitions aussi laconiques que « Grande étendue de terrain couverte d’arbres. Ensemble des arbres qui la couvrent» ou encore « Employé de l’administration forestière, profession-nel(le) de la foresterie ». De même, souvent encore des acteurs médiatiques, confondent « garde-fores-tier » et « garde-chasse » ! Ce type d‘image renvoie vers celle réductrice d’une fonction mal perçue, voire incomprise et tronquée.

Communiquer son savoir reste une mission noble, en particulier quand elle concerne notre environnement ou notre cadre de vie mais cela requiert un réel savoir-faire qui doit s’apprendre et se cultiver, qui doit aussi évoluer jusqu’à intégrer l’importance accrue des réseaux sociaux et la vitesse avec laquelle l’information circule.

Lorsque le DNF communique cela se fait dans un cadre réglementé, dicté par la hiérarchie et par le besoin somme toute légitime d’avoir une ligne de conduite commune. Il est cependant une « administration » très particulière et bien différente des autres car à l’instar d’une « entreprise » il gère aussi une production pour compte d’autrui (cas des forêts de la Région, communales et des organismes publics) et est de ce fait responsable des mesures et décisions qu’il prend. Cela implique en théorie de devoir

rendre des comptes. Encore faut-il disposer pour son personnel de la possibilité de réagir lorsque sa gestion, pour de bonnes ou moins bonnes raisons, est critiquée ou mise en cause !

QUEL TYPE DE COMMUNICATION ?

La communication entre les forestiers et le public est insuf-fisante et elle est généralement biaisée. Faute de temps, d’attention, d’envie ou parce que c’est difficile, les forestiers ne rencontrent pas, ou pas suffisamment, le public, riverain ou usager de la forêt, qui, pourtant, a beaucoup à dire sur la forêt, sa gestion, son devenir. Le terme même «public », peut d’ailleurs paraître inapproprié car chaque individu a une vision très personnelle de la forêt, porte sa propre image de celle-ci, chacun apprécie dans la forêt quelque chose de particulier en harmonie avec sa personnalité ; chacun, finale-ment, a sa forêt et le réflexe « touche pas à ma forêt » n’est jamais très loin.

Les medias jouent aussi un rôle parfois ambigü. Ils contri-buent au déficit de communication ou à une orientation par-fois discutable de celle-ci dans la mesure où ils sont trop sou-vent friands de catastrophisme attachant par exemple plus de poids à la perte de biodiversité due à une exploitation fo-restière effrénée ou encore aux incendies de forêt qu’à toutes les mesures conférant à l’espace forestier un rôle multifonc-tionnel. Les forestiers aspirent à une communication plus po-sitive fondée sur des types d’événements plus constructifs. Il convient dès lors d’aller résolument beaucoup plus vers les plates-formes médiatiques à grande diffusion avec un mes-sage clair et des idées formulées de façon à la fois simple et convaincante. En un mot il convient d’anticiper et les cir-constances y engagent : que de personnes s’interrogent au-jourd’hui sur les effets des changements climatiques qui se profilent à nos portes, sur la dégradation de la biodiversité ou encore sur la prétendue sur-exploitation de nos forêts !

QUEL CONTENU ?

Il est impératif de développer sur des thématiques si pos-sible en phase avec l’actualité et ainsi d’éviter de se faire cou-per l’herbe sous le pied. L’anticipation doit toujours être de mise ! Toujours, et à titre d’exemple, sur la question de l’ex-

QUELQUES PISTES

MIEUX COMMUNIQUER POUR LE FORESTIER, Professeur ordinaire émérite rattaché

à l’Université de Liège - Gemboux Agro-Bio Tech, et chargé de mission pour l’ULiège, Jacques Rondeux a consacré toute sa vie au développement de notre patrimoine forestier.

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 27

ploitation forestière il convient de développer des argumen-taires résolument destinés au grand public et basés sur des faits objectifs et des données chiffrées, capables de mettre à mal les idées reçues, d’éclairer les réalités méconnues et de faire prendre conscience de la nécessité de couper les arbres, tout en prenant en compte la susceptibilité grandissante du public à l’égard de l’exploitation des forêts. On peut à cet égard et à titre purement indicatif, cibler une communication portant sur des sujets expliquant en quoi la gestion des fo-rêts est durable, en quoi leur exploitation est une condition de leur santé et de leur fonction de pompe à carbone (atout vis-à-vis du changement climatique) ; en quoi les normes de gestion confirment l’engagement des forestiers dans une gestion durable de qualité de la forêt.

L‘exploitation est mise à mal du fait du recours à des engins qui mal utilisés portent atteinte à la forêt et que le forestier adapte de plus en plus sa forêt à ce type de contrainte d’ordre économique le met dans une situation embarrassante. Voilà un bel exemple où il convient d’aller plus loin où le monde de la forêt dans son ensemble ou d’une vraie filière bois est concerné  ; voilà une occasion rêvée de bien faire  la part des choses entre la filière bois davantage dominée aujourd’hui par l’industrie qui vit à un autre rythme et sur d’autres bases que la filière forêt-bois en amont de laquelle se situe le forestier.

QUEL PUBLIC ?

A priori on peut identifier trois grands publics cibles : le grand public, les gestionnaires de forêts pour les inciter à développer le dialogue avec le public de proximité des massifs forestiers, les ONG environnementalistes et les associations d’usagers de la forêt avec lesquelles il serait utile d’élaborer un programme d’information publique. Mais il faut aussi viser les prescripteurs ou interfaces, soit cet autre public cible que sont : maîtres d’ouvrages du bâtiment, collectivités locales, maîtres d’œuvre, architectes, écoles d’ingénieurs et d’architecture, bureaux d’études, grandes surfaces de bricolage, promoteurs, négociants, industriels, administrations diverses,…

DES EFFORTS ET INITIATIVES CERTES MAIS…

Il ne faut pas nier que des efforts significatifs de com-munication ou d’information plutôt - ce qui en soi n’est pas tout à fait la même chose - sont consentis en matière de vulgarisation et de formation ainsi que de sources d’informations (exemple de la SRFB, Forêt-Nature, RND, CAPFP et universités) mais ils se situent surtout à l’in-térieur du monde forestier lui-même et avec insuffisam-ment de concertation entre acteurs et de plateformes communes, ce qui ne plaide pas toujours en faveur d’un discours clair, chaque intervenant potentiel y allant de sa propre perception. Quid à l’adresse du grand public, de ceux qui ont une relation non professionnelle avec la fo-rêt mais qui y sont attachés et parfois à un point tel qu’ils peuvent, consciemment ou non, avoir une influence ou faire écho à une vue orientée ou superficielle et incom-plète de ce qu’est le forestier et la forêt.

CAMPAGNES DE COMMUNICATION ? POURQUOI PAS ?

Leur bien-fondé n’est plus à identifier. Pour s’en convaincre il suffit de prendre comme exemple récurrent la contestation du public contre l’exploitation jugée outrancière des forêts. Dans ces conditions, l’objectif de communication doit être de prévenir les risques de protestation en cherchant à provoquer une prise de conscience de la nécessité de couper des arbres pour entretenir les forêts et récolter du bois. Aussi pourquoi ne pas organiser régulièrement des colloques ou conférences de presse ou tout autre opération d’envergure pour développer l’acquisition des connaissances relatives à l’état de l’opinion

sur la question, pour identifier les arguments et moyens de communication à privilégier, et sur une collaboration

active avec le plus grand nombre possible d’ONG (ONG environnementales et associations d’usa-gers de forêt).

Sensibiliser la presse écrite via des rubriques spécifiques destinées à développer un mes-sage du type «  la forêt c’est vital  » ou pro-duire des « cartes blanches » dès qu’un évé-

nement rattaché directement ou non à la forêt occupe l’actualité. Cultiver des relations suivies

avec les moyens radiophoniques et télévisuels ou une presse de qualité est une voie à approfondir ou

autant de terrains à défricher en dehors de toute action « publicitaire ».

CALIBRER LA FORMATION

Il est fondamental de prévoir ou de renforcer l’intégration de modules de formation à la communication dans l’enseignement forestier et agricole et dans les parcours professionnels. Tout professionnel du secteur doit être capable d’expliquer son métier, de valoriser son travail et ses produits et, ainsi, de susciter l’adhésion du public. Cet enseignement très spécifique ne met pas assez l’accent sur la présentation proprement dite du métier.

OSER LA COMMUNICATION

Il conviendrait de créer des lieux de rencontre (y compris virtuels), de dialogue avec le public, lieux où il sera possible de l’impliquer dans les projets de gestion forestière et de rechercher les solutions permettant la meilleure intégration et acceptation sociale du « projet forêt ». Manière pour le forestier d’affirmer son rôle d’acteur de première ligne dès lors que ce dialogue se ferait dans un contexte intégrant la reconnaissance des lois de la nature et des perspectives in-certaines comme celles créées par les changements clima-tiques, le respect des responsabilités et de la compétence technique des forestiers, l’écoute des attentes de tous les usagers de la forêt. Ce lieu de rencontre devrait cependant dépasser le cadre de la forêt elle-même et investir le terri-toire forestier via une démarche de construction, avec les élus, d’un projet de développement durable axé sur la fo-rêt. C’est le concept de « charte forestière territoriale » déjà évoqué (cf - Les Infos de RND) qui comporte ipso facto tous les ingrédients d’une gestion participative et adaptative de l’espace forestier. C’est aussi le champ rêvé d’un formidable apprentissage d’une communication quittant les citadelles de la technique et d’un monde encore trop fermé.

Jacques Rondeux

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TOUT PROFESSIONNEL DU SECTEUR DOIT ÊTRE CAPABLE D’EXPLIQUER SON MÉTIER, DE VALORISER SON TRAVAIL ET, AINSI, DE SUSCITER L’ADHÉSION DU PUBLIC.

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28 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018

# BOIS

LE FAB LAB DE MARCHE- EN-FAMENNE OUVRE SES PORTES À RND POUR DES ATELIERS DE COCRÉATION D’ÉQUIPEMENTS TOURISTIQUES EN BOIS APPEL AUX ENTREPRISES ET PROFESSIONNELS INTÉRESSÉS

Ana Aguire est chef de division à la ville de Marche-en-Famenne. Sa spécialité ? Les nouvelles technologies ! Diplômée en sciences de l’éducation et de la formation aux nouvelles technologies, Ana est médiatrice dans le domaine du numérique. Sa collègue, Anne-Sophie Dothée, s’occupe d’économie. Responsable de l’Agence de Développement Local (ADL) de la ville, elle est en contact permanent avec les entreprises, les entrepreneurs, les artisans… de la région. Ce binôme est indissociable : « Pour faire fonctionner correctement l’E-square, les deux casquettes sont nécessaires : la composante numérique et la composante économique locale, et ce, en privilégiant les partenariats », explique Ana. On sait que la Ville de Marche-en-Famenne s’intéresse depuis de nombreuses années aux évolutions numériques. C’est l’une des premières communes wallonnes à s’être dotée d’un centre de support télématique (espace public numérique ou EPN) et à bénéficier d’un Smart City manager. Rien d’étonnant à ce que les autorités marchoises aient répondu à l’appel à projet lancé en 2017 par la Région Wallonne pour développer des espaces de coworking dans des zones rurales et semi-rurales. « C’est à ce moment-là que la Ville a décidé de créer l’E-square, un tiers lieu où on retrouve un espace de coworking et un fab-lab. Avec ce projet, on voulait faire en sorte que la créativité marchoise puisse s’exprimer. On est dans une région propice au développement ! », souligne Anne-Sophie.

Aujourd’hui, 21 espaces de coworking existent en Wallonie réunis au sein du réseau Coworking Digital Wallonia. Ce concept

plait beaucoup aux communes car ces initiatives concourent à dynamiser la vie active d’une région et à retenir les talents au niveau local. Au lieu d’avoir des habitants qui vont travailler à l’extérieur, on garde une force de travail dans la commune. C’est aussi bénéfique pour l’économie et les commerces locaux puisqu’ils consomment consommeront davantage sur place.

MAIS LE COWORKING, QUÉZAKO ?

Très tendance, le coworking est un business intéressant à ex-ploiter, notamment, pour les promoteurs immobiliers. Beau-coup d’espaces de travail se revendiquent comme tels alors qu’il s’agit uniquement de bureaux en location. En effet pour qu’un espace puisse être reconnu comme coworking, il doit proposer trois types de services : le pilier Work avec une in-frastructure de travail, le pilier Learn avec un programme de formation (conférences, ateliers, cours permettant au public d’acquérir de nouvelles compétences) et le pilier Connect avec la création d’une communauté de personnes pouvant interagir entre elles, développer de nouveaux projets, s’entraider,…

L’objectif principal est de permettre aux entrepreneurs et aux professionnels d’une région de se développer. La plupart du temps, ceux-ci travaillent en solo, ils ont peu de retour sur le ou les service(s) qu’il(s) proposent, ils ne savent pas toujours si leur(s)produit(s) est (sont) adapté(s) au marché... Pour cer-tains, ce sentiment d’isolement entraine une perte de moti-

Aménagé avec goût et spacieux sont les premiers mots qui viennent à l’esprit quand on pense au tout nouveau Centre de Créativité Numérique de Marche-en-Famenne. L’E-square a ouvert ses portes le 1er octobre passé. C’est

dans cet espace de 600 m2, tout entier dédié à l’innovation, que deux pétillantes jeunes femmes, m’ont accueillie. Déléguées à la gestion journalière de l’E-square, elles en sont aussi les chevilles ouvrières.

Anne-Sophie Dothée, responsable de l’Agence de Développement Local (ADL) et Ana Aguire, chef de division à la ville de Marche-en-Famenne.

« La box », salle polyvalente de formation, d’atelier, d’exposition du Fab Lab

Vaste espace de coworking convivial en milieu semi-rural avec internet fibre rapide

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 29

# BOIS

vation. C’est sur base de ces constats que les premiers espaces de coworking se sont créés. «  Un espace de coworking doit être identifié par l’utilisateur comme un lieu ressource où il pourra être coaché, écouté et mis en contact avec d’autres entrepreneurs, avec des personnes qui l’aideront à développer son activité, lui apporter de nouvelles compétences, lui donner un avis objectif… C’est une nouvelle façon de travailler qui encouragent les travailleurs à se réunir pour ne pas rester seuls chez eux », précise Anne-Sophie.

Le coworking est bénéfique tant en ce qui concerne le bien-être que la productivité, la concentration et les bénéfices financiers… L’enquête de satisfaction menée depuis 2014 par l’Agence du Numérique peut d’ailleurs en attester. 25% des coworkers montent un tout nouveau projet ensemble après s’être rencontrés dans un espace de coworking. L’histoire du plus jeune coworker de Wallonie est également un exemple remarquable. Particulièrement doué, ce garçon développait des sites web chez lui. Un jour, ses parents lui ont suggéré de trouver un espace pour travailler et rencontrer du monde. À 16 ans, il a alors commencé à se rendre dans un espace de coworking tous les mercredis et les samedis. Aujourd’hui, ce jeune homme a 20 ans et il est à la tête d’une agence de communication où quatre personnes travaillent pour lui !

L’E SQUARE C’EST AUSSI UN LABORATOIRE DE FABRICATION…

Une des spécificités de l’E-square de Marche c’est qu’il comprend aussi un Fab Lab, ou Laboratoire de Fabrication dont le but est d’encourager tout un chacun, jeune ou moins jeune, étudiant, demandeur d’emploi, professionnel de tout secteur, pensionné… moyennant une petite formation sur l’utilisation des équipements et un prix de location extrêmement abor-dable, à venir développer ses projets, ses produits, à les prototyper… bref à devenir un « maker » ou un fabricant.

Le Fab Lab de Marche-en-Famenne, peut mettre à disposition de ces makers un véritable panel d’outils et d’équipements tels une fraiseuse numérique de 125x250x20 cm, une graveuse-découpeuse laser que l’on peut placer sur de grand objets, une thermoformeuse, un scanner 3D de précision et un autre permettant de scanner librement des objets de plusieurs mètres de dimension ou même une personne, des imprimantes 3D mais également des machines plus atypiques comme une brodeuse électronique ou une machine à coudre le cuir spécialement adaptée pour la maroquinerie. La variété d’outils sur place témoigne de la volonté des autorités communales marchoises et de leurs partenaires dans le projet - Henallux, Hec, Green Hub, Idelux, BEPN, le Wex… de stimuler la créativité tout azimut.

…OÙ RND ANIMERA DES ATELIERS DE DESIGN POUR COCRÉER DU MOBILIER, DES HABITATS LÉGERS DE LOISIR, DES ÉQUIPEMENTS DIVERS EN BOIS

Grâce à une convention négociée avec l’asbl E Square, RND pourra accéder aux installations du Fab Lab pendant une première période test d’une durée de 6 mois (janvier- juin 2019) renouvelable, au cours de laquelle notre designer sera mis à disposition de professionnels wallons de la construction en bois, de menuisiers, d’ébénistes, d’artisans en bois … pour concevoir et développer, une ligne de produits en bois local, à implémenter sur le territoire des 4 massifs forestiers partenaires du projet touristique «  Forêts d’Ardenne  » dont nous sommes coordinateur.

En 1ère étape, il s’agira de fabriquer du mobilier extérieur pour le Massif de Saint-Hubert soit une quarantaine de totems en bois emblématiques de la destination Forêts

d’Ardennes à placer dans différents endroits des 3 villes d’appui - Saint-Hubert, Redu, Nassogne -, dans les

localités désignées comme portes d’entrée du Massif et devant les gares. A cela s’ajoutent

des tables et bancs pour une des aires de pique-nique, une dizaine de panneaux en bois, 400 mini totems à placer près des panneaux «  les saisons de la photo  », des gaines en bois pour des pompes à air et à eau (nettoyage de vélos, de chaussures…). Enfin, il s’agira de créer du

mobilier d’intérieur pour l’aménagement d’espaces «  Forêts d’Ardenne  » dans les

Syndicats d’initiative, Maisons du Tourisme … du Massif de Saint-Hubert. Dans la suite d’autres

équipements devront encore être conçus ainsi que pour les trois autres massifs partenaires du projet.

‘‘ ‘‘25% DES COWORKERS MONTENT UN TOUT NOUVEAU PROJET ENSEMBLE APRÈS S’ÊTRE RENCONTRÉS DANS UN ESPACE DE COWORKING.

Projet de table de pique-nique accessible à tous pour les Forêts d’Ardenne, avec accès pour 2 fauteuils roulants, siège bébé et espace jeunes enfants, © RND

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30 I LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 201830 I LES INFOS DE RND I 2ÈME TRIMESTRE 2018

# BOIS

LE CHÊNE D’AMÉRIQUE EN BELGIQUE ET EN WALLONIE

Il est considéré comme une essence exotique naturalisée car il s’est acclimaté au pays et se propage bien naturellement. Introduit pour la première fois, en Campine, au début du XIXème siècle, ce n’est qu’une petite centaine d’années plus tard que des plantations plus importantes ont lieu. Dans la suite, on le retrouve fréquemment en région limoneuse et dans le Condroz. Son altitude maximale d’implantation est limitée à 450 m, car il est très sensible aux gelées pré-coces et tardives tout comme aux premières neiges. Tolé-rant quant à la nature du sol, son optimum se situe sur des terrains limoneux, sableux, frais et profonds. Calcifuge, il fuit les sols carbonatés. Les stations très humides lui sont égale-ment déconseillées.

CARACTÉRISTIQUES DE L’ESPÈCE ET RECONNAISSANCE BOTANIQUE

C’est un arbre à la croissance juvénile très vigoureuse. En condition optimale, il peut croître d’un mètre par an durant les dix premières années. Il peut atteindre 30 mètres de hau-teur pour une longévité comprise entre 150 et 200 ans. Il ne se reproduit qu’à partir de 20 à 30 ans.

Le chêne d’Amérique fleurit au printemps (avril-mai). Les arbres étant monoïques, la fécondation se fait par le vent. Le fruit- le gland- qui mesure de 2 à 3 cm et se termine par une petite pointe, mûrit sur 2 ans. Il ne germe qu’après l’hiver, seul le gel peut lever la dormance de la graine contrairement aux deux chênes indigènes dont les glands germent directe-ment après leur chute.

Les feuilles alternes et avec un long pétiole sont profondé-ment lobées et peuvent mesurer plus de 20 cm de longueur. Leur décomposition est assez lente et peut gêner la régé-nération d’autres espèces, d’autant plus que le chêne rouge rejette vigoureusement de souche.

L’écorce est mince, de couleur grise argentée, d’abord lisse, jusqu’à 20 – 30 ans, puis des crevasses longitudinales peu pro-fondes apparaissent. Son enracinement est puis-sant, ce qui lui confère une grande résistance au vent et lui permet d’explorer un volume de sol important. Il résiste d’autant mieux à la sécheresse.

Il est très peu sujet aux attaques de maladies ou autres ravageurs mais est très appétent pour le gibier, particulièrement pour les cervidés (dégâts d’abrou-tissements et de frottis).

LE CHÊNE ROUGE EN FORÊT

Du fait de son accroissement annuel rapide, que ce soit en hauteur ou en diamètre, la durée de révolution varie de 60 à 90 ans. L’accroissement est compris entre 5 et 15 m3 (entre

Comme son nom l’indique, le chêne d’Amérique (Quercus rubra L.) provient d’Amérique du Nord. Couvrant pratiquement toute la moitié Est des USA, il est aussi le symbole de l’Etat du New Jersey. Les premiers colons essayent de l’utiliser dans la construction navale, comme les chênes européens, mais ils doivent déchanter car il se gorge d’eau et pourrit très rapidement.

C’est à partir de 1724 qu’il fut introduit en Europe où on l’apprécie pour ses qualités ornementales et particulièrement pour son feuillage qui vire au rouge en automne et qui lui doit certainement d’être appelé chêne rouge. De nos jours, il est de plus en plus utilisé en reboisement forestier pour sa croissance rapide et la qualité de son bois. On l’utilise aussi beaucoup dans l’industrie du meuble et pour la confection de revêtements de planchers décoratifs.

LE CHÊNE D’AMÉRIQUE

Peuplement de chênes d’Amérique

Les feuilles sont grande et profondément lobées

L’écorce d’abord lisse, se crevasse avec l’âge

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LES INFOS DE RND I 4ÈME TRIMESTRE 2018 I 31LES INFOS DE RND I 2ÈME TRIMESTRE 2018 I 31

# BOIS

50 et 100 ans) par hectare et par an selon les stations.

Les objectifs sylvicoles sont :• Une hauteur de fût droit et sans nœuds de 6 à 8 mètres.• Une circonférence moyenne de 180 à 200 cm.

PLANTATION

La reprise des plants est assez délicate surtout si les tiges sont grandes, c’est pourquoi la majorité des plants proposés sur le marché sont des S1R1, c’est-à-dire des pousses de 2 ans. Vérifiez que les plants possèdent un bon chevelu raci-naire, c’est indispensable !

La plantation s’effectue en automne. La densité de planta-tion est généralement comprise entre 1100 à 2000 plants par hectare, soit un écartement de 2 x 2,5 mètres à 3 x 3 mètres. Une densité moindre est néanmoins possible avec une végétation ligneuse d’accompagnement, ce qui permet de réduire les coûts de protection contre le gibier.

Le chêne rouge étant très apprécié par le gibier, il faut pro-téger les jeunes plants, soit à l’aide de protection in-dividuelle soit en combinant avec la végétation naturelle. Les dégagements devront aller dans ce sens. Ils sont nécessaires pour diminuer la concurrence de la végétation herbacée ou ligneuse tout en laissant un léger recru pour minimiser les dégâts de cervidés.

SOINS SYLVICOLES

Les tailles de formation et l’élagage doivent se faire relativement tôt et à in-tervalles réguliers car l’arbre a tendance à produire des fourches.

Environ 300 arbres d’avenir seront désignés le plus tôt pos-sible (lorsqu’ils ont atteint une hauteur de 10 à 15 m). Les éclaircies débuteront dès que les cimes entrent en concur-rence. L’intervalle entre deux passages doit être plus court que pour les chênes indigènes, généralement entre 5 et 7 ans. L’objectif est une mise en lumière constante et homo-gène du houppier. De par sa vigueur, les trouées causées par les éclaircies seront vite comblées.

La densité finale du peuplement est comprise entre 80 et 100 arbres par hectare (un arbre tous les 10 ou 12 mètres).

UTILISATION DU BOIS

Le chêne rouge possède un cœur brun-rose, l’aubier est peu distinct et de couleur gris-rose.

Il présente de bonnes qualités technologiques. Reconnu pour sa dureté et sa résistance aux chocs, il peut être utili-sé pour les mêmes usages que les chênes autochtones. On peut le valoriser en tranchage et déroulage pour les spéci-mens les plus beaux ainsi qu’en menuiserie et en ébénisterie.On l’utilise également pour en faire des meubles, des es-caliers, des portes intérieurs, des aménagements intérieurs, des lambris, des plinthes et moulures, des parquets (grâce à ses motifs spectaculaires), en tournage, des cercueils, en bois de construction (poutres, solives, chevrons) … Par contre, il est peu durable (classe de durabilité naturelle IV) et ne peut pas être utilisé en extérieur.

Malgré ses bonnes qualités, il n’atteint pas encore les prix de vente des chênes indigènes.

LE MARCHÉ ACTUEL DU CHÊNE D’AMÉRIQUE EN WALLONIE

Depuis 3 ou 4 ans, on constate une augmentation du prix des chênes sur pied et le chêne rouge suit cette tendance.

D’après la Fédération Nationale des Experts Forestiers, le prix moyen des chênes rouges sur pied se négocie cette sai-son à un prix compris entre 100 et 140€ par m3 pour des arbres de 180 – 200 cm (60 à 80 ans). L’automne-hiver 2014-2015, les mêmes bois se négociaient entre 85 et 105€ par m3.

Une rapide enquête menée auprès de différentes scieries de feuillus wallonnes nous révèle des éléments intéressants :

• Le chêne d’Amérique souffre de la comparaison avec les chênes indigènes. On lui préfère bien souvent ceux-ci par méconnaissance des qualités de cette essence.

• Il n’existe pour ainsi dire pas de marché en Wallo-nie pour le chêne rouge, la plupart des bois achetés partent pour l’export.

La scierie Hontoir n’en scie plus  : elle n’a pas de demande pour cette essence et d’autre part à cause de la concurrence à l’origine de la mon-tée des prix  : l’exportation vers les pays asia-tiques. Il lui reste quelques mètres cubes, stoc-kés dans un hangar depuis 10 ans. La scierie Dubois de Florée (Hamois), la scierie de Lan-

din, Pirson Bois ou l’Atelier Protégé la Thiérache vont dans le même sens : n’y a pas de demande

pour cette essence. Bourguignon Bois fournit par-fois quelques escaliers mais c’est de sa propre initia-

tive et réellement au compte-goutte. L’entreprise ITS Wood nous confirme que la quasi-totalité de leurs achats de chêne d’Amérique partent à l’exportation.

CONCLUSION

Arbre à croissance rapide, comparable à celle de l’épicéa pour un prix de vente supérieur, apte aux usages nobles, (mis à part en extérieur), résistant bien à la sécheresse ain-si qu’aux maladies et ra-vageurs … ces différentes qualités et caractéristiques font du chêne d’Amé-rique une essence d’ave-nir particulièrement dans le contexte des change-ments climatiques.

Soyons néanmoins at-tentifs au fait que par sa croissance vigoureuse, ses glandées abondantes et fréquentes et sa capacité à rejeter de souches, il peut se montrer envahissant et coloniser les peuple-ments voisins ou empê-cher d’autres essences de s’installer !

‘‘ ‘‘EN CONDITION OPTIMALE, IL PEUT CROÎTRE D’UN MÈTRE PAR AN DURANT LES DIX PREMIÈRES ANNÉES.

Le chêne d’Amérique rejette très bien de souche

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Une organisation de :

DANS LE CADRE DU SALON BATIMOI À MARCHE-EN-FAMENNE, VENEZ ASSISTER AU

4ème

OUVERTURE AU PUBLIC : VENDREDI 25 JANVIER 2019

DÈS 13H00 - PALAIS 6 DU WEX

Pour le Challenge bois, nous avons vu les choses en grand !

Cette année, ce n’est pas moins de 5 écoles qui participent. Les étudiants ingénieurs civils et ingénieurs civils architectes de l’ULG, les ingénieurs industriels d’Helmo et les menuisiers et ébénistes de l’institut Saint-Roch sont rejoints par les étudiants ingénieurs industriels de l’orientation construction de la Haute école de la Province de Liège (ISIL) et par les bacheliers en construction de la haute école Robert Schuman de Libramont.

AU TOTAL CE SONT 135 ÉTUDIANTS RÉPARTIS EN 22 ÉQUIPES QUI VONT CONCOURIR.

Alors, voulez-vous venir pêcher avec nous ?

Rejoignez-nous au Palais 6 du WEX, vendredi 25 janvier, entre 13h00 et 17h00 pour découvrir les impressionnants projets des étudiants !

PIERRE BOIS

4ème ÉDITION