perspectives n°19
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C hacun, comme à
chaque fois que l'his-
toire fait irruption et
surgit avec sa violence impré-
visible, et que l'on sort de
l'ordinaire, se souviendra où il
était et ce qu'il faisait lorsqu'il
découvrit l'horreur de ce mas-
sacre perpétré envers la rédac-
tion d'un journal satirique, des
policiers en fonction et les
clients d'un supermarché juif.
Quand la tragédie fait irrup-
tion sur la scène de l'histoire
nous surprenant dans la bana-
lité du quotidien !
L a tradition philosophique
s'est toujours construite
en marge ou contre la pensée
religieuse. Chez les Grecs,
l'affirmation du logos, la raison,
se fait au détriment du mythos,
le mythe, l'histoire que l'on ra-
conte afin de donner un sens
à la naissance de l'univers, au
scandale de la maladie de la
mort, du tragique de la condi-
tion humaine … c'est le para-
doxe pascalien de la grandeur
de l'homme qui découvre sa
petitesse ; du haut de sa
force, il se connaît dans son
extrême faiblesse … Mais la
force de la raison, c'est, par un
long travail de Sisyphe, d'accé-
der à la vérité et de construire
un monde de savoir. La con-
naissance s'oppose à la
croyance. Pour les artisans de
la pensée rationnelle, scienti-
fiques ou philosophes, juristes
ou techniciens, la religion est
une illusion qui peut s'avérer
dangereuse dès lors qu'elle
prétend se substituer à l'activi-
té de la connaissance ration-
nelle. Le philosophe Ludwig
Feuerbach affirmait que c'est
sa propre essence que
l'homme projette en Dieu.
Après avoir été conçu comme
étant à l'image de Dieu, c'est
Dieu qui devient à l'image de
l'homme ! Et lorsque Marx
écrit ". La religion est le soupir de
la créature opprimée, l'âme d'un
monde sans cœur, comme elle est
l'esprit des conditions sociales d'où
l'esprit est exclu. Elle est l'opium
du peuple.", il cerne avec exacti-
tude l'impact et le rôle du
phénomène religieux. La Ré-
volution française en procla-
mant l'existence d'une huma-
nité universelle promeut l'uni-
té du genre humain. Les reli-
gions se sont progressivement
orientées vers un humanisme
altruiste. Il demeure que les
groupes humains, à travers
leur culture, leurs pratiques
sociales, les contradictions
d'un capitalisme en crise qui
utilise guerres et conflits
comme outil de régénéres-
cence … génèrent les pires
Résistez!
N ° 1 9 – 1 5 M A R S 2 0 1 5
Perspectives « L’Humanité » Journal fondé par Jean Jaurès – 18/04/1904
inquiétudes.
C 'est une grande victoire de
l'Esprit humain que de
pouvoir transgresser des fron-
tières, celles qu'imposent les
dictatures de quelque ordre
qu'elles soient. Tuer les dessi-
nateurs de Charlie-Hebdo, c'est
vouloir abolir l'art qui dévoile
une réalité qu'il rend visible.
Quoi de plus vain !
I l est un magnifique rêve de
Grenade, celui d'Aragon,
lorsqu'il évoque dans Le Fou
d'Elsa l'Andalousie des trois
religions monothéistes réconci-
liées. Mais le rêve s'achève dans
le cauchemar d'une Inquisition
victorieuse.
" Et puis je sens se dessécher
Ces mots de moi dans ma salive
C'est là le malheur pas le mien
Le malheur qui nous est commun
Épouvantes des autres hommes
Et qui donc t'eut donné la main
Étant donné ce que nous sommes"
Jean Knauf,
Président des Amis de l'Humanité
BP 14 63018 Clermont-Ferrand cedex
2
http://amishuma63.over-blog.com
Tel : 06 75 95 59 01 06 26 43 19 65
CCP : Amis de l’Huma n°07525668R024
J.O : 23.07.2011 n°947/3387
L a séance d’ouverture a bien auguré de la suite de la semaine
avec notamment la projection du film lauréat de l’édition
2014 ‘Mon ami Nietzsche’ du réalisateur brésilien Fauston Da
Silva et celle du film de René Vautier ‘Afrique 50’ que j’ai re-
trouvé le lundi suivant au Rio avec la chaleureuse présence de
Michel Le Thomas
D’abord le prix du public ‘Guy Mo-
quet’ du réalisateur Demis Herenger
(programme français n° 12)
Bien sûr j’ai voté pour ce film, parce
qu’il m’a touché par sa fraîcheur, son
humour et aussi par sa pertinence par
rapport à l’actualité de ce début d’année démontrant que cette jeunesse
colorée des ‘quartiers’, des ‘banlieues’, n’a pas des aspirations diffé-
rentes de celles des autres jeunes : quête d’amour, quête d’absolu,
quête d’amour absolu, et de reconnaissance. Peut-être qu’en allant à la
rencontre de ces jeunes (et moins jeunes !), et en retis-
sant le lien social avec eux pourrait-on se prémunir de
la répétition des dramatiques événements de ce début
d’année ? Ce film est une belle contribution à ce travail.
Ensuite le film ‘Les invisibles’ du réalisateur japonais
Akihiro Hata (programme français n°6), astucieuse
réalisation (tournée en Auvergne) qui nous fait pénétrer
dans la réalité sociale de la vie des travailleurs du nu-
cléaire, et illustre la casse humaine provoquée par leurs
conditions de travail. Avec un zeste d’onirisme et une
pincée de philosophie pour pimenter cela. Dans ce
même programme un conte très drôle et très inventif
du réalisateur Guillaume Rieu : ‘Tarim le brave contre
l e s m i l l e e t u n e f f e t s ’
Collectivement aux programmes ‘vélo’ (rétro-pédalage),
pratiquant et amateur de la ‘petite reine’ depuis mon enfance j’ai aimé
et apprécié les différents films des 3 programmes consacrés à ce sujet,
de qualité très homogène, approché sous des angles divers : historique
(frères Lumière, Jacques Tati, Louis Malle, …), humoristique (L’école
des facteurs, Paris Shanghai, Panique au Village, …). Tous ces films
traduisent parfaitement la sensation de liberté totale et ce sentiment de
faire partie intégrante de la nature par tous ses sens (contacts avec les
éléments, le relief, les parfums, …) qui sont vécus par tout pratiquant
de ce sport de cette activité. Non définitivement le vélo n’est pas un
sport, n’est pas qu’un sport, c’est une façon de vivre, un art de vivre !
=> Collectivement également aux programmes ‘Afrique’ et ‘Palestine’.
Ces films ayant pour principal sujet la lutte des peuples de ces nations
pour se sortir de situations de précarités liées aux conflits et/ou aux
conséquences des colonialismes d’hier et d’aujourd’hui, nous interpel-
lent. Ils nous confortent aussi sur la nécessité de faire corps avec eux
pour une lutte commune, les prédateurs de nos pays occidentaux étant
également ceux de ces pays du sud, d’Afrique, du Moyen-Orient et
d ’ A s i e .
Mention particulière au film de la réalisatrice Claire Savary ‘Sous
l’arbre à palabres’ (programme Afrique n°1) film de restauration de la
mémoire de la ‘grande époque’ coloniale française vu ‘du côté des
vaincus’ et qui m’a amené à mettre en perspective ce film avec les réa-
lisations de René Vautier et celles de Jean Rouch et a donné lieu à
quelques échanges épistolaires avec Claire Savary.
Enfin les programmes ‘Court d’histoire’, ‘Carte Blanche ‘Politique’
e t C o l l e c t i o n ’ s u r B o r i s V i a n .
- Une belle rencontre tout d’abord lors de la séance ‘Court d’His-
toire’ avec l’historienne Sylvie Lindeperg que j’avais découvert
quelques jours avant en visualisant sur Arte la colossale série sur la
shoah ‘jusqu’au dernier’, touché par son attachement à restituer la
mémoire et l’histoire des ‘petites gens’ des ‘seconds rôles’ et sa
conviction que je partage que ce sont ces personnes aussi qui font
la ‘grande histoire’ et non pas uniquement les monarques, empe-
reurs et autres généraux. La lecture des travaux des historiens amé-
ricains ‘Howard Zinn’ (A people’s History of America) et Francis
Jennings (The Founders of America) m’avait mis sur cette voie il y
a q u e l q u e s a n n é e s .
Pas étonné également que Sylvie Lindeperg et Ginette Lavigne
cinéaste franco-portugaise (la nuit du coup d’état – nuit du 25 avril
1974) se soient retrouvées pour des réalisations communes.
- De belles surprises dans le programme ‘Carte
Blanche Politique’ avec notamment un film ‘bonus’
non annoncé de Jean-Gabriel Périot sur les Black
Panthers ‘The Devil’ ; de ce même réalisateur ‘Eût-elle
été criminelle’ avec des séquences communes avec le
film projeté pour le ‘le court d’histoire’ ‘Journal de la
résistance : la libération de Paris’ et enfin le film mili-
tant et historique de la cause féministe réalisé par
Agnès Varda en 1975 ‘réponse de femmes : notre
c o r p s , n o t r e s e x e ’ .
- Pas déçu non plus par les différents films de la col-
lection consacrés à Boris Vian (programme C2) ou
l’on retrouve toutes les facettes de l’esprit, du génie !,
de Vian, poésie, surréalisme, humour noir et décalé,
iconoclaste, avec pour chacun de ces films la reprise
d’une chanson emblématique du répertoire de Boris Vian interpré-
t é p a r u n ( e ) j e u n e a r t i s t e .
Les déceptions
Déçu mais pas surpris par l’appropriation du slogan ‘Je suis Char-
lie’ à des fins commerciales par l’un des principaux annonceurs du
f e s t i v a l .
Déçu et surpris, interpellé, par des films de réalisatrices mettant en
scène des femmes en position dégradée, soumises, odieuses ou
ridicules (‘Irene’ d’Alexandra Latishev programme International
n°11 ; ‘No free Lunch’ de Leeron Revah programme International
1). OK le statut des femmes doit être amélioré et ces situations
doivent être dénoncées, mais perçus au premier degré ces réalisa-
tions ne contribuent-elles pas à perpétuer dans nos esprits (surtout
chez les ‘mâles’) et dans les faits de telles situations ?, telle est mon
i n t e r r o g a t i o n .
Ces films m’ont rappelé une autre réalisation de la même nature
projetée à Clermont-Ferrand dans le cadre de la ‘Semaine du Ciné-
ma Hispanique’ : ‘Pelo Melo’ film multi-primé de la réalisatrice
Vénézuélienne Mariana Rondón de 2013.
Pascal DOYEN
René VAUTIER, « le petit breton à la caméra
rouge » nous a quittés
N é le 15 janvier 1928 d’un père ouvrier d’usine et d’une mère institutrice, René Vau-tier est mort chez lui à Cancale le 4 janvier 2015. Membre des Eclaireurs de France, il mène sa première activité militante au sein de la Résistance en 1943, alors âgé de
15 ans, ce qui lui vaut la Croix de Guerre à 16 ans et une citation à l’Ordre de la Nation par le général de Gaulle en 1944 pour faits de Résistance. Après des études secondaires, il entre en 1948 à l’Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (IDHEC) d’où il sort diplômé . Militant du Parti Communiste, il réalise en 1950 son premier film « Afrique 50 », chef-d’œuvre du cinéma engagé . Interdit pendant plus de 40 ans, ce film lui vaudra 13 inculpa-tions et une condamnation à un an de prison pour violation d’un décret datant de 1934 si-gné Pierre Laval. Il est incarcéré à la prison militaire de St-Maixent, puis en zone occupée en
Allemagne, d’où il sort en 1952 . En 1955, il réalise « Une nation : l’Algérie », histoire de la colonisation, qui lui vaudra d’être pour-suivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Entre 1957 et 1958, il tourne dans les maquis des Aurès , au péril de sa vie (il sera blessé 3 fois) , un film superbe : « Algérie en flammes » . Après l’indépendance , il est nommé directeur du Centre Audiovisuel d’Alger où il donne des cours pour former les algériens à l’image et leur permettre de réaliser eux-mêmes leurs films. De retour en France, c’est en 1972 qu’il est révélé au grand public grâce au film « Avoir 20 ans dans les Aurès » pour lequel il a obtenu à Cannes le prix de la critique internationale. Toute sa vie, caméra citoyenne et indignée au poing, René Vautier n’a cessé de s’engager contre le capitalisme , le patronat , le ra-cisme. D’où tournages difficiles, montages clandestins, négatifs confisqués, commissions de censure, inculpations, condamnations, emprisonnements, grève de la faim, dégradation ou destruction des copies, séances de diffusion menacées, attentat . Voilà les actes qui ont accompagné le cinéaste et son œuvre, riche d’une cinquantaine de films ou documentaires et d’un livre : « Caméra citoyenne - Mémoires ». Avec l’aide de sa fille Moïra, elle-même cinéaste, une petite coopérative audiovisuelle a édité un coffret regroupant 15 films , dont « Avoir 20 ans dans les Aurès » en version restaurée. Préserver son œuvre est un devoir de mémoire car elle est un témoin précieux des luttes et des évènements de notre histoire récente. Malgré son âge et des problèmes de santé, René avait accepté plusieurs fois de faire le voyage jusqu’à Clermont pour présenter ses films et animer des débats . On garde de lui le souvenir d’un homme de conviction, courageux, simple et chaleureux , un camarade. Un hommage lui sera rendu au cinéma Le Rio le 2 février à 20H avec une présentation de cinq documentaires, en présence de Mi-chel Le Thomas , cinéaste et ami de René.
Gilbert BEAUMONT
Nos conférences
Jeudi 29 janvier à 20h
Stéphane VEYER
« Faire société :
le choix des coopératives » Une réflexion sur la manière d’organiser le travail aujourd’hui et de
promouvoir le modèle des coopératives ouvrières.
Stéphane Veyer est ancien dirigeant de la
société coopérative Coopaname
Amphi 2 — Fac de Lettre — Entrée libre
Jeudi 19 février à 20h
Benoît Schneckenburger
« L’intelligence du
matérialisme » Alors que nous assistons à un retour du religieux, faisons un effort de
réflexion pour remonter aux sources du matérialisme afin d’en explo-
rer toute la richesse analytique.
Benoît Schneckenburger est agrégé et docteur en philosophie
Salle multimédia — Espace Georges Conchon
7 Rue Léo Lagrange
ADHESION 2015
L'Humanité et l'Humanité Di-
manche sont en grand danger. Des
difficultés de trésorerie les menacent grave-
ment. Pour faire face à cette situation, l'Hu-
manité et ses équipes font appel à leurs lec-
trices et lecteurs, aux organisations progres-
sistes et démocratiques, à toutes les per-
sonnes attachées au pluralisme des idées et de
la presse.
Conférence des Ami(e)s de la Commune
Véronique FAU-VINCENTI et Josiane GARNOTEL
« Soirée Louise MICHEL»
Vendredi 06 mars — 20h à 22h30
Salle multimédia — Espace G. Conchon — 7, rue Léo Lagrange