père castor le bouquet du jardinier 1947 (fleurs en couleur)

7/29/2019 Père Castor Le bouquet du jardinier 1947 (fleurs en couleur)

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Le soucisSouci, qui vous a donné un nom si triste, vous

qui êtes si gai ?

Vous avez l’air d un petit paysan sain etvigoureux. Bien planté dans votre terre, vous

poussez, vous fleurissez avec ardeur. Si vous étiez un

oiseau, quelle joyeuse chanson vous chanteriez !,

Mais alors, pourquoi ce nom ?

J’ai beaucoup pensé à vous l’autre matin. Enfin,

j’ai deviné : attraper le plus possible de lumière.Attraper le plus possible de gouttes de pluie. Les

voilà, vos soucis. Ils sont charmants.

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Le pois desenteurLes fleurs des pois de senteur sont comme des

papillons multicolores posés sur des tiges vertes.

On dirait qu'elles ont des ailes et qu'elles vont

s’envoler toutes à la fois.

C’est pourquoi, quand je viens les cueillir, je

m'approche doucement, sur la pointe des pieds, en

retenant mon souffle. C est tout juste si je ne jette

pas mon grand chapeau de paille sur eux pour être

bien sûre de les attraper.

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La tulipeElles ressemblent, quand elles sont closes, aux

lampions des jours de fête.

Si vous pouviez voir, alors, ce qui se cachederrière leurs grands pétales !

Des îles innombrables, de hauts moulins

tournant au vent, de petites maisons blanches,

auprès de chacune d elles, une barque, comme un

gros chien à l'attache et des enfants blonds qui font

claquer leurs sabots sur les quais.

Vous verriez la Hollande et ses champs de

tulipes de toutes les couleurs !

Mais qu'il est difficile de voir ce qui se cache

dans les fleurs quand elles sont fermées! Elles souvrent, c est fini : vous ne voyez que leur cœur, et

c'est déjà bien beau.

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La jacintheEn a-t-elle des clochettes, la jacinthe bleue ! Elles

sont muettes pour nous, mais les abeilles entendent

leur doux tintement.

— Ding ! Ding ! Dong !

Les abeilles se précipitent à cet appel de tous les

coins de la campagne.

— Bzzz !... Bzzz ! Bzzz !...

Que racontent-elles à la jacinthe ?

Elles lui parlent du printemps et de Pâques. Et

la jacinthe sonne à toute volée.

Pâques arrive. La jacinthe se réveille toute seule

dans un pot étroit. On l'apporte dans la chambred'un petit garçon malade. Il est pâle et triste. Quand

il aperçoit la' jacinthe, il sourit pour la première fois,

puis il ferme les yeux. Alors, soyez sage, jacinthe

bleue. Arrêtez vos clochettes ! Il dort.

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La girofléeSur la margelle d'un vieux puits, sur le toit d'une

chapelle abandonnée, au fin fond d un jardin de

campagne, la giroflée, comme une flamme ardente,

veille sur les choses anciennes.

Regardez-la en silence. Et bientôt son parfum

réveillera dans votre cœur des souvenirs oubliés : la

maison des vacances, une grande armoire remplie de

draps blancs, de bonnets de dentelle, de mouchoirs

brodés, un berceau de bois dans un grenier, des

portraits d'aïeules, des lettres jaunies. Que de douceschoses, que de rêves...

N est-ce point son étrange parfum qui la brunit,

la consume, la brûle ?

Rosée. Adoucis cette flamme ardente.

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Le frésiaFrésia ! Il ne faut pas envier aux autres fleurs

leurs couleurs éclatantes, leurs grandes couronnes !

A votre place, je serais très fier d'avoir la forme

d'un épi.

Vous me dites que les papillons ne viennent pas

vous visiter aussi souvent que vos sœurs. Ne vous

tourmentez pas : dans chaque chenille qui se

promène avec délices le long de votre tige dort un

futur papillon.

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L’œilletUn beau jour, leurs boutons éclatent sous le

soleil de Provence. Leurs pétales, jusque-là bien

roulés dans leur fourreau vert, se déroulent tout d un

coup : œillets pourpres, œillets rosés, œillets jaunes,

œillets blancs, des champs entiers se couvrent de

fleurs resplendissantes.

Ils sont si beaux, ils sentent si bon, qu’on les

envoie à pleins paniers dans les grandes villes pour

égayer les maisons grises.

Alors, ils deviennent les messagers de 1 amitié.Ils vont dire aux uns et aux autres :

— Bonne fête !

— Bonne santé !

— Joyeux anniversaire !

— Je pense à vous !

— Je vous aime !

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La penséeIl y a dans 1’herbe des visages soucieux et

quelquefois tristes comme ceux des enfants qui ont

envie de pleurer.

Pauvre petite tête de pensée ! A quoi pense-t-

elle?

Nous ne le saurons jamais.

Vous voulez 1’ajouter à votre bouquet ? Hélas !

sa tige est trop courte. Mais elle est si belle, la petite

pensée ! Prenez-la ! Et placez-la avec précautionentre deux feuilles de votre livre de contes de fées.

Elle sera si heureuse de retrouver son pays, car

sûrement, c est une princesse ensorcelée.

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Le dahliaPour la dernière fois, le jardin s'habille de

couleurs bariolées. Les dahlias servent de cibles aux

pâles rayons du soleil.

Les raisins mûrissent.

Les oiseaux vont s'envoler bientôt.

— J'ai froid, dit le dahlia rouge au dahlia rose.

— Attends jusqu’ à midi. Le soleil est si long à

se lever, on dirait qu'il nous a oubliés !

Non, le soleil n'a pas oublié. Il est descendu très

bas pour boire les gouttes de rosée froide qui

pesaient si lourdement sur les feuilles des dahlias.

Les dahlias se redressent et renvoient la lumière du

soleil en mille couleurs éclatantes.

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Lechrysanthè

meVoici 1’automne, la brunie, les matins froids. Les

dernières fleurs de Tété sont depuis longtemps

fanées. Le jardin est vide, silencieux, un peu triste.

Près de la fontaine, les lourds chrysanthèmessemblent sommeiller sur leurs grandes tiges.

Ils n ont jamais vu de papillons, jamais entendu

le chant des oiseaux, jamais senti la vraie chaleur du

soleil, et cela, c'est bien triste. Et pourtant ils

fleurissent, et cela, c est très beau.

Ils ne peuvent, comme les autres fleurs, offrir

leurs pétales au soleil. C'est pourquoi ils les replient

sur leur cœur.

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