castor et pollux 1

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  • 7/26/2019 Castor Et Pollux 1

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    CASTOR ET

    POLLUX17-25 OCTOBRE

    DEJEAN-PHILIPPE RAMEAUDIRECTION MUSICALE EMMANUELLE HAMMISE EN SCNE BARRIE KOSKYLE CONCERT DASTRE

    Ve 17, Di 19 (horaire exceptionnel 16h !), Ma 21, Je 23 & Sa 25 octobre 20h

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    p.3Prparer votre venue

    p.4Rsum

    p.5Synopsis

    p.6Les personnages

    p.8Jean-Philippe Rameau (1683-1764)

    p.9La musique baroque et la Tragdie lyrique

    p.12Lorchestre en France auxXVIIeet XVIIIesicles

    p.14La voix lOpra

    p.15Guide dcoute

    p.29Bibliographie

    p.30Histoire des arts

    p.31Castor et Pollux lOpra de Lille

    p.32Entretien avec Barrie Koskymetteur en scne

    p.34

    Entretien avec Emmanuelle Hamdirectrice musicale

    p.37Dcor

    p.38Repres biographiques

    p.39LOprade Lille

    p.42LOpra de Lille: un lieu, un btiment et un vocabulaire

    p.43Lorchestre de Castor et Pollux

    Contact

    Service des relations avec les publicsClaire Cantuel / Agathe Givry / MagaliGaudubois03 62 72 19 13

    [email protected]

    OPRA DE LILLE2, rue des Bons-EnfantsBP 13359001 Lille cedex

    Dossier ralis avec la collaborationdEmmanuelle Lempereur,enseignantemissionne lOpra de Lille,de Camille Tristram, enseignante missionneau Concert dAstre,et de Nicolas Flodrops, charg de labibliothque et des tudes musicales auConcert dAstre.Septembre 2014.

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    Prparer votre venue

    Ce dossier vous aidera prparer votre venue avec les lves. Lquipe de lOpra de Lille est votredisposition pour toute information complmentaire et pour vous aider dans votre approche pdagogique.

    Si le temps vous manque, nous vous conseillons, prioritairement, de :- lire la fiche rsum et le synopsis dtaill (p. 4 et 5),- faire une coute des extraits reprsentatifs de lopra (guide dcoute, p. 15).

    Si vous souhaitez aller plus loin, un dvd pdagogique sur lOpra de Lille peut vous tre envoy surdemande.

    Les lves pourront dcouvrir lOpra, son histoire, une visite virtuelle du btiment, ainsi que les diffrentsspectacles prsents et des extraits musicaux et vido.

    Enfin, pour guider les premires venues lOpra, un document est d isponible sur notre site internet :http://www.opera-lille.fr/fr/venir-a-l-opera/1ere-fois-a-l-opera

    Recommandations

    Le spectacle dbute lheure prcise et les portes sont fermes ds le dbut du spectacle, il est doncimpratif darriver au moins 30 minutes lavance.

    Il est demand aux enseignants de veiller ce que les lves demeurent silencieux afin de ne gner ni leschanteurs ni les spectateurs. Il est interdit de manger et de boire dans la salle, de prendre des photos oudenregistrer. Lestlphones portables doivent tre teints. Toute sortie de la salle sera dfinitive.Nous rappelons aux enseignants et accompagnateurs que les lves demeurent sous leur entireresponsabilit pendant toute leur prsence lOpra et nous vous remercions de bien vouloir faire preuvedautorit si ncessaire.

    Tmoignages

    Lquipe de lOpra souhaite vivement que les lves puissent rendre compte de leur venue et de leursimpressions travers toute forme de tmoignages (crits, dessins, photographies, productions musicales).

    Nhsitez pas nous lesfaire parvenir

    Dure totale du spectacle : 2h45 environ

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    Rsum

    Castor et Pollux est une tragdie lyrique en cinq actes compose par Jean-Philippe Rameau (1683-1764)et cre en 1737 par lAcadmie royale de musique Paris. Cet opra fut retravaill et rcrit en partiepar le compositeur en 1754.Le livret est de Pierre-Joseph Bernard (dit Gentil-Bernard).

    Lopra Castor et Pollux prsent lOpra de Lille a t cr en 2011 lEnglish National Opera(Londres). Il est mis en scne par Barrie Kosky avec Emmanuelle Ham la tte du Concert dAstre(chur et orchestre).

    Lhistoire

    Castor et Pollux sont deux frres jumeaux tous deux pris de Tlare. Promise Pollux, cest pourtantCastor quelle aime. Lhistoire prend une tournure tragique lorsque Castor meurt au combat. Pollux, qui estlui immortel, sait malgr tout quil nobtiendra jamais les faveurs de Tlare. Il dcide alors dinterfrer avecJupiter, son pre, pour ramener Castor la vie. Aprs de longues discussions, ce dernier lui offre cettepossibilit la condition quil prenne sa place aux Enfers, ce quil accepte. Jupiter tente cependant de lendissuader et le soumet diffrentes preuves, ce qui nentame pourtant pas sa dtermination.Pollux se rend donc dans lEnfer, empruntant un chemin sem dembches poses par Phb, surjalouse de Tlare et prise de Pollux. Castor, surpris de revoir son frre, accepte son sacrifice mais pourun jour seulement : il souhaite remonter sur Terre, pour revoir une dernire fois Tlare et lui faire sesadieux. Lorsquelle retrouve Castor, Tlare exprime une grande joie qui est vite teinte par lannonce de

    Castor et qui doit la quitter aussitt. Elle tente alors en vain de le retenir. Le dvouement de Castor meutcependant Jupiter qui offre limmortalit aux deux frres et donne naissance la constellation de Castoret Pollux.

    Les personnages et leurs voix

    Castor, Haute-contre interprt par Pascal Charbonneau, TnorPollux,Basse interprt par Henk Neven, Baryton-BasseTlare, Soprano interprte par Emmanuelle de Negri, SopranoPhb, Soprano interprte par Galle Arquez, Mezzo-SopranoJupiter, Basse interprt par Frdric Caton, Basse

    Grand prtre de Jupiter, Tnor interprt par Geoffroy Buffire, BasseMercure, Athlte, Haute-contre interprt par Erwin Aros, Tnor

    Le chur: 9 sopranes, 6 hautes-contre, 5 tnors, 6 basses

    Les instruments de lorchestre

    2 fltes (jouant les petites fltes), 2 hautbois, 3 bassons, 1 trompette, 5 "violons 1", 5 "violons 2", 3Hautes-contre de violon, 3 tailles de violon, 6 violoncelles, 2 contrebasses, 1 clavecin, timbales,percussions (machine vent, plaque tonnerre).

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    Synopsis

    Acte I

    Castor etPollux sont frres jumeaux, mais seul lun dentre eux, Pollux, est immortel. La princesse Tlare,dont ils sont tous les deux pris, naime en retour que le frre mortel, Castor. Les jumeaux ont menbataille cte--cte contre un roi ennemi, Lynce. Lissue du combat est dsastreuse, et Castor en est lapremire victime. Tlare confie son dsespoir sa sur,Phb. Pollux, accompagn de guerriersspartes, interrompt cette lamentation en portant triomphalement le trophe de sa revanche : la dpouilledu roi Lynce. Il confesse son amour Tlare qui rserve sa rponse : elle insiste pour que Pollux plaidedabord auprs de son pre Jupiter, le Dieu des morts, pour le retour de Castor la vie.

    Acte II

    Pollux est en proie un violent conflit intrieur. Sil accde la demande de Tlare et parvient convaincre son pre de ramener Castor la vie, il sait que toutes ses chances dpouser Tlare sontperdues. Il finit cependant par cder ses supplications. Jupiter descend du ciel et Pollux le prie deramener Castor parmi les vivants. Jupiter se dfend de pouvoir intervenir sur les lois du destin. Luniquerecours pour sauver Castor serait que Pollux prenne sa place parmi les morts. Pollux, au dsespoir, nepouvant conqurir Tlare, choisit de partir au royaume des morts. Ds lors, les tentatives de Jupiter pourfaire plier sa rsolution sont vaines.

    Acte II I

    Ni lassemble spartiate convoque par Phb, ni la dclaration damour enflamme de la jeune fille neparviennent dissuader Pollux dentrer chez les morts. larrive de Tlare, qui dcouvre la vritablepassion que lui voue Pollux, Phb ralise que son amour pour le jeune homme ne sera jamais rciproque.Elle en appelle aux dmons de lEnfer pour repousser Pollux, qui parvient nanmoins, au terme dunviolent combat avec les dmons, et avec laide du Dieu Mercure descendu son secours, pntrer auroyaume dHads.

    Acte IV

    La beaut des Champs-Elysens ne peut faire oublier Castor son amour pour Tlare. Il est stupfait lavue de son frre Pollux, qui lui fait part de son sacrifice. Castor fait le vude revoir pour une journeseulement le monde des vivants, afin de faire ses adieux Tlare.

    Acte V

    Castor retourne Sparte. Phb simagine que Pollux est rest aux Enfers et, dsespre, se suicide.Castor annonce Tlare quil nest de retour que pour une seule journe et reoit en retour lesimprcations de la jeune fille qui laccuse de ne lavoir jamais aime. Jupiter fait une intervention deus exmachinapour rsoudre le dilemme : il annonce que Castor et Pollux pourront dsormais partagerl'immortalit. Lopra sachve dans une Fte de lUnivers, au cours de laquelle les toiles, les plantes et

    le soleil clbrent le verdict de Jupiter, tandis que les deux frres jumeaux sont accueillis au sein duZodiaque dans la Constellation des Gmeaux.

    http://en.wikipedia.org/wiki/Castor_%28mythology%29http://en.wikipedia.org/wiki/Pollux_%28mythology%29http://en.wikipedia.org/wiki/Deus_ex_machinahttp://en.wikipedia.org/wiki/Deus_ex_machinahttp://en.wikipedia.org/wiki/Deus_ex_machinahttp://en.wikipedia.org/wiki/Deus_ex_machinahttp://en.wikipedia.org/wiki/Deus_ex_machinahttp://en.wikipedia.org/wiki/Deus_ex_machinahttp://en.wikipedia.org/wiki/Pollux_%28mythology%29http://en.wikipedia.org/wiki/Castor_%28mythology%29
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    Les personnages

    Quelques repres mythologiques

    Dans la mythologie grecque, Castor et Pollux(ou Polydeucs) appels Dioscures1sont les fils de Ldaet de Zeus. Selon d'autres sources2, Lda donna naissance deux paires de jumeaux, chacune d'un"uf" diffrent ; d'une part Castor et sa sur Clytemnestre, enfants du Roi de Sparte Tyndare et d'autrepart Pollux et Hlne, enfants de Zeus. C'est la raison pour laquelle Castor est simple mortelalors quePollux est un demi-dieu.

    Les deux jeunes hros sont rputs pour leur qualit d'athltes et leur courage au combat (Castor commeconducteur de char et Pollux comme lutteur). Les Romains vnraient particulirement les Dioscures, cesderniers les protgeant croyaient-ils lors des batailles.

    Toujours selon la mythologie, les jumeaux amoureux de leurs cousines Phb et Hilaera 3bien quepromises aux princes Idas et Lynce les enlevrent et les conduisirent Sparte pour les pouser. Le rapttourna mal et les princes ainsi que Castor trouvrent la mort. Pollux refusa d'tre spar de son frre.Zeus (Jupiter) accepta de les runir un jour sur deux (ou deux fois six mois) aux Enfers puis sur l'Olympe.C'est de ce trajet entre ciel et terre que natra la constellation des Gmeaux participant l'harmonie del'Univers.

    Rameausimplifie le droulement parfois confus des vnements (notamment la runion des jumeauxdans l'ternit). Il carte du livret les pisodes de la conqute de la toison d'or laquelle les jumeauxparticiprent, la libration de leur surHlne, prisonnire de Thse ainsi que le rapt de Phb etTlare. Il se concentre davantage sur la psychologie des personnages, chacun tant un archtype duhros cornlien. C'est le dilemme entre amour et amiti(version 1754) qui est mis en avant, la rivalitamoureuse apparaissant plutt dans la version de 1737.Plus qu'une mise en musique d'un rcit mythologique, il faut y voir une adaptation reprsentative del'poque baroque. Les spectateurs connaissaient ce mythe et Rameau leur en offre une nouvelle lecturefonde sur le dilemme, les affects des personnages et la morale.

    Les quatre personnages principaux

    CASTORVoix de haute-contreC'est un hros tendre et amoureux, mais aussi un guerrier confirm. Fils de Lda et du Roi de SparteTyndare, il est mortel contrairement son jumeau Pollux. Sa bien-aime Tlare, est promise son frre.Castor apparat tout au long de l'opra comme vict ime du destin. Dans le premier Acte, son amour tantimpossible, il pense d'abord l'exil puis consent au retrait de son frre au profit du couple amoureux.Personnage naviguant entre cur et raison, il laisse clater sa joie dans une arietteclbre Quel bonheurrgne dans mon me ; joie de courte dure puisque les noces sont interrompues par l'attaque arme deLince (ou Lynce), lui aussi amoureux de Tlare. Ce dernier blesse mortellement Castor.

    Aprs le renoncement, la manifestation d'un amour partag et la mort, Rameau engage son personnagedans l'expression de la plainte ; Castor aux Enfers ne peut oublier Tlare (Acte IV, scne 5).

    1Fils jeunes de Zeus.2Les chants cypriens introduisent pour la premire fois l'ide que l'un est immortel et l'autre non.3Tlare chez Rameau

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    Hros passif, celui-ci accepte le droulement des vnements, que ce soient les retrouvaillesparticulirement mouvantes avec son frre (scne 7) ou surtout celles des amoureux (Acte V scne 1)qui voluent en scne d'adieux poignante car le retour des Enfers n'est possible qu'un jour seulement.Le pacte avec Jupiter est ferme : Castor peut revenir sur terre la condition que son frre prenne sa placeaux Enfers. C'est cette fermet qui cre le dilemme : accepter le sacrifice fraternel et renoncer l'amiti auprofit de son amour ou refuser la proposition de Pollux et le laisser vivre aux cts de sa bien-aime.Quand, pour la premire fois, Castor semble affirmer son choix face aux arguments de Tlare et ceux deson frre, duncoup de tonnerre et en un coup de thtre, Jupiter rompt le serment et annonce le partage

    de l'immortalit pour les deux frres runis dans la constellation des gmeaux. L'amiti triomphe.Et l'amour ? Castor chante et clbre sa fidlit ternelle pour Tlare dans l' arietteclbre Tendre Amour(fin de l'Acte V).

    POLLUXVoix de basseFrre de Castor, c'est un hros nergique et magnanime. Il est immortel par son pre, Jupiter. Il placel'amiti fraternelle au sommet de ses valeurs et ds son apparition (Acte I, scne 5) cde sa place d'poux son frre, bien que lui aussi amoureux de Tlare, allant mme jusqu' bnir leur union.Pollux n'entre pas dans la dialectique du dilemme, ses choix sont clairs et sans appel. Contrairement Castor, il n'aura de cesse de lutter contre le destin. Il refuse la fatalit qui le conduirait un amour nonpartag avec Tlare ainsi que l'acceptation de la mort de son frre. Volontaire et conqurant, il brave lespreuves imposes par Phb pour entrer aux Enfers et celles imposes par son pre qui le place face

    aux tentations de Hb et ses Plaisirs clestes auxquels il doit renoncer.Enfin, il pousse son pre changer son jugement et triomphe dans son combat pour l'amiti.

    TELAREVoix de sopranoAmoureuse de Castor, promise Pollux, elle a un pouvoir de sduction auquel nul ne semble chapper etdont sa surPhb est jalouse.Comme Castor, elle subit plus qu'elle n'agit face au destin. Tous ses efforts restent vains.Les preuves ne l'pargnent pas. Elle se lamente sur son mariage prvu avec Pollux, se rjouit de latournure inattendue des vnements, s'effondre l'annonce de la mort de Castor. Tlare semble alorsgagne par la folie du dsespoir mais reste digne en toutes circonstances. (Voir guide d'coute pour l'air leplus clbre de l'opra Tristes apprts, ples flambeaux,Acte II, scne 1).Le personnage est prsent dans les Actes I et II ainsi que dans l'Acte final.

    Les retrouvailles avec Castor revenu d'entre les morts s'expriment de faon poignante et lorsqu'elle ralisequ'elles sont provisoires et plutt synonymes d'adieux, elle ragit violemment. Dans un regain d'orgueil etfacel'incomprhensiond'une telle dcision,Tlaredfie lesDieux (Arrte Dieu vengeur,Acte V,scne2).Mais la colre divine est trop menaante, Castor l'implore de cesser. Elle renonce alors et cde commeCastor au destin, toute en acceptation.

    PHBVoix de sopranoC'est l'hrone amoureuse dlaisse par excellence, jalouse et vindicative. Rameau construit unpersonnage riche et complexe psychologiquement. Il est curieux d'entendre par exemple Phb tutoyer sasuralors que celle-ci la vouvoie. Cela dmontre une volont d'afficher une supriorit qu'elle n'a pas. Eneffet, elle dplore le pouvoir de "commander les curs" que possde sa sur Tlare ; pouvoir bien

    suprieur au sien qui consiste "voquer les Enfers" (Acte I, scne 1).Comme Pollux, elle est dans l'action et la volont de changer le destin quitte commettre les actes lesplus cruels.Jalouse de "l'ingrat" Castor qui l'abandonne, elle utilise son arme : la colre de Lynce lui aussi amoureuxde Tlare quelleconduit au meurtre.L'Acte II annonce brivement ses intentions, mais c'est surtout dans l'Acte IV, celui des Enfers, qui lui estentirement consacr, que le personnage prend toute sa dimension. Phb invoque ses pouvoirs sur lesesprits du mal (dmons, monstres, spectres) dans le but de ravir une ombre : celle de Castor, et gagnerainsi son amour. Pollux contrarie ses plans et refuse son alliance. Lorsqu'elle ralise avec douleur etcolre que Castor lui chappera s'il sort des Enfers, elle choisit de dtruire toute chance de retrouvaillesdeCastoretTlare."Ah! Fermezlui pluttla barriredu jour s'ildoit vivre pourmarivale" (Acte IV,scne4).On apprend de Pollux qu'elle sera finalement la seule victime des Enfers. "Jai vu Phb descendre auxrivesdutrpas;Unmalheureuxamourprcipitait ses pas,Et lamour a fait toutson crime" (ActeV,scne6).

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    Jean-Philippe Rameau (1683-1764)

    Jean-Philippe Rameau nat le 23 septembre 1683 Dijon. Fils dun organiste, cest son pre qui luiassure dans un premier temps sa formation musicale.Scolaris tout dabord au collgejsuite des Godrans, ses parents esprant lui faire intgrer par la suitelcole de magistrature, il ny excelle pas et dcide alors de se consacrer la musique.

    18 ans, Rameau part Milan, en Italie, pour parfaire son ducation musicale. Il ny reste cependant quetrois mois. son retour, en 1702, il est engag en tant quorganiste dans diffrentes villes franaise, notamment lacathdrale de Clermont-Ferrand. Cest cette poque quil compose ses premires cantates.

    En 1706, Rameau arrive Paris et joue, toujours en tant quorganiste, chez les jsuites. Il tudiegalement lorgue aux cts de Louis Marchand dont on retrouvera linfluence dans le premierLivre declavecinde Rameau. Trois ans plus tard, Rameau devient organiste Notre-Dame de Dijon o il succde son pre. Il commence publier des uvres pour clavecin, et compose des motets (musique sacre) etdes cantates profanes.

    En 1722, il retourne sinstaller Paris. Il y restera jusqu sa mort. Il publie, cette mme anne, unouvrage thorique majeur quil intitule Trait de lharmonie rduite ses principes naturels. Cetouvrage lui donne loccasion de prsenter la musique dune faon particulirement novatrice: il sagit pourlui dune science dont le principe naturel rside dans lharmonie. Cet ouvrage fait date dans les rflexionssur la musique en occident et Rameau fut reconnu pour ce travail de thoricien de la musique.

    Son poste en tant que chef de lorchestre priv du mcne Alexandre Le Riche de la Pouplinire, ds1731, lui permet de se consacrer jusqu la fin de sa vie la composition dopras. Nayant compos que peu duvres, Jean-Baptiste Rameau nest pas un compositeur clbre en 1733,alors quil a 50 ans. Il parvient cependant faire reprsenter une tragdie lyrique, Hippolyte et Ariciequilcre lAcadmie royale de musique et qui remporte un large succs. Cette uvre, lorigine de laQuerelle des Bouffons qui opposa des partisans de la musique de Jean-Baptiste Lully, les Lullistes, etceux de luvre ramiste, marque le dbut de sa carrire lyrique.

    Il compose par la suite deux uvres lyriques majeures: Les Indes galanteset Castor et Pol lux.En 1745, il rapparat sur la scne lyrique avec cinq nouvelles uvres en un an. La Princesse de Navarrecompose sur un livret de Voltaire, est la premire de cette srie et sera suivie par Plate,comdie lyriqueen un prologue et 3 actes, cre Versailles loccasion du mariage du fils de Louis XV.

    Jean-Philippe Rameau meurt Paris le 12 septembre 1764, pendant les rptitions dune nouvelle uvre,

    les Borades.

    la charnire entre la priode baroque et le classicisme, Jean-Philippe Rameau est la fois uncompositeur et un thoricien de la musique. Il apparait comme une figure centrale du XVIIIesiclefranais. Limportance quil confre la raisonet son exigence dans la connaissance de la musique senressentent dans son uvre artistique: les deux aspects sont minemment lis puisque cest en hommede la raison que le musicien applique notamment les lois fondamentales de lharmonie naturelle lorsquilcompose, quoiquil laisse une grande place galement lexpressivit .

    Rameau affronta souvent Jean-Jacques Rousseau, notamment dans le cadre de la Querelle desBouffons , le premier dfendant la musique franaise, et les tragdies lyriques auxquelles elle estassocie, quand le second prnait litalianisation de lopra franais, et louverture aux opras -bouffons.

    Luvrede Rameau, thorique et artistique, est redcouverte et apprcie depuis le dbut du XX

    e

    sicle.

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    La musique baroque et la Tragdie lyrique

    La musique baroque

    Succdant la Renaissance et prcdant le Classicisme, le baroque couvre une grande priode dansl'histoire de la musique, s'tendant du dbut du XVIIesicle au milieu du XVIIIesicle, de faon plus oumoins uniforme selon les pays considrs.

    Le mot baroqueserait n du mot portugais barroco qui dsigne des perles de forme irrgulire. Ce termeest d'abord utilis dans l'art et l'architecture avant d'tre appliqu la musique. Le mouvement baroque secaractrise par l'exaltation des sentiments, les effets de contrastes, la prolifration et la dformationdes volumes et des formes, le got pour l'illusion, l'exubrance des ornements...

    L're de la musique baroque dbute, conventionnellement, en Italie avec l'Orfeo, opra de ClaudioMonteverdi (1567-1643) - vritable crateur du "genre opra" - et se termine avec les contemporains deJohann Sebastian Bach et Georg Friedrich Haendel. Bien des uvres de l'poque baroque sont tombesdans l'oubli la fin du XVIIIesicle pour n'tre redcouvertes qu'au milieu du XXesicle.

    Au cours de la priode baroque, la musique instrumentale s'mancipe : elle ne se contente plus de sonrle d'accompagnement des polyphonies vocales, mais fait ressortir ses propres possibilits techniques etexpressives. C'est aussi un moment important pour l'laboration de la thorie musicale : la gammetempre et les modes majeur et mineur apparaissent, posant ainsi les bases de l'harmonie classique.Les principaux ples de la musique baroque sont l'Italie, l'Allemagne et la France dont les styles sontfortement opposs malgr des influences rciproques.

    La musique baroque est marque par un style fleuri et une grande expressivit. Elle se caractrisenotamment par l'importance du contrepoint puis par une harmonie qui s'enrichit progressivement, parl'importance donne aux ornements et par la technique de la basse continue. L'avnement de la bassecontinue (galement appele continuo) - partie instrumentale confie la basse et soutenant les partiessuprieures - est une nouvelle manire de concevoir l'criture sonore. En projetant la mlodie hors del'architecture polyphonique, la basse continue a permis l'panouissement des genres vocaux (opra,oratorio et cantate). La basse continue tait excute par un instrument grave monodique (violoncelle,viole de gambe ou basson...) jouant la ligne de basse note par le compositeur, et un instrumentpolyphonique (clavecin, orgue, luth...) ralisant le chiffrage d'accords not au-dessus de la basse, doncimprovisant un accompagnement harmonique.

    La basse obstine, procd d'criture musicale galement trs apprci pendant la priode baroque,place la partie de basse un motif ou un chant constamment rpt pendant toute la dure du morceau etsur lequel les parties suprieures ralisent des variations.

    La naissance de l'opra concide avec cette mise en avant de la ligne mlodique et du texte. On parle debel cantobaroque. Les recherches furent alors nombreuses, aboutissant par exemple la cration durcitatif soumis aux lois du discours parl. Au service d'une criture nouvelle, se dveloppent les voix tout fait particulires des castrats dont la virtuosit inoue provoque l'admiration travers toute l'Europe.

    De nombreuses tudes mettent aujourd'hui en valeur la vritable richesse de la musique baroque etposent entre autres la question du diapason (dont la hauteur a oscill tout au long de la priode), laquestion du tempo, de l'ornementation, et de la ralisation de la basse continue. En ce sens, cettemusique permet une interprtation sans cesse renouvele, aboutissement d'une recherche partage entreles musiciens.

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    La naissance de la Tragdie lyrique

    Lopra italien arrive Paris dans les annes 1640 avec la venue de plusieurs musiciens (Rossi, Cavalli)invits par Mazarin dans lespoir dasseoir son pouvoir. Ce spectacle nouveau reoit lengouement dupublic. Engouement qui prit fin avec La Fronde ; la noblesse amalgamant le ministre et la culture italienne. la suite de ces vnements, Lully, dj compositeur de la musique instrumentale de Louis XIV, et lesautres compositeurs franais ressentent la ncessit de crer un art lyrique franais en opposition au style

    italien.Synthse de la dclamation de la tragdie classique (Racine, Corneille), des chorgraphies des ballets decour (par exemple le Ballet comique de la reineen 1581), des divertissements de la comdie-ballet(collaboration entre Lully et Molire) et de la pastorale (avec par exemple Pastorale dIssyde Perrin etCambert en 1659), la tragdie lyrique nat de la collaboration entre Quinault et Lully.

    Ils en dfinissent les rgles strictes avec Cadmus et Hermioneen 1673 : une ouverture la franaise un prologue lloge du roi une construction en 5 actescomme la tragdie classique (contrairement aux 3 actes de lopra

    italien) pas dariaau sens italien du terme un rcitatif franaiscalqu sur la dclamation de la tragdie classique avec beaucoup de

    changements de mesure (en opposition lalternance aria/rcitatif de lopra italien) des ballets, des churs, des pices instrumentales, des ensembles.

    Les livrets des tragdies lyriques sont bass uniquement sur la mythologie favorisant le merveilleux et leseffets spectaculaires. Contrairement lopra italien qui met en valeur la musique et la voix ( bel cantobaroque ), la tragdie lyrique cherche plutt associer le texte (en alexandrins et pentamtres), lamusique et la danse pour les sublimer dans un spectacle complet.

    Rameau ou lvolution de la Tragdie lyrique

    raison dune tragdie par an (soit 14 uvres) la collaboration entre Quinault et Lully fut riche etconstructive jusqu la mort du musicien (1687). Le genre tombe ensuite progressivement en dsutude

    bien que dvelopp par Campra et Marin Marais. La mort de Louis XIV en 1715 Lully pousse un peu plusvers la sortie.

    Par la suite, Rameau redonnera un second souffle au genre. Dans la ligne de Lully, il nen modifie pas lastructure extrieure mais le transforme profondment de lintrieur.Il y conserve la conception du chant la franaise o le rcitatif garde une place importante mais vaplus loin et le dveloppe jusqu rendre le passage entre rcitatif et air presque insensible.Lorchestre subit galement une transformation essentielle. Il accompagne le rcitatif mais gagne enautonomie avec des passages de musique descriptive inous. Lharmonie y est complexe ( conformmentaux crits thoriques du compositeur)et le tissu musical dense. La reprsentation dHippolyte et Aricieen1733 dclencha ainsi la premire querelle musicale de lhistoire entre les Lullisteset les Ramistes. Lespremiers reprochaient Rameau une musique trop riche, trop rapide qui ne se soumet plus la posie.Affirmant lautonomie de la composition musicale sur le texte, Rameau restera pourtant le reprsentant dustyle franais.

    Aprs Castor et Pollux(1737), Dardanus(1739) et Zoroastre (1749), Rameau sera de nouveau pris pourcible travers la Querelle des Bouffons (1752-1754) opposant musique franaise et musique italienne.Ces conceptions fondamentales de lopra sopposentde faon virulente, notamment dans unesoixantaine dimprims,et aucun compromis nest possible.

    Lvolution de la Tragdie lyrique qui rsulte de ces affrontements conduit Rameau desquestionnements qui aboutissent au remaniement de plusieurs ouvrages, dont la seconde version diffretellement de la premire quelle peut tre considre comme une autre uvre(Dardanus en1744,Castoret Polluxen1754 etZoroastre en1756).

    Le gnie de Rameau ne pourra empcher la Tragdie lyrique, symbole de la musique franaise, de ntreplus quun sujet d'tude et de disparatre du rpertoire aprs sa mort. Il aura cependant permis ledveloppement de la sensibilit franaise pour louvrir lamusique classique.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bel_cantohttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bel_cantohttp://fr.wikipedia.org/wiki/Bel_cantohttp://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/DARDANUS-1739-et-1744/DARDANUS-version-de-1744http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/DARDANUS-1739-et-1744/DARDANUS-version-de-1744http://www.rameau2014.fr/index.php/1683-1764/1744http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/CASTOR-ET-POLLUX-1737-et-1754/CASTOR-ET-POLLUX-1754http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/CASTOR-ET-POLLUX-1737-et-1754/CASTOR-ET-POLLUX-1754http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/CASTOR-ET-POLLUX-1737-et-1754/CASTOR-ET-POLLUX-1754http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/CASTOR-ET-POLLUX-1737-et-1754/CASTOR-ET-POLLUX-1754http://www.rameau2014.fr/index.php/1683-1764/1754http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/ZOROASTRE-1749-et-1756/ZOROASTRE-Version-de-1756http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/ZOROASTRE-1749-et-1756/ZOROASTRE-Version-de-1756http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/ZOROASTRE-1749-et-1756/ZOROASTRE-Version-de-1756http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/ZOROASTRE-1749-et-1756/ZOROASTRE-Version-de-1756http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/ZOROASTRE-1749-et-1756/ZOROASTRE-Version-de-1756http://www.rameau2014.fr/index.php/1683-1764/1754http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/CASTOR-ET-POLLUX-1737-et-1754/CASTOR-ET-POLLUX-1754http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/CASTOR-ET-POLLUX-1737-et-1754/CASTOR-ET-POLLUX-1754http://www.rameau2014.fr/index.php/1683-1764/1744http://www.rameau2014.fr/index.php/RESSOURCES/Catalogue/Musique-lyrique/DARDANUS-1739-et-1744/DARDANUS-version-de-1744http://fr.wikipedia.org/wiki/Bel_canto
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    La musique baroque aujourdhui avec le Concert dAstre

    Il faut attendre la fin du XIXesicle pour voir de nouveau les tragdies lyriques reprsentes sur scne.Le Concert dAstre en interprte certaines: Les Borades de Rameau en 2005, Thsede Lully en 2008,Dardanusde Rameau en 2009, Hippolyte et Ariciede Rameau en 2009 (Capitole de Toulouse) puis en2012 (Opra de Paris), avant Castor et Polluxen 2014.

    Le travail dEmmanuelle Ham et du Concert dAstre se situe dans la continuit dun mouvement derenouveau dans linterprtation de la musique baroque, initi partir des annes 1960 par un certainnombre de musiciens, emmens par Nikolaus Harnoncourt, Gustav Leonhardt ou encore Jean-ClaudeMalgoire, bien connu dans la rgion.

    Ce mouvement, sappuyant sur les crits et traits de lpoque, remet en question linterprtation de lamusique baroque telle quelle tait pratique depuis le XIXesicle et sintresse la manire dont cettemusique a pu tre rellement joue l poque. Instruments anciens, cordes en boyaux, voix de contre -tnor reviennent ainsi sur le devant de la scne.

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    Lorchestre en France aux XVIIeet XVIIIesicles

    Lully, fondateur de lorchestre en France

    Lorchestre tel quon le conoit et lentend aujourdhui navait pas le mme visage au dbut de la priodebaroque.Tout comme le genre de lopra, cest en Italieque lon voit natre la musique instrumentale au XVIIesicle(sonates de Castello, Picchi, Gabrieli). Les nombreux changesentre lItalie et la Francepermettent des artistes en tout genre de se fixer la Cour ds la Renaissance (on pense Leonardo daVinci, ami de Franois 1er) et plus encore sous les rgnes de Louis XIII puis Louis XIV. La musique

    instrumentale sexporte de ce fait en France.

    Le Roi-Soleil, ami des Arts, accordant un intrt particulier la musique (par got mais aussi pour desraisons politiques) organise plusieurs institutionsdistinctes :

    les Vingt Quatre Violons du Roy: Formation runissant exclusivement des violons, dclins en 5parties(6 Dessus de Violon, 4 Hautes-Contre, 4 Tailles, 4 Quintes et 6 Basses de Violon), elle estau service de la dansedans toutes les occasions, et surtout pour les bals et ballets de cour. Dirigdu violon par un matre danser, cet ensemble sera copi dans dautres cours dEurope.

    la Chapelle: Ddie la musique religieuse, la Chapelle runit les Pages et les Chantres (voixsolistes et chur) ainsi que des organistes accompagns de symphonistes .

    la Grande Ecurie: Musique dapparat et de crmonies, elle est constitue de haut-bois

    (littralement, instruments vent en bois, sonnant haut cest--dire fort) comme le fifre, lehautbois, cromorne et basson ainsi que dautres instruments sonores adapts aux festivits enplein air: cornemuses, trompettes, tambour et timbales. La Grande curie participe aux revues desarmes, au Carrousel, parties de chasse et toutes grandes ftes versaillaises.

    la Chambre: Au service direct du Roi, elle laccompagne dans sa vie quotidienne tout moment et la demande (rveil, djeuner, divertissements dans la journe, souper, coucher). Les meilleursmusiciensconstituent la Musique de la Chambre. Ce sont souvent eux ont qui composent lamusique pour clavecin et petites formations joue encore aujourdhui (Couperin, Marais, Forqueray,De Vise, Hotteterre).

    Giovanni Battista Lulli(francis sous le nom de Jean-Baptiste Lully), violoniste et matre danserflorentin reoit les faveurs du Roi et devient le grand directeur ( Surintendant) et compositeur de lamusique la Cour de Versailles partir des annes 1660.Il fonde en 1672, lAcadmie royale de musique et de dansequi deviendra plus tard lOpra de Paris.En crant les premires tragdies en musique, il donne naissance lorchestre franais (avec lemploicaractristique des 5 parties) et mle progressivement les diffrents instrumentsattachs auxinstitutions dcrites prcdemment pour servir la musique et colorer les parties de cordes(par exempleen 1681 dans Le Triomphe de lAmour, o il introduit les fltes traversires pour la premire fois). De tellesorte que les hautbois jouent dans lesOuvertures, airs de danse ou variations de chaconneetpassacaille,les trompettes et timbales dans les airs caractre martial et triomphant, les fltes dans les airs doux ettendres le fondement de lorchestre sappuyant toujours sur lensemble des cordes. Ces partiesinstrumentales sont le plus souvent lunisson des violons avec de rares moments o elles sen dtachent(couplets de chaconnepar exemple).

    Jean-Philippe Rameauhrite de cette criture pour la faire voluer(voire la rvolutionner !) selon lesparamtres suivants :

    - Les violonssmancipent de lcriture monolithique et verticale 5 parties, gagnent en virtuosit etmlodicit,

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    - Les fltesjouent souvent en dehors, dialoguent avec les violons et des parties de petites fltes(piccolos) sont ajoutes, largissant lambitus de lorchestre avec des lignes mlodiquesplus aiges,

    - Les bassonsdeviennent autonomes en quittant leur rle de basse daccompagnement; placs dansla partie de taille (ou tnor aujourdhui) de lorchestre, ils sont une composante essentielledelorchestre Ramiste,

    - Les percussions(timbales, tambour, cloches ou carillons, tambourins) sassocient lorchestredans les divertissements (danses, entractes, tonnerre, tempte).

    Lorchestre dansant

    Si lItalie a ses chanteurs, la France a ses danseurs !

    Le ballet de courest apparu en France ds la fin du XVIesicle. Ce spectacle convoquant le thtre, lamusique et la danse met en avant de la scne les matres danser et chorgraphesqui feront larenomme de la Belle-Dance. Louis XIV saffirme aussi comme roi-danseur (cf. Le Ballet de la Nuiten1653), prend part aux crations de Lully et suscite ladmiration de la Cour. La danse influence tous les compositeurs qui crivent pour le luth ou le clavecin (par exemple De Vise,DAnglebert): Allem ande, Courant e, Sarabande, Gavotte, Gigue et Passacail ledeviennent des picesobliges dans les recueils de lpoque. La suite de danseest un genre nouveau au XVIIesicle etrayonnera dans toute lEurope, diffuse entre autres par les Vingt Quatre Violons.Lully introduit videmment de nombreuses danses dans ses tragdies, en lien avec largument ou commepur divertissementdans les entractes(intermdes entre les actes, pas forcment lis au synopsis) .Rameau conserve cette tradition des balletsen composant par exemple Les Indes Galantes, opra-ballet. Le langage et lcriture de ces danses sont audacieux, notamment sur le plan du rythme (entendrepar exemple le jeu des syncopes dans Nas).

    Dans Castor et Pollux, lorchestre mne la danse rgulirement:- Acte I : gavottes,tambourins- Acte II : loure, rigaudons- Acte III : sarabande, menuet, gavottes- Acte IV :passepieds,loure, gavotte,

    - Acte V : chaconne

    Un thtre lui tout seul !

    Outre son rle daccompagnement dans les airs ou pour la danse, l orchestrede Rameau participeactivement la dramaturgie. Il est un acteur essentielde la tragdie.Son pouvoir dramatiquerside dans les scnes de musique descriptive,souvent attendues du publicet qui feront le succs des uvres de Rameau.Parmi ces pices, on trouve :- bruit de guerre, combat,- tonnerre (utilisation de machine vent, plaque tonnerre pour imiter les lments),- tempte (dj prsente chez Marais dansAlcioneen 1706 par exemple),- scne de chasse (trompettes, cors et timbales),- chant doiseau (fltes imitant les bruits de la nature).

    Parmi les uvres et compositeurs contemporains de Rameau, citons les lemensde Jean-Fry Rebel etbien sr Les Quatre SaisonsdAntonio Vivaldi qui peignent galement en musique les lments naturels.Ces pages relvent du genre de la musique dite programme, comme un peu plus tard lessymphonies de Haydn ou Beethoven(cf. la 6esymphonie dite Pastorale).

    Jean-Philippe Rameauinscrit son uvre dans la tradition de la Tragdie lyrique. Il hrite des codesmis en place par Lullyet dautres de ses prdcesseurs en les faisant voluer quitte les transgresser auservice dun langage audacieux et moderne: ses talents dorchestrateur, dharmonisateur et dedramaturgesusciteront la fois ladmiration et la critique. Il ouvre la porte lorchestre de la fin duXVIIIeen France (Gossec, Leduc, Mhul) et influencera Berlioz, Saint-Sans ou plus tard Debussy quinauront de cesse de se rfrer ce gnial compositeur.

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    La voix lOpra

    Chaque voix est unique, la classification vocale est donc artificielle. On a cependant prouv le besoin dedfinir les voix en prenant en compte diffrents facteurs : ltendue dans laquelle elle peut se mouvoir (satessiture), son timbre, sa puissance, le type de rpertoire abord (le baryton chez Verdi par exemple). lopra, chaque voix correspond un type de personnage.

    La classification des voix :On distingue gnralement trois types de voix pour les femmes et trois pour les hommes :

    + grave + aigu

    [f emme] Contralto Mezzo-Soprano Soprano

    [homme] Basse Baryton Tnor Contre-tnor/Haute-contre

    La soprano est la voix fminine la plus leve, la basse est la voix masculine la plus grave.

    Dans le baroque franais, la dnomination des voix est diffrente : de la plus aigu la plus grave ontrouvera gnralement les voix de Dessus (quivalent la voix de soprano aujourdhui), Bas-dessus(mezzo-soprano), Haute-contre (contre-tnor), Taille (tnor), Basse-taille (baryton), Basse (basse).

    Par ailleurs, lpoque baroque, les italiens apprciaient particulirement la voix de castrat : chanteurmasculin dont la voix navait pas mu du fait dune opration (castration) pratique avant la pubert.Conservant ainsi son timbre originel, le castrat disposait dune voix souple et agile couvrant ltendue detrois octaves. Parmi les castrats les plus connu, on citera les noms de Farinelli (n en 1705), Caffarelli(1710) et Velluti (1780).

    La tessitureest ltendue ordinaire des notes quune voix peut couvrir sans difficult.

    Le timbre de la voixCest la couleur de la voix, ce qui permet de lidentifier. Ce timbre est li aux harmoniques mises par lechanteur, qui sont lis sa morphologie et sa technique : le corps agit comme une caisse de rsonanceet les rsonateurs peuvent tre modifis lors de l mission du son.

    Le churCest un ensemble de chanteurs qui interviennent certains moments dans un opra. Un chur mixte estgnralement form de soprani, d'alti, de tnors et de basses.

    La puissance de la voixElle dfinit le maximum dintensit quatteint la voix dans ses extrmes :- voix dopra: 120 dB- voix dopra-comique 100 110 dB

    - voix doprette: 90 100 dB- voix ordinaire : au-dessous de 80 dB (voix des chanteurs de varit ou de comdie musicale)

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    Guide dcoute

    tudier la musique dans un opra pourquoi?Il nous semble intressantimportantque vos lves aient dj entendu quelques airs de Castor etPolluxavant de venir assister une reprsentation.Connatre lhistoire et saffranchir des surtitres, reconnatre un air dj entendu, stonner de la diffrenceentre ce quon stait imagin dun personnage et la ralit donne voirsur scnece sont autant deplaisirs qui aideront les lves profiter au mieux de leur exprience de spectateur.

    Ce guide dcoute est donc l pour vous accompagner, dcoder quelques airs, vous donner des pistesdcoutes et de commentairespour tudier certains passages de cet opra avec vos lves.

    Vous trouverez ci-dessous une slection de quelques extraits majeurs de Castor et Pollux, dtaills dansla suite de ce document :

    1/Ouverture / piste n1L'ouverture est importante car c'est le premier contact avec l'uvre. Elle est, ici, caractristique de laTragdie lyrique la franaise et nous plonge immdiatement dans la musique baroque. Les lves sontainsi invits entrer dans cette poque et le jour de la reprsentation porter leur attention sur lesmusiciens et les gestes du chef d'orchestre.

    2/Acte I, scne 5 - Ariet te"Quel bonheur rgne dans mon me" (Castor) / piste n8Cet air la mode italienne exprime une joie profonde. Il est remarquable pour les prouesses vocales duchanteur. On y entend de longues vocalises. C'est aussi l'occasion de dcouvrir la tessiture de haute-contre.

    3/Acte I, Gavotteset Tambour ins/ piste n9Rameau est un grand spcialiste des danses. Il est intressant pour les lves d'en saisir le caractre, letempo, l'orchestration. En gnral, dans un opra les airs expriment des sentiments, les rcitatifsexpliquent l'histoire, les churs commentent et les danses, sorte d'intermdes instrumentaux, apportent

    de la lgret et du divertissement. Elles sont nombreuses dans Castor et Pollux. (cf. Lorchestredansant, p. 12).

    4/Acte II, scne 1 - "Que tout gmisse" (Chur des Spartiates)/ piste n12On va l'opra non pas pour tre pris dans le fil de l'action (comme au cinma) mais avant tout pourressentir des motions. Voici un magnifique exemple de chur exprimant la perte d'un tre cher. Lesentiment de deuil y est approfondi. La musique en tant qu'expression des sentiments se rvle un sujetde discussion intressant avec les lves.

    5/Acte II, scne 2 - "Tristes apprts, ples flambeaux" (Tlare) / piste n13C'est l'air qui a fait le succs de cet opra et qui est encore aujourd'hui chant en rcital. Tlare exprime

    son chagrin immense. Il est remarquable pour ses nombreux figuralismes (o la musique illustre le texte)et surtout pour son caractre poignant.

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    6/Acte III, scne 1 - "Prsent des Dieux" (Pollux) / piste n21Voici un air reprsentatif de la Tragdie lyrique franaise. Par sa tessiture de basse, son caractre fier, ilest l'oppos de l'ariettede Castor et en cela, il est bon de les opposer. C'est l'occasion de se rfrer auchapitre consacr la personnalit des hros. Il en constitue une illustration musicale qui dpasse lesmots.

    7/Acte IV, scne 1 - "Esprits, soutiens de mon pouvoir" (Phb, chur)/ piste n31Aprs avoir introduit Castor, Pollux et Tlare, voici Phb, le personnage malfique de l'opra. L'Acte IVest celui de la magie et les lves devraient apprcier la ressemblance avec les rles de "mchants" aucinma. On peut y entendre galement des passages rcitatifs intressants pour une prsentation descomposantes d'un opra.

    8/Acte IV, scne 3 - "Rentrez dans l'esclavage" (Mercure, Phb, Pollux, chur)/ piste n33Ce passage est remarquable car l'action s'acclre. Le solo devient duo puis trio puis chur. Avec lemonologue de Tlare de l'Acte II, c'est le deuxime "tube" de cet opra. Les voix se mlent pour lemeilleur effet.

    9/Acte V, scne 1, 3 et 5 / piste n45, 48 et 51Le choix s'est port sur la diversit de cet Acte : expliquer la ritournelle, prsenter la scne d'adieux entreCastor et Tlare, la scne incroyable du Tonnerre, l'ariettegracieuse de Castor et la danse finale.En effet, il est important avec les lves de dtailler la fin d'un opra et de l'expliquer : quelle en est lamorale ?

    la suite de chacun de ces extraits, des pistes pdagogiques vous sont proposes pour aborder cesmorceaux avec les lves. Une fiche Histoire des arts en fin de dossier vous permettra galementdenvisager dautres pistes pour ltude de cette uvre.

    Pour ce guide dcoute, la vers ion choisie est dirige par Charles Farncombe, avec lEnglish Bach festival

    baroque orchestra et Peter Jeffes, Philippe Huttenlocher, Jennifer Smith, Laurence Wellington, CynthiaBuchan, Erato, 1994.

    Cette version nest plus disponible aujourdhui en magasin. Vous pouvez cependant couter luvreintgrale sur Deezer. Les numros de pistes indiqus dans ce dossier pdagogique sont ceux indiqus surDeezer.

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    /// // /// Ouverture / piste n1 /// // // /// /// // /// // // // // /// /// // // /// //// /// /

    C'est une ouverture traditionnelle la franaise en deux parties fondes sur la mme mlodie qui montepalier par palier.En sol mineur, elle annonce la tragdie qui va se drouler mais la fiert qui s'en dgage, ds lespremires notes, installe une atmosphre nergique allant de l'avant. Rameau semble presser le pas,

    impatient de prsenter le drame qui va suivre.Le rythme point (note longue-note brve) de la premire partie affiche la solennit hroque despersonnages et de l'action. La rgularit des croches et le style fugato 4dans la seconde marquedavantage l'empressement.

    L'instrumentation est ici particulirement soigne. Rameau met en valeur les sonorits de hautbois et debassons en les opposant aux cordes trs prsentes. Cela cre une couleur sonore riche et nouvelle.

    Avec les lves Pour comprendre ce qu'est une ouverture la franaise, on peut couter celles du Lully (Armideparexemple). Elles prsentent toutes des rythmes points dans une premire partie suivie d'une fugue plusrapide dans la deuxime. Ces codes lis la monarchie et l'tiquette de la cour sont trs prsentsgalement dans la musique de J.S. Bach ou les opras de Haendel ( Jules Csar), dmontrant ainsi lasuprmatie de ce type d'ouverture l'poque.

    L'ouverture la franaise nous plonge donc instantanment dans la deuxime moiti du XVII eoupremire du XVIIIe. En coutant par exemple l'ouverture du Vaisseau fantmede Wagner reprsentativedu style romantique du XIXesicle, les lves pourront percevoir sans difficult cette notion de musiquelie l'histoire et opposer le style baroque tout autre.

    4La mlodie se rpte aux diffrents instruments de faon dcale ce qui produit un sentiment de fuite.

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    /// // /// Acte I, scne 5 A r i e t t e Quel bonheur rgne dansmon me (Castor) / piste n8 //////////////////////////////////////////

    Quel bonheur rgne dans mon me !Amour, as-tu jamaisLanc de si beaux traits ?Des mains de lamiti tu couronnes ma flamme,

    Amour, amour, quel bonheur rgne dans mon me !_

    Pollux a surpris la conversation entre Castor et Tlare et propose de cder sa place d'poux son frre.Son air de la scne 3 se termine par : "Des deux personnes que j'aime, je fais des amants fortuns". Castor va pouvoir chanter toute sa joie l'annonce de son futur mariage et clbre l'amour.Cet air de forme ABA5permet l'expression subtile des sentiments ressentis. L'accent est port davantagesur la musique que sur le texte rptitif.Cette ariette, laquelle fera pendant celle de l'Acte V, donne au rle de Castor une dimension vocale plusimportante faite de virtuosit, notamment sur les vocalises qui accompagnent par sept fois le verbe"lancer".

    Les mots "rgne" et "couronne" subissent le mme traitement dans la seconde partie plus teinte demlancolie. Ces mots sont ainsi mis en exergue, tout en donnant Pollux la possibilit de briller par sesqualits vocales. Les violons dominent et la basse se fait discrte. En 1754, la Querelle des Bouffons alaiss des traces et Rameau y concde des ajouts de "beau chant" tels que l'entendent Pergolse ou

    Rousseau, dfenseurs d'un style italien.

    /// // /// Acte I Gavo t t e sI & II (sol majeur sol mineur) /piste n9 ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

    5La forme ABA est un morceau crit en trois parties, la premire et la troisime tant identiques. On parle aussi de forme da capo. Lesigne de reprise apparat la fin de la partie B.

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    La gavotteest une danse vive et gaie 4 temps qui existe depuis le XVI esicle. C'est une dansepopulaire fonde sur des petits pas et sauts lgers. Il existe une gavotte "tendre", "sans presser" commecelle qu'a choisie Rameau dans cet Acte. l'poque de Rameau, toutes les danses taient danses sur scne, ce qui n'est plus obligatoirement lechoix des metteurs en scne d'aujourd'hui.

    - La premire gavotte prsente une forme en trois parties ABA :Dans la premire et troisime partie, les fltes doublent les premiers violons suivis d'un court dcalagedes seconds violons et basses en une cascade de notes descendantes. La seconde partie, plus enjoueprsente un vritable dialogue entre les deux fltes et les violons, et adopte un rythme ternaire ainsi quedes tournures de phrases plutt ascendantes. Il en rsulte, pour lensemble de cette gavotte, un sentimentde dlicatesse, de lgret tel qu'on l'imagine la cour de Louis XV.

    - La deuxime gavottereste dans le mme tat d'esprit, mais, consquence de son mode mineur, servle sombre et nostalgique. D'criture plus savante que la prcdente et cette fois en deux parties,chacune rpte, (AABB) elle conserve galement le dialogue entre les fltes et les violons sicaractristique de cet opra.

    - Reprise de la premire gavotte.

    /// // /// Acte I Tambourins I & II (mi majeur mi mineur) /piste n9 ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////

    Aux gavotteslgres succdent deux tambourinsaux rythmes et tournures tourbillonnants. C'est unedanse provenale et populaire. Elle tait joue au son du galoubet6d'une main et d'un tambourin de l'autre.Elle devient la danse prfre de Louis XV et s'inscrit dans les ballets d'opra ds 1706 avec la tragdielyriqueAlcyonede Marin Marais. C'est une danse rapide, rythme et rpte. On y entend une fltepiccolo ainsi que le fameux tambourin.

    Ces deux danses sont de forme AABB, l'une en majeur, l'autre en mineur comme c'est lecas systmatiquement dans cet opra.Rameau excelle dans ce genre de danses villageoises et a rvl leur rle de contrasteface aux airs et rcitatifs souvent jugs srieux et complexes. Elles font souvent lesuccs de ses opras car les mlodies se retiennent facilement, ainsi que les rythmesentranants. la lecture de la partition, on ralise toutefois que la simplicit affichecache au contraire une vritable matrise de l'criture et de l'invention.

    Avec les lves Identifier le caractre diffrent des deux danses ainsi que les modes majeur (clair) et mode mineur(sombre).

    Il est intressant de faire couter les autres danses de l'opra et ainsi de pouvoir les comparer : lachaconneclturant l'opra, lesmenuetsplus aristocratiques (Acte I, scne 4 et Acte IV, scne 5) ainsi quelespassepieds, sorte de menuetspopulaires (Acte IV, scne 5).

    Pour mieux comprendre les danses baroques, et voir les instruments chez Rameau, regarder la vido"Presto" consacre aux rigaudonsde son opra Dardanus.(https://www.youtube.com/watch?v=PHUKyx9j7qc)

    6Il sagit dune petite flte qui peut se jouer dune seule main et dont le son est particulirement aigu et perant.

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    /// // /// Acte II , scne 1 Chur des spartiates Que toutgmisse, que tout sunisse! / piste n12 ///////////////////////

    Que tout gmisse,Que tout s'unisse.Prparons, levons d'ternels monumentsAu plus malheureux des amants :Que jamais notre Amour, ni son nom ne prisse !_

    Rameau russit ici de manire magistrale condenser l'action et le drame. Castor meurt au combat justeaprs l'annonce de son union avec Tlare. L'Acte II s'ouvre sur une scne de funrailles.Elle commence de faon saisissante par un silence suivi de la ligne de basse en mouvement chromatiquedescendant7annonant le chur dclamant sa plainte : Que tout gmisse, Que tout s'unisse. Le tempolent ainsi que la descente marche par marche nous mne aux affres de la tristesse. Les instrumentsentrent les uns aprs les autres, tout d'abord, les premiers violons suivis des seconds, des vents et enfindes basses qui apportent de la profondeur et de la gravit.Le chur mixte chante en homophonie8, ce qui cre une grande solennit.La couleur tragique de ce passage contraste religieusement avec les trompettes guerrires de l'Acteprcdant. On peut penser au chur funbre annonant la mort d'Eurydice dans l'Orfeode Monteverdi ou

    celui annonant la mort de Didon dans l'opra de Purcell, Didon et ne.

    La deuxime partie ( 1'44) plus allante est consacre aux prparatifs des funrailles et la clbration dela mmoire du hros. Rameau propose donc des lignes mlodiques ascendantes sur le mot "levons" parexemple. La partition contient un grand nombre de figuralismes9de ce genre.

    Le chur s'achve sur une reprise tronque de la premire partie et une transitiond'une grande audaceharmonique : trois notes suffisent (contrairement la version de 1737) moduler de fa mineur au mibmol majeur de l'air de Tlare.

    Rameau dans son Trait de l'harmoniede 1722 propose un affect des tonalits. Le fa mineur par exempleconvient aux chants lugubres. Marc-Antoine Charpentier avait lui aussi propos ce genre de liste dans sesRgles de compositionde 1690 ; il est tout fait possible dailleurs que Rameau en connaissait le contenu.Dans ce trait, la tonalit de mi bmol majeur convient aux moments "cruels et durs".

    Avec les lves Reprer la ligne chromatique descendante et le chur en homophonie.

    couter et comparer l'extrait avec le chur With drooping wings ye Cupids come dans l'opra Didon etned'Henry Purcell exprimant le chagrin caus par la perte d'un tre cher ainsi que l'air de Didon : WhenI am laid in earth, l'un des plus tristes de tout le rpertoire.

    /// // /// Acte II, scne 2 Monologue de Tlare Tristesapprts, ples flambeaux / piste n13 ////////////////////////////

    Tristes apprts, ples flambeaux,Jour plus affreux que les tnbres,Astres lugubres des tombeaux,Non, je ne verrai plus que vos clarts funbres.Toi, qui vois mon cur perdu,Pre du jour ! Soleil, mon pre !Je ne veux plus d'un bien que Castor a perdu,Et je renonce ta lumire.Tristes apprts, etc.

    7Les mouvements chromatiques sont des suites de notes trs proches les unes des autres (de demi-ton en demi-ton). Ils apportent de latension s'ils sont ascendants et de la tristesse s'ils sont descendants.8Homophonie appele aussi criture verticale. C'est une succession d'accords. Toutes les voix chantent ensemble des notes diffrentes

    mais sur des rythmes similaires.9Les figuralismes sont une manire de traiter la musique en fonction du texte. Par exemple, le mot soleil s'inscrira sur des notes aigues,le chromatisme descendant symbolise le dsespoir, le caractre dcid d'un personnage peut sexprimer par un rythme point....

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    Rameau compose ici l'une des plus clbres pages d'opra, encore clbre par Berlioz au sicle suivant.Cet air de deuil a fait le succs de cet opra et tait dj prsent dans la premire version (Acte I scne3) ; Rameau n'y concde aucune modification.Le tempo lent, les cordes, le ton de mi bmol majeur noble et solennel permettent Tlare, d'exprimerson chagrin avec une retenue digne et tragique. Le "non" rpt dans les aigus et entrecoup de silenceslaisse clater son dsespoir. L'accompagnement fait la part belle aux bassons. On remarqueparticulirement leur timbre ainsi que le rythme rpt - soupir suivi de trois noires - qui est l'un desfiguralismes des sanglots.

    De forme ABA (comme l'ariettede Castor, voir note n5 ) il rpond parfaitement aux exigences du stylefranais savoir une grande libert mlodique et la part belle au texte potique.

    Avec les lves Regarder l'extrait dans le film Marie-Antoinette de Sofia Coppola qui tmoigne du succs de cet airencore au rgne suivant. On y voit la Reine s'mouvoir et surtout les dcors caractristiques de l'poque.(https://www.youtube.com/watch?v=EUDHRw-NglQ).

    En quoi cet air est mouvant ? (par son tempo lent, les silences, la monte dans les aigus, le "non" misen valeur)

    Reprer l'accompagnement au basson, sa sonorit et son rythme.

    /// // /// Acte II I, scne 1 Air de Pollux Prsent des dieux,doux charme des humains / piste n21 ///////////////////////////

    Ritournelle et air

    Prsent des Dieux, doux charme des humains,O divine amiti, viens pntrer nos mes.Les curs clairs de tes flammes,Avec un plaisir pur, nont que des jours sereins.

    Cest dans tes nuds charmants que tout est jouissance ;

    Le temps ajoute encor un lustre ta beaut.

    Lamour te laisse la constance,Et tu serais la voluptSi lhomme avait son innocence.Prsent des Dieux, doux charme des humains, etc._

    Pollux s'apprte rencontrer son pre Jupiter. Il entre dans le vestibule du temple et chante cet air noble.Nous sommes au dbut de l'Acte III, Acte ddi aux fermes intentions de Pollux : celles d'inflchir le destin

    et convaincre son pre de le laisser prendre la place de son frre aux Enfers.

    https://www.youtube.com/watch?v=EUDHRw-NglQhttps://www.youtube.com/watch?v=EUDHRw-NglQ
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    Cet air remplace Nature amourde la version 173710, lui aussi confi Pollux, qui nous prsentait le c ursous la cuirasse. Ici, l'aspect hroque est fort marqu, notamment grce aux rythmes points trsprsents. Toute la prosodie se concentre sur la clbration de l'Amiti (O Divine amiti, viens clbrer nosmes).La ritournelle "tendre" en do mineur qui prcde et l'air de Pollux s'inscrivent dans une tradition lullistecontrairement l'ariettede Castor ou celle de l'Athlte de l'Acte II. Ici, point de vocalises mais desappogiatures11 foison, crant des dissonances indites. Ces effets musicaux apportent des accents desincrit et de vrit au texte. Pollux livre son me et est en total accord avec son sacrifice.

    La forme ABA (A en mineur et B en Majeur) est elle aussi conforme la Tragdie lyrique la franaise.On peut donc apprhender cet air comme un vritable hommage au matre Lully mais aussi comme lamanifestation de la matrise de la composition chez Rameau - l'lve surpassant le matre.

    Avec les lves Cerner le caractre de Pollux : son sens du devoir, du sacrifice. En quoi l'opra est-il un modle demoralit ?

    Opposer cet air l'ariettede Castor et montrer les diffrences de style musical.

    /// // /// Acte IV, scne 1 Entre des Enfers Esprits

    soutiens de mon pouvoir(Phbet chur) / pisten31 // /

    Dans le livret de Rameau, le texte indique que le thtre reprsente l'entre des Enfers, dont le passageest gard par des monstres, des spectres et des dmons : cest une caverne qui vomit sans cesse desflammes._

    Prlude

    PHBEsprits, soutiens de mon pouvoir,Venez, volez, remplissez mon espoir.Descendez au rivage sombre :

    Il faut lui ravir une ombre.

    (Les esprits et puissances magiques paraissent la voix de Phb ; elle forme ses enchantements.)

    Rassemblez-vous, secondez mon ardeur : Des monstres des enfers, combattez la fureur !

    LE CHURDes monstres des enfers, combattons la fureur !

    PHB - RcitatifRedoublez vos charmes,Pntrez ce sjour,Impntrable au jour !

    Empruntez les traits de l'AmourPour avoir de plus fortes armes !

    Des monstres des enfers combattez la fureur.

    LE CHURDes monstres des enfers combattons la fureur._

    L'Acte IV est celui de la magie. Ds la premire scne, Phb invoque ses pouvoirs sur les esprits du mal(dmons, monstres, spectres) dans le but de ravir une ombre : celle de Castor, et gagner son amour face sa sur rivale.

    10 Il existe deux versions de Castor et Pollux. Voir p. 28 ainsi que lentretien dEmmanuelle Ham, p. 34.11Une appoggiature est unornement mlodiqueservant retarder la note suivante, la note principale, sur laquelle on veut insister. Celaengendre des dissonances qui crent des tensions. Dans la musique baroque cette appogiature sappelleun coul.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ornement_%28solf%C3%A8ge%29http://fr.wikipedia.org/wiki/Ornement_%28solf%C3%A8ge%29http://fr.wikipedia.org/wiki/Ornement_%28solf%C3%A8ge%29
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    L'air est repris par le chur suivi d'un court passage rcitatif12avant d'entendre de nouveau le chur.Le rythme fier et dcid, les sauts d'intervalles, la ligne mlodique arpge montre la dtermination dePhb. L encore la musique est au service du texte. Les choix musicaux n'ont qu'un objectif : exprimer lavolont de combattre du personnage.

    Avec les lves

    Le personnage de Phb est sans doute le plus complexe de cet opra. Montrer son esprit tortur par lajalousie, l'amour, la vengeance et la dtermination.

    Demander aux lves de trouver des quivalents dans le cinma (la Reine dans Blanche-Neige,Malfique dans le dernier Disney ponyme, etc...).

    /// // /// ActeIV,scne3 Rentrez,rentrezdanslesclavage (Mercure, Phb, Pollux et chur) / piste n33 //

    MERCURE

    Rentrez, rentrez dans l'esclavage !Arrtez, arrtez Dmons furieux.

    PHBRentrez, arrtez Dmons furieux !Arrtez, rentrez dans l'esclavage !

    POLLUXTombez, rentrez dans l'esclavageArrtez, Dmons furieux.Livrez-moi cet affreux passageEt redoutez le fils du plus puissant des Dieux !

    PHBMERCURE

    Tombez, rentrez dans l'esclavageArrtez,Dmons furieux.Livrez-moi cet affreux passageLivrez-lui cet affreux passage.Et respectez le fils du plus puissant des Dieux !

    CHUR DES DMONSSortons d'esclavage.

    POLLUXRentrez, dmons furieux !

    12Le rcitatif est un passage semi-parl qui permet d'expliquer ou de faire avancer l'histoire contrairement l'air qui exprime unsentiment. Chez Rameau, la distinction n'est pas toujours aussi vidente car mme dans les airs, la musique suit les inflexions de lalangue. C'est l'une des caractristiques du style du compositeur.

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    Tombez, tombez, rentrez !Livrez-moi cet affreux passage !

    PHBMERCURERentrez, dmons furieux !Tombez, rentrez dans lesclavage !

    Livrez-lui cet affreux passage !

    CHUR DES DMONSFermons-lui cet affreux passage !Sortons, sortons, sortons !Fermons-lui cet affreux passage !Et redoutons le fils du plus puissant des Dieux !

    PHBMERCUREPOLLUXTombez, rentrez,Dmons furieuxLivrez-lui cet affreux passage !Et respectez le fils du plus puissant des Dieux !

    (Danse des dmons, qui veulent effrayer Pollux.)

    _

    Cette scne remarquable plusieurs gards contraste par son tempo, son nergie avec les rcitatifs touten subtilit et les divertissements de l'Acte prcdant. Rameau sait composer "des tubes" qui feront lagloire de ses opras.Le solo devient duo puis trio pour enfin se mler au chur. Nous sommes loin des influences italiennes.La musique de Rameau a mme quelques accents renaissance la manire de Clment Janequin(Tombez, rentrez).Contrairement au thtre, l'opra est capable de faire entendre plusieurs textes diffrents simultanmentsans aucune gne auditive et tout en harmonie.Rameau alterne subtilement criture horizontale et criture verticale13et propose une prosodieparfaitement tudie.

    13L'criture verticale appele aussi criture homophone est une succession d'accords. L'criture horizontale est un procd consistant faire entrer les voix les unes aprs les autres. Il en existe plusieurs types du plus simple au plus complexe : fugues, fugatto...

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    Avec les lves Montrer la diffrence entre une criture horizontale (les voix entrent les unes aprs les autres) et unecriture verticale (les voix chantent en mme temps).

    Comment faire pour rendre distinct plusieurs discussions prononces simultanment ? La musique estsuprieure au thtre en ce sens. Clment Janequin (1485- 1558) l'a bien compris. couter Les cris deParispar exemple. Plus tard, Mozart aura assez tt (ds Idomeneo) l'intuition de la puissance dramatique

    de tels moments. Le spectateur en arrive ressentir toute la tension accumule. couter le final de l'ActeII des Noces de Figaroo sept personnages chantent en mme temps des parties diffrentes.

    /// // /// Acte V, scne 1 Le ciel est touch des plustendres amours (Tlare, Castor) / piste n45 /////////////////

    Difficile de choisir un extrait dtailler dans cet Acte tant les scnes s'enchanent naturellement et lesrcitatifs, airs et churs sont entremls. Cela apporte une relle dynamique et un sentiment de final ol'action s'acclre et se dnoue.

    Scne 1 : La Ritournellequi prcde le rcitatif en duo est d'une grande qualit expressive. Lesdissonances provoques par les appogiatures sont accentues et mises en valeur par un tempo lent etsolennel. Le tissu polyphonique serr laisse place des silences pesants, le tout dans de subtils jeux denuances instrumentaux de rponses entre cordes, basson et flte. Le caractre poignant qui s'en dgagelaisse prsager des retrouvailles entre Castor et Tlare teintes de regrets.

    Les rcitatifss'enchanent. La joie de Tlare est de courte dure car Castor la prpare d'ternelsadieux. "Castor, vous m'abandonnez" (scne 1). Une courte symphonie joyeuse contraste avec l'ambiancepesante de la scne prcdente. Les Spartiates sont heureux du rapprochement des poux.Castor tente de convaincre le peuple. Tlare tente de convaincre Castor aide du chur sur "Pourquoivous drober de transports si doux" (scne 2). Tlare demande au peuple de s'loigner. La discussion

    reprend cette fois sur les liens fraternels. Castor n'abandonnera pas son frre aux Enfers au granddsespoir de Tlare. Il la conjure d'accepter le rgne avec Pollux qui "l 'adore". Castor craint la punition deJupiter en cas de manquement au serment (scne 3).

    /// // /// Acte V, seconde partie de la scne 3 Quai-jeentendu ? (Tlare, Castor) / piste n48 //////////////////////////

    TLAREQu'ai-je entendu !Quel bruit !

    Quels clats de tonnerre !Hlas ! C'est moi qui t'ai perdu.

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    CASTORTonnerreJ'entends frmir les airs,Je sens trembler la terre...C'en est fait, j'ai trop attendu.

    ENSEMBLE

    Arrte, Dieu vengeur, arrte !(Le bruit redouble.)

    CASTORL'enfer est ouvert sous mes pas,La foudre gronde sur ma tte.(Tlare tombe vanouie dans les bras de Castor.)

    CASTORCiel ! O ciel !Tlare expire dans mes bras.Arrte, dieu vengeur, arrte.(On entend une symphonie mlodieuse.)

    _

    On entend le tonnerre dans un fracas de gammes descendantes rapides aux cordes. C'est le passagedramatique de l'Acte V. Le couple supplie le Dieu vengeur de cesser le dchanement de la Nature enrponse aux menaces de Tlare.

    Une symphonie mlodieuse met un terme la colre divine, opposant ainsi l'ombre la lumire, le tumulte la srnit, la Nature l'tre humain, la colre la reconnaissance... Rameau rvle ici toute unepalette forte valeur allgorique.

    Avec les lves Montrer l'instrument qui joue le tonnerre.

    couter l'orage dans l'tdes Quatre Saisonsde Vivaldi. La descente rapide de gammes est un desfiguralismes de l'orage et de la tempte en musique.

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    /// // /// Acte V, scne 5 Que le ciel, que la terre, etlonde (Castor, churs)/ piste n51 639min//////////////

    CASTORTendre amour, qu'il est doux de porter tes chanes !

    Dieu charmant, tes plaisirs font oublier tes peines.J'ai fait briller tes feux dans cent climats diversPour montrer tout l'universQu'il est doux de porter tes chanes.Tout m'a dit dans les enfersQu'il est doux de porter tes chanes,Dieu charmant.Et quand les cieux me sont ouvertsJ'entends retentir dans les airs,

    Qu'il est doux de porter tes chanes.

    PETIT CHURQuil est doux de porter tes chanes.

    GRAND CHURFaisons retentir dans les airs :

    CASTORQuil est doux de porter tes chanes,

    CHURQuil est doux de porter tes chanes !_

    Cette scne, pendant de l'ariettede l'Acte I est prcde d'airs et rcitatifs de Jupiter qui annoncent ladcision divine : les deux frres partagerons l'immortalit.

    Quant l'ariettedont il s'agit ici, toute en duo avec la flte et en vocalises sur les mots "briller", "chanes",elle montre un Castor transfigur et brillant parmi les astres.Le petit chur "J'entends retentir dans les airs" et le grand chur "Faisons retentir dans les airs"rpondent Castor.Chaque note, chaque mot concoure l 'apaisement et la srnit : le tempo lent, le caractre gracieux,les vocalises dlicates et la voix qui semble monter dans des aigus sans fin.

    C'est un hymne l'amour qui est chant ainsi que la morale de l'opra. L'amiti fraternelle ne sera pascompromise ; l'amour non plus sous la forme d'une ternit fidle Tlare. La devise "Ad Alta per Artes"(qui signifie "au sommet par les arts" ou "au sommet vers les arts", voir photo ci-dessous) prsente l'Opra de Lille au-dessus de la scne prend ici tout son sens. Ce sont les arts et notamment la Tragdielyrique la franaise qui permettent d'lever son me.

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    Avec les lves couter la voix qui s'lve dans les aigus en mme temps que le texte annonce : "dans les airs". C'est denouveau un exemple de figuralisme trs russi.

    N.B. : La version de l'Opra de Lille prsente certaines modifications par rapport l'enregistrement derfrence propos ainsi que des emprunts la partition de 1737, notamment dans le final. Les choix se

    sont ports sur une suppression de certaines parties et l'ajout notamment de l' ariettebrillante et virtuosede Tlare au style italianisant (chant initialement par une plante) succdant celle de Castor. Elle nousapprend que les Dioscures rgneront sur les flots et protgeront les marins. Il est possible de l'couterdans l'enregistrement de William Christie et ses Arts florissants14. (CD 3 n15). L'opra s'achve sur unechaconne, danse lente, noble et solennelle et non sur les gavottes lgres et divertissantes de la partitionde 1754.

    14Voir bibliographie p. 29.

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    Bibliographie

    Livres

    L'Av an t-s cne Opra, Cas to r et Po llu x, n209.Commentaire littraire et musical des deux versions (1737, 1754) ainsi que les livrets.

    Philippe Beaussant : Ram eau de A Z, Paris, Librairie Arthme Fayart/IMDA, 1983.Dictionnaire de la vie, de l'uvre et du style de Rameau. Il comporte galement de nombreux articles surses contemporains et sur le contexte historique de l'poque.

    Marc Honegger, Paul Prvost : Dictionnaire des uvres de l'Art vocal, Paris, Bordas, 1991.Ouvrage de rfrence en 3 volumes. Contient des articles sur les compositeurs, les uvres vocales et lesairs. Nombreuses sources bibliographiques.

    Catherine Kintzler :Jean-Phil ipp e Rameau, splendeur et naufrage de lesthtique du plaisir l'geclassique, Paris, Minerve, collistoire Voies de l'histoire, 1983 (rimpr. 1990 et 2011). travers les positions contradictoires de Rameau et de Rousseau sur la musique, une tude claire etoriginale des fondements de lesthtique classique.

    Gustave Kobb : To u t l 'o pra, rimpression et traduction franaise, Robert Laffont, Bouquins.Ouvrage de rfrence sur les opras (synopsis, analyse des opras)

    CD

    Castor et Pol lux, dirig par Charles Farncombe, avec lEnglish Bach festival baroque orchestra, etPeter Jeffes, Philippe uttenlocher, Jennifer Smith, Laurence Wellington, , Erato, 1994Version de Castor et Polluxde 1754. Cest la version la plus proche de celle qui sera donne lOpra deLille.

    Castor et Pol lux, dirig par William Christie, avec Les Arts Florissants, Harmonia Mundi, 2014.Version de Castor et Polluxde 1737.

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    istoire des arts

    Arts du visuelThmatique : Arts, espace, temps

    Pierre Paul Rubens : Castor et Pollux enlevant les filles de Leucippe,v.1618, Alte Pinakothek, Munich. 224 x 210 cm- L'uvred'art et la place du corps et de l'homme dans le monde et la

    nature. Le corps en mouvement. Lart baroque.

    Arts de lespaceThmatique : Arts, tats et pouvoir

    Le Temple des Dioscures ou Temple de Castor, Rome

    - Ves. avant J.C.

    - Naissance de la rpublique romaine.- Le temple abritait les statues de Castor et Pollux, considres comme lesgardiens de la libert de Rome.- Symbole de victoire militaire.- Lieu d'exercice du pouvoir.

    Thmatique : Arts, crations, cultures

    Antoine Coysevox, Castor et Pollux, Demi-lune parterre de Latone,entre 1685 et 1712 Versailles,

    - Arts des jardins.- uvred'art et la gense des cultures : expression symbolique et mythique.- associer avec la fontaine de Latone.- Sculpteur favori de Mansart.

    Arts du sonThmatique : Arts, mythes et religions

    Les tragdies lyriques de Rameau : Hippolyte et Aricie, Dardanus, Zoroastre, les Borades

    - 250 ans de la mort de Rameau.- La Tragdie lyrique la franaise.

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    Castor et Pol lux lOpra de Lille

    Direction musicale Emmanuelle HamAssistant la direction musicale Iaki Encina OynMise en scne Barrie KoskyCollaboration artistique la mise en scne, scnographie et costumes Katrin Lea TagAssistant la mise en scneYves LenoirLumires Franck EvinDramaturgie Ulrich Lenz

    Avec

    Pascal Charbonneau

    Castor

    Henk Neven

    Pollux

    Emmanuelle de Negri

    Tlare

    Galle Arquez

    Phb

    Frdric CatonJupiter

    Geoffroy BuffireLe Grand Prtre

    Erwin ArosMercure, Un Athlte

    Vladimir HugotLynce

    _

    Le Concert dAstre(chur et orchestre)

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    Entretien avec Barrie Koskymetteur en scne

    Il existe deux versions de Castor et Pol lux. Travaillez-vous sur une seule version ou utilisez-vousun peu des deux ?Selon moi, il a toujours t vident que la version retravaille de Rameau (1754) est nettement plusintressante. Dans la premire version (1737), la relation entre les deux surs en particulier, nefonctionne pas du tout. La premire version commence avec Castor dj mort : on ne la jamais rencontravant sa mort, ce qui, selon moi, est une catastrophe car on nprouve aucune sympathie ou aucunemotion pour cet homme. Par consquent, jai prfr travailler partir de la seconde version, mais il y abeaucoup dlments musicaux dans la premire version qui mritaient dtre inclus. Du coup, il y a troisdes quatre numros que nous avons dtachs de la premire version et insrs dans la seconde. Je ne

    sais pas pourquoi il existe encore des gens qui prfrent monter la premire version, parce quil y a, selonmoi, toujours une bonne raison pour que les compositeurs retravaillent leur uvre. Dans le cas prsent, jene pense pas que quelquun puisse sopposer au fait que Rameau ait coup une grande partie de lapremire version, supprim beaucoup de rcitatifs et ait rendu les personnages plus complexes.

    Le point de dpart de cette histoire na rien de nouveau car il sagit dun thme intemporel : desfrres et sursdans un enchevtrement amoureux, rendu complexe par le fait que lun des frressoit mortel et lautre non Comment abordez-vous ce sujet ?Tout dabord, et comme dans toutes mes productions, je dois saisir la structure de la musique avant tout :non seulement comprendre de quelle manire la musique a t assemble mais aussi ce que lon peutfaire passer travers elle. Lnergie de la production merge de cette musique. Je le fais que ce soit pourWagner ou Kiss Me, Kate. Vous devez capter limpulsion de la musique. Rameau a fait de nombreuseschoses que je trouve trs intressantes et qui, en fait, ont boulevers ma faon de ltudier. Tout dabord,

    sa structure est bien construite. Nous savons que son langage harmonique est affirm et que sesorchestrations sont extraordinaires, et trs personnelles. Mais la structure de la pice est bien dfinie. Cenest pas simplement parce quil y a beaucoup de danse dedans. Nous avons gard prs de 70% de lamusique danse, bien quil ny ait quasiment pas de danse dans la production. Nous faisons dautreschoses avec cette musique de ballet, parce quil sagit dune merveille musicale ; vous ne pouvez pasjouer Rameau et couper la musique de ballet, ce serait ridicule. La structure est vraiment intressante : il ya un trs grand nombre dactions condenses durant les 15 premires minutes. Vous avez toute lhistoiredes sursamoureuses des mauvais frres, Castor qui souhaite sexiler etPollux disant Je sais quilsagit du jour de mon mariage, mais je dois abandonner mon pouse pour le frre que jaime. Il enchanesacrifice sur sacrifice. Il y a cette comptition entre les deux frres tout au long de luvre : Non, laisse-moi mourir, je mourrai, et je prendrai ta place , Non, tu pouseras cette femme.Vous rentrez alors directement dans lhistoire, il ny a pas dintroduction, aucunestructure : vous en tes let dix minutes aprs, lun des personnages principauxest tu, rapidement, soudainement. Ensuite, lapice respire de manire diffrente et vous continuez cet extraordinaire voyage avec ces mmes

    personnages. Le dfi consiste monter ce drame motionnel sur scne. Nous avons insr certainesscnes qui taient consacres la danse, pour combler quelques vides pour le public. Parmi lesproductions de Castor et Pollux que jai vues, beaucoup taientfroides, sans motion, alors que lamusique de Rameau soppose totalement cetteide. Sa musique est si viscrale et va droit au cur.Ses transitions fluides entre rcitatifs, ariosos, arias et churs font beaucoup plus penser ce queMonteverdi faisait que dautres compositeurs baroques. Il y a un lien stylistique beaucoup plusfort entreRameau et Monteverdi quentre Rameau et dautres compositeurs franaisou Rameau et Hndel. Pourrendre cette puissance motionnelle sur scne, luvrese joue dans un dcor trs austre.

    Le baroque franais tait clbre pour son souci du dtail ...Nous avons fait lexact oppos de ce que le baroque franais reprsente : il ny apas de frou-frou, pas deperruques ou de grandes robes, rien de tout a. Lorsque vous suivez cette ide, vous laissez la sensibilitde cette extraordinaire musique sexprimer ; vous avez une pice charge dmotion qui est bien plus

    efficace auprs du public car rien ne vient parasiter l interprtation. Nous avons cr un espace qui estgrand, austre, une chambre vide, avec quelques accessoires et quelques lments de costumes. Cela

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    permet la pice dtre centre sur linterprtation, comme cela devrait se produire dans chaque pice dethtre.

    Quelle est la diffrence entre les rcitatifs et les arias ? La distinction est-elle plus floue que chezHaendel ?Ce que je trouve extraordinaire, cest que Rameau va lencontre de ce que les gensaiment - cest direun long aria avec beaucoup de notes aigues. Ce quil fait, cestun voyage travers un rcitatif pourensuite lorchestrer durant 4 ou 8 mesures peu prs, et enfin arriver une extraordinaire et magnifique

    mlodie qui sera utilise une fois et une fois seulement. Pour terminer, il revient son rcitatif. Il raille ettaquine le public constamment. La raison pour laquelle il fait a, comme Monteverdi, cest quil suit ce quise passe dans le texte et la pice, plutt que dutiliserde fabuleux arias pour mettre en avant la voix de lasoprano. Il y a cette chose intressante entre les sonorits, la fois sensuelles et austres. Cest la foisdoux et acidul : vous obtenez ce mlange dans cette musique dune sensualit extraordinaire, quipourrait tre dune part viscrale et passionne, et dautre partincroyablement belle, comme la plupart desmusiques caractristiques franaises, entre autre limpressionnisme baroque. Rameau avait aussi unecertaine austrit et une puret et mme une qualit quelque peu svre.

    Qui sont les churs dans cette pice ?Dans la premire moiti, il y a les amis, la famille et lentourage de Pollux, et ensuite ils se transforment enun certain nombre dentits - des fois des dmons venus de lEnfer, dautres fois des voix spirituelles. Maisils restent toujours les personnes qui taient l au dbut. Nous jouons tout lopra comme si nous ntions

    pas totalement srs de la distinction entre la Terre, le Ciel et lEnfer, par consquent quisait ce qui estrve, o et quand. Nous comprenons alors que nous nallons nulle part : lEnfer est la Terre, et la Terre estlEnfer, et le Ciel est lEnfer et tout a, se passe sur Terre. Cela rend la pice bien plus mouvante parcequensuite vousvoyez de vraies personnes sur scne, alors le dilemme des deux frres et des deuxsurs est bien plus fort. Au cours de la soire, la frontire entre qui est qui et o est o devient floue.

    Mais nous allons vraisemblablement nous attacher ces personnes dans cette pice. Il faut doncprendre du recul...En effet, il faut prendre du recul, ce que je trouve toujours assez difficile. Rameau ressemble nettementplus Monteverdi du point de vue thtral, mais ce quon doit faire cest le d-franciser . Si vouscoutez beaucoup denregistrements, avecquelques exceptions notables, Rameau peut devenir chichiteux , froufrou et quelques fois banal. Lorsque jcoute Castor et Pollux, en fait tous sesopras-ballets,jentends une passion extraordinaire et muscle. Lhistoire est merveilleusementtrange :il y un grand sous-entendu sur ce qui se passe entre Pollux et son pre Jupiter, sur la raison pour laquelle

    Jupiter apparat une seconde fois et dit Jai vu le sacrifice que tu as fait pour les aider lun et lautre etcomme rcompense, je vais te donner une place parmi les toiles . Personne ne sait ce qui se passepour les deux surs, en particulier Tlare. [...] Je trouve aussi que cette pice ruisselle de mlancolie.Les personnages sont profondment inquiets : il y a des pointes de lueurs o ils ont droit quelquesmoments de joie, mais il y a quelque chose de profondment inquitant propos de ces personnes. Cestici dans la musique, mme lorsque Jupiter apparat. La musique est triste ce moment-l. Jupiter, quoiquil fasse, nest ni triomphant, ni divin. Cette sorte de mlancolie automnale est prsente daprs moidans le paysage musical. Nous navons pas essay de reprsenter a sur scne, mais ctait vraimentimportant quil y ait unetristesse discrte mais touchante dans la pice. Comme le public le verra, le dcorest vraiment intimiste, cest aussi trs austre. Il y a quelque chose en toile de fond de cet opra, quelquechose de drangeant par rapport a - il y a un je ne sais quoi qui rend cette uvretrs trsintressante. Cest tout sauf spectaculaire,cest dune puissance motionnelle trs forte. [...] Le nombrede fois ou quelquundit au revoir dans cet opra est incroyable. Littralement, toutes les 5 minutes,

    quelquun dit Je dois te quitter, Je suis venir dire adieu, Tu pars en exil, Je vais en Enfer, Je me noie. Le thme de la perte et de ladieu revient toutau long de la production.

    Extrait de lentretien ralis par Edward Seckerson,journaliste britannique spcialis dans la musiqueet animateur radio.Avec l'aimable autorisation du service Dramaturgie de l'Opra de Dijon.

  • 7/26/2019 Castor Et Pollux 1

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    Entretien avec Emmanuelle Hamdirectricemusicale

    Il existe deux versions de Castor et Pol lux, celle de 1737 et celle de 1754. Y-a-t-il de grandesdiffrences entre les deux, ou bien sagit-il dun remaniement de faible envergure ?Il sagit dun remaniement trs important. On peut sinterrogersur le fait que Rameau ait quasiment rcrittoutes ses tragdies lyriques. Si on prend le cas de Dardanuspar exemple, il sagit mme dune rcrituretotale partir du troisime Acte, d'une autre histoire. chaque fois, il sagit de mettre au got du jour, demoderniser une dramaturgie qui devait lui apparatre trop lie une ancienne faon . Les prologuesnotamment ne sont plus dans le got du jour. On commence penser quils loignent lauditeur du sujetprincipal de la tragdie, que ce sont des passe-temps frivoles. On veut tre immdiatement dans le cur

    de laction. C'est le cas avec le Castorde 1754. On sait que Rameau tait curieux de leffet produit par samusique. Il sasseyait souvent dans le public pour voir ce que les gens disaient. Il tait inquiet de nature ; ila commenc tard ; il tait nerveux ; il tait anxieux. Il voulait avoir du succs. Je le vois comme un bilieux,qui se fait du mouron, qui remanie, qui retravaille. En dehors de son caractre perfectionniste, Rameau estau curde la Querelle des anciens et des modernes et de celle des Bouffons ; et bien que farouchementdfenseur de ses convictions musicales, il fait voluer la musique franaise la fois par la transformationde la forme et par un langage puissant, audacieux harmoniquement, lyrique et expressif dans le rcitatif,et un orchestre novateur.

    Le prologue, cest un lment qui vient de la forme canoniquede la Tragdie lyrique telle quedveloppe par Lully ?En effet, mais on peut mme le faire remonter au modle vnitien, Monteverdi et au Couronnement dePoppe. Dj dans lOrfeo, il y a un prologue o le personnage allgorique est la musique. C'est elle quidonne le sens cach de cette histoire : la Musique est toute puissante, elle peut tout, puisquelle peut

    mme charmer le dieu des Enfers. Cest la raison dtre, le manifeste de lopra qui va suivre. DansPoppe, on a, de la mme faon, un prologue qui va mettre en concurrence la Bonne Fortune et la Vertu.Puis Amour vient pour les dpartager : ce nest ni lune ni lautre qui rgne sur le monde, mais lui-mme,et la preuve en est lopra qui va suivre. Chez Lully,les prologues sont aussi allgoriques, mais ils vontinclure une glorification du Roi, Louis XIV, car c'est lui qui permet lopra dexister, aux artistes dtre l.Le Roi y est compar un dieu, on y discute ses plus grands mrites. Il y a toujours un lien avec la picequi va suivre, mais le prologue va dsormais relier le monarque, ou lode au monarque, et le sujet delopra. Dansla version de 1737, il y avait un prologue dans lequel les Arts et les Plaisirs demandaient Vnus denchaner le dieu de laGuerre. On entrait ensuite directement dans la dploration de Tlare :Castor est dj mort, et la ligne dramaturgique de luvrese concentre sur Pollux et son amour pourTlare. En 1754, Rameau supprime le prologue et ajoute un Acte qui dveloppe les relations entre lesdeux frres. Lamour de Polluxpour Tlare est toujours prsent, mais ce nest plus un lment majeur. Ilsefface au profit de la rivalit/fraternit entre Castor et Pollux, de la dualit pour Pollux entre amour etamiti, de son ascension et son possible renoncement limmortalit.

    Donc, toute la musique du premier Acte est entirement nouvelle en 54. Y-a-t-il des changementsmusicaux dans les Actes qui suivent ?Il y a des danses en plus, les airs ne sont pas les mmes. Les airs majeurs que lon a en gnral pour unpersonnage changent galement. Il y a, comme dans Dardanus, un mlange de matriau ancien et dematriau entirement nouveau.

    Retouche-t-il ce matriau issu de la version de 1737 ?Il y a plusieurs types de transformations : Rameau rutilise la mme musique pour un autre texte et unautre propos (par exemple, l'air de l'amour Naissez, dons de Flore du prologue de 1737 est attribu une ombre au quatrime Acte avec le texte dans ces doux asiles . Il est chant par Tlare dans notreproduction.) Pour les besoins de la prosodie, la musique est un peu modifie. Rameau remet en musiqueun mme texte (la supplication de Pollux Jupiter du troisime Acte Ah ! Laisse-moi percer jusques auxsombres bords).

  • 7/26/2019 Castor Et Pollux 1

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    Mais tout de mme, 1737, cest trs tt dans la carrire deRameau Hippolyte et Aric ie