pepper steak n°5

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Le Numéro 5 de Pepper Steak avec un gros dossier pour les films Batman de Christopher Nolan à l'occasion de la sortie de "The Dark Knight" + L'Incroyable Hulk.

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Page 1: Pepper Steak N°5
Page 2: Pepper Steak N°5

Dis batman! On peut s’aBonner a la version numé-riQue du magazine

sur internet !

Wow! Je peux même le lire

sur mon iphone !

-Editorial- Une chauve-souris, un géant vert et des pom-pom girls peroxydées, voilà le programme des réjouis-sances pour ce mois d’aout, der-nier numéro avant la rentrée Qui s’annonce des plus prometteuses pour l’avenir de ce magazine. Je tiens à ce propos à saluer tous les nouveaux aBonnés Qui nous rejoi-gnent chaQue mois et Qui, j’en suis sur, apprécient toujours plus la lecture de Pepper Steak. Sans vouloir vous dévoiler les ex-clusivités pharaoniQues Que nous vous réservons pour la rentrée, nous pouvons déjà vous donner QuelQues indices en vous disant Qu’une créature verte et imposante s’est invitée dans ce numéro, pré-sageant une invasion de même cou-leur, Quant à elle Beaucoup plus hostile. Je tiens au passage à ren-dre hommage à She-Hulk, qui aurait pu faire l’objet d’une série télé minable donc géniale, où l’héroïne eut été aussi absurde que les aven-tures dans lesquelles elle se se-rait lancée. Qui sait ce qu’aurait pu en tirer louis leterrier, lors-qu’il a réalisé son hulk, bijou vert que nous n’avons pas manqué de saluer dans ces pages. Nous avons même pu remarquer quelques rues familières dans son film, comme la yonge avenue où nous passons presque tous les jours, car oui, l’équipe du magazine est en ce moment à toronto. Ce qui donne droit à certain privilèges, comme d’aller voir batman dark knight avant tout le monde et en imax, ainsi que vous puissiez sa-voir toute la vérité sur ce film. Car ici ce n’est pas un film, c’est un évènement. Ce Qui m’a obligé à re-pousser le contenu sexuel promis, et Je tiens, en ma Qualité de rédac-teur en chef de ce magazine, à m’en excuser. Sacré Batman!

Constantin Berthelier

She-hulk

Haaa le grand dilemme de la penderie.

Chaque matin la même question : quel t-

shirt ? Plutôt cool, sérieux, relax, beau,

vindicatif, vintage, original, second degré?

Et bien si vous optiez pour tout à la

fois ? Oui, mais comment ? Et bien avec

le t-shirt Captain America, bien sur!

Certains vous diront qu’il est un peu

reac, d’autres qu’il est dépassé, il en y a

même qui iront jusqu’à dire qu’il est

mort. Une chose est sure cependant, le

Capitaine America ne laissera pas indiffé-

rent. Il ne fait aucun doute que vous

pourrez vous pavaner fièrement dans les

rues de votre ville avec les héros tricolo-

re de Marvel sur le torse.

La question est : Pourquoi le porter ?

Car Cap est le symbole du bien et de la

justice, il n’attaque pas, il défend. Et puis après 8 années d’administration George W

Bush, ce qui restait du rêve américain a été froissé. Il est donc grand temps de soutenir

nos chers amis les américains et de leurs montrer que nous sommes avec eux, que

nous croyons encore en eux pour un monde meilleur et que leurs héros restent près

de nos cœurs. Mais ne nous éloignons pas du sujet, car le principal est surtout de se

sentir bien dans ses habits, et qui mieux que le Cap pour vous donner un grand senti-

ment de protection et d’intégrité?

Bon, maintenant que vous êtes convaincu par le pouvoir tu T-shirt Captain America, la

question que vous vous posez déjà est bien sûr : Où le trouver ?. Deux méthodes sont

possibles : Pour la première, il vous suffira d’aller sur Internet le commander pour

environ 12€ sur www.slingshottshirts.com. Un excellent site qui grâce à son moteur

de recherche, va vous permettre de rapidement trouver votre bonheur. Ou dans la même veine vous avez aussi www.80stees.com, mais les prix y sont un peu

plus élevés. Le deuxième moyen est plus aléatoire mais plus méritant, il faut avoir un

peu de chance et réussir à le trouver perdu dans un petit coin de magasin. Mais une

fois trouvé c’est comme si il vous avait appelé, et une fois enfilé il sera votre ami pour

la vie !

Vive le Capitaine America !

Luc Lafont

Mais bon pour l’instant j’ai

Qu’un Batphone...

Pepper Steak est un fanzi-

ne culturel à but non lucratif

distribué gratuitement sur

Internet. Il est rédigé par

Constantin Berthelier et

Alexandre Coste à Lyon.

Pour poser vos questions ou

écrire à le rédaction, rendez

vous à l’adresse:

http://www.peppersteak.fr

Ou

[email protected]

Page 3: Pepper Steak N°5

PEPPY NEWS PEPPY NEWS PEPPY NEWS

Ils vont remettre ça. Paul Ander-

son a avoué sur Mtv qu’il allait

surement réaliser un quatrième

opus de Resident Evil avec son

égérie Milla Jovovich. Le travail

d’insulte au jeu vidéo continue,

et on se demande ce qu’il pour-

rait nous raconter maintenant

qu’il y’a personne sur terre à

part des clones de Milla et un

con avec des lunettes noires...

Entre The Dark Knight dont la

version finale n’est pas finie d’ê-

tre montée à l’heure où nous

bouclons ce numéro et le troisiè-

me opus de Batman déjà en

pourparlers, Christopher Nolan

va surement réaliser un remake

de la série culte Le Prisonnier.

Pour la télévision dans une série

de 6 épisodes. « Je ne suis pas un

numéro, Je suis une personne. »

Dépêches en vrac

Les Totally Spies, les trois espionnes préférées des

écolières françaises, arrivent au cinéma. Pas dans un

film live, mais dans un long métrage d’animation qui

sortira le 11 juillet 2009 sur les écrans français. Les

trois espionnes du Whoop vont devoir retrouver la

trace d’un certain Peppy Garou, qui veut « Fabulizer »

le monde à l’aide d’une machine infernale qui transfor-

me les gens vulgaires en esthètes du glamour. Espé-

rons que ce film sera meilleur que les longs métrages

sortis en DVD et que les scénaristes seront revenus à

l’essence si particulière des premiers épisodes!

Le tournage de Lucky Luke va

bientôt démarrer en Argenti-

ne sous la direction de James

Huth, réalisateur du Sérial

Lover, Brice de Nice et Hell

Phone. Lucky sera joué par

Jean Dujardin, Calamity Jane

par Sylvie Testud et Billy The

Kid par Michael Youn. Re-

mercions ces tocards d’Eric

et Ramzy pour avoir pourri

les Dalton pour qu’ils soient

finalement absents de l’histoi-

re. Verdict dans les salles

françaises le 21 octobre 2009.

John Barrowman, l’acteur fétiche

de la série Torchwood, a confes-

sé lors du comic-con de Sand

Diego qu’il était en pourparlers

pour incarner Captain America

au cinéma. Le film porterait le

titre de First Avenger: Captain

America. Et s’inscrirait dans un

grand projet cinématographique

Avengers qui inclurait Iron Man,

Hulk et d’éventuels Ant-Man ou

la Guêpe. Réponse en 2010 en

même temps qu’Iron Man 2 et

peut être le film Avengers la

même année.

Voici deux nouveau posters du kitchissime sur-

budgetté Dragonball, le chef d’œuvre que nous

attendons bien plus que nous avons pu attendre

The Dark Knight. Si on vous disait que c’est la Fox

qui produit ce film et que c’est la compagnie d’ef-

fets spéciaux qui a fait ceux des films X-MEN qui

ca s’occuper des kaméhaméhas, vous nous croi-

riez pas. Et pourtant, c’est bien vrai, même si

toutes les photos sur lesquelles on arrive à met-

tre la main ressemblent à un vieux film philippin

fauché. D’ailleurs seuls les asiatiques et nous ont

l’air d’exprimer de l’intérêt pour ce film...

Sortira le 9 septem-

bre un DVD long

métrage animé Spi-

der-Man de 70 mi-

nutes intitulé Attack

of The Lizard Man.

Le design sera celui

de la série animée

Spectacular Spider-

Man, chroniquée

dans le numéro 1 de

Pepper Steak.

Page 4: Pepper Steak N°5

L’ASCENSION DU CHEVALIER NOIR BATMAN BEGINS/THE DARK KNIGHT

Après l’ultime humiliation de Batman & Robin en 1995 qui

avait sérieusement discrédité le genre du super-héros dans l’indus-

trie cinématographique, tout semblait donner à croire que les

aventures de Batman au grand écran ne reviendraient pas d’ici de

longues années. Le film de Michael Schumacher se distinguant par

sa honte, son cynisme et sa volonté de proposer une lecture de

Batman rappelant la série des années 60, Batman avait fini par de-

venir la risée des amateurs de ciné, pour finalement devenir un des

nanars vieillissant le mieux avec l’âge.

Puis en amont, il y’avait les deux films de Tim Burton, l’un

retenu pour l’interprétation inoubliable de Jack Nicholson dans la

peau du Joker, et le deuxième devenu éternel pour son univers

gothique merveilleux, où tout est maitrisé, de la musique aux scè-

nes d’action. Tim Burton ayant fait du chemin depuis, s’ayant cons-

titué une fan-base réputée pour être les plus passionnés et les plus

exigeants. La licence Batman semblait donc perdue, reposant sur

ces quatre films autant appréciés que méprisés. Outre les films, le

spectre de la série animée elle-même produite par la Warner était

toujours dans les esprits et redonnait ses lettres de noblesse au

chevalier noir face au délire de Batman & Robin. Et même si selon

une majorité de cinéphiles, le film Batman parfait avait déjà été fait

avec le premier opus de Tim Burton, quelques fans hardcore de la

chauve-souris commencèrent à lever la voix pour dire que les

deux films du cinéaste ne respectaient qu’en trop peu de choses le

comic d’origine, que Michael Keaton n’avait aucune envergure sous

le costume, que la prestation du Joker n’était qu’un cabotinage

totalement libre de Nicholson et que Burton avait fini de noyer

leur héros dans ses délires gothiques dans le second volet. Ce

travail de désacralisation de Tim Burton en tant qu’artiste omnipo-

tent allait bientôt s’achever, surtout après les fiascos de Superman Reborn et de La Planète des Singes. Après le sacre, le lynchage.

Batman n’allait plus lui appartenir et allait retomber dans la sphère

publique, là où tous les super héros appartiennent.

Après l’immense succès de Spider-Man, et l’oubli croissant

de Batman & Robin qui subsistait péniblement sur le marché de

l’occasion, la Warner en était sure: le public serait bientôt prêt à

revoir Batman dans un long métrage au cinéma. Dans la course aux

films de super-héors qui suivit le film de Sam Raimi, la Warner

traina cependant les pieds, validant plusieurs projets conceptuels

plus ou moins boiteux pour justifier le retour du justicier de Go-

tham dans leurs priorités. Pas question de répéter l’imbroglio de

Superman Reborn, ni de singer le premier film de Burton, encore

indépassable aux yeux des producteurs malgré son vieillissement.

Plusieurs projets furent alors annoncés: Batman Frightened, ne de-

vait pas réintroduire le super héros et devait le faire combattre

l’épouvantail dans une aventure sombre et effrayante. Soucieux du

jeune public, la Warner décida d’abandonner cette idée qui n’of-

frait pas à Batman un combat assez grand pour son grand retour.

L’idée de Batman: Year One fit alors son apparition, n’étant rien

d’autre que l’adaptation du comic de Frank Miller du même nom.

Trop sombre, pas assez spectaculaire, l’idée qui fit pourtant beau-

coup de chemin fut abandonnée. Par le même temps, la Warner

songea à produire un film Batman Beyond, adapté du dessin animé,

où un nouveau Batman Futuriste combattrait de nouveaux mé-

chants. La série étant trop peu connue du grand public, la projet

fut vite abandonné. Pressés de sortir un film de super héros face à

la déferlante Marvel très prometteuse, DC comics et Warner

Bros. engagea Batman Begins, qui reprendrait des éléments de

Batman: Year One et proposerait une toute nouvelle introduction

au mythe. Ainsi fut évincé le long périple de Batman VS. Superman,

film aux mille fantasmes promis depuis des années par la Warner

et attendu de tous les fans. Pour la réalisation, une longue liste fut

envisagée avant l’engagement de Christopher Nolan (Memento,

Insomnia). Meme Joel Shumacher fut contacté, ansi que David Fin-

cher (Fight Club, Zodiac) ou encore Wolfgang Peterson. Le choix

de l’acteur principal fut bien plus difficile et des noms tels que Jos-

hua Jackson, Ashton Kutcher, Jake Gyllenhal, David Boreanaz fu-rent envisagés pour un Batman plus jeune. C’est finalement Chrisi-

tain Bale, défendu par Nolan, qui endossera le costume. Les se-

conds rôles furent aussi difficiles à déterminer, et Katie Holmes

dut se battre avec Natalie Portman ou Sarah Michelle Gellar pour

le rôle de Rachel Dawes. Coté écriture, David S. Goyer, auteur de

la trilogie et de la série Blade, signa le script final et réinventa cette

nouvelle saga, celle que tous les fans attendaient.

Page 5: Pepper Steak N°5

BATMAN BEGINS

RACHEL : Who are you ? At least tell me your name. BATMAN : It is not who I am underneath. But what I do that defines me. RACHEL : Bruce ?

Batman Begins raconte l’histoire tragi-

que du jeune Bruce Wayne, dont les

riches parents se font assassiner devant

lui par un voleur désespéré alors qu’ils

sortaient d’une représentation à l’opéra.

Traumatisé par cette vision, Bruce gran-

dit dans la volonté de se venger, laissant

l’empire financier bienfaisant de son père

à la dérive. Le jour du procès de l’assas-

sin de ses parents, les mafieux qui rè-

gnent toujours plus sur la ville tuent le

pauvre homme repenti devant Bruce

Wayne, qui ne peut plus satisfaire son

besoin de vengeance. Perdu, Bruce

quitte Gotham City pour parcourir le

monde à la recherche de soi, à la re-

cherche de son autre soi. Il le trouvera à

l’issue d’une longue initiation martiale et

spirituelle parmi la société des ombres,

une secte d’assassins menée par le cha-

rismatique Ras’Al’Gul. Laissé pour mort,

Bruce revient quelques années plus tard

à Gotham, jurant de combattre la crime

sous un symbole porteur d’espoir pour

les innocents et de crainte pour les

corrompus. Prenant sa propre phobie

des chauve-souris pour combattre la

corruption à tous les niveaux de la ville,

Bruce Wayne prend l’identité de Bat-

man, le justicier craint des criminels et

des politiques corrompus. Dans sa quête

de justice totale, il devra honorer le

rêve philanthropique de son père, sortir

sa ville de la désolation et transcender sa

propre création pour se retourner

contre l’homme qui l’a formé.

Avant de débuter le tournage, Christo-

pher Nolan invita toute l’équipe de son

film à une projection privée de Blade

Runner, le film policier futuriste de Ridley

Scott. A l’issue de la séance, il leur dit

simplement: Voilà. C’est comme ça que

l’on va faire notre Batman. Il est vrai que

certains plans studios de Gotham City

ressemblent aux rues de Blade Runner,

mais ce qui est du reste, tout est y est

neuf, propre et bien éclairé, ce qui fut la

première déception du film, là où tout le

monde attendait un Gotham City som-

bre, sale, à l’architecture gothique glau-

que. Prenant des éléments du comic

book Batman: Year One de Frank Miller,

Batman Begins introduit un Batman très

humain, qui rate ses premières interven-

tions, qui progresse et sort vainqueur de

la confrontation finale. Toutes les casca-

des ainsi que les dérapages psychologi-

ques des personnages sont expliqués

scrupuleusement, ce qui agace parfois

tant on a l’impression que le spectateur

est pris pour un idiot incapable d’un peu

d’imagination fantaisiste quand il s’agit

d’accepter des histoires incroyables.

Tout le film est par ailleurs bâti sur ce

schéma, ce qui déçoit de nouveau quand

on connait la galerie de tarés effrayants

que sont les personnages du comic-

book. Pour un film ayant pris la peur

comme thématique, rien fait peur ni ne

met mal à l’aise.

Le film est coupé en deux parties: une

première où Bruce Wayne suit son

périple dans une région reculée d’Asie

parmi la ligue des ombres, histoire d’ex-

pliquer pendant 45 bonnes minutes

pourquoi Batman est si fort, pourquoi il

arrive à se déplacer furtivement et à

disparaitre sans faire de bruit. Une fois

rentré à Gotham, la longue explication

de Batman pour les Nuls continue avec

une démonstration digne de Fred et

Jammy sur pourquoi la cape de Batman

se met en forme et lui permet de voler

et comment il va pouvoir s’accrocher

aux immeubles sans que sa corde ne se

casse. Dans la deuxième partie, la trame

se met en place autour de la destruction

de Gotham City, du retour de la ligue

des Ombres et de l’imposition de Bat-

man en tant que justicier local. Là enco-

re, les choses ont du mal à démarrer, les

enjeux épiques étant mal desservis et

l’envergure des méchants très insuffisan-

te. La première apparition du justicier en

tant que Batman est trop attendue et

trop discrète tant dans l’arrivée du

héros que dans sa façon de tabasser les

vilains. Et malgré le fabuleux « I’m Bat-

man » de Bale qui est à décrocher des

applaudissements, la scène se termine en

nous laissant perplexes, en nous deman-

dant si on est bien surs d’avoir vu Bat-

man. Nolan ayant les scènes de combat

avec câbles en horreur (on ne lui en

tiendra pas rigueur), il choisit une mise

en scène brute et traditionnelle pour ce

qui est de l’action en général. Le problè-

me, c’est que le montage trop rapide et

les cadres étouffés font que l’on ne

comprend pas grand-chose à ce qui se

passe, là où on attendait des scènes

aérées et vastes, la moindre des choses

quand on filme Batman, personnage

plutôt volatile. Malgré tout, le film offre

quelques scènes d’une rare intenisté,

comme la fuite de Batman de l’asyle

d’Arkham jusqu’à la batcave après une

superbe poursuite des policiers àprès la

batmobile ici relookée en immense

bolide. La musique de Hans Zimmer est

quant à elle parfaite en tous points,

sinon qu’elle ne correspond pas à un

univers comme celui de Batman. Encore

une fois, tout sert le film et la vision

épurée et ultre-moderne de Nolan, et

non le personnage de DC Comics.

Néanmoins, Batman Begins demeure le

film Batman respectant le plus le comic-

book contrairement à celui de Tim

Burton, tous les geeks lecteurs des

aventures de Batman sur papier vous le

diront. Au final, beaucoup plus de mal

que de bien, mais aussi cet espoir de

voir une suite avec le Joler digne de ce

qu’une telle histoire et un tel personna-

ge exige. Car si Batman Begins s’en tire

avec les honneurs, salué par la critique

et un bon score au Box Office, il n’en

reste pas moins porteur de tout ce qui

rend détestable la vogue actuelle des

préquelles ou des films introductifs, qui

oublient de raconter une vraie histoire.

Page 6: Pepper Steak N°5

THE DARK KNIGHT

Tant d’attentes, tant d’exigences, et pourtant ce

film est sorti, explosant tous les records d’en-

trées de l’histoire du cinéma, dépassant d’un poil

Spider-Man 3 de l’année d’avant. Un défi triple et

suicidaire, exigeant une confirmation de son

essai avec Batman Begins, de perpétuer la légen-

de de Batman au cinéma avec un sixième long-

métrage, et offrir une nouvelle interprétation du

Joker, l’archi-Némésis de Batman dont Jack

Nicholson détenait la légitime appartenance.

Christopher Nolan est un homme qui réussit. Il

impose, à contre-sens des exigences cinémato-

graphiques du moment et les piaillements des

geeks de Batman qui n’ont que le mot fidélité à

la bouche. A propos de fidélité, notons premiè-

rement que The Dark Knight n’est fidèle à rien de

déjà existant, pas même le premier film. Malheu-

reux seront ceux qui s’attendaient à une adapta-

tion du comic book de Frank Miller et malheu-

reux seront ceux qui attendaient une vraie suite

dans la lignée du premier épisode, là où l’on

sentait Nolan encore mal à l’aise avec certains

aspects du personnage. Pour cette suite, il va

jusqu’au bout de sa propre vision de Batman et

évacue tout ce qu’il n’avait pas complètement

osé étouffer dans le premier opus en inscrivant

de plain-pied son Batman dans une vision ultra

moderne et réaliste qu’il avait esquissé dans

Batman Begins. Scènes de jour, ville propre,

haute technologie, mise en scène sobre, appro-

che méthodique et réaliste des

figures psychologiques, tout le

terrain est préparé pour l’anar-

chie et la destruction incontrôla-

bles incarnées par le Joker. Ré-

ponse directe au premier épiso-

de qui racontait le voyage initiati-

que d’un homme devenu justi-

cier par le perfectionnement tant

mental que physique et sa

connaissance parfait des crimi-

nels, l’histoire du second épisode

raconte la destruction totale de

tous les édifices mentaux et

matériels qui faisaient de Batman

un héros respecté, craint et

indestructible. Le doute, l’impré-

visibilité, la folie, la beauté, des

ennemis implacables pour le

chevalier noir de Gotham. Avec

un budget peu conséquent de

130 millions de dollars, Nolan

signe ici ce que l’on tend à appe-

ler un blockbuster d’auteur, tant

le battage médiatique du film est à la mesure de

l’intimité avec laquelle le réalisateur l’a conduit.

Bénéficiant d’une pleine confiance du studio

Warner et d’une bénédiction sans égale d’un

public qu’il a su dompter, Nolan profite ici d’une

liberté totale pour ne faire confiance qu’en sa

propre méthode, ce qui lui permet de se hisser

au dessus des autres essayistes actuels du film de

super-héros pour réaliser un vrai film de cinéma

tout en ignorant les codes d’un genre encore en

évolution. S’il ne regarde pas ce que font les

voisins, on peut aussi penser que Nolan n’a pas

voulu retenir ce qu’on fait ses prédécesseurs

Burton et Schumacher. S’il tend à vouloir éviter

les passages obligatoires de ce que tout bon ou

mauvais film de héros en collant exige, c’est

pour mieux frustrer le geek, inviter le néophyte

au genre et obtenir le respect du cinéphile. A

vouloir cacher la dimension surnaturelle du

personnage qu’il a entre les mains, il agace d’a-

bord puis convainc ensuite, même si son obses-

sion de vouloir tout expliquer de façon ration-

nelle et raisonnée tend à ennuyer. Pourtant,

même s’il ne fait nul doute qu’il veuille voiler son

demi-dieu de papier devenue icône de la culture

pop, on sent tout au long du film le réalisateur à

l’aise avec le fait qu’il doit faire faire des choses

extraordinaires à son jouet de plastique dont le

ridicule est inhérent à sa splendeur. Nolan réus-

sit donc où Bryan Singer échoua avec ses X-

MEN, qui préférait justifier ses prises de risques

en se moquant de ses personnages plutôt que de

les introduire subtilement au public comme l’a

fait Nolan. Loin aussi de l’honorable méthode

Zack Snyder du « ça passe ou ça casse » avec

300 et Watchmen, Nolan décide pour son film

de renouer avec les codes d’un cinéma tradition-

nel de qualité, et semble vouloir refuser l’idée de

plus en plus répandue que le cinéma doit fusion-

ner avec les codes de la bande dessinée et du jeu

vidéo. Du respect, voilà ce qu’il donne à Batman.

Un respect ici plus fort que la fidélité, car Bat-

man étant, comme ses compagnons, un person-

nage public, tant d’interprétations et d’approches

ont fait que chaque auteur peut désormais pro-

poser sa vision du héros, ce que Nolan fait. De

la rationalité, du réalisme, voilà des ingrédients

bien choisis pour raconter l’histoire d’un quidam

anarchiste devenu esthète de la destruction

après avoir été défiguré par la vie. Le Joker, un

élément parasitaire dans un Gotham rendu de

plus en plus vivable grâce aux efforts conjugués

d’un héros indestructible, d’un flic incorruptible

et d’un politique idéaliste. Un système tellement

parfait, si bien coordonné et tellement unique

dans sa complémentarité qu’il deviendra facile à

un homme sans morale et sans interdits de tout

ébranler. Voilà la plus grande gageure du film ici

réussie. Rendre crédible une menace perpétrée

par un clown ne sachant pas se battre face à un

justicier ninja surentrainé et

suréquipé. Pour rendre cet enjeu

crédible, le film prend son

temps, 2h27 en tout. Pourtant,

les scènes sabrées à coup de

ciseaux se font sentir pendant

tout le film, et on regrette qu’il

ne dure pas trois heures complè-

tes. Ne se reposant pas sur le

charisme de son personnage,

l’histoire prend le dessus sur

tout, même sur le titre du film,

où le nom du super-héros est

remplacé par son surnom. Pre-

nant son envol seul avec l’hom-

me chauve souris aux antipodes

des méthodes Marvel semblables

au cinéma d’exploitation, Nolan

refuse les allusions à l’univers

DC en ne s’encombrant pas

d’une Justice League ou même

d’un Robin. Résultat, ces choix

inattendus le font approcher de

la sphère des Oscars...

Christopher Nolan, réalisateur de Batman Begins et The Dark Knight, est un

homme qui convainc, impose, sème le doute et finit par réussir à la fin.

Page 7: Pepper Steak N°5

THE DARK KNIGHT : L’AVENEMENT D’UN BLOCKBUSTER INTELLIGENT

Christopher Nolan voulait pour ce film tout

miser sur le Joker. C’est vers l’acteur défunt

Heath Ledger qu’il s’est tourné, lui demandant

de préparer son rôle de façon extrême, ce qui

l’a conduit à s’enfermer dans une chambre d’hô-

tel durant plusieurs semaines, travaillant les

mimiques et les tiques du plus grand criminel de

l’histoire de la bande dessinée américaine. Ayant

beaucoup de contrôle sur son film, Nolan a

décidé que ce Joker serait un personnage para-

doxalement sérieux, anarchiste, boiteux et im-

prévisible. Loin des cotillons et des pistoles à

drapeaux BANG de la bande dessinée, Heath

Ledger joue un Joker plutôt froid, à la fois drôle

et dérangeant, intelligent et esthète. Il se com-

plètera avec Batman, qui avait trouvé dans son

gout de la mise en scène et du spectaculaire un

moyen de combattre le crime. Le Joker, artiste

total, ne trouvera que dans le meurtre et la

destruction la finalité de son art et la jouissance

de se mesurer à un homme à la hauteur de sa

folie. Clin d’œil à des décennies de confrontation

sur papier à la télévision et au cinéma, le Joker

vaincu dira à Batman avec sagesse à la fin du film:

Je crois que nous sommes condamnés à faire ça

pour toujours. Car les interdits moraux de Bat-

man l’empêcheront toujours de tuer son enne-

mi, et le Joker ne s’abaissera jamais à éliminer

son précieux frère ennemi, par lequel il fait

briller son génie malfaisant. Dans un contexte

plus concret, loin des figures éternelles mani-

chéennes auxquelles ces personnages font écho

allant de Jean Valjean et Dorian Gray, les Batman

et Joker de The Dark Knight ne sont pas sans

rappeler des personnifications des craintes et

des croyances ébranlées de l’Amérique post 11

septembre. Si Batman est symbole d’espoir,

d’équité et de Justice appuyé par une logistique

aux moyens considérables, le Joker représente

cet ennemi sans nom qui parvient à mettre tout

un système par terre avec « quelques balles et un

peu d’essence ». La terreur pour rien, la terreur

par personne, juste un homme portant son âme

sur son visage, et la police, les politiques et le

justicier de perdre l’équilibre, puis le contrôle,

pour finalement se monter les uns contre les

autres et briser des règles d’éthique pour stop-

per l’hémorragie devenue insupportable.

Poussé dans ses derniers retranchements, Bat-

man fera un choix qui l’aliènera à jamais, accep-

tant ainsi de ne plus être porteur d’espoir mais

de justice draconienne. Ayant refusé de tuer le

Joker lorsqu’il en avait l’occasion, il préférera

pousser à l’extrême ses moyens technologiques

afin de violer l’intimité de tous les habitants de

Gotham pour pouvoir atteindre son ennemi.

Allusion indirecte à la loi Patriot Act du gouver-

nement Bush afin de débusquer des terroristes

sur le territoire américain, Batman choisit la

solution désespérée en toute connaissance de

cause. Ce choix qui le mènera vers la victoire lui

laissera un gout d’amertume, et les circonstances

narratives feront de lui un fugitif.

Heath Ledger, sur qui tout reposait, parvient

avec une maitrise inouïe à incarner cette terreur

meurtrière, appuyée par une écriture intelligente

inscrite dans le présent des péripéties politico-

policières, faisant parfois un peu trop d’ombre

aux scènes d’action. Sans parler d’un oscar pos-

thume dont la rumeur enfle jour après jour au

moment où nous écrivons ces lignes, il est inévi-

table de saluer la performance d’acteur du re-

gretté, qui parvient à imposer son

humour à double tranchant, sans

jamais tomber dans le cabotinage,

pas même pour une seconde. Un

beau pied de nez à Jack Nicholson,

qui ne sera jamais plus le seul

Joker aux yeux de tous les cinéphi-

les. Une autre superstar émergera

de ce film, à savoir Christian Bale,

qui grâce à son rôle de Batman,

est en passe de devenir le nouveau

Tom Cruise en faisait part de

projets aussi incontournables que

Terminator 4 ou Robin des Bois.

Grace à ses choix de qualité, No-

lan peut conserver des acteurs

aussi prestigieux tels que Michael

Caine dans le rôle d’Alfred Penny-

worth et Morgan Freeman dans le rôle de Lucius

Fox tout en évinçant discrètement la petite

Katie Holmes, parfois regrettée. Malgré ce

contrôle que Nolan a eu sur son film, il est re-

grettable de constater que le délire autour du

film ait sérieusement altéré sa qualité. La durée

finale du film ayant été décidée deux semaines

seulement avant la sortie du film, on remarque

que le cut final souffre d’énormes erreurs de

montage, sans parler des raccords bâclés et des

règles cinématographiques de base bafouées.

Ainsi, Bruce Wayne parle sans que ses lèvres ne

bougent, Batman et Harvey Dent se parlent en

ne se regardant pas, le Joker parvient à s’échap-

per trois fois dans le film sans qu’on sache com-

ment, et des personnages apparaissent dans les

scènes comme au théâtre sans qu’on les ai vus

arriver. Seul vrai point noir du film qui gâche les

progrès de Nolan pour éviter sa gestion du

rythme trop frustrante avec laquelle il nous avait

donné la nausée avec Batman Begins, il est aga-

çant de remarquer que l’on regarde de plus en

plus de films en espérant que sortira une version

vidéo plus longue et moins charcutée. Loin pour-

tant du fiasco de Spider-Man 3, The Dark Knight,

avec son scénario exemplaire et ses personnages

réussis, méritait trois heures de durée pour

devenir le grand classique qu’il aspirait à devenir.

Pour ce qui est du genre du film de super héros,

il est indéniable qu’il est devenu une référence

absolue, chose que l’on ne croirait plus revoir.

Bizarre, douteux, mais de grande qualité et

terminé à la va-vite, The Dark Knight est louable

dans la volonté de son réalisateur à convaincre

tout le monde qu’il est possible de faire d’une

histoire d’homme en collant un vrai film, tout en

restant loin de la surenchère merveilleuse à

l’instar d’un Burton, et en ne se baissant pas à

l’humour cynique et complexé d’un Bryan Singer.

Car The Dark Knight est un film intelligent et

passionnant avant d’être divertissant, et laisse à

son spectateur l’impression d’avoir vu une gran-

de épopée où des monstres victimaires font

affronter leurs caractères propres vers une issue

tragique, affranchie de toutes références et de

tous codes contraignants. Voilà comment recon-

naitre une œuvre véritable. Quand on la déteste

d’abord pour finalement l’adorer.

Page 8: Pepper Steak N°5

BATMAN: GOTHAM KNIGHT

Dans l’opération de lavage de cerveau sans précédent pour promotionner The

Dark Knight sur les écrans cet été, la Warner propose ce petit amuse la bouche

qu’est Batman Gotham Knight, produit dérivé officiel du film et pièce notable de

la collection DC Universe chère à Bruce Timm, regroupant des longs métrages

animés mettant en scène les héros DC tels que Justice League: New Frontier (voir

critique du mois dernier) ou Superman: Doomsday. Regroupant six courts métra-

ges écrits et réalisés par des scénaristes et réalisateurs différents, ce film ra-

conte les chroniques de notre justicier aux oreilles en pointe dans des aventures

sensées se passer entre Batman Begins et The Dark Knight. Si les histoires ont été

écrites par des américains tels que Brian Azzarello ou David S. Goyer, ce der-

nier n’étant autre que le scénariste des deux films de Nolan, la réal a elle été

confiée ou plutôt commandée à des studios mangas au japon. Le DVD regorge

de doublages et de sous-titres asiatiques, trahissant la stratégie de vente du

DVD et du film Dark Knight en Extrême Orient, laissant une fois de plus ce gout

amer qu’il ne s’agit que d’un produit d’achalandage pour le film en salles.

Cependant, et même si le film se targue d’être une réussite en demi-teinte, il

n’en reste pas moins une superbe curiosité, belle, triste et violente. Car si l’on

avait pu voir chez nos libraires des aventures de Batman dessinées par des man-

gakas, le charme n’était pas du tout au rendez-vous. Prenons alors ce film com-

me une dégustation d’un plat américain traditionnel à la sauce manga.

Batman Gotham Knight.

Durée: 76 minutes.

Langues: Anglais, Japonais,

Portuguais, Espagnol, Thaïlan-

dais.

Sous-Titres: Anglais, Japonais,

Espagnol, Portugais, Thaïlandais,

Bonus: Commentaire Audio

des scénaristes et producteurs

américains. Document sur les

ennemis de Batman et portrait

de Bob Kane. (A voir!)

Have I Got A Story To Tell You. Réalisé par Shoujirou Nishimi.

Ecrit par Josh Olson.

La couleur est annoncée dès le plan d’ouverture de ce premier

segment. Il ne s’agira pas d’un film DC Universe comme les autres.

Dans un skate-park, quatre gamins skateurs américains parlent

tour à tour de leurs témoignages de l’homme chauve-souris. Van-

tards, les gamins ne peuvent s’empêcher d’en rajouter, ce qui don-

ne des scènes d’action où des Batman très différents affrontent des

vilains eux aussi très imagés. Les décors sont somptueux et sure-

ment travaillés d’après photo.

Crossfire: Réalisé par Futoshi Higashide. Ecrit par Greg Rucka.

Les détectives Allen et Ramirez, deux flics sous les ordres du com-

missaire Gordon, doivent escorter un pirate informatique vers une

prison dans le quartier le plus dangereux de Gotham, les Narrows.

Véritable enfer sur terre où tous les fous sont parqués dans une

terre de désolation au plein milieu de la ville, cet endroit charmant

sera le théatre d’une fusillade entre deux gangs où Batman devra

protéger les deux flics tombés en embuscade.

L’ambiance est réussie, les Narrows vraiment effrayants et Batman

d’abord abordé comme une rumeur fantomatique apparait pour

vraiment s’imposer dans le combat final d’une violence inouïe.

Field Test: Réalisé par Hiroshi Morioka. Ecrit par Jordan Gold-

berg. Un Bruce Wayne dessiné comme un beau gosse de manga

pour jeunes filles met au point un bouclier pare-balles spécial à

l’aide de Lucius Fox, son mécano secret. Lors d’une fusillade entre

deux gangs rivaux, Batman fait ricocher une balle destinée pour lui

sur un autre gangster et manque de le faire mourir. Batman devra

alors toujours mettre sa vie en jeu pour protéger celle des autres. Histoire manquée, narration longue, morale faible, ce segment est

celui qu’on oublie le plus vite, tant par la faiblesse de l’histoire et la

réal un peu trop déjà vue.

In Darkness Dwells. Réalisé par Yasuhiro Aoki. Ecrit par David S.

Goyer.

Le scénariste de Batman Begins et de The Dark Knight se paye la

meilleure réalisation pour son histoire effrayante, qui amènera

Batman dans les entrailles de Gotham City; où il devra affronter

Killer Croc dessiné comme un monstre de foire de cirque. Cette

piste le mènera à retrouver l’Epouvantail qu’il avait laissé s’échap-

per durant la crise des Narrows dans Batman Begins. L’épouvantail

est ici érigé comme un gourou dans un rituel ignoble où ses sui-

veurs sont sous l’effet de sa toxine.

Segment le plus réussi du film, cette histoire renoue avec Batman

Begins et en même temps prolonge la continuité des segments

précédents. Même si l’enjeu de l’histoire reste extrêmement sim-

pliste, les effets vertigineux de la réalisation, la violence des com-

bats et le pragmatisme de Batman en fait un très bon résultat.

Working through pain. Réalisé par Toshiyuki Kubooka. Ecrit par

Brian Azzarello. Blessé à mort dans les égouts de Gotham, Batman

se remémore son périple en Orient où il apprit les mystères du

fakirisme. Un montage alterné le montre en train de lutter contre

la mort à Gotham et son apprentissage douloureux avec une fem-

me fakir considérée comme une sorcière. Trop sentimentale, cette

histoire n’atteint pas la profondeur qu’elle promet dès son début,

et tout se perd dans des clichés et des couleurs kitchos sensées

dépayser le spectateur. Mais tout finit par ressembler à une carte

postale de centre commercial. De plus, l’image de fin n’est justifiée

que par l’introduction à l’histoire suivante, et ne boucle pas vrai-

ment la boucle.

Dead Shot. Réalisé par Jonk-Sik Nam. Ecrit par Alan Burnett.

Introduisant un personnage du comic, Deadshot, ce dernier chapi-

tre vient clore le film en beauté, avec une confrontation au som-

met entre le super vilain et l’homme chauve-souris. Signé Alan

Burnett, connu pour ses nombreux scénarios de la série animée

Batman et Batman Beyond, le segment animé comme un manga

très traditionnel met en scène un combat des plus spectaculaires et clôt la thématique de l’aversion envers les armes qu’éprouve

Batman tout en protégeant le commissaire Gordon, son seul véri-

table allié. Une poursuite sur un train et une tentative folle de

Batman de se mettre devant les balles pour les arrêter, justifié par

la vision traumatisante du meurtre de ses parents. Ce choix d’ap-

proche n’est pas sans rappeler celle de son frère d’arme Superman,

dont une des caractéristiques fondamentales est justement d’avoir

un torse sur lequel les balles rebondissent. Comme il dirait si bien,

« Je ne suis pas un boy-scout » La légende est servie. Batman est le

chevalier noir de Gotham.

Page 9: Pepper Steak N°5

THE INCREDIBLE HULK

Cocorico! L’incroyable Hulk revient au

cinéma dans un merveilleux film adaptant

les aventures de l’antihéros de Marvel,

jetant aux oubliettes le faux film d’auteur

d’action de Ang Lee. Pourquoi crier cocori-

co? Parce que ce bijou est signé par un

français, Monsieur Louis Leterrier. Et ce

n’est surement pas un hasard si le film sort

le même été que Iron Man, car comme

nous en avons déjà parlé dans les pages de

ce magazine, l’univers Marvel au cinéma est

en train d’évoluer, en train de préparer un

second souffle, ou peut être en train de

transformer l’essai pour une immense saga

où nos héros favoris s’entrechoqueraient

dans un univers déterminé et cohérent.

Tout ceci n’était qu’un échauffement? De-

puis Blade en 1998 à L’incroyable Hulk en

cet été 2008, tous les films Marvel n’étaient

peut être que l’augure d’un vaste projet

aussi intéressant au plan cinématographique

que mercantile mettant en scène l’univers

Marvel pour un vrai cinéma d’exploitation,

où la qualité des films trouveraient leur

équilibre dans leur quantité, et où le spec-

tateur irait suivre au cinéma les aventures

de ses super héros comme s’ils les sui-

vaient dans une série télé. Ce qui nous

permettait d’avancer une telle hypothèse

était la fin cachée de Iron Man après le générique, les rumeurs et annonces inces-

santes de Marvel concernant un film Aven-

gers, Captain America, autres Venom ou

Ant-Man, et les interactions toujours plus

fréquentes entre l’univers ciné et l’univers

comics. Non content de ça, la fin de L’in-

croyable HULK offre la réapparition d’un

personnage sympathique qui nous avait été

introduit il y’a deux mois de cela...

Là où personne n’attendait plus rien d’un

film HULK tant le premier essai avait été

manqué, Louis Leterrier déterra ce person-

nage pour le réinventer totalement, et

n’ayant pas peur de la 3D grossière pour

avancer un film qui pète dans tous les sens

ni de la taxation de son film comme une

croute numérique indigeste, arrive sur nos

écrans une nouvelle aventure de Bruce

Banner et de son alter ego monstrueux,

totalement réussie, jouissive, nerveuse et

écrasante. Nuancé avec justesse, le film

commence comme un film d’action à sus-

pense avec une chasse à l’homme dans les

favelas brésiliens pour finir en film de

monstre titanesque dans les rues de To-

ronto. Euh… New York, pardon. Ceux qui

craignaient que le film réitère la longue

explication rationnelle de comment un

simple péquin peut se transformer un mala-

bar vert et géant seront rassurés, car la

catastrophe de l’expérience aux rayons

gamma du Dr. Banner est implicitement

racontée dans le générique d’ouverture,

c'est-à-dire en 2 minutes. On retrouve

alors le Dr. Banner en fuite au brésil alors

qu’il est toujours recherché par ce militaire

ripoux qu’est le père de sa fiancée, la mê-

me qu’il a amochée après s’être transformé

un HULK. Alors qu’il essaie de trouver un remède à son effrayante maladie, Banner

suit des séances d’anger management à

coups de méditation et d’arts martiaux.

Mais les circonstances ne vont pas tarder à

le pousser à fuir à nouveau, pour revenir

aux Etats-Unis, renouer avec sa nana, et

tenter d’éradiquer une fois pour toutes ses

mauvaises cellules grâce à un allié mysté-

rieux.

Il ne fait nul doute que Leterrier a souhaité

non seulement oublier le film de Ang Lee,

mais aussi renouer avec le comic mais aussi

avec la série télé. Des plans ont même été

repris du générique, comme celui du Dr.

Banner dans son fauteuil, recevant un laser

vert sur son front. Et il y’a ce moment

sismique, que tout le monde avait attendu

dans le premier film mais qui n’était pas

venu. Celui où Hulk se met à parler pour

dire: HULK SMASH! Et la salle d’applaudir,

les fans de s’épanouir de voir enfin leur

héros prendre la parole pour ces mots

fondamentaux. SMASH pour la destruction.

BETTY pour l’affection.

Le bon point du film est aussi ce casting

incroyablement riche pour un petit block-

buster pas franchement cérébral, qui fait

appel à l’incontournable Edward Norton le

maigirchon éternel et à la magnifique Liv

Tyler, fille de rockstar à la voix ultra repo-

sante. Dans le rôle du méchant, Tim Roth

est parfait en militaire arriviste et prêt à

toutes les saloperies pour être pris au

sérieux. La confrontation finale quand à elle

ne décevra personne, malgré la maigreur

du super méchant qui n’est pas sans rappe-

ler celui de Iron Man. Mais Leterrier à par-

ticulièrement réussi cette scène là, débu-

tant la confrontation dans la rue et la finis-sant dans des ruines décorées de piliers

pseudo antiques qui donnent l’illusion de

regarder un peplum mettant en scène les

Titans. Pas une minute d’ennui, une action

maitrisée à la pince à épiler, Louis Leterrier

réussit à faire oublier que son Hulk est en

3D bâclée par une mise en scène exemplai-

re. Rebaptisons le film: L’incontournable

HULK. SMASH!

Réalisé par Louis Leterrier (Le transporteur 1 et 2) Avec Edward Norton (Fight Club,) Liv Tyler (Le Seigneur des Anneaux),

Tim Roth (Funny Games US, Pulp Fiction). Ecrit par Zack Penn, Musique de Craig Armstrong (Tomb Raider 2, Moulin Rouge).

Page 10: Pepper Steak N°5

Réalisé par Steve Rash (Bring It On: All or Nothing, American Pie Presents Band Camp)

Ecrit par Alyson Fouse (Bring It On: All Or Nothing, Scary Movie 2). Avec Ashley Ben-

son,, Cassie Scerbo, Michael Copon, Jennifer Tisdale. Chanson de

Ashley Tisdale. Produit par Universal, Beacon Pictures.

Ashley benson Cassie scerbo

CritiQue DVD Par constantin Berthelier

Non contents d’avoir sortis la licence Bring It On de

la boue avec leur All Or Nothing, le réalisateur Steve Rash et

la scénariste Alyson Fouse réitèrent leur essai avec ce qua-

trième opus de la désormais légendaire saga des Cheerleaders américaines.

Après blonde gentille contre black sympa (Bring It On), puis blonde gentille

contre blonde méchante (Bring It On Again) et blonde gentille avec black

moitié gentille contre blonde méchante (Bring It On: All or Nothing), voici

blonde gentille contre blonde fausse méchante qui s’allient contre l’adversité.

(Pas mal!) Dans cet épisode, deux équipes s’affrontent dans un stage de va-

cances pour un voyage autour du monde. L’une représente la cote Ouest,

l’autre la cote Est. On croit d’abord à une confrontation entre cheerleaders

classes snobinardes et cheerleaders vulgaires, lisses et brillantes, mais rien

de tout cela, car tout sent la javel et le polyester neuf des deux cotés. Pour

illustrer cette impression, notons la réplique légendaire de Cassie qui sort

du bus: « J’adore l’odeur fraiche du spray pour cheveux du matin... » Bref

les producteurs ont bien compris que pour maintenir le niveau après la fabu-

leuse prestation de Hayden Pannetierre dans le film d’avant, il allait falloir

jouer la carte de la blondeur à fond les manettes. D’où cette confrontation

incroyable et encore jamais vue dans la saga entre ces deux blondinettes

plutôt prometteuses que sont Ashley Benson et Cassie Scerbo. Dans les

seconds rôles, on observera Jennifer Tisdale, la sœur d’Ashley Tisdale, la

superstar de High School Musical, qui signe ici le générique de fin. C’est aussi

la première fois que la saga ose un enjeu Shakespearien, avec une histoire

d’amour entre des tourtereaux aux destins croisés qui va naitre de la rivalité

d’entre les deux équipes ennemies. (C’est pas moi qui le dit, c’est le réal).

Parmi les références éhontées, on note celle à la comédie musicale West

Side Story, lorsque les deux équipes décident de s’affronter en pleine rue en

faisant du Krump. Ou du Stomp, je sais plus les nuances exactes.

Des camps ennemis, une rivalité inévitable, sauf si le Spirit Stick d’Herkie

Hermeier (le penseur du Cheeleading Moderne) disparait alors que la capi-taine de la cote ouest en avait la responsabilité! Une erreur aussi grave ne

pouvant être tolérée par la propriétaire des deux équipes rivales, une allian-

ce ne pourra qu’être la seule solution pour éviter la disqualification immédia-

te. Les deux sœurs ennemies feront alors équipe pour battre les Flamingos,

des Cheerleaders apparemment invincibles…

Tourné dans le parc paradisiaque et surréaliste d’Universal en Flori-

de, tout le décor à base de palmiers, de soleil et de couleurs de glace vanille-

fraise sert cette histoire simple et idiote, où la romance entre la capitaine

des Cheerleaders et le soldier boy hispanique est aussi mal écrite que les

crêpages de chignon entre ces deux morveuses de pom-pom girls en chef. A

l’instar du premier opus, la dose de petites remarques à caractère raciales

ou communautaires est présente, toujours aussi peu utile est aussi mal vues

que dans l’épisode précédent. On observe là une Amérique qui ose de plus

en plus parler de ces petits problèmes avec les noirs ou les gays, mais qui s’y

prend de mal en pi. Pour ce qui est de la réal,

tout est mis en œuvre pour servir l’image des

nanas en short ou en jupette, même si la costu-

mière mérite le peloton d’exécution pour son

habillage catastrophique de la gente masculine.

Bref tout est parfait jusqu’aux routines de fin

de film, où la réal s’avère catastrophique et

adynamique alors que les acteurs et les cheer-

leaders pros exécutent des numéros des plus

spectaculaires. Il ne suffit pas d’avoir des blon-

des canon et douées, il faut aussi savoir les

filmer.

Pourtant, les bonus regorgent de scènes cou-

pées de routines spectaculaires et de sessions

d’entrainement des acteurs. On a même droit

à un court particulier, pour celles qui décide-

raient de s’y mettre. Le DVD ne sortira proba-

blement jamais en France mais rassurez vous,

le DVD Zone 1 est doté d’une piste française

des plus nanardes. A acheter tout de suite!

Ashley Tisdale

Zone 1