paul gautier. un chrysobulle de confirmation rédigé par michel psellos. revue des études...

8/3/2019 Paul Gautier. Un chrysobulle de confirmation rdig par Michel Psellos. Revue des tudes byzantines, tome 34, 197

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Paul Gautier

Un chrysobulle de confirmation rdig par Michel PsellosIn: Revue des tudes byzantines, tome 34, 1976. pp. 79-99.

Rsum

REB 34 1976Francep. 79-99

P. Gautier, Un chrysobulle de confirmation rdig par Michel Psellos. Edition critique d'un chrysobulle conserv dans le

Parisinus gr. 1182 et le Vaticanus gr. 672. Un empereur anonyme accorde un de ses favoris deux domaines voisins de la

capitale, dont l'un vient d'avoir t confisqu un autre serviteur du trne impliqu dans une conspiration. Ce haut fonctionnaire

qui bnficie de la faveur impriale a pu tre identifi : c'est le magistros, prtoaskrtis et mystikos Epiphane Philartos. On a

pu galement tablir l'identit de l'autre personne : il s'agit du patrice et prpos aux suppliques Nicolas Cheilas. De l'enqute

prosopographique et historique il ressort que ce chrysobulle a d tre octroy par Constantin X Doukas vers 1060/1061.

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Gautier Paul. Un chrysobulle de confirmation rdig par Michel Psellos. In: Revue des tudes byzantines, tome 34, 1976. pp.

79-99.

doi : 10.3406/rebyz.1976.2043

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1976_num_34_1_2043
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_75http://dx.doi.org/10.3406/rebyz.1976.2043http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1976_num_34_1_2043http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1976_num_34_1_2043http://dx.doi.org/10.3406/rebyz.1976.2043http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rebyz_75


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UN CHRYSOBULLE DE CONFIRMATION RDIGPAR MICHEL PSELLOS

Paul GAUTIER

Le texte du chrysobulle que nous publions ci-aprs a t conserv dansdeux manuscrits du xme sicle rputs pour contenir la majeure partie desuvres de Michel Psellos : le Parisinus graecus 1182 (sigle P)1 et le Vaticanusgraecus 672 (sigle V)2 ; on ne prendra pas en considration le Vaticanusgraecus 19003, qui n'est qu'une copie tardive (xvne s.) et sans intrt dusecond. Dans le chrysobulle se trouve insr (f. 152V-153) entre : a) uneinterprtation allgorique de la chane d'or d'Homre4, et b) une lettreau protosyncelle (Lon Paraspondylos) sur les miracles oprs par Grgoirele Thaumaturge5. Dans V il figure entre : a) un document imprial concernant n change de proprits (le chrion Ai Kalai, sis dans la banlieueasiatique de Constantinople) entre un empereur (Michel Doukas ?) et leprotoprodre et grand drongaire de la Veille Constantin, neveu du patriarche

1. Cf. H. Omont, Inventaire sommaire des manuscrits de la Bibliothque nationale, I,Paris 1898, p. 247-251. Pour la composition du manuscrit, dont les folios sont passablementrouills, on consultera l'tude fondamentale de D. Serruys, Note sur le manuscritde Psellus : Parisinus 1182, BZ 21, 1912, p. 441-447.2. Cf. R. Devreesse, Codices Vaticani graeci. Tomus III. Codices 604-866, Cit duVatican 1950, p. 122-126.3. Cf. P. Canart, Codices Vaticani graeci. Codices 1745-1962. Tomus I. Codicumenarrationes, Cit du Vatican 1970, p. 581-586.4. Ed. K. Sathas, Sur les commentaires byzantins, Annuaire de VAssociation pourV encouragement des tudes grecques en France 9, 1875, p. 215-219.5. Ed. Kurtz-Drexl, Michaelis Pselli scripta minora (dsormais cit SM), I, Milan1936, p. 142-144.


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80 P. GAUTIERMichel Crulaire, qui reoit en contrepartie de son chrion Ai Kalai deuxchria situs en Thrace (Kyklobion et Hagios Stephanos)6, et b) une lettrede Psellos Michel Doukas7. Comme on s'en rendra compte la lecture del'apparat critique, V se signale l'attention par un grand nombre devariantes, d'additions et d'inversions; on serait tent de prime abord dedonner la prfrence ce tmoin plus prolixe, mais l'examen de ses leonsrvle qu'elles sont pour la plupart superftatoires et que le texte de achance d'tre le plus sincre.Ce document imprial, dj dit par Sathas8, uniquement d'aprs P,n'est pas complet : il se trouve amput de deux parties essentielles, le pro-

6. Ibidem, p. 356-360 : texte extrait du Vaticanus graecus 672, tmoin unique.7. Idem, SM , II, n 188.8. K. Sathas, MB, V, Paris 1876, p. 213-217.

CHRYSOBULLE1 . . Il n'y a pas lieu de s'tonner si, la vue du grand soleilProouiuon . , : ,, . , ,, . , , ,ui brille d une immense clart, qui chevauche sur leshauteurs, qui du haut de la vote cleste illumine la terre entire et dans sa course la fois double et oppose irradie le levant et le ponant, le nord et le midi, quelqu'un est saisi d'admiration et de stupeur et est par tous ses sens suspendu salumire, et s'il le rvre par un flot de paroles. En effet, ce qu'il voit le stupfait,il exprime par la parole ce qu'il ressent et , ses sens jouant le rle de tmoins devantla grandeur, il est pouss l'admiration et la louange par tout son souffle vital2.Et si, la vue d'un basileus rutilant de pourpre et de perles, qui rend la justice

1. Ce lemme introduit par les copistes caractrise adquatement le document, puisquele terme revient deux fois dans le corps du texte (1. 70, 102). On notera qu'il ne s'agitpas d'un chrysobulle de donation, mais d'un chrysobulle de confirmation (1 . 68-71).Sur ce type de document, voir Denise Papachryssanthou, Actes du Prtaton, Paris 1975,p. 182. Il parat bien en effet que la donation inconditionnelle du chrion situ prsde Phlrion, qui avait jadis fait l'objet d'un change (1. 57-59), ait t conteste parles prcdents propritaires, et c'est pour couper court ces revendications que le prtoa-skrtis Epiphane a sollicit ce chrysobulle de garantie. Le long expos sur les avatarsde ce chrion a pour objet de ustifier les droits impriaux sur cette proprit et, en consquence, la lgalit de la donation. Cette traduction a t revise par le P. Hlias etDenise Papachryssanthou : qu'ils soient remercis pour les corrections et suggestionsqu'ils ont proposes.


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UN CHRYSOBULLE DE CONFIRMATION 81tocole et l'eschatocole, qui eussent fourni les lments d'identification(date et signature) que nous sommes maintenant rduit rechercher parle biais alatoire d'une enqute prosopographique. En effet, le seul moyende connatre l'empereur au nom duquel Michel Psellos a rdig ce chrysobulle st de situer chronologiquement les quelques hauts fonctionnairesqui y sont mentionns et notamment le prtoaskrtis qui ce documenttait destin. Nous diterons d'abord le texte grec en respectant les divisionsdes divers lments qui caractrisent la rdaction de cette catgorie d'actesimpriaux9. Puis, nous procderons l'identification des dignitaires nommsdans le chrysobulle.

9. Cf. F. Dlger-J. Karayannopulos, Byzantinische Urkundenlehre. I. Die Kaiserurkunden, Munich 1968, p. 117-125, spcialement p. 120-122. Sur le genre littraire duprooimion, on consultera H. Hunger, Prooimion, Vienne 1964 ; R. Browning, Noteson Byzantine Prooimia, Vienne 1966.

& , -

' ,5 - ^ " , , -, , '-, . ' , = Parisinus graecus 1182, f. 15253 ; V = Vaticanus graecus 672, f. 282^-284.3-5 , V || 9 V

2. Le rdacteur a emprunt l'expression Plutarque (Moralia. De communibusnotitiis, 46 : Bernardakis, VI, p. 357 12) ou plutt son auteur favori, Synsios de Cyrne(De insomniis, 5 : PG 66 , 129342). Sous la plume de Psellos elle ne vise qu' l'enjolivement,et on se gardera de lui attribuer quelque valeur philosophique.


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82 P. GAUTIERpar son sceptre, comme on dit3, qui par la chane d'or de ses paroles tient suspenducomme du haut du ciel4 tout tre et toute force, quelqu'un tremble et adore, ilne fait donc pas non plus une chose inoue et trangre au comportement ducommun.Ce qui, en revanche, est tonnant, c'est que quelqu'un, estimant digne de lasituation suprme et impriale celui qui se trouve dans un tat infrieur, parcequ'il voit son dsir ralis et l'avenir comme tant dj prsent, met au rang desbasileis celui qui alors avait place parmi le commun, qu'il lui tmoigne vnrationet dfrence et accomplit tous les gestes qui caractrisent l'attitude d'un sujet.Or, tel s'est montr et manifest envers notre Pouvoir le magistros et prtoa-skrtis Epiphane5 : ayant vu sans doute en nous quelque vague lueur6, il aconjectur que c'tait une lumire d'origine solaire ; il a honor notre clat terrestre comme si c'tait un flambeau supraterrestre ; il a admir ce qui n'taitchez nous que coucher du soir comme un lever de soleil l'aurore, et il a discernla volont indicible de Dieu notre endroit par de mystrieux enfantements ducur7.

C'est pourquoi notre Pouvoir l'a pris en considration,arrao . , \ , , , , a intgr dans le corps des serviteurs du trne, la promu un grand honneur et lui a confi la charge de mystikos du Pouvoir8. Mais notrePouvoir veut maintenant accrotre aussi sa fortune, pour qu'il dispose d'uneaisance matrielle conforme l'minence de son rang illustre. Ma majest l'tablitdonc propritaire de deux proasteia (domaines), et le terme est exact : leur appellation est conforme l'tymologie, puisqu'ils sont situs proximit de laVille. L'un en effet se trouve prs du village qu'on appelle Phlrion9, l'autre

3. Cette expression d'origine homrique (cf. Iliade, , 206) semble emprunte textuellement Philostrate {Vita Apollonii, 1, 18). Psellos l'emploie encore dans une lettre(Sathas, MB, V, n 182, p. 46321) adresse Jean d'Euchata selon le Parisinus graecus1182, f. 233V, mais Nicolas Sklros selon le Barberinianus graecus 240, f. 136 (fausseinscription).4. Encore une expression emprunte Homre (Iliade, vin, 19) qui revient souventchez Psellos.5. Sur ce haut fonctionnaire, voir plus bas. Le texte ne permet pas de dcider siEpiphane tait prtoaskrtis avant l'avnement de l'empereur, mais ceci parat probable.6. Emprunt possible un auteur bien connu de Psellos, Olympiodore (In Aristotelismeteora commentaria, 18 , 12 : Stiive, p. 148). Elle figure aussi chez Jean Chrysostome(Homilia 41 in Johannem : PG 59 , 23531).7. Emprunt possible Platon (Lettre 2, 313a). Ici s'achve le prooimion en troissections correspondant au type dcrit par H. Hunger, Prooimion, p. 189-190.8. On notera que la charge de mystikos, qui dans les taktika du Xe sicle est de quelquesdegrs infrieure celle de prtoaskrtis (cf. N. Oikonomids, Les listes de prsancebyzantines des IXe et Xe sicles, Paris 1972, p. 2492731 : taktikon Bnsvic ; p. 271 la15 :taktikon de l'Escorial) est prsente ici comme une promotion par rapport celle-ci.On se gardera d'en dduire qu'elle lui tait devenue suprieure. La promotion d Epiphaneparat consister cumuler deux charges : le chef de la chancellerie devient aussi le conseillerpriv et le confident de l'empereur. La disparition de ce cumul aprs le ixc s. (ibidem,


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. , ' 15 , , . -20 , , ' .25 * , ' . 30 * , *

11 V 12 V 19 V 20 V21 om. 22 : V 30 V 31 om. ||

. 324) et la sparation des deux charges dans les documents des xie-xue sicles accusentle ct exceptionnel de la position d'Epiphane.9. Ce chrion est mentionn par Jean Comnne dans son typikon du Pantocrator(cf. P. Gautier, Le typikon du Christ Sauveur Pantocrator, REB32, 1974, p. 123, 1. 1562).A. SamotrakS ( , 28 , 1963, . 543), s'appuyant sur des renseignements fournis par M. Gdon ( , 6, 1936,. 18-19), le situe entre Constantinople et Rgion (Kuuk-ekmece). Ce petit villagese trouve de fait presque mi-chemin entre Rgion et Hagios Stephanos (San Stefano),prs de la voie ferre. Il est relev sur la carte militaire allemande (1/200 000) de 1915 :Floria iftlik, 2,5 km l'est de Rgion. On glanera des donnes intressantes sur sontat au xixe sicle dans A. Paspats, , ' 12 , 1875, . 40.


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84 P. GAUTIERjouxte le village Ta Galataria10. Le possesseur prcdent tait le prpos auxrequtes Nicolas11, qui ne les avait pas acquis tous les deux de la mme faon. Ilpossdait l'un en effet pour l'avoir achet ; quant l'autre, celui qui est situprs de Phlrion, il le tenait de son pouse, qui ne l'avait pas apport en dot nine lui en avait fait don : ce bien d'autrui entra en sa possession par le jeu descirconstances, comme cela arrive frquemment. En effet, la femme qui avaitpartag la vie de Nicolas avait t auparavant l'pouse d'un autre homme quil'avait lgalement pouse, et elle avait prcis son union avec lui en devenantmre de deux filles. Quand celui-ci dcda, elle convola rgulirement en secondesnoces et vcut avec Nicolas un certain temps. Puis, usant son gr du contrat,elle lui compta dans un acte une dot de quarante livres et , en guise de complmentau contenu de la dot, elle offrit son mari le bien en question et un modesteimmeuble bti dans le Bykinon, lieu situ prs du grand thtre et connu de toutle monde12. Voil donc les biens qu'elle apporta son mari, sans compter seschers enfants, fardeau pour lui plus pesant que du plomb.Nicolas tait cette poque au nombre des humbles, tant encore hypogram-mateun et bien loin de la brillante fortune, pourrait-on dire. Mais, la suited'un brusque retournement de circonstances, il fut, comme par enchantement,introduit au palais et se trouva l'intrieur des lieux sacrs. Aussitt donc toutpour lui fut transform. Sa maison devient plus brillante, sa fortune plus importante, t son train de vie changea compltement. 11 acheta des proprits, en changea'autres. C'est qu'en effet, ayant adopt un comportement plus familier enversses deux belles-filles, de partre s 'tant mu en pre, ayant sous l'influence de sonpouse modifi son attitude leur gard, et ayant gard leurs biens paternels, savoir l'immeuble sis Bykinon et le domaine situ prs de Phlrion, parce quevils et de peu de valeur, il leur donna en contrepartie comme dot des biens plusieurs fois plus importants que ceux-l. Bref, il traita ces filles d'autrui comme sielles taient ses propres filles, et il obtint la possession lgale de l'immeuble etdu domaine, aprs avoir chang de petits biens contre un plus important. De cette

10 . Galataria figure sur la carte (1/400 000) de Kiepert-Melching (1913), galement mi-chemin entre Rgion et Hagios Stephanos, au nord-est de Phlrion et environun kilomtre de la mer. Voir aussi R. Janin, Constantinople byzantine2, Paris 1964,carte n vin. C'est dans ce chrysobulle qu'on trouve, notre connaissance, la mentionla plus ancienne de ce chrion, en dpit de l'affirmation rpte de M. Gdon {art. cit.,p. 18 ; , ' ' 22, 1902, p. 250), qui prtendavoir lu dans des manuscrits contenant des synaxaires, sous la date du 28 novembreet propos des soldats martyriss ce jour-l en Thrace par Constantin Copronyme :' , au lieu de . Cette affirmation estinfirme par les manuscrits utiliss par Nicodme l'Hagiorite, Doukaks et H. Delehaye,notamment par le Vaticanus graecus 1613 (Synaxaire de Basile II), f. 211. La fonctionde lgatarios et d'apo-lgatarios est une fonction militaire bien connue. Cf. N. Oikono-mids, op . cit., p. 382, s.v. ; A. Paspats (art. cit., p. 40), qui ne connaissait pas notretexte, situait Galataria proximit du village de Phlrion.11. Nicolas Cheilas ; voir plus loin.


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35 , , , , , '- .* , - 40 , , . , ,


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86 P. GAUTIERfaon Nicolas devint donc propritaire du domaine, ayant ferm la bouche sesbelles-filles par un lien solide, autrement dit par un billon d'or. Mais tout lui futbrusquement enlev, car il fut plus tard convaincu de dmence et de stupidit,surpris comploter contre notre Pouvoir et clairement condamn pour motifsde rbellion. Pour cette raison toute sa fortune lui fut confisque et tomba dansle domaine imprial... . . Puisque ma majest peut faire don qui elle veut deispositio , . ,., . .es biens, parce qu ils appartiennent au pouvoir, ehbien, puisqu'elle a octroy au magistros et prtoaskrtis Epiphane la propritde cet homme sise prs de Phlrion, elle en confirme la donation par le prsentchrysobulle comme par un lien infrangible. En effet, si les biens qui appartiennent la magnificence du pouvoir sont solidement garantis, ceux aussi qui elle transfre ne partie de ces biens sont assurs de la mme scurit, et si un empereurqui confisque et enlve des biens ordonne la saisie et la confiscation aprs l'examendes motifs, la donation est garantie dans les deux cas ceux qui l'ont reue de samain13. De fait, le bien des filles de l'pouse de Nicolas provenait d'un hritagepaternel ou peut-tre maternel, mais, puisqu'une contrepartie plus brillante etplus importante leur fut accorde par le partre, il entra dans la fortune de celuiqui avait fait l'change14, mais quand sa fortune lui fu t enleve pour le comptedu fisc, cette partie aussi lui fut te, et les deux proprits susdites sont tombesdans le domaine imprial. Mais qu'importe cela au prtoaskrtis ? On ne doitpas en effet s'enqurir de l'origine d'un bien de l'empereur, mais, quand on estbnficiaire, adorer. Bien que ce soit une prrogative rserve aux empereurs qued'avoir l'agrment de tous pour tous leurs actes, nanmoins nous leur accordonsen contrepartie cette disposition conforme la loi et nous mettons au premier plance qu'il y a obligation de faire.

Par consquent, le prtoaskrtis n'aura redouternul importun propos du bien qui est situ Phlrion,que ce soit des gens de la famille de Nicolas ou les filles de son pouse. Les premiers en effet se heurteront au dcret de confiscation, les secondes la contrepartie plus importante reue, les deux au mme titre notre dcision, car chacune des parties se trouve ferme non seulement la porte du tribunal, maisencore jusqu'au droit de porter plainte. La chicane, qui en d'autres cas peut d'aventureouleverser les affaires, ne pourra d'aucune faon critiquer les mesures prises13. Ce principe de droit sera inclus par Psellos dans sa Synopsis legum (Zpos, JGR,VII, p. 38344-45 ) : Si quelqu'un reoit quelque chose du fisc par don de l'empereur oupar change avec lui, il en devient propritaire incontinent.14. Autrement dit, l'empereur s'est abstenu de toucher au contenu de la dot, et celaparce qu'il s'est conform la loi qui prescrit que la dot n'est pas confisque, quandla fortune de l'poux est frappe de confiscation. Cf. Synopsis basilicorum, D vil 2 et 7 :Zpos, JGR, III, p. 183, 184 ; Psellos, Synopsis legum : ibidem, VII, p. 40427.


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65 . . , 70 , . , * 75 , . rHv , ' , * 80 , . ; , . , 6 , ' 85 . ' , , -90 , , ' , .

62 om. 63 . V 64 66 om. V || + V 69 V || + V || + V || V 71 : V 74 : V || + V 75 - V 77 om. 81 om. V 82 V88 V || om. V 91 : V || V 92 - V 92-93 V 93 : V


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88 P. GAimERet dcrtes par un empereur. Mme l'loquence des rhteurs, qui arrive toutpar l'art de la persuasion, qui brouille certaines lois, en dtourne d'autres deleur sens, ne pourra jamais dominer la puissance impriale, pas plus qu'elle nepeut dominer un torrent imptueux, un feu tourbillonnant, un fleuve dbordant.Ainsi donc, les larmes qui provoquent l'moi, les cris, les lamentations et tout cequi peut attendrir un juge, mais aussi une loquence sduisante, une voix ensorcelante et toute autre manuvre sont-elles rcuses et cartes.Cet homme aura donc la proprit des biens qui lui ont t donns, tout lemonde gardant le silence sa vie durant comme dans un mystre. En effet, notrechrysobulle, tel un chant ou un hymne qu'on rcite devant les initis, les sommede se taire. Qui plus est, prenant les devants, nous prescrivons que personneabsolument, ni un lgislateur, ni un juge, ni la partie frappe par la confiscation,ni celle qui, avant la confiscation, avait obtenu d'autres biens en change de laproprit, ni qui que ce soit, ne causent gne et tracas au prtoaskrtis au sujetde ce qu'il a reu en donation de la part de ma majest. Il lui sera loisible de grerses biens son gr, de les aliner, d'en faire don de n'importe quelle faon, deles lguer, de les changer, de les vendre et de faire toute opration que la loiet la coutume autorisent aux propritaires titre dfinitif. De mme que celui-ci,pour avoir reu de notre Pouvoir une donation de proprits, participe notredroit, de mme celui qui reoit de lui ces biens bnficiera de la mme assurance,et cette mme garantie, qui dcoule de notre faveur qui est aussi la premire commed'une source, s'tendra tous les hritiers, entoure et enserre comme par unecorde bien tresse et infrangible.

95 V 97 2 + V 99 1 : V || V 100 : V 101 : V 10 3 104 V

L'argumentation ampoule du prooimion repose sur la comparaison suivante :celui qui est rempli d'admiration devant l'clat de la majest impriale ne mritepas plus de flicitations que celui qui exprime de l'enthousiasme devant la lumireaveuglante du soleil. En revanche, on se doit d'admirer la perspicacit de celuiqu i a prdit qu'une personne qui n'est pas de sang royal accderait un jour autrne imprial. Ce fut le cas du magistros et prtoaskrtis Epiphane qui avaitdiscern et annonc qu'un homme du commun, savoir l'empereur qui dlivrele chrysobulle, assumerait un jour le gouvernement de l'empire. Il rsulte de cetteargumentation que le souverain en question ne saurait tre Theodora, ni MichelDoukas, qui Dlger attribue ce document1, puisqu'en tant que fils an de1. Dlger, Regesten, n 1023.


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UN CHRYSOBULLE DE CONFIRMATION 89" ' ,95 , , , . & , - &100 ." - , , . - 10 5 , , , -, ,

' , 6 ' . ', , -,110 , , , , , 115 , - $.105 V 11 1 V || transp. V 11 3 : V 116 + V

Constantin Doukas il devenait la mort de son pre l'hritier lgitime de lacouronne. Comme le document a t rdig par Michel Psellos, il faut choisirentre les autres empereurs qu'il a servis : Constantin Monomaque (1042-1055),Michel le Stratiotique (1056-1057), Isaac Comnne (1057-1059), ConstantinDoukas (1059-1067) et Romain Diogne (1068-1071), qui, tout en tant tousmembres de la noblesse snatoriale, ne pouvaient se prvaloir de leur ascendancepour revendiquer la direction de l'empire. Faute de pouvoir liminer d'emblel'un ou l'autre d'entre eux l'analyse du chrysobulle, nous allons tenter de connatre le nom du donateur en procdant l'identification des fonctionnaires qu iy sont mentionns.Le prpos aux suppliques Nicolas n'a pas encore fait l'objet d'une enquteprosopographique. Il n'est pourtant pas aussi inconnu qu'il y parat : des lemmes


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90 P. GAUTIERindits de lettres de Psellos permettent en effet de dissiper partiellement l'obscuritqui l'enveloppe. Mais il faut d'abord viter un malentendu son sujet et se mfierde l'homonymie. La charge de prpos aux suppliques fu t en effet occupe par unNicolas Sklros dans la seconde moiti du sicle. Sur deux sceaux de l'Ermitageon dchiffre en effet cette lgende : 2, et , [ ]3. Nous voyons deux raisons de refuser d'identifier le prpos aux suppliques Nicolas mentionn dans le chrysobulle avec Nicolas Sklros :d'une part, le rdacteur du document insiste sur l'origine sociale trs humble(1 . 48-50) de ce fonctionnaire qui sera compromis dans une conjuration, et il vade soi qu'il n'aurait pu s'exprimer en ces termes, mme s'il avait eu stigmatiserla rvolte d'un Sklros ; d'autre part, nous connaissons suffisamment la carrirede Nicolas Sklros pour savoir qu'elle n'a pas t brise par une mesure d'incarcration et de confiscation. Des sceaux et la correspondance de Psellos nousapprennent qu'il a t successivement vestes et juge des Bucellaires, versle milieu du sicle ; peut-tre patrice et prpos aux suppliques ; srementmagistros et prpos aux suppliques, probablement vers 1060/1070 ; pro-dre et juge de l'Ege, vers 10704 ; protoprodre, grand skvophylax desBlachernes et prte de la procession5, aux alentours de 1070/1080 ; enfin,

2. Cf. N. L. Lichacev, Istoriceskoe znacenie italo-greeskoj ikonopisi izobrazenijaBogomateri proizvedenijach italo-greceskich ikonopiscev, Saint-Ptersbourg 1911, Appendice, . 14-15, nos 19-20 (deux exemplaires). G. Schlumberger {Mlanges d'archologiebyzantine, lre srie, Paris 1895, p. 269, n 134 ; non reproduit) a lu, mais avec hsitation,le titre aulique patrik{iou) au lieu de magistr{ou) sur le sceau n 19 de Lichaev (anciennecollection Schlumberger). Leur description de l'avers et du revers donne pourtant penser qu'ils ditent la mme pice. On ne retiendra donc que sous bnfice d'inventairele titre de patrice attribu Nicolas Sklros.3. Cf. Lichacev, op . cit., p. 14 , n 17.4. Cf. Kurtz-Drexl, SM, II, n 37 : Auprodre Nicolas Sklros (Psellos y fait mentiondu csar [Jean Doukas] et d'un empereur en campagne qui doit tre Romain Diogne) ; 44 : A Nicolas Sklros (i l est la tte du thme de l'Ege) ; n 56 : A Sklros (i l a tdpossd d'un domaine, mais pas du fait de l'empereur qui s'emploiera pallier cettemsaventure) ; n 60 : Au juge de VEge (i l est relev de son commandement sur sademande) ; n 63 : A Nicolas Sklros (il reoit l'ordre de se retirer dans son domainede Mitza Kathara et d'y attendre une faveur impriale imminente) ; nos 123-128 : Aujuge de VEge. La lettre 25 du recueil de Sathas lui est certainement adresse : elle estanpigraphe dans l'dition, mais dans le Laurentianus graecus lvii-40, f. 66 , elle a commelemme : Au juge de VEge. Celui-ci ne peut tre que Nicolas Sklros, puisque l'auteurfait allusion la mort d'un vestarque, qui est Anastase Lizix, pleur dans une autrelettre de Psellos au mme juge de l'Ege (Kurtz-Drexl, SM, II, n 127). Il est possibleque les lettres 95 et 135 (anpigraphes) de Sathas soient adresses Nicolas Sklros.On trouvera des renseignements plus dtaills sur sa carrire dans la monographie paratre de W. Seibt. Voir aussi Ja. Ljoubarsku, Psell otnosenijach s sovremennikami(Psell i themnie sudy), RESEE 10 , 1972, p. 23-24, 31-32.5. Cf. V. Laurent, Le Corpus des sceaux de Vempire byzantin, V, 2 : l'Eglise, Paris1965, n 1202. Pour la date de ce sceau, voir W. Seibt, Byzantinoslavica 35 , 1974, p. 82(vers 1080/1090).


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UN CHRYSOBULLE DE CONFIRMATION 91il est attest comme curopalate et grand drongaire de la Veille en 10846.Nicolas mentionn dans le chrysobulle est-il identifier avec l'un ou l'autredes prposs aux suppliques correspondants de Psellos ? On ne retiendra pas lalettre 89 du recueil de Sathas, puisqu'elle est adresse Lon, neveu du mtropolite de Patras, et date Psellos est seulement vestes des environs de 1052.La lettre 176 du mme recueil datant de 1069, le prpos aux suppliques qui elleest adresse pourrait tre ce Lon qui mourra Mantzikert le 26 juin 1071 oubien Constantin Iasits7. Le destinataire de la lettre 149 de Kurtz-Drexl doittre, compte tenu du sujet voqu, le prpos aux suppliques de la chancelleriepatriarcale. Reste donc examiner la lettre 12 de Sathas. Dans le Parisinus graecus1182, d'o l'diteur l'a extraite, le lemme se rduit la mention de la fonctiondu destinataire : Au prpos aux suppliques. Elle est heureusement transmise partrois autres tmoins, et ce sont eux qui vont nous donner la clef de l'identification.Dans le Petropolitanus graecus 250, f. 116V, la suscription est la suivante : Mme sans ce lemme qui se borne donner un rsum de la lettre,nous saurions que celle-ci est adresse un prpos aux suppliques, puisqu'il estfait tat de la fonction du destinataire la dernire ligne du texte. Dans le Vaticanusgraecus 1912, f. 153V, le dbut de la mme suscription s'enrichit d'un lmentprosopographique intressant : 9... Mais le dtail essentiel est fourni par le Laurentianus graecuslvii-40, f. 73 : . Ce patriceNicolas Cheilas est un nouveau venu en prosopographie. Cette famille, qui mergedans les sources au ixe sicle en la personne d'un compagnon de jeux de l'empereurMichel III10, ne sera vraiment bien reprsente qu'aux xme-xive sicles, o l'on

6. Cf. Zpos, JGR, I, p. 349 : Du curopalate et grand drongaire de la Veille NictasSklros. A cette leon retenue par les diteurs il faut substituer celle (Nicolas) donnepar exemple par le Laurentianus graecus lxxx-6. Cf. Dlger, Regesten, n 1113. Dansles Parisini graeci 1263 (f. 248V), 1358 (f. 355), 1359 (f . 41), le lemme est ainsi abrg :Nara lysis de kyr Alexis Comnne sur le droit d'appel. Du fait que la lysis n'est dateque par le mois (janvier) et l'indiction (sept), on peut hsiter entre les annes 1084, 1099,1114, mais la premire des trois parat mieux convenir au droulement de la carrire dece haut fonctionnaire. Signalons encore que le Sklros mentionn dans le lemme d'unprostagma d'aot 1082 (Zpos, JGR, I, p. 296) n'est pas Nicolas, mais Michel Sklros,protoprodre (et non pas prtoaskrtis), exists et juge du thme de Thrace et Macdoine ; la fausse lecture de l'dition a t redresse par F. Dlger, BZ 32 , 1932, p. 238.C'est le mme personnage qui figure dans la liste de prsence du synode des Blachernesde 1094/1095 : REB 29 , 1971, p. 218, 251.7. Voir plus loin.8. Cf. A. Papadopoulos-Krameus, , 7, 1908, . 497 : uniquement le lemme, qui comporte un jeu de mots sur le nom (ousurnom : le Lippu ?) du destinataire.9. Cf. P. Canart, Codices Vaticani graeci. Codices 1745-1962, Cit du Vatican 1970,p. 662 ; l'auteur a lu pri(mikrion) au lieu de p(at)ri(kiori).10. Cf. Thophane Continu : Bonn, p. 17221, 19 8 17, 253 16 ; Jean Skylitzs :Bonn, II, p. 15922, 1751(> = Thurn, p. 9641, 10890.


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92 P. GAUTIERdnombre une dizaine de membres. Quant Nicolas, le seul porter ce prnom,nous ne savons rien d'autre son sujet que ce que nous en dit Psellos.Dans la lettre 12 de Sathas il raille longuement, mais sur le mode enjou, lecaractre acaritre de son correspondant et donne penser que Nicolas Cheilastait un personnage compltement dpourvu d'humour. Un dtail cependantretiendra l'attention : il semble bien qu'il tait un ancien lve de Psellos. Celui-cilui crit en effet : Quant moi, je te demandais d'avoir le regard tourn versen haut, puisque, bien que tu ne sois pas un philosophe, tu es l'lve du philosophe. Et encore : Quand Aristote se voyait raill par Platon pour son impatience de jeune poulain, il tait plus flatt des railleries de son matre que desloges des autres personnes11. De cette indication il rsulte que Nicolas Cheilasn'a pu accder la haute fonction de prpos aux suppliques, compte tenu de ceque nous savons des dbuts de la carrire professorale de Psellos, qu'aprs lergne de Constantin Monomaque. Cet empereur n'est donc pas, quant la date, prendre en considration.Le prtoaskrtis Epiphane ne nous est pas mieux connu que Nicolas12 :le seul auteur en faire mention est encore Michel Psellos. La lettre 169 du recueilde Sathas est cet gard un document important, puisque dans la suscriptionnous lisons la fois la fonction et le patronyme d'Epiphane : - 13. Bien que le nom de famille ne figure pas dans lechrysobulle, la similitude du prnom et de la fonction rendent l'identificationquasi indubitable. L'incertitude est d'ailleurs leve par le contenu de la lettre quicontient un lment intressant. Psellos crit en effet, aprs quelques considrationsamphigouriques : Je n'ignore pas que mon cher Epiphane est un nouvel initidans les enclos sacrs et les mystres de la cour impriale et qu'il a besoin au bonmoment de gens qui l'observent, qui fassent pour lui des incantations et quil'incitent au bon moment les imiter14. Si le terme mystria tait une faonrhtorique de dsigner la charge de mystikos, il s'ensuivrait que la lettre serait peu prs contemporaine du chrysobulle, c'est--dire de l'poque o Epiphane,tout en restant prtoaskrtis, fut promu cette nouvelle fonction. Mais cetteinterprtation est sujette caution : il se peut tout bonnement que Psellos fliciteson correspondant, qui parat bien avoir t lui aussi un de ses anciens lves, enjuger par la finale de la lettre, de sa promotion la tte de la chancellerie impriale.La famille des Philartos est trs peu reprsente aux xie-xne sicles : signalons unConstantin prodre et un Jean ostiaire et ek prsopou du Myrlaion, connus par

11 . Cf. Sathas, MB, V, p. 2467"813-15.12 . Il ne figure pas dans la liste des mystikoi dresse par R. Gutlland, Le mystique,REB 26 , 1968, p. 279-296. L'auteur ne relve que cinq titulaires, dont deux anonymes,pour le xi e sicle : ibidem, p. 284.13 . La mme suscription figure, un lment prs, dans le Vaticanus graecus 1912,f. 177V : .14 . Cf. Sathas, MB, V, p. 43 1 13"16.


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UN CHRYSOBULLE DE CONFIRMATION 93des sceaux indits15, et un Manuel, prtre de Sainte-Sophie et signataire, au f. 19,du Vaticanus graecus 811 16. Quant Epiphane, il ne rapparat pas dans la correspondance de Psellos. Nous ignorons s'il est ce mystikos qui celui-ci adressala lettre 114 de Sathas aprs sa vture monastique, donc aprs 1055. Ni danscette lettre, ni dans la lettre 169, l'empereur auquel il fait allusion ne peut treidentifi.Cette absence de repres chronologiques provoque un grand embarras. Laliste des prposs aux suppliques et des prtoaskrtis connus l'poque envisage ne saurait tre d'un grand secours, tant elle est lacuneuse et chronologiquementficiente. Il ne sera toutefois pas inutile de la dresser, ne serait-ce que pourcorriger, clarifier et complter le travail si mritoire de R. Guilland17. Commeseuls nous intressent les fonctionnaires qui exercrent ces charges entre 1042(avnement de Constantin Monomaque), voire 1056 (avnement de Michel leStratiotique), et 1071 (avnement de Michel Doukas), pour les raisons exposesplus haut, nous exclurons ceux qui sont attests avant ou aprs cette priode18.Les prposs aux requtes connus l'poque envisage sont les suivants :1. Le neveu du mtropolite de Patras, Lon, qui reut une lettre de Psellos,quand ce dernier n'tait encore que vestes, soit donc avant 105419. Mais il n'estpas exclu que ce Lon fu t un fonctionnaire ecclsiastique. De toutes manires,

15 . Dumbarton Oaks Collection, 55.1, nos 3246, 4964.16 . Cf. R. Devreesse, Codices Vaticani graeci. III. Codices 604-866, Cit du Vatican1950, p. 348.17. R. Guilland, Le Matre des Requtes, Byz. 35 , 1965, p. 97-118.18. Comme prposs aux ptitions sont attests : 1. Au dbut du sicle, Thodore,protospathaire imprial, chartulaire du gnikou logothsiou, juge l'hippodrome etjuge du Ploponnse et de l'Hellade (cf. G. Schlumberger, Sigillographie de l'empirebyzantin, Paris 1884, p. 191 ; K. Konstantopoulos, ' , Athnes 1917, 402 ; tous les deux ont lu spa-thaire et grand chartulaire ). Sur un autre sceau du mme dignitaire (Dumbarton OaksCollection, 55.1, n 2843) on lit : protospathaire imprial et prpos au chrysotriklinos. 2. Jean, protospathaire et chartulaire du gnikon, qu'il faut placer sous le patriarcatd'Eustathe (1019-1025), et non pas, comme on l'a fait, sous celui d'Eustrate Garidas(1081-1084). Cf. RhallS-Potls, , V, Athnes1855, . 5712 = PG 119, 860. Il ne fait probablement qu'un avec Jean, protospathaire,prpos au chrysotriklinos et grand chartulaire, connu par un sceau (Fogg Art Museum,n 602). 3. Lon, protospathaire et prpos au chrysotriklinos, attest par trois sceaux(Corinthe. Muse, n 2730 ; Dumbarton Oaks. Coll. Shaw, n 512 ; Dumbarton OaksCollection, 58.106, n 4936). Il est probablement identique Lon protospathaire et juge l'hippodrome, mentionn dans un acte de mai 1030. Cf. G. Ficker, Erlasse des Patriarchenon Konstantinopel Alexios Studites, Kiel 1911, p. 21. 4. Le protoprodre Constantin Choirosphakts, attest en 1088. Cf. P. Gautier, Le synode des Blachernes (fin1094). Etude prosopographique, REB 29, 1971, p. 251-252. 5. Le protocuropalateJean Taronite : ibidem, p. 246-247. 6. Le protoprodre Jean Solomn, connu par unsceau (Dumbarton Oaks Collection, 55.1, n 3324) : vrai dire, on ignore s'il a exerccette fonction sous Alexis Comnne ou sous ses prdcesseurs.19. Cf. Sathas, MB, V, n 89.


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94 P. GAUTIERon se gardera de le confondre, pour une raison chronologique, avec son homonyme, le protospathaire et juge de l'hippodrome attest en mai 103020.2. Le magistros Jean, mentionn dans le smeima de juillet 105421.

3. Le protospathaire et juge des Anatoliques Lon22. Mais ce personnage estsans doute exclure de la liste : il s'agit apparemment d'un reprsentant provincialu bureau central et , de surcrot, sa dignit parat trop modeste pour le milieudu sicle.4. Le protospathaire Nicolas connu par un sceau indit23 : vu son titreaulique modeste, ce fonctionnaire est placer au plus tard dans les premiresannes du rgne de Constantin Monomaque.5. Lon, dcd Mantzikert le 26 aot 1071 24.6. Le protoprodre Constantin lasits connu par un sceau indit25. Commece fonctionnaire tait dj curopalate avant la mort de Psellos (1078, date probable) qui lui adressa deux lettres26, on ignore s'il fut prpos aux ptitions avantou aprs le prcdent.7. Le protoprodre Jean Solomn en fonction avant Alexis Comnne ? connu galement par un sceau27.8. Le magistros Nicolas Sklros attest dans cette charge (vers 1060/1070)par les trois sceaux susmentionns.La liste des prtoaskrtis connus durant la priode envisage est encore plusrduite que la prcdente28. Outre le magistros Epiphane Philartos mentionndans le document, nous relevons :1. Un prtoaskrtis, qui intervient vers 1041/1042 dans un conflit entre

20. Voir note 18 .21. Cf. PG 120, 745. R. Guilland (art. cit., p. 104-105) l'identifie tort avec JeanXiphilin.22. Cf. V. Laurent, Les sceaux byzantins du Mdaillier Vatican, Cit du Vatican 1962,n93.23. Fogg Art Museum, n 141 : Nicolas, protospathaire imprial, prpos au chryso-triklinos et aux ptitions.24. Cf. Attaliate Bonn, p. 16712 ; Skylitzs Continu : Tsolaks, p. 1521 =Bonn, II, p. 70 1 12. On ignore s'il est ce prpos aux suppliques anonyme qui Pselloscrit depuis Csare de Cappadoce en 1069 : Sathas, MB, V, n 176.25. Istanbul, Muses, n 490 : Constantin lasits, protoprodre et prpos aux ptitions.26. Kurtz-Drexl, SM, II, n 6 ; Sathas, MB, V, n 171.27. Dumbarton Oaks Collection, 55.1, n3324 : ' - .28. Durant le reste du sicle sont attests comme prtoaskrtis : 1. Pierre, enfonction probablement au cours des premires dcennies, puisqu'il tait contemporaind'Eustathe Malnos (Peira, xrv a : Zachariae a Lingenthal, JGR, I, p. 3530). Il pourrait e faire qu'un avec le spatharocandidat imprial et askrtis Pierre attest par unsceau (Dumbarton Oaks. Coll. Shaw, n 436), voire avec l'askrtis Pierre Rhmaiosconnu aussi par un sceau (Vienne. Muse, n 479 ; Dumbarton Oaks. Coll. Shaw, n1259). 2. Nicolas, qui tait concomitamment juge du thme de Chaldia, en mai 1024.Cf. G. Ficker, Das Epiphanios-Kloster in Kerasus und der Metropolit Alaniens, BNJ 3,


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UN CHRYSOBULLE DE CONFIRMATION 95les askrtis, mais Psellos n'a pas jug utile de nous donner son nom29.2. Le prtovests Jean Xros, qui occupa la charge sous Constantin Mono-maque et peut-tre vers la fin du rgne30.

3. Michel Psellos, qui rsigna cette charge de son plein gr, aprs l'avoirapparemment exerce peu de temps sous un empereur qui reste encore identifier3 * .D'aprs le lemme du Baroccianus graecus 131, f. 290 v, un assez bon tmoin, c'estlorsqu'il tait vestarque que Psellos renona cette charge : . Si l'on prte foi cette suscription, on est oblig de conclure que Psellosa exerc cette fonction au cours d'un intervalle de temps qui n'excde pas cinqannes : c'est en effet durant ce laps de temps qu'il passa de la dignit de vestes celle de prodre. Vestes, il l'a t jusque vers 1052/1053. Il dcline cette qualit la fin d'une lettre adresse au vestarque et prpos au canicle Basile32. Commele titulaire de ce poste, que celui-ci occupait en janvier 105 5 33, s'appelait enjuin 1052 Jean34, il va de so i que Psellos tait encore vestes entre 1052 et 1055,1922, p. 9470 (l'diteur a lu askrtis dans le Vatic, gr . 1187, f. 281V) ; N. A. Bes, , 16 , 1951, p. 26019 (prtoaskrtis dans le Scorial. gr . R.I. 15 , dont le Vaticanusn'est qu'une copie). 3. Basile, aprs 1035 et avant 1090, auteur de trois pomes surl'uvre de Symon le Nouveau Thologien (flO22), qui fut publie aprs 1035 parNictas Stthatos : PG 120, 308 e. Cf. J . Koder-J. Paramelle, Symon le Nouveau Thologien, ymnes, I, Paris 1969, p. 35 , 64-66. Ce Basile fut aussi bienfaiteur (kttr) du monastre de l'Evergtis. Cf. J. Pargoire, Constantinople. Le couvent de l'Evergtis, EO 9,1906, p. 369-370 (l'auteur hsite sur la date laquelle apparut ce fonctionnaire) ; R.Janin, Les glises et les monastres [de Constantinople]2, Paris 1969, p. 183-184 (l'auteurne se prononce pas). 4. Le protoprodre Jean, attest en fvrier 1082 (M . Goudas, " , EEBS 3, 1926, . 126) eten mars de la mme anne (Th. Uspenskij, Dloproizvodstvo po obvinenijou IoannaItala eresi, IRAIK 2, 1897, p. 426).29. Sathas, MB, V, n 13 , p. 25313.30. La carrire de ce haut fonctionnaire a t reconstitue par V. Laurent, Les sceauxbyzantins du Mdaillier Vatican, Cit du Vatican 1962, n 111. La datation propose parl'diteur me parat incertaine.31. Kurtz-Drexl, SM, I, p. 361-371. Il me semble qu'on ne peut traduire le verbe qui figure dans la suscription, autrement que par il dmissionna . C'estle sens courant de ce verbe, et il est utilis d'ailleurs avec cette signification par Psellos propos prcisment de cette renonciation (Sathas, MB, V, p. 49124, 49322 : ...ot ... ).32. Sathas, MB, V, n 88 , p. 33229 ; galement dans une lettre Lon, neveu du mtropolite de Patras : ibidem, n 89 , p. 3349.33. Jean Skylitzs : Bonn, II, p. 6108 = Thurn, p. 47884.34. Cf. P. Lemerle, Actes de Lavra, Paris 1970, p. 19140 (acte 31) : Jean, prposite,prpos au koitn et au canicle. Sur ce fonctionnaire, dont on ignore encore s'il estidentique l'eunuque et logothte du drome Jean, le favori de Constantin Monomaque,attest en janvier 1055, voir Germaine Rouillard, Note prosopographique : le prposite Jean et > 32 , 1933, . 444-446.


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96 P. GAUTIERou plus exactement entre 1052 et 1053/1054, car nous constatons qu'il tait djvestarque au milieu de 1054. Le smeima exposant l'affaire de l'excommunicatione Michel Crulaire par les lgats romains nous informe en effet qu'en juilletde cette anne-l le dernier des trois envoys de l'empereur au patriarche taitKnstas, vestarque et consul des philosophes*5 C'est la premire attestation. Nousen avons une autre : dans l'hypomnma du procs au cours duquel fut enregistrela rsiliation du contrat de mariage entre son gendre Elpidios Kenchrs et sa filleadoptive, le mot vestarque le plaignant est appel deux fois le moine Michel revient exactement trente fois36. Ce document est dat d'aot 1056 et a t rdigpeu de temps avant le dcs de l'impratrice Theodora (31 aot) qui intervinten l'affaire.Psellos fut nomm prodre par Isaac Comnne. Cette promotion, qui rcompensait d'minents services rendus secrtement l'usurpateur, fut impromptue.C'est au moment o le nouvel empereur s'apprtait embarquer sur le navirequi le mnerait la capitale, le soir du 31 aot 1057, qu'il dclara Psellos qui l'escortait : Je te donne maintenant la dignit et le nom deprodre du snat37. Celui-ci fit l'occasion talage de ce titre dans ses lettres38. Cette promotion une dignit dont les titulaires taient alors ennombre infime39 ne fut pas apprcie par le drongaire de la Veille Mach-tarios, et Psellos lui crit : Ne sois pas irrit de ma dignit de prodre(prodria)40 Si Psellos fut prtoaskrtis en tant que vestarque, il l'aurait donc t entre1053 et 1057, or cette ventualit parat exclue. Il ne l'tait pas en juillet 1054 :puisque le smeima susmentionn indique les fonctions des deux autres envoysde l'empereur au patriarche, il est bien certain que Psellos n'tait alors que consuldes philosophes. Il ne le fu t pas non plus dans la seconde moiti de 1054 et dansles premiers mois de 1055, quand il se rsigna prendre l'habit monastique et lechemin de l'Olympe de Bithynie. Il est exclu qu'il l'ait t en 1056 : le lemme del'hypomnma d'aot 1056 nous apprend que le procs se droula en prsence

35. PG 120, 745. Les deux autres envoys taient Etienne, moine et conome de laGrande Eglise, et Jean, magistros et prpos aux suppliques.36. Cf. Sathas, MB, V, p. 203-212.37. Cf. Chronographie : Renauld, II, p. 1105 (qui traduit erronment : prsident dusnat ).38. Cf. Sathas, MB, V, n 38 , p. 2727 = p. 440e (Au vestarque Chasans, juge deMacdoine) ; ibidem, n 155, p. 40618 (A un nouveau baptis) ; l'empereur mentionndans le lemme ne peut tre Constantin Monomaque. Voir aussi sa lettre l'impratriceCatherine, pouse d'Isaac Comnne : ibidem, n 112, p. 35730.39. On en comptait peine une demi-douzaine l'poque. Cf. Ch. Diehl, De la signification du titre de prodre Byzance, Mlanges offerts M. Gustave Schlumberger,I, Paris 1924, p. 105-117. Voir aussi N. Oikonomids, Les listes de prsance byzantinesdes IXe et Xe sicles, Paris 1972, p. 299.40. Sathas, MB, V, n 108, p. 352, 3533.


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UN CHRYSOBULLE DE CONFIRMATION 97d'un prtoaskrtis, qui n'tait videmment pas Psellos41. Le fut-il de septembre1056 aot 1057, sous Michel le Stratiotique, et serait-ce en cette qualit qu'ilfut envoy auprs de l'usurpateur Isaac Comnne, en compagnie du prodreConstantin Lichouds et du prodre Thodore A lpos42 ? Le silence des sourcesne permet pas d'chafauder pareille hypothse.La solution la plus simple serait donc de rayer Psellos de la liste des prtoaskrtis. On se demandera en effet s'il ne s'est pas born refuser, dclinerla charge qu'on lui avait propose. Le verbe du Parisinus graecus1182, et surtout le verbe du Baroccianus graecus 131 sont susceptiblesd'une telle interprtation43. Mais, l'exgse de cette pice, importante beaucoupd'gards, tant trs dlicate, rservons l'claircissement de cette nigme pourune tude ultrieure.4. Le vestarque Grgoire Aristnos, qu i fut un ami et un correspondant dePsellos, a pu exercer cette charge sous Romain Diogne44. Il est attest sansmention de charge ni de dignit en 108245 et comme prodre en 1094/109546.5. Le magistros Eustrate Choirosphakts, qui fu t tu Mantzikert le 26 aot107147. C'est lui, ou bien Grgoire Aristnos, l'un des destinataires anonymesd'une lettre collective envoye par Psellos depuis Csare de Cappadoce en106948. Eustrate tait magistros et protonotaire du drome vers 107049.6. Aux alentours de 1070, le protospathaire (lecture incertaine) et juge l'Hippodrome Basile Kkaumnos50.

41. Le lemme est absent dans Sathas, qui a extrait le texte du Parisinus graecus 1182.On le trouve dans le Laurentianus graecus lvii-40, f. 27 3 : , , , , , .42. Cf. Jean Skylitzs : Bonn, , p. 63218 = Thurn, p. 49683. Alpos est appelLon par Zonaras (Bonn, III, p. 66 1 4), mais son vrai prnom est bien Thodore (Sathas,MB, V, n 50 , p. 828).43. Voir par exemple Sathas, MB, V, p. 2058.44. Kurtz-Drexl, SM, II, nos 111 (Au prtoaskrtis Aristnos), 148 (A Aristnos ;du contenu de la lettre il ressort qu'il est vestarque et prtoaskrtis). Il est exclu qu'ilsoit le prtoaskrtis anonyme qui Psellos adresse la lettre 20 1 de la mme collection :le qualificatif employ, officiel et dpourvu de chaleur, s'oppose cette identification.45. Cf. Th. Uspenskij, art. cit., p. 429.46. Cf. P. Gautier, Le synode des Blachernes (fin 1094). Etude prosopographique,REB 29 , 1971, p. 258.47. Attaliate Bonn, p. 16713'14 ; Skylitzs Continu : Bonn, II, p. 70113 (l'diteur lu : Eustathe) = Tsolaks, p. 1521.48. Cf. Sathas, MB, V, n 176 (Au prtoaskrtis, au libellisios et au prpos auxptitions).49. Ibidem, nos 124, 176 (p. 45514).50. Cf. S. Mercati, Versi di Basilio Cecaumeno in morte di Anastasio Lizix, StudiBizantini 1, 1925, p. 161. Vrification faite sur place, le manuscrit utilis (AtheniensisBN 1040, f. 290v) porte bien prtaskrtis et non pas askrtis (Mercati).


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98 P. GAUTIERComme il tait prvoir, ces listes sont trop clairsemes pour qu'on puisseintercaler avec certitude Nicolas Cheilas et Epiphane Phuartos entre l'un oul'autre des hauts fonctionnaires ci-dessus mentionns, et par consquent identifierl'empereur qui a dlivr le chrysobulle. Mais il reste un dernier indice examiner :le complot dans lequel fut compromis Nicolas Cheilas. De la lecture du documentimprial on retire la nette impression que la promotion d'Epiphane Phuartosau poste de mystikos a suivi d'assez prs l'avnement du souverain en questionet , par voie de consquence, que la conjuration laquelle participa NicolasCheilas fu t ourdie au dbut du rgne. Parmi les empereurs de la priode envisagequi furent viss ds leur avnement, c'est Constantin Doukas que l'on pensespontanment.Dans sa Chronographie'* l Michel Psellos dcrit un complot ourdi contre cetempereur par une coterie de gens de toutes conditions, mais le rcit est si allusifque, n'taient les renseignements des autres historiens byzantins, on conjectureraitque les comploteurs avaient projet un sige de la capitale par terre et par mer.La ralit est toute diffrente. Selon Attaliate52, qui donne de cette affaire unrcit circonstanci et sensiblement diffrent de celui, trs succinct, de Skylitzs53,les conspirateurs passrent l'action lors d'une visite de Constantin Doukasau sanctuaire des Manganes le jour de la fte de saint Georges (23 avril). Lesconjurs, qui comptaient mme dans leur rang l'parque de la ville, avaientprojet de noyer le monarque quand il s'en reviendrait par mer des Manganesau grand palais. Ils taient convenus de susciter une meute populaire dansl'agora, de librer les prisonniers et de faire en sorte qu'il n'y eut, au momento la nouvelle de l'meute parviendrait au souverain, aucun navire au mouillage

des Manganes. Au premier bruit de cette rvolte, Constantin Doukas, qui taitaccompagn de sa femme et de ses enfants, se disposa rejoindre le grand palaisau plus vite, et , pour ce faire, descendit au rivage, mais la trirme imprialen'tant pas embosse auprs du monastre, il dut se contenter d'une chaloupede fortune. A cet instant apparut un navire dont les marins, la solde des conjurs,voulurent prendre l'empereur bord, mais il dclina leur invite et chappa ainsi la noyade. Selon une autre version de l'affaire, la trirme apparut et fonadroit sur la chaloupe en vue de l'envoyer par le fond, mais une manuvre hardiedu pilote la sauva de la collision, et le monarque en fu t quitte pour la peur. L'enqute rvla que des fonctionnaires civils et militaires de haut rang avaient trempdans ce coup d'Etat. Mais le souverain fit preuve de clmence : il se contentad'exiler les coupables et de confisquer leur fortune. D. Polemis, qui a donn

51. Renauld, II, p. 148-149.52. Attaliate Bonn, p. 71-75.53. Skylitzs Continu : Bonn, II, p. 651-652 = Tsolaks, p. 111. Jean Zonaras(Bonn, III, p. 674-675) s'inspire de son propre aveu (p. 6733) du Thraksios, c'est--direde Jean Skylitzs.


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UN CHRYSOBULLE DE CONFIRMATION 99un rsum de ce complot54, est d'avis qu'il eut lieu en l'anne 1061 55 ; il appuiecette datation sur une expression d'Attaliate56 qui lui parat dsigner le dimanchede Thomas ou dimanche aprs Pques, qui en 1061 tombait le 22 avril, donc laveille de la Saint-Georges, mais cette interprtation nous parat contestable :l'expression pourrait bien tre trs banale et donc moins prcise, si bien que l'anne1060, c'est--dire la premire anne du rgne de Constantin Doukas, o Pquestombait le 26 mars, semble tout aussi plausible.Il n'y a pas lieu de s'attarder sur la prdiction d'Epiphane concernant l'accessionu trne du souverain qui lui octroie le document. La plupart des empereursbyzantins qui ne furent pas promus en vertu d'un droit dynastique ont fait l'objetavant leur lvation des prdictions les plus flatteuses, et Constantin Doukasn'a pas fait exception. Psellos57 crit une poque, il est vrai, o c'est le filsan de ce dernier qui rgnait qu'il ne manqua pas de gens pour lui promettrele gouvernement de l'empire, alors qu'il affectionnait dans ses atours une extrmesimplicit et dans son comportement l'attitude d'un simple particulier.Les rsultats auxquels aboutit cette enqute sont dcevants : aucun des lmentsexamins ne permet d'identifier coup sr l'empereur qui a dlivr le chrysobullede confirmation. On peut cependant maintenant procder par limination. Cesouverain ne saurait tre Theodora (1055-1056), ni Eudocie (1067), ni non plusMichel Doukas (1071-1078) qui tait destin rgner la mort de son pre.On exclura aussi Michel le Stratiotique (1056-1057) et Isaac Comnne (1057-1059), qui, notre connaissance, n'ont pas fait l'objet d'un complot rpondant celui qui est mentionn dans le chrysobulle. Romain Diogne (1068-1071)sera aussi cart, puisque nous connaissons deux prtoaskrtis durant ses deuxans et demi de rgne ; il n'y a donc pas place apparemment pour EpiphanePhilartos cette poque. Constantin Monomaque (1042-1055) ne sera pas nonplus retenu : Nicolas Cheilas et Epiphane Philartos tant d'anciens lves dePsellos, il est peu probable qu'ils aient accd aux hautes charges de prposaux suppliques et de prtoaskrtis sous ce monarque. On conclura donc, maissous toutes rserves, que l'empereur au nom duquel Psellos a rdig ce chrysobullea chance d'tre Constantin Doukas. Dans cette hypothse, Nicolas Cheilas etEpiphane Philartos ont t respectivement prpos aux ptitions et prtoaskrtisu dbut de son rgne, vers 1060/1061 ; c'est, en consquence, cette datequ'il conviendrait d'assigner le document imprial que nous rditons. A queltitre Psellos a-t-il t charg de le rdiger ? Nous ne disposons prsentementd'aucun lment pour rpondre cette question. Ce que nous savons, c'est qu'ilfu t particulirement bien en cour durant le rgne de cet empereur, qui le choisiracomme prcepteur de ses fils Michel et Andronic.

54. The Doukai, Londres 1968, p. 31.55. Notes on Eleventh-Century Chronology. 2. The Conspiracy against Doukas(23 April, 1061), BZ 58 , 1965, p. 61-62.56. Bonn, p. 7121 : .57. Chronographie : Renauld, II, p. 135.

paul gautier. un chrysobulle de confirmation rédigé par michel psellos. revue des études...

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