gautier, goya

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El primer catálogo de obras de Goya corrió a cargo del escritor francés Théophile Gautier, en cuyo texto de introducción comienza a germinar la imagen romántica del pintor.

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  • F R A N C 0 GOYA Y LUCIENTES.

    Francisco Goja y Lucientes peut tre appel bon droit Ic dernier peintre espagnol; il clt celte vigoureuse gnration d'artistes du seizime et du dix-septime sicle ; il est le petit-fils encor reconnaissable de Velazquez. Aprs lui viennent les Aparicio, les Lpez; la dcadence est complete, le eyele de l'art est ferm. Qui le rouvrira?

    C'est un trange peintre, un singulier gnie que Goya! Ja-mis originante ne fut plus tranche, jamis artiste espagnol ne futplus local. Un croquis de Goya, quatre coups de pointe dansun nuage d'aqua-tinta en disent plus sur les mceurs du pays

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    que les plus longues descriptions. Par son existence aventu-reuse, par sa fougue, par ses talents mltiples, Goya semble appartenir aux belles poques de l'art, et cependant c'est en quelque sorte un contemporain : il est mort Bordeaux en \828.

    Avant d'arriver l'apprciaon de son ceuvre, esquissons sommairement sa biographie. Don Francisco Goya y Lucientes naquit en Aragn de parentsdans une position de fortune me -diocre, mais cependant suffisante pour ne pas entraver ses dis-positions naturelles. Son got pour le dessin et la peinture se dveloppa de bonne heure. II voyagea, tudia Rome quelque temps, et revint en Espagne, o il flt une fortune rapide la cour de Charles IV, qui lui accorda le titre de peintre du roi. 11 tait recu chez la reine, chez le prince de Bnavenle et la du-chesse d'Albe, et menait cette existence de grand seigneur des Rubens, des Van-Dyck et des Volazquez, si favorable l'pa-nouissement du gnie pittoresque. II avait, prs de Madrid, une casa de campo dlicieuse, o il donnait des ftes, et o il avait son atelier.

    Goya a beaucoup produit; il a fait des sujets de saintet, des fresques, des portraits, des scnes de mceurs, des eaux-fortes, des aqua-tinta, des lithographies, et partout, mme dans les plus vagues bauches, il a laiss l'empreinte d'un talent vi-goureux; la griffe du lion raye toujours ses dessins les plus abandonns. Son talent, quoique parfaitement original, est un singulier mlange de Velazquez, de Rembrandt etde Reynolds; il rappelletour tour ou en mme temps ees trois matres, mais comme le fils rappelle ses ai'eux, sans imitation servile, ou plu-tt par une disposition congniale que par une volont for-melle.

    On voit de lui, au muse de Madrid, le portrait de Charles IV et de la reine cheval : les tetes sont merveilleusement peintes, pleines de vie, de flnesse et d'esprit; un Picador et le Massacre du 2mai, scned'invasion. Al'Acadmie, on admire uneFemme cou-che, en costume de maja d'une lgance exquise et d'une couleur charmante. Le duc d'Ossuna possde plusieurs tableaux de Goya, et il n'est gure de grande maison qui n'ait de lui quelque por-

  • DE L 'AMATEDB . 55)

    trait ou quelqueesquisse. L'intrieur de l'glisde San Antonio de la Florida, ou se tient une fte assez frquente, une demi-lieue de Madrid, estpeint a fresque par Goya, avec cette libert, cette audace et cet effet qui le caractrisent. A Tolde, dans une des salles capitulaires, nous avons vu de lui un tableau re-prsentant Jsus livr par Judas, effet de nuit que n'et pas dsavou Rembrandt, qui je l'eusse attribu d'abord, si un chanoine nejm'et fait voir la signature du peintre mrite de Charles IV. Dans la sacristie^ie la cathdrale de Sville, il existe aussi un tableau de Goya, d'un grand mrite, sainte Justine et sainte Rufflne, vierges et martyres, toutes deux filies d'un potier deterre,comme l'indiquent les nlcarazas et les cantaros groups leurs pieds. v ' *.

    La maniere de peindre de Goya tait aussi excentrique que son talent: il pisait la couleur dans des baquts, Tappliquait avec des ponges, des balis, des torchons, et tout ce qui li tombait sous la main; il truellait et maconnait ses tons comme du mrtier, et donnait les touches de sentiment grands coups de pouce. A l'aide de ees procedes expditifs et premptoires, il couvraiten un oudeuxjours une trentaine de pieds de muraille. Tout ceci nous parat dpasser un peu les bornes de la fougue et de Tentrain; les artistes les plus emports sont des lchcurs en comparaison. II excuta, avec une cuiller en guise de brosse, une scne du Dos de Maio, o Ton voit des Francais qui fusil-lent des Espagnols. C'est une ceuvre d'une verve et d'une furie incroyables. Cette curieuse peinture est relgue sans honneur dans Tantichambre du muse de Madrid.

    L'individualit de cet artiste est si forte et si tranche, qu'il nous est difficile d'en donner une idee mnle approximative. Ce n'est pas un caricaturiste comme Hogarth, Bamburry ou Cruis-hanck; Hogarth, srieux, flegmatique, exact et minutieux comme un romn de Richardson, laissant toujours voir l'inten-tion morale; Bamburry et Cruishanck, si remarqubles pour leur verve maligne, leur exagration bouffonne, n'ont rien de commun avec l'auteur des Caprichos; Callot s'en rapprocherait plus, Callot, moiti Espagnol, moiti Bohmien ; mais Callot est net, clair, fin, prcis, fidle au vrai, malgr le maniere de ses

  • 5-50 L~E CABINET

    tournures et l'extravagance fanfaronne de ses ajuslemenls ; ses uiableries les plus singulires sont rigoureusement possibles ; i! fait grand jour dans ses eaux-fortes, o la recherche des dtails empche l'effet et le clair-obscur, qui ne s'obtjennent que par des sacrifices. Les compositions de Goya sont des nuits profun-des o quelque brusque rayn de lumire bauche de pales sil houettes et d'tranges fantmes.

    C'est un compos de Rembrandt, de Watteau et des songes drolatiques de Rabelais; singulier mlange! Ajoutez cela une haute saveur espagnole, une forte dose de Tesprit picaresque de Cervantes, quand il fait le portrait de la Escalanta et de la Ganan-ciosa, dansRinconete et Cortadillo, et vous n'aurez encor qu'une trs-imparfaite idee du talent de Goya. Nous allons tcher de le faire comprendre, si toutefois cela est possible, avec des mots. _

    Les dessins de Goya sont excuts l'aqua-tinta, repiqus et ravivs d'eau-forte; rien n'est plus franc, plus libre et plus fa-cile; un trait indique tout une physionomie, une traine d'om-bre tient lieu de fod, ou laisse deviner de sombres paysages a demi bauchs; des gorgs de sierra, thtres tout prepares pour un meurtre, pour un sabbat ou une tertulia de Bohmiens; mais cela est rare, car le fand n'existe pas chez Goya ; comme Michel-Ange, il ddaigne compltement la nature extrieure, et n'en prerid tout juste que ce qu'il faut pour poser des figures, et encor en met-il beaucoup dans les nuages. De temps en temps un pan de mur coup par un grand angle d'ombre, une noire arcade de prison, une charmille peine indiques; voil tout. Nous avons dit que Goya tait un caricaturiste, faute d'un mot plus juste. C'est dla caricature dans le genre d'Hoff-mann, o la fantaisie se mle toujours la critique, et qui va souvent jusqu'au lgubre et au terrible ; on dirait que toutes ees tetes grimagantes ont t dessines par la griffe de Smarra sur le mur d'une alcve suspecte, aux lueurs intermitientes d'une veilleuse l'agonie. On se sent transport dans un monde inou'i, impossible et cependant rel. Les trones d'arbre ont l'air de fantmes, les hommes d'hynes, de hiboux, de chats, d'nes ou d'hippopotames; les ongles sont peut-tre des serres,

  • DE L 'AMATEDK. 5 W

    les souliers boufettes chaussent des pieds de bouc ; ce jeune cavalier est un vieux mort, et ses chausses enrubanesenve-loppent un fmur dcharn ct deux maigres tibias; jamis il ne sortit de derrire le pole du docteur Faust des apparitions plus mystrieusement sinistres. \

    Les caricatures de Goya renferment, dit-on, quelques allu-sions politiques, mais en petit nombre ; elles ont rapport Go-do , la vieille duchesse de Benaventi, aux favoris de la reine, et quelques seigneurs de la cour, dont elles stigmatisent Pi-gnora ncerou les vices. Mais il faut bien les chercher travers le voile pais qui les obombre.Goya a encor fait d'autres des-sins pour la duchesse d'Albe, son amie, qui ne sont point pa-rus, sans doute cause de la facilit de l'application. Quel-ques-uns ont trait au fanatisme, la gourmandise et la stupi-dit des moines; les autres reprsentent des sujets de mceurs ou de sorcellerie.

    Le portrait de Goya sert de frontispice au recueil de son ceu-vre. C'est un homme de cinquante ans environ, l'ceil oblique et fin, recouvert d'une large paupire avec une paite d'oie maligne et moqueuse, le mentn recourb en sabot, la lvre suprieure minee, l'infrieure preeminente et sensuelle ; le tout encadr dansdes favoris mridionaux et surmont d'un chapeau la Bolvar; une physionomie caractrise et puissante.

    La premire planche reprsente un mariage d'argent, une pauvre jeune filie sacrifie un vieillard cacochyme et monstrueux,par des parents avides. La marie est charmante avec son petit loup de velours noir et sa basquine grandes franges, car Goya rend merveille la grce andalouse et castillane; les parents sont hi-deux de rapacit et de misre envieuse, ils ont des airs de re-quins et de crocodiles inimaginables; elle sourit dans les larmes, comme une pluie du mois d'avril; ce ne sont que des yeux, des grifles et des dents; l'enivrement de la parure empche la jeune filie de sentir encor toute l'tendue de son malheur.Ce thme revient souvent au bout du crayon de Goya, et il sait tou-joursentirer des effets piquants. Plus.Ioin, c'est el coco, croque-mitaine,qui vient effrayer les petits enfants et qui en effrayerait J Jien d'autres ; car, aprs l'ombrc de Samuel dans le tablcau de

  • 542 LE CABINET

    la Pijilwnhse d'Endbr, par Salvator Rosa, nous ne connaissons rien de plus terrible que cet pouvantail. Ensuite ce sont des majos qui courtisent des fringantes sur le Prado; de belles filies au bas de soie bien tir, avec de petites mules taln pointu qui ne tiennent au pied que par l'ongle de l'orteil, avec des peignes d'caille galerie, dcoups jour et plus hauts que la couronne mrale de Cyble ; des mantilles de dentelles noi-res disposes en capuchn et jetant leur ombre veloute sur es plus beaux yeux noirs du monde ; des basquines plombes pour mieux faire ressortir l'opulence des hanches ; des mouches po-sees en assassines au coin de la bouche et prs de la tempe; des accroche-cceurs surprendre les amours de toutes les Espagnes, et de lrges ventails panouis en queue.de paon; ce sont des hidalgos en escarpins, en frac prodigieux, avec le chapeau demi-lune sous le bras et des grappes de breloques sur le ventre, fai-sant des rvrences trois temps, se penchant au dos des chai-ses pour souffler, comme une fume de cigare, quelque folie bouffe de madrigaux dans une belle touffe de-cheveux noirs, ou promenant par le bout de son gnt blanc quelque divinit plus ou moins suspecte. Puis des mires tiles donnant leurs filies trop obissantes les conseils de la Macette de Rgnier, les lavant et les graissant pour aller au sabbat. Le type de la mere utile est merveilleusement bien rendu par Goya, qui a , comme tous les peintres espagnols, un vif et profond sentiment de l'ignoble; on ne saurait imaginer rien de plus grotesquement horrible, de plus vicieusement difforme; chacune de ees mgres runit elle seule la laideur des sept peches capitaux ; le diable est joli ct de cela. Imaginez des fosss et des contrescarpes de rides ; des yeux comme des charbons teints dans du sang; des nez en ilute d'alambic, tout bubels de vermes et de fleu-rettes; des mufles d'hippopotame, hrisss de crins roides, des moustaches de tigre, des bouches en tirelire, cpntracts par d'af-freux ricanements; quelque chose qui tient de l'araigne et du cloporte, et qui vous fait prouver le mme dgot que lorsqu'on met le pied sur le ventre nu d'un crapaud.Yoil pour le ct rel; mais c'est lorsqu'il s'abandonne sa verve dmonographi-que que Goya est surtout admirable; personne ne sait aussi bien

  • DE L ' AMATEUR. 5 >

    que lui faire roulerdans la cliaude atmosphre d'une nuit d'o-rage de gros nuages noirs chargs de vampires, de stryges, de dmons, et dcouper une cavalcade de sorcires sur une bande d'horizons sinistres.

    II y a surtout une planche tout l'ait fantastique qui est bien le plus pouvantable cauchemar que nous ayons jamis rev ; elle est inttule: Y aun no se van. C'est effroyable, et Dante lui-mme n'arrive pas cet effet de terreur suffocante ; reprsen-tez-vous une plaine nue et morne au-dessus de laquelle se traine pniblement un nuage difforme comme un crocodilo ventr puis une grande pierre, une dalle de tombeau qu'une figure souffreteuse et maigre s'efforce de soulever. La pierre, trop lourde pour les bras dcharns qui la soutiennent et qu'on sent prs de craquer, retombe malgr les efforts du spectre et des au-tres petits fantmes qui roidissent simultanment leurs bras d'ombre; plusieurs sont dj pris sous la pierre, un instant d-place : l'expression de dsespoir qui se peint sur toutes ees physionomies cadavreuses, dans ees orbites sans yeux, qui voient que leur labeur a t inutile, est vraiment tragique; c'est le plus triste symbole de l'impuissance laborieuse, la plus som-bre posie et la plus amere drision que l'on ait jamis faites propos des morts. La planche Buen viagge, o l'on voit un vol de dmons, d'lves du sminaire de Barahona qui fuient tire-d'aile, -et se-htent vers quelque ceuvre sans nom, se fait re-marquer par la vivacit et l'nergie du mouvement. 11 semble que l'on entende palpiter dans l'air pais de la nuit toutes ees membranes velues et ongles comme les ailes des chauves-sou-ris. L e recueil se termine par ees mots : Y es hora. C'est Fheure, le coq chante, les fantmes s'clipsent, car la lumire parait.

    Quant la portee esthtique et morale de cette ceuvre, quelle est-elle ? Nous l'ignorons. Goya, semble avoir donn son avis l-dessus dans un de ses dessins o est represent un hommc, la tete appuye sur ses bras et autour duquel voltigent des hi-boux, des chouettes, des coquecigrues. La lgende de cette image est : El sueno de la razn produce monstruos. C'est vrai, mais c'est bien svre.

  • 344 LE CAB1NET

    Ces Caprices sont tout ce que la Bibliothque royale possde de Goya: il a cependant produit d'autres oeuvres : la Tauromaquia, suite de 55 planches, les Scnes d'invasion qui forment 20 dessins, et devaient en avoir plus de 40; les eaux-fortes d'aprs Velaz-quez, etc., etc. . ,

    La Tauromaquia est une collection de scnes reprsentant di-vers pisodes du combat de taureaux, partir des Mores jus-qu' nos jours.Goya tait un aficionado consomm, et il pas-sait une grande partie de son temps avec les toreros. Aussi tait-il rhomme le plus comptent du monde pour traiter fond la matire. Quoique les attitudes, les poses, les dfenses et les attaques, ou, pour parler le langage technique, les diffrentes suertes et cogidas soient d'une exactitude irreprochable, Goya a rpandu sur ces scnes ses ombres mystrieuses et ses couleurs fantastiques. Quelles tetes bizarrement feroces, quels ajuste-ments sauvagement tranges, quelle fureur de mouvement! Ses Mores, compris unpeu a la maniere des Tures de l'empire, sous le rapport du costume, ont les physionomies les plus ca-ractristiques. Un trait gratign, une tache noire, une raie blanche, voil un personnage qui vit, qui se meut, et dont la physionomie se grave pour toujours dans la mmoire. Les tau-reaux et les chevaux, bien que parfois d'une forme un peu fa-buleuse, ont une vie et un jet qui manquent bien souvent aux btes des animaliers de profession : les exploits de Gazul, du Cid, de Charles-Quint, de Romero, de l'tudiant de Falces de Pepe Illo, qui prit misrablement dans l'arne, sont retracs avec une fidlit tout espagnole. Comme celles des Caprichos, les planches de la Tauromaquia sont excutes l'aqua-tinta et releves d'eau-forte.

    Les Scnes d'invasion offriraient un curieux rapprochement avec les Malheurs de la.guerre, de Callot.Ce ne sont que pen-dus, tas de morts quon dpouille, femmes qu'on viole; blesss qu'on emporte, prisonniers qu'on fusille, couvents qu'on dva-lise, populations qui s'enfuient, familles rduites k la mendi-cit, patriotes qu'on trangle, tout cela traite avec ces ajuste-ments fantastiques et ces tournures exorbitantes qui feraient croire une invasin de Tartares au quatorzime sicle. Mais

  • DE L 'AMATEUR . 545

    T I H O I ' H I L E GAUtlIDR.

    quelle flnesse , quelle science profonde de l'anatmie dans tous ees groupes qui semblent ns du hasard et du caprice de la pointe ! Dites-moi si la Niob antique surpasse en dso-lation et en noblesse cette mere agenouille au milie de sa famillo devant les ba'onnettes francaises? Parmi ees dessins qui s'expliquent aisment, il y en a un tout fait ter-rible et mystrieux, et dont le sens, vaguement entrevu, estplein de frissons et d'pouvantements. C'est un mort moiti enfoui dans la terre, qui se soulve sur le coude, et, de sa main os-seuse, crit sans regarder, sur un papier pos ct de lui, un mot qui vaut bien les plus noirs du Dante : Nada (nant). Au-tour de sa tete, qui a gard juste assez de chair.pour tre plus horrible qu'un crne dpouill, torbillorinent peine visibles, dans l'paisseur de la nuit, de monstrueux oauchemars illumi-ns e et la de livides clairs. Une main fatidique soutient une balance dont les plateaux se renversent. Connaisse-vous quel-que chose de plus sinistre et de plus dsolant?

    Tout fait sur la fin de sa vie qui fut Iongue, car il est mort Bordeaux plus de quatre-vingts ans, Goya a fait quelques croquis lithographiques improvises sur la pirre, et qui portent le titre de Uibersion de Espaa; ce sont des combats de tau-reaux. On reconnait encor, dans ees feuilles charbonnes par la main d'un vieillard sourd depuis longtemps, et presque aveugle, la vigueur et le mouvementdes Caprichos et de la Tauromaquia. L'aspect de ees lithographies rappelle beaucoup, chose cu-rieuse 1 la maniere d'Eugne Delacroix dans les illustrations de Faust.

    Dans la tombe de Goya est enterr l'ancien art espagnol, le monde ajamis disparudes toreros, des majos, des manlas, des contrebandiers, des voleurs, des alguazils et des sorcires, toute la couleur lcale de la Pninsule. I I est venu juste temps pour recueillir et flxer tout cela. 11 a cru ne faire que des capri-ces, il a fait leportrait et l'histoire de la vieille Espagne, tout en croyant servir les idees et les croyances nouvelles. Ses caricatu-res seront bientAt des monuments historiques.

  • 5.i (i LE C A B I N E T

    CATALOGUE R A 1 S O N N

    Dl L'OECVRIi GRAVI

    D E F R A N c o G O Y A Y L U C I E N T E S .

    Les estampes de Goya, trs-recberches en France, sont encor des

    espces d'nigmes pour bien des amateurs; ils admiren l ia hardiesse

    d'exculion, rimaginatin bizarre et les admirables effels dclumire;

    mais rintenlion qui-a prside a ees compositioiis, l'allusion qui les rend

    encor pluspiquanles, chappenl a la plupart. Dans les collections, Goya,

    notre contemporain, doit prendre place a ct de Rembrandt. Nous

    croyons done utile de dcrire son ceuvre grav. Sans nous carter des

    limites d'une simple nomenclature, nous essayerons d'en donner un ca-

    talogue raisonn qui fasse bien comprendre ees productions si diverses,

    qui relvenl d'un ordre d'ides, d'usages et de particularits qui nous

    sont tout l'ait trangres.

    Pour le recueil des Caprices, qui prsente beaucoup d'allusions a la

    politique du temps et a des usages nationaux, nous avons interrog quel-

    ques personnes qui ont vcu l'poque et au milieu de la socit qui

    y est si vigoureusement peinte, et mis a profit les explicalionsque nous

    avons t mme de recueillir personnellement en Espagne.

    Dans la description de la suite, intitule Tauromaquia, nous avons

    essay de donner une idee de ce spectacle extraordinaire, el nous nous

    sommes servis des mots espagnols, sans quivalents dans notre langue,

    qui en dsignent les principaux acteurs.

    Nous n'avons pu donner la dimensin exacte de quelques planches

    qui nous sont connues, mais qui nous manquent Paris; nous en avons

    signal d'atres dont l'existence nous a t indique par Cean Bermudez

    dans son Dictionnaire des beaux-arts, el par M. Valentn Carderera; elles

    sont probablement fort rares. Aussi capricieux que ses compositioiis,

    Goya a souvent bris une planche dont il n'avait tir que quelques prcu-

  • DE L 'AMATEUR. 547

    ves, soil qu'il n'en ft pas satisfait,^oit qu'elles ne fussent que de sim-

    ples essais. Le besoin de produire, chez cet artiste, tait indpendant de

    celui de publier. La suite des Caprices ne vit le jour qu'aprs la chute

    de Charles IV. Celle de la Tauromaquia, dont la dernire planche

    retrace la mort de Pepe Illo arrive en 1801, et qui a t excute cette poque, a t publie il y a six ans seulement par ses hritiers. Les

    vingt estampes que nous avons intitules Scnes d'invasion, sont encor

    indites ou du moins rpandues un trs-petit nombre.

    L'oeuvre d Goya manque enlirement la Bibliothque royale qui

    ne possde que le recueil des Caprices; c'est une lacune qui doit lre

    comble; nous avons donn dans nos muses une trop belle place aux

    peintres espagnols, pour ne pas accorder un portefeuillc la poinle la

    plus brillante de cette cole.

    Les Caprices. ^

    1. FRANCISCO GOYA Y LUCIENTES PINTOR.

    Portrait de l'auleur tourn gauche, coiff d'un bolvar.

    2. E L SI PRONUNCIAN Y LA MANO ALARGAN AL PRIMERO QUE LLEGA :

    Elle prononce le oui et donne la main au premier qui se prsente.

    Une femme masque, suivie de deux vieilles, donne la main un

    homme qui semble la mener a Pan tel. -

    5. QUE VIENE EL coco : II vient le coco. Deux enfants erays se ca-

    chen l entre les bras d'une jeune femme l'approche d'un person-

    nage couvert d'un linceul. El coco est le Croquemitaine espa-

    gnol- . .

    4. E L DE LA ROLLONA : Celui de la grosse femme. Un laquais traine avec

    des eourroies un personnage deja g, vtu comme un enfant, et

    mettant une main dans sa bouche. Nous n'avons pas la clef de cette

    caricature.

    5. T A L PARA QUAL : Qui se ressemble s'assemble. Une elegante la bas-

    quine, charge de passemenlerie, au pelit pid chauss d'une mul

    ' i taln, semble causer avec un dandy du temps; deux vieilles, au

    fond, les montrent du doigl.

    C. NADIE SE CONOCE : Personne ne se connaif. Reunin de personnages

    masques dans le got espagnol.

    7 . ' N I ASI LA DISTINGUE : Mme ainsi il ne la distingue pas. Dans une

    promenade publique un homme lorgne une femme qu'il touche sans

    la reconnatre. Critique d'une manie ridicule.

  • 548 LE CABINET

    8. QUE S; LA LLEVARON ! : El s l'onl emporle! Deux hommes, la lele eouverte, emportenl une femme qui crie.

    9 . TNTALO : Taale. Au pied d'une muraille, un horame qui se de-

    sespere, tient sur ses genoux une jeune femme morte dont les vte-

    menls sont en dsordre.

    10. E L AMOR Y LA MUERTE : L'amour et lamort. Une femme soulenant

    dans ses bras un hoinme qui se meurt; une pe nue est' ses

    pieds.

    11. MUCHACHOS AL AVIO : Enfanls l'ouvrage! Reunin de rateros, bri-

    gands espagnols, se prparant a quelque expdition ; descarabines

    et des paquets de cordes sont leurs pieds.

    12. A CAZA DE DIENTES : A la cliasse aux denls. Une femme, saisie de

    terreur, dlournant la tete, essaye d'arracher a un pendu ia dent

    qui doit lui porter bonheur ou qui est ncessaire a quelque sorcel-

    lerie.

    15. ESTN CALIENTES : lis sont chauds. Deux moines, la bouche ouverle

    de douleur, viennentde se brler en mangeant; deux autres qui les

    rcgardenl, rient.

    1-5. QUE SACRIFICIO ! : Quel sacrifice! Des parents meltent entre les mains

    d'un homme d'une figure monstrueuse, bossu, et les jambes torses, une jeune filie h demi rsigne, les cheveux pars.

    15. BELLOS CONSEJOS : Bons conses. Une jeune femme assise, d'une rare

    beaut, coute les conses d'une affreuse vieille. Dans cette jeune

    femme, qu'claire un effet de lumire si piquant, on croit recon-

    naitre le portrait de dona Josepha Tud (la Tud) , filie d'un chirur-

    gien, qui fut marie secrtement au fameux don Manuel Godoi,

    depuis prince de la Paix.

    16. DIOS LA PERDONE : ERA SU MADRE ! : Dieu vous pardonne : el c'lait

    sa mere! Une jeune elegante rpond une vieille qui lui demande

    l'aumne : Dicu vous pardonne, paroles avec lesquelles on congdie

    les pauvres en Espagne. L'auteur ajoute : el c'lait sdmrel

    17. BIEN T IRADA ESTA : 11 est bien tir. Une vieille, acroupie terre,

    semble adresser ees paroles une jeune femme qui altache sa jar-

    retire le pied appuy sur le bord d'un brasero, vas de cuivre rem-

    pli de feu, avec lequel les Espagnols cbauflent leurs appartements.

    Les paroles espagnoles prtent a une allusion licencieuse.

    18. YSELE QUEMA, LA CASA vil s'en va, la maison brle. Un vieillard de la figure la plus insouciante, a peine vlu, sa culotle a la main, ses

    cbausses sur ses talons, se bate de quillcr une chambre dont les

    mcubles sont en leu. Allusion a Charles IV.

  • DE L 'AMATEUR. 3'(!)

    1 9 . TODOS CAERN : Toules tomberonl. Deux jcunes femmes arrachcnt,

    avec une joie chamante, les dernires plumes trun poiilet a tele

    humaine qu'elles tiennentsur leurs genoux; une vieille, accroupie,

    joint les mains et leve les yeux au ciel de plaisir. Au-dessus, quelle

    est cette jeune poule tete de femme, les palles posees sur un globe,

    et autour de qui voltigent tant d'oiseaux coquets en froc, en uni-

    forme, en habits de ville? La reine des Espagnes et des Indos.

    20 . Y A VAN DESPLUMADOS : Dj s s'cn vonl dplums. Deux jeunes

    femmes, excites par deux vicilles mgres, chassent a grands coups

    de balis trois oiseaux dplums de la mine la plus pileuse.

    2 1 . QUAL LA DESCAONAN! Comme s la plumenl! Pauvre victime

    tombe dans les mains d'hommes de loi qui la dpouillent gravemeni

    en perruques, en rabals et l'pe au col.

    2 2 . POPRECITAS! : Pauvres pclies! Deux femmes, la tete cachee sous la mantille, sont suivies par deux hommes envelopps de manteaux.

    2 3 . AQUELLOS POLBOS : Ceux-ci poussire. Cette estampe reprsente un

    Anllo, petit Anlo. Un homme assis, coiff du haut bonnet poinlu

    nomm coroza, entend lire sa sentence. Ces paroles aquellos polbos

    paraissent tre la pour ce proverbe espagnol, aquellos polbos traen

    estos lodos, de cette poussire vient cette boc. La dernire partie

    se rapporterait alors la foule ignorante qui contemple cette

    scne.

    2 ! . NOHUBO REMEDIO : II riy a pas eu de remede. Une entremelteuse

    demi nue, coile de la coroza, montee sur un ne el escorte d'al-

    guazils, est livre aux rises de la multitude; ce supplice s'appelle

    poner a la vergenza, exposer la honte. On remarque une espce

    de fourche de fer qui maintienl leve la tete de la condamne.

    23. Si QUEBR EL CNTARO : 11 a cass la criichc. Une vieille femme

    fouelte vigoureusement un enfant qui vient de casser un vase de

    ierre.

    2 0 . Y A TIENEN ASIENTO : Dj clles ont retenu leur place. Deux femmes,

    en dpit du lemps qui les forc relever leurs jupes et a metlre

    une chaise sur leur tete, persistenl a conserver leur place a quelque

    course de taureaux.

    2 7 . QUIEN MAS RUNDIDO? : Qui est plus soumis?\]ne femme dlournanl

    la tete avec ddain sans vouloir faire atlention aux humbles pro-

    teslations du courtisan qui la salue".

    28. CHITON ! Silence! Une femme a moiti voile par sa mantille, un

    doigt pos sur sa boliche, dit cette parole : Silence ! h une pauvre

    femme assise au pied d'un arbre du Prado.

  • 550 LE C A B I N E T

    29. ESTO SI QUE ES LEER : C'esl cela qui s'appelle Uro. Un homme assis,

    couvcrt d'un peignoir, le pied pos sur le bord d'un brasero, sem-

    ble lire avec aitenon,pendantque deux grands valets, qui parais-

    sent se moquer de lui, le chaussent et le poudrent. Celte caricature

    se rapporte au duc del Parque, qui passait, Madrid, pour ne don-

    ner la culture de son esprit que le temps qn'il plaisait son valet

    de chambre de metlre sa coiffure.

    50. PORQUE ESCONDER LOS? Pourquoi les cacher? Ces paroles sont

    adresses par des hommes de mine joyeuse a un avare surpris, te-

    an t deux bourses dans ses mains.

    51. RUEGA POR ELLA : Elle prie pour elle. Une jeune femme est sa toi-

    lette, c'est une courlisane. Sans doute cette vieille, qui est prs

    crelle, un cbapelet la main, adresse une fervente prire a San

    Antonio, qui est en Espagne le patrn de ces demoiselles.

    52. PORQUE FUE SENSIBLE : Parce quelle ful sensible. Une jeune femme,

    qu'claire la lueur d'ne lanterne, est.assise dans un cachot.

    55. ' A L CONDE P A T A L I N O : Le comlc Palatino. Un charlatn, vtu comme

    un grand soigneur, entour de files, d'lixirset d'onguents, vient

    d'arracher une denl ou plutt la mchoire a un malheureux qui vo-

    mit lesang; il lient un autve patient entre ses mains. Salire contre

    les oprateurs italiens qui inondaicnt l'Espagne celte poque.

    Quelques personnes veulent voir dans le personnage principal Ur-

    guijo, ministre connu par le fasto de sa toilette et la violence de

    sesmoyens de gouvernement.

    54. L A S RINDE EL SUENO : Le sommeil les a vaincucs. Quatre femmes

    dans un cachot dormerit dans des altitudes tranges; elles sont clai-

    res par un vigoureux efTet de lumire.

    55. L E DESCAONA : Elles le plument. Un jeune homme, couvert d'un

    peignoir brod, est entour de femmes dont une tienl un rasoir

    pour lui faire la barbe. Le mot descaona a en espagnol une ner-

    gie que ne peut rendre le mot franeais.

    5C. M A L A NOCHE : Mauvaise nuil. Deux femmes sont dehors par une

    nuit orageuse; Tune voit ses vtements releves par le vent, l'aulre,

    les cheveux pars, semble porter un paquet. Cetle circonstance nous

    ferait penser que la letlre mise au has de cetle estampe n'est que

    le commencement du proverbe espagnol: Mala noche y parir hija:

    Mauvaise nuitet accoucher d'unc filie.

    57. Si SABR MAS EL DISCPULO? L'lvc en saura--il plus que le madre ?

    Un grand ne, une frule a la palle gauche, cnseigne falphabet a

    un jeune individu de sonespce. Celle caricature et quelques-unes

  • DE L AMATEUR. 551

    des suivanies nous paraissent toutes diriges contre don Manuel

    Godoi, qu'on avait l'habitude de comparer un ne. On veut voir

    ici Mollinedo, commis, vieilli dans les bureaux des affaires tran-

    gres, qui ful confie l'ducalion politique de don Manuel dans les

    premiers lemps de sa faveur, et qui dut sans doule se trouver fort

    tonn d'enseigner ce qu'il n'avait jamis su.

    58. BRABISSIMO ! : Bravissimo! Un singe chante sur sa guilare les louan-

    ges d'un ne stupide; les spectatcurs se moquent et applaudissent.

    59. ASTA SU ABUELO : Jusqu' son aieul. Un ne ouvrant un Hvre o se

    trouve une longue suite de pelits nes. Satire de la longue et ridi-

    cule gnalogie qui ful faite au prince de la Paix. .On le faisail des-

    cendre des anciens rois goths el teir, on ne sait par quelles allian-

    ces, la famille rgnante. Cela est vident, disait un jour le crdule

    Charles IV qui Ton eomplait celte fable, Godoi nous tient de

    fort prs. 11 y a longlemps que je le savais, rpondit la reine

    40. DE QUE MAL MORIR? : De quel mal mourra-l-il ? Cetne, porlanl au

    bras l'anneau des mdecins espagnols et ltant le pouls un inalado

    agonisant, csl probablement le prince de la Paix gouvernanl l 'Es-

    pagne. EnEspagne, aceite question: De quel mal mourra-t-il ? on

    a l'habitude de repondr : 11 mourra du mdecin.

    i l . N I MAS N I MENOS : Ni plus ni moins. Un singe fait le portrait d'un

    ne qui se transforme en lion sous son pinccau. Mme allusion au

    prince de la Paix; lepeinlre, c'est don Antonio Carnicero.

    42. Tu QUE NO PUEDES : Toi qui ne peux pas. Premiare partie du pro-

    verbe espagnol: Tu que no puedes llvame a cueslas :Toi qui ne peux

    pas, porte-moi sur ton dos. Un ne est mont sur un homme, suite

    de la mme allusion; l'homme, c'est ici l'Espagne, dj puise, qui

    est oblige de fournir aux prodigalils du favori.

    43. Ici commence une nouvelle serie de composilions principalemeni

    consacres flageller l'ignorance du peuple, les vices des moines

    el la stupidit des grands. Les croyances la sorcelleric, si rpan-

    dues encor parmi le peuple celte poque, et qui lait enlretenue

    par les moines, fournissent au peintre une grande partie de ses su-

    jets. Celte planche est une espce de frontispice o le peintre, qui

    sommeille, est rveill par des oiseaux de nuit qui,battant de l'aile,

    se pressent autour'de lui et l'excitent prendre son crayon qu'ils lui

    prsentent. Sur un des cts de la table sur Iaquclle il s'appuie, est

    crit: E L SUENO DE LA RAZN PRODUCE MONSTRUOS : Le sommeil de

    la raisonproduil des monstres; inlerprlalion ncrgique qu'il donne

    toutes ees folies.

  • 552 LE CABINET

    44. H ILAN DELGADO : Hiles filenl fin. Trois parques, mais des parques

    espagnoles, affreuses et ralees, ridicules, Tune lile, Tature devide,

    la troisime coupe. Les vieilles de Goya, si laides qu'elles soient,

    ne sont pas imaginaires; il avait Thabilude d'aller chercher ses in-

    spirations dans la Barrio de Lavapies, ou dans le Rastro, quartiev

    des brocanteurs et des niarchands de guenilles, a Madrid.

    45. MUCHO HAY QUE CHUPAR : II y a beaucoup sucer. Trois sorcires

    hideuses, runies pour un festn diabolique, se disent ces paroles

    en prenant une prise de tabac; auprs d'elles est un paiiier d'enfanls

    nouveau-ns qui vont faire les frais du repas.

    46. CORRECCIN : Corrcclion. Divers personnagcs a ligures grotesques

    runis dans un lieu oii ils paraissent sourir; des monstres volti-

    gent dans l'air.

    47. OBSEQUIO AL MAESTRO : Offrande au mailrc. Une sorcire humble-

    ment prosterne tient dans ses mains le corps d'un jeune enfant

    qu'elle parat offrir, et qui excite l'envie des compagnes qui la regar-

    dent.

    48. SOPLONES : Soaffleurs. Un dmon ail, mont sur une espce de chai,

    monstrueux, souffle et rveille des sorciers endormis et qu'appelle

    l'heure du sabbat. II est bien difficile d'expliquer d'une maniere sa-

    tisfaisantebeaucoup decesscnesd'imagination, etqui se rapportent

    a des croyances fugitivos bien loin de nous deja. Le mol SOPLONES

    signifie aussi mouchards, dlaleurs.

    49. DUENDECITOS : Farfadcls. Trois moines ivrognes et gourmands,

    d'ordre diffrents, el de la plus ridiculo laideur, sont baptiss ici

    du joli nom de farfadels.

    50. Los CHINCHILLAS : Les Chinchillas. Des nobles et des grands, cui-

    rasss de blasons, couverts de livres, l'pe au ct, les orcilles

    cadenasses, les yeux recouverls par de lourdes paupires, dans une

    immobilit stupide, recoivent des alimente de l'ignoranee reprsen-

    te ici par un personnage qui a les yeux bands el la tete ornee de

    longues oreilles d'ane. Les Chinchillas, espce de rats paresseux.

    Goya avait l'habitude de dir : El que no oye nada, ni ve nada, ni

    hace nada, pertenece a la numerosa familia de los Chinchillas, que

    nunca han hecho nada. Celui qui n'entend rien, ne voit rien, de

    fail rien, appartienl la nombreuse famille des Chinchillas qui n'a

    jamis rien fait.

    5t . SE REPULEN : lis se neltoienl. Trois monstres iideux dont l'un, arm

    de ciseaux, coupe les griffes de l'autre.

    52. Lo QUE PUEDE UN SASTRE ! Ce que peul un (ailleur ! Plusieurs per-

  • D E L ' A M A T E U R . 555

    sonnages agenouills, dans l'atliludc de l'adoralion, devant un tron

    d'arbre liabill en moine.

    55. 1 QUE PICO DE ORO ! Quel bec d'or '. Des moines s'extasient au discours

    que leur fait un gros perroquet pos sur le bord d'une chaire a

    prcher.

    S. E L VERGONZOSO : Le vergogneux. Un homme mangeant, au regare!

    furtif, parait se dtourner el vouloir viter tous les yeux, honteux

    des traits obscnes de son visage. L'arliste a indiqu clairement sa

    pense en dessinant, au-dessus de la tete du personnage, la ceinlure

    d'un haut-de-chausse.

    5 5 . HASTA LA MUERTE : Jusqu' la mort. Une vieille etique, assise de-

    vant un miroir, ajuste un ornement sur sa tete deja couverte d'une

    perruque noire. Devant elle, deux bommes dans l'attitude admira-

    tive semblent s'extasier sur sa beaut; une servante est derrire

    qui altache sa robe. I I est ici question de 1'ternelle coquetterie de

    cerlaines grandes dames de la cour.

    5 0 . SUBIR Y BAJAR : Morder et descendre. Sur les bras robustos de la

    sottise, un homme s'lve jetant feu et (lamines; d'autres, qui na-

    gure oceupaient sa place et dont il va bientl partager le sorl,

    roulent honteusemet daiis l'abime.

    5 7 . L A FILIACIN : La fialion. Une assemble de personnages ridi-

    cules semble constater la fdialion d'un nain monstrueux qui vient

    de naitre parmi eux.

    5 8 . TRGALA PERRO : Chien avalle-le! Un pauvre diablo qui picure el

    supplie, est entour de personnages qui rient et lui crient trgala

    perro; il est queslion d'une enorme seringue que tient dans ses

    mains un homme habill en moine.

    5 9 . Y AUN NO SE VAN ! El encor ils ne s'en vonl pas ! Une haute et large

    pierre, semblable a une tombe, est sur le point d'craser des mal-

    heureux, maigres et us, dont les mains dbiles essayent vainement

    de conjurer le malheur, sans cependant vouloir fuir.

    00 . ENSAYOS : Essais. Scne de sorcellerie; une femme semble immoler

    un homme aux pieds d'un bouc monstrueux. Sur le devant,'deux

    chais, un pol et une tete do inorl.

    0 1 . VOLAVERUNT : Elles se sonl cnvoles. Mot lalin usit en Espagne. Une

    jeune femme, ltete orneed'ailes de papillon, foule aux pieds trois

    vieilles femmes qui la transporlent dans les airs.

    0 2 . QUIEN LO CREYERA ! Qui l'aurait cru! Un homme et une femme us,

    accouplement hideux, roulent dans un gouffrc oi les tire un monslre

    fanlastiquc.

    58

  • 554 LE CAB1NET

    C5. MIREN QUE GRARES ! Voyez quelle gravit! Deux personnifications de

    la Slupidit, avec les airs les plus bats du monde, sont montees

    sur des figures tete d'ne, symbole de l'ignorance. La foule, au

    loin, leur tend les bras et les admire.

    6 4 . BUEN VIAGE : Bon voyage. Un dmon ail fend les airs au milieu

    d'une nuit profonde, emportant sur son dos quatre vieilles sorcires

    a la mine eflfare, qui hurlent se faire sorlir les yeux de la tete.

    CS. DONDE VA MAMA ? O va la maman ? Une sorcire ux chairs pen-

    dantes et enormes, qui se rend au sabbat, traverse les airs portee

    par trois dmons; son chat, qui va devant, porte un parasol ou-

    vert.

    6 6 . A L L VA ESO : Ca y va. Un sorcier et une sorcire, qui se rendent

    au sabbat, traversent les airs cramponns aprs une bquille.

    6 7 . AGUARDA QUE TE UNTEN : Attend que tu sois oinl. Deux personna-

    ges hideux, un homme et une femme, us et accroupis sur la terre,

    achvent la transformation en bouc d'une crature humaine; un pied

    seul reste encor qui va bientt disparailre.

    6 8 . L I N D A MAESTRA ! Jolie mailresse! Une vieille sorcire allant au sab-

    bat a cheval sur un balai; une jeune femme nue aux formes elegantes

    est derrire elle, se tenant ses cheveux.

    C9. SOPLA : Souffle. Scne de sorcellerie; une femme demi nue, aux

    memores dcharns, tient dans ses mains un enfant dont elle se sert

    comme d'un soufllet. Un fourneau contientdes os i demi calcines;

    d'autres sorciers sont autour d'elle tenant de jeunes enfants.

    7 0 . DEVOTA PROFESIN : Voeu dvot. On croit voir dans cette es-

    lampe la personnifleation de l'Espagne se dressant sur les paules

    de l'ignorance, qui se voue en toute humilil au cuite de la supersti-

    lion et du fanatisme dont les deux grands prlres lui prsentent le

    livre, qu'ils liennent ouverl avec des tenadles.

    71. Si AMANECE ; NOS VAMOS : Si le jour vienl, nous, nous nous en allons.

    Une reunin de personnages hidux, des sorciers comme le caprice

    de Goya les apeints, sontassis terre, l'un d'eux levant le bras et

    montrant les toiles, dit : Si le jour vient, nous, nous nous en

    allons.

    7 2 . No TE ESCAPARAS : Tu ne t'chapperas pas. Une jeune femme, aux

    formes elegantes, la gorge nue, fuit, poursuivie par des oiseaux de

    divers plumages a qui elle ne doit pas chapper.

    7 5 . MEJOR ES HOLGAR : II vaut mieum ne rien faire et s'amuser. Un

    homme tient sur ses bras un cheveu de fil qu'une femme, qui est

    debout, met en pelote ; une autre lile au fond.

  • DE L 'AMATEUR. 555

    74. No GRITES, TONTA : Ne crie pas, ble. Une jeune femme, que sur-prennent deux moines, crie effraye, et ils lui rpondent: Ne

    crie pas, bte.

    75. No HAY QUIEN NO DESATE ? : N'y a-l-il personne pour nous dlier ? Salire contre le mariage. Un homme et une femme, fortement lies l'un a l'autre par une corde qui leur ceint les reins, font de vains

    ef'orls pour se dtacher. Un oiseau de nuit, hideux cauchemar, est

    entre ees deux tres lies pour jamis. 76. ESTA uaid ?... PUES, COMO DIGO. . .EH ! CUIDADO ! SI NO. . . Tes-vous ?...

    done comme je vous dis... ek! preez garde ! sans cela Espce de fanfaron racontant des infirmesdes exploilsimaginaires sans doute.

    On croit reconnaltre dans le principal personnage don Thomas Mora,

    lieutenant general d'artillerie et ensuite gouverneur d'Andalousie. Ces mots sans suite conviennent fort bien la loquacit connue alors

    de cette crature du prince de la Paix.

    77. UNOS A OTROS : Les uns aux aulres. Des personnages trs-vieux, dont les tetes semblent dj des tetes de mort, montes les uns sur les

    autres, jouent un jeu d'enfant qui simule les courses de taureaux.

    78. DESPACHA QUE DISPDJRTAN : Faisvite, ils se rveillent. Une femme lientunbalai, une autresouffle lefeu, un homme nettoie des plats.

    Sont-ce desvalis craignant le rveil du matre, ou deslutins do-

    mestiques qui ont hte d'achever leur besogne?

    79. NADIE NOS HA VISTO : Personne ne nous a vus. Cinq moines, dans une cave, tiennent la main des verres remplis jusqu'aux bords.

    80. Y A ES HORA : Mainlenanl c'esl l'heure. Quatre moines que matines rveillent, billent et tendent les bras. Maintenant, c'est l 'heure!

    ces singulires paroles qui terminent ce recueil, ont fait penser que

    ce pouvait lre un cri lanc par Goya la fin de son ceuvre, pour

    exciter a secouer le joug de toutes les turpitudes qu'il avait essay

    de ridiculiser.

    Cette suite d'estampes, que l'on trouve toujours runie, est gravee

    l'eau-forte mlange d'aqua-tinta. La dimensin des planches vari entre

    18 et 20 cent, de hauteur, et 14 cent, de largeur. La planche premire,

    qui conlient le porlrait de l'auteur, a 45 cent. 1r2 de haut. sur 11 cent,

    de larg. Toutes sont numroles 1 80, en haut a droile.

    On connait deux tirages des Caprices de Goya qui se distiguent par

    la couleur de l'encre: celle de la premire dition est plus rousse; la

    seconde dition a l faite sous la direction de M. Estve, excellenl

    graveur, a qui l'on doit l'estampe de Moise frapant le rocher, d'aprs Murillo.

  • 556 LE CAB1NET

    Un bel exemplaire des Caprices, reli en maroquin rouge, s'est vendu

    150 francs a la vente des livres de M. M. Sampayo en 1842.

    Tauromaquia.

    TRENTE -TROIS ESTAMPES reprsenlant diffrentes manieres et

    feinles de l'art de combatir les taureaux, inventes et gravees

    Vean forte, a Madrid, par DON FRANCISCO DE GOYA Y LU -

    CIENTES.

    Dans eette suite d'estampes, en faisant l'historique des diverses ma-

    nieres de combattre les taureaux et en indiquant les phases principales

    de ce grand spectacle, Goya s'est plu a reproduire les actions extra-

    ordinaires (suertes) des combattants les plus clebres depuis le Cid, le

    Maure Gazul, et Charles-Quint, qui furentaussid'intrpidesoreros, jus-

    qu' la mort de Pepe Illo, arrive en 1801.

    81. 1. Mode des anciens Espagnols de chasser le laureau cheval

    el dans les campagnes. Un taureau pris dans un lacs est tu coups

    de lance.

    82. , 2. Aulre maniere de chasser picd. Deux hommes armes de lan-

    ces attaquent le taureau en pleine campagne.

    85. 5. Les Maures tablis en Espagne, ludant les prceples du Co-

    ran, adoplenl Vari de combatir les taureaux. Troupe de Maures

    combattant le taureau avec des armes diverses, l'un est foul aux

    pieds.

    84. 4. Aulres Maures qui capean dans une lice fermce. Capear,

    tourdir et fatiguer le taureau en le faisant se prcipiter tojours en

    vain sur une lgre cape en soie de couleur qu'on lui prsente et

    qu'on abandonne sa fureur. C'est par ect exercice que commen-

    cent les courses.

    85. 5. l e courageux Maure Gazul, le premier qui comballil avec la

    lance suivanl les regles. Un Maure a cheval peree un taureau de

    part en part.

    86. 6. Maure qui capean avec leurs bournous dans la plaza. Un tau-

    reau se precipite sur la cape brillante qu'on prsente sa vue.

    L'arne o se fait une course de taureaux se nomme Place.

    87. 7. Origine des arpons ou banderillas. Un Maure en prsence du

    taureau tient sa cape d'une main et de l'autre une banderillas, es-

    pce de fleche dont le fer est fait en forme de harpon et le bois

    empenn d'un bout a l'autre de papier dcoup. Les toreros les.

  • DE L'AMATEUR. 557

    piquenl au cou du taureau furieux avant de l'abandonner a la espa-

    da ou matador qui doit le tuer.

    88. 8. Coup de come repu par un Maure dans la place.

    89. 9. Chcvalier espagnol tuanl un laurean aprs avoir perdu son

    cheval. Un cavalier pied, dont le cheval est tu a droite, enfonce

    s o n p e entre les paules d'un taureau qui tombe mort a ses

    pieds. '

    90. 10. Charles-Quinl lanceado un laureau dans la place de Vallado-

    lid. Un chevalier, les jambes bardes de fer, pique de sa lance, en

    l'loignant de son cheval, un taureau furieux. Suivant les historiens

    espagnols, le Cid, Charles-Quint, Fernand Pizarre, le roi Sbas-

    lien de Portugal et d'autres grands personnages se mlrent ees

    jeux.

    91. 11. Le Cid Campeador lanceado un aulre taureau. Un person-

    nage, mont sur un cheval et vtu d'un costume du seizimesicle,

    perce de part en part un taureau prt a ventrer son cheval.

    92. 12. Desjarrete de la canaille avec leurs lances banderillas, demi-

    lunes et autres armes. Des hommes du peuple entourent un taureau

    et essayent de lui.couper les jarrets avec une demi lune, instru-

    ment employ pour arrter les taureaux vicieux et qui ne peuvent

    pas tre tus suivant les regles de l'art.

    95. 15. Un cavalier espagnol brisanl des rejoncillos sans l'aide des

    chulos. Cette maniere de combattre le taureau, fort dangereuse,

    n'est plus usile aujourd'hui. Rserve aux nobles, elle n'avait or-

    dinairement lieu qu'aux grandes ftes de mariage des rois et d'av-

    nements au tron. Vtus de soie, montes sur des chevaux de prix,

    les genlilshommes combattaient l'animal furieux armes d'un rejon-

    cillo, javelot de sapin trs-fragile.

    94. 14. Le trs-adroit ludianl de Falces joue avec le laureau enve-

    lopp dans son mantean. L'tudiant de Falces est un torero clebre

    du dix-huitime sicle.

    95. 15. Lefamcux Marlincho posanl les banderillas. Cette action est

    unedes plus dangereuses de l'art de combattreles taureaux. Le chulo,

    tenant une banderillas de chaqu main, les bras eleves, excite l'a-

    nimal qui se precipite sur lui et s'arrte un instant en sentant le

    dard que son adversaire lui enfonce dans le col. C'est cet instant

    d'arrt inapprciable qui donne le temps au lutteur de faire un

    carl sur le col qui le met bors de l'altemte de son rcdoutable

    adversaire.

    96. 16, Marlincho faisant tourncr un taureau dans la place de Ma~

  • 558 LE CAB1NET

    drid. Lalutte de l'homme eontrc l'animal n'est pas iciunelulte bru-

    tale et inintelligente, mais bien un combat raisonn, dont les prin-

    cipes sont fonds sur l'tude des instincts, des facultes et de la

    construction mme du taureau. II y a, en Espagne, des conserva-

    loires de tauromaquia, comme chez nous des conservatoires de

    musique. Le torero, qui d'une main s'est hardiment empar de

    la queue de l'animal, le fait tourner sans danger en lui saisis-

    sant une corne de l'autre main; il le matrise ici sans efforts, car

    sa construction osseuse ne lui laisse aucune forc dans cette po-

    sition.

    97. 17. Maures combailant un taureau embollado et s'abritant der-

    rire des nes. Quelques nes pars dans. la place servent de but a

    la fureur du taureau qui ne peut atteindre les hommes places der-

    rire eux. Un taureau embollado est celui qui on a attach des

    boules de cuir au bout des comes, ce qui rend le combat beaucoup

    moins meurtrier.

    98. 18. Tmril de Marlincho dans la place de Saragosse. Le to-

    rero, assis sur une chaise quelque distance de la porte du toril,

    les pieds enchains, tenant d'une main son chapeau de l'autre son

    pe, attend le taureau qui fond sur lui et va recevoir la mort ou

    la lui donner s'il manque son coup. Le toril est un espace fort troit

    d'o le taureau enferm doit s'lancer dans la place. Souvent, pour

    augmenter sa fureur il est aiguillonn par des mains invisibles.

    Martincho est l'pe la plus clebre du dix-huitime sicle.'

    99. 19. Autre folie du mme dans la place de Saragosse. Les pieds

    enchains, debout sur une table couverte d'une Iarge draperie rouge,

    Martincho s'apprte franchir un taureau qui se precipite sur la

    draperie.

    100. 20. Lgret et audace de Juanilo Apinani dans la place de Ma-

    drid.

    101. 2 1 . Malheur arriv dans le tendido de la place de Madrid et

    mort de l'alcade Torrcjos.Vn taureau de muchos piernas, trs-lger, a

    franchitouteslesbarriresqui le sparaient du public et est parven

    dans le tendido oh se place le peuple qui fuit de toutes pars; il

    tient sur sa tete le corps de l'alcade perc de part en part.

    102. 22. Courageviril dla clebre Pajuelera dans la place de Sara-

    - gosse. Une femme a cheval remplissant le role de picador.

    105. 25. Mariano Ceballos l'Indien le le taureau'de dessus son che-

    val. Une main sur 1'arcon de sa selle, l'Indien se ponche et enfonce

  • DE I/AMATEUR. 559

    son pe entre les deux paules du taureau qui se precipite sur

    lui,

    104. 24. Le mme Ceballos mont sur un taureau brise des rejoncillos

    dans la place de Madrid.

    105. 25. Les chiens laches sur le taureau. Dans les courses de lau-

    reaux, le speclacle n'est pas seulement dans l'arnc, il est aussi sur

    les baes des spectaleurs, qui se passionnent indiffrerament pour

    rhomme ou pour l'animal, suivant sa valeur, et qui crient souvent :

    Bravo, loro. Lorsqu'un taureau sans vigueur fuit les combattanls, ce

    qui arrive quelquefois, le peuple cr ie : Perros, perros, et Talcade

    donne l'ordre de lcher cinq ou six mtins vigoureux que le taureau

    fait d'abord sauter en l'air tour tour, mais qui finissent par se cram-

    ponner ses oreilles et l'arrter |immobiIe. Alors vient le cache-

    tero, l'assassin, qui enfonce son poignard entre les deux cornes du

    . taureau qui tombe mort.

    106.26. Chute d'un picador tqmb de son cheval sous les pieds du

    taureau. Lorsque cet accident arrive, les chulos, dployant leurs

    capes brillantes, entourent le taureau qui abandonne sa proie et

    les poursuit. Alors on remet rhomme sur son cheval ou on l'emporte

    hors de l'arne s'il est bless.

    107.27. Le clebre Fernando del Toro invitanl le laureau avec sa

    lance. Debout sur ses triers, la lance en arrt, il excite le taureau

    qui hesite fondre sur lui.

    108. 28. Le courageux Rancln piquant un taureau qui mourut de

    celte suerte dans la place de Madrid. L'animal, qui se precipite

    sur le cheval, lui enfonce ses cornes dans le poitrail; mais le pi-

    cador, saisissant le moment o il baisse la tete, lui donne entre

    les deux cornes un coup mortel.

    109.29. Pepe Elo faisani la recorte au taureau. On appelle recorte

    la surele par laquelle le torero, joignant le taureau de prs, el

    place dans le mme centre, lui fait un salut sans ren craindre,

    car l'animal ne peut se replier que trs-difficilement sur lui-

    mme.

    110. 30. Pedro Romero lUant un taureau indolent. Debout, tenant

    d'une main sa muleta, pelit drapeau rouge qui sert exciter le

    taureau, et de l'autre son pe, Pedro Romero devant un taureau

    aplomado, c'est--dire sobre de mouvements, va excuter le der-

    nier acte de cette tragdie en tuant le laureau a vuela pies, suerte

    clebre invenle par Joaqun Rodrguez, o le torero, plongean

    son glaivc entre les deux paules du laureau, le fait souvenl

  • 560 L E C A B I N E T

    lombcr ses pieds conime frapp de la foudrc. Pedro Romero,

    l'un des meilleurs toreros de la fin du sicle dernier, tait d'une

    famille clebre dans l'art de la tauromaquia. Francisco Romero de

    Ronda, qui vivait dans le dix-septime siele, passe pour tre le

    premier qui donna la mort au taureau face a face, avec l'pe et

    la muleta.

    111. 51. Les Banderillas avec artfice. Lorsqu'un taureau paresseux ne

    donne que mdiocrement sur eeux qui le combatteht, le peuple

    crie: Fuego, fuego: le feu! le feu! et les banderilleros arrivent avec

    des banderillas, o est cach un artfice qui clate avec bruit alors

    qu'elles sont plantees dans le cou de l'animal, et le fait bondir

    furieux au milieu d'un nuage de feu et de fume.

    112. 32. Deux groupes de picadores, renverss coup sur coup par le

    mme taureau. II arrive souvent qu'un taureau d'Aragon, unis-

    sant la vigueur la lgret, prompt comme la foudre, culbute et

    renverse chevaux et picadores, et fait fuir les toreros efrays.

    Sel dans la place, il s'y promne enmatre, et est applaudi a

    outrance par les spectateurs, landis que d'autres combattants se

    prparent.

    113. 35. Mort malheureuse de Pepe Illo arrive, dans la place de

    Madrid, le 11 wta1801. Jos Delgado de Sville, plus connusous le

    nom de Pepe lllo, fut un des plus lgants matadors dont les afficio-

    nados (amateurs) aientgard lesouvenir. Sa mort ful une pouvan-

    table tragdie : la media corrida AuM mai 1801, six taureaux

    avaient t lus deja; le seplime tait ce qu'on appelle dans les

    termes de l'art aplomado, sans vivacit; il donna peu sur les pica-

    dores. Lorsque Pepe Illo pritson pe, il neput le faire s'loigner

    du voisinage des barrieres, position dfavorable; cependant il se mit

    en mesure de le tuer loro parado. Soit que l'animal ail fait un

    mouvement sur Iequel il ne complait pas, soit que le coup ft mal

    dirige, son pe n'entra que superficiellement d'une demi-longueur

    de lame dans le ct gauche; mais le taureau, le saisissant par la

    come droite, enleva le malheureux matador, qui alia retomber

    loin de la, la face conlre terre; soit qu'il et perdu connaissance

    ou qu'il voult viter une nouvelle attaque, il y demeura immo-

    bile. Maisrapide comme l'clair, la bte furieuse s'lance sur sa

    victime, et, cette fois, la come entrant dans l'eslomac, Pepe Illo

    demeura suspendu sur sa tete. Ce fut alors un spectacle horrible;

    pendant prs d'une minute, on le vit, conservant son sang-froid,

    faire des eflbrts desesperes pour sorlir de cetle alfreuse posilion: ce

  • DE L'AMATER. 561

    ful bien iuutile, il ful de nouveu lanc dans l'arne pour ne plus

    se relever.

    Scnes d'invasion.

    Celte suite, compose de vingt pices, devait tre plus nonibreuse,

    sans doute. Plusieurs planches ont des nmeros: l'une se trouve num-

    rote 40. Elles sont toutes excutes l'eau-forte, mle d'aqua-tinta;

    la dimensin estde15centimlresdehauleursur18a20delargeur.

    U 4 . 1. Des troupes arriventdns le loinlain; des femmes, des enfants,

    un prtre et un paysan fuient leur approche.

    115. 2 . A gauche, deux cavaliers, le sabr a la main, regardent le

    combat qui a lieu droite dans le Iointain.

    116. 5. Soldis dpouillant des corps morts sur un champ de bataille.

    117. 4. Champ de bataille dont on emporte les blesss. .

    1 1 8 . 5 . Des paysans armes de lances et de couteaux se dfendent

    , conlre des soldats.

    119. 6. Des soldats trangers chargs d'ornemenls d'glise, de croix,

    de chandeliers et de vases sacres. Un moine qui les voit passer

    est agenouill.

    120. 7. Un homme garrott tient une croix dans ses mains lies. Un

    couleau, instrument de son crime, est suspendu son col; une

    foule nombreuse le contemple avec tristesse; quelques-uns pleurent

    et cachent leurvisage dans leurs mains.

    121. 8. Autre scne de supplice. Huit patriotes sont attachs au fatal

    poleau; ils portent lous, suspendus a leur col, une ba'ionnelte, un

    pistolet ou une navaja. L'auteur a sans doute choisi une de ces

    scnes de terribles represadles qui eurent lieu surtout a Valence.

    122. 9. Un soldat embrassanl une jeune femme qui lui meurtrit le v i-

    sage. La mere, qui arrive derrire lui, va le frapper d'un couteau

    qu'elle tient a sa main.

    125. 10. Femmes armesde lances et de couteaux dfendant en d-

    sespres leurs enfants contre des soldats (numerte 28 ) .

    124. 11. Deshommes, des femmes, des enfants agenouills, tremblanls

    deterreur, secourbent sous les baionnettes d'un pelotn de sol-

    dats qui apparaissent i droile. -

    125. 12. Deux hommes emporlant un bless (n 30) .

    126. 15. Soldis venant d'excuter trois inrlividus pcndus a un arbre

  • 562 LE CABINET

    a droite ; l'on d'eux, sur le devant, remet son sabr dans le four-

    reau (n 32 ) .

    127. 14. Desfemmes, des vieillards, demi us, demandent l'aumnc

    aux vainqueurs qui se promnent (n 54 ) .

    428. 15. Hommes, femmes et enfants mourant d'inanition (n 55 ) .

    129. 16. Un militaire assis devant un pendu qu'il semble contempler

    avec plaisir. Deux autres gibis paraissent dans la perspective

    ( n 3 9 ) .

    150. 17. Troupeau de moines fuyant travers la campagne (n 40) .

    131. 1 8 . Une femme mettant le feu une pice de canon. Tous les

    artilleurs qui servaient la pice sont tendus mors a ses pieds ;

    c'est Agostina Zaragoza, rhroine du sige de Saragosse.

    132. 1 9 . Un champ de bataille couvert de mors. Sign Goya, 1810.

    155. 20. Sombre composition. L'on distingue, a droite, des figures

    confuses, des figures de victimes, sans doute. Au fond, une main

    inconnue tient une balance, et sur le devant un mort, qui semble

    sortir de terre, trace, avec un dernier effort et d'une main dchar-

    ne, le mot espagnol NADA : Ren.

    Estampes gravees A l'eau-forte d'aprs'Velazquez*

    154. FELIPE I I I , REY DE ESPAA. Pintura de don Diego Velazquez, del

    tamao del natural, en el real palacio de Madrid; dibujaday gra-

    badapor don Francisco Goya, pintor, ano de 1778. Philippe I I I ,

    sur un cheval au galop tourn vers la droite, est vtu d'une demi-

    armure et tient la main un bton de commandement.

    Haut. de la p l . : 37 cent. 1[2, larg. 31 cent.

    135. D. MARGARITA DE AUSTRIA , REYNA DE ESPAA, MUGER DE FELIPE III.

    Pintura de don Diego Velazquez, del tamao del natural en el real

    palacio de Madrid; dibujada y grabada por don Francisco Goya,

    pintor, ao de 1778. La femme de Philippe I I I , vlue d'un riche

    costume et tourne vers la gauche, monte un cheval couvert d'une

    longue housse de tapisserie. -

    Haut. de la p l . : 57 cent.; larg. : 51 cent.

    136. FEL IPE IV, REY DE ESPAA. Pintura de don Diego Velazquez, del

    tamao del natural, en el real palacio de Madrid; dibujaday gra-

    bada por don Francisco Goya, pintor, ao de 1778. Philippe IV,

    montant un cheval au petit galop tourn vers la droite, est couvert

    d'une demi-armure et tient la main un bton de commandement.

    Haut. de la pl. : 57 cent.; larg. : 51 cent.

  • DE L'AMATEUR. 565

    1 3 7 . D . ISABEL DE BORBON, REYNA DE ESPAA, MUGER DE FELIPE IV.

    Pintura de don Diego Velazquez, del tamao del natural, en el real

    palacio de Madrid; dibujada y grabada por don Francisco Goya,

    pintor, ao 1 7 7 8 . La femme de Philippe IV, vtue d'un riche cos-

    tume et tourne vers la gauche, monte un cheval couvert d'une

    Iongue tapisserie.

    Haut. de la pl..: 5 7 cent.; larg. : 51 cent.

    1 5 8 . D . BALTASAR CARLO, PRINCIPE DE ESPAA, HIJO DEL REY D. F E -

    LIPE IV. Pintura de don Diego Velazquez, del tamao del natural;

    dibujada y grabada por don Francisco Goya, pintor, 1778 . Jeune

    enfant richement vtu tourn vers la gauche, et mont sur un poney

    au galop. II tient un bton de commandement la main.

    Haut. de la pl.: 5 5 cent.; larg.: 2 2 cent.

    159 . U N INFANTE DE ESPAA. Pintura de Velazquez, del tamao del na-

    tural, en el real palacio de Madrid; dibujada y grabada por Fran-

    cisco Goya, pintor. Un jeune homme vtu d'un costume noir, un

    fusil la main, son chien est ses pieds. Mlange d'eau-forte et

    d'aqua-tinta.

    Haut. : 2 5 c. 1 [ 2 ; larg.: 1 5 cent.

    1 4 0 . J). Diego Velazquez faisanl le porrail de l'infante dona Margarita, filie de Philippe IV, encor enfant. Le peintre est a gauche devant

    son chevalet; autour de la jeune princesse, qui est au milieu, sont

    ses deux menima, dona Mara Augustina et dona Isabel de Ve-

    lasco ; l'une lui offre de l'eau dans un vase de bcaro; l'aulre lui

    parle. Sur le premier plan on voit les deux nains du roi, Nicolasito

    Pertusano et Maria Barbla, qui jouent avec le grand chien favori

    de la princesse. Plus loin, dona Marcela de Ulloa, dame d'honneur,

    et, au fond, Josef Nieto ouvre une porte donnant sur un escalier

    d'o s'chappe une lumire qui claire vivement le fond du ta-

    bleau. Cette composition admirable, que Luca Giordano appelait

    la Ihologie de la peinlure, et o Philippe IV, charm, traca de sa

    main la croix de San lago sur la poitrine de son peintre, a t

    gravee l'eau forte par Goya, qui brisa la planche, mcontent sans

    doute de sa lutte avec ce chef-d'oeuvre. On ne connait que trois

    preuves de cette estampe, qui est formal in-folio en hauleur.

    1 4 1 . D " GASPAR DE GUZMAN, CONDE DE OLIVARES, DUQUE DE SAN L U -

    CAR, etc. Pintura de D. Diego Velazquez, del lamano del natural;

    en el R. palacio de Madrid; dibujada y grabada por Franc Goya,

    pintor, ao de 1778 . Le comte-duc, tourn a gauche, est mont

  • 5 6 1 L E C A B I N E T

    sur un cheval lanc au galop; il est couvert d'une demi-armurc et tient dans sa main droite un bton de commandement.

    Haut. de la p l . : 5 7 cent.; larg.: 31 cent.

    1 4 2 . U N NAIN DU noi PHIL IPPE IV, assis ierre, et un de face. Au bas

    est crit: Sacada y gravada del quadro original de D. Diego Ve-lazquez, en que representa al vivo un enano del S. Felipe IV, por don Francisco Goya, pintor. Existe enelR. palacio de Madrid. Ao de 1 7 7 8 .

    Haut. de la pl . : 21 cent. 2 [ 3 ; larg.: 15 cent. 2 [ 3 .

    143 . AUTRE NAIN tourn a droite et feuilletant un livre. Au bas est crit: Sacada y gravada del quadre original de D. Diego Velazquez, en que representa al vivo un enano del S. Felipe IV, por D. Fran-cisco Goya, pintor. Existe en el real palacio de Madrid. Ao de 1778 .

    Haut. de la pl. : 21 cent. 2 [ 3 ; larg. : 1 5 cent. 2 ( 5 . 1 4 4 . SOPE. Un homme debout tourn gauche, envelopp d'une robe

    ouverte par devant, tenant un livre sous son bras droit. Au haut de la planche, i droite, on l i t : JESOPUS, et au bas : Sacada y gra-vada del quadro original de D. Diego Velazquez, que existe en el R. palacio de Madrid, por D. Franco Goya, pintor, ao de 1 7 7 8 . Representa a Esopo el fabulalor de la estatura natural. *

    Haut. de la pl. : 5 0 cent. 1|2; larg.: 2 2 cent. 145 . MNIPPE. Un homme debout, riant, tourn a droite, drap dans un

    manteau, un large feutre sur la tete; ses pieds sont un livre et un volume, et sur un banc, une cruche. Au haut de la planche, gau-che, on lit : MENIPO , et au bas : Sacada y grabada del quadre original de D. Diego Velazquez, que existe en el R. palacio de Madrid, por D.FraW de Goya, pintor, ao de 1 7 7 8 . Representa a Menipo filosofo de la estatura natural.

    146 . BARBARROXA. Pintura de Velazquez, del tamao del natural, en el R. palacio de Madrid; dibujada y grabada por Fran" Goya, pin-tor. Un homme d'une mine lrange, debout, tourn h gauche, tient d'une main une pe nue, et de l'autre le fourreau. Mlange d'eau-forte et d'aqua-tinle.

    Haut. : 2 6 cent.; larg. : 1 4 cent. 147. BACO CORONANDO A LOS BORRACHOS. Bacchus couronne un ivro-

    gne; d'autressont autour de lui, tenant dans leurs mains des verres el des vases pleins de vin.

    Haut.: larg.:

  • DE L 'AMATEUR. 265

    Cean Bermudez, dans son Diccionario histrico, tome 5, page 178,

    donne la liste suivante des tableaux de Velazquez graves par Goya:

    Le tableau connu sous le titre de Thologie de la peinlurc.j Cinq

    grands portraits cheval, reprsentant Phllippe III, Philippe IV, leurs

    pouses, et le comted'Olivars.Un enfant en pied avec un chien.Deux

    enfants dans un cabaret, prenant un repas. Deux portraitsde bouffons.

    Trois portraits en pied de Philippe IV vlu en chasseur, de son

    pouse, et d'un infant, avec fusil el escopetle.Un portrait d'un per-

    sonnage africain nomm Barbarroxa. Celui du prince D. Baltazar Cario

    courant sur un bidet. Celui de l'infant don Ferdinand, avec escopetle

    et chien. sope et Mnippe. Bacchus couronnant les ivrognes.

    Un vieillard gorg, nomin l'alcade Ronquillo.Deux nains. Deux

    autres nains. El aguador de Svil le.

    De toutes ces estampes^ il n'est venu a notre connaissance que celles

    que nous avons dcrites plus haut. Cean Bermudez possdait une parlie

    des dessins d'aprs lesquels Goya avail fait ses eaux-fortes. lis sont

    mainlenant en Angleterre.

    Pices diverses.

    148. Un homme garrott tient un crucifix dans sa main, un flambeau

    brle a ct de lui. II est ytu de la robe des supplicis, qui est

    brue, noire ou jaune, suivant le degr du crime commis. Eau-

    forte pur.

    Haut. de la pl. : 32 cent.; 1[2, larg. ; 21 cent.

    Malgr sa grande facilit, Goya a fait peu de pices dtaches. Nous

    connaissons encor de l u i : U n e grande scne d'inquisition. Une

    mascarade. Une caricature d'un aveugle heurtant un taureau qu'il

    salue, le prenant pour un homme, et quelques autres planches que nous

    n'avons pu nous procurcr a Paris.

    liitliograpliles.

    14!). Combat de laureaux en Espagne. Un picador mont sur un cheval

    blanc, la lance en arrt, devant un jeune taureau prt fondre

    sur lui; il est enlour de la espada el des capeadores. Lithographie

    publie en1824, par Senfelder et comp.; l'pruve que nous avons

    sous les yeux est colorie.

    Haut. : 31 cent.; larg. : 56 cent.

    150. DIBERSION DE ESPAA : Diverlisscmenl espagnpl. Cinq jeunes tan-

  • 566 LE CABINET DE L 'AMATEUR.

    reaux bondisscnt au milieu de l'arne envaine par la (bule des

    aficionados qu'ils foulent aux pieds.

    Haut.: 5 0 cent.; larg.: 4-1 cent.

    100 . E L FAMOSO AMERICANO M A R I A N O CEBALLOS : Le fameux Amricain

    Mariano Ceballos. Un ngre, mont sur un taureau qui lui sert de

    cheval, et arm d'une espce de javeline, atlaque un aulre taureau

    qui est devant lui , ils sont entours de capeadores.

    Haut.: 5 0 cent.; larg. : 4 0 cent.

    161. Scne de tauromaquia. Au milieu de la place, un taureau, qui vient

    de tuer un -picador qu'on emporte au fond a gauche, en tient un

    aulre suspendu une de ses comes; aulour de lui, deux aulres

    picadores et la espada essayenl de le mettrea mort.

    Haut.: 51 cent.; larg.: 41 cent.

    1 6 2 . Aulre scne de tauromaquia. L'arne est partage par le milieu,

    ainsi que cela se fait dans les grandes occasions. Deux comhats

    s'exculent simultanment sous les yeux du spectateur: dans l'un,

    un chulo pose les banderilleras; dans l'autre, la espada, l'pc

    leve, va percer entre les deux paules le taureau qui fond sur lui.

    Haut. : 5 0 c.; larg.: 41 cent.

    165 . Scne de duel l'cpce el au poignard. L'un des adversaires, perc

    de part en part vomit le sang; deux tmoins sont plus loin. Lilho-

    graphie d'une excution trs-grossire, signe Goya.

    Cescinq demires pices ont t publies a Bordeaux en 1826 . L'au-

    leur avait quatre-vingts ans.