pathologies et environnement de la grossesse...

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Pathologies et environnement de la grossesse > Des pathologies et des hospitalisations plus nombreuses chez les femmes aux âges extrêmes de la maternité. > Un peu plus de six femmes parisiennes sur dix travaillent pendant leur grossesse. Accouchement > En 2008, 22,1% des Parisiennes ont accouché par césarienne. > A partir de 40 ans, plus de quatre primipares parisiennes sur dix accouchent par césarienne. > En 2008, moins d’une Parisienne sur dix accouche sans anesthésie. Suites de couches > Les femmes parisiennes restent en moyenne 5 jours en maternité, 4,3 jours pour les accouchements uniques, spontanés par voie basse et 6,5 jours en cas de césarienne. > L’hospitalisation à domicile en post-partum concerne près d’une Parisienne sur dix. Suivi du post partum > Un peu plus d’une femme sur dix traverserait une période de troubles dépressifs dans l’année qui suit la naissance. 137 Grossesse et maternité Pathologies de la grossesse, accouchement et post partum F i c h e 3.4

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Pathologies et environnement de la grossesse

> Des pathologies et des hospitalisations plus nombreuses chez les

femmes aux âges extrêmes de la maternité.

> Un peu plus de six femmes parisiennes sur dix travaillent pendant leur

grossesse.

Accouchement

> En 2008, 22,1% des Parisiennes ont accouché par césarienne.

> A partir de 40 ans, plus de quatre primipares parisiennes sur dix

accouchent par césarienne.

> En 2008, moins d’une Parisienne sur dix accouche sans anesthésie.

Suites de couches

> Les femmes parisiennes restent en moyenne 5 jours en maternité, 4,3

jours pour les accouchements uniques, spontanés par voie basse et 6,5

jours en cas de césarienne.

> L’hospitalisation à domicile en post-partum concerne près d’une

Parisienne sur dix.

Suivi du post partum

> Un peu plus d’une femme sur dix traverserait une période de troubles

dépressifs dans l’année qui suit la naissance.

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Pathologies de la grossesse,

accouchement et post partum

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Pathologies et environnement de la grossesse

ContexteLe plan périnatalité 2005-20071 place la santé des mères au centre de ses préoccupations et s’inscrit de ce fait

dans une relative rupture par rapport aux plans antérieurs, qui depuis le premier plan de 1971-1976 « tendaient à

restreindre la notion de grossesse à risque de complications au seul point de vue de l’enfant »2.

Les enquêtes périnatales permettent de mieux connaître les femmes et leur état de santé pendant la période

périnatale, ainsi que leur prise en charge3. Elles mettent ainsi au jour des évolutions dans les caractéristiques de

la population et dans les pratiques de soins. Entre les deux dernières enquêtes publiées (1998 et 2003), la part des

femmes de 35 ans ou plus a évolué, passant de 14,7% à 15,9%. En 2003, 66,0% des femmes ont exercé un emploi

pendant la grossesse, même pendant une période courte. Ce statut est en augmentation puisqu’il concernait 60,2%

des femmes en 1995 et 64,3% en 1998. Compte tenu d’une certaine instabilité de l’emploi au cours d’une

grossesse, le pourcentage de femmes déclarant un emploi au moment de la naissance est moindre mais suit la

même évolution (58,1% en 1998 et 61,0% en 2003). En parallèle, le type de profession a évolué de façon

différenciée, la part des femmes ouvrières et personnels de service ayant diminué entre les deux études (9,7% des

femmes ouvrières en 1998 puis 7,5% en 2003 ; 9,7% de femmes personnels de service en 1998 puis 7,9% en

2003).

En 2003, les femmes étaient invitées à s’exprimer sur leur bien-être psychologique pendant leur grossesse : 6,7%

d’entre elles disent s’être senties assez mal, 2,4% se sont senties mal. Parmi ces femmes, 12,4% disent avoir reçu

l’aide d’un psychiatre ou d’un psychologue.

Les hospitalisations au cours de la grossesse sont en diminution : 21,6% en 1998, 18,6% en 2003, avec une

tendance à des hospitalisations plus courtes. Ainsi, près d’un quart des hospitalisations en prénatal en France

(22,7%) sont d’une journée.

La fermeture ou le regroupement de petites maternités a modifié l’offre de soins en périnatalité. De ce fait, selon

l’enquête périnatale de 1998, 20,9% des femmes ont accouché dans une maternité pratiquant 2 000

accouchements et plus, pourcentage qui, en 2003, atteignait 35,7%.

Les caractéristiques de l’accouchement ont évolué au cours du temps : le début du travail est moins souvent

spontané (70,5% en 1998 et 67,8% en 2003), la douleur est davantage prise en compte (ainsi 58,0% des femmes

ont eu une péridurale en 1998, 62,6% en 2003), et le mode d’accouchement a évolué avec davantage de

césariennes (17,5% en 1998 et 20,2% en 2003).

Environ une femme parisienne sur dix a présenté

une pathologie au cours de la grossesse

Selon les données issues des premiers certificats de

santé en 2008 (cf encadré sources d’information), une

pathologie est enregistrée lors de la grossesse pour

10,5% des femmes parisiennes. Un diabète

gestationnel est mentionné pour 3,4% des grossesses,

une hypertension traitée et une pré-éclampsie l’étant

chacune dans 0,8% des cas.

Selon les données nationales de 20074, une pathologie

pendant la grossesse est signalée pour 8,3% des

naissances ; un diabète gestationnel pour 2,5%.

Concernant le diabète gestationnel, selon le PMSI (cf

encadré sources d’information), ce sont 4,6% des

parisiennes qui sont concernées ; une pré-éclamsie

sévère est enregistrée pour 0,7% des femmes.

Les menaces d’accouchement prématuré

représentent près d’une hospitalisation sur trois

A partir des certificats de santé, une hospitalisation

d’au moins une journée pendant la grossesse est

signalée pour 7,5% des Parisiennes en 2008.

Les motifs d’hospitalisation concernent princi-

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palement : une menace d’accouchement prématuré

pour 32,7% d’entre elles, une hypertension pour 8,6%

et un retard de croissance intra-utérin pour 7,4%.

Au niveau national en 20074, pour 8,9% des

naissances, une hospitalisation avait eu lieu pendant la

grossesse.

Une prise en charge sur quatre en HAD est motivée

par un diabète

Selon les données des hospitalisations à domicile

(HAD) de l’AP-HP, ce sont 582 femmes parisiennes

qui ont été hospitalisées en HAD anté-partum en

2009. Le diagnostic principal le plus fréquent est un

diabète (26,3% des HAD concernant des parisiennes).

Viennent ensuite les « soins maternels pour affections

du fœtus » (principalement retard de croissance) qui

concernent 20,5% des HAD, ainsi que les «soins

maternels pour anomalie connue ou présumée des

organes pelviens» (essentiellement une béance du col)

pour 19,8% de ces hospitalisations. Par ailleurs près

d’une fois sur dix (9,8%) le diagnostic principal est

codé « soins maternels liés à une grossesse

multiple ».

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139

3.4

Fig.2 Femmes ayant une activité au cours de la grossesse

en 2009 dans les départements franciliens (en %)

Source : CAF Ile-de-France, grossesses déclarées et ayant pris fin en2009. exploitation ORS Ile-de-France, 2010.

62,4 61,4

40,7

56,0 56,8 57,855,5

50,4

0 %

10 %

20 %

30 %

40 %

50 %

60 %

70 %

75 92 93 94 77 78 91 95

Davantage de pathologies chez les femmes aux âges

extrêmes de la maternité

La fréquence des pathologies au cours d’une grossesse

est plus élevée chez les femmes les plus jeunes, et

surtout chez les plus âgées. Ainsi, ce sont 15,0% des

femmes parisiennes de 40 ans ou plus qui ont une

pathologie mentionnée sur le certificat de santé et

12,6% des femmes de moins de 20 ans. Pour la

fréquence des hospitalisations, ce sont les moins de 20

ans qui ont été davantage hospitalisées (dans 11,1%

des cas), les moins hospitalisées étant les femmes de

30 à 34 ans avec 6,5% d’hospitalisations (fig. 1).

Les femmes de plus de 40 ans représentent une part

importante des femmes prises en charge par l’HAD de

l’AP-HP : elles représentent 13,6% des femmes

hospitalisées dans ce cadre, alors que sur l’ensemble

des mères, la part représentée par cette tranche d’âge

est d’environ 6%.

Un peu plus de six femmes sur dix travaillent

pendant leur grossesse

Selon les données nationales de l’enquête périnatale

de 2003, 61,0% des femmes ont un emploi au moment

de la naissance. Ce statut était en augmentation

puisqu’il concernait 58,1% des femmes en 1998.

Les données issues des déclarations de grossesse

concernant des femmes parisiennes ayant terminé leur

grossesse en 2009 identifient 62,4% de ces femmes

comme ayant une activité professionnelle. Ce

pourcentage est le plus élevé d’Ile-de-France, la

Seine-Saint-Denis se caractérisant par le plus faible

taux avec 40,7% de femmes dans ce cas (fig. 2).

Les données de la littérature pointent un excès de

risque de prématurité pour les femmes déclarant

devoir toujours porter des charges lourdes pendant

leur travail, risque plus important parmi les femmes

«personnels de service, employées de commerce et

ouvrières», et ce d’autant plus fortement que la durée

de travail hebdomadaire est longue5.

Fig.1 Femmes ayant présenté une pathologie ou ayant

été hospitalisées au cours de la grossesse selon leur âge

en 2008 (en %)

Source : Premiers certificats de santé, Paris 2008, exploitation ORS Ile-de-France, 2010.

12,6

11,3

9,6 9,5

11,2

15,0

11,110,5

7,5

6,5 6,8

9,1

0 %

2 %

4 %

6 %

8 %

10 %

12 %

14 %

16 %

Moins de 20 ans

20-24 25-29 30-34 35-39 Supérieurou égal

à 40 ans

Pathologies Hospitalisations

Nous ne disposons pas d’informations particulières

aux femmes parisiennes sur les expositions

professionnelles à risque pendant la grossesse.

Sources d’information et limitesLes premiers certificats de santé prévoient de renseigner les pathologies survenant au cours de la grossesse. Trois d’entre elles (pré-éclampsie, hypertension (HTA) traitée et diabète gestationnel) sont précisées dans ce recueil. De plus, il est prévu de mentionner leshospitalisations (y compris au domicile), avec trois motifs détaillés : HTA, retard de croissance intra-utérin et menace d’accouchementprématuré (le diabète n’est pas un item prévu sur ce certificat). Cependant, la part des données manquantes est importante dans cetenregistrement : 36,0% pour les pathologies de la grossesse en 2008 ; 78,0% pour les hospitalisations. Par défaut, ces donnéesmanquantes ont été considérées dans les analyses présentées comme une absence de pathologie ou d’hospitalisation. Les premierscertificats de santé permettent également de disposer d’informations sur l’accouchement et ses caractéristiques. Pour l’ensemble de ces analyses, en cas de grossesse multiple, un seul certificat de santé a été pris en compte.Le Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) constitue une autre source d’information. Les donnéesprésentées sont extraites du système d’exploitation mis en place par l’ARH en partenariat avec les professionnels de la périnatalité(http://www.perinat-arhif.org/). Il permet de disposer d’informations enregistrées lors du séjour pour l’accouchement. Les donnéesprésentées portent sur l’année 2008. Dans le même sens que pour les certificats de santé, les analyses portent sur les pathologiesenregistrées, ce qui peut ne pas être l’exact reflet de la réalité. A partir des bases PMSI, des analyses spécifiques sur les durées de séjouravec accouchement ont été effectuées par l’ORS. Les durées portent sur l’intégralité du séjour maternel, incluant le temps ayant précédél’accouchement.Des informations ont été recueillies auprès des services d’hospitalisation à domicile (HAD-AP-HP et HAD Fondation Œuvre Croix SaintSimon), tant en ante-partum qu’en post partum. Les données présentées concernent des femmes hospitalisées dans ce secteur en 2009.Enfin, les déclarations de grossesse effectuées auprès des Caisses d’allocations familiales ont été analysées afin de connaître lasituation des femmes face à l’emploi.

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Part

(en %)

Intervalle de

confiance à 95%p*

Paris 23,6 [20,8-26,6] 0,02

Proche couronne 19,9 [17,7-22,2] NS

Grande couronne 21,6 [19,4-24,0] NS

Ile-de-France 21,5 [20,1-22,9] NS

France métropolitaine 20,2 [19,5-20,8]

Tab.2 Part des femmes ayant eu une césarienne en 2003

(en %)

Source : Inserm - Enquête périnatale 2003.* Test binomial comparant la zone géographique à la métropole.

Fig.3 Evolution du nombre d’enfants nés par césarienne

à Paris et en France depuis 1985 (en %)

0 %

5 %

10 %

15 %

20 %

25 %

30 %

1985 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008

Paris France

Sources : Premiers certificats de santé, Paris 1985-2008 et France1985-2007 (sauf 2005 non disponible), exploitation ORS Ile-de-France,2010.

L’accouchement à domicile reste exceptionnel

Selon les données disponibles à partir des premiers

certificats de santé, seules 45 femmes à Paris ont

accouché au domicile (soit 0,16% des accouchements

de femmes parisiennes).

Parmi les accouchements en maternité en 2008, 36,7%

des Parisiennes accouchent dans une maternité de type

I, 38,1% dans une maternité de type II et 25,2% dans

une maternité de type III.

En 2003, selon l’enquête périnatale au niveau

national, 36,3% des accouchements ont eu lieu en

maternité de type I, 44,4% dans une maternité de type

II et 19,3% dans une maternité de type III.

La grande majorité des Parisiennes accouchent à

Paris

Les Parisiennes ayant accouché en 2008 ont, selon les

données des certificats de santé, accouché à Paris pour

86,1% d’entre elles. Un peu plus d’une femme sur dix

a accouché dans deux départements de proche

couronne : les Hauts-de-Seine (7,5%) et la Seine-

saint-Denis (3,6%). Enfin, 1,5% des femmes ont

accouché dans les autres départements de la région

Ile-de-France et 1,3% en dehors de l’Ile-de-France.

Accouchement

Part

(en %)

Intervalle de

confiance à 95%p*

Paris 18,3 [15,7-21,1] NS

Proche couronne 20,6 [18,3-23,0] NS

Grande couronne 19,8 [17,6-22,1] NS

Ile-de-France 19,7 [18,4-21,1] NS

France métropolitaine 19,7 [19,1-20,4}

Tab.1 Part des femmes ayant eu un accouchement

déclenché en 2003 (en %)

Source : Inserm - Enquête périnatale 2003.* Test binomial comparant la zone géographique à la métropole.

Pour près d’une femme sur cinq, l’accouchement

est déclenché, sans qu’il existe de différence entre

Paris et la France

Selon les données de l’enquête périnatale 2003, le

pourcentage de femmes ayant eu un début de travail

spontané est de 67,8% au niveau national. Les

césariennes avant le travail sont réalisées pour 12,5%

des femmes et un déclenchement dans 19,7% des cas.

Il n’est pas observé dans cette enquête de différence

entre Paris, l’Ile-de-France et la France métropolitaine

sur la fréquence des déclenchements (tab. 1).

En 2008, selon les données issues des premiers

certificats de santé, 19,9% des accouchements

concernant des Parisiennes sont déclenchés et pour

9,8% une césarienne est prévue avant le début du

travail. Au niveau national en 20074, pour 19,4% des

naissances le début du travail a été déclenché, et pour

11,1% une césarienne programmée.

Une augmentation des accouchements par

césarienne

L’analyse des données nationales des enquêtes

périnatales montre une augmentation de la fréquence

des accouchements par césarienne entre les différentes

enquêtes : 15,9% en 1995, 17,5% en 1998 et 20,2% en

2003.

Les analyses effectuées à partir de ces enquêtes, en

tenant compte de la parité et des antécédents, mettent

en évidence une augmentation des taux de césariennes

chez les primipares et chez les multipares sans

antécédents de césarienne.

Les données issues des premiers certificats de santé,

que ce soit au niveau national ou parisien, montrent

également cette progression de la fréquence des

césariennes au cours du temps (fig. 3).

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3.4

Source : Premiers certificats de santé, Paris 2008, exploitation ORS Ile-de-France, 2010.

0 2 km

En %

17,0 - 19,0

19,1 - 21,0

21,1 - 23,1

23,2 - 25,7

25,8 - 27,7

1

Fig.4 Taux d’accouchements par césarienne des mères

parisiennes selon leur âge et la parité (en %)

16,317,7

20,8

23,7

32,3

43,9

14,9

16,918,6

21,1

25,9

33,9

5 %

15 %

25 %

35 %

45 %

Primipares Toutes parités

0 %Moins

de 20 ans20-24 25-29 30-34 35-39 Supérieur

ou égalà 40 ans

Source : Premiers certificats de santé, Paris 2008, exploitation ORS Ile-de-France, 2010.

Des taux de césariennes plus élevés à Paris

La courbe d’évolution des taux de césariennes montre

qu’ils sont supérieurs à Paris, comparés au niveau

national (à l’exception de l’année 2005 où les taux

sont identiques) (fig. 3).

Les comparaisons faites dans la dernière enquête

périnatale (23,6% de césariennes chez les Parisiennes

contre 20,2% en France en 2003) confirmaient cette

différence entre Paris et la France (tab. 2). La dernière

donnée disponible au niveau national en 2007, situe le

pourcentage de naissance par césarienne à 21%4.

Une stabilisation semble s’observer à Paris sur les

quatre dernières années (fig. 3).

Davantage de césariennes chez les primipares et

chez les multipares avec antécédent de césarienne

En 2008, selon les premiers certificats de santé, 22,1%

des Parisiennes ont eu une césarienne. Le taux de

césariennes est élevé chez les primipares (24,3%),

relativement bas chez les multipares sans antécédents

de césariennes (11,4%), et très élevé chez les

multipares ayant un antécédent de césarienne (65,2%).

Ces différences selon la parité étaient décrites dans

l’enquête nationale périnatale de 2003, avec

respectivement des taux estimés à 23,3%, 8,8% et

64,6%.

Plus de quatre Parisiennes primipares sur dix de 40

ans ou plus accouchent par césarienne

Si le taux de césariennes chez les femmes jeunes est

inférieur à 20%, celui-ci augmente avec l’âge des

mères à l’accouchement (fig. 4). Ce sont ainsi près du

tiers des femmes primipares parisiennes de 35-39 ans

(32,3%) et plus de quatre sur dix âgées de 40 ans ou

plus (43,9%) qui ont eu une césarienne en 2008.

Davantage de césariennes dans l’ouest parisien

Des taux de césariennes particulièrement élevés sont

observés dans l’ouest parisien (carte 1). Ainsi, plus

d’une femme sur quatre (27,7%) domiciliée dans le

16ème arrondissement et ayant accouché en 2008 a eu

une césarienne. Le pourcentage de femmes âgées de

plus de 35 ans à l’accouchement est particulièrement

élevé dans cet arrondissement (34,5%). Cependant, le

taux de césarienne chez les femmes primipares de

35 ans ou plus demeurant dans le 16ème arrondissement

reste le plus élevé de Paris, avec 43,3% de césariennes

chez ces femmes. A l’opposé, les femmes primipares

de 35 ans ou plus domiciliées dans le

20ème arrondissement ne sont que 26,3% à avoir eu une

césarienne en 2008.

Carte 1 Accouchements par césarienne selon les données des premiers certificats de santé à Paris par arrondissement

en 2008

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1

142

3.4

La prise en charge de la douleur au cours de

l’accouchement est mieux prise en compte

L’analyse des données nationales des enquêtes

périnatales montre qu’entre 1998 et 2003 le

pourcentage de femmes ayant eu une péridurale est

passé de 58,0% à 62,6% et celui des femmes ayant eu

une rachi-anesthésie de 8,5% à 12,3%. Les

accouchements sans anesthésie ont diminué, passant

de 29,5% à 22,5% entre les deux enquêtes.

A Paris en 2008, moins d’une femme sur dix

accouche sans anesthésie

Selon les données des premiers certificats de santé,

9,0% des femmes ayant accouché à Paris en 2008

n’ont eu aucune anesthésie lors de l’accouchement.

Elles sont 80,2% à avoir eu une péridurale et 9,2% une

rachi-anesthésie. En France, ce sont 24,6% des

naissances de 2007 qui ont eu lieu sans analgésie.

Des différences sont observées selon la parité, très peu

de Parisiennes primipares n’ayant pas eu d’anesthésie

lors de l’accouchement (4,3% contre 13,5% pour les

Fig.5 Anesthésie lors de l’accouchement pour les femmes

parisiennes selon la parité en 2008 (en %)

4,3

86,7

7,41,1 0,5

13,5

72,9

12,0

1,0 0,60 %

20 %

40 %

60 %

80 %

100 %

Aucune Péridurale Rachi-anesthésie

Anesthésie générale

Autre

Primipare Multipare

Source : Premiers certificats de santé, Paris 2008, exploitation ORS Ile-de-France, 2010.

Primipares Multipares Total

1er 1,0 13,6 6,8

2ème 4,0 13,6 8,6

3ème 8,1 18,5 12,1

4ème 2,0 13,2 7,1

5ème 3,7 11,2 6,9

6ème 1,1 10,9 5,7

7ème 1,6 5,3 3,4

8ème 3,1 6,4 4,7

9ème 4,3 10,3 7,1

10ème 5,8 17,6 11,5

11ème 5,4 16,2 10,0

12ème 4,1 13,8 8,8

13ème 3,9 13,8 8,6

14ème 1,7 6,7 5,5

15ème 2,2 6,4 4,2

16ème 2,2 4,7 3,5

17ème 3,2 11,0 6,9

18ème 5,5 18,6 12,2

19ème 7,7 20,8 14,9

20ème 5,1 19,0 12,1

Tab.3 Absence d’anesthésie lors de l’accouchement pour

les femmes parisiennes selon la parité et par

arrondissement en 2008 (en %)

Source : Premiers certificats de santé, Paris 2008, exploitation ORS Ile-de-France, 2010.

autres femmes) (fig. 5).

Mais une inégalité territoriale forte

Si dans l’ensemble, les femmes du centre et de l’ouest

parisien ont une anesthésie lors de l’accouchement, les

accouchements sans anesthésie sont plus fréquents dans

les arrondissements du nord-est de Paris. Ainsi, le taux

d’accouchements sans anesthésie le plus élevé observé

en 2008, concerne les femmes multipares domiciliées

dans le 19ème arrondissement (20,8%) (tab. 3).

Suites de couches

6% des femmes domiciliées à Paris présentent une

hémorragie de la délivrance

Selon les données codées dans le PMSI en 2008 (cf.

encadré sources d’informations et limites, page 139),

pour 6,1% des accouchements de femmes domiciliées

à Paris, une hémorragie de la délivrance est

enregistrée. Ce taux représente le plus fort taux

observé parmi les départements franciliens, le taux

moyen régional étant de 4,5% (fig. 6). Ce pourcentage

plus élevé sur Paris est observé sur les trois années

étudiées. Une tendance à la hausse en particulier en

2008 est observée, ceci quelque soit le département de

domicile.

Les femmes restent en moyenne 5 jours en

maternité

Selon les données du PMSI 2008 (cf. encadré sources

d’information et limites, page 139), la durée moyenne

de séjour des femmes parisiennes en maternité est de

5,0 jours (4,9 jours pour les Franciliennes). La

médiane est de 4 jours et pour 20,4% des femmes la

sortie de maternité a lieu au plus tard le troisième jour

après l’entrée. Les femmes ayant eu un accouchement

unique spontané par présentation du sommet ont une

durée moyenne de séjour de 4,3 jours (médiane 4

jours, premier quartile 3 jours). En cas de césarienne,

la durée moyenne de séjour est de 6,5 jours (médiane

6 jours, premier quartile 5 jours). Il n’est pas mis en

évidence de différence sur la durée de séjour selon le

Fig.6 Hémorragie de la délivrance selon le PMSI dans les

départements franciliens (en %)

5,4

4,3

3,1 2,8 3,0

3,63,9

5,7

4,34,0

4,5

3,0

2,7

3,8 4,0

6,1

4,44,8

4,5

3,83,5

3,2

4,3 4,5

0 %

1 %

2 %

3 %

4 %

5 %

6 %

7 %

75 92 93 94 77 78 91 95 Ile-de-France

2006 2007 2008

Source : PMSI, Périnat-arhif 2006 à 2008, exploitation ORS Ile-de-France2010.

143

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3.4

Suivi du post partum

Un peu plus d’une femme sur dix présenterait une

période de troubles dépressifs dans l’année qui suit

la naissance

La dépression post-natale peut survenir durant l’année

qui suit la naissance d’un enfant, mais sa fréquence la

plus haute se situe quelques semaines après la

naissance. Son diagnostic est rendu difficile par la

symptomatologie non pathologique liée à la grossesse

et à l’accouchement. Peu d’études françaises et

récentes sont disponibles sur le sujet, mais la

littérature existante estime qu’une mère sur dix au

moins traverse une période de troubles dépressifs dans

l’année qui suit la naissance d’un enfant (10 à 20%

selon les études)6.

Un quart des admissions en unités mère-bébé font

suite à un premier épisode ou un premier

diagnostic d’une pathologie mentale

Selon une étude portant sur des hospitalisations

conjointes avec un bébé de moins de un an pour au

moins cinq jours consécutifs entre 2001 et 2007 en

France5, 25% des motifs d’admission correspondent à

un premier épisode aigu ou un premier diagnostic de

pathologie mentale. Par ailleurs, 33% concernent un

épisode d’une maladie chronique et 22% des

admissions se font suite à une rechute d’un épisode

aigu. Les situations liées à l’interaction mère-bébé ou

aux compétences maternelles sans épisode

psychiatrique représentent 18% des motifs

d’admission (2% des femmes sont admises pour

d’autres motifs).

Prédominance de troubles sévères psychotiques

dans les unités mère-bébé

Selon cette même étude5, les mères hospitalisées

présentent le plus souvent des troubles sévères ne

pouvant être pris en charge en ambulatoire. L’étude,

portant sur 13 unités représentant une cinquantaine de

lits sur la soixantaine répertoriée en France, établit

une répartition des grandes classes diagnostiques

(CIM-10) des mères hospitalisées entre 2001 et 2007.

Un quart (24%) des situations correspondent à des

troubles maniaques, bipolaires et schizoaffectifs, 18%

à des troubles dépressifs et 17% à des troubles

névrotiques - réaction au stress. Les cas de

schizophrénies et autres troubles délirants concernent

18% des hospitalisations, dont 5% sont des troubles

délirants aigus et transitoires. Pour 12% des cas, il

s’agit de troubles du comportement, de la personnalité

et cognitifs, et pour 11% de troubles cognitifs et autres

troubles.

Les unités mère-bébé (UMB)6

Le développement des UMB s’inscrit dans un contexte de meilleure prise en compte de la sécurité émotionnelle et psychique au cours de lagrossesse et lors de l’accueil du nouveau-né, notamment pour les femmes présentant des facteurs de vulnérabilité d’ordre psychosocial ouprésentant des troubles psychiatriques. L’hospitalisation conjointe d’une mère et son bébé permet d’observer et d’agir sur la qualité des soins dematernage et l’établissement du lien précoce. Il s’agit de soigner au plus tôt l’effondrement maternel afin de prévenir une dépression maternelleplus grave, ainsi que les troubles de développement et les risques de maltraitance qui pourraient en découler.Les indications d’hospitalisation en UMB ne reposent pas tant sur le diagnostic psychiatrique maternel que sur la possibilité d’un travail sur le lienmère-enfant, base du soin en UMB. Il peut s’agir d’aider une mère à trouver ou retrouver des relations adaptées à son enfant ou de préparer debonnes conditions de placement pour l’enfant.Ce travail de lien peut commencer in utero, quand les situations laissent présager des difficultés dans l’établissement du lien mère-bébé, lapertinence de l’hospitalisation en UMB étant évaluée dans le période qui suit immédiatement l’accouchement. Pour les situations non prévues, parexemple en cas de décompensation psychique maternelle majeure, l’hospitalisation en UMB offre la possibilité d’allier les soins pour la mère et laprévention et/ou le traitement des troubles de l’interaction précoce. Le faible nombre de lits ne permet pas toujours de prendre en charge lessituations en urgence. Le soin en UMB s’inscrit dans un travail de partenariat et dans un projet de soins global, articulé autour de la famille et des dispositifs qui peuvent s’y rattacher.

domicile de la femme.

Mise en place fréquente d’une hospitalisation à

domicile en post-partum

En 2009, une hospitalisation à domicile au décours

d’un accouchement a été réalisée pour 2 291 femmes

parisiennes par l’HAD de l’AP-HP et pour 364

femmes par l’HAD Fondation Œuvre Croix Saint-

Simon. Au total, ce sont donc près de 9% des femmes

ayant accouché pour lesquelles ce type de prise en

charge est mis en place. La part la plus importante est

liée à une surveillance post-césarienne (respective-

ment 1 198 et 63 femmes).

Pour les femmes prises en charge par l’HAD de l’AP-

HP en dehors d’un contexte post-chirurgical, les deux

principaux motifs enregistrés sont un contrôle du post-

partum (346 femmes) et une surveillance de

l’allaitement (181 femmes). Viennent ensuite les

troubles mentaux et du comportement liés à la

puerpéralité (250 femmes) et les surveillances suite à

une hémorragie du post-partum (119 femmes).

Par ailleurs, l’HAD de l’AP-HP a mis en place pour le

post-partum physiologique une cellule d’orientation

qui a concerné 2 300 patientes en 2009. Cette cellule

est consacrée à la prise en charge des sorties précoces

des femmes et des nouveaux-nés et doit permettre

d’assurer un accompagnement et la continuité des

soins engagés en maternité, en mettant les femmes en

relation avec une sage-femme libérale, et non par la

mise en place d’une HAD.

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3.4

Références :

1 - Plan périnatalité 2005-2007. Humanité, proximité, sécurité, qualité, Ministère de la Santé et de la protection sociale, 2004.

2 - Danet S.(dir.), Olier L.(dir.) La santé des femmes en France, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des

stratistiques, 2009.

3 - Blondel B., Supernant K., Mazaubrun C. (du) et al. Enquête nationale périnatale 2003. Situation en 2003 et évolution depuis

1998, Ministère des Solidarités, de la santé et de la famille, Inserm, 2005.

4 - Collet M., Vilain A. Les certificats de santé de l’enfant au 8ème jour (CS8), validités 2006 et 2007, Direction de la recherche,

des études, de l’évaluation et des statistiques, Série sources et méthodes, 2010. http://www.sante-jeunesse-

sports.gouv.fr/IMG/pdf/seriesource-method12.pdf (dernière consultation 29 juin 2010).

5 - Saurel-Cubizolles M-J., Lelong N. Conditions de travail et issue de la grossesse. Enquête nationale en France en 1995, Revue

de médecine du travail, vol 27, n°5, 2000.

6 - Les unités mère-bébé en hospitalisation temps plein : leurs rôles en psychiatrie périnatale, Pluriels n°80, 2009.