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Date : JUIL 15 Pays : France Périodicité : Mensuel OJD : 71455 Page de l'article : p.78 Journaliste : Agnès Santi Page 1/1 AVIGNON 8654154400524 Tous droits réservés à l'éditeur ENTRETIEN > OLIVIER MARTIN-SALVAN SPECTACLE ITINÉRANT D'APRÈS UBU SUR LA BUTTE ET UBU ROI D'ALFRED JARRY / CONCEPTION OLIVIER MARTIN-SALVAN UBU RÉINVENTÉ C'est un grand comédien, Olivier Martin-Salvan, qui porte ce spectacle itinérant d'après Alfred Jarry. Un théâtre qui réjouit et bouscule! Nous nous sommes rendus compte que cette trouvaille générait un vocabulaire et une inten- sité de jeu qui servaient le côté cruel et cru de la farce, où sourd quelque chose de souterrain et de très violent. C'est la soif du pouvoir qui est à l'oeuvre sans autre but que la conquête elle- même, et ce désir est aussi relié à la puissance sexuelle. Le rire permet de fendre une armure, de faire tomber le sérieux de son piédestal, révélant par retour de bâton la cruauté sous- jacente qui fait éruption Dans notre actualité il y a des Ubu partout, c'est abyssal ' Pourquoi Alfred Jarry? Olivier Martin-Salvan : La langue d'Alfred Jarry est une partition fascinante On a l'impres- sion qu'il s'agit d'une pochade d'étudiant maîs Jarry est un génie 1 Je croîs que toute ma vie je vais poursuivre un chemin auprès d'une lignée d'humanistes et de gigantesques poètes. Novarma, Artaud, Hugo, Rabelais... La pensée que Jarry développe dans Le Surmâle, roman étonnant et très dense, m'a impressionné. Nous avons de Jarry l'image d'un plat du dimanche un peu lourd, maîs derrière la farce grotesque émerge une grande cruauté, révé- lant la part sombre de chacun d'entre nous. Le spectacle met en scène Ubu sur [a Butte, version compacte et resserrée que j'ai lue sur les conseils d'Olivier Py et qui m'a beaucoup plu, et quèlques moments de Ubu Roi, dans ce langage que Jarry a développé et qui travaille l'humain Ubu sur la Butte est un cadeau pour les acteurs, un texte hors psychologie, qui me rappelle les mots de Novarma demandant de jouer comme des enfants dans «une messe pour marionnettes », d'être plus bête que ce qu'on fait. Travaillant a travers le jeu, la langue et l'énergie dégagée sur les strates profondes de la pensée du spectateur, le théâtre doit à l'inverse du décervelage bouleverser et ren- verser, réveiller les connections, déclencher des orages dans les cerveaux ' Quel est le dispositif scénique? O. M.-S. : Un dispositif quadri-frontal permet "UBU SUR LA BUTTE EST UN CADEAU POUR LES ACTEURS." OLIVIER MARTIN-SALVAN au public d'assister de près à la montée de la tyrannie. J'interprète Ubu et Thomas Blan- chard, Robin Causse, Mathilde Hennegrave et Gilles Ostrowsky m'accompagnent. Les scéno- graphes Clédat & Petitpierre ont inscrit le jeu dans l'univers de la gymnastique rythmique et sportive, avec tapis de sol, ballons, rubans, modules en mousse, et tenues moulantes. C'est un théâtre itinérant... O. M.-S. : Nous jouons quinze représenta- tions dans quinze lieux différents autour d'Avignon. Je suis heureux qu'Olivier Py m'ait confié le spectacle itinérant de cette édition. Je pense qu'il est essentiel de se déplacer, de dialoguer, pour tisser des liens et fortifier la décentralisation L'impact est considérable ' Propos recueillis par Agnès Sant!

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Date : JUIL 15

Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 71455

Page de l'article : p.78Journaliste : Agnès Santi

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AVIGNON 8654154400524Tous droits réservés à l'éditeur

ENTRETIEN > OLIVIER MARTIN-SALVAN

SPECTACLE ITINÉRANTD'APRÈS UBU SUR LA BUTTE ET UBU ROI D'ALFRED JARRY / CONCEPTION OLIVIER MARTIN-SALVAN

UBU RÉINVENTÉC'est un grand comédien, Olivier Martin-Salvan, qui porte ce spectacleitinérant d'après Alfred Jarry. Un théâtre qui réjouit et bouscule!

Nous nous sommes rendus compte que cette

trouvaille générait un vocabulaire et une inten-sité de jeu qui servaient le côté cruel et cru dela farce, où sourd quelque chose de souterrainet de très violent. C'est la soif du pouvoir qui està l'œuvre sans autre but que la conquête elle-même, et ce désir est aussi relié à la puissancesexuelle. Le rire permet de fendre une armure,de faire tomber le sérieux de son piédestal,révélant par retour de bâton la cruauté sous-jacente qui fait éruption Dans notre actualitéil y a des Ubu partout, c'est abyssal '

Pourquoi Alfred Jarry?Olivier Martin-Salvan : La langue d'Alfred Jarryest une partition fascinante On a l'impres-sion qu'il s'agit d'une pochade d'étudiant maîsJarry est un génie1 Je croîs que toute ma vie jevais poursuivre un chemin auprès d'une lignéed'humanistes et de gigantesques poètes.Novarma, Artaud, Hugo, Rabelais... La penséeque Jarry développe dans Le Surmâle, romanétonnant et très dense, m'a impressionné.Nous avons de Jarry l'image d'un plat dudimanche un peu lourd, maîs derrière la farcegrotesque émerge une grande cruauté, révé-lant la part sombre de chacun d'entre nous.Le spectacle met en scène Ubu sur [a Butte,version compacte et resserrée que j'ai lue surles conseils d'Olivier Py et qui m'a beaucoupplu, et quèlques moments de Ubu Roi, dans celangage que Jarry a développé et qui travaillel'humain Ubu sur la Butte est un cadeau pourles acteurs, un texte hors psychologie, qui merappelle les mots de Novarma demandant dejouer comme des enfants dans «une messepour marionnettes », d'être plus bête que cequ'on fait. Travaillant a travers le jeu, la langueet l'énergie dégagée sur les strates profondesde la pensée du spectateur, le théâtre doit àl'inverse du décervelage bouleverser et ren-verser, réveiller les connections, déclencherdes orages dans les cerveaux '

Quel est le dispositif scénique?O. M.-S. : Un dispositif quadri-frontal permet

"UBU SUR LA BUTTEEST UN CADEAUPOUR LES ACTEURS."OLIVIER MARTIN-SALVAN

au public d'assister de près à la montée de latyrannie. J'interprète Ubu et Thomas Blan-chard, Robin Causse, Mathilde Hennegrave etGilles Ostrowsky m'accompagnent. Les scéno-graphes Clédat & Petitpierre ont inscrit le jeudans l'univers de la gymnastique rythmiqueet sportive, avec tapis de sol, ballons, rubans,modules en mousse, et tenues moulantes.

C'est un théâtre itinérant...O. M.-S. : Nous jouons quinze représenta-tions dans quinze lieux différents autourd'Avignon. Je suis heureux qu'Olivier Pym'ait confié le spectacle itinérant de cetteédition. Je pense qu'il est essentiel de sedéplacer, de dialoguer, pour tisser des lienset fortifier la décentralisation L'impact estconsidérable '

Propos recueillis par Agnès Sant!

LES INROCKUPTIBLES Du 4 au 25 Juillet 2015

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Date : 09 JUIL 15

Pays : FrancePériodicité : Quotidien ParisOJD : 38184

Page de l'article : p.18Journaliste : Marie-José Sirach

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AVIGNON 9678954400507Tous droits réservés à l'éditeur

Culture Savoirs

On nous avait pas dit qu'Ubuétait champion de «vin

Olivier Martin-Salvan campe un Ubu îoîalemenî déjanté. Le spectacle itinérant du Festival quise joue dans les lieux aussi improbables que son royaume.

WEI

4 -25 juillet

Avignon,envoyée spéciale.

C'est dans un petit vil-lage gardois (Saze) quenous avons assisté à la

première d'Ubu, spectacle qui va se jouertoute la durée du Festival hors les rem-parts, dans des salles polyvalentes (decelles qui servent à tout, qui servent àrien), des casses automobiles, un conces-sionnaire de BMW et autres endroits...Dans un décor de salle de gymnastique,

Ubu (Olivier Martin-Salvan, qui signela mise en scène) et ses acolytes (ThomasBlanchard, Robin Causse, Mathilde Hen-negrave et Gilles Ostrowsky, tous for-midables) déboulent sur les tapis enjustaucorps lycra aussi vilains que ceuxdes équipes de l'ex-bloc de l'Est ou desÉtats-Unis avec le même rituel imposéde salut cambré-bras levés, depuis lebord de l'aire de jeu, le jury et le public.Il y a de la compét' dans l'air, des al-liances et des retournements, de la pol-tronnerie et de la sueur dans cetteproposition qui joue allègrement sur lesressorts de la farce, pour le rire et lemeilleur.Il faut dire que la piece d'Alfred Jarry

prête le flanc à toutes les interprétations,du tragique comme du comique pur jus.Intemporelle, Ubtm'a jamais rien perdude sa saveur - et, au train où va le monde,ça risque de durer un bail - qui porte unregard féroce et amusé sur la conquêtedu pouvoir, avec tous les coups de Jarnacqui vont avec, les retournements d'al-

UBU, DANS UK DÉCOR DE SALLE DE GYMNASTIQUE. PHOTO BORIS HORVAT AFP

liance, les trahisons et les rabibochagessur l'oreiller. U Ubu de Martin-Salvanagit par pulsions, trépigne comme unenfant qui voudrait piquer les jouets deson copain à coups de poings dans ledos. Ubu veut être roi à la place du roiparce qu'on lui a toujours dit que c'étaitla meilleure place. Alors il a occis le roiVenceslas pour trôner à son tour sur unePologne fictive à grands renforts de« merdre » intempestifs, de racket et deboudins d'entraînement utilisés commearmes de destruction massive.Cela relève de la performance physique

avec des acteurs qui n'ont pas la carrurede l'emploi (à l'exception d'Olivier Mar-tin-Salvan, plus rugbyman que NadiaComaneci) mais qui maîtrisent à la per-

fection l'art du mime et du clown etparviennent à nous faire prendre desvessies pour des lanternes et d'affreusesmédailles d'or olympique pour le trésorde la couronne. On s'esclaffe devanttant d'inventivités, de gags déchaînésenchaînés non-stop, de cette aire dejeu transformée à vue avec tobogganset balançoires, d'un méchant radeaude La Méduse qui vogue vers la France,devenue terre d'accueil de prédilectiondes tyrans.

MARIE-JOSÉ SIRACH

Jusquau 23 juillet a Boulbon, Caumont-sur-Durance le Ponreî RoquemaureSarnans Sorgues VacqueyrasRens www fesnval-avignon com

VAUCLUSE MATIN Jeudi 9 juillet 2015

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M LE MAGAZINE DU MONDEDate : 11 JUIL 15Pays : France

Périodicité : HebdomadaireOJD : 256440

Page de l'article : p.90Journaliste : Patrick Sourd

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AVIGNON 9935264400505Tous droits réservés à l'éditeur

£a CultureDans le spectaclecree par OlivierMartin Salvan

(ci contre)le Pere Ubu

T H E A T R E

"Nous nous sommesamusés des codes

de l'aérobic."DANS UN SPECTACLE ITINÉRANT QU'IL A CONÇU

POUR LE FESTIVAL D'AVIGNON, LE COMÉDIENOLIVIER MARTIN-SALVAN TRANSPOSE

LE GROTESQUE "UBU", D'ALFRED JARRY,DANS UNE DICTATURE RÉGIE PAR LE SPORT.

i PATRICK SOURD

POURQUOI REVENIR AU THEÂTRE

D'ALFRED JARRY ET AU PERSONNAGE

DU PERE UBU9

Apres Religieuse a la fraiseque ) ai cree I an dernieren Avignon avec la danseuseet chorégraphe japonaiseKaon Ita dans le cadredes Sujets a Vif [des créationsnees dè la confrontationdartistes issus d univers diffé-rents NDLR] Olivier Py ledirecteur du festival a souhaiteme voir revisiter un classiquell rn a conseille de relireAlfred Jarry en rn orientant versUbu sur la butte Jarry a 28 ansquand il retravaille Ubu roifarce terrifiante ecrite au coursde son adolescence Lexpur-geant de toute psychologieil adapte la piece pour le theatrede marionnettes et la radicahseen vue de la présenter devantI avant-garde de son epoqueau Cabaret des Qual z Artssur la butte Montmartre en

1901 Cette aprete et cettevolonté chez I auteur devenuadulte dalter a los deson oeuvre rn ont conquis

ON VOUS A CONNU INTERPRETE,

COMEDIEN ET CHANTEUR QUEL

DECLIC VOUS A CONDUIT A PRENDRE

LE CONTRÔLE DE VOS PROJETS'

Depuis longtemps je penseque au même titre qu un met-teur en scene un scénographeun acteur ou même un spec-tateur devrait pouvoir etre aI origine d un spectacle Depuis20O8 je suis devenu le concep-teur de mes projets J en choisisle thème je reunis une equipePuis je passe commandea un metteur en scene PourUbu on s est même passe demetteur en scene Jai demandea I un des acteurs ThomasBlanchard d assumer le rôledu regard exterieur On travaillede maniere tres organique çaresserre les liens dans I equipe

POURQUOI PROJETER L'UNIVERS

DE JARRY DANS LE MONDE DU SPORT'

Au depart je voulais rompreavec I imagerie graphique quicolle a la peau du Pere UbuCledat & Petitpierre qui pren-nent en charge la scénographieet les costumes ont tout desuite évoque I univers sportifJ ai failli devenir rugbyman pro-fessionnel ça rn a semble idéalJe sais le pouvoir d embrigade-ment et la capacite de forma-tage des esprits mis en oeuvredans le sport Je me suis aussilongtemps questionne sur notrepropension a jouir d etre ainsidecerebre sur notre capacitea nous perdre dans la depensephysique pour oublier les soucisdu quotidien Sortir du boulotcourir a la salle de gym et finir lasoiree devant la tele Les genspassent leur temps a se viderla tete Maîs quand saccordent-ils une pause pour la remplir'

VOTRE "UBU" REGNE SUR UNE SALLE

DE GYM ET SES SUJETS SONT

DES ACCROS A L'AEROBIC

Avec Sylvain Riejou chorégra-phe nous nous sommes amusesdes codes de I aérobic pouraccentuer le cote mecaniquede la danse gymnique et exacer-ber la cruauté de I enfermementqu elle produit sur les individusLe port de justaucorps necache rien de nos anatomiesla répétitivité des mouvementsfait de nous des robots mêmele martèlement des bassesde la musique qui donnele tempo est un cauchemarChaque composante de cettepratique concourt a fabriquer

I iconographie farcesque d unedictature regie par le sport

IL S'AGIT D'UN SPECTACLE ITINERANT

COMMENT VOUS PREPAREZ-VOUS

A JOUER DANS UNE CONCESSION

AUTOMOBILE, UNE SALLE DES FÊTES,

LA COUR D'UN CHATEAU OU

UN CENTRE PENITENTIAIRE'

En nayant besoin de riende plus que deux prises electri-ques et en limitant a 12 m 2 1 airede jeu On a opte pour un ringde six metres sur six et troisrangées de chaises disposéesen quinconce sur chacun descotes Les spectateurs sontdans la lumiere ils se voientles uns les autres et peuventpresque nous toucherLimpact est maximal Cestle pan de jouer en close upconcilier la magie du spectacleavec un choc d emotions

UBU EST UN MONSTRE QUELLE LECON

NOUS AIDE-T-IL A MEDITER'

Ubu agit comme un enfant quivole un comet de frites Pret atuer tout le monde pour le pou-voir il ne sait qu en faire une foisdevenu roi et s imagine alorstrouver le bonheur ense rendant en France Au finalnotre ring devient un Radeaude la Méduse on vogue verscette terre promise commetous ceux qui traversent laMediterranee en pensant queI espoir est ailleurs Sauf qu onsait a quel point la désillusionest au bout du voyage O

UBU i

FESTIVAL DAVIGNON SPECTACLEITINERANT JUSQUAU 23 JUILLETWWW FESTIVAL AVIGNON COM

SCENEWEB.FR Dimanche 12 Juillet 2015

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Ubu, c’est sportif avec Olivier Martin-Salvan ! par Stephane CAPRON

Photo Christophe RAYNAUD DE LAGE

Olivier Martin-Salvan emmène Ubu sur les routes dans ce festival d’Avignon. Une commune, un lieu par jour pour une version en quadri frontal qui est une plongée dans les arcanes du pouvoir et dans l’univers du monde du sport. Les comédiens se transforment en gymnastes dans cette adaptation à 100 à l’heure de l’œuvre de Jarry.

Ce n’est pas « Ubu Roi » qui est adapté mais « Ubu sur la butte », version imaginée par Alfred Jarry pour des marionnettes. Les comédiens dirigés par Olivier Martin-Salvan utilisent à merveille la technique de la pantomime dans un univers de salle de sport. Le dispositif en quadri frontal, avec ces tapis au sol, nous donnent le sentiment d’assister à une compétition sportive, un match de catch ou de boxe. Ubu (Olivier Martin-Salvan) emmène ses soldats à la guerre, comme un coach dirige ses sportifs à l’entrainement (sur de la musique techno comme dans une salle d’aérobic).

La scénographie et les costumes ont été conçus par Clédat et Petitpierre. Ce terrain de jeu permet aux comédiens (qui portent des tenues de lutte chatoyantes) de pousser à fond le grotesque des personnages. La grivoiserie et le sexe sont au rendez-vous.

Le spectacle est une course effrénée vers le pouvoir. On pense à tous ces dictateurs qui manipulent les peuples. Olivier Martin-Salvan dénonce le grotesque de la guerre et l’élévation du peuple par la discipline sportive. Les comédiens ne se ménagent pas dans cette version très rythmée et potache. Les coups de polochons pleuvent. Le comique visuel fonctionne également à merveille. Une version décapante très réussie de l’œuvre de Jarry

Date : 14 JUIL 15Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 124580

Journaliste : Danièle Carraz

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ON A VU A AVIGNON ET A MARSEILLE

Ubu: très grand GuignolImmense salon vitré, voitu-

res à 50 DOO euros partout, affi-ches publicitaires, accessoiresici et là, accueil au champagneet aux petits oignons...

Répondant au souci du Festi-val In de sortir des mursd'Avignon et de faire rayonneiune création aux alentours, lespatrons de la concession BMWrecevaient ce soir-là le cyclisteAlfred Jarry et le rabelaisien Pè-re Ubu. Il y a là évidemment unplaisir malin à introduire le mal-gre loup anarchiste dans la ber-gerie de la consommation deluxe. S u r t o u t t ra i té parl'intraitable Olivier Martin-Sal-van et ses quatre zouaves.

On connaît l'histoire : Ubu,farce grotesque écrite par un ga-min de quinze ans pour ridiculi-ser un professeur ventripotent,deviendra une des plus gran-des machines théâtrales à accé-lérer l'imagination de ceux quis'en emparent. Cette banden'est pas en reste : ils installentUbu sur un terrain de sport, leRoi sur un podium, et nous,autour du spectacle-pugilat. Es-pace tapissé de mousse bleue,bleus aussi tous les accessoiresde mousse (cheval-d'arçon, trô-ne, polochons, haltères, épées...), telle est la scénographietransportable de Clédat et Petit-pierre. Ces derniers signent aus-si les costumes : combinaisonsde gymnastes (joli clin d'œilpour la grenouillère rayée duroi, blanche et rouge comme

"UBU", itinérant. /CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE / FESTIVAL o AVIGNON

chez les joueurs de foot duDouanier Rousseau, très cherami de Jarry), casques et cuiras-ses de lutteurs...

Quant aux acteurs, ils (se)sont choisis ! Un petit gros trèspoilu -la bête de scène OlivierMartin-Salvan lui-même enUbu- un grand échalas hilare(inénarrable Gilles Ostrwsky),la formidable Mathilde Henné-grave, grassouillette Mère Ubu,ainsi que les "multiples" RobinCausse et Thomas Blanchard.Et maintenant, place au jeu surle ring et aux rires des specta-teurs. Courses et batailles ho-mériques, roulades, bastonna-des, bascules féroces, jus éner-

gisants et barres chocolatéesaprès l'effort, cris, pets et ges-tes très crus...

Nous sommes bien dans unepantalonnade de "guignols", etpourtant, croyez-en bien vos"oneilles ", le texte de Jarry estdit, entendu, et il est toujoursaussi explosif.

Danièle CARRAZ

"Ubu", spectacle itinérant, dans leVaucluse jusqu'au 23 juillet 20h30.Renseignements sur tous les lieux au04 90141414. Ce soir à 21h FestivalContre courant (06 SO 37 OI 77), le 16à Sorgues, le IS à Sarrians, le 19 àVacqueyras et le 20 deretour àAvignon.

Avignon. Ubu en terres étrangères

Avec” Ubu sur la butte”, d’Alfred Jarry, Olivier Martin-Salvan offre une vision sportive du pouvoir et de ses abus…

!

Un soir du mois de juillet, dans la salle des fêtes du village de Roquemaure dans le Gard, Ubu est apparu. Souvent instrumentalisé à des fins didactiques, polémiques ou pire, prosélytes, qu’il soit roi, cocu, enchaîné ou sur la butte comme ici, Ubu, le célèbre personnage d’Alfred Jarry est un monument retors, un objet insaisissable tant par sa finesse que sa grossièreté. Dans les différentes versions qu’il a données de la pièce, c’est à la hache que Jarry démonte les mécanismes du pouvoir, c’est à l’humour potache qu’il tartine la nature humaine à travers celle de son personnage. Olivier Martin Salvan metteur en scène et acteur, accompagné de Thomas Blanchard, Robin Causse, Gilles Ostrowsky et Mathilde Hennegrave, réinvente Ubu en y plongeant littéralement avec un sérieux déroutant pour une pochade théâtrale aux accents joyeux et dérangeants.

LESINROCKS.COM Mercredi 15 Juillet 2015

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Un dictateur ventripotent Il donne à entendre ce texte d’une manière tout à fait originale, lui conférant une profondeur que l’on oublie trop souvent, et cela par la magie d’une métaphore sportive filée d’un bout à l’autre du spectacle. Lumières crues, tapis de gym, rubans de GRS, combinaisons moulantes et colorées servent d’emballage à ce spectacle sulfureux et itinérant parcourant les scènes du Gard et du Vaucluse, une œuvre dans la tradition décentralisatrice qui trouve un écho tout particulièrement glaçant dans la France d’aujourd’hui telle qu’elle s’illustre de manière frontale notamment dans ces deux départements. Mais nul doute que tout le monde trouvera le spectacle fort drôle, Ubu est une farce après tout. Celle d’un grossier personnage apprenti dictateur ventripotent à la bêtise crasse et aux campagnes guerrières avortées. L’action se déroulant du côté de la Pologne – “c’est-à-dire nulle part” – on pourrait penser à Poutine, le portrait serait flatteur, mais Ubu désarçonné de son cheval à phynances, ses sombres projets déroutés, regarde vers la France… Alors là, soudain, des images ressurgissent : Nicolas Sarkozy fait du vélo avec son ami le président du conseil général des Alpes-Maritimes Christian Estrosi à Cannes. Nicolas Sarkozy nage, seul, en mer Méditerranée aux abords du Fort de Brégançon. Nicolas Sarkozy s’étire après son jogging dans Central Park à New York. Nicolas Sarkozy et son fils Louis font du canoë sur le lac Winnipesaukee dans le New Hampshire. Nicolas Sarkozy monte à cheval, en Camargue, près des Saintes-Maries-de-la-Mer… C’est vrai que le sport, ça change tout.

Hervé Pons

Ubu sur la butte, d’Alfred Jarry, mise en scène Olivier Martin-Salvan, jusqu’au 23 juillet au festival d’Avignon. Spectacle itinérant. 16 juil : Sorgues, Pôle culturel Camille Claudel 18 juil : Sarrians, Éclats de Scènes, Salle Frédéric Mistral 19 juil : Vacqueyras, Cour du Château 20 juil : Avignon, Espace pluriel La Rocade – Centre culturel La Barbière 22 juil : Sauveterre, Place de l’Orangerie 23 juil : Boulbon, Salle Jacques Buravand

LES INROCKS Mercredi 15 Juillet 2015

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Date : 17 JUIL 15

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 93781

Page de l'article : p.28-29Journaliste : Anne Diatkine /Ève Beauvallet

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AVIGNON 5298764400524Tous droits réservés à l'éditeur

le PèreOlivier Martin-Salvan incarneUbu.PHOTO YVAN CLEDAT

Date : 17 JUIL 15

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 93781

Page de l'article : p.28-29Journaliste : Anne Diatkine /Ève Beauvallet

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BurlesqueConcessionnaireautomobile,salle des fêtes...Olivier Martin-Salvan proposede faire vivrela pièce de Jarryhors scène,afin d'attirerun nouveaupublic.ParANNEDIATRINEEnvoyée speciale a Avignon

D isons-le d'emblée, on a été corrompu. Ona rencontre Olivier Martin-Salvan et toutel'équipe d'Ubu, spectacle d'après Alfred

Jarry, dans une piscine. Les acteurs avaient subs-titué leur stretch moulant d'aérobic qu'ils portentdurant la représentation pour un maillot plusclassique, ils ne faisaient aucune des activités sipropices pour la santé qu'ils pratiquent sur scèneet ont refusé de jouer la pièce dans l'eau fraîche.Une piscine, même pleine, aurait pourtant étéun lieu de représentation possible, puisque leurdécor en tapis de sport flotte. Cet Ubu se jouen'importe où, dans des espaces à chaque fois dif-férents de la veille, en général peu accessiblesaux festivaliers, mais très pratiques pour les ha-bitants des villages qui fuient Avignon.

Badauds. «C'est l'occasion de rencontre avec despersonnes qui ne seraient jamais venues nous voirautrement», dit Olivier Martin-Salvan, qui refusel'appellation de metteur en scène, bien qu'il soitmédiatisé à ce titre - «une erreur des journalis-tes» - et parce qu'il joue le rôle-titre. Il s'agit doncd'un spectacle sans metteur en scène. Mais sanshors champ non plus, puisque les spectateurs en-tourent les quatre versants de la scène, ce quiplace les acteurs en visibilité constante, de dos,de face, de profil.La représentation à laquelle on a assisté avait lieuchez un concessionnaire BMW, dans un centrecommercial. Sur le mur était placardé : «BMW,première sélection de véhicules d'occasion.» Le pa-radis de la consommation et le slogan entraientfatalement en résonance avec la tyrannie deMonsieur et Madame Ubu. Des baies vitrées per-mettaient aux rares badauds - les badauds quiprennent l'air à l'extérieur des centres commer-ciaux fermés ne sont pas légion - de jeter un œil.

Date : 17 JUIL 15

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 93781

Page de l'article : p.28-29Journaliste : Anne Diatkine /Ève Beauvallet

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Et I odeur caractéristique de la voiture fraîche quiu a jamais roule emplissait les narines et suscitaitdes réminiscences Des clients du concession-naire a qui I on proposait a la sortie d essayer uneBMW avaient ete invites «Cette représentationétait donc tres différente de la veille dans unesalle de f ête vétusté, couverte de pancartes, Defense dè fumer Defense de boire » dit OlivierMartin Salvan Ne serait-ce que parce que la ren-contre avec les locaux est moindre dans un centie commercial ou le spectateur lambda a dupayer tres cher le taxi pour atteindre le lieu (ons en est tire pour 60 euros la direction du journalva hurler) Lequipe manque de se noyer lorsqu on leui en fait la remarque «lm spectacle eliliste 'Cest I inverse de notre projet ' On aurait dule jouet auMacDo »

Bulldozer. Olivier Martin Salvan artiste asso-cie au theatre Quartz a Brest, plebiscite quandil jouait Pantagruel plusieurs fois nomme auxMolieres, prétend qu avant ses 18 ans, il n étaitjamais aile au theatre et ii av ait j amais lu un livreII a grandi a la campagne puis a Auxerre la teleétait sa nounou Sa mere infirmière a domicileet son pere artisan travaillaient tout le tempsCe sont ses professeurs a l'école primaire qui lui«détectent» un talent de comédien Au college,I histoire d amour avec I institution scolaire segate maîs on lui propose un contrat profession-nel pour etre capitaine de rugby II manque fairecarriere, puis se biaque contre le regime pro-téine la compétition et I ambition Que faire apart monter a Paris avec pour seul viatique lesouvenir d un don détecte ? Olivier Martin Salvan voit son premier spectacle aux Bouffesdu Nord puis passe ses soirees au theatre s iriscrit a I ecole Claude Mathieu et sait que s iléchoue la pratique d un bulldozer de la petiteentreprise familiale I attend «Je ne sais pas con-duire je ne sais pas cillit les pates maisjesaisdéboulonner un bulldozer» nous apprend-t ilPendant les cours quand Claude Mathieu luiparle Racine il pense jardinage et comprend tresvite que I apprentissage du metier est le seul moment «ou l'on a le droit d'être nul» II travaille toutce qu on ne lui proposera jamais passe six moisabosseï Phèdre Romeo DonJuan «pourcomprendre comment mai che la machine» II harceléles acteurs a I issue des représentations pour sa-voir comment ils ont trouve tel geste, telle intonation Peu lui répondentL écrivain Annie Le Brun a ouvert une porte al'équipe lorsqu'elle a évoque «le plus grand desantidépresseurs quest le pouvoir» Olivier Martm-Salvan «C est le démon de la toute puissance ycompris sexuelle qu on nous demande de cacheret a laquelle cei tains politiques carburent » CetUbu est en evolution permanente ri ne s agit pasdel'aboutir ni de I achever maîs de parier quele mouvement de cette creation collective le pro-pulsera sur d'autres terrains au fur et a mesurequ elle se rodera Dans ce dispositif panoptique,e est en fait le spectateur qui est dans le i oie deITJbu tout puissant Maîs le justaucorps «gym to-me > ne sied pas a tout le monde -*•

UBUConception OLIVIER MARTIN SALVAN, avecOlivier Martin SalvanThomas Blanchart Robin Causse,Mathilde HennegraveGilles OstrowskySpectacle itinerant jusqu au 23 juillet

IO GAZETTE Mercredi 22 juillet 2015

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Date : 25 JUIL 15Pays : FrancePériodicité : Quotidien

Page de l'article : p.11Journaliste : Jean-Marie Dinh

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AVIGNON 3217574400502Tous droits réservés à l'éditeur

Languedoc-Roussillon

[ibu donne par cinq comédiens dont Olivier Martin Salvan du 28 au 30 juillet à Thézan-les-Beziers. PHOTO DR

Théàtre. La 15ème édition du festival itinérant et pluridisciplinaire des Nuits de laTerrasse propose Ubu d'Olivier Martin Salvan, pièce drôle au pouvoir libératoire.

« Faut jeter l'art dans la piscinecomme les taureaux »• L'oeuvre Ubu roi, traduction de lafantaisie utopique de Jarry sied parf alternent à Olivier Martin SalvanLe comédien salué par deux fois auxMolière 2014 et 2015 vient de créerUbu à Avignon et sera l'invité desNuits de la Terrasse et del Catet du28 au SO juillet au Domaine de Rava-nes a Thezan.« Je cherchais un texte court à mon-ter pour une quinzaine de dates aAvignon dans 15 lieux différents,Olivier Py m'a suggéré de lire Ubusur la butte. Une très bonne idée quicorrespond a ma recherche apres lePantagruel de Rabelais et ArtaudC'est de l'art brut, avec une écrituredirecte. Je croîs qu'on a besoin d'uneécriturede vie, d'inventivité.» Ubu surla butte, est une adaptation d'Uburoi en deux actes montée par Jarryen 1901 au Quat'z'arts. « A l'originec'est un spectacle de marionnettes carà l'époque Jarry ne voulait plus entendre parler des acteurs. Il faisaitdes performances, il a vécu selon le

principe du plaisir C'était un grandtorrent sexuel Moi je ne sais pas sije suis un grand torrent sexuel maîsje suis un grand torrent de vie, » rireL'un des grand symbole de l'utopiede Jarry n'a t-il pas été la relationd'un «nous» collectif avec le pouvoir,une volonté d'en rire mais aussi d'af-

firmer la cruauté des puissants quepartage aussi Olivier Martin Sal-van. « Le rire est un bon partenaire,ll permet de fissurer la carapace, delâcher prise, tout ce qu'on demandeaux spectateurs. Avec Ubu, on sentla cruauté de l'auteur, son souffle quivous saisit mais c'est un peu comme

Les Nuits de la Terrasse• Du 24 juillet au ler aout 2015à Thézan-Les-Béziers, Causses-et-Veyran, Murviel-Les-Béziers,Pailhes, Saint-Nazaire de Ladarez.Un festival itinérant et pluridisci-plinaire, qui Invite à découvrir deslieux magiques dans l'Hérault telque le Château de Mus, a Murviel-Les-Béziers où se produiront lesgrands artistes de jazz, GuillaumePerret & Alfredo Rodriguez.YuriBuenaventura clôturera cette édi-tion au rythme de la salsa le leraoût. Jean-Claude Carrière et Ri-

chard Galliano seront réunis autourd'une lecture-récit en musique duVin bourru, David Ayala proposeraune relecture brillante et cocassede Macbeth, Le cirque Poussièreproposera un univers musical etinventif à Causses-et-Veyran. L'en-semble Appassionato donnerontdeux concerts autour des œuvresde Mozart, Piazzolla & Vivaldi àPailhes et Murviel-les-Béziers etChristian Mazzuchini, dirigé parDag Jeanneret, interprétera Souve-nirs assassins, www.sortieouest.fr

au cirque, après le funambule perchétout en haut qui fait monter l'adréna-line, arrivent les clowns qui expulsentla tension du corps »L'esprit Jarry conforte Olivier Mar-tin, - II prefère l'appellation chef detroupe ou capitaine d'équipe à cellede metteur en scène -, dans l'explora-tion de tous les possibles. Rien n'estsacré Et surtout pas le sport quisert de terrain de jeu à cette adapta-tion d'Ubu Un monde brutal, dansune compétition violente où l'éner-gie physique prédomine, le trôneest vécu comme un podium, et lesnations s'affrontent Et la politique '« Quand je parle en province deculture pour tous, peu de monde s'yintéresse ll rn 'arrive souvent de dire,on va pas dans votre théâtre on vadans votre salle des fetes. Des fois,faut jeter l'art dans la piscine commeles taureaux. Quand ça marche, toutle monde est mouille. L'utopie moi j'ycrois très fort ! »

JEAN-MARIE DINH