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BIMESTRIEL - 7,70 France/Belgique/Pays-Bas/Luxembourg 7,70 / Allemagne/Espagne/Italie 11,55 / Suisse 13,3 CHF / Canada 13,3 $ / USA 10 $ / AFS 38,5 / Australie 11 $ P708338 Février/Mars 2012 n°152 IVV Travel MENDOZA (2) IVV Travel MENDOZA (2) Dossier PESSAC-LEOGNAN Dossier PESSAC-LEOGNAN • CHIANTI CLASSICO • SOCIANDO MALLET • HAUT BRION • CHIANTI CLASSICO • SOCIANDO MALLET • HAUT BRION MONTLOUIS SUR LOIRE, CORSE MONTLOUIS SUR LOIRE, CORSE

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IVV Travel

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Dossier

PESSAC-LEOGNANDossier

PESSAC-LEOGNAN

• CHIANTI CLASSICO

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Février/Mars 2012 n°152

EDITO SOMMAIRE20 ans de «progrès œnologique» (1)

Dossier IVV : Pessac Léognan

Mendoza, oasis vineuse (2)

Montlouis sur Loire

Sociando-Mallet

20 ans déjà...

Chianti classico

La Corse par la face nord (2)

Icônes IVV : Mission Haut Brion

La page déchirée

Banyuls

Ces pages oubliées : Ribolla gialla

Caracterre : Michel Augé

Vignerons de l’extrême : Ben Ryé

� RÉDACTION - ADMINISTRATION - ABONNEMENT :A.P.I.C. - Dieweg 294 - 1180 Bruxelles - Belgique - Tél : +32(0)2.375.44.44 - Fax : +32(0)2.375.52.51

� BANQUE : 210.0461297-17 - [email protected]� RÉDACTEUR EN CHEF : Philippe STUYCK

� RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT : Hervé LALAU

� PUBLICITÉ : A.P.I.C. - Dieweg 294 - 1180 Bruxelles - Belgique - Tél : +32(0)2.375.44.44 - Fax : +32(0)2.375.52.51� BANQUE : 210.0461297-17 - [email protected]� EDITEUR RESPONSABLE : Philippe Stuyck, Dieweg 294, B-1180 Bruxelles� RÉDACTION : Bernard ARNOULD, Fabian BARNES, Johan DE GROEF, Gérard DEVOS,

Jean-Yves HINDLET, Guido JANSEGERS, Hervé LALAU, Fiona MORRISON, Youri SOKOLOW, Philippe STUYCK, Marc VANHELLEMONT, Ann VAN STEENBERGEN

IVV paraît 6 fois par an. Les textes et les annonces n’engagent que les auteurs et les annonceurs. ISSN 0779-2565

www.invinoveritas.apic.be • http://ivv.skynetblogs.be/

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IN VINO VERITAS, PROBABLY THE MOST MODEST WINE MAGAZINE IN BELGIUM.

IVV, 20 ans déjà

Peu importe, en définitive, les conditions qui ont vu naître In Vino Veritas,par un beau jour de 1992. Ou plutôt une belle nuit, bien arrosée. Il fallait sansdoute pas mal d’inconscience pour lancer une revue de vin indépendante,dont le credo était, dès le premier numéro, de dire la Vérité sur le vin.Ah, la Vérité ! Vaste programme! Avons-nous respecté cet engagement?Ne nous sommes nous jamais fourvoyés? Ne nous sommes nous jamaisfaits avoir, en 20 ans? Bien sûr que si ! L’objectivité, c’est une recherche constante, jamais atteinte…Quoi qu’il en soit, IVV est quand même un des rares magazines qui a surésister à la dictature du boisé, dans les années 90 et 2000. Un des raresqui n’ait jamais eu de gourou, de maître à penser – pire, de maître à boire.C’est aussi un des tout premiers, en Francophonie, à s’être penché de manièrerégulière sur les vins suisses, luxembourgeois, portugais, autrichiens, alle-mands, ou encore, sur les vins du Nouveau Monde,. Et qui plus est, sur leNouveau Monde à nos portes, dans le Sud de la France, dans certaines zonesd’Espagne, d’Italie, de Serbie, du Liban, virtuellement inconnues. C’est aussi une des premiers magazines à avoir salué les efforts des viticul-teurs bio, biodynamistes ou «nature». Salué, mais pas encensé, car il fauttoujours garder une certaine distance face à ce qui se transforme vite enmode, avec tout ce que cela suppose de suivistes, de profiteurs, aussi.Notre équipe rédactionnelle a évolué au fil des années. Saluons au passageceux qui nous accompagnés au démarrage, ou plus longtemps, pour certains.Car sans eux, nous ne serions pas là aujourd’hui. Ils vaquent maintenant àd’autres occupations. C’est la vie. Ils ont pour nom Etienne Collin, LucCharlier, Eric Boschman, Marguerite Clairbois, Yvan Tonneus, Daniel Marcil,André Leroy, Fabienne Velge – entre autres. On pense à eux souvent, etmême parfois, on aimerait bien lire leur prose à nouveau dans nos pages…Notre philosophie, elle, n’a guère varié : découvrir et faire découvrir, garderles yeux et les papilles ouvertes, et vous en faire profiter. A la bonne fran-quette. Dans le respect du produit, mais sans trop se prendre au sérieux. «Qu’attendez-vous du vin?», demandions-nous à un certain Stuyck, Philippe,39 ans, dans notre premier numéro. «Le partage», répondait-il avant d’ajouter :«je ne bois jamais seul». De ce côté-là, rien de changé, comme en témoi-gnent nos sessions de dégustation.Autre valeur en partage: la liberté d’opinion. Depuis le début, c’est la seulegarantie pour nous de vous intéresser. Nous laissons la communication auxcommunicants, nous préférons l’information. Et même si nous avons pu noustromper, c’était de bonne foi.Au fil des numéros, cette année, nous profiterons de cet anniversaire pourrevenir sur l’évolution de ces 20 dernières années en matière de vin, relireavec vous quelques morceaux choisis et ouvrir pour vous quelques bellesbouteilles de 1992. Un millésime réputé difficile – mais comme pour tout, ily a de belles exceptions. Et puis 20 ans, c’est le bel âge.Un dernier mot pour clore cette petite célébration: merci. Merci de votrefidélité.Rendez-vous pour les 40 ans?

Philippe Stuyck et toute la Rédaction

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Depuis 20 ans, chez IVV, Etienne Collin, puis moi-même,

avons gratté la plume pour décrire, illustrer, décrypter,

expliquer, discuter bon nombrede techniques oenologiques

anciennes ou nouvelles.

Quels progrès l'oenologie a t-elle faitdepuis ces vingt dernières années ?

Nous pourrions répondre « une quantité »puis énumérer ces progrès et en offrir unrésumé de chacun. La réponse s'exprimeraitainsi en valeurs absolues et nous ne pour-rions que féliciter la communauté viti-vini-cole, chercheurs, œnologues, techniciens, …des industriels aux vignerons, pour tant deprogrès accomplis. Ce serait assez juste … envaleurs absolues !Mon penchant gourmand pour la discussionet la controverse m'incite à aborder, pour cepremier sujet, la question du progrès sousun autre angle.

Faisons sauter les valeurs absolues !Qu'entendons nous par progrès ? La notionde progrès a-t-elle valeur scientifique ?Ou s’agit-il plutôt d’une mesure humaine?La science avance, c'est une certitude: ellecadre, sème des graines, observe, récolte,mesure, compare, déduit, puis sème de nou-veau et ainsi de suite, cadre après cadre.La connaissance progresse – enrichir laconnaissance est, en soit, un progrès. En revanche, les travaux de la science fontsouvent fructifier de nouvelles applications- en particulier lorsque, tel est le cas de l'oe-nologie, la science est liée au monde indus-triel – la notion de progrès est, pour celles-ci,probablement très discutable dans bien des

cas, particulièrement si nous les observons,non pas avec les yeux d'un acteur de la filièrevitivinicole, mais avec les yeux de l'homme,les yeux de la terre, les yeux de la Culture,les yeux du bon sens.Les exemples ne manquent pas, sur ces vingtdernières années.

SuperlevuresEn 1992, votre serviteur était un œnologuefraichement diplômé. La connaissance desprocessus fermentaires mettait en garde, àl'époque, les jeunes œnologues sur laconcentration des moûts en sucre: la limitede viabilité des levures à une concentrationen alcool dans les vins était de 14,5% volume;au delà, la fermentation des sucres ne se fai-sait plus. Aujourd'hui, le commerce propose des«superlevures». Des souches capables derésister et continuer à fermenter les sucresjusqu'à 16, 17 et même 18% vol !Techniquement : très bien ; scientifiquement: bravo. Mais qui boit des vins à 16, 17 au 18%vol, à part les Sud-Africains?Pourquoi la nécessité de telle levures si cen'est parce que l'uniformisation clonale desvignobles, les modes culturaux contempo-rain dont la recherche de la surmaturité enpremier chef, la compétition aux vins lesplus offrants, produisent des moûts de plusen plus sucrés et qu'il n'est pas question de

balancer un tuyau d'arrosage dans les cuves ?Un progrès? Pour qui? Les vins sont-ilsmeilleurs? Les consommateurs prennent-ilsplus de plaisir? Les terroirs sont-ils mieuxrévélés?

Micro-oxygénationIl y a un peu plus de vingt ans, dans la régionde Madiran où le cépage Tannat est roi,Stonestreet démontre les bienfaits de l'usa-ge d'oxygène exogène pour éliminer laréduction des vins et lisser l'arrogance destannins (le Tannat, comme son nom l'in-dique, est particulièrement tannique). PatrickDucournau mettra au point le micro-bullagequi métamorphosera les vins de Madiranpuis des vins d'ailleurs confrontés auxmêmes problèmes. Ces vingt dernières années sont celles dudéveloppement massif du micro-bullage etde la micro-oxygénation, en barrique, encuve, sous marc ou en élevage, dans tous lesvignobles du monde et en particulier dans leBordelais.Si la technique est excellente lorsqu'elle estponctuellement interventionniste, elle atendance à déraper lorsqu'elle devient systé-matique, inscrite au cahier des charges del'élaboration des vins.C'est malheureusement souvent le cas. Latentation est trop grande lorsqu'il s'agit deconvaincre des consommateurs que son vin

20 ANS DE «PROGRÈS ŒNOLOGIQUES» (1)

RUBRIQUE OENO

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est agréable à boire dès la mise en bouteille,ou encore, pendant la campagne des pri-meurs, de convaincre des journaleux deconcéder un coup de cœur à son vin encorebien juvénile.Le fait est que l'emploi généralisé de cettetechnique provoque également dans beau-coup de chais, un vieillissement prématurédu vin. Dans ce cas, les vins sont certessouples à leur mise en bouteille mais ilsvieillissent mal ou rapidement (ce, sans citerles vins livrés oxydés). A tenir de tel propos, je risque bien d’êtretaxé de passéisme.Faut-il préférer les vins à l'ancienne, alors,avec des tannins robustes et rustiques quandils sont jeunes, et qui mériteront un longvieillissement en bouteille, d'une duréemesurée régulièrement ponctuellement parl'ouverture, de temps en temps, d'une quille,tout au long du processus, et remettant àplus tard l'apogée du divin flacon? Jusqu'à ceque la dernière bouteille soit ouverte sanslivrer la satisfaction attendue parce que lestannins sont encore astringents ou pireencore, si fondus ils sont, le bouquet a dis-paru…Ce n'est pas faux, heureusement ce n'est pastoujours vrai, mais ce n'est pas le sujet. Le sujet est «est-ce un progrès?» De nou-veau, techniquement c'est un progrès, pourl'adaptation aux marchés des nouveauxconsommateurs, c'est sans doute un progrès.A moins que nous nous demandions qui doits'adapter ? S'il n'y a plus besoin d'éduction,s'il n'y a plus besoin d'expérience, y a t-ilencore de la Culture ? Si les vins sont tousbus rapidement, si les vins ne sont plus enmesure de vieillir, le vin est-il encore un pro-duit culturel? La culture peut-elle se passerde cet excitant, enthousiasmant, émouvantpatrimoine vivant que sont les vins vieuxdans les caves ?

Techniques soustractivesL'osmose inverse, l'évaporation sous-vide,voilà des nouvelles technologies propres àcette double décennie. A Bordeaux, 1992,aqueux millésime, a grand ouvert les portesà la première de ces techniques, l'osmoseinverse. Elle avait été autorisée à l'époque àtitre expérimental ; souvenons nous, fin 1993,début 1994, seuls quelques crus classésavaient tenté l'expérience et le résultat étaitétonnant, convaincant. Certains avaient étésans doute un peu trop loin dans l'extrac-tion, mais cela fait parti du jeu des premierspas. Une utilisation raisonnable de cettetechnique soustractive dans un pareil millé-sime est défendable.Le fait est que, petit à petit, les chais se sontéquipé du matériel, des prestataires de ser-

vices se sont emparés du filon, et, avec lalégalisation, même lorsque le millésime estde qualité correcte, il y a à présent la tenta-tion d'y mettre un petit coup à quelquescuves, histoire d'être un peu plus concentréque le vin du voisin et essuyer les effets desmillésimes sur les concentrations.Mais il y a pire. Aujourd'hui ce n'est pas tantpour enlever de l'eau qu'on utilise ces tech-niques soustractives, mais pour enlever del'alcool. Tout comme pour l'apparition denos super levures, la compétition au plusoffrant produit des vins trop alcooleux qu'ilfaut désalcooliser. On est loin de cetteépoque expérimentale où quelques uns selancaient dans la production de «Lir», devins sans alcool. On désalcoolise pour queles vins soient marchands, pour qu'ils soientbuvables.Les méthodes soustractives sont-elles unprogrès ou marche t-on sur la tête ?

Le cas fumeux des «Bretts»Le cas de mesdames les «bretts» est cocas-se. Ces levures provoquent des odeurs désa-gréables, phénolées, en raison, en l'occuren-ce, de l'ethyl 4 phénol qu'elles produisent. «Brett », « bretté » est aujourd'hui un motplacé dans les starting blocks du langage detous les dégustateurs de salon qui sont surle qui-vive, qui veillent au grain !Première remarque: les phénols en questionont été depuis très longtemps identifiés. Ilsétaient quantifiés comme des constituantsdu vin à plus ou moins importante concen-tration selon les vins. D'une certaine maniè-re, ils participaient à la complexité des vins,ils participaient à l'expression des terroirs. A partir de 1992, ces phénols ont été claire-ment identifiés comme provenant du méta-bolisme des levures brettanomyces et parconséquent ils ont été relégués au titre dedéfauts majeurs fruits d'une déviation biolo-gique dans l'élaboration des vins.Dès lors, plus personne ne veut en entendreparler, et les «oenologues» de salon affi-chent une certaine fierté à les identifier. Améditer ?Seconde remarque : Les brettanomyces n’ontjamais été si nombreuses dans les chais etles labos.Elles sont pourtant connues depuis deslustres, et pas seulement dans le vin.Certaines souches sont utilisées en brasserie,pour l'élaboration des lambics et gueuses.D'autres sont utilisées dans la fermentationde l'agave, pour la production de Tequila.Une espèce intervient également dans laproduction d’Haïpao, boisson orientaleobtenue par fermentation de thé noir sucré.Les contaminations et déviations dans desprocessus fermentaires liées à la présence

des Brettanomyces, en particulier dans lesvins, sont étudiées sérieusement seulementdepuis la fin des années 80.L'espèce la plus courante dans les vins estBrettanomyces Bruxellensis. Elle synthétisedifferents phénols volatils : ethyl phénols etvinyl phénols. Les vinyls phénols provoquentdes odeurs de vanille, d'épices, de grillé, desnotes animales,... Les ethyl phénols provo-quent des odeurs de cuir, de sueur de cheval,de fourrure, de linge mouillé, de viande, degouache,...Brettanomyces possède également desenzymes qui détruisent les esters, en l'occur-rence ceux à l'origine du fruité des vins cequi contribue a augmenter la perceptionaromatique des phenols volatils.L'existence des Brettanomyces dans les vinsest donc histoire ancienne. En revanche, ilsemble bien que, depuis vingt, ans sa pré-sence est décélée de plus en plus fréquem-ment, au point de parler de fléau.Que c'est il passé?Les brettanomyces, comme toutes leslevures, dès contamination, s'installent par-tout, dans les vins, les barriques, les murs etcharpentes des chais, le matériel vinaire...Nous savons seulement depuis très peu detemps que ces levures sont présentes aussidans la vigne, sur le raisin.La science étudie de près cesBrettanomyces, mais elle ne voit pas encorele bout du tunnel : en 2006, les chercheurstravaillant sur l'espèce Bruxellensis mettenten évidence qu'il existe différentes souchesqui ont des comportements différents parrapport à leur croissance, à leur consomma-tion carbonée ou azotée et à leur produc-tion de phénols volatils ou d'acide acétique.Autrement dit, sur le plan scientifique on enest encore au temps de la découverte.Par contre, la science a très clairementdémontré un ensemble de facteurs favo-rables à leur développement et que nouspourrions tous englober sous un même titre« ironie du sort » !

Quand les Bretts se shootentDepuis les années 80, grâce au « progrès »de la science, dans une grande majorité dechais on a tendance à ensemencer enlevures artificielles, ce qui se fait en addi-tionnant, pour être sûr du résultat, de laThiamine (vitamine) et des sels d'ammonium(source azotée). Or il est clairement démontréque les Brettanomyces en profitent égale-ment. Un autre « progrès » tout aussi favorable à lacroissance des Bretts : les tannins oenolo-giques (ils sont utilisés pour la stabilité de lacouleur ou/et protéger les vins de l'oxyda-tion).

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A table !Comme source carbonnée, les Brettanomyces peuvent consommerl'acide acétique, l'éthanol, mais leurs pêchés mignons sont les sucres.Certes, les Bretts laissent la priorité aux Saccharomyces, mais elle nesont pas goulues, un gramme par litre leur suffit et elle sont plusrésistantes à l'alcool que les Saccharomyces, en conséquence elleattendent gentiment la fin de fermentation alcoolique et s'attaquentaux sucres résiduels (on sait que les problèmes de déviation inter-viennent en cours d'élevage en barrique ou en bouteille). Les Bretts produisent l'ethyl 4 phénol à partir de l'acide cinamique(celui-ci provient naturellement du raisin). Mais cette production nese fait facilement que si la source carbonée de leur alimentation estle sucre.Or, un vin rouge est dit sec lorsque ses sucres résiduels sont infé-rieurs à 2g/l. Avant les années 90, les vins titraient 11, 12, 12,5, excep-tionnellement 13% alc. vol. Les sucres résiduels étaient en deçà des2g/l. Aujourd'hui, cette fourchette est plutôt de l'ordre de 12,5, 13,5,14, 14,5% alc. vol., et les cuves dans les chais peuvent atteindre 15,16%. Les fins de fermentation sont de plus en plus difficiles, et lessucres en fin de fermentation, puis les sucres résiduels sont massive-ment plus importants : 2g/l bien pesés pour le vin assemblé, maisaisément le double pour certaines cuves avant assemblage.

C'est la fête !Par ailleurs, un des seuls moyens de bloquer leur développementdans les vins est le soufre. A condition qu'il soit dosé à au moins30mg/l de soufre libre. Or, depuis un peu plus de vingt ans, on

conseille aux vignerons de régler les vins à 18mg/l de soufre libreafin que le soufre soit efficace pour la stabilité des vins et soit leplus bas possible pour des raisons gustatives et sanitaires.

En conclusion, il a été crée un cocktail explosif qui à permis auxBrettanomyces de se développer de manière très excessive (vitami-ne, azote, tannins). Elles ont donc pris possession des lieux et, avecla quantité de sucre résiduel qu'on leur offre, et le peu de soufrelibre en présence, elles font la fête aux éthyl-phénols.

A suivre...

Fabian Barnes.

�RUBRIQUE OENO

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DOSSIER IVV

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L’AOC Pessac-Léognan souffle cette année ses vingt-cinq bougies.

Après avoir obtenu, en 1984, la reconnaissance des aires de production viticole sous les

dénominations respectives « Pessac » et « Léognan », le 9 septembre 1987, l'appellation d'origine contrôlée

« Pessac-Leognan »voit le jour.

Portée sur les fonts baptismaux, entre autres, par l'inépuisableAndré Lurton, propriétaire du château La Louvière, déjà acteur

majeur de la politique viticole au sein de la chambre d'agricultureou dans son bastion de vie, l'Entre Deux Mers, cette nouvelleappellation entériner des particularismes liés à la fois à des anté-cédents historiques – classements de 1855, classement de 1953-1959- et à une volonté politique pugnace - création du syndicat desHautes Graves de Bordeaux en 1964, création du syndicat viticolede Pessac-Léognan en 1980.

Outre la reconnaissance des originalités historiques, pédologiques,micro-climatiques et l'imposition de critères de production plussévères que l'appellation «Graves», le jeune décret d'AOC, révisé àplusieurs reprises et dernièrement en 2009, a l'originalité de consi-dérer des critères très contemporains ? Des critères que nousn'avons pas coutume de lire dans les décrets d'AOC plus anciens, engénéral rédigés avant guerre, ce, même lorsqu'ils ont été plusieursfois révisés.L'exigence qualitative impose des précisions quantitatives, l'exigen-ce d'authenticité impose, par expérience, des pare-feux ; quant àl'évolution, elle impose des adaptations : des critères nouveaux

PESSAC LÉOGNAN ANNÉE 25

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PESSAC-LÉOGNAN, LA DÉGUSTATIONLES BLANCS 2009

CHÂTEAU HAUT-BERGEY 2009 PESSAC-LÉOGNAN

Doré léger au nez d’amande grillée trempéesdans le miel d’acacia. S’y ajoutent les fra-grances délicates du citron et du melonconfits. La fraîcheur de l’agrume se retrouveen bouche. Petite vivacité qui s’entoure degras pour à la structure donner un confortsupplémentaire. Quelques épices douces,comme le curcuma et le cumin soulignent enfinale l’envolée florale. Assemblage : 80% de Sauvignon et 20% deSémillon. Débourbage statique en cuve inoxet fermentation alcoolique en barriques dont40% de neuves. Le vin est élevé pendant 12mois dans les mêmes contenants.

CHÂTEAU LUCHEY-HALDE 2009 PESSAC-LÉOGNAN

Jaune pâle, il plonge le nez dans un bourgeonde cassis, puis s’en va respirer quelquespétales d’aubépine et de camomille romaine,mélange floral mellifère et terrien. La bouchese couvre de gras titillé par l’aiguillon aciduléde la groseille à maquereau et le citronjaune. L’amertume subtile du pamplemousserenforce encore la dynamique. Assemblage: 64% de Sauvignon et 36% deSémillon. Vendangés à la main, vinifiés et éle-vés en barriques pendant 10 mois.

CHÂTEAU DE ROUILLAC 2010PESSAC-LÉOGNAN

Jaune aux reflets verts, il délaisse petit àpetit son grillé toasté au profit de parfumsfloraux et fruités. La bouche croquante mordsans le fruit, pêche blanche, pomme etmangue, du jus en coule et se répand sur unemeringue couverte de gelée de citron.Muscade et cumin poudre la finale.Assemblage: 50% de Sauvignon blanc et 50%de Sauvignon gris en macération pelliculairependant 24h avant leur pressage pneuma-

6FÉVRIER/MARS 2012

rang à 80 cm au minimum, et limite la pro-portion de pieds manquants à 20%.

• Les récoltes, vinifications, élaborations,élevages sont exécutés obligatoirementsur le territoire des communes de l'appel-lation et la mise en bouteille se fait sur lapropriété et non à la propriété, précisionqui évite probablement l'utilisation dejurisprudences des années 80 quant auprolongement juridique de la propriété !

• La pratique du sur-greffage est prise enconsidération.

• L'irrigation peut, exceptionnellement, êtreautorisée en cas de sécheresse.

• Les foulo-bennes à vis sans fin et les pres-soirs continus sont interdits.

• Le chai de vinification doit avoir une capa-cité de cuverie au moins égale à 1,5 fois laproduction moyenne sur 3 ans.

• Une installation technique de maîtrise destempératures est obligatoire et les sys-tèmes utilisant le ruissellement d'eau surles cuves sont proscrits.

• Impose la possession d'un chai à barriquespour les vins rouges et le conseil pour lesblancs.

• Met l’accent sur la notion d'entretien deslocaux et du respect des règles d'hygiène

Mais aussi…

• L'osmose inverse fait son apparition, la«Technique soustractive d'enrichissement»est autorisée dans la limite d'une concen-tration maximum de 15% et sans que letitre alcoolique final ne dépasse 13,5% vol.pour les rouges et 13% vol. pour les blancs.

Fabian Barnes

précisant des modes culturaux, le matérielet installations vinaires, considérant desnotions environnementales et intégrant leséventuels modifications climatiques.

Ainsi, nous noterons :L'interdiction de modifier la morphologiedu relief et la séquence pédologique natu-relle.L'imposition d'un rapport entre la hauteurde surface foliaire, précisée au centimètreprès entre le fil de fer de pliage et la hau-teur de rognage, et l'écartement entre deuxrangs de vignes.• Une densité de plantation plus élevée qui

impose des écarts entre pieds du même

RAMÈNE TA FRAISEQuoi de plus approprié pour accompagner cette dégustation de Pessac Léognanque quelques fraises ? Des fraises, dites-vous-? Oui mais pas n'importe lesquelles,des fraises de Pessac !C'est un fait historique que la communauté viti-vinicole ne rapporte jamais et c'estbien dommage. Graves et Pessac Léognan se gargarisent d’être le «berceau desvins de Bordeaux», et qu’ Haut Brion, alias «New French Claret» pour les taverniersde Londres, soit le plus ancien nom de Château de la région. Pourtant si la régionétait célèbre, au 19ème siècle, ce n'était pas pour ses vins, mais pour ses fraises.Une réputation internationale dit-on.Le 19ème siècle est l'âge d'or de la fraise, les botanistes français et anglais se tirentla bourre pour mettre au point la plus subtile et la plus délicieuse des fraises. L'und'entre eux développera un croisement de fraises des bois et de fraises du Chili etde Virginie qui s'exportera très bien et qui sera cultivé avec grand succès dans leBordelais et en particulier à Pessac. Le comble pour notre sujet est que ces fraises étaient en général cultivées aumilieu des vignes.Ainsi, pendant un long siècle les petits bouquets de rubis faisaient scintiller lespieds de vignes et le cœur des hommes. Malheureusement, vers 1950, la fraise de Pessac disparut tout à fait victime destracteurs.

Fabian Barnes

�DOSSIER IVV

�CHÂTEAU HAUT BERGEY

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tique. FA en barriques de chêne neuf. Élevagede 6 mois en cuve pour 65% du volume, lereste en barriques neuves.

CHÂTEAU LARRIVET HAUT-BRION 2010PESSAC-LÉOGNAN

La robe verte aux nuances jaunes exhale dessenteurs fumées de tabac blond et de toastgrillé, puis entre les tafs viennent s’insinuerdes effluves d’agrumes enrubannés de gui-mauve. La bouche impressionne par sonéquilibre raffiné qui sur une assise salineconstruit son architecture florale et fruitée.Chaque angle s’arrondit de fruits confitsréunis sur un fil acidulé. Quelques traits épi-cés confortent la complexité. Assemblage: 85% de Sauvignon et 15% deSémillon débourbés pendant 48 h enpetites cuves ciment. Vinification en bar-riques neuves avec bâtonnages réguliers.Élevage de 11 mois en barriques neuves.

CHÂTEAU COUHINS-LURTON 2010PESSAC-LÉOGNAN GRAND CRU CLASSÉ

Robe aux reflets verts, nez de pamplemous-se et de citron vert nuancé de vétiver et demelon vert. Un rien de poivre noir ombre la

gelée de pomme étalé sur un toast biengrillé. Bouche acidulée aux accents depetits bonbons ananas, encore du poivresuivi d’un rien de curcuma. Puis sur la fin,l’amertume rafraîchissante et parfuméed’une écorce de kumquat. Assemblage: 100% Sauvignon vendangémanuellement par sélection successive,vinifié en barriques de chêne dont la moitiéneuves, élevé en pièces sur lies totalesdurant 12 mois.

CHÂTEAU OLIVIER 2010 PESSAC-LÉOGNAN GRAND CRU CLASSÉ

La robe vert jaune, un nez d’agrume qui selanguit de parfums d’orange et de mandari-ne, teintés d’un trait de fleurs de sureau quilui donne un souffle floral des plus déli-cates. En bouche, les fruits reprennent lamain, ajoutant aux agrumes l’abricot et lapêche blanche. Cette dernière ombre sachair de poivre et de cumin. Fleurs, épiceset fruits s’entendent pour nous accompa-gner longtemps…Assemblage : 75% de Sauvignon, 23% deSémillon et 2% de Muscadelle qui fermen-tent et s’élèvent en barriques.

CHÂTEAU COUHINS 2009PESSAC-LÉOGNAN GRAND CRU CLASSÉ

La robe jaune aux nuancés ors, le nez déli-cat exhale des senteurs fruitées de pêchede vigne et d’abricot sec qui semblentémerger d’un jus de clémentine. La bouches’amorce sur l’écorce de l’agrume, amertumefine qui s’accentue d’un pointillé de réglisse,puis se rafraîchit de citron et de groseille àmaquereau, équilibre particulier qui se fonddans la suavité confite des fruits sentis. Assemblage : 90% de Sauvignon blanc et10% de Sauvignon Gris vendangés manuelle-ment, suivi d’une partielle macération pelli-culaire, fermentés en barriques, en foudreset en cuves. Le vin élevé itou.

LES ROUGES

CHÂTEAU CARBONNIEUX 2009PESSAC-LÉOGNAN GRAND CRU CLASSÉ

Rubis violacé, il exhale d’emblée deseffluves de fruits noirs qui se détaillent engelées de mûre, cassis et myrtille, bienassaisonnés de poivre tout aussi noir et degirofle. La bouche coupe un peu notreengouement par son accueil austère. Maisaprès quelques girations, l’habit tannique sedéchire et le fruit senti vient vite rassurerles papilles. Assemblage : 60% de Cabernet Sauvignon,30% de Merlot, 7% de Cabernet Franc et 3%de Petit Verdot qui passent 3 à 4 semainesen cuves inox thermo régulées. Élevage de15 à 18 mois en barriques dont 40% deneuves.

CHÂTEAU HAUT-BAILLY 2009Nous avions publié au début de l’été 2011 lecompte-rendu d’une verticale de cette pro-priété (IVV 148). Le 2009 ne nous avait pasété présenté à l’époque. Le voici aujour-d’hui avec la race qu’on lui connaît d’ordi-naire : nez agréable de fruits rouges et noirsmûrs, une touche de fumée, un bois intégré,bouche aux tannins soyeux, traversée debout en bout par une fraîcheur naturelle.Bref, un bonheur d’harmonie dans cetteannée difficile pour les équilibres, un

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�CHÂTEAU ROUILLAC

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�DOSSIER IVV

FÉVRIER/MARS 2012

Pessac-Léognan authentique plutôt qu’un« Pessac-Parker ».

CHÂTEAU MALARTIC-LAGRAVIÈRE 2009PESSAC-LÉOGNAN GRAND CRU CLASSÉ

Grenat profond nuancé de pourpre, il offresans retenue son quota d’épices, poivre,coriandre et réglisse qu’il mêle à de la puréede cassis, prunelle et groseille. En bouche, ilplaît tout de go par la suavité de sa texture,le croquant de ses fruits bien emballés dansune soie tannique fraîche et serrée. Lesépices senties font en fin de bouche leurréapparition. Assemblage : 59% de Cabernet Sauvignon,38% de Merlot et 3% de Petit Verdot vinifiésen petites cuves tronconiques en bois et eninox. Élevage de 20 mois en barriques dont80% neuves.

CHÂTEAU LATOUR-MARTILLAC 2009PESSAC-LÉOGNAN GRAND CRU CLASSÉ

La robe rubis aux facettes carmin, un nez decassis, de mûres et de framboises ponctuésde grains de grenade. Les épices s’exprimentaussi et couvrent un biscuit grillé de curcu-

ma, de cardamome et de poivre. L’accueilsouple de la bouche enchante les papilleset c’est dans ce confort frais et soyeuxqu’elles reconnaissent les baies senties.Quelques pétales de fleurs soulignent l’élé-gance de l’étoffe fruitée. Celle-ci met unlong moment avant de s’envoler. Assemblage: 53% de Cabernet Sauvignon,42% de Merlot et 3% de Petit Verdot ven-dangés manuellement. Leur vinification sefait en cuve inox et bois, l’élevage en bar-riques dont 30% neuves pendant 14 mois.

CHÂTEAU SEGUIN 2009 PESSAC-LÉOGNAN

Drapé dans sa robe grenat cramoisi, il s’avè-re peu bavard, voire austère en bouche,mais au moment de déposer le verre, cetintraitable semble s’ouvrir quelque peu. Unpremier fruit jaillit, une baie toute ronde,cerise noire et juteuse, puis la fraise et lecassis, suivent les épices, poivre et cannelle,le tout distribué avec parcimonie, mais avecla promesse d’une future générosité. Assemblage: 60% de Cabernet Sauvignon et40% de Merlot.

CHÂTEAU LUCHEY-HALDE 2009 PESSAC-LÉOGNAN

La robe rubis carminé se pare d’améthysteet fleure bon la cerise au marasquin, laquetsche rafraîchie d’une feuille de menthe,la myrtille piquée d’une aiguille de pin. Labouche arrondie comme une cerise bienmûre laisse une emprunte langoureuse surla soie fraîche des tanins. Un liseré fruitéourlé de bitter fait un surjet croquant etcousu d’épices. L’ouvrage s’étire et révèlesur toutes les coutures un tressage fruité. Assemblage: 60% de Cabernet Sauvignon,37% de Merlot, 3% de Petit Verdot. 12 moisd’élevage en barriques à forte majoriténeuve.

CHÂTEAU GAZIN-ROCQUENCOURT 2009PESSAC-LÉOGNAN

Rubis aux reflets bistre; au nez, confituresde prune et de cassis relevées de poivrenoir, les fleurs chaudes de soleil. Des taninsaux jolis grains fins accueillent la bouche,leur trame serrée laisse sourdre les jus fraisqui s’étalent sur les papilles comme desfriandises bien fruitées. Quelques épicesviennent compléter de leurs fragrancescharnelles le charnu du fruit retrouvé. Assemblage: 55% de Cabernet Sauvignon et45% de Merlot vendangés manuellement etvinifiés en cuves inox. Élevage de 18 mois enbarriques dont 45% de bois neuf.

CHÂTEAU COUHINS-LURTON 2009PESSAC-LÉOGNAN

Rubis violacé; au nez, cerise, poivre et tabacblond, thé rouge et muscade. Voilà qui pro-met une bouche… aux impressions presquesucrées, comme une confiture de fruitsrouges qui s’étale sur les toasts du matin.Un rien de crème parfumée de fraise et deprunelle pour assouvir notre faim. Un voiletannique et léger en guise de nappe. Lepoivre en bout de table. Assemblage: 77% de Merlot et 23% deCabernet Sauvignon, vendangés manuelle-ment. Vinifiés en cuves inox thermo-régu-lées agrémenté d’un système brevetéd'émiettage du chapeau de marc. Élevage de

�CHÂTEAU CARBONNIEUX

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12 mois en barriques dont 75% neuves avecsoutirage.

CHÂTEAU BROWN 2009 PESSAC-LÉOGNAN

Rubis pourpre, il respire à plein nez la fram-boise écrasée sur laquelle se déposentquelques fraises poivrée, puis vient le cassisqui se mêle aux fragrances de croûte depain chaude. En bouche, la fraîcheur ampli-fie l’empreinte fruitée. L’élevage bien calcu-lé lui fait comme un écrin dans lequel rouleles baies. Des jus maculent la trame tan-nique fine et délicate. Elle s’enroule, puiss’étire comme un tapis rouge succulent. Assemblage: 56% de Merlot, 40% deCabernet Sauvignon et 4% de Petit Verdot.Élevage de 14 mois en barriques de chênefrançais, dont 1/3 de barriques neuves.

CHÂTEAU DE GRANDMAISON 2009PESSAC-LÉOGNAN

Une robe aux tons grenat cramoisi, le nezen fruits secs et confits, prune et Corinthe,cerise et fraise, ombré de muscade. Labouche se tend de tanins soyeux, une soiefraîche et langoureuse sur laquelle se dessi-nent des arabesques fruitées surlignées detraits épicés. Un vin qui plaît par sa fraî-cheur d’esprit. Assemblage: 60% de Merlot, 30% deCabernet Sauvignon et 10% de Cabernet-Franc. Élevage de 12 mois en fûts dont 1/3 deneufs pour 80% de la récolte, le reste en cuve.

CHÂTEAU DE FRANCE 2009 PESSAC-LÉOGNAN

Rubis pourpre parfumé de liqueur de ceriseet de fraise, une pincée de poivre vientrelever les fragrances fruitées, une amandeapparaît et nous ravit par son expressiondélicatement grillée. Le nez joyeux ne nousavait pas préparés à l’austèrité de la bouche.Il faut l’aérer, par la carafe le faire passer,pour qu’enfin, après ce chahut impatient, illibère ses arômes de fruits naissants. Assemblage: 55% de Cabernet Sauvignon et45% de Merlot, vinifiés en cuve, malo itou.Élevé en barriques neuve à 45% pendant 12mois.

CHÂTEAU PIQUE CAILLOU 2009PESSAC-LÉOGNAN

La robe de velours grenat demande qu’onlui secoue quelque peu les froufrous pourenfin exhaler ses parfums de noisettegrillée, de griotte confite et de réglisse. Labouche guère encline aux tremblementslibère plus facilement ses saveurs fruitéesde cassis, de cerise et de mûre, jolimentenserré dans un taffetas tanniques. Laréglisse se mélange à d’autres épices et c’estavec le fruit qu’elles nous accompagnent unmoment. Assemblage: moitié Merlot, moitié CabernetSauvignon, vinifiés selon la méthodeDubourdieu : cuvaison de 20 à 25 joursentre 25° et 28°C, remontages aérés trèslimités. 1 seul délestage. Macération post-fermentaire de 10 jours à 30°C. FML en cuve.Élevage en barriques dont 30% neuves pen-dant 1 an.

CHÂTEAU DE CRUZEAU 2009On connaît le classicisme traditionnel desvins de ce château. Icelui-ci n’échappe pas àla règle dans le solaire millésime 2009.

L’équipe d’A. Lurton a évité une extractiontannique poussée, source d’amertume danstrop de Bordeaux 09. Le degré alcool est luiaussi resté raisonnable. Résultat : un vin en_ corps et sur la fraîcheur, avec un profilélancé. Le tout agrémenté de touches flo-rales, de fruits noirs frais et d’épices. Ladominante cabernet, environ 55%, contri-bue à sa droiture.

Marc Vanhellemont

Liste des importateurs• Brown - http://chateau-brown.com/• Carbonnieux - www.carbonnieux.com• Couhins - Colruyt/Barrique/De Keyser - Bottle(Ch)

www.chateau-couhins.fr• Couhins-Lurton - Palais du Vin*

www.andrelurton.com• Cruzeau - www.andrelurton.com• France - Rabotvins - Berthaudin(Ch) - De Bruijn(Nl) -

www.chateau-de-france.com• Grandmaison - Qualivino/E&B Wines/Tate-Vin/

Vinamor - Le Vieux Jean Vins VOF(Nl)www.domaine-de-grandmaison.fr

• Gazin-Rocquencourt - ww.malartic-lagraviere.com• Haut-Bailly - www.chateau-haut-bailly.com• Haut-Bergey - www.vignoblesgarcin.com• Larrivet Haut Brion - www.larrivethautbrion.fr• Latour-Martillac - Millesima(Ch)

www.latourmartillac.com• Luchey-Halde - Bleuzé* - Mathieu(Ch) -

www.luchey-halde.com• Malartic-Lagravière - www.malartic-lagraviere.com• Olivier - www.chateau-olivier.com• Picque Caillou - Goffard/De Brabandere -

www.pique-caillou.com• Rouillac - Laurent Richard

www.chateauderouillac.com• Seguin - http://chateauseguin.com/

*Partenaire IVV

�CHÂTEAU COUHINS-LURTON

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Suite des notes de dégustations de nosdeux explorateurs en terre argentine

(voir IVV 150) et plus spécifiquement, àMendoza, capitale du vin. Trois bodegasau programme, entre Maipú et Luján deCuyo. Deux grandes et une petite, qui

expriment bien la diversité de cevignoble en plein renouveau.

Pascual Toso Pascual Toso, c’est cette Italie qui remonte-rait, non pas l’Escaut, comme dans la chan-son de Brel, mais le rio Mendoza. L’histoired’un immigrant venu chercher ici une nouvel-le vie, mais qui, contrairement à beaucoupd’autres, ne se contentait pas de produirepour abreuver les travailleurs de son nouveaupays, mais qui a d’emblée cherché à fairebon. La société a été fondée en 1914. LesLlorente ont aujourd’hui succédé aux Toso,mais l’entreprise reste familiale.Si le siège de la société est à Mendoza, lacave, elle, se trouve dans la zone de Maipú

(la plus ancienne de Mendoza, avec SanMartín). Et plus précisément, dans lesBarrancas, une zone de sols pauvres ; unezone sèche, aussi (200 mm d’eau par an enmoyenne), mais aux nuits d’été relativementfraiches (on passe de 36°C à 14°C) grâce auxvents qui descendent des Andes. Une ampli-tude thermique bienvenue pour les arômes,d’autant que le sol blanchâtre réfléchit lesoleil, en journée.La cave ancienne accueille une technologiede pointe, les cuves inox côtoient des cuvesde béton. Pour l’élevage, Toso combinechêne américain et français.

Torrontes 2010 Pascual Toso EstateBlanc doré au joli développement épicé rat-trapé dans l’instant par le bouquet floral où

domine le bouton de rose. En bouche, citronjaune, limon, pamplemousse s’expriment enpremier, puis cède avec quelques difficultésla place aux fruits blancs légèrement poivrés. Malbec Alta Reserva 2008Grenat carminé, il affirme son caractère dèsle premier nez et l’amplifie encore en bouchequi tempère toutefois son austérité par lasuavité des confitures de mûre et de figue,mais il aime étayer sa puissance et repart àl’assaut de l’espace palatin qu’il emplitd’épices et d’une concentration d’herbes aro-matiques difficilement quantifiable. CeMalbec issu des Barrancas de Maipù a dupunch. Fermenté en cuve, il passe la malo enbarriques de chêne français d’un vin et ypoursuit son élevage durant 14 mois.

MENDOZA, OASIS VINEUSE (2)

IVV VOUS FAIT VOIR DU PAYS

10FÉVRIER/MARS 2012

«BEBIDA NACIONAL»

La Présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner ("La Cristina", comme on l'ap-pelle ici) a décrété voici peu que le vin était "boisson nationale argentine".Raison pour laquelle le 17 avril a été institué à Mendoza comme fête officielle pourcélébrer le breuvage de Bacchus, sous le nom de "Dia del Malbec". C'est apparemment à cette date, en effet, que Monsieur Pouget aurait planté les pre-miers plants de ce qui allait devenir "le" cépage argentin par excellence.Un jour du vin? Ca ne serait pas une idée à creuser chez nous? En toute modération,bien sûr...

�PASCUAL TOSO

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Finca Pedregal Ultra Premium 2006Grenat pourpre violacé, il hume le poivre, lecumin et la muscade avec un accent devanille, c’est en bouche que son langagedevient plus fruité et cet austère du nezoffre une gourmandise inattendue de pâtesde cassis, de mûre et de fraise sont certescadrées, mais dans des cloisons de chocolatnoir rafraîchies de menthe poivrée. Plusbavard encore sur la longueur, il nous confieses intentions de longévité. Il assemble 80% de Malbec et 20% deCabernet Sauvignon issus d’une seule parcel-le des Barrancas au sol plus caillouteux. Ilfermente en cuve inox et est élevé pour 80%en barriques de chêne français, le reste en US.

Magdalena Toso 2006Rubis cramoisi, c’est toute l’élégance duMalbec mâtiné de Cabernet qui séduit à lafois le nez et la bouche. Le menthol joueavec le clou de girofle pour amplifier les par-fums de confitures de framboise et de fraise,une note de cèdre se teinte de vanille ettémoigne ainsi de l’élevage de 18 mois enbarriques neuves de chêne français. Puis,Magdalena se retire, laissant derrière elle undélicieux parfum de violette mêlée de cacao.Les plus beaux raisins sont choisis grain pargrain pour élaborer cette élégante cuvée éle-vée 18 mois en barriques neuves de chênefrançais.

TrapicheAvec 1.000 ha de vignes en propre, et l’équi-valent en raisin acheté à 200 viticulteursindépendants, Trapiche est le premier groupedu vin en Argentine. À côté des produits d’en-trée de gamme qui constituent le gros volu-me de l’offre et de la demande, le groupe éla-bore cependant des cuvées plus ambitieuses.

Ainsi, en 2003, Trapiche a décidé de mettreen avant les meilleures parcelles de malbecdes quelques 80 producteurs de raisin de laVallée d’Uco avec lesquels le groupe tra-vaille: c’est le concept «Malbec SingleVineyard». Chaque année, les vins de troisparcelles sont choisies pour être embou-teillées individuellement, le nom du pro-ducteur est étant inscrit sur l’étiquette.Histoire de susciter un peu d’émulation.La cave principale, la Bodega Modelo, estinstallée à Coquimbito (Maipú). Le petitvignoble qui l’entoure (6ha) est exploité enbiodynamie. Faute d’avoir pu la visiter lorsde notre passage (c’était dimanche), nousnous sommes fait envoyer les vins.

Broquel Malbec 2009 TrapicheRubis sombre aux reflets cramoisis, il fumeson nez et affiche d’entrée des senteurs deCayenne et de piment d’Espelette, nuancéde réglisse et de grain de café torréfié, puisarrive le fruit, gelée dense de cassis, et demûre, de cerise. Les tanins fins bien pré-sents libèrent rapidement le pruneau et lecassis, leur texture onctueuse se dessined’arabesques fruitées épicées, ornées defeuilles de laurier, de brins de thym, d’ar-moise. La finale se rafraîchit d’une fine ligneamère qui donne envie d’y revenir.Voilà un vin à la construction classique quise rapproche fort d’une architecture euro-péenne…Malbec de 25 ans, situés à une altitudecomprise entre 630 et 1.000 mètres. Élevageen barriques de chêne français et américainet dure 15 mois.

Malbec Viña Eleodoro Aciar 2005TrapicheGrenat profond aux reflets veloutés, il a lenez bien marqué par le cépage, mais avecun côté méditerranéen par ses parfums degarrigue, de pierre chaude ; puis revient l’es-prit américain qui développe des fragrancesfugaces d’eucalyptus, enfin, de façon plusstable des fèves de cacao grillées se trans-forment en chocolat noir fourré de ganache

fruitée. La bouche se tisse de tanins auxgrains très fins, un jus en sourd, croquant etfrais, mélange de cassis, de framboise et degriotte, viennent ensuite les épices, poivreen tête, cumin et cardamome, puis toutrecommence, ritournelle à la fois éléganteet gourmande. Les Malbec âgés de 95 ansviennent des meilleures parcelles de Lujande Cuyo, de Perdriel et Mendoza au solriche en limons argileux profonds de 90 cm.La vendange manuelle loge ses grappes encaissettes de 20 kg. Après égrappage, lesraisins fermentent en petites cuves durant25 jours sous une température de 23 à 25°C.Le vin est élevé pendant 18 mois en bar-riques de chêne français et américain.

Hubert WeberHubert Weber est suisse, œnologue de sonétat. Il s'est établi en Argentine il y a unequinzaine d'années. Outre ses fonctions deconsultant pour les Bodegas Weinert, il pos-sède son propre domaine à Luján de Cuyo.Lors de notre passage sur place, nous avonspu déguster deux vins de ce «globe-trotter»de la treille… quand la précision suisse ren-contre l'exubérance latino-américaine.

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ET SI VOUS PASSEZ PAR LÀ…

Il nous revient que certains de nos lecteurs aiment à arpenter les vignobles, mêmelointains. Seulement, où loger à Mendoza, pour s’en mettre plein les yeux et plein legosier, pour rentabiliser le temps qu’on y passe ? Voici deux adresses pour loger : • Club Tapiz, Ruta 60, Luján de Cuyo (joli musée sur place, dégustation de vins,

production d’huile d’olive). www.club-tapiz.com.ar • Finca Adagisa 2222 Pueyrredon, Chacras de CoriaEt une pour manger : • Bodega Furlotti au 433 Azcuenag à Lujan de Cuyo www.solunawines.com

�PASCUAL TOSO

�TRAPICHE

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Cabernet Sauvignon 2006 Hubert WeberDes fruits rouges qui éclatent sous le nez, histoire de bien l’imprégnerde cerise et de groseille, de le poudrer de muscade et de cardamo-me, de l’enfumer d’une taf toastée. Les tanins soyeux emballent lesfruits devenus confiture aux 4 fruits, ajoute de la figue et une pincéede piment rouge. La bouche nous la joue confortable et pleine defacéties épicées. Les vignes poussent en pergolas, les raisins macèrent8 jours, le vin est élevé en majorité en cuve ciment.Selección Privada cuvée Pauillac 2007 Huber WeberAu nez déboulent la groseille, la framboise et le cassis, comme dépo-sés sur un toast délicatement grillé. La bouche croque gourmande cebiscuit exquis où la figue fraîche a fait son nid parmi les baies. Lestanins apportent une retenue de bon aloi et tempèrent le caractèreexubérant par la trame stricte de leur soie, ornée toutefois d’unedentelle cristalline au relief subtil. Les 60% de Cabernet Sauvignon etles 30% de Merlot poussent en pergolas dans des sables mêlés decailloux, tandis que le complément de Malbec conduit sur fil vient delœss. Le vin est élevé un an en barrique, puis encore un an en cuveciment.

Cuvée rédactionnelle élaborée par Marc Vanhellemont et HervéLalau

Liste des importateurs• Hubert Webert - www.hubertweber.com • Pascual Toso - www.bodegastoso.com.ar • Trapiche - Mondovino*/Van den Bossche/Jopivino/Vinigros/Wijnkelder/

Het Bier & Winhuis/Kwine/Fleur de Bruyère/Landolium/Christiaens*/AVMS difusion/Vinorama - www.trapiche.com.ar

*Partenaire IVV

� IVV VOUS FAIT VOIR DU PAYS

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Association des Jeunes Vignerons, voilàpour le sigle. Montlouis au fil de l’eau,voilà pour le vignoble. Et dégustation,

quoi de plus normal pour IVV.

L’AOC/P Montlouis sur Loire se situe àl’Est de Tours et s’étend sur 3 communes :

Lussault sur Loire, St Martin le Beau etMontlouis sur Loire. Elle est délimitée auNord par la Loire, au Sud par le Cher et àl’Est par la forêt d’Amboise. Cette disposi-tion géographique lui apporte une doubleinfluence climatique: océanique au Nord etplus continentale au Sud. Le vignoble estprincipalement orienté au Sud. Le chenin,parfaitement adapté, y règne en maître.

Le terroirFaisant face à celui de Vouvray sur la rivedroite, le vignoble de Montlouis (300haenviron) démarre au lieu-dit Husseau, auhaut de la falaise dominant la Loire. Ils'étend vers le sud, jusqu'à la plaine duCher en une succession de coteaux enpentes très douces. Ce plateau calcairerepose sur le fameux tuffeau de Touraine.La roche-mère de couleur blanche est com-pacte, on y a creusé nombre de caves danstoute la région tourangelle. Elle est recou-verte d'une formation de tuffeau plus jauneet plus friable. En surface, et selon lesendroits, une couche d'argilo-calcaire, "lesaubuis"- quoique l'on en trouve beaucoupmoins qu'à Vouvray - ou d'argiles à silice,les "perruches", qui constituent l'essentieldu sol du nord de l'appellation. Le hameaude Husseau, le point culminant de celle-ci,

abrite de très beaux terroirs, à proximitéimmédiate du fleuve. Plus on s'éloigne versle Cher et le sud de la zone, plus les argilo-siliceux sont couverts de sables éoliens.Dès lors, les vins de Saint-Martin le Beausont en principe plus élégants que vigoureux.

L’Associations des jeunes vigneronsL’Association des Jeunes Vignerons deMontlouis sur Loire existe depuis de nom-breuses années et a vu défiler en son seingbon nombre de vignerons de l’appellation,aujourd’hui confirmés. Si l’objectif premierest l’entraide et la fédération des forces desplus jeunes de l’appellation, elle participe

également, à son niveau, à la renommée etau dynamisme de Montlouis sur Loire. Pourpermettre à ses membres et à l’appellationde sortir de l’ombre, l’AJV multiplie les évé-nements. Plusieurs fois par an, tous lesvignerons de l’association vont ensemble àla rencontre des professionnels et des parti-culiers, afin d’expliquer leur démarche et defaire goûter leur vin.

Nos coups de cœursUn constat important et réjouissant, toutd’abord: sur 24 vins dégustés, nous avonsretenu plus de 50%.Il s’agit là chez IVV d’unesorte de record.

MONTLOUIS SUR LOIRE, DÉGUSTATION AJV

VOUS AVEZ DIT DÉGUSTATION

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� VOUS AVEZ DIT DÉGUSTATION

FÉVRIER/MARS 2012

Du côté des bullesCuvée des Anges - Cave des producteurs deMontlouis (12° d’alcool, dosage à 14 g)Une mousse fine et aérienne est de bon pré-sage. De fait, l’élégance d’un nez aux arômesde pommes golden cuites, de fruits secsprécède une bouche vineuse alliant agréa-blement relative corpulence, finesse et fruitéétonnement intense : notes de mirabelle, deboule de vanille, de poire tapée.

Des vins secs à secs tendresLa Négrette 2010 - Le Rocher aux ViolettesXavier Weisskopf - Amboise (13°, 0 sucre résiduel)Voici un grand Montlouis sec au profil tendu,en cohérence avec le millésime. Le nez pré-sente une légère touche boisée à ce stade(élevage en 30% de fûts neufs, 70% en fûtsde 3et 4 vins) dans des arômes de prune etpomme blanches. La vivacité de la matièreen bouche s’agrémente d’arômes d’agrumesjaunes, la profondeur et la vitalité sontremarquables.

Montlouis sur Loire sec 2009 - DomaineBouchet - Montlouis (13°, 3,3 g. sucre /l)Un autre vin sec mais dans un style différentdu précédent, d’une rusticité positive avecses notes de rhubarbe confite, de réglisse, depomme au four et son grain calcaire dansune matière à la fraîcheur saline arrondie parle millésime en attaque mais qui s’affirmeplus nettement en finale.

Les Bournais 2009 - François Chidaine -Husseau (13,94°, 4,9 g. sucre/l)Si à l’ouverture de la bouteille les arômes defruits jaunes, reine-claude, écorce d’agrumesconfit dominent encore le grillé du minéral,après aération 3 à 24 heures, la minéralitéprend le dessus tant au nez qu’en bouche.Cette dernière, assez ample à l’attaque, bienvite se ressert pour déboucher sur une finalede vin sec à la salinité prononcée.

Les Choisilles 2008 - François Chidaine -Husseau (13, 5°, 6,2 g. sucre/l)Autre millésime, autre terroir, autre profil : unnez de citron, de pamplemousse, une bouchede vin sec malgré un rien plus de sucre rési-duel que le précédent mais surtout une ten-sion remarquable exacerbée par une minéra-lité saline très présente.

En demi-sec, mais pas en demi-teinteLes Grenouillères 2010 - Domaine LaGrange Tiphaine - Amboise (28g. sucre/l.)On ne présente plus Damien Delecheneauaux lecteurs fidèles de IVV. Ses vins possè-dent toujours une élégance et une puretéremarquables. Ainsi de ce vin de vignes de 70à 80 ans, vendangées le 18 octobre 2010.Superbe nez d’agrumes confits et de très fineminéralité fumée. En bouche, la finesse de lamatière se marie idéalement avec la densitéet le grain calcaire de sorte que les 28g desucre ne font pas leur poids. La finale estfraîche et délicatement saline avec unelongue persistance fruitée. Nous avons parailleurs également apprécié en vin sec lacuvée Clef de Sol (3,2 g de sucre/l) avec fer-mentation et élevage en fûts de 400 l etœufs en béton.

Clos de Pintray 2009 - Château de PintrayLussault sur Loire (12,5°, 35g. sucre/l)Une belle illustration de l’intérêt des cheninsdemi-secs dans cette région que ce vin auxarômes de pomme au four, de coing, de miel,le tout vivifié par une minéralité très tuffeau.La bouche confirme la qualité de vin de ter-roir avec sa vitalité, son fruit de mirabelle, decoing, sa minéralité. La finale est au diapason,avec un caractère solaire très 2009 qui n’altè-re cependant pas la fraîcheur. A retenir aussila cuvée Lissier, un sec de style légèrementoxydatif et de légères notes de tarte auxpommes caramélisées.

Des moelleux de styles diversTrois millésimes, des terroirs différents, desconceptions variables d’un vigneron à l’autre,autant d’explications à la diversité des stylesproposés. Le Chemin des Loges 2010 - Domaine LesLoges de la Folie - Husseau (12,5°, 55 g.sucre /l)Valerye Mordelet nous offre avec ce moel-leux la version la plus aérienne, la plus miné-rale au palais, d’un remarquable équilibresucre-acidité. Des arômes de coing, mirabel-le, pommes mûres, rhubarbe confite embel-lissent cette matière en dentelle qui deman-de quelques heures d’aération pour exprimertoute son harmonie

En Aparté 2009 - Lise et Bertrand Jousset -Husseau (11,5°, 140 g. de sucre)Un style opposé au précédent; ce quasiliquoreux esrt issu de vignes de 70 ans ven-dangées le 23 octobre 2009. La richesse de lamatière est bien soutenue par une acidité quiapporte de la vitalité à un ensemble au tou-cher de bouche très velours. Des arômesséduisants de pomme cuite, de pâte de fruitsjaunes, une note de bois contribuent aucharme d’un vin solaire certes mais avec ungrain calcaire qui assure aussi la fraîcheur.Longue finale.

Cuvée Quentin 2008 - Franck Breton -Saint Martin le Beau (12,5°, 75 g. sucre/l)A mi-chemin entre les deux vins ci-dessus,cette cuvée est la première du genre réaliséeau domaine. Un nez aux notes épicées typecumin, muscade qui agrémentent desarômes de coing, de nèfle, de pomme cuiteannonce une bouche agréable dont la sucro-sité est bien soutenue par une acidité pro-longeant la finale en une superbe fraîcheurminérale.

Bernard Arnould

Liste des importateurs• Cave des producteurs de Montlouis

www.cave-montlouis.com/ • Château de Pintray - www.pintray.com/ • Chidaine - Thorrout/Courtiers Viticoles

Charrière(Ch)- Velinger(N)www.francois-chidaine.com/

• Breton - Claudio - [email protected] • Bouchet - [email protected] • Grange Tiphaine - www.lagrangetiphaine.com • Jousset - Titulus Pictus / Wijntherapist(Nl) -

www.domaine-jousset.fr/ • Loges de la Folie - Vive le Vin / Vin Libre(Ch) -

www.les-loges-de-la-folie.com • Rocher aux Violettes - Poulet*/Le Madec/Mostade

Vojacek/De Bruijn(Nl)www.lerocherdesviolettes.com/

*Partenaire IVV

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Enigmatique Sociando-Mallet. «Ni classé,ni Bourgeois, Sociando-Mallet tout simplement», ainsi se présente la

propriété. Certains y verront une certainehumilité, une prise de distance avec lesorganisations du monde viti-vinicole,

un «parler vrai» et une courageuse prise de risque.

D'autres, une méthode gagnante de marketing. Le mieux, c’est encore dedéguster, comme l’a fait pour nous

Fabian Barnes…

Certains amateurs vouent à ce domaineune vénération qui tourne souvent à l’ad-

diction, parcourant scrupuleusement tous lescatalogues de foire aux vins, de ventes enprimeurs ou aux enchères pour en acquérirquelques quilles de plus. Ceux-là adoptent,étonnamment, un comportement mimétiqueà celui de la propriété: avec eux, la qualitédes vins ne se discute pas, c’est une commu-nauté d'adorateurs, vous en êtes ou vous n'enêtes pas. Les autres, cela les énerve, toutsimplement.

Sociando, le buzz…et la réalité des vinsDès les années 1980, Jean Gautreau a crééautour de ce domaine un véritable phénomè-ne, ce qu'on appellerait aujourd'hui un «buzz».Mais un buzz qui tient presque trente ans, pourun vignoble de 85ha, avec des prix relative-ment élevés (entre 35¤ et 70¤ pour les 10 der-niers millésimes), et ce, sans que la crise ne luifasse de croche-patte et surtout sans lasser sesaficionados, avouez que l'équation est assezparticulière. Sociando-Mallet n'est pas unelégende, c'est un mythe.Les vins de Sociando-Mallet sont d'une remar-quable régularité. Au delà des particularités cli-matiques de chaque millésime, l'identité deSociando-Mallet demeure: un vin droit, tou-jours d'un subtil équilibre où rien ne dépasse.Jeunes, les vins de Gautreau sont assez aus-tères, ils ne jouent ni des coudes ni des

épaules, ni de l'opulence, ni de l'exubérance. Cesont des vins pour dégustateurs sages.Il faut savoir les attendre, pour preuve cettedégustation (qui confirme celle, réalisée en juin2009, et où 40 millésimes étaient aux prises)…

Les 8 millésimes dégustés 2008Nez frais et tendre - bon fruit frais - lacté -boisé exotique, cèdre. Bonne bouche, fraiche, bien équilibrée avecdes notes de bois tendre, pâtisserie, bonnelongueur. Rien ne dépasse. Vineux, jolie sucro-sité, proche de l'élégance, tannins farineux enfinale. Ensemble relativement austère, commeenfermé dans une boîte. Patience.Complexité : 14, Plaisir: 14+2006Nez très proche du précédent, avec une légèrepatine – légères notes de cuir, viandées –notes lactées, bois tendre légèrement cèdre.Bouche plus franche, plus en chair, bonnetenue, bon volume, bons tannins dans uneexpression proche du millésime 2008, grainsfins farineux. De l'élégance, rien ne dépasse, équilibre trèsbon avec une fraîcheur acide très bienvenue.Bon fruit tout du long.Complexité : 14+, Plaisir: 16+2005Nez nettement plus dense et intense, lelacté et le bois se fondent et laisse le fruités'exprimer. Des fruits frais mais aussi cuits,

des épices, des notes de cuir, jolie finessearomatique.En bouche on retrouve la même trame dansune version plus complexe. Bonne densitémais sans jouer des épaules, une structurequi reste spinale, sur la longueur. Jamais rienne dépasse, à part un généreux fruit, jusqu'enfinale. Belle longueur, les tannins sont plusserrés et très légèrement séchants.L'ensemble gagne en profondeur, se doted'une légère sucrosité très agréable. Ce n'estpas un vin expansif, un vin plutôt retenu,misant tout dans l'équilibre.Complexité : 15, Plaisir: 14+2004Nez fin et délicat avec une pointe de réduc-tion qui s'évanouie assez rapidement à l'aéra-tion.Notes de fruits très frais, avec des accents degrenadine, de cassis très transparents dansune enceinte de parfums marmités, sauciers.Etonnant 2004, beaucoup de fraicheur, uneexpression en entonnoir inversé où grandit lastructure, la chair et l'alcool. La finale est, enl'occurrence un peu chaude. Le fruit est bon,la gourmandise commence à s'exprimer. Lestannins expriment un léger accent de noixfraîche en toute fin, mais c'est un vin facile ettrès plaisant, avec une chair gourmande.Complexité : 13+, Plaisir: 16+2003Nez intense et un peu chaud - belle expres-sion du fruité, du fruit frais mais surtout

SOCIANDO-MALLET À LA VERTICALE

UN DOMAINE SOUS LA LOUPE

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�UN DOMAINE SOUS LA LOUPE

confituré, un discret alcool et une pointe de volatile apportant poi-vré et fraîcheur.En bouche, de la densité, du volume et pour la première fois de larondeur. Un aspect sphérique, propre au millésime mais une finale moins inté-ressante, des tannins légèrement rustiques, de l'alcool et des arômesmajoritairement cuits.On a vraiment une dégustation en 2 temps: la sphère moelleuse puisla ligne un peu rude.Ce vin conserve malgré tout l'empreinte, l'identité du château, sonélégance. Etonnant.Complexité : 14, Plaisir : 15+

CHÂTEAU SOCIANDO-MALLET EN BREF

Localisation: Saint-Seurin-de-CadourneAppellation: Haut-MédocPropriétaire: Jean Gautreau (depuis 1969)Superficie en exploitation: 85ha (5ha en 1969)Encépagement: 55% Cabernet-Sauvignon, 40% Merlot, 5%Cabernet FrancDensité moyenne: 9.000 pieds à l’hectareTerroir: graves günziennes sur argilesLabours: au cheval Production moyenne: 500.000 bouteilles (y compris le second vin)Second vin: La Demoiselle de Sociando-Mallet

Hervé Lalau

2002Nez tendre et fin, notes animales, une longue aération dans le verrele rééquilibre et enfin le fruit s'exprime: fruits frais, griottes, notescuites, une note de réglisse, de fumé - assez classe, surtout pour un2002.La bouche nous ramène à une expression structurelle plus conven-tionnelle, dans la droiture. En revanche souffrance du millésime, labouche manque de chair en milieu de bouche, l'équilibre flanche et labouche se creuse. La finale est un soupçon chaude, les tannins sontun peu pâteux et séchant.Complexité : 12, Plaisir : 14-2001Nez très fin avec une bonne complexité, des notes épicées, retoursur le bois exotique, du fumé, des fruits à l'eau de vie (cerises), un peude cuir, de goudron, une discrète note de volatile.Une bouche droite, ferme, austère. Un beau tannin beau mais pasfunky, une chair riche mais pas gourmande. Pas de surprise, c'est un2001, il faut l'attendre.Complexité : 14+, Plaisir : 131999Nez plaisant et frais, riche d'épices, de fruité, de légères notes ani-males, un tendre fumé.Une bouche concentrée sur le fruit, très tendre, étonnammentfraîche.Un choix de structure très approprié, de la présence, de la tendresse,une bonne longueur, une bonne tenue. Une finale savoureuse et aro-matique avec des accents fumés, torréfiés.Complexité : 13, Plaisir : 16

Fabian Barnes, Oenologue

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Au fil de nos 151 derniers numéros,quelques morceaux choisis.

Le but n’est pas tant de se rappeler lebon vieux temps que de démontrer que

plus ça change, moins ça change. Ou plutôt, que nos auteurs ont souvent

été de vrais prophètes !La preuve par l’exemple,

avec ces quelques extraits de notre toute première année…

Novembre 1992 : Un Belge à SolutréDe quel viticulteur limbourgeois parle-t-onen page 5 de notre première revue ? Mais deJean Marie Guffens, bien sûr !Nous ignorions à l ‘époque les difficultés quel’administration française allait faire à notrecompatriote, au fil des années. Tout ceci estmaintenant du passé. Restent les vins, quifont mentir l’expression américaine, «any-thing but Chardonnay», parce que ceux-là nese limitent pas à exprimer un cépage, ilssont l’expression

Décembre 1992 : « Le Vin & le Bois, Partenaires ouConcurrents ?»IVV consacre un article prémonitoire auboisé, dont la mode allait emporter tant dedomaines dans ces années 90. IVV est déjàplus que dubitatif, à l’instar des trois grandstémoins cités dans l’article, à savoir Henri vanRanst (Villa Lorraine), Jean-Renaud Bertrand(Fourcroy) et Herwig van Hove( KUL).

Janvier 1993 : IVV VIPHerman de Croo (oui, le père de l’autre,bande de béjaunes) est en vedette en pre-

mière page d’IVV et nous raconte sa carriè-re, non pas politique, mais poétique dans levin. Ses coups de cœur, ses déceptions. Ilen ressort que non seulement cet habituésdes cercles du pouvoir aime le vin, mais enplus, il le connaît bien. On ne peut pas endire de même de toutes les célébrités…D’autres allaient suivre, comme Arno, lesacteurs Julien Guiomard ou Pierre Richard(ce dernier, en qualité de producteur).

Janvier 1993 : «Vin & Sucre : où s’arrête la vertu,où commence le vice ?»IVV consacre une page au problème de cesdemi-doux qui ne disent pas leur nom,réclame plus d’information pour le consom-mateur – une thématique hélas toujoursd’actualité…

Mars 1993 « Jean Schaetzel, Viticulteur »Ah, le lien au terroir ! Il est aujourd’huigravé dans le marbre des AOC, mais il n’estpas né d’hier. Jean Schaetzel, vigneron alsa-cien résume bien les choses « il est tropsimple de ne parler que de la relation vin-terroir » Il faut y introduire la notion

d’homme et de savoir-faire, à la cavecomme à la vigne. Le vin ressemble au ter-roir, c’est vrai, mais encore plus à l’homme »

Avril 1993 « Opération Carafeavec le Clos du Marquis »Le carafage, non, ce n’est pas un grandpeintre de la renaissance italienne. DanielMarcil, sommelier et grande plume d’IVV del’époque, nous en explique les vertus parl’exemple…

Mai 93 : L’Hémisphère sud en vedetteIVV consacre un article à l’Afrique du Sud,et IVV une dégustation aux vins de l’hémi-sphère Sud en général ; Château Reynella1989, Konnonunga Hill 1989 Shiraz, WeinertCarrascal 1985, Marques de Casa Concha1990, Landskroon 1989 s’en sortent plutôtbien (plus de 14/20)

Mai et juin 1993 : L’agent sulfiteIVV n’a pas attendu la vague des naturistespour se poser des questions à propos del’agent sulfite, comme le prouve ce dossieren deux parties signé Daniel Marcil.Conclusion : «Il faut se donner les moyens

20 ANS DÉJÀ… RÉTROSPECTIVE D’AVENIR

ANNIVERSARY

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de s’en passer le plus possible… ainsi notre SO2 revêt sa casquetted’agent de la paix plutôt que celle des forces de l’ordre ».

Juin 1993 : La Napa, récit de VoyageJeune pousse prometteuse de la sommellerie belge, Eric Boschmaneffectue un voyage en Napa. Il nous revient ses carnets pleins denotes de dégustations et sa jolie tête pleine du rêve américaindevenu liquide, vineux… tout n’est pas emballant, pour Eric, maisl’accueil chaleureux, et ces gens «mean business».

Septembre 1993 : « Vins d’Alsace, êtes-vous honnêtes ? »Inaugurant une longue série de reportages «coups de poing », IVV,sous la plume du Doyen Bernard Arnould, prend à témoin Jean-Michel Deiss (qui est encore bien loin alors de présider les GrandsCrus d’Alsace): les vins d’Alsace expriment-ils un terroir ou un cépage?

Octobre 1993 : «Vino da Tavola,des vins chics et puis d’autres»IVV nous explique que cette catégorie renferme aussi bien pinard,bibine, picrate… que l’élite des supertoscans… l’équipe rédactionnel-le en déguste 38, entre 230 (11¤) et 1300 FB (32¤). Grands vainqueurs de l’exercice: Vigna Martina 1989, Tignanello 1989et le Grance 1991, avec plus de 14,8/20.

Novembre 1993 : L’Autriche réhabilitéeEn 1993, on est encore sous le coup du scandale du glycol, qui amarqué les esprits quelques années auparavant. Mais IVV fait fi despréjugés, des généralisations, et interview un grand monsieur du vinautrichien ; Willy Opitz, d’Illmitz, dans le Burgenland. On aime saconclusion, toujours d’actualité : «Qui arrête d’essayer de fairemieux a déjà arrêté de faire bon». On dirait que la nouvelle généra-tion de vignerons autrichiens a bien retenu la leçon.

Décembre 1993 : Récit d’une bouteille inachevéeComment conserver une bouteille entamée et qu’on n’a pas l’occa-sion de finir rapidement.Cet article est le pendant à celui consacré au carafage. Il n’a pas prisune ligne. On y trouve de vrais conseils de sommelier, au temps oùle sommelier s’occupait d’abord du vin. On adore le dernier para-graphe, éloge du système D. Constatant que « quand la bouteille està moitié vide, la demi-bouteille est pleine », IVV nous conseille detransvaser ! Il fallait y penser !La suite, avec d’autres perles de nos belles années, dans les pro-chains numéros…

Hervé Lalau(et merci à tous les auteurs de l’époque !)

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D’accord, les vins de Toscane sont produits dans une vaste zone, de Lucca

jusqu’à Arezzo, sans oubier la côte.Pourtant, seules les vignes des collinesentre Florence et Sienne donnent droit

à l’appellation historique du ChiantiClassico. Historique est le terme adéquat

pour une zone délimitée dès 1716.Par ailleurs, les paysages y sont

somptueux. En est-il de même des vinsen ce 21è siècle? Bernard Arnould est

aller le vérifier sur place.

Le territoire Classico

Sa superficie totale couvre 70.000ha d’unenature splendide où les vignes montent à l’as-saut d’innombrables collines ondulant entreforêts et vallées et offrant un paysagerocailleux, sauvage, parsemé de remarquablesdemeures à l’architecture typique. Pourtant levignoble ne couvre que 10.000 ha, dont seuls7.200 bénéficient de l’appellation ChiantiClassico. La zone originale était limitée auxterres des villages de Radda, Gaiole, Castellinaet Greve. Au fil du temps, ce territoire s’estétendu pour englober tout ou partie deBarberino Val d’Elsa, Poggibonsi, Tavarnelle Valdi Pesa sur son flanc ouest, San Casciano inVal di Pesa au nord et Castelnuovo Berardengaau sud. Les forêts abritant en abondancechêne, châtaigniers, pins et cyprès s’étagentde 200 à 800 mètres d’altitude mais les vignesse trouvent surtout entre 250 et 550 mètres.Ces altitudes participent à coup sûr de la typi-cité du cépage roi de la région, le sangiovese.Planté sur des sols arides, pierreux, le fameuxgalestro qui combine marne et calcaire, et l’al-barese calcaire, ce sangiovese est un rebellequi ne se laisse pas facilement apprivoisercôté maturation des peaux et tannins, nous yreviendrons. Le climat continental ne connaitpas d’énormes écarts de température, encoreque la canicule ait marqué certains millésimes

récents comme 2007 ou 2011. Dans desannées «normales», l’altitude favorise la fraî-cheur nocturne laquelle à son tour est un fac-teur intéressant de maturation plus régulièredes raisins.

A propos du sangioveseCe cépage serait le fils d’une rencontre entredeux cépages très anciens : le ciliegiolo,vieille variété d’Italie centrale, et le calabre-se. Cépage tardif au cycle de maturation lentet long, il se caractérise notamment par uneacidité plus citrique que nombre de variétés.C’est cette caractéristique qui permet de

regrouper ses nombreuses déclinaisons sousun même nom. Car pour le reste, sa variabili-té l’a amené à se multiplier en cinq biotypesaux très nombreux clones. Les biotypes s’arti-culent autour de la combinaison des diffé-rentes tailles des grappes d’une part, desbaies d’autre part. A savoir par exemple, san-giovese grosso et sangiovese piccolo. Lesclones catalogués seraient actuellement aunombre de 80 parmi lesquels les très connusbrunello, prugnolo, prugnolo gentile, morelli-no, etc…

Les conditions de productionPour bénéficier de la DOCG Chianti Classico,les producteurs doivent bien entendu possé-der des vignes dans le territoire en question,avec en plantation 80% de sangiovese aumoins. Ce pourcentage se retrouve dans labouteille: le vin doit compter un minimum de80% de sangiovese dans l’assemblage. Les 1 à20% restant seront issus de canaiolo, de colo-rino, voire des cépages international typemerlot (le plus souvent), voire cabernet sauvi-gnon. A dater du millésime 2006, l’usage decépages blancs comme le trebbiano ou lamalvoisie, autrefois autorisés pour 6%, estinterdit. La densité de plantation minimale aété assez récemment fixée à 4.400 pieds/haet le rendement maximum autorisé est fixé à2 kg de raisins par vigne et à 75 quintaux par

FORZA ITALIA

CHIANTI CLASSICO : ÉTAT DES LIEUX

�CASTELLO DI VOLPAIA

�VOLPAIA

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20FÉVRIER/MARS 2012

�FORZA ITALIA

ha, soit 52,5hl/ha. Ce qui, sans être très peu,est quand même inférieur par exemple au 55,57 (voire 65 avec le rendement butoir) hl/hades AOP du Médoc. Où, il est vrai, la densitéde plantation est plus élevée, ce qui diminuele nombre de grappes par pied. A ce propos,j’ai pu constater une volonté de certainsvignerons à planter leurs nouvelles vignes àun minimum de 5500 pieds/ha, les chosesprogressent donc en cette matière. Pour lescuvées de Chianti Classico, le degré d’alcoolminimum à la vendange doit être de 12°, pourles Chianti Classico Riserva de 12°5. Ces der-niers doivent subir un élevage d’au moins 24mois, dont au minimum trois en bouteille. Lesvins qui respectent ces conditions ont droitau label du Galo Nero, symbole historiquereprésentant un coq noir. Ceci, que le produc-teur soit ou non membre du Consorzio, aucontraire du la situation ancienne. Un pointpositif à mon sens car cela montre que le res-pect des règles de production est plus impor-tant que la cotisation syndicale.

Domaines à découvrirParmi les 570 membres recensés par leConsorzio, 350 font leur propre mise enbouteille. Impossible de les déguster tous defaçon sérieuse sauf à passer quatre semainessur place à raison de plus de 10 domainespar jour. J’ai laissé ce type d’«exploit» à M.Parker, me satisfaisant d’une visite sur placepour déguster une trentaine de domaines etd’une dégustation à Bruxelles en complé-ment. Ceci m’a permis de dégager quelquesjolis coups de cœur, au-delà de mes habi-tuels préférés, à savoir Isole e Olena etCastello di Ama.

-Capannelle : situé au cœur des collines deGaiole in Chianti, cette propriété de 18haproduit deux cuvées en DOCG, plus lacuvée Solare en IGT. Les vins se distinguentpar leur élégance très droite, leur fraîcheurminérale exceptionnelle due au sol degalestro et au travail de l’équipe de produc-tion. De toutes mes dégustations sur place,ce sont les seuls vins à présenter une tellesalinité, bienvenue après une série de «pro-duits» dominés par la suavité ou la sucrositétrès USA. Et pourtant, le propriétaire estaméricain !Fattoria Viticcio : la pente d’une longuecolline dominant Greve in Chianti abrite àla fois le domaine et son vignoble de 32 ha.Seule la partie supérieure est travaillée enbiodynamie sur de solides rocailles cal-

caires. Les 2007, 2008 et 2009 illustrentbien les écarts entre millésimes, un ChiantiClassico 2009 aux tannins savoureux etfruités, de grande buvabilité; un Riserva2008 minéral et vertical alors que le 2007possède une acidité plus couverte de chair.Enfin, la cuvée Beatrice, une sélection devignes plus âgées, offre une charpente tan-nique plus serrée en 2008 et une superbeforce tranquille en 2007 avec une richessebalancée par la fraîcheur minérale.Monte Bernardi : le village de Panzano s’en-orgueillit de rassembler le plus de vignoblesen bio ou biodynamie. A la dégustationd’une quinzaine de domaines, celui-ci seplace sans concurrence à la hauteur desmeilleurs Chianti Classico. Un jeune pro-priétaire italo-américain y travaille unvignoble allant de 10 à 40 ans. Superbe fruitpour son Chianti Classico 2009, 95% sangio-vese, cerises, fraîcheur et plaisir de buvabili-té. Le 2008, issu de vignes de 40 ans offreune matière superbe d’élégance, de fruit decassis et de cerise, un jus savoureux et unetrame tannique sans aucune sécheresseFattoria di Petroio : 15 ha dans la zone deCastelnuovo Berardenga pour une propriétéde famille, habitée par la passion d’unemère et de sa fille et passé dans les années70 du statut de ferme en polyculture àcelui de domaine viticole. Le nom dePetroio renvoie au sol pierreux et au styledes vins: le sangiovese ne saute pas au nezmême si les arômes de cerises vont selon lemillésime du rouge au noir, les bouchessont droites, parfois vives en 2008, avec destannins fermes mais élégants, par contre ontrouve plus de puissance en 2007.Globalement, des vins sans concessionscommerciales.Outre ces quatre domaines, d’autres vinsm’ont paru très recommandables également,

�VERTINE

�VERTINE

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avec sans doute un rien moins de personnalité ou d’homogénéitéd’une cuvée à l’autre:• à Panzano: Molino di Grace, Le Fonti et Vecchie Terre di

Montefili• à Gaiole : La Porta di Vertine , San Giusto Rentennano et

Castello di Brolio• à Greve : Tenuta Riseccoli• àà Radda : Castello di Volpaia et Vèscine

Pour conclureJe posais la question en introduction de l’évolution du ChiantiClassico ces dernières décennies. Ma réponse sera double. D’une part,un nombre significatif de Chianti Classico ont gardé une spécificitéd’origine et affichent un caractère terroir. Ce, même s’ils ont évoluévers des structures moderne de tannins plus fruités , plus juteux,donc moins secs que les sangiovese du passé. D’autre part, beau-coup de producteurs ont évolué soit vers des vins commerciauxlégers et assez faciles, soit vers des vins de marketing à l’américaine,plus ronds, suaves, voire un rien sucrés, merci le merlot. Dommagesans doute, mais « il faut bien vendre, mon bon Monsieur ». Encoreque les ventes seraient peut-être plus aisées si les prix étaient unrien moins ambitieux !!!

Bernard Arnould

Liste des importateurs• Capanelle - www.capannelle.com • Viticcio - www.fattoriaviticcio.com - Vinifera Fine Wines• Monte Bernardi - www.montebernardi.com - Dewine• Petrio - www.fattoriapetroio.it• Molino di Grace - www.ilmolinodigrace.com• Le Fonti - www.fattorialefonti.com• Vecchie Terre di Montefili - www.vecchieterredimontefili.it• Porta di Vertine - www.laportadivertine.it - La Scoperta• San Giusto - www.fattoriasangiusto.it - A Wine Affair• Ricasoli - www.ricasoli.it - Cinoco• Riseccoli - www.riseccoli.net• Volpaia - www.volpaia.com - TG Fine Wines• Vescine - www.vescine.it

�FATTORIA VITICCIO

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22FÉVRIER/MARS 2012

Suite du carnet de route de nos deuxreporters sur place, Marc Vanhellemont

et Hervé Lalau ; après le Cap Corse,ils revisitent pour nous Patrimonio,

appellation historique de l’Ile de Beauté.

Patrimonio porte le nom d’un village de larégion du Nebbiu, à une douzaine de kilo-

mètres de Bastia. Mais l’AOC (née en 1968,c’est donc la plus ancienne de Corse) s’étendbien au-delà ; sur Patrinomio même, maisaussi Barbaggio, Saint-Florent, Farinole,Oletta, Poghju d'Oletta et Santo-Pietro-di-Tenda, soit 530 ha au total.

Son originalité, c’est d’abord à son site qu’ellePatrimonio le doit. Depuis la corniche dePoggio d'Oletta, la route de Patrimonio est àcouper le souffle. Ici se branche le Cap Corse

sur le corps de l'île; c'est comme une épauleun tantinet rembourrée qui surplombe leGolfe de Saint Florent.Le syndicat viticole veut faire classer le site.Ce ne serait que justice: il n'y en a pas deuxau monde comme celui-là. On pense auDrakkenberg d'Afrique du Sud (il y a effecti-vement une barre rocheuse qui évoque ledos d'un énorme dinosaure), sauf qu'ici lesmontagnes sont de calcaire et non de grès.On pense aussi à la montagne de l'Etoile,près d'Aubagne, au Garlaban cher à Pagnol,sauf que la mer se montre à chaque détourde la route, ou presque, et que le maquis estbien corse. Enfin bref, Patrimonio, c'est ce quise fait de mieux en matière de paysage viti-cole, alors il serait bon de le préserver de lapression immobilière.Si la région est abritée des vents forts duNord-Est, il reste assez de courants d’air poursécher les raisins, d’une part, après les pluies,et pour éviter la sécheresse. On note des dif-férences assez importantes entre le Nord etle Sud de l’appellation, l’altitude grandissant àmesure que l’on va vers le Sud, pour atteindre1000 mètres, d’où un air plus frais et unematurité un peu plus tardive. Mais comptetenu de la présence de nombreuses barresrocheuses, les micro-climats abondent.Notons par ailleurs qu’à l’extrême ouest del’appellation, aux abords de l’Agriate, le solcalcaire, cède la place au granit. Cette partie

ne peut produire du Muscat du Cap Corse,contrairement au reste de Patrimonio.

La part du rosé dans la production ne faitqu’augmenter ces dernières années – c’est larançon du tourisme, de l’argent facile.Pourtant, ce sont bien les rouges qui mon-tent le mieux tout le potentiel du Niellucciu,cette belle version corse du Sangiovese (ouserait l’inverse?).

LES DOMAINES

Cordoliani Le Domaine possède un gros 4 ha duNiellucciu, presque la moitié de ses 11,30 ha.Situé près de Poggio d’Oletta, village inté-rieur à hauteur de Saint Florent, il voit pous-sé son cépage majoritaire dans des terrainsdifférents, fait de coteaux aux éboulis cal-caires et de replats tapissés de galets roulés.Une richesse minérale se transcrit dans sesdifférentes cuvées. Outre un rosé et unrouge à base de Niellucciu, le domaine éla-bore également un Muscat du Cap Corse etun très original Carignan 100%, Perle Noireétiqueté Vin de France. Cette vigne plantéeen 1962 donne un vin frais et gourmand auxantipodes des dilutions anciennes, mais quine ressemble guère aux cuvées de ce cépagede plus en plus courantes en Languedoc ouen Catalogne. Quant au Niellucciu…

CORSICA SERIE

LA CORSE PAR LA FACE NORD (ÉPISODE 2)

�DOMAINE CORDIOLANI

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Patrimonio rouge 2007Grenat aux nuances pourpre, il exhale desnotes fumées et fruitées avec des accentschauds de maquis, endroit où règnent ciste,myrte et romarin, parfums forts mêlés deminéral caressé de soleil. Les tanins nousdisent bonjour avec un petit air rugueux,mais fugace, histoire de nous rappeler lecépage, puis s’effacent et laissent évoluer lefruit à son aise. Les papilles s’en réjouissentet croquent baies et charnus, framboise, pru-nelle et myrtille, arbouse aussi, ombréeschacune de poudre de cacao et soulignéesd’un trait de réglisse. Aux 90% de Niellucciu s’ajoutent 10% deGrenache plantés tous deux en 1962. Les rai-sins sont égrappés et foulés, puis vinifiés encuves tronconiques pendant 60 jours avecremontages, pigeages et délestages quoti-diens. Le vin est élevé pendant 2 ans encuve. «Notre objectif est de sublimer le caractèretypique du Niellucciu à travers un vin degarde. Depuis 2006, 10% de Grenacheentrent dans la composition de la cuvée afinde donner une dimension plus gourmande,

plus charnue, au vin» nous confie RomainPerfetti, jeune vigneron qui a repris ledomaine en 2002.

Orenga de GafforyLes Orenga de Gaffory sont les dépositairesd’une histoire très corse, celle des Mattei – legrand père de Jean-Pierre Orenga n’est autreque l’inventeur du Cap Corse Mattei, célèbreapéritif à base de quinquina.Mais leur domaine à Patrimonio est plusrécent, il date des années 1960. Aujourd’huidans les mains d’Henry Orenga, c’est l’un desplus gros de l’AOC (60 ha). Avec un Clos vinifiéséparément, le Clos San Quilico qui s’étendsur 30 ha. Et comme Henri Orenga aime vini-fier par parcelles ou par sol particulier, lescuvées se sont au fil du temps multipliées. À San Quilico, une cuvée par couleur, le sol deschiste initie une rondeur minéral qui palie lecaractère austère tant du Vermentinu que duNiellucciu mâtiné d’un rien de Grenache, ren-force encore l’onctuosité moelleuse duMuscat.Celles du domaine sont plus nombreuses et sedéclinent en gamme traditionnelle, cuvéeFelice et Gouverneur, plus encore quelquesspécialités. En voici quelques fleurons:Cuvée du Gouverneur blanc 2010PatrimonioUn Vermentinu élevé en barrique dont 1/3 deneuves pendant 8 mois et bâtonné. Il offre enbouche la fraîcheur gracieuse du cédrat nuancéed’un rien d’anis. Sa texture ligneuse rappelle l’éle-vage, celle-ci s’atténue au fil des années « j’aimeles Vermentinu qui ont 2 ans de bouteille » nousdit Henri.Cuvée Felice rosé 2010 Patrimonio100% Niellucciu élaboré pour la gastronomie, aunez de violette, à la bouche croquante, fraîchecomme un citron, parfumée de romarin.

Tradition rouge 2009 Patrimonio100% Niellucciu en macération de 18 jours,élevage inox. Le millésime engendre des par-fums de raisins secs et de myrte, la boucheaux tanins serrés libère un jus des plus fruités.Scala Santa 2010 Vin de TableUne nouvelle cuvée faite à 70% deMinustellu, un cépage ancien que l’on trouveplus facilement dans le sud de l’île. Le nez sepoivre, se colore de prune bleue. La boucheoffre une soie tannique qui enserre une poi-gnée de fraises noires et juteuses. Despétales de fleurs blanches embellissent l’en-volée gourmande.

Domaine GentileL’histoire du domaine débute en 1970 avecViviane et Dominique Gentile. Ils sont épau-lés depuis 1994 par leur fils œnologue, Jean-Paul. Les traits marquants de cette exploitation :l’agriculture biologique, le tri à la vendangeet l’utilisation du froid, aussi bien pour lavinification que pour la conservation des vins(le chai est enterré et climatisé, frissonsgarantis même en plein été). La plupart des vins présentent une fortecharge tannique et c’est délibéré, car Jean-Paul est convaincu que la macération duNiellucciu doit être relativement longue, « leNiellucciu est pour moi un vin de structure,de terroir, ce qui me plaît, c’est son côté tan-nique. Un Niellucciu fruité qui se boit dès lapremière année est pour moi un non-sens. Ilest destiné à l’accord mets et vin, c’est ce quidoit primer. »Le domaine conduit son vignoble en modebiologique « le bio n’est pas une fin en soi,mais le reflet du respect du consommateurcomme de l’environnement. »

Patrimonio rouge 2010Une note fumée, une exhalaison de fruitsrouges et noirs, un contact de caractère, le

LES CÉPAGESEn blanc: Vermentinu (alias malvoisiede Corse), Biancu Gentile, Codivarta,Genovese, Ugni blanc (alias RossolaBrandica).En rouge : Grenache, Niellucciu,Sciaccarellu, Aleatico, Barbarossa,Carcajolo nero, Carignan, Cinsault,Mourvèdre, Syrah.Et pour le Muscat : Muscat à petitsgrains.

�HENRI ORENGA

� JEAN-PAUL GENTILE

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tanin râpe sans être âpre, c’est du costaud, c’est un style. Le 2009 unrien plus rond habille sa structure de chocolat noir, de confiture defraise, son année de bouteille le rend plus amène et tout désignépour la viande rouge «en mangeant, les tanins s’associent aux pro-téines»Grande Expression 2006 Patrimonio45 jours de macération et 12 mois de foudre pour dans le verre nouscharmer d’accents de truffe et de cacao. Plus affinée, la bouche offreun tanin dompté qui de son enveloppe de soie rêche presse les baiesgorgées de jus, canneberge, arbouse, fraise et cerise, se poudre ensui-te d’épices. Un Vermentinu particulier, la Vindemia d’Oru aux 250 g de sucrecontrebalancé par une fraîcheur presque vive, 3g, et marqué par ungoût prononcé de gelées de fruit, pêche, ananas et abricot, relevéesd’épices. Les raisins se ramassent 1,5 mois après les vendanges etmacèrent 3 mois. Il est élevé sur lies en barriques.

Domaine LecciaDans la famille Leccia, je demande la sœur, Annette, à Poghjud’Oletta. Depuis le départ de son frère Yves, en 2004, c’est elle quivinifie le Niellucciu et le Vermentinu de ses superbes parcelles decalcaire (pierre blanche, Petra Bianca). 13 ha au total. (Niellucciu,Vermentinu et Muscat). Petra Bianca 2008 Patrimonio J'ai aimé son nez épicé, clou de girofle, maquis, menthol, j'ai appréciésa plénitude et son croquant en bouche, et j'ai adoré sa texture, songrain. L'extraction est bien maîtrisée (3 semaines de macération), nitrop ni trop peu, ce qui est important avec ce coquin de Niellucciu.C'est un vin bien tendu, aussi, avec beaucoup d'éclat. Très beaupotentiel, aussi. Bref, je vous le recommande. Je l'ai dégusté, puis bu à table, dans son écrin, au milieu des vignes quifont comme une marqueterie au pied des grandes arêtes calcaires, leSant Angelo, la Silva Mala… Et je vous souhaite de retrouver en lesirotant, par la pensée, cette impression fugace qui m'a traversé, celled'un ange qui passe, d'un monde perdu, d'un coin de nature en dehorsdu temps. Maintenant, pour l'imagination, c'est à vous de jouer.Leccia, c’est aussi un rouge classique 2008, fait de Niellucciu quipoussent dans le calcaire comme le Petra, mais de moindre pente etqui macèrent 2 semaines, soit 7 jours de moins. Et encore, le Vermentinu 2010 Patrimonio au nez minéral imbibé dejus de poire, parfumé de fleurs d’amandier. La bouche élégante, rafraî-chie de citron vert, épicée d’iode, graissée d’amande. Les vignes pous-sent sur un affleurement schisteux, l’élevage se fait en cuve.

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Nicolas Mariotti-Bindi Jeune vigneron corse, il s’est installé voiciquelques années sur la commune de Poggiod’Oletta.En attendant que son plantier porte ses pre-miers fruits, il a pris en location quelquesvignes du domaine Orenga de Gaffory, dontil paie le loyer en raisin – un bel exemple del’entraide qui peut régner en Corse entrevignerons, grands, petits, anciens et nou-veaux.Nicolas travaille en bio, comme une bonnemoitié des domaines de l’appellation.L’appellation aimerait d’ailleurs s’annoncéeentièrement bio… Nicolas, s’il n’est pas àstrictement parler naturiste, soufre toutefoistrès peu. Parmi ses inspirations, à Patrimonio,il y a les vins du Domaine Arena. En un mot,il aime les vins purs et digestes.Un Vermentinu 2009 sur schiste qui déve-loppe des senteurs de mirabelle à la réglisse,de poire suave au vétiver, de pêche blanchemacéré de verveine. La bouche tranchecomme son minéral, puis flatte par le galbede son confit. Mais, le vin garde encore ausein de sa densité une complexité sous-jacente qui viendra compléter les parfumssentis, « très peu de SO2, malo faite, avec unélevage long qui s’impose pour moi. LeVermentinu est un cépage qui ne se boit pasjeune, c’est un vin qui possède une excellenteaptitude au vieillissement. Même à trèsbonne maturité, il garde de l’acidité » déclareNicolas. En rouge… « je ne travaille plus les rouges, jeveux faire le vin le plus digeste possible, pasdémonstratif, mais de la finesse et de l’élé-gance fruitée » 2009 aux senteurs de cerisenoire à l’anis, de sureau un rien fumé, unebouche aux tanins ronds, juteux d’airelle etframboise.

Clos TeddiSur la frange occidentale de l’appellation, àCasta, Marie Brigitte Poli exploite le ClosTeddi. Un vrai Clos, 35 hectares d’un seultenant plantés par son père Joseph, en 1969.Rien que de l’arène granitique. Marie Brigittea repris le domaine en 1997 et sorti son pre-mier millésime en 1999. Elle restructure peu àpeu le domaine, limitant les traitements etvisant à obtenir les meilleures maturités. Sesvins ont une structure légèrement différente,peut-être un rien d’élégance en plus, le doig-té certes, le sol de sable granitique aussi.

Vermentinu Grande Cuvée 2010 PatrimonioMangue, pêche blanche, frangipane et unetouche de bois très légère qui souligne maisne masque pas.Côté vinification : 18 de macération pellicu-

laire, fermente en cuve inox, sans malo, etélevage de 9 mois en barriques de 500 litres. On reste sur le même cépage, CuvéeQuintessence (2005), Vermentinu en vendan-ge tardive. Un Vin de Pays de l'ile de Beautésans année - la réglementation des AOCdéteste les OVNI, les trucs qui sortent durang. Qu'importe, moi je retiens le mot"beauté". Sa richesse au nez, ses notes d'amer et derôti sont époustouflantes, et malgré ça, levin est plein de légèreté, de grâce en bouche,ni trop d'alcool ni trop de sucre, oui, vrai-ment, un vin venu d'ailleurs.Les Vermentinu poussent dans une cuvettebien ventilée à l’orée de l’Agriate. Un joli rouge, friand, frais et fruité, rubis san-guin, le Patrimonio Tradition 2009 offre unecorbeille pleine de figue, de cerise et de frai-se, saupoudrées de poivre et de muscade.Les tanins comme le minéral sont cristallin.

Clos AlivuLes trois hectares de ce domaine d’Olettaont été acquis récemment par Éric Poli, lepropriétaire du Domaine de Piana, sur laCôte Orientale. Il s’agit de vieilles vignes deVermentinu et de Niellucciu (40 ans). Éric entire des vins plutôt… policés, fruités, élégants,bien typés mais toujours assez ronds enbouche. Des Patrimonio civilisés…Vermentinu 2010 PatrimonioUne envolée florale plane sur une gourman-dise fruitée au goût délicat de poire suave,les pétales semblent s’agiter au vent, fraî-cheur révélatrice des parfums de roseblanche et de genêt, de garrigue.Le vin est issu d’une macération pelliculaire,ne fait pas la malo et est élevé en cuve inox. Patrimonio rouge 2008Rubis éclatant qui attire l’œil, le nez paraprès tombe dans les marmelades de fruits

rouges et noirs, épicés de cade, de thym etde sauge. Les tanins bien structurés se ser-rent soyeux, leurs grains fins et lisses témoi-gnent du sol à bonne proportion d’argile. Surcette trame veloutée la réglisse encercle larondeur des cerises, contourne les fraises,titille la fraîcheur. «Quand le Niellucciu estmûr, c’est super, pas mûr, il n’y a pas d’équi-libre» affirme Éric Poli.

Antoine ArenaAntoine Arena, à Morta Maio (un écart de lacommune de Patrimonio) travaille en biodepuis toujours (comprenez: avant même quele bio n'existe formellement), et n'utilise queles levures indigènes. Il propose des cuvéesparcellaires pour mettre en évidence l'effetdes micro-terroirs, à savoir, Grotte di Sole etCarco. Le domaine familial compte 14 ha. Antoine Arena et sa femme Marie sont undes couples de vignerons emblématiques dePatrimonio et de la Corse. Bardés de récom-

�NICOLAS MARIOTTI BINDI

�PATRIMONIO

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penses, ils sont aussi les chantres de la bio-dynamie corse. Le maître mot, ici, est équi-libre – équilibre de la plante, équilibre dansles vins. Les Arena sont aussi à la base de larenaissance du Biancu Gentile, vieux cépageautochtone. Mais leur plus grande fierté,c’est sans doute que leurs deux fils, Jean-Baptiste et Antoine-Marie, marchent dansleurs traces.Ramassé en premier, le Bianco Gentile, Vinde Pays (2010) aux reflets verts, au nez depâte d’amande, de figue blanche, en bouchela structure s’orne de traits floraux et fruitésponctués de notes aux amers délicats. Vermentinu Carco 2010, du nom du lieu-dit,aux tournures jaune vert, parfumé de cédratconfit, de fleurs blanches, avec en bouche unéclat frais qui d’un coup de silex entaille lagalbe pour dévoiler les aspérités minérales.

Les calcaires coquillés dans lesquels pour lespieds de Vermentinu apporte une noteiodée. Pressurage direct et cuve inox.Cuvée Zéro 2009 niet au soufre comme sonnom l’indique est prévu pour la soif, unrouge truculent fait de l’unique Niellucciu, unjus fermenté spécial bistrot, croquant etplein de fruits pour recevoir les amis.Cuvée Morta Maïo 2009, une parcelle enface de la cave qui fait macérer sesNiellucciu pendant 20 jours et les élève dansle béton. Grenat foncé, il éclate en boucheet fait voler dans tout l’espace palatin lesgelées de cassis, de fraise et de groseille, par-fumée de thym et de poivre. Cuvée Carco 2009 des vignes plus vieilles eten coteaux. Confiture de figue et de prunel-le. Bouche corpulente aux tanins construits, àla fraîcheur sapide qui donne du punch.

Domaine d’E Croce (Yves Leccia)Ayant quitté le domaine familial, Yves Lecciaredémarre sa vie de vigneron à quelques jetsde pierre. Avec la belle Sandrine, il fonde sapropre exploitation, avec comme seul via-tique quelques vignes du père, et quelquesparcelles en fermage. Au total, 15 hectaresrépartis entre E Croce et Partinelone.Il s’agit de coteaux mêlant calcaires etschistes exposés sud-ouest, à l’abri desserres. Yves ne manque ni de caractère, ni de savoir-faire, aussi vole-t-il très bien de ses propresailes, et ses vins portent haut les couleurs duPatrimonio.

Biancu Gentile 2010 au nez de pommedouce, de poire, la bouche croquante, cristal-line, une amertume racée au goût de réglisse.Patrimonio blanc 2010 100% Vermentinu quipoussent sur des calcaires posés sur un socleschisteux, robe platine, nez floral teinté defenugrec, la bouche un rien saline, la textureau léger relief.Patrimonio rouge 2008 95% de Niellucciu,5% de Grenache, le nez discret livre de laprunelle, du sureau. La bouche certes plusbavarde conserve une certaine austérité,rigueur minérale qui donne l’impression desucer un caillou; sur ce pavage minéral sedéposent quelques fleurs jaunes, des fruitsrouges. Le vin est élevé en cuve pendant 12mois.

Cuvée rédactionnelle élaborée parHervé Lalau et Marc Vanhellemont

Liste des importateurs• Alivu - [email protected] • Angeli - www.casa-angeli.com • Arena - [email protected]• Cordoliani - Passions de Peronne/ Champs Fulliots

www.domaine-cordoliani.com • E Croce - Cave des Oblats* - www.yves-leccia.com• Gentile - www.domaine-gentile.com• Gioielli - +33 4 95 35 42 05 • Leccia - [email protected]• Mariotti-Bindi - 06 12 05 24 59• Nicrosi - [email protected]• Orenga de Gaffory - Grde Dis. Charleroi/Melchior*/

Badoux - Aigle(Ch) - www.orengadegaffory.com• Pieretti - Toby - www.vinpieretti.com• Teddi - www.closteddi.com

*Partenaire IVV

POUR NE PAS DÉGUSTER IDIOT…Aller au Cap Corse et à Patrimonio et passer sa journée dans les caves, ce seraitpour le moins dommage. Entre deux dégustations, prenez le temps de découvrirl’île dans l’ile, et l’épaule de la Corse…. Voici quelques détours incontournables,testés par vos deux serviteurs…Près de Patrimonio :La corniche d’OlettaLa cathédrale du Nebbio à Saint FlorentLa vieille ville de Saint Florent, sa marina, ses nombreux restaurants de poissonCap Corse (Est) :Erbalunga (le petit Collioure capcorsin)Rogliano/CampianoCap Corse (Nord et Centre)Barcaggio et la vue sur la l’île de la Giraglia Le moulin Mattei et la vue sur le CapLuri (l’église)La D36 de Meria à MorsigliaCap Corse (Ouest)Centuri et son sentier des douaniersLa route de la Corniche côtière entre Centuri et NonzaNonza (le village)

�MARIE ARENA

�YVES LECCIA

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Cette fois, votre mission, si vousl’acceptez, sera de faire du mythe uneréalité. Haut les cœurs et Haut Brion !

Nous partons pour une croupe de gravesaujourd’hui encerclée par la ville,pour une capsule temporelle quinous parle d’un âge d’or du vin.

«The New French Claret»Vous aimez l’histoire, vous allez être servis:celle d’Haut Brion remonte aux Romains(pour lesquels le vignoble bordelais se résu-mait peu ou prou aux Graves) ; autre grandedate:1533, avec l’arrivée de Jean de Pontac, quiconstruit le château et réserve un belle par-tie du domaine à la vigne. Mais la figure laplus marquante de la famille, c’est Arnaud III,Président du Parlement de Bordeaux, quiagrandit a demeure (celle dont on voit ledessin sur l’étiquette) et double la surfaceplantée de vignes. Surtout, il révolutionne les rouges de larégion ; cuvaisons plus longues, ouillage etsoutirages sont introduits dans la vinification.Le New French Claret est arrivé – il est beau-coup moins clairet, il se conserve beaucoupmieux, et même, il supporte les voyages. Dèsla fin du 17le siècle, on le sert à la cour duRoi d’Angleterre (les Anglais l’orthographientindifféremment «Ho Bryen» ou «Hobriono»).Le fils d’Arnaud, François-Auguste, ouvremême une taverne à Londres, «In the Sign ofPontac’s Head» où il débite son vin. Celuid’Haut Brion, qui compte alors 38 hectaresde vignes, mais également celui d’autres pro-priétés de la famille.Quoi qu’il en soit, sa notoriété éclipse viteles autres, et Haut Brion est le premier vrai«cru» à voir le jour à Bordeaux, à être désignépar le nom de son terroir, et non par le nomde son propriétaire. Jonathan Swift le trouvecher, mais l’apprécie.

Le vin des Grands

Cet engouement de nos amis anglo-saxons –britanniques, mais aussi américains – et deleurs négociants, n’est pas pour rien dans laréputation d’Haut Brion. En 1787, ThomasJefferson le classe parmi les 4 grands deBordeaux, au côté de Margaux, de Lafite etde Latour. Un jugement entériné par leClassement de 1855, qui fait de ces 4domaines quatre Premiers Grands CrusClassés. Et Haut Brion, le seul vin des Gravesdans ce club très fermé.

Autre propriétaire remarquable: Talleyrand,qui l’acquiert en 1801 et le revend en 1814.Entretemps, il n’hésite pas à utiliser les vinsdu château dans la diplomatie de l’Empire. Mais la période moderne, elle, commenceen 1935, avec l’acquisition du domaine par lefinancier américain Clarence Dillon – onraconte que le banquier aurait décidé del’achat sans même descendre de sa voiture,car il pleuvait à verse. Ses héritiers sont tou-jours propriétaires d’Haut Brion. A savoir, àpartir de 1975, Joan Dillon, mariée en pre-

MISSION : HAUT BRION

ICÔNES IVV

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mières noces au Prince Charles deLuxembourg, puis, après son décès, au Ducde Mouchy. C’est son fils, Robert deLuxembourg, qui préside aujourd’hui lasociété familiale.Observons par ailleurs qu’en 1961, le châteaua renoué avec son rôle de précurseur; ce futle premier des grands crus à remplacer sesfoudres par des cuves inox. Il a été beau-coup critiqué à l’époque, avant d’être imitépar la plupart.

Ah, les belles croupes!L’histoire, c’est bien, mais quid du terroir ?En veux-tu en voilà: en surface, il s’agit bienévidemment de graves, dont Haut Brion estun des fleurons ; le sous sol, lui, mêle dusable (alios), de l’argile et du calcaire, notam-ment du falun (calcaire coquillé). Son épais-

seur varie beaucoup selon les endroits (de20 cm à plus de 3 mètres), car les dépôts degraves forment ici deux croupes d’une dou-zaine de mètres au dessus du lit des coursd’eau. Leurs pentes sont bien exposées et surtout,elles assurent un excellent drainage naturel.Les pierres réfléchissent la lumière du soleil,ce qui facilité la maturation du raison – unélément important quand on se trouvecomme à Bordeaux, en limite Nord decépages comme le cabernet sauvignon ou lemerlot. Le domaine compte 46 ha de vignes, dontun peu moins de 3 ha de cépages blancs.

Et puisque l’on parle cépages, notons queChâteau Haut Brion est à la pointe enmatière de sélection clonale : en 1994, ledomaine a fait homologuer par l’INAO pasmoins d’une trentaine de nouveaux clonesde rouges, qu’il utilise depuis.Dans ses cuvées, Haut Brion marie Merlot etCabernet Sauvignon à parts égales (environ45%) complétés d’environ 9% de CabernetFranc et d’une pincée de Petit Verdot. LaMission Haut Brion (réunie au domaine, maisvinifiée séparément) est un peu plus axéesur le cabernet sauvignon (47%), mais le mer-lot n’est pas très loin derrière (43%). Lecabernet franc complète le trio avec 10%.C’est une des raisons – mais pas la seule –pour laquelle la Mission est généralementperçue comme plus opulente que leChâteau.

Un originalité de la période contemporaine :les régisseurs du domaine s’y succèdent depère an fils. A son arrivée en 1935, ClarenceDillon confirme Georges Delmas a ce poste ;en 1961, c’est son fils Jean-Bernard qui luisuccède, puis, en 2003, son petit-fils Jean-Philippe. De quoi assurer la perpétuation dela tradition…

Noblesse d’empyreumatique etroture de banlieueMais que peut-on attendre d’une bouteillede Haut Brion ? Je parle du contenu, et nondu prix à la revente. Si l’on prend pour principe que la valeur ducru est ce qui transcende le millésime, alorsHaut Brion, alors, c’est tout sauf la flam-boyance. Comme il sied à un grand seigneur,celui-ci vous vous traite d’abord avec uneréserve polie. C’est le genre de vin qui ne sedonne pas d’emblée, mais se révèle peu àpeu au palais. Un fumé inimitable, des tan-nins d’une grande finesse, un corps bien fait,et surtout une grande longueur. C’est lamarque d’une grande origine, sans aucundoute, mais aussi d’un travail très soigné auchai : et notamment, de 22 mois d’élevageen fût neuf.Outre le vin, que j’ai rarement l’occasion dedéguster (et je suppose que vous êtes nom-breux dans mon cas), le lieu est intéressant:un château, un terroir d’exception, un cru àdimension planétaire, le symbole du luxe leplus classieux est aujourd’hui encerclé parl’agglomération bordelaise. C’est un îlot deverdure en bordure de l’avenue Jean Jaurès(quel symbole !) et de la voie ferrée.Il y a donc peu de chance pour que les voi-sins d’Haut Brion ne lampent ne serait-cequ’un dé à coudre du noble breuvage, alorsque ses magnums emplissent les coffres decollectionneurs de Singapour, de SaintPetersbourg ou de Sioux City (Iowa).

Cela n’enlève absolument rien au vin, bien sûr !

Hervé Lalau

ET LES PRIX ?

Le 2006 et le 2007 s’échangent aux alentours de 650 euros TTC. Le 2009 (en primeur)à 1050 euros. Pour l’instant, Haut Brion défie la crise !En comparaison, le 1995 est presque bon marché, aux environs de 750 euros. Sans par-ler du 1969, à peine à 500 euros.

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On n’honorera jamais assez les bâtisseurs de cathédrales. Les poètes.Les romanciers. Les chanteurs-compositeurs. Les peintres. Les musi-ciens. Les danseurs. Les inventeurs. Les mathématiciens. Les chercheurs(et surtout les trouveurs). Mais il y a-t-il de semblables maîtres enmatière de critique, et notamment vineuse ? Je ne le crois pas. Le maître, c'est celui qui crée, pas celui qui commente.

Comme journaliste, je rends compte. Comme dégustateur, je décris. Etje trouverais incongru que mes opinions empêchent un vigneron defaire le vin qu'il aime. A fortiori, je pense que si les commentaires d'unParker, d'un Bettane, d'un Johnson ou d'un Spurrier ont pu influencer unproducteur dans sa façon de faire son vin, c'est qu’il n'était pas unmaître.

Un maître a son art, sa manière, sa conception de son œuvre, et dansnotre esprit, s'il s'en détourne, il n'est plus un artiste, à peine un artisanqui travaille sur commande et sur des plans qui ne sont pas les siens.Un vague exécutant. Tout ce que nous avons pu écrire sur la qualité deson vin ne devrait pas plus compter qu'une plume sur la balance deson jugement.

Tant mieux si nos recommandations vous incitent à découvrir des vins.Mais ne sommes suis pas les créateurs, seulement des passeurs. Etavec tout le respect que nous devons à nos éminents confrères, toutesleurs descriptions, toutes leurs prises de position, tous leurs palmarèsne valent pas un bon verre de vin.Ni l'ancienneté dans le métier, ni la notoriété ne leur donne une vraiesupériorité. Ils étaient là au bon moment, ils ont su sortir du lot, ilsont su parler à une génération qui était prête à les entendre. Ils ontune réputation, des affaires, du succès. C'est très bien. Parfois, nousavons même plaisir à les lire.

Souvent, cependant, ils nous ont hérissé le poil. Les vignerons qu'ilsrecommandent ne sont pas toujours ceux que nous préférons. Ils ontparfois orienté le consommateur, et même le producteur, vers desvoies sans issue, comme l'extraction, la course au petit rendement, ledegré. Et surtout, l'élitisme.

Bien d'autres qu’eux, sans doute, auraient le droit de s'exprimer haut etfort comme ils ont pu le faire. De jeter leurs anathèmes ou de distri-buer leurs bons points comme on jette le riz à la sortie des mariages.

Nous ne les connaîtrons jamais, ces obscurs, parce que ils n'ont paspercé. Parce qu'ils gardent leur avis pour eux. Ou parce qu'ils tiennentleur cour, non à Paris, à Bruxelles, à Londres ou à New York, mais àErps-Kwerps ou à Lamotte-Beuvron.Et il est un rôle plus discret, dans notre monde du vin, mais plus

important à mes yeux que celui d’un «wine guru»: c’est celui de l’initia-teur. Celui qui vous met votre premier verre en main. Et vous donnevos premiers émois, non en vous disant quoi ressentir, mais en vousexpliquant un peu du pourquoi et du comment du vin. Merci Papa.Malgré tout ce qui précède, j'ai un certain respect pour les grandsnoms de la critique quand ils mettent leur au service du produit. Je les aime moins quand ils tendent à formater l'opinion. Ni quand ils monnaient de manière éhontée les charmes de leur prose,ou plutôt, de leurs notes. La dernière affaire en date, celle quiimplique Jay Miller, Robert Parker et la Wine Academy of Spain, jetteun certain trouble sur la logistique et l’indépendance des dégustationsdu Wine Advocate. On l’appelle déjà le «Jumillagate».Sans vouloir jouer les donneurs de leçon, je me félicite qu’à IVV, lamodestie de notre train de vie nous ait permis d’éviter ce problème.

Hervé Lalau

CRÉATEURS, COMMENTATEURS… ET MERCANTI

LA PAGE DÉCHIRÉE

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« Au siècle dernier, la vendange arrivaitpar la mer ! Pour certains vignerons

dont les parcelles étaient inaccessiblesc’était souvent indispensable.

Et aujourd’hui voilà ! On n’amène plus deraisin par la mer, mais on continue à fêter la vendange sur la plage ! ».

Ce mot d’accueil d’un vigneron anonyme ,au visage bien rougeaud et fouetté par la tramontane, plante le décor.

Effectivement, à Banyuls, ce petitvignoble de France, posé sur la rive

méditerranéenne à la frontière espagnole, lavendange était anciennement descendue àdos d’homme jusque dans les criques. On lachargeait alors sur les petites barqueslocales, pour la débarquer ensuite la plagesituée au centre du village, non loin de lacoopérative. La tradition voulait que lesrepas quotidiens et le repas de vendangesse tienne sur la plage même. Dans ce paysoù les sols horizontaux ne sont pas légion,c’était une facilité. On pouvait y allumerdes feux, cuisiner et être à son aise.

Forts de ces bases historiques, les vigneronsde Banyuls ont remis au goût du jour la fêtedes vendanges. Certes, seules quelquesgrappes arrivent à la plage par bateau, mais

c’est un joli clin d’œil à l’histoire, l’ambiancey est, et c’est peut être l’essentiel !

Dès le matin, chaque vigneron vient installerses tables, ses chaises, et surtout préparerson feu ou sa broche. Car c’est du sérieux :on grille, on tournebroche, et surtout on cui-sine la fideoa, grand plat cousin de la paella,mais dans lequel le riz est remplacé par despâtes de blé. On s’agite, on s’interpelle avecun accent rocailleux et ça sent bon le vraiterroir. On y rencontre des responsables pro-fessionnels chapeautés ou casquettés, carsous la tramontane qui décoiffe, le soleil estbien présent.

Le Banyuls aidant, l’actualité viticole est aucentre des conversations : une fort bellerécolte est en cave, les prix se tiennent, maisils ne sont pas encore assez rémunérateurspour éviter l’abandon de certaines parcelles.Il faut dire que le terroir est vraiment trèsparticulier : aride, accidenté, ces terres deschistes sont ingrates. La culture se fait enterrasses étroites et ce relief interdit toutemécanisation. La taille traditionnelle engobelet oblige le vigneron à se courberencore plus. Le terroir de l’appellationBanyuls, c’est quelque 2000 ha de pentescaillouteuses, délimitées en 1936 et plantéesd’une large palette de cépages méditerra-

néens : grenache, macabeu, malvoisie, mus-cat, avec des touches de syrah et de cari-gnan. Pour accompagner les efforts de quali-té, l’appellation Banyuls grand cru voit le jouren 1962 avec un rendement limité à 30 Hl /Ha et surtout un temps de vieillissementminimal de 30 mois minimum. Le vin douxnaturel de Banyuls est un vin « muté ». Le «mutage » consiste à interrompre la fermenta-tion du vin par l’ajout d’alcool. Il reste doncdans le Banyuls du sucre naturel, mais le tauxd’alcool est à hauteur de 17 degrès. Il estconservé ensuite de longues années enfoudres ou en bombonnes de verre et gagnealors ses lettres de noblesse. Cet étonnantvieillissement offre des vins remarquables :pleins, puissants, charpentés et racés. Onpeut les déguster en blanc, rouge et rosé, car,suivant la tendance générale, la productions’est diversifiée récemment dans cette cou-leur. Vins capiteux et complexes ils font d’ex-cellents apéritifs, accompagnent fort bien lesfromages persillés et les chocolats, mais peu-vent également faire merveille sur dessaveurs exotiques un peu épicées..

Texte et photos : François Millo

QUAND BANYULS FÊTE SES

VENDANGES…

IVV FIESTA

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Cépage autochtone du Frioul italien, ilcolonise les collines ventilées des zones

frontalières avec la Slovénie.

Une origine incertaineavant JC. D’autres la voient grecque, originairede l’île de Céphalonie où pousse encoreaujourd’hui la Robola. Elle aurait été rappor-té au Frioul par les Vénitiens au temps où laSérénissime étendait sa domination aux îlesioniennes. Ils l’appelaient alors Rabiola delCollio et l’appréciaient énormément pour safraîcheur et ses qualités aromatiques.Toutefois, la majeure partie des étudesdédiées à ce cépage le dise autochtone, cequi est moins romantique, mais plus réaliste. Il vécut sereinement jusqu’au 19e siècle,époque des grandes maladies. L’oïdium l’in-festa dès les premières décennies, le phyl-loxera faillit l’achever. Miraculé, il fallutattendre la fin du siècle dernier pour le voirse répandre à nouveau dans sa région de pré-dilection, ainsi qu’en Slovénie, où on l’appelleRebula.

Regard ampélographiqueCépage vigoureux, à feuilles trilobées peudécoupées, il donne des grappes de taillemoyenne, de forme cylindrique pyramidale,aux grains sphériques peu serrés de couleurjaune doré à maturité. Leur peau peu épaisseles rend sensibles à la pourriture les annéespluvieuses. Assez tardif, il se récolte vers la finseptembre. Moment où feuilles, bois et baiesteintent le vignoble d’un camaïeu jaune, cou-leur qui a dû inspirer le qualification accollé àson mom (gialla = jaune en italien).

Ribolla Gialla 2010 DOC RibollaGialla dei Colli Orientali delFriuli, Azienda SirchLa robe teintée de jaune paille aux refletsémeraude se parfume délicatement de gui-mauve, ajoute la note fumée du silex frotté,la douceur fruitée de l’abricot rafraîchi de lavolatilité de l’écorce de pamplemousse. La

bouche frise ses moustaches florales deminuscules bulles, carbonique subtile quiencourage la fraîcheur, installe le minéral,renforce le développement fruité et floral,fait rebondir le vin sur son galbe langoureuxpour mieux faire exploser ses parfums subti-lement hydrocarburées de rose et de fleursd’oranger. La longueur s’adosse à la fraîcheuret nous inscrit en mémoire l’empreinte aro-matique de la jaune Ribolla.

Le vinLes vignes de Ribolla, âgées de 7 à 35 ans,poussent dans des argiles et des marnes,plantées à une densité de 3.000 à 4.500pieds/ha. Les raisins, récoltés à la main, sonttriés pour ne garder que les plus mûrs et lesplus sains. La Ribolla Gialla, sensible à l’oxy-

dation, voit ses grappes rapidement refroi-dies au moyen de neige carbonique. Aprèsune courte macération à une T° de 7°C, lesraisins sont pressés en douceur sous atmo-sphère inerte. Après un débourbage statique(au froid) le jus fermente en cuve inox, sansmalo pour conserver un maximum de fraî-cheur (5,6 g d’acidité). L’inox garde le vinpour son élevage de 6 mois sur lies fines.

Le domaineLa famille Sirch possède 7 ha de vignes ausein de l’appellation Colli Orientali. Elle s’estfait une spécialité de la plantation d’ancienscépages traditionnels. On peut toutefoistrouver chez eux les autres variétés admisessur l’appellation. Ce sont Pierpaolo et ses filsLuca et Giordano qui se partagent les tâchesviti-vinicoles.

Marc Vanhellemont

• www.sirchwine.com - Van Dinter/DeKok/Van Den Bossche

CES PAGES OUBLIÉES…

LA RIBOLLA GIALLA, MIRACULÉE DU FRIOUL

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Enfin la nuit aux ailes sombresEnfante un œuf léger, l’Erèbe dans son sein

Le reçoit, l’échauffe, et soudainDe cet œuf naît l’Amour,

(Les Oiseaux, Aristophane).

Nous savions par l’entremise de quelquesamateurs éclairés – et pas uniquement

de Vins Nature- que Michel Augé, duDomaine des Maisons Brûlées, apparaissaitcomme un grand maître, voire le GrandMaître du « Sans Soufre »… raison suffisantepour faire plus ample connaissance… à traverscette rubrique «Caracterre»

Dès le premier contact, la personnalité de cevigneron nous frappe par sa modestie, parcette simplicité qui semble émaner des pro-fondeurs de son être. Son attitude non-directive s’assortit d’une réceptivité perma-nente. Il est homme d’esthétique, dans lesens originel du mot grec: à l’écoute de sessens. Cela se remarque à sa façon d’être avecses hôtes. Avec sensibilité, il recherche laplus juste attention à leur octroyer, tout ense réservant une certaine distance. Et quand«la sauce prend», il se fait plus attentionné. L’ambiance devient alors partageuse etconduit à une atmosphère de compréhen-sion implicite.

Michel Augé prend son temps et il nous endonne. En lui résonne incontestablement lediapason du rythme et du tempo. Sa paroleest un lent bouillonnement de mots et depensées qu’on entend. Déguster ses vins ensa compagnie devient un exercice méditatif.Un arôme apparaît, puis tous surgissent dansl’instant qui suit. Comme l’émotion, qui

d’abord ténue, se multiplie et nous envahit.Tout cela sans oublier le maintien qu’il siedpour garder l’harmonie.

Ce vigneron-augure sait quelle patience etquel soin il faut pour porter à la lumière cequi était caché dans l’obscurité. Son Erèbe,archétype du genre, certes dédié au Cosmos,s’accorde aux saisons. C’est avec un amourvigilant et quotidien que Michel le mène àterme.

Paysan vigneron, philosophe certes,Péripatéticien quand il marche dans sesvignes, il nous laisse entrevoir simplementtoute la complexité de la vie. Comprendrait-il le langage des oiseaux comme le suggère lenom des cuvées Le Petit Ucello ou encoreL’Oiseau Piccolo ? Saurait-il récolter la pré-cieuse Poussière de Lune ? En tous cas, il aapporté à la nature une dimension culturelle.Elle que l’on cantonne d’habitude à la banalitéagricole.

L’Altérité, où à l’exemple du Cosmos, tout,même le disgracieux, aboutit à un ensembleharmonieux. Michel possède aussi quelquechose du thérapeute qui accompagne avectact, sans forcer, le potentiel et les dyna-miques sous-jacentes.Il assiste aux actes guérisseurs des liaisonsmycéliennes spontanées et il lit les texturesracinaires fragiles et souterraines qui ne se

détectent qu’intuitivement. Le respect desparticularités et des apparences divergentessont le ferment de l’authenticité. Une entrevue avec un vigneron permet depercevoir ses rapports avec son vignoble, sesraisins et ses vins. Regard sur une identité quicomme un grand vin longtemps reste enmémoire.

L’Érèbe Vin de Table FrançaisFleuve tranquille aux reflets sombres et vio-lets qui semblent par la nuit enfantés. Il coule serein, emplit le cristal tendu commeune preuve d’amour non encore avoué. Il tourne dans le verre et laisse entrevoir soncœur. Il palpite comme une pépite de cacaoparfumée de violette. Il tourne encore et cesont alors mille senteurs qui se bousculent.Des courants d’épices longent la rive cristalli-ne, des filets floraux délicats remontent têtule long des parois, des vaguelettes fruitéessautillent jusqu’à l’orbe transparente. Chaqueélément adopte une direction différente,change de sens, d’orientation, semble cher-cher sa voie jusqu’à sa place idoine dans cetindescriptible chaos.À l’embouchure des lèvres, si le chaosdemeure, sa lecture a changé. La compré-hension du désordre ordonne celui-ci. Alors,comme dans un mandala tannique cousu desoie fraîche et moelleuse, un monde nou-veau se crée. La graine animale fleurit enfruit, l’acidité dynamise cette création, puis la

CARACTERRE

MICHEL AUGÉ UN DÉMIURGE EN VALLÉE DU CHER

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pulsation se canalise, se densifie, s’approfondit. Lentement, tout semet en place. Après le réchauffement buccal, arrive la sagesse deslongueurs qui s’étirent encore et encore. Durant cette calme éternité, jouissons des enseignements, des vécusoraux.

Cette construction semble née d’une idée, d’un terrain peu fertile,d’un vecteur végétal, qui est son géniteur ?«Des cuvées de rouge, c’est l’Erèbe qui pour le moment se goûte lemieux, contrairement à l’habitude. C’est du Côt mêlé de CabernetFranc avec des tanins forts. La première fois, en 2003, je pensais l’avoirratée. Je voulais l’éliminer. Béatrice, mon épouse, visite la cave avecmoi quand j’ai des doutes. Elle m’a dit d’arrêter de la déguster, de larevoir 2 mois plus tard. Le délai passé, le vin s’était transformé en véri-table nectar. Les vins qui s’expriment mal demandent du temps pourse tourner vers l’extérieur. Comme toute matière vivante, il a besoinde passer par le chaos pour atteindre une vie normale. Il y en a quipassent très tôt, d’autres plus tard» Michel Augé.

Dans la mythologie grecque, selon Aristophane, au début, rien n'existesi ce n'est Chaos, un désordre obscur et vague. De Chaos naît l'Érèbe,le lieu des ténèbres absolues, et Nix, la sombre Nuit. La Nuit fécondeson frère Érèbe pour donner naissance au Jour et à Eros, l’amour. «Quand on travaille les sols, l’hiver et le gel chaotisent les choses.Cette période de stase est nécessaire à la renaissance.»

Johan De Groef et Marc Vanhellemont

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ANGE VIN17-18/02/12 – 13-21hPortes Ouvertes / 10 ans d’Ange Vin -tombola De Rooden Leeuw -Molenstraat, 35 à 3140 Keerbergen

SACACORCHOS9-10-11/03/12 Journées Portes OuvertesSabine Kerkhove Sint-Jansstraat 84 - 8791 Beveren-Leie17-18/03/12 Journées Portes OuvertesLeuvensesteenweg 70 - 3070 Kortenberg 15 vignerons - plus de 100 vins à goûter.

VERLINDEN10/03/12 – 14-20h Dégustation vins australiens et US.14/03/12 - 14-20h15/03/12 – 12-18h Grande dégustation CC ZwanebergHeist-op-den-Berg29/04/12 – 14-19h Grande dégustation - Salle “DenDrytoren” - Opdorp

Tous les samedisANGE VIN : 1er samedi du mois - 11-17hLeuvensebaan, 261 à 2580 PutteBASIN & MAROT : 14-19h ainsi que lesmercredisCAVE DES OBLATS : 14-19hCHATEAUX WIJNIMPORT : 13-18hWIJNHUIS JEURIS: 10-16hWINE NOT

CALENDRIER DES DÉGUSTATIONS DES PROFESSIONNELS BELGES DU VIN

(par ordre chronologique)

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Certains vins portent en eux des frag-ments d’histoire, de culture, de paysage.On les apprécie pour leur goût mais aussipour l’émerveillement. C’est le cas du Ben

Ryé, qui nous parle de son île dePantelleria.

Ben Ryé, c’est le fils du vent, celui quisouffle presque sans discontinuer sur

cette petite île entre la pointe de la Sicile etla première plage tunisienne. Les invasions ont apporté à ce morceau deterre une culture mixte qui mêle avec forceet raffinement Orient et Occident. LeMuscat d’Alexandrie porte ici un nom étran-ge, Zibibbo, dérivé de l’arabe zibibb qui veutdire raisin sec.Ce sont toutefois les Romains qui plantèrentlà les premiers ceps. La culture y est restéeancestrale : ici, on creuse les parcelles decuvettes dans les sables volcaniques. Unecuvette par pied de vigne qui voit sa partiebasse ainsi protégée de la brise constante,parfois forte, et conserve par ce procédé suf-fisamment d’humidité pour subsister.

Ben Ryé Passito di PantelleriaDOC Donnafugata Son ambre liquide jette des reflets or etrouges. D’emblée, il évoque la Méditerranée,respire l’iode, l’algue séchée, le bois flotté,un nez qui parle à notre imaginaire, nous faitrêver. Viennent alors les parfums de fruitssecs et confits, enchaînement d’abricot, decédrat, de figue, de Corinthe, de miel, allégédu bouquet délicat des orangers et desamandiers en fleur, des genêts qui volent auvent, des mimosas qui poudroient l’airambiant. Avant d’y goûter jaillit encore untrait de poivre.

Surprises, les lèvres trempées s’attendaient àun envol sucré, mais c’est compter sans l’aci-dité. Concentrée par les rayons du soleil, ellelui donne de l’éclat et le rend aérien. Fils duvent, il chante la bouche légère quelques airsfantasmagoriques, partition musicale quiégrène ses notes cristallines de candi, deconfit, de fleurs et de fruits. Un petit goût desel de céleri vient en final renforcer encorela fraîcheur moelleuse.

Ben Ryé, la genèseLes Muscat proviennent de 11 parcelles répar-ties sur l’île et cueillies selon leur degré dematurité. Les vendanges commencent le 15août, les grappes se déshydratent entre 20 et30 jours au soleil. En septembre, les parcellesles plus tardives sont ramassées et vinifiéesdans la foulée. À ce moût en fermentationsont ajoutés à plusieurs reprises les raisinsséchés égrappés à la main. Cette macérationfort délicate permet aux déshydratés de libé-rer leurs arômes, d’enrichir le moût en sucreet en acidité. À 14,5° et 200 g de sucre rési-duel, la fermentation est arrêtée par le froidet une filtration. Le vin mature par aprèsdurant 4 mois en cuve, puis s’affine encore 6mois en bouteille.

DonnafugataEn 1999, le domaine sicilien Donnafugata*récupère un vignoble de 7 ha aux ceps francsde pied. Le sol de sables volcaniques a pré-

servé les vignes de la dévastation phylloxé-rique. Certaines dépassent l’âge canoniquede cent ans. L’endroit s’appelle Khamma. Unecave a été construite dans cet amphithéâtrenaturel au pied du mont Gibele, haut de 836mètres. Elle s’entoure de terrasses qui escala-dent les pentes découpées dans la poncevolcanique et soutenues par des murs depierres sèches. Aujourd’hui, la propriété s’estagrandie et possède 68 ha de l’uniqueZibibbo. La famille Rallo possède également deuxdomaines en Sicile: Contessa Entellina, quis’étend sur 260 ha au cœur de la partieorientale de l’île et l’entité historique de lafamille sise à Marsala.

*Donnafugata littéralement «femme en fuite», fait référence

à l’histoire de la reine Marie Caroline, épouse de Ferdinand IV

de Bourbon, qui, au début du 19e s fuit Naples à l’arrivée des

troupes napoléoniennes pour se réfugier en Sicile, au domai-

ne aujourd’hui exploité par la famille Rallo. Cet épisode a ins-

piré le logo à tête de femme, les cheveux au vent, visible sur

les étiquettes de la gamme Donnafugata. Le nom a été rendu

célèbre par l’écrivain Giuseppe Tomasi di Lampedusa qui

l’évoque dans son roman Il Gattopardo (Le Guépard), adapté

au cinéma par Luchino Visconti.

Marc Vanhellemont

Liste des importateurs• www.donnafugata.it - Ferrarese/Wijnrank*

*Partenaire IVV

BEN RYÉ, PASSITO DE PANTELLERIA

VIGNERONS DE L’EXTRÊME

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Page 37: P708338€¦ · résister à la dictature du boisé, dans les années 90 et 2000. Un des rares qui n’ait jamais eu de gourou, de maître à penser – pire, de maître à boire

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