otan : 60 années que savez-vous · introduction par le secrétaire général de l’otan la...

44
Quelle est la mission du Secrétaire général de l'OTAN ? 10 OTAN : comment garder la forme à 60 ans 16 Que savez-vous exactement de l'OTAN ? 20 questions pour tester vos connaissances 30 OTAN : 60 années en photos 20

Upload: truongcong

Post on 12-Sep-2018

214 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

Quelle est la mission du Secrétaire général de l'OTAN ?10

OTAN : comment garder la forme à 60 ans 16

Que savez-vous exactement de l'OTAN ? 20 questions pour tester

vos connaissances30

OTAN : 60 années en photos 20

Page 2: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

2

L’objectif de la Revue de l’OTAN, publiée sous l’autorité du Secrétaire général, est de contribuer à une discussion constructive des thèmes atlantiques. Les articles qui y fi gurent ne représentent donc pas nécessairement l’opinion ou la politique offi cielle des gouver-nements des pays membres ou de l’OTAN.

La Revue de l’OTAN est un magazine électronique publié dix fois par an sur le site web www.nato.int/review. Il est disponible en 22 langues de l’OTAN (bientôt 24), ainsi qu’en arabe, en hébreu, en russe et en ukrainien.

Les articles peuvent être reproduits sous réserve de l’autorisation de la Rédaction et de la mention de leur origine (Revue de l’OTAN). La reproduction d’articles signés doit indiquer le nom de l’auteur.

Chaque mention de l’ex-République yougos-lave de Macédoine dans cette publication est suivie d’un astérisque (*) renvoyant à la note de bas de page suivante : la Turquie reconnaît la République de Macédoine sous son nom constitutionnel.

Editeur : Jean-François BureauDirectrice de rédaction : Gerlinde NiehusRédacteur en chef : Paul KingAssistant de production : Emmanuel MaduikeTel: +32 2 707 4283Fax: +32 2 707 4579E-mail: [email protected]@hq.nato.intAdresse web: www.nato.int/review

Le monde change. La Revue de l’OTAN aussi.

Qu’est- qui a changé ?• Editions mensuelles électroniques• Articles plus courts, plus ciblés• Recours accru aux techniques modernes :

débats vidéo, photoreportages

Qu’est-ce qui n’a pas changé ?La Revue de l’OTAN offre toujours un contenu de qualité supérieure, des analyses propices à la ré exion réalisées par des personnalités directement ou indirectement concernées par les questions de sécurité auxquelles est confrontée l’OTAN. Et elle est toujours disponible en 26 langues (bientôt 28).

Prochaines éditions :• L’Arctique : trop brûlant pour passer inaperçu ? • L'OTAN a 60 ans • Petraeus, Obama et l’Afghanistan • Crise nancière mondiale : quelles conséquences

pour la sécurité ?• CPEA : Spécial Partenariat • Le crime organisé : menace universelle pour la sécurité ? • Le nouveau rôle de l’Asie • L’avenir des États• Sécurité maritime : couler ou nager ? • L’OTAN, l’UE et l’avenir de la sécurité

Toujours d’actualitésur www.nato.int/review

Page 3: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

3

L'Otan a 60 ansSolidement enracinée,

elle se ramifi e

1949, année de la création de l’OTAN, est à la fois riche en souvenirs du passé et en signes précurseurs de l’avenir.

Le monde commence à peine à sortir du cauchemar de la Deuxième Guerre mondiale. Au Royaume-Uni, le rationnement des vêtements, indispensable en temps de guerre, est levé. Berlin, le cœur du Troisième Reich quatre années plus tôt, est divisé en deux, et sa partie occidentale soumise au blocus de l’URSS.

Les différends de plus en plus marqués avec les Soviétiques adoptent une tonalité nouvelle, après que ceux-ci aient fait exploser leur première bombe atomique. 1949 marque aussi la victoire des communistes dans la guerre civile en Chine. Les craintes d’un renforcement du totalitarisme sont illustrées par la publication du livre de George Orwell, ‘1984’.

Malgré cela, ces appréhensions s’accompagnent de signes de progrès. 1949 voit la naissance du premier ordinateur doté d’une mémoire. La même année, un avion de l’US Air Force effectue le premier vol sans escale autour du globe.

C’est dans ce contexte que l’OTAN voit le jour. Dans une certaine mesure, elle représente une réaction aux deux fortes émotions qui caractérisent l’époque : la crainte et l’espoir. La crainte d’un ordre mondial en proie aux incertitudes et en rapide évolution est bien tangible, alors que, parallèlement, l’on espère sincèrement que le pire appartient désormais au passé. Dans de telles circons-tances, l’OTAN en tant que force défensive devient presque immédiatement un acteur majeur.

Les années qui se sont écoulées depuis ont été marquées par des changements d’une ampleur et d’un rythme inégalés dans l’histoire de la civilisation humaine. L’exploration spatiale, la communication numérique et les voyages de masse à l’étranger ont rendu le monde plus petit et plus interconnecté.

En dépit de ces progrès pourtant, la peur et l’espoir demeurent très présents aujourd’hui. De même que l’OTAN.

Paul KingRédacteur en chef, La Revue de l’OTAN

L’OTAN et le changement : action et réaction

Photo de couverture : fotolia.fr

L’OTAN a 60 ans 4Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN

La sécurité, notre mission commune 7La chancelière allemande Angela Merkel et le président français

Nicolas Sarkozy exposent leur vision sur la meilleure façon de

parvenir à la sécurité.

Une Alliance de valeurs très appréciée 9Kurt Volker, Ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN,

explique de manière succincte comment l’Administration Obama

perçoit l’OTAN après soixante années d’existence.

Secrétaire général de l’OTAN : une fonction en pleine évolution ? 10A l’instar de l’OTAN, le rôle du Secrétaire général a fortement

évolué au fi l du temps. Ryan Hendrickson raconte l’histoire de ceux

qui ont initié ces changements.

Les voix de l’histoire 14Au fi l des années, de nombreux politiciens, experts et

universitaires ont eu recours aux pages de La Revue de l’OTAN

pour prédire l’avenir. Voici un fl orilège de leurs citations.

Garder la forme à 60 ans 16Daniel Korski esquisse ce qu’il considère comme les principaux

défi s pour l’OTAN au cours des prochaines années. Il formule

également quelques conseils.

60 années en photos 20Ce photoreportage off re des instantanés de l’histoire

de l’OTAN : des personnalités aux opérations de l’Alliance, des

premières années à 2009.

Le moment est venu de décider : l’OTAN face à des choix diffi ciles pour l’avenir 28Charles Kupchan, membre du Council of Foreign Relations, met

l’accent sur trois domaines cruciaux pour l’avenir de l’OTAN.

Êtes-vous un expert de l’OTAN ? 30Vous pensez connaître l’OTAN ? Ces vingt questions vous

révèleront si vous avez raison.

De l’AMF à la NRF 32Le débat sur les forces de réaction rapide de l’OTAN semble ne

jamais devoir prendre fi n. Diego Ruiz Palmer rappelle leur évolu-

tion jusqu’à ce jour.

N’oublions pas la science… 38La connaissance, c’est le pouvoir… Et la science est un facteur

essentiel de connaissance. Le professeur Sir Brian Heap explique

comment la science est devenue une activité de l’OTAN.

Le nouveau Concept stratégique de l’OTAN : point de vue d’un parlementaire 40Alors que l’OTAN prépare son nouveau Concept stratégique,

l’ancien ministre norvégien des Aff aires étrangères, Jan Petersen,

énonce ce qu’il faut y inclure, à son avis.

Page 4: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

4

Alors que l’OTAN célèbre son 60ème anniversaire, jamais elle n’a fait l’objet d’autant d’attentes. L’Alliance maintient la paix au Kosovo, elle est impliquée dans des missions de stabilisation et des opérations de combat en Afghanistan, elle assure une opération navale antiterro-riste en Méditerranée, elle apporte son aide à la réforme de la défense en Bosnie-Herzégovine, elle forme des forces de sécurité iraquiennes et elle fournit un soutien à l’Union africaine. L’OTAN est au cœur d’un vaste réseau en expansion de partenariats regroupant des pays du monde entier et elle instaure une coopération plus étroite avec des institutions civiles essentielles. Le processus d’élargissement de l’Alliance demeure en outre un puis-sant stimulant qui incite les pays candidats à l’adhésion à procéder aux réformes internes nécessaires.

A soixante ans, l’OTAN est devenue un composant à ce point indispensable de l’environnement sécuritaire international qu’il est diffi cile d’imaginer qu’à une époque, il ait pu en être autrement. Or, tel a bien été le cas. La durée initiale du Traité de Washington de 1949 avait été modestement fi xée à vingt ans, estimant qu’à l’issue de cette période, le redressement d’après-guerre de l’Europe occidentale serait achevé et que le pacte de défense transatlantique serait devenu obsolète. Rares étaient les personnes présentes à la création de l’OTAN qui auraient osé espérer que cette Alliance non seule-ment survivrait aux conditions de la Guerre froide ayant entraîné sa création, mais qu’elle s’épanouirait en fait dans un environnement sécuritaire radicalement différent.

La raison pour laquelle l’OTAN, projet temporaire au départ, s’est muée en une entité permanente n’est pas diffi cile à comprendre. Il s’agit, tout simplement, de l’intemporalité de la logique de la coopération transatlan-tique en matière de sécurité. La nécessité pour l’Europe et l’Amérique du Nord de faire face ensemble à des défi s sécuritaires demeure tout aussi pressante aujourd’hui que voici soixante ans. Il en va de même de la nécessité de disposer d’un cadre institutionnel transatlantique, qui permet la consultation politique, la prise de décisions en commun et l’action conjointe. Seule l’OTAN peut fournir un tel cadre.

Lorsque nos chefs d’État et de gouvernement se rencon-treront les 3 et 4 avril au Sommet du 60ème anniversaire de l’OTAN à Strasbourg, en France, et à Kehl, en Allemagne, ils célébreront sans nul doute les réalisations

historiques de l’Alliance. Les lieux-mêmes où se tiendra ce Sommet attestent d’ailleurs le succès avec lequel l’OTAN a facilité la réconciliation de l’après-guerre. Toutefois, si les réussites du passé peuvent susciter la confi ance en l’avenir, elles ne peuvent se substituer à un nouveau mode de pensée et à de nouvelles politiques. Alors que l’OTAN entre dans sa septième décennie, elle doit surmonter une série de défi s plus diffi ciles et plus complexes que tout ce à quoi elle a été confrontée auparavant. Le Sommet de Strasbourg/Kehl ne doit dès lors pas se limiter à des déclarations d’autosatisfaction. Il doit, au contraire, constituer une opportunité pour l’OTAN de franchir une nouvelle étape majeure de son évolution.

Trois défi s incontestables

Le premier d’entre eux est l’Afghanistan. Pour réussir notre engagement dans ce pays, nous devons assurer une meilleure concordance entre nos ambitions et les moyens que nous acceptons de déployer. J’espère sincèrement que les Alliés seront en mesure de renforcer leurs contributions respectives. Nous remportons un franc succès en matière de formation et d’équipement de l’Armée nationale afghane et nous devons nous appuyer sur ces progrès. L’aptitude de la police afghane à jouer son rôle en assurant la sécurité et la stabilité est essen-tielle. Mais nous – et la communauté internationale dans son ensemble – pouvons faire bien davantage encore en ce qui concerne la dimension civile : nous pouvons aider les Afghans à édifi er des institutions qui fonctionnent, à combattre le crime et la corruption, ainsi qu’à lutter plus effi cacement contre le problème de la drogue. Ce que nous devons cependant éviter à tout prix, c’est de laisser les différents pays envisager de manière trop étriquée leur rôle spécifi que dans une région ou un domaine fonctionnel particulier. Il est vital que nous gardions tous une vue d’ensemble de la situation et que nous poursuivions notre engagement en Afghanistan dans l’esprit d’une entreprise transatlantique commune.

Cette vue globale s’étend bien au-delà de l’Afghanistan. Elle inclut toute la région environnante, en particulier le Pakistan, envers lequel nous devons nous engager plus fermement. Par ailleurs, nous devons parvenir à une coopération bien plus étroite et plus effi ciente de nos ins-titutions militaires et civiles. En d’autres termes, il convient d’instrumentaliser plus avant une approche véritablement globale et cela, pas uniquement en Afghanistan, mais

Jaap de Hoop Scheff er, Secrétaire général de l’OTAN, expose les trois défi s majeurs auxquels l’Alliance est, selon lui, confrontée.

Page 5: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

5

également en réaction à d’autres défi s transnationaux ur-gents. La Déclaration commune ONU-OTAN, signée par le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki Moon et moi-même en septembre dernier, devrait contribuer aux progrès dans cette voie.

Le deuxième défi majeur concerne nos relations avec la Russie. Le confl it d’août dernier en Géorgie a été interprété de différentes façons. Il pose également certaines questions graves quant à la détermination de la Russie à entretenir des relations positives non seulement avec ses voisins directs, mais aussi avec notre Alliance. Il est clair que nous ne permettrons pas à la Russie d’entraver l’élargissement de l’OTAN. Ce processus est un élément essentiel de notre objectif qui consiste à consolider l’Europe en tant qu’espace de sécurité unifi é et démocratique – un objectif qui n’est pas négociable. Mais les relations entre l’OTAN et la Russie sont trop précieuses pour les laisser s’enliser dans des arguments relatifs à l’élargissement ou, a fortiori, à la défense antimissile ou au Kosovo.

Nous devons avoir un ordre du jour positif, refl étant l’importance majeure de la Russie et de l’OTAN pour la sécurité européenne et mondiale. L’Afghanistan est une région clef, où nous avons manifestement des intérêts communs et une plus grande chance de les satisfaire si nous travaillons de concert. Mais il existe d’autres domai-nes également, comme la lutte contre le terrorisme et la piraterie, ainsi que la nécessité de contrer la prolifération des armes de destruction massive. Il est donc clair que le moment est venu de conférer un nouvel élan à nos relations et notre prochain Sommet de l’OTAN offre une excellente opportunité aux Alliés de souligner leur engagement à cet égard.

Le troisième défi consiste à faire face aux nouvelles menaces. Depuis quelques années, nous constatons que des cyber-attaques ou l’interruption de l’approvisionne-ment en énergie peuvent plonger un pays dans le chaos sans que le moindre coup de feu soit tiré. Nous assistons également au retour de la piraterie, ce qui présente un grave défi pour la sécurité, de même qu’aux premières im-plications du changement climatique « tangibles » pour la sécurité, notamment dans le Grand Nord. Parallèlement, le programme nucléaire de l’Iran met en exergue le défi pressant que représente la prolifération des armes de destruction massive. Nous devons dès lors mieux défi nir le rôle de l’OTAN pour contrer toutes ces menaces. L’Alliance ne peut probablement pas apporter toutes les réponses, mais cela ne devrait pas servir d’excuse à l’inaction. Nous devons utiliser au mieux la valeur unique de l’OTAN en tant que forum pour le dialogue politique transatlantique et en tant qu’instrument permettant de traduire les décisions politiques en actes concrets. Tant il est vrai que les menaces n’attendent pas que nous nous sentions prêts à les affronter.

Le Sommet de Strasbourg/Kehl est l’occasion de démon-trer que les Alliés sont capables de rassembler la volonté politique, l’imagination et la solidarité nécessaires pour relever ces défi s. Mais il ne doit pas s’arrêter là. Alors que la nouvelle administration américaine entre en fonction et que la France s’apprête à reprendre sa place au sein de la structure militaire intégrée de l’OTAN, ce Sommet est éga-lement le moment idéal pour entamer une actualisation du Concept stratégique de l’Alliance.

Basé sur la «Déclaration sur la sécurité de l’Alliance», qui doit également être entérinée lors du Sommet, le nouveau Concept stratégique devra concilier le but premier de l’Al-liance – à savoir la défense collective – avec les multiples exigences associées aux opérations hors zone. Il devra souligner le rôle de l’OTAN en tant que communauté unique de valeurs et d’intérêts communs, tout en résistant à la tentation de privilégier des ordres du jour régionaux ou nationaux au détriment de notre but et de nos objectifs conjoints. Et il devra formuler clairement la résolution de l’OTAN à s’impliquer, aux côtés des Nations Unies, de l’Union européenne et d’autres acteurs internationaux en tant que partenaires, dans une approche globale des défi s sécuritaires propres à notre époque.

Ces défi s sont fondamentalement différents de ceux qui ont motivé la création de l’OTAN il y a soixante ans. Toutefois, tant qu’il existera de solides relations transat-lantiques et que ces relations s’appuieront sur des bases institutionnelles robustes comme l’OTAN, nous serons en mesure de façonner les événements et non de les subir. Le Sommet du 60ème anniversaire de l’Alliance constitue une opportunité idéale de réaffi rmer cette logique intemporelle.

Page 6: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

6

Les événements de ces derniers mois suscitent des préoccupations. La guerre dans le Caucase a été le premier confl it militaire de ce siècle en Europe. Au début de cette année, les affrontements entre Israël et le Hamas ont rappelé l’instabilité du Proche-Orient. Il n’y a toujours pas de progrès dans le règlement de la crise nucléaire iranienne. Les attentats terroristes se poursuivent, de même que la violence en Afghanistan et au Pakistan, ou les affrontements en Afrique, comme au Congo et au Soudan. Et en arrière-plan, nous faisons face aux turbulen-ces engendrées par la crise des marchés fi nanciers et celle de l’économie mondiale, ainsi qu’au défi du changement climatique.

Une politique de sécurité concertée est absolument nécessaire.

Pour nous, il est clair que notre politique de sécurité doit être défi nie de manière plus large. Outre les questions proprement militaires, elle doit prendre en compte la situation fi nancière internationale, les approvisionnements énergétiques ou les questions migratoires.

Nous devons adapter nos concepts : pour répondre aux crises et aux confl its, nous avons besoin d’approche globale, de partenariats toujours plus solides et stables, et d’outils fl exibles.

Aucun pays n’est aujourd’hui capable de résoudre seul les problèmes du monde. Les alliances fondées sur des valeurs commu-nes, comme l’Union européenne et l’OTAN, prennent une importance accrue. Notre sécurité sera d’autant mieux garantie, et nos chances de succès face aux crises seront

Le Président français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, font valoir que face aux incertitudes mondiales, des politiques concertées sont indispensables

d’autant plus grandes, que le réseau de nos partenariats se développera et que nos capacités d’action, politiques, économiques, d’aide au développement et militaires seront mises en commun.

Cette conviction est à la base de notre politi-que de sécurité, celle que nous développons à travers une coopération franco-allemande toujours plus étroite et au sein de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique. Ces trois dimensions se renforcent mutuellement. Nous sommes convaincus qu’il est dans notre intérêt de faire de la construction euro-péenne et du partenariat atlantique les deux faces d’une même politique de sécurité.

L’Europe occidentale a connu soixante années de paix et de liberté – et c’est aujourd’hui le cas dans presque toute l’Europe. Nous les devons, bien sûr, à notre détermination, mais aussi aux États-Unis. Une Amérique qui est restée à nos côtés, et s’est engagée en faveur d’une Europe libre et démocratique. Face aux risques du XXIe siècle, il est nécessaire de renforcer le partenariat transatlantique de sécurité et de défense, et de l’adapter aux nouveaux défi s.

Cela implique d’analyser ensemble les situations, de prendre des décisions com-munes et de les mettre en œuvre dans un même esprit de partenariat. En effet, la prise de décision unilatérale serait contradictoire avec ce nouvel esprit de nos relations.

Pour la première fois dans l’histoire de l’Alliance atlantique, ce sont deux pays, nos deux pays, qui convient leurs alliés pour un sommet, celui du 60ème anniversaire, les 3 et 4 avril 2009. C’est un symbole fort d’une

« Pour répondre aux crises et aux confl its,

nous avons besoin d’approche globale,

de partenariats toujours plus solides et stables, et d’outils

fl exibles. »

Page 7: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

7

amitié franco-allemande au service de la paix et de la sécurité. C’est également le symbole d’une Europe désormais unie et libre.

Nous voulons que ce Sommet de l’Alliance soit l’occasion de débats stratégiques qui se traduiront par des choix politiques. Il ne s’agit pas de réinventer les principes fondamentaux de l’Alliance, ceux du Traité de Washington, et la communauté de valeurs et la solidarité qui nous unissent. Il s’agit, comme nous l’avons déjà fait dans le passé avec succès, de débattre sans œillères pour donner de nouvelles orientations et trans-former l’Alliance de manière crédible. C’est ce que nous avons fait en 1991 et 1999, en redéfi nissant nos concepts stratégiques.

Il est nécessaire de revoir la manière dont nous abordons les nouvelles menaces, nos partenariats et nos structures. L’Allemagne et la France attendent du Sommet de Strasbourg/Kehl qu’il lance les travaux sur un nouveau « concept stratégique ».

Pour répondre aux exigences de l’avenir, nous pensons nécessaire de progresser dans plusieurs domaines-clés.

La coopération OTAN-UEA notre grand regret, le « partenariat straté-gique » entre l’OTAN et l’UE n’est pas à la hauteur de nos attentes, en raison de désac-cords qui persistent entre certaines nations. Nous pensons que cela doit évoluer. Nous

devons aller vers une véritable coopération, fondée sur une nécessaire complémentarité.

Les missions de l’AllianceAujourd’hui, pour notre sécurité commune, l’Alliance est engagée dans plusieurs opéra-tions en dehors de son territoire, notamment dans les Balkans – en Bosnie et au Kosovo – ainsi qu’en Afghanistan.

Soixante ans après la fondation de l’OTAN, l’engagement d’assistance envers un allié agressé, qui découle de l’article 5 du Traité de Washington, représente encore aujourd’hui l’essence même de l’Alliance. Nous en avons tiré une conséquence supplémentaire après les attaques terroris-tes du 11 septembre. Afi n de lutter contre le terrorisme, nous nous sommes engagés avec nos alliés en Afghanistan. Car c’est une des nouvelles menaces du XXIe siècle.

Nos soldats sont exposés aux plus grands risques dans ces opérations, en particulier en Afghanistan. D’autres jeunes femmes ou jeunes gens, qui participent aux efforts de reconstruction, sont aussi victimes d’un ter-rorisme qui méprise la dignité humaine. Quoi qu’il en soit, nous attendons du Sommet de Strasbourg/Kehl qu’il adresse le signal que l’Alliance restera engagée pour sa sécurité et ses valeurs.

« Nous attendons du Sommet de Strasbourg/Kehl qu’ il adresse le signal que l’Alliance restera engagée pour sa sécurité et ses valeurs. »

Page 8: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

8

Notre objectif reste d’établir un niveau de sécurité qui permette la reconstruction du pays, conformément aux vœux des Afghans, afi n que le terrorisme mondial ne puisse plus y développer ses bases. Nous savons aussi que le renforcement de la démocratie doit accompagner l’effort militaire. Les approches politiques doivent également être débattues avec nos partenaires de l’Alliance.

La Russie : reconstruire un partenariatLa guerre en Géorgie, à l’été 2008, a marqué une rupture. L’Union européenne a pu arrêter la spirale de la violence et créer les conditions d’un processus de règlement. Mais le recours à la force militaire, ainsi que la reconnaissance unilatérale et contraire au droit international de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, ont créé un problème de confi ance avec la Russie.

La Russie reste notre voisine et un parte-naire très important. Nous ne sommes pas revenus à l’époque de la Guerre froide. Ceux qui le prétendent se trompent car l’URSS n’existe plus. Nous entendons rétablir et développer avec la Russie des relations confi antes et fructueuses. Notre alliance est une alliance défensive, dont l’unique ambition est notre sécurité commune face aux menaces du monde. Mais nous sommes aussi en droit d’attendre de la Russie qu’elle démontre son respect pour les normes et les règles à l’établissement desquelles elle a contribué, par l’Acte fi nal d’Helsinki et la Charte de Paris en 1990 : l’intégrité territoria-le, l’inviolabilité des frontières, le respect et l’égalité au sein de l’espace euro-atlantique.

C’est sur la base de cet acquis que l’immen-se majorité des nations d’Europe a souhaité rejoindre l’OTAN et l’UE. Cet élargissement est un élément central de la sécurité et de la stabilité du continent. Sans euphorie certes, la Russie a longtemps accompagné ce processus de manière constructive.

Le Sommet de Strasbourg-Kehl nous donnera l’occasion d’en débattre à nouveau. Vouloir rejoindre l’OTAN est le libre choix des pays européens, des démocraties indépendantes et libres. Ce souhait traduit une confi ance que nous n’avons pas le droit de décevoir. Mais nous rappelons que pour

devenir membre de l’Alliance, il y a des critères; cela implique d’abord d’être capable d’en assumer les lourdes responsabi-lités, d’apporter une contribution réelle à la sécurité des alliés, et de partager leurs valeurs. De même,

Ce texte est tiré

d’un article publié

à l’origine dans

« Le Monde ».

l’élargissement doit contribuer à la stabilité et à la sécurité du continent, qui bénéfi cie aussi à la Russie. Dans ce contexte, la coopéra-tion au sein du conseil OTAN/Russie joue un rôle essentiel.

Le caractère militaire de l’Alliance atlantique implique pour ses membres de s’assurer que leurs capacités militaires correspondent précisément aux impératifs de leur sécurité et aux missions qu’ils s’assignent. Le Sommet de Strasbourg-Kehl sera aussi l’occasion d’en débattre. Nous avons besoin, en particu-lier en Europe, de plus de capacités militaires modernes, effi caces et interopérables.

En outre, nous discuterons des questions liées au déploiement de défenses antimissi-les face à des menaces balistiques limitées émanant du Moyen-Orient. Nous pensons donc que la Russie doit être associée à ces réfl exions dans un esprit de coopération et de transparence, comme les Etats-Unis l’ont proposé. Ce dialogue devra aussi se poursui-vre dans le cadre du Conseil OTAN-Russie.

La présidence de Barack Obama est d’ores et déjà marquée par des accents nouveaux en matière de politique étrangère et de sécurité. Nombreux sont les Européens qui attendent beaucoup de ce changement; Barack Obama en attend certainement autant de nous. Nous nous réjouissons de coopérer avec lui, et sommes convaincus que le partenariat de sécurité euro-atlantique nous permettra d’affronter ensemble les risques et les menaces auxquels nous sommes exposés.

C’est en travaillant dans un esprit de confi an-ce, avec volontarisme et cohésion, que nous construirons un monde où progresseront la paix et la sécurité pour tous.

« La Russie reste notre voisine et un partenaire très important. Nous ne sommes pas revenus à l’ époque de la guerre froide. »

Merkel et Sarkozy : Les défi s qui nous attendent ne pourront être relevés que si nous travaillons main dans la main

Page 9: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

9

Cet espace, nous le voyons se développer aujourd’hui en Europe, mais notre tâche est loin d’être terminée. Dans les Balkans, en Géorgie, en Ukraine ou ailleurs, des populations ont tout autant le droit d’édifi er des sociétés démocratiques, prospères et sûres que le reste de l’Europe – et elles ont besoin de notre aide. L’OTAN contribue également à promouvoir la sécurité dans d’autres régions du monde. Si certaines de ses forces sont déployées en des lieux éloignés, c’est pour protéger ses propres citoyens sur leur territoire.

Au cœur même de cette Alliance, une simple promesse : nous sommes solidaires. Toute attaque contre l’un de ses membres sera considérée comme une attaque contre tous.

Depuis la Guerre froide, la sécurité collective constitue notre mission première, et elle le restera. Près d’un milli-ard de personnes se sentent en sécurité grâce à l’Article 5 et à tout ce qu’il promet. En protégeant nos pays, nous protégeons nos valeurs : la liberté, la démocratie, les droits humains, la primauté du droit, l’opportunité économique.

Lors du Sommet, nous pourrons nous pencher sur de multiples facettes de l’OTAN. Notre histoire : jamais nous n’avons tiré un seul coup de feu durant la Guerre froide. La paix en Europe : l’OTAN a contribué à la création d’un vaste espace européen exempt de guerre depuis soixante ans. Enfi n, notre opération en cours la plus importante : les forces de l’OTAN en Afghanistan cherchent à exorci-ser la menace du terrorisme – une menace directe pour les Européens et les Nord-Américains.

Mais aucun de ces thèmes n’évoque l’héritage durable de l’OTAN, la plus importante alliance de défense au monde qui, jamais, n’a dévié de sa mission première de sécurité collective. Aujourd’hui, dans le nouveau monde du 21ème siècle, nous sommes confrontés à un environnement sécuritaire plus complexe.

L’OTAN est prête. Alors que la date du Sommet approche, je ressens une énergie positive et une confi ance parmi les membres. Nos Alliés veulent apporter leur contribution, tant pour donner un souffl e nouveau à l’Alliance que dans le cadre d’opérations comme celles menées en Afghanistan. Alors que l’OTAN entame sa septième décennie, aucune autre Alliance ou institution ne peut accomplir ce que l’OTAN fait le mieux : protéger notre avenir commun.

Kurt Volker, Ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN, explique de manière succincte comment l’administration Obama perçoit l’OTAN après soixante années d’existence.

L’OTAN est parvenue à un âge respectable – 60 ans – et nous sommes sur le point de célébrer cet anniversaire à Kehl et à Strasbourg, alors que le monde est en proie à une profonde incertitude. Je pense néanmoins fermement que ce Sommet sera celui du renouveau. Le président Obama et son administration sont déterminés à revitaliser notre communauté transatlantique et à reconstruire une OTAN forte et effi cace. Nous ouvrons de nouveaux dialogues, nous explorons des opportunités inédites et nous mettons tout en œuvre pour parvenir ensemble à former une Alliance à la hauteur des défi s du 21ème siècle.

Coorganisé par la France et l’Allemagne, ce Sommet est symbolique de l’OTAN actuelle : nous formons un patchwork de nations étroitement imbriquées, de Vancouver à Vilnius, de l’Arctique à la mer Égée, en raison des valeurs démocratiques que nous partageons. Et bien que nous soyons confrontés à d’immenses défi s, nous savons que nous pouvons compter sur une fi nalité commune et une même volonté politique pour les surmonter.

En tant que président élu, Barack Obama déclarait dans une lettre adressée en janvier au Conseil de l’Atlantique Nord : « Nos nations partagent plus qu’un engagement envers notre sécurité commune : elles partagent aussi un ensemble de valeurs démocratiques communes. C’est pourquoi les liens qui nous unissent ne peuvent être rom-pus ; c’est pourquoi aussi l’OTAN est une alliance unique en son genre dans l’histoire du monde. Il nous appartient aujourd’hui de travailler ensemble pour combattre les dangers de notre époque, tout en saisissant la promesse qu’elle recèle. »

Il ne fait aucun doute que l’histoire de l’OTAN devrait nous servir de guide sur un chemin rempli d’espoir.

L'OTAN est née d’un espoir. L’espoir qu’en s’unissant, des nations démocratiques – de part et d’autre de l’Atlantique – parviendraient à protéger leur liberté et à créer un espace propice à un avenir pacifi que et prospère.

Page 10: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

10

À sa naissance, en 1949, l’OTAN n’avait pas de secrétaire général. Au début de la guerre de Corée, les Alliés créèrent le poste de Commandant suprême des Forces alliées en Europe (SACEUR), afi n d’accroître l’intégration militaire dans l’ensemble de l’Alliance. Le premier SACEUR, le général américain Dwight Eisenhower, apporta à l’OTAN un prestige et un respect nouveaux. Mais il apparut bientôt que la fonction de SACEUR ne suffi sait pas pour promouvoir le nécessaire dialogue politique et la coopéra-tion entre Alliés.

C’est ainsi que fut institué le bureau du secrétaire général, lors du troisième anni-versaire de l’OTAN, en 1952. Son élément central, le secrétaire général, avait pour mission d’aider les Alliés à parvenir au consensus. Il n’avait pas de droit de vote au Conseil de l’Atlantique Nord et était donc, à de nombreux égards, simplement au service des Alliés pour favoriser la coopération et faire en sorte que les consultations soient fructueuses. Les pouvoirs de sa charge étaient alors assez limités. Au cours des pre-mières années où il occupa ce poste, Lord Ismay était relégué à l’arrière-plan ; il n’était pas autorisé à parler sans l’approbation des Alliés, et, jusqu’en 1955, il ne présidait même pas les réunions du Conseil.

Mais depuis, le « patron politique » de l’OTAN est devenu un décideur qui joue un rôle très important, et parfois essentiel, parmi les Alliés. C’est dans le cadre de cette fonction

Par Ryan C. Hendrickson

L’OTAN atteint ses soixante années d’existence, et son premier secrétaire général, Lord Hastings Ismay, aurait sans nul doute été stupéfait de voir à quel point le poste qu’il a occupé a évolué au cours de ce laps de temps. La fonction de secrétaire général, qui, au départ, s’apparentait essentiellement à de la gestion exécutive dans le but de promouvoir les consultations au sein de l’Alliance, comporte, dans sa version moderne, des responsabilités beaucoup plus vastes s’agissant de façonner le rôle opérationnel et stratégique de l’OTAN dans le monde.

que s’est façonnée l’évolution de l’Alliance, par la défi nition des principaux concepts stratégiques alors qu’elle s’adaptait aux nouveaux environnements sécuritaires.

Nombreux sont ceux qui, au sein du siège de l’Organisation, comprennent toute l’impor-tance de ce poste, mais dans bon nombre des textes et analyses qui ont été consa-crés à l’OTAN, le rôle tenu par les onze secrétaires généraux est très peu évoqué. Cette absence est regrettable étant donné l’infl uence considérable que peuvent exercer, et qu’ont d’ailleurs effectivement exercée les « patrons politiques » de l’Alliance.

Parmi les anciens secrétaires généraux, Lord Peter Carrington, par exemple, n’a bénéfi cié de pratiquement aucune marque d’attention ou d’intérêt historique pour le rôle qu’il a joué à la tête de l’OTAN de 1984 à 1988. Il admet lui-même, dans ses mémoires, avoir éprouvé un sentiment de frustration au cours de cette période, notamment en raison du fait qu’aucune autorité ou pouvoir offi ciel réel n’est conféré au secrétaire général – un ressenti que Lord Ismay et d’autres prédécesseurs auront très certainement connu également.

Lord Hastings Ismay, le premier d’entre eux

Page 11: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

11

Pourtant, lorsque Lord Carrington fut choisi comme secrétaire général, Robin Beard, ancien secrétaire général adjoint auprès de l’OTAN, avait déclaré qu’il projetait une « aura d’honneur » et générait un respect d’un nouvel ordre pour l’Alliance. David M. Abshire, ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’Organisation, a dit, quant à lui, que Lord Carrington avait dirigé l’OTAN en recourant, dans ses contacts avec les nombreuses personnalités différentes qu’il avait croisées dans l’ensemble de l’Alliance, à toute la grâce de son talent et à sa bonne humeur. Les compétences diplomatiques personnelles de Lord Carrington ont été déterminantes dans la recherche d’un consensus entre les Alliés à certains moments très diffi ciles.

Le neuvième secrétaire général de l’OTAN, Javier Solana, a également montré toute l’ampleur de l’infl uence que cette fonction permet d’exercer. L’héritage qu’il a laissé en tant que « patron politique » de l’OTAN est particulièrement important.

L’auteur Ronald D. Asmus a rapporté qu’au Sommet de Madrid, en 1997, lorsque le débat sur l’élargissement de l’OTAN entre les Alliés

a tourné à la controverse, ces derniers se sont adressés à Javier Solana pour qu’il trouve une issue à ce contexte politique litigieux. Après avoir procédé à des consultations avec les Alliés, celui-ci est parvenu à dégager le compromis fi nal qui conduisit à l’invitation de la République tchèque, de la Hongrie et de la Pologne à adhérer à l’OTAN.

La « diplomatie tranquille » de Javier Solana et son talent en matière de formulation entrèrent également en jeu en 1998, lors du débat à Bruxelles sur la manière dont il convenait de réagir aux violences et aux agressions dans les Balkans. Là encore, c’est lui qui a permis d’établir que tous les Alliés pouvaient considérer qu’il existait une « base juridique suffi sante » pour que l’OTAN autorise le recours à la force dans cette région, ce qui s’est fi nalement traduit par l’opération Force alliée, en 1999.

Au début de l’action militaire, cette année-là, Javier Solana a de nouveau joué un rôle clé, en informant le SACEUR, le général Wesley Clark, du type de cibles militaires sur lesquelles les Alliés pourraient marquer leur accord. Son rôle a, par ailleurs, également été essentiel pour permettre à l’opération d’avan-cer aussi vite que possible, tout en maintenant le consensus politique entre les 19 Alliés de l’époque concernant l’action militaire.

Lord Carrington (ci-dessus) était un habile diplomate, mais estimait que le secré-taire général devait avoir davantage de pouvoir

Des talents de négociateur se sont avérés être l’une des qualités essentielles qu’exige la fonction de secrétaire général,

comme en ont témoigné Manlio Brosio (ci-dessous) et Javier Solana (à droite)

Page 12: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

12

Et parmi les secrétaires généraux de l’OTAN les plus infl uents, il faut certainement citer Manfred Wörner, dont l’héritage mérite que l’on s’y attarde. M. Wörner, le premier et le seul secrétaire général allemand, apporta à l’Alliance un ensemble de compétences particulières, qui ont, à plus d’un titre, rendu possible ce que l’Organisation est capable d’accomplir aujourd’hui.

Tout d’abord, Manfred Wörner avait la faculté extraordinaire d’inscrire les problématiques et les questions dans la perspective des inté-rêts stratégiques plus larges de l’OTAN. Son aptitude à la réfl exion stratégique a notam-ment contribué à faire évoluer l’Alliance vers son nouveau Concept stratégique, adopté au Sommet de Rome, en 1991. C’est ainsi que fut préparée la voie qui devait permettre à l’OTAN de mener des opérations de maintien de la paix et de gestion des crises, lesquel-les ont, à bien des égards, défi ni le rôle qu’elle joue dans le monde aujourd’hui.

De surcroît, M. Wörner avait vu, bien avant certains, les avantages d’une politique de la main tendue de l’OTAN en direction de l’Union soviétique et, ultérieurement, en di-rection des nouvelles démocraties d’Europe de l’Est, dans l’optique de leur intégration au sein du reste de l’Europe démocratique. Il a utilisé, de sa propre initiative, l’infl uence que lui conférait sa fonction pour promouvoir de nouvelles relations dans toute l’Europe de l’Est, ce qui a jeté les bases des élargis-sements majeurs qui se sont concrétisés aux sommets de Madrid, de Prague et de Bucarest. La vision précoce de M. Wörner a

Manfred Wörner (ci-dessus) a marqué son mandat de secrétaire général de sa

forte personnalité et de son dévouement à sa tâche

contribué à préparer le terrain politique pour l’ouverture de l’OTAN à l’Est et, plus tard, pour sa contribution à la modernisation et à la démocratisation de beaucoup de ces anciennes armées communistes.

L’infl uence de M. Wörner se faisait égale-ment sentir au sein du Conseil de l’Atlantique Nord, à tel point qu’un certain nombre de ses contemporains pensaient qu’un consensus ne pouvait être dégagé s’il n’était pas lui-même d’accord avec la politique en question. L’autorité informelle qu’il a exercée émanait de ses vastes contacts diplomatiques avec les Alliés, de sa maîtrise des différents dossiers et de la force de sa personnalité.

On peut citer parmi les souvenirs les plus mémorables du Conseil de l’Atlantique Nord, sa participation à une session particulière-ment importante en avril 1994. Il souffrait d’un cancer, qui allait l’emporter en août de la même année. Très amaigri, épaulé par son médecin et équipé de perfusions intraveineuses visibles sous le col de sa chemise, M. Wörner parvint à faire accepter par les Alliés l’idée d’une réponse militaire de l’OTAN aux attaques répétées perpétrées contre des civils de Bosnie. Comme on peut le voir d’après certains documents, il avait quitté son lit de malade à Aix-la-Chapelle pour se rendre à cette réunion à Bruxelles, et sa présence fut déterminante pour l’obten-tion du consensus nécessaire pour mener une action militaire.

Aux commandes dans un nouveau climat sécuritaire, alors que l’Alliance assume

« Son élément central, le secrétaire

général, a pour mission d’aider les

Alliés à parvenir au consensus. »

Lord Robertson (au centre) avait été ministre de la défense du Royaume-Uni et apporta ainsi sa maîtrise des questions de défense à une période troublée

Page 13: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

13

Ryan C. Hendrickson, professeur de science

politique à la « Eastern Illinois University » et

auteur de « Diplomacy and War at NATO: Th e

Secretary General and Military Action After the

Cold War » (University of Missouri Press, 2006).

Jaap de Hoop Scheffer quittera ses fonctions de secrétaire général en juillet 2008, après avoir beaucoup exhorté à la réalisation de progrès en Afghanistan

« Alors que l’Alliance s’apprête à entrer dans une nouvelle ère, avec une nouvelle personnalité à sa tête, il est manifeste que le détenteur de cette fonction peut exercer une infl uence considérable. »

de nouveaux rôles dans la lutte contre le terrorisme en Afghanistan et mène des activités de maintien de la paix et de soutien humanitaire au Kosovo, au Soudan et au Pakistan, Jaap de Hoop Scheffer laisse également sa marque propre en tant que « patron politique » de l’OTAN.

Comme M. Wörner, Jaap de Hoop Scheffer a poussé l’OTAN dans des directions qui al-laient au-delà de ce que d’aucuns jugeaient possible avant sa nomination au poste de secrétaire général. Dans le cadre de ses efforts pour mettre en place de nouveaux partenariats de lutte contre le terrorisme, il a porté le message de l’Alliance aux quatre coins du monde et s’est notamment rendu en Asie, au Moyen-Orient et en Australie, ce qui n’avait jamais été fait auparavant.

À l’instar de son prédécesseur, Lord Robertson, qui avait utilisé comme un man-tra la formule « des capacités, des capacités et des capacités », Jaap de Hoop Scheffer a souvent souligné la nécessité d’accroître l’effort fi nancier et la coopération en matière de défense dans l’ensemble de l’Alliance. Tel comme Lord Robertson, son objectif est de faire en sorte que l’Alliance soit capable de répondre rapidement à de nouvelles crises et à de nouveaux défi s sécuritaires immédiats. Jaap de Hoop Scheffer continue d’insister sur l’obtention de ces investisse-ments, dont la quasi-totalité des analystes militaires reconnaissent qu’ils sont dans l’intérêt de l’OTAN.

Mais la priorité la plus manifeste de M. de Hoop Scheffer a été l’engagement de l’OTAN en Afghanistan. Depuis le premier jour de son mandat de secrétaire général jusqu’en 2009, il n’a eu de cesse de tout faire dans le cadre de sa fonction pour accroître les chances de réussite de l’Alliance dans ce pays. Ce faisant, il a souvent insisté pour que davantage de ressources, tant civiles que militaires, soient consacrées à la promotion de la démocratie et de la paix en Afghanistan. Bien que l’OTAN y soit toujours confrontée à de nombreux défi s, ce que M. de Hoop Scheffer reconnaît parfai-tement, l’attachement du secrétaire général à la réussite de cette mission, sur laquelle il a concentré son action, restera comme l’un des éléments les plus importants de son héritage.

L’Alliance s’apprête à entrer dans une nouvelle ère, avec une nouvelle personnalité à sa tête. Le détenteur de cette fonction peut infl uer considérablement sur la capacité de l’OTAN à agir, à évoluer et à réagir à de nouvelles cir-constances. Et la tendance que l’on constate, de Lord Ismay à Jaap de Hoop Scheffer, est que la fonction de secrétaire général revêt une stature toujours plus importante.

Page 14: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

14

J’ai de grandes ambitions parce que de jour en jour, je suis de plus en plus convaincu de deux choses : que le destin de l’Europe dépend de l’unité des peuples européens, et que le destin de l’Occident dépend de l’unité et de la coopération des peuples de l’Atlantique.

Lettre de l’OTAN, Vol. 6, N° 12, décembre 1958, extrait d’un discours de M. Paul-Henri Spaak à la 4ème Conférence annuelle des Parlementaires de l’OTAN

L’OTAN ne peut pas se croiser les bras. Nous devons aller de l’avant si nous ne voulons pas reculer. Aller de l’avant signifi e rapprocher davantage les pays membres de l’OTAN – ou ceux d’entre eux qui le souhaitent – sur le plan poli-tique et économique. Rien d’autre n’a de sens dans le petit monde de 1959.

Lettre de l’OTAN, Vol. 7, N° 5, mai 1959, Lester B. Pearson, extrait d’un article paru dans l’édition de printemps de l’“International Journal,” CIIA, et dans “World Review”, United Nations Association, Canada

… l’expérience du passé autorise à penser … que le risque de nouvelles crises n’est jamais éteint, qu’il restera toujours largement imprévisible et qu’il peut surgir sous une forme inattendue. Il est dès lors presque certain qu’à l’avenir, des scénarios se présenteront où bien des gens seront reconnaissants du sentiment de confi ance accrue que procure l’adhésion à l’Alliance.

Revue de l’OTAN, Vol. 22, N° 2, avril 1974, Editorial de la revue à l’occasion du 25ème anniversaire de l’Alliance

NatNatNatNatNatNatNaatNatN tiononionionionionononionooooons As As As As AAs As As Ass Assossossossossossossosoociaciaciaciaciaciaciaciaici tiotiotiotiotiotioot otioon, n, n, n, n, n, n, CanCanCanCanCanCCanC nadaadaadaadaadaadaadaa aa

« Si l’on parle en termes d’individus

[en matière de sécurité en 2009],

ce pourrait bien être la personne

– homme d’aff aires en voyage,

travailleur migrant, touriste – qui

transporterait l’agent pathogène à

l’origine d’une pandémie mondiale

dévastatrice. »

Revue de l’OTAN, janvier 2009, Dr. Ian

Goldin, ex-conseiller de Nelson Mandela et

ex-Vice Président de la Banque Mondiale

Les voix de l’histoireLa Revue de I’OTAN a récemment célébré son 50ème anniversaire. Au fi l des années, nombre de prédictions,

d’avertissements et d’espoirs ont été formulés dans ses pages. Nous vous en proposons une sélection.

Ce qui doit être évité à tout prix dans l’Europe de demain, c’est le réveil du nationalisme résultant d’une renaissance de l’État-nation.

Revue de l’OTAN, Vol. 38, No. 3, juin 1990, extrait de “L’histoire du futur” de Mark Eyskens, ministre des Affaires étrangères de Belgique

…le terrorisme n’est que l’un des nombreux défi s non tradition-nels pour la sécurité. Il y a, entre autres, les confl its ethniques et religieux, le trafi c de drogues, les migrations massives, l’instabilité de l’environnement, la corruption, le blanchiment de l’argent, l’activisme militant et les vols d’informations. De pareilles menaces – où les confl its s’allient souvent aux crimes – ne connaissent pas de frontières. Il n’existe trop souvent ni dirigeants ni armées pouvant attirer l’attention ou être pris pour cibles dans une riposte.

Revue de l’OTAN, Vol. 49, No. 4, juin 2001, extrait de “Repenser la sécurité” de Robert Hall et Carl Fox

Page 15: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

15

Le sentiment d’euphorie qui prévalait dans la plupart des pays industrialisés depuis la dernière guerre était basé sur une confi ance sans limite dans la croissance économique pour résoudre les mille et un problèmes auxquels notre type de société est confronté...

Il a fallu attendre la fi n des années 1960 pour que les gens prennent enfi n conscience de la stupidité d’un gaspillage sans discrimination des ressources agricoles et naturelles parce que, même si elles étaient immenses, ces ressources étaient limitées…

Le Japon et l’Europe occidentale, et même les États-Unis, ont brusquement réalisé combien leur énorme dépendance à l’égard du pétrole en tant que principale source d’énergie avait rendu leurs économies vulnérables …

… il y a tout lieu de penser que cette ère de gaspillage fl agrant et éhonté prendra bientôt fi n. Revue de l’OTAN Vol. 22, N° 2, avril 1974, extrait du rapport “Comité scientifi que de l’OTAN – Conférence sur la Technologie de l’utilisation effi ciente de l’énergie ”

Avec la gestion des crises, le Partenariat fi gure à présent parmi les tâches de sécurité fondamentales de l’Alliance… Alliés et Partenaires élaborent ensemble des méca-nismes destinés à de futures «coalitions des pays capables d’agir», non seulement pour des opérations conjointes, mais aussi pour la prévention des confl its et le relèvement après les confl its.

Revue de l’OTAN, Vol. 37, No. 2, été 1999, essai de Charles J. Dale

LLLL ddddddd’’’’’’ hhhhhh éé lllll ddddd lllll lllll ddddddd

fifi fi fi fifi fifoffofofofoPPPPPPnnnnnnnnnnnnppppppppppppppdddddddddddlallalalalalala

… les développements de ces douze derniers mois en Europe se sont apparemment déroulés selon un scénario idéal – tellement idéal même que nos progrès n’ont pas manqué de soulever des questions quant à l’avenir de l’Alliance. Que peut encore faire une alliance politico-militaire telle que l’OTAN, dès lors que la menace qui dominait notre quotidien et toutes nos conjectures depuis près d’un demi-siècle a pratiquement disparu ?

Revue de l’OTAN Vol. 39, No. 1, février 1991, essai du Secrétaire général de l’OTAN Manfred Wörner

Les sources de préoccupations pour l’Alliance ont toujours été multiples. Mais la nostalgie du ‘bon vieux temps’ de l’OTAN ne mène nulle part … Les débats qui ont abouti à la défi nition, en 1967, des futures missions de l’Alliance et l’unanimité avec laquelle les Alliés ont réagi, de façon modérée mais ferme, aux événements survenus en Tchécoslovaquie, montrent ... que l’OTAN est capable de tracer les grands axes de sa politique.

Lettre de l’OTAN, Vol. 17, N° 4, avril 1969, extrait de “Facing new challenges,” Willy Brandt, Ministre des Affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne et Président du Conseil de l’Atlantique Nord

S’il est vrai que d’ici 40 ou 50 ans, il y aura entre huit et dix milliards d’individus sur Terre, nous devons commencer à décider dès à présent comment les nourrir et comment ils trouveront du travail … Mais si nous ne trouvons pas de solution, les problèmes auxquels nous avons été confrontés ces cinq dernières années apparaîtront alors comme mineurs et notre époque sera considérée, a posteriori, comme un âge d’or.

Revue de l’OTAN Vol. 26, N° 5, octobre 1978, François de Rose, Ambassadeur de France, “Progrès scientifi ques et technologiques : problèmes pour l’Occident ”, dans le cadre du 20ème anniversaire de la fondation du Comité scientifi que de l’OTAN.

Page 16: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

16

Daniel Korski, membre senior

du « European Council on

Foreign Relations », expose les

défi s auxquels l’Alliance, qui

compte 60 années d’existence,

doit faire face, et la manière

dont ils pourraient être relevés.

Au cours de l’après-Guerre froide, les réalisations de l’OTAN ont été beaucoup plus importantes que ce que quiconque aurait pu imaginer au moment de la chute du Mur de Berlin et de la disparition de la raison d’être déclarée de l’Organisation, comme en ont témoigné l’élargissement de l’Alliance et les opérations menées en Bosnie et au Kosovo.

Mais alors que les dirigeants alliés se prépa-rent à se réunir à Strasbourg/Kehl, pour un Sommet qui sera une première participation pour le président Obama et qui devrait mar-quer le retour complet de la France dans les structures militaires permanentes et dans les mécanismes de planifi cation de la défense de l’Organisation, des défi s considérables subsistent – l’élargissement de l’OTAN, son opération en Afghanistan et sa transforma-tion en une organisation moins lourde.

Et derrière ces éléments se cache une question plus vaste encore : quel rôle pour l’OTAN au XXIè siècle ?

Certains Alliés voudraient revenir maintenant à une position défensive statique, axée essentiellement sur les menaces territoriales traditionnelles ; d’autres voudraient que l’on se concentre principalement sur les opéra-tions expéditionnaires, comme celle de la FIAS (Force internationale d’assistance à la

sécurité) en Afghanistan. Ce sera sans doute le dilemme stratégique le plus important auquel l’OTAN aura été confrontée. Le bon choix consisterait manifestement à considérer que les deux missions se renforcent mutuel-lement et à poursuivre la transformation des armées alliées qui a été décidée de crainte qu’il ne devienne plus diffi cile encore pour l’Organisation de réunir les forces combat-tantes nécessaires. Mais il ne sera pas facile de convaincre un grand nombre d’Alliés de prendre cet engagement cumulatif.

Il s’ensuit que la mission afghane pourrait, en fait, se révéler être la tâche de l’OTAN la moins controversée. Chacun sait qu’elle doit se poursuivre ; peu nombreux sont ceux qui pensent qu’il s’agit actuellement d’une réus-site, et nul n’ignore que le président Obama demandera un accroissement signifi catif de l’effort européen. La question est de savoir comment opérer cet accroissement. Si les Européens ne peuvent affecter davantage de troupes, il faut qu’ils renforcent l’effi cacité de celles-ci pour mener à bien la tâche essentielle : la montée en puissance des forces afghanes.

La constitution d’un corps militaire consultatif de l’OTAN pourrait être annoncée à cet effet au cours du Sommet qui va se tenir. Cela ne réglera pas tous les problèmes de la FIAS,

Page 17: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

17

mais l’effort européen serait ainsi intensifi é et les capacités de la Force internatio-nale s’en trouveraient renforcées. Une telle initiative permettrait de faire en sorte qu’à mesure que l’administration Obama prendra le relais pour toutes les opérations menées par l’Alliance dans le sud et l’est du pays, les alliés des États-Unis ne retirent en fait pas leurs troupes et que Washington continue de voir dans l’OTAN un instrument utile.

Les relations de l’OTAN avec la Géorgie et l’Ukraine seront plus problématiques. La Russie a indiqué clairement qu’elle était opposée à un élargissement de l’Alliance à ces pays. Mais tendre la main à la Géorgie et à l’Ukraine est un acte opportun. Même si l’Europe doit rééquilibrer ses relations avec la Russie, permettre à Moscou d’opposer son veto à des décisions de l’OTAN n’incitera sans doute pas le Kremlin à mieux se com-porter. L’administration Obama aura certai-nement à cœur, j’en suis convaincu, de ne pas créer de confl it lors du Sommet de 2009, mais elle souhaitera probablement aussi que l’on ne revienne pas sur la politique de « la porte ouverte » de l’Alliance.

Il s’agira donc de veiller à ce que les deux commissions que l’OTAN a mises en place pour aider l’Ukraine et la Géorgie à réformer leurs structures de défense aient une réelle signifi cation. L’expérience acquise dans les Balkans a montré qu’il est plus diffi cile de superviser des réformes de défense politiquement sensibles que d’apporter une assistance technique ou de simplement coordonner l’aide des Alliés à la réforme.

Il conviendra, cette fois, de procéder diffé-remment si l’on veut que l’offre de l’Alliance ait concrètement un sens pour Kiev et

Tbilissi (et pour Moscou). L’équipe de l’OTAN devra être renforcée pour travailler sur les processus de réforme ; des titulaires de haut niveau devront être désignés car les hauts représentants civils de l’Organisation à Kiev et à Tbilissi et les Alliés devront se rencontrer pour mettre au point un ensemble solide de mesures de réforme.

L’Alliance devra ensuite trouver le moyen de donner satisfaction à la Pologne, à l’Estonie et à la Lituanie, qui se sentent menacées par la Russie. Elle devrait, à cet effet, proposer la mise en place d’une installation non militaire de l’OTAN dans la région, par exemple un ins-titut de recherche ou un centre de formation. Ainsi les nouveaux membres de l’Alliance auront-ils le sentiment que leurs alliés se préoccupent de la diffi culté de leur situation, sans pour autant que Moscou s’estime provoquée. Le centre de cyberdéfense installé en Estonie constitue une bonne première étape à cet égard.

Les dirigeants occidentaux devraient, par ailleurs, confi er au JFC de Brunssum – l’un des commandements militaires – une mission de surveillance de la situation militaire dans le Nord Europe. Pendant la Guerre froide, chacun des commandements de l’OTAN avait la responsabilité d’une région. Les pays pouvaient leur demander de faire le point sur l’évolution de la situation militaire, par exemple sur les mouvements de la marine soviétique. Avec la modifi cation des tâches militaires, les commandements ont mainte-nant davantage une orientation fonctionnelle ; Brunssum fait désormais partie de la chaîne de commandement de la FIAS et considère cette mission comme sa plus haute priorité. Cependant, vu le comportement de la Russie, il serait bon de demander au JFC de suivre

Il ne s’agit pas seulement d’une question de renforce-

ment des troupes ; il s’agit aussi de la manière dont

celles-ci sont utilisées.

Page 18: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

18

aussi les développements intervenant dans le Nord Europe.

Le JFC de Naples devrait également être chargé de suivre la situation sur le fl anc sud de l’Europe, afi n d’éviter de donner à l’OTAN une connotation trop antirusse. Il faudrait aussi envisager l’organisation d’exercices militaires limités dans le cadre d’un scénario défensif sur la base de l’article 5.

Lorsque le président américain Harry Truman inaugura l’Alliance il y a six décen-nies, il ne pouvait guère imaginer ce que serait le monde dans lequel nous vivons actuellement. Mais aujourd’hui la force de l’Alliance proviendra non seulement de la montée en puissance de ses capacités et de l’élargissement de sa composition, mais aussi du renforcement de ses liens avec l’Union européenne. L’expérience acquise dans les Balkans et en Afghanistan a montré que les moyens militaires ne sont pas suffi sants pour garantir la réussite. Il faut disposer d’un ensemble plus com-plexe d’outils politiques et d’instruments de développement. Seule une coopération entre l’OTAN et l’UE permettra de mettre en œuvre un tel dispositif. Les deux organisa-tions doivent dès lors dépasser les questions

de procédures pour se concentrer sur les questions de fond, et s’atteler à trouver un nouveau modus operandi dès le Sommet de Strasbourg/Kehl.

Tant que le confl it chypriote n’aura pas été réglé, il vaudra peut-être mieux éviter les initiatives à grande échelle, auxquelles la Turquie risquerait d’opposer son veto. Mais il devrait être possible de créer une base opérationnelle en vue d’un rapprochement entre l’UE et l’OTAN. L’une des idées envisa-geables à cet égard serait que l’UE prenne en charge la reconstruction des villes les plus importantes de l’Afghanistan, l’OTAN en assurant la sécurité intérieure et les forces américaines opérant dans les provinces de l’arrière-pays. L’élaboration d’un plan de sécurité et de développement pour Kaboul pourrait constituer une première étape ; une autre étape pourrait consister à recourir aux forces de gendarmerie européennes – par le biais de l’OTAN ou de l’UE – pour aider à la constitution de la police afghane.

Les deux organisations devraient envisager d’autres domaines de coopération, notamment un soutien de la FIAS à l’EUPOL (la mission de police de l’Union euro-péenne) sur le théâtre, une formation et une

Il ne fait guère de doute que la réussite des missions dépend de la coopération avec d’autres partenaires.

« L’expérience acquise dans les Balkans et en Afghanistan a montré que les moyens militaires ne sont pas suffi sants pour garantir la réussite »

Page 19: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

19

préparation au déploiement conjointes pour le personnel des PRT (équipes provinciales de reconstruction) et des exercices civils-militaires conjoints. Mieux encore, on pour-rait prévoir la création d’une école OTAN/UE sur l’après-confl it, au sein de laquelle chaque organisation pourrait apporter sa contribution dans l’intérêt des missions auxquelles elles participent toutes deux. Pourrait-il exister une meilleure occasion que le Sommet de Strasbourg/Kehl pour annoncer une telle idée ?

En dehors des engagements en cours et des relations UE-OTAN, l’Alliance pourrait se trouver confrontée à deux défi s à long terme. Le premier concerne le rôle qu’elle pourrait éventuellement jouer dans un règlement israélo-palestinien, notamment en assumant des tâches de maintien de la paix et d’aide à l’édifi cation des institutions de sécurité palestiniennes. Le second défi à long terme concerne la problématique africaine. Je pense que, même si l’Union africaine (UA) a adressé à l’OTAN quelques demandes d’aide pour la montée en puissance de ses capacités, les efforts consentis ne se sont pas encore avérés totalement effi caces.

La nouvelle administration Obama devrait aider l’OTAN à examiner quelles pourraient être les modalités d’opération avec l’Africom et l’UA. Elle pourrait également aider à explo-rer les possibilités d’une nouvelle « construc-tion hybride » UA/OTAN, à laquelle l’ONU et l’UE pourraient peut-être même participer ; celle-ci pourrait être présente en perma-nence en Afrique, devenir un partenaire à

long terme pour l’aide à la sécurité et œuvrer à la prévention des confl its.

Des réformes sont aussi nécessaires pour améliorer les opérations actuelles et futures ; des ajustements devraient notamment être apportés aux structures de commandement de l’OTAN afi n qu’une plus grande autorité puisse être déléguée aux commandants militaires et que l’on parvienne à une meilleure intégration sur le théâtre avec des partenaires tels que l’ONU.

Il conviendrait aussi d’envisager une modi-fi cation des modalités de fi nancement des missions de l’OTAN, peut-être par le biais d’un budget fi nancé en commun pour les opérations de l’Alliance.

Se pose ensuite la question de la direction. Le mandat de l’actuel secrétaire général de l’OTAN expire cette année ; il sera essentiel de trouver un successeur qui jouira du même respect.

Si la nouvelle administration Obama aide l’OTAN à tirer parti de la position profon-dément atlantiste du président français, et à trouver le juste milieu entre défense et puissance, l’Alliance conservera sa pertinence aux yeux de l’opinion publique européenne et sera reconnue par tous ses membres comme un opérateur militaire couvrant l’ensemble du spectre des besoins.

Ce pourrait être le plus cadeau que l’OTAN pourrait souhaiter pour son soixantième anniversaire.

« Il conviendrait aussi d’envisager une modifi cation des modalités de fi nancement des missions de l’OTAN, peut-être par le biais d’un budget fi nancé en commun pour les opérations de l’Alliance »

Page 20: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

20

L'OTAN est née bien avant l’ère de la communication

numérique et du fl ux d’information continu. Malgré

cela, les moments clés de l’histoire de l’OTAN ont

souvent pu être immortalisés par l’un ou l’autre

photographe. Voici une sélection de leurs clichés.

Le Général Alexander Haig (à gauche) discute de la puissance du Pacte de Varsovie au cours d’une réunion du Comité des plans de défense en 1976.

Page 21: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

21

L’OTAN inaugure son nouveau siège à Bruxelles, en 1967.

Des soldats grecs et turcs mènent leurs premiers exercices conjoints dans le cadre de l’OTAN en 1953.

Dans les années 1950, Berlin reste profondément marqué par la guerre qui a ravagé l’Europe – et au lendemain de laquelle l’OTAN a vu le jour.

Page 22: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

22

Le Secrétaire général de l’OTAN Manfred Wörner traverse la Place Rouge à Moscou, alors qu’il se prépare à mener des pourparlers avec les autorités soviétiques (1990).

Le Président Richard Nixon (au centre) accueille les ministres de l’OTAN à Washington, en avril

1969. La réunion a lieu dans la même salle que celle où avait été signé le Traité de l’OTAN

20 ans plus tôt.

Page 23: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

23

Les Ambassadeurs et le personnel de l’OTAN observent 3 minutes de silence le 14 septembre 2001, en signe de respect pour les victimes des attentats perpétrés trois jours auparavant aux États-Unis.

Le Président John F. Kennedy visite le siège de l’OTAN à Paris (1961).

Page 24: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

24

Un gardien de la paix de la Force de stabilisation dirigée par l’OTAN sur l’ancienne ligne de front à Sarajevo.

Une femme d’origine albanaise nourrit son bébé alors qu’elle fuit le Kosovo, avec 2 000

autres réfugiés, le 30 mars 1999.

Page 25: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

25

Un soldat italien des forces de maintien de la paix de l’OTAN près du cimetière Lion, à Sarajevo.

Le Général Wesley Clark expose l’opération des forces alliées de l’OTAN au Kosovo lors d’une rencontre avec la presse le 13 avril 1999.

Le confl it en Bosnie fut aussi une guerre médiatique, dont les canaux de communication devinrent la cible.

Page 26: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

26

L’Afghanistan a connu la tyrannie des Talibans, comme

l’atteste la destruction des Boudhas de Bamyan en 2001

(à droite). La lutte contre le trafi c de la drogue (à l’extrême

droite) et les revenus qu’il procure aux insurgés se

poursuit aujourd’hui encore. Mais les élections (ci-dessous)

ont montré que les Afghans reprennent peu à peu le

contrôle de leur pays. L’OTAN est l’un des principaux acteurs

à tenter d’aider l’Afghanistan à passer de l’état de pays

en guerre à celui d’une démocratie.

Photo : Darko Zeljkovic

Photo : Darko Zeljkovic

Page 27: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

27

Photo : Darko Zeljkovic

Photo : Darko Zeljkovic

Page 28: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

28

Le Sommet anniversaire de l’OTAN sera vraisemblable-ment consacré en grande partie à la mission en cours en Afghanistan. Et pour cause, puisque la capacité de l’Alliance à améliorer la stabilité et la sécurité dans ce pays (un objectif qui permettra de vérifi er l’effi cacité de l’organisation) sera essentiellement fonction de son aptitude à élaborer une stratégie cohérente, à répartir les charges entre les pays membres et à gagner le soutien de la population nationale à cette mission.

Cependant, alors même que l’Alliance est confrontée à ce défi immédiat, elle doit aussi initier un débat approfondi sur trois questions « transhorizon » qu’elle ne peut plus se permettre de différer : ses relations avec la Russie, ses règles en matière de prise de décisions, et l’envergure de ses ambitions internationales.

Sur ces trois questions, les membres de l’OTAN doivent faire preuve de réalisme et de sobriété.

En ce qui concerne la Russie, l’OTAN doit chercher à éviter de poursuive une compétition qui n’aboutira à rien, et élaborer une vision pratique de la coopération par le biais de programmes.

S’agissant du processus décisionnel, l’Alliance doit admettre que le recours au consensus est de plus en plus compliqué face à la multiplication de ses membres et qu’il y a donc lieu d’adopter une approche plus fl exible en matière de gouvernance.

Quant à ses aspirations d’envergure mondiale, l’OTAN doit étouffer ces ambitions dans l’œuf et reconnaître que toute initiative visant à faire de l’organisme une Alliance mondiale de démocraties ne fera qu’accélérer sa perte, et non son renouveau.

Quels que soient les avantages de l’élargissement de l’OTAN – et ils sont nombreux –, l’expansion de l’Alliance

s’est incontestablement faite aux dépens de ses relations avec la Russie. Bien entendu, ce sont les Russes eux-mêmes qui sont les principaux responsables de la dégradation récente de la démocratie ainsi que de leurs excès en matière de politique étrangère – dont le plus notable n’est autre que la guerre en Géorgie.

Cependant, le fait que les dirigeants et la population russes perçoivent l’expansion de l’OTAN vers l’Est comme préjudiciable à la sécurité et à l’image de marque de leur pays n’a certainement pas facilité les choses. Consciente de cet état de fait, l’OTAN semble disposée à suspendre l’engagement qu’elle avait pris envers la Géorgie et l’Ukraine lors du Sommet de Bucarest de l’année dernière, concernant une future invitation à adhérer à l’Alliance. Mais la simple perspective d’une adhésion de ces deux pays à l’Alliance conti-nue d’empoisonner le dialogue entre l’OTAN et la Russie.

Pour résoudre ce dilemme, il faut trouver un moyen d’inciter Moscou à devenir partie prenante dans l’ordre de sécurité européen, en faisant de la Russie un acteur plutôt qu’un objet de l’évolution de l’OTAN. La Guerre froide est terminée depuis deux décennies ; il est grand temps que l’OTAN fasse un sérieux effort pour impliquer la Russie dans la solution d’après-guerre. L’on ne peut exclure que Moscou refuse une telle proposition et opte pour une séparation avec l’Occident, mais au moins, l’OTAN aura fait de son mieux pour éviter pareille issue.

À ce stade, l’objectif immédiat n’est pas de trouver la formule exacte qui permettrait de faire un geste en

Charles Kupchan, membre du Council of Foreign Relations, met

l’accent sur trois domaines cruciaux pour l’avenir de l’OTAN.

« En ce qui concerne la Russie, l’OTAN

doit chercher à éviter de poursuive une compétition qui

n’aboutira à rien, et élaborer une vision

pratique de la co-opération par le biais

de programmes »

Page 29: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

29

direction de Moscou, mais bien d’entamer un dialogue stratégique indiquant clairement que les membres de l’OTAN tiennent sincèrement à ancrer la Russie au sein de la communauté euro-atlantique. Ce dialogue peut commencer en examinant comment mettre davantage à profi t le Conseil OTAN-Russie. Les pays membres de l’OTAN doivent s’appuyer sur l’appel lancé par Moscou en faveur d’une redéfi nition de l’ « architecture européenne en matière de sécurité ». Ce dialogue doit s’accompagner d’une coopération stratégique concrète sur des questions telles que la défense antimissile, l’accès à l’Afghanistan et la diplomatie avec l’Iran. L’élargissement en cours soulève aussi la question de la réforme nécessaire du processus décisionnel dans une Alliance qui compte 26 membres. Vu la diversifi cation et le nombre croissant de pays membres, maintenir la règle du consensus risque de paralyser l’institution. Ce besoin de réforme est encore accentué par l’évolution du paysage stratégique dans lequel opère l’OTAN – un paysage dont la complexité a affaibli la solidarité dont jouissait l’Alliance durant la Guerre froide. Les profonds désaccords apparus au sujet de l’Afghanistan, de l’urgence de proposer à la Géorgie d’adhérer à l’Alliance, et des relations entre l’OTAN et la Russie ne sont pas des divergences fugitives appelées à disparaître rapidement. Ils sont la conséquence indirecte de l’inévitable perception des intérêts et de la menace qui a accompagné l’adaptation de l’OTAN au monde de l’après-Guerre froide.

La question essentielle pour l’Alliance n’est pas de savoir si elle peut venir à bout de ces divergences, mais bien si elle peut les tolérer. Qu’on le veuille ou non, l’élargisse-ment de l’OTAN accentue la complexité de l’organisation et les consensus sont plus diffi ciles à atteindre.

Ces divergences de vues entre les États membres ne sonnent pas le glas de l’OTAN, mais elles impliquent que l’Alliance doit revoir son processus décisionnel en conséquence. Il est peu probable que les pays membres renoncent à la règle du consensus sur des questions liées à la guerre et à la paix. Sur la plupart des autres questions cependant, il est temps que l’Alliance élabore une approche plus fl exible en matière de prise de déci-sions. L’OTAN devrait aussi examiner différentes formes d’options d’abstention afi n d’éviter que l’intransigeance de certains membres sur des points bien précis ne fasse obstacle à une action effi cace. Enfi n, les membres feraient bien de commencer à étudier les recommandations (formulées pour la plupart Outre-Atlantique) en faveur d’une extension de l’infl uence de l’OTAN au-delà de l’Europe et d’une transformation de l’organisme en une Alliance mondiale de démocraties. La refonte de la relation OTAN-Russie et la réforme du processus décisionnel passent par des débats approfondis, contrairement à la proposition

relative à la « mondialisation » de l’Alliance, qui devrait être rejetée sans délai. L’OTAN a fort à faire avec l’Afghanistan ; sa capacité à réussir est contestée. La mission afghane pèse lourdement sur les ressources et la cohésion de l’Alliance et l’on imagine diffi cilement que l’OTAN soit prête à accepter de nouvelles missions dans des pays plus lointains. L’organisation doit mettre tout en œuvre pour établir des partenariats stratégiques avec des pays et des groupements régionaux disposés à contribuer à la cause commune ; l’aide de pays non membres en Afghanistan est plus que la bienvenue. Mais vouloir faire de l’OTAN l’institution de prédilection pour résoudre les confl its de par le monde est une ambition excessive.

Dans les Balkans, le Caucase et dans la partie la plus orientale de l’Europe – ainsi qu’en Afghanistan –, l’OTAN a encore de nom-breuses missions à terminer. Elle serait bien avisée de privilégier l’achèvement de ces missions avant de prendre d’autres engagements, au Cachemire ou dans la bande de Gaza. Par ailleurs, étendre les possibilités d’adhésion à l’OTAN à des pays comme le Japon, l’Australie et Israël ne ferait qu’alimenter la controverse au sein de l’Alliance tout en accablant cette dernière d’engagements qu’elle ne pourrait sans doute pas tenir.

Certes, l’OTAN a un rôle majeur à jouer au-delà de l’Europe et s’attache déjà à développer des relations avec les pays méditerranéens. Mais, par prudence, l’OTAN se doit de veiller avant tout à aider les pays à résoudre leurs problèmes – en leur apportant assistance et formation, en servant de modèle institutionnel, en collaborant ponctuellement avec des États locaux dans le cadre de missions limitées – et cela afi n de contribuer à mettre en place dans le monde d’autres organisations de sécurité susceptibles d’être aussi effi caces dans leurs régions que l’OTAN l’a été en Europe.

Le soixantième anniversaire de l’OTAN intervient à une époque diffi cile et tendue pour l’Alliance. Dans le cadre de la mission en Afghanistan, l’OTAN serait bien avisée de consolider son acquis en tendant la main à la Russie, en revoyant son processus décisionnel pour tenir compte d’une composition élargie, et en reconnaissant les limites de sa propre réussite.

Le Professeur Charles A. Kupchan enseigne

les aff aires internationales à l’université de

Georgetown et est Agrégé supérieur de recherches

au Council on Foreign Relations.

« Le soixantième anniversaire de

l’OTAN intervient à une époque

diffi cile et tendue pour l’Alliance »

Page 30: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

30

1. Quel pays de l’OTAN ne possède pas de forces armées ?

a. la Norvègeb. l’Islande c. le Luxembourgd. la Bulgarie

2. Qui a été le premier Secrétaire général de l’OTAN à marcher sur la Place Rouge à Moscou ?

a. Dirk Stikkerb. Hastings Ismayc. Manfred Wörnerd. Willy Claes

3. Parmi les pays suivants non membres de l’OTAN, lesquels fournissent des troupes à la KFOR dirigée par l’OTAN ?

a. Maroc, Autriche, Arménieb. Liban, Iran, Israël c. Brésil, Chine, Inded. Australie, Nouvelle Zélande, Japon

4. Quand l’OTAN s’est-elle engagée dans la coopération scientifi que ?

a. 1958b. 2001c. 1945d. 1985

5. Combien de pays membres compte le Conseil de partenariat euro-atlantique ?

a. 28b. 26c. 50d. 10

6. Parmi les menaces énoncées ci-après, laquelle fi gure dans l’actuel Concept stratégique de l’OTAN ?

a. Le confl it israélo-palestinienb. Le programme nucléaire de l’OTANc. Les confl its ethniquesd. L’axe du mal

7. Où l’EUFOR a-t-elle repris à son compte la mission de la Force de Stabilisation de l’OTAN ?

a. Bosnie-Herzégovineb. Monténégroc. Croatied. Kosovo

8. Parmi les pays de l’OTAN énoncés ci-dessous, lequel ne possède pas d’armes nucléaires ?

a. Franceb. États-Unisc. Allemagned. Royaume-Uni

9. Où se situait le premier siège de l’OTAN ?a. Parisb. Luxembourgc. Londresd. New York

10. En vertu de quelle résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies la KFOR opère-t-elle au Kosovo ?

a. 1093b. 1598c. 1244d. 1178

Vous savez ce que signifi e l’OTAN. Mais que savez-vous d’autre à propos

de l’Alliance ? Répondez à ces 20 questions et vous aurez une meilleure

idée de vos connaissances à propos de L'Alliance et de ses activités. Pour

être qualifi é d’expert, vous devez avoir plus de 15 bonnes réponses.

Page 31: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

31

11. Dans quelle opération de gestion de crise hors zone l’OTAN s’est-elle engagée pour la première fois ?

a. République démocratique du Congob. Ex-Yougoslavie (Bosnie-Herzégovine)c. Haïtid. Timor oriental

12. Parmi les groupes de pays suivants, lequel a rejoint l’OTAN en 2004 ?

a. Bulgarie, Slovénie, Lettonie b. Hongrie, République tchèque, Polognec. Croatie, Albanie, Monténégrod. Géorgie, Ukraine, République de Moldova

13. Quel pays non membre de l’OTAN fournit des troupes à la FIAS dirigée par l’OTAN en Afghanistan ?

a. Nouvelle-Zélandeb. Japonc. Chined. Pakistan

14. Parmi ces groupes de pays, lequel a adhéré à l’OTAN en 1952 ?

a. Belgique et Luxembourgb. Royaume-Uni et Islande c. Grèce et Turquie d. Portugal et Italie

15. Sous quelle forme l’OTAN est-elle présente en Irak ?

a. La principale mission de l’OTAN, forte de plus de 40 000 hommes, est déployée dans ce pays.

b. L’OTAN contribue au développement de la sécurité et à la formation des soldats irakiens

c. L’OTAN assure le fonctionnement des équipes de reconstruction provinciales (PRT)

d. L’OTAN n’a aucune mission ni activité en Irak

16. Parmi les quatre cadres de coopération suivants, lequel ne fait pas partie de l’Initiative de partenariat de l’OTAN ?

a. Initiative de coopération d’Istanbulb. Dialogue méditerranéenc. Partenariat pour la paixd. Organisation de coopération de Shanghai

17. Quel pays ne fi gure pas parmi les membres fondateurs de l’OTAN ?

a. Canadab. Islandec. Portugald. Espagne

18. Par le biais de quel organisme l’OTAN organise-t-elle ses interventions humanitaires suite à des catastrophes naturelles ou humaines ?

a. Centre euro-atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe (EADRCC)

b. Section Affaires OTAN multilatérales et régionales c. Conseil de partenariat euro-atlantiqued. Initiative de coopération d’Istanbul

19. Parmi les pays suivants, lequel ne participe pas au Dialogue méditerranéen de l’OTAN ?

a. Marocb. Israëlc. Mauritanied. Syrie

20. Parmi les propositions suivantes, laquelle est citée comme menace émergente dans la Déclaration du Sommet de Bucarest de l’OTAN ?

a. Prolifération des missiles balistiquesb. Terrorismec. Prolifération des armes de destruction massived. Sécurité énergétique

BONNES RÉPONSES

1b, 2c, 3a, 4a, 5c, 6c, 7a, 8c, 9c, 10c, 11b, 12a,

13a, 14c, 15b, 16d, 17d, 18a, 19d, 20d

11111 . . D Daaanananaanss ss quuquuqueleel

Page 32: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

32

L’incertitude qui marque aujourd’hui l’envi-ronnement de sécurité mondial a suscité un regain d’intérêt à l’égard du rôle que jouent les forces de réaction rapide pour protéger les intérêts sécuritaires essentiels de l’OTAN et étayer les contributions que l’Alliance apporte à la préservation de la paix et de la sécurité au niveau international.

Sur un plan historique, les forces de réaction rapide de l’OTAN, de la Force mobile du Commandement allié en Europe (AMF), créée en 1960, à l’actuelle Force de réaction de l’OTAN (NRF), ont assumé toute une gamme de rôles – dissuader, défendre, et rassurer, avec, en outre, depuis la fi n de la Guerre froide une mission de réponse aux crises qui gagne sans cesse en importance. Si ces rôles ont tous un objectif politique et opérationnel spécifi que qui refl ète nécessairement l’évo-lution du contexte réel dans lequel ils inter-viennent, ils se chevauchent et se renforcent mutuellement à bien des égards.

État de préparation élevé, promptitude, dé-ployabilité et participation multinationale ont

Par Diego A. Ruiz

Palmer, chef de la Section

Planifi cation à la Division

Opérations de l’OTAN,

qui s’exprime ici à titre

personnel.

toujours caractérisé les forces de réaction rapide de l’OTAN. Ce sont ces caractéris-tiques qui font qu’elles sont aptes à mener des opérations expéditionnaires à distance stratégique de l’Europe et de l’Amérique du Nord aussi bien que des opérations de renfort à l’intérieur de la zone du Traité de l’Atlantique Nord.

Réaction rapide et dissuasion sur les fl ancs de l’Europe

C’est en 1960 que l’OTAN s’est intéressée pour la première fois à l’idée de forces de réaction rapide, lorsque le Commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR) de l’époque, le général Lauris Norstad, proposa de créer une force mobile rapidement déployable pour son comman-dement, le Commandement allié en Europe (CAE)1, afi n de contribuer à prévenir toute forme d’intimidation, de coercition ou d’agres-sion, ou une guerre générale, contre les pays alliés se situant sur les fl ancs nord et sud du CAE. En temps de paix, la présence militaire alliée dans ces pays était très limitée, voire inexistante, et le concept de l’AMF avait pour but de projeter une capacité de dissuasion multinationale sur court préavis.

Les contributions nationales à l’AMF (voir encadré 1) étaient organisées en ensembles de forces multinationales pré-planifi és, optimisés en vue d’un déploiement vers les cinq zones de contingence de la Force – le nord de la Norvège, l’île de Sjaelland au Danemark, le nord-est de l’Italie, le nord de la Grèce et la Thrace grecque et turque, ainsi que l’est de la Turquie. La planifi cation et les exercices étaient supervisés par un petit état-major multinational situé en République fédérale d’Allemagne, mais en cas de situation réelle, le commandement et

1 Le Commandement allié en Europe fut rebaptisé Commandement allié Opérations (ACO) en 2002.

De l’AMF à la NRF :le rôle des forces de réaction rapide de l’OTAN dans la

dissuasion, la défense et la réponse aux crises, 1960-2009

Page 33: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

33

le contrôle des éléments déployés de l’AMF auraient incombé aux commandants terres-tre et aérien locaux de l’OTAN, pour garantir une intégration homogène des forces locales et des forces de renfort, et pour que l’OTAN présente un visage unique.

Prépositionnement des équipements et défense en avant dans la Région Centre

Si l’élan qui avait présidé à la création de l’AMF en 1960 était dû aux inquiétudes liées à la dissuasion dans les régions Nord et Sud du CAE, la crise de Berlin de 1961 a recentré l’attention de l’OTAN sur la défense de la Région Centre. Après la construction du Mur de Berlin, les États-Unis renforcèrent massivement leurs troupes stationnées en Europe occidentale. L’ampleur herculéenne de cet effort mit en évidence les diffi cultés que comportait un renforcement rapide, en raison de la nécessité de transporter des milliers de véhicules de l’autre côté de l’Atlantique ; cela conduisit au premier pré-positionnement de grande ampleur d’équipe-ments, dans le cadre duquel les États-Unis stockèrent dans le sud de l’Allemagne le matériel destiné à deux divisions.

En 1963, l’aptitude des États-Unis à renfor-cer rapidement la Région Centre fut testée au cours de l’exercice Big Lift, qui démontra leur capacité toujours plus grande de transport aérien stratégique, le bien-fondé du concept du prépositionnement d’équi-pements, et la faisabilité du renforcement rapide à grande échelle.

La Force mobile du Commandement allié en Europe

La Force mobile du Commandement allié en Europe (AMF) fut créée en 1960 et dissoute en 2002. Elle était structurée en composantes terre et air distinctes, rapide-ment déployables, l’AMF (Terre) et (Air), constituées de bataillons d’infanterie, de batteries d’artillerie, d’escadrilles d’hélicoptères de transport et d’escadrons de chasse et de reconnaissance, mis à disposition par la Belgique, le Canada, l’Allemagne, l’Italie, le Luxembourg (composante terre seulement), les Pays-Bas (com-posante air seulement), le Royaume-Uni et les États-Unis. Des contingents du Canada, de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni furent entraînés et équipés pour mener des opérations dans des conditions météorologiques arctiques.

Bien qu’un peu plus grande qu’une force de la taille d’une brigade, l’AMF n’était pas destinée à être déployée en tant que formation autonome ; ses contingents étaient entraînés à se déployer et à opérer en tant qu’élément des forces du pays hôte. Son état de préparation, sa capacité de combat et sa déployabilité étaient testées régulièrement par le biais d’exercices d’entraînement sur le terrain (la série Express) et d’exercices de poste de commande-ment (la série Exchange), ainsi que d’évaluations de tir réel (Ardent Ground). Le transport depuis les points de départ incombait aux différents pays, mais l’OTAN fournissait un élément de coordination du transport aérien et assurait le fi nancement commun des coûts de déploiement.

L’AMF ne fut jamais déployée en situation de crise au cours de la Guerre froide, mais elle fut engagée à deux reprises dans des opérations de réponse aux crises dans les années 1990. En 1991, à la demande de la Turquie, des escadrons de chasse et de recon-naissance de Belgique, d’Allemagne et d’Italie appartenant à l’AMF (Air) furent déployés sur des bases aériennes du sud-est de la Turquie à titre de force de dissuasion (opération ACE Guard), pour décourager tout acte d’agression éventuel de l’Iraq dans le cadre de la Guerre du Golfe. Et en 1999, l’AMF (Terre) constitua le noyau de la Force de l’OTAN en Albanie (AFOR), qui fut déployée dans ce pays dans le cadre de l’opération Allied Harbour pour contribuer à apporter une aide humanitaire à plusieurs centaines de milliers de réfugiés kosovars albanais qui avaient franchi la frontière entre le Kosovo et l’Albanie.

Page 34: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

34

En 1968, après la décision de Washington de déplacer certaines des unités américai-nes d’Europe vers la zone continentale des États-Unis afi n de contribuer au soutien de l’engagement américain en Asie du Sud-Est, un troisième ensemble d’équipements divisionnaires fut stocké dans le sud de l’Allemagne. Et à partir de 1969, jusqu’à la fi n de la Guerre froide, les États-Unis exercèrent chaque année leur capacité à renvoyer des forces en Allemagne, au cours des exercices de mobilité stratégique REFORGER (REturn FORces to GERmany).

Permettre le renforcement rapide et rassurer

En 1975, au moment de sa nomination au poste de SACEUR, le général Alexander Haig décida d’harmoniser les plans de ren-fort disparates de l’OTAN et des pays au sein d’un plan unique de renforcement rapide (RRP) du SACEUR et d’inscrire les exercices REFORGER dans un ensemble plus large d’exercices coordonnés intitulé Autumn Forge et destiné à tester et à montrer la capacité de l’OTAN à renforcer et à défendre en même temps les trois régions du CAE.

Le RRP découlait de l’engagement sans précédent pris par les États-Unis envers l’OTAN – à savoir que l’équivalent de dix divisions prêtes à défendre l’Allemagne de l’Ouest serait déployé dans les dix jours sui-vant la prise d’une décision de renforcement ( le concept dit « 10 en 10 ») – qui exigeait le stockage d’équipements prépositionnés pour trois divisions supplémentaires sur des sites du nord de l’Allemagne, de Belgique, du Luxembourg et des Pays-Bas.

Rassurer était l’un des objectifs essentiels du RRP, un objectif qui sous-tendit la crédibilité politique et l’effi cacité militaire des forces de réaction rapide et des plans de renforcement de l’OTAN pendant la Guerre froide. Les Alliés situés le long de la ligne de division de l’Europe ne pouvaient être plus motivés pour s’engager vis-à-vis d’une défense en avant solide et être prêts à résister à des intimida-tions, à des tentatives de coercition ou à des agressions qu’en sachant que « au large » des Alliés tels que le Canada, le Portugal, le Royaume-Uni et les États-Unis avaient pris l’engagement de venir à leur aide, dans le cadre du RRP, en période de crise ou en temps de guerre. Les forces de réaction rapide et le plan de renforcement incarnaient donc la devise de défense collective de l’Alliance : « Un pour tous, tous pour un ».

Naturellement, à la fi n de la Guerre froide tous ces dispositifs devinrent inutiles. Il fut mis un terme aux exercices REFORGER, la plupart des sites de stockage en Europe furent fermés et les engagements pris de longue date ou plus récemment en matière de renforts prirent fi n (voir encadré 2). Le RRP avait atteint son but – dissuader et rassurer – mais les circonstances qui avaient motivé son élaboration étaient maintenant dépassées.

Après la Guerre froide : réponse aux crises en dehors de la zone de l’OTAN

Avec, d’une part, l’évolution de l’Europe, qui devenait progressivement un continent marqué par l’unité, la liberté et la paix, mais, d’autre part, le spectre grandissant de crises

« … les forces de réaction rapide

et le plan de renforcement

incarnaient la devise de défense collective de l’Alliance : ‹ Un

pour tous, tous pour un › »

Page 35: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

35

imprévisibles tournant rapidement au confl it à la périphérie de l’OTAN, comme dans les Balkans, l’axe central de la réaction rapide est passé du renforcement à l’intérieur de la zone du Traité de l’Atlantique Nord à la réponse aux crises en dehors de cette zone. Il fut un moment envisagé de faire passer la taille de la réserve de forces de l’AMF de la dimension de la brigade à la division pour la rendre plus solide, mais l’ère de la Force mobile était révolue.

Dès 1991, le 1er corps d’armée britannique, qui avait constitué la principale contribution du Royaume-Uni à la défense de l’Allemagne de l’Ouest pendant quatre décennies, devint le corps allié de réaction rapide (ARRC) multinational. La réaction rapide exigeait maintenant une force militaire plus importante dotée de plus de capacités, par exemple dans le contexte d’opérations diffi ciles d’imposition de la paix comme celles de l’IFOR en Bosnie-Herzégovine en 1995 et de la KFOR au Kosovo en 1999, où l’ARRC fut, à chaque fois, la force d’entrée initiale.

L’AMF subsista malgré tout jusqu’en 2002, année de sa dissolution. Dans le vocabulaire OTAN de l’après-Guerre froide, l’AMF et l’ARRC fi guraient respectivement dans les catégories Force de réaction immédiate (IRF) et Force de réaction rapide (RRF).

Au cours des années 1990, sur la base de l’expérience acquise pendant la Guerre du Golfe, les Alliés transformèrent leurs forces pour les rendre aptes à effectuer sur court préavis des opérations expéditionnaires à

distance stratégique de l’Europe et de l’Amérique du Nord. L’ARRC servit de modèle pour huit autres corps d’armée multinationaux stationnés à travers l’Europe, dont six avaient, comme l’ARRC, un haut niveau de préparation. La réaction rapide n’était plus une capacité militaire spécialisée ; elle était maintenant au cœur de la nouvelle structure de forces de l’OTAN. Finalement, les catégories IRF et RRF furent abandon-nées en faveur de nouvelles catégories – les Forces à haut niveau de préparation (HRF) et les Forces à niveau de préparation moins élevé (FLR).

Une nouvelle orientation : réaction rapide et opérations expéditionnaires

Sans un concept d’utilisation unifi cateur, les corps d’armées multinationaux de HRF (HRF(L)) et leurs pendants maritimes (HRF(M)) représentaient toutefois des « îlots » de capacités. L’intérêt du concept d’une Force de réaction multinationale de l’OTAN, approuvé par les chefs d’État et de gouvernement de l’Alliance au Sommet de Prague, en 2002 (voir encadré 3), fut de lier les HRF par le biais d’un plan commun de rotation, avec l’adoption de tactiques, de techniques et de procédures normalisées. On pourrait dire en substance que la NRF

La Force mixte de l’OTAN

Pendant un bref laps de temps, à la fi n des années 1980 et au début des années 1990, une petite formation multinationale – la Force mixte de l’OTAN (NCF) – destinée au renforcement du nord de la Norvège en remplacement d’une formation canadienne plus grande, de la taille d’une brigade, rejoignit la famille des forces de réaction rapide de l’OTAN, mais après la fi n de la Guerre froide, elle fut fi nalement dissoute. La NCF se composait de contin-gents de forces terrestres du Canada, de l’Allemagne et des États-Unis, ainsi que de la Norvège. Elle n’avait pas d’état-major permanent mais, comme l’AMF, elle procédait à des exercices périodiques, dans le nord de la Norvège.

« … sur la base de l’expérience acquise pendant la Guerre du Golfe, les Alliés transfor-mèrent leurs forces pour les rendre aptes à eff ectuer sur court préavis des opérations expéditionnaires à distance stratégi-que de l’Europe et de l’Amérique du Nord »

Page 36: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

36

constituait l’ossature de la capacité de réac-tion rapide de l’OTAN, tandis que les HRF en constituaient la musculature. Il s’agissait d’une « union sacrée » entre une capacité expéditionnaire qui s’étendait et un concept d’utilisation novateur.

À partir de 2003, la NRF a fourni à l’Alliance une capacité de réaction rapide en attente de quelque 20 000 hommes par rotation, qui n’avait jamais connu d’équivalent au sein de l’OTAN du temps de la Guerre froide, et qui n’existe nulle part dans le monde aujourd’hui, sinon aux États-Unis. L’expérience acquise au cours des rotations successives a montré que le concept de la NRF était fondé et que la dynamique de la transformation engen-drée par la constitution de cette Force était bien ancrée dans les institutions militaires à travers toute l’Alliance.

Par ailleurs, le déploiement successif en Afghanistan, entre 2004 et 2007, de quatre quartiers généraux de HRF(L) pour former le QG principal de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) dirigée par l’OTAN, sous mandat des Nations Unies, a montré que ces QG pouvaient faire un usage effi cace des compétences de leurs forces dans une opération réelle diffi cile, tout en apportant à la NRF l’expérience d’un déploiement sur un théâtre éloigné.

L’existence de lacunes persistantes au niveau de certaines capacités clés de la Force de réaction de l’OTAN, en particulier les

La Force de réaction de l’OTAN

La Force de réaction de l’OTAN (NRF) fut créée offi ciellement au Sommet de Prague de novembre 2002, et activée en 2003. C’est une force interarmées multinationale rapidement déployable de 25 000 hommes, à haut niveau de préparation, qui est dotée de puissantes capacités et est très entraînée. Tous les Alliés mettent des troupes et des capacités à sa disposition sur la base de rotations, y compris la France, qui ne participait pas à l’AMF, mais dont la contribution à la NRF est l’une des plus importantes.

La NRF doit être en mesure d’accomplir une large gamme de missions, qui vont d’une utilisation en tant que force d’entrée initiale puissante dans un environnement hostile, avant l’intervention d’une force de suivi plus importante, à des opérations de secours en cas de catastrophe et d’aide humanitaire. Les plans prévoient que le « paquet » de forces de la NRF en alerte au moment de l’enga-gement potentiel de la Force dans une crise qui se fait jour serait adapté à la mission en question en termes de taille, de composition et de capacités.

Si les pays membres de l’OTAN assurent le transport aérien et maritime stratégique en cas de besoin, la NRF peut être projetée à distance stratégique de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Cette aptitude a été démontrée dans le cadre de l’aide apportée par l’OTAN au Pakistan à la suite du tremblement de terre d’octobre 2005, et en juin 2006, lors de l’exercice Steadfast Jaguar, qui a eu lieu au Cap-Vert, au large de la côte occidentale de l’Afrique, alors que l’AMF ne pouvait être déployée qu’en Europe de l’Ouest.

La NRF comprend des composantes terre, air et mer, ainsi que des groupes d’opérations spéciales et d’opérations psychologiques, et un groupe interarmées de soutien logistique. Les composantes et les groupes sont constitués sur la base de rotations pour des pério-des de préparation et de mise en attente successives de six mois, à partir de la réserve OTAN des QG terrestres et maritimes de forces à haut niveau de préparation (HRF) et de formations affi liées et des états-majors et des unités des commandements de composante aérienne de forces interarmées (JFACC). Le commandement de la Force est assuré à tour de rôle par les trois commandements alliés de forces interarmées (JFC) subordonnés au SACEUR, qui sont situés à Brunssum, aux Pays-Bas, à Naples, en Italie, et à Lisbonne, au Portugal. Une direction de préparation opérationnelle coïmplantée avec le QG du JFC de Lisbonne apporte son aide à la préparation des forces. Les formations et les états-majors de la NRF participent régulièrement à des exercices réels interarmées et par composante, et à des entraînements des états-majors de combat, destinés à préparer et à certifi er les forces avant qu’elles n’assument leur tour d’alerte pendant la période de mise en attente.

Outre qu’elle a contribué de manière signifi cative à accroître la capacité de réaction opérationnelle de l’OTAN, la NRF a eu un effet bénéfi que sur la transformation des forces de l’Alliance, en favorisant d’importantes améliorations au niveau de la doctrine, de la capacité, de la déployabilité et de l’interopérabilité.

Page 37: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

37

facilitateurs opérationnels qui sont détermi-nants pour le déploiement et l’utilisation de la Force, et l’impossibilité de combler ces lacunes de rotation en rotation ont certes jeté une ombre sur la NRF et fait douter de son effi cacité opérationnelle et de sa viabilité à long terme. Des propositions susceptibles de conduire à une réduction du niveau d’am-bition prévu par l’Alliance pour la Force au moment de sa création ont été faites.

Mais si la persistance de ces insuffi sances est une source de préoccupation bien réelle, elle ne remet pas en cause le bien-fondé du concept initial de la NRF. Elle refl ète en fait le défi auquel de nombreux Alliés doivent faire face en essayant de maintenir en attente une partie de leurs meilleures forces tout en étant engagés simultanément dans des opérations expéditionnaires multiples.

Ces lacunes sont aussi symptomatiques de faiblesses systémiques plus générales dans la manière dont l’OTAN met des forces sur pied pour des opérations au début du XXIème siècle, à savoir :• l’incapacité à utiliser le processus éprouvé

de planifi cation de la défense de l’OTAN et la création des HRF pour faire de la constitution des forces un processus plus prévisible, plus effi cace et plus durable ;

• un recours insuffi sant au fi nancement commun pour une partie du coût des dé-ploiements d’urgence imprévus de la Force, une attitude qui a un effet dissuasif sur les Alliés qui seraient prêts, sinon, à fournir des troupes pour les rotations de la NRF, mais craignent de se retrouver confrontés à d’importantes dépenses non budgétisées si ces forces devaient effectivement être déployées en cas de crise ;

• une séparation trop rigide des forces de l’Alliance en catégories distinctes, qui

empêche celle-ci de faire appel avec plus de souplesse à toutes les capacités disponibles et complique l’utilisation de la NRF ; et

• une approche de l’évaluation de la capacité des différentes rotations de la NRF trop centrée sur les insuffi sances par rapport à un besoin générique, au lieu d’être axée sur l’utilisation des contributions effectivement mises à disposition par les pays membres.

De l’avis général, ces insuffi sances ont un effet préjudiciable sur la crédibilité et l’utilité de la NRF, et mettre en route des travaux pour les aborder et les résoudre sera une priorité pour l’Alliance au Sommet de Strasbourg/Kehl.

Les horizons divers de la réaction rapide

Dans le contexte de l’engagement de l’OTAN en Afghanistan, la mission prioritaire de la NRF et des HRF qui y sont liées est la réponse aux crises, qui peut intervenir à distance stratégique de l’Europe et de l’Amérique du Nord, pour protéger les intérêts sécuritaires essentiels de l’Alliance, aider à éviter que des crises ne dégénèrent en confl it ouvert, ou régler un confl it et contribuer à construire la paix. Dans le même temps, au sein d’une Alliance élargie, des forces de réaction rapide d’une déployabilité accrue conservent leur pertinence pour dissuader, défendre et rassurer.

En tout état de cause, l’aptitude spécifi que, sans égale, de l’Alliance à planifi er et à mener des opérations expéditionnaires mulinationa-les et à organiser des moyens disparates en une force cohérente contribuera à permettre le maintien de l’héritage de l’AMF au sein de la NRF au cours de la septième décennie d’existence de l’OTAN et au-delà.

« À partir de 2003, la NFR a fourni à l’Alliance une capacité de réaction rapide en attente de quelque 20 000 hommes par rota-tion, qui n’avait jamais connu d’ équivalent au sein de l’OTAN du temps de la Guerre froide »

Page 38: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

38

Dans l’environnement fortement divisé au sein duquel l’OTAN vit le jour au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, le Programme scientifi que de l’Alliance fut conçu pour promouvoir une coopération pratique, transcendant les barrières de la nationalité, de la langue et de la culture grâce aux échanges scientifi ques.

A l’origine, le Programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS) établissait une nette distinc-tion entre le soutien à apporter à la science civile d’une part et la coopération en matière de défense dans le cadre de l’OTAN d’autre part. Les travaux entrepris au titre de ce programme étaient initialement concentrés sur les sciences physiques. Ils s’étendirent ensuite à la biologie, à l’environnement et aux sciences sociales.

A la fi n de la Guerre froide, la solidarité, la stabilité et la paix devinrent les premières priorités et la diplomatie fi t de plus en plus souvent appel à la recherche scientifi que.

Le Programme fi t peau neuve dans les années 1990, privilégiant le partenariat avec la Communauté des États indépendants.

Après les attentats du 11 septembre, les objectifs furent une nouvelle fois revus, en raison de la prolifération de nouvelles tech-nologies, du fossé croissant entre riches et pauvres et de la révolution de l’information.

A son apogée, le Programme impliquait pas moins de 10 000 scientifi ques, dont plus de 6 000 participèrent à une centaine de rencontres scientifi ques dans le cadre de l’OTAN. Environ cent volumes de documents scientifi ques étaient publiés chaque année. Récemment, plus de 2 500 bourses de

recherche ont été octroyées à des scientifi -ques de pays partenaires et un prix annuel a été créé pour récompenser les recherches les plus prestigieuses et les plus pertinentes.

Le Programme scientifi que de l’OTAN a toujours dû faire preuve de souplesse pour répondre à l’évolution des exigences. Actuellement, sa mission consiste à faire face à la nouvelle menace que constitue le terrorisme international, et à relever d’autres défi s modernes.

Le Programme SPS est supervisé par la Division Diplomatie publique (DDP) de l’OTAN, conseillée dans sa tâche par un comité SPS de scientifi ques expérimentés. Le Programme s’appuie sur un réseau unique de 57 états : 26 États membres, 24 pays partenai-res et 7 pays méditerranéens.

Au niveau des résultats, l’édifi cation de la « Route de la soie virtuelle » est une splendide réussite. Ce système régional basé sur des satellites permet d’établir pour la première fois des connexions Internet dans trois États du Caucase et cinq États d’Asie centrale qui ont récemment acquis leur indépendance, grâce à l’installation d’une station terrestre dans cha-que pays. L’Afghanistan fait désormais partie du réseau, dont la gestion est assurée par le soutien apporté par l’Allemagne et l’Union

Sir Brian Heap, Professeur et ancien représentant

du Royaume-Uni auprès du Comité scientifi que de

l’OTAN, évoque l’importance de la science pour

l’OTAN… et le rôle qu’elle est appelée à jouer.

« Au cours des cinquante

dernières années, les programmes scientifi ques de

l’OTAN se sont en permanence adaptés

aux menaces pertinentes pour la

sécurité »

Professeur Sir Brian Heap

Page 39: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

39

européenne. Le Comité SPS a marqué son accord pour la poursuite du fi nancement de cette initiative majeure, dont la réussite est unanimement saluée par tous les pays de l’OTAN et leurs Partenaires.

Depuis son lancement, le Programme SPS de l’OTAN n’a cessé d’évoluer. Les menaces auxquelles nous devons faire face aujourd’hui fi gurent parmi ses priorités actuelles. Mais ce Programme a-t-il un avenir pour autant ? Naturellement !

Pourquoi ? Premièrement, parce que la notion de ‘sécurité’ englobe des menaces non militaires, résultant de toute une série de domaines – gouvernance incompétente, corruption, crime organisé, insécurité des frontières, confl its ethniques et religieux, prolifération des armes de destruction massive, pénurie des ressources naturelles, sans oublier le terrorisme – dans lesquels la science a un rôle essentiel à jouer.

Deuxièmement, la science occupe aujourd’hui une place capitale dans de nom-breuses politiques qui requièrent notamment de nouvelles évaluations de l’impact du changement climatique sur l’environnement, de meilleurs modèles pour représenter la propagation des maladies et l’apport d’une sécurité alimentaire, en particulier dans les pays moins développés.

Troisièmement, le Programme SPS actuel offre une occasion inégalée de contribuer à la paix dans le monde en renforçant la coopération scientifi que et en matière d’innovations avec tous les Partenaires. Il contribue notamment à « explorer l’horizon », et à sensibiliser davantage l’OTAN à des

nouveaux défi s et à de nouvelles opportuni-tés, tout en poursuivant sa mission : trouver des solutions aux nouveaux défi s, principale-ment par des moyens non militaires.

Des efforts supplémentaires s’avèrent toutefois nécessaires pour soutenir le travail scientifi que mené dans le cadre de l’OTAN. Le budget dévolu à la science ne représente que 5% environ du budget civil total de l’Alliance. Ce fi nancement limité pourrait être utilisé plus effi cacement pour contrer le terrorisme international par le biais d’une collaboration accrue. Mais la coopération avec l’Union européenne demeure discrète, tout comme la science au sein de l’OTAN – un sujet qui ne fi gure pratiquement jamais au sommaire des principales publications de l’Alliance.

Suite au changement de priorités intervenu au sein du Comité scientifi que de l’OTAN, qui privilégie désormais les stratégies militaires et de défense, il apparaît plus que jamais nécessaire d’analyser le degré d’intégration des organisations de diplomatie publique d’une part et de recherche/techno-logie d’autre part.

La dernière révision du Programme scienti-fi que civil de l’OTAN par une équipe de haut niveau remonte à plus de dix ans. Espérons que le prochain examen reconnaîtra le rôle clé de la science et de la technologie pour la sécurité et la stabilité mondiales, et concèdera que de nouveaux instruments et de nouvelles organisations peuvent s’avérer nécessaires en ce 21ème siècle.

Pour plus de détails sur le programme, visi-tez la page www.nato.int/science/index.html

Ce thème fera l’objet

d’une analyse plus

détaillée dans le prochain

article de John Finney et

Ivo Slaus – « Le rôle des

scientifi ques indépendants

dans l’évaluation des

menaces représentées par

les ADM ».

Le Programme scien-tifi que de l’OTAN a toujours dû faire preuve de souplesse pour répondre à l’évolution des exigences.

Page 40: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

40

L’environnement stratégique et l’OTAN elle-même ont beaucoup changé depuis l’approbation du Concept stratégique actuel, il y a dix ans.

En 1999, les circonstances ne justifi aient guère que l’on fasse mention du terrorisme ; par ailleurs, l’OTAN n’avait même pas conçu l’idée d’une mission hors zone aussi ambi-tieuse que celle de l’Afghanistan, et notre processus d’élargissement avait à peine commencé.

Mais en 2001, l’Alliance invoquait pour la première fois l’article 5, en réponse aux attaques terroristes du 11 septembre, et en 2003 elle s’engageait, en Afghanistan, dans sa mission hors zone la plus diffi cile.

L’OTAN a, par la suite, admis dix nouveaux membres, créé de nouvelles structures et de nouveaux partenariats et lancé de nouvelles initiatives, comme la constitution du Conseil OTAN-Russie. L’Alliance garde la porte ouverte à de nouveaux membres et partenaires, et ses relations avec ses voisins et d’autres organisations internationales continuent à évoluer.

L’OTAN est une alliance de démocraties, et les parlements de ses États membres sont les principales voies de communication entre les citoyens de ces États et les responsables de l’Alliance. Ce sont souvent les parlementaires qui doivent expliquer à leurs électeurs pourquoi il est tellement important d’effectuer des ponctions au titre de la sécurité dans des ressources peu abondantes, et de risquer la vie de soldats dans des opérations éloignées.

Il me paraît, dès lors, que le nouveau Concept stratégique devrait aborder certaines des préoccupations des parlementaires des pays de l’Alliance. L’Assemblée parlementaire de l’OTAN est en train de rédiger ses observations concer-nant ce nouveau concept, et j’ai le privilège d’être le rapporteur spécial pour ce projet.

Le nouveau Concept stratégique sera un docu-ment fondamental, qui guidera l’Alliance. Il devra cependant également être d’une lecture aisée et exposer avec clarté les valeurs de l’OTAN et les menaces auxquelles elle devra faire face.

Il devra aussi énoncer les idées qui feront de l’Alliance une organisation plus souple et mieux à même de relever les défi s qui se font jour. Les commentaires que je formule ici ne refl ètent

« L’OTAN est une alliance de démocraties, et les parlements

de ses États membres sont les principales voies

de communication entre les citoyens de ces États et les

responsables de l’Alliance »

Au moment où l’OTAN s’apprête à élaborer un nouveau

Concept stratégique, Jan Petersen met en lumière les

questions qui doivent, à son sens, y être abordées.

Page 41: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

41

pas nécessairement les vues de tous les membres de l’Assemblée, mais je pense qu’un grand nombre, sinon la plupart de mes collègues partageront mon opinion.

Clarté d’intentionNous ne pouvons demander à nos citoyens de soutenir les missions de l’Alliance que si nous nous montrons clairs à propos de son but. Nous nous devons, vis-à-vis de l’opinion publique et, en particulier, de nos armées nationales, d’exposer avec précision les défi s auxquels nous sommes confrontés et la manière dont nous entendons atténuer les risques qui en découlent.

On voit aisément, dans la littérature traitant des affaires stratégiques, que la rubrique « sécurité » englobe de très nombreuses questions. Préoccupations environnemen-tales, terrorisme, prolifération, sécurité informatique, sécurité énergétique, etc, sont autant d’éléments que l’on y retrouve.

On s’accorde aussi généralement à consi-dérer que les défi s stratégiques auxquels nous devons faire face ne se prêtent pas à des solutions purement militaires. Nous le voyons en Afghanistan, où les aspects

militaires sont un élément nécessaire, mais pas suffi sant, d’une solution globale.

Le nouveau Concept stratégique devrait confi rmer le lien étroit qui existe entre sécurité et développement et en tirer les conséquences qui s’imposent pour la planifi cation et le déploiement des forces armées de l’Alliance. Ce lien exige la coopération la plus étroite possible entre autorités politiques et militaires pour la planifi cation et l’exécution des missions à l’extérieur. Il signifi e aussi qu’il faut encou-rager le renforcement des contacts avec les organisations non gouvernementales.

Mais, au fi nal, l’OTAN est une alliance politique et militaire ; nous devons examiner attentivement le rôle qu’elle devra jouer pour relever des défi s spécifi ques. Le terrorisme international représente, par exemple, une préoccupation majeure en matière de sécurité – notamment le risque de détention d’armes de destruction massive par des organisations extrémistes – mais il n’est pas certain que l’OTAN soit l’organisation appropriée pour faire face à cette menace.

En tant qu’alliance composée de démocraties, nous devons toutefois être prêts à déclarer ouvertement que nous allons protéger nos citoyens contre ceux qui s’opposent par la violence aux principes et aux valeurs de nos sociétés. Nous devons également utiliser l’OTAN comme un forum pour l’échange d’informations et la coordination des réactions en cas d’attaque.

S’il est facile d’énumérer tous les défi s suscep-tibles d’avoir des incidences sur notre sécurité mutuelle, il n’est pas facile de déterminer les secteurs clés dans lesquels l’OTAN a un rôle important à jouer.

C’est cependant ce qui devrait être fait dans le cadre du nouveau Concept stratégique.

Si nous considérons tous les problèmes comme des défi s sécuritaires que l’OTAN doit relever, nous risquons de répartir de manière trop éparse les ressources de l’Alliance dans toute une série de dossiers. Les défi s sécu-ritaires sont pratiquement sans limite ; les ressources sont, elles, limitées.

Et les parlementaires ne connaissent que trop bien ces limites en matière de ressources.

« Nous devons être conscients que

l’OTAN ne peut représenter partout

la solution à tous les problèmes, mais

qu’elle doit plutôt jouer un rôle im-portant de pierre

angulaire »

Page 42: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

42

Dans le nouveau Concept stratégique, il im-portera dès lors de centrer l’action de l’OTAN sur les tâches qu’elle assume bien : planifi er les opérations militaires, assurer l’entraîne-ment nécessaire et conduire ces opérations, et effectuer des missions pour répondre à des urgences humanitaires et civiles.

Nous devons être conscients que l’OTAN ne peut représenter partout la solution à tous les problèmes, mais qu’elle doit plutôt jouer un rôle important de pierre angulaire.

Souplesse et expansionLe développement des capacités militaires pour les missions que nous devons assumer en tant qu’alliance est un point qui ne devrait pas prêter à controverse.

Certains analystes ont présenté cet aspect comme une mise en balance de la défense territoriale et des capacités expéditionnaires. Mais il n’est pas forcément vrai qu’être prêts à prévenir l’utilisation de la force militaire en Europe et être prêts à relever des défi s sécuritaires dans des régions éloignées sont des missions qui se font directement concurrence.

Que nos forces soient déployées à 100 ou à 5 000 kilomètres de leur base, elles doivent disposer de tous les moyens de commu-nication, de surveillance et autres les plus effi caces. Elles doivent être en mesure de se déplacer rapidement et être protégées contre les tirs ennemis. Et, autre élément peut-être plus important encore, elles doivent recevoir l’entraînement nécessaire pour répondre à toute une gamme de situations susceptibles de se produire. Nous devrions aussi envisager de faire en sorte que les structures décisionnelles de l’OTAN soient plus souples et mieux à même de réagir promptement. Le Conseil de l’Atlantique Nord et le Comité militaire sont des entités distinctes, mais une fusion permettrait de rationaliser considérablement le processus de décision.

Dans le même temps, le consensus est un élément essentiel du processus décisionnel de l’Alliance, et il doit demeurer au cœur de la prise des grandes décisions. Mais est-il nécessaire à tous les niveaux, et n’aurions-nous pas intérêt à recourir à un

autre procédé pour les sujets de moindre importance ? La question se posera de plus en plus à mesure que l’Alliance s’étendra et que s’accroîtra notre interaction avec d’autres intervenants internationaux comme l’Union européenne et les Nations Unies.

L’élargissement de l’Alliance mérite aussi que l’on s’y arrête. Dans le proche avenir, nous accueillerons deux nouveaux membres : l’Albanie et la Croatie. Au Sommet de Bucarest, nous avons déclaré collectivement que la Géorgie et l’Ukraine deviendraient membres à un moment donné. L’Assemblée parlementaire de l’OTAN a appuyé sans réserve un élargissement vaste et rapide de l’Alliance.

Néanmoins, nous devrons bientôt nous pencher sur le fait que l’Alliance a des limites imposées par son traité. L’article 10 stipule clairement que tout État européen peut rejoindre l’OTAN, mais les États européens qui n’en font pas partie sont de moins en moins nombreux. À un certain point, nous devrons déterminer si le bien-fondé de cette limite géographique subsiste et, dans la négative, quelles seront les incidences pour l’avenir de l’Alliance. La vision de l’avenirL’environnement stratégique s’est modifi é de façon spectaculaire, et le moment est venu de passer à un nouveau Concept stratégique.La clé de la longévité de l’OTAN a préci-sément été sa capacité à s’adapter et à conserver sa pertinence. Pour qu’il continue à en être ainsi, le nouveau Concept stratégique devra défi nir clairement le but de l’Alliance et la guider dans les décennies à venir.

Jan Petersen, ancien ministre des aff aires

étrangères de Norvège, est actuellement le

rapporteur spécial pour la contribution de

l’Assemblée parlementaire de l’OTAN au

Concept stratégique.

« L’environnement stratégique s’est modifi é de façon spectaculaire, et le moment est venu de passer à un nouveau Concept stratégique »

Panneau de bienvenue à l’entrée du Centre d’entraînement militaire de Kaboul, où des milliers de soldats sont entraînés chaque année en vue de leur incorporation à l’Armée nationale afghane.

Page 43: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

43

C’est gratuit.Et la librairie est une boutique multiservices où vous pouvez télécharger ou commander ce que vous recherchez.

Vous y trouverez des DVD, des vidéos, des présentations multimédias, des magazines, des brochures ou des dossiers sur une vaste gamme de thèmes liés à l’OTAN. Tous sont disponibles en anglais et en français, et souvent dans beaucoup d’autres langues.

Vous pouvez effectuer des recherches par date, par sujet, par langue – ou simplement naviguer dans la boutique.

Surfez et trouvez ce que vous recherchez sur :

Essayez la librairie électronique de l’OTAN

Page 44: OTAN : 60 années Que savez-vous · Introduction par le Secrétaire général de l’OTAN La sécurité, notre mission commune 7 ... Sommet attestent d’ailleurs le succès avec

Toujours d’actualitésur www.nato.int/review

Prochaines éditions :• L’Arctique : trop brûlant pour passer inaperçu ? • L'OTAN a 60 ans • Petraeus, Obama et l’Afghanistan • Crise nancière mondiale : quelles conséquences

pour la sécurité ?• CPEA : Spécial Partenariat • Le crime organisé : menace universelle pour la sécurité ? • Le nouveau rôle de l’Asie • L’avenir des États• Sécurité maritime : couler ou nager ? • L’OTAN, l’UE et l’avenir de la sécurité

Division Diplomatie publique de l’OTAN

1110 BruxellesBelgique

[email protected]

NRSPSTRFRE_0309

© OTAN 2009