Pinocchio et le violon perdu de Vivaldi Je vais vous raconter l’histoire d’un vulgaire morceau de bois qui provenait d'un tas de bûches. Je ne sais pas vraiment comment cela arriva. Le fait est qu'un beau jour, ce bout de bois se retrouva entre les mains de Gepetto, un menuisier de Venise. Son rêve était de fabriquer un pantin qui saurait danser, manier l'épée et faire des sauts périlleux. Un pantin de bois donc, qu'il baptiserait Pinocchio. C’est ainsi que Gepetto commença à tailler son bout de bois. Il sculpta des cheveux, un front, une bouche.

Le visage tout juste terminé, imaginez la stupeur du vieil homme en voyant les yeux de son pantin remuer. Le pantin était vivant, bien vivant ! Aussi, tout heureux, le vieil homme s’empressa de lui sculpter un cou, des épaules, puis tout le reste du corps.

A peine Pinocchio fut-il achevé qu'il se jeta dans les bras de son papa pour l'embrasser, et se mit à danser. Très pauvre, Gepetto lui fabriqua alors un habit de papier, une paire de chaussures d'écorce et un bonnet de feutrine.

Pour devenir un vrai petit garçon, Pinocchio devait aussi aller à l'école.  C'est pourquoi, dès le lendemain, un beau cahier neuf sous le bras, notre pantin prit le chemin des écoliers. En route, il rencontra de mauvaises personnes et vécut de terribles aventures. Il faillit même mourir englouti, avec Gepetto, dans le ventre d’une gigantesque baleine. Cette fois-là encore, c’est la fée aux cheveux bleus qui le sauva.

Un jour, cette fée, cet être magique, touchée par le personnage, transforma Pinocchio en un vrai petit garçon, fait de chair et d’os ! Il mène depuis une vie tranquille avec Gepetto… mais attention, en gage de sa transformation il ne doit plus mentir  ! Sinon, à chaque mensonge, son nez s’allongera, s’allongera, s’allongera  ! Seul Gepetto a le pouvoir de rétablir le petit nez de notre ami, et ce d’un claquement de main, comme ceci : « clac ! »

Pinocchio et Gepetto vivent à Venise, en Italie, car le commerce du bois y est important. Un jour, alors qu’ils se promenaient dans les innombrables ruelles de la cité, ils entendirent une merveilleuse musique venant des fenêtres de l’Ospedale della Pieta, un orphelinat pour jeunes filles. (musique)

Ils entrèrent, parcoururent les multiples pièces de l’édifice et parvinrent à une magnifique salle, richement décorée, dans laquelle une foule immense assistait au concert annuel des jeunes filles de l’orphelinat. Un homme doté d’une immense chevelure rousse et en aube noire gesticulait au milieu d’elles et, de temps en temps, prenait un violon. Il jouait merveilleusement bien. (musique)

Gepetto demanda autour de lui qui était cet étrange personnage. On lui répondit d’un air hautain : « Ma! C’est Antonio Vivaldi ! Le célèbre prêtre roux connu dans toute l’Europe pour ses musiques et son orchestre de jeunes filles !  ». Gêné, Gepetto répondit un timide « Scusate ».

Regardant alors autour de lui pour retrouver son Pinocchio qu’il avait perdu de vue, il le vit assis en tailleur devant l’orchestre, captivé, se dandinant au son de la musique. Gepetto dut attendre la fin du concert pour pouvoir rejoindre son fils qui, sans hésitation, se leva et interpela Vivaldi :

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Lionel Gaudin-Villard

«  Moi aussi je veux jouer avec vous  ! Je veux apprendre cette musique, apprendre cet instrument ! »

Antonia Vivaldi se retourna, aperçut Pinocchio et lui répondit : «  C’est toi qui viens de me parler ? Sais-tu au moins qui je suis ? »  « Excusez-le Maestro ! » répliqua Gepetto. « Allez viens Pinocchio ! Et combien de fois t’ai-je dit de ne pas parler aux gens comme ça ? »

« Non, non. » dit Vivaldi. « Laissez-le. Je suis flatté qu’un jeune enfant veuille jouer ma musique et apprendre le violon. Je m’appelle Antonio Vivaldi et suis le prêtre professeur de musique de cet orphelinat. Tu sais, les gens viennent de partout pour entendre mon orchestre et toutes ces musiques que je compose. J’ai créé cet ensemble de jeunes filles il y a quelques années et sa réputation a largement dépassé Venise. La méthode de travail que je propose est appréciée. La musique que vous venez d’entendre est extraite des Quatre Saisons. Ce sont quatre concertos de 3 mouvements chacun qui alternent orchestre et violon solo sur des musiques inspirées du passage des saisons à Venise. J’ai pour cela écrit moi-même des poèmes sur lesquels j’ai créé cette musique. Par exemple, Le Printemps, c’est l’éveil de la nature. On y entend le chant des oiseaux, le bruit du vent dans les feuilles, écoutez ! (Concerto I, mvt 1) L’été, surtout à Venise, est d’une chaleur écrasante et de temps en temps de violents orages éclatent (Concerto II, mvt 2 et 3). À l’automne, après de bonnes récoltes, on festoie. Puis, peu à peu, la nature se prépare à pour l’hiver  : tout le monde se calme et aspire à un peu de repos avant de longs et rudes mois enneigés (Concerto III, mvt 2). L’hiver, avec son cortège de pluies verglaçantes et de froid, n’invite quant à lui pas à sortir de chez soi. Et pourtant il le faut bien ! (Concerto IV, mvt 2). »

Se baissant vers Pinocchio, Vivaldi le regarda fixement, prit délicatement ses mains et observa ses doigts. Sans rien dire, il se releva et partit quelques instants. Il revint alors avec une petite boîte qu’il posa à côté de Pinocchio, l’ouvrit et en retira un petit violon qu’il posa délicatement sur l’épaule gauche du garçon. À cet instant, Pinocchio se sentit envahi de par la musique ! (musique)

«  Pinocchio ! Pinocchio ! » dit doucement Gepetto. Le jeune garçon revint à la réalité, regarda fixement Vivaldi et lui demanda s’il pouvait lui apprendre le violon. Celui-ci accepta mais posa quelques conditions : «  Tout d’abord, les leçons se passeront à l’extérieur de l’orphelinat qui est exclusivement réservé aux jeunes filles. Tu devras travailler tous les jours ton instrument et ne devras jamais jouer en public sans mon accord. »

« Vendu ! » dit Pinocchio, lui sautant au cou et lui promettant d’être son meilleur élève ! Vivaldi lui prêta donc le petit violon et les leçons commenceraient dès le lendemain, après l’école.

Gepetto et Pinocchio repartirent tout heureux à la maison, Pinocchio serrant fort contre lui la petite boîte du violon. Au cours des premières semaines, tout se passe bien et Pinocchio apprit vite. (musique)

Un beau matin, il prit son violon et l’amena à l’école, trop fier de montrer ses talents d’artistes à ses petits camarades. Sur la route, il rencontra un vieillard aux cheveux très longs et aux yeux masqué d’un loup  ? Celui-ci se précipita sur son instrument, le saisit de force et partit en courant ! (musique)

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Pinocchio était dévasté par le chagrin. Comment allait-il annoncer la nouvelle à Gepetto et Vivaldi ? La peur au ventre, il rentra de l’école et quand vint l’heure de travailler le violon, il se mit à crier : « On m’a volé le violon ! On m’a volé le violon ! » Gepetto accourut, essaya de calmer Pinocchio et chercha dans toute la maison. En vain.

Pinocchio sentit le nez lui picoter mais ne s’en inquiéta pas.

Antonio Vivaldi arriva à son tour. Pinocchio éclata en sanglots et lui dit que son violon avait disparu. Vivaldi demanda des explications et Pinocchio lui raconta son histoire : « Je ne comprends pas… Je suis rentré de l’école, j’ai goûté comme d’habitude…. puis au moment de me préparer à notre leçon, je suis allé dans ma chambre et là, paf!, plus de violon !… » Son nez se mit à nouveau à lui picoter. Vivaldi, faisant mine d’être surpris questionna davantage l’enfant : « Voyons, tu me dis que tu a été à l’école comme d’habitude, c’est cela ? » « Oui. » dit Pinocchio « Tu es rentré en milieu d’après-midi et tu as goûté ? » « Oui. » « Après cela, tu es allé dans ta chambre et tu n’as pas trouvé ton violon ? » « Oui, oui … » Le nez de Pinocchio s’allongeait de plus en plus…

Gepetto remarqua le nez du garçon s’allonger mais ne dit rien et contempla la scène. Vivaldi reprit alors : « Tu es sûr que tu ne me caches rien ? » « J’en suis sûr, tout s’est passé comme je vous l’ai dit ! » Son nez s’allongeait encore… « C’est étrange ce que tu me dis, vois-tu. » « Euh, non. Je ne comprends pas… Pourquoi ? » «  Parce que ce matin, en allant au marché, j’ai rencontré un petit garçon comme toi qui marchait gaiement dans la rue, un violon sous le bras. J’ai rapidement mis une perruque comme celle-ci, prit un loup pour me masquer les yeux et … » « Et … » dit Pinocchio, tout tremblant « Et j’ai pris de force le violon et suis parti en courant ! Le voilà ton violon ! » Et il le sortit de derrière son dos. « Pardon ! » dit Pinocchio, en pleurs. « Pardon ! » « Ne t’ai-je pas dit de ne pas jouer du violon en public sans mon autorisation ? » « Oui c’est vrai. » « Pourquoi dis-moi ? » « Je ne sais pas. » « Parce que tu es l’élève du Grand Vivaldi et que je te montrerai à tout le monde quand tu seras prêt ! Pas avant. »

Gepetto s’approcha de Pinocchio qui n’osait plus bouger tant son nez était grand, claqua dans ses mains et lui murmura à l’oreille : « Ce n’est pas bien de mentir ! Le mensonge peut bien courir depuis longtemps, la vérité le rattrape en un instant ! » (musique)

Musiques Quatre Saisons, extraits I Concerto pour orchestre RV 146

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Bordeaux, Théâtre Fémina

octobre lundi 16 et mardi 17

séances : 09h30, 11h, 14h

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